Séminaire National de Génie Civil
« SNGC'07 »
Annaba 20-21 Novembre 2007
FISSURATION EN BÉTON AVEC
RÉFÉRENCE
PARTICULIÈRE AU BÉTON À HAUTE
PERFORMANCE
T.TAHENNI *& M. CHEMROUK
**
* T.TAHENNI, Etudiant Doctorant, Université des
Sciences et de la Technologie Houari
Boumediene, Bab- Ezzouar, Alger.
** M.CHEMROUK, Professeur, Université des Sciences
et de la Technologie Houari
Boumediene,Bab- Ezzouar, Alger.
E-mail : touhami_tahenni@yahoo.fr
RÉSUMÉ
Ce travail consiste à étudier le
phénomène de la fissuration en béton et ses effets sur la
capacité portante, sur la servicibilité et la durabilité
et enfin sur la fonctionnalité des structures en béton
armé, tout en examinant le cas particulier du Béton à
Haute Performance.
Des essais de flexion à trois points ont été
effectués sur des poutres en Béton Ordinaire, en Béton
Ordinaire renforcé de Fibres d'aciers, en Béton à Haute
Performance et enfin en Béton à Haute Performance
renforcés en Fibres d'aciers.
Les résultats de cette expérimentation montrent que
la quantité de fibres introduite dans le mélange du béton
permet d'arrêter le développement des fissures et par
conséquent de mieux contrôler l'ouverture des fissures et
permettent aussi une amélioration relative de la résistance du
béton vis-à-vis de la traction.
Une poutre en Béton témoin développe peu de
fissures mais avec des ouvertures assez larges, pendant qu'une poutre en
Béton contenant des fibres développera plus de fissures avec des
ouvertures très fines.
MOTS CLÉS :
Fissuration en béton- la traction du béton-
béton à haute performance- béton à haute
performance renforcé de fibres.
1. INTRODUCTION
Le béton est un matériau qui résiste
très bien à la compression mais sa résistance à la
traction est très faible (10 à 15 fois moins). Pour combler ce
manque de résistance à la traction on lui associe l'acier pour
obtenir le matériau composé qui est le béton
armé.
Cependant, avant que le travail de l'acier ne soit mis en
évidence, le matériau béton se fissure ou plutôt
doit se fissurer pour transférer les efforts de traction aux aciers.
Cette fissuration ne doit en tout état de cause pas
dépasser certaines limites en ouvertures, faute de quoi l'ouvrage en
béton armé devient inservicible. Toutefois, la taille de ces
fissures est réglementée et est limitée à environ
0,1 mm pour les ouvrages très exposés aux milieux agressifs, et
à 0,3 mm pour les ouvrages protégés. Dans certains cas,
l'exagération d'une fissuration conduit à la rupture
d'éléments et donc l'effondrement de l'ouvrage en béton
armé.
Dans certaines régions du monde, un béton est
considéré comme de haute performance quand sa résistance
dépasse 60MPa. En Algérie, il est admis que dès que la
résistance dépasse 40MPa le béton peut être
considéré comme de haute performance [1].
Le béton à haute performance avec des
résistances élevées offre à la construction une
durabilité meilleure à long terme et permet des économies
de matériaux allant jusqu'à
40 ? [2,3].
Ce matériau peut-il constituer une solution de rechange
au Béton Ordinaire, particulièrement après la catastrophe
sismique de Boumerdès et les dégâts enregistrés par
les ouvrages en Béton Ordinaire, notamment ceux de faible qualité
vis-à-vis des efforts qui tendent à le déchirer (effort de
traction- effort tranchant).
2. CARACTÉRISATION DES MATÉRIAUX
UTILISÉS
2.1. Sable (0/4)
Le sable utilisé est un sable de rivière de oued
Chlef, ayant les caractéristiques physiques suivantes :
- Equivalent de sable : ES = 90 %
- Module de finesse : MF = 2.90. Un module de finesse
élevé est préférable pour le sable
utilisé en BHP en vu de réduire la
quantité d'eau utilisée [4].
- Densité absolue : ñ = 2,7
2.2. Gravier
Le gravier utilisé provient d'une Carrière de la
société Algérienne des Granulats (ALGRAN) sise à
Oued Fodda (Chlef), ayant les caractéristiques suivantes :
- Coefficient d'absorption : Ab = 2 %.
- Coefficient Los Angeles : LA = 23 %.
- Coefficient de forme Cv = 0.27
Pour le BHP le granulat idéal doit être
concassé, propre, de forme cubique, à angularité
réduite et contenant le moins possible de particule plates ou
allongées du fait de la faible résistance au plan de fissuration
de ces dernières [4,5].
2.3. Ciment
Le ciment utilisé est un Ciment Portland Composé
CPJ CEM II/A 42.5 produit de la cimenterie d'Oued Sly (Chlef), ses
caractéristiques chimiques et minéralogiques sont
présentées dans le tableau 1.
Tableau 1 : Composition chimique et
minéralogique du ciment d'après le fabriquant.
Composition chimique (poids)
|
Chaux
(CaO)
|
Silice
(SiO2)
|
Alumine
(Al2O3)
|
Oxyde ferrique (Fe2O3)
|
65 à 70 %
|
18 à 24 %
|
4 à 8 %
|
1 à 6 %
|
4 Phases cristallines principales
|
Notation symbolique
|
Nom
|
Formule chimique
|
% en poids moyen
|
C3S
|
silicate tricalcique ou alite
|
3CaO, SiO2
|
62
|
C2S
|
silicate bicalcique
ou bélite
|
2CaO, SiO2
|
22
|
C3A
|
aluminate tricalcique
|
3CaO, Al2O3
|
8
|
C4AF
|
alumino-ferrite tétracalcique
|
4CaO, Al2O3,
Fe2O3
|
8
|
2.4. Ajout minéral
Nous avons utilisé le « laitier de hauts
fourneaux » d'El Hadjar (Annaba) comme ajout minéral, ayant la
composition chimique suivante :
Tableau 2 : Composition chimique du
Laitier.
SiO2
|
Al2O3
|
Fe2O3
|
CaO
|
MgO
|
SO3
|
K2O
|
Na2O
|
39,59
|
9,73
|
3,56
|
41,23
|
3,38
|
0,67
|
0,58
|
0,01
|
2.5. Adjuvant
L'adjuvant utilisé est un superplastifiant haut
réducteur d'eau commercialisé sous le nom de « MEDAFLOW
30 » produit par la société Granitex d'Oued Smar
(Alger).
La plage de dosage est déterminée suivant l'essai
d'écoulement au cône de Marsch, qui consiste à mesurer le
temps d'écoulement en fonction du dosage et ainsi la dose de saturation,
nous avons trouvé un dosage optimum de 1,5 % du poids de ciment.
Leurs propriétés sont résumées dans
le tableau 3.
Tableau 3 : Caractéristiques et
propriétés de l'adjuvant.
Caractéristiques
|
Propriétés et effets
sur :
|
- Forme : liquide
- Couleur : jaunâtre
- PH : 6 - 6,5
- Densité : 1,07 #177; 0,01
- Teneur en chlore : <1g/l
|
Béton frais
|
Béton durci
|
- L'obtention d'un E/C très
faible.
- L'amélioration considérable
de la fluidité.
- Une très bonne maniabilité.
- Un long maintien de
l'ouvrabilité.
- D'éviter la ségrégation.
- De faciliter la mise en
oeuvre du béton.
|
- - D'augmenter les résistances
mécaniques à jeune âge et
à long terme.
- De diminuer la porosité.
- D'augmenter la durabilité.
- De diminuer le retrait et le
risque de fissuration.
|
2.6. Fibres d'acier
Il s'agit de fibres à crochets de type DRAMIX
fabriquées par BEKAERT (Belgique).
Tableau 4 : Caractéristiques des fibres
d'acier.
Forme
|
Longueur (mm)
|
Diamètre (mm)
|
Elancement (l/d)
|
Résistance à la traction (MPa)
|
|
35
|
0.55
|
65
|
1100
|
On peut incorporer des fibres d'acier dans les BHP chaque fois
que la fragilité du béton représente une limitation
à son utilisation. Par exemple, des fibres d'acier peuvent être
utilisées dans des régions où les risques sismiques sont
élevés, et dans des éléments où la
résistance au cisaillement du béton doit être
augmentée.
Les fibres munies de crochets à chaque
extrémité sont celles qui présentent le plus d'avantages
à cause de leur bonne adhérence mécanique. Elles sont
fabriquées en acier étiré à froid et se
présentent sous forme de petites plaquettes de fibres (30 à 40
fibres), accolées avec un produit soluble dan l'eau, ce qui facilite
leur incorporation dans le béton et le malaxage. Au contact de l'eau de
gâchage, les fibres se libèrent aléatoirement dans la masse
du béton en reprenant leur élancement unitaire. On obtient ainsi
une meilleure homogénéité du matériau.
Ces fibres travaillent par déformation des crochets qui se
redressent lors du glissement de la fibre dans la matrice.
Tableau 5 : Composition massique en
kg/m3 du mélange béton.
Béton
|
Sable (0/4)
|
Gravier 3/8
|
Gravier 8/15
|
Ciment
|
Laitier
15 %
|
Eau
|
E/L
|
Adjuvant
1,5 %
|
Fibres
0,5 %
|
BO
|
865
|
231
|
827
|
350
|
0
|
175
|
0,55
|
0
|
0
|
BOF
|
961
|
231
|
730,5
|
350
|
0
|
175
|
0,55
|
0
|
40
|
BHP
|
826
|
220
|
789,5
|
450
|
67,5
|
191,5
|
0,37
|
6,75
|
0
|
BHPF
|
918
|
220
|
698
|
450
|
67,5
|
191,5
|
0,37
|
6,75
|
40
|
3. PROGRAMME expérimental
L'étude expérimentale porte principalement sur
la mesure :
* Des ouvertures des fissures dans le béton à
l'aide d'un
« fissuromètre ».
* De l'espacement et longueurs des fissures.
* Des charges de première fissuration et de rupture.
Pour cette campagne d'essai, nous avons réalisé
quatre séries de trois poutres chacune;
(12 poutres), et des éprouvettes cubiques de (10x10x10)
cm pour évaluer la résistance à la compression du
béton à l'age de l'essai.
· Trois poutres en Béton Ordinaire,
désignées par BO.
· Trois poutres en Béton Ordinaire avec ajout de
Fibre d'acier, désignées par BOF.
· Trois poutres en Béton à Haute
Performance, désignées par BHP.
· Trois poutres en Béton à Haute
Performance avec ajout de Fibre d'acier, désignées par
BHPF.
Toutes les poutres sont des models réduits qui ont les
mêmes dimensions 10 x 15 x 110 cm, chargées par une force
concentrée appliquée au milieu (flexion en trois points).
Le ferraillage de chaque série de poutres est 2T10 dans la
zone tendue et 2T8 dans la zone comprimée et avec des cadres en Ø
6 espacées de 10 cm (figure1). Le pourcentage d'armatures principales
ñ = 1.25 %.
2T8
? ?
? ?
Cadre 6
2T10
10
15
Cadre 6
100
5
5
2 T10
2 T8
Figure 1 : Ferraillage de la poutre
Les sections doivent être sous- armées pour nous
permettre d'observer le développement et l'évolution des fissures
sous chargement jusqu'à rupture.
4. CONSTATATIONS ET ANALYSE DES RESULTATS
L'âge du béton au moment de l'essai des poutres a
varié entre 57 et 62 jours.
Les charges étaient appliquées par un
vérin hydraulique de 200 kN, transmettant les efforts à la poutre
par l'intermédiaire de rotule.
La montée en charge s'est faite de manière
discontinue en respectant des paliers de 2 kN.
4.1. Processus d'apparition des fissures
Le processus d'apparition et de progression des fissures est
quantifié dans les tableaux
6 (a), (b), (c) et (d), et schématisé dans les
figures 2 (a), (b), (c) et (d).
Tableau 6 (a) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BO.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BO1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
|
5
6
9
0,1
|
6
4
10,2
0,14
|
0,24
|
7
6,2
10
0,3
|
8
6,3
8,5
0,36
|
9
7,2
9,3
0,36
|
7,5
0,4
|
9
10,3
1,4
0,4
|
BO2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
|
4
3
10
0,02
|
5
2
11,5
0,04
|
0,12
|
7
3,5
11
0,2
|
8
4,7
8
0,22
|
9
6,5
10
0,24
|
7
0,25
|
9
12,5
0,8
|
BO3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
|
6
6
9
0,1
|
7
0,12
|
0,2
|
7
8
10
0,28
|
0,3
|
0,3
|
8
8
7
0,38
|
11
1,2
|
Tableau 6 (b) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BOF.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BOF1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
2
1
7
0,04
|
0,1
|
3
4
8
0,14
|
6
5,8
8
0,19
|
7
8
0,22
|
6
0,24
|
0,28
|
8
7
7
0,30
|
8
11,4
1
|
BOF2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
2
8
|
4,5
|
5
10
0,12
|
6
5
10
0,20
|
7
7
10
0,24
|
0,25
|
0,26
|
0,3
|
8
9
8
1,6
|
BOF3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
4
9
|
|
3,5
0,04
|
6
3,6
10
0,04
|
8
4
7
0,18
|
0,2
|
9
6
7,5
0,2
|
0,24
|
9
10
0,4
|
Tableau 6 (c) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BHP.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BHP1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
1
9
|
0,02
|
5
9
0,04
|
4
0,08
|
6
6
10
0,2
|
8
0,22
|
7
9
10
0 ,24
|
0,3
|
7
10
0,5
|
BHP2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
4
|
4
5
7
|
5
5
7
0,02
|
0,02
|
0,1
|
6
5
6
0,12
|
6
0,2
|
0,2
|
7
10
5
0,4
|
BHP3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
2
10
0,02
|
4
3
10
0,04
|
5
3
11
0,15
|
7
5
11
0,3
|
0,4
|
|
|
|
8
10
9
0,4
|
Tableau 6 (d) : Processus d'apparition et
propagation des fissures des poutres en BHPF.
Spécimens
|
Caractéristique
de la fissuration
|
Effort appliqué (KN)
|
19
|
20
|
24
|
28
|
32
|
34
|
36
|
38
|
40
|
BHPF1
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
1
1
|
0,02
|
2
3
10
0,06
|
4
5
8
0,14
|
6
5
6
0,2
|
0,22
|
|
|
6
5
0,22
|
BHPF2
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
2
2
8
0,04
|
0,04
|
3
4
9
0,1
|
4
5
10
0,14
|
0,2
|
|
0,22
|
5
7
8
|
7
7
8
0,22
|
BHPF3
|
Nombre de fissure
Longueur moyenne (cm)
Espacement moyen (cm)
Largeur maximale (mm)
|
3
4
8
0,04
|
4
4
9
0,04
|
0,07
|
5
5
8
0,1
|
6
5
6
0,12
|
|
0,18
|
8
5
5
0,2
|
8
5
0,2
|
Les charges de fissuration (Pf) et de rupture
(Pu) des poutres sont regroupées dans le tableau (7). Il est
à noter que la charge de fissuration est déterminée comme
étant la charge causant la première fissure.
Tableau 7 : Charge de fissuration et de rupture des
poutres.
Nature de la Poutre
|
Pf (KN)
|
Pf moy (KN)
|
Pu (KN)
|
BO -1-
|
15
|
15
|
42,6
|
BO -2-
|
16
|
38
|
BO -3-
|
14
|
41,8
|
BOF -1-
|
16
|
16
|
40
|
BOF -2-
|
16
|
40,4
|
BOF -3-
|
16
|
42,4
|
BHP -1-
|
17
|
17
|
44
|
BHP -2-
|
17
|
45,4
|
BHP -3-
|
17
|
43,2
|
BHPF -1-
|
19
|
18
|
48
|
BHPF -2-
|
18
|
46,4
|
BHPF -3-
|
16
|
46,6
|
Figure 2 (a) : poutres en Béton Ordinaire
(BO).
Figure 2 (b) : poutres en Béton Ordinaire
Fibré (BOF).
Figure 2 (c) : poutres en Béton à
Haute Performance (BHP).
Figure 2 (d) : poutres en Béton à
Haute Performance Fibré (BHPF).
Dans tous les spécimens testés, la rupture a eu
lieu par traction, commençant par des grandes ouvertures des fissures
verticales, dans la zone tendue, et suivie d'un écrasement de la partie
comprimée du béton, qui avait été réduite
par la progression des fissures.
C'est un comportement typique d'une section
sous-armée.
Figure 3 : Courbe Effort - Ouverture des fissures
des poutres en BO et BOF.
Figure 4 : Courbe Effort -Ouverture des fissures
des poutres en BO et BHP.
Figure 5 : Courbe Effort -Ouverture des fissures
des poutres en BHP et BHPF.
Figure 6 : Courbe Effort -Ouverture des fissures
des poutres en BOF et BHPF.
Les courbes Effort - Ouverture des fissures présentent
deux phases principales :
a)- Une phase linéaire où les
ouvertures de fissure sont proportionnelles aux efforts.
Dans chaque courbe, l'apparition de la première
fissure, présente un palier relativement horizontal, ce qui traduit une
diminution de la rigidité de la poutre.
b)- Une phase non linéaire où
les ouvertures de fissure deviennent plus importantes par comparaison aux
efforts. Ceci traduit une phase d'endommagement du béton avant rupture,
c'est la phase plastique.
Il faut noter que les poutres confinées (BOF,
BHPF) présentent des avantages tels que :
- Un gain de résistance (endommagement
ductile) observé au niveau de la phase avant rupture (partie ascendante
de la courbe).
- Retardement de l'apparition de la
première fissure et empêchement de la formation et de
développement d'une seule fissure très ouvertes. En effet les
fissures permettent de la formation d'une série de fissures fines non
nuisibles à la poutre.
D'après les résultas, on peut dire que dans tous
les cas, la rupture a eu lieu par traction dans la zone à fort moment de
flexion, commençant par de grandes ouvertures des fissures verticales,
dans la zone tendue, et suivie d'un écrasement de la partie
comprimée du béton, qui avait été réduite
par la progression des fissures.
5. CONCLUSION
Le béton est un matériau qui se fissure sous
l'effet des contraintes de traction.
A des niveaux de contraintes dépassant à peine
quelques méga- pascals ( = 2MPa), le matériau se déchire et donc se fissure en
raison de sa faible résistance à la traction qui varie entre 1/10
et 1/15 de sa résistance en compression.
La fissuration, qui est un phénomène hasardeux,
peut être causée par des facteurs physiques tels que le retrait et
les variations de température ou par des facteurs mécaniques
directement liés au chargement.
En terme structurel, la fissuration diminue la rigidité
des éléments en béton comme constaté
expérimentalement dans le présent travail. Dans le cas
extrême, elle peut précipiter des effondrements comme
révélé par le séisme du 21 Mai 2003 où des
fissures préexistantes non traitées et non
contrôlées ont initié des ruptures catastrophiques d'un
certain nombre de constructions. Du point de vue fonctionnalité, les
fissures peuvent entraîner la déperdition des liquides dans le cas
des structures hydrauliques et donc affectent la fonction elle-même d'une
structure. L'aspect esthétique, et donc la servicibilité d'une
structure, peut sérieusement être affecté par une
fissuration non contrôlée.
La fissuration apparaît donc comme un inconvénient
majeur du matériau béton dans le sens où elle
représente des voies de passage à tous les corps étrangers
nuisibles, liquides ou gazeux, vers l'intérieur du béton. Suit
par la suite le processus de détérioration du béton lui
même ou des aciers noyés à l'intérieur qui
corrodent. Le dépôt de corrosion, à son tour, fait
éclater le béton qui enveloppe les aciers et l'on assiste
à un processus continu de dégradation du matériau
béton armé et donc de la structure.
Le béton à haute performance présente une
meilleure aptitude à la fissuration sous les charges de service. Ceci
est dû à la résistance relativement améliorée
de ce matériau, que ce soit en compression ou en traction où
cette dernière dépasse le niveau de 4MPa par comparaison à
2MPa pour le béton ordinaire.
D'une manière générale, le comportement du
matériau béton vis-à-vis de la fissuration, aussi bien le
béton ordinaire que le béton à haute performance, est
amélioré avec l'utilisation des fibres d'acier dans le
mélange. L'addition des fibres réduit la fragilité du
matériau et améliore sa ductilité, qualité
structurelle indispensable dans les régions à haut risque
sismique.
Les essais entrepris dans ce travail sur des poutres en
béton ordinaire et en BHP ont montré que l'ajout de fibres,
même en faible quantité, améliore le comportement du
matériau béton vis-à-vis de la traction et limite
l'ouverture des fissures d'une manière appréciable. Dans ce sens,
la formation des premières fissures est retardée et une fois
formées, ces fissures restent très fines parce que
couturées par des fibres d'aciers.
Cependant l'efficacité des fibres dépend de leur
direction et de leur orientation au tour de la fissuration ainsi que de leur
forme et de leur dimension.
Cette même distribution des fibres à
l'intérieur du matériau dépend de la maniabilité
du mélange à l'état frais. La dimension des fibres varie
en sens inverse avec la maniabilité. Dans un mélange sec, les
fibres ne peuvent pas être distribuées uniformément dans le
matériau.
6. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] M.CHEMROUK, «Etude des
Ingrédients du Mélanges pour formuler un Béton Hautement
Performant et Durable », 1er séminaire sur les
technologies du béton : le Béton, Perfection et
Incertitudes ; 18-19 Septembre 2004, Alger.
[2] F.Larrard, « Formulation et propriétés des
bétons à très hautes performances » ;
rapport de recherche LCPC ; n°149, 1988, France.
[3] M.HAMRAT, « Les bétons à
hautes performances », mémoire de magister, Université de
Chlef, 1996.
[4] P.A. GUTIRREZ et M.F.CANOVAS, « High performance
concrete : requirements for constituent materials and mix proportioning ,
ACI Materials journal, N°93-M26 :233-241, 1996.
[5] M.HAMRAT, and M.CHEMROUK, « Béton à Haute
Performance: Etude expérimentale sur la formulation; National Seminar of
Civil Engineering, Oran (Algeria), January 2003.
|
|