Section 2 : Difficultés au niveau des
contribuables
1. Incivisme et fraude fiscale :
La tradition assimile l'impôt à un prix de la
domination d'une tribu ou d'un clan sur un autre. Ce prix est de faiblesse et
de soumission. Cette idée, bien que désuète se rencontre
dans certaines tranches de la population notamment celles analphabètes,
principales composantes du secteur informel. L'impôt de part sa
définition et ses fonctions devrait être acquitté par tout
citoyen comme étant une obligation civique. Mais l'on remarque que
l'impôt est plutôt perçu comme une charge inutile,
gênante. C'est ce qui explique que les contribuables s'adonnent
couramment à des pratiques telles que les pots de vin dans le but de se
soustraire de la fiscalité.
Ces pratiques engendrent non seulement une perte fiscale, mais
aussi encouragent certains opérateurs à demeurer dans l'informel.
D'autres, par contre, s'y réfugient parce qu'ils jugent le taux de
l'impôt trop élevé.
Cette situation recèle de graves inconvénients
notamment les risques d'une explosion sociale.
Aujourd'hui, le secteur informel (bastion de fraude fiscale)
est devenu un pôle d'attraction. Rudement malmené par la
concurrence déloyale et intenable que lui porte le secteur informel, le
secteur formel bascule lentement mais sûrement à son tour dans
l'informalité.
2. Pauvreté économique et
analphabétisme :
a) Pauvreté
économique :
Le Mali fait partie des pays dont les économies sont
les plus faibles au monde. L'économie malienne est essentiellement
agropastorale. La découverte de quelques gisements d'or à travers
le pays a suscité de l'espoir. Le tissu industriel est fragile,
vétuste, à la merci d'une concurrence féroce et
déloyale.
Sur le plan agricole, plusieurs années de
sécheresse ont contribué à la destruction du couvert
végétal, à l'assèchement des cours d'eau et
à l'instauration d'une terrible famine dans le pays. La
conséquence est l'exode rural et le développement vertigineux et
désordonné des villes occasionnant ainsi l'essor de l'informel.
La baisse des cours mondiaux de nos matières
premières à l'exportation notamment le coton, prive l'Etat
d'énormes ressources budgétaires.
Les cours de l'or évoluent en dent de scie mais son
impact sur l'économie malienne est un secret pour la majorité des
maliens qui se posent des questions.
La gestion désastreuse, pour ne pas dire criminelle des
industries existantes, a fini par détruire l'économie du
pays.
De nos jours, la croissance économique, compte tenu des
besoins est faible. Elle est capable d'occuper une partie significative de la
population active, chômage, délinquance et activités
informelles en sont les conséquences directes.
Si rien n'est fait pour enrayer l'exode rural par une
véritable politique d'aménagement du territoire et imaginer un
système d'imposition qui tend vers la simplicité (dans
l'établissement et le recouvrement de l'impôt) et une charge
fiscale acceptable, l'informalité donnera le coup de grâce
à l'économie malienne.
b) Analphabétisme :
Dans un monde en pleine mutation, dominé par
l'utilisation des moyens techniques et technologiques sophistiqués,
l'Afrique d'une manière générale, le Mali en particulier,
malgré d'énormes efforts durant ces dernières
années, restent à la traîne. Le niveau de scolarisation des
enfants en âge d'aller à l'école est très faible. Il
l'est davantage chez les jeunes filles.
Cette situation, si on n'y remédie pas très
rapidement avec l'aide de bonnes volontés constituera sans doute un
frein sérieux au développement du pays.
Sur le plan fiscal, ceux pour qui les textes ont
été élaborés, n'y comprennent rien du tout parce
qu'ils ne savent ni lire ni écrire.
Ce phénomène engendre l'incivisme qui trouve sa
racine dans la culture, l'ignorance et l'inadaptation des
réglementations.
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