4.2.4. Bien d'intérêt collectif
La notion de bien d'intérêt collectif sera
analysée en tenant compte des différentes caractéristiques
d'un BIC.
En effet, le point d'eau paraît aux yeux de tous les
enquêtés une nécessité sans laquelle la
localité reprendra le chemin du marigot que pratiquaient les
ancêtres. Tous ont reconnu que le puits les aidait et ce, non seulement
à cause de la propreté de son eau de consommation, mais aussi en
raison de la proximité du puits qui réduit les difficultés
et la peine des femmes dans une société où la question
d'approvisionnement en eau est d'abord celle des femmes. Les populations de
Dandjihouhoué reconnaissent donc à l'eau et
particulièrement à l'eau produite par le puits une
nécessité primordiale dans leur quotidien. De même, la
notion commune c'est-à-dire celle d'un bien appartenant à
plusieurs personnes à la fois semble assimilées. Ainsi le tableau
n°16 nous permet d'appréhender le niveau de la population pour ce
qui est de la propriété du puits. 85,37% des
enquêtés estiment que le point d'eau est la
propriété du village contre 14,63% pour l'Etat et 0% pour un
particulier. La question d'appropriation forcée par un acteur du point
d'eau ne semble donc pas en vue dans la mesure où tout le monde
reconnaît que le point d'eau est une propriété publique. Le
point d'eau est donc « nôtre ».
L'accessibilité au point d'eau ne soulève pas aussi de
problème dans la mesure où les enquêtes ont
révélé par 100% d'opinions qu'aucun habitant du village
n'est interdit d'accès au point d'eau pour quelque raison que ce soit.
Puisque la condition d'accès telle que acceptée par tous, est
d'avoir 10F et une bassine propre pour le transport de l'eau. Tous les
entretiens ont confirmé l'accessibilité à tous au point
d'eau. Le caractère sacré de ce bien ne fait aussi l'ombre
d'aucun doute car il est respecté en tant que tel. En démontre le
principe, et d'ailleurs le seul qui empêche d'approcher le puits :
une femme en menstrues ne doit pas approcher le puits. Cela montre encore une
fois le caractère sacré qui est reconnu à ce bien.
Cependant sur le plan de la gestion, le bien n'est pas encore
compris comme pouvant faire l'objet d'une gestion commune de tous les acteurs
de la localité. Il n'est, en effet, pas rare à ce sujet
d'entendre les femmes dire que la gestion est l'affaire des hommes et qu'elles
n'ont pour rôles que de s'approvisionner et d'assurer la permanence de
l'eau à la maison. La dominance féminine des
enquêtés (soit 58,54% de femmes contre 41,46% d'hommes) a eu une
influence notoire sur les résultats du tableau 17 qui expose la
participation des usagers aux activités de gestion notamment à
l'élection et à l'entretien qui voient moins d'usagers y
participer. La gestion semble la chasse gardée des hommes et pas de tous
car certains s'en éloignent pour diverses raisons. De même la
présence des conflits ou de problèmes liés à la
gestion du point d'eau jette un flou sur la finalité de ce bien qui,
loin d'être une source de sécurité individuelle et
collective peut déboucher si on n'y prend garde sur un conflit qui
pourrait paralyser toute la localité.
En outre, la production de ce bien répond à
une participation approximativement équilibrée des populations.
Même si les populations participent quelques rares fois à
l'entretien du point d'eau lors des campagnes collectives de salubrité.
La notion de bien d'intérêt collectif laisse encore une marge qui
reste incomprise par beaucoup.
Les irrégularités notées dans la
gestion, la notion de perception ne peuvent pas être
améliorées sans un minimum de mesures nouvelles à adopter
afin d'y remédier.
|