MAITRISE DES SCIENCES ET
TECHNIQUES COMPTABLES ET
FINANCIERES
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
L'impact des nouvelles normes IFRS sur la qualité de l'information
financière
|
Encadrement : M. Marc Pointet
Réalisé par : Omar Bengelloun
M. E. Lamarque
Hicham Sentissi
Fatim Zahra Asly
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont
participé de près où de loin à l'élaboration
de ce mémoire. Tous ont fait preuve d'un dévouement et d'une
patience à toute épreuve.
Nous Tenons aussi à remercier M. Mostafa FRAIHA et M.
Marc POINTET pour leurs conseils sur le plan technique et méthodologique
ainsi que pour leur grande disponibilité.
Enfin nous remercions l'ensemble des membres du corps
enseignant et de la direction de L'ISCAF à travers son directeur M.
Mohamed DOUCH, Ainsi que les professeurs de l'université de Montesquieu
Bordeaux IV pour leur encadrement et leur sens de la pédagogie.
RESUME
Les règles comptables jouent un rôle clé
dans l'organisation et l'évolution du système de financement des
entreprises et dans l'évaluation de leurs titres détenus
directement ou indirectement par les épargnants. Cette
réalité, souvent occultée, a été
révélée dans toute son évidence par les vifs
débats suscités par l'adoption des IFRS depuis 2005. En effet,
les sociétés cotées européennes appliqueront de
nouvelles normes comptables dans leurs comptes consolidés, les normes
IFRS, qui auront un certain impact sur leurs comptes. Ces nouvelles normes IFRS
vont permettre aux investisseurs de comparer plus facilement les
sociétés européennes cotées entre elles ainsi
qu'avec les autres entreprises internationales qui appliqueront ces normes.
Dans l'immédiat, cette mutation comptable va modifier la perception de
certains groupes cotés dans la mesure où leurs résultats,
leur endettement, leurs capitaux propres pourront connaître des
variations du seul fait du changement de normes.
Le principal effet novateur de ces normes est constitué
par un recours accru à la « juste valeur» dans
l'évaluation de nombreux actifs et passifs de l'entreprise, en ce sens
que ces éléments seront évalués à leur
valeur de marché.
Un autre changement significatif a trait aux principes de la
« prédominance de la substance » et de la
réalité économique des transactions, qui prévaut
dans les normes IFRS, par rapport à leur apparence juridique.
Concrètement, cela signifie que certains éléments que
l'entreprise contrôle sans en détenir la propriété
juridique pourront être comptabilisés dans le bilan.
Le bilan reflétera donc davantage la véritable
valeur de l'entreprise, puisque les normes IFRS sont essentiellement
destinées aux investisseurs, à la différence de la
comptabilité française, plutôt conçue à
l'usage de l'administration fiscale.
Dans ces débats, les intérêts des
investisseurs, et plus généralement des utilisateurs des comptes,
ont souvent été invoqués par les uns et les autres, et en
premier lieu par le normalisateur international, mais leur expression directe
est restée peu développée.
C'est à cet effet, que pour ce travail nous nous sommes
plus penché sur l'aspect qualitatif quand à
l'intérêt et à la présentation de ce nouveau
référentiel. Cet aspect met alors en évidence les
inquiétudes et réserves des professionnels du secteur, ainsi que
les choix opérés par l'IASB (vivement critiqués) et des
interrogations soulevées sur la qualité du processus
d'élaboration.
Mais au-delà des considérations sur le contenu
des normes, l'architecture institutionnelle elle même fait
problème, qu'il s'agisse des évolutions futures des normes, de
leur interprétation - avec notamment le risque de lectures
littérales qui feraient oublier les principes qui ont
présidé à leur création - ou du contrôle de
leur mise en oeuvre. En conséquence, la période de transition
pourrait bien être chaotique, et cette situation pourrait perdurer bien
au-delà de la seule année 2005.
ABSTRACT
The accounting rules play a key role in the organization and
the evolution of the financing system of companies and in the evaluation of
their titles held directly or indirectly by the savers. This reality, often
occulted, was revealed in all its obviousness by the sharp debates caused by
the adoption of the IFRS since 2005. Indeed, the famous European companies will
apply new accounting standards in their group accounts, the standards IFRS,
which will have a certain impact on their accounts. These new standards IFRS
will allow investors to compare more easily the famous European companies
between them as well as with other international companies which will apply
these standards. In the immediate future, this accounting related change will
modify the perception of certain famous groups as long as their results, their
debt, their stockholders' equity can know variations related to the change of
standards.
The principal innovative effect of these standards is
consisted by a recourse increased to the "right value" in the evaluation of
many actives and passives of the company, in the sense that these elements will
be evaluated with their market value.
Another significant change is related to the principles of the
"substance predominance" and the economic reality of transactions, which
prevails in standards IFRS, compared to their legal appearance. Concretely,
this means that certain elements, that the company controls without holding the
legal property, could be accounted in the assessment.
The assessment will thus reflect more the true value of the
company, since standards IFRS are primarily intended to the investors, unlike
the French accounting, which is conceived for the use of the tax
authorities.
For this reason, we have more considered the qualitative
aspect in dealing with the interest and the presentation of this new reference
frame. This aspect then highlights the concerns and reserves of professionals
of the sector, as well as the choices operated by the IASB (highly criticized)
and the questions raised about the quality of the development process.
However, beyond the considerations of the standards contents,
institutional architecture itself triggers problem, whether it is related to
the future evolutions of the standards, to their interpretation - also with the
risk of literal readings which would make forget the principles that chaired
their creation - or of the control of their implementation. Consequently, the
transitional period could be chaotic well, and this situation could well last
beyond the year 2005.
SOMMAIRE
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REMERCIEMENTS
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RESUME
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ABSTRACT
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INDEX DES SIGLES ET ABREVIATIONS
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PANORAMA DES NORMES
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INTRODUCTION.....................................................................
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11
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Partie 1 : Contexte de la
normalisation comptable international............
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14
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1- Les enjeux de l'adoption des normes
IAS/IFRS.......................................
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14
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1-1 L'adoption des normes
IAS/IFRS...............................................................
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15
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1-2 Les entreprises concernées par le premier passage aux
normes............................
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16
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1-3 Les normes IAS/IFRS concernées par le
passage.............................................
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16
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1-4 Première applications des normes
IAS/IFRS..................................................
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17
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1-5 Les règles de passage aux
normes...............................................................
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18
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2- Le cadre
conceptuel.........................................................................
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21
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2-1
L'IASC.............................................................................................
|
21
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2-1-1
Structure......................................................................................
|
22
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2-1-2 L'élaboration des
normes................................................................
|
23
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2-2
L'IASB.............................................................................................
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24
|
2-3 LE
FASB...........................................................................................
|
25
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2-4
L'AICPA...........................................................................................
|
28
|
2-5 LA
SEC.............................................................................................
|
28
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3- La communication autour du passage aux normes
IFRS...........................
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29
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3-1 Objectif des états
financiers.....................................................................
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29
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3-2 Contraintes à respecter pour que l'information soit
pertinente et fiable...................
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31
|
3-3 Lecture de l'information financière par les parties
prenantes...............................
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38
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3-3-1 Les Parties prenantes de l'information
financière...............................
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38
|
3-3-2 La communication autour des
IFRS....................................................
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39
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Partie 2 : L'impact du passage aux IFRS
sur la qualité de l'information
financière : opportunité et
complexité
..................................................
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43
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1- Les incidences du changement du
référentiel...........................................
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43
|
1-1 Comment le passage aux IFRS est il
ressenti ?...............................................................
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43
|
1-1-1 Changement coûteux mais
salvateur....................................................
|
43
|
1-1-2 Les dangers de la « juste
valeur »........................................................
|
45
|
1-2 Répercussions organisationnelles
..............................................................
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47
|
1-2-1 Répercussions sur les
sociétés cotées en
bourse.......................................
|
48
|
1-2-2 Répercussions sur les
sociétés non cotées en
bourse.................................
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50
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1-3 Répercussions sur le système
financier.........................................................
|
51
|
2- Les IFRS vers la démocratisation ou
l'autarcie de l'information financière....
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53
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2-1 Créativité comptable, distorsions et
manipulations ..........................................
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53
|
2-2-1 Problèmes engendrés par
certaines normes............................................
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54
|
2-2-2 Qu'est ce qu'il en est de l'information
envers les autres parties prenantes ?.
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56
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2-2 Les IFRS nouveau langage du capitalisme
comptable.......................................
|
58
|
2-3 Les investisseurs au
pouvoir ?........................................................................................
|
60
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2-4 La régulation financière à la
croisée des chemins.............................................
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62
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3- Exemples concrets de l'impact sur la
qualité de l'information financière........
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64
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3-1 Cas SCANIA
Maroc..............................................................................
|
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3-1-1 Brève présentation de SCANIA
Maroc....................................................
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64
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3-2-2 La démarche du traitement des normes 16
et 36.........................................
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67
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3-2-3 Définition des unités
génératrices de
trésorerie..........................................
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69
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3-2 Cas AIR France impact sur le compte de résultat et le
bilan................................
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75
|
3-2-1 Quels sont les impacts sur le compte de
résultat ?...............................................
|
76
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3-2-2 quels sont les impacts sur le
bilan ?.....................................................................
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77
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|
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CONCLUSION.........................................................................
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78
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BIBLIOGRAPHIE.....................................................................
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80
|
TABLE DES
ANNEXES.............................................................
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82
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INDEX DES SIGLES ET ABREVIATIONS
· ASB : Accounting Standards Board (normalisateur
comptable, Royaume-Uni et Irlande)
· CESR : Committee of European Securities Regulators
(structure de coordination des autorités de régulation des
marchés financiers, Union Européenne)
· CNC : Conseil National de la Comptabilité
(comité consultatif, France)
· COB : Commission des Opérations de Bourse
(autorité de régulation des marchés financiers,
· France)
· CRC : Comité de la Réglementation Comptable
(France)
· EFRAG : European Financial Reporting Advisory Group
(comité consultatif, Union Européenne)
· FAF : Financial Accounting Foundation
(maison-mère du FASB, Etats-Unis)
· FASB : Federal Accounting Standards Board
(normalisateur comptable, Etats-Unis)
· FRC : Financial Reporting Council
(maison-mère de l'ASB, Royaume-Uni)
· IAS : International Accounting Standards (ancien
nom des IFRS)
· IASB : International Accounting Standards Board
(normalisateur comptable international, société
privée basée à Londres)
· IASC : International Accounting Standards Committee
(fondation privée basée au Delaware,
· maison-mère de l'IASB)
· IFRS : International Financial Reporting Standards
(normes produites par l'IASB, anciennement
· appelées IAS)
· IOSCO : International Organisation of Securities
COmissions (structure de coordination
· internationale des autorités de régulation
des marchés financiers)
· SEC : Securities & Exchange Commission
(autorité de régulation des marchés financiers,
Etats-Unis)
· US GAAP : Generally Accepted Accounting Principles
(normes produites par le FASB, Etats-Unis)
PANORAMA DES NORMES
IAS 1 Présentation des états
financiers
IAS 2 Stocks
IAS 7 Tableau des flux de
trésorerie
IAS 8 Résultat net de l'exercice,
erreurs fondamentales et changements de méthodes comptables
IAS 10 Evènements postérieurs
à la date de clôture
IAS 11 Contrats de construction
IAS 12 Impôts sur le résultat
IAS 14 Information sectorielle
IAS 15 Information reflétant les
effets de variations de prix
IAS 16 Immobilisations corporelles
IAS 17 Contrats de location
IAS 18 Produits des activités
ordinaires
IAS 19 Avantages du personnel
IAS 20 Comptabilisation des subventions
publiques et informations à fournir sur l'aide Publiques
IAS 21 Effets des variations des cours des
monnaies étrangères
IAS 22 Regroupements d'entreprises
IAS 23 Coûts d'emprunts
IAS 24 Information relative aux parties
liées
IAS 26 Comptabilité et rapports
financiers des régimes de retraite
IAS 27 Etats financiers consolidés et
comptabilisation des participations dans les Filiales
IAS 28 Comptabilisation des participations
dans des entreprises associées
IAS 29 Information financière des les
économies hyper inflationnistes
IAS 30 Informations à fournir dans les
états financiers des banques et des institutions financières
assimilées
IAS 31 Information financière relative
aux participations dans des coentreprises
IAS 32 Instruments financiers : informations
à fournir et présentation
IAS 33 Résultat par action
IAS 34 Information financière
intermédiaire
IAS 35 Abandon d'activités
IAS 36 Dépréciation d'actifs
IAS 37 Provisions, passifs éventuels
et actifs éventuels
IAS 38 Immobilisations incorporelles
IAS 39 Instruments financiers :
comptabilisation et évaluation
IAS 40 Immeubles de placement
IAS 41 Agriculture
INTRODUCTION
L'introduction des normes IAS/IFRS a souvent été
décrite comme entraînant une révolution de l'information
financière. Tout de moins, elle représente un changement profond
pour les entreprises. Le changement est clair sur le plan conceptuel : comme en
témoigne le choix de l'investisseur comme destinataire
privilégié de l'information financière. Les marchés
financiers internationaux revêtent de plus en plus d'importance pour les
entreprises cherchant à accéder à des sources de
financement à l'échelle international. Le nombre des transactions
menées sur les marchés monétaires et financiers
internationaux enregistrent une croissance sans précédent. La
transparence devient alors un facteur-clé de l'efficacité des
marchés de capitaux. C'est précisément pour cette raison
qu'il est indispensable de pouvoir comparer les états et
résultats financiers des différentes entreprises du monde entier
d'où l'idée de l'uniformisation des normes IAS/IFRS. Dans le
contexte actuel de mondialisation, l'harmonisation internationale, ou encore la
réduction des différences entre réglementations comptables
nationales, est donc devenue un enjeu pour les entreprises, cette harmonisation
leur permettra notamment d'accéder à tous les marchés
financiers sans avoir à établir un jeu de comptes particuliers
pour chaque place financière.
Parallèlement, les investisseurs pourront plus
facilement évaluer la performance de toute entreprise sans avoir
à connaître les spécificités de chaque
comptabilité locale.
L'adoption donc des normes IAS/IFRS aux sociétés
européenne ou marocaines nécessite une anticipation et une
réflexion qui n'en demeure pas mineur. En effet, la production et la
communication de l'information financière, aussi bien interne qu'externe
vont ainsi être modifiées en profondeur. Ainsi, l'ensemble des
changements imposés nécessite une véritable gestion de
projet et une attention des dirigeants des entreprises. Cet attention, prend
alors forme en assimilant en un premier lieu les enjeux réels de
l'adoption de ces normes, ce qui signifie une parfaite familiarisation avec les
règles techniques de passage d'une comptabilité nationale
à une comptabilité internationale. En second lieu, cette
attention doit tenir compte des spécificités propres aux organes
veillant sur ces normes ainsi que des enjeux politiques et économiques
qui se cachent derrière la volonté d'une harmonisation comptable
internationale.
Dans ce contexte de normalisation internationale quels sont
donc les enjeux réels de l'adoption des normes IAS/IFRS et quels sont
les organismes qui éditent, régulent et contrôlent ces
normes ?
A ce niveau, trois enjeux caractérisent ce
référentiel international. D'abord satisfaire les investisseurs,
ensuite fournir une information financière fidèle à la
réalité économique, enfin avoir une base unique permettant
une meilleure comparabilité des indices et ratios financiers
utilisés par les différentes parties prenantes du monde des
affaires ?
De ce fait, ces normes sont élaborées par le
comité des normes internationales (IASB) qui a pour objectif de les
présenter comme étant des normes financières à
caractère évolutif et déconnectées des contraintes
fiscales et des environnements juridiques de chaque pays.
Toutefois ce que l'on peut dire concernant le fonctionnement
de cet organisme s'applique sur les normes qu'il propose et qui restent
complexes et assez ambiguës de par leur contenu ce qui laisse planer
certaines zones d'ombres quand à leur efficacité. Ces zones
d'ombres, entachent la justesse de leur application et ce qui crée des
bouleversements et des distorsions au sein des différents acteurs de la
communauté financière, rendant alors la communication de
l'information financière difficile et envisageant ainsi l'utilisation
d'un grand nombre d'informations tout en limitant les choix comptables dont
disposaient les différentes parties prenantes.
Quelles sont les convergences et divergences de l'impact du
passage au IFRS sur l'information financière par les parties
prenantes ?
Dés leur application en janvier 2005 par les
sociétés cotées en bourse, les différentes parties
prenantes de l'information financière ont remarqué que ces normes
ne sont pas neutres et ont un impact réel, bien que difficile à
mesurer, sur le fonctionnement de l'économie.
En effet, l'Europe qui est passée directement d'un
modèle traditionnel de décision nationale à une
délégation de souveraineté au bénéfice d'un
organisme privé à vocation mondiale, dans lequel l'influence
européenne n'est pas prépondérante a montré que la
question de la gouvernance des normes comptables porte réellement sur la
responsabilité ultime du politique mais aussi sur la manière la
plus efficace d'exercer à travers ces normes compte tenu de la
complexité technique et du caractère évolutif de cette
matière.
De ce fait, une bonne qualité de l'information
financière, nécessite un projet de conversion aux normes IFRS
équitable pour toutes les parties prenantes et impliquant une
transformation radicale de la philosophie et du langage financier vers une
harmonisation comptable et financière plus juste. Autant dire que la
réussite d'un tel projet ne pourra aboutir que grâce aux efforts
conjugués de l'ensemble des parties concernées.
Afin de répondre à notre problématique
sur l'impact du passage aux normes IFRS sur la qualité de l'information
financière par les parties prenantes ainsi qu'aux différentes
questions citées auparavant , nous axerons notre présentation en
deux parties.
Dans la première partie nous définirons le
contexte de la normalisation comptable international, en présentant le
cadre conceptuel pour comprendre l'origine de ces normes et comment la
communication autour de ces dernières est faite.
Dans une seconde partie, nous traiterons des
conséquences du passage aux normes IAS/IFRS sur l'information
financière par les futurs utilisateurs ainsi que des enjeux politiques
qu'elles présentent.
Finalement note rapport présentera notre vision de ce
nouvel ordre économique à travers deux cas pratiques mettant en
évidence d'une part l'expérience de certaines entreprises en la
matière et d'autre part nous montreront les opportunités et les
complexités de la mise en place et de l'application de ces normes
IAS/IFRS.
Partie 1 : Contexte de la normalisation comptable
international
1- Les enjeux de l'adoption des normes IAS/IFRS1(*)
Les normes IAS/IFRS, qu'est ce que c'est ?
Il est important de bien comprendre qu'en comptabilité,
on a deux notions différentes : d'une part les comptes sociaux,
légaux, qui doivent correspondre à la législation fiscale
du pays dont relève une société, et d'autre part les
comptes au sens de la consolidation d'un groupe, qui sont publiés pour
l'information des investisseurs.
Autant la comptabilité marocaine ne change pas, autant
pour les groupes, depuis longtemps déjà, il existe des normes
pour la consolidation. Les plus connues sont L'US-GAAP et L'IAS/IFRS, les
premières qui sont d'origine américaines alors que les secondes
sont d'origine européenne. La présentation des résultats
des sociétés cotées aux USA se fait obligatoirement selon
ces normes.
Les IAS/IFRS sont un ensemble de normes comptables
européennes, qui ont été faite dans le même but que
les US-GAAP. Elles sont encore en cours d'évaluation, et elles tendent
à converger vers les normes américaines. Les résultats
financiers de l'entreprise en normes IAS peuvent être très
différentes des résultats fiscaux. Pour la présentation de
ces résultats, on parle de normes IFRS.
Les IAS se présentent sous la forme d'une série
de normes numérotées (IAS1. IAS2, IAS3.....IAS41) qui ont pour
but d'uniformiser les principes comptables utilisés, afin de fournir aux
investisseurs des informations plus claires et plus comparables.
Qui est concerné par ces normes ?
Les entreprises cotées en Europe et leurs filiales dans
tous les pays devront présenter leurs comptes consolidés pour les
exercices couverts à partir du 1er janvier 2005 (avec un retraitement
des données de 2004 pour permettre la comparaison). Mais il est probable
qu' à plus long terme toutes les entreprises seront concernées,
ce d'autant plus que les normes comptables nationales de chaque pays
européen ou non européen ayant de fortes relations
économiques ou financières avec l'Europe vont finir par converger
vers le référentiel IAS.
Ce qui va changer lors de l'application des ces normes
:
Dans le cadre de ces normes, on comptabilise
différemment, un certain nombre d'opérations (sans pour autant
modifier la comptabilisation légale et fiscale du pays). Ce sont donc
surtout les pratiques comptables qui vont changer (comptabilisation des
opérations de fusion acquisition, du traitement des immobilisations, des
risques de change, des provisions...), soit par des imputations, soit par des
jeux d'écritures différents. La gestion des immobilisations est
par ailleurs très touchée : elle nécessite un
dédoublement de toutes les règles d'amortissement.
1-1 L'adoption des normes IAS/IFRS
L'objectif principal de l'adoption des normes IAS/IFRS
s'inscrit dans un processus continu de création et de mise en place d'un
marché intérieur des services financiers. En effet, comme
mentionné dans l'introduction du règlement 1606/2002, le conseil
européen de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000 a souligné la
nécessité d'accélérer l'achèvement de ce
marché d'ici 2005. Ceci étant, il a invité la commission
à prendre des mesures visant à améliorer la
comparabilité des états financiers élaborés par les
sociétés faisant appel public à l'épargne et c'est
ainsi qu'il a été décidé que ces
sociétés doivent être tenues d'appliquer un jeu unique de
normes comptables.
La commission européenne, partant des orientations du
conseil, a publié le 13 juin 2000, sa communication intitulé
« Stratégie d l'Union européenne en matière
d'information financière, la marche à suivre », dans
laquelle elle propose que toutes les sociétés communautaires qui
font appel public à l'épargne soient tenues, à partir de
2005, de préparer leurs états financiers consolidés sur la
base d'un jeu unique de normes comptables, à savoir les normes
comptables internationales (IAS/IFRS). Cette vision s'est transformée en
un règlement d'adoption par le Conseil et le parlement européen,
à savoir le règlement 1606/2002 du 19 juillet 2002.
Voici ainsi quelques enjeux de l'adoption des normes
internationales IAS/IFRS :
· Garantir un degré élevé de
transparence et de comparabilité de l'information financière dans
la communauté
· Achever et accélérer la mise en place
d'un marché européen des capitaux
· Assurer la comparabilité des états
financiers des sociétés qui sont cotées sur les
marchés communautaires et celles qui seront cotées sur le futur
marché
· Faciliter le bon fonctionnement des marchés
communautaires et de ce futur marché
· Protéger les investisseurs
· Préserver la confiance des investisseurs
· Rendre compétitif les marchés
communautaires européennes
Faciliter la cotation des entreprises européennes dans
les bourses étrangères
Il faut préciser, enfin, que la faculté
d'étendre l'application des normes internationales aux comptes sociaux
annuels des sociétés faisant appel public à
l'épargne ou aux autres sociétés, a été
laissée aux Etats membres (2007 pour les comptes sociaux des
sociétés cotées).
1-2 Les entreprises concernées par le passage aux
normes
Le règlement européen du 19 juillet 2002 impose
l'utilisation des normes comptables internationales IAS/IFRS dans les comptes
consolidés des sociétés cotées européennes
pour les exercices ouverts à partir du 1èr janvier 2005. Ce
règlement s'applique à tous les émetteurs régis par
le droit national d'un Etat membre dont les titres (de capital, donnant
accès au capital, de créance, hybrides, etc....) sont
négociés sur un marché réglementé de l'Union
européenne.
1-3 Les normes IAS/IFRS concernées par le passage
Ne sont concernées par le passage aux normes IAS/IFRS
que celles qui ont fait l'objet d'une approbation par la commission
européenne, par le biais d'un règlement. Les normes
approuvées doivent être publiées intégralement dans
chacune des langues officielles de la communauté dans un
règlement concerné. La commission est seule habilitée
à adopter les normes. Elle est assistée dans ce travail par un
comité de réglementation comptable.
Les normes comptables internationales ne peuvent être
adoptées par la commission que :
· si elles répondent à
l'intérêt public européen et
· si elles satisfont aux critères
d'intelligibilité, de pertinence, de fiabilité et de
comparabilité exigés de l'information financière.
Dans son règlement n° 1725/2003 du 29 septembre
2003, la commission a adopté un premier jeu de certaines normes
comptables internationales, conformément au règlement n°
1606/2002 du Parlement et du conseil européen.
1-4 Première application des normes IAS/IFRS
Parmi les interprétations SIC, adoptées par la
commission dans le règlement
1725/2003, on trouve SIC-8 : première application des
IAS en tant que référentiel comptable.
Selon cette SIC, lorsque les normes internationales sont
appliquées, pour la première fois, l'entreprise concernée
doit établir et présenter ses comptes consolidés comme si
elle avait toujours appliqué les normes et interprétations
internationales. Une application rétroactive est exigée.
C'est ainsi, qu'afin de faciliter aux entreprises le passage
aux normes IAS/IFRS, l'IASB a remplacé SIC-8 par IFRS 1 : First-time
adoption of International Financial Reporting Standard. Selon cette norme,
adoptée par la commission européenne dans son règlement
707/2004 du 6 avril 2004, toute entreprise appliquant les normes IAS/IFRS doit
se conformer à chaque norme et interprétation, avec des
exemptions limitées et avec une application rétroactive.
Diverses dispositions et recommandations sont fixées
par la norme IFRS 1, avec des exemptions limitées, pour
l'établissement du bilan d'ouverture, qui constitue le point de
départ de la comptabilité selon les IAS/IFRS. On peut les
résumer dans ce qui suit :
· Comptabiliser tous les actifs et passifs dont les
IAS/IFRS imposent la comptabilisation
· Ne pas comptabiliser des éléments en tant
qu'actifs ou passifs si les IAS/IFRS n'autorisent pas une telle
comptabilisation
· Reclasser les éléments
comptabilisés, selon le référentiel antérieur, en
tant qu'actif ou passif, mais qui relèvent d'un type différent
d'actif, de passif ou de capitaux propres, selon les normes IAS/IFRS
· Appliquer les IAS/IFRS pour évaluer tous les
actifs et passifs comptabilisés
· Ajuster la situation nette consolidée du bilan
d'ouverture en fonction des retraitements opérés selon les normes
IAS/IFRS.
1-5 Les règles de passage aux normes
Le passage aux normes IAS/IFRS constitue une
opportunité stratégique réelle pour les entreprises en
terme de communication financière. Elle a été
qualifiée de «révolution culturelle» par certains
acteurs de et doit faire l'objet d'une réflexion structurée dans
chaque groupe d'entreprises concerné, à tous les niveaux
opérationnels.
Il devrait permettre de répondre aux attentes et
interrogations des investisseurs en matière de mesure de la performance
de la rentabilité, de comparabilité des entreprises entre elles
et de création de valeur. Il doit être considéré
comme un chantier majeur des deux prochaines années et faire l'objet
d'une véritable organisation par «gestion de projet» pour
analyser et évaluer toutes les incidences de l'adoption des normes
IAS/IFRS, et pour déterminer les zones d'analyse de performance les plus
pertinentes en matière d'information financière ainsi que les
adaptations potentielles des systèmes d'information en
présence.
L'occasion est ainsi donnée aux entreprises de revoir
l'organisation de la production de données financières en
rapprochant les éléments de gestion des états financiers
traditionnels, et de revaloriser la fonction comptable.
Pour être prêt à l'échéance
et assurer la gestion de la période transitoire, l'adoption du nouveau
référentiel va nécessiter la mise en place d'une
organisation en mode projet qui, sous l'impulsion de la direction
générale, devra impliquer toutes les fonctions du groupe. Les
principales étapes clés pourront s'articuler comme suit :
· Piloter et animer (composition d'une équipe
dédiée),
· Mobiliser sur le projet (communication interne sur
l'importance stratégique du projet),
· Définir un calendrier et des étapes
clés à respecter,
· Diagnostiquer les compétences et les
connaissances requises ?
· Inventorier les divergences entre le
référentiel actuel et les normes IAS (qualitatif et
quantitatif),
· Analyser les systèmes d'information et
identifier les aménagements éventuellement nécessaires,
· Faire des choix comptables et d'organisation (options
sur les méthodes possibles, définition des niveaux d'information
sectorielle, cadences de la communication financière, date de
première publication en normes IAS, modification des systèmes
d'information, mise en place des moyens humains et formation),
· Simuler les comptes en IAS en cours de période
de transition (jeu d'essai, conformité, retraitements d'ouverture et
comparatifs),
· Préparer le marché aux écarts
significatifs,
· Réussir le projet (publier les premiers comptes
en normes IAS),
· Suivre l'évolution des normes et des
interprétations nouvelles.
La mobilisation des énergies est essentielle à
la réussite du projet qui doit conduire tous les acteurs de l'entreprise
à anticiper le changement plutôt que de le subir. Sous l'impulsion
de la direction générale, véritable maître d'ouvrage
du chantier, un chef de projet sera désigné pour constituer et
animer un groupe de travail dédié. Ce groupe aura pour
principales missions de :
· Réaliser les travaux selon les étapes
définies en amont et notamment l'état des lieux des divergences
et informations manquantes,
· Coordonner les travaux de sous-commissions
éventuelles (ateliers de travail),
· Proposer des solutions en matière
d'organisation,
· Sou mettre des propositions de choix comptables,
· Organiser la communication.
· Former les équipes.
Pour contribuer à la réussite du projet, ce
groupe devra comprendre des représentants de tous les services ou de
toutes les entités concernées (direction financière,
consolidation, contrôle de gestion, comptabilité,
procédures, systèmes, audit, communication, formation,....), des
spécialistes IAS, les commissaires aux comptes et/ou des consultants
extérieurs.
Le recours au conseil pourra se concevoir à plusieurs
niveaux : assistance à la maîtrise d'ouvrage, apports de
compétences techniques comptables (expertise IAS ou métier,
consolidation), savoir-faire en terme de procédures, diagnostic des
systèmes d'information, benchmarking, communication, formation.
L'inventaire des divergences pourra être mené
à partir de la typologie des normes définie plus loin. Il pourra
se décliner entre les divergences dites «incompressibles»,
pour lesquelles la méthode applicable selon l'IAS est différente
de la méthode actuelle, et les divergences optionnelles dans le cas
où, au-delà du traitement de référence, un
traitement alternatif est autorisé.
Le choix d'un traitement non préférentiel devra
être largement documenté et comporte un risque de
non-conformité aux futures normes, eu égard aux objectifs actuels
de l'IASB.
Au-delà des aspects organisationnels importants que ce
changement de référentiel va induire, les sociétés
cotées vont devoir préparer les marchés aux incidences
majeures qu'il va engendrer sur leurs états financiers et sur les
principaux ratios utilisés.
La préparation du marché n'implique pas une
publication anticipée trop hâtive, mais plus raisonnablement la
communication progressive d'éléments permettant aux
marchés de connaître les principaux ajustements éventuels
et leur incidence sur les états financiers.
Ainsi, par étapes successives, les
sociétés pourront fournir des tableaux de réconciliation
entre certains postes clés des états financiers établis
aux normes nationales et ceux qui auraient été
présentés sous le référentiel IAS/IFRS, en
commençant par les normes qui ne sont pas susceptibles de modifications
majeures à l'horizon 2005. Le programme de travail de l'IASB et les
thèmes en cours de discussion fournit une information utile à ce
sujet.
La présentation du compte de résultat peut
être progressivement adaptée au référentiel
IAS (distinction des éléments ordinaires et
extraordinaires). La structure de l'information sectorielle peut
également être déterminée en conformité avec
la norme IAS 14, dès à présent, sans risque de non
conformité avec le référentiel en vigueur qui est moins
contraignant.
2- Le cadre conceptuel2(*)
Dans ce paragraphe, nous allons nous focaliser sur la
présentation des origines des normes comptables internationales. A cet
effet, nous allons présenter d'abord le cadre réglementant
international des normes IAS/IFRS, à savoir l'IASC (International
Accounting Standards Committee) et l'IASB (International Accounting Standards
Board), pour aborder par la suite les organismes internationaux
réglementant les normes US-GAAP : le FASB (Financial Accounting
Standards Board), l'AICPA (American Institute of Certified Public Accountants)
et enfin la SEC (Securities and Exchange Commission).
2-1 L'IASC
L'IASC élabore les normes comptables internationales
grâce à un processus établi qui implique la profession
comptable mondiale, les préparateurs et les utilisateurs des
états financiers, et les organismes nationaux de normalisation. L'IASC
est désormais reconnu comme le seul processus établi
d'élaboration de normes comptables internationales.
Les objectifs de l'IASC sont de formuler et de publier les
normes comptables à observer pour présenter les états
financiers, de promouvoir leur acceptation et leur application dans le monde et
de travailler de façon générale à
l'amélioration et l'harmonisation des états financiers.
Les membres de l 'IASC sont les organismes professionnels
comptables membres de la Fédération Internationale des Comptables
(IFAC) (International Federation of accountant).
L'IASC est financée par les organismes comptables et
d'autres membres appartenant à son conseil, par l'IFAC, par les
contributions de sociétés multinationales, d'institutions
financières, de firmes comptables et d'autres organisations.
2-1-1 Structure
a. Le conseil
L'activité de l'IASC est exercée par un Conseil
qui comprend les représentants d'organismes comptables de treize pays
nommés par le Conseil de l'IFAC et de quatre organismes, au plus, ayant
un intérêt pour les rapports financiers. Chaque membre peut
désigner deux représentants au plus et un conseiller technique
pour participer aux réunions du
Conseil.
Le Conseil définit le programme de l'IASC, constitue
les groupes de travail chargés de l'élaboration des textes, suit
l'avancement des travaux, commente les projets qui lui sont soumis et se
prononce sur l'adoption des normes.(Il se réunie trois fois par an)
b. Le groupe consultatif
Il a été mis en place par le Conseil de l'IASC
en 1981 et comprend des représentants de divers organismes
concernés par l'élaboration ou l'utilisation des états
financiers (Bource des Valeurs, Organismes Nationaux de Normalisation
Comptable).
Il se réunit périodiquement pour discuter avec
le Conseil des questions techniques sur le projet de l'IASC, de son programme
de travail, de sa stratégie.
Ce groupe joue un rôle important dans le processus
d'élaboration des Normes
Comptables Internationales et pour l'acceptation des normes
établies.
c. Le Conseil Consultatif :
Il a été mis en place en 1995. Ce conseil est
composé de personnes de qualités exceptionnelles occupant de
hautes responsabilités dans la profession comptables.
Son rôle est de promouvoir l'acceptation en
général des Normes Comptables
Internationales et d'accroître la
crédibilité du travail de l'IASC par les moyens suivants entre
autres :
· Examen et observation sur la stratégie et les
plans de l'ASC, de tele sorte à avoir l'assurance que les besoins des
membres sont satisfaits ;
· Recherche et obtention de financements pour le travail
de l'IASC en veillant à ce que son indépendance n'en soit pas
atteinte ;
· Examen du budget et des états financiers de
l'IASC ;
· Préparation d'un rapport sur l'efficacité
du Conseil de l'IASC dans la réalisation de ses objectifs et dans
l'accomplissement du processus d'élaboration des normes.
Il s'assure notamment de l'indépendance et
l'objectivité du Conseil lorsque ce dernier prend des décisions
techniques sur les propositions de Normes Comptables Internationales. Le
Conseil Consultatif ne participe pas et ne cherche pas
à influencer ces décisions.
2-1-2 L'élaboration des normes
Les représentants au conseil, les organisations
membres, les membres du groupe consultatif, les autres organisations et
personnes physiques sont encouragés à présenter de
nouveaux sujets pouvant être traités dans les normes comptables
internationales.
Une fois que le conseil a ajouté un sujet à son
programme, il établit un groupe de travail pour élaborer une
déclaration de principe, un exposé sondage, et en dernier lieu
une norme comptable internationale : IAS.
Le conseil a publié un cadre de préparation et
de présentation des états financiers dont les objectifs sont
d'aider le conseil à élaborer les futures normes comptables
internationales et à réviser les normes comptables existantes, de
promouvoir l'harmonisation des normes à travers la réduction du
nombre des retraitements comptables.
2-2 L'IASB
Dans la structure de l'IASC, l'International Accounting
Standards Board (IASB) a toutes les compétences en matière
technique ce qui inclue la préparation et l'élaboration des
standards comptables et d'un traité d'exposition.
Pour accomplir sa mission, l'International Accounting
Standards Board (IASB) procède à :
· Des tests (aussi bien dans les pays
développés que dans les marchés émergeants) pour
s'assurer que les standards sont praticables dans tous les environnements ;
· Des consultations de l'opinion public pour discuter et
proposer des standards, même si il n'y a pas de demande pour tous les
projets.
Ainsi, L'IASB a les pleins pouvoirs concernant l'agenda de
l'IASC, ses projets, et l'organisation de son travail. Le board peut
sous-traiter des recherches ou des travaux auprès des décideurs
des standards nationaux ou auprès d'autres organisations.
Parmi les responsabilités attribuées à
l'IASB :
· La publication d'un traité d'exposition sur
chaque projet et doit normalement publier un traité de principe ou un
autre document permettant des commentaires publics sur les principaux
projets;
· La révision des commentaires effectués
dans une période raisonnable suivant leur publication ;
· La consultation du Standards Advisory Council sur les
projets principaux, l'agenda des décisions et les priorités de
travail ;
· La publication des conclusions des standards comptables
internationaux et d'un traité d'exposition ;
· Le développement de la coordination avec les
normalisateurs nationaux.
2-3 LE FASB
Depuis 1973 le FASB a été l'organisation
désignée par le secteur privé pour établir les
normes comptables et financières relatives à la
préparation des états financiers et au reporting.
Elles ont été officiellement reconnues comme
bien fondées par la SEC ( Securities and
Exchange Commission) dans son communiqué du reporting
financier N° 1(section 101).
Cependant il convient de noter une exception : la SEC publie
des documents sur les modalités de présentations de l'information
financières, les FRR « Financial Reporting
Releases », désignés autrefois par «
Accounting Series Releases »
L'AICPA (Institut Américain des Comptables Publics
Certifiés) a, de son côté, approuvé les normes du
FASB dans sa règle N° 203 de la conduite professionnelle.
Pour accomplir sa mission, le FASB veille à :
· Améliorer l'utilité du reporting
financier en se concentrant sur les caractéristiques primaires de
l'importance significative et de la fiabilité et sur les
qualités, la comparabilité et l'uniformité des
informations ;
· Mettre à jour les normes pour refléter
les changements des pratiques des affaires et des mutations de l'environnement
économique ;
· S'inscrire aux insuffisances observées dans le
reporting financier et essayer de les améliorer par le processus de mise
en place de nouvelles normes ;
· Favoriser la convergence internationale des normes
comptables courantes avec le souci de l'amélioration de la
qualité du reporting ;
· Améliorer la compréhension de la nature
et des buts de l'information contenue dans les états financiers.
Le FASB développe aussi bien de larges concepts de
comptabilité que les normes pour le reporting. Il fournit
également des conseils pour la mise en place de ces normes.
Ce conseil se compose de sept membres, tous permanents et
devant tous être membre de
L'AICPA.
Toutes les normes du FASB ainsi que de beaucoup de ses avis
sont sujets à une procédure particulière « Due
Process » selon laquelle toutes les parties intéressées et
le public revoient et commentent toutes ces règles comptables
proposées avant leur adoption définitive.
Le « Due Process » : la procédure
d'établissement des normes.
La procédure actuelle d'établissement des normes
est relativement complexe :
1) Un groupe de travail « a working
party » est réuni. Il comporte généralement des
utilisateurs des documents comptables, des personnes utilisant ces documents
ainsique des auditeurs ;
2) Il est demandé au groupe de travail
d'étudier la « littérature » concernant le sujet, et
d'envisager les solutions possibles. Le groupe peut à ce stade
entreprendre des recherches ou en commissionner. A l'issu de ses travaux, il
émet un rapport ;
3) Le FASB établit un document de
travail à partir des résultats du « Working Party »
;
4) Des auditeurs publics ont lieu ;
5) Un projet « Exposure Draft » est
publié et largement distribué pour critiques et commentaires ;
6) Le document final est soumis au vote pour
devenir un FAS ;
Par surcroît, un ensemble de facteurs est pris en compte
dans le choix des sujets :
· L'ampleur de la question ;
· L'existence de solutions alternatives ;
· La faisabilité technique ;
· Les conséquences pratiques de la question ;
· Les possibilités de convergence avec les normes
des autres pays ;
· Les opportunités de coopération avec
d'autres organismes ;
· Les ressources disponibles ;
Le FASB publie des FAS (Statements of Financial Accounting
Standards) ainsi que les
« Interprétations » qui
complètent et commentent les « statements ».
2-4 L'AICPA
L'Américain Institute of Chartered public Accounts est
une organisation professionnelle réunissant les experts comptables aux
Etats unis. Elle est donc l'équivalent de l'Ordre des
Experts Comptables au Maroc.
Sa mission est de fournir à ses membres les ressources,
les informations et le leadership qui leur permettent de fournir des services
de haute qualité au profit du public des employeurs et des clients. Elle
travaille en collaboration avec les institutions publiques des experts
comptables.
Pour réaliser ses objectifs l'AICPA :
· Représente ses membres et défend leurs
intérêts ;
· Certifie et autorise les nouveaux experts selon des
normes précises de qualification ;
· Sert de l'interlocuteur auprès du public, en
améliorant la conscience publique des intérêts de la
profession et en suivant de prés l'évolution des besoins des
CPAs
« Chartered Public Accountants » ;
· Aide à la conception et la mise en oeuvre de
programmes académiques et encourage les étudiants brillants
à devenir des experts comptables ;
· Etablit des normes professionnelles et améliore
le code déontologique des experts.
Notons que ces objectifs ont été
révisés et renforcés par des initiatives
stratégiques
« Strategic Initiatves » en avril 1998.
2-5 LA SEC
C'est la commission des valeurs mobilières et
d'échange et équivaut à notre conseil déontologique
des valeurs Mobilières. Elle a été créée en
1934 pour restaurer la confiance des investisseurs. Son premier
président fut Joseph KENNEDY le père du John KENNEDY.
Toute entreprise désireuse de s'introduire en une des
grandes bourses américaines (notamment le NYSE et l'AMEX) doit d'abord
remplir les conditions exigées par cette commission en vue de s'inscrire
auprès d'elle.
Cet organisme veille sur la protection des
intérêts des investisseurs et l'intégrité des
marchés financiers.
La SEC est dirigée par un conseil d'administration
(Board) de 5 membres nommés par le Président des Etats Unis. Elle
comprend aussi 4 divisions et 18 bureaux spécialisés.
Elle exerce son pouvoir sur les méthodes de
présentation des états financiers, le respect des règles
de publication ainsi que les règles d'audit des sociétés
inscrites auprès d'elle. La
SEC est donc responsable de faire appliquer ces règles
par les sociétés inscrites ; mais ne les établit pas.
C'est l'AICPA qui s'en chargeait depuis 1934, et qui, à son tour, remis
le flambeau au FASB en 1973.
3- La communication autour du passage aux normes
IFRS3(*)
3-1 L'objectif des états financiers
L'objectif des états financiers est de fournir une
information sur la situation financière, la performance et les
variations de la situation financière d'une entreprise, qui soit utile
à un large éventail d'utilisateurs pour prendre des
décisions économiques.
Les états financiers préparés dans cet
objectif satisfont aux besoins communs de la plupart des utilisateurs.
Cependant, les états financiers ne fournissent pas
toute l'information dont les utilisateurs peuvent avoir besoin pour prendre des
décisions économiques, puisqu'ils dépeignent
principalement les effets financiers des événements passés
et ne fournissent pas nécessairement d'information non
financière.
Les états financiers peuvent également montrer
les résultats de la gestion des dirigeants ou la façon dont ils
s'acquittent de leur mandat quant aux ressources qui leur ont été
confiées. Ces utilisateurs qui veulent apprécier la gestion et la
reddition de comptes par les dirigeants le font afin de prendre leurs propres
décisions économiques. Ces décisions peuvent inclure, par
exemple, la conservation ou la vente de leur participation dans l'entreprise ou
la reconduction ou le remplacement des dirigeants de l'entreprise.
Les décisions économiques qui sont prises par
les utilisateurs des états financiers imposent une évaluation de
la capacité de l'entreprise à générer de la
trésorerie et des équivalents de trésorerie ainsi que de
leur échéance et de l'assurance de leur concrétisation.
C'set cette capacité qui, en fin de compte, détermine, par
exemple, la capacité d'une entreprise à payer son personnel et
ses fournisseurs, à payer les intérêts, à rembourser
ses emprunts et à procéder à des distributions à
ses propriétaires. Les utilisateurs sont mieux à même
d'évaluer cette capacité de générer de la
trésorerie si on leur fournit des informations qui mettent l'accent sur
la situation financière, la performance et les variations de la
situation financière d'une entreprise.
La situation financière d'une entreprise est
affectée par les ressources économiques qu'elle contrôle,
par sa structure financière, sa liquidité et sa
solvabilité, et sa capacité à s'adapter aux changements de
l'environnement dans lequel elle opère. L'information sur les ressources
économiques contrôlées par l'entreprise et sa
capacité dans le passé à modifier ces ressources est utile
pour prédire la capacité de l'entreprise à
générer de la trésorerie et des équivalents de
trésorerie à l'avenir. L'information sur la structure
financière est utile pour prédire les besoins d'emprunts futurs
et pour prédire comment les bénéfices et les flux de
trésorerie futurs seront répartis entre ceux qui ont
intérêt dans l'entreprise. Elle est également utile pour
prédire la probabilité d'obtention par l'entreprise de nouveaux
financements. L'information sur la liquidité et la solvabilité
est utile pour prédire la capacité de l'entreprise à
respecter ses engagements financiers à échéance. La
liquidité fait référence à la disponibilité
de trésorerie dans un avenir proche après avoir pris en compte
les engagements financiers sur la période. La solvabilité fait
référence à la disponibilité de trésorerie
à plus long terme pour satisfaire les engagements financiers lorsqu'ils
arriveront à échéance.
L'information sur la performance d'une entreprise, en
particulier sur sa rentabilité, est nécessaire afin
d'évaluer les changements potentiels de ressources économiques
qu'elle est susceptible de contrôler dans l'avenir. L'information sur la
variabilité de la performance est, à cet égard,
importante. L'information sur la performance est utile pou prédire la
capacité de l'entreprise à générer des flux de
trésorerie sur la base de ses ressources existante. Elle est
également utile pour élaborer des jugements sur
l'efficacité avec laquelle l'entreprise pourrait employer des ressources
supplémentaires.
L'information concernant les variations de la situation
financière d'une entreprise est utile afin d'apprécier ses
activités d'investissement, de financement et opérationnelles au
cours de l'exercice. Cette information est utile pour fournir à
l'utilisateur une base pour apprécier la capacité de l'entreprise
à générer de la trésorerie et des
équivalents de trésorerie et pour déterminer les besoins
qu'à l'entreprise d'utiliser ces flux de trésorerie. Pour
construire un tableau de la variation de la situation financière, les
fonds peuvent être définis de plusieurs façon telles
que : ensemble des ressources financières
Fonds de roulement actifs liquides ou trésorerie. Le
présent cadre ne tente pas de définir le terme fonds
L'information sur la situation financière est fournie
principalement dans un bilan, l'information sur la performance est
donnée principalement dans un compte de résultat, l'information
sur les variations de la situation financière est fournie dans les
états financiers au moyen d'un état séparé.
Les composantes des états financiers sont
indépendantes parce qu'elles reflètent différents aspects
des mêmes transactions ou autres événement. Bien que chaque
état fournisse une information différente de celle fournie par
les autres, aucun n'est susceptible de servir un seul but
déterminé, ni de fournir toute l'information nécessaire
pour les besoins particuliers des utilisateurs. Par exemple, un compte de
résultat donne une image incomplète de la performance, à
moins d'être utilisé conjointement avec le bilan et le tableau de
variations de la situation financière.
3-2 Contraintes à respecter pour que l'information
soit pertinente et fiable
Les caractéristiques qualitatives sont les attributs
qui rendent utile pour les utilisateurs l'information fournie dans les
états financiers. Les quatre principales caractéristiques
qualitatives sont l'intelligibilité, la pertinence, la fiabilité
et la comparabilité.
INTELLIGIBILITE
Une qualité essentielle de l'information fournie dans
les états financiers est d'être compréhensible
immédiatement par les utilisateurs. A cette fin, les utilisateurs sont
supposés avoir une connaissance raisonnable des affaires et des
activités économiques et de la comptabilité et une
volonté d'étudier l'information d'une façon
raisonnablement diligente. Cependant, l'information relative à des
sujets complexes, qui doit être incluse dans les états financiers
du fait de sa pertinence par rapport aux besoins de prises de décisions
économiques des utilisateurs, ne doit pas être exclue au seul
motif qu'elle serait trop difficile à comprendre pour certains
utilisateurs.
PERTINENCE
Pour être utile, l'information doit être
pertinente pour les besoins de prises de décisions des utilisateurs.
L'information possède la qualité de pertinence lorsqu'elle
influence les décisions économiques des utilisateurs en les
aidant à évaluer des événements passés,
présents ou futurs ou en confirmant ou corrigeant leurs
évaluations passées.
Les rôles de prévision et de confirmation de
l'information sont interdépendants. Par exemple, l'information sur la
structure et le niveau actuels des actifs détenus a une valeur pour les
utilisateurs lorsqu'ils cherchent à prévoir la capacité de
l'entreprise à profiter des opportunités et sa capacité
à réagir à des situations défavorables. La
même information joue un rôle de confirmation des prévisions
passées, par exemple sur la structure de l'entreprise ou sur le
résultat d'activités prévues.
L'information sur la situation financière et la
performance passée est fréquemment utilisée comme base de
prévision de la situation financière et de la performance
futures, ainsi que dans d'autres domaines d'un intérêt direct pour
les utilisateurs, tels que les paiements de salaires et de dividendes, les
variations des prix des titres et la capacité de l'entreprise à
faire face à ses engagements à leur échéance. Pour
avoir une valeur prédictive, l'information n'a pas besoin de prendre la
forme d'une prévision explicite. La capacité à
prévoir à partir des états financiers est cependant
améliorée par la façon dont l'information sur les
transactions et les événements passés est
présentée. Par exemple, la valeur prédictive du compte de
résultat est améliorée si les éléments
inhabituels, anormaux et peu fréquents, tant en matière de
produits que de charges, sont fournis séparément.
· Importance relative
La pertinence de l'information est influencée par sa
nature et son importance relative. Dans certains cas, la nature de
l'information est suffisante à elle seule pour la rendre pertinente. Par
exemple, le fait de présenter un nouveau secteur peut affecter
l'appréciation des risques et des opportunités auxquels est
confrontée l'entreprise, quelle que soit l'importance relative des
résultats réalisés par le nouveau secteur au cours de
l'exercice. Dans d'autres cas, c'est à la fois la nature et l'importance
relative qui sont importante, par exemple, le montant des stocks détenus
dans chacune des principales catégories qui sont appropriées
à l'activité.
L'information est significative si son omission ou son
inexactitude peut influencer les décisions économiques que les
utilisateurs prennent sur la base des états financiers. L'importance
relative dépend de la taille de l'élément ou de l'erreur,
jugée dans les circonstances particulières de son omission ou de
son inexactitude. En conséquence, l'importance relative fournit un seuil
ou un critère de séparation plus qu'une caractéristique
qualitative principale que l'information doit posséder pour être
utile.
FIABILITE
Pour être utile, l'information doit également
être fiable. L'information possède la qualité de
fiabilité quant elle est exempte d'erreur et de biais significatifs et
que les utilisateurs peuvent lui faire confiance pour présenter une
image fidèle de ce qu'elle est censée présenter ou ce
qu'on pourrait s'attendre raisonnablement à la voir présenter.
L'information peut être pertinente, mais si peu fiable
par nature ou dans sa représentation que sa comptabilisation pourrait
être potentiellement trompeuse. Par exemple, si la validité et le
montant d'une demande d'indemnités en vertu d'une action en justice sont
contestés, il n'est pas approprié pour l'entreprise de
comptabiliser le montant total de cette demande au bilan, bien qu'il puisse
être approprié d'indiquer le montant et les circonstances de la
demande.
· Image fidèle
Pour être fiable, l'information doit présenter
une image fidèle des transactions et autres événements
qu'elle vise à présenter ou dont on s'entend raisonnablement
à ce qu'elle les présente. Ainsi, par exemple, un bilan doit
présenter une image fidèle des transactions et autres
événements qui génèrent des actifs, des passifs et
des capitaux propres pour l'entreprise à la date de clôture et qui
satisfont aux critères de comptabilisation.
Dans la plupart des cas, l'essentiel de l'information
financière présente un certain risque d'être une
présentation moins fidèle que ce qu'elle vise à
présenter. Ceci n'est pas dû à un parti pris mais
plutôt aux difficultés inhérentes soit à
l'identification des transactions et autres événements à
évaluer, soit à la conception et à l'application des
techniques d'évaluation et de présentation qui peuvent traduire
ces transactions et ces événements. Dans certains cas,
l'évaluation des effets financiers des éléments pourrait
être si incertaine que les entreprises, de façon
générale, ne les comptabilisent pas dans les états
financiers. Par exemple, bien que la plupart des entreprises
génèrent, de façon interne, un goodwill au cours du temps,
il est habituellement difficile d'identifier ou d'évaluer de
façon fiable ce goodwill. Dans d'autres cas, cependant, il peut
être pertinent de comptabiliser des éléments et d'indiquer
le risque d'erreur relatif à leur comptabilisation et à leur
évaluation.
· Prééminence de la substance sur la
forme
Si l'information doit présenter une image fidèle
des transactions et autres événements qu'elle vise à
présenter, il est nécessaire qu'ils soient comptabilisés
et présentés conformément à leur substance et leur
réalité économique et non pas seulement selon leur forme
juridique. La substance des transactions et autres événements
n'est pas toujours cohérente avec ce qui ressort du montage juridique
apparent. Par exemple, une entreprise peut céder un actif à un
tiers, de telle façon que les actes visent à conférer la
propriété juridique à ce tiers. Néanmoins, des
accords peuvent exister, qui font en sorte que l'entreprise continue à
bénéficier des avantages économiques futurs
représentatifs de cet actif. Dans de telles circonstances, la
comptabilisation d'une vente ne donnerait pas une image fidèle de la
transaction qui a été conclue (si tant est qu'il y ait eu, en
fait, une transaction).
· Neutralité
Pour être fiable, l'information contenue dans les
états financiers doit être neutre, c'est à dire sans parti
pris. Les états financiers ne sont pas neutres si, par la
sélection ou la présentation de l'information, ils influencent
les prises de décisions ou le jugement afin d'obtenir un résultat
ou une issue prédéterminé.
· Prudence
Les préparateurs d'états financiers, cependant,
sont confrontés avec les incertitudes qui, de façon
inévitable, entourent un grand nombre d'événements et de
circonstances, tels que la recouvrabilité des créances douteuses,
la durée d'utilité probable des immobilisations corporelles et le
nombre de demandes en garantie qui peuvent survenir. De telles incertitudes
sont reconnues à travers une information sur leur nature et
étendue et par l'exercice de la prudence dans la préparation des
états financiers. La prudence est la prise en compte d'un certain
degré de précaution dans l'exercice des jugements
nécessaires pour préparer les estimations dans des conditions
d'incertitude. Pour faire en sorte que les actifs ou les produits ne soient pas
surévalués et que les passifs ou les charges ne soient pas
sous-évalués. Cependant l'exercice de la prudence ne permet pas,
par exemple, le création de réserves occultes ou de provisions
excessives, la sous-évaluation délibérée des actifs
ou des produits, ou la surévaluation délibérée des
passifs ou charges, parce que les états financiers ne seraient pas
neutres, et, en conséquence, ne posséderaient pas la
qualité de fiabilité.
· Exhaustivité
Pour être fiable, l'information contenue dans les
états financiers doit être exhaustive, autant que le permettent le
souci de l'importance relative et celui du coût. Une omission peut rendre
l'information fausse ou trompeuse et, en conséquence, non fiable et
insuffisamment pertinente.
COMPARABILITE
Les utilisateurs doivent être en mesure de comparer les
états financiers d'une entreprise dans le temps afin d'identifier les
tendances de sa situation financière et de sa performance. Les
utilisateurs doivent également être en mesure de comparer les
états financiers d'entreprises différentes afin d'évaluer,
de façon relative, leurs situations financières, leurs
performances et les variations de leurs situations financières. En
conséquence, l'évaluation et la présentation de l'effet
financier de transactions et d'événements semblables doivent
être effectuées de façon cohérente et permanente
pour une même entreprise et de façon cohérente pour
différentes entreprises.
Une des implications importantes de la caractéristique
qualitative de comparabilité est que les utilisateurs soient
informés des méthodes comptables utilisées dans la
préparation des états financiers et de tout changement
apporté à ces méthodes ainsi que des effets de ces
changements. Les utilisateurs doivent être en mesure d'identifier les
différences entre les méthodes comptables pour des transactions
et autres événements semblables, utilisées par la
même entreprise d'un exercice à l'autre et utilisées par
différentes entreprises. La conformité avec les normes comptables
internationales, y compris l'indication des méthodes comptables
utilisées par l'entreprise, aide à atteindre cette
comparabilité.
Le besoin de comparabilité ne doit pas être
confondu avec l'uniformité pure et ne doit pas constituer un obstacle
à l'introduction de dispositions normatives comptables
améliorées. Il n'est pas approprié pour une entreprise de
continuer à comptabiliser de la même façon une transaction
ou un autre événement si la méthode adoptée ne
permet pas de respecter les caractéristiques qualitatives de pertinence
et de fiabilité. De même, il est inapproprié pour une
entreprise de maintenir inchangées ses méthodes comptables
lorsqu'il existe d'autres méthodes plus pertinentes et plus fiables.
Parce que les utilisateurs souhaitent comparer la situation
financière, la performance et la variation de la situation
financière d'une entreprise au cours du temps, il est important que les
états financiers donnent l'information correspondante des exercices
précédents.
CONTRAINTES À RESPECTER POUR QUE
L'INFORMATION SOIT PERTINENTE ET FIABLE
CELERITE
L'information peut perdre sa pertinence si elle est fournie
avec un retard indu. La direction peut avoir à trouver un
équilibre entre les mérites relatifs d'une information prompte et
ceux d'une information fiable. Pour fournir une information à bonne
date, il peut souvent être nécessaire de la présenter avant
que ne soient connus tous les aspects d'une transaction, ce qui nuit à
la fiabilité. Inversement, si l'on retarde la présentation de
l'information jusqu'à ce que tous les aspects soient connus,
l'information peut être fiable, mais de peu d'utilité pour les
utilisateurs qui ont eu des décisions à prendre entre temps. Pour
atteindre l'équilibre entre pertinence et fiabilité, la
considération dominante doit être de satisfaire au mieux les
besoins des utilisateurs en matière de prise décisions
économiques.
RAPPORT COÛT/ AVANTAGE
Le rapport coût / avantage est une contrainte
générale plutôt qu'une caractéristique qualitative.
Les avantages obtenus de l'information doivent être supérieurs au
coût qu'il fallu consentir pour la produire. L'évaluation des
avantages et des coûts est cependant un processus qui est affaire de
jugement. En outre, les coûts ne pèsent pas nécessairement
sur les utilisateurs qui profitent des avantages. Les avantages peuvent
également profiter à des utilisateurs autres que ceux pour qui
l'information est préparée ; par exemple, la fourniture
d'une information supplémentaire aux prêteurs peut réduire
les coûts des emprunts d'une entreprise. Pour ces raisons, il est
difficile d'appliquer un test coût/ avantage dans un cas particulier.
Néanmoins, les normalisateurs, en particulier, ainsi que les
préparateurs et les utilisateurs d'états financiers, doivent
garder à l'esprit cette contrainte.
EQUILIBRE ENTRE LES CARACTERISTIQUES
QUALITATIVES
En pratique, la recherche d'un équilibre ou un
arbitrage entre les caractéristiques qualitatives est souvent
nécessaire. Généralement le but poursuivi est d'atteindre
un équilibre approprié entre les caractéristiques afin de
satisfaire aux objectifs des états financiers. L'importance relative des
caractéristiques dans les divers cas est une affaire de jugement
professionnel.
IMAGE FIDELE/ PRESENTATION FIDELE
Les états financiers sont fréquemment
décrits comme donnant une image fidèle ou une présentation
fidèle de la situation financière, de la performance et des
variations de la situation financière d'une entreprise. Bien que le
présent cadre ne traite pas directement de ces concepts, l'application
des principales caractéristiques qualitatives et des dispositions
normatives comptables appropriées a normalement pour effet que les
états financiers donnent ce qui généralement s'entend par
image fidèle ou présentation fidèle de cette information.
3-3 Lecture de l'information financière
par les parties prenantes
3-3-1 Les parties prenantes de l'information
financière
L'entreprise interfère avec de nombreux acteurs, partie
prenante de la manière dont elle gère la difficile
équation entre l'homme et son environnement sociétal et
écologique.
On distingue les parties prenantes internes dites
« primaires » c'est-à-dire celles qui ont
une relation contractuelle avec l'entreprise. Les parties
prenantes internes comprennent des acteurs traditionnellement reconnus
appartenant au périmètre direct de l'entreprise (les
actionnaires, les clients, le personnel...) et peuvent également
englober des acteurs appartenant au périmètre
« périphérique » de l'entreprise
(associations professionnelles, corps professionnels...)
D'autres conceptions se font jour officiellement et
élargissent le périmètre aux parties prenantes
externes dites « secondaires », celles qui
n'ont pas de relations contractuelles
formalisées avec l'entreprise, mais qui subissent (ou sont
susceptibles de subir) ses activités ou d'influer sensiblement le cours
de ses activités.
Cette partie prenante, très
hétérogène, aux acteurs multiples, et moins
familière pour l'entreprise, fait irruption sur la scène
internationale et sur le marché : la
« société civile ».
Parties prenantes « traditionnelles
»
|
Parties prenantes
« périphériques »
|
Nouvelle partie prenante : la
« société civile »
|
n Actionnaires
n Clients
n Administrateurs
n Fournisseurs
n Employés
n Sous-traitants
n Partenaires
d'affaires et alliances
n Concurrents
n etc.
|
n Associations industrielles
n Corps professionnels
n Associations de consommateurs
n Gouvernements
n etc.
|
n Opinion publique
n ONG
n Riverains
n Sociétés locales
n Groupes de pression et d'influence
n Fonds commun de pension, fonds de retraite, fonds
d'épargne
n Communautés locales et internationales
n etc.
|
Le périmètre de l'entreprise évolue et
varie, bien sûr selon les produits, les marchés, les pays, les
contextes géopolitiques ou culturels, les évènements
locaux ou mondiaux, mais surtout en fonction des intérêts
patrimoniaux des parties prenantes.
En fait, l'on peut considérer que les parties prenantes
sont « actionnaires » de la responsabilité de
l'entreprise, c'est à dire de son engagement dans un
développement durable. Cette analogie se retrouve dans l'homonymie
anglo-saxonne, apparue aux Etats-Unis au début des années
soixante : stakeholders, « porteurs
d'enjeux », par opposition à shareholders,
« porteurs de parts ou actionnaires financiers ».
La conséquence pour l'entreprise est qu'il existe une
interdépendance étroite entre elle et l'ensemble de ses parties
prenantes. Cette interdépendance élargit celle concernant les
shareholders, qui portent les enjeux de propriété
financière, et vis-à-vis desquels l'entreprise porte la
responsabilité de développer le profit financier.
3-3-2 La communication autour des IFRS 4(*)
L'application des normes IAS/IFRS concerne 5 millions
d'entreprises européennes, soit
· Les 7000 sociétés européennes
cotées de l'Union Européenne,
· les filiales de groupes européens
cotés,
· les groupes non cotés émettant des titres
de créance négociables sur un marché
réglementé de l'Union Européenne,
· les filiales de groupes européens non
cotés dont le pays autorise ou impose l'utilisation des IAS/IFRS.
Ce chantier mis en oeuvre par la Commission Européenne
est conséquent par l'ampleur des acteurs concernés, et
chamboulent de même les réflexes pour toutes les parties prenantes
telles que les dirigeants, les actionnaires, les auditeurs et les analystes
financiers.
Les étapes de mise en oeuvre des normes
IFRS
Cette décision prise par la Commission
Européenne en 2002 de basculer en 2005 aux normes IAS/IFRS
présente un bon nombre de modifications comptables pour les 5 millions
d'entreprises concernées.
Avantages des normes IAS/IFRS
Les normes IAS/IFRS sont des normes comptables internationales
constituées d'une série unique de normes de reporting comptable
considérées comme essentielles pour garantir d'un degré
élevé de transparence et de comparabilité des rapports
financiers des sociétés cotées.
Une préparation à la mise en oeuvre des
normes IAS/IFRS recommandée
Le Comité Européen des Régulateurs
Boursiers (Committee of European Securities Regulators) recommande aux
entreprises de préparer avant 2005 le passage aux normes comptables
internationales IAS.
Pour faciliter l'application uniforme de ces normes dans toute
l'Union, des traductions seront rendues publiques via le Journal Officiel des
communautés européennes.
Les étapes de mise en conformité aux normes
IAS/IFRS
Elles sont les suivantes :
· les sociétés cotées
européennes doivent être conformes à l'IAS d'ici 2005,
· les pays membres de l'UE sont susceptibles
d'étendre les exigences aux sociétés non cotées et
aux comptes individuels,
· il doit y avoir mise en conformité des
postulants SEC pour 2007.
Les sociétés cotées se préparent
à l'échéance avec plus ou moins d'avance sur le calendrier
prévu, tandis que les acteurs sur les marchés financiers ne
mesurent pas encore bien l'ampleur du changement qui se profile. " Les
ingrédients semblent réunis pour la chronique annoncée
d'un big-bang de l'information financière " (titre Jean Philippe
Lacour dans La Tribune du 20 octobre 2003).
Les principaux changements comptables engendrés
par les normes IFRS
Ainsi, les états financiers doivent être
préparés conformément aux normes d'audit internationales
et aux normes internationales de reporting (IFRS) établies par
l'International Accounting Standards Committee ("IASC") en suivant les
recommandations émises par le Standing Interpretations Committee de
l'IASC telles qu'elles ont été adoptées par
l'International Accounting Standards Board.
Mais, l'application des normes IFRS diffère de ce que
nous connaissons avec le Plan Comptable Général (PCG)
français sur de nombreux aspects :
· Le PCG régissait le droit comptable des
sociétés et commerçant, alors que les normes IFRS
s'adjugent le domaine de l'information financière en
général. C'est pourquoi le PCG ne s'appliquait pas à
l'ensemble du monde économique produisant des états financiers
alors que les IFRS se veulent d'une application plus large.
· Le PCG définit prioritairement la
comptabilité avec un plan comptable et des numéros de compte, des
règles de comptabilisation, et qu'il a peu à peu élargi
ses prérogatives aux états de restitution de l'information. En
revanche, les IFRS abordent l'information financière par la
communication qui est effectuée auprès des actionnaires, des
marchés et des tiers pour ensuite en définir des règles
normées de contenu et d'appréciation. Leur orientation est
majoritairement tournée vers les investisseurs.
· Le PCG issu d'une approche régalienne de la
comptabilité est issue des pouvoirs publics français
(Décisions du Comité de Réglementation Comptable) alors
que les IFRS sont décidés par des organisations de nature
privée et indépendante des pouvoirs publics et politiques.
· Les normes IFRS ne comportent qu'un seul
référentiel qu'il faut appliquer dans son
intégralité. Les normes françaises comportent quant
à elles deux référentiels, un pour les
comptes
sociaux et un pour les
comptes
consolidés. Tandis que les normes IFRS ne feront pas de
différence de méthode entre des comptes sociaux et
consolidés, l'application des deux référentiels en France
conduit à des écarts surprenants et des divergences difficilement
compréhensibles.
· Le droit comptable français fait
également une large part dans les méthodes comptables retenues
à la forme des pièces comptables et des documents pour
déterminer quelle en sera la retranscription dans les comptes. Les IFRS,
d'influence anglo-saxonne, retiennent principalement le fond des
opérations pour leur intégration dans les états
financiers. C'est ainsi qu'il existe une prééminence du fond sur
la forme dans les IFRS.
· Les règles fiscales, et en particulier les
règles de détermination des bases de l'impôt sur les
bénéfices, régissent encore beaucoup de règles
comptables et les méthodes employées dans les entreprises
françaises car le PCG permet certaines exceptions ou que les
règles fiscales imposent certaines comptabilisation sous peine de se
voir privé de droits à déduction de charges. L'approche
des IFRS tranche complètement avec les règles fiscales car
celles-ci sont traitées à part. Le calcul de l'impôt sur
les bénéfices est fait en dehors des états financiers et
de la comptabilité, ce qui impliquera en France une réforme
importante de l'approche fiscale et de sa corrélation avec la
comptabilité.
· Ensuite un des grands principes comptables
français basé sur les coûts historiques n'est que
très partiellement appliqué par les IFRS. En effet, la plupart
des actifs font l'objet d'un rapprochement à la juste valeur "Fair
Value". Ceci impliquera pour les comptes, la mise en place de
méthodes de calcul et de suivi de ces justes valeurs : il devra
être intégré la possibilité d'une volatilité
plus grande de la valeur de certains actifs.
Partie 2 : L'impact du passage aux IFRS sur la
qualité de l'information financière : opportunité et
complexité
1- Les incidences du changement du
référentiel
1-1 Comment le passage aux IFRS est il ressenti ?
1-1-1 Un changement coûteux mais
salvateur5(*)
Parmi les avantages, il faut citer l'objectif originel de la
norme qui est de favoriser la comparabilité des comptes au niveau
européen. Aux yeux des investisseurs, ce point est fondamental. Les
normes nouvelles vont entraîner à terme des règles de
calcul et de présentation standardisées. De la même
manière, elles vont homogénéiser le calcul
d'éléments parfois complexes comme le contenu du chiffre
d'affaires ou le traitement du goodwill.
L'adoption des normes IFRS permettra également de
sortir d'un système comptable ancien essentiellement marqué par
l'enregistrement des opérations au coût historique, et de mieux
rendre compte de la réalité économique.
Si l'approche bilancielle semble l'emporter, elle a des
incidences en termes de lecture mais aussi en termes d'élaboration des
comptes. En théorie, les nouvelles normes doivent mettre fin aux
pratiques de pilotage du résultat par le biais des provisions. Cela ne
sera pas sans influence sur l'utilisation de certains ratios dans les secteurs
de l'assurance et de la banque.
Au-delà du contenu des normes et de leur aspect
technique, il y a tout lieu de penser que les entreprises vont devoir
s'adapter, réfléchir à l'évaluation de leurs actifs
et trouver des solutions pour gérer efficacement l`application des
nouvelles règles. Il est d'ailleurs fréquent que ce type de
réflexion, de remise à plat, conduise à une
amélioration des modes opératoires et des contrôles. La
mise en oeuvre des nouvelles règles peut alors présenter des
opportunités de dépasser le strict cadre réglementaire et
d'optimiser le fonctionnement des entreprises.
Ces travaux de remise à plat, d'évaluation et
plus globalement de réflexion peuvent conduire les entreprises à
mettre en évidence une meilleure appréhension des risques, ce qui
participera à l'amélioration de la perception de l'entreprise par
les investisseurs.
Les entreprises concernées par le passage aux nouvelles
normes IFRS ont d'ores et déjà réfléchi aux
solutions qui s'offrent à elles pour appliquer les nouvelles normes. En
théorie, tout est fait pour que la qualité et la
lisibilité des comptes soient meilleures. Cependant, tout dépend
de l'état d'esprit des entreprises concernées et des moyens
qu'elles dégagent dans le domaine informatique, en formation et surtout
en communication. Elles devront faire un effort de pédagogie
marqué, principalement au moment du bilan d'ouverture.
Le premier point concerne le champ d'application de la notion
de juste valeur. Compte tenu du choix laissé aux entreprises quant
à la méthode de détermination de la juste valeur, on peut
craindre une plus grande difficulté dans la comparaison des comptes
d'une entreprise à l'autre. Il est quasi-certain que l'on voit
émerger des experts en évaluation, sur lesquels il faudra
s'appuyer, sans avoir la possibilité pour les analystes de critiquer
leurs méthodes ou leurs modèles internes.
Le recours à des modèles internes, s'il est une
source de divergences entre sociétés, va aussi favoriser
l'émergence d'une zone de certification dans laquelle vont s'engouffrer
les cabinets de consultants. Ce point peut soulager les analystes qui n'auront
vraisemblablement pas le temps de fouiller l'analyse et auraient du, sinon, se
contenter de contrôles de cohérences sur les taux retenus par les
modèles. Cette remarque sera valable aussi pour les goodwills,
dont l'évaluation passera par la notion d'« impairment
test » pour laquelle les sociétés auront sans doute
recours à des experts internes. Cette nouvelle méthode
d'évaluation se substituera aux amortissements sur de très
longues périodes antérieurement pratiqués.
En ce qui concerne la recherche/développement, les
nouvelles normes imposent que la recherche reste en charge et ne soit pas
inscrite à l'actif. Le développement étant, pour ce qui le
concerne, intégré à l'actif du bilan. A ce sujet, deux
difficultés peuvent se faire jour : la classification des
dépenses de recherche et développement en charges ou en actifs
risque de se heurter à l'incompréhension des opérationnels
qui devront être sensibilisés à ce sujet. D'autre part il
va être difficile d'évaluer ces nouveaux postes d'actif. Comment
déterminer la valeur actuelle des flux futurs ? Quelle sera la bonne
méthode ?
Tout repose aussi sur la manière dont les
sociétés vont communiquer, dire quelles sont les normes qui vont
les impacter. Il est fort probable que les marchés réagiront
négativement si des sociétés qui sont soumises au passage
aux normes IFRS ne se dotent pas des moyens nécessaires à la
communication.
Les sociétés vont devoir communiquer plus
largement et répondre aux questions des analystes sur les impacts, sur
les coûts. Alors que la place sera confrontée à un
phénomène de rupture dans les bases disponibles, les analystes
vont peut-être, dans un premier temps, revenir à des
considérations moins financières que par le passé en
examinant la qualité du management, la qualité de la
stratégie, la mise en oeuvre du gouvernement d'entreprise. Sur tous ces
points, il est clair que l'émetteur qui communiquera très
tôt sur les impacts que ces nouvelles normes ont sur ses comptes aura un
avantage.
1-1-2 Les dangers de la « juste valeur »6(*)
Le principe de juste valeur propose de déterminer
la valeur des actifs par l'estimation des flux de trésorerie
anticipés actualisés (valeur instantanée). Dans
le monde des marchés parfaits et complets, cette valeur est égale
au prix de marché des actifs. En effet, si la concurrence est pure et
parfaite, la valeur de l'actif est exactement égale à ce qu'il
coûte (hypothèse de profits nuls) et tous les actifs ont la
même rentabilité. En cas d'absence d'un marché de
référence, une modélisation doit permettre de construire
la valeur actualisée des flux engendrés par cet actif. L'IASB
propose, dans cette optique, de prendre la plus grande de ces deux valeurs
comme étalon pour la dépréciation de la valeur d'un actif
enregistré au coût amorti (IFRS 36).
Or la mise en oeuvre des actifs fait apparaître
des complémentarités ou synergies avec les compétences
propres de l'entreprise dans son ensemble. Ainsi, la rentabilité
économique des actifs diffère suivant la nature de
l'acquéreur, ce qui est impossible dans la théorie des
marchés parfaits. Un actif est dit spécifique pour une
entreprise lorsque l'utilisation de cet actif par cette entreprise engendre un
rendement supérieur par rapport à son utilisation par toute autre
entité (Caballero et Hammour [1998] par exemple). Le prix de
marché de cet actif, c'est-à-dire l'estimation collective de sa
valeur par les autres agents, sera différent de la valeur de cet actif
pour l'entreprise.
La spécificité et l'asymétrie d'information
sont essentielles et inévitables pour tout projet entrepreneurial. Elles
sont en effet au fondement de l'avantage compétitif e des «
survaleurs » (goodwill) qui sont la différence entre la
valorisation d'ensemble des actifs dans l'entreprise par rapport à leur
valeur de liquidation individuelle. On sait que les survaleurs estimées
par le marché boursier donnent souvent lieu à des valorisations
qui s'avèrent fantaisistes, comme celles issues des transactions lors de
la bulle internet. La généralisation de la juste valeur
rendra structurels les problèmes que l'on perçoit dans la
mesure de la survaleur : alors que le problème comptable de la survaleur
ne se pose que lors de l'achat de participations ou du contrôle d'une
société, la logique de la juste valeur l'étend
à l'évaluation de tous les actifs à chaque
établissement des comptes. Il s'agit donc bien d'une extension de la
logique de valorisation financière. Les succès patents de cette
dernière au moment de la bulle internet ou dans l'analyse de quelques
sociétés dont la faillite nourrit l'actualité
financière, amènent à questionner très
sérieusement l'intérêt de l'étendre dans les bilans
mêmes des entreprises sous peine de voir les bulles boursières se
transformer en bulles comptables.
La comptabilité à coût historique
possède une logique économique, fondée sur une vision
dynamique de l'entreprise en tant qu'entité productive durable et
indivisible. Elle interroge le processus qui amène les capitaux investis
dans les ressources d'entreprise jusqu'à la création de valeur et
les représente notamment sous forme d'actifs (matériels et
immatériels). Elle vise ainsi à évaluer et
représenter le revenu d'entreprise au fur et à mesure
qu'il est généré par cette entité,
spécialement grâce aux résultats de ses ventes. La
valorisation des actifs fait référence donc à ce processus
économique spécifique de l'entreprise, plutôt qu'aux cours
boursiers. À l'évidence, pourquoi investir sans retour ? Toute
dépense activée devrait alors impliquer des
résultats. Cependant, est-ce effectivement le cas ? C'est
précisément pour cela que l'on rend périodiquement les
comptes.
Dans cet esprit, une mise en alerte s'impose pour les
utilisateurs et les rédacteurs futurs, en particulier en matière
de cohérence inter-temporelle et inter-entreprises, des
frontières de l'entité prise en compte, et enfin de la
valorisation «prophétique» des actifs, notamment
financiers.
Les futurs utilisateurs des bilans selon les IFRS devront d'abord
faire attention à la cohérence intertemporelle et de comparaison
inter-entreprises, en raison des nombreuses options laissées par l'IASB,
par exemple, en matière de valorisation des actifs, entre la notation au
coût historique corrigé pour la perte de
dépréciation (IFRS 36), et celle au prix courant de marché
(très souvent substituée par l'estimation d'experts
agréés).
1-2 Répercussions organisationnelles
L'application des IFRS dans le monde
Carte mise à disposition par FinHarmony, formation et
conseil en IAS/IFRS
1-2-1 Répercussions sur les
sociétés cotées en bourse
Les impacts sur l'organisation interne des
entreprises7(*)
Près de 57% des entreprises cotées estiment que
le passage aux normes IAS/IFRS constitue une réelle opportunité
permettant d'améliorer leur organisation interne. Mais ce chiffre est
à relativiser suivant les secteurs d'activité, où la
difficulté de mise en oeuvre sera prédominante sur les
instruments financiers pour les entreprises du secteur des Banques, Services
Financiers, Energie et Assurance.
Ceci est moins le cas pour d'autres secteurs pour lesquels les
différences entre leurs propres normes et les normes IAS/IFRS sont plus
mineures et affecteront les états financiers dans leur forme plus que
dans l'appréciation de leurs actifs.
Ainsi, une organisation spécifique est mise en place
dans la plupart des cas, en centralisant le projet de mise en place de ces
normes au siège de l'entreprise, et pour 2/3 des entreprises
cotées européennes, la mise en place d'une organisation
spécifique sera gérée par des experts
extérieurs.
Ces experts extérieurs sont des spécialistes
dans les domaines financier et comptable, et dans le dans les domaines de la
formation ou dans le diagnostic des systèmes d'information.
Cependant, de nombreux domaines tels que les procédures
d'organisation interne, les conseils en communication et la mise en place d'un
programme spécifique de formation pour le personnel concerné
restent négligés.
Mais les entreprises n'abordent pas les problèmes
d'organisation interne de la même façon que les aspects purement
financiers.
En effet, même si la plupart des directeurs financiers
européens perçoivent ce changement de référentiel
comme une opportunité à long terme, en France ou au Royaume-Uni,
les normes IFRS sont perçues comme génératrices de charges
supplémentaires.
De plus, l'IASB a fourni ses dernières normes IFRS
régissant l'ensemble des principes comptables finalisés le 31
mars 2004, ce qui a laissé peu de temps pour les entreprises de se
préparer pour le 1er janvier 2005, d'où le retard
annoncé et inquiétant de certaines entreprises cotées
européennes à 2 mois de l'échéance.
· Des impacts anticipés en raison de la
volatibilité des résultats
C'est au niveau des marchés financiers que les
nouvelles normes auront le plus d'impacts : sur les instruments
financiers, sur les fusions acquisitions, et sur la valorisation des actifs.
En effet, l'une des particularités des normes IAS/IFRS
réside dans la comptabilisation à la juste valeur, celle du
marché, et non plus à un coût historique jugé
déconnecté de la réalité. Mais, l'introduction de
la juste valeur risque aussi d'entraîner une plus grande
volatibilité de l'évaluation des actifs, et la question est de
savoir quel sera l'impact sur un plan macro-économique des normes IFRS
sur la compétitivité des entreprises et de leur croissance.
· Un lobbying traduisant d'une frilosité
de certaines entreprises européennes
20% des entreprises mènent des opérations de
lobbying auprès de l'IASB, soit de manière directe soit par
l'intermédiaire d'associations professionnelles, en vue de modifier
certaines normes qui ne semblent pas adaptées à leur
activité (surtout sur les secteurs des Banques et d'Assurance).
Ce lobbying se manifeste souvent en raison d'une
frilosité des entreprises concernant le caractère
« obligatoire » de cette application, du retard que
certaines d'entre elles ont à mettre en place ce nouveau
référentiel, et des opportunités et habitudes locales. En
effet, ce nouveau système va initier de nouveaux réflexes
financiers, comptables et stratégiques pour les entreprises.
Les impacts dans la prise de décision
stratégique
· Une lecture des comptes plus fiable et
transparente
Les normes IAS/IFRS ont pour objectif prioritaire d'apporter
une meilleure perception de la santé financière des entreprises
(transparence des comptes) et une meilleure comparabilité des comptes
à long terme. Ainsi, l'information financière sera plus fiable
sur les marchés financiers.
En effet, les normes font apparaître certains
engagements « hors bilan » qui ne figurent pas
habituellement pas dans les comptes sociaux et consolidés :
- elles prévoient de nouvelles règles de
provision et d'appréciation d'actifs,
- elles permettront de connaître les performances des
entreprises par zone géographique et par secteur d'activité pour
la consolidation des résultats par filiale.
Cependant, les risques inhérent à cette
application résident dans une augmentation de la
« manipulation » des états financiers, la
complexité des normes et une trop grande diversité de profils
d'entreprises face à une application de normes uniques.
· Les normes IFRS, un pas vers un marché
financier européen unifié
Cette harmonisation va pouvoir créer une unité
de langage comptable, et ainsi favoriser l'émergence et la construction
d'un marché financier européen.
De plus, les normes IFRS convergent avec les normes
américaines US GAAP, déjà utilisées par des
sociétés européennes, ce qui permet d'intensifier le
principe d'harmonisation des marchés financiers sur la scène
mondiale.
1-2-2 Répercussions sur les
sociétés non cotées en bourse
Les impacts sur l'organisation interne des
entreprises
Malgré les inquiétudes, la mise en place d'un
langage comptable européen unique séduit plus de la moitié
des entreprises non cotées, et pour la plupart d'entre elles, l'adoption
du nouveau référentiel est du à leur appartenance à
un groupe coté ou à leur implantation à l'étranger,
par soucis d'harmoniser les comptes.
Pour elles, l'application des normes IFRS n'est pas encore
obligatoire, et cela leur laisse le temps de pouvoir bien la préparer,
en ayant l'exemple des entreprises cotées qui devront être aux
normes pour le 1er janvier 2005.
Cependant, cette préparation de réorganisation
est très coûteuse pour ces entreprises aux moyens limités
et donc le poids financier s'avère significatif.
Contrairement aux sociétés cotées, les
sociétés non cotées mettent d'avantage l'accent sur leur
réorganisation interne quant à la modification des
systèmes d'information et les formations internes et tout comme les
sociétés cotées, elles font appel à des
spécialistes pour les entourer (techniques financières et
comptables, diagnostics d'information et formation des salariés).
Les impacts financiers et stratégiques
Face aux entreprises cotées, les entreprises non
cotées se montrent moins positives quant aux améliorations que le
nouveau référentiel est susceptible d'apporter en matière
d'information financière, par une meilleure transparence et
comparabilité des comptes.
C'est pourquoi, la majorité des entreprises
européennes non cotées se préparent déjà en
amont à adopter ce nouveau référentiel malgré leurs
préoccupations concernant le coût et le temps d'adaptation.
1-3 Répercussions sur le système
financier
Dans le cadre de ces normes, on comptabilise
différemment un certain nombre d'opérations, sans pour autant
modifier la comptabilisation légale et fiscale du pays.
Ce sont donc surtout les pratiques comptables qui vont changer
(comptabilisation des opérations de fusion/acquisition, des subventions,
des locations, des risques de change, des provisions...), soit par des
imputations sur d'autres comptes, soit par des jeux d'écritures
différents.
Il est aussi nécessaire de disposer, dans le
système informatique de l'entreprise, d'informations
complémentaires utiles (notamment pour ce qui concerne la sectorisation,
mais aussi la comptabilisation des stocks).
La gestion des immobilisations est par ailleurs très
touchée : elle nécessite un dédoublement de toutes
les règles d'amortissement (par exemple, biens amortissables en
comptabilité fiscale et non amortissable en IAS, et vice versa).
La comptabilité française est conçue pour
souligner l'aspect fiscal des états financiers, permettant notamment
d'établir l'impôt à payer. Les IAS s'adressent en
priorité aux investisseurs et aux créanciers de l'entreprise.
Les changements induits dans la présentation des
comptes :
· L'intégration en bilan d'une partie du Hors
Bilan actuel, comme l'intégration des produits dérivés,
· La réduction des délais de diffusion
(trimestriels),
· Le niveau de détail accru dans les annexes,
avec, notamment, une ventilation par secteurs économiques et
géographiques.
Les changements induits dans l'introduction de la notion de la
juste valeur (fair value) qui modifie la valorisation de l'entreprise à
un instant donné :
· Evaluation à la valeur du marché
· Comptabilisation des gains et des pertes latents
Les changements induits dans les modes de comptabilisation des
instruments financiers :
· Nouvelle classification
· Comptabilisation spécifique des produits
dérivés optionnels,
· Nouvelles notions de couverture.
Les changements induits dans l'introduction de nouvelles
règles :
· Calcul de provisions
· Calcul de dépréciation d'actifs
Désormais, l'ensemble des états financiers est
constitué des éléments suivants :
· Le bilan
· Le compte de résultat
· Le tableau de flux de trésorerie (facultatif)
· L'annexe
· « tout autre document utile à la
compréhension des comptes ».
2- Les IFRS vers la démocratisation ou
l'autarcie de l'information financière
2-1 Créativité comptable, distorsions et
manipulations8(*)
Avec le nouveau référentiel, le problème
de l'information financière reste finalement le même : sur
quoi les entreprises vont-elles choisir de communiquer ? Elles auront
probablement encore le droit d'utiliser les indicateurs de leur choix,
même si elles doivent alors les définir avec précision,
garder les mêmes d'une année sur l'autre et publier de toute
façon des données de base.
D'autant que les normes internationales ne sont pas des
règles détaillées mais posent plutôt des principes
généraux : il se peut alors que deux sociétés
d'un même pays ou d'un même secteur choisissent des applications
différentes.
Néanmoins, remarquons que cette flexibilité ou
souplesse dans les normes n'est pas neutre : elle est entre autres
destinée à faire passer « plus en douceur »
les entreprises aux normes internationales.
De plus, les options permettent d'expérimenter
plusieurs méthodes comptables et donc, en effectuant des comparaisons
entre les différentes applications et leurs incidences, d'en retirer la
« meilleure » ou la « plus juste ».
Enfin, il est clairement prévu et précisé
que les normes sont amenées à évoluer, notamment en
diminuant petit à petit toutes ces options.
La flexibilité des normes n'est alors peut-être
pas à long terme un problème en matière de transparence.
Serait-ce même un atout comme ont tendance à le croire les
Anglo-saxons ?
2-2-1 Problèmes engendrés par certaines
normes
Tout d'abord, avec les normes internationales, les entreprises
vont nécessairement vers une plus grande volatilité des comptes
liée par exemple à l'évaluation des instruments financiers
et des immobilisations (corporelles comme incorporelles) à leur juste
valeur (IAS16 et IAS39).
Comptabiliser les éléments au prix
instantané du marché (au lieu du coût historique et des
amortissements annuels) soumet les comptes à la volatilité des
marchés. Les variations de valeur de chaque poste rendront les
bénéfices plus volatiles, donc les capitaux propres
également, ce qui pourrait poser un problème aux actionnaires.
Prenons un autre exemple de difficulté : la juste
valeur d'une société (ou de son actif immobilisé)
peut-elle toujours être assimilée à sa valeur de
marché ? Il semble que non, tant que la marque n'est pas
comptabilisée et ne figure pas dans les comptes de l'entreprise.
Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que la
question de la juste valeur provoque actuellement des réactions
très virulentes, notamment de la part des banques européennes qui
vont ainsi voir leur risque énormément augmenter. Ces
réactions font ressortir une tendance naturelle des différents
acteurs vers la sécurité : les entreprises sont en effet peu
disposées à accepter la position incertaine dans laquelle les
place la valorisation à la juste valeur.
Un deuxième écueil est que les normes
internationales introduisent l'idée de futur dans la présentation
des comptes, notamment par l'actualisation des flux et la prévision des
évolutions à venir ; or, à partir du moment où
il s'agit d'éléments prévisionnels, les chiffres ne sont
plus liés à des choses tangibles ou réelles : chacun
peut en quelque sorte prévoir ce qui l'arrange pour embellir ses comptes
et là, on s'éloigne manifestement de l'exigence de
transparence ! Comment dès lors éviter que cette
évaluation soit subjective ? Beaucoup d'instruments financiers
n'étant pas négociés sur des marchés actifs ou
liquides, il faut recourir à des modèles pour déterminer
leur « juste valeur » ; mais ces modèles
prévisionnels sont source d'erreurs involontaires et volontaires, ce qui
fait que la fiabilité et la validité de la mesure
dépendront de la pertinence des paramètres choisis et de la
sincérité des entreprises (puisque les modèles pourront
toujours être manipulés à leur avantage...).
L'évaluation redevient alors dénuée de neutralité
et plus le modèle utilisé sera complexe, plus la
« manipulation créative » sera difficile à
détecter.
Enfin, l'évaluation à la juste valeur fait que
les résultats comptables seront plus affectés par les
éléments externes (taux de change et d'intérêt) que
par les décisions de l'équipe dirigeante. La traduction de la
performance qu'elle donne sera donc très éloignée de la
réalité de gestion de l'entreprise. Faudrait-il, dans ce cas,
tenir une double comptabilité basée sur deux méthodes
d'évaluation différentes ? Mais est-il vraiment rigoureux
d'avoir un reporting interne qui diffère du reporting externe ?
D'autre part, certaines normes peuvent poser des
problèmes opérationnels : les groupes vont par exemple
rencontrer des difficultés importantes en matière de regroupement
d'entreprises. En effet, les nouvelles règles supprimeront
l'amortissement systématique des écarts d'acquisition et
introduiront des tests de perte de valeur (selon l'IAS 36, un actif a
perdu de la valeur quand sa valeur comptable est supérieure à sa
valeur recouvrable, la valeur recouvrable étant définie comme la
valeur la plus élevée entre la valeur d'utilité et le prix
de vente net). Concrètement, les entreprises devront chaque année
recalculer la valeur de marché des cibles qu'elles ont acquises pour
s'assurer que ces dernières ne se sont pas
dépréciées. Ce rapprochement à la juste valeur
impliquera pour les comptes la mise en place de méthodes de calcul et de
suivi de la valeur : il devra être intégré la
possibilité d'une volatilité plus grande de la valeur de certains
actifs.
Les circonstances dans lesquelles les entreprises seront
conduites à comptabiliser des pertes de valeur seront en outre beaucoup
plus nombreuses qu'auparavant. En effet, aujourd'hui, des pertes de valeur sont
souvent déclenchées et comptabilisées dans le cadre de
restructuration et/ou abandon d'activité ; demain, les analyses
devront être menées dès qu'un certain nombre d'indicateurs
(changements dans l'environnement technologique, économique ou
juridique, variation des taux d'intérêt...) laisseront penser que
les actifs ont perdu de la valeur. Par ailleurs, les analyses ne pourront plus
être effectuées au niveau global de l'entreprise mais elles
devront l'être au niveau des unités génératrices de
trésorerie auxquelles tous les actifs, corporels et incorporels, devront
être rattachés. L'unité génératrice de
trésorerie (ou UGT) est le plus petit groupe identifiable d'actifs dont
l'utilisation continue génère des entrées de
trésorerie qui sont largement indépendantes des entrées de
trésorerie générées par d'autres actifs ou groupes
d'actifs. La mise en place de ces UGT permettant de suivre les valeurs des
actifs implique la participation des opérationnels en plus de celle des
services comptables et de la direction financière. Il s'agit en
particulier d'identifier les UGT (le rôle des hommes du plan et de la
stratégie devrait être ici primordial), de déterminer leur
composition (par les contrôleurs de gestion aidés des
opérationnels) et d'évaluer les valeurs recouvrables par la mise
en place du calcul des valeurs d'utilité.
2-2-2 Qu'est ce qu'il est en est de l'information
envers les autres parties prenantes ?
Pour finir cette section, il nous paraît
intéressant et nécessaire de se poser une question sous-jacente
au passage aux normes IFRS : quels sont les besoins des autres parties
prenantes à l'information financière ?
Il va de soi qu'une pluralité d'agents
économiques et sociaux est directement concernée par
l'entreprise, des actionnaires au personnel, en passant par l'Etat, les
banques, les clients et les fournisseurs ; sans parler de ceux qui le sont
indirectement...
Ainsi, il existe une pluralité de parties prenantes
(stakeholders) de l'information comptable qui n'ont pas toutes la même
vision ni la même conception de la valeur d'une entreprise.
Dans ce contexte, la comptabilité donne à voir
l'économie d'une certaine manière ; en effet, comme nous
l'avons vu un peu plus haut, les normes internationales offrent une vision dans
laquelle les lecteurs privilégiés sont les actionnaires. Ils ont
essentiellement pour but de communiquer vers les marchés financiers;
d'autant que les scandales aux Etats-Unis comme ailleurs ont pour effet de
renforcer cette information destinée aux actionnaires, mais que fait-on
des autres parties prenantes tels que les salariés, les clients, les
fournisseurs et les pouvoirs publics ? Les entreprises n'ont-elles pas
aussi le devoir d'adresser leur communication à ces derniers ?
Comment concilier l'information nécessaire aux actionnaires et aux
investisseurs avec celle due aux autres acteurs ? Ces derniers vont-ils
s'y retrouver avec le nouveau référentiel comptable ?
Va-t-on les y aider ?
(Ecartons ici le cas des banques car elles se préparent
déjà en amont au changement et tendraient même plutôt
à inciter les entreprises à s'atteler aux nouvelles normes,
notamment pour favoriser leurs services d'ingénierie financière
proposés aux entreprises).
Somme toute, l'entreprise doit rendre des comptes à
toutes ces parties prenantes qui, parce qu'elles sont affectées par ses
activités, ont un droit à l'information sur celles-ci.
Sur ce point, l'évaluation à la juste valeur
répond nettement aux attentes des investisseurs mais beaucoup moins bien
à celles des autres parties : en effet, l'Etat, les clients ou les
salariés ont un besoin d'information stable, non remise en cause tout le
temps, pour forger leur opinion.
De plus, la juste valeur fait de la maximisation de la valeur
actionnariale l'un des objectifs uniques de l'entreprise. Or, un pilotage de
l'entreprise fondé uniquement sur la maximisation de la création
de valeur pour l'actionnaire ne risque-t-il pas de freiner la croissance et de
favoriser le court-terme au détriment d'une vision stratégique
à long terme, de l'innovation et de nouveaux marchés ou
produits ? N'atteint-on pas les limites d'une
« marchéisation » de la comptabilité ?
Il convient sans doute d'intégrer aux informations à la juste
valeur des données venant d'une comptabilité de gestion et des
ressources humaines par exemple (relatives à une « valeur
ajoutée sociale »).
Mais la transparence passe peut-être aussi par une
amélioration notable du contenu des rapports, précisant par
exemple les engagements sociaux et environnementaux (cf. développement
durable). Car la création de valeur sociétale des firmes semble
s'intégrer complètement à leur analyse en tant que facteur
de solidité et de durabilité.
2-2 Les IFRS : Le nouveau langage du capitalisme
comptable9(*)
L'affaire Enron commence le 16 octobre 2001 lorsque la firme de
Houston annonce une perte de 618 millions de $ pour le 3° trimestre 2001
après constatation d'une charge exceptionnelle de 1 Mds de $. Les
marchés sont pris au dépourvu et le doute s'installe : en 5 jours
l'action chute de 40%. La principale ruse pratiquée par Enron a
consisté à exclure abusivement de son périmètre de
consolidation de nombreuses filiales crées de toute pièce et dans
lesquelles sont logées des dettes et des engagements qu'elles souhaitent
occulter afin d'améliorer l'image de santé financière
donnée par son bilan consolidé. Enron a également
manipulé la comptabilisation des contrats à long terme de
fourniture d'énergie. Par ailleurs en utilisant les marges de manoeuvre
offertes par les règles de comptabilisation des opérations de
négoce (reconnaissance comme chiffre d `affaires soit de l'ensemble des
montants négociés soit de la seule marge de négoce) elle a
artificiellement grossi son chiffre d'affaires. Ce n'est qu'un an après
le déclenchement du scandale Enron que les normes comptables
américaines ont supprimé cette marge
d'interprétation. Il s'agit en réalité d'un
désastre collectif : l'auditeur d'Enron Arthur Andersen, les
banques d'affaires, les sociétés de conseil stratégique
ont été mêlés de près ou de loin aux
manipulations d'Enron...De nombreux comptables, analystes, juristes,
régulateurs et législateurs n'ont pas joué leur rôle
à un degré ou à un autre, pour assurer l'exactitude des
informations financières et le bon acheminement des données
honnêtes et non manipulées sur les marchés.
Cette affaire, n'est que la preuve que L'évolution de
l'information financière n'est en fait qu'un nouvel aspect de la
transformation du capitalisme.
En effet, Les auteurs estiment que la distinction
« classique » entre « capitalisme
rhénan » (avec ses banques omniprésentes) et
« capitalisme anglo-saxon » (avec ses marchés
financiers et son obsession du profit à court terme) n'est plus
pertinente. La distinction proposée par Raghuram Rajan et Luigi
Zingales leur semble davantage convenir à l'époque
actuelle. D'un côté le « Capitalisme
relationnel » dans lequel les relations entre individus,
forgées par exemple au gré d'études communes ou de
proximité sociales ou politiques, jouent un rôle
prépondérant dans l'allocation des financements externes de
l'entreprise. De l'autre côté le
« Capitalisme contractuel » dans lequel les
relations personnelles ne sont pas déterminantes et où les
décisions se prennent de manière « anonyme
». Selon cette grille d'analyse les marchés des capitaux
relèvent du « capitalisme contractuel » alors que
les financements par les banques commerciales, les fonds de l'Etat sont
plutôt caractéristiques du « capitalisme
relationnel ». Dans un contexte d'environnement instable,
créé par l'apparition de nouvelles technologies, le capitalisme
relationnel consacre beaucoup de ressources à la sauvegarde
d'entreprises condamnées alors que le capitalisme contractuel favorise
l'apparition de nouvelles entreprises et de nouvelles
fortunes. L'écosystème financier français
hérité des « Trente glorieuses » accorde une
large place aux relations personnelles pour l'élaboration et la
diffusion de l'information financière. Ainsi les normes comptables
nationales sont en France teintées de considérations fiscales,
statistiques et prudentielles exprimant la prééminence de l'Etat
et des grandes banques par rapport aux autres utilisateurs et notamment aux
actionnaires. L'information financière accessible publiquement
revêt une importance relativement mineure, en comparaison avec un
modèle de capitalisme contractuel appuyé principalement sur les
marchés des capitaux. Ce système semble toutefois en France
être appelé à un remise en cause car la période
actuelle se caractérise par des évolutions profondes du paysage
financier. L'économie française s'est largement ouverte aux
mécanismes du marché depuis le début des années 80.
En moins de 20 ans le nombre d'actionnaires individuels a presque
quadruplé pour atteindre un total proche de 6 000 000, soit 1/10e de la
population. La capitalisation boursière de Paris est passée de 6%
du PIB en 1982 à 28% en 1992 et 94% en 2002. L'actionnariat de l'Etat a
considérablement réduit. Les « noyaux durs »
ont été démantelés et l'actionnariat
étranger s'est spectaculairement accru dans le même temps.
Quelques traits saillants particulièrement importants pour l'avenir de
l'information financière ont attiré l'attention des
auteurs : le développement des fusions acquisitions, l'innovation
technologique et financière et les nouveaux modes de
rémunérations des dirigeants. En effet
l'accélération des changements de périmètre des
groupes due aux fusions et acquisitions (qui rend la lisibilité des
comptes et l'appréciation des performances plus difficiles), l'impact du
développement des nouvelles technologies de la communication sur
l'information financière et les innovations financières tous
azimuts sont quelques uns de ces chocs dont l'effet est une profonde mutation
de l'écosystème financier et qui appellent des mesures urgentes
pour éviter une dérive du système. Le système
financier( insistent les auteurs qui restent malgré tout optimistes)
doit développer des mécanismes de défense par rapport aux
principaux risques de dérives et de fraudes ; en partie de
nouvelles réglementations et en partie un contrôle collectif plus
contraignant sur les agissements des dirigeants
2-3 Les investisseurs au pouvoir10(*)
Reprise en main des entreprises par les investisseurs qui en
principe en sont les propriétaires. --> Réaffirmation du
pouvoir actionnarial. Le rôle clé des investisseurs
institutionnels Aux Etats-Unis, ils contrôlent plus de 60% de
l'ensemble des actions cotées et assurent à eux seuls plus de 80%
du volume des transactions en Bourse. Pourtant ils ont longtemps
été peu actifs pour exercer un contrôle sur les entreprises
dont ils sont actionnaires.
Les investisseurs ne sont pas en général totalement
indépendants. La plupart d'entre eux, par exemple, sont des filiales de
gestion appartenant à des banques ou à des compagnies
d'assurances. Ainsi la filiale peut être incitée à
surinvestir dans les entreprises auxquelles la maison mère offre des
crédits ou cherche à en offrir... Cela étant, les
investisseurs institutionnels évoluent. Aux Etats-Unis, les grands
fonds de pension du secteur public tels que Calpers (employés de l'Etat
de Californie) sont structurellement indépendants des entreprises
cotées : à la différence des « mutuals
funds », ils ne sont pas appelés à solliciter
auprès de celles-ci des mandats de gestion.
Les grands fonds de pension publics sont également
parmi les plus actifs dans la gouvernance des entreprises dans lesquelles elles
investissent La part des actionnaires non résidents dans le capital
des entreprises du CAC 40 est passé d'environ 10 % au milieu des
années 1980 à près de 44% aujourd'hui. Aujourd'hui les
investisseurs étrangers font preuve de vigilance accrue sur tous les
aspects de l'information financière. L'activisme actionnarial se
renforce. Cela a déjà conduit à des changements de
dirigeants au plus haut niveau dans des entreprises aussi importantes que
Disney ou Shell. Où tout cela mène-t-il en matière de
comptabilité et d'information financière ?
· à une obligation pour les entreprises de donner des
informations plus nombreuses et plus spécifiques.
· à une attention renforcée sur la
fiabilité des comptes et de leurs audits.
Les investisseurs sont en règle générale les
partisans les plus convaincus de l'adoption de normes comptables
internationales. Ils exerceront donc une influence accrue à l'avenir,
non seulement sur les entreprises cotées pour avoir des informations
financières plus complète et plus pertinentes mais aussi
directement ou indirectement sur les auditeurs en vue d'une meilleure
qualité de leurs audits et également sur la normalisation
comptable elle-même.
La production des normes comptables est une chose trop
sérieuse pour être confiée aux seuls experts comptables.
A travers elle, c'est la forme même de notre
modèle capitaliste qui est façonnée. La
« Philosophie comptable » oriente les
méthodes d'analyse de la valeur, et à travers elles les choix de
priorités des différents acteurs de la chaîne de
l'économie de marché, depuis les épargnants jusqu'aux
dirigeants d'entreprises en passant par tous les métiers financiers.
Les marchés financiers sont à l'avant-garde de
la mondialisation : de là découle le modèle institutionnel
original de l'IASB, dont la légitimité ultime ne trouve pas sa
source dans une délégation même indirecte accordée
par une autorité politique, mais bien dans la nécessité
d'harmonisation globale ressentie par les intervenants financiers. Captation de
l'autorité normalisatrice par un groupe de personnes privées ne
représentant qu'elles-mêmes ? Ou nouveau modèle de
régulation adapté aux enjeux du XXIème siècle ? La
seconde voie est possible, à condition que les acteurs privés et
publics acceptent de jouer pleinement le jeu des contre-pouvoirs, des
checks and balances à l'échelle planétaire qui
sont la nécessaire contrepartie d'une mondialisation acceptée.
2-4 La régulation financière à la
croisée des chemins
La présence d'une autorité collective est
indispensable au bon fonctionnement des marchés des capitaux. Cette
régulation est constituée par les institutions publiques,
semi-publiques ou privées. Des institutions pour les
marchés... Les institutions de régulations des marchés
des capitaux sont nées des crises boursières lorsque les
mécanismes spontanés du marché ou de
l'autorégulation par les acteurs eux mêmes se sont
révélés insuffisants pour empêcher les
dérives des comportements et la déstabilisation du système
financier. Sans régulation publique les entreprises pourraient
publier des informations donnant une vision fausse de leur situation et de leur
activité et les intermédiaires pourraient ne pas agir dans
l'intérêt de leurs clients, comme cela a pu être le cas pour
les analystes par exemple. Un certain degré de régulation
publique est souvent nécessaire pour assurer la confiance des
marchés. A l'inverse trop de régulation peut freiner l'esprit
d'entreprise, décourager la prise de risque et brider
l'efficacité des mécanismes de marché. Un équilibre
délicat est à rechercher au cas par cas, selon les types de
marché considérés, selon les pays et les
époques. Aux Etats-Unis, la SEC, organisme public, est loin
d'être le seul acteur de la régulation. Elle a
délégué une partie de ses pouvoirs à des organismes
de droit privé, comme le PCAOB pour le contrôle des auditeurs ou
le FASB pour les normes comptables USGAAP. Certains marchés de produits
financiers dérivés ne dépendent pas de la SEC mais d'une
autre agence fédérale, le Commodity Futures Trading Commission.
Par ailleurs la surveillance prudentielle des entreprises de banques et
d'assurances est assurée par un réseau complexe
d'autorités dont La Réserve Fédérale. En dehors
de Etats-Unis, tous les pays développés se sont progressivement
dotés d'autorités de régulation boursière avec dans
chaque cas la même double fonction que pour la SEC : une fonction de
contrôle de l'information d'une part et de « police de
marché » d'autre part. Toutefois le champ exact de ces
missions varie d'une situation à l'autre. Aux Etats-Unis la
normalisation comptable est apparue comme un sous ensemble de la mission de la
SEC. Ceci est lié à la priorité dont
bénéficient les investisseurs sur les autres utilisateurs de
l'information financière dans le système américain. En
France, la normalisation comptable est restée pour l'essentiel,
jusqu'à l'adoption des IAS, entre les mains du ministère des
finances. Dans tous les pays, les tribunaux jouent aussi un rôle de
premier plan dans la régulation des marchés. Enfin les
gouvernements eux-mêmes et les parlements ont des influences très
variées selon le contexte national. Aux multiples acteurs
étatiques il faut aussi ajouter la commission
européenne... Cette multiplicité des acteurs n'est pas le seul
élément qui donne sa spécificité à la
régulation des marchés. Plus fondamentalement, celle-ci se situe
à la charnière entre le public et le privé. La
participation active d'intervenants issus du secteur privé demeure une
caractéristique générale de la régulation des
marchés de capitaux. Seuls les individus qui ont l'expérience des
marchés peuvent en démonter les mécanismes et y identifier
le cas échéant les fraudes et les
irrégularités. Le collège actuel de l'AMF (ex-COB) en
France comprend une majorité de membres issus du secteur privé
même si ceux-ci sont désignés par le ministère des
finances. La question qui se pose alors est celle du contrôle du
régulateur : « Qui contrôlera les
contrôleurs ? ». Interrogation centrale en
démocratie, puisque l'autorité du régulateur n'est en
principe qu'une délégation de celle du peuple souverain. Le
modèle américain de régulation financière est le
plus élaboré. Il assigne un rôle pivot entre le pouvoir
politique et les opérateurs privés du marché à une
agence publique, la SEC. Par ailleurs la SEC est en interaction permanente avec
les pouvoirs politiques, exécutif et législatif. Cette
interaction se traduit par des contacts permanents entre les services de la SEC
et les personnels des commissions parlementaires et les cadres gouvernementaux
ainsi qu'avec les représentants des différents groupes
d'intérêts. Cela n'empêche pas les dérives
bureaucratiques ou la captation par certains intérêts
particuliers. Mais un certain nombre de leviers et de contre pouvoirs sont en
place afin d'assurer autant que possible la fidélité du processus
de régulation aux intentions de ses textes fondateurs.
3- Exemples concrets de l'impact sur la qualité
de l'information financière
Dans cette partie nous allons voir à travers le cas
Scania maroc, certains aspects de l'impact du changement du
référentiel comptable. Le premier aspect concernera l'IAS
16 : Immobilisations corporelles et le second l'IAS 36 :
Dépréciation des actifs.
Ensuite, nous allons voir l'impact du passage aux IFRS sur une
société plus importante, en prenant le cas de AIR France.
3-1 Cas Scania Maroc
3-1-1 Brève présentation de Scania
Maroc
Scania Maroc, filiale de Scania Suède à 99 %, a
été créé en 1994. Son activité se
résume à l'importation et la commercialisation des
véhicules et pièces de rechanges de marque Scania.
Depuis 1998, la société est devenue l'un des
leaders du marché avec 25% de part de marché.
La politique de pénétration s'est traduite par des
pertes très importantes dues aux prix pratiqués et à
l'investissement dans l'expansion du réseau de distribution.
Historiquement, le marché des camions
a été essentiellement marqué par la domination de Volvo
suivie de Berliet et de Mitsubishi pour le petit tonnage, dont les produits ont
été limités à une seule gamme (4x2). Scania a
initié de grands changements au niveau de ce marché. Scania a
innové au niveau de la variété de sa gamme et a
présenté pour la première fois le modèle 8x4. Le
manque des infrastructures au Maroc a été aggravé par les
mesures draconiennes imposées par la banque mondiale et le Fonds
monétaire international dans le début des années 80 qui
visaient à réduire les dépenses publiques. Il
était nécessaire d'attendre que le Maroc décide d'ouvrir
entièrement son économie avec les accords du GATT, l'accord de
libre échange avec l'Union européen et avec les Etats-Unis. Le
Maroc a décidé alors de commencer la restructuration de son
économie avec comme objectif l'attraction des investissements
étrangers. Ce qui a rendu la modernisation de ses infrastructures une
priorité. La candidature manquée du Maroc pour l'organisation du
championnat du monde de football de 2010 n'a pas découragé les
autorités marocaines de continuer le plan ambitieux de construction
d'autoroute, port et stades de football.. La situation du marché de
camion a été alors marquée par un développement
très important du segment de C (Chantier) et le prochain
développement prévisible du national et du segment de TIR.
Le marché des camions atteindra un pic historique en 2005
(plus 1000 unités), puis un ralentissement en 2006, principalement en
raison de la saturation du segment de construction. A partir de 2007, le
marché commencera à accroître lentement jusqu'à
atteindre son niveau de 2005 en 2009.
Le graphe ci-dessous montre l'évolution du marché
des camions poids lourds au Maroc
Le graphe ci-dessous montre le développement de part de
marché de Scania Maroc durant la période 1994-2004.
Le service après vente profite de l'ancienneté du
parc roulant de Scania Maroc. Les perspectives de croissance sont
présentées pour la seule succursale de Tanger qui servira dans le
test de dépréciation car c'est la seule succursale que Scania
Maroc possède.
Dans le cas présent nous allons procéder
à une répartition des immobilisations pour les deux
activités pièces de rechanges et magasin. Ensuite, nous allons
revoir les plans d'amortissement du groupe des différentes
immobilisations pour les aligner sur les normes IFRS. En particulier,
l'application de l'amortissement par composant.
(Unité génératrice de
trésorerie).
3-2-2 La démarche du traitement des
normes 16 et 36
Selon la norme IAS 36, nous avons procédé
à la répartition par composant basé sur la durée de
la vie. Ceci, principalement pour le poste construction. Ensuite, nous les
avons réparti par des U.G.T dont la définition sera
détaillée dans le deuxième point qui suit.
Le problème qui se pose au niveau des immobilisations
corporelles est la liaison entre ces éléments par exemple, la
construction est composé de plusieurs composants, qu'il faut les
définir avec leurs valeurs, à fin de trouver une
évaluation selon leurs durée de vie (mures, portes,
fenêtres), et de trouver les clés de répartitions par
unité génératrice de trésorerie de ces
éléments, d'après les normes, IAS 16 et IAS 36.
Enfin, le résultat des différents retraitements
est présenté dans le tableau ci-dessous :
Construction
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Plan amortissement "normes groupe"
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Répartition
|
|
Composants
|
Date acquisition
|
Montant
|
Dépréciation période (years)
|
Age (years)
|
Valeur nette comptable Fin 2005
|
Atelier
|
Magasin
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Construction
|
2001
|
3 551 000
|
25
|
4
|
2 982 840
|
90%
|
10%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
|
3 551 000
|
|
|
2 982 840
|
|
|
Dépréciation d'actif selon la norme IFRS
36
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Répartition
|
|
Composants
|
Date acquisition
|
Montant
|
Dépréciation période (years)
|
Age (years)
|
Valeur nette comptable Fin 2005
|
Atelier
|
Magasin
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Construction
|
2001
|
3 274 636
|
50
|
4
|
3 012 665
|
90%
|
10%
|
Installation électrique
|
2001
|
218 997
|
25
|
4
|
183 957
|
90%
|
10%
|
Portes/Fenêtres
|
2001
|
57 367
|
25
|
4
|
48 188
|
90%
|
10%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
|
3 551 000
|
|
|
3 244 811
|
|
|
Revue des amortissements pratiqués
|
|
|
Autres postes d'immobilisations corporelles
|
Plan amortissement "normes groupe"
|
|
|
|
|
|
Répartition
|
|
Postes
|
Date acquisition
|
Montant
|
Durée amortissement
|
Age
|
Valeur nette comptable Fin 2005
|
Atelier
|
Magasin
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Agencement aménagement
|
2001
|
495 000
|
10
|
4
|
297 000
|
70%
|
5%
|
Matériel
|
2001
|
530 000
|
5
|
4
|
106 000
|
70%
|
5%
|
Outillage
|
2001
|
156 000
|
5
|
4
|
31 200
|
100%
|
0%
|
Matériel de bureau
|
2001
|
35 000
|
5
|
4
|
7 000
|
100%
|
0%
|
Matériel informatique
|
2001
|
24 500
|
5
|
4
|
4 900
|
90%
|
10%
|
Mobilier de bureau
|
2001
|
71 000
|
10
|
4
|
42 600
|
50%
|
50%
|
Total
|
|
1 311 500
|
|
|
488 700
|
50%
|
50%
|
Dépréciation d'actif selon la norme IFRS
36
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Répartition
|
|
Composants
|
Date acquisition
|
Montant
|
Durée amortissement
|
Age
|
Valeur nette comptable Fin 2005
|
Atelier
|
Magasin
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Agencement et aménagement "Portes Ateliers"
|
2001
|
73 000
|
15
|
4
|
53 533
|
100%
|
0%
|
Autres Agencement aménagement
|
2001
|
422 000
|
15
|
4
|
309 467
|
70%
|
5%
|
Matériel
|
2001
|
156 000
|
5
|
4
|
31 200
|
100%
|
0%
|
Outillage
|
2001
|
530 000
|
2
|
4
|
0
|
100%
|
0%
|
Climatiseurs
|
2001
|
35 000
|
5
|
4
|
7 000
|
90%
|
10%
|
Matériel informatique
|
2001
|
24 500
|
2
|
4
|
0
|
50%
|
50%
|
Mobilier de bureau
|
2001
|
71 000
|
10
|
4
|
42 600
|
50%
|
50%
|
Total
|
|
1 311 500
|
|
|
443 800
|
|
|
3-3-3 Définition des unités
génératrices de trésorerie
La succursale objet de notre cas pratique, a deux
activités : Ventes pièces et main d'oeuvres sur
réparation. La contribution de l'atelier dans les ventes des
pièces à travers le montage de ces dernières lors des
divers natures de réparations effectuées, pose la
problématique de la répartition de la marge total des
pièces. En effet, sur la base de la quote-part du chiffres d'affaire de
ces derniers, par vente au comptoir et vente par le biais de l'atelier, un prix
de cession a été fixé. Ce prix, concerne les pièces
qui vont du magasin à l'atelier pour être monté sur les
camions en réparation. D'où une affectation plus équitable
de la marge dégagée sur les pièces de rechange entre
l'atelier qui occupe plus de 90% de la surface de la succursale et le magasin.
Définition du taux d'actualisation
Pour la détermination du taux d'actualisation nous allons
tous d'abord étudier la structure de financement de l'entreprise. Cette
dernière se compose de :
Capital : 15 000.000 MAD
Découvert structurel : 200 031 MAD
Le coût de ces différentes sources de financement
est présenté ci-dessous :
Cas pratique
|
|
|
|
|
Calcul du coût moyen pondéré du
capital
|
|
|
|
|
Structure de fiancement
|
Moyenne
|
Rentabilité exigé
|
Rentabilité pondérée avant
impôt
|
Rentabilité pondérée après
impôt
|
Découvert bancaire structurel
|
153 396
|
7%
|
4,82%
|
3,13%
|
Emprunt groupe
|
45 000
|
4%
|
0,90%
|
0,58%
|
Retraitement du crédit bail
|
1 635
|
9%
|
0,07%
|
0,04%
|
Capital/
|
15 000
|
13%
|
0,91%
|
0,91%
|
Total
|
215 031
|
|
|
4,67%
|
Le choix du calcul du coût de l'actualisation est
important dans la mesure ou il faut se référer à
plusieurs critères, à fin d'aboutir à la
réalité du secteur de transport, donc nous avons pris la
méthode du CMPC, puisque les données proposées
reflètent la réalité de l'entreprise et du marché
financier.
L'actualisation des flux nets de
trésorerie prévisionnels et le test de
dépréciation
Tout d'abord, nous avons calculé les flux nets de
trésorerie à partir du résultat net
d'exploitation auquel nous avons ajouté les dotations
d'amortissements pour avoir les cash flows, Les différents retraitements
sont présentés dans le tableau ci-dessous :
Prévisions/ 5 ans
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
|
Magasin
|
Labor sales
|
Magasin
|
Labor sales
|
Magasin
|
Labor sales
|
Magasin
|
Labor sales
|
Magasin
|
Labor sales
|
I- Ventes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
I-1 Ventes externes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pièces
|
2 600
|
3 900
|
2 860
|
4 290
|
3 146
|
4 719
|
3 461
|
4 719
|
3 807
|
5 710
|
Main d'ouvres
|
|
500
|
|
551
|
|
607
|
|
668
|
|
735
|
I-2 Ventes internes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pièces
|
3 315
|
|
3 647
|
|
4 011
|
|
4 011
|
|
4 853
|
|
Main d'ouvres
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total ventes
|
5 915
|
4 400
|
6 507
|
4 841
|
7 157
|
5 326
|
7 472
|
5 387
|
8 660
|
6 445
|
II-Coût
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coût externes
|
5 111
|
325
|
5 622
|
358
|
6 184
|
395
|
6 430
|
434
|
7 483
|
478
|
Coût /Cession internes
|
|
3 315
|
|
3 647
|
|
4 011
|
|
4 011
|
|
4 853
|
Total coût
|
5 111
|
3 640
|
5 622
|
4 005
|
6 184
|
4 406
|
6 430
|
4 445
|
7 483
|
5 331
|
Marges
|
804
|
760
|
884
|
836
|
973
|
920
|
1 042
|
942
|
1 177
|
1 114
|
%
|
14%
|
17%
|
14%
|
17%
|
14%
|
17%
|
14%
|
17%
|
14%
|
17%
|
Charges de structure
|
- 167
|
- 1 499
|
- 175
|
- 1 573
|
- 184
|
- 1 652
|
- 193
|
- 1 735
|
- 202
|
- 1 821
|
Résultat d'exploitation
|
638
|
- 739
|
710
|
- 737
|
789
|
- 732
|
849
|
- 793
|
975
|
- 708
|
Dotations aux amortissements
|
16
|
138
|
16
|
100
|
16
|
100
|
16
|
100
|
16
|
100
|
Cash flow
|
654
|
- 601
|
726
|
- 637
|
805
|
- 632
|
865
|
- 693
|
991
|
- 608
|
Ensuite, nous avons repris les données de notre tableau
prévisionnel pour procéder à l'actualisation des flux.
Ceci pour chacune des unités génératrices de
trésorerie.
U.G.T : Magasin
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cashs flow, prévisionnels
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Année 1
|
|
Année 2
|
|
Année 3
|
|
Année 4
|
|
Année 5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Résultat d'exploitation
|
|
654
|
|
726
|
|
805
|
|
865
|
|
991
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dotations aux amortissements
|
|
16
|
|
16
|
|
16
|
|
16
|
|
16
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
= Cash flow sur activité atelier
|
|
670
|
|
742
|
|
821
|
|
881
|
|
1 007
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur résiduelle à la fin de la période
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
=Total cashs flows actualisés
|
|
3 569
|
|
|
|
|
|
|
|
|
U.G.T : Atelier
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cashs flow, prévisionnels
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Année 1
|
|
Année 2
|
|
Année 3
|
|
Année 4
|
|
Année 5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Résultat d'exploitation
|
|
-739
|
|
-737
|
|
-732
|
|
-793
|
|
-708
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dotations aux amortissements
|
|
138
|
|
100
|
|
100
|
|
100
|
|
100
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
= Cashs flow sur activité atelier
|
|
-601
|
|
-637
|
|
-632
|
|
-693
|
|
-608
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur résiduelle à la fin de la période
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
=Total cashs flows actualisés
|
|
-2 768
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Enfin, le test de dépréciation, pour tester la
valeur nette comptable avec celle du marché, et la valeur recouvrable,
pour la constatation de la perte de valeur
|
|
|
|
|
|
Test dépréciation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
UGT : Magasin
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Immobilisations
|
|
Valeur nette comptable
|
|
Valeur de marché
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Goodwill
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Construction
|
|
324
|
|
500
|
|
|
|
|
|
|
|
Matériel et outillage
|
|
0
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres immobilisations
|
|
37
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur recouvrable
|
3 569
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Perte de valeur
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Définition de l'U.G.T
|
|
|
|
|
|
Représente les ventes des pièces de rechanges au
comptoir; Ainsi que les ventes par le biais de l'atelier pour lequel une marge
de 5% est concédée.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
|
Test dépréciation
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
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|
|
UGT : Atelier
|
|
|
|
|
|
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|
|
Immobilisations
|
|
Valeur nette comptable
|
|
Valeur de marché
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Goodwill
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Construction
|
|
2 920
|
|
4 500
|
|
|
|
|
|
|
|
Matériel et outillage
|
|
31
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres immobilisations
|
|
298
|
|
30
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur recouvrable
|
-2 768
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Perte de valeur
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Définition de l'UGT
|
|
|
|
|
|
L'atelier occupe 90% de l'espace de la succursale et contribue
à Scania Maroc par l'intermédiaire des camions
réparés dans ses locaux. Pour cela, compte tenu des
données statistiques sur la part des pièces de rechanges
montées par le biais de l'atelier; Une marge de 5% sur 60% des ventes de
P.R sera réaffecter à l'atelier.
La comparaison entre valeur recouvrable, valeur de marché
et valeur nette comptable nous a amené à ne pas constater aucune
perte de valeur. Ceci, en raison de la flambée des prix des locaux de la
zone industrielle.
En outre, les différences entre les cash-flows des deux
U.G.T (négatif pour l'atelier et positif pour le magasin), nous pose la
problématique de la définition des U.G.T.
Ceci qui nous a poussé à définir toute la
succursale de Tanger comme une seule U.G.T.
L'investissement à Tanger, a été
surdimensionné par rapport aux potentialités de la région
du moins sur le moyen terme. Ce qui ne veut pas dire que ce projet va
être abandonné en raison de l'importance d'avoir un réseau
de succursale et de concessionnaire dans tout le territoire marocain pour les
entreprises du secteur.
3.2 Cas d'AIR France : impact sur le Compte de
résultat et le bilan11(*)
Les premiers comptes publiés selon les IAS/IFRS pour
AIR FRANCE seront ceux de l'exercice 2005-2006 présentés avec un
exercice comparatif au titre de l'exercice 2004-05 établi selon le
même référentiel à l'exception des normes IAS 32 et
39 relatives aux instruments financiers appliquées à compter du
1er avril 2005.
Afin d'établir cette information comparative, Air
France a préparé un bilan d'ouverture au 1 er avril 2004, date
à laquelle les impacts du passage en IFRS sont enregistrés en
capitaux propres.
3-2-1 Quels sont les impacts sur son compte de
résultat 12(*)?
· Le chiffre d'affaires reste
inchangé en normes IFRS.
· Le résultat d'exploitation courant
(avant autres produits et charges non courants) il faut noter que les
ajustements liés aux IFRS auront un impact positif sur le
résultat d'exploitation courant.
Les principaux impacts du passage aux normes IFRS sur le
compte de résultat 2004-05 concernent les postes suivants :
· Dotation nette aux amortissements :
réduction nette de la charge d'amortissement résultant
principalement de la baisse des amortissements liée à la
valorisation de la flotte Air France à la valeur de marché
à la date de transition.
· Autres produits et charges
d'exploitation : réduction de la charge due notamment
à un retraitement lié à des échanges de slots et au
reclassement d'une moins de value de cession d'actifs dans le poste «
autres produits et charges non courants ».
· Autres produits et charges d'exploitation non
courants : outre les dotations aux provisions pour
dépréciation d'actifs, ce poste intègre différents
postes auparavant non classés en exploitation tels que les gains de
cession de filiales et participations et les charges de restructuration. Pour
l'exercice 2004-05, ce poste est composé des éléments
suivants : un gain net de cessions d'actifs et une charge de
restructuration.
· Amortissement des écarts d'acquisition
: les écarts d'acquisition ne sont plus amortis mais font
l'objet d'un test de dépréciation annuel (IFRS 3). L'application
de cette norme a un effet positif sur le résultat net (suppression de
l'amortissement des écarts d'acquisition des filiales
régionales). Par ailleurs, la même norme impose de comptabiliser
immédiatement le solde de l'écart d'acquisition négatif
(« badwill ») lié à l'acquisition de KLM en compte de
résultat.
3-2-2 Quels sont les impacts sur son bilan 13(*)?
Les capitaux propres consolidés au 31
mars 2005 s'élèvent à 5,108 milliards d'euros en normes
IFRS contre 5,226 milliards en normes françaises. Cette
légère variation résulte principalement de :
· la reprise de la valeur résiduelle de
l'écart d'acquisition négatif de KLM
· l'impact après impôt différé
de la valorisation de la flotte d'Air France à la valeur de
marché
· Le ratio d'endettement selon le
référentiel international s'établit à 1,11 contre
1,06 en normes françaises au 31 mars2005.
En conclusion le passage aux normes IFRS impact bien la
lecture des états financiers des sociétés. Nous l'avons vu
avec la société SCANIA Maroc par rapport à
l'évaluation de ses immobilisations et avec AIR France par rapport
à son total bilan et à la structure de son compte de
résultat.
CONCLUSION
En conclusion, le passage aux normes IFRS n'est pas seulement un
changement de référentiel comptable, c'est aussi l'adoption d'un
système totalement différent de mesure de la performance et de
communication avec les marchés. La plupart des entreprises gagneront
en transparence du fait, par exemple, de la présentation des
informations par segments et de la reconnaissance des produits
dérivés à leur juste valeur dans le bilan. Plus
généralement, c'est une information homogène, plus
détaillée et de meilleure qualité que devront fournir les
entreprises. D'autre part, l'application de ces normes induira plus de
transparence en terme de rating puisqu'elles permettront une bien meilleure
comparabilité (base harmonisée).
Mais l'adoption de ce référentiel comporte aussi
beaucoup d'écueils : ne contribuera-t-il pas, entre autres,
à un fort clivage entre les PME ou sociétés non
cotées et les grands groupes cotés ?
Nous sommes d'avis que c'est à chaque dirigeant de
juger si l'adoption des IFRS peut être intéressante pour son
entreprise. Par ailleurs, depuis 2005, les sociétés non
cotées qui établissent des comptes consolidés, peuvent
également, si elles le veulent, appliquer les IFRS. Tout cela
pourrait donc bien signifier que l'application des IFRS aux autres
sociétés non cotées (celles qui établissent
uniquement des comptes simples) pourrait se concrétiser dans un avenir
relativement proche. Les IFRS pourront se révéler une
opportunité vraiment intéressante pour les sociétés
non cotées d'une certaine importance (50 personnes, par ex.) qui
raisonnent et opèrent dans un contexte international.
Apparaît alors un problème de divulgation
d'information dans un contexte de concurrence : n'atteint-on pas
précisément ici une limite de la transparence ?
Si les normes internationales apportent très
certainement plus de rigueur et de cohérence, notamment sur les
marchés internationaux, que vont-elles réellement changer en
terme de transparence, concept si changeant et relatif ? Les
dérives ne seront-elles pas tout aussi nombreuses
qu'aujourd'hui ?
Les interrogations soulevées par les derniers scandales
boursiers remettent en cause l'establishment de la fiabilité des
informations comptables. Les différents outils d'investissement connus
et l'environnement, au sens large, de l'entreprise cotée se sont
modifiés en réaction pour rassurer les investisseurs.
Cependant, même si la loi sur la sécurité
financière et les notions d'audit interne tentent d'écarter les
problèmes liés à la comptabilité dite
« créative » et autres manipulations, des questions
peuvent encore être posées quant à la validité et la
fiabilité des informations fournies. Dans un avenir proche, et ce,
grâce aux nouvelles technologies de gestion, et à la gouvernance
d'entreprise, ces risques devraient cependant être plus réduits.
Le développement de critères sociaux et environnementaux, par
nature non financier, ouvre la question de l'évolution que ces
critères prendront pour le marché et les actionnaires.
La question reste finalement ouverte et seul l'avenir et
l'application concrète du référentiel permettront de se
faire une idée juste à ce sujet.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES :
·
Grégory Heem ; Lire les états financiers en
IFRS ; éditions d'organisation ; 2004
· Normes IAS/IFRS -Que faute il faire ? Comment s'y
prendre ? ; DFCG collection
· Laurent Bailly ; Comprendre les IFRS ;
Maxima Laurent du Mesnil éditeur
· De Muriel Nahmias ;
L'essentiel
des normes IAS/IFRS ; éditions d'organisation
· Cours d'MSTCF- comptabilité anglo-saxonne et IFRS
Mr Fraiha
· Casta J-F, B. Colasse ; Juste valeur : enjeux
techniques et politiques ; Economic; 2001
· Nicolas Veron ; L'Information financière
en crise: Comptabilité et capitalisme;
Editions Odile Jacob ;
2004
ARTICLES ET ENQUETES :
· Etude barométrique KPMG -Cartesis normes IFRS
2005
· Enquête sur le passage des norms IFRS - Mazars
· Formation aux IFRS Altadis -Maroc
· Similarities and Differences IFRS USGAAP - PWC
SITE WEB :
·
http://www.focusifrs.com/edito/plan.asp
·
http://www.cegid.fr/lyon-finance.org/normes/
· http://www.kpmg.fr
·
http://archives.lesechos.fr/
· http://mazars.com/
· http://www.deloitte.fr
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http://www.club-comptable.com
·
http://www.revuefiduciaire.com
· http://www.ccomptes.fr
·
http://www.finances.gouv.fr/CNCompta
·
http://www.agecompta-gestion.com
· http://www.europa.eu.int
· http://www.iasplus.com
· http://www.efrag.org
· http://www.iasb.org.uk
·
http://www.ecif.info/OptionFinance_Goodwills.pdf
TABLE DES ANNEXES
Compte de résultat
2005-2006.......................................................... ...I
Bilan consolidé
2005-2006................................................................II
Tableaux des flux de trésorerie
2005-2006.............................................II
* 1
Grégory
Heem ; Lire les états financiers en IFRS ;
éditions d'organisation ; 2004
* 2 Cours de la MSTCF-
comptabilité anglo-saxonne et IFRS Mr Fraiha
* 3 Enquête sur le passage
des norms IFRS - Mazars
* 4
http://www.lesechos.fr/info/rew_auto/200061336.htm
* 5 Crouzet P.et N.
Véron (2002) : La mondialisation en partie double : la bataille des
normes comptables.
* 6
http://europa.eu.int/eur-lex/fr/archive/2003/l_26120031013fr.html
* 7 Etude barométrique
KPMG -Cartesis normes IFRS 2005
* 8
http://www.ecif.info/OptionFinance_Goodwills.pdf
* 9 Nicolas Veron ;
L'Information financière en crise : Comptabilité et
capitalisme;
Editions Odile Jacob ;
2004
* 10 Philipe Crouzet, Nicolas
Véron ; La mondialisation en partie double : La bataille
des normes comptables
* 11 (
www.arifranceklm-finance.com)
* 12 Voir annexe : Compte
de résultat 2005-2006
* 13 Voir Annexe : Bilan
consolidé 2005-2006
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