MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
i
Epigraphe
« Le développement est un fruit dont l'arbre
s'appelle la
raison ».
TUMBA MATAMBA Bob.
« L'autre n'est pas totalement mauvais non plus
complètement bon ».
M'FUMU TONTO.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
ii
A mes chers parents ;
A tous mes
frères et soeurs de la famille KOMANGO,
A ma
progéniture dont le destin me révélera l'issu,
Je
dédie ce travail.
Guy MBO KOMANGO.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
III
Avant-propos
Depuis les premières années des
indépendances africaines, l'impératif de l'intégration
régionale est au coeur de la vision politique et économique des
dirigeants du continent. Et son importance pour accélérer et
renforcer le développement économique et social est reconnue
depuis longtemps par les décideurs africains.
Au cours des deux dernières décennies,
cet impératif a pris davantage de relief sous l'effet de la
mondialisation à un moment où l'Afrique s'efforçait d'en
relever les défis. Malgré l'engagement politique qui s'est
manifesté et les efforts déployés pour traduire dans les
faits la vision africaine de l'intégration régionale, les
progrès dans cette voie n'ont pas été à la hauteur
des autres régions en développement.
Le rapport de la CNUCED(2009) avance et montre qu'une
intégration intra-africaine renforcée est indispensable pour le
développement et que l'intégration régionale, à
condition d'être conçue et appliquée dans le cadre d'une
stratégie de développement plus vaste visant à promouvoir
la diversification économique, les mutations structurelles et le
développement technologique, pouvait renforcer les capacités
productives des pays africains, permettre des économies
d'échelle, améliorer la compétitivité et servir
à ces pays de tremplin pour participer de manière effective
à l'économie mondiale.
Conscients de sa nécessité et de son
importance, les Etats d'Afrique australe ont mis sur pied, au lendemain du
Traité de Lagos, la SADCC qui sera dotée d'un Traité
consultatif en 1992 pour devenir la SADC dans laquelle la RDC, notre pays,
adhère en 1998 et dont le processus d'intégration
économique est aujourd'hui au stade d'une Zone de Libre-échange.
Comme tout passionné de la recherche, ce processus ne nous a pas
laissés indifférents ; une attention particulière y a
été accordée en raison notamment des enjeux que
présente ce processus pour les Etats membres en général et
la RDC en particulier.
Toutefois, la question de l'intégration des
C.E.R a fait l'objet de quantité d'études, et certains travaux
récents sur ce point traitent spécifiquement des aspects
institutionnels de l'intégration ; d'autres mettent l'accent sur
l'intégration économique et commerciale et analysent la question
sous l'angle des gains pour le commerce des marchandises, les questions des
investissements, du commerce des services, des migrations et sur les flux
économiques dans le cadre des arrangements régionaux
d'intégration.
Par contre, celle-ci présente une
particularité ; dans son objet, elle met l'accent sur les enjeux majeurs
que présente le processus d'intégration économique de la
SADC pour la R.D.Congo et les différents défis que cette
dernière doit relever en vue de participer activement entant que
pièce maitresse permettant, non seulement à la
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
iv
Communauté d'atteindre ses objectifs, mais aussi
à elle-même de tirer profit des avantages que présente
l'intégration économique dans l'ensemble de la région.
L'objectif poursuivi ici est d'amener les autorités
congolaises en particulier et le public en général de prendre en
compte la taille des enjeux que présente ce processus pour notre pays
dans leur gestion quotidienne du res pubica.
Ainsi dit, l'aboutissement de ce travail n'est pas l'oeuvre
solitaire, mais plutôt de plusieurs personnes sans lesquelles celui-ci ne
serait pas réalisé. C'est ici le lieu de leurs témoigner
notre gratitude la plus sincère. D'abord nous rendons grâce au
Seigneur Jésus-Christ Dieu Tout-Puissant pour sa grâce et son
amour.
Ensuite nous remercions toutes les autorités
académiques de l'UNIKIN particulièrement celles de la FSSAP et du
Département des R.I pour leurs enseignements combien utiles pour
nous.
Nous remercions notre Directeur, le Professeur NTUAREMBA ONFRE
qui, en dépit de ses multiples occupations, a bien accepté de
diriger ce mémoire. Le même sentiment s'adresse à notre
Rapporteur le Chef de Travaux BOONGI EFONDA EFOLOTE. La pertinence de leurs
remarques a permis l'amélioration de cette oeuvre.
A nos parents, papa KOMANGO et maman MONKANGO, nous leurs
disons infiniment merci pour tant de sacrifices combien incalculable consentis
pour nous, ce travail est le fruit de leurs efforts.
Nos remerciements vont à l'endroit de notre Oncle
Leonard ONFRE Audi-cent, à sa femme et sa famille pour leur soutien
moral, matériel et financier combien inestimable.
A toute notre famille Komango : Franck, Marie-Catho, Anny,
Cris et Sr. Félicité, Nathan et Sr. Marie, Bienvenu(e),
Blanchard, Evelyne, Claudine, Laeticia, Joselyne, Dieu-Merci, Naomi
etc. et Péthy Mokabila ; nous disons
infiniment merci pour leur apport matériel, spirituel et financier
combien aussi inestimable.
A tous nos camarades de l'UNIKIN, particulièrement :
Martin Nanga, JP. Gbatu, Reagan Kufeta, Cédric Tumbu, Alain Kondo, Egide
Thuambe, Bob Mboba,, Montécarlo Mokabay, Puyikela Béni, Nadia
Ngandu, Éliette Songe, Rubyanne Titebe, Didier Nanga, Dieson et Willy
Kamanga, qu'ils trouvent ici, l'expression de notre reconnaissance la plus
profonde.
Enfin, à tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail et n'ont pas
été nommément cités, trouvent ici, l'expression de
notre profonde gratitude.
Guy MBO KOMANGO
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
V
Abréviations et sigles utilisés
ACP : Afrique, Caraïbes et Pacifique
ACR : Accord Commercial Régional
AGCS : Accord Général sur le Commerce des
Services
ALE : Accord de Libre Echange
APD : Aide Publique au Développement
APE : Accord de Partenariat économique
BNT : Barrière Non Tarifaire
CAE : Communauté d'Afrique de l'Est
CEA : Commission Economique pour l'Afrique
CEDEAO : Communauté Economique des États de
l'Afrique de l'Ouest
CEEAC : Communauté Economique des États de
l'Afrique centrale
CEMAC : Communauté Economique et monétaire de
l'Afrique centrale
CER : Communauté Economique régionale
CMA : Zone Monétaire Commune de l'Afrique australe
COMESA : Marché Commun de l'Afrique de l'Est et de
l'Afrique australe
IED : Investissement Etranger Direct
MERCOSUR : Marché Commun du Sud
MIDSA : Dialogue sur les Migrations pour l'Afrique australe
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique
OIM : Organisation Internationale pour les migrations
OMC : Organisation Mondiale du commerce
ONN : Organismes Nationaux de Normalisation
OTC : Obstacles Techniques au Commerce
RDC : République Démocratique du Congo
RISDP : Plan Indicatif Stratégique de
Développement Régional
RSA : République Sud-Africaine
SADC : Communauté de Développement de l'Afrique
australe
SADCC : Conférence pour la Coordination du
Développement en Afrique australe
SYDONIA : Système Douanier Automatisé
UA : Union Africaine
UDAA : Union Douanière de l'Afrique Australe
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
ZLE : Zone de Libre-Echange
3 idem
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économies. Enjeux et défis congolais
- 1 -
INTRODUCTION
1. Présentation du sujet et
problématique
L'une des grandes préoccupations auxquelles le monde
(humanité) s'attèle à l'heure actuelle reste
l'inégalité de fait des Etats avec sa nouvelle dimension
autrefois ignorée : le sous-développement ;
et le défi majeur que l'humanité toute
entière doit relever, dans ce 21ème siècle,
reste le bien-être de l'humanité, vivre une vie paisible plus ou
moins à l'abri de certains maux ; bref le
développement, entendu ici comme un changement
quantitatif et qualitatif des conditions des vies humaines1.
Cette inégalité de développement en
constante aggravation depuis un demi-siècle constitue l'un des
problèmes majeurs de notre époque. L'injustice de cette situation
apparaît d'autant plus intolérable que pour les plus
déshérités des pays du tiers-monde, elle touche à
la vie même des populations. La Communauté internationale ne peut
plus accepter de tels déséquilibres qui constituent une
véritable menace contre la paix2.
Ayant pris conscience de l'ampleur de ces problèmes et
ayant compris la nécessité des défis à relever, le
monde tout entier se lance dans cette bataille, celle de la quête du
bien-être, en cherchant à réduire les écarts (les
inégalités économiques, sociales, etc, ...) pour essayer
de trouver un certain équilibre entre les entités
étatiques et les populations du monde de tous genres.
Cette prise de conscience par l'humanité des
défis à relever à créer dans les chefs des
entités étatiques la nécessité de créer des
grands ensembles (regroupements) globaux, régionaux et sous
régionaux aux fins de faire un front uni pour atteindre cet objectif,
qui est le souci du millénaire : le développement
durable. La communauté internationale a
évolué et son caractère de juxtaposition d'Etats s'est
confirmé. Il s'est développé une nouvelle forme de
communication ou de la collaboration entre ses membres. Il s'est
dégagé la nécessité de coopérer d'autant
plus que jadis, les relations entre les Etats étaient en termes de
concurrence et rivalité. Une action commune devenait alors
nécessaire, tout en gardant l'interdépendance des Etats, aucun
pays ne peut prétendre se suffire seul totalement.
L'organisation des Nations unies s'est, depuis que cette
réalité est devenue criante, orientée vers cette fin en
vue de réduire les déséquilibres considérés
comme l'un des facteurs des antagonismes et affrontements qui ont
caractérisé et caractérisent le monde ; et elle(ONU) s'est
conduite même à sa codification(...)3. Il
1 NTUAREMBA O., Le développement
endogène : Données pour une nouvelle orientation
théorique, éd. Africaine, Kinshasa, 1999, p.10
2 NTUAREMBA O., Manuel du Droit International de
développement, L2 RI, FSSAP, UNIKIN, 2010, p.9, Inédit.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 2 -
existe certes, plusieurs moyens (mécanismes)
préconisés par l'Organisation des Nations Unies, à
l'instar des aides au développement, de l'assistance technique et autres
qui se montrent mitigées, figure celui de l'intégration
économique 4 qui, elle, semble être prometteuse.
Ainsi, les grands ensembles (globaux, régionaux et sous
régionaux) que nous voyons spolier la planète et tous les
continents du monde existent dans cette fin.
Le continent africain, en particulier, l'un des continents du
monde dévasté par la pauvreté et qui est dans l'emprise du
sous-développement ne fait pas exception à la règle.
Comprenant cette nécessité de faire un front commun pour relever
les défis du développement, les Etats africains, au lendemain de
leurs indépendances, ont formé, d'abord un grand ensemble
continental, l'OUA (organisation de l'Unité Africaine) devenue
aujourd'hui l'UA (Union Africaine), et ensuite en raison de certaines
affinités (rapprochement) géographique et quelques divergences
d'ordre politique, idéologique, culturel, etc...., ils ont formé
des regroupements d'intégration sous-régionaux pour lutter
ensemble, dans leurs sous régions respectives, contre le
sous-développement et son corollaire la pauvreté afin de
permettre aux populations de la région d'atteindre le
bien-être.
De ce fait, les regroupements d'intégration
sous-régionaux se sont créés en Afrique, de l'Afrique du
Nord (ligue Arabe,) en passant par l'Afrique centrale et de l'ouest (CEDEAO,
CEEAC, CFA) et enfin l'Afrique orientale et australe (CPGL, COMESA et SADC).
Cette dernière (SADC) qui est une organisation
d'intégration économique dans laquelle la République
Démocratique du Congo a adhéré depuis le 20 février
1998 et qui semble, sur le plan continental, donner beaucoup d'échos et
vivacités, et semble être prometteuse comparativement à
d'autres organisations, constitue l'objet même de notre travail. Et comme
toute organisation en processus en vue d'atteindre ses fins, il présente
des enjeux pour chaque Etat membre.
De tout ce qui précède, il sied de se poser
quelques questions :
Quels sont les enjeux que présente le processus
d'intégration économique de la SADC pour la RDC ?
Quels sont les défis que doit relever la RDC pour sa
participation active afin de permettre à la SADC d'atteindre ses
objectifs et à elle-même d'en tirer profit ?
Telles sont les questions qui constituent notre
problématique auxquelles nous allons tenter de répondre tout au
long de ce modeste travail.
4 Voir le Chapitre VIII de la Charte de l'ONU
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 3 -
2. Hypothèse du travail
L'hypothèse se définit, selon Roger PINTO, comme
« la proposition des réponses aux questions que l'on se pose
à propos de la recherche formulée en des termes tels que
l'observation et l'analyse puissent tenter une réponse
»5.
Ainsi, anticipativement, pour parfaire une intégration,
il existe des grands enjeux pour chacune des Entités étatiques
dont l'importance dépend de l'intérêt
(bénéfice) qu'on y attire et dont la mise en valeur favorise
l'intégration et le développement de la sous-région. Et
pour ce qui est de la République Démocratique du Congo, les
grands enjeux sont :
? Economiques :
En dehors du vaste marché que lui offre la SADC
notamment pour la valorisation de son potentielle énergétique, en
eau douce et ressources naturelles dont elle dispose, la R.D. Congo, en termes
de nombre d'habitants, rappelons-le, occupe la première position dans la
SADC et constitue, de ce fait, un vaste marché pour les pays membres de
la SADC. Aussi, ce processus constitue un enjeu économique énorme
pour la RDC, car il lui offre la possibilité d'un vaste marché
pour valoriser ses potentialités naturelles dont : -L'Eau,
l'énergie hydroélectrique, la forêt et les terres arable,
les ressources minières et le capital humain.
? Politiques :
Le climat de collaboration et de confiance, de la
stabilité politique dont bénéficie la région, de la
solidarité et de la collaboration diplomatique et politique, de la
sécurité des frontières et d'une entente mutuelle ou d'une
guerre de leadership sont aussi des enjeux pour la RDC, quand bien même
quelques puissances profiteraient cette intégration pour imposer leur
diktat.
? Sociaux et culturels :
Etant donné que la RDC est le pays le plus vaste en
termes d'habitants et de superficie au sein de la SADC par conséquent,
culturellement aussi forte. Cette intégration est une occasion pour elle
d'exporter sa culture à travers notamment sa musique, le sport et
autres, si elle ne veut pas qu'elle soit envahie par l'extérieur. Le
capital humain congolais pourrait se former en profitant même de la
connaissance nouvelle et des technologies avancées qu'apportent d'autres
Etats de la région.
Toutefois, pour intégrer les économies de la
sous-région d'Afrique australe et permettre à la RDC de
concurrencer les autres économies, cette dernière a des
défis à relever aux niveaux internes, notamment ceux de rendre
son économie
5 PINTO, R., Méthode des sciences
sociales, édition Dalloz, Paris, 1986, p.20
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 4 -
compétitive à même de concurrencer les
autres, en diversifiant son structure économique .
Ainsi, Pour ce qui concerne la RDC, plusieurs mesures tant sur
le plan politiques qu'économique méritent d'être prises
:
1. Politiques : consolider la
stabilité politique et asseoir véritablement la
démocratie, la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion de
la chose publique, prendre des mesures politiques énergiques pour
assainir le milieu des affaires et éviter les interférences
politiques, etc., ...
2. Economiques : Reformer et renforcer la
capacité productrice des entreprises existantes afin de les rendre
compétitives, construction nos infrastructures et routes des dessertes
agricoles, relever la production agricole et chercher l'économie du
savoir, assainir le cadre-macro-économique et stabiliser le taux de
change, améliorer le climat des affaires, etc....
3. Socio-culturels: assurer la
répartition équitable des revenus national, assurer
l'éducation et la formation des cadres et élites de demain ;
garantir les soins de santé essentiels aux fonctionnaires de l'Etat et
à la population ; assainir le système éducatif qui est
démodé, bafoué et inadaptée à l'heure
actuelle, Construire des nouvelles infrastructures sportives et des salles
spectacles, etc,
Tels sont des défis, à notre humble avis que la
RDC doit relever pour sa participation active dans la recherche du
développement que prône la SADC de telle sorte qu'elle ne puisse
pas subir l'intégration ; mais participer activement à la
construction et la réussite de ce grand ensemble « SADC » et
atteindre ses objectifs.
3. Choix et intérêt du sujet
Les mutations et les bouleversements que traversent le monde
amplifiés par le processus irréversible de « mondialisation
» n'épargnent pas l'Afrique. Ces changements, occasionnés
aussi à la fois par les objectifs du millénaire (le
développement et le bien-être de l'humanité), poussent les
acteurs privilégiés des Relations Internationales, à
rejeter l'idée de vivre en vase clos , et de créer des
regroupement d'intégrations régionaux (sous-régionaux)
pour mener des actions communes en vue d'atteindre l'objectif du
développement et réduire les inégalités qui les
caractérisent. La création de la SADC en 1992 et
l'adhésion de la République Démocratique du Congo en 1998
répond à cette logique et ne peut nous (internationalistes
relationnistes) laisser indifférents, car elle ne peut qu'attirer notre
attention.
En fait, le choix de ce sujet a été
motivé par le souci de relever les conditions précaires dans
lesquelles vivent les congolais en accompagnant les décideurs dans leur
quête des stratégies de développement, de pouvoir jeter un
regard sur les enjeux que présente ce processus pour notre pays, la
RDC.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 5 -
En optant ainsi pour ce sujet, notre intérêt est
double ; à la fois pratique
et théorique :
- Sur le plan théorique :
Cette réflexion est notre contribution scientifique qui
sera à la portée de toutes les autorités et
décideurs de notre pays comme un outil de réflexion ; et aussi il
aidera d'autres chercheurs désireux de poursuivre les investigations
dans ce domaine.
- Sur le plan pratique :
L'intérêt réside dans l'analyse de la SADC
et de processus d'intégration économique, démontrer les
avantages d'une intégration économique et aussi les enjeux et les
défis de l'intégration économique.
En fait, ce travail permet d'éclairer le processus
d'intégration économique initiée par les pays membres de
la SADC, les bien-fondés de ce processus et les défis majeurs de
la SADC et ceux de pays membres particulièrement la RDC.
4. Délimitation du sujet
L'une des caractéristiques d'une étude
scientifique est la précision laquelle s'obtient par la circonscription
ou la détermination du champ d'études, soit la
délimitation tant temporelle que spatiale de l'objet d'étude.
Ainsi, tout chercheur, dans l'élaboration et son projet
de recherche, est pour lui malaisé et imprudent, de projeter ses
recherches dans la nuit du temps sans en déterminer les bornes ni
même l'étendue. Il doit toujours délimiter le sujet dans
les dimensions spatio-temporelles pour en rendre plus précises et que
les lecteurs comprennent et situent son objet.
Pour mener à bon port notre étude, nous l'avons
délimité dans le temps et dans l'espace :
? Sur le plan spatial.
Celui-ci désigne l'espace physique, géographique
sur lequel se déroulent nos investigations. Pour notre part, il comprend
la sous-région de l'Afrique australe qui regroupe la majorité des
Etats de cette sous-région dans une même organisation dite «
SADC » qui comprend actuellement 15 pays y comprise la RDC.
? Sur le temporel :
Notre étude va de 2006 à nos jours. Cette date
se justifie par le fait que c'est en 2006 que la RDC a eu un gouvernement
légitime issu des voix des urnes en marque en même temps le retour
crédible de la RDC sur la scène internationale et
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économies. Enjeux et défis congolais
- 6 -
aussi par le faite qu'avril 2006 s'est tenue une
Conférence consultative SADC/ partenaires de coopération
(Windhoek) : Adoption d'une Déclaration sur les principes de l'aide
entre la SADC et ses partenaires, définition de cinq domaines
prioritaires et création de groupes thématiques pour la
coopération avec les bailleurs La borne 2010 marque, en fait, la fin
d'années de nos études.
5. Méthodes et techniques
Tout chercheur scientifique a le noble devoir de
démontrer ou de déterminer si pas à l'avance, mais
même à la fin de son étude, la démarche par laquelle
il a accédé à la vérité scientifique et les
moyens de son acquisition.
A. Méthodes
Le Dictionnaire Larousse définit le mot «
méthode » comme : « la démarche rationnelle de l'esprit
pour arriver à une vérité6. PINTO Roger et
GRAWITZ Madeleine définissent la méthode comme étant :
« l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle
poursuit, les démontre et les vérifie »7.
Ainsi, pour arriver à bien mener notre étude,
nous avons eu à recourir à deux procédés
méthodologiques : la méthode systémique
et la méthode historique.
? La Méthode systémique
:
Cette méthode analyse la réalité sociale
en considérant les différents éléments d'un
système comme un tout c'est-à-dire dépendant les uns des
autres dans la mesure où le changement de l'un des
éléments réels qui sont liés a une quelconque
interaction.
De ce fait, l'usage de cette méthode dans notre
étude peut se justifier par le fait que nous considérons la SADC
comme un système possédant une structure propre et au sein de
laquelle chaque élément est appelé à remplir une
fonction déterminée. Le système est entendu ici au sens
d'un ensemble d'éléments organisés en relation
d'interdépendance. Et pour mieux appréhender les interactions
entre les Etats membres de la SADC, et en fonction de chaque Etat ; la
méthode systémique nous parait celle convenue pour y parvenir.
? La méthode historique :
Elle nous a permis de pouvoir analyser et expliquer le
processus d'intégration de la SADC suivant certains faits historiques et
événements qui remontent depuis sa création en août
1998 à Windhoek, l'adhésion de la République
Démocratique du Congo en 1998, la mise en place de la ZLE de la SADC en
2008, les
6 Le Dictionnaire Larousse de poche, p.262
7 PINTO, R. et GRAWITZ , M., Méthodes en
sciences sociales, Paris, Dalloz, 1971, p.20
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économies. Enjeux et défis congolais
- 7 -
différents sommets de la SADC et l'avant dernier tenu
à Kinshasa en 2009 et le dernier à Windhoek en 2010. Elle permet
d'expliquer et décrire les le processus d'intégration
économique de la SADC en fonction des événements actuels
et des faits passés.
B. Techniques
Nous entendons, par technique, les moyens exploités par le
chercheur
dans la phase de collecte de données qui
intéresse son étude8. Elle est entendue aussi, selon
GOODE, dans son ouvrage « méthods in social reseach », comme
activité permettant à un chercheur de récolter dans une
certaine mesure, de traiter les informations9. Dans le cadre de
notre étude, nous avons fait recours à :
la technique documentaire qui a
permis de consulter une abondance d'ouvrage, revues et des rapports officiels
des certaines organisations y compris la SADC et autres en rapport avec notre
sujet d'étude.
la technique d'audiovisuel nous a
été aussi d'une importance capitale car en suivant le
déroulement des différents sommets des chefs d'État et
conférence des experts de la SADC organisées à Kinshasa et
voire ailleurs, nous avons bénéficié des informations
nécessaires pour notre étude.
L'internet également nous a
servi d'un outil important dans la récolte des données en rapport
avec notre sujet de recherche.
6. Difficultés rencontrées
L'élaboration d'une oeuvre scientifique est plein
d'embûches pour tout chercheur, soient-elles d'ordre financier,
matériel, documentaire et communicationnel, etc. Et nous aussi,
étions butés aux mêmes difficultés, par exemple
l'accès à la documentation n'était pas facile ; le manque
des moyens financiers et de déplacements ne nous a pas
épargnés. Malgré ces innombrables difficultés, nous
sommes parvenu quand même à la réalisation de cette modeste
oeuvre.
7. Plan sommaire
A la lumière de ce qui précède et loin
d'épuiser la substance du sujet, nous pensons aborder notre étude
dans un plan tripartite précédée par une introduction
générale, ainsi qu'une conclusion générale viendra
boucler cette cogitation.
? Le premier chapitre de notre étude est axée sur
les généralités ;
? ensuite, le deuxième chapitre, lui, sera
focalisée sur la SADC et le processus d'intégration de ses
économies ;
? enfin, le dernier chapitre qui est consacré sur les
enjeux et défis de la RDC dans le processus d'intégration
économique de la SADC.
8 KUYUNSA, B, et SHOMBA KINYAMBA S., Initiation aux
méthodes des recherché en sciences sociales,
PUZ, Kinshasa, 1995, p58s
9 GOODE ,W., T, Méthods in Social
Reseach, D.C. Graw, Hill Book, New York, 1952, p5
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 8 -
CHAPITRE I : GENERALITES
Ce chapitre qui aborde les généralités se
subdivise en trois sections qui sont à leur tour divisées en
paragraphes. La première section définit les différents
concepts concernés dans ce travail alors que la deuxième section
aborde la notion de l'intégration économique, ses approches
théoriques ainsi que ses formes et dernière section fait une
présentation de la RDC.
Section 1 : Définition des concepts
§1. Intégration (Voir section 2ème
)
§2. Enjeu
Nous entendons par « enjeu »
ce que l'on risque de gagner ou de perdre
(dans un projet, une compétition, une entreprise) ou
une somme d'argent mise en jeu et qui revient au gagnant10. L'enjeu
est un élément d'une valeur indispensable. C'est le poids, la
valeur, elle peut être définie comme tout ce qui peut avoir une
incidence sur l'ensemble des intérêts, préoccupation,
besoins, attentes, contraintes et risques ressentis par les acteurs
internationaux dans une coopération ou une compétition. Un enjeu,
n'est jamais clairement défini, il est évolutif parfois
intangible, relatif par rapport au temps et aux circonstances.
§3. Défi
On entend par défi, une entreprise difficile qui met
à l'épreuve les
capacités ou les compétences (d'une personne ou
d'un groupe de personnes dans un domaine particulier) ; ou mettre en jeu toutes
ses forces, ses capacités ou ses
compétences pour remporter une compétition ou un
combat ou pour surmonter une épreuve11.
Section II : Généralités sur la
notion d'intégration économique
§1.Définition
Avant de parler de l'intégration économique
proprement dite, nous tenterons d'abord de cerner la sémantique du
concept « intégration ».
1.1. Intégration
L'intégration est un concept pluridimensionnel et
plurisectoriel. En effet, elle peut revêtir plusieurs dimensions,
à savoir : économique, politique, sociale, culturelle, voire
militaire. Il existe un chapelet des définitions de ce concept selon les
auteurs et l'optique dans laquelle on se place12.
10 Dictionnaire Encarta® 2009.
11 idem
12 KABAMBA, W.K., Les Organisations
régionales, Séminaire de DEA, inédit, FSSAP/UNIKIN,
2009, pp 20-21
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économies. Enjeux et défis congolais
- 9 -
D'une manière générale, intégrer
c'est rassembler les éléments pour en former un tout ou
réunir les parties existantes de façon à faire un tout
organique ou encore augmenter la cohésion d'un tout déjà
existant. A. Cuvilier définit l'intégration comme l'ensemble des
phénomènes par lesquels se constitue l'unité organique
d'un être vivant, d'un système mental, d'une
société. Pour A. Lalande, c'est l'établissement d'une
interdépendance étroite entre les parties d'un être vivant
ou entre les membres d'une société.
Selon Jean Barrea, l'intégration se situe sur deux
plans : interne et international. Dans sa phase interne, le processus
d'intégration consiste à accroître la solidarité
entre les éléments d'un ensemble préexistant, à
accroître et à développer la cohésion d'un ensemble
déjà constitué. C'est à cette phase que se
réfère Maurice Duverger lorsqu'il définit
l'intégration comme « un processus d'unification d'une
société qui suppose non seulement la suppression des conflits,
mais aussi le développement des solidarités ».
De l'avis de François Perroux, le concept
d'intégration renvoie tour à tour à la réalisation
d'un projet politique, aux étapes du processus d'intégration et
au processus lui-même ; l'intégration se confond parfois avec le
but du projet, l'objectif ultime, le résultat du processus. Dans ce
sens, intégrer c'est augmenter la cohésion d'un tout existant
»13.
Considérée sous son aspect international,
l'intégration peut être définie comme à la fois un
processus et une situation qui, à partir d'une société
internationale morcelée en unités indépendantes les unes
des autres, tendent à leur substituer des nouvelles unités plus
ou moins vastes, dotée au minimum du pouvoir de décision soit
dans un ou plusieurs domaines déterminés, soit dans l'ensemble de
domaines relevant de la compétence des unités
intégrées, à susciter, au niveau des consciences
individuelles, une adhésion ou une allégeance et à
réaliser, au niveau des structures, une participation de tous au
maintien et au développement de la nouvelle
unité14.
1.2. Forme de l'intégration15
1. L'intégration nationale
L'intégration nationale est celle qui se réalise
à travers les liens d'interdépendance entre les
différentes composantes économiques d'un pays lesquelles sont
fonctionnelles et structurelles dans le but d'atteindre un objectif
commun16.
13 François Perroux cité par Ndeshyo
Rurihose, Le Système d'intégration africaine, PUZ,
Kinshasa, 1984,
p.8
14 KABAMBA, W. K., op.cit., p.25
15 NTUAREMBA, O., Economie de développement
: Fondement et politique, Kinshasa, éd. M.E.S, 2008, pp.370-400
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 10 -
2. Intégration régionale
Ce type d'intégration permet aux Etats de créer
des grands espaces économiques, et des marchés largement
bénéfiques aux membres. Sur le plan économique, le
processus vise à créer une entité nouvelle à partir
des unités économiques nationales.
3. Intégration internationale
Pour Haas Ernest, l'intégration internationale est le
processus par lequel les acteurs politiques de différentes
communautés nationales sont déterminés à
réorienter leurs allégeances dire que leurs aspirations et leurs
activités politiques vers un nouveau centre dont les institutions
possèdent une autonomie de gestion sur les Etats nationaux
préexistants17.
Selon les domaines, il y a : intégration politique,
culturelle et économique. Dans le présent travail, nous nous
pencherons particulièrement sur la notion de l'intégration
économique dans un cadre régional.
1.3. Intégration économique
Le concept « intégration » a
été utilisé pour la première fois, par les
Economistes, dans le domaine de l'Economie industrielle, pour désigner
les opérations de combinaison, de fusion d'entreprises. Si l'on en croit
l'économiste néo-américain Fritz Machlup, aucun ouvrage
traitant d'Economie internationale et antérieur à l'année
1953, ne comporte le mot « intégration » dans la table d'index
des matières. S'il en est ainsi, c'est parce que l'intégration,
en tant que politique économique, est un phénomène
relativement récent, ayant remplacé une famille de mots tels que
rapprochement par la coopération et la solidarité,
fédération, fusion, unification ; tout ceci dans des domaines
plus ou moins étendus de l'activité
économique18.
Parlant de l'intégration économique, Raymond
Aron(19) considère que « deux unités
économiques peuvent être considérées comme ayant
réalisé le plus haut degré d'intégration quand les
transactions entre deux individus placés dans l'une et l'autre
unité ressemblent, à très peu de choses près,
à des transactions entre individus de la même unité ».
En d'autres termes, c'est l'élimination de la discrimination entre les
unités économiques appartenant à différentes
nations et l'unification des plans d'un ensemble de centres de décisions
appelés à former un seul système économique.
16 NTUAREMBA O., Op.cit, pp.380-400
17 BARREA J., Op.cit, p297s
18 FRITZ MACHLUP, cité par DIOUF, M.,
Intégration économique : perspectives africaines,
Nouvelles éditions africaines, Paris, 1984, pp. 20-21.
19 Des définitions de l'intégration
économique sont tirées de « Les organisations
régionales », op.cit.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 11 -
Le professeur Gervais Kabamba wa Kabamba la définit
comme la création d'un ensemble économique nouveau
intégré qui transcende les économies nationales. Ce qui
implique l'existence d'une entité économique stable et reconnue
comme telle sur le plan international et qui est douée d'une
cohérence interne. C'est un ensemble coordonné de structures
reposant sur un système commun de normes juridiques telles que
l'harmonisation des plans et des programmes de développement des
différentes composantes, de différents Etats.
François Perroux, se référant à la
théorie de l'équilibre qui conçoit l'économie comme
une machine autoreglée ou l'équilibre de prix et quantités
et se présente sous forme d'équivalence ou sous forme de retour
automatique aux niveaux stables, définit l'intégration comme le
couplage de deux ou plusieurs nations ou couplage des marchés nationaux
liés par les prix-quantités. L'intégration devient donc
une situation d'équilibre de prix-quantités des unités
participantes donnant ainsi lieu à des grandes probabilités de
satisfaction optimale pour chacune des composantes intégrées.
Pag Ugo, pour sa part, définit l'intégration
économique comme un processus d'élimination progressive
d'obstacles aux échanges entre plusieurs pays, de confrontation entre
les politiques respectives, un processus de coordination et d'harmonisation des
directives économiques principales. J. Timbergen la conçoit, de
son côté, comme la création des structures plus favorables
à l'économie internationale et susceptible d'introduire tous les
éléments favorables à la coordination et à
l'unification des Etats.
Bela Balassa considère l'intégration
économique à la fois comme un processus et un état (ou une
situation). En tant que processus, elle se « réfère à
l'introduction des mesures telles qu'elles tendent à
l'élimination de toute discrimination entre les unités
économiques appartenant aux différents Etats nationaux ».
Comme situation, « elle signifie l'absence de discrimination entre les
économies nationales »20. Les processus
d'intégration économique régionale se différencient
par leur degré d'institutionnalisation, par leur rythme, par leur
approfondissement et/ou par leur élargissement.
De tout ce qui précède, pour notre part,
l'intégration économique peut être
appréhendée comme une politique économique mise en oeuvre
à l'échelle d'un certain nombre de pays soucieux de mettre en
place une communauté économique. C'est un processus ou un
état de conformité des normes et des structures entre plusieurs
entités économiques indépendantes désireuses
d'augmenter le volume de transactions permanentes entre elles.
20 GBETNKOM, cité par MIGNAMISSI, D.,
Réformes macroéconomiques et intégration par le
marché dans la Cemac, Mémoire DEA, inédit, Sciences
Economiques/Université de Yaoundé II, 2006, p.77
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 12 -
§2.Caractéristiques de l'intégration
économique
L'intégration économique se présente sous
différentes formes selon les pays concernés. Mais par-delà
les particularités, on peut dégager trois caractéristiques
communes21. Toute intégration économique repose sur
:
? La liberté totale de circulation des marchandises
entre les pays concernés ;
? Une certaine division du travail entre les pays membres.
Cette division du travail, qui est synonyme de spécialisation dans telle
ou telle fabrication, constitue la base des échanges commerciaux ;
? Une certaine discrimination à l'encontre des pays
tiers. Celle-ci peut prendre la forme de droits de douane imposés sur
les produits en provenance des pays non membres à l'organisation, alors
que ceux des pays membres de la communauté en sont exemptés.
Cette discrimination peut aussi exister lorsque, dans une communauté
économique, un pays vend à ses partenaires des matières
premières stratégiques à un prix nettement
inférieur au prix du marché mondial auquel il vend aux pays
tiers. L'OMC, qui interdit la discrimination en matière commerciale,
admet toutefois une dérogation pour les pays qui sont partenaires dans
un ensemble communautaire.
L'existence de ces caractéristiques communes n'exclut
pas de différences très sensibles dans les politiques
d'intégration.
§3.Objectifs de l'intégration
économique
Les expériences d'intégration économique
se déroulent dans des espaces socioéconomiques
déterminés : pays capitalistes développés, pays
socialistes, pays sous-développés. Dès lors, il y a lieu
de penser que parmi les objectifs recherchés, si certains sont
universels, d'autres sont spécifiques aux préoccupations
précises des pays concernés.
3.1. Objectifs généraux
a) La recherche des économies
d'échelle
Une économie d'échelle renvoie à
l'accroissement de l'efficience d'une entreprise grâce à la baisse
du coût unitaire des produits obtenus en augmentant la quantité de
la production. En d'autres termes, on parle d'économies d'échelle
lorsque le volume de production d'une entreprise augmente plus vite que
l'augmentation des facteurs de production. Dans ces conditions, le coût
moyen diminue au fur et à mesure que l'entreprise augmente son
échelle de production ; ce qui lui permet d'obtenir un avantage
concurrentiel par rapport aux autres producteurs22.
21 DIOUF, M., op.cit. p.21
22 « L'Economie d'échelle » in ligne
http://economie.trader-finance.fr/economie+d+echelle/,
consulté le 21 mars 2010
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 13 -
Les avantages de l'exploitation des économies
d'échelle sont nombreux : baisse des coûts de production,
meilleure division du travail entre les entreprises ou les pays qui se
spécialisent dans les productions où ils sont les plus efficaces,
etc. Dans ces conditions, les économies d'échelle peuvent
être vues comme un moyen de stimuler la production, l'efficacité
du travail et donc d'inciter à innover23.
On peut distinguer les économies d'échelle
obtenues par rapport au seul coût de production (baisse du coût
unitaire des produits par rapport aux quantités produites) des
économies d'échelle obtenues par rapport au coût de revient
(baisse du coût unitaire des produits par rapport aux quantités
vendues). Cette distinction permet notamment d'évaluer les
bénéfices et le prix des actions strictement commerciales ou de
marketing que réalise une entreprise pour augmenter l'efficience de ses
activités.
Le principal inconvénient est la constitution de
monopole ou d'oligopole favorisée par l'effet taille des entreprises. En
effet, intimement liées à la nature de la croissance
économique et à celle du capitalisme, les économies
d'échelle sont historiquement à l'origine d'une concentration et
d'une spécialisation des entreprises (le même équipementier
automobile fournira des optiques de phares à plusieurs constructeurs et
gagnera des parts de marché par économies d'échelle). Les
économies d'échelle poussent également les entreprises
d'une certaine taille à se « recentrer » sur ce qu'elles
savent le mieux faire, et, par conséquent, à externaliser
toujours plus certaines de leurs activités de fonctionnement (services
paie, entrepôts, transports, etc.)24.
La recherche d'économies d'échelle dans une
intégration économique est un argument appréciable,
surtout pour des pays à marchés intérieurs exigus. En
effet, certains investissements ne peuvent être financièrement
rentables, que si le marché de consommation est d'une certaine
envergure. Cela permet d'étaler les coûts fixes sur un grand
nombre d'unités produites, et d'obtenir ainsi des coûts unitaires
de fabrication très bas, donc une rentabilité financière
plus élevée.
L'existence d'un vaste marché permet de pousser plus
loin la division du travail et la spécialisation entre différents
acteurs à l'intégration et entre entreprises. Ce qui ne peut que
contribuer à accroître la productivité, donc à
réduire les coûts de production dans des proportions
importantes.
b) Le développement du commerce entre pays
membres
L'intégration économique cherche aussi à
renforcer les liens commerciaux entre pays membres d'une Communauté
donnée. Ce, sur selon deux modalités : la création ou
l'extension de commerce (Trade creation), la réorientation
23 DIOUF, M., op.cit. p.21
24 « L'Economie d'échelle » in ligne
http://economie.trader-finance.fr/economie+d+echelle/,
Op.cit
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 14 -
des courants commerciaux (Trade diversion)25. Dans
le cas de création de commerce, un pays membre arrête la
fabrication locale d'un produit donné, pour le recevoir
dorénavant en importation de l'un des partenaires de la
Communauté ; ce qui suppose que le coût de production du
partenaire fournisseur est plus bas, ceci dans le cas d'intégration de
type capitaliste ; ou bien ce qui résulte d'une décision
collective et consciente de répartition des activités de
production, comme cela arrive dans une intégration de type socialiste.
Dans le cas de réorientation des courants commerciaux, un pays membre
cesse d'importer un produit donné de « l'Extérieur »
pour s'approvisionner exclusivement à l'intérieur de la
Communauté.
Dans l'intégration capitaliste26, ces
avantages économiques constituent une donnée dont la
répartition entre pays membres est assurée par les lois du
marché ; ce qui suppose une concurrence très âpre à
l'intérieur de l'ensemble communautaire ; et c'est toujours au plus fort
qu'échoit l'essentiel des avantages.
Dans l'intégration socialiste, par contre, ce ne sont
pas les lois du marché, mais l'action consciente et concertée des
partenaires, qui répartit ces avantages économiques. Cette
répartition s'effectue sur des bases équitables et raisonnables.
Ce qui ne signifie pas de manière égale. La répartition
des avantages est même inégale, car on cherche à
privilégier les partenaires les moins développés au moment
de l'intégration. Tels se présentent les objectifs communs et
universels, poursuivis dans toute politique d'intégration. Mais on
trouve aussi des objectifs économiques qui diffèrent selon les
types d'intégration.
3.2. Objectifs spécifiques
Ils se réfèrent aux spécificités
établies dans les accords de regroupement régional selon que
l'intégration concerne des pays développés, des pays
sous-développés ou, jadis, des pays capitalistes, des pays
socialistes.
§4.Modalités et formes d'intégration
Les expériences d'intégration se rencontrent
généralement à deux niveaux : intégration des
marchés et intégration de la production.
4.1. Intégration des marchés
Dans ce type d'intégration, l'effet recherché
est d'aboutir à la création d'un marché unique
résultant de la fusion des marchés des pays membres ; mais chaque
pays conserve son autonomie totale dans le domaine de la production, ce qui
conduit naturellement à une concurrence plus âpre pour la
conquête de ce marché
25 DIOUF, M., op.cit., p.122
26 Idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 15 -
étendu. L'unification du marché implique bien
entendu la suppression des entraves de toute sorte à la libre
circulation des marchandises. Ces entraves peuvent être
constituées tout simplement par des droits de douane, mais aussi par des
différences dans les politiques économiques internes des pays
membres. Ce qui peut conduire à fausser la concurrence27.
a) La zone de préférences
douanières
La zone de préférences douanières
constitue le premier niveau d'intégration des marchés. Dans une
zone de préférences douanières, un certain nombre de pays
pratiquent, dans leur commerce naturel, des tarifs douaniers nettement plus bas
que ceux en vigueur dans leurs relations commerciales avec les autres pays. Les
droits de douane ne sont donc pas supprimés, mais seulement revus
à la baisse. Historiquement, la zone de préférences
douanières trouve son origine dans les relations commerciales
particulières entre pays Métropoles et leurs colonies.
Actuellement, elle est utilisée comme formule d'Association entre pays
développés (anciennes Métropoles) intégrés
dans un ensemble communautaire et des pays sous-développés
(anciennes colonies). C'est le cas de la Convention d'Association entre l'Union
européenne et les pays Afrique Caraïbe Pacifique.
b) La zone de libre échange
A l'intérieur d'une zone de libre échange, les
droits de douane sont supprimés dans les échanges commerciaux.
Toutefois, chaque pays membre reste maître de sa politique
douanière avec les pays tiers. Mais cette situation peut faire
naître quelques difficultés. En effet, compte tenu de
l'inexistence d'un tarif douanier extérieur commun, un pays X peut
importer en franchise de douane (ou à des droits très faibles) un
produit donné à partir d'un pays tiers Z, et l'écouler
librement sur le marché du pays Y avec lequel il est
intégré dans une zone de libre échange ; le pays Y peut
alors se trouver gravement lésé parce qu'il subit des
moins-values douanières et surtout s'il se trouve qu'il avait entrepris
pour le produit en question une politique de substitution d'importation.
La solution généralement envisagée
consiste à apposer des certificats d'origine sur les produits en
circulation dans la zone de libre échange ; mais cela ne peut en aucun
cas éliminer complètement toutes les pratiques frauduleuses. La
zone de libre échange peut être une structure définitive.
Les pays membres de l'Association Européenne de Libre Echange, ou de
l'Association Latino-Américaine de Libre Echange, en sont restés
à ce niveau d'intégration des marchés. La zone de libre
échange peut aussi n'être première étape, qu'un
tremplin, pour accéder à des niveaux plus élevés
d'intégration des marchés, tel est le cas de la SADC à
l'heure actuelle.
27 DIOUF, M., op.cit.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 16 -
c)L'union douanière
On retrouve dans l'union douanière, le
désarmement douanier de la zone de libre échange avec une mesure
supplémentaire : le commerce avec les pays tiers est dorénavant
régi par un tarif extérieur commun et unique. Si bien que le pays
membre d'une union douanière renonce pratiquement à toute
souveraineté en matière de politique douanière. Seulement,
il se trouve que les droits de douane ne constituent pas le seul obstacle au
développement des échanges commerciaux. Des entraves à la
libre circulation des marchandises peuvent subsister même après un
désarmement douanier. C'est la raison qui conduit à la mise en
place du Marché commun.
c) Le marché commun
Le Marché commun se situe à une phase
immédiatement après la constitution de l'Union douanière.
Il repose sur deux piliers : la libre circulation des marchandises et la libre
circulation des facteurs. Mais cela ne suffit pas dans une Union
douanière ; la concurrence commerciale peut être faussée
lorsqu'un pays permet à ses entreprises d'obtenir des coûts
d'exploitation plus bas, en leur consentant des faveurs fiscales ou
monétaires.
Lorsque l'Union douanière concerne des pays
sous-développés, il existe en plus, le risque que les facteurs de
production se dirigent vers un pays donné, tout simplement à
cause des conditions particulièrement favorables qui leur sont faites
par la politique économique de ce pays, qui devient ainsi un pôle
d'attraction. C'est pour éviter de telles distorsions économiques
susceptibles de perturber la concurrence, que des efforts d'harmoniser autant
que possible les politiques économiques domestiques des pays membres
s'imposent, surtout dans les domaines fiscal et monétaire. Aussi
l'harmonisation des politiques (la politique fiscale, par exemple) est-elle un
progrès certain, mais uniquement dans le cadre limité de
l'intégration des marchés28.
Ce sont uniquement les exigences de la concurrence qui
conduisent à une telle harmonisation. Il est encore possible de
dépasser l'harmonisation des politiques par l'adoption de politiques
économiques communes dans tel ou tel domaine ; ce qui suppose de la part
des Etats membres certains abandons de souveraineté. Le modèle le
plus connu de Marché commun est, à l'heure actuelle, l'Union
européenne formée de pays capitalistes européens et qui
est associée à un certain nombre de pays
sous-développés d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
e)L'Union économique
Elle constitue l'étape suprême de
l'intégration des marchés. Il y a union économique,
lorsque les pays membres d'un marché commun sont dans une union
28 DIOUF, M., op.cit.,125
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 17 -
monétaire, c'est-à-dire lorsqu'ils utilisent la
même monnaie dont ils partagent la responsabilité de la gestion.
Cependant, les pays africains de la zone franc, s'ils sont en union
monétaire, sont encore très loin du marché commun. D'une
manière générale d'ailleurs, l'intégration des
marchés est surtout développée dans les Economies
régies par le mode de production capitaliste, qu'il s'agisse d'Economies
développées ou sous-développées.
4.2. Intégration de la production
L'intégration de la production est une politique
concertée de rationalisation de la production, dont le fondement repose
sur la négation même de la concurrence entre partenaires
communautaires dans les domaines concernés. L'intégration de la
production peut être mise en oeuvre selon deux modalités 29:
- La première est celle de la
spécialisation. C'est la situation dans laquelle, quelques partenaires
de la Communauté ont compétence (naturelle ou attribuée)
pour fabriquer un produit ou un groupe de produits, pour l'ensemble du
marché communautaire. Ils jouissent alors d'une sorte de monopole
reconnu et accepté, étant pratiquement assurés de ne pas
se heurter à une concurrence quelconque, de la part des autres
partenaires.
- La seconde modalité
d'intégration de la production est celle de la coproduction. Deux ou
quelques partenaires mettent en commun, chacun, un élément de
force productive (matière première, main-d'oeuvre, technologie
...) pour la fourniture commune d'un produit qui sera naturellement
destiné à l'ensemble du Marché Communautaire
Comme nous pouvons le constater, l'intégration de la
production repose généralement sur une division
systématique du travail au niveau des pays membres ; chaque pays membre
se spécialise dans une branche d'activité
déterminée. Telle activité sera localisée dans tel
pays, soit selon des normes de calcul économique, comme une meilleure
rentabilité financière (intégration capitaliste), soit
parce que les pays concernés en ont décidé ainsi
(intégration socialiste)30.
Autrement dit, l'allocation des ressources aura
été effectuée par la loi du profit, ou par la
volonté consciente des Gouvernements des Etats membres. Le
système de coproduction est aussi une variante de l'intégration
de la production. On parle de coproduction lorsqu'une branche d'activité
est exploitée de manière conjointe par deux ou plusieurs pays
partenaires31. L'intégration de la production est surtout
développée dans le cadre des groupes de pays à
économies régies par le mode de production socialiste, dans
lequel l'Etat reste le maître d'oeuvre de toute activité
économique de base. Dans une telle communauté
intégrée, la production intégrée trouve
29 DIOUF, M., op.cit., p.125
30 Idem., p.129 31Ibidem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 18 -
automatiquement comme débouchés les
marchés des pays membres, qui ne se présenteront pas en position
de concurrence ; ce qui signifie une liberté totale de circulation des
marchandises.
L'intégration de la production ne peut donc exister
qu'avec la libre circulation des marchandises, c'est-à-dire, un certain
degré d'intégration des marchés. Seulement, ici,
uniquement parce qu'elle est la base de l'intégration de la production.
C'est d'ailleurs bien la raison pour laquelle, l'intégration des
marchés peut ici rester partielle. Autrement dit, la phase du libre
échange suffit pour assurer l'intégration de la production. Les
pays membres n'ont pas à s'embarrasser des contraintes de l'Union
douanière (tarif extérieur commun) ou du Marché commun
(harmonisation des politiques fiscales) ; ce qui exclut tout risque de
supranational.
L'exemple type d'intégration de la production est celui
des pays socialistes : Conseil d'Assistance et d'Entraide Mutuelle (Comecom).
L'intégration des marchés et l'intégration de la
production sont surtout des tendances. La première est
prépondérante dans le capitalisme, la seconde dans le
socialisme.
a)Spécialisation et division du
travail.
Les deux termes « spécialisation » et «
division du travail » sont presque synonymes dans le vocabulaire des
économistes. Ceux-ci ont toujours considéré la division du
travail comme devant servir aux échanges commerciaux. A
l'intérieur d'un groupe de pays, la division du travail est
déterminée par des différences dans les conditions de
production, dans les avantages et désavantages dont
bénéficie et souffre chaque pays. Les avantages, qu'ils soient
absolus ou relatifs, sont toujours donnés par la Nature.
Certains pays disposent de dotations naturelles en ressources
du sol ou du sous-sol. Leurs exportations de produits primaires (d'origine
minérale, végétale ou animale) correspondront alors
à une certaine spécialisation naturelle. Les produits primaires
constituent d'ailleurs le seul domaine de spécialisation naturelle. Par
contre, la spécialisation opérée sur base de produits
industriels n'a rien de naturel ; elle est toujours créée. En
effet, on peut toujours transposer d'un pays à un autre les facteurs de
production industrielle (machine, technologie, savoir-faire, matières
premières ...).
Ceci étant, la spécialisation naturelle ou
créée, peut être opérée à un niveau
vertical ou à un niveau horizontal, en prenant comme critères
dimensionnels le secteur primaire (ressources du sol et du sous-sol) et le
secteur secondaire (industrie). On parlera alors de spécialisation
verticale, lorsque ce sont les deux secteurs qui se trouvent concernés
en même temps dans les échanges : certains pays sont
spécialisés dans les produits primaires, d'autres dans les
produits industriels. Comme c'est le cas
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 19 -
par exemple lorsque la RDC exporte du cuivre vers l'Europe
pour en recevoir des voitures. La spécialisation verticale est une
spécialisation sectorielle32.
On parlera de spécialisation horizontale lorsque c'est
un seul secteur qui est concerné dans les échanges : à
l'intérieur d'un même secteur, certains pays sont
spécialisés dans telles branches de produits, d'autres pays
étant spécialisés dans telles autres branches de produits.
Comme c'est le cas lorsque le Sénégal exporte des phosphores et
de l'arachide vers la Côte d'Ivoire pour en recevoir du café et du
cacao. Comme cela arrive aussi à l'occasion d'échanges de
produits manufacturés entre pays développés ; la
spécialisation horizontale est une spécialisation interbranche ou
intra-branche. C'est le commerce extérieur, pour être plus
précis, la structure des échanges commerciaux, qui constitue le
révélateur du type de spécialisation en vigueur dans un
ensemble communautaire.
b) Les Actions communes de coproduction
L'intégration de la production ne se réduit pas
aux accords de spécialisation. Elle s'étend aussi aux actions
communes de production, entreprises sur la base d'une
complémentarité que justifie la dotation inégale des pays
en ressources naturelles : matières premières, ressources
financières et ressources techniques. Il peut arriver que l'exploitation
d'une branche d'activité dans un secteur donné, soit d'une
envergure de mobilisation de ressources de toutes sortes, telle qu'un seul pays
ne puisse pas y faire face. Sans être impliqués dans une
expérience communautaire, un certain nombre de pays
intéressés peuvent toujours joindre leurs efforts en vue de la
réalisation d'objectifs communs.
Ce qui est de nature à donner lieu à des
organisations-consortiums, pour mettre en valeur un fleuve commun ou bien pour
lutter contre un péril commun. Mais lorsqu'une telle composition a lieu
entre partenaires communautaires et se traduit par l'implantation
d'unités de production, elle revêt une signification
différente et s'inscrit comme composante du processus
d'intégration lui-même.
§5. Approches théoriques de
l'intégration économique
Historiquement, comme le fait remarquer Maktar Diouf,
l'intégration politique a précédé de loin
l'intégration économique. Aussi n'est-il pas étonnant que
les premières tentatives de construction théorique en la
matière, aient été le fait des politologues. La
théorie de l'intégration a commencé dans la science
politique contemporaine, dans le domaine des Relations
internationales33. On y trouve non seulement les bases de
l'intégration politique, mais aussi le cadre de l'intégration
32 DIOUF, M., op.cit., p.129
33 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 20 -
économique. L'approche politique constitue le fondement
des unions politiques. Celles-ci peuvent être construites sur diverses
bases.
5.1..Le Fédéralisme
1.1. Fondement théorique du
fédéralisme
Le concept « fédéralisme » tire son
origine du mot latin « foedus ». Si l'on peut y voir un embryon
d'Etat fédéral à travers les cités de la
Grèce antique, il faudra parler davantage d'organisation
confédérale que fédérale. Le
Fédéralisme tel qu'on l'entend aujourd'hui est issu
essentiellement de la Suisse avec, en 1291, son pacte défensif permanent
entre cantons qui posera les fondements et sera à l'origine de ce qu'on
appellera plus tard la Confédération Helvétique et qui
évoluera progressivement vers une forme d'Etat fédéral en
adoptant une Constitution fédérale en 1848. A l'exemple Suisse,
il faut ajouter celui des Etats-Unis d'Amérique. D'une certaine
manière, c'est la Constitution des Etats-Unis de 1787 qui va donner les
fondements modernes du Fédéralisme34.
En effet, c'est aux Etats-Unis, lors de la Convention de
Philadelphie en 1787, qu'a été mis au point le
Fédéralisme. Face aux querelles entre les Etats et au chaos qui
régnait après la guerre d'indépendance, la
nécessité d'unir les 13 Etats sous une autorité centrale,
tout en gardant une large part d'autonomie pour ces Etats, a
émergé. Cette philosophie de « l'unité dans la
diversité » cherche donc à réaliser
l'équilibre entre des composantes qui présentent des
différences marquées afin d'éviter l'éclatement.
Le fédéralisme désigne un système
politique dans lequel le gouvernement central d'un Etat souverain partage avec
des entités fédérées qui forment cet Etat, les
diverses compétences constitutionnelles que sont le législatif,
le judiciaire et l'exécutif. C'est un modèle d'organisation
politique dans lequel les activités du gouvernement sont divisées
entre les gouvernements régionaux et un gouvernement central, de sorte
que chaque type de gouvernement décide sur ses
activités35.
1.2. Types de
fédéralisme
D'une façon générale, on peut
dégager deux principaux courants que sont le fédéralisme
hamiltonien et le fédéralisme intégral36. Le
fédéralisme Hamiltonien, dénommé ainsi en raison
/des idées de l'auteur américain Alexander Hamilton, se base et
se focalise pour l'essentiel sur une vision purement démocratique et
institutionnelle. Ce qui implique un détachement vis-à-vis
d'idéologies politiques.
34 Institut du fédéralisme, Le
Fédéralisme : une conception politique et philosophique de la
société, Université de Fribourg, en ligne
http://federalisme.free.fr/page2.htm
35 idem
36 MPWATE, N.G., Cours des théories de
coopération internationale, L2 RI., FSSAP, UNIKIN, inédit.
39 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 21 -
Les citoyens évoluent à leur gré. Libres
à eux de s'organiser comme bon leur semble et de déléguer
des compétences plus ou moins importantes aux institutions de leur
choix.
A contrario, le second courant de pensée, le
fédéralisme intégral ou encore global, répond
à d'autres considérations. Les tenants de ce type de
fédéralisme soutiennent l'idée d'un
fédéralisme non plus purement institutionnel mais aussi et
surtout respectant les préceptes d'une philosophie politique. Sans pour
autant s'opposer, ces courants philosophiques du fédéralisme
procurent un visage multiple au fédéralisme.
Il sied de faire également une distinction entre le
fédéralisme par association et le fédéralisme par
ségrégation37. Le fédéralisme par
association est un système fédéral formé
d'après la réunion de plusieurs Etats qui admettent de se
soumettre à une autorité supérieure commune. Quant au
fédéralisme par ségrégation, il s'agit d'un
système fédéral formé à la suite de la
dissociation d'un Etat antérieurement unitaire en plusieurs Etats qui
admettent toutefois de se soumettre à une autorité
supérieure commune. En effet, le fédéralisme est une
recherche d'équilibre entre respect des diversités et besoin
d'unité, entre séparatisme et mutualité. La
souveraineté au sein d'un Etat fédéral fait l'objet d'un
partage non hiérarchisé entre un gouvernement central et ses
gouvernements provinciaux.
Selon le professeur LABANA, quelques préalables
s'imposent, pour rendre effectif le fédéralisme. Il
faut38 :
- La réunion de plusieurs éléments :
éléments éthique, communauté de langue, de culture
;
- L'identité de vue, d'options politiques,
économiques, culturelles et sociales ;
- Un certain équilibre dans la conscience collective,
entre ce sentiment
d'appartenance au groupe total et le sentiment d'appartenance au
groupe partiel.
Pour les auteurs, le fédéralisme n'est possible
que là où il y a une certaine identité d'options
politiques, économiques, culturelles et sociales. Il faut
également une certaine complémentarité des
économies des Etats partenaires pour permettre de larges
possibilités d'intégration entre les différents secteurs
économiques de différents pays39.
Le fédéralisme est donc un système
politique adaptable qui permet, contrairement à d'autres
systèmes, d'intégrer au coeur d'un même ensemble politique
souverain plus facilement des assises territoriales que rien forcement ne
prédestinait à rapprocher. Les peuples sédentaires dont
l'attache à un territoire est très forte sont
37 Institut du fédéralisme,
op.cit.
38 LABANA, L., et alii, Les Relations
internationales. Présentation panoramique et approches
théoriques, éd. MES, 2006, p. 231
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 22 -
moins réticents à se joindre à une
Fédération qui leur assure une relative indépendance
plutôt qu'à intégrer un Etat unitaire dont l'organisation
tend à harmoniser les cultures. L'aspect fédéral devient
par la force des choses, un système politique dont la nature propre
pousse à outrepasser les frontières et à rapprocher le
plus grand nombre.
1.3. Différence entre fédération
et confédération
Sur cette base, au niveau international, on peut trouver deux
modalités d'intégration politique : la fédération
d'Etats et la confédération d'Etats. Dans le cas de
fédération, les Etats qui se sont unis n'ont pas d'existence au
regard du Droit international qui ne reconnait que l'Etat fédéral
unitaire. Dans le cas de la confédération, c'est l'inverse : le
Droit international ne reconnait pas la confédération, mais les
Etats qui la constituent. Les relations entre les Etats
confédérés sont régies par le traité qui
détermine en même temps les domaines de compétence de la
confédération ; les relations de chacun des partenaires avec le
monde extérieur continuent à être régies par le
Droit international. Bien entendu, il n'existe pas de nationalité
confédérale. La confédération manifeste son
existence surtout par la mise en commun de certains services (police,
armée, douanes...).
Sur le plan historique, il n'est pas rare que la
confédération, structure instable, évolue vers la
fédération (cas de la Suisse à l'origine
Confédération devenue fédération, même si
l'on parle toujours de l'appellation de Confédération
helvétique). Dans la démarche fédéraliste,
l'intégration est considérée comme un
phénomène spécifiquement politique. Une
fédération peut se constituer soit par la régionalisation
d'un Etat préalablement unitaire (avec un degré d'autonomie qui
diffère éventuellement d'une région à l'autre) soit
par l'union d'Etats préalablement indépendants ou simplement
confédérés, ceux-ci gardant de larges pouvoirs pour leur
fonctionnement interne (« subsidiarité »).
5.2.La démarche pluraliste
Elle repose sur l'idée d'Etat-Nation.
L'intégration devra être entreprise sur une base politique,
à partir d'Etats-Nations pleinement souverains, dans le seul but de
promouvoir la paix internationale, du fait de la faillite de la diplomatie,
dans ce domaine. La démarche pluraliste est aussi appelée
théorie de la communication développée par Karl Deutsch
selon laquelle la régularité, l'intensité des
communications de toutes sortes constituent le facteur intégrationniste
le plus sûr40.
Selon le professeur Labana, la théorie de
communication, qui s'inspire de la cybernétique et qui les applique aux
relations entre les nations ou les groupes de populations, met l'accent sur le
volume de leurs transactions considérées comme le meilleur
indicateur. Elle part de l'hypothèse selon laquelle la cohésion
entre les
40 DIOUF, M., op.cit., p.18
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 23 -
individus se mesure et se développe à partir de
l'importance des rapports et des interactions entre eux. Parmi les indicateurs
utilisés pour apprécier le flux des transactions sociales, il y a
lieu de citer entre autres les courriers, les communications
téléphoniques, le montant des transactions commerciales et les
échanges des étudiants41. Les pluralistes, à
l'image des fédéralistes, conçoivent l'intégration
comme un phénomène exclusivement politique.
Karl Deutsch, se référant au modèle
européen, définit l'intégration comme étant un
« sens de la communauté accompagné d'institutions et de
pratiques-formelles ou non - suffisamment fort et répandu pour donner la
certitude raisonnable que l'évolution des relations entre les membres du
groupe se produira pacifiquement pendant une longue période de temps
»42. L'approche transactionnaliste accorde une attention
particulière aux conditions nécessaires à la naissance et
au développement du processus d'intégration en s'appuyant plus
sur la pratique réelle que sur une base formelle. Les tenants de cette
école, qui est du reste fortement influencée par la science des
communications sociales chère à Deutsch, appréhendent
l'intégration comme un processus d'intensification du réseau de
communications sociales.
Somme toute, l'intégration, selon l'école
transactionnaliste, est un processus qui part d'une assimilation sociale
régionale à une intégration politique résultant de
la naissance d'un sentiment de communauté et de la
préférence de l'identité communautaire au dépends
des appartenances nationales43.
5.3. Le Fonctionnalisme et le
Néo-fonctionnalisme
3.1. Fondement théorique du
Fonctionnalisme
Les théories sur l'intégration trouvent leur
précédent dans la théorie du « fonctionnalisme »
du britannique David Mitrany, qui apparait dans les années 30 entre
l'idéalisme des années 20 et le fédéralisme de
l'après guerre mondiale. Mitrany était en quête des
formules pour la construction d'un système universel de paix,
après avoir analysé les limites présentées par la
Société des Nations44.
Dans un premier travail, « The Progress of International
Government » de 1933, Mitrany parle du fonctionnalisme comme une
théorie qui s'intéresse davantage aux fonctions de la
société internationale que dans la forme de la
société elle-même. L'exercice correct des fonctions
s'obtient à travers l'organisation fonctionnelle d'un gouvernement,
affirme Mitrany : « les problèmes purement
41 LABANA L., et alii,
op.cit., p.237
42 KARL DEUTSCH cité par Bussy, M.E, et alii,
« Approches théoriques de l'intégration européenne
», in Revue française de science politique, Volume 21,
N°3, 1971, pp. 615-653
43 BUSSY, M.E, et alii, op.cit.
44 VIEIRA POSADA, E., Développements
d'espaces sous nationaux, transfrontaliers et tansnationaux : une option pour
l'intégration de l'Amérique latine, éd. Fundacion
Cultural Javeriana, Bogota (Colombie), 2006, p.151
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 24 -
techniques puissent se séparer des politiques, et la
coopération technique être conduite en avant des bons
résultats dans la sphère internationale sans
l'interférence des départements politiques des Etats membres
»45.
Aussi dans son oeuvre « A Working Peace system. A
argument for the Functional Development of International Organisation »
écrite en 1943 dans un contexte de définition d'un ordre
international pour l'après-guerre, David Mitrany opte, au lieu de la
constitution d'un Etat mondial, pour l'extension d'un réseau
d'activités d'agences internationales qui intègrent les besoins
des nations, moyennant la sélection de devoirs fonctionnels selon des
besoins partagés et la détermination des organes selon les
fonctions.
A ce sujet, Mitrany s'exprimait ainsi : « les dimensions
fonctionnelles se déterminent d'elles-mêmes. De façon
similaire, la fonction détermine ses organes appropriés. Ceci
révèle aussi, à travers la pratique, la nature de l'action
requise dans les conditions données et, de cette façon, les
pouvoirs dont a besoin l'autorité respective ». Une
interprétation est faite, à ce propos, par Bertrand Badié
et Marie Claude Smoutz, quand ils affirment que David Mitrany proposait que
l'on s'occupe des secteurs d'intérêt commun, santé,
transport, énergie, en laissant se dérouler le jeu des
interdépendances et des interactions sans essayer de plaquer un
modèle constitutionnel préétabli ou une quelconque
idéologie. Chaque fois, la nature et l'étendue du problème
détermineront la forme adéquate de l'institution46. Ce
transfert des fonctions techniques impliquerait l'accroissement des
interdépendances entre les Etats47.
Cependant, dans les années soixante, en plein essor de
l'intégration européenne, Mitrany se montre critique de ce qu'il
appelle « les fallacieuses régions et fédérations
» adoptées par les Communautés européennes. Selon ce
théoricien, les unions régionales sont acceptables dans la mesure
où elles sont un échelon intermédiaire ouvert
dirigé vers un système général et non plus vers le
repli sur soi-même de l'intégration européenne. Car, ceci
est contraire à une communauté mondiale. D'autre part,
l'équilibre restrictif des pouvoirs fédéraux est aussi
contraire à un système politique mondial plus unitaire ; ce qui
continuait d'être la préoccupation essentielle de Mitrany : un
fonctionnalisme universel48.
3.2. Principes du fonctionnalisme
David Mitrany développe une stratégie
fonctionnaliste de coopération internationale par la multiplication des
unions administratives, c'est-à-dire des
45 David MITRANY cité par VIEIRA POSADA, E.,
Op.cit, p.152
46 BADIE, B., et SMOUTZ, M.C., Le retournement du
monde. Sociologie de la scène internationale, Paris, Presses de
Sciences po-Dalloz, 3ème éd., 1999, p.182
47 idem
48 VIEIRA POSADA, E., op.cit., p.154
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 25 -
organisations internationales à compétence
spécifique et technique telles que la poste, les
télécommunications, la santé, la culture, le
bien-être, la science et la technologie.
Cette conception repose sur cinq principes, à savoir :
la non-territorialité de l'autorité, la
séparabilité entre les compétences proprement politiques
(défense, politique, diplomatie) et les compétences
technico-économiques d'un Etat, le caractère utilitaire de
l'allégeance et partant son fractionnement possible, la ramification ou
le transfert de la pratique de la coopération intergouvernementale et,
enfin, la paix internationale par l'érosion graduelle des
souverainetés politico-territoriales et de
nationalismes49.
Les théories économiques de l'intégration
qui se sont greffées sur l'approche fonctionnaliste, vont se situer sur
une toute autre perspective : l'allocation optimale des ressources et le
développement économique50. L'efficacité de la
politique économique de l'Etat national se heurte à des limites
objectives, constituées par l'exigüité de l'espace
économique national dans toutes ses dimensions : étroitesse du
marché intérieur, non disponibilité de certains facteurs
de production (force de travail, matières premières, technologie,
etc), faiblesse d'un seul pays sur l'échiquier des négociations
internationales de type monétaire, financier, commercial.
Aussi les politiques économiques domestiques
tendent-elles de plus en plus à trouver un prolongement, un
complément presque normal dans les politiques de concertation
internationale et régionale. Toutefois, la concertation
économique est menée à deux niveaux qu'il convient de
distinguer formellement :
L'un est celui de la simple coopération dans un ou des
domaines précis et délimités : ce qui entraîne la
mise en place des organisations-consortiums51, dans
lesquelles chaque pays membre conserve son autonomie pour tout ce qui concerne
sa politique économique nationale. Les partenaires se contentent d'unir
leurs efforts en vue de réaliser une opération
particulière ; les objectifs délimités, précis et
concrets ;
L'autre est celui de l'intégration économique
qui suppose, de la part des pays membres, la mise en place de politiques
communes dans les domaines commercial, financier, économique, etc.
L'intégration se traduit par la création de communauté
économique ; ce qui implique, pour chaque pays membre, des engagements
beaucoup plus poussés (jusqu'à certains abandons de
souveraineté) que dans le cas d'une simple organisation-consortium.
49 KABAMBA, W.K., Organisations
régionales, Séminaire de DEA en Relations internationales,
inédit, FSSAP/UNIKIN année académique
2007-2009, FSSAP/UNIKIN, pp.10-11
50 DIOUF, M., op.cit., pp. 19-20
51 Dans le sens technique du terme, le consortium est
un groupement d'entreprises qui, pour une période de temps donné,
unissent leurs efforts en vue de la réalisation commune de certains
objectifs.
53 Idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 26 -
Le développement des théories fonctionnalistes
des années 60 se réalisa au moment de la concrétisation
des premiers processus d'intégration économique, telle la
Communauté économique du charbon et d'acier. A ce moment, fit son
apparition le courant idéologique « néo-fonctionnaliste
» avec comme principaux porte-paroles Ernest Haas, Léon Lindberg,
Philippe Schmitter, Joseph Nye et Robert Ethane.
3.3. Fondement théorique du
Néo-fonctionnalisme
Le Néo-fonctionnalisme tire son origine de certaines
limites vues dans le fonctionnalisme comme la difficulté de
séparer des tâches économiques et sociales, le politique,
le peu de disponibilité des gouvernements pour transférer des
tâches politiques à une autorité internationale ; le fait
que certaines tâches économiques et sociales ne se «
ramifient » pas au secteur politique. Les néo-fonctionnalistes
considèrent que plutôt que de s'appuyer sur l'intégration
fonctionnelle dans des secteurs économiques et sociaux, la voie vers
l'intégration politique s'appuie sur des actes de volonté
politique.
Ernest Haas, qui publie en 1958 « The uniting of Europe
Political, social and economical forces 1950-1987 », alors que vient de
naître la Communauté économique européenne, postule
que le pouvoir politique n'est pas séparable du bien-être social.
Il analyse, à cet effet, la relation entre intégration politique
et communauté politique. Selon cet auteur52,
l'intégration politique est le processus pour lequel les acteurs
politiques dans des cadres nationaux différents se persuadent de changer
leurs loyautés, expectatives et activités politiques vers un
nouveau centre, dont les institutions possèdent ou demandent juridiction
sur les Etats nationaux préexistants.
Ceci suppose également d'analyser, comme le fait Haas,
le rôle des partis politiques, des associations d'entrepreneurs et des
syndicats dans leurs attitudes envers l'intégration, appliquant une des
notions les plus répandues par les néo-fonctionnalistes à
propos des effets de l'intégration économique, celle de l'effet
induit, d'engrenage, de débordement ou « spill over », que
Mitrany appelait « ramification ». L'effet induit ou « spill
over » est occasionné par une logique expansive
d'intégration sectorielle et de débordement d'un secteur à
l'autre, à partir de la mise en place d'un processus
d'intégration qui conduirait à des niveaux d'intégration
supérieurs. Ceci, grâce à l'interdépendance qui se
produit entre les secteurs économiques et politiques. Existerait
également l'effet de débordement du champ économique
« de façon incrémentale et automatique vers
l'intégration politique », encouragé par les responsables
des réseaux de coopération internationale53.
52 HAAS, cité par DABENE, O., Approches
théoriques de l'intégration, Presses de Sciences Po, Paris,
2009, en ligne
http://www.opalc.org/web/,
consulté le 12 juillet 2009
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 27 -
Angela Meyer pense, à cet effet, que la théorie
néo-fonctionnaliste procède en fait à un
réajustement du fonctionnalisme à trois niveaux
différents54. Tout d'abord, elle propose une
définition plus claire des rôles des différents acteurs
impliqués dans le processus d'intégration.
Deuxièmement, l'approche néo-fonctionnaliste
remet en cause la séparation supposée par le fonctionnalisme
entre le secteur politique et le secteur non-politique. En effet, bien que le
processus d'intégration naisse dans des cadres moins politiques tels le
cadre économique ou culturel, les néo-fonctionnalistes pensent
que cette naissance ne saurait être le fait d'un processus autre que la
politique. Ils pensent, en l'occurrence, que tout processus d'association
internationale touche automatiquement le domaine du politique et ne peut avoir
lieu que dans un cadre exclusivement politique.
Troisièmement, Ernst Haas procède à une
révision du processus d'intégration. Il envisage le processus
d'extension du champ de l'intégration qu'il appelle « spill over
» non par la progression de l'intégration du domaine
économique vers le domaine politique mais par sa complexification qui
aboutit à l'inclusion de nouveau domaines plus délicats et plus
souverains. Ainsi, les évolutions technologiques conduisent les
élites socioéconomiques à entrevoir, dans
l'intégration, le meilleur gage de l'atteinte de leurs
intérêts. Ils exercent donc sur les dirigeants étatiques
des pressions qui amènent ces derniers à rechercher avec leurs
homologues un cadre de coopération.
La complexification croissante des matières oblige
l'instauration d'institutions communes chargées de coordonner les
actions et de faire progresser le processus d'intégration. Ces
institutions communautaires, dont la compétence s'est élargie et
intensifiée, gagneront la préférence des acteurs
socioéconomiques au détriment des institutions
étatiques.
3.4. Différence entre fonctionnalisme et
Néo-fonctionnalisme
Comme nous pouvons nous s?en apercevoir, la différence
entre le fonctionnalisme et le néo-fonctionnalisme est grande. En effet,
si le premier dilue les souverainetés existantes en les dispersant entre
de multiples organisations intergouvernementales, le second sape les
souverainetés politiques existantes pour en compenser une nouvelle
à un niveau supérieur de société. La conception
néo-fonctionnaliste du pouvoir politique est traditionnelle et
territoriale : proche en cela du fédéralisme, le
néo-fonctionnalisme vise à recréer progressivement un
super-Etat avec une assise territoriale.
54 MEYER, A., op.cit., pp. 273
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 28 -
Mais c'est au niveau de la stratégie mise en oeuvre
pour constituer ce super-Etat, ce nouvel Etat, que le
néo-fonctionnalisme se démarque du fédéralisme. En
effet, si le fédéralisme transfère directement les
matières politiques (politique étrangère, défense,
diplomatie) au niveau central, conçoit l'intégration politique
par la création d'un appareil de contrainte physique et d'un
gouvernement central disposant du pouvoir de contrainte, et aborde
d'emblée l'intégration politique au plan des matières
politiques, puisque le pouvoir central mis en place est compétent en
politique étrangère, en matière de défense, les
approches graduelles des fonctionnalistes et de néo-fonctionnalistes
préconisent le passage par l'étape transitoire des organisations
internationales supranationales à compétences limitées et
techniques. La notion fonctionnaliste de ramification ou engrenage permet
l'articulation des étapes transitoire à l'étape filiale,
à savoir la création d'un Etat fédéral.
Du fonctionnalisme classique, les néo fonctionnalistes
retiennent les principes de la séparation de deux ordres de
compétence et de la priorité des matières
socioéconomiques tout comme le principe gradualiste de l'engrenage ; et
ils rejettent l'hostilité de principe à l'égard de la
souveraineté politique territoriale. Ils rejoignent dans l'attention
qu'il porte au facteur institutionnel et dans son objectif final, à
savoir la création d'un super-Etat unifiant les unités politiques
existantes. Pour les néo-fonctionnalistes, les élites
socioéconomiques constituent les agents moteurs du processus
d'intégration politique dans la mesure où ce sont elles qui
« restent davantage que d'autres groupes sociaux d'inadéquation des
superstructures -Etat-nation- au besoin des économies modernes
»55.
§6. Conditions et facteurs d'une intégration
économique56
1. Conditions
Selon le Professeur NTUAREMBA, en s'inscrivant dans l'optique
libérale, pense que les conditions pour lesquelles une
intégration peut-être favorable sont les suivantes :
1. Les productions des partenaires doivent être proches
et complémentaires afin d'inciter les échanges. Il faudra que
toutes les productions soient semblables, mais aussi universalisées
comme dans le cas des pays de l'union européenne.
2. Chaque partenaire de l'union doit avoir un niveau
élevé afin de réaliser les échanges
économiques viables. Dans ce type d'union, il y a plus de chances de
trouver des producteurs à coûts réduits.
3. Aussi, le tarif extérieur commun doit être
bas afin d'éviter les effets de détournement (concurrence
déloyale).
55 KABAMBA, W. K., op.cit., p.13
56 Lire à ce sujet NTUAREMBA ONFRE
Léonard., Economie de développement : Fondement et politique,
Kinshasa, éd. M.E.S, 2008, pp.370-400
58 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 29 -
Ainsi, l'objectif final d'une intégration
économique est de créer un ensemble, dans une union dans laquelle
l'établissement des relations économiques par rapprochement de
chaque membre. Ainsi défini, l'intégration économique est
rendue possible par la création des unions (communautés, des
groupes ou des organisations différemment dénommées selon
les objectifs poursuivis.
2. Facteurs intégrateurs57
Il s'agit en fait, des conditions physiques et potentielles
internes de variables à une intégration. Nous pouvons
épingler :
a. Le variable géopolitique : proximité, dimension
géopolitique ;
b. La variable politique ; homogénéité
idéologique, compatibilité des idéaux, solidarité
des pouvoirs des états, similitudes des institutions
c. Les variables socioculturelles historiques :
cohésion, la complémentarité des élites,
expériences historiques communes.
d. La variable à caractère économique :
dotation des ressources naturelles ; dotation des réseaux de
communication, libéralisation des échanges commerciaux,
libéralisation des mouvements des facteurs de production, harmonisation
des politiques économiques.
§7. Les effets dynamiques de l'intégration
économique sur la croissance économique d'un Etat.
7.1. Sur le plan économique
L'intégration économique constitue de nos jours,
une stratégie de développement pour les Etats dans la mesure
où il s'agit de mettre en commun, des moyens ou des ressources rares en
vue d'une gestion rationnelle pour les Etats membres. L'intégration
économique permet d'accroitre la capacité productrice des
industries de la Communauté et favoriser l'augmentation de la production
nationale et par conséquent celle du P.I.B et l'accroissement de la
main-d'oeuvre58.
7.2. Sur le plan politique
L'intégration permet aux Etats de se regrouper pour les
raisons de coexistence pacifique, de la relation de cohésion entre les
communautés. De même, ce regroupement favorise
l'établissement des liens de convivialité réciproque, la
conscience d'appartenir à une entité politique et
l'intérêt commun nécessaire à la consolidation d'une
politique de bon voisinage.
57 KABENGELE, D.G., Problèmes
d'intégration économiques, éd. Les contradictions
africaines, Kinshasa, 2006, pp.58
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 30 -
Section 2 : PRESENTATION DE LA R.D.C
§1.Aspect physique
République Démocratique du Congo, pays d'Afrique
centrale. Sa capitale est Kinshasa. Elle est bordée par la
république du Congo à l'ouest, la République
centrafricaine et le Soudan au nord, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la
Tanzanie à l'est, la Zambie et l'Angola au sud.
La République démocratique du Congo
s'étend sur une superficie de 2 344 885 km2. Elle occupe
l'immense cuvette correspondant au bassin du fleuve éponyme (Congo).
Celui-ci donne son unité au pays par l'ampleur de son bassin (3 820 000
km2) ; son débit demeure constant en raison de saisons des
pluies inversées dans les régions situées au-dessus et en
dessous de l'équateur. Son affluent, l'Oubangui, prend sa source dans le
nord, tandis que lui-même et ses autres affluents naissent dans les
savanes du sud. Dans le sud-ouest, le fleuve traverse de hauts plateaux
accidentés avant de longer le plateau batéké.
Le pays est composé de la ville de Kinshasa et de dix
provinces : Bandundu, Bas-Congo, Équateur, Kasaï-Occidental,
Kasaï-Oriental, Katanga, Maniema, Nord-Kivu, Orientale et Sud-Kivu. Chaque
région est administrée par un commissaire
délégué. La capitale Kinshasa, ville la plus
peuplée du pays, est la seconde ville francophone au monde. Les autres
grandes villes sont Lubumbashi, capitale du Katanga, Matadi, située au
fond de l'estuaire du fleuve Congo, et Kisangani, principale ville à
l'est du pays et dernier port sur la partie navigable du fleuve Congo
(où il porte le nom de Lualaba).
La faune, abondante et diverse, comprend des espèces
menacées de disparition, comme le gorille des montagnes dans les
Virunga, l'éléphant, mais aussi d'autres grands mammifères
comme le lion, le léopard, la girafe, l'hippopotame, l'okapi, le
zèbre et le buffle. Les reptiles sont également
représentés, avec le python et le crocodile, ainsi que les
oiseaux avec le perroquet, le pélican, le flamant rose, le colibri, le
héron et le pluvier.
Le pays dispose d'imposantes ressources minières dans
le Maniema, le Kivu et le Katanga, notamment le cuivre, l'uranium, l'or et les
diamants. Les ressources en bois précieux et en bois d'oeuvre (teck,
ébène, cèdre d'Afrique, acajou, iroko et okoumé)
sont considérables. La forêt, de type équatorial,
représente 6 p. 100 de la surface forestière mondiale et environ
la moitié de la forêt africaine, mais elle est de plus en plus
menacée par les défrichements. Les ressources hydrographiques
constituent une autre richesse naturelle du pays, qui possède l'un des
plus grands potentiels hydroélectriques mondiaux. La centrale
hydroélectrique inaugurée en 1972 à
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 31 -
Inga, en aval de Kinshasa sur le Congo, est d'ailleurs la plus
importante au niveau mondial, mais la capacité du barrage d'Inga demeure
en grande partie inutilisée59.
La République Démocratique du Congo compte sept
groupes ethniques et près de trois cents sous-groupes. Les principaux
groupes sont majoritairement
bantous :Kongo, Batéké, Luba, Lunda et Kuba. Au
nord-ouest du pays se trouvent des Nilotiques, les Pygmées, qui habitent
les zones forestières. La population était estimée
à 68 008 922 habitants en 2008, avec une densité
globale moyenne de 30 habitants au km2. Les foyers de peuplement
sont concentrés dans la région minière du Shaba et
dans le Bas-Congo. Moins d'un tiers de la population vit dans les
zones urbaines. En
2008, le taux de natalité s'élevait à 42,50
%, et celui de mortalité infantile à 64 %, l'espérance de
vie atteignant 57,6 ans. Il n'existe qu'un système limité de
sécurité
sociale, réservé aux salariés, pour
l'essentiel des fonctionnaires. Le système de soins demeure
insuffisant.
La population du pays est majoritairement chrétienne, 47%
pratiquent le catholicisme et 28 % le protestantisme. La communauté
musulmane est restreinte. Le
français est la langue officielle de la RDC. Sur les 220
langues locales parlées en RDC (bantoues pour la plupart), quatre se
sont imposées comme des langues nationales
véhiculaires : le swahili (voir Langues
d'Afrique), dont le nombre de locuteurs est évalué à 35 %
de la population congolaise, est parlé dans les grands centres et
surtout
l'est du pays (Katanga, Nord et Sud-Kivu, et sud-est de la
province Orientale) ; le
lingala (environ 30 % de locuteurs) est parlé à
Kinshasa et dans les provinces de Bandundu, de l'Équateur et Orientale ;
le kikongo (environ 15 % de locuteurs) dans le Bas-Congo, et le tshilouba (15 %
de locuteurs) dans les deux provinces du Kasaï.60
L'agriculture reste le principal secteur de l'économie.
Les principales
ressources agricoles sont le café, le bois (afromosia,
ébène, wengé, iroko, sapelli, sipro, tiama, tola, kambala,
lifaki...) et le caoutchouc. Les principales exploitations de
cuivre et de cobalt sont dominées par la Gécamines
et de ses partenariats. Le diamant
industriel est extrait par la MIBA. Mais dans un pays
ravagé par la guerre civile, une grande partie de l'exploitation et
l'exportation de produits miniers se fait
clandestinement. Voici une liste des ressources minières
par province :
Diamant : Kasaï Oriental,
Kasaï Occidental, Bandundu, Équateur, Province
Orientale.
Or : Province Orientale, Maniema,
Katanga, Bas-Congo, Nord-Kivu, Sud-Kivu,
Équateur.
Cuivre : Katanga.
Étain : Katanga, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema.
Colombo tantalite (Coltan) : Nord-Kivu, Sud-Kivu,
Katanga, Maniema.
59 Rapport de la Banque Mondiale,
2007
60 http/ :msn.encarta.com/Congo.RDC
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 32 -
Bauxite : Bas-Congo.
Fer : Banalia, Katanga, Luebo, Kasaï-Oriental.
Manganèse : Katanga, Bas-Congo.
Charbon : Katanga.
Pétrole : Bassin côtier de Moanda (en
exploitation), la Cuvette Centrale, Ituri,
Bandundu (indices) ; - Gaz méthane : Lac Kivu, -
Schistes bitumeux : Mvuzi
(dans le Bas-Congo) ; - Cobalt : Katanga.
§2.Aspect institutionnel et politique
Indépendant en 1960, le Congo sera dirigé par
Kasa-Vubu et Patrice Lumlumba respectivement comme Président et Premier
Ministre, après devenu Zaïre,
il sera dirigé par Mobutu Sese Seko, pendant au moins 32
ans avec un régime autoritaire qui n'avait pas voilé sa face et
dont les méfaits étaient de venus tellement
que la population ne supportait plus même sa dictature. Il
était toujours à son pouvoir malgré de nombreuses
tentatives de son renversement-Coups d'Etats militaires,
Conférence Nationale Souveraine en 1990). Il a fallu
attendre qu'une rébellion éclate à
l'est du pays qui finira par prendre le pouvoir et chasser le feu
Mobutu au pourvoir.(61).
Après sa prise de pouvoir, en mai 1997,
Laurent-Désiré Kabila dissout l'ensemble des institutions et
forme un gouvernement constitué de ses proches,
assumant seul les pouvoirs législatif et exécutif.
Le pays plonge dans une guerre civile sanglante, alimentée par
l'intervention militaire des pays environnants. Après
l'assassinat, en janvier 2001, de Laurent-Désiré
Kabila, son fils Joseph lui succède à la
tête de l'État. Après des années de
négociations avec les groupes d'opposition armés afin d'aboutir
à une réconciliation nationale, Joseph Kabila instaure en juillet
2003 un
gouvernement d'union nationale.
La question de la répartition du pouvoir pour la direction
du pays est
réglée par la mise en place, aux côtés
du président, de quatre vice-présidents représentant les
principales forces d'opposition armées et non armées. Cette
transition
démocratique aboutit à l'adoption d'une nouvelle
Constitution, approuvée par
référendum en décembre 2005 et à la
tenue, en 2006, d'élections multipartites, les premières depuis
l'indépendance. Ce scrutin historique, qui concerne 25 millions
d'électeurs, est organisé sous le contrôle
d'observateurs internationaux et la protection
de plusieurs milliers de soldats de l'ONU et de l'Union
européenne. Il oppose principalement Joseph Kabila, soutenu par une
trentaine de partis réunis au sein de
l'Alliance pour la majorité présidentielle (APM),
au vice-président Jean-Pierre Bemba, chef de file du Mouvement de
libération du Congo (MLC), il est boycotté par
l'opposant de longue date Étienne Tshisekedi, leader de
l'Union pour la démocratie et
61 MUSAWU, Cours d'Histoire politique du Congo,
G1 RI., FSSAP, UNIKIN, 2009-2010, p
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 33 -
le progrès social (UDPS). À l'issue d'un scrutin
considéré comme globalement régulier et marqué par
une forte participation, Joseph Kabila est élu au second tour avec 58,05
p. 100 des suffrages.
La Constitution adoptée le 17 février 2006 pose
les bases d'un État démocratique. Elle instaure un régime
semi-présidentiel dans un État unitaire, mais fortement
décentralisé- les vingt-cinq provinces (plus la ville de
Kinshasa) qui composent l'État sont en effet dotées d'une large
autonomie exercée par une Assemblée et un gouvernement
provinciaux. Le chef de l'État est le président de la
République. Il est élu au suffrage universel direct pour un
mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre au sein
de la majorité parlementaire. Le Premier ministre dirige le gouvernement
et conduit la politique de la nation, élaborée en concertation
avec le président de la République. Les domaines clé des
affaires étrangères, de la défense et de la
sécurité sont du ressort commun du président de la
République et du Premier ministre.
Le pouvoir législatif est exercé par un
Parlement composé de deux chambres : l'Assemblée nationale et le
Sénat. L'Assemblée nationale comprend 500 députés
élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Les
sénateurs sont élus au suffrage indirect par les
Assemblées provinciales pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement est
responsable devant l'Assemblée nationale, qui peut voter une motion de
censure. Le président de la République a le pouvoir de dissoudre
l'Assemblée nationale en cas de crise persistance avec le
gouvernement.62 Le pouvoir judiciaire est indépendant de
l'exécutif et du législatif. Divisé en trois ordres
juridictionnels, il est chapeauté par la Cour de cassation (ordre
judiciaire), le Conseil d'État (ordre administratif) et la Cour
constitutionnelle.
La situation politique et sécuritaire s'est
améliorée en 2009 mais elle reste fragile. Le gouvernement
congolais a signé des accords de paix avec ses homologues rwandais et
ougandais et avec le mouvement rebelle du Congrès national pour la
défense du peuple (CNDP). Son chef historique, le général
dissident Laurent Nkunda, a été arrêté au Rwanda en
janvier 2009, pays où il demeure en résidence surveillée.
Pour tenter de rétablir la paix dans l'Est, les autorités de la
RDC, du Rwanda et de l'Ouganda ont mené, de manière conjointe,
des opérations militaires afin de démanteler toutes les factions
rebelles résiduelles. Ces opérations n'ont pas toujours fait
l'objet d'un consensus. Elles ont même provoqué un changement du
bureau de l'Assemblée nationale en raison des divergences dans leur
conduite. Ainsi, en mars 2009, Vital Kamerhe a été
remplacé à la présidence de l'Assemblée nationale
par Évariste Boshab, ancien directeur de cabinet du président de
la République.
62 Constitution de la RD Congo de 18
Février 2006
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 34 -
Le Premier ministre, Adolphe Muzito, a proposé, en
juin, un plan de stabilisation et de reconstruction de l'Est (Starec). Il a
été suivi par la désignation, en août, d'un
comité de pilotage par le président Kabila. Dans le cadre de la
consolidation démocratique, relevons que les élections locales,
initialement prévues pour fin 2008, n'ont pas été
organisées en 2009. Elles devraient néanmoins se tenir avant les
élections générales de 2011. Au parlement, des textes
législatifs importants, comme le budget national pour 2010, les lois
ayant trait aux élections, au processus de décentralisation,
à la réforme de l'armée et à l'architecture
judiciaire nationale ont été adoptés. A l'Assemblée
nationale, en juin 2009, les partis d'opposition ont déposé une
motion de censure contre le Premier ministre, sur la base d'allégations
de mauvaise gestion financière et d'absence de résultats
tangibles de son gouvernement. L'Assemblée nationale a finalement
rejeté cette motion.
§3.Aspect économique et humain
L'économie de la République démocratique
du Congo (RDC) serait l'une des économies les moins compétitives
d'Afrique63, la RDC faisant partie des pays les moins avancés
(PMA), étant classé en 2006 parmi les dix pays les plus pauvres
du monde. Sa structure économique est comparable à celle des
autres pays de l'Afrique centrale, mais son économie est
handicapée par une guerre civile larvée et un des niveaux de
corruption les plus élevés de la planète64. La
RDC, un des pays les plus vastes et les plus peuplés du continent
africain, n'a pas le niveau de vie qui devrait correspondre à ses
immenses ressources naturelles (minerais, bois précieux, produits
agricoles, etc.).Les inégalités y sont très
marquées. Environ 80 % de la population vivait en dessous du seuil de
pauvreté fixé à 2 dollars par jour. Près de 44 %
des femmes et environ 22 % des hommes n'ont aucun revenu.
Les disparités régionales sont très
fortes, avec un taux de chômage très élevé
avoisinant les 40 %, des salaires et des prestations sociales dérisoires
dans tout le pays. Elle occupe, en 2008 selon la Banque mondiale, la
178e position, c'est-à-dire la dernière place sur la
liste des pays du monde considérés d'après leurs
capacités à offrir de réelles facilités de faire
des affaires65. Avec une croissance de 8,2% en 2008 et de 2,7% en
2009, elle a ensuite été l'un des pays d'Afrique les plus
touchés par la crise de 2008-2009 5. L'agriculture reste le
principal secteur de l'économie, représentant 57,9 % du PIB en
1997, et occupait 66 % de la population active .
En 2006, le bétail comprenait 20 millions de volailles,
4,02 millions de caprins, 757 000 bovins, 900 000 moutons et 960 000 porcs.
L'élevage bovin est concentré sur les hauteurs, en raison de la
forte présence de la mouche tsé-tsé dans les
63 Selon le Forum économique mondial sur
l'Afrique qui s'est tenu du 13 au 15 juin 2007 : Rankings
2007
64 Le classement 2005 de Transparency
International de l'indice de perception de la corruption le classait 6e sur
158 pays évalués.
65 Ben Clet, « Climat d'affaires », in
Journal Le Potentiel, n°4289 du 7 avril 2008. Rapport 2008 de la
Banque mondiale sur le Climat d'affaire.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 35 -
plaines. La pêche, pratiquée surtout en eau
douce, fournit une partie importante de l'alimentation. En 2006, la production
de bois était de 75,8 millions de m3, principalement
utilisés comme combustible domestique, l'acheminement du bois vers la
côte étant extrêmement difficile. 15 % de la population
active travaille dans les secteurs miniers et industriels, qui contribuaient
pour 27,7 % au PIB en 2006. Les ressources minières constituent la
principale richesse du pays, qui détient la moitié des
réserves mondiales de cobalt et l'une des plus importantes
réserves mondiales de cuivre.
A. Structure économique
Les exportations agricoles ne représentent qu'environ
10 % du PIB en 2006, contre 40 % en 1960. Jadis florissant, avec une production
plus réduite, le secteur agricole aujourd'hui de la RDC -totalement
paralysé- connaît une asthénie de productivité
conduisant 73 % de la population congolaise à vivre en
insécurité alimentaire, les importations de denrées
alimentaires (produits de première nécessité) augmentent
et les exportations des produits de rente baissent. La production s'est en
effet réduite depuis quelques années à des
activités de subsistance malgré des conditions naturelles
favorables (environ 97 % des terres arables bénéficient d'une
saison culturale de plus de huit mois dans l'année. De plus, 34 % du
territoire national sont de terres agricoles dont 10 % seulement sont mises en
valeur).
Ce problème sectoriel, partiellement lié
à la faiblesse de la productivité, relève de
problèmes d'accès au marché, d'évacuation des
produits, de conservation, de la perte de main-d'oeuvre agricole (suite aux
conflits et aux maladies endémiques) et des semences de qualité,
de l'utilisation de techniques inappropriées, et du manque d'instruments
de travail adéquats. Cependant, l'agriculture reste le principal secteur
de l'économie, représentant 57,9 % du PIB en 1997. Les
principales productions exportées sont le café, l'huile de palme,
le caoutchouc, le coton, le sucre, le thé, et le cacao tandis les
cultures vivrières concernent essentiellement le manioc, la banane
plantain, le maïs, l'arachide, et le riz.
1. Elevage
L'élevage, dont les capacités potentielles
varient entre 30 et 40 millions de bovins avec une charge bétail de 1/6
à 1/12 pendant toute l'année, n'est pas encore la priorité
du gouvernement66. Il est peu développé en
République démocratique du Congo, en partie en raison des
conditions naturelles qui ne sont pas favorables à l'élevage du
gros bétail, sur une grande partie du territoire. La forêt dense
n'a pas de pâturages et la trypanosomiase, véhiculée par la
mouche tsé-tsé, sévit à l'état
endémique dans la plupart des régions basses du pays. Les
régions montagneuses de
66 Programme National de Relance du secteur
agricole, Kinshasa le 27 février 1997, p.87
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 36 -
l'est et du sud-est (Kivu) sont, en revanche, propices
à l'élevage. Le bétail y aurait été
introduit par des populations tutsies venant des pays voisins. Cet
élevage est pratiqué par des populations de pasteurs
spécialisées ou par quelques rares ranches modernes. Les
techniques d'élevage restent cependant rudimentaires chez les
éleveurs traditionnels et les soins vétérinaires sont peu
pratiqués.
1. Industrie
Le secteur industriel n'a contribué pour 5,6 % au PIB
en 2003. Autrefois important, il est actuellement composé de quelques
petites usines dans le textile, l'agroalimentaire, la chimie et le secteur des
biens d'équipement. Toutes les branches de production ont souffert de la
crise qui frappa le pays. Les industries manufacturières ont
été coupées de leurs sources d'approvisionnement en
matières premières et de leurs débouchés en
produits finis; elles n'utiliseraient qu'entre 15 et 17 % des capacités
productives installées67. Le pays ne compte pas seulement une
industrie minière, les grandes villes comptent aussi des industries
alimentaires, textile, chimique, de montage (chanimetal) et des chantiers
navals. L'industrie des télécommunications sans fil était
d'abord sous le monopole de la compagnie Télécel. Depuis la
libéralisation, elle se partage entre des sociétés comme
Starcel Congo, Vodacom, Celtel(Zain), SAIT Telecom (Oasis), Congo Chine
Télécoms, Sogetel, Supercell, Tigo, etc68.
Le secteur secondaire est très peu
développé et caractérisé par une forte
présence de l'État, marginalisant ainsi le secteur privé.
La plupart des sociétés sont publiques ou à participation
mixte, avec souvent une participation majoritaire de l'État.
Malgré le processus de privatisation en cours (programme PMPTR),
l'État reste le principal opérateur dans la plupart des secteurs
économiques comme l'énergie, les mines, les forêts,
l'hydraulique, le transport et le bâtiment.
2. Services
Le secteur des services est dominé par les transports
et les télécommunications. Timidement, il a commencé
à attirer des investisseurs. Le secteur tertiaire a
représenté 27,9 % du PIB en 2005 et affiché un taux de
croissance réel de 7,8 %, essentiellement dû aux bonnes
performances des transports, des télécommunications et des
services financiers69. Si le conflit a fortement
détérioré la qualité des infrastructures
routières, fluviales et ferroviaires, la reprise amorcée en
2003/04 a soutenu la demande de transports en commun dans les grandes villes
ainsi que les différents travaux d'aménagement des routes de
dessert agricoles entamés par les Entreprises Chinoises à travers
le pays.
67 OCDE, Perspectives économiques en Afrique
2005, 2006 RDC
68 Idem
69 Ibidem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 37 -
3. Secteur informel
L'économie de la République Démocratique
du Congo est aujourd'hui bien plus pauvre qu'elle ne l'était à
l'indépendance. La désorganisation de l'offre et l'érosion
presque continue de la demande l'ont entraînée depuis les
années 1970 dans une spirale négative, provoquant
l'informatisation de secteurs entiers, voire leur « criminalisation
», jusqu'à ce que le pays s'installe dans une économie de
guerre à la fin des années 199070.
Selon les statistiques du BIT la population oeuvrant dans
l'économie informelle est estimée à 19 871 347 personnes
soit 72 % de la population en âge actif. La part de l'économie
informelle dans la création d'emplois s'est accrue continuellement au
point de devenir le « secteur dominant » de la République
Démocratique du Congo. L'économie informelle en République
démocratique du Congo revêt plusieurs formes. Bien que le volume
de production de ce secteur a grandement augmenté, le secteur informel
congolais ne joue pas un rôle essentiel dans l'économie nationale,
fournissant des revenus minimum à ses employés. Et pose le
problème de comptabilisation dans les indicateurs économiques.
4. Secteur privé
Le secteur privé a évolué, depuis environ
trois décennies, dans un environnement particulièrement
difficile. En effet, depuis les années 1970, les effets conjugués
de l'effondrement des cours de cuivre et du crash pétrolier sur
l'économie, les mesures suicidaires de Zaïrianisation et de la
radicalisation, ainsi que des grèves régulières et un
climat d'insécurité généralisé des
années 1990 ont contribué à briser l'essor des secteurs
productifs, en installant un climat de méfiance, particulièrement
auprès des opérateurs économiques expatriés,
entraînant ainsi la fuite de capitaux.
Les pillages de 1991 et 1993 ainsi que les guerres de 1996 et
1998 ainsi que les conflits armés ont également conduit à
la destruction de l'outil de production et ont eu comme corollaire le
découragement des investisseurs étrangers et le tarissement de
l'aide publique au développement, principale source de financement de
l'investissement public. L'on constate à la même période un
recul de l'investissement de 13 % en 1990 à 4,4 % en 2000. Il en
résulte la perte d'emplois et la baisse des revenus, suite à la
fermeture d'un nombre important d'entreprises accentuant ainsi le chômage
et la pauvreté dans le pays. En 2005, le taux d'activité s'est
situé à 63,1 % au niveau national dont 50,8 % en milieu urbain et
68,1 % en milieu rural. La prédominance des emplois dans la petite
entreprise familiale agricole met en exergue la fragilité du
marché du travail et les difficultés des conditions de vie des
ménages71.
70 Congo 1965-1999 : Les espoirs
déçus du « Brésil africain » ,
71 RDC, Document de la stratégie de
croissance et de la réduction de pauvreté,
juillet 2006
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 38 -
Les Petites et moyennes entreprises sont confrontées
à un environnement politique et économique défavorable
ainsi qu'à un cadre réglementaire inadapté et mal
appliqué. Cette situation les a mises dans un état
d'essoufflement et a conduit à une forte baisse de leur activité.
La plupart des PME et PMI ont été crées dans le but
d'exploiter les opportunités que présente un environnement
protectionniste72. Par ailleurs, depuis déjà des
années, le patronat congolais regroupé au sein de la
Fédération des Entreprises du Congo se présente comme
l'institution représentant le secteur privé congolais a fait
savoir dans un Mémorandum adressé au Premier Ministre et
président de l'état de climat des affaires en RDC climat qui,
pour elle(FEC) ne favorise l'émergence et le développement du
secteur privé73.
B. Politiques
macro-économiques
La récession économique mondiale a exercé
de fortes pressions sur le cadre macro-économique en réduisant
les revenus tirés des exportations minières, en entraînant
une forte dépréciation du franc congolais par rapport au dollar
américain et en nourrissant l'inflation. Durant l'année 2009, le
gouvernement s'est attelé à remettre l'économie sur les
rails et à stabiliser le cadre macro-économique pour
atténuer les effets de la crise sur le niveau de vie de la population.
Il a mené des politiques budgétaire et monétaire
restrictives, mais sans résultats probants vu le contexte
défavorable. Le gouvernement a aussi fait des efforts pour
bénéficier de l'allègement de la dette dans le cadre de
l'initiative PPTE et améliorer le climat des affaires. En 2009, le pays
a connu une augmentation de l'aide publique au développement, notamment
des institutions financières internationales.
La convention sino-congolaise, qui s'inscrit dans le programme
de reconstruction des infrastructures du pays, a été
amendée en octobre 2009 pour respecter les exigences de la
viabilité de la dette74. L'accord triennal signé en
décembre 2009 avec le FMI, au titre de la FEC, devrait déboucher
sur le point d'achèvement de l'initiative PPTE en juin 2010.
1. Politique budgétaire
En 2009, la part des recettes publiques dans le PIB a
augmenté à 27.3 %, à la suite de l'accroissement des
appuis extérieurs (9.4 % du PIB) et aux pas-de-porte chinois (2.3 % du
PIB). Les recettes courantes dans le PIB ont représenté 18 % et
les appuis budgétaires 2.7 %. Les dépenses ont constitué
28.9 % du PIB et le solde a été de -1.6 %, contre -2.4 % en 2008.
En 2009, les dépenses urgentes ont
72 ENYIMO Martin, « La FEC et le ministère
de tutelle se penchent sur la relance du tourisme » in Journal le
Potentiel, n°4245 du 15 février 2008
73 Mémorandum de la FEC au Premier Ministre
le 10 Aout 2010, Kinshasa, 2010, pp.2-7
74 BRAECKMAN C., « Le Congo et ses amis chinois
» , in Le Monde diplomatique, 10 septembre 2009
75
www.fmi.org
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 39 -
représenté 52.2 % du total des dépenses,
les rémunérations 34 %, les frais de fonctionnement 7.9 %, les
dépenses en capital 2.5 %, et la dette publique 1.7 %.
L'accord triennal signé en décembre 2009 avec le
FMI au titre de la FEC devrait déboucher sur le point
d'achèvement de l'initiative PPTE en juin 2010. Ses objectifs :
revigorer la croissance, réduire l'inflation, renforcer la gestion des
finances publiques, accroître les réserves officielles et limiter
le déficit du compte courant. Il comporte des réformes
axées sur une meilleure mobilisation des ressources intérieures,
l'élargissement de l'assiette fiscale, l'amélioration de la
préparation et de l'exécution du budget, le développement
du secteur privé par la réforme des entreprises publiques et la
rationalisation du cadre réglementaire des entreprises75.
2. Politique monétaire
Le recours de l'État aux avances de la BCC en
décembre 2008 a créé un déséquilibre sur le
marché monétaire dont les effets se sont propagés en 2009.
Ce déséquilibre s'est accentué en mars 2009
(échéance fiscale en RDC) à cause de l'expansion des
liquidités intérieures, via l'accroissement des avoirs
extérieurs nets de 76.7 milliards de francs congolais (CDF),
confortés par l'apport de 200 millions USD du FMI au titre de la
facilité pour la réduction des chocs exogènes (FPCE). Avec
le repli de la croissance, l'évolution de la masse monétaire a
provoqué une forte inflation qui a réduit le pouvoir d'achat de
la population et rendu négatifs les taux d'intérêt
réels. La politique monétaire a ainsi perdu de son
efficacité par manque d'attrait des billets de trésorerie (BTR).
Pour réduire les pressions sur le marché de change, la BCC a
vendu à plusieurs reprises des devises par voie d'adjudication. En
août 2009, ces ventes ont totalisé 85.3 millions USD, mais avec un
impact assez limité à cause de la volatilité du solde
consolidé du secteur public (Trésor et BCC). Fin juillet 2009, le
déficit cumulé de la BCC était de 34.17 milliards CDF,
contre une cible annuelle de 20 milliards.
La réapparition d'importants déficits publics
à partir de juin 2009 a conduit au développement de la
liquidité bancaire. Conséquence : l'augmentation, de juin
à août 2009, de l'encours des BTR (de 35.9 à 46 milliards
CDF). Une situation qui a renchéri le coût de la politique
monétaire. En octobre, la BCC a revu à la hausse son taux
directeur, passé de 65 % à 70 %, de même que le coefficient
de réserve, passé de 5 % à 7 %. L'inflation a
été de près de 44 % en moyenne en 2009. Elle est due
à la hausse des prix de l'alimentation (54 %), du logement et de
l'énergie (11.8 %) et des transports (7.8 %). La masse monétaire
s'est principalement composée de la quasi-monnaie. Les
dépôts en devises ont représenté 66 % de la masse
monétaire, contre
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 40 -
58.2 % en 2008. Ils traduisent une aggravation de la
dollarisation de l'économie congolaise76.
3. Position extérieure
La récession mondiale a entraîné une
baisse considérable des cours de plusieurs produits d'exportation,
notamment le cuivre, le cobalt et le diamant qui représentent
près de 80 % d'exportations de la RDC. La contraction des recettes
d'exportation et la baisse de l'afflux des capitaux étrangers ont
affecté la position extérieure nette du pays. Le déficit
du compte courant s'est creusé en 2009 et a représenté
16.4 % du PIB. En 2009, les exportations ont représenté 45.4 % du
PIB. Elles se composaient des minerais, du pétrole et des produits
agricoles. Les importations ont constitué près de 59 % du PIB et
incluaient principalement des produits alimentaires, manufacturés et des
matières premières. Après un début d'année
difficile, la hausse des cours des minerais et du baril de pétrole en
2009 a permis d'améliorer le niveau des exportations. Cette tendance
devrait se poursuivre en 2010, d'autant que des efforts sont en cours pour
renforcer le réseau des transports et bonifier le climat des
affaires.
Les projets d'infrastructure mis en oeuvre au cours de 2009
ont nécessité une hausse des importations de biens
d'équipement et de produit manufacturés. L'augmentation devrait
continuer en 2010. Les réserves internationales, qui
représentaient 1.1 semaine d'importation en octobre 2008, ne
constituaient plus que 0.26 semaine d'importation en février 2009. Cette
baisse des réserves de devises a affecté le volume des
transactions sur le marché de change. Fin 2009, les réserves de
change se sont élevées à 11.3 semaines d'importation
grâce aux appuis extérieurs et aux pas-de-porte chinois. De
décembre 2008 à décembre 2009, le CDF s'est
déprécié de près de 45.2 % par rapport à
l'USD.
La RDC a reçu 1.5 milliard USD d'aide publique au
développement (APD) en 2009, soit un accroissement de 48.4 % par rapport
à l'année précédente. Cette aide a
été déboursée dans le cadre de mesures d'urgence,
d'appuis budgétaires, de projets d'infrastructure, d'allègement
de la dette extérieure, pour faire face aux différentes crises
que traverse le pays. Le stock de la dette extérieure est passé
de 13.5 milliards USD en 2008 à 13.7 milliards en 2009, à la
suite de la recapitalisation des intérêts moratoires envers le
Club de Paris. Le service de la dette a été faiblement
exécuté en 2009, représentant un montant de 2.9 % du PIB,
contre 2.6 % en 2008. Le service exécuté correspond à 36.4
% des prévisions gouvernementales et concerne principalement le FMI
(71.5 %). Celui-ci a conclu, en décembre 2009, un accord triennal avec
la RDC au titre de la FEC de 551 millions USD et une aide intérimaire
de
76 Ministères des Finances, Rapport sur la
reddition des comptes du budget pour l'exercice 2008, Kinshasa, Octobre
2009, pp.19-47
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 41 -
73 millions, soit au total 624 millions USD. L'aboutissement
satisfaisant de la première revue du nouveau programme devrait permettre
d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE au premier
semestre 2010 et de bénéficier de l'IADM. Les allègements
obtenus en 2009 ont représenté 2.5 % du PIB contre 0.8 % en
2008.
Tableau 4 : Comptes courants (en pourcentage du
PIB)
|
2001
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
Balance commerciale
|
3.8
|
0.4
|
8.9
|
-1.1
|
-13.6
|
-12.1
|
-10.1
|
Exportations de biens (f.o.b.)
|
19.8
|
33.3
|
61.6
|
56.8
|
45.4
|
43.6
|
42.6
|
Importations de biens (f.o.b.)
|
16.0
|
32.9
|
52.7
|
57.9
|
59.0
|
55.7
|
52.7
|
Services
|
-3.5
|
-5.2
|
-12.3
|
-14.0
|
-10.9
|
-11.2
|
-11.4
|
Revenu des facteurs
|
-0.8
|
-5.3
|
-6.4
|
-11.4
|
-6.6
|
-5.7
|
-5.1
|
Transferts courants
|
5.4
|
8.1
|
8.2
|
10.6
|
14.8
|
24.2
|
18.7
|
Solde des comptes courants
|
5.0
|
-2.1
|
-1.5
|
-15.9
|
-16.4
|
-4.8
|
-8.0
|
Sources : Ministère des Finances, Rapport
de la BCC 2008, p. 2009 : estimations; 2010 et années suivantes :
prévisions.
1. Mobilisation des ressources publiques
De 2001 à 2009, les recettes de l'État ont
enregistré une hausse considérable, passant de 6.5 % à
27.3 % du PIB. Elle résulte de l'augmentation des recettes fiscales,
à la suite de la normalisation de la situation politique et
sécuritaire, et des efforts engagés pour la reconstruction.
Plusieurs réformes avaient été initiées en 2002
pour améliorer les revenus de l'État. À quoi s'ajoute le
retour de l'aide grâce à la reprise de la coopération. Les
recettes fiscales ont représenté près de 11.8 % du PIB en
2009 grâce au retour de la croissance et aux performances des
régies financières. Certes, ces revenus sont bien en
deçà des dépenses publiques et des recettes fiscales que
le gouvernement pourrait mobiliser.
Actuellement, le secteur des télécommunications
est le principal pourvoyeur de recettes fiscales. Il a durement ressenti le
poids de la pression fiscale avec la baisse de son niveau d'activité
affecté par la crise économique mondiale. Le secteur privé
formel a, dans son ensemble, subi le même phénomène. Dans
la plupart des cas, les exonérations fiscales sont accordées
à l'État : gouvernement, collectivités et
établissements publics, ainsi qu'aux associations sans but lucratif :
Églises, institutions philanthropiques, et aux établissements
d'utilité publique. Le code des investissements de 2002 précise
les catégories d'investissements privés pouvant faire l'objet
d'exonération. Le code minier de 2002 confère aux investisseurs
du secteur des mines des avantages certains. Ainsi, contrairement au code de
1967, il établit que les droits découlant des concessions
minières sont distincts de ceux des concessions foncières. Un
concessionnaire foncier ne peut donc se prévaloir de son titre pour
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 42 -
revendiquer un droit de propriété quelconque sur
les substances minérales contenues dans le sous-sol77.
Tableau N°3 : Commerce extérieur de la
RDC
Commerce extérieur
Exportations
|
|
346 milliards de dollars
|
|
|
|
Biens exportés
|
|
Cuivre, Cobalt, Coltan, Diamant, Electricité...
|
|
|
|
|
|
|
Principaux clients
|
|
Belgique 42,5 %, Finlande 17,8 %, Zimbabwe 12,2 %, Chine 6,5 %
(2004)
|
|
|
|
Importations
|
|
1,417 millions de dollars (2002)
|
|
|
|
Biens importés
|
|
Biens de consommation, Biens d'équipements,...
|
|
|
|
Principaux fournisseurs
|
|
Afrique du Sud 18,5 %, Belgique 15,6 %, France 10,9 %,
États-Unis 6,2 %, Allemagne 5,9 %, Kenya 4,9 %
|
Source : Ministère du Commerce
extérieur, Rapport 2008.
C. Contexte social et développement des
ressources humaines
La situation sociale s'est fortement
détériorée avec le durcissement de la récession. Le
ralentissement de l'activité économique amorcé au
troisième trimestre 2008 s'est accompagné, en 2009, d'un
accroissement du chômage dans le secteur privé,
particulièrement dans les mines et les télécommunications.
La Miba a mis 3 000 personnes en congé technique et a restreint le
nombre de ses directions. Plusieurs entreprises de
télécommunications ont également réduit leurs
effectifs. Le taux de chômage s'est chiffré à 58 %, contre
53.2 % en 2008. Cette situation, conjuguée à l'inflation des prix
des denrées alimentaires, a conduit à une forte
détérioration du niveau de vie de la population.
D. Questions structurelles 1. Développement du
secteur privé
Depuis deux ans, la RDC demeure au dernier rang des 182 pays
évalués dans le rapport Doing Business de la Banque
mondiale. Pour 2010, le gouvernement s'est donc fixé comme objectif
d'améliorer son classement de dix places. Il a entrepris, pour cela, un
ensemble d'actions afin d'assainir le climat des affaires. Le comité de
pilotage Doing business, créé en 2009,
bénéficiera du concours aussi bien technique que financier de la
Société financière internationale. Il devra mettre en
oeuvre les dix mesures prioritaires proposées par la
Fédération des entreprises du Congo et par les intervenants de la
table ronde économique organisée en 2008.
77 Le Code minier de 2002, RDC.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 43 -
Au niveau juridique, le projet de loi sur le commerce est en
préparation. Par ailleurs, le processus d'accession de la RDC à
l'Ohada a beaucoup avancé et devrait se conclure au cours du premier
trimestre 2010. Le guichet unique, créé pour faciliter le
commerce extérieur, connaît d'importants dysfonctionnements. Cela
est dû, notamment, à l'absence de franche collaboration entre les
principales parties prenantes. Pour améliorer son efficacité, le
gouvernement compte instituer une structure autonome qui devrait
fédérer les différentes opérations liées au
dédouanement.
Le système financier congolais, qui a subi les effets
de la crise économique mondiale, est encore plus fragilisé. Le
repli de la croissance en 2009 a entraîné une diminution des
versements en banques des recettes des entreprises. Les dépôts et
crédits bancaires en devises ont représenté respectivement
90 % et 95 % de la totalité des dépôts et crédits en
2008. Depuis janvier 2009, ils affichent une tendance baissière due
à la faiblesse des exportations. De plus, les messageries
financières ont vu leur activité diminuer
considérablement.
Au cours de l'année 2009, la dollarisation de
l'économie de la RDC s'est accentuée, notamment du fait des
perturbations au niveau du taux de change et de l'inflation. Le système
bancaire demeure très vulnérable. Pour réduire les
risques, la BCC a décidé de durcir les conditions de
création de banques dans le pays.
2. Autres développements
récents
Conformément aux lois sur la réforme des
entreprises publiques votées en 2008, le Premier ministre a signé
un décret concernant la transformation de ces dernières en 2009.
Quelques-unes doivent changer de statut, d'autres être privatisées
à terme. La libéralisation, par l'abolition des monopoles
d'État, de certains secteurs - comme celui des assurances - devrait
intervenir en 2010. Dans le secteur de la construction, le gouvernement a
décidé en juin 2009 de céder 41 % de ses actions dans la
Cimenterie nationale (Cinat).
Tableau 5 : Résultats
sommaires
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
Taux de croissance du PIB en volume
(incl.Stk)
|
-2.1
|
3.5
|
5.8
|
6.6
|
7.9
|
5.6
|
6.3
|
6.2
|
2.6
|
6.3
|
8.7
|
Inflation IPC
|
357.3
|
25.3
|
12.8
|
4.0
|
21.4
|
13.2
|
16.7
|
18.0
|
44.2
|
25.0
|
18.4
|
PIB (échelle $)
|
1408.0
|
1456.8
|
1541.2
|
1643.5
|
1773.1
|
1872.1
|
1989.3
|
2111.6
|
2158.1
|
2273.8
|
2442.4
|
PIB en volume
|
5.2
|
5.5
|
5.7
|
6.6
|
7.2
|
8.8
|
10.0
|
11.6
|
10.9
|
13.3
|
15.5
|
Taux de change
|
273.0
|
347.0
|
404.7
|
397.8
|
474.4
|
468.3
|
516.0
|
563.2
|
783.9
|
852.8
|
949.8
|
Sources : Rapport Ministère des Finances (RDC) 2008,
pp4-8 (e) et les prévisions (p).2009 : estimations; 2010 et
années suivantes : prévisions.
78
www.sadc.net.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 44 -
CHAPITRE
II. LA SADC ET L'INTEGRATION ECONOMIQUE
Les pays sous-développés ont été
constamment invités à expérimenter telle ou telle
stratégie de développement : import-substitution,
révolution verte, zone franche industrielle, etc. Depuis la
Conférence de Lagos de 1980, c'est le thème de
l'intégration économique qui est en vogue. Bon nombre d'Etats
d'Afrique en ont fait leur cheval de bataille. Ce processus a connu, en Afrique
bien sûre, une érection d'une autre intensité dans les
années 80 et 90 qui se sont concrétisée par la mise en
place de bon nombre de regroupements économiques en cette fin.
Ainsi, dans ce chapitre, nous parlerons successivement de
l'organisation de la SADC dans notre première section ensuite du
processus d'intégration économique de la SADC, ses
réalisations dans la deuxième section et enfin la dernière
section présente les entraves et les défis que doit relever la
Communauté.
Section 1: La SADC
§1 : Genèse78.
La SADC, en Anglais (Southn Africa Development Comunity) tire
ses origines de très loin. Tout a commencé ave la
Conférence pour la Coordination du Développement en Afrique
Australe (SADCC) qui a été créée en avril 1980
à LUSAKA en Zambie. Cette conférence regroupait les pays suivants
: Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Tanzanie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe.
Issue de la solidarité des pays d'Afrique australe dans
leur opposition au régime l'apartheid d'Afrique du sud, elle
répond au besoin d'une coordination des projets de développement
dans la région en vue de réduire une dépendance
économique souvent important vis-à-vis de l'Afrique du Sud.
1.Objectifs principaux :
? La libération politique et économique de la
région ;
? Réduction de la dépendance à
l'égard de la RSA pratiquant l'apartheid pour
lutter ensemble contre le colonialisme et le racisme des
années 60 ;
? De réaliser une véritable et équitable
intégration régionale ;
? De mobiliser les objectifs nationaux, bilatéraux et sous
régionaux ;
? D'adopter une attitude commune afin d'assurer la
coopération internationale
dans le cadre d'une stratégie de libération
économique.
Suite aux nombreuses difficultés auxquelles la SADCC
était butée notamment sa faiblesse sur le plan économique,
le manque d'une politique de développement et l'absence du géant
sud-africain, la SADCC n'a pas pu réaliser les
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 45 -
objectifs qu'elle s'est fixée. Il faut aussi dire
qu'avec l'évolution politique des années 1990 et plus
précisément celle intervenue en République Sud Africaine,
laquelle évolution, caractérisée par le dialogue et par
les mouvements de libération, par la lutte armée de la
majorité noire et par les pressions du monde extérieur,
l'étau s'est resserré autour de la majorité blanche
à Pretoria. Et les succès sur le terrain des mouvements de
libération majorité noire. La situation fut lentement mais
sûrement modifiée avec la libération du leader
incontesté de l'ANC, Nelson MANDELA, ce qui créa la
détente et la levée des sanctions
économiques79.
Ainsi donc, la SADCC céda pour donner place à la
Communauté du Développement de l'Afrique Australe en lieu et
place de la Conférence pour la Coordination de Développement
à l'Afrique Australe. Ce qui était conforme aux prescrits, du
Plan d'Action de Lagos (PAL) et de l'Acte Final de Lagos (AFL) et du
Traité d'Abuja instituant la Communauté Economique
Africaine(CEA), signé le 3 juin 1991 et entré en vigueur le 12
mai 1994. C'est ainsi qu'intervient la déclaration de Windhoek.
La SADC a vu le jour le 17 août 1992 à Windhoek
en Namibie lors du Sommet des Chefs d'Etats et de gouvernements en remplacement
de SADCC. En septembre 1993, les Etats membres ont ratifié ce
Traité, il prime sur la loi nationale et contraint les pays membres
à impliquer la communauté de base, les organisations
non-gouvernementales dans le processus d'intégration
régionale.
Comme on peut le constater, c'est la Namibie qui s'ajoute aux
neuf membres de la SADCC, devenant ainsi le 10ème membre de
la SADC en 1990 après son indépendance. Avec la fin de
l'apartheid et l'élection de Nelson Mandela à la magistrature
suprême, la RSA deviendra le 11ème membre, en novembre
1994 suivie de la République d'île Maurice qui a été
admise comme douzième membre du groupe de la SADC. Certes, pour
rehausser le niveau et la qualité de vie des peuples d'Afrique Australe
et venir en aide aux défavorisés sociaux au biais de
l'intégration régionale, le cas de la Mozambique, que les pays
vont nouvellement adhérer. Il s'agit de la RDC et les Iles Seychelles
respectivement francophone et bilingue (Anglais et français). La SADC a
actuellement 15 membres, bien que les deux pays francophones, s'y soient
ajoutés, les langues officielles restent l'anglais et le portugais.
Toutefois, la SADC n'est pas la seule organisation qui existe
mais d'autres déjà ont existé bien avant elle pour
faciliter l'intégration économique, notamment en Europe avec
l'Union Européenne, qui subit de diverses transformations ; en
Amérique latine, certaines anciennes dispositions d'intégration
sont relancées, parfois dans le contexte de changement politique. En
Asie, l'Associations des Nations d'Asie du sud Est(CASEAN) poursuit son action
de
79 M. MPASI, Aide mémoire sur la SADC,
2001, p.5
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 46 -
coopération économique en commençant par
modifier ses objectifs, passant de la coordination de l'investissement à
l'intégration du marché80.
§2.Principes et principaux objectifs
1. Principes
Dans son chapitre III, à l'article 4, les principes de
la SADC sont stipulés de la manière suivante :
La SADC et les Etats membres qui la composent agissent en respect
de ses principes :
1. Egalité souveraines de tous les Etats membres ;
2. Solidarité, paix et sécurité ;
3. Droit de l'homme, démocratie et puissance de droit
;
4. Equité, équilibre et avantages
réciproques ;
5. Règlement pacifique des litiges81.
En résumé, cette Communauté Economique
est consacrée aux idéaux du libre échange, de la libre
circulation des personnes et des biens. Toutefois, ces principes n'ont jamais
été atteints dans son intégrité, car la
Communauté de développement pour l'Afrique australe évolue
d'une façon progressive. Nous allons y revenir dans les lignes qui
suivent.
2. Objectifs principaux
Dans son chapitre III à l'article 5, la SADC relève
les objectifs suivants :
> Réaliser le développement et la croissance
économique, alléger la pauvreté,
augmenter le niveau et la qualité de la vie des peuples de
l'Afrique australe et soutenir l'intégration régionale
transférante socialement avantagée ;
> Favoriser et défendre la paix et la
sécurité ;
> Favoriser le développement auto-entretenue sur
base de l'indépendance collective, et l'interdépendance des Etats
membres ;
> Réaliser la complémentarité entre
les stratégies et les programmes nationaux et régionaux ;
> Favoriser et maximiser l'emploi et l'utilisation des
ressources de la région ;
> Réaliser l'utilisation soutenable des ressources
naturelles et de la protection efficace de l'environnement ;
> Renforcer et consolider les affinités de longue
date et les liens historiques, sociaux et culturels parmi les peuples de la
région.
Pour atteindre ccs objectifs, implicitement hors statut mais
visiblement dans nombreuses déclarations et publications, une
philosophie se trace. Les Etats de la
80 ELLIS S., Afrique maintenant, Karthala,
1995, p.349
81 Article 4 du Traité de Windhoek de 1992
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 47 -
SADC inscrivent leur philosophie de coopération dans le
cadre de partenariat avantageux qui selon la déclaration de Juillet
1998, doit conduire les relations entre Etats-membres. Cette pratique et cette
philosophe sont très importantes dans une région où les
potentialités ne sont pas les mêmes. En effet, la théorie
se somme zéro (zéro summ game) avec sa philosophie et sa pratique
de «Winner takes all » le gagnant emporte tout) sont rejetées
par les pays de la SADC et déclarent d'échanger avec gain
mutuel.
§3. Structure et fonctionnement de la SADC.
L'article 9 du traité de Windhoek cite les organes
principaux :
? Le Sommet de Chefs d'Etats et des Gouvernements
(Summit of Heads of States or Governments) : Qui est l'organe
suprême de la Communauté. Il se réunit une fois l'an ;
trace la politique de l'institution ; nomme les Secrétaires
exécutifs et les Secrétaires exécutifs Adjoints. Le
Président et le Vice-président sont élus par leurs pairs.
Dernièrement la RDC venait de céder la présidence de la
SADC au profit actuellement de la Namibie qui assume la présidence de la
Communauté. Ce sommet peut cependant déléguer cette
autorité au Conseil des Ministres ou à toute autre institution de
la SADC (Article 10, alinéa 3).
? Le Conseil des Ministres (Council of Ministers)
: Il se réunit trois fois l'an. Le Conseil est composé
généralement des Ministres de l'économie et des finances
et exceptionnellement d'autres ministères qui ont en charge les dossiers
de la SADC (Article 11, Alinéa 2) . Le rôle du Conseil est
d'approuver les politiques, les stratégies et programmes du travail de
la SADC (Article 11, Alinéa 3) avant que ceux-ci ne soient rendus
exécutoires par le Sommet des Chefs d'Etats et des Gouvernements. Le
Conseil des Ministres contrôle le fonctionnement et le
développement de la Communauté et assure l'application de la
politique. Une grande tâche du Conseil est de décider d'un secteur
de coopération et d'allouer la responsabilité pour
l'exécution des activités sectorielles. Le Président et le
Vice-président du Conseil sont nommés par les Etats membres.
? Les Comités Sectoriels et les Commissions
: La SADC a établi des Commissions et unités
sectorielles de coordination pour conduire et coordonner les politiques et
programmes sous-régionaux. Les secteurs sont alloués
individuellement à des Etats membres pour coordonner et assurer la
présidence. Les activités sectorielles sont supervisées
par les Comités sectoriels des Ministres. Les Ministres sont
coordonnateurs et responsables du Comité sectoriel. La Commission, dans
l'article 12, a pour rôle de guider et de coordonner la
coopération, les politiques et les programmes d'intégration comme
dans toutes les unités sectorielles. Elles peuvent être
créées si nécessaire par la Convention ou un autre
instrument ou autrement approuvé et ratifié par
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 48 -
le Sommet des Chefs d'Etats. Les Commissions sont des
institutions sous-régionales supportées par tous les Etats
membres pendant que les unités de coordination sectorielle font partie
des Gouvernements nationaux composés généralement par les
fonctionnaires du pays du secteur. Elle travaille en étroite
coopération avec le sectoriel et fait son rapport au Conseil des
Ministres qu'elles dépendent.
? Le Conseil permanent ou Secrétariat
Général : est la principale institution exécutive
de la SADC. Il a pour rôle d'évaluer les résultats, les
performances et d'identifier les bons et mauvais résultats afin de
concevoir le plan du futur. Cet organe est géré par un
Secrétaire exécutif. Les sièges
se trouvent à Gaborone(Botswana). Chaque Etat est
représenté par un secrétaire permanent ou une
autorité de tout rang. Comme pour le Conseil des Ministres, ici,
l'autorité vient souvent du Ministre du Plan.
? Le Tribunal : Il faut noter ici que,
beaucoup sont en projet. Toutefois, l'article 16 prévoit ce qui suit :
il sera chargé des contentieux dans la région.
A part ses organes principaux, la SADC a institué
d'autres Comités qui participent à la réalisation de ses
plans. C'est le cas du Comité de Coordination des Unités
Sectorielles. Les Etats fournissent parfois individuellement des financements
et des personnels pour les « Comités de Coordination des
Unités Sectorielles ».
Le Statut de la SADC comporte 18 chapitres et 11 articles
jusque là. Au moment de l'adhésion, l'unanimité est
exigée et il ne permet pas des réserves 82(article 2
et 4). En ce qui concerne le financement, le budget de la SADC pour le
coût opérationnel et le fonctionnement du secrétariat
exécutif et de la Commission est assise sur la cotisation faite par les
Etats membres en répartition égale agrée par le Conseil.
Le Conseil détermine également d'autres sources de revenues que
peut disposer la SADC. Les rencontres de la SADC sont tenues en rotation ;
l'Etat membre organisateur supporte les dépenses mais les
délégations des Etats eux-mêmes se supportent pendant le
séjour.
A la différence d'autres organisations, la COMESA par
exemple, où la préparation des dossiers est centralisée au
niveau de Secrétariat général, pour la Communauté
de Développement de l'Afrique Australe, les matières sont
reparties, pour leur préparation, entre les différents Etats
membres.
§4.Composition et les (Attributions) sectorielles des
Etats membres de la SADC
? Angola : Etat d'Afrique Australe, il est sur
l'Atlantique avec une superficie de
1.246.700 km2 et une population d'environ 8.000.000
hab. Indépendant depuis le 11 Novembre 1975, membre de la SADCC depuis
sa création en mai 1979.
82 Source Traité Consultatif de la SADC
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 49 -
Attributions au sein de la SADCC : Energie.
> Botswana : Etat d'Afrique australe, avec
une superficie de 1.100.000 km2 et s'étend sur le Kalahari.
C'est un pays désertique dominé par l'élevage des bovins.
Diamant comme ressource naturelles principales, il est le premier pays à
avoir organisé la Conférence de la SADC(SADCC) en mai 1979
à Gaborone. Attributions au sein de la SADCC :
Recherche agricole ; l'élevage des bétails et contrôle des
maladies animales.
> Lesotho : Situé en Afrique
Australe, enclavé dans la RSA, il a une superficie
de 30.385 km2 avec une population de 1.500.000 hab.
dont la capitale est Maseru.
Attributions au sein de la SADCC : La
production animale et les maladies animales et commandement du tourisme.
> Malawi : Situé en Afrique
Orientale, avec une superficie de 118.000 km2 et une population de
15 millions d'habitants.
Attributions au sein de la SADCC : Environnement
et la pèche intérieure
> Ile Maurice : Etat Insulaire de
l'Océan Indien, à l'Est de la Madagascar, avec 2020
km2 comme superficie une population d'environ 12.000.000 hab, Port
Lamine comme Capitale, sucre de canne et textile comme ressource naturelles
Attributions au sein de la SADCC : la gestion de la terre.
> Swaziland : Etat d'Afrique australe. Il
a une superficie de 17.364 km2 et une population estimé
à 1 millions d'habitants.
Attributions au sein de la SADCC : Le
développement des ressources humaines.
> MOZAMBIQUE : Etat de la coté de
l'Afrique, il a une superficie de 802.000
km2, une population estimée à 19
millions d'habitants, avec les poissons, thé, charbon et coton comme
ressources naturelles.
Attributions au sein de la SADCC :
Sylviculture et faune, toujours pour assigner la culture et l'information.
> RSA : Elle a une superficie de 1.224.000
km2, avec une population estimée à 49,32 habitants.
Attributions au sein de la SADCC : Finances,
marines et la santé.
> Tanzanie : Etat d'Afrique Orientale,
avec 945.087 km2 de superficie, une population de 26,4 millions d'Afrique.
Attributions au sein de la SADCC : Industrie et
commerce
> Zimbabwe : Situé en Afrique
australe, compte une superficie de 391.109 km2 et une population
estimée à 12,7 millions d'habitants.
Attributions au sein de la SADCC :
l'agriculture, ressources naturelles, l'emploi, production de
céréales et d'investissement et la nourriture de travail.
> Zambie : Etat d'Afrique australe,
753.000 km2 de superficie et une population estimée à
11 millions d'habitants.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 50 -
Attributions au sein de la SADCC : Transport,
communication et exploitation ? Namibie :Situé en
Afrique australe, compte une superficie de 824.392km2 et une
population estimée à 2 millions d'habitants.
Attributions au sein de la SADCC : Pêche
et ressources
? R.D.C : Etat d'Afrique centrale, elle est la
seule à être jusqu'ici dans la SADC.
Attributions au sein de la SADCC :
Proposée à prendre le secteur du bois, de l'eau douce et de
l'énergie.
? Seychelles : Etat insulaire d'océan
Indien au Nord de Madagascar, constitue un
archipel volcanique, avec une superficie de 410 km2
et une population estimée à de 100.000 habitants.
La liste des Etats membres pourrait encore s'accroitre car les
cas d'adhésion d'autres pays sont en étude (l'Ouganda, ....) et
d'autres peuvent émettre l'avis de quitter et retourner
(Seychelles...).
Section II : Le processus de l'intégration des
économies de la SADC
L'intégration économique régionale est
perçue comme un des meilleurs chemins qu'il faut à tout prix
emprunter à l'heure actuelle pour se rattraper du retard de croissance
économique et de développement par rapport aux autres Etats qui
en sont déjà en avance. C'est ce qui explique un réveil de
sursaut, en Afrique, des regroupements économiques.
L'indépendance politique, la sécurité, la
solidarité régionale et la lutte contre l'apartheid
étaient à l'origine des motifs pour la coopération
régionale en Afrique Australe, ce qui a inspiré l'Angola, le
Botswana, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, la Tanzanie, la
Zambie et le Zimbabwe à créer la Conférence pour la
Coordination du Développement de l'Afrique australe (SADCC). Compte tenu
de l'évolution, les chefs d'État et de gouvernement de la SADCC
ont signé en août 1992 le Traité de la SADC et une
Déclaration afin de créer, la Communauté de
développement de l'Afrique australe (SADC).
Ainsi, dans cette section, nous allons voir
l'intégration économique dans la SADC, ses mécanismes et
modalités d'intégration, les structures économiques des
Etats membres, les échanges commerciaux, et quelques réalisations
etc...
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 51 -
§1. Les structures économiques des pays membres
la région(SADC). Tableau N° 2 : Indicateurs
macro-économiques des États membres de la SADC 83
Pays
|
PIB(en milliards de US)
|
Pop. en (m)
|
PIB/capital (US$)
|
Taux de Croissance
|
Exportati on SADC
|
mondiaux(en m USD)
|
Afrique du Sud
|
283
|
47.9
|
5,900
|
5,1
|
5,304
|
58,596
|
Angola
|
110,3
|
16
|
3,764
|
21.1
|
|
44,320
|
Botswana
|
12
|
1,6
|
7,694
|
5,4
|
548
|
4,479
|
Mozambique
|
8
|
20.5
|
369
|
7.0
|
455
|
2,381
|
Namibie
|
7
|
2.2
|
3,524
|
4.4
|
1,126
|
3,393
|
(RDC)
|
10
|
61,1
|
166
|
6.3
|
|
1,587
|
Lesotho
|
2
|
2.4
|
667
|
4.9
|
92
|
474
|
Swaziland
|
3
|
1.2
|
2,450
|
2.4
|
131
|
1,781
|
Malawi
|
4
|
13.4
|
264
|
7.4
|
208
|
665
|
Tanzanie
|
16
|
39.0
|
415
|
7.3
|
290
|
1,536
|
Madagascar
|
7
|
17.0
|
431
|
6.3
|
|
989
|
Zambie
|
11
|
12.2
|
915
|
5.3
|
1,306
|
3,694
|
Ile Maurice
|
7
|
1.3
|
5,354
|
4.6
|
160
|
2,168
|
Zimbabwe
|
1
|
11.7
|
55
|
x
|
x
|
x
|
Seychelles
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
SADC Total
|
431
|
247
|
|
|
|
|
Source : Source: Perspective
économique mondiale 2008; Flux commerciaux - Base de données TIPS
2006, à l'exception du Lesotho 2003, le Swaziland 2004, Les chiffres
d'exportation d'Angola et de Madagascar, 2007.
L'ensemble de revenus du marché de la SADC est de 431
milliards de dollars et sa population totale est de 247 millions d'habitants
(2007). L'Afrique du Sud est la plus grande économie avec un produit
intérieur brut (PIB) de 282 milliards de dollars, soit 65% du
marché total de la SADC. Concernant la population, la République
démocratique du Congo (RDC) est le plus grand pays ayant une population
estimée à plus 61 millions d'habitants. En revanche le Botswana,
Maurice, la Namibie et le Swaziland ont des populations de moins de deux
millions d'habitants. Le PIB par habitant varie largement. Pour le Botswana, le
PIB par habitant est de 7.694 dollars par an alors que pour le Mozambique et la
République démocratique du Congo, il est respectivement
estimé à 264 dollars et 166 dollars.
La Région possède de différents
dynamismes économiques. La croissance économique d'Angola est la
plus rapide avec un taux estimatif de 21%. D'autres pays tels que le Malawi, le
Mozambique et la Tanzanie connaissent une croissance du PIB de 7% et
au-delà84.
83 Perspective économique mondiale 2008; Flux
commerciaux - Base de données TIPS 2006, à l'exception du Lesotho
2003, le Swaziland 2004, Les chiffres d'exportation d'Angola et de Madagascar,
2007.
84 Secrétariat SADC, Manuel de ZLE de la SADC,
Croissance, Développement et création des richesses,
Gaborone GTZ,2008, pp.8-10
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 52 -
La SADC souffre d'un problème structurel fondamental
qui réside dans la domination politique et économique de
l?Afrique du sud. Le développement économique et politique des
différents pays de la SADC fait apparaître d'énormes
disparités. D'un côté le Mozambique, le Malawi et la
Tanzanie font partie des sept pays les plus pauvres du monde (avec un revenu
moyen par habitant inférieur à 170$ par an); de l'autre l'Ile
Maurice et l'Afrique du sud sont en passe d'entrer dans la catégorie des
pays industriels. Seule l'Afrique du sud dispose d'un marché
intérieur suffisamment grand, et au pouvoir d'achat suffisamment
élevé, pour que les investissements directs dans les secteurs des
biens de consommation et des biens d'investissement y soient jugés
rentables. Tous les autres pays de la SADC présentent pour les
investissements directs étrangers un intérêt circonscrit
à la production de matières premières (minérales et
agricoles) et à la production pour l'exportation.
Sur les 15 pays actuels de la SADC, seule 1'Afrique du Sud, et
partiellement le Zimbabwe, disposent de structures industrielles
diversifiées; les autres membres (à l'exception de Maurice)
exportent principalement des matières premières et importent des
produits finis. Cela a conduit non seulement à des relations
commerciales inégales (voir ci-dessous), mais aussi à des
économies nationales présentant de très grandes
différences structurelles dans leur
développement85.
La faiblesse des structures de production industrielle dans la
plupart des pays de la SADC renforce la position de l'Afrique du Sud en tant
que site le plus attrayant pour les investissements directs étrangers et
tend à consolider les déséquilibres existants. Ce tournant
vers l'économie de marché a certes aboli de sérieux
obstacles aux investissements, mais l'amélioration du climat des
affaires ne suffit pas à susciter de nouveaux investissements. A cela il
faut ajouter que dans certains pays, les réformes économiques
n'ont qu'une incidence superficielle et que le lourd héritage de plus de
vingt années, parfois, d'économie dirigiste se fait encore sentir
dans des réglementations et des directives anti-économiques,
ainsi que dans l'existence d'administrations et d'entreprises semi-publiques
pléthoriques et coûteuses.
Cela confère aussi aux économies de la SADC un
attrait très contrasté qui a été mis en
lumière par une enquête effectuée auprès d'hommes
d'affaires de quatre pays de la SADC (Namibie, Zambie, Zimbabwe et Afrique du
Sud). Il en ressort que le Botswana, suivi de près par l'Afrique du Sud,
possède en Afrique australe le meilleur climat d'investissement, les
places suivantes étant occupées par le Zimbabwe, la Zambie et le
Mozambique86.
En dehors de ces facteurs, il faut épingler des
structures économiques extraverties et monocultures qui
caractérisent les économies des pays membres de la
85 Secrétariat SADC, Manuel de ZLE de la SADC,
Op.cit, pp.8-10
86 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 53 -
SADC, une prépondérance du secteur informel dans
bien d'autres pays, et dont une très bonne part des pays vit de secteurs
agricole et de l'exportation des matières premières.
§2. Les échanges économiques dans la
région(SADC)
Le volume moyen des échanges intracommunautaires reste
relativement faible, même si on inclut la forte part des exportations
sud-africaines vers la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi et les
pays de la SACU. Si dans le passé le volume des exportations des Etats
de la SADC vers d'autres pays de la SADC se chiffrait à 7,8% et le
volume des importations à 7,4%. Edifier sur des relations commerciales
aussi faibles une zone de libre-échange censée servir d'outil
à un approfondissement de l'intégration régionale semble
donc très osé, d'autant qu'en dehors de l'Afrique du Sud et du
Zimbabwe aucun autre Etat de la SADC pour ainsi dire ne dispose de biens et de
services compétitifs pour le marché
régional87.
Ces déséquilibres commerciaux ont
déjà provoqué de vives tensions, tant entre le Zimbabwe et
l'Afrique du Sud qu'entre la Zambie et l'Afrique du Sud. La Zambie et le
Zimbabwe reprochent à l'Afrique du Sud de fermer ses marchés
à leurs rares produits concurrentiels par des barrières
douanières élevées et des obstacles non-tarifaires. C'est
ainsi que sous la pression de son lobby textile et agricole, l'Afrique du Sud
n'a toujours pas renouvelé les préférences
douanières qui existaient du temps de l'apartheid avant d'arriver
à expiration en 199288.
Une enquête effectuée auprès de chefs
d'entreprises de Namibie, de Zambie, du Zimbabwe et d'Afrique du Sud a
révélé que pour les milieux d'affaires les
barrières commerciales les plus élevées se situent au
Zimbabwe et en Afrique du Sud, alors que la Zambie, la Namibie, le Botswana et
le Mozambique obtiennent de bonnes notes. Les Zambiens considèrent les
barrières commerciales du Zimbabwe comme de loin les plus hautes, alors
que du point de vue zimbabwéen le commerce avec la Zambie se
déroule sans accrocs majeurs89.
Avant l'adhésion de l'Afrique du Sud, les
échanges commerciaux à l'intérieur de la SADC
étaient insignifiants, ils ne représentaient que 4% du total des
exportations et 2,5% des importations. Après l'entrée de
l'Afrique du Sud, la situation a vite changé: depuis 2000, le commerce
entre membres de la SADC pèse de plus en plus lourd dans le volume
commercial global des Etats de la SADC. Cette augmentation toutefois est due en
premier lieu à l'intensité des échanges entre l'Afrique du
Sud et le Zimbabwe puisqu'ils représentent à eux seuls 85% du
commerce réalisé à l'intérieur de la SADC.
L'Afrique du Sud est le principal partenaire
87 Rapport CENUCD 2009, Op.cit, p.31
88 Secrétariat SADC, Manuel de ZLE de la SADC,
Op.cit, p.9
89 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 54 -
commercial de pays comme la Zambie, le Zimbabwe ou le Malawi
et la RDC ainsi que des membres de la SACU (Botswana, Lesotho, Namibie et
Swaziland). Les produits échangés entre membres de la SADC sont
principalement des biens de consommation et d'investissement, des produits
semi-finis et des produits chimiques (fournis principalement par l'Afrique du
Sud et, dans une moindre mesure, par le Zimbabwe), ainsi que des textiles, des
produits agricoles, du ciment et des matières premières
brutes.
En résumé, les problèmes commerciaux au
sein de la SADC se posent dans les termes suivants:
A l'exception de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe, aucun pays
pratiquement ne produit des biens compétitifs qui rencontrent aussi une
demande dans les autres pays de la SADC;
beaucoup d'Etats de la SADC ont une gamme de produits trop
semblable pour jeter les bases d'une imbrication commerciale intracommunautaire
et d'une zone de libre-échange qui fonctionne;
jusqu'à présent seuls l'Afrique du Sud et le
Zimbabwe ont réalisé des excédents notables dans les
échanges commerciaux à l'intérieur de la SADC;
l'Afrique du Sud et le Zimbabwe ferment leurs marchés
aux importations en provenance d'autres pays de la SADC par des
barrières douanières élevées et une série
d'obstacles commerciaux non-tarifaires. En revanche l'Afrique du Sud en
particulier pratique une politique commerciale agressive et conquiert des parts
de marché de plus en plus grandes dans de nombreux pays de la SADC.
Tableau N° 3 : Les plus importantes relations
commerciales intra-SADC bilatérales en valeur et avec les trois
principaux produits exportés, moyennes 2004-2006
(En milliers de dollars)
Exportateur
|
Importateur
|
Valeur moyenne
2004-2006
|
trois principaux produits exportés (% du
total)
|
Swaziland
|
Afrique du Sud
|
1 319 635
|
Huiles essentielles et produits de parfumerie (45 %), Sucres,
préparations à base de sucre et miel (11 %), Vêtements en
matières textiles, n.d.a. (5 %)
|
Afrique du
Sud
|
Zimbabwe
|
1 056 705
|
Huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux > 70
% d'huile (17 %) Maïs (à l'exclusion du maïs doux), non moulu
(8 %)
Engrais (autres que ceux du groupe 272) (4 %)
|
Afrique du
Sud
|
Zambie
|
916 256
|
Huiles brutes de pétrole ou de minéraux bitumineux
(7 %)
Véhicules automobiles pour le transport de personnes,
à usages spéciaux (5 %), Engrais (autres que ceux du groupe 272)
(4 %)
|
Afrique du
Sud
|
Mozambique
|
900 184
|
Huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux > 70
% d'huile (19 %)
Houilles, même pulvérisées, mais non
agglomérées (5 %)
Sucres, préparations à base de sucre et miel (3
%)
|
Namibie
|
Afrique du
|
695 949
|
Papier journal (24 %), Animaux vivants autres que les
|
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 55 -
|
Sud
|
|
animaux de la division 03 (11 %), Viandes des animaux de
l'espèce bovine, fraîches, réfrigérées ou
congelées (10 %)
|
Afrique du Sud
|
Angola
|
574 086
|
Aéronefs et matériels connexes; véhicules
spatiaux, etc. (7 %),
Récipients métalliques pour le stockage ou le
transport (6 %)
Boissons alcooliques (4 %)
|
Zimbabwe
|
Afrique du Sud
|
502 772
|
Minerais de nickel et leurs concentrés; mattes de
nickel, etc. (30 %),
Or à usage non monétaire (à l'exclusion
des minerais et concentrés d'or) (18 %)
Papier journal (11 %)
|
Afrique du Sud
|
République- Unie de Tanzanie
|
388 382
|
Produits laminés plats, en fer ou en aciers non
alliés, non plaqués ni revêtus (11 %), Huiles de
pétrole ou de minéraux bitumineux > 70 % d'huile (9 %),
Constructions et parties de constructions, n.d.a., en fer, aciers ou aluminium
(5 %)
|
Zambie
|
Afrique du Sud
|
379 073
|
Cuivre (49 %), Minerais de cuivre et leurs concentrés;
mattes de cuivre, ciment (13 %), Coton (13 %)
|
Angola
|
Afrique du Sud
|
337 912
|
Huiles brutes de pétrole ou de minéraux bitumineux
(> 99 %), Appareils et matériel de génie civil et de
construction (< 1 %)
Perles, pierres précieuses et semi précieuses (<
1 %)
|
Botswana
|
Afrique du Sud
|
334 825
|
Viandes des animaux de l'espèce bovine, fraîches,
réfrigérées ou congelées (7 %), Or à usage
non monétaire (à l'exclusion des
minerais et concentrés d'or) (6 %)
Vêtements en matières textiles, n.d.a. (6 %)
|
Source : CNUCED, 2008c.
Au regard de ce tableau, la RSA reste le grand exportateur des
produits manufacturés et importateur des matières
premières des Etats de la SADC, suivi de près par le Botswana, le
Swaziland, le Zimbabwe et la Zambie. Par contre la part de la RDC dans ces
échanges est faible et centrée sur l'exportation des
matières premières et de l'électricité en direction
des Etats de la SADC. En outre, lors des travaux de réunion des
ministres des Mines de la SADC, le ministre de la Coopération
internationale et régionale, Raymond Tshibanda a reconnu que la
Région de la SADC " regorge d'immenses ressources minérales et
neuf des quinze Etats membres de notre Communauté sont largement nantis
desdites ressources. A elles seules, les richesses du sous-sol de nos Etats
représentent 60% de nos échanges extérieurs, englobant 10%
du produit intérieur brut (PIB) régional et offrant 5% d'emplois
à la population active de nos pays ". Cela fait que ce secteur soit un
atout majeur pour les investissements de toutes origines et représentent
" une grande source d'enrichissement de nos pays à plus ou moins long
terme ".
Tout en occupant une place centrale pour la poursuite de
l'intégration, le secteur commercial est hypothéquée par
de graves problèmes structurels qui, à moyen terme, pourraient
compromettre la cohésion interne de la communauté
régionale. Toutefois, on peut repérer les principaux obstacles au
commerce de la SADC - tels que identifiés par une enquête
réalisée auprès de plus de 600 entreprises et autres
acteurs
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 56 -
non étatiques entrepris dans toute la Région
:a. Les barrières tarifaires au commerce régional(Les
droits à l'importation) 90 : qui augmentent
les prix à la consommation et réduisent le volume du commerce.
b. Coûts commerciaux élevés: coûts de
transport, coûts à la frontière et coûts à
l'intérieur des frontières.
En général, les obstacles tarifaires et autres
coûts commerciaux élevés sont les principales forces qui
pèsent sur l'expansion du commerce. Mais avec la réduction
généralisée des droits de douane ces dernières
années (CNUCED, 2008a), les échanges commerciaux entre pays
africains sont aujourd'hui freinés essentiellement par des coûts
commerciaux autres que d'ordre tarifaire (Njinkeu et al.
2008)91. L'analyse ci-après part donc du principe que
les coûts commerciaux élevés sont le facteur qui restreint
le plus le commerce intra-africain, puisqu'ils sont plus importants en Afrique
que n'importe où ailleurs.
Même si cet aspect n'est pas propre au commerce
intrarégional, les chiffres mettent en relief les multiples obstacles au
commerce qui subsistent sur le continent bien que l'Afrique soit la
région qui réforme le plus rapidement ses procédures
commerciales (Banque mondiale, 2009). Les coûts commerciaux non
tarifaires se décomposent en trois principaux éléments:
coûts de transport, procédures administratives induisant des
inefficiences propres aux opérations transfrontières, et autres
coûts à l'intérieur des frontières
nationales92.
Bref, la valeur moyenne des exportations à
l'intérieur de ce groupement entre 2004 et 2006 a été de
près de 11 milliards de dollars par an, soit 12 % des exportations
totales de la SADC. Les importations et les exportations y sont
évidemment dominées par l'Afrique du Sud, qui représente
à elle seule 44 % des exportations et 40 % des importations au sein de
la SADC. Le deuxième exportateur à l'intérieur de la
Communauté est le Swaziland (14 %) et le deuxième importateur est
le Zimbabwe (13 %). Les principaux flux au sein de la SADC sont
constitués par les exportations du Swaziland vers l'Afrique du Sud,
suivies de près par les exportations de l'Afrique du Sud vers le
Zimbabwe, la Zambie et le Mozambique93.
90 FRIEDRICH EBERT S.. Deepening Integration in
SADC, Johannesburg, CRIP, 2007, p.21
91 NJINKEU D., Wilson J. et Powo Fosso B. Expanding
trade within Africa: the impact of trade facilitation. World Bank Policy
Research Working . Washington DC: Banque mondiale., 2008
92 NJINKEU, D., et Powo Fosso B. (2006). Commerce
interafricain et intégration régionale. Document
présenté à la Conférence internationale de la BAD
et de l'AERC «Accélérer le développement de l'Afrique
cinq ans après le début du XXIe siècle».Tunis, 22-24
novembre.
93 Rapport CENUCD 2009, Op.cit, p.31
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 57 -
§3. Processus d'intégration et
Réalisations
Nous ne pouvons rester indifférent aux
différentes réalisations de la SADC depuis sa création
jusqu'à nos jours qui, soient elles en termes des dispositions
légales mises en place et/ou en termes des actions et projets
réalisés ou en cours 94.
1. Traité de la SADC
Le Traité de la SADC prévoit une base et un
cadre juridiques en vue de la réalisation de la mission de la SADC
« de promouvoir une croissance économique et développement
socio-économique durables et équitables par le biais de
systèmes de production efficaces, la coopération et
l'intégration plus approfondies, la bonne gouvernance et la paix
durable, la sécurité ; de sorte que la Région soit une
actrice compétitive et efficace dans les relations internationales et
l'économie mondiale ».
2.Le Protocole commercial de la SADC
Signé en 1996 et entré en vigueur depuis 2000,
ce protocole est l'un des protocoles conclus par les États membres de la
SADC afin de donner une valeur juridique et pratique à leurs engagements
à la réalisation du Traité de la SADC. Le protocole
commercial engage les membres à éliminer progressivement les
tarifs en cours, à harmoniser les procédures et la documentation
commerciales au sein de la SADC, à définir les règles
d'origine de la SADC et à réduire d'autres obstacles au
commerce.
La Zone de libre-échange (ZLE) est établie par
la suppression des taxes à l'importation sur les importations en
provenance d'autres États membres. La mise en oeuvre de la ZEL a
commencé en 2000 à la suite de la signature du Protocole
commerciale de la SADC. La libéralisation des tarifs a eu lieu à
différents rythmes. En général, les États membres
les plus développés ont réduit les tarifs à un
rythme plus rapide, l'Afrique du Sud, de concert avec d'autres pays de la SACU
- le Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland - ont enlevé la
plupart des tarifs en 2000. Les pays à revenu intermédiaire comme
Maurice ont progressivement réduit leurs droits de douane chaque
année entre 2000 et 2008. Pour les pays les moins avancés tels
que le Mozambique et la Zambie les réductions tarifaires ont
généralement été introduites au cours de 2007 et
2008. Ces réductions progressives sont dénommées phases de
réductions tarifaires. Toutes les marchandises sont classées en
quatre catégories tarifaires: A, B, C et E. Différents
délais sont prévus pour les réductions
tarifaires95.
94 Secrétariat de la SADC, 2009.
95 Le Protocole Commercial de la SADC
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 58 -
Tableau N°4 : la SADC, ZLE et domaines
d'intégration
Communauté Economique Régionale
|
Stade
|
Date d'entrée en vigueur
|
Domaines d'intégration et de
coopération
|
Objectif Spécifié
|
États membres
|
SADC
|
Zone de libre échange
|
1er sept.
2000
|
Biens, services, investissements, migrations
|
Union
économique intégrale
|
Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice,
Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo,
République Unie de
|
|
|
|
|
|
Tanzanie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe
|
Source96 : Rapport CENUCD, le
Développement économique en Afrique, 2009, p12
Lancée avant janvier 2008 par douze des 15 États
membres de la SADC, la Zone de libre-échange permet de créer un
marché régional d'une valeur de 360 milliards de dollars pour une
population totale de 170 millions d'habitants et ses économies croissent
de 7% par an. L'Angola et la République démocratique du Congo
vont adhérer à l'accord de libre-échange ce qui ajoute
encore 71 milliards de dollars et 77 millions de personnes sur le marché
de la SADC.
La ZEL, établie par le Protocole Commercial, a permis
la création des institutions suivantes:
Comité des ministres en charge du commerce
(CMT) : Ce Comité ministériel supervise la mise en
oeuvre du Protocole commercial. Il assure la supervision du Comité des
hauts fonctionnaires et des sous-comités établis en vertu dudit
Protocole. Comité des Hauts fonctionnaires :
Ce comité constitue un organe consultatif technique et est
composé de secrétaires ou Directeurs généraux en
charge du commerce. Il rend compte au CMT sur des questions relatives aux
dispositions du Protocole commerciale, surveille l'application dudit Protocole
et supervise le Forum des négociations commerciales.
Forum de négociations commerciales (FNC) :
Le FNC est responsable de la conduite des négociations
commerciales de la SADC, du suivi des effets de la libéralisation du
commerce, et en liant la libéralisation des échanges à la
coopération régionale dans d'autres secteurs. Ce Forum rend
compte au Comité des hauts fonctionnaires. Un certain nombre de
comités et sous-comités techniques ont été
établis pour des domaines techniques précis. Ces comités
et sous-comités surveillent les activités des dispositions
spécifiques et des éléments du Protocole sur le Commerce
et notamment le Comité technique sur le sucre (CTS), le
sous-comité sur la coopération douanière et le
Sous-comité sur la facilitation du commerce.
96 Rapport CENUCD 2009, Le développement
économique en Afrique, p.12
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 59 -
Le plan stratégique indicatif de développement
régional (RISDP), approuvé par le Sommet en 2003, avait
fixé des objectifs ambitieux pour l'intégration
régionale:
· Une ZLE: 85% du commerce des biens seront
libéralisés d'ici à 2008;
· Achèvement des négociations de l'Union
douanière de la SADC d'ici 2010;
· Achèvement des négociations de
Marché commun de la SADC d'ici 2015;
· Union monétaire SADC et la Banque centrale SADC
d'ici 2016;
· 2018
Lancement d'une monnaie régionale d'ici 2018.
97
ZLE
2008
2010
U D
2015
M C
2016
BC
2016
U M
M R (I E)
Source : Manuel Zone de Libre
Echange de la SADC, GFA, 2008.
3.Les critères de convergence
macro-économique.
Le Programme de Convergence Macroéconomique de SADC
est basé sur la mesure de quatre indicateurs macroéconomiques.
Les critères sont exposés dans le Plan Indicatif
Stratégique de Développement Régional (RISDP),
lancé lors du sommet à Arusha en août 2004, qui a
également défini le calendrier de travail pour atteindre une
intégration économique complète et l'union
monétaire d'ici 201898.
Par ailleurs, les Banques Centrales de la SADC sont en pleine
harmonisation de leurs politiques monétaires avec pour but
d'établir une unité monétaire commune d'ici 2016. De
même, la SADC espère parvenir à une discipline fiscale
durable en se concentrant sur les déficits budgétaires se montant
à moins de 5% du Produit National Brut (PNB) d'ici 2008, qui peut
être accompli par un contrôle rigide des dépenses, et le
renforcement de la collecte de revenu et des bases d'imposition99.
En ce moment, seul le Rand sud africain est convertible dans tous les pays de
la SADC suivi du Pula du Botswana convertible dans certains mais pas tous les
Etats membres100. Ainsi, ces critères sont :
97 .Le Protocol commercial d la SADC, Op.cit,
p
98 Idem,
99 Le Communiqué du 29ème
Sommet de la SADC tenu à Kinshasa du
100 SADC TODAY , Vol. 8 No. 4 Octobre 2005
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 60 -
Tableau N° 1 : Critères de convergence
macroéconomique
Années
Indicateurs
|
2008
|
2012
|
2018
|
Taux d'inflation annuel
|
< 10%
|
5%
|
3%
|
Déficit/PIB
|
<5%
|
3%
|
3-1%
|
Dette/PIB
|
6,0%
|
6,0%
|
6,0%
|
Compte courant/PIB
|
9%
|
9%
|
9%
|
Croissance économique
|
7%
|
7%
|
7%
|
Réserves externes (mois d'importation couverts)
|
3
|
6
|
6
|
Crédit de la Banque centrale au gouv. (% des revenus de
l'Etat)
|
10%
|
5%
|
5%
|
Epargne intérieure (% PIB)
|
25%
|
30%
|
30%
|
Investissement intérieur (% PIB)
|
30%
|
30%
|
30%
|
|
Source : Secrétariat de la
SADC, Gaborone, 2009
Aussi le sous-comité macroéconomique a
défini et retenu des critères à réaliser par les
économies de la sous-région au cours de la sous-période de
2009 à 2012. Il s'agit du taux d'inflation annuel à 5,0%, du
déficit public limité dans l'intervalle de 1,0% à 3,0% ,
du PIB et de la dette publique qui doit se limiter à 6,0% du PIB. Parmi
ces critères, figure également le fait d'avoir des
réserves internationales qui ne doivent pas être
inférieures à six semaines des importations des biens et services
; la croissance du PIB réel qui doit se situer autour de 7,0% en vue de
favoriser l'accroissement du revenu par tête d'habitant pour atteindre
l'objectif de réduction de la pauvreté d'ici l'horizon 2015. Et
enfin, le solde de la balance courante qui ne doit pas dépasser le seuil
de 9,0% du PIB. " La réalisation de ces critères par l'ensemble
des pays membres constitue une condition sine qua non de l'intégration
économique tant recherchée ", a relevé le
représentant du gouverneur de la BCC, Jean Claude
Masangu101.
En vertu de la Zone de libre-échange (ZLE), les
États membres libéralisent le commerce par le biais de la
suppression des tarifs et d'autres obstacles non tarifaires. La ZLE
prévoit également des mesures visant directement à
faciliter les échanges en réduisant la bureaucratie et les
formalités aux frontières et à fournir un cadre en vue
d'améliorer la circulation des biens dans toute la Région.
- Calendrier de réduction progressive des
tarifs
? Catégorie A - Libéralisation
immédiate
Toutes les lignes tarifaires de cette catégorie sont
immédiatement à 0% à partir de la date de mise en
oeuvre.
101 Séances de Travaux du sous-comité
macroéconomique de la SADC tenue à Kinshasa Aout 2010.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 61 -
+ Catégorie B - Libéralisation progressive
(Principe d'Asymétrie)
· Actions plus rapides - libéralisation
progressive par la SACU - les lignes tarifaires sont réduites par
versements égaux de la 1ère année à la 8ème
année.
· Actions rapides - libéralisation progressive
par Maurice et le Zimbabwe- les lignes tarifaires sont réduites par des
versements égaux, de la 4ème année à la 8ème
année.
· Actions moins rapides - libéralisation
progressive par MMTZ - les lignes tarifaires sont réduites par des
versements égaux, de la 6ème année à la
8ème année.
+ Catégorie C - Marchandises
sensibles
Il s?agit des marchandises d'importance économique
pour les États membres. La réduction des tarifs sur ces
marchandises ne commence qu'après une période de 8 ans. Ils
représentent 15% ou moins des lignes tarifaires.
+ Catégorie E - Liste d'exclusion
Cette liste se compose de très peu de biens comme par
exemple les armes à feu. Depuis Janvier 2008, lorsque la SADC a obtenu
le statut de Zone de libre-échange (ZLE), les producteurs et les
consommateurs ne paient pas de droits d'importation sur un taux estimatif de
85% de l'ensemble des échanges de biens communautaires dans les premiers
12 pays. Les autres lignes tarifaires seront presque complètement
éliminées progressivement d'ici 2012102. Les
États membres de la SADC se sont convenus d'éliminer tous les
obstacles non tarifaires et de ne pas en imposer de nouveaux, sauf si
nécessaire pour des raisons de santé et de
sécurité, de moralité publique, de sécurité
nationale.
La suppression de l'importation et les restrictions à
l'exportation se sont avérées difficiles, et sont
compliquées par le fait que, souvent, les obstacles non tarifaires
résultent de politiques qui ne sont pas destinées à
limiter les importations. A maintes reprises, le secteur privé et
d'autres intervenants ont mis en évidence les retards et les
difficultés à la frontière comme l'un des principaux
obstacles à faire des affaires dans la région.
4.La coopération douanière et la
facilitation du commerce
Pour faciliter le dédouanement rapide des biens aux
points d'entrée, le Sous-comité de coopération
douanière a élaboré et a mis en oeuvre un document
administratif douanier unique (SADC-DD). Le formulaire de déclaration
unique a remplacé un certain nombre de formulaires de déclaration
en douane qui ont été conçus pour les différents
régimes douaniers. Une loi modèle de douane a également
été élaborée pour cadrer et harmoniser les
pratiques et les procédures douanières. La plupart des pays de la
SADC sont sans littoral ainsi, pour faciliter le trafic de transit
102 Protocol Commercial de la SADC, Op.cit,
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 62 -
une seule caution de garantie douanière et une seule
déclaration douanière par le biais de la SADC-DD système a
été élaboré.
Pour réduire le temps de dédouanement aux
postes frontières, la Région met au point des guichets uniques
aux postes-frontaliers à la frontière du Mozambique et du
Zimbabwe (Forbes - Machipanda), de l'Afrique du Sud et du Mozambique (Lebomba -
Ressano Garcia), du Zimbabwe et de la Zambie (Chirundu). Les Administrations
douanières de la SADC ont renforcé leur coopération par
des Protocoles d'accord bilatéraux d'assistance administrative
mutuelle.
5. Sécurité alimentaire et obstacles
techniques au commerce
La coopération de la SADC en matière de
normalisation, d'assurance de qualité, d'accréditation et de
métrologie (SQAM) s'occupe de l'élaboration de normes qui peuvent
être utilisés par les producteurs et les organismes de
réglementation pour s'assurer que les produits échangés ne
remplissent pas seulement les exigences de qualité mais qu'ils ne posent
pas non plus de danger à l'utilisateur ou au consommateur. Les
producteurs seront en mesure de collaborer avec les organismes nationaux de
normalisation (ONN), les instituts de métrologie (INM) et les organismes
d'évaluation de la conformité (OEC) des États membres afin
de mettre en oeuvre les dernières normes et technologies. Les
Régulateurs seront en mesure de faire référence à
des normes internationales convenues dans la formulation des règlements
techniques pour la protection des consommateurs et de l'environnement et la
prévention de pratiques déloyales.
Les règlements techniques sont
considérés comme n'étant pas là pour créer
des obstacles techniques au commerce (OTC) quand elles sont fondées sur
des normes internationalement reconnues. Les institutions de la SADC-SQAM
continueront à coopérer et à harmoniser les normes dans la
Région en vue d'offrir des chances égales dans l'échange
de biens et également d'assister les producteurs et les fabricants
à se tenir à jour avec les dernières attentes de
qualité au niveau local et à l'étranger. Etant
donné que les consommateurs deviennent plus conscients et leurs attentes
plus croissantes, la concurrence sera autant basée sur la qualité
que sur les prix. La coopération régionale dans les domaines des
normes et des réglementations techniques basée sur des obstacles
techniques au Commerce (OTC) qui constituent l'Annexe au Protocole de la SADC
sur le Commerce, est assurée par les structures suivantes:
SADCSTAN - Coopération en matière de normalisation
au sein de la SADC, SADCMET - Coopération en matière de
traçabilité des mesures au sein de la SADC,
SADCMEL - Coopération en matière de
métrologie légale au sein de la SADC, SADCA - Coopération
en matière d'accréditation au sein de la SADC,
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 63 -
SADCTRLC - Comité de liaison SADC pour les
réglementations techniques, SADCTBTSC - Comité d'intervenants
SADC pour les obstacles techniques au commerce.
De plus, les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS)
annexées au Protocole commercial de la SADC fournissent un cadre pour la
coopération au niveau de la santé animale et
végétale, ainsi que les normes de sécurité
alimentaire.
Il faut ajouter que la SADC a mis en place une structure des
opérations de la Zone de libre-échange (ZLE) au niveau
régional qui, cette responsabilité, incombe à la Direction
du Commerce, de l'Industrie, à la Direction des finances et de
l'investissement du Secrétariat de la SADC bien que la mise en oeuvre
effective dépende des structures existantes dans les États
membres. Il est prévu qu'un Mécanisme spécial de
contrôle du commerce et de conformité (TMCM) pour le suivi de la
mise en oeuvre de la ZLE sera établi au Secrétariat. Les
discussions sur la structure envisagée sont toujours en cours dans le
TNF. La structure de suivi envisagé englobera également le
contrôle des NTB et le mécanisme de notification qui a
été approuvé par les Ministres du Commerce et dont
l'activation est mise en place par le Secrétariat et les États
membres. Ce mécanisme a le potentiel d'accroître le commerce. Son
efficacité est toutefois subordonnée à la participation
totale et active des milieux d'affaires. Ce sont aux entreprises qui
opèrent par delà les frontières de prendre l'initiative
d'identifier les problèmes et préconiser des solutions.
La grande majorité des marchandises qui sont
originaires d'un État Membre bénéficie d'un libre
accès aux marchés de la SADC. Pour de nombreux produits, il est
facile de déterminer le pays d'origine. Pour déterminer si un
produit est originaire de la région et bénéficie donc de
l'accès libre au marché de la SADC, un ensemble de règles
appelées "règles d'origine" ont
été convenues par les États membres. Pour
bénéficier des préférences commerciales de la SADC,
les exportateurs doivent donc obtenir la confirmation d'origine par le biais
d'un certificat d'origine.
Pour qu'un produit soit qualifié d'originaire d'un
État membre, il doit répondre à un certain nombre de
critères des règles d'origine de la SADC.
· Règle «entièrement
produites / obtenues»: Les marchandises qui sont produites ou
fabriquées dans un État membre en utilisant des matériaux
de la région sont considérés comme originaires de
l'intérieur de la région de la SADC.
· Règle «suffisamment
travaillés / transformés»: La transformation d'un
produit en un nouveau produit très différent du produit
d'origine. Pour établir si un produit a été suffisamment
transformé, il sera soumis à un " test d'importation
" (importation du
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 64 -
contenu ou les critères de valeur ajoutée) ou le
"Test de classement tarifaire SH" (règle de changement de position
tarifaire)103.
Par conséquent, un produit qui est tout simplement un
reconditionnement ou mixte ne sera pas considéré comme originaire
d'un État Membre. Les documents justificatifs sont nécessaires
à la douane du poste frontière pour pouvoir être
autorisés à entrer dans un État Membre. Afin de
déterminer l'origine des marchandises, les États membres de la
SADC sont considérées comme un seul territoire - le cumul se
produit alors quand un produit est fabriqué dans plus d'un État
Membre.
- Dispositions spéciales pour le MMTZ
En vertu des règles d'origine de la SADC, le Malawi, le
Mozambique, la Tanzanie et la Zambie (MMTZ) ont une dispense spéciale
pour les textiles et les vêtements envoyés en Afrique du Sud et
dans les pays de la SACU partenaires du Botswana, du Lesotho, de la Namibie et
du Swaziland. Ces dispositions assurent une plus grande flexibilité et
permettent aux MMTZ de bénéficier des préférences
tarifaires de la SADC en utilisant des tissus importés de
l'extérieur de la Région. Ces dispositions doivent permettre la
recapitalisation des industries du MMTZ et sont donc temporaires et
autorisées par dérogation aux dispositions du Protocole
commercial.
5. Le secteur de Communication
Le secteur offre un exemple intéressant d'une
intégration régionale réalisée à
l'initiative du secteur privé. En 2006, prenant conscience que
l'interconnectivité des services d'itinérance était
essentielle pour les nombreux abonnés africains dont les familles et les
liens sociaux ou commerciaux dépassaient les frontières
politiques, les sociétés MTC et Celtel(actuellement Zain) ont
établi un réseau unique («One Network») pour l'Afrique
australe. Ce réseau permettait alors aux clients du Kenya, de l'Ouganda
et de la République-Unie de Tanzanie de se servir de leur abonnement
dans l'un ou l'autre de ces pays pour faire des appels facturés aux
tarifs locaux et sans frais d'itinérance, de recevoir des appels sans
frais et de recharger leurs comptes prépayés avec une carte de
recharge achetée localement. En juin 2007, le réseau unique a
été élargi à six autres pays africains, dans le but
ultime de mettre en place un réseau sans faille dans les 15 pays
africains desservis. L'exemple de Celtel et MTC, avant et après
l'acquisition de la première par la seconde, montre que le secteur
privé peut effectuer des investissements fructueux et exercer des
activités lucratives dans le secteur de la téléphonie
mobile des pays en développement (CNUCED, 2008d)104.
103 Protocol Commercial de la SADC, Op.cit,
104 Idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 65 -
Enfin, l'accord de libre-échange permet donc aux
États Membres de gérer le commerce par l'introduction d'une
protection temporaire afin de sauvegarder une industrie ou à favoriser
le développement d'une industrie naissante, en consultation avec
d'autres États Membres. L'accord de libre-échange permet aussi
une protection contre la concurrence déloyale en imposant de mesures
anti-dumping105 :
- Mesures de sécurité: parfois
quand un produit est importé en grandes quantités et à des
prix qui causent ou menacent de causer un préjudice grave»
Exportations nette de la Zambie à la branche de production nationale, un
pays importateur devra imposer des restrictions au commerce - garanties - pour
donner à la branche de production nationale du temps pour s'adapter. La
protection de sauvegarde n'est que temporaire. Pour l'accord de
libre-échange de la SADC, ces restrictions peuvent être
imposées pour une période initiale de quatre ans, jusqu'à
un maximum de huit ans. Les garanties doivent s'appliquer à toutes les
importations - pas seulement à des importations en provenance de
certains pays.
- L'industrie naissante: Dans certaines
circonstances limitées, les industries débutantes auront besoin
de protection contre la concurrence d'importations à ses débuts.
Pour imposer des droits sur la base de la protection des industries, un
État Membre de la SADC doit démontrer que : 1. l'industrie finira
par devenir plus compétitive et 2. qu'elle ne peut être
développée qu'à travers la protection du commerce.
- Anti-dumping: Pour imposer des droits
antidumping, un pays doit démontrer que le produit concerné est
l'objet d'un dumping (qui est vendu sur les marchés d'exportation
à un prix inférieur au coût de production ou
inférieur au prix pratiqué dans le pays d'origine) et que cela
cause ou menace de causer un préjudice important pour les producteurs
nationaux106.
6. Règlement des différends
Les droits et les obligations dans le cadre du Protocole
commercial peuvent être assurés par les règles et les
procédures régissant le règlement des différends
entre États membres telles que définies dans l'Annexe VI du
Protocole, qui est calqué sur l'Accord OMC des règles et
procédures régissant le règlement des différends.
La conciliation et la médiation sont des procédures qui peuvent
être entreprises volontairement à tout moment en cas de litige,
les États membres en conviennent, et avec l'aide du Président du
Comité des Ministres responsables du Commerce. Lorsqu'une solution
mutuellement satisfaisante n'est pas trouvée, l'annexe
105 Protocol Commercial de la SADC, Op.cit,
106 Idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 66 -
VI définit les procédures et les
échéanciers pour les consultations, la mise en place des
comités et la saisine du Tribunal de la SADC107.
Enfin, il existe bon nombre de projets (dans les secteurs de
l'énergie électrique et de communication) de la SADC dont les uns
sont en cours d'exécutions et d'autres encore sont au niveau
d'études de faisabilité108.
7. Les actions pratiques dans le domaine fiscale
En matières fiscales, il existe les incitations fiscales
pratiquées par les Etats de la SADC qui peuvent se présenter
comme suite :
Tableau N°5. Les incitations les plus
utilisées dans la SADC.
Pays
|
Nombre
s de mesures
|
Réductions
initiales pour amortissement
|
Taux
d'imposition préférentiels
|
Congés fiscaux
|
Incitations
spéciales à l'exportations
|
Amortis sement accéléré
|
Forma
tion et emploi
|
Crédit d'investiss ement
|
Angola
|
3
|
-
|
1
|
1
|
-
|
1
|
|
-
|
Botswana
|
4
|
1
|
1
|
1
|
-
|
-
|
1
|
-
|
RDC
|
4
|
1
|
-
|
1
|
1
|
1
|
|
-
|
Lesotho
|
2
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
Malawi
|
5
|
1
|
1
|
1
|
1
|
-
|
1
|
-
|
Maurice
|
6
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
-
|
2
|
Mozambique
|
6
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
-
|
2
|
Namibie
|
6
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
Seychelles
|
4
|
1
|
1
|
-
|
1
|
1
|
-
|
|
RSA
|
5
|
1
|
1
|
-
|
1
|
1
|
1
|
|
Swaziland
|
6
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
Tanzanie
|
3
|
1
|
-
|
1
|
1
|
-
|
1
|
|
Zambie
|
5
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
|
Zimbabwe
|
6
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
SADC Total
|
|
12
|
12
|
11
|
11
|
10
|
7
|
2
|
Source : Base de données fiscales de la
SADC (2003), Secrétariat de la SADC
Selon ce tableau, nous constatons que plusieurs pays de la
SADC accordent un abattement pour amortissement de 100 % la première
année. Cette mesure concerne principalement l'agriculture et les
industries extractives. La Tanzanie offre un abattement de 100 % pour certains
investissements dans les secteurs pilotes. Le Mozambique applique depuis peu un
abattement de 100 % sur le matériel technologique. Les autres
déductions initiales en vigueur dans la région vont de 10 %
à 60 % et couvrent les secteurs suivants : bâtiments industriels,
entreprises manufacturières exportatrices, matériel informatique,
tourisme, hôtellerie, PME, agriculture et organismes implantés
dans certaines régions. L'Afrique du Sud a créé un
programme d'investissement stratégique (SIP) dans le cadre duquel des
déductions initiales pour amortissement sont accordées au titre
d'abattements supplémentaires.
107 Protocol Commercial de la SADC, Op.cit,
108 Secrétariat de la SADC, 2003
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 67 -
La plupart des pays de la SADC accordent des taux d'imposition
préférentiels à certaines sociétés. Dans
certains cas, les entreprises bénéficient d'exonérations
totales : Les entreprises des zones franches industrielles de Namibie, du
Malawi et de Zambie ; Les sociétés internationales de services
financiers à Maurice ; Les sociétés offshore
implantées aux Seychelles. Les autres taux vont de 10 % à 25 %,
le taux le plus fréquent étant 15 %. Secteurs visés :
Agriculture ; Industrie manufacturière ; Industries extractives ; -
Petites entreprises. Le «Congé fiscal» (ou
«exonération temporaire») n'est pas considéré
comme un outil efficace d'encouragement à la réalisation
d'investissements avisés et durables. Il est très populaire dans
la région de la SADC (le Lesotho et l'Afrique du Sud ont adopté
des programmes de congés fiscaux dans le passé). Il porte
généralement sur une période de 5 ans (la fourchette
allant de 3 à 20 ans). Les bénéficiaires sont
généralement les exportateurs, les industries prioritaires, les
entreprises manufacturières et des sociétés
implantées dans certaines régions.
Dangers :
Ses effets sont généralement négatifs :
le système revient à subventionner le fisc de l'État
où réside l'investisseur. En effet, les impôts auxquels
renonce l'État qui accorde le congé fiscal sont
généralement perçus par le Trésor du pays de
résidence de l'investisseur. Il est possible de pallier le
problème en incluant une clause de crédit d'impôt fictif
dans les accords portant sur les moyens d'éviter la double imposition
(bien que les signataires de ces documents ne souhaitent
généralement pas accorder de tels déductions fictives).
Exonérations fiscales ou réduction
des taux d'imposition dans les zones de libre-échange : Le
Malawi propose un abattement de 12,5 % sur les ventes brutes à
l'exportation. La Namibie et Maurice accordent des déductions
supplémentaires aux exportateurs au titre de la commercialisation des
exportations et des frais de promotion. L'Afrique du Sud offre des incitations
spéciales à l'exportation dans le cadre de son programme de
développement de l'industrie automobile (MIDP). Ces mesures prennent la
forme non pas d'abattements sur le revenu imposable mais de crédits de
droits d'importation accordés en fonction de la teneur en produits
nationaux des ventes à l'exportation.
L'amortissement
accéléré. Il y a accélération de
l'amortissement lorsque le taux d'amortissement excède le taux
véritable de consommation du capital. Cette mesure s'applique
généralement aux installations et équipements du secteur
manufacturier. La Zambie propose un taux de 50 % sur deux ans. L'Afrique du Sud
offre un système de type «40:20:20:20» sur quatre ans. La
Namibie accorde un taux de 33,3 % par an aux industries extractives et
Pétrolières.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 68 -
Le Botswana et le Swaziland accordent un abattement de 200 %
aux entreprises habilitées à participer à leurs
programmes. Le Malawi (50 %), la Namibie (25 %) et le Lesotho (25 %) offrent
eux aussi des abattements supplémentaires de ce type. L'Afrique du Sud
propose une «franchise fiscale au titre de l'apprentissage» à
hauteur de 1 point de pourcentage de la taxe sur la masse salariale qui finance
les programmes de formation professionnelle109.
Dans la SADC, les incitations fiscales ont donné des
résultats très inégaux. Dans certains cas, elles ont
permis d'attirer des investissements majeurs : Le meilleur exemple de
réussite est le «miracle mauricien» : on considère
généralement que les généreux avantages fiscaux
offerts par Maurice ont fortement contribué à attirer des
investissements dans l'île. Le Lesotho a enregistré des
succès considérables dans la création d'emplois dans le
secteur des produits manufacturés destinés à l'exportation
grâce à des mesures fiscales conjuguées avec la disposition
de l'AGOA donnant aux pays africains à faible revenu un accès en
franchise de droits au marché américain des vêtements
fabriqués à partir de tissus provenant de pays tiers. Les
incitations fiscales ont joué un rôle essentiel dans
l'implantation de l'usine d'aluminium MOZAL au Mozambique. En Afrique du Sud,
on estime généralement que le programme MIDP a réussi
à attirer l'investissement et à accélérer la
croissance des exportations automobiles.
Au Botswana, enfin, le gouvernement estime que le taux
d'imposition de 15 % proposé aux entreprises manufacturières a
donné des résultats satisfaisants. Quant à la RDC, les
incitations fiscales du nouveau code d'investissement de 2001 ne donnent pas
des résultats escomptés à cause de la défaillance
jusque là du climat d'affaires et de la s lourdeur administrative.
§4. Impact probable dans la région et
évaluation critique
1. Impact probable dans la région
Pour le secteur privé, dans certains pays, la Zone de
libre-échange a un Impact probable de l'accroissement de
l'intégration régionale sur l'entreprise et d'autres acteurs non
étatiques de la SADC. La ZLE leur présente un marché
régional de plus de dix fois le pouvoir d'achat de l'économie
nationale. La SADC est également un important marché pour
certains des principaux produits d'exportation. Par exemple, la majorité
des importations d'épices de la SADC, qui sont importantes pour
Madagascar et la Tanzanie et de plus en plus importante ailleurs, proviennent
de la SADC, et ce marché croit à un taux moyen de 15% par
an110.
109 Secrétariat de la SADC,(2003)
110 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 69 -
- Un secteur privé plus compétitif et
dynamique
Les principaux avantages attendus de la mise en oeuvre de la
ZLE qui ressortent d'une enquête récente du secteur privé
et d'autres acteurs non étatiques (ANE) sont en termes d'augmentation
des échanges et des productions, un secteur privé plus
compétitif et une plus grande convergence des revenus dans la
région de la SADC.
Avec de plus grandes opportunités pour le commerce, les
nouvelles activités et l'expansion de la production nationale, les
entreprises et autres acteurs non étatiques s'attendre à voir une
nette augmentation de l'emploi. ...Et en abaissant les prix pour les
entreprises et les ménages. Avec une réduction des obstacles au
commerce et une concurrence accrue dans la Région, les entreprises
s'attendent à ce que le libre-échange permette de baisser le prix
des intrants, et d'améliorer la compétitivité. Les
ménages seront en mesure d'étirer leur budget étant
donné que les biens de consommation deviennent plus abordables.
Ainsi, elle conduirait à la création d'une
plate-forme pour pénétrer les marchés mondiaux. La Zone de
libre-échange a un rôle clé à jouer en
améliorant la compétitivité et en permettant au secteur
privé de la SADC de gagner sur les marchés mondiaux. Un aspect
important de ceci est de faciliter les chaînes d'approvisionnement
régionales et de permettre au secteur privé de se procurer des
intrants dans la Région à moindre coût. Par exemple, les
excédents commerciaux de la vente de légumes de la Zambie
à l'UE (horticulture) et les produits alimentaires
préparés sont favorisés par ses importations nettes
d'emballage pour les exportations de la région de la SADC.
- Assurer un commerce équitable
Le libre-échange rend les entreprises plus efficaces et
plus compétitives, et ainsi augmente la croissance sur le long terme.
Cependant, pour de nombreux pays, il existe des secteurs qui sont "sensibles"
et nécessitent une protection contre les hausses dans la concurrence des
importations, par exemple pour préserver l'emploi dans les
régions défavorisées ou vulnérables.
2. Evaluation critique
Au vu de ce qui précède, nous nous permettons de
faire une petite évaluation des actions de la SADC depuis 2006. Ainsi,
on peut constater ce qui suit : La SADC a harmonisé les mesures
régissant l'impôt, l'investissement, les bourses de valeurs
mobilières et les assurances, tout en cherchant des voies et moyens
parvenir à la convergence macroéconomique. Dans d'autres domaines
de la coopération au service du développement, par exemple pour
le Pool énergétique, la Communauté de développement
de l'Afrique australe a également fait des avancées. Après
la dénonciation, en 1997, de son protocole initial par les Gouvernements
de l'Afrique du Sud, de la Namibie et du Botswana, la SADC a adopté un
nouveau protocole à
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 70 -
l'occasion du sommet de 2005 qui autorise les ressortissants
des pays membres à entrer sans visa pendant une période maximale
de quatre-vingt-dix jours par année. Il leur permet également de
résider, à titre permanent ou temporaire, et de travailler sur le
territoire d'un autre pays membre. Le protocole doit néanmoins
être ratifié par au moins neuf (soit les deux tiers) des
États membres de la SADC.
La SADC a mis en place une zone de Libre-échange depuis
2008, une marche positive vers l'intégration économique. Les
membres de la SADC ont de leur côté adopté le document
douanier commun SAD 500 pour l'importation, l'exportation et le transit
douanier, mais l'Afrique du Sud est le seul pays à l'avoir
approuvé jusqu'à maintenant. Le traité
révisé de la SADC a introduit des dispositions visant
expressément le traitement national, le droit d'établissement, la
libre circulation des capitaux ou de la main-d'oeuvre. Ces dispositions
constituent le fondement juridique sur lequel peut se construire une
intégration effective des services. Toutefois, jusqu'à
présent, on n'enregistre que des progrès très
limités dans la mise en oeuvre des dispositions d'intégration des
ACR. Au mieux, ce que l'on observe c'est une facilitation du commerce et une
coopération sectorielle concernant l'infrastructure de services
essentiels111.
Concernant la mobilité, les mécanismes
régionaux de coopération économique qui existent
actuellement comportent des dispositions sur la libre circulation des personnes
ainsi que sur les droits de résidence et d'établissement. Le
principe de la mobilité de la main-d'oeuvre est inscrit dans le
protocole et fait partie des objectifs de plusieurs CER africaines, mais des
obstacles d'ordre pratique continuent de freiner sa mise en oeuvre sur le
terrain. Ainsi, les marchés du travail restent cloisonnés et
entravent la libre circulation de la main-d'oeuvre entre les pays (CEA, 2006a:
19-20)112.
Bien qu'on ait parfois mentionné la
nécessité d'assurer la libre circulation des personnes, notamment
en inscrivant ce principe dans les accords régionaux de
coopération économique, les dispositions et les protocoles sur la
mobilité de la main-d'oeuvre n'ont pas encore été mis en
oeuvre. Bien que la SADC ait adopté des dispositions dans ses protocoles
sur la libre circulation des personnes et les droits de résidence et
d'établissement, ces droits n'ont toujours pas été
intégrés dans les législations nationales. Il faudrait
peut-être aussi modifier les législations nationales et les codes
d'investissement qui empêchent les «étrangers», y
compris les ressortissants des États d'une communauté, d'exercer
certains types d'activités économiques. En fait, dans l'ensemble,
la SADC a déjà dans ses actifs 37 accords dont certains sont
déjà entrés en vigueur de 2000 à
2006113, la plupart est restée lettre morte.
111 Rapport CNUCD, 2009, Op.cit, p.101
112 Idem
113 SADC TODAY, SARDC, P.O Box 5690, Harare, Zimbabwe., 2006
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 71 -
Section III : Entraves et défis
§1.Les Entraves
Nous entendons par entraves ou obstacles d'intégration
économiques, l'ensemble d'éléments de dissociation ou des
forces centrifuges qui fauchent et gauchissent les tentatives de regroupement
des Etats au sein des ensembles économiques en vue de
l'intégration économique. Pour NDESHYO RURIHOSE, dans les
systèmes d'intégration africaine, l'une des difficultés
insurmontables de l'étude de l'intégration internationale
réside dans l'incertitude objective de mesurer et de quantifier
l'existence de la volonté politique des acteurs nationaux en faveur de
l'intégration régionale des changements et de ses
intérêts selon les circonstances et surtout du fait que les
paramètres diplomatiques se prêtent mal à la
mesurabilité. En Afrique, cette difficulté demeure
aggravée par certaines variables telles que la nouveauté du
système diplomatique africain, le sous-développement des Etats
membres et par-dessus tout l'instabilité des régimes politiques
ainsi que les conflits interétatiques de toutes sortes
»114. Pour la SADC, ces entraves relèvent soit sur le
plan politique, économique et parfois socioculturel.
1.1. Problèmes d'ordre politique et
institutionnel
Nous avons vu que les Etats aspirent unanimement à
l'unité régionale. Mais les réticences surgissent au
moment de traduire cette volonté de concepts opératoires, au
moment de lui donner forme sur le plan pratique. Au plan institutionnel, les
Etats élisent de barrière destinée à
protéger les marchés nationaux contre la concurrence des voisins,
ces barrières freinent l'accroissement à des échanges
intra-régionaux. En Afrique en général ces
problèmes se présentent en termes de conflit frontalier
permanent, instabilité des certains régimes politiques (coup
d'état, remaniement répétés de gouvernement),
l'ingérence des chefs d'Etats africains dans les affaires
intérieures d'autres Etats. À toutes ces raisons, nous pouvons
évoquer le fait que même au sein des certaines intégrations
africaines et ailleurs, on assiste à la déstabilisation politique
et économique des uns par les autres.
- L'attachement trop marquée à
l'indépendance et à la souveraineté
Cette question peut biens s'illustrer lors de leur accession
à l'indépendance. Ce qu'on a assisté à la
dislocation des ensembles fédéraux formés à
l'époque coloniale qui constituaient les espaces économiques
déficients et des cadre propice à l'éclosion des
institutions politiques originales.
L'indépendance implique pour chaque nouvel État,
la mise en place d'un régime tel qu'il estime convenir à ses
aspirations ; l'exercice d'un attribut de
114 NDESHYO R., Le système d'intégration en
Afrique, PUZ, Kinshasa, 1984, p7
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 72 -
souveraineté parfaitement légitime. Mais
l'égoïsme national aidant, il s'est aussitôt replié
sur lui-même, faisant souvent table rase des structures communes
d'autrefois, pour ériger les siennes propres, dans la plupart des cas
incompatibles avec celle de ses voisins et anciens partenaires. Ce fait
entraîne une certaine jalousie de leur souveraineté tant nationale
qu'international. C'est ainsi qu'ils sont moins disposés à
aliéner ne serait-ce qu'une petite portion de leur souveraineté
au profit de grands groupes comme le rappellent plusieurs auteurs : «...
Ils sont jaloux de leur souveraineté et ne souhaitent pas un
déléguer la moindre parcelle... Les jeunes Etats africains
souhaitent plus souvent s'entendre que se fondre.
C'est ainsi qu'ils ne sont disposés à
aliéner ne serait ce qu'une petite portion de leur souveraineté
au profit du grand groupe. Ce problème de la souveraineté des
Etats semble ne pas céder la place à l'intégration alors
que l'intégration implique la libéralisation du mouvement des
biens et des facteurs de façon à diminuer progressivement les
frontières économiques entre deux ou plusieurs pays qui forment
un marché intérieur. Cela amène, confirme P. DE SENARCIEN
: à un degré plus ou moins élevé
d'institutionnalisation ; la libéralisation des échanges est une
autre condition nécessaire mais non suffisante à
l'intégration ; auxquelles se développe, les Etats doivent mettre
en place des mécanismes visant à renforcer leur cohésion
et leur union afin de confrontent leurs souverainetés
respectives115.
- Les conflits armés
Les conflits armés occupent une place
prépondérante en Afrique, car ils constituent un
empêchement au processus d'intégration. Il reste cependant vrai
qu'une nation qui est une partie intégrante de la communauté et
qui vit en conflits armés chez lui crée obligatoirement
l'instabilité dans la région entière. Les tensions
politiques ont aussi des répercussions néfastes non
négligeables sur le commerce régional (Longo et Sekkat, 2004).
Elles peuvent notamment nuire à la production et au transport des
marchandises à travers les frontières. Lorsque ces tensions ont
une dimension régionale, le commerce entre les pays en conflit est parmi
les principaux secteurs touchés. D'autre part, l'économie de
guerre induit un spectre de répertoire pratique. À ce stade,
l'économie du pays en conflits devienne instable. Une telle situation ne
pourrait permettre à une nation de promouvoir sa politique
d'économie. Au sein de la SADC, il existe encore des foyers des tensions
armes ; la partie Est et Nord-est de la RDC et la région cabindaise
d'Angola. De ce fait, ces problèmes constituent des entraves non
négligeables quant au processus de l'avancement de l'intégration
des pays de la SADC, quand bien même que leurs impacts néfastes se
minimisent au fil du temps.
115 SENARCIE, N P., Mondialisation : enjeu, effets et
débats, Armand Colin, Paris, 2001, p.59.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 73 -
? Lutte pour le leadership au sein de la SADC
?
En Afrique en général et surtout en Afrique
noire plus particulièrement, l'équation personnelle du politique
a une importance de marque dans la politique africaine. En Afrique australe, la
République sud-africaine et la République Démocratique du
Congo sont ces deux pays qui se disputent la place, suivi un peu d'Angola.
Cette lutte infertile entraine même une certaine réticence dans
leur chefs et les indispose de jouer le rôle qu'on entend d'eux ; celui
de « pôle fédérateur » pour la RSA et de la
gâchette de revolver déclaré par Fanon Franck pour la RDC
ou de détonateur du processus d'intégration.
1.2. Problèmes d'ordre économique
Il est certes vrai que sur le plan économique, il
existe un certain nombre d'éléments qui font obstacles au
processus d'intégration en Afrique Australe. En effet, ces
problèmes, note le Professeur Kabengele D., sont : l'absence de
complémentarités des économies africaines, le poids de la
dette, la multiplicité des zones monétaires sans une ambiance de
coopération entre elles, la prolifération des frontières
douanières, l'enclavement rendant l'intégration économique
impossible, l'inégal niveau de développement, sont là, les
obstacles à toute entreprise d'intégration
économique116. Il concerne aussi les problèmes
liés aux législations douanières, à la monnaie et
aux infrastructures de voies de communication.
On peut toutefois, dans cette optique évoquer les
structures économiques divergentes des Etats membres comme un entrave.
Jean-Louis Kayembe a attiré l'attention de ses collègues experts
sur le fait que le respect des critères de convergence n'est sans doute
pas aisé et peut parfois requérir du temps du fait des pesanteurs
liées à la diversité des structures économiques et
politiques propres à chaque pays117. Au sein de la
communauté régionale de la SADC, il a noté que bon nombre
de d'économies sont encore caractérisées par des
disparités liées notamment au degré différent de
développement des systèmes financiers, lesquels induisent de
divergences importantes dans le comportement de taux d'intérêts
appliqués par les institutions financières et qui peuvent
être à la base de la mobilité à grande
échelle des capitaux à l'effet de rendre plus ou moins instable
les économies de la sous-région118. La ratification
n'est pas le seul obstacle. Les infrastructures pour la libre-circulation
116 KABENGELE DIBWE, G., Problèmes d'intégration
en Afrique, éd. Les Contradictions Africaines et
Pauvreté, Kinshasa, 2008, pp. 91-94
117 Constat fait par les experts des Banques centrales des pays
membres de la SADC du sous-comité macro-
économique lors des Travaux dudit sous Commission tenus
à Kinshasa, le 04 Août 2010.
118 Idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 74 -
des personnes et des biens font encore défaut alors
même que 2010 doit être l'année de la circulation des
personnes et de leurs biens119.
- Existence des Etats riches et pauvres
La différence de croissance économique est un
obstacle pour l'unification des pays africains. En effet, la disparité
entre les pays riches et pauvres constitue un obstacle pour
l'intégration parfaite des Etats de la SADC. Ils dominent dans les
échanges commerciaux simplement entant que détenteurs de
richesses dans la région. Car, les pays pauvres manquent souvent de quoi
apporter dans ces échanges. D'autres encore moins outillés pour
transformer l'environnement, se verront à cet effet, réduits ou
oubliés pour ne devenir que simple marché des consommations et se
verraient ainsi écarter des avantages qu'apportent ces
échanges.
Il reste des problèmes économiques et
institutionnels à surmonter pour développer le commerce
intra-régional en Afrique. Les obstacles économiques incluent la
forte dépendance de la plupart des pays membres vis-à-vis de
l'exportation de produits de base, les règles d'origine strictes
émanant des programmes de libéralisation du commerce et des
infrastructures déficients (CEA, 2008)120.
- Législations douanières
Les Législations douanières comportent pour la
plupart des Etats des mesures protectionnistes qui freinent la réussite
des ensembles régionaux. C'est le cas de la plupart des Etats africains
dans les recettes douanières constituent une source des recettes pour
les finances publiques.
- Les contraintes monétaires
La monnaie qui est considérée comme l'attribut
de la souveraineté de l'Etat pose souvent des problèmes avec
beaucoup d'acuités dans les ensembles régionaux. Il y a
également le problème de la convertibilité des monnaies de
chaque État membre par rapport à la zone monétaire. En ce
qui concerne la SADC, pour la mise place d'une monnaie commun, les perspectives
sont projetées d'ici 2018.
- Les contraintes des infrastructures de voies de
communication
Les voies de communication constituent des infrastructures de
base pour la suite des ensembles régionaux à caractère
économique. La plupart des ensembles régionaux économies
échouent par manque de voies de communications adéquates. Comme
nous pouvons le constater, la plupart des organisations d'intégration
économique des pays du tiers-monde échouent par faute des
infrastructures adéquates
119CHERIF, E.S., La SADC veut la libre-circulation
en 2010 , Dakar , p.2 120 Rapport CENUCD, Op.cit, 2009, , p17
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 75 -
et surtout par manque de celles-ci. La SADC ne fait pas
exception, seule l'Afrique du Sud a des infrastructures adéquates.
1.3. Problèmes d'ordre socioculturel.
Les problèmes socioculturels constituent un blocage et
un frein pour la réussite des ensembles régionaux ou sous
régionaux à caractère économique. Bien des pays du
tiers-monde ont des sérieux problèmes pour la suite de leurs
ensembles régionaux ou sous régionaux à caractère
économique dû aux mentalités pré technique et les
esprits arriérés ou traditionnels. Autre fait, l'appartenance
multiple des pays à des regroupements d'intégration
économique qui, au lieu de concentre le peu d'énergie à un
seul groupement, elle est par contre dispersée et
éparpillée ne servant presque à rien(voir graphique en
Annexe ). En outre, nous trouvons des barrières linguistiques qui ne
favorisent pas le développement de la solidarité ni la formation
d'un patrimoine de conception commune. Et cela par exemple se pose avec
acuité en Afrique par l'existence des groupuscules fondés sur
l'ethnicité, le régionalisme et le tribalisme121.
Dans cette panoplie de difficultés, il faut
insérer les relations privilégiées (politique et
économique) que la plupart des Etats membres de la SADC entretiennent
avec leurs anciennes métropoles. Sur le plan économique, on peut
remarquer que les accords ACP-U.E pourrait bien perturber l'élan des
pays de la SADC. Ainsi dit le Professeur NTUAREMBA que dans certains pays,
même les secteurs traditionnels sont affectés. La Namibie par
exemple, exportent actuellement environ 70 % de son détail et des
produits dérivés en Afrique du Sud ; - un commerce qui risque
d'être sévèrement perturbé par l'accord de libre
échange entre la RSA et l'UE, décisionnelle la Namibie devrait
affronter la libre concurrence des produits européenne. Le Botswana
souffre de même problème122.
§2.Défis
Pour réaliser l'intégration des économies
de la sous région, la SADC doit relever, à notre humble avis, un
certains nombres de défis. Ainsi, nous pouvons relever notamment :
1. Le développement de la région reste un
défi majeur que doit relever les Etats membres de la SADC qui,
nécessairement doit passer par d'autres mécanismes. De ce fait,
le rapport de la SADC pour atteindre les objectifs de développement du
millénaire, définis par l'ONU, note qu'elle doit faire face
à une pauvreté massive de ses populations, une
insécurité alimentaire endémique, une dégradation
de l'environnement et des carences institutionnelles. À ce contexte
régional s'ajoute un contexte mondial économique
défavorable, le poids de la dette et l'inaccessibilité aux
marchés des pays développés.
121, Rapport CENUCD, Op.cit, 2009, p17 122 NTUARMBA O.,
Op.cit, p.493
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 76 -
2. Harmonisation des critères de convergence
macro-économiques. Pour Jean-Louis Kayembe, la réalisation de ces
critères par l'ensemble des pays membres constitue une condition sine
qua non de l'intégration économique tant
recherchée123.
3. Stimuler les échanges commerciaux intra-SADC ;
l'intégration de la Sous-région dans l'économie africaine
et mondiale ; l'intégration financière ; la création de
l'emploi et la lutte contre la pauvreté.
4. La stabilisation macroéconomique au sein de la SADC
par des mesures réalistes, efficaces et adaptées aux
spécificités des économiques, afin de promouvoir
effectivement un développement harmonieux de l'Afrique Australe dans son
ensemble.
5. Doter la région d'une Banque centrale unique et
d'une monnaie unique. Il est clair évident qu'une Afrique sans murailles
monétaires, offrant à ses peuples une monnaie unique, sera, tous
les observateurs en conviennent, une Afrique où les facteurs de
croissance économique pourront jouer pleinement pour permettre à
nos Etats respectifs de relever les cinq défis majeurs au
développement durable, à savoir la stimulation des
échanges commerciaux intra SADC, l'intégration de notre
sous-région dans l'économie africaine et mondiale,
l'intégration financière, la création de l'emploi et la
lutte contre la pauvreté.
Une communauté économique régionale ne
peut perdurer que si, à côté des gains de
prospérité qu'elle permet de réaliser, des relations
transnationales culturelles, sociales et économiques voient
également le jour. Cela présuppose une harmonisation des lois et
des règlements dans les Etats membres de la dite communauté.
L'extension des échanges commerciaux passe par la suppression, non
seulement des droits de douane, mais aussi des obstacles commerciaux
non-tarifaires ainsi que par l'harmonisation des textes régissant la
circulation routière et les investissements. Le renforcement des
contacts sociaux exige une simplification des procédures de
franchissement des frontières et une suppression de l'obligation de
visa. De telles harmonisations et simplifications sont un préalable
indispensable à l'application des décisions de politique
économique prises au niveau ministériel ou présidentiel.
Si les « petits rouages » sont grippés, les « grands
rouages », ne peuvent pas tourner rond.
Pour une communauté régionale
géographiquement aussi vaste que la SADC, il est donc d'une importance
capitale:
Que la circulation des personnes soit simplifiée et rendue
moins coûteuse,
123 NKAMBUA, J.M., « Evaluation du cadre de convergence :
Les travaux du sous-comité macroéconomique de la SADC à
Kinshasa », in L'Avenir Quotidien, le 04
Août 2010
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 77 -
Que la circulation des marchandises par la route soit soumise
à une réglementation commune et simplifiée,
Que le trafic ferroviaire de marchandises soit
simplifié et que ses coûts soient abaissés (droits de
transit),
Que les codes d'investissement soient uniformisés afin
d'éviter une concurrence interne superflue,
Enfin que les autres lois et réglementations influant
sur le climat des investissements Solent harmonisées.
Les lenteurs observées dans l'harmonisation et la
simplification des modalités d'application tiennent pour une part
à la faiblesse des structures administratives de nombreux pays de la
SADC et des structures de coordination de la SADC elle-même, de l'autre
à des réticences politiques. Beaucoup d'Etats de la SADC
pratiquent encore une politique de conservation du pouvoir qui interdit
largement tout esprit d'initiative à l'appareil administratif. Les
réserves politiques émises sur la suppression des visas et la
simplification des contrôles frontaliers dans la circulation des biens et
des personnes sont en premier lieu le fait de l'Afrique du Sud. L'abrogation du
visa obligatoire - c'est la crainte nourrie à Pretoria - conduirait
à une augmentation fulgurante du nombre d'immigrants clandestins et
attiserait les tensions qui existent déjà sur le marché de
l'emploi en Afrique du Sud.
En résumé on retiendra que des progrès
concrets vers l'intégration seront difficiles à accomplir sur la
seule base d'accords ou de conventions si, parallèlement, les
modalités d'application ne sont pas harmonisées. La SADC se doit
donc d'axer plus fortement son travail sur l'action si elle ne veut pas se
trouver prise dans un « bouchon décisionnel ». Il importe pour
cela d'accélérer certains processus de décision et de
mettre au point des mécanismes d'application. Toutefois, pour relever
ces défis, la SADC doit accélérer les réformes et
exploiter au mieux les atouts de la région. Celle-ci dispose de
ressources en matières premières minérales abondantes, une
agriculture importante, des ressources en eau et laccès aux
ressources des Océans atlantique et indien. Elle a aussi des ressources
humaines en personnel qualifié dans divers secteurs économiques
et des gouvernements démocratiques. Sa situation géographique en
fait un lien incontournable vers l'Asie et l'Europe.
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économies. Enjeux et défis congolais
- 78 -
CHAPITRE III : ENJEUX ET DEFIS CONGOLAIS(R.D) DANS LE
PROCESSUS D'INTEGRATION DE LA SADC
Dans ce dernier chapitre qui se divise en trois sections dont
la première fait état des enjeux majeurs que présente le
processus d'intégration économique de la SADC pour la R.D.Congo
et ensuite la deuxième, quant à elle, présente les
différents défis que cette dernière doit relever en vue de
sa participation active dans le processus d'intégration
économique de la SADC, et la dernière section s'attèle,
elle, sur les perspectives d'avenir et suggestions.
Section I : Enjeux congolais dans le processus
d'intégration de la SADC
Si nous appréhendons un enjeu comme étant ce que
l'on peut gagner ou l'on risque de perdre dans un projet, une
compétition, une entreprise ou une somme d'argent mise en jeu et qui
revient au gagnant124, il reste un élément d'une
valeur indispensable. C'est aussi le poids, la valeur ; il peut être
défini comme tout ce qui peut avoir une incidence sur l'ensemble des
intérêts, préoccupation, besoins, attentes, contraintes et
risques ressentis par les acteurs internationaux dans une coopération ou
une compétition. Un enjeu, n'est jamais clairement défini, il est
évolutif parfois intangible, relatif par rapport au temps et aux
circonstances.
Ainsi donc dans cet entendement, pour ce qui est de la
République Démocratique du Congo, les grands enjeux dans ce
processus sont :
§2. Economiques.
1.1. Le marché de la SADC et la ZLE
La Communauté des Etats d'Afrique Australe constitue
déjà un marché d'une grande taille pour les Etats membres
en général et la RDC en particulier qui permet en fait de faire
couler les biens et services produits localement dans la région hors
toute taxes ou impositions exorbitantes ou restrictions, et à
l'abris de toutes barrières tarifaires mettant en mal les
exportateurs et importateurs de la région, et du coup permet ainsi au
pays exportateurs de tirer profit des échanges commerciaux dans la
région, lesquels bénéfices permettront notamment de
relancer le développement. En sus, le lancement officiel, depuis 2008 de
la Zone de Libre-échange par les Etats de la SADC permet, en plus forte
raison d'élargir le marché et de consolider les échanges
commerciaux entre Etats de la région et accroitre, par voie de
conséquence, le niveau de vie de la population, quand bien même
qu'en termes de concurrence et de compétitivité, d'autres Etats
ne tiendront pas le coup, car la ZLE, comme l'estiment certains analystes,
accentuerait les déséquilibres déjà existant dans
la région et qu'elle
124 Dictionnaire Encarta® 2009.
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économies. Enjeux et défis congolais
- 79 -
profiterait seulement à quelques pays dont les
industries et l'organisation sont à mêmes d'exporter des produits
et servies de qualité plus compétitifs125 qui, en cela
pourrait mettre en péril les industries naissantes encore
vulnérables de la région.
Par ailleurs, il est sans trop de risques de perte que si les
échanges commerciaux dans la région sont envisagés par les
Etats membres de la Communauté bien sûr en termes d'avantages
comparatif, cela pourrait atténuer le pessimisme des auteurs
précités qui craignent les déséquilibres
qu'occasionnerait la ZLE, en ce sens que, suivant la théorie de
coût comparatif ou avantages comparatifs prônée par des
auteurs favorable au libre échanges notamment David Ricardo, chaque Etat
échangiste aura à mettre sur le vaste marché, des produits
qui lui procure plus de bénéfices.
Qu'à cela ne tienne, la RDC a de multiples
potentialités à faire valoir au sein du vaste marché que
lui offre la SADC notamment pour ses potentielles énergétiques,
en eau douce, forets et terres arables et ressources naturelles dont elle
dispose, afin de combler le déficit ou le handicape qu'entraineraient
d'autres secteurs (en l'occurrence celui de la production des biens de
consommation de premières nécessité ou biens de
consommation courante: disons l'industries manufacturières) qui ne
tiendront pas le coup et pécheraient par manque de qualité et de
compétitivité face à la concurrence occasionnée par
la ZLE de la SADC.
L'autre aspect d'enjeu moins important que cela l'apparait,
dans ce processus d'intégration économique de la SADC, disons,
est celui du grand marché congolais. Ceci s'explique par son importance
démographique. En effet, entant que puissance démographique (la
1ère position dans la SADC), les autres Etats
échangistes voient en elle, un vaste marché pour faire couler
leurs produits et services, quand bien même que le pouvoir d'achat reste,
si pas le plus faible de la sous-région mais très faible[moins de
deux dollars américain par jour selon les statistiques de la Banque
Mondiale]. Dans la perspective où la RDC est perçue comme un
vaste marché par ses paires, elle sera certes affluée par une
panoplie de gammes de produits de consommation de premières
nécessité et services favorisés de qualité
importés grâce à ZLE.
Globalement et logiquement, il en résulterait deux
conséquences, d'une part la libéralisation du commerce dans la
région va créer un marché plus important, qui augmentera
les possibilités de commerce, de la croissance économique ainsi
que la création d'emplois, et sur les affaires, le secteur privé
et autres parties prenantes, il y aura augmentation des productions
intérieures, l'accroissement des opportunités
125 NLEMFU J. B., ZLE de la SADC et économie de la RDC
: Création de
trafic et bien-être ?(une analyse en équilibre
général calculable), Mémoire de D.E.A, FASEG, UNIKIN,
2009-2010, inédit.
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économies. Enjeux et défis congolais
- 80 -
commerciales, l'accroissance de l'investissement
étranger direct et des coentreprises ; la création des
chaînes de valeur régionales, elle fera baisser les prix,
permettant ainsi aux ménages de tirer le meilleur parti de leur budget
et les entreprises pourront également se procurer des intrants à
moindre coût sur place et accroître la compétitivité
sur les marchés mondiaux; et d'autre part il en résulterait des
conséquences négatives dans le cadre macro-économique car
cet afflux du marché local par des produits et services importés
occasionnerait une fuite des devises vers l'étrangers et
réduirait l'assiette fiscale avec le risque de mettre en péril
les industries nationales naissantes obligées d'entrer en
compétition [concurrence]avec des produits importés.
Toutefois, la SADC, quand bien même que la RDC ne fait
pas partie de la ZLE jusqu'à l'heure actuelle, reste un vaste
marché pour d'innombrables potentialités
énergétiques, en eau douce, en foret naturelle, terres arables,
en ressources naturelles et matières premières dont dispose la
RDC ; une fois ces potentialités mises en valeur, permettront en ce que
la RDC puisse tirer profit de ce vaste marché que représente la
SADC. En cela, les ressources suivantes feront à ce que le processus
d'intégration de la SADC soit un enjeu de taille pour la RDC :
1.2. L'eau :
Que les spécialistes appellent actuellement «
l'or bleu » et qui pourrait être au centre
des prochains conflits mondiaux, la RDC en dispose pleinement grâce
à son fleuve avec un débit stable alimenté par des cours
d'eaux et une saison de pluies », qui constitue, de ce fait un facteur
économique important au service du développement de la
sous-région étant donné que cette partie de l'Afrique
caractérisée par la sécheresse consécutive à
la présence du désert de Kalahari, a fondamentalement besoin
d'eau douce dont la RDC gaspille 420000 m3 par second dans
l'océan Atlantique.
En sus, l'hydrographie du Congo présente d'immense
richesse. Le bassin du Congo est le seul d'Afrique à posséder une
grande capacité en eau douce. Le système fluvial qui traverse la
forêt équatoriale est le plus puissant du monde avec un
débit régulier de 42000 mètres cube par seconde, qui ne
varie que du simple au double ; le fleuve Congo et ses affluents ainsi que
d'autres rivières et Lacs regorgent 700 espèces de poissons, qui
jusqu'alors ne connaissent pas encore de menace126. Les rapides du
fleuve Congo sont synonymes d'un extraordinaire gisement de puissance
hydro-électronique.
En cela, l'insertion des projets de l'exploitation rationnelle
ne serait-ce que d'eau douce de la RDC dans le cadre global de la SADC
contribuerait au
126 KABENGELE, D. G., La géographie
économique, éd. M.E.S, Kinshasa, 2006, p.197
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 81 -
développement de la région bien sûr et
remporterait, certes, des devises à la RDC, et la région
constitue, de facto, un marché d'une énorme importance dans
lequel la RDC peut vendre son eau aux Etats dépourvus en eau douce et
gagner des dividendes.
1.3. L'énergie hydroélectrique :
La R.D. Congo possède, en outre les fabuleuses
richesses naturelles, un réseau hydrographique incomparable et
impressionnante. Près de 45% de l'immense potentiel
hydroélectrique économiquement exploitable, estimé
à plus de 100 000 mégawatts sont localisés au site d'Inga,
faisant de la RDC la plus grande concentration d'énergie au monde,
devant la Chine127.
La valeur des cours d'eau et des fleuves en
potentialité d'électricités est
énumérée de la manière suivante : En RDC, 44
pourcent de l'énergie électrique est concentrée et
provient du site d'Inga, et 56 pourcent provient des différents
centrales hydroélectriques disséminées sur l'ensemble du
territoire national. Et jusque là d'autres chutes naturelles et barrages
qui pourraient inonder le marché africain avec du courent ne sont pas
encore exploités.
Le site d'Inga, qui est loin de tourner en pleine
capacité est déjà relié au réseau
interconnecté d'Afrique Australe. Premièrement, il s'agit de la
Zambie, Zimbabwe, Afrique du sud. Dans la même sous-région de la
SADC, certaines études s'attachent à projeter les axes de
connexion supplémentaires. Dans ce cas, Inga pourrait être, en
outre, reliée en Angola, à la Namibie, à l'Afrique du sud
tandis que de l'autre côté de l'Afrique de l'ouest, le site
alimente déjà Brazzaville et pourrait, delà,
approvisionner d'autres Etats comme le Cameroun, le Gabon et le Niger.
L'Afrique du nord rêve à son tour d'un
gigantesque projet qui relierait la RDC à l'Egypte en passant par la
République Centrafricaine, le Tchad et le Soudan128. De par
son potentiel, Inga a la possibilité de quoi alimenter toute l'Afrique
et une partie du Moyen-Orient et de l'Europe par son énergie
électrique. De quoi ne pas parler de la renaissance africaine, un projet
qui s'était relancée sous le nom de NEPAD et qui se fonde, lui
aussi, sur le développement des infrastructures et l'exploitation de
produits miniers. Rappelons aussi que ces projets fondées sur
l'idée de renaissance africaine avaient pour ambition de mieux
intégrer le continent aux circuits économiques mondiaux, et par
la, la RDC a été considérée comme un maillon
essentiel à la réussite de cette ambition129.
127 TUMBA B., Le développement de la RDC :Promesses,
faillites et défis, éd. De Calmec,
Kinshasa, 2006, pp.32-44
128 BRACMAN C., L'enjeu congolais, l'Afrique centrale
après MOBUTU, éd. Fayard, Bruxelles, p.184
129 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 82 -
Cependant, il est vrai qu'entant que plaque tournante de la
région, la RDC rien que avec son énergie hydroélectrique
peut constituer un facteur détonateur d'une intégration
réelle de la SADC. Sur ce plan, la SADC arriverait à actionner
l'intégration des économiques de ses membres. Car, une fois
l'énergie électrique suffisamment distribuée dans la
sous-région, cela inciterait le développement du milieu rural, en
favorisant le développement des industries agricoles et
manufacturières qui, à la longue, pourraient permettre la
performance dans plusieurs Etats de la région. En incitant les
investissements étrangers qui pourraient, dans le cadre de
libre-échange, apporter une technologie de pointe. En sus,
l'exploitation efficiente intra-régionale du courant électrique
peut avoir des effets d'entrainement sur tout le continent africain, favorisant
un surplus de balance de paiement particulièrement pour la RDC.
Avec le projet Westcor par la SADC incluant le barrage d'Inga,
notamment la réhabilitation d'Inga 2 et d'Inga 3 qui alimenterait le
Corridor Ouest, dont une ligne en passant par l'Angola, la Namibie, le Botswana
et l'Afrique du Sud. Pour ce projet, il faudrait 40.000 mégawats et sa
mise en oeuvre coûterait 4.000.000.000 dollars américain, ce qui
rapporterait, selon les estimations, 360.000.000 Dollars US chaque
année. Il faudra signaler ici également d'autres projets d'une
ligne d'Inga qui partira de Lusaka vers Dar-Es=Salam, d'une capacité de
100 mégawats qui pourrait apporter au pays 1.000.000 Dollars US chaque
mois130.
Et fort malheureusement, lors du conseil des ministres de
Kinshasa, tenu en février 2010, la décision est tombée :
Westcor doit être liquidé ! Très clairement, la SADC a
décidé «de mettre fin au projet Westcor et procéder
à la liquidation de la société Westcor d'ici fin juin 2010
; ...». Elle (la SADC) entend explorer d'autres sources à partir
des barrages hydro montés sur les «petits» fleuves. Dans le
lot : le Zambèze qui arrose la Zambie et le Zimbabwe, l'Intombi le
Mozambique, le Kwanza en Angola (6.000 MW) et le Kunene en Namibie (1 600
MW).
Toutes ces bonnes intentions cachent les récriminations
contre la RDC, d'autant plus qu'au rendez-vous d'avril 2010, la RDC aurait
déjà évolué avec BHP Billiton sur le même
projet. Cette firme du «top ten» mondial compte installer une
exploitation d'aluminium dans le Bas-Congo, nécessitant une puissance
électrique de près de 2.000 mégawatts. L'Afrique du Sud,
l'Angola, la Namibie et le Botswana s'étaient partagé avec la RDC
la production projetée de 4.500 Mw. La clé de répartition
était déclinée de manière à ce que 2.500 MW
reviennent à la RSA, dont le besoin en énergie électrique
est de plus en plus croissant. La RDC devrait se contenter de 1.000 MW alors
que l'Angola, la Namibie et le Botswana se seraient partagé les
130 TUMBA B., Op.cit, p.66
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 83 -
1.000 MW restants. Toutes ces projections sont ainsi devenues
caduques du fait de l'arrêt du projet131.
En cela, nous émettions les voeux de voir ce projet
ressusciter au grand jour en raison notamment de l'importance des
opportunités que présente ce projet dans la SADC pour la RDC dont
la rentabilité dépend de la rationalisation de son exploitation
et de sa gestion par les autorités congolaises. Car la
réalisation de ce projet permettra à la RDC de peser de son
poids, grâce à son potentiel hydroélectrique, sur
l'ensemble de la sous-région et bénéficier, de ce fait,
d'un certain prestige et estime politique dans la SADC. Le pire à
craindre ou le risque qu'il faut à tout prix éviter dans ce
projet est celui de faire engager la RDC pour des raisons politiques, et de
prestige et pour des besoins mesquins qui ne servent à rien
d'intérêt commun.
1.4. La forêt et les terres arables
Avec ses 125 millions d'Hectares qui couvrent la moitié
du territoire, la forêt congolaise représente 47 pourcent de
massifs forestier africain et 6 pourcent de réserve tropical mondial. En
outre, la cuvette centrale en grande partie recouverte de foret dense primaire,
occupe, à elle seule, 100.000 hectares soit 80 pourcent de la couverture
forestière. Les réserves potentielles suffisamment
élevées pourraient permettre à long une production
annuelle de 6 maillons de mètres cubes de bois par an. Avec sa grande
diversité, la forêt regorge 708 essences forestières
identifiables. Par ailleurs, ce foret du basin du Congo, la plus vaste du monde
âpres l'Amazonie est pratiquement inviolée.
Mise depuis lors en coupe règle, elle pourrait perdre
20 % seulement de sa superficie au cours des années avenirs. De ce fait,
ces immenses ressources forestières du Congo pourraient être mises
en valeur par les Etats membres de la SADC pour permettre aux différents
membres, non seulement de se développer mais aussi de mieux
résister aux impératifs des Institutions financières
Internationales, et le bois issu de cette exploitations pourrait permettre
à la RDC de bénéficier des devises. D'autre part, elle
peut servir de poumon écologique à l'ensemble de la région
d'Afrique Australe menacée par la sécheresse par l'avancement du
désert de Kalahari. Ainsi, comme le montre bien le commentaire de
KADIMA, lors du 29ème sommet de la SADC tenu à
Kinshasa : «Les dirigeants de la SADC sont réunis à Kinshasa
pour examiner le travail concrétisé jusqu'à ce jour et
pour poser les jalons des tâches à venir et relever les grands
défis de l'heure. Parmi ces défis, il y a bien entendu la
question de changement climatique qui n'épargne aucun Africain, en
l'occurrence les pays membres de la SADC.
131 « Dossier Inga: la RDC tourne le dos à la SADC
», in Le Potentiel , Kinshasa, - 17 mars 2010,
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 84 -
Sur ce point précis, l'espace SADC, victime de la
sécheresse et des inondations, paie un lourd tribut, notamment sur le
plan agricole et la sécurité alimentaire. Les pays de la SADC se
proposent d'apporter une position commune et cohérente vis-à-vis
de la Conférence sur les changements climatiques qui aura lieu en
décembre prochain à Copenhague, capitale danoise. Les pays de la
SADC misent sur la RDC, qui représente la moitié du massif
forestier du Bassin du Congo, le deuxième après l'Amazonie, pour
lutter contre les changements climatiques, tout en préservant ses
intérêts spécifiques en gérant judicieusement ses
ressources naturelles dans la perspective d'un développement durable
»132.
Concernant les terres arables, il est certes vrai que
l'hydrographie du Congo est potentiellement riche en terres arables, des terres
qui selon le rapport de la F.A.O, dirigé par M. Eric Tollens,
publié en 1984 sur les potentialités de production agricole au
monde, souligne que la République Démocratique du Congo «
peut produire suffisamment pour alimenter 2,9 millions de personnes, soit
presque la moitié du monde »133. Ce secteur à lui
seul, permet la croissance et du développement économique de la
République démocratique Congo, voire même du continent tout
entier. Ces terres sont jusque-là sous peuplées, la
densité moyenne ne dépasse pas 26 habitants parc km2.
En certains endroits, sans engrais, il est possible de réaliser trois
récoltes par année.
Seule la RDC, une fois ses terres arables sont mises en
valeurs, peut nourrir toute l'Afrique et plus encore la sous-région
d'Afrique Australe. Et cette forêt pourrait servir de poumon
écologique et par conséquent servir la RDC du prestige
international. Sur le plan de l'environnement et changement climatique, les
pays de la SADC ont proposé que le « Centre régional du
climat » soit établi en RDC. Cela conformément à la
Déclaration de Namibie. Une décision qui se justifie dans la
mesure où le Congo possède 60 % de l'essence forestière de
l'Afrique en plus de ses immenses réserves hydrauliques grâce au
Fleuve Congo, ses nombreux affluents et rivières. Il revient à la
RDC, à travers le ministère de l'Environnement, de ne pas laisser
échapper cette chance. Dans le même ordre d'idées, la RDC
à l'obligation économique de tirer profit des expériences
des autres pour améliorer l'agriculture, se constituer des
réserves alimentaires pour relever les défis de la crise
alimentaire. Une fois de plus, il revient à la RDC de prendre la mesure
de tous ces défis. Point de place à l'amateurisme.
132 KADIMA, K, « SADC : un sommet centré sur le
climat, la crise économique, le libre-échange, l'énergie
et les infrastructures », in Le Potentiel, Kinshasa, 09 Septembre
2009.
133 TOLLENS, E., le rapport de la F.A.O, UNFPA-LIASSE,
publié en 1984, p.126
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 85 -
1.5. Les ressources minières :
En outre, hormis les ressources naturelles déjà
citées, la république démocratique Congo constitue une
grande réserve des richesses minières au monde. Le sud-est du
Katanga possède le plus grand honneur aux réserves de cuivre non
encore exploité du monde et aussi dans le grand Kivu avec la ceinture
d'une couche de pétrole dans les cordons des lacs Albert autour de
Benie, Butembo, dans la cuvette centrale et dans le district de l'Ituri sans
tenir compte des richesses d'autres provinces par exemple la province orientale
demeurent encore latentes. Le sous-sol de ces régions renferme les
gisements de cuivre, mais surtout des concentrations d'or, de terre rare d'une
teneur exceptionnelle, sans oublier la couche du pétrole par la cuvette
centrale.
Ces phénoménales richesses naturelles
inexploitées, constituent un atout économique majeur auxquelles
la République Démocratique du Congo, une fois suffisamment mises
en valeur c'est-à-dire exploitées, transformées et
commercialisées à bon escient, pourrait jouer le rôle de
pôle fédérateur pour faciliter, grâce aux
bénéfices qu'elle tirerait de cette exploitation et
commercialisation, l'intégration économique, dans le vaste
marché que présente la SADC. La république sud africaine
par exemple et bien d'autres pays peuvent s'approvisionner en matières
premières en République Démocratique du Congo ou soit la
RDC peut exiger d'eux d'installer chez elle, les industries de transformation,
d'extraction et d'exploitation, ce qui favoriserait par conséquent, la
création d'emplois et l'augmentation de la main-d'oeuvre. Aussi par voie
de conséquence, l'amélioration des infrastructures
routières et de communication, des écoles, des hôpitaux,
des universités et tant biens de choses pour la croissance
économique et le développement.
§2. Politiques.
Dans ce point, et vu notre état actuel d'un pays
post-conlit, la quête d'une stabilité reste primordial ; ce
processus peut servir d'un moyen pour la RDC de profiter de la stabilité
politique dont bénéficie la région, de la
solidarité et de la collaboration diplomatique et politique ; de la
sécurité des frontières et d'une entente mutuelle, quand
bien même qu'il faut concéder une portion des fonctions
(attributs) de l'Etat qui relèvent de ce qu'on appelle «
souveraineté », comme prix à payer.
De ce fait, renchérit PIDIKA Didier, « le
délitement de l'Etat Congolais exacerbé actuellement par son
incapacité à protéger son sol et son sous-sol doit
absolument l'amener à ne plus continuer à s'accrocher à
ses richesses et surtout que certaines de ses richesses sont
déclarées « patrimoine de l'humanité » telles la
forêt, le bassin du fleuve Congo... Il ne s'agit donc pas d'une
aliénation servile de la souveraineté bien plus être
réaliste. Le Congo appartient à la fois à plusieurs
sous-régions africaines et par conséquent, se
révèle comme le noeud de l'intégration de l'Afrique, en
servant de point de jonction entre les diverses organisations sous-
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 86 -
régionales. En effet, membre de la Communauté de
Développement de l'Afrique Australe (SADC), de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Est (COMESA), de la Communauté
Economique des Etats des Grands Lacs (CEPGL), le Congo offre à ces
organisations la possibilité d'une concertation en vue d'une action
commune et permet à chacune d'elles de bénéficier des
effets multiplicateurs réalisés par les autres.
Une stratégie simple pour concrétiser cette
gestion commune des ressources serait par exemple de créer des
sociétés devant exploiter ces richesses mais qui auraient comme
main d'oeuvre les ressortissants de pays membres des organisations sous
régionales où la R.D. Congo est aussi membre. Cette
stratégie a pour avantage de prévenir les conflits fussent-ils
armés entre les autres Etats et la RDC134. C'est pourquoi
d'ailleurs le même consensus minimum dégagé pour le
dialogue entre congolais doit être suivi par un autre à
négocier avec les maîtres du monde et les voisins
déstabilisateurs pour bâtir la paix, la démocratie et le
développement. Ce processus d'intégration, sur le plan politique,
constitue un enjeu de paix et de stabilité pour la RDC. Il apparait,
à notre humble avis, comme une opportunité que le Congo ne peut
s'hasarder de manquer pour son retour diplomatique sur l'échiquier
continental, voire un tremplin pour elle, de pouvoir jouer le rôle que
lui a attribué la nature. La tribune que lui offre l'Organisation lui
permettrait, à coup sûr, de faire entendre sa voix et de tisser et
de raffermir, aux besoins, des liens forts avec des Etats voisins ou lointains
qui empêcheraient les velléités de potentiels agresseurs
et, vont la soustraire d'innombrables vulnérabilités et
convoitises auxquelles elle est exposée.
De même, la croissance économique et la
stabilité des pays partenaires influeraient positivement sur la
stabilité politique et la sécurité tout en augmentant
ainsi l'attrait du pays et de la région pour d'autres partenaires,
qu'ils soient du Nord ou du Sud. D'ailleurs, le régime de Laurent
Désiré Kabila avait eu la vie sauve grâce à forces
invitées alliées des pays de la SADC. Quand bien même ceci
apparait aussi une opportunité pour les uns d'imposer leur diktat en
consolidant leur position de leader dominant.
§3. Socio-culturels.
Sur ce plan, le processus d'intégration
économique de la SADC constitue aussi enjeu, si pas capital mais aussi
important pour la RDC. Tout d'abord, étant donne que la RDC est le pays
le plus vaste en termes de nombre d'habitants et de superficie
134 PIDIKA MUKAWA, D., « les ressources naturelles de la
RDC: entre convoitise, exploitation illégale et exploitation
concertée. Quelle alternative pour le développement de l'Afrique
? », in www.google.cd, le 20/09/2010, p.8
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 87 -
dans la SADC ; par conséquent potentiellement une
puissance culturelle aussi forte. Cette intégration lui offre une
opportunité d'exporter sa culture à travers notamment sa musique,
le sport et autres, si elle ne veut pas qu'elle soit envahie par
l'extérieur. Pour que le capital humain congolais ne subisse pas
l'extérieur il faut qu'il soit formé, profiter même de la
connaissance nouvelle et des technologies avancées qu'apportent d'autres
Etats de la région.
Il faut tout de même signaler que la sous-région
d'Afrique Australe est à prédominance anglophone et lusophone. Et
que cette partie du contient connait une avancée socio-économique
voire culturelle plus ou moins significative due notamment au degré
d'organisation dont ils font preuve et l'esprit d'excellence dont ils ont
cultivé. L'intégration de la RDC dans cet ensemble lui
permettrait de faire valoir sa culture et l'ingéniosité de son
élite dans ce vaste marché SADC, et de profiter de niveau plus ou
moins élevé d'organisation et d'expérience de ce bloc
voire de bon climat des affaires privées pour s'en servir de
modèle. La RDC peut se servir de la maturité qu'ont faite preuve
les Etats de cet ensemble pour se lancer sur l'échiquier continental ;
avec les risques d'être engloutie par la monté en puissance des
Etats anglophones du sud d'Afrique. Mais aussi le risque de se voir affluer par
les cultures extérieures demeure tout de même.
Ainsi donc se présentent les enjeux congolais, à
notre humble avis, dans le processus de l'intégration économique
de la SADC, lesquels enjeux peuvent être profitables à la
R.D.Congo si seulement cette dernière prend des dispositions de garde
pour bien jouer le jeu à sa guise d'abord et pour la SADC ensuite, aux
risques d'être qu'un acteur passif et simple figurant subissant
l'intégration économique avec tous ses méfaits.
Section II : Défis congolais
Il est sans ignorer qu'un défi est en fait, une
entreprise difficile qui met à l'épreuve les capacités ou
les compétences (d'une personne ou d'un groupe de personnes dans un
domaine particulier), où mettre en jeu toutes ses forces, ses
capacités ou ses compétences pour remporter une
compétition ou un combat ou pour surmonter une épreuve.
Eu égard à notre structure économique
caractérisée par l'inexistence de la production des biens
manufacturiers consécutive à l'absence des industries
transformatrices et dont l'exportation est plus centrée sur les
matières premières spécialement les minerais
dépourvues de valeurs ajoutées et dont le marché
intérieur de son pouvoir achat faible est plus caractérisé
par l'importation des biens de première nécessité, il est
certes raisonnable, pour bien intégrer les économies de la sous-
région d'Afrique australe de rendre son économie
compétitive c'est-à-dire à même de concurrencer les
autres et de pouvoir faire face à compétition qu'occasionne
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 88 -
l'intégration de la SADC. Ceux-ci restent les
défis que doit faire face la RDC, lesquels défis une fois relever
rendraient plus souple le processus d'intégration et faciliteraient sa
réussite qui conduirait au développement durable de la
sous-région d'Afrique Australe et la RDC en particulier.
Ainsi, pour ce qui concerne la République
Démocratique du Congo, ces défis, qui se présentent comme
des préalables ou bien des garde-fous sont en fait et dans notre
entendement, fait appel à notre capacité de rendre notre pays et
surtout notre économie à même de concurrencer le reste des
économies. Autrement rendre notre économie compétitive,
apte à faire face à la concurrence qu'occasionne la ZLE. Ces
défis une fois relever, éviteraient à ce que la RDC ne
subisse les méfaits de l'intégration économique de la SADC
et de la mondialisation, et aussi éviter que la RDC ne soit qu'un simple
figurant.
Ainsi donc, pour relever ces défis, il est
nécessaire que : §1. Sur le plan politique.
La R.D. Congo doit en fait prendre un ensemble des mesures
dans le cadre de politiques intérieures et extérieures en vue de
surmonter les difficultés et de réaliser une entreprises:
> Celui de la consolidation de la stabilité politique
et asseoir véritablement la
démocratie,
> Instaurer et consolider la bonne gouvernance et la
transparence dans la gestion
de la chose publique ;
> Instaurer un climat de confiance pour les investisseurs
étrangers et aménager
des structures du pouvoir ;
> Créer un cadre macro-économique stable
favorable à la ZLE de la SADC ;
> Adhérer à la ZLE de la SADC en ratifiant le
Protocole Commercial l'instituant ;
> Pacification de l'ensemble du territoire national afin de
créer un climat de
confiances chez les partenaires et investisseurs internationaux
;
> Mis en place des textes légaux garantissant un bon
climat des affaires, et mettre
en place un code d'investissement adapté aux objectifs du
millénaire ;
> Assurer le contrôle de l'ensemble du territoire du
pays ;
> Eradiquer la corruption et lutter contre la mégestion
;
> Le respect des engagements internationaux ;
> S'acquitter des devoirs et obligations de cotisations dans
les O.I ;
> La réduction des effectifs pléthoriques dans
l'appareil administratif de l'Etat ;
> La participation active des femmes dans la gestion de la
chose publique ;
> Former une élite politique défenseuse des
intérêts de l'Etat ;
> Et enfin Assainir les services publics, etc., ...
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 89 -
§2. Sur le plan économique.
Au regard de notre structure économique laquelle est
dominée par la production des matières premières et avec
une prépondérance du secteur informel dans lequel l'Etat ne
contrôle quasiment pas, il est clair évident que le gouvernement
entreprenne des actions d'envergure pour aider notre économie à
tenir le coup. Ainsi par exemple, en ce qui concerne les investissements, on le
sait bien qu'il existe trois manières de financer l'investissement :
l'autofinancement, le marché bancaire et
le marché boursier.
1. L'autofinancement recourt au portefeuille
privé du promoteur, à sa seule épargne. Point n'est besoin
d'expliquer les limites de ce modeste financement, pour les individus comme
pour les sociétés et même pour les pourvoiras.
2. Le crédit bancaire est le mode de
financement privilégier dans une économie dominée par
l'intermédiation bancaire, appelée aussi économie
intermédiaire ou l'endettement avec les deux inconvénients
majeurs qu'il présente : les capitaux empruntés se remboursent
très souvent à Court terme et de rares fois à Moyen terme,
ce qui est préjudiciable pour des investissements importants
établis dans le temps, de plus, il se pratiquent à des taux
d'intérêts élevés donc incompatibles avec
l'impératif de rentabilité.
3. La bourse des valeurs reste, en
dernière analyse, le principal outil du marché financier dans une
économie désintermédiée, c'est à dire une
économie où l'Etat et les Entreprises enquête des capitaux,
peuvent collecter l'épargne des ménages dans une relation
directe, sans intermédiation bancaire trop onéreuse. L'Etat et
les collectivités pour des grands travaux d'intérêts
général et les sociétés privées et
même publiques pour des grands projets industriels, rencontrent les
épargnants directement grâce à un mécanisme de la
bourse des valeurs et leur remettre en échange respectivement des bons
du Trésors publics ou des actions et des obligations135.
Le système bancaire assure uniquement les fonctions
auxiliaires d'encadrement opérationnelles, en remettant au service des
internant, son ingénierie financière. En effet, les placements de
titres pour des demandeurs de capitaux, et leurs achats pour les
épargnants en quête de placements, s'opèrent aux guichets
des Banques commerciales. Tout individu peut devenir actionnaire de n'importe
quelle industrie ou commerce, et tout promoteur sérieux peut recourir
à l'épargne de ménage pour matérialiser son
projet.
La bourse des valeurs est donc incontournable dans une
économie libérale. Plusieurs pays africains l'ont comprise, et
font déjà fonctionner leurs bourses de valeurs. En se
libéralisant, une économie multiplie les sociétés
anonymes, dont les deux grandes caractéristiques sont, d'une part, le
volume important des capitaux
135 TUMBA M, B., Op.cit, p.140
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 90 -
brassés, selon des mécanismes régis par
des lois strictes et rigoureuses à travers lesquelles l'Etat
protège l'épargne communautaire et d'autre part, les coupures des
dividendes qu'elles distribuent à un intervalle annuelle.
Ainsi donc de fil à aiguille, l'action nationale
populaire réconcilie les travailleurs avec les capitaux, au plan local
et même jusqu'au plan mondial, les conflits sociaux s'en trouvent
amoindris, car l'ouvrier, en devenant aussi détenteur d'actions, donc
bénéficiaires de dividendes à l'intervalle régulier
de 12 mois, évoluent d'une attitude des conflits à une
mentalité d'associé. Beaucoup de SARL cèdent, par
convention, une partie du capital social à l'ensemble des travailleurs
pour développer chez ces derniers un intérêt sûr plus
directs au sort de l'entreprise.
Il s'en suit tout naturellement, une atténuation des
phénomènes de lutte de classes. Mais il est à noter que
ces magies de développement ne sont autorisées que dans les
sociétés ouvertes à l'esprit libérale, autrement
dit, toutes les sociétés où l'Etat est le 1er
garant de la prospérité privée, où l'Etat stimule
et accompagne les initiatives économiques où la réussite
des uns sert de modèle aux autres et crée des émules et
non de jalousie, où l'information est transparente.
En aménageant le cadre macro-économique de la
RDC, nous pouvons réunir, via le les mécanismes boursiers, les
capitaux nécessaires pour monter une méga société
de production et distribution courante à même de réaliser,
au départ, l'intégration industrielle de toute la
sous-région d'Afrique australe grâce à une énergie
congolaise à la fois abondante, bon marché et renouvelable. En
cela l'Etat congolais doit procéder à :
Diversifiée notre structure économie dans le
domaine des exportations
Concrétisation et rationalisation des reformes tant
réclamées par les opérateurs économiques, reformes
visant à doter le pays d'une fiscalité incitative, à
même d'induire plus de civisme dans le chef des opérateurs
économiques ;
Aménagent d'un cadre national favorable aux IED ;
Implantation des Tribunaux de commerce appelés à
connaitre les litiges entre le monde des affaires et l'administration
publique136 ;
Assainissement du cadre macro-économique congolais ;
Réduction de l'essor et de l'impact du secteur informel
;
Attirer et mobiliser d'avantage les capitaux nationaux et
extérieurs ;
Réduction du nombre élevé de points de
perceptions des exports et imports dans nos ports, aéroports,
frontières et les remplacer par un système de guichet unique ;
136 TUMBA M. B., Op.cit, p.132
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 91 -
Renforcement des capacités productrices des entreprises
et industries nationales manufacturières afin de les rendre
compétitives au sein de la région;
Renforcer et accroitre la capacité production
hydroélectrique des Centrales d'Inga et autres ;
Accroitre la capacité de production d'eau potable de la
Regideso afin qu'elle à même de distribuer dans la
sous-région et/ou libéraliser ce secteur ;
Subventionner et encourager même des investissements
nationaux ;
Stabilisation des taux de change de la monnaie nationale et
créer un climat de confiance dans les secteurs bancaires ;
Construction des infrastructures et routes des dessertes
agricoles adéquates ; Elévation du niveau de la production
agricole ;
Instauration du développement de l'économie du
savoir. etc....
§3. Sur le plan socioculturel.
Sur le plan socio-culturel, il existe certes des défis
à relever, qui peuvent aller dans le sens de :
Assainissement du système éducatif qui doit
répondre aux impératifs de développement ;
La répartition équitable du revenu national,
Renforcer et relever le niveau de l'éducation et la
formation des cadres et élites de demain ;
La garantie des soins de santé essentiels aux
fonctionnaires de l'Etat et à la population ;
Instauration de la justice sociale ;
Construire des nouvelles infrastructures sportives et des salles
de spectacles ; Relever le niveau de vie de la population par un salaire
descente ;
Dans le domaine culture, il nécessite une subvention les
excellents ;
Du coté social, il faut l'amélioration des
conditions de vie de la population par la mise d'un syndicat des travailleurs
indépendant franchi de tout pouvoir public et par la mise en place cadre
adéquat des PME ;
Associer les travailleurs dans la part d'action d'entreprise,
disons comme des actionnaires à part entiers.
Ce dernier point pourrait avoir des conséquences qui,
selon TUMBA Bob, qui dit : « l'action nationale populaire
réconcilie les travailleurs avec les capitaux, au plan local et
même jusqu'au plan mondial, les conflits sociaux s'en trouvent amoindris,
car l'ouvrier, en devenant aussi détenteur d'actions, donc
bénéficiaires de dividendes à l'intervalle régulier
de 12 mois, évoluent d'une attitude des conflits à une
mentalité d'associé. Beaucoup de SAR cèdent, par convent,
une
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 92 -
partie du capital social à l'ensemble des travailleurs
pour développer chez ces derniers un intérêt sûr plus
directs au sort de l'entreprise.
Il s'en suit tout naturellement, une atténuation des
phénomènes de lutte de classes. Mais il est à noter que
ces magies de développement ne sont autorisées que dans les
sociétés ouvertes à l'esprit libérale, autrement
dit, toutes les sociétés où l'Etat est le 1er
garant de la prospérité privée, où l'Etat stimule
et accompagne les initiatives économiques où la réussite
des uns sert de modèle aux autres et crée des émules et
non de jalousie, où l'information est transparentes137.
En aménageant le cadre macro-économique de la
RDC, nous pouvons réunir, via le les mécanismes boursiers, les
capitaux nécessaires pour monter une méga société
de production et distribution courante à même de réaliser,
au départ, l'intégration industrielle de toute la
sous-région d'Afrique australe grâce à une énergie
congolaise à la fois abondante, bon marché et renouvelable.
Tels sont, à notre humble avis, des défis que la
R.D.Congo doit relever pour sa participation active dans la recherche du
développement que prône la SADC de telle sorte qu'elle ne puisse
pas subir l'intégration et non plus attendre que les autres les fassent
à sa place ; mais plutôt participer activement à la
constitution et la réussite de ce grand ensemble « SADC » et
atteindre ses objectifs.
Section III : Perspectives d'avenir et suggestions
La présente étude qui vise la promotion du
développement économique de la RDC et de la sous-région
d'Afrique Australe dans le cadre de la C.E.R en se basant sur
l'intégration économique régionale portée par la
SADC. Il s'agit d'abord de présenter, dans cette étude, les
enjeux que présente ce processus pour la RDC et les défis que
cette dernière doit relever pour sa participation active, non entant que
simple figurant, mais plutôt entant qu'acteur actif ; et d'esquisser
ensuite les stratégies pour redynamiser le processus
d'intégration malgré les entraves énumérés
ci-dessus et encourager la RDC d'y prendre activement part tout en relevant les
défis ci-haut mentionnés tout en tenant compte des
évolutions récentes des théories économiques sur la
croissance.
§1. Perspectives d'avenir
L'évaluation des processus d'intégration
économique en Afrique en général et
particulièrement à partir de la SADC, indique une dynamique
effective mais lente des programmes intégrateurs et de structuration.
Pourtant, au niveau des opérateurs économiques, de la circulation
des biens et des personnes à l'échelle régionale et
continentale, il existe une réelle volonté de mobilité, de
recherche de
137 TUMBA, M. B., Op.cit, p.145.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 93 -
nouvelles opportunités et d'échanges, qui sont
entravées par les considérations politiques et les
intérêts particuliers des dirigeants de certains Etats.
En cela, pour la croissance économique des Etats de la
SADC, laquelle croissance aurait certainement des effets d'entrainement sur le
développement durable de la région, nous faisons appel aux
nouvelles théories de la croissance économique
prônées par certains auteurs. Ainsi, pendant plusieurs
années, les théories néo-classiques de la
croissance138, principalement le modèle Solow, ont
considéré que les déterminants à long terme de la
croissance économique étaient essentiellement fonction des
évolutions démographiques et technologiques,
indépendamment des comportements économiques. Grâce aux
théories endogènes de la croissance, il existe un cadre
renouvelé des sources de la croissance économique qui,
perçu comme un instrument essentiellement économique, est utile
pour tirer des enseignements clés de la croissance économique en
Afrique. Les théories de la croissance endogène
préconisent: (i) une grande diversité des sources de croissance
qui alimentent l'investissement en capital physique et en capital public
(infrastructures, transport, télécommunications,
sécurité, éducation, etc.), la recherche et l'innovation
technologique, l'apprentissage par la pratique, ainsi que la division du
travail ; (ii) un rôle déterminant du progrès
technologique, considéré généralement comme un bien
cumulatif et public ; et (iii) une rentabilité marginale du capital, qui
soit indépendante du stock de capital et soutient la croissance autant
que faire se peut, en fonction de l'évolution du taux
d'épargne.
Cette approche entraîne une inflexion aux
théories économiques ultralibérales qui récuse
toute efficacité du rôle économique de l'Etat dans
l'impulsion de la croissance économique et des politiques structurelles.
Le rôle de l'Etat, tel que schématisé dans les
modèles de croissance endogènes se situe à deux niveaux ;
le rôle de l'Etat en tant que gérant des externalités, et
celui du même Etat comme fournisseur de biens publics. Il revient
désormais aux Etats de la SADC d'assumer pleinement leur rôle
d'impulsion de la croissance, en jouant sur tous les leviers nécessaires
et en déléguant à la SADC certaines fonctions
spécifiques plus utiles aux économies d'échelle au niveau
régional.
§2. Suggestions
Ainsi, pour parfaire l'intégration et atteindre les
objectifs fixés, nous suggérons aux Etats membres de la SADC en
général et à la RDC en particulier ce qui suit :
1. Les nouvelles théories du commerce
international et le rôle stratégique de l'intervention des
Pouvoirs publics.
138Dominique Guellec et Pierre Ralle, Les nouvelles
théories de la croissance, La Découverte, 1995, p.23
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 94 -
Si, en théorie, les effets du libre-échange sur
la promotion de la croissance sont reconnus, son impact effectif sur la
réduction des inégalités entre pays est discuté.
Certains économistes considèrent que la libéralisation du
commerce extérieur est consécutive à
l'accélération de la croissance, et non le contraire. Par le
passé, des économistes tels que Friedrisch List et John Stuart
Mill avaient défendu la thèse protectionniste des industries
naissantes, notamment dans une période transitoire, avant de se lancer
plus tard dans la concurrence internationale139.
L'analyse des facteurs explicatifs de la lenteur des
programmes intégrateurs passe par une relecture des théories
récentes sur la croissance endogène et le commerce international,
qui offrent un cadre de réflexion à la relance du
développement économique et social en Afrique.
D'après ces théories, la croissance
économique passe par le développement coordonné de
plusieurs facteurs tels que les investissements en capital physique et humain
(infrastructures économiques, sécurité, formations
professionnelles et enseignements techniques et supérieurs de haut
niveau, etc.), la recherche et l'innovation ainsi que le progrès
technologique.
Le développement de ces facteurs nécessite des
actions intégrées des Pouvoirs publics et ne peut être
laissé aux simples forces du marché et aux initiatives
privées. Le succès des interventions publiques contribue à
l'amélioration de l'environnement institutionnel dans lequel
évoluent les opérateurs privés, préalable à
une perspective de croissance économique forte et soutenue. En ce qui
concerne également la libéralisation des échanges, les
récentes théories sur le commerce international reconnaissent
également que les Pouvoirs publics, pour des raisons d'ouverture
stratégique aux échanges mondiaux, peuvent promouvoir
l'émergence ou l'essor d'activités jugées
stratégiques pendant une période transitoire, le temps de
s'ouvrir ensuite à la concurrence (secteurs stratégiques, par
exemple)140.
Le succès de l'intégration économique
passe donc par la définition des actions prioritaires à
entreprendre, ainsi que de la volonté de chaque Etat et des rôles
qui leurs sont dévolus. La SADC, dans le cadre de
délégation de pouvoirs par les Etats membres et en coordination
avec les efforts nationaux, devrait donc travailler en
complémentarité avec les Etats. En application des principes de
subsidiarité entre les Etats, elle doit promouvoir, outre les
infrastructures économiques, d'autres facteurs de croissance tels que
ceux évoqués ci-dessus, améliorer l'environnement
institutionnel des affaires au niveau régional, même si pour cela,
il faut recourir aux partenariats public-privé(le plus mentionné
par le NEPAD). Pour leur part, les Etats membres de la
139 KABENGELE , D.G, Relations économiques
internationales, éd. M.E.S., Kinshasa, 2006, p.86
140 SEPTIME MARTIN, « Les
communautés économiques régionales au sein du Nepad :
Quelles perspectives pour un développement économique et social
durable en Afrique ?',
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 95 -
SADC doivent, sur la base de Plans d'action et de programmes
opérationnels réalistes, faire preuve d'efficacité et de
gouvernance dans l'utilisation de ressources et produire des résultats
concrets favorables à l'intégration économique et à
l'amélioration des conditions de vie des populations.
D'après les nouvelles théories, il est possible
que les Pouvoirs publics, pour des raisons de politique commerciale et
stratégique, promeuvent l'émergence d'activités
stratégiques pendant une période transitoire, le temps de
s'ouvrir à la concurrence (secteurs clés). Aussi, grâce aux
rendements d'échelle, des nations de même niveau de
développement peuvent produire et échanger des biens similaires
ou différents. En conséquence, les nouvelles approches du
commerce international permettent d'envisager des politiques commerciales plus
pragmatiques, associant un protectionnisme sectoriel temporaire et une tendance
libre-échangiste, qui tienne compte des circonstances et des choix
collectifs. La SADC a un rôle clé à jouer dans l'expertise
et l'assistance technique à fournir aux Etats dans les
négociations commerciales, la définition de politiques
industrielles compétitives et la promotion des produits locaux dans un
cadre régional.
2.La garantie des mutations technologiques et
l'accumulation du capital matériel et humain par l'intervention
publique.
D'après les travaux de Romer et Lucas, les effets
externes du capital physique et humain sont déterminants pour la
croissance économique. Le développement de la recherche
fondamentale et appliquée et l'amélioration de l'environnement
institutionnel dans lequel interviennent des opérateurs y compris
privés pourraient nécessiter l'intervention des Pouvoirs publics
afin d'encourager une croissance économique forte et soutenue. La
suppression du tout Etat doit laisser la place à un juste
équilibre entre l'Etat et le privé dans la création de
cadres compétitifs pour un développement
accéléré dans la SADC. Les initiatives en cours dans la
région qui touchent à la promotion des infrastructures à
travers le « partenariat public-privé » sont encourageantes et
devraient aller au-delà de ce cadre141. Outre le
développement des infrastructures économiques telles que le
transport routier, l'énergie, l'eau, les technologies de l'information
et de la communication, en vue de créer les conditions de
viabilité et de rentabilité des affaires du secteur privé,
d'autres secteurs méritent également de l'attention afin de
relever les défis de la Communauté. Il s'agit du capital humain
de haut niveau technique, des innovations technologiques, de la
Recherche-Développement, des systèmes financiers et
monétaires adaptés et sains.
Dans la SADC, beaucoup d'Etats sont caractérisés
par une similarité des structures de production et des matières
premières exportées et dont aux cours sont
141 Serge D'Agostino, Libre-échange et
protectionnisme, Bréal, 2003.p.24
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 96 -
volatiles sur les marchés internationaux. Il est
important de procéder à des réformes en profondeur, en
renforçant non seulement le capital physique mais aussi le capital
humain et les innovations technologiques pour créer les
complémentarités nécessaires aux économies en
intégration.
En clair, l'intégration économique de la SADC ne
doit plus être perçue seulement sous l'angle de
l'élargissement des marchés et des opportunités
d'affaires, mais aussi le cadre de mise en place des mécanismes
appropriés d'incitations susceptibles de favoriser localement l'offre de
biens et services prioritaires. L'accélération du
développement du capital physique et humain au niveau régional
est susceptible de promouvoir la diversification locale des biens produits et
la promotion des échanges intra-SADC, et dans un esprit de concurrence.
Les enseignements des théories économiques et les conditions du
succès de la SADC au regard des facteurs de croissance économique
et les conditions nécessaires à une libéralisation
économique réussie, les Etats de la région ont un
rôle important à jouer pour poser les capteurs des investissements
directs étrangers et induire la rentabilité du secteur
privé.
3.La rationalisation et l'accroissement de
l'efficacité de la SADC comme bases de l'intégration
économique
La globalisation de l'économie mondiale et la
concurrence entre partenaires intégrés au commerce international
exigent une rationalisation de la SADC afin de la rendre plus viable, plus
pertinente et plus apte aux changements imposés par la
libéralisation des échanges à l'échelle
planétaire. Dans les huit (8) Communauté Economique
Régionales (CER) reconnues par l'Union africaine, on rencontre de pays
qui sont membres de plus d'une à la fois. Ce chevauchement affaiblit la
mise en oeuvre de protocoles et empêche que soient atteints les objectifs
de l'intégration économique, ce qui s'ajoute à un usage
inefficient des ressources en soi déjà limitées de la
région. Afin de rationaliser la SADC de manière à faire
d'elle une union économique avec la perspective d'une ZLE et d'une
monnaie unique, il paraît souhaitable que chaque pays choisisse
d'appartenir exclusivement à une seule CER.
Globalement, on pourrait considérer que la
proximité géographique, l'interdépendance
économique, la communauté de langue et de culture ainsi que
l'histoire de la coopération et les ressources naturelles
partagées servent de base à la constitution de la
SADC142.
142 CERNAT L. (2001). «Assessing regional trade
arrangements: Are South-South RTAs more trade diverting?», Dans Policy
Issues in International Trade and Commodities Study Series, n° 16.
CNUCED, New York et Genève.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 97 -
L'analyse des structures actuelles des CER en Afrique et la
SADC y compris indique qu'elles ne répondent pas aux critères
d'efficacité et de résultats attendus des organisations modernes.
Ces structures devraient être complètement révisées
dans leur mode de recrutement des responsables et de fonctionnement afin de
sortir de lourdeurs administratives, de dépendance politique excessive
et devenir davantage des structures souples de promotion de
l'intégration, en coordination étroite avec les administrations
nationales. Une répartition des tâches devrait être
clairement établie entre la SADC et les Etats membres afin d'optimiser
les ressources et rendre effectif le processus d'intégration
économique.
4. Le rôle plus actif d'un ou des leader(s)
sous-régional(ux)
Dans la SADC, il devrait y avoir un pays ou groupe de pays
leaders susceptible d'impulser l'intégration économique
régionale à l'image de ce qui fut observé dans l'Union
européenne. On pourrait avoir deux pour la SADC ; l'Afrique du Sud d'une
part pour sa puissance économique et son avancée en
démocratie et la RDC d'autre part pour ses immenses potentialités
naturelles et sa position géostratégique.
En effet, pour la RDC, c'est grâce à son
appartenance à la SADC que la République démocratique du
Congo avait bénéficié de l'assistance militaire du
Zimbabwe, de la Namibie et de l'Angola. N'eut été la
présence militaire de ces pays amis, la RDC continuerait à subir.
Aujourd'hui qu'il est question de favoriser l'intégration
économique régionale, la RDC, de par sa position
géostratégique, ses immenses ressources, est à même
de jouer un rôle de premier plan et en tirer profit pour son
développement. Au fait, outre la SADC, il y a également la
Communauté économique des Etats d'Afrique centrale, CEEAC, et la
Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL.
Si on analyse attentivement les objectifs de ces trois communautés, on
se rend à l'évidence qu'ils se recoupent. Et fait extraordinaire,
la République démocratique du Congo se trouve au centre de toutes
les actions.
Il s'agit là « d'une position naturelle » et
qu'il revient à la RDC, disons à ses dirigeants, d'en saisir la
portée exacte pour agir et réagir en conséquence. En
d'autres termes, la SADC et d'autres CER demeurent incontestablement des «
outils de travail régional» pour la République
démocratique du Congo. C'est dire qu'on ne peut construire la CEEAC, la
CIRGL et la SADC sans la République démocratique du Congo, tant
il est vrai qu'outre sa position sur le plan géographique, politique, le
Congo dispose d'un marché important. Il est le carrefour pour «
réunir » l'Afrique de l'Est à celle de l'Ouest, du Nord et
du Sud, en passant toujours par l'Afrique centrale. La RDC est incontournable.
Il faut le savoir, le comprendre et se mettre en exergue. D'autant qu'au regard
de sa position géographique, les pays de la sous-région d'Afrique
australe attendent beaucoup de la RDC. En ce qu'elle est l'une d'importantes
réserves des ressources (énergétiques, agricoles et
autres) ; ce qui fait que tous les autres pays
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 98 -
ont intérêt à passer par elle. Sur le plan
agricole par exemple, la RD Congo devra se positionner pour nourrir les pays
arides de la SADC. Dans le secteur énergétique, l'on sait
notamment que tous les experts sont unanimes pour prédire que les eaux
souterraines sud-africaines vont sécher d'ici l'an 2013. Autant de
questions majeures que les uns et les autres entendent discuter au cours de la
présidence congolaise du bloc qui semble être le plus dynamique et
le plus solidaire pour la RDC par rapport à sa position
géographique.
Or, pour jouer le rôle de leadership, il y a des
préalables. D'abord, disposer des hommes dotés d'une vision
régionale des questions majeures, ensuite des cadres compétents
qui ont la maîtrise des dossiers et enfin, honorer ses engagements. Sur
ce dernier point, la RDC manifeste de graves insuffisances. Elle accuse du
retard quant à sa participation au processus d'intégration
économique régionale. Notamment, la non signature du «
Protocole commercial » qui est justement l'un des points de départ
du processus d'intégration économique régionale qui
consacre la mise en place d'une Zone de Libre Echange SADC entamé depuis
2008, et une Union Douanière de la SADC en 2010. Autre chose : savoir
sélectionner des projets de développement.
Enfin, pour ce qui concerne la RSA, entant que puissance
émergente et première puissance économique de la
sous-région, les autres pourraient profiter de sa maturité et ses
expériences pour afin bien décoller.
5. L'affectation des ressources stables pour une bonne
gestion de la SADC
L'un des problèmes majeurs rencontrés par les
CER en Afrique est l'absence de ressources stables pour assurer les missions
qui leur sont dévolues par leurs Chartes et Traites. L'expérience
de plusieurs regroupements régionaux ou sous-régionaux en Afrique
a montré qu'ils sont confrontés à de nombreuses
difficultés dans leur fonctionnement ainsi que dans la mise en oeuvre de
leurs programmes régionaux, et ce parce que les Etats membres versent
irrégulièrement leurs contributions, ce qui s'ajoute bien souvent
par leur appartenance simultanée à plusieurs organisations
régionales. Il est donc impératif que les pays de la SADC aient
la volonté politique de garantir, de manière stable et
pérenne, des ressources publiques pour la SADC.
6. La promotion de pôles de
compétitivité et de productivité dans la SADC
En répartissant les pays africains en trois niveaux
« le niveau de croissance induit par les facteurs de production et les
besoins primaires », « le niveau de croissance induit par
l'efficacité » et « le niveau de croissance induit par
l'innovation », on a constaté que, globalement, la plupart d'entre
eux se retrouvent dans le premier niveau, exception faite de quelques pays
seulement : Maurice et l'Afrique du Sud, classés au niveau 2, dont la
croissance est tirée par l'efficacité. Au
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 99 -
niveau 1, où les préalables à
l'accélération de la croissance, la productivité et la
compétitivité sont l'efficacité des institutions,
l'accroissement et la modernisation des infrastructures, la stabilité
macroéconomique et l'amélioration des indicateurs de santé
et de l'éducation primaire. Il est indispensable que les gouvernements
et la SADC s'attellent davantage à une meilleure division du travail et
à développer des complémentarités pour renforcer
les performances des pays dans ces domaines. Quant aux pays ayant atteint le
niveau 2 et ceux étant potentiellement au niveau 3, leurs besoins sont
davantage portés sur les facteurs d'efficience et d'innovation tels que
l'éducation et la formation de haut niveau, ainsi que sur la
qualité des biens produits, la performance du travail et
l'efficacité du système financier. Dans ces domaines, le
rôle de la SADC sera plus déterminant et un renforcement de la
coordination avec les Etats doit contribuer à améliorer la
compétitivité et la productivité en promouvant des
programmes régionaux qui tiennent compte des caractéristiques
communes des groupes de pays143.
7. La mobilisation de l'épargne privée
régionale au service du développement
L'une des causes majeures du retard de la sous-région
concernée est la faible mobilisation de l'épargne
régionale et continentale face aux difficultés d'attirer des
investissements directs étrangers. Les systèmes financiers dans
la région sont trop frileux, sélectifs, et pratiquent des taux de
crédit prohibitifs ; ils doivent être redynamisés et
devenir compétitifs afin de collecter de l'épargne et la mettre
au service des priorités de développement de la région.
Outre le financement des opérations de développement, il convient
de respecter la théorie de la croissance endogène qui veut que le
progrès technique soit un facteur essentiel de la croissance
économique et admettre que le problème de son financement se
pose. Sachant que le progrès technique dépend de la connaissance
technique et scientifique, qui est considérée comme un capital
à financer, le lien entre la croissance et la connaissance technique et
scientifique passe donc par le financement des innovations techniques, qui se
heurte à des difficultés importantes du fait de leur rendement
incertain. Il se pose donc aussi le problème du soutien à la
recherche fondamentale, la valorisation de la recherche appliquée, les
garanties aux institutions financières spécialisées qui
apportent des fonds propres aux PME.
L'Association des bourses africaines (ASEA), depuis plusieurs
années, encourage le développement des bourses de valeurs mais
aussi la coopération entre elles à l'intérieur de quatre
grandes régions. Peu de sociétés nationales y sont
cotées, les marchés étant caractérisés par
un faible taux de liquidité et un faible volume des
sociétés, hormis quelques bourses telles que la Bourse de
Johannesburg (considérée
143 YANG GUPTA S., Regional trade Arrangements in Africa,
IMFADB Board's Documents, 2005,
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 100
comme la plus active). Il se pose donc un réel
problème de la mobilisation de l'épargne soit à travers le
système bancaire et non bancaire, soit à travers les
marchés financiers ou encore d'autres structures, pour répondre
aux besoins de financement d'activités opérationnelles ou de
capital-risque. Il faut noter aussi que la coordination et l'harmonisation des
règles prudentielles et de supervision bancaire, ainsi que les
politiques financières en vigueur dans la SADC, ne peuvent se faire sans
une coordination des politiques monétaires nationales. Cela pose, par
conséquent, le délicat problème de la création
d'une monnaie unique dans la SADC.
Bref, l'intégration régionale par la
libéralisation des marchés est une nécessité mais,
exige que l'on mette en place les bases de croissance, et dépend des
Etats membres. Il reste néanmoins à la SADC de prendre des
décisions infiniment plus lourdes de conséquences qui
détermineront dans une large mesure sa capacité à
affronter la dynamique d'une intégration économique
centrée sur le commerce, la production industrielle et la
mobilité des personnes et de leurs biens. Pour cela, elle doit :
Au lieu d'agir exclusivement, comme jusqu'à
présent, sur la base de compétences sectorielles nationales, la
SADC doit créer de nouvelles structures vouées
spécifiquement à des questions d'intérêt
régional (directions de la planification et de la coordination) pour
confier ensuite, au niveau national, la coordination de ces seules
compétences à des comités nationaux de la SADC.
La SADC devrait s'écarter d'un fonctionnement
axé sur des projets et des secteurs, avec un appareil administratif
réduit, pour se réorienter vers une approche pluridisciplinaire
centrée sur des programmes de développement. La condition
préalable en est que l'intégration régionale soit
perçue non pas comme un but à atteindre, mais comme un processus.
Cela exige une structure institutionnelle plus large qui puisse à la
fois opérer au niveau stratégique et coordonner les
modalités d'application (directions de la planification et de la
coordination).
La SADC n'est animée que d'une volonté politique
limitée de maîtriser le passage d'une communauté
basée sur une coopération sélective et fonctionnelle
à une communauté régionale reposant sur le commerce;
à sa décharge il faut reconnaître qu'elle ne réunit
encore pour cela que des conditions économiques insuffisantes (faiblesse
du volume commercial intracommunautaire, déséquilibres
commerciaux, domination économique de l'Afrique du Sud).
La réussite, d'ici au milieu du siècle prochain,
de cette transition visée dans le protocole commercial dépend
essentiellement du succès des réformes allant dans le sens de
l'économie de marché, de l'harmonisation des
réglementations
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 101
concernant le commerce et les transports et de la solution des
déséquilibres commerciaux entre les Etats membres. Au plan de
l'organisation la SADC doit viser plus fortement l'action et se
débarrasser du poids des susceptibilités nationales si elle veut
que sa transformation en zone de libre-échange soit un succès.
La SADC doit tenir compte, dans ses structures d'organisation,
de l'évolution de l'environnement global (participation du secteur
privé, abandon de l'économie planifiée) et des exigences
placées dans les prestations de la communauté (efficacité
des processus de décision, consolidation de la coordination des
secteurs, élargissement du rôle du secrétariat
général). Sur le plan politique, les dirigeants ne doivent pas
penser uniquement aux gains à court terme; ils doivent en effet tenir
compte des avantages que la coopération présente à long
terme pour améliorer les résultats économiques de la
région dans son ensemble et développer les marchés. La
facilitation du commerce ainsi que des règles et des procédures
administratives mieux harmonisées permettraient de rendre la
région plus attractive commercialement parlant, ce qui donnerait lieu
à des partenariats plus diversifiés, notamment entre des
partenaires du Nord et du Sud.
C'est de cette façon que la sous-région
d'Afrique Australe serait moins vulnérable aux chocs ou aux
échecs observés ailleurs, comme la crise économique et
financière qui frappe actuellement le monde, et pourrait, de ce fait,
réussir à libéraliser le commerce et accroitre la
production dans la région et relever le niveau de vie de la
population.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 102
CONCLUSION
Après nous être étalés et
épanouis dans le développement de ce sujet qui a porté sur
: « La SADC et l'intégration
des économies. Enjeux et défis
congolais», la présente
étude s'achève sur une note, non pas d'une étude parfaite
et complète en la matière. Aussi, il y a lieu de noter que, cette
étude n'est pas constituée des postulats, mais des arguments
donnant lieu à des débats scientifiques pour le progrès de
la science. En cela, la préoccupation fondamentale de notre
réflexion a tournée au tour des enjeux que présente le
processus d'intégration économique de la SADC pour la RDC et les
défis que cette dernière est sensée relever afin d'y
participer non comme un maillon faible et simple figurant mais plutôt
comme acteur catalyseur de ce processus pour sa réussite d'une part et
le développement de la RDC d'autre part.
Ce travail a été reparti, en sus de
l'introduction et la conclusion, en trois chapitres dont chacun est
divisé en sections et paragraphes. Le premier chapitre porte sur les
« généralités » dont la première section
définit les concepts clés et fait un contour sur la notion
d'intégration et la 2ème section présente la
République Démocratique du Congo. Ensuite, le deuxième
chapitre intitulé « la SADC et l'intégration des
économies », présente la SADC dans sa première
section et la deuxième section fait état du processus
d'intégration de la SADC, ses réalisations, les relations
économiques et commerciales, entraves et défis. Enfin, le
troisième chapitre intitulé « les enjeux et défis
congolais dans le processus d'intégration de la SADC», fait, quant
à lui, un survol sur les enjeux que présente ce processus pour la
R.D.C dans sa première section et les défis que cette
dernière doit relever au niveau interne afin de participer activement
dans le processus et éviter d'en subir, et la dernière section
enfin débouche sur les perspectives d'avenir et les suggestions.
Dans le souci de mener cette étude dans la rigueur
scientifique, nous avons recouru aux méthodes
systémique et historique. La première
se justifie par le fait que nous considérons la SADC comme un
système possédant une structure propre et au sein de laquelle
chaque élément est appelé à remplir une fonction
déterminée. La seconde nous permet d'expliquer et décrire
le processus d'intégration économique de la SADC en fonction des
faits passés et des événements actuels. Et les techniques
suivants : documentaire, audiovisuel et l'internet
nous ont servi d'outils de récolte des données pour
réaliser cette oeuvre.
En substance, il ressort de cette étude que le
processus d'intégration économique de la SADC présente des
enjeux à la fois économiques, politiques et socio-culturels pour
la RDC. Sur le plan économique d'abord, ce
processus lui offre un vaste marché pour ses échanges commerciaux
et pour la valorisation de ses potentialités naturelles dont elle
dispose. Certes, ce processus occasionnerait deux conséquences logiques
; d'une part elle va créer un marché plus important, qui
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 103
augmentera les possibilités de commerce, de croissance
économique ainsi que la création d'emplois, et sur les affaires,
le secteur privé et autres parties prenantes, il y aura augmentation des
productions intérieures, l'accroissement des opportunités
commerciales, l'accroissance de l'investissement étranger direct et des
coentreprises ; la création des chaînes de valeur
régionales, elle fera baisser les prix, permettant ainsi aux
ménages de tirer le meilleur parti de leur budget et les entreprises
pourront également se procurer des intrants à moindre coût
sur place et accroître la compétitivité sur les
marchés mondiaux; et d'autre part la production manufacturière
serait négativement affectée car le marché local sera
bousculé par l'afflux des produits et services importés qui
entrainerait une fuite des devises vers l'étrangers et réduirait
l'assiette fiscale avec le risque de mettre en péril les industries
nationales manufacturées naissantes qui ne tiendront pas certes le coup
face à la concurrence des produits de premières
nécessités importés. Qu'à cela ne tiennent, ce
déficit pourrait être comblé par la valorisation des
potentialités naturelles dont dispose la RDC par sa commercialisation au
sein de ce vaste marché qu'offre ce processus de la SADC.
Sur le plan politique, ce processus
d'intégration économique apparait, à notre humble avis,
comme une opportunité que le Congo ne peut s'hasarder de manquer pour
son retour diplomatique sur l'échiquier continental, voire un tremplin
pour elle, de pouvoir jouer le rôle que lui a attribué la nature.
La tribune que lui offre l'Organisation lui permettrait, à coup
sûr, de faire entendre sa voix et de tisser et de raffermir, aux besoins,
des liens forts avec des Etats voisins ou lointains qui empêcheraient les
velléités de potentiels agresseurs et, vont la soustraire
d'innombrables vulnérabilités auxquelles elle est exposée.
De même, la croissance économique et la stabilité des pays
partenaires influeraient positivement sur la stabilité politique et la
sécurité tout en augmentant ainsi l'attrait du pays et de la
région pour d'autres partenaires, qu'ils soient du Nord ou du Sud.
Sur le plan socio-culturel, la RDC
reste le pays le plus vaste en termes d'habitants et de superficie dans la
SADC, par conséquent, culturellement aussi fort. Cette
intégration est une occasion pour elle d'exporter sa culture à
travers notamment sa musique, le sport et autres, tirer profit de la
maturité dont disposent les Etats de la SADC et mettre en valeur son
capital humain. Pour que le capital humain congolais ne subisse pas
l'extérieur il faut qu'il soit formé, profiter même de la
connaissance nouvelle et des technologies avancées qu'apportent d'autres
Etats de la région.
Toutefois, pour tirer profit de ce processus, la RDC doit, au
niveau interne, relever un bon nombre des défis, lesquels
relèvent d'ordre politique, économique et socio-culturel.
Ainsi, pour ce qui concerne la République
Démocratique du Congo, ces défis, qui se présentent comme
des préalables ou bien des garde-fous sont en fait et
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 104
dans notre entendement, fait appel à notre
capacité de rendre notre pays et surtout notre économie à
même de concurrencer le reste des économies. Autrement rendre
notre économie compétitive, apte à faire face à la
concurrence qu'occasionne la ZLE. Ces défis une fois relever,
éviteraient à ce que la RDC ne subisse les méfaits de
l'intégration économique de la SADC et de la mondialisation, et
aussi éviter que la RDC ne soit qu'un simple figurant.
En somme, il est de l'intérêt de la RDC de se
rendre compte de la taille et valeur des enjeux que présente ce
processus afin d'entreprendre des actions de lourdes conséquences pour
pouvoir entrainer ce processus à sa guise. C'est en relevant les
défis ci-haut cités que la RD. Congo peut espérer
participer tête haute dans ce processus et de surcroît, tirer
profit des avantages que cela occasionne et jouer le rôle qu'on attend
d'elle, rôle catalyseur et de pivot, en raison de sa position
géopolitique et de potentialités dont elle dispose et ainsi
permettre à la SADC d'atteindre ses objectifs notamment le
développement des échanges commerciaux et économiques, et
l'amélioration des conditions de vie des populations de la
sous-région.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 105
BIBLIOGRAPHIE
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12. RDC, Document de la stratégie de croissance et
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13. TOLLENS Eric, le rapport de la F.A.O, UNFPA-LIASSE,
publié en 1984.
14. Traité consultatif de la SADC, 2004.
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2. BRAECKMAN Colette, « Le Congo et ses amis chinois
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Potentiel, n°4245,15 février 2008
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7. GBETNKOM D., «South-South regionalism always a
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22 (1), 2008.
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10. SADC TODAY , Vol. 8 N°. 4 Octobre 2005
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SADC tenu à Kinshasa en Juillet2009
2. NJINKEU D. et POWO FOSSO B. (2006). Commerce interafricain
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à la Conférence internationale de la BAD et de l'AERC
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3. Forum économique mondial sur l'Afrique tenu du 13 au
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G1 RI., UNIKIN, 2009-2010., inédit.
3. NTUAREMBA ONFRE Léonard, Manuel du Droit
International de développement, L2 RI, UNIKIN, 2010,
Inédit.
4. MPWATE NDAUME George., Cours des théories de
coopération internationale, L2 RI., FSSAP, UNIKIN, inédit.
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1. NLEMFU MUKOKO J. B., ZLE de la SADC et économie de
la RDC : Création de trafic et bien-être ?(une analyse en
équilibre général calculable), Mémoire de
D.E.A, FASEG, UNIKIN, 2009-2010, inédit.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 108
VI. Wébgraphie
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Business.
http://www.worldbank.org/.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 109
Table des matières
Epigraphe i
Dédicace ii
Avant-propos iii
Abréviations et sigles utilisés v
INTRODUCTION
|
- 1 -
|
1. Présentation du sujet et problématique
|
- 1 -
|
2. Hypothèse du travail
|
- 3 -
|
3. Choix et intérêt du sujet
|
- 4 -
|
4. Délimitation du sujet
|
- 5 -
|
5. Méthodes et techniques
|
- 6 -
|
6. Difficultés rencontrées
|
- 7 -
|
7. Plan sommaire
|
- 7 -
|
CHAPITRE I : GENERALITES
|
- 8 -
|
Section 1 : Définition des concepts
|
- 8 -
|
§1. Intégration (Voir section 2ème
)
|
- 8 -
|
§2. Enjeu
|
- 8 -
|
§3. Défi
|
- 8 -
|
|
Section II : Généralités sur la notion
d'intégration économique
|
- 8 -
|
§1.Définition
|
- 8 -
|
1.1. Intégration
|
- 8 -
|
1.2. Forme de l'intégration
|
- 9 -
|
1.3. Intégration économique
|
- 10 -
|
§2.Caractéristiques de l'intégration
économique
|
- 12 -
|
§3.Objectifs de l'intégration économique
|
- 12 -
|
3.1. Objectifs généraux
|
- 12 -
|
3.2. Objectifs spécifiques
|
- 14 -
|
§4.Modalités et formes d'intégration
|
- 14 -
|
4.1. Intégration des marchés
|
- 14 -
|
4.2. Intégration de la production
|
- 17 -
|
§5. Approches théoriques de l'intégration
économique
|
- 19 -
|
5.1..Le Fédéralisme
|
- 20 -
|
1.1. Fondement théorique du fédéralisme
|
- 20 -
|
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
110
-
|
|
|
1.2. Types de fédéralisme
|
- 20 -
|
1.3. Différence entre fédération et
confédération
|
- 22 -
|
5.2.La démarche pluraliste
|
- 22 -
|
5.3. Le Fonctionnalisme et le Néo-fonctionnalisme
|
- 23 -
|
3.1. Fondement théorique du Fonctionnalisme
|
- 23 -
|
3.2. Principes du fonctionnalisme
|
- 24 -
|
3.3. Fondement théorique du Néo-fonctionnalisme
|
- 26 -
|
3.4. Différence entre fonctionnalisme et
Néo-fonctionnalisme
|
- 27 -
|
§6. Conditions et facteurs d'une intégration
économique
|
- 28 -
|
§7. Les effets dynamiques de l'intégration
économique sur la croissance économique d'un Etat. .. -
29 -
Section 2 : PRESENTATION DE LA R.D.C
§1.Aspect physique
§2.Aspect institutionnel et politique
|
- 30 -
- 30 -
- 32 -
|
§3.Aspect économique et humain
|
- 34 -
|
A. Structure économique
|
- 35 -
|
B. Politiques macro-économiques
|
- 38 -
|
1. Mobilisation des ressources publiques
|
- 41 -
|
C. Contexte social et développement des ressources
humaines
|
- 42 -
|
D. Questions structurelles
|
- 42 -
|
1. Développement du secteur privé
|
- 42 -
|
Tableau 5 : Résultats sommaires
|
- 43 -
|
CHAPITRE
II. LA SADC ET L'INTEGRATION ECONOMIQUE
|
- 44 -
|
Section 1: La SADC
|
- 44 -
|
§1 : Genèse
|
- 44 -
|
§2.Principes et principaux objectifs
|
- 46 -
|
1. Principes
|
- 46 -
|
2. Objectifs principaux
|
- 46 -
|
|
§3. Structure et fonctionnement de la SADC.
- 47 -
|
|
§4.Composition et les (Attributions) sectorielles des Etats
membres de la SADC
|
- 48 -
|
Section II : Le processus de l'intégration des
économies de la SADC
|
- 50 -
|
§1. Les structures économiques des pays membres la
région(SADC).
- 51 -
|
|
§2. Les échanges économiques dans la
région(SADC)
|
- 53 -
|
§3. Processus d'intégration et Réalisations
|
- 57 -
|
|
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 111
2.Le Protocole commercial de la SADC - 57 -
3.Les critères de convergence macro-économique - 59
-
7. Les actions pratiques dans le domaine fiscale - 66 -
§4. Impact probable dans la région et
évaluation critique - 68 -
1. Impact probable dans la région - 68 -
2. Evaluation critique - 69 -
Section III : Entraves et défis - 71 -
§1.Les Entraves - 71 -
1.1. Problèmes d'ordre politique et institutionnel - 71
-
1.2. Problèmes d'ordre économique - 73 -
1.3. Problèmes d'ordre socioculturel. - 75 -
§2.Défis - 75 -
CHAPITRE III : ENJEUX ET DEFIS CONGOLAIS(R.D) DANS LE
PROCESSUS
D'INTEGRATION DE LA SADC - 78 -
Section I : Enjeux congolais dans le processus
d'intégration de la SADC - 78 -
§2. Economiques. - 78 -
§2. Politiques. - 85 -
§3. Socio-culturels - 86 -
Section II : Défis congolais - 87 -
§1. Sur le plan politique - 88 -
§2. Sur le plan économique - 89 -
§3. Sur le plan socioculturels - 91 -
Section III : Perspectives d'avenir et suggestions - 92 -
§1. Perspectives d'avenir - 92 -
§2. Suggestions - 93 -
CONCLUSION - 102 -
BIBLIOGRAPHIE - 105 -
Table des matières - 109 -
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 112
EXPOSE DE LA DEFENSE DU MEMOIRE DE L'ETUDIANT
Guy
MBO K.
Monsieur le professeur président du jury, Messieurs les
professeurs membres du jury,
Nous avons le réel plaisir de vous présenter les
résultats de nos recherches scientifiques qui ont porté sur
« La SADC et l'intégration des économies. Enjeux et
défis congolais(RD) ».
En effet, les pays sous-développés ont
été constamment invités à expérimenter telle
ou telle stratégie de développement : import-substitution,
révolution verte, zone franche industrielle, etc. Depuis la
Conférence de Lagos de 1980, c'est le thème de
l'intégration économique qui est en vogue. Bon nombre
d'Etats d'Afrique en ont fait leur cheval de bataille. Ce processus a connu en
Afrique une érection dans les années 80 et 90 qui s'est
soldée par la mise en place de bon nombre de regroupements
économiques en cette fin.
Le rapport de la CNUCED(2009) avance et montre qu'une
intégration intra-africaine renforcée est indispensable pour le
développement et que l'intégration régionale, à
condition d'être conçue et appliquée dans le cadre d'une
stratégie de développement plus vaste visant à promouvoir
la diversification économique, les mutations structurelles et le
développement technologique, pouvait renforcer les capacités
productives des pays africains, permettre des économies
d'échelle, améliorer la compétitivité et servir
à ces pays de tremplin pour participer de manière efficace
à l'économie mondiale.
Conscients de son importance, les Etats d'Afrique australe ont
mis sur pied, au lendemain du Traité de Lagos, la SADCC qui sera
dotée d'un Traité consultatif en 1992 pour devenir une C.E.(SADC)
dans laquelle la RDC, notre pays, adhère en 1998 et dont le processus
d'intégration économique est aujourd'hui au stade d'une Zone de
Libre-échange(ZLE). Comme tout passionné de la recherche, ce
processus de la SADC ne nous a pas laissés indifférents ; une
attention particulière y a été apportée en raison
notamment des enjeux que présente ce processus pour les Etats membres en
général et la RDC en particulier.
Toutefois, la question de l'intégration des C.E.R a
fait l'objet de quantité d'études, et certains travaux
récents sur ce point traitent spécifiquement des aspects
institutionnels de l'intégration ; d'autres analysent les questions des
investissements, du commerce des services et des migrations, et sur les flux
commerciaux dans le cadre des arrangements régionaux
d'intégration.
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 113
Par contre, celle-ci présente une particularité
; dans son objet, elle met l'accent sur les enjeux majeurs que présente
le processus d'intégration économique de la SADC pour la
R.D.Congo et les différents défis que cette dernière doit
relever en vue de participer activement entant que pièce maitresse
permettant, non seulement à la Communauté d'atteindre ses
objectifs, mais aussi à elle-même de tirer profit des avantages
que présente l'intégration économique dans l'ensemble de
la région.
L'objectif poursuivi ici est d'amener les autorités
congolaises en particulier et le public en général de prendre en
compte la taille des enjeux que présente ce processus pour notre pays
dans leur gestion quotidienne du res pubica.
De ce qui précède, plusieurs questions
méritent d'être posées dont les suivantes : Quels sont les
enjeux congolais(RD) dans ce processus ? Quels sont les défis que doit
relever la RDC pour y participer activement afin de permettre à
l'organisation d'atteindre ses objectifs ? Voilà ce à quoi a
porté notre travail.
Dans le souci de mener cette étude dans la rigueur
scientifique, nous avons recouru aux méthodes
systémique et historique.
En cela, outre l'introduction et la conclusion, ce travail est
reparti en trois chapitres. Dans le premier chapitre relatif aux
considérations générales, nous avons défini les
concepts de base et brossé la notion d'intégration
économique. Dans le deuxième chapitre, nous avons
présenté la SADC et son processus d'intégration. Dans le
troisième chapitre, enfin, nous nous sommes appesantis sur les enjeux
que présente ce processus pour la RDC et les défis que doit
relever la RDC en vue d'y prendre activement part et en profiter.
En substance, il ressort de cette étude que le
processus d'intégration économique de la SADC présente des
enjeux à la fois économiques, politiques et socio-culturels pour
la RDC. Sur le plan économique d'abord, elle
va créer d'une part un marché plus important, qui augmenterait
les possibilités de commerce, de croissance économique ainsi que
la création d'emplois, il y aura augmentation des productions
intérieures, l'accroissement des opportunités commerciales,
l'accroissance de l'investissement étranger direct et des coentreprises;
la création des chaînes de valeur régionales, elle fera
baisser les prix, permettre ainsi aux ménages de tirer le meilleur parti
de leur budget et les entreprises pourront également se procurer des
intrants à moindre coût sur place; et d'autre part la production
manufacturière serait négativement affectée car le
marché local sera afflué par des produits et services
importés qui entrainerait une fuite des devises vers l'étrangers
et réduirait l'assiette fiscale avec le risque de mettre en péril
les industries nationales manufacturées naissantes qui ne tiendront pas
le coup face à la concurrence des produits de premières
nécessités importés. Qu'à cela ne tiennent, ce
déficit pourrait être comblé par
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
- 114
l'augmentation de l'exploitation, la production et exportation
des potentialités naturelles dont dispose la RDC au sein du vaste
marché qu'offre ce processus de la SADC.
Sur le plan politique, ce processus
apparait comme une opportunité pour le Congo pour son retour
diplomatique sur l'échiquier continental, voire un tremplin pour elle,
de pouvoir jouer le rôle que lui a attribué la nature. La tribune
que lui offre l'Organisation lui permette de faire entendre sa voix et de
tisser et raffermir des liens forts avec des Etats partenaires et
empêcher les velléités de potentiels agresseurs et, aussi
permet de soustraire la RDC d'innombrables vulnérabilités
auxquelles elle est exposée. De même, la stabilité des pays
partenaires influerait positivement sur la stabilité politique et la
sécurité tout en augmentant ainsi l'attrait du pays et de la
région pour d'autres partenaires, qu'ils soient du Nord ou du Sud ;
quand bien-même il serait une occasion pour les uns de profiter de la
faiblesse des autres pour imposer leurs diktat.
Sur le plan socio-culturel,
étant donné que la RDC reste le pays le plus vaste
en termes de population et de superficie dans la SADC, ce processus est une
occasion pour elle d'exporter sa culture à travers notamment sa musique,
le sport et autres, tirer profit de la maturité et expérience
dont disposent les Etats de la SADC et mettre en valeur son capital humain.
Toutefois, pour tirer profit de ce processus, la RDC doit
rendre son économie à même de participer dans la
compétition et concurrencer les autres économies de la
région.
Ainsi, pour ce qui concerne la République
Démocratique du Congo, ces défis, qui se présentent comme
des préalables ou bien des garde-fous sont en fait et dans notre
entendement, fait appel à notre capacité de rendre notre pays et
surtout notre économie à même de concurrencer le reste des
économies. Autrement rendre notre économie compétitive,
apte à faire face à la concurrence qu'occasionne la ZLE. Ces
défis une fois relever, éviteraient à ce que la RDC ne
subisse les méfaits de l'intégration économique de la SADC
et de la mondialisation, et aussi éviter que la RDC ne soit qu'un simple
figurant.
Sur le plan économique,
l'Etat congolais doit: diversifier la structure économique
nationale, freiner l'essor du secteur informel, rationaliser les reformes tant
réclamées par les opérateurs économiques reformes
visant à doter le pays d'une fiscalité incitative à
même d'induire plus de civisme dans le chef des opérateurs
économiques, assainir le cadre macro-économique; augmenter la
capacité de production d'eau, ; accroitre la production agricole,
renforcer la capacité productrice des centrales hydroélectriques
d'Inga I et II, etc...
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
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En somme, il est de l'intérêt de la RDC de se
rendre compte de la taille et valeur des enjeux que présente ce
processus et entreprendre des actions de lourdes conséquences pour
pouvoir entrainer ce processus à sa guise. C'est en relevant les
défis précités que la RD. Congo peut espérer
participer tête haute dans ce processus et de surcroît, tirer
profit des avantages que cela occasionne et jouer le rôle qu'on attend
d'elle, rôle catalyseur et de pivot, en raison de sa position
géopolitique et de potentialités dont elle dispose et ainsi
permettre à la SADC d'atteindre ses objectifs.
Voilà Monsieur le professeur président du jury,
messieurs les professeurs membres du jury, la quintessence de ce travail. Si
nous osons croire que cette étude comprend quelques qualités
scientifiques, nous sommes également conscients qu'il y a des
écueils pour lesquels nous sollicitons d'ores et déjà
votre indulgence.
J'ai dit et je vous remercie.