Section III : Entraves et défis
§1.Les Entraves
Nous entendons par entraves ou obstacles d'intégration
économiques, l'ensemble d'éléments de dissociation ou des
forces centrifuges qui fauchent et gauchissent les tentatives de regroupement
des Etats au sein des ensembles économiques en vue de
l'intégration économique. Pour NDESHYO RURIHOSE, dans les
systèmes d'intégration africaine, l'une des difficultés
insurmontables de l'étude de l'intégration internationale
réside dans l'incertitude objective de mesurer et de quantifier
l'existence de la volonté politique des acteurs nationaux en faveur de
l'intégration régionale des changements et de ses
intérêts selon les circonstances et surtout du fait que les
paramètres diplomatiques se prêtent mal à la
mesurabilité. En Afrique, cette difficulté demeure
aggravée par certaines variables telles que la nouveauté du
système diplomatique africain, le sous-développement des Etats
membres et par-dessus tout l'instabilité des régimes politiques
ainsi que les conflits interétatiques de toutes sortes
»114. Pour la SADC, ces entraves relèvent soit sur le
plan politique, économique et parfois socioculturel.
1.1. Problèmes d'ordre politique et
institutionnel
Nous avons vu que les Etats aspirent unanimement à
l'unité régionale. Mais les réticences surgissent au
moment de traduire cette volonté de concepts opératoires, au
moment de lui donner forme sur le plan pratique. Au plan institutionnel, les
Etats élisent de barrière destinée à
protéger les marchés nationaux contre la concurrence des voisins,
ces barrières freinent l'accroissement à des échanges
intra-régionaux. En Afrique en général ces
problèmes se présentent en termes de conflit frontalier
permanent, instabilité des certains régimes politiques (coup
d'état, remaniement répétés de gouvernement),
l'ingérence des chefs d'Etats africains dans les affaires
intérieures d'autres Etats. À toutes ces raisons, nous pouvons
évoquer le fait que même au sein des certaines intégrations
africaines et ailleurs, on assiste à la déstabilisation politique
et économique des uns par les autres.
- L'attachement trop marquée à
l'indépendance et à la souveraineté
Cette question peut biens s'illustrer lors de leur accession
à l'indépendance. Ce qu'on a assisté à la
dislocation des ensembles fédéraux formés à
l'époque coloniale qui constituaient les espaces économiques
déficients et des cadre propice à l'éclosion des
institutions politiques originales.
L'indépendance implique pour chaque nouvel État,
la mise en place d'un régime tel qu'il estime convenir à ses
aspirations ; l'exercice d'un attribut de
114 NDESHYO R., Le système d'intégration en
Afrique, PUZ, Kinshasa, 1984, p7
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économies. Enjeux et défis congolais
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souveraineté parfaitement légitime. Mais
l'égoïsme national aidant, il s'est aussitôt replié
sur lui-même, faisant souvent table rase des structures communes
d'autrefois, pour ériger les siennes propres, dans la plupart des cas
incompatibles avec celle de ses voisins et anciens partenaires. Ce fait
entraîne une certaine jalousie de leur souveraineté tant nationale
qu'international. C'est ainsi qu'ils sont moins disposés à
aliéner ne serait-ce qu'une petite portion de leur souveraineté
au profit de grands groupes comme le rappellent plusieurs auteurs : «...
Ils sont jaloux de leur souveraineté et ne souhaitent pas un
déléguer la moindre parcelle... Les jeunes Etats africains
souhaitent plus souvent s'entendre que se fondre.
C'est ainsi qu'ils ne sont disposés à
aliéner ne serait ce qu'une petite portion de leur souveraineté
au profit du grand groupe. Ce problème de la souveraineté des
Etats semble ne pas céder la place à l'intégration alors
que l'intégration implique la libéralisation du mouvement des
biens et des facteurs de façon à diminuer progressivement les
frontières économiques entre deux ou plusieurs pays qui forment
un marché intérieur. Cela amène, confirme P. DE SENARCIEN
: à un degré plus ou moins élevé
d'institutionnalisation ; la libéralisation des échanges est une
autre condition nécessaire mais non suffisante à
l'intégration ; auxquelles se développe, les Etats doivent mettre
en place des mécanismes visant à renforcer leur cohésion
et leur union afin de confrontent leurs souverainetés
respectives115.
- Les conflits armés
Les conflits armés occupent une place
prépondérante en Afrique, car ils constituent un
empêchement au processus d'intégration. Il reste cependant vrai
qu'une nation qui est une partie intégrante de la communauté et
qui vit en conflits armés chez lui crée obligatoirement
l'instabilité dans la région entière. Les tensions
politiques ont aussi des répercussions néfastes non
négligeables sur le commerce régional (Longo et Sekkat, 2004).
Elles peuvent notamment nuire à la production et au transport des
marchandises à travers les frontières. Lorsque ces tensions ont
une dimension régionale, le commerce entre les pays en conflit est parmi
les principaux secteurs touchés. D'autre part, l'économie de
guerre induit un spectre de répertoire pratique. À ce stade,
l'économie du pays en conflits devienne instable. Une telle situation ne
pourrait permettre à une nation de promouvoir sa politique
d'économie. Au sein de la SADC, il existe encore des foyers des tensions
armes ; la partie Est et Nord-est de la RDC et la région cabindaise
d'Angola. De ce fait, ces problèmes constituent des entraves non
négligeables quant au processus de l'avancement de l'intégration
des pays de la SADC, quand bien même que leurs impacts néfastes se
minimisent au fil du temps.
115 SENARCIE, N P., Mondialisation : enjeu, effets et
débats, Armand Colin, Paris, 2001, p.59.
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? Lutte pour le leadership au sein de la SADC
?
En Afrique en général et surtout en Afrique
noire plus particulièrement, l'équation personnelle du politique
a une importance de marque dans la politique africaine. En Afrique australe, la
République sud-africaine et la République Démocratique du
Congo sont ces deux pays qui se disputent la place, suivi un peu d'Angola.
Cette lutte infertile entraine même une certaine réticence dans
leur chefs et les indispose de jouer le rôle qu'on entend d'eux ; celui
de « pôle fédérateur » pour la RSA et de la
gâchette de revolver déclaré par Fanon Franck pour la RDC
ou de détonateur du processus d'intégration.
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