1.6.2- Discipline
Le concept de discipline est vaste et étendu. Ecartons
tout d'abord les sens qui le rapprochent à une matière
d'enseignement ou une branche de l'enseignement qui ne nous intéressent
pas du tout dans cette étude.
Lato sensu, la discipline est un ensemble de règles de
conduites, lesquelles sont imposées à une collectivité ou
que l'on s'impose à soi-même. Elle est selon le dictionnaire
Larousse (2009 :325), la « soumission à
des règles ou à un règlement ».
Le mot discipline vient du verbe
« discipliner » qui signifie assujettir, soumettre, donner
le sens de l'ordre.
Pour Lopez-Pino (1964), cité par Bernard Douet
(1984 : 17), la discipline vient de
l'hébreu « musâr », qui signifie à
la fois éducation et châtiment. Selon le même auteur, la
discipline vient du grec « paideia », qui veut dire
à la fois éduquer et punir.
A concrètement parler donc, la discipline implique la
règle, l'ordre, l'obéissance, la régularité, la
ponctualité.
Lorsqu'elle s'exerce au sein de l'institution scolaire, on
parle de la discipline scolaire.
Dans le milieu scolaire, en effet, il existe un ensemble de
rituels, de règles de conduite, de normes qui règlent et
codifient les activités et la vie scolaire : c'est cet ensemble que
l'on nomme la discipline scolaire. C'est donc un « ensemble
de règles établies en vue du déroulement ordonné
des activités de la classe ou de l'école. »
(Dictionnaire encyclopédique de pédagogie
moderne, 1973 : 97). Le règlement intérieur en est
un partitif. Il est comparable à la constitution, à la loi
fondamentale de l'école. Le règlement intérieur est
à l'institution scolaire ce qu'est la constitution à la
société générale. Il est au service de la
discipline d'où toute initiative singulière ou collective visant
à enfreindre ses principes est réprimée
sévèrement. La discipline est concrètement synonyme du
respect du maître, du silence dans la classe, de l'attention.
Puisque ces règles sont la
« morale » de la société scolaire, elles ont
besoin d'être préservées. La discipline scolaire est donc
chargée de sanctionner le comportement des élèves, en
incarnant en eux le sens du respect, de l'obéissance et de l'ordre.
Selon Neill (1970), il y a deux sortes de discipline : la
discipline qui subordonne l'individu à la cause et celle qui
intéresse tous les individus et se subordonne à leur cause. La
première est fondée sur la peur. C'est par exemple la discipline
de l'armée. La seconde est fondée sur la coopération.
C'est par exemple la discipline de l'orchestre. Mais Neill constate que la
première forme de discipline est celle qui est couramment
pratiquée.
Pour leur part, Sheldon et Egéanor (1950), cités
par M. Cusson (1977) classifient la discipline comme suit :
- La discipline relâchée : les parents sont
négligents, indifférents à tout ce que l'enfant fait.
- La discipline excessivement stricte : les parents sont
durs et exigent l'obéissance par la peur.
- La discipline erratique : les parents ne sont pas
constants dans la surveillance des enfants.
- La discipline ferme mais affective qui repose sur la
raison.
La classification de Célestin Freinet n'est pas moins
édifiante. Pour Freinet, cité par Douet (1984 : 36-37), on
distingue trois types de discipline :
- La discipline excessive où le maître est
présenté comme un personnage redoutable donc punissant de
façon exemplaire, excessive
- La discipline ferme où l'enseignant est
présenté comme un personnage juste, généreux et
aimé
- Et l'auto-discipline où l'enseignant est
présenté comme un personnage qui est chargé de promouvoir
la reconnaissance des droits et des devoirs de chacun en vue de bâtir une
société juste. Et c'est le modèle que l'auteur
défend.
Résumons-nous avec Emile Durkheim (1903 : 105) en
disant que :
« À l'école, en effet, il existe tout
un système de règles qui prédéterminent la conduite
de l'enfant. Il doit venir en classe avec régularité, il doit s'y
présenter à heure fixe, dans une tenue et une attitude
convenable ; en classe, il ne doit pas troubler l'ordre ; il doit
avoir appris ses leçons, fait ses devoirs, et les avoir fait avec une
suffisante application, etc. Il y a [...] une multitude d'obligations
auxquelles l'enfant est tenu de se soumettre. Leur ensemble constitue la
discipline scolaire. C'est par la pratique de la discipline scolaire qu'il est
possible d'inculquer à l'enfant l'esprit de discipline. »
Par ailleurs, nous employons le terme "système
discipline-punition" pour signaler qu'entre les deux termes, il n'y a pas de
cloison. Pour Bernard Douet (1984), la discipline couvre le champ des
punitions. Puisque la punition sert à maintenir la discipline. C'est au
nom de la discipline qu'on punit.
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