REPUBLIQUE DU BENIN
(RB)
------@@@------
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE (MESRS)
------@@@------
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
(UAC)
------@@@------
INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE DE L'EDUCATION
PHYSIQUE ET DU SPORT (INJEPS)
------@@@------
SECTEUR : Sciences et Techniques des
Activités Socio-Educatives (STASE)
MEMOIRE de fin de
Quatrième année
Thème : GESTION COMMUNAUTAIRE DE
L'HYDRAULIQUE VILLAGEOISE A DANDJIHOUHOUE : NOTION DE BIEN D'INTERÊT
COLLECTIF
REALISE PAR :
SEHO ZOUNGBEDE Kouassi Xavier
SOUS LA DIRECTION DE
Professeur John IGUE
Docteur Pascal DAKPO
Maître Assistant du
CAMES
Directeur du Laboratoire d'Analyse
Socio-anthropologue
Régionale et d'Expertise Sociale Enseignant
à l'INJEPS UAC
Année Académique
2007-2008
Dédicace
A
Jésus, mon père Céleste, Créateur du
ciel et de la terre, pour ton immense et infini amour à mon
endroit ;
mes parents Zoungbédé et Abla,
Aux enseignants qui ont construits en moi la connaissance de ma
plus tendre enfance à aujourd'hui,
Toutes les générations suivantes,
à qui le futur appartient.
REMERCIEMENTS
Nous tenons sincèrement à remercier et exprimer
notre profonde gratitude à toutes les personnes qui ont apporté
leurs contributions à la réalisation de cette oeuvre.
Nous pensons particulièrement à :
v Nos directeurs de mémoires, messieurs John IGUE et
Pascal DAKPO qui ont fait preuve d'une grandeur d'esprit tout au long de la
conduite de ce travail ;
v Notre père SEHO Zoungbédé qui a
toujours manifesté un intérêt particulier pour mes
études ; et notre mère KOUMONDJI Abla, qui, par son
affection renouvelée a permis ma réussite universitaire; recevez
chers parents ce travail comme le début du couronnement de vos
efforts ;
v Mme GOZO Togbossi, notre deuxième maman ;
v Nos frères Mathias, Blaise, Antoine, Louis et Ronold
pour votre soutien édificateur
v Nos soeurs Solange, Rosalie, Rosine, Cécile et
Sylvère pour le soutien et l'assistance permanents ;
v Notre frère de tout temps BONI Faakih dont le soutien
et l'assistance demeurent inestimables. Reçois ce travail comme le fruit
d'une sincère amitié;
v Mlle Fallone BEKE pour son soutien indéfectible et
réconfortant ;
v Nos oncles KOUMONDJI Jean, Matthieu et Moïse ;
v Nos cousins Henri, Kouassi, Louis SEHO pour
l'intérêt manifesté tout au long de mon parcours scolaire
et universitaire ;
v Notre grand neveu Justin SEHO qui a été d'un
grand soutien dans la finalisation de ce travail ;
v Messieurs et mesdames DAKPANON, WOROU Joël et WOROU
Frédéric pour nous avoir adopté comme membre à part
entière de leur famille ; nous vous en sommes
reconnaissant ;
v Monsieur Ahmed BAPARAPE pour ses nombreux
conseils ;
v Nos amis de lutte ADAHA Dodzi, AHODEGNON Daniel, NOUWADJRO
fiacre et DINGNIGBEDE Simon ;
v Tous les membres de la dixième promotion J.A dont le
slogan est : «une promotion, un défi pour le
développement » ;
v Monsieur EDOH Pierrot qui m'a suivi tout au long de mon
cursus universitaire ;
v Monsieur AMOUSSOU Albert qui, quatre ans durant, m'a suivi
en bon tuteur ;
v Tous les intermédiaires sociaux de l'ONG AERAMR,
ASSANI Anass et OUSSA Etienne qui ont fait preuve d'une disponibilité
entière dans la réalisation de ce travail ;
Nous n'oublions pas toutes les personnes qui se sont
prêtées à nos enquêtes ;
Toute la communauté de l'INJEPS, personnel enseignant
et non-enseignant, étudiants, et tous ceux qui nous ont apportés
leur aide d'une manière ou d'une autre. Nous disons du profond de notre
coeur merci.
SIGLES ET ACRONYMES
ASF : Association des Services Financiers
BIC : Bien d'Intérêt Collectif
BM : Banque Mondiale
BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement
CeCPA : Centre Communal de Promotion Agricole
CGPE : Comité de Gestion du Point d'Eau
DANIDA : Agence Danoise pour la Coopération
Internationale
FPM : Forage à Motricité Humaine
GTZ : Agence Allemande de Développement
IDA : International Developement Association
IRD: Institut de Recherche et de Développement
ONG: Organisation Non Gouvernementale
PE: Point d'Eau
PEA : Poste d'Eau Autonome
PADEAR : Projet d'Assistance au Développement du
secteur de l'Alimentation en Eau Potable et de l'Assainissement en Milieu
Rural
PM : Puits Moderne
RGPH : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat
SOMMAIRE
Dédicaces........................................................................................i
Remerciements..................................................................................ii
Sigles et
abréviations..........................................................................iv
Sommaire........................................................................................v
Introduction
.....................................................................................1
Objectifs..........................................................................................3
Première partie : Contextualisation
de la recherche.............................................4
1.1- Présentation de la commune d'Allada et de la
localité de Dandjihouhoué.........5
1.2- Contexte
sociopolitique...................................................................12
1.3- Contexte des actions de
développement...............................................12
1.4- Contexte des ouvrages hydrauliques
...................................................12
Deuxième partie: Problématisation
de la recherche...............................................14
2.1- Cadre théorique
...........................................................................15
2.2-
Problématique..............................................................................16
2.3-
Hypothèse...................................................................................18
2.4- Revue de littérature
......................................................................19
2.5- Clarification des concepts
...............................................................21
Troisième partie : Démarche
méthodologique.....................................................31
3.1- Population d'enquête
..................................................................32
3.2- Choix des méthodes
d'enquêtes......................................................33
3.3- Déroulement de
l'enquête..............................................................34
3.4- Choix de la localité de
l'enquête......................................................34
3.5- Techniques d'analyse des
données...................................................35
3.6- difficultés
rencontrées..................................................................35
Quatrième partie : Présentation,
analyse des résultats et
suggestions.......................36
4.1- Présentation des
résultats...............................................................38
4.2- Analyse des résultats
..................................................................44
4.3- Suggestions
...............................................................................52
Conclusion
générale......................................................................54
Références
bibliographiques............................................................55
Annexes....................................................................................57
Table des matières
INTRODUCTION
Un milliard d'êtres humains sur les six milliards que
compte notre planète n'a pas accès à l'eau. Les
participants au Troisième Forum Mondial de l'eau (Kyoto, 2003) ont
solennellement annoncé que d'ici 2015 ce nombre sera diminué de
moitié. Depuis la première conférence sur l'eau à
Mar del Plata en 1977, en passant par la décennie de l'Eau Douce,
jusqu'au Sommet Mondial du Développement Durable à Johannesburg
en 2002, les nations et les hommes ont pris des engagements ; ils ont
formulé des recommandations et ont élaboré des plans
d'action, pour que soit respectée l'une de nos plus précieuses
ressources : l'eau. Ces engagements se sont manifestés par une
prise de conscience plus accrue des acteurs, notamment en Afrique où 38%
de la population ne sont pas alimentés en eau potable. Ces populations
sont en majorité rurales.1(*)
Au Bénin, d'importants efforts, fournis depuis plus
d'une décennie, ont permis d'améliorer la situation de
l'alimentation en eau potable en milieu rural. Cependant une analyse de la
situation montre que la demande reste forte tant en nombre d'ouvrages à
réaliser que pour l'amélioration du service fourni par les
équipements actuels.
L'avènement de la décentralisation a
relancé la question de fourniture de services de base en eau. La mise en
oeuvre des politiques de décentralisation tend à
transférer une part importante de cette responsabilité aux
collectivités locales. Cette situation fait de l'accès à
l'eau potable une des demandes sociales les plus pressantes auxquelles les
collectivités locales doivent répondre. Ce défi
intéresse de plus en plus les organisations internationales. Au
Bénin, les performances réalisées ne l'ont pas
été sans l'apport de structures telles que la Banque Mondiale
(BM), DANIDA, l'Agence Allemande de Développement (GTZ), l'IDA, la
Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), l'IRD etc. Les
financements accordés par ces structures ont permis de réaliser
plusieurs types d'ouvrages dans les milieux ruraux notamment :
- les Puits Modernes (PM);
- les Points d'Eau (PE);
- les Pompes à Motricité Humaine (FPM);
- les Poste d'Eau Autonome (PEA), etc...
La gestion de ces ouvrages a relevé des attributions
des communautés répondant au principe de Mahatma Gandhi selon
lequel « tout ce que vous faites pour moi, mais sans moi, vous le
faites contre moi. ». Ces communautés ont un rôle
primordial dans le processus et y sont associées par des méthodes
participatives. Les communautés prennent en charge totalement
l'exploitation et la maintenance des équipements ainsi que le
renouvellement des systèmes de pompage et de distribution d'eau.
Le constat après plusieurs années, fait
état de ce que les Comités de Gestion des Points d'Eau (CGPE)
n'ont pas atteint les résultats escomptés. Il n'est pas rare de
remarquer des points d'eau non fonctionnels à cause par exemple d'une
panne liée parfois à un matériel très peu
coûteux. Cette situation, qui crée plusieurs victimes, est
généralement liée à la gestion opaque que font les
CGPE des points d'eau à eux confiés.
Le temps et l'espace pour lesquels Adam Smith
pouvait recenser l'eau parmi les biens collectifs "purs", c'est-à-dire
instantanément disponibles pour tous, n'a pas de pertinence pour
l'immense majorité des régions du monde contemporain. Cette
ressource naturelle vitale ne cesse pas pour autant d'être un enjeu
collectif, et d'autant plus du fait même de sa rareté et de la
nécessaire organisation de sa "production" et de son allocation. Partant
de ce nouveau "principe d'économie politique", notre contribution
propose de partir, dans le but d'identifier l'espace public impliqué par
un tel enjeu dans le cas de la gestion de l'hydraulique villageoise.2(*)
Nous proposons de faire un état des lieux d'un
modèle pratique et original de gestion d'une ressource à
l'échelle locale : les comités de gestion de l'eau. Cet
état des lieux a abouti à une typologie des modes de gestion de
l'hydraulique villageoise qui a permis des mesures de renforcement des
capacités de ce système de gestion des communes.
Notre travail s'est articulé en quatre
parties :
- la première s'est consacrée à la
contextualisation de la recherche ;
- la seconde a pris en compte le cadre théorique,
conceptuel et la problématisation de la recherche;
- la troisième présente notre ligne de
conduite c'est-à-dire la démarche méthodologique ;
- la quatrième s'est attachée à
présenter et à analyser les résultats issus des
enquêtes afin d'en ressortir des suggestions.
OBJECTIFS
Objectif principal
Contribuer à l'amélioration de la gestion des
points d'eau communautaires dans l'intérêt collectif des
populations.
Objectifs spécifiques
- Ressortir les problèmes liés à la gestion
des points d'eau communautaires ;
- Appréhender la perception des populations sur la notion
de biens d'intérêt collectif en vue de l'amélioration de la
gestion de l'eau dans les communes rurales ;
- Proposer des approches de solutions de renforcement de
capacité de gestion des points d'eau communautaires.
Première partie
CONTEXTUALISATION DE LA RECHERCHE
1. CONTEXTUALISATION DE LA RECHERCHE
1.1. Présentation de la commune d'Allada et de
la localité de Dandjihouhoué
La commune d'Allada est l'une des cinq communes qui
composent la région dénommée plateau d'Allada. Le plateau
d'Allada regroupe les communes d'Allada, de Toffo, de Tori-Bossito, de
Zè et d'Abomey-Calavi. Parmi ce groupe de cinq communes se trouve une
autre région dénommée le pays de la Lama qui comprend la
commune d'Allada, la commune de Toffo, la commune de Tori-Bossito et la
commune de Zè. Les principaux groupes socioculturels qui composent le
pays de la Lama sont les Aïzo, les Fons, les Wèmè et les
Tori. Les principales productions agricoles de la région sont le
maïs, le manioc, l'ananas.
La commune d'Allada est située au Nord du
Département de l'Atlantique à environ 56 km de Cotonou, la
capitale économique du Bénin. Elle couvre une superficie de
381km2. Elle est limitée au Nord par la commune de Zè, à
l'Ouest par les communes de Kpomassè et de Bopa. Elle est située
dans la zone du plateau de terre de barre qui descend vers les vallées
de l'Ouémé, du Couffo et la dépression de la Lama. Son sol
est essentiellement caractérisé par la terre de barre et une
dépression marécageuse ; il se prête bien aux cultures
vivrières maraîchères et fruitières, ainsi
qu'à la caféiculture. Son climat est de type
sub-équatorial avec deux saisons de pluies et deux saisons
sèches. Le réseau hydrographique est composé du lac
Ahémé et une rivière du Couffo.
CARTE 1 : COMMUNE D'ALLADA ET SA SITUATION DANS
LE BENIN
La commune disposait d'une forêt dense qui a disparu
sous l'effet de la pression démographique et des défrichements
abusifs, laissant place à une savane arborée. La plupart des
terres de la commune sont de moins en moins fertiles.
La commune d'Allada est composée de douze
arrondissements de 84 villages et quartiers de villes. Selon le dernier
recensement général de la population et de l'habitat (RGPH)
réalisé en 2002 (RGPH3), la population de la commune d'Allada est
estimée à 91.778 habitants dont 43.835 hommes et 47.943
femmes3(*). Cette population
est repartie sur douze arrondissements que sont :
Les arrondissements de la commune d'Allada et leurs
populations respectives
ARRONDISSEMENTS
|
NOMBRE D'HABITANTS
|
1. AGBANOU :
|
9.304 habitants
|
2. AHOUANNONZOUN
|
9.131 habitants
|
3. ALLADA
|
14.915 habitants
|
4. ATTOGON
|
6.230 habitants
|
5. AVAKPA
|
3.987 habitants
|
6. AYOU
|
5.541 habitants
|
7. HINVI
|
3.604 habitants
|
8. LISSE-GAZOUN
|
11.856 habitants
|
9. LON-AGONME
|
3.492 habitants
|
10. SEKOU
|
16.124 habitants
|
11. TOGOUDO
|
4.059 habitants
|
12. TOKPA
|
3.535 habitants
|
Selon les données de l'Atlas monographique des
communes du Bénin, la commune d'Allada est composée de deux
principaux groupes ethniques : les Aïzo (83%) et les Fon (10%).
Toutefois on y retrouve les Nagot, les Adja, les Bariba et les Dendi, etc....
En outre, la commune d'Allada enregistre l'intervention
des services déconcentrés dont notamment, la Recette Perception
du trésor public, le service des Impôts, le Centre de Promotion
Sociale, le Commissariat de police, la Brigade de Gendarmerie, la Brigade de
recherche, la Brigade Routière, la Brigade Territoriale, la Brigade
Spéciale de Hinvi, les centres de santé, la poste, le centre de
télécommunication, le service de la SBEE/SONEB, le Centre
Communal de Promotion Agricole (CeCPA), etc. La commune d'Allada abrite
également des unités à caractère régional ou
national telle que le Centre de Recherche Agricole de Niaouli, le Centre de
Dépistage de l'ulcère de Burili.
La situation de l'eau dans la commune peut se dresser dans des
tableaux qui récapitulent les actions menées ces dernières
années. Les tableaux 1 et 2 illustrent la situation de l'eau dans la
commune aussi bien les réseaux que les points d'eaux
réalisés dans les villages. Ces tableaux sont soutenus par les
cartes de la commune.
CARTE N°2 : COUVERTURE DE LA COMMUNE EN
INFRASTRUCTURES SOCIO-COMMUNAUTAIRES
Tableau 1 : Présentant
l'évolution de l'approvisionnement de la population d'Allada par la
SONEB
|
Indicateurs
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Evolution de l'eau
|
Eau pompée en milliers de mètres cubes
|
148
|
167
|
154
|
174
|
213
|
Branchements eau réalisés
|
Nombre de branchements
|
21
|
21
|
46
|
64
|
31
|
Evolution parc des abonnés eau
|
Nombre d'abonnés eau
|
614
|
617
|
628
|
672
|
719
|
Evolution de la longueur du réseau
|
Longueur du réseau eau en km
|
43,24
|
43,24
|
43 ,37
|
43,37
|
43,72
|
Tableau 2 : Présentant le point
des ouvrages hydrauliques réalisés et taux de couverture dans la
commune d'Allada
Année
|
Pop(milieu rural)
|
FPM
|
PM
|
AEV
|
PEA
|
PE
|
Taux de couverture %
|
2000
|
76.550
|
44
|
63
|
3
|
2
|
175
|
57,15
|
2001
|
78.463
|
44
|
63
|
3
|
14
|
181
|
57,67
|
2002
|
Nd
|
Nd
|
nd
|
nd
|
nd
|
nd
|
Nd
|
2003
|
Nd
|
Nd
|
nd
|
nd
|
nd
|
nd
|
Nd
|
2004
|
99.443
|
56
|
69
|
3
|
5
|
175
|
44
|
nd : non disponibles
· LA LOCALITE DE DANDJIHOUHOUE
La localité de Dandjihouhoué est dans
l'Arrondissement de Lisse-Gazoun, le troisième arrondissement de la
commune en matière de population. Elle est située à 13km
d'Allada, chef-lieu de la commune et est à majorité
peuplée des Aïzo qui mènent des activités agricoles.
Cette commune, par le biais du quatrième programme de la direction de
l'hydraulique PADEAR-IDA/DANIDA, a bénéficié en
décembre 2000 d'un puits moderne pour répondre aux besoins en eau
de consommation en faveur de la population. La question de l'eau constitue dans
cette région un enjeu de développement et de survie. Nous nous
trouvons ici dans la région du plateau de la Lama qui n'est pas
très clémente avec sont sol où il faut parfois attendre
plus de soixante mètres avant d'avoir la moindre goutte d'eau comme
c'est le cas à Dandjihouhoué. Le puits moderne est l'un des
ouvrages à gestion simple c'est-à-dire ne
nécéssitant pas une maîtrise rigoureuse de la gestion
(photo1).
Photo 1 : Vue générale du
point d'eau de Dandjihouhoué
Le choix de cette localité réside dans la
simplicité et la relative facilité à gérer ce type
d'ouvrage. De même la localité ne disposait pas de point
d'approvisionnement en eau potable. La seule source était un marigot
situé à environ 4 kilomètres. Nous nous proposons donc
d'étudier la gestion de cet ouvrage surtout lorsqu'on sait qu'une panne
liée à la mauvaise gestion renvoie tout le monde au marigot.
Rappelons pour la suite le contexte de l'Hydraulique dans les Etats africains.
1.2. CONTEXTE SOCIOPOLITIQUE
En l'absence, jusqu'à un passé récent,
de l'expérience municipale et d'une politique nationale de l'eau,
l'institution de la chefferie s'est enracinée dans plusieurs moeurs et
occupe toute la place. Héritée de la colonisation, cette
chefferie administrative locale pose plusieurs problèmes notamment
celui de la contestation de la légitimité des pouvoirs.
Généralement deux camps naissent dans les villages et les uns
contestent le pouvoir des autres.
Il faut aussi noter l'absence d'une culture du `'bien
public''. On a longtemps considéré que seul le chef pouvait
représenter le bien public. Il y a donc un désengagement des
autres puisque le bien public pouvait se confondre au chef. Le contexte
sociopolitique actuel quant à lui présente la
décentralisation comme un moyen de gestion à la base de l'enjeu
que constitue l'hydraulique villageoise dans les actions de
développement.
1.3. LE CONTEXTE DES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT
Les projets se réclament désormais d'une
approche participative dans tous les domaines (santé, agriculture,
microcrédits, hydraulique villageoise). Ces projets interviennent
souvent en action conjuguée dans les villages et sont perçus par
les villageois comme une opportunité de ressources qu'il ne faut pas
laisser passer. Il arrive que les populations se voient déjà
outillées parce qu'ayant reçu les mêmes formations de
plusieurs projets différents. De même, un apport financier et la
main d'oeuvre sont de plus en plus demandés aux populations locales.
Dès lors, les problèmes surgissent au cours des collectes de la
participation financière exigée pour la réalisation de
l'ouvrage.
1.4. LE CONTEXTE GENERAL DES OUVRAGES HYDRAULIQUES
Les puits étaient privés mais à usage
public. L'accès est libre et gratuit. Son entretien revient aux bonnes
volontés. Puis après ce fut la période des puits
cimentés construits par l'Etat qui en assurait la maintenance et de fait
la gratuité. Les premiers forages à motricités humaines
ont relevé aux yeux de tous les bénéficiaires du
même registre. Les premières pannes ont soulevé le
problème de la réparation. Mais face à la
défaillance de l'Etat, les chefs qui en étaient capables ont
sollicité aux près des villageois des cotisations pour payer les
réparations. Les ouvrages ont connu une modernisation qui a
influé sur les modes de gestion et aujourd'hui on parle de
comités de gestion. Ces comités ont une aide technique qui vient
des Organisations Non Gouvernementales ONG et partenaires intervenant dans les
communes rurales. Le constat reste quand même peu reluisant ce qui pose
la problématique de la gestion communautaire de l'hydraulique
villageoise et de la notion de l'intérêt public.4(*) Cette problématique
épouse celle de la décentralisation et interpelle les élus
locaux sur la question de la gestion locale des biens collectifs.
Il convient donc de définir un cadrage du travail dans
une partie qui comprendra également la problématisation.
Deuxième partie
CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL ET PROBLEMATISATION DE LA
RECHERCHE
2.1. CADRE THEORIQUE
Se préoccuper de la gestion locale d'un enjeu
hydraulique dans un contexte de désengagement progressif de la puissance
publique, revient d'une certaine manière à analyser les relations
entre les comités de gestion prestataire du service et les populations
locales, usagers de ce service. Cette problématique s'accompagne d'une
posture méthodologique qui s'inscrit dans la lignée des approches
micro sociologiques des relations entre les usagers et les agents des services
publics. Cette posture s'inscrit dans la tradition des travaux issus de
courants comme l'interactionnisme symbolique l'ethnométhodologie et
l'analyse des systèmes.
Plusieurs problématiques ont été
développées dans ce sens : celle de `l'acteur et du
système' développée par CROZIER et FRIEDBERG (1977) qui
consiste à décrire les relations entre les différents
individus en interaction au sein d'une organisation d'une part ; la
problématique de "la réparation", proposée par les adeptes
d'Erving Goffman, qui consiste à décrire les compétences
technique, contractuelle et rituelle que mobilisent les agents pour
réparer les offenses commises à l'endroit des usagers, d'autre
part ;ou encore la problématique de la "servuction" qui tente de
définir de nouveaux produits à partir d'une évaluation de
la mise en oeuvre des produits antérieurs ; la problématique
de "l'appareil gestionnaire" qui inverse le modèle du réparateur
pour prendre en compte l'ensemble des réparations auxquelles les agents
doivent se livrer au cours des interactions pour combler les lacunes de
l'ensemble de règles et de moyens qui donne aux relations de service
leur cadre (Warin 1993) ; et enfin la problématique de la
« gouvernance locale » des biens d'intérêt
collectif qui est le produit de ces jeux d'acteurs qui s'équilibrent
différemment selon les situations mais souvent imparfaitement (SAWADOGO,
2001).
La présente étude pour sa part, ne va pas
circonscrire son approche à une seule de ces problématiques, mais
plutôt d'apporter une contribution à l'éclairage global des
processus socio politiques de régulation d'un modèle de gestion,
longtemps présenté comme relativement simple à
administrer
En effet, par extension au modèle urbain ou dit de
distribution, le modèle de gestion communautaire est surtout
répandu en milieu rural. Le modèle de gestion communautaire se
caractérise par un collectif d'habitants, représenté par
un comité de gestion élu et souvent bénévole.
Contrairement au discours officiel qui crédite ce
modèle d'un certain nombre d'avantages théoriques, cette
étude a pour projet de démontrer que celui-ci même s'il
n'est pas dénué de toute vertu n'en demeure pas moins difficile
à administrer surtout avec la considération de la
délégation de la maîtrise d'ouvrage aux communes. Quelle
problématique peut-on dégager de cette situation ?
2.2. PROBLEMATIQUE
``Nul ne connaît la valeur de l'eau jusqu'à ce
que le puits tarisse'' observait Benjamin Franklin, l'un des pères de
l'indépendance américaine.5(*) Cette citation rend fidèlement compte de la
situation que vivent certaines communautés rurales béninoises.
Plusieurs communautés voient l'accès à une eau saine
impossible bien que disposant de points d'eau réalisés à
des millions de francs. En effet le mode de gestion privilégié de
l'hydraulique villageoise mis en place au Bénin, et dans beaucoup
d'autres pays d'Afrique, est communautaire. A l'initiative des projets
financés par les bailleurs de fonds, les points d'eau sont placés
sous la responsabilité de comités de gestion villageois,
chargés d'assurer la pérennisation des ouvrages à travers
la constitution de caisses de maintenance. La mise sur pied de comité
visait la garantie d'une transparence dans la gestion et une responsabilisation
de toute la communauté concernée. Ce qui devrait confirmer la
solidarité agissante qui caractérise les milieux ruraux africains
en général et béninois en particulier. Cette
solidarité se remarque à plusieurs niveaux et constitue un des
critères de la vie en commun. La construction d'une case, le labour d'un
champ était l'oeuvre d'une solidarité. A cela s'ajoutent la
dignité et l'équité qui constituent des valeurs
partagées et admises par tous dans les milieux ruraux. Ces
éléments endogènes subissent souvent une influence des
facteurs exogènes qu'apportent les projets de développement. La
gestion des ouvrages ne devrait pas souffrir d'irrégularités
puisque associant les bénéficiaires.
Or, la réalité s'avère
éloignée du modèle, et beaucoup de malentendus surgissent
autour des notions de biens collectifs et d'intérêt public.
Plusieurs comités ont ainsi fait preuve, soit par une incapacité,
soit par l'absence de motivation, de mauvaise gestion. La gestion des CGPE
cache généralement plusieurs irrégularités. Il se
pose ici la question de savoir à quel niveau se situe le
problème. Est-ce les populations qui n'assimilent-elles pas bien les
réalités nouvelles apportées par les projets ? Ou les
projets qui ne répondent-ils pas aux exigences du milieu ? Ou
encore, s'agirait-il d'une mauvaise communion entre les réalités
exogènes et celles endogènes ?
Il faut cependant noter que les CGPE reçoivent,
après leur constitution ou élection, une formation censée
outiller les acteurs dans la gestion efficiente de l'ouvrage. Cette formation
est renforcée par le suivi des ONG et partenaires qui sont
présents dans toutes les communes et qui jouent un rôle
d'intermédiation sociale. Ces derniers assistent, parfois en
témoins impuissants, à des cas de mauvaises gestions des CGPE.
Cette situation est l'une des pressantes auxquelles doivent faire face les
communes. En effet, la maîtrise d'ouvrage, qui, jusque là relevait
des compétences de l'Etat central, devient une compétence des
communes.
Des points d'eau non fonctionnels, des conflits au sein des
membres des CGPE, l'inexistence de point d'eau, sont autant de problèmes
en instance dans les communes. L'inexistence de points d'eau dans les villages
paraît la plus urgente des préoccupations. Mais les communes ne
pourront relever ce défit si de nouvelles bases de gestion des points
d'eau ne sont définis. Les préoccupations relatives aux points
d'eau non fonctionnels et aux conflits au sein des CGPE paraissent, pour leur
part, organisationnelles. Cela repose sans nul doute la problématique de
l'opportunité de l'analyse de la situation et des choix de nouveaux
modes de gestion.
Trois modes de gestion sont admis au Bénin en
matière d'hydraulique villageoise :
· La gestion directe communautaire;
· La gestion indirecte déléguée ou
affermage;
· La concession.
La gestion directe communautaire est celle priorisée
jusque là et exécutée dans les milieux ruraux. Elle
consiste en la gestion des ouvrages par des CGPE constitués d'habitants
de la localité et ayant à charge la pérennisation et la
maintenance de l'ouvrage.
La gestion indirecte déléguée ou
affermage est un mode dans lequel les consommateurs n'ont pas de rôle
direct et ne sont pas forcément constitués en association. Si une
association existe, elle n'aura pas de responsabilité directe dans la
gestion des ouvrages et son rôle se limitera à celui d'une
association de consommateurs susceptible d'interpeller la commune en cas de
dysfonctionnement du système.
La concession quant à elle est le contrat par lequel
la commune, moyennant une redevance, autorise une personne physique ou morale
à réaliser l'ouvrage public et à en assurer la
pérennisation.
Ces trois modes de gestion ont plus ou moins
été pratiqués. Celui privilégié à
plusieurs égards est le mode communautaire. Mais la question qui se
dégage est la suivante : quel mode de gestion favoriserait dans le
même temps l'intérêt public et la commune qui hérite
désormais de la maîtrise d'ouvrage en matière d'hydraulique
villageoise. (Article 90 de la loi n0 97-029 du 15 Janvier 1999
portant organisation des communes en République du Bénin.)
Partant de ce constat et des contre-performances enregistrées dans le
domaine nous postulons que :
2.3. HYPOTHESE
La mauvaise perception de la notion de biens
d'intérêt collectifs est à la base de l'échec de la
gestion communautaire de l'hydraulique villageoise.
2.4. REVUE DE LITTERATURE
Olivier de Sardan, Diallo et Elhadji Dagobi (2000) signalent,
dans leur étude anthropologique sur l'hydraulique villageoise au Niger,
la situation suivante observée dans un village situé au nord de
Niamey et qui pourrait, à elle seule, constituer un apologue sur les
difficultés sociales liées à la gestion de l'eau :
"Samari, commerçant important de Bangoutara
(département de Tillabéri, Niger) avait été
l'interlocuteur de l'équipe du forage, et est ainsi devenu le
gestionnaire du forage, à la fois président et trésorier
[...] Ayant opté pour le principe de la vente au seau (un épi de
mil ou une mesure de grain pour un seau), il a fallu résoudre le
problème des fontainiers. Personne ne voulait s'en occuper, Samari a
proposé que chaque famille délègue à tour de
rôle deux personnes pour cela. En fait, personne n'a accepté, sauf
deux femmes de la concession de Samari, choisies par lui, Kouti et Kouli.
Kouli : «Personne ne voulait faire le travail parce que
ça ne rapportait pas.»
Kouti : «C'était considéré comme une
perte de temps. Chacun disait qu'il allait au champ, donc il n'avait pas de
temps pour aller garder un puits. Toutes les concessions ont refusé de
faire le travail, seules Kouti et moi avons accepté et avons
continué à travailler avec Samari. Moi, il m'arrivait parfois de
rester tard sur le forage pour vendre l'eau aux femmes qui venaient. Je ne
rentrais que quand je voyais qu'il n'y avait plus personne qui voulait prendre
de l'eau. Alors, je fermais ça à clef et j'allais remettre la
clef à ma camarade Kouli qui allait me remplacer le lendemain».
"Toutes deux ont reçu un surnom. Kouli, qui refusait
toute faveur et n'acceptait pas qu'une femme prenne de l'eau sans payer, a
été surnommée «ceferia», l'impie.
Kouti, plus souple et arrangeante, est devenue quant à elle
«alsilaama», la croyante.
"Mais Samari a été acculée un jour
à la démission, à partir de rumeurs de
«détournement». Un nouveau comité s'occupe actuellement
du forage. En fait, il s'agit d'un groupe de 6 vieillards installés en
permanence près du forage, sous un hangar (4 d'entre eux étant
officiellement président, trésorier, fontainier et
hygiéniste).
"Pour Samari, il s'est agi d'un complot : «Au
départ, les gens ne savaient pas quel argent on pouvait tirer de ces
pompes. Les gens ne savaient pas que les pompes pouvaient générer
de l'argent [...] Ceux qui sont jaloux de mon commerce ont passé par la
gestion des pompes pour m'attaquer, mais en réalité ces
gens-là voulaient prendre ma place, c'est-à-dire qu'ils voulaient
vendre l'eau et garder l'argent pour eux. Ce sont ces gens qui sont en train de
gérer la pompe aujourd'hui. [...] Ce sont les vieillards qui
gèrent la pompe maintenant qui ont été les instigateurs.
Certains sont des proches parents du chef du quartier défunt. Parmi eux,
on peut citer son petit frère, son fils et son oncle, qui est d'ailleurs
le trésorier du comité.»
"[...] Nul ne sait aujourd'hui s'il est vrai ou non que Samari
et l'autre fontainière «mangeaient» autrefois l'argent du
forage. Mais la plupart de gens sont en tout cas persuadés que les 6
vieillards utilisent à leur profit la caisse dont ils ont maintenant la
maîtrise et dont ils ne rendent aucun compte.
"«Tout le monde est d'avis que présentement la
pompe fait rentrer beaucoup plus d'argent, seulement cet argent ne profite
qu'à un petit groupe de vieillards qui gèrent la pompe à
leur manière. Normalement le chef de village a le droit de les faire
partir, il a la possibilité d'exiger qu'ils fassent la lumière,
il ne le fait pas» (un jeune du quartier)."
De même Olivier de Sardan et Dagobi dans leur article
« la gestion communautaire sert-elle l'intérêt
public ? » abordent la question de la notion de bien collectif
et d'intérêt public. Ils sont parvenus au résultat selon
lequel la conception d'un bien d'usage public peut se combiner avec des formes
informelles de gestions éloignées des illusions communautaires.
En outre, selon ces auteurs, la coexistence entre bien public et gestion quasi
privée (ou avantages privés) est normale pour beaucoup tant que
la pompe fonctionne. Le nouveau modèle de «gestion
communautaire» imposé par les projets pour diverses raisons, autant
« politiques» (empowerment, apprentissage de la
démocratie) que techniques, est ainsi, d'un côté, source de
frictions et d'accusations, en introduisant un espace de soupçons, et,
de l'autre côté, objet de «détournement» ou
d'«appropriation», sous forme d'une semi-privatisation.
Dans « la gestion locale-internationale de l'enjeu
hydraulique à Kanel : appropriation forcée et
stratégies d'acteurs », Amadou Hamath Dia nous fait constater
que le retrait de l'Etat sénégalais fait naître une
appropriation forcée de l'enjeu hydraulique. Il montre que la gestion
locale de cet enjeu est aussi loin de garantir efficacement les principe
d'équité ou de continuité du service car les
comités villageois de gestion ont une faible capacité
développante et sont contraints de s'appuyer notamment sur la frange
émigrée du village pour combler leur déficit
budgétaire.
Janique Etienne aborde, dans « eau et
assainissement : croyances, modes et modèles », la
question de la remise en cause de la légitimité des
comités de gestion par les usagers. Selon lui, L'idée qu'un
comité villageois reviendra moins cher qu'un opérateur
privé en charge de la gestion des mêmes équipements
hydraulique tient parfois du mythe : détournements financiers,
difficultés à gérer les équipements de
manière professionnelle ou à investir pour d'éventuelles
extensions, manque de disponibilité liée au
bénévolat imposé aux membres du comité sont autant
de facteurs de risque pour le développement des projets selon les
modalités prévues à l'origine et donc de
possibilités de surcoût.
SAWADOGO (2001) énumère les
caractéristiques des biens d'intérêt collectif et postule
que la décentralisation a pour enjeu d'offrir un cadre de
redéfinition de cet intérêt public local pour l'exprimer au
travers de politiques publiques locales.
Selon DONKO (2005), la plupart des membres des comités
ne maîtrisent pas leur attribution, de même les réunions
entre membres de comités sont presque inexistantes et les cas de
détournement sont le plus souvent enregistrés. Ce qui crée
la désolation auprès des populations, c'est-à-dire des
usagers.
Cette revue de littérature ressort des termes et
concepts qu'il convient d'élucider pour une bonne progression dans la
recherche.
2.5. CLARIFICATION DES CONCEPTS
2.5.1. Gestion
Selon les dictionnaires Larousse révisé 1998 et
la Hachette Encyclopédique : le concept de ``gestion'' est
l'action de conduire les choses au mieux malgré une situation difficile,
d'assurer la rentabilité d'une entreprise pour son propre compte. Ce
terme est beaucoup plus utilisé en management dont il est une science
additive des sciences de l'administration efficace, de la gestion moderne et
du leadership. La gestion est un processus spécifique consistant en
activités de planification d'origine d'impulsion des ressources humaines
et de contrôle visant à déterminer et à atteindre
les objectifs définis grâce à l'emploi d'êtres
humains et à la mise en oeuvre des ressources matérielles ou des
moyens humains, matières, machine, méthodes, monnaie et
marché. (Les six ressources de base du management, appelé 6M) cf.
cours du docteur A. VOGLOZIN (Jeunesse et Animation3 : JA2000).
La gestion communautaire peut se définir comme un
processus qui remet le contrôle des décisions et des ressources de
gestion aux groupes communautaires. Les communautés peuvent être
des entités géographiques comme les quartiers urbains ou des
villages ruraux, ou des groupes ayant des intérêts communs, comme
des associations d'utilisateurs d'eau, des groupes de parents et d'enseignant
ou de bergers, des membres de sociétés de microfinancement ou des
groupes de femmes. Ces groupes collaborent habituellement avec des organismes
auxiliaires et des fournisseurs de services - les administrations locales, le
secteur privé ou les ONG - pour développer et mettre en place des
projets qui correspondent à leurs priorités immédiates en
matière d'éducation, de santé, d'assainissement, de
transport, de gestion des ressources, d'activités économiques et
d'autres enjeux liés aux moyens d'existence. (Autonomisation et
réduction de la pauvreté ; outils et solutions
pratiques ; Banque Mondiale, Edition Saint Martin).
2.5.2. Hydraulique villageoise
Du grec hydro « eau » et aulos
« flûte » tuyau, l'hydraulique se définit
comme étant la science et technique des liquides en mouvement, notamment
dans des tuyaux. La construction des digues le long des fleuves et des barrages
pour barrer des vallées, le creusement des canaux, l'installation
d'adductions d'eau, d'égouts, de canalisations pour alimenter les
centrales électriques.(l'eau dans le monde, les batailles pour la
vie ; petite encyclopédie Larousse),(LACOSTE 2004). Elle est
également la
science
qui
a
pour
objet
la
direction,
l'
aménagement,
l'
utilisation
des
eaux.
Ainsi, la logique de l'approvisionnement en eau en milieu rural répond
aux normes de cette science. L'hydraulique villageoise est donc l'ensemble des
techniques qui ont pour finalité l'approvisionnement en eau potable dans
les milieux qui échappent au réseau de distribution urbain. Elle
concerne les forages, les types d'ouvrages et le mode d'utilisation de ces
ouvrages.
2.5.3. Bien d'Intérêt Collectif (B.I.C)
Les biens collectifs sont des biens services ou ressources
qui bénéficient à tous, et se caractérisent
par :
- la non rivalité : la consommation du bien par un
individu n'empêche pas sa consommation par un autre, et
- la non exclusion : personne ne peut être exclu de
la consommation de ce bien.
Un bien collectif est un bien qui n'est pas divisible et donc
le coût de production ne peut être imputé à un
individu en particulier, ce qui rend difficile, voire impossible, la fixation
des prix. La consommation de ce bien par un individu ou par plusieurs est
identique : un consommateur supplémentaire n'implique donc pas un
coût supplémentaire pour l'opérateur.
La notion d'intérêt public,
est souvent citée dans la réflexion concernant l'intervention de
l'
Etat dans la vie des
individus.
Apparue au cours du XVIIIe siècle, cette notion est
subdivisée en deux conceptions distinctes.
La notion d'intérêt
général
Elle admet deux sens :
· une conception d'inspiration plutôt
utilitariste, pour
laquelle l'intérêt général est la somme des
intérêts individuels. Ces intérêts ne sont pas
nécessairement des intérêts égoïstes ou
altruistes : cette conception est neutre sur la nature des
intérêts ou des aspirations particulières. Elle n'admet pas
de volonté autre que celles des individus, tant d'un point de vue
méthodologique que philosophique.
· une conception beaucoup plus
interventionniste:
les défenseurs de cette vision estiment que l'ensemble des hommes ne se
caractérise pas par une unité, et que les actions humaines sont
aléatoires, chaotiques et ne s'inscrivent pas dans la durée.
Cette conception de l'intérêt général induit un
"volontarisme", c'est-à-dire une
intervention
structurante de l'
Etat, qui permettrait de
fonder durablement une
société.
Dans ce cadre, l'homme doit suspendre ses intérêts particuliers
pour chercher à discerner l'intérêt général,
dans le but de construire une société politique unie.
Dans le cas d'espèce, l'intérêt collectif
vient s'appliquer au bien dans la gestion de l'hydraulique villageoise. Les
B.I.C ont répondent à des caractéristiques
spécifiques.
2.5.4. Les caractéristiques du bien
d'intérêt collectif 6(*)
Les caractéristiques du bien d'intérêt
collectif peuvent s'énumérer comme suit :
· Nécessité : toute
chose ou tout être dont l'existence est indispensable à la survie
individuelle et collective est considérée comme bien collectif
par les membres de la communauté. Son amenuisement ou sa disparition
représente une menace grave pour la reproduction du groupe. Chaque
membre prend conscience de la nécessité absolue de ce bien. Le
groupe se sent menacé dès que celui-ci échappe à
son contrôle et est susceptible d'être en tout ou partie
accaparé par un autre groupe qui devient un ennemi.
· Il est toujours précédé de
« notre » ou nos. Pratiquement toutes les
communautés ethniques obéissent à cette règle.
Quand le substantif désignant le bien d'intérêt collectif
s'emploie au possessif précédé des adjectifs
« ma, ta, sa, leurs », on l'interprète comme un
signe d'appropriation individuelle ou l'accaparement frauduleux par un autre
groupe et cela devient répréhensible ;
· Production : la production d'un
bien d'intérêt collectif se fait collectivement. Chaque membre de
la communauté est tenu moralement de contribuer à le créer
selon ses possibilités ;
· Gestion : la gestion de ce bien
fait également l'objet d'une prescription qui ne peut souffrir
d'exception. Elle est institutionnalisée et chacun se voit
responsabilisé d'une parcelle de pouvoir de gestion. Personne n'en a
l'entière responsabilité. Les responsabilités se
distribuent de sorte que chacun en détenant un bout est dépendant
d'un autre et ainsi de suite.
· Accessibilité :
l'accessibilité au bien d'intérêt collectif ne signifie pas
gaspillage. En cas de besoin, on prélève juste la quantité
voulue en pensant aux autres et au lendemain. La jouissance d'un tel bien met
tous les membres de la collectivité sur un pied
d'égalité.
· Finalité : la finalité de ces biens
est clairement perçue comme le maintien durable de la
sécurité individuelle et collective qui dépend de leur
existence permanente en quantité suffisante. L'harmonie sociale tire
aussi son fondement de l'utilisation juste et équitable de ceux-ci
· Caractère sacré :
tout bien d'intérêt collectif, en plus des six autres
caractéristiques, revêt un caractère sacré. Il
procède directement de Dieu qui le met à la disposition de
l'homme qui n'est que simple usager, protecteur, gestionnaire.
2.5.5. Modes de gestion des ouvrages hydrauliques. 7(*)
v Gestion directe ou communautaire
Dans la gestion directe ou communautaire, la structure de
gestion créée au sein de la communauté assure
elle-même la responsabilité directe de l'exploitation, de la
maintenance et du renouvellement. Les atouts et limites de ce mode de gestion
sont contenus pour une comparaison plus nette dans un tableau. (Tableau 3)
Tableau 3 : Présentation des
atouts et des limites du mode de gestion communautaire
ATOUTS
|
LIMITES
|
- bien adapté aux habitudes de décision
collective et de gestion des fonds communs
- charge de gestion faible ou nul
- peut permettre de mobiliser des sommes forfaitaires
- capacité à gérer localement certains
conflits
|
- risque qu'un groupe s'approprie le système
- essoufflement rapide à cause de la non motivation des
membres de CGPE
- pas de garantie d'une bonne exploitation et de gestion
- difficulté à développer une vision
stratégique pour améliorer le système
- le volontariat incite au détournement de fonds
- tarification adéquate difficile à
établir
- incapacité de récupérer les
impayés des consommateurs récalcitrants
|
v Gestion indirecte ou déléguée ou
affermage
Dans la gestion indirecte ou déléguée,
l'équipement de service de fourniture de l'eau potable est confié
par un contrat à une entreprise privée avec obligation de
résultat. Le gestionnaire assure le service de l'eau (l'exploitation,
l'entretien, la maintenance des équipements à lui
confiés), le recouvrement des coûts et la constitution des
prévisions pour le renouvellement et le paiement des redevances à
la commune.
Ici, la commune réalise et finance les investissements
et ne confie que l'exploitation des installations à des
opérateurs privés sur la base d'un contrat de
délégation.
L'opérateur privé est
rémunéré à partir des bénéfices qu'il
aurait réalisés sur les recettes nettes de l'eau après
règlement des différentes redevances et constitution des
prévisions pour le renouvellement des équipements. Les atouts et
limites de ce mode de gestion sont contenus pour une comparaison plus nette
dans un tableau. (Tableau 4)
Tableau 4 : Atouts et limites de la
gestion indirecte ou affermage
ATOUTS
|
LIMITES
|
- le contrat garanti le contrôle par le maître
d'ouvrage
- un contrat de moyenne durée permet d'instaurer la
concurrence
- bien adapté aux régions où
sévissent des conflits entre les populations
|
- le maître d'ouvrage assume les frais de construction
et d'extension du réseau
- la faible rentabilité du service ne permet pas de
modifier les compétences voulues
|
v Concession
On parle de concession lorsque la commune, moyennant une
redevance, confie à une personne extérieure
dénommée concessionnaire sur la base d'un contrat, la
responsabilité globale du service public de l'eau (exploitation,
maintenance et gestion) ainsi que les dépense d'investissement. Les
atouts et limites de ce mode de gestion sont contenus pour une comparaison plus
nette dans un tableau. (Tableau 5)
Tableau 5 : Atouts et limites de la
concession
ATOUTS
|
LIMITES
|
- l'opérateur privé peut financer une partie de
l'investissement
- l'instauration de la concurrence au départ permet
d'offrir un service adéquat et moins cher
|
- le contrôle du maître d'ouvrage sur le
fonctionnement du réseau est réduit
- la fixation des frais est souvent controversée
|
Ces tableaux exposent les atouts et limites de chaque mode. Le
mode communautaire quant à lui, exige des populations le respect des
différents rôles à jouer pour la pérennisation de
l'ouvrage.
Rôle des membres du CGPE
Tableau 6 : Présentant les
rôles des membres des CGPE
- Fonction
|
- Tâches
|
- Critères de sélection
|
- Président(e)
|
- Représenter la CGPE devant l'administration et les
autres partenaires du point d'eau
- Organiser les réunions de la CGPE (ordre du jour,
convocation et présidence)
- Faire exécuter les décisions
- Régler les litiges entre les membres de la SGPE et
les usagers
- -Contrôler les tâches des membres de la CGPE
- Rendre compte à la population de la gestion.
|
- Résidant (e) au village et stable
- Expérimenté (e) dans la direction de groupe
- Etre respecté (e) et écouté (e)
- Ayant de l'autorité et une ouverture d'esprit
- dynamique
|
Trésorier (ère)
|
- Garder la caisse eau
- Tenir la comptabilité des dépenses et des
recettes
- Présenter la caisse chaque fois qu'on lui demande
- Payer les dépenses liées à l'entretien
du point d'eau (pièces détachées, artisan
réparateur, vendeur d'eau) ;
- Classer les pièces justificatives
|
- Résidant (e) au village et stable
- De bonne moralité
- Inspirant confiance
- De préférence une femme
- Ordonné (e) et soigné (e)
|
Secrétaire
|
- Tenir les documents de gestion
- Etablir les procès verbaux de réunion
- Consigner toutes les visites ayant trait au problème
de l'eau
- Classer les documents administratifs (PV, contrats etc.)
|
- Résidant (e) au village et stable
- Lettré (e) ou alphabétisé (e)
- Ordonné (e) et soigné (e)
|
- Responsable de l'hygiène/
- Relais communautaire
|
- Organiser la population pour l'entretien du point d'eau
- Faire un sondage initial pour connaître les pratiques
des ménages avant la sensibilisation
- Faire des visites à domicile dans chaque
ménage pour les sensibiliser, obtenir un engagement et renforcer les
messages
- Participer aux réunions de sensibilisation
organisées par l'agent d'hygiène
- Faire un sondage initial pour connaître les pratiques
des ménages après la sensibilisation
|
- Un homme et une femme résidants au village et
stables
- Accepter de travailler bénévolement deux
demi-journées par semaine pendant un an
- Etre un modèle pour la population
- Avoir des aptitudes à la communication
|
- Responsable de la maintenance
|
- Veiller à la bonne marche du puits
- Assurer l'entretien préventif régulier
(graissage et serrage des boulons)
- Donner l'alerte en cas de panne
- Signaler les anomalies d'utilisation du point d'eau
|
- résidant (e) au village et stable
- connaissance en mécanique
- bonne disponibilité
|
Les textes régissant le fonctionnement du
CGPE
· Règlement intérieur
Un règlement intérieur définit les
règles de fonctionnement de l'association et parle des qualités
des membres, des droits et devoirs des membres, des sanctions, fonctionnement
(réunion, élection, mandat...) et gestion des ressources.
· Règles d'usage
Les règles d'usage constituent un ensemble de textes
qui définissent les modes d'utilisation, d'entretien et de protection du
point d'eau.
· Importance des textes
- Donnent des orientations en matière de gestion et
d'utilisation du point d'eau ;
- Permettent de canaliser le comportement en matière de
gestion, d'utilisation et d'entretien de l'ouvrage ;
- D'éviter des conflits d'attribution ;
- Etc.
Les dispositions pratiques liées à la gestion
de l'ouvrage
La bonne gestion de l'ouvrage dépendra en grande partie
de l'intérêt que les membres du comité lui accordent. La
volonté et la détermination des membres sont très
capitales dans la réussite de la gestion. Il s'impose donc pour une
gestion durable de l'ouvrage les dispositions pratiques suivantes :
- Ouverture d'un compte courant
Il n'est pas bon de garder trop d'argent à la caisse au
village. En le faisant, on court beaucoup le risque de vols et d'incendie. Le
comité ouvre donc un compte courant dans une agence (CLCAM) où il
verse les recettes destinées à l'ouvrage. Seul un petit montant
correspondant aux dépenses courantes doit être laissé
à la caisse au village (inférieur à 10.000 FCFA).
- Ouverture d'un compte de renouvellement
En constituant une épargne régulière, la
communauté peut, sans trop de difficultés mobiliser des fonds
pour le renouvellement de son ouvrage. Le montant des épargnes doit
être de nature à couvrir convenablement les prévisions de
dotation aux amortissements des équipements.
- Mise en place d'un stock de pièces de rechange
Pour faciliter la réparation des équipements et
pour éviter que la non-disponibilité d'une pièce de
rechange sur le marché soit un goulot d'étranglement au bon
fonctionnement du réseau, il est préférable que le
comité ait à sa disposition un stock de pièces de
rechange. Ceci permettra aussi d'éviter des dépenses
fréquentes, de déplacement et des risques de manquer
momentanément les pièces sur le marché.
Notre étude s'est alors fixée une
méthodologie pour répondre aux différentes questions
posée dans cette partie.
Troisième partie
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
3. DEMARCHES METHODOLOGIQUES
Notre étude fait appel à une
méthodologie combinant des concepts et des techniques sociologiques
(enquêtes par questionnaires, entretien). Cette étude prend en
compte aussi bien les données issues des archives documentaires, de
l'expérience du terrain (au cours des stages) que de celles de seconde
main (littérature sur le sujet). Ce recueil de données concerne
les caractéristiques sociales, économiques et
géographiques liées à la gestion de l'eau en
République du Bénin. Pour confronter notre hypothèse
à la réalité des faits, nos investigations ont
porté sur une population d'usagers et de gestionnaires de point d'eau de
la localité de Dandjihouhoué. Nous cherchons à identifier
au sein de cette population les divers acteurs intervenant dans la gestion du
point d'eau. Il s'agit de repérer au sein de cette catégorie
d'acteurs, des sujets, chefs de ménages qui se ravitaillent au point
d'eau et ceux des sujets qui interviennent directement dans la gestion du point
d'eau.
3.1. POPULATION
Composition de la population cible
Au regard de la restriction de notre champ d'étude
(village) et de la diversité des informations à recueillir,
notre population d'enquête ciblée se compose de :
- sept (5) membres du CGPE ;
- quatre-vingt (41) usagers du point d'eau ;
- un (1) intermédiaire social chargé du
suivi-évaluation de la gestion du point d'eau
- un (1) chargé de l'eau de la mairie d'Allada
Tableau 7 : Type d'échantillon et
leur nombre
ENTITE
|
Nombre de sujets par entité
|
Membres du CGPE
|
5
|
Usagers du point d'eau
|
41
|
Intermédiaire social chargé du
suivi-évaluation de la gestion du point d'eau
|
1
|
Mairie d'Allada : chargé de l'eau
|
1
|
TOTAL
|
48
|
3.1.1. Les membres du CGPE
Nous entendons par membre du CGPE les élus
chargés au premier plan de la gestion du point d'eau. Il s'agit ici de
l'organe exécutif qui joue aussi bien un rôle de gestion
financière, de maintenance et d'information.
3.1.2. Usagers du point d'eau
Les usagers du point d'eau sont ici les premiers
bénéficiaires des services fournis par le point d'eau. Il joue
un rôle important car intervenant dans l'entretien du point d'eau, la
salubrité. Ils sont des habitants du village. Nous en avons ciblé
quarante et un (41) ; la majeure partie de la population (des chefs de
ménages) afin d'avoir davantage de points et de mesurer davantage la
notion de bien d'intérêt collectif.
3.1.3. Les intermédiaires sociaux
Ils sont les représentant du service de l'eau
mais travaillant pour le compte d'ONGs et entreprises qui sont des partenaires
opérationnels du service de l'eau. Leur nombre ici (01), est dû au
fait que dans ce village un seul intermédiaire social assure le suivi et
l'évaluation du point d'eau et sa pérennisation.
3.2 CHOIX DES METHODES D'ENQUÊTE
Dans un univers caractérisé par sa
complexité, son immatérialité et sa subjectivité,
la difficulté est d'éviter la dérive.8(*) Deux techniques d'enquêtes
adaptées à notre objet ont été retenues afin
d'atteindre les objectif de nos travaux. Il s'agit de :
3.2.1. L'entretien dirigé : cette technique
vise la canalisation des interventions lors de l'interview. Il est
destiné aux membres du CGPE et aux intervenants externes au village.
3.2.2. Le questionnaire: cette technique permet de
toucher un grand nombre de sujets, de manière assez rapide et apporte
une sécurité par rapport à un anonymat aux sujets de la
recherche. Nos questionnaires ont été essentiellement
adressés aux usagers du point d'eau.
3.3. DEROULEMENT DE L'ENQUÊTE
Deux modes d'enquêtes ont été
adoptés : l'enquête par questionnaire et celle entretien car
nous estimons que la diversité des techniques permet de tisser
mailles par mailles les liens de la vérité.9(*)
La réalisation des questionnaires a eu lieu selon la
technique de face à face et a été assurée par
nous-même. Ces questionnaires ont été remplis par
l'enquêteur vu que cette population est à majorité
analphabète. Une fois rempli les questionnaires ont été
rangés par nous pour le traitement.
Une seconde manière a consisté en des
entretiens biographiques (individuels) et de type dirigé
c'est-à-dire ne permettant aucune ouverture au-delà des questions
initialement prévues.
Après avoir obtenu des rendez-vous par communication
téléphonique ou par contact direct auprès des
différents sujets concernés par l'enquête, nous nous
présentons, soit sur les lieux des travail de ces personnes, soit
à leur domicile pour les entretiens qui durent selon les cas, trente et
soixante minutes. Les entretiens ont été transcrit directement,
soit par nous lorsque les sujets sont analphabètes, soit par les
personnes elles-mêmes.
L'utilisation de l'enquête par questionnaire qui
« consiste à poser des questions à un ensemble de
répondants, le plus souvent représentatifs d'une population, une
série de questions relatives à leur situation sociale,
professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leurs attentes,
à, leur niveau de connaissances ou de conscience d'un
évènement ou d'un problème ou encore sur tout autre point
qui intéresse les chercheurs »10(*) nous a permis
d'appréhender que « la conception d'un bien d'usage public
peut se combiner avec des formes informelles de gestion éloignées
des illusions communautaires.».
Les collectes des données ont été
effectuées en deux phases et ont durée environ deux mois entre le
03 septembre 2007 au 31 octobre pour un stage au service de l'eau de
l'Atlantique Littoral puis entre les 04 et 05 août 2008 pour la seconde
phase.
3.4 CHOIX DE LA LOCALITE DES ENQUÊTES
Ces enquêtes ont été conduites dans le
village de Dandjihouhoué et à la mairie d' Allada.
Ce choix est motivé par le fait que la commune d'Allada
est l'une des communes de l'Atlantique qui abritent d'importantes
infrastructures d'hydrauliques villageoises. Cet état de chose est
dû au fait que la commune d'Allada se situe dans une zone où l'eau
constitue un enjeu important, notamment l'eau de consommation. Le village de
Dandjihouhoué a été choisi à cause du
caractère sobre et facile à administrer de son ouvrage et du
point de ravitaillement en eau avant l'implantation du puits moderne : le
marigot. De même il n'a connu que deux comités de gestion.
3.5. TECHNIQUES D'ANALYSE DES DONNEES
Les informations
recueillies à partir des questionnaires ont été
traitées manuellement : dépouillement, numérotation
et codage. Ensuite nous nous sommes servi du logiciel Excel pour les
opérations. Les questions étant numérotées au
départ, le travail s'est révélé facile lors du
dépouillement et de l'exploitation. Quant à l'analyse des
données concernant les entretiens, nous avons procédé au
dépouillement des différents guides d'entretien. Par
conséquent, le traitement des données a consisté à
l'analyse des informations recueillies qui représentent des points de
vue des différentes personnes interviewées après leur
transcription.
Toutefois, il convient de noter qu'à ce stade de la
recherche, des difficultés ont été diverses et
multiformes.
3.6. DIFFICULTES RENCONTREES
Le domaine d'étude abordé est
relativement souple. Cependant la localité ayant fait l'objet de
l'étude ne dispose pas de données spécifiques permettant
d'en avoir des informations préalables. La plupart des documents
parcourus traitent de façon générale du thème et
sont souvent classique.
Au cours de la collecte des données sur le
terrain d'étude, nous avons été confronté à
de nombreuses difficultés. En effet, la durée impartie pour mener
à terme les enquêtes était largement insuffisante. Cela est
dû à la concomitance entre la période de cours et la
période de recherche sur le terrain. Notre cadre d'étude se
situant à près d'une centaine de kilomètre de notre
université.
A cela s'ajoute la distance considérable de la
localité de Dandjihouhoué du centre ville d'Allada soit 13 km. La
population de la localité étant à majorité
analphabète, nous avons eu des difficultés dans le remplissage
des fiches d'enquêtes et lors de la réalisation des entretiens.
Ces difficultés n'ont pas pu éteindre en nous la soif d'aboutir
à des résultats présentés et analysés afin
d'en sortir des suggestions.
Quatrième partie
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
4.1. PRESENTATION DES RESULTATS
La finalité de notre étude étant de
contribuer à appréhender la notion de bien d'intérêt
collectif et à l'amélioration de la gestion de l'eau dans les
communes rurales, les résultats seront exploités afin d'en
ressortir, grâce à des tableaux, les aspects les plus marquants.
Des entretiens viendront dans la phase d'analyse pour étayer davantage
les éléments de recherches.
4.1.1 Résultats descriptifs
Tableau 8: Répartition des usagers du
point d'eau selon le sexe
Sexe
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Masculin
|
17
|
41,46%
|
Féminin
|
24
|
58,54%
|
Total
|
41
|
100%
|
Ce tableau révèle une dominance de la gent
féminine qui représente 58,54% de l'effectif. La question de
l'eau semble aussi plus spécifique aux femmes.
4.1.2. Résultats relatifs à l'utilisation de
l'eau du puits
Tableau 9 : Répartition des habitants
de la localité suivant l'approvisionnement
Approvisionnement
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
40
|
97,56%
|
Non
|
1
|
2,44%
|
Total
|
41
|
100%
|
Ce tableau met en exergue la dominance
majeure en matière d'approvisionnement en eau des populations du village
au point d'eau. Cela permet également de déduire que le point
d'eau constitue un élément sur lequel les villageois semblent
s'unir soit 97,56% contre 2,44% qui préfèrent s'approvisionner
ailleurs.
4.1.3. Résultats relatifs aux modalités
d'accès au point d'eau
Tableau 10 : Répartition des
usagers suivant le mode d'acquisition de l'eau
Mode d'acquisition
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Gratuit
|
0
|
0%
|
Payant
|
41
|
100%
|
Total
|
41
|
100%
|
Ce tableau révèle que les populations sont
unanimes sur le prix de vente de l'eau et le mode de ravitaillement qui est
payant pour tous.
4.1.4 Résultats relatifs à la
responsabilité en cas de panne
Tableau 11 : Répartition des usagers
suivant les auteurs de réparation en cas de panne
Auteurs de la réparation
|
Nombre
|
pourcentage
|
Le comité
|
41
|
100%
|
Un particulier
|
0
|
0%
|
Le chef du village
|
0
|
0%
|
Le service de l'hydraulique
|
0
|
0%
|
Total
|
41
|
100%
|
Ce tableau indique que les populations reconnaissent au
comité son rôle moteur en cas de panne. Ce qui relève
effectivement de ces compétences. La responsabilité en cas de
panne est donc assurée à 100% par le comité de gestion du
point d'eau.
4.1.5. Résultats relatifs aux moyens engagés
dans la réparation
Tableau 12 : répartition des usagers
suivant la nature des moyens engagés pour les réparations
Nature des moyens
|
Nombre
|
pourcentage
|
Argent de l'eau
|
33
|
80,49%
|
Cotisation
|
1
|
2,44%
|
Argent de l'eau + prêt
|
4
|
9,75%
|
Argent de l'eau + cotisation
|
3
|
7,32%
|
Total
|
41
|
100%
|
Le tableau sur la nature des moyens engagés dans la
réparation du point d'eau en cas de panne montre une certaine divergence
d'opinions des populations sur l'origine de ces fonds. La majorité soit
80,49% des enquêtés pensent qu'il s'agirait des ressources issues
de la vente de l'eau. Une partie pense que la réparation n'est possible
que grâce à l'effort conjugué des populations en terme de
prêts ajoutés à l'argent de l'eau soit 9,75%. Une autre
fraction, soit 7,32%, a répondu que ce sont les cotisations et la
recette de l'eau qui servent à réparer le point d'eau. Par contre
une infime partie soit 2,44% estime que le point d'eau n'est
réparé que grâce à des cotisations.
4.1.6. Résultats relatifs à la gestion
participative
Tableau 13 : Répartition des usagers
suivant le compte rendu du CGPE
Compte rendu du comité
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
15
|
36,59%
|
Non
|
26
|
63,41%
|
Total
|
41
|
100%
|
Le tableau 11 révèle une majorité de la
population qui estime ne pas avoir de compte rendu de la gestion du point d'eau
(63,41%). Tandis qu'une minorité considérable soit 36,59 affirme
que le comité rend compte de sa gestion.
4.1.7 Résultats relatifs aux
irrégularités notées dans la gestion du point d'eau
Tableau 14 : Irrégularités
notées dans la gestion
Irrégularités
|
Nombre
|
Pourcentage
|
- Gestion non participative
- Mauvaise gestion financière
- Pas de maintenance du puits
- Suspicion permanente
|
34
|
82,93%
|
Aucune irrégularité
|
07
|
17,07%
|
Total
|
41
|
100%
|
Ce tableau présente en ces deux parties les membres
de la population qui ont à faire des reproches aux membres du
comité d'une part et ceux qui estiment ne desceller aucune
irrégularité dans la gestion du point d'eau. La majorité
des enquêtés, soit 82,93%, s'est plainte de :
- Gestion non participative;
- Mauvaise gestion financière;
- Pas de maintenance du puits;
- Suspicion permanente.
Cependant une autre partie des enquêtés, soit
17,07% disent n'avoir rien à reprocher au comité.
4.1.8. Résultats relatifs à
l'appréciation de la gestion
Tableau 15 : appréciation des usagers de
la gestion du point d'eau
Appréciation
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Bonne
|
3
|
7,32%
|
Passable
|
15
|
36,58%
|
Mauvaise
|
23
|
56,10%
|
Total
|
41
|
100%
|
Ce tableau présente une appréciation des
populations selon que la gestion soit jugée bonne, passable ou mauvaise.
Une infime partie des enquêtés apprécie
en bonne la gestion du comité actuel (7,32%). Une autre minorité
plus parlante, soit 36,58%, juge passable la gestion du comité actuel.
La majorité quant à elle juge mauvaise la gestion qui est faite
du point d'eau.
4.1.9. Résultats relatifs à la
communauté du puits
Tableau 16 : Répartition des usagers
suivant la propriété du puits
Propriétaire
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Un particulier
|
0
|
0%
|
Au village
|
35
|
85,37%
|
A la commune
|
0
|
0%
|
A l'Etat
|
6
|
14,63
|
Total
|
41
|
100%
|
Ce tableau met en évidence le point de vue des usagers
sur le propriétaire du puits. En effet, 85,37% de la population
d'enquête pense que le point d'eau est un bien qui appartient au
village. Dans le même temps, 14,63% estiment que le puits est mis
à la disposition du village par l'Etat qui en demeure l'unique
propriétaire. Le droit de propriété n'est reconnu ni
à un particulier ni à la commune.
4.1.10. Résultats relatifs à la participation
des populations aux activités du comité
Tableau 17 : Répartition des
populations suivant leur participation aux activités
Nature de la participation
|
Participation
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Personnelle à l'élection
|
Oui
|
10
|
24,39%
|
Non
|
31
|
75,61%
|
Total
|
|
41
|
100%
|
Des populations à l'entretien
|
Oui
|
12
|
29,27%
|
Non
|
29
|
70,73%
|
Total
|
|
41
|
100%
|
Personnelle à l'entretien
|
Oui
|
15
|
36,59
|
Non
|
26
|
63,41
|
Total
|
|
41
|
100%
|
Le tableau répartissant, selon l'activité, la
participation des populations se présente en trois phases. D'abord la
participation à l'élection des membres du comité
à laquelle 75,61% des enquêtés affirment n'avoir pas
été associé contre 24,39% qui y ont participé
effectivement. Ensuite les enquêtés se prononcent sur la
participation de l'ensemble à l'entretien du point d`eau. 70,73% des
enquêtés estiment que la population participe à l'entretien
du point d'eau contre 29,27%. Enfin 63,41 des enquêtés
reconnaissent ne pas s'impliquer personnellement dans l'entretien contre 36,59
qui y participe.
4.1.11. Résultats relatifs à la
l'intérêt des populations pour le point d'eau
Tableau 18 : Répartition des usagers
suivant l'intérêt des populations pour le point d'eau
Intérêt pour le point d'eau
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
23
|
56,10%
|
Non
|
18
|
43,90%
|
Total
|
41
|
100%
|
Le tableau montre une légère dominance des
usagers qui estiment un intérêt des populations pour le point soit
56,10% contre 43,90% qui considèrent que les populations ne manifestent
aucun intérêt à l'égard du point d'eau.
4.2. ANALYSE DES RESULTATS
4.2.1. Le comité de gestion
Le comité de gestion est l'organe chargé
d'assurer l'organisation et la direction de toutes les activités
relatives à la fourniture de l'eau, à la maintenance de
l'ouvrage, bref à la pérennisation de l'ouvrage. Il s'agira
d'examiner le choix des membres du comité et leurs fonctions
réelles.
4.2.1.1. Choix des membres du comité
L'installation du comité répond à des
normes d'élections rigoureuses. Les membres des comités de
gestion sont généralement élus par les habitants du
villages ayant participé ou présents lors de cette phase du
processus. Un comité de gestion inclut normalement un président,
un secrétaire, un trésorier, un responsable à la
maintenance, un responsable de l'hygiène et relais communautaire. Dans
le village de Dandjihouhoué, les populations n'ont pas participé
en majorité à la mise sur pied du comité de gestion. Le
choix des membres du comité n'a pas fait l'objet d'une approche
participative. La population d'enquête dans une large proportion soit
75,61% (tableau 17) estime n'avoir pas participé à
l'élection des membres CGPE. Les sujets ayant participé à
la mise sur pied du comité quant à eux sont en dessous de la
moyenne soit 24,39%. Cela dénote sans doute d'une
irrégularité dans les premières phases d'installation du
CGPE. De même, la divergence des opinions des membres du comité
obtenus lors des divers entretiens permet d'en déduire un certain
désaccord dans la nature ou le mode d'accès aux divers postes du
comité. Le président déclare : « le bureau
qui était là est parti sur décision des sages qui m'ont
investi du pouvoir de gestion du nouveau bureau ». Des propos
similaires sont revenus au cours d'entretien avec d'autres membres du
comité notamment le responsable de la maintenance et le commissaire au
compte. Cependant, le secrétaire général affirme n'avoir
pas été élu, mais copté par l'animateur pour
renforcer le bureau après son installation. Le trésorier, pour sa
part, affirme que : « c'est à l'issu d'une
élection que je suis sorti vainqueur pour le poste de trésorier
contre un adversaire ». Cette nouvelle position montre que le choix
des membres du comité qui devrait se faire sur une base
d'élection transparente et ouverte à tous n'a pas
été respectée. Cela se justifie également par la
part des sages ou des « vieux » dans la marge de manoeuvre
dont ils disposent lors de l'installation du CGPE. En effet les
« vieux » sont ici peints en tant que personnes
d'autorités suprêmes dans les décisions et dans
l'organisation des activités du village. Le choix des membres du
comité apparaît donc comme résultant d'un accord
préalable entre les vieux du village ; comme s'il s'agissait
simplement de ratification publique, ou du choix du premier proposé pour
occuper le poste. Le renforcement du comité opéré par le
nouvel animateur n'a également pas répondu aux critères
établis car il fallait trouver quelqu'un qui sait lire et écrire.
Le choix des membres du comité de Dandjihouhoué s'est donc
accompli sans un respect strict des règles en la matière. Cela ne
doit pas être sans effet sur le fonctionnement réel au sein du
comité.
4.2.1.2. Les fonctions réelles
Après l'installation, la phase qui suit est celle de
la formation des membres. Cette phase est celle au cours de laquelle les
élus, futurs dirigeants, prennent contact et s'imprègnent de
leurs rôles et attributions. Les divers entretiens nous ont permis de
desceller des insuffisances dans ce domaine.
En effet lorsque le chargé de la maintenance estime
qu'il a pour rôle de « réparer ce qui est
détérioré, huiler les poulies et le treuil », le
trésorier de son côté affirme : « je dois
sarcler les alentours du point d'eau, je garde la caisse de l'eau et
après la vente ; la recette est inscrite dans le cahier en
présence du président, du secrétaire ». Dans
cette même rubrique le commissaire au compte dans l'exposé de sa
fonction première dit : « je garde la clé du
point d'eau, et je responsabilise à tour de rôle ceux qui vont
vendre l'eau...... Je suis aussi chargé de réunir les gens pour
les réunions du comité. ». On peut mettre ici en
évidence un phénomène de glissement des fonctions :
celui qui est officiellement chargé d'une tâche ne la
réalise pas, ou en réalise une autre. L'entretien avec le
commissaire au compte a permis de savoir que la vente de l'eau est
assurée directement par les membres du comité et à tour de
rôle. De même, le cumul de fonctions n'est pas rare. La simple
vente de l'eau par les membres du comité relève d'un cumul de
fonctions. Le glissement et le cumul de fonctions sont dus au fait de la
prépondérance de certaines fonctions sur d'autres au sein du
bureau. La fonction de trésorier par exemple est enviée à
cause du contact avec les recettes issues de la vente de l'eau. La
présidence est également considérée comme un poste
de pouvoir décisionnel d'où s'opère la gestion de fonds.
Les autres fonctions sont mal assurées en raison de leur
caractère fortement ingrat et purement bénévole.
4.2.2. Payement de l'eau
Le payement de l'eau est l'un des principes qu'ont
réussi à imposer aux populations les structures qui ont
monté les comités de gestion des points d'eau. La vente de l'eau
vise généralement un objectif majeur : l'autonomisation de
la communauté face à la pérennisation de l'ouvrage mis
à leur disposition.
4.2.2.1. La vente à la bassine
L'eau du puits moderne de Dandjihouhoué est vendue.
La vente se faisait à tour de rôle par des femmes de divers
ménages. Certaines malversations ont fait que le puits est tenu
aujourd'hui par les hommes du comité. L'eau est vendue à dix (10)
Francs CFA à tous les usagers du point d'eau. Le tableau 10 montre que
les enquêtés ont tous répondu que l'eau est vendue. Le
commissaire au compte chargé de la vente de l'eau affirme à cet
effet que la condition pour obtenir de l'eau est « ... d'avoir 10
Francs CFA pour une bassine. ». Cela met les usagers du point d'eau
sur le même pied d'égalité et devra permettre d'assurer la
maintenance du PE en cas de panne. La vente de l'eau à la bassine est le
résultat d'un choix opéré par les populations du village
lors du montage du dossier communautaire. Le fait de payer l'eau dans le cadre
d'un achat de service est donc passé dans les moeurs des villageois.
4.2.2.2. Les exonérations
Les exonérations ne sont pas admises dans la gestion
du PE de Dandjihouhoué : c'est ce que laisse transparaître
les résultats de nos investigations. Tout le monde paye l'eau. Les
membres du comité qui peuvent s'accorder de tels avantages affirment
n'avoir aucun avantage particulier à d'appartenance au comité. Ce
qui, ici, a été classé dans le registre
d'exonération relève d'un autre registre.
En effet une règle admise tacitement permet à
certaines personnes de se ravitailler jusqu'à une certaine
quantité sans payer. Le premier client à l'ouverture du puits qui
accepte nettoyer les alentours du puits bénéficie de quatre
bassines gratuites dans la journée. Cette règle admise par tous
ne semble pas faire l'objet de controverse. La rubrique des exonérations
peut donc se limiter à cela. La vente de l'eau à crédit
aussi peut faire imaginer une certaine fuite dans la transparence des recettes
quotidiennes. Cela soulève de fait la question de la gestion des fonds
recueillis dans la vente de l'eau.
4.2.3. Gestion des fonds
4.2.3.1. L'opacité
Selon Jean-Pierre Olivier de Sardan et Abdoua Elhadji Dagobi,
la principale caractéristique de la gestion des pompes est la non
transparence. Cette non transparence se remarque dans le cas de notre
étude à plusieurs niveaux.
D'abord les populations ont répondu que les
réunions publiques relatives au compte rendu sont rares. Certains disent
même que de telles réunions n'ont jamais lieu. Cela dénote,
de fait, d'une gestion non participative car 63,41% des enquêtés
avouent n'avoir jamais eu droit au compte rendu de la gestion contre seulement
36,59% qui savent comment les fonds sont gérés (tableau
n°13). A cela s'ajoute les diverses irrégularités que les
populations notent dans la gestion et qui viennent soutenir le caractère
opaque. Les fonds sont généralement gérés par les
membres du bureau ; et parfois cela se limite au président, au
trésorier et au secrétaire. Cela revient dans l'entretien que
nous a accordé l'intermédiaire social le 05 août 2008
à 16heures 20minutes : « le comité de
même que la population ne se sont pas appropriés l'ouvrage. La
vente se fait par le comité ; et certains ne déposent pas
l'argent après la vente. Les réunions ne se font pas
régulièrement. Il n'y a jamais de concordance entre te montant
inscrit dans le cahier et le montant réel dans la caisse. De 2000
à 2006 ils n'avaient rien dans leur compte. Grâce à mon
intervention ils ont ouvert un compte qui dispose de 16.000 F les cahiers ne
sont pas bien tenus par le secrétaire qui n'a pas maîtrisé
son rôle. Malgré la formation. Le président n'est pas
charismatique. Il met parfois la main dans la caisse.... » La
gestion faites des fond n'est pas claire. L'information sur la gestion et les
fonds disponibles n'est également pas la même auprès des
divers acteurs gestionnaires. Le compte de gestion est ouvert à
l'Association des Services Financier (ASF) qui est une agence de Microfinance.
Le montant actuellement en compte n'est presque pas connu des membres du bureau
qui avance des chiffres approximatifs, 17.000F selon le président,
environ 20.000F selon le chargé de la maintenance, 15.000 selon le
commissaire au compte et enfin 16.000 selon l'animateur chargé du
suivi-évaluation du point d'eau. La diversité de montants
avancés montre encore une fois que les fonds sont gérés
sans un respect de règles établies en la matière. Le
tableau 14 nous montre que bien que ne recevant pas de point financier sur la
gestion des fonds, les populations se font une idée de se qui se fait au
sien du comité de gestions. Ces populations reprochent aux gestionnaires
de ne pas les associer à la gestion du point d'eau, de ne pas assurer la
maintenance de l'ouvrage et de mal gérer les ressources
financières issues de la vente de l'eau. Ce tableau fait état de
ce que 82,93% des enquêtés trouvent des
irrégularités dans la gestion et que 17,07% seulement estiment
n'avoir rien à reprocher à la gestion actuelle. Il y a là
un désaccord fait entre la gestion et le désir des usagers qui se
révèle également dans le tableau 15 où les
populations apprécient de mauvaise la gestion faite de l'ouvrage. 56,10%
des enquêtés estiment que la gestion faite actuellement est
mauvaise. Ces appréciations ne sont pas toujours sans une part de
subjectivité. Le commissaire au compte avance : «ceux qui
avaient géré avant nous nous critiquent mais nous nous en
foutons car ils disent qu'ils avaient mieux géré ; à
leur départ il y avait 1000F dans la caisse. ».
L'opacité est également notée lors des pannes car
celles-ci permettent d'apprécier l'utilisation préalablement
faite des fonds. (Photo 2)
Photo 2 : Etat de la paillote du puits de
Dandjihouhoué
4.2.3.2. L'utilisation des fonds recueillis
Les fonds recueillis doivent être utilisés pour
la gestion l'entretien et la pérennisation de l'ouvrage. A cet effet un
compte est ouvert pour y déposer l'excédent des recettes
dès que celles-ci atteignent 5000 francs en caisse.
C'est en effet, généralement à ces
occasions que les usagers peuvent connaître la destination des recettes
quotidiennes issues de la vente de l'eau. Mais les recherches nous ont permis
de desceller que la maintenance qui devrait être assurée par la
recette issue de la vente de l'eau ne l'est pas toujours même si
80,49%(tableau n°12) des enquêtés sont d'avis que les pannes
sont réparées avec les recettes. Cette réponse ne
s'avère pas toujours car en dehors des 19,51% qui soutiennent la
contribution extérieure en renforcement aux recettes de l'eau, les
entretiens ont permis de tirer des opinions de chacun que les membres du
comité sont souvent plus favorable aux prêts et cotisations que
à la recette issue de la vente de l'eau qui ne suffit d'ailleurs pas.
L'exemple le plus parlant est celui de la panne de corde que subissent les
usagers depuis plus d'un mois avant nos enquêtes. L'animateur ou cours de
son entretien nous a dit ce qui suit : « ... aujourd'hui la
corde est défectueuse et le comité ne dispose pas d'argent pour
acheter une nouvelle corde. Si bien que le puit est
abandonné. » (Photo 3). Cette réponse est soutenue
par celle du président : « le puits est en panne,
mais nous n'avons pas d'argent. Nous avons demandé un prêt
à ASF.». Un autre constat fait état de ce que les
participations des populations obtenues lors du montage du dossier de demande
du point d'eau, sont en train d'être remboursée ; ce qui ne
devrait pas être le cas. Tout cela vient confirmer la mauvaise
orientation des fonds issus de la vente de l'eau dont le premier objectif
devrait pourtant être la pérennisation de l'ouvrage
destinée à profiter à toute la communauté en tant
bien d'intérêt collectif.
Photo 3 : Etat défectueux du treuil et de la corde
du puits de la localité de Dandjihouhoué
Photo 4 : Insalubrité du puisard du point d'eau de
la localité de Dandjihouhoué
4.2.4. Bien d'intérêt collectif
La notion de bien d'intérêt collectif sera
analysée en tenant compte des différentes caractéristiques
d'un BIC.
En effet, le point d'eau paraît aux yeux de tous les
enquêtés une nécessité sans laquelle la
localité reprendra le chemin du marigot que pratiquaient les
ancêtres. Tous ont reconnu que le puits les aidait et ce, non seulement
à cause de la propreté de son eau de consommation, mais aussi en
raison de la proximité du puits qui réduit les difficultés
et la peine des femmes dans une société où la question
d'approvisionnement en eau est d'abord celle des femmes. Les populations de
Dandjihouhoué reconnaissent donc à l'eau et
particulièrement à l'eau produite par le puits une
nécessité primordiale dans leur quotidien. De même, la
notion commune c'est-à-dire celle d'un bien appartenant à
plusieurs personnes à la fois semble assimilées. Ainsi le tableau
n°16 nous permet d'appréhender le niveau de la population pour ce
qui est de la propriété du puits. 85,37% des
enquêtés estiment que le point d'eau est la
propriété du village contre 14,63% pour l'Etat et 0% pour un
particulier. La question d'appropriation forcée par un acteur du point
d'eau ne semble donc pas en vue dans la mesure où tout le monde
reconnaît que le point d'eau est une propriété publique. Le
point d'eau est donc « nôtre ».
L'accessibilité au point d'eau ne soulève pas aussi de
problème dans la mesure où les enquêtes ont
révélé par 100% d'opinions qu'aucun habitant du village
n'est interdit d'accès au point d'eau pour quelque raison que ce soit.
Puisque la condition d'accès telle que acceptée par tous, est
d'avoir 10F et une bassine propre pour le transport de l'eau. Tous les
entretiens ont confirmé l'accessibilité à tous au point
d'eau. Le caractère sacré de ce bien ne fait aussi l'ombre
d'aucun doute car il est respecté en tant que tel. En démontre le
principe, et d'ailleurs le seul qui empêche d'approcher le puits :
une femme en menstrues ne doit pas approcher le puits. Cela montre encore une
fois le caractère sacré qui est reconnu à ce bien.
Cependant sur le plan de la gestion, le bien n'est pas encore
compris comme pouvant faire l'objet d'une gestion commune de tous les acteurs
de la localité. Il n'est, en effet, pas rare à ce sujet
d'entendre les femmes dire que la gestion est l'affaire des hommes et qu'elles
n'ont pour rôles que de s'approvisionner et d'assurer la permanence de
l'eau à la maison. La dominance féminine des
enquêtés (soit 58,54% de femmes contre 41,46% d'hommes) a eu une
influence notoire sur les résultats du tableau 17 qui expose la
participation des usagers aux activités de gestion notamment à
l'élection et à l'entretien qui voient moins d'usagers y
participer. La gestion semble la chasse gardée des hommes et pas de tous
car certains s'en éloignent pour diverses raisons. De même la
présence des conflits ou de problèmes liés à la
gestion du point d'eau jette un flou sur la finalité de ce bien qui,
loin d'être une source de sécurité individuelle et
collective peut déboucher si on n'y prend garde sur un conflit qui
pourrait paralyser toute la localité.
En outre, la production de ce bien répond à
une participation approximativement équilibrée des populations.
Même si les populations participent quelques rares fois à
l'entretien du point d'eau lors des campagnes collectives de salubrité.
La notion de bien d'intérêt collectif laisse encore une marge qui
reste incomprise par beaucoup.
Les irrégularités notées dans la
gestion, la notion de perception ne peuvent pas être
améliorées sans un minimum de mesures nouvelles à adopter
afin d'y remédier.
4.3. SUGGESTIONS
Dans ce chapitre de notre travail, nous ferons des
suggestions à l'endroit des acteurs gestionnaires, des intervenants
externes à la localité et des structures ayant à charge la
question de l'eau au plan national c'est-à-dire le service de l'eau et
les divers partenaires au développement.
4.3.1. Aux acteurs gestionnaires c'est-à-dire aux
membres des CGPE
La gestion communautaire des ouvrages hydrauliques
nécessite un certain nombre de dispositions. Les membres du
comité de gestion doivent :
- avoir à l'idée que le puits est un bien
d'intérêt collectif afin que tous les usagers soient égaux
à son égard ;
- mettre sur pied un système rigoureux de
comptabilité qui permettra de disposer de fonds en permanence pour la
maintenance ;
- rendre compte bimensuellement de la gestion aux autres
membres de la localité afin d'écarter toute zone de
suspicion ;
- Responsabiliser tous les habitants de la localité en
créant des sous comités spécifiques dans le domaine de
l'hygiène par exemple ;
- Tenir les réunions hebdomadaires du
comité ;
4.3.2. Aux acteurs externes intervenants dans la
localité
Les intervenants externes à la localité, quant
à eux, devront marquer une présence effective dans la
localité car l'irrégularité ou la non fréquence des
visites de l'animateur peut créer un terrain favorable à la
mauvaise gestion des ressources issues de la vente de l'eau.
De même, le pouvoir des animateurs doit être
renforcé afin qu'ils aient un pouvoir dissuasif qui permette de pousser
les membres du comité à bien gérer ou ceux qui ont commis
des malversations financières à les rembourser. Un tel pouvoir
suscitera chez les villageois une obligation de bonne gestion car certains
jusque là pensent que l'argent de l'eau est une ressource qui peut
être détournée sans crainte. Ce pouvoir de coercition devra
venir d'une loi votée par les pouvoirs législatifs car la
gestion de l'eau n'est pas régie par un cadre légal et
réglementaire, ce qui laisse une large marge de manoeuvre aux
gestionnaires indélicats.
Enfin les autorités communales doivent :
- organiser une tournée trimestrielle de suivi des
ouvrages hydrauliques
- créer un cadre de motivation des comités ayant
obtenu une bonne performance au cours de l'année
- s'impliquer davantage dans la gestion des ouvrages
hydrauliques qui peut être une source de devise pour la commune
grâce à la gestion professionnalisée des ouvrages
complexes.
CONCLUSION
La gestion communautaire de l'hydraulique villageoise
relève d'un système impliquant les collectivités locales,
les ONG, les partenaires au développement et l'Etat. Ce mode s'est, au
demeurant, présenté comme associant les
bénéficiaires d'une action à sa mise en oeuvre et à
sa gestion. Cependant cette étude nous permet de déduire que le
mode de gestion communautaire souvent présenté comme simple
à administrer et adapté aux questions de développement
participatif n'est pas exempte de facteurs pouvant entraîner son
échec. Des soupçons de détournements, l'opacité
dans la gestion des fonds et parfois l'exclusion d'une certaine frange de la
population, surtout les femmes, font peser sur le comité de gestion du
point d'eau des opinions défavorables qui se sont parfois
avérées et confirmées dans le cadre de cette étude.
La gestion communautaire semble en panne de mesures coercitives et
contraignantes devant amener les représentants des localités
chargés de la gestion à servir cette dernière en ne
perdant pas de vue que le puits demeure un bien d'intérêt
collectif. La notion de bien d'intérêt collectif
énoncée dans notre hypothèse trouve ici un terrain presque
favorable pour ne pas être comprise. Ce puits qui fait parfois l'objet
d'appropriation d'acteurs sélectionnés, c'est-à-dire ne
sont admis à la gestion que des personnes spécifiques de la
localité, brise un des principes fondamentaux du bien
d'intérêt collectif que constitue la gestion. Cette gestion ne
doit écarter aucun membre de la communauté. La finalité de
la présence du puits n'est pas bien conçue comme un facteur de
sécurité individuelle et collective du fait des conflits et des
camps qui naissent selon que le puits soit géré par tel ou tel
autre individu.
Ce mode de gestion souvent présenté comme
parfait au développement communautaire semble avoir du plomb dans l'aile
à cause de certains facteurs liés non seulement à la
gestion, mais aussi à une absence d'appropriation collective des acteurs
bénéficiaires. L'atteinte des objectifs du millénaire pour
le développement semble donc dans le domaine de l'eau menacée.
Références bibliographiques
Ouvrages
1- BESSETTE, G. (2006). Eau, terre et vie :
communication participative pour le développement et gestion des
ressources naturelles, Edition PUL, 367 p.
2- BOUGUERRA, M.L. (2003).Les batailles de l'eau,
Fondation Charles-Léopold Mayer, paris, 239 p.
3- LACOSTE, Y. (2003). L'eau dans le monde : les
batailles pour la vie, Larousse, paris, 127p.
4- LAIME, M. (2003). Le dossier de l'eau (pénurie,
pollution, corruption), Editions du Seuil, paris, 401p.
5- SAWADOGO, R.A (2002). L'Etat africain face à la
décentralisation, Editions Karthala et Club du Sahel et de
l'Afrique de l'Ouest, paris, 278 p.
6- PLAN DE DEVELOPPEMENT COMMUNAL (2005-2009) de la commune
d'Allada,
Articles et revues
7- ABDOULAYE, A.R. & OYEDE, L.M.
(2007). « Gestion de l'assainissement pluvial dans un centre
urbain en milieu tropical : cas de la ville de Parakou »,
Actes du 1er colloque de l'UAC des sciences, cultures et
technologies, sciences de l'eau, FAST /UAC, p. 77-85.
8- DIA, A.H. (2001). La gestion locale-internationale de
l'enjeu hydraulique à Kanel : appropriation forcée et
stratégies d'acteurs, bulletin de l'APAD, n°23-24, la
gouvernance au quotidien.
9- L'Afrique Municipale, n°25 d'oct-nov-dec 2003, 77
p.
10- DE SARDAN J.P., DAGOBI E., (2000). La gestion
communautaire sert-elle l'intérêt public ? politique
africaine, n°80, pp153-165.
Mémoires et
thèse
11- AFOUDA, F. (1990). L'eau et les cultures dans le
Bénin central et septentrional : Etude de la variabilité des
bilans de l'eau dans leurs relations avec le milieu de la savane africaine,
Thèse de Doctorat unique, Paris IV, Sorbonne, 428p.
12- DAKPO, P. C. (2003). Dynamique politique et sportive au
Bénin : le mouvement sportif associatif ou les enjeux de pouvoir
(1960-2001), Thèse de Doctorat Unique de l'Université de
Nice Sophia Antipolis, Tome I et Tome II 565 p.
13- KIAGOU, M. (2004). L'eau et la santé humaine dans
la commune de Ségbana, Mémoire de Maîtrise, FLASH, DGAT,
124p.
Textes, lois et instruments juridiques
14- Loi n 97-029 du 15 Janvier 1999 portant organisation des
communes en
République du Bénin
Rapports et études
15- Banque Mondiale (2004). Autonomisation et
réduction de la pauvreté, outils et solutions pratiques, Editions
Saint-Martin, 136 p.
16- PADSEA-II (2006). Dossier Pédagogique de formation
groupée des membres des SGPE, 46 p.
17- GRAAP (1985). Pour une pédagogie de l'autopromotion,
nouvelle édition,
Bobo-Dioulasso, 101 p.
18- Rapport Mondial sur le Développement Humain (2006).
Chapitre 4, Pénurie d'eau, risque de vulnérabilité, pp
133-156
Sites Internet
19- www.irdc.ca
20- www.pulval.ca
21- http://apad.revues.org
ANNEXES
GUIDE D'INTERVIEW A L'INTENTION DES MEMBRES DU COMITE DE
GESTION DU POINT D'EAU :
Ce guide d'entretien a pour objectif de recueillir des
opinions des membres du Comité de gestion des points d'eau communautaire
du village Dandjihoué dans la commune d'Allada sur leur mode de gestion
et la notion de bien d'intérêt collectif.
1. Vous êtes membre du CGPE, Pouvez- vous nous dire quel
est le poste que vous occupez au sein de cette structure ?
2. Pouvez- vous nous dire le mode par lequel vous êtes
arrivé à occuper ce poste ? Est-ce par élection ou
cooptation ou désignation ?
3. Quelle est la durée de votre mandat ?
4. Quelles y sont vos attributions ?
5. Pouvez -vous nous dire à qui appartient le point
d'eau que vous gérez ? est-ce une propriété de
l'Etat, de la commune, du village etc.
6. Toutes les populations de ce village peuvent-elles se
ravitailler à partir de ce point d'eau que vous gérez ?
pouvez-vous nous donner les raisons qui militent en faveur de cet état
de fait ? Y- a-t-il une catégorie de la population qui ne peut pas
venir y puiser de l'eau ? si oui pourquoi ?
7. Quelles sont les conditions qui permettent de se
ravitailler à partir de ce point d'eau ? faut-il payer ? si
oui combien ?
8. . Pouvez-vous nous dire à quoi sont destinées
les recettes du point d'eau ?
9. . Si cela ne vous gêne pas, pouvez-vous dire comment
sont-elles gérées ?
10. Quel est le mode de gestion de ce point d'eau ?
11. Y- a t-il une participation de la population dans la
gestion de ce point d'eau ?
Si oui comment participe t-elle ?
12. Comment fonctionne ce point d'eau ?
13. Si le point d'eau est endommagé comment se fait sa
maintenance ?
14. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
dans l'exercice de votre fonction de gestionnaire de ce point d'eau ?
15. Y- a t-il des avantages et des inconvénients
liés à la gestion de ce point d'eau ? pouvez-vous les
retracer ou les citer ?
16. La gestion de ce point d'eau pose- t-il
problème ?
17. Avez-vous l'impression que le fonctionnement de ce
comité pose problème ?
18. Que proposeriez- vous pour une gestion plus efficiente du
point d'eau ?
Je vous remercie pour votre contribution
GUIDE A L'INTENTION DES ACTEURS INDIRECTS (intervenants
externes au village)
Ce guide d'entretien a pour objectif de recueillir des
opinions des intervenants externes au Comité de gestion des points d'eau
communautaire du village Dandjihoué dans la commune d'Allada sur la
gestion dudit point d'eau.
1- Pouvez vous nous dire en quelle qualité intervenez
vous dans le village ?
2 Depuis quand intervenez vous dans le village ? Le CGPE
actuel était-il déjà en place ?
3- Pouvez vous nous dire quelle appréciation faites
vous de la gestion du CGPE ?
4- Quelles irrégularités avez-vous noté
au niveau de la gestion du CGPE ?
5- Y a-t-il une catégorie de population qui ne doit pas
se ravitailler a partie de ce point d'eau ?
6- Les populations participent elles toutes à
l'entretient du point d'eau ? Si non pourquoi ?
7- Selon vous les populations accordent elles
d'intérêt à la gestion de ce point d'eau ? Quelle est
selon vous leur participation ?
8- Que pensez-vous du mode de gestion communautaire des points
d'eau ?
9- Que proposez vous pour une gestion plus efficiente du point
d'eau ?
Je vous remercie pour votre
contributionQuestionnaire à l'adresse des usagers du point
d'eau
Dans le cadre de la préparation d'un mémoire de fin
de quatrième année Jeunesse Animation à l'Institut
National de la Jeunesse de l'Education Physique et du Sport, nous effectuons
une recherche dont le titre s'intitule : « Gestion
communautaire de l'Hydraulique villageoise : notion de bien
d'intérêt collectif, cas de la localité de
Dandjihoué dans la commune d'Allada.»
L'objectif est d'apprécier la gestion communautaire et la
notion de bien d'intérêt collectif dans l'espace local que
constitue votre village.
Vous voudriez bien répondre sincèrement et
librement à ce questionnaire.
Merci pour votre contribution
N.B : Quand les petites cases ont été
prévues pour votre réponse, mettez une croix au niveau de celle
qui correspond à votre choix.
1- Caractéristiques
générales
1-1 Nom et prénoms
(facultatif)................................................
1-2 Sexe : Masculin
féminin
1-3 Age
1-4 Profession........................................
1-5 Etes-vous chef de ménage ? Oui
Non
1-6 Si oui combien de membres composent votre
ménage ? ...........
2- Questions relatives aux problèmes de gestion
des points d'eau communautaire
2-1 Utilisez-vous souvent l'eau du point
d'eau ? Oui Non
Si non pourquoi ?
............................................................................................................................................................................................
2-2 Le ravitaillement en eau est-il
gratuit ?
Oui non
Sinon combien payez-vous ?
Une bassine de .... Litres coûte.......................
2-3 Arrive-t-il que le point d'eau tombe en
panne ?
Oui Non
Si oui comment se fait sa réparation ?
............................................................................................................................................................................................
2-4 Qui s'occupe de la réparation du
point d'eau en cas de panne ?
- le comité
-un particulier
-Le chef du village
-Le service de l'hydraulique
2-5 avec quels moyens répare t-il ?
......................................................................................................................................................................................................
2-6 Le comité vous rend-il compte de sa gestion ?
Oui Non
Si oui comment ?
..............................................................................................................................................................
Sinon dites les raisons
..............................................................................................................................................................................................................
2-7Quelles irrégularités notez vous au niveau de
la gestion du CGPE ?
.....................................................................................................................................................................................................................................................
2-8 Quelle appréciation faites-vous de la gestion de
votre comité ? (Cochez une case selon votre choix)
-Bonne
-passable
-mauvaise
Justifiez si possible
......................................................................................................................................................................................................................................................................................
2-9 Que pensez-vous du mode de gestion communautaire des
points d'eau ?
........................................................................................................................................................................................................................................................
3- Analyser la perception des populations sur la notion
de bien d'intérêt collectif que constitue le point
d'eau
3-1 Pouvez-vous nous dire à
qui appartient le point d'eau ?
- A un particulier (préciser son
identité)
- Au village
- A la commune
- A l'Etat
3-2 Que vous apporte ce puits ?
................................................................................................................................................................................................................................................................................
3-3 pensez vous que cela vous aide t-il ?
Oui Non
Avant ce puit où vous ravitaillez vous en eau ?
- au marigot
- en eau de pluie
- dans un village frontalier
- on n'avait pas d'eau
3-4 Y a-t-il des gens qui ne doivent pas utiliser l'eau du point
d'eau ?
Oui Non
Si oui pourquoi ?
...................................................................................................................................................................
3-5 Avez-vous participé à l'élection du
CGPE ?
Oui Non
Comment cela s'est elle faite ?
..................................................................................................
........................................................................................
3-6 Les populations participent elles à l'entretien du
point d'eau ?
Oui Non
3-7 Participez-vous personnellement à l'entretien du
point d'eau ?
Oui Non
Si oui en quoi
faisant ?......................................................................................
..........................................................................................................................................................................................
Si non
pourquoi ?.................................................................................................
...............................................................................................
........................................................
3-8 Pouvez-vous nous dire si toutes les populations accordent
beaucoup d'intérêt pour la gestion du point d'eau ?
Oui
Non
Si oui comment ?
....................................................................
..........................................................................................
...............................................................................................................................................................
4- Proposer des plans et solutions de gestion
efficaces des points d'eau communautaire
4-1 Que proposez-vous pour une gestion plus efficiente des
points d'eau ?
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Nous vous remercions bien sincèrement pour votre
disponibilité et l'effort requis par vos réponses
Entretien tenu avec HOUNOUGBE Hessou, trésorier du
bureau du comité de gestion du point d'eau de Dandjihouhoué le
04--08-2008 à 18heures 00 minute.
SEHO Xavier (SX) : bonsoir monsieur
HOUNOUGBE et merci encore d'avoir accepté de contribuer à la
réalisation de cette étude.
HOUNOUGBE Hessou (HH) : bonsoir.
SX : Vous êtes membre du CGPE,
Pouvez- vous nous dire quel est le poste que vous occupez au sein de cette
structure ?
HH : je suis le trésorier du
comité.
SX : Pouvez- vous nous dire le mode par
lequel vous êtes arrivé à occuper ce poste ? Est-ce
par élection ou cooptation ou désignation ?
HH : C'est à l'issu d'une
élection que je suis sorti vainqueur pour ce poste.
SX : Quelle est la durée de
votre mandat ?
HH : je ne maîtrise pas bien cela,
mais je sais qu'on ne dépasse pas cinq (5) ans.
SX : Quelles y sont vos attributions
?
HH : je dois sarcler les alentours du
point d'eau ; nous faisons les rencontres en notre sein ; je garde
les recettes issues de la vente de l'eau et la caisse ; après la
vente la recette est inscrite dans un cahier en présence du
président, du trésorier du secrétaire et du
trésorier adjoint.
SX : pouvez- vous nous dire à qui
appartient le point d'eau que vous gérez ? Est-ce une
propriété de l'Etat, de la commune, du village etc ?
HH : c'est une propriété
de l'Etat.
SX : Toutes les populations de ce
village peuvent-elles se ravitailler à partir de ce point d'eau que
vous gérez ? Pouvez-vous nous donner les raisons qui militent en faveur
de cet état de fait ? Y- a-t-il une catégorie de la
population qui ne peut pas venir y puiser de l'eau ? Si oui
pourquoi ?
HH : tout le monde a accès au
point d'eau car c'est une propriété de
l'Etat.
SX : Quelles sont les conditions qui
permettent de se ravitailler à partir de ce point d'eau ? Faut-il
payer ? Si oui combien ?
HH : la seule condition est de payer 10
F et d'avoir une bassine propre.
SX : Pouvez-vous nous dire à quoi
sont destinées les recettes du point d'eau ?
HH : les recettes sont destinées
à la maintenance et à la réparation des
matériels.
SX : Si cela ne vous gêne pas,
pouvez-vous dire comment sont-elles gérées ?
HH : pour ce qui concerne la gestion,
nous envoyons l'argent à une agence de micro finance (ASF) dans un
compte pour reprendre en cas de panne.
SX : Quel est le mode de gestion de ce
point d'eau ?
HH : c'est le mode de gestion
communautaire ; ce n'est pas encore en affermage mais j'espère que
cela le soit d'ici peu de temps.
SX : Y- a t-il une participation de la
population dans la gestion de ce point d'eau ?
Si oui comment participe -t-elle ?
HH : les populations ne nous aident pas
dans la gestion du point d'eau ; certaines femmes nous aident à
entretenir et à rendre salubre les alentours du point d'eau.
SX : Comment fonctionne ce point
d'eau ?
HH : en saison pluvieuse nous fermons
parfois le puits car les populations utilisent l'eau de pluie ; nous
ouvrons à 8 heures mais à n'importe quelle heure vous pouvez voir
le chargé de la clé du puits pour acheter de l'eau.
SX : Si le point d'eau est
endommagé comment se fait sa maintenance ?
HH : Pour la réparation de la
corde, la poulie, du treuil et du seau, nous versons 5.000 dans un compte
à ASF et nous avons souvent 5.000 dans la caisse pour y faire
face ; les réparations se font avec les recettes issues de la vente
de l'eau.
SX : Quelles sont les difficultés
que vous rencontrez dans l'exercice de votre fonction de gestionnaire de ce
point d'eau ?
HH : parfois l'argent n'est pas vite
envoyé à la caisse et cela crée une mésentente
entre nous et les personnes qui vendent l'eau
SX : Y- a t-il des avantages et des
inconvénients liés à la gestion de ce point d'eau ?
Pouvez-vous les retracer ou les citer ?
HH : il n'y a pas davantage particulier
à être membre du comité ; seule la satisfaction morale
que j'ai du fait que les populations ont l'eau.
SX : La gestion de ce point d'eau pose-
t-il problème ?
HH : il y a des problèmes ;
les problèmes sont liés au remboursement des personnes qui
avaient contribué financièrement à la réalisation
du point d'eau ; ils réclament leur argent.
SX : Avez-vous l'impression que le
fonctionnement de ce comité pose problème ?
HH : le bureau fonctionne bien et nous
nous réunissons régulièrement car nous devons tout faire
pour rembourser ceux qui avaient cotisé.
SX : Que proposeriez- vous pour une
gestion plus efficiente du point d'eau ?
HH : l'Etat même devra
récupérer sa chose pour une durée donnée, et
après on verra.
SX : Je vous remercie pour votre
contribution
Tables des matières
Dédicaces
..................................................................................................i
Remerciements...................................................................................ii
Sigles et
abréviations...........................................................................iv
Sommaire..........................................................................................v
Introduction
........................................................................................1
Objectifs.............................................................................................3
Première partie :
Contextualisation de la
recherche................................................4
1.1- Présentation de la commune d'Allada et de la
localité de Dandjihouhoué...........5
1.2- Contexte sociopolitique.................................
...................................12
1.3- Contexte des actions de
développement...................................................12
1.4- Contexte générale des ouvrages
hydrauliques............................................12
Deuxième partie:cadre
théorique, conceptuel et problématisation de la
recherche..........14
2.1- Cadre
théorique...............................................................................15
2.2-
Problématique.................................................................................16
2.3- Hypothèse
....................................................................................18
2.4- Revue de la
littérature.......................................................................19
2.5- Clarification conceptuelle
...................................................................21
2.5.1-
Gestion.......................................................................................21
2.5.2- Hydraulique villageoise
............................................................ ....22
2.5.3- Bien d'intérêt
collectif....................................................................23
2.5.4- Les caractéristiques d'un BIC
...........................................................24
2.5.5- Les modes de gestion des ouvrages
hydrauliques.....................................25
Troisième partie :
Démarche
méthodologique......................................................31
3.1- Population
d'enquête.....................................................................32
3.1.1- Les membres du
CGPE................................................................33
3.1.2- Usagers du point
d'eau...............................................................33
3.1.3- Les intermédiaires
sociaux............................................................33
3.2- Choix des méthodes
d'enquêtes..........................................................33
3.2.1- L'entretien
dirigé.......................................................................33
3.2.2- le questionnaire
écrit...................................................................33
3.3- Déroulement de
l'enquête................................................................34
3.4- Choix de la localité des
enquête........................................................34
3.5- Techniques d'analyse des
données.....................................................35
3.6- difficultés
rencontrées...................................................................35
Quatrième partie :
Présentation, analyse des résultats et suggestions
................ ......36
4.1- Présentation des
résultats...............................................................37
4.2- Analyse des résultats
....................................................................44
4.2.1- Le comité de
gestion................................................................ 44
4.2.1.1- Le choix des
membres..............................................................44
4.2.1.2- Les fonctions
réelles................................................................45
4.2.2- Le payement de
l'eau..................................................................45
4.2.2.1- La vente à la
bassine................................................................46
4.2.2.2- Les
exonérations.....................................................................46
4.2.3- La gestion des
fonds..................................................................47
4.2.3.1-
L'opacité..............................................................................47
4.2.3.2- L'utilisation des fonds
recueillies.................................................48
4.2.4- Bien d'intérêt
collectif................................................................50
4.3- Suggestions
...............................................................................52
4.3.1- Aux acteurs gestionnaires
c'est-à-dire aux membres des CGPE................52
4.3.2- Aux acteurs externes intervenants dans la
localité ................................52
Conclusion
générale......................................................................54
Références
bibliographiques............................................................55
Annexes....................................................................................57
Table des matières
* 1Dr Grégoire Koulbanis,
sénior consultant, sénior géographe, expert en gestion de
l'eau, dossier eau de la revue l'Afrique Municipale, n°25
d'oct-nov-déc 2003.
* 2 Le bulletin de l'APAD, paru
dans : nomero23-24, la gouvernance au quotidien en Afrique
* 3 PDC d'Allada 2005-2009
* 4 Notion abordée par
Jean-Pierre Olivier de Sardan et Elhadji Dagobi dans le magazine politique
africaine, n°80-décembre 2000
* 5 Benjamin Franklin,
cité dans le rapport mondial sur le développement humain 2006, p
152.
* 6 Caractéristiques
énumérées par Raogo Antoine SAWADOGO dans l'Etat
africain face à la décentralisation, pp 22-24, septembre 2002.
* 7 Dossier pédagogique
de formation groupée des membres des SGPE (cas des ouvrages
simples : FPM et PM) ; réalisé par le Programme d'Appui
au Développement du Secteur Eau et Assainissement Phase II (PADSEA-II),
décembre 2006
* 8 Paul Rasse, La cité
aromatique. Pour le travail des matières odorantes, Edition Serre,
1987,p.10.
* 9Anselme SANON pour une
pédagogie de l'Autopromotion, GRAAP, BOBO-DIOULASSO-BURKINA-FASO 1985,
p.10.
* 10 R. Quivy et L. Van
Campenhoudt, op.Cit, p181.
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