WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'impact des nouvelles normes IFRS sur la qualité de l'information financière

( Télécharger le fichier original )
par Hicham Sentissi
Université Montesquieu Bordeaux 4 - Maà®trise des sciences et techniques comptables et financières 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1-1-2 Les dangers de la « juste valeur »6(*)

Le principe de juste valeur propose de déterminer la valeur des actifs par l'estimation des flux de trésorerie anticipés actualisés (valeur instantanée). Dans le monde des marchés parfaits et complets, cette valeur est égale au prix de marché des actifs. En effet, si la concurrence est pure et parfaite, la valeur de l'actif est exactement égale à ce qu'il coûte (hypothèse de profits nuls) et tous les actifs ont la même rentabilité. En cas d'absence d'un marché de référence, une modélisation doit permettre de construire la valeur actualisée des flux engendrés par cet actif. L'IASB propose, dans cette optique, de prendre la plus grande de ces deux valeurs comme étalon pour la dépréciation de la valeur d'un actif enregistré au coût amorti (IFRS 36).

Or la mise en oeuvre des actifs fait apparaître des complémentarités ou synergies avec les compétences propres de l'entreprise dans son ensemble. Ainsi, la rentabilité économique des actifs diffère suivant la nature de l'acquéreur, ce qui est impossible dans la théorie des marchés parfaits. Un actif est dit spécifique pour une entreprise lorsque l'utilisation de cet actif par cette entreprise engendre un rendement supérieur par rapport à son utilisation par toute autre entité (Caballero et Hammour [1998] par exemple). Le prix de marché de cet actif, c'est-à-dire l'estimation collective de sa valeur par les autres agents, sera différent de la valeur de cet actif pour l'entreprise.

La spécificité et l'asymétrie d'information sont essentielles et inévitables pour tout projet entrepreneurial. Elles sont en effet au fondement de l'avantage compétitif e des « survaleurs » (goodwill) qui sont la différence entre la valorisation d'ensemble des actifs dans l'entreprise par rapport à leur valeur de liquidation individuelle. On sait que les survaleurs estimées par le marché boursier donnent souvent lieu à des valorisations qui s'avèrent fantaisistes, comme celles issues des transactions lors de la bulle internet. La généralisation de la juste valeur rendra structurels les problèmes que l'on perçoit dans la mesure de la survaleur : alors que le problème comptable de la survaleur ne se pose que lors de l'achat de participations ou du contrôle d'une société, la logique de la juste valeur l'étend à l'évaluation de tous les actifs à chaque établissement des comptes. Il s'agit donc bien d'une extension de la logique de valorisation financière. Les succès patents de cette dernière au moment de la bulle internet ou dans l'analyse de quelques sociétés dont la faillite nourrit l'actualité financière, amènent à questionner très sérieusement l'intérêt de l'étendre dans les bilans mêmes des entreprises sous peine de voir les bulles boursières se transformer en bulles comptables.

La comptabilité à coût historique possède une logique économique, fondée sur une vision dynamique de l'entreprise en tant qu'entité productive durable et indivisible. Elle interroge le processus qui amène les capitaux investis dans les ressources d'entreprise jusqu'à la création de valeur et les représente notamment sous forme d'actifs (matériels et immatériels). Elle vise ainsi à évaluer et représenter le revenu d'entreprise au fur et à mesure qu'il est généré par cette entité, spécialement grâce aux résultats de ses ventes. La valorisation des actifs fait référence donc à ce processus économique spécifique de l'entreprise, plutôt qu'aux cours boursiers. À l'évidence, pourquoi investir sans retour ? Toute dépense activée devrait alors impliquer des résultats. Cependant, est-ce effectivement le cas ? C'est précisément pour cela que l'on rend périodiquement les comptes.

Dans cet esprit, une mise en alerte s'impose pour les utilisateurs et les rédacteurs futurs, en particulier en matière de cohérence inter-temporelle et inter-entreprises, des frontières de l'entité prise en compte, et enfin de la valorisation «prophétique» des actifs, notamment financiers.

Les futurs utilisateurs des bilans selon les IFRS devront d'abord faire attention à la cohérence intertemporelle et de comparaison inter-entreprises, en raison des nombreuses options laissées par l'IASB, par exemple, en matière de valorisation des actifs, entre la notation au coût historique corrigé pour la perte de dépréciation (IFRS 36), et celle au prix courant de marché (très souvent substituée par l'estimation d'experts agréés).

* 6 http://europa.eu.int/eur-lex/fr/archive/2003/l_26120031013fr.html

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery