UNIVERSITE DU BURUNDI
FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET SCIENCES DE
L'EDUCATION
LICENCE EN SCIENCES DE L'EDUCATION
EXAMEN DE L'ATTITUDE D'ETUDIANTS UNIVERSITAIRES
BURUNDAIS A L'EGARD DE LA PROMOTION FEMININE
ANNEE ACADEMIQUE 1977-1978
MWENYEBATU Mbawa
Avant - propos
Nous prions tous ceux qui ont participé à notre
formation de trouver ici l'expression de notre vive reconnaissance.
Nous devons beaucoup à Monsieur Michel MAQUET qui nous a
dirigé dans la conception et la réalisation de ce modeste
travail. Nous voudrions lui exprimer nos remerciements pour les conseils et les
avis qu'il nous a donnés ainsi que pour le temps qu'il nous a
consacré.
Nous avons une dette de reconnaissance envers Monsieur MATAYABO
L. Shindale dont l'apport technique bénévole a été
déterminant dans la réalisation de notre mémoire.
Nous remercions tous les étudiants de l'Université
du Burundi pour avoir été très coopératifs au cours
de nos enquêtes.
Enfin, que tous ceux, anonymes, nous ont aidé d'une
façon ou d'une autre à la réussite de notre travail,
acceptent nos remerciements.
TABLE DES MATIERES
Introduction
Chapitre I : Généralités sur les
attitudes........................ ..................................................7
1. La notion
d'attitude.........................................................................................7
2. Attitudes, opinions et préjugés
..........................................................................12
3. La formation des attitudes : rôle de l'éducation
......................................................14
Chapitre II : L'échelle
d'attitude.............................................................................15
1. Les différentes méthodes proposées
...................................................................16
2. Le choix de la méthode
..................................................................................18
3. Description de la méthode utilisée
.....................................................................18
4. Construction de l'échelle d'attitude
....................................................................19
a) Comment choisir les items
.........................................................................20
b) Le libellé des items
..................................................................................20
c) Essai préliminaire des items
.......................................................................21
d) Application de l'échelle remaniée
.................................................................21
e) La cotation des épreuves
............................................................................21
f) L'analyse des items
.................................................................................22
g) L'interprétation des résultats de
l'échelle définitive
............................................25
Chapitre III : le travail
expérimental..............................................................26
1. Le choix des items
.............................................................................26
2. Le libellé
.........................................................................................26
3. Essai préliminaire des items
....................................................................29
4. L'application de l'échelle remaniée
..........................................................30
5. La cotation des épreuves
..................................................................... 35
6. L'analyse des items
.............................................................................35
7. L'interprétation des résultats de
l'échelle ...................................................41
Chapitre IV : Fidélité et
validité de l'échelle d'attitude définitive
.................... 47
1. Fidélité de l'échelle
........................................................................47
a) Les méthodes proposées
.............................................................47
b) Calcul par la méthode « Split-half
method » .....................................47
2. Validité de l'échelle
......................................................................48
Chapitre V : Conclusions générales
.........................................................49
BIBLIOGRAPHIE
.............................................................................50
ANNEXE
1.......................................................................................51
ANNEXE 2
......................................................................................54
INTRODUCTION
Un peu partout dans le monde et à des époques
différentes, la femme a toujours été
considérée comme un être légèrement
inférieur à l'homme.
Aussi, souvent, ne lui était-il pas accordé les
mêmes droits qu'à l'homme.
Depuis quelque temps, celle-ci commence à exiger
(parfois avec force manifestation) cette égalité. Les
préjugés défavorables, les stéréotypes
commencent à se lézarder et les « vieilles
vérités » concernant la capacité de
réflexion de la femme, son intelligence etc.... sont battues en
brèche.
Au Burundi, la sagesse populaire véhiculait un tas de
proverbes minimisant la femme: » Nta rindi
ry'umukecuru »1(*)
par exemple et tant d'autres de même valeur. La place de l'homme se
trouvait ainsi rehaussée et il se créait chez lui un certain
sentiment de supériorité qui l'auréolait.
Le rôle de la femme se limitait par conséquent
à la procréation, à l'éducation des enfants en bas
âge et aux autres travaux ménagers. Son rôle politique
était fort ténu, même si, exceptionnellement, certaines
(rares) Burundaises sont parvenues à se propulser à
l'avant-scène politique du pays.
Enumérer tout ce qu'une femme ne devait pas faire
serait sans doute intéressant mais nous éloignerait de notre
propos.
Actuellement, « à tous les niveaux, depuis
l'Etat jusqu'à la famille, elles (les femmes) ont montré qu'elles
étaient aussi capables que les hommes d'assurer le bon fonctionnement de
la machine sociale et que leur prétendues infériorité
était affaire d'éducation »2(*).
Démonstration était ainsi faite que tous les
interdits et préjugés qui les frappaient n'avaient pas de
fondements sérieux.
Les partis politiques, pour aider la femme à atteindre
sa plénitude, créent des sections féminines. Les
barrières législatives, politiques, juridiques se
pulvérisent de plus en plus, ouvrant ainsi la voie à la
participation de la femme au progrès national, à
côté de l'homme et à égalité avec lui.
Mais cette nouvelle de la femme que l'Etat veut créer
ne s'imposera pas sans problèmes. On ne change pas de mentalités
à coup d'ordonnances et de lois.
Le changement de mentalité est un processus lent qui
dure longtemps, parfois toute une génération ou plus.
C'est dans ce cadre que nous avons décidé de
mesurer l'attitude des étudiants burundais à l'égard de la
promotion de la femme. Nous avons voulu savoir si la nouvelle
génération est disposée à faire jouer à la
femme un rôle beaucoup plus important dans pratiquement tous les
domaines.
Nous sommes conscient que l'image traditionnelle de la femme
s'est estompée en lui (l'étudiant) au contact de l'instruction et
d'une autre culture. La nouvelle génération a, à la place,
l'image de la femme moderne, urbaine, instruite, jouissant officiellement des
mêmes droits que l'homme, posant ainsi un problème d'attitude.
L'actuelle génération voit la femme sous un
autre canevas de valeurs. Aussi notre échelle ne peut-elle être
appliquée aux masses rurales, de par la langue dans laquelle elle est
composée et l'image de la femme qu'elle reflète. Il serait
d'ailleurs passionnant d'en construire une applicable aux masses rurales.
Notre enquête a porté sur des étudiants
burundais seulement parce que nous croyons qu'il nous était ainsi
possible de trouver un échantillon représentatif et
homogène.
Aussi notre échelle n'est applicable qu'aux seuls
étudiants burundais de l'Université du Burundi. Nous rappelons
que notre propos n'est pas de proposer des voies et moyens pour que la
promotion de la femme soit effective, ni de tracer historiquement le rôle
et la place de femme burundaise.
Notre ambition est plus modeste : mesurer l'attitude des
étudiants burundais universitaires à l'égard de la
promotion féminine.
Pour ce faire, nous avons été amené
à construire une échelle d'attitude et notre travaille s'articule
comme suit :
Le chapitre I est constitué de
généralités sur les attitudes, les opinions et les
préjugés..., étayées, chaque fois que la
nécessité s'en fait sentir, par des exemples et explications. Au
chapitre II sont exposées les quatre méthodes de construction
d'échelles d'attitude les plus répandues. Le travail
expérimental fait l'objet du chapitre III. Nous traitons du
problème de la fidélité et de la validité au
chapitre IV avant de tirer nos conclusions générales dans le
Vè et dernier chapitre.
CHAPITRE I
GERERALITES SUR LES ATTITUDES
1. La notion d'attitude
Désignant au début la position corporelle des
modèles des peintres italiens3(*) de la Renaissance, ce terme est ensuite passé
au vocabulaire scientifique pour être défini différemment
selon les spécialités des auteurs.
Pour essayer d'unifier les différents contenus de ce
terme, un Symposium de l'association de psychologie de langue française
s'est réuni en 1959 à Bordeaux4(*).
Les définitions suivantes ont été
avancées5(*) :
M. FRAISSE caractérise l'attitude « par la
plus ou moins grande disponibilité des schèmes
perceptifs » ; M. CLERON par une « méthode
d'attaque des problèmes » ; M. MELLI par « la
disposition à réagir » ; M. DUIJKER par un
« état fonctionnel de préparation avec lequel on aborde
une situation ».
Toutes ces caractéristiques, au-delà des mots,
renferment une même idée : faire face à quelque chose
d'extérieur à l'individu. Nous retrouvons la même
idée chez THOMAS et ZNANIECKI pour qui l'attitude est « un
état d'esprit de l'individu à l'égard d'une valeur6(*) ».
ALLPORT définit l'attitude comme « une
disposition mentale et neurologique, tirant son organisation de
l'expérience et exerçant une influence directrice ou dynamique
sur les réactions de l'individu envers tous les objets et toutes les
situations qui s'y rapportent 7(*)».
Pour G. MURPHY8(*) l'attitude est « une préparation
à agir d'une façon plutôt que l'autre ».
KRECH et GRUTCHFIELD considèrent l'attitude comme
« une organisation durable des processus de motivation,
d'émotion, de perception et de connaissance, par rapport à un
aspect de l'Univers individuel9(*) »
LAFON : « L'attitude est une disposition
déterminée par l'expérience qui exerce une influence
directrice sur la conduite 10(*)». D'autres, dont YOUNG, la considèrent
comme « une réaction acquise plus ou moins émotionnelle
envers un stimulus quelconque11(*) »
« L'attitude », dit J.STOETZEL12(*), « désigne la
manière dont une personne se situe par rapport à des objets de
valeurs ».
Cette définition nous parait la plus
compréhensible de toutes.
De par sa définition même, l'attitude
contient13(*) :
Une mobilisation physique et psychologique ;
Une signification, car cette mobilisation a un sens pour le
sujet mobilisé ;
Une intentionnalité orientée vers le monde
extérieur.
A côté de ces définitions scientifiques,
notons avec MAISONNEUVE14(*) que le terme « attitude » devient
de plus en plus populaire et est souvent employé dans des contextes
divers : tantôt il est pris sous son aspect strictement individuel
pour exprimer la singularité d'une réaction (l'attitude de Paul
au cours d'un incident) ; tantôt il exprime un courant collectif
plus ou moins large (les attitudes du public devant un film).
Nous avons donné toutes ces définitions pour
montrer qu'il n'existe pas de définition unique et universelle
de l'attitude. Néanmoins, elles ont un air de famille. Le tableau ci
après fait ressortir cet aspect :
Tableau- résumé de quelques
définitions du mot « attitude »
|
Auteurs
|
Ce qu'est l'attitude
|
Objet (But)
|
1
|
ALLPORT
|
Disposition mentale et neurologique
|
Influence les rapports
|
2
|
CAMPBELL
|
Syndrome durable de réponses
|
L'objet social
|
3
|
DUIJKER
|
Etat fonctionnel de préparation
|
Rapport avec le monde extérieur
|
4
|
FRAISSE
|
Plus ou moins grande disponibilité des schèmes
perceptifs
|
Rapport avec le monde extérieur
|
5
|
KRECH & CRUTCHFIELS
|
Organisation durable des processus de motivation,
d'émotions, de perception
|
Rapport avec le monde extérieur
|
6
|
LAFON
|
disposition
|
Influence la conduite
|
7
|
MEILLI
|
Disposition à réagir
|
Rapport avec le monde extérieur
|
8
|
MURPHY
|
préparation
|
Action (sur le monde extérieur)
|
9
|
OLERON
|
Méthode d'attaque des problèmes
|
Rapport avec le monde extérieur
|
10
|
STOETZEL
|
Manière de se situer
|
Rapport avec des objets de valeurs
|
11
|
ZNANIECKI & THOMAS
|
Etat d'esprit
|
Monde extérieur
|
12
|
YOUNG
|
Réaction acquise
|
Rapport avec l'extérieur
|
Les attitudes sont aussi en rapport avec la motivation ;
leur développement est lié celui de la personnalité. Elles
sont enracinées dans la personnalité et ne représentent
qu'un seul aspect de ses manifestations15(*).
Les attitudes sont des faits observables. Elles se
« sentent » et n'importe qui peut les constater. Elles
mettent en jeu tout l'être humain en relation avec l'objet. Les facteurs
affectifs y jouent un rôle prépondérant16(*).
L'attitude, intégrée à la
personnalité, est faite d'éléments conscients et
inconscients. Elle peut être spontanée (c'est-à-dire
vécue avant d'être inconscients) ou composée (on dit alors
qu'on se fait une attitude).
LAFON distingue :
Les attitudes individuelles (d'une personne envers un ou
plusieurs objets) ;
Les attitudes sociales (d'une personne à l'égard
des réalités sociales et culturelles) ;
Les attitudes collectives (positions arrêtées par
les membres d'un groupe face à un problème collectif). Ce
même terme désigne l'attitude d'un groupe vis-à-vis d'un
autre.
Les attitudes influencent notre perception, nos
activités intellectuelles et nos réactions affectives. Une
réaction déterminée par une attitude échappe
souvent à la contrainte de la situation, car le propre de l'attitude,
selon H.C.J. DUIJKER, est de généraliser.
ALLPORT17(*) distingue l'attitude des réflexes instinctifs
(qui sont des dispositions spécifiquement nerveuses), de l'habitude
(plus automatique), de l'opinion (expression verbale d'une attitude).
L'attitude se différencie de l'habitude par le fait
« qu'elle (l'attitude) se manifeste extérieurement de
plusieurs façons différentes18(*). La différence entre attitude et trait de
caractère est que le premier terme implique une relation sujet-objet
alors que le deuxième terme exprime uniquement une personne19(*).
L'attitude est spécifique d'un objet, est durable et
par là se distingue des motivations.
Pour plus de clarté, nous reprenons dans le tableau
ci-dessous les différentes notions :
Attitude
|
Se manifeste extérieurement de plusieurs
façons ; spécifique à un objet, durable
|
Reflexes instinctifs
|
Dispositions nerveuses
|
Habitudes
|
Automatiques, apprises, se manifestent extérieurement
de la même façon
|
Opinion
|
Expression verbale d'une attitude
|
Trait de caractère
|
Mode de réaction sans spécification des
situations
|
Après avoir défini l'attitude, après
l'avoir différenciée des termes tels que habitudes, opinions et
autres, il nous faut maintenant parler de ses attributs.
Nous reconnaissons avec DEBATY qu'il est difficile de les
dénombrer tous : néanmoins, les rubriques suivantes les
résument assez20(*) :
La direction :
L'attirance ou la répulsion, la sympathie ou
l'antipathie pour telle personne, tel objet ou telle idée.
Ex : Nous pouvons être pour ou contre tel candidat
à tel poste ; nous pouvons être favorable ou
défavorable à la promotion féminine. L'attitude a donc un
signe. Elle peut être positive ou négative.
L'intensité
La sympathie ou l'antipathie peut être plus ou moins
marquée. Elle a plusieurs degrés. Empruntons à
DEBATY21(*) l'exemple
suivant pour le prouver :
« Une attitude positive vis-à-vis de l'Eglise
peut s'illustrer à différents degrés par le fait de
tolérer son existence, en faire partie par tradition, se convertir
à ses doctrines, faire partie d'un mouvement d'action catholique,
devenir prêtre ».
Dans cet exemple, toutes les attitudes sont positives mais
l'intensité croissante. La « moins intense » est
« tolérer son existence » et « la plus
intense » est « devenir prêtre ».
Ces différents degrés peuvent s'exprimer sur une
échelle ordinale :
+ 1. Tolérer son existence22(*)
+ 2. En faire partie par tradition
+ 3. Se convertir
+ 4. Faire partie d'un mouvement d'action catholique
+5. Devenir prêtre
__________+1___________+2__________+3_____________+4_________+5
L'intensité va croissante de l'attitude «
chiffrée + 1 à celle chiffrée +5.
L'intensité d'une attitude est en rapport avec le
degré d'implication du sujet, avec ce que CASTELLAN appelle la
« centralité de l'attitude23(*) ». MEILI24(*) dit qu'à la naissance, il n'y aurait que deux
attitudes : positive et négative. Avec l'âge, elles se
différencieraient en plusieurs degrés.
Les dimensions
L'attitude peut être unidimensionnelle ou
multidimensionnelle : on dira qu'elle est unidimensionnelle lorsque son
objet est bien connu (p.ex. : tel parti, telle église) ;
multidimensionnelle quand son objet est complexe, accompagné d'autres
objets, parasites ou complémentaires.
DEBATY nous donne l'exemple ci-après25(*) :
« Mon attitude vis-à-vis de la race noire
peut -être fonction de mes attitudes vis-à-vis de Dieu, de
l'Eglise, de l'égalité des hommes, du colonialisme, mais aussi
vis-à-vis d'un parti politique, de ma servante noire, de Louis
Armstrong, de Lumumba... »
Dans cet exemple, l'attitude est le point de convergence, le
fruit d'autres attitudes vis-à-vis d'autres objets.
KLINEBERG26(*) complète ses attributs par :
Le degré :
Pensons-nous que le candidat A vaut un peu mieux que son
adversaire ou beaucoup mieux ? Sommes-nous en faveur de
l'égalité pour les femmes en toutes circonstances ou
désirons-nous que cette égalité ne leur soit
accordée que dans certains domaines seulement ?
Ne confondons pas intensité et degré, qui sont
choses différentes, malgré des liens très étroits
les unissant. L'exemple ci-dessous, proposé par KLINEBERG27(*), nous en convaincra :
Beaucoup de Sudistes, aux Etats-Unis, se sont consacrés
avec énergie à obtenir pour les Noirs le droit à
l'éducation, bien que n'étant pas disposés à leur
accorder l'égalité que dans un domaine restreint.
Leur attitude est intense, bien qu'elle soit loin d'atteindre
un degré extrême.
La cohérence :
Si nous sommes pour la liberté de parole à
accorder à certains groupes, étendrions-nous le même
privilège à d'autres groupes ?
La saillie :
Dans quelle mesure sommes-nous disposés à
exprimer une attitude donnée ? Sommes-nous disposés à
l'exprimer oralement seulement ? Par des écrits dans des
journaux ? Par des manifestations violentes ou non ? Sommes-nous
disposés à risquer notre vie pour notre opinion ?
Sommes-nous disposés à promouvoir une campagne de mobilisation
pour notre opinion ? Etc.... etc....
Nous concluons avec MUCCHIELLI28(*) : le terme « attitude »
signifiera donc pour nous soit « une prise de
position » sur un problème donné ou sur une
question débattue, donc une « matrice » de
nombreuses opinions personnelles, soit une manière chronique de
réagir, une prédisposition à certain type de
réactions, ce qui intervient dans la manière même de
percevoir et de définir les objets d'opinions.
2. Attitude, opinions et préjugés
Selon THURSTONE29(*), « l'opinion symbolise une
attitude ». Elle est donc l'expression verbale d'une attitude. Elle
correspond à « une certaine attitude se manifestant par
l'adhésion à des propositions ou à des formules
déterminées », selon STOETZEL30(*) qui ajoute que
« l'opinion est une formule nuancée qui, sur ne question
déterminée reçoit l'adhésion sans réserve
d'un sujet. C'est la position, sur une échelle objective, de la
proposition à laquelle un sujet accorde son adhésion
totale31(*) ».
« C'est l'expression verbale particulière
qui, dans sa forme stable, constitue un des modes d'expression de l'attitude ou
d'habitudes de pensées communes à une société
donnée32(*) »
Les opinions et les attitudes nous aident à classer les
objets de notre milieu : partant, nous prédisposent à agir
et à affronter ces objets. Elles favorisent, permettent l'adaptation de
l'individu à son groupe33(*). Elles ont une fonction
d'extériorisation : l'individu aperçoit une analogie entre
un évènement du milieu extérieur et un problème
intérieur non résolu. Le sujet extériorise par ses
opinions, ses attitudes. Il arrive qu'on se forme une opinion pour prouver
à d'autres ou à soi-même son indépendance, pour
manifester son hostilité en affichant des opinions peu orthodoxes ou
pour satisfaire un besoin d'identification à un groupe.
Le préjugé désigne, en psychologie
sociale, les attitudes et les croyances qui considèrent leurs
objets sous un jour favorables ou défavorables. Il est
donc positif ou négatif. Son objet peut être la science, un groupe
ethnique, une organisation religieuse...
LAFON34(*) définit les préjugés comme
« des opinions admises sans contrôle, entrainant une attitude
défavorable envers une catégorie d'individus. C'est un
phénomène social qui oppose, le plus souvent, les groupes entre
eux ».
Pour KLINEBERG35(*) « le préjugé est un
jugement à priori, un sentiment ou une réaction envers des
personnes ou des choses : jugement, sentiment ou réaction
antérieure à toute expérience et non fondés sur
elle ».
PIERON36(*), définit le préjugé comme
suit : « une attitude favorable ou défavorable à
l'égard d'un objet quelconque « p.ex. Une personne)
formée en l'absence d'une information suffisante (croyance)
spécifique (stéréotype ou généralisation
abusive) et résistant à l'information ».
Il ressort de toutes ces définitions que le
préjugé s'installe avant toute expérience directe, avant
tout contact avec son objet.
GIDDINGS37(*) prétend qu'il est renforcé par la
« la Conscience d'espèce », le sentiment de
solidarité envers ceux qui nous ressemblent, accompagné de
l'aversion du dissemblable.
EMBREE (1931) et REUTER (1918) rapprochent cette aversion du
dissemblable à une sorte de narcissisme38(*).
L'origine des préjugés39(*)
La thèse de leur innéité (GIDDINGS et
RUYCE) n'est plus soutenable au stade actuel de nos connaissances.
Leurs causes seraient :
L'avantage personnel ; le profit
maté »riel qu'on en retire, la domination politique ;
L'ignorance des autres groupes humains ;
Le sentiment de supériorité
L'ignorance des méfaits des
préjugés ; par ex. aggravation des problèmes sociaux,
méfaits d'ordre psychologique (étroitesse d'esprit et
rigidité, crainte, angoissa, obstacle aux échanges
intellectuels) ;
Une déformation de la personnalité : le
préjugé est considéré comme résultant d'une
anomalie particulière dans le développement de la
personnalité ;
Les amis, les mass-médias, la famille, les
professeurs...
MANSKE40(*) dans une thèse non inédite, a
démontré que les attitudes des professeurs se transmettaient
à leurs élèves.
Le préjugé peut avoir les origines profondes,
lointaines ou immédiates. Pour le réduire, il faut avoir à
l'esprit les remarques suivantes :
S'il existe de nombreuses causes, il faut aborder sa
réduction par différentes voies ;
La technique de réduction doit être en rapport
avec notre explication des causes ;
Si les causes sont interdépendantes il nous faut
utiliser simultanément diverses techniques.
Ils peuvent être réduit par l'information
(Mass-média), le contact direct, l'éducation (en famille ou
à l'école).
3. La formation des attitudes : rôle de
l'éducation41(*)
Selon ALLPORT, quatre situations favorisent leur
formation :
L'accumulation des expériences
c'est-à-dire l'intégration de nombreuses réactions
spécifiques de même types.
Ex : Un anti-noir peut n'avoir connu les Noirs que comme
domestique, si bien qu'il ne peut s'accoutumer à avoir avec eux d'autres
rapports. Son esprit est déjà rigide, étroit.
Il est devenu incapable d'envisager des rapports autres que
ceux de domestiques à patron, qui sont des réactions
spécifiques de même type.
L'individuation, la différenciation et la
ségrégation
De nouvelles expériences augmentent la
spécificité de l'attitude et la rendent distinctes d'autres
attitudes proches.
Un traumatisme ou une expérience de nature
dramatique
Un Blanc qui voit un membre de sa famille tué par un
Noir peut, dès lors, nourrir une attitude hostile vis-à-vis des
Noirs et vice-versa.
Imitation des parents, des professeurs, des camarades de
jeu
KLINEBERG pense que les attitudes dépendent beaucoup de
cette dernière situation, tout comme KRECH et CRUTCHFIELD qui parlent
des influences du milieu réel dans lequel vit l'individu. Pour les
psychanalystes, les attitudes peuvent refléter les relations
familiales.
Ex. l'anarchisme peut résulter de la révolte
contre l'autorité en général, contre son père en
particulier. C'est sous que cet angle que LASSWELL42(*) interprète la
biographie des dirigeants radicaux. Dans le même ordre d'idées,
FRÖMM43(*) a
montré comment l'autorité familiale peut modeler les
réactions aux mouvements politiques.
Nous savons, de par les expériences déjà
faites44(*), que les
professeurs sont en mesure d'influencer les attitudes de leurs
élèves. Nous savons aussi que l'attitude est une variable
dynamique. Son développement est conditionné par toute
expérience se rapportant à l'objet. Elle demeure exposée
à un apport nouveau d'information, d'expériences
émotionnelles et comportementales relatives au même objet ou
à la même catégorie d'objets (personne, valeur...)45(*)
L'attitude est donc influençable, éducable. Qui
est mieux placé que l'éducateur pour remplir cette
tâche ? Son rôle se déroule sur les êtres
jeunes, en devenir, en plein épanouissement ; par définition
à l'esprit ouvert.
Lors du Congrès de BORDEAUX (1959) consacré aux
attitudes, MIALARET46(*)
ne disait-il pas que : «... une grande partie des
problèmes qui se posent à nous (pédagogues), ... peut
se ramener à ceci : favoriser, développer, créer chez
l'enfant et l'adolescent, des attitudes qui leur permettent une adaptation
immédiate sans leur interdire des progrès
ultérieurs ? »
L'importance de l'éducateur (du pédagogue) est
très explicitée dans les propos ci-dessus ; il
apparaît aussi que l'étude des attitudes ne doit pas être
exclusivement faite par le psychosociologue. Le pédagogue est aussi
indiqué pour s'y intéresser.
C'est dans cet ordre d'idées que nous avons choisi de
construire une échelle d'attitude originale, mettant ainsi à la
portée des professeurs un instrument pratique.
Le professeur de morale ou civisme, trouvera dans ce travail
un auxiliaire dans l'approche des grands domaines de son cours, dans lequel
cours, le problème de la promotion féminine est à sa
place. L'administrateur, le rénovateur, l'agronome pourront suivre
rigoureusement la méthode de construction économisant ainsi
énergie, temps et argent.
CHAPITRE II
L'ECHELLE D'ATTITUDE
Les échelles d'attitude se sont surtout
développées aux Etats-Unis à partir des années 30.
A cette époque, beaucoup d'immigrants entrèrent aux Etats-Unis,
fuyant un antisémitisme qui devenait de plus en plus violent en
Occident. C'est également à cette époque que des
minorités américaines (surtout les Noirs et les Juifs)
commencèrent à beaucoup insister pour l'obtention et la
reconnaissance de leurs droits. Ces deux facteurs créèrent des
difficultés qui, pour être résolues,
nécessitèrent entre autre la création de techniques
diverses dont les échelles d'attitude.
Les échelles d'attitude nous donnent des renseignements
sur la direction de l'attitude (pour ou contre) et sur le degré plus ou
moins élevé de cette attitude. Elles « restent un moyen
de les (les attitudes) approcher d'une façon quantitative sans pour cela
abandonner la réalité tangible de l'expression de l'attitude, que
les opinions verbales47(*) ».
Il est facile de les mesurer si nous supposons avec
MOSCOVICI48(*)que (i)
« il existe vraiment chez le sujet une attitude envers la personne ou
le groupe visés) ; (ii) la personne est capable d'exprimer
son attitude et (iii) elle accepte d'exprimer son
attitude »
On peut supposer que notre population, des étudiants
universitaires, a assurément une attitude envers la promotion
féminine ; ces étudiants sont capables de l'exprimer et il
s'est vérifié d'ailleurs qu'avec beaucoup de bonne
volonté, ils ont répondu à nos items, acceptant ainsi
d'exprimer leur attitude. Aucune échelle mesurant l'attitude des
étudiants universitaires burundais vis-à-vis de la promotion
féminine n'existe encore. C'est pourquoi nous avons décidé
d'en construire une. Comme nous le disions au début de ce chapitre,
beaucoup de chercheurs ont construit des échelles d'attitudes, suivant
parfois des méthodes différentes.
Nous décrivons succinctement les 4 méthodes les
plus utilisées49(*) :
1. Les différentes méthodes
proposées
L'échelle de BOGARDUS (1925)
Elle est aussi appelée « échelle des
distances sociales ». On demande par exemple au sujet à
quelle « distance » il désirerait maintenir les
membres des divers groupes raciaux et nationaux.
Exemple : En me guidant d'après la seule impulsion
de mes sentiments, j'admettrais volontiers les membres de telle
communauté à une ou plusieurs des catégories suivantes,
marquées d'une croix :
Comme proches parents ;
Comme amis personnels à mon club ;
Comme voisin dans ma rue ;
Comme employés dans mes affaires ;
Comme citoyens de mon pays ;
Comme touristes dans mon pays ;
Je voudrais leur interdire l'accès de mon pays50(*)
L'échelle de GUTTMAN51(*) (1941)
Elle est aussi connue sous le nom « d'échelle
hiérarchique », car composée de propositions
rigoureusement hiérarchisées. Elle va des opinions les plus
faibles aux opinions les plus fortes. Adhérer à une proposition
signifie accepter toutes les opinions plus faibles, et le rejet d'une
proposition implique celui des opinions dites plus fortes.
De construction fort compliquée, l'échelle de
type GUTTMAN demande un très grand nombre de sujets et exige des calculs
fort nombreux et de grands tableaux.
L'échelle de THURSTONE52(*)
Aussi appelée « the Thurstone equal-appearing
interval». Le procédé est le suivant:
Rassembler un grand nombre de propositions qu'on
présume en rapport avec l'attitude à mesurer ;
Présenter ces propositions à un grand nombre de
juges (25 à 200) qui les classeront en 11 catégories allant de la
plus favorable à la moins favorable ; la catégorie
« 6 » étant neutre ;
Eliminer les propositions qui ont été
classées dans plusieurs catégories ; ne retenir que les
propositions les plus typiques, statistiquement ;
Construire finalement l'échelle avec un certain nombre
de propositions régulièrement échelonnées
(d'où son autre appellation « d'échelle à
intervalles apparemment égaux ») entre les 2 opinions
extrêmes ;
On attribue alors à chaque sujet un score qui est
fonction des items avec lesquels il est d'accord.
Un grand nombre de juges travaillant en équipe est
nécessaire pour que le chercheur sélectionne ses items. Cette
échelle peut être appliquée collectivement.
L'appréciation des scores obtenus est basée sur l'avis des juges
qui ont classé les items dans un ordre objectif. Chaque score individuel
comporterait une signification indépendante des scores d'autres
sujets.
L'échelle « Racisme » de M.
NTAWURISHIRA a été construite par ce procédé.
L'échelle de LIKERT53(*)
Elle est aussi appelée « méthode des
appréciations additionnées » (method of summated
ratings) parce que les réponses peuvent être
considérées comme des appréciations (ratings) et qu'on les
additionne. La construction d'une échelle par le procédé
de LIKERT est très aisée, en plus de la grande richesse
d'information qu'elle permet.
Le chercheur propose au sujet le choix entre 5 jugements
relatifs à la même opinion. La validité et la
fidélité d'une échelle obtenue sur une échelle des
types LIKERT et THURSTONE n'auraient pas de grande différence, affirment
KRECH et CRUTCHFIELD (1952) et DUVERGER54(*).
2. Le choix de la méthode
Nous avons choisi de construire notre échelle par le
procédé proposé par LIKERT. Le temps de construction est
très court (2 fois moins de temps qu'avec la méthode THURSTONE
selon EDWARDS55(*), la
construction aisée, la grande richesse d'information (avec une
échelle de 20 items ayant chacun 5 choix, nous avons 100 réponses
possibles), les calculs relativement aisés, la fidélité
accrue du fait du plus grand nombre de réponses possibles ont
motivé notre choix.
3. Description de la méthode utilisée
Le chercheur choisit lui-même un grand nombre de
propositions favorables ou défavorables et les présente à
un groupe de sujets qui indiqueront pour chacune d'elles s'ils sont :
Tout-à-fait d'accord ;
D'accord ;
Indécis ;
Pas d'accord ;
Pas du tout d'accord
D'autres utilisent les formules suivantes : à
propos de chaque item, les sujets devront dire s'ils :
L'approuvent fortement ;
L'approuvent ;
Sont indécis ;
La désapprouvent ;
La désapprouvent fortement
A chaque item est attribuée ou bien une valeur
conventionnelle allant de 0 à 4 (ou de 1 à 5) ou bien une valeur
obtenue en utilisant la méthode de pondération à partir
des déviations par rapport à la moyenne (sigma-deviate weighting
method). Les notes les plus élevées sont réservées
aux réponses « les plus favorables »
vis-à-vis de l'attitude, les plus basses aux réponses
« les plus défavorables ».
La note moyenne est attribuée à la
réponse hésitante, neutre. On additionne ces sommes, obtenant
ainsi le score total de chaque sujet. L'interprétation des scores
obtenus est faite en fonction de la place occupée par le sujet dans la
distribution totale des scores. Chaque sujet est apprécié par
rapport à sa place dans l'ensemble des sujets interrogés. Les
items qui présentent une faible corrélation avec le score total
sont éliminés pour assurer la cohérence interne de
l'ensemble de l'échelle.
4. Construction de l'échelle d'attitude56(*)
En gros, le procédé de construction d'une
échelle du type LIKERT est le suivant :
Choisir le plus possible d'items exprimant les opinions
différentes relatives à l'attitude
étudiée ;
Essai préliminaire des items pour détecter les
items ambigus, mal compris, mal formulés... ;
Essayer l'échelle sur un échantillon ;
Coter les réponses suivant une pondération
conventionnelle ou non ;
Rechercher le score d'attitude pour chaque sujet ;
Eliminer les items n'apportant aucune contribution à la
fonction différenciatrice de l'échelle ;
Calculer la fidélité et la validité de
l'échelle définitive formée par les items restants.
Les diverses étapes de construction d'une
échelle de type LIKERT sont reproduites ci-dessous avec plus de
détails57(*).
a) Comment choisir les items
Le chercheur peut, tout seul, rédiger ces items. Il
peut aussi les tirer des journaux et revues ou les emprunter à d'autres
échelles. Quoiqu'il en soit, il doit réunir d'abord un assez
grand nombre de propositions exprimant des opinions différentes
(favorables ou défavorables) quant à l'attitude
étudiée. A ce stade de l'élaboration de l'échelle,
certaines précautions doivent être prises58(*) :
Aussi doit-il éviter :
Les items de faits ; puisque deux individus en
désaccord d'opinions peuvent s'accorder sur la reconnaissance d'un
même fait ;
Les items ambigus c'est-à-dire risquant d'être
interprétés différemment par les sujets pour une raison ou
une autre : termes, ponctuation, temps et mode de conjugaison ;
Les propositions composées de deux parties telles qu'un
sujet peut être d'accord avec la première et en désaccord
avec la seconde, ne sachant des lors que répondre ;
Les items faisant appel à des connaissances (scolaires,
professionnelles...) que ne posséderait une partie de la population
questionnée ;
Les phrases qui permettraient uniquement des réponses
stéréotypées ;
Les items renfermant des termes techniques ou peu
familiers ;
Les items qui suggéreraient la réponse ;
Les items trop longs
L'échelle d'attitude doit donc comprendre des items
clairs, nets et simples pour tous les sujets.
Les items qui, à la pratique, présenteraient
l'un ou l'autre de ces défauts seront ou éliminés ou
remaniés.
b) Le libellé des items
Ceux-ci doivent être rédigés dans un sens
définitivement favorable ou défavorable à l'égard
de l'attitude étudiée. Ils doivent permettre une réponse
par les variantes de réponses que nous avons choisies. Il appartient au
chercheur de choisir ces variantes de réponses.
Pour notre travail, nous avons choisi les variantes
suivantes :
Tout-à-fait d'accord ;
D'accord
Indécis ;
Pas d'accord ;
Pas du tout d'accord
Les types de réponses doivent être exhaustifs.
Les items ne doivent pas être trop nombreux. La moitié des items
doit être favorable, l'autre moitié défavorable afin
d'éviter « l'effet de structures de réponses59(*) ».
c) Essai préliminaire des items
Un essai préliminaire des items est indispensable. Il
sera l'occasion de détecter les items mal formulés, mal
interprétés, mal compris ou ambigus. Aussitôt
détectés, ils seront ou remaniés ou rejetés. Est
seul valable et significatif un item facilement compris et qui a obtenu une
certaine diversité de réponses. L'échelle ne doit pas
être trop longue car elle doit être pratique. Elle doit
échantillonner toutes les parties de la caractéristique à
examiner pour permettre de comparer les sujets les uns aux autres. En fait, il
s'agit, à cette étape, d'élaborer et de construire la
forme expérimentale de l'échelle d'attitude.
d) Application de l'échelle remaniée
Les items ambigus, mal formulés ou mal
interprétés ont été détectés. Ils
ont été ou remaniés ou rejetés. L'échelle
remaniée doit être mise à l'essai sur une population
représentative des sujets à qui l'on se propose d'appliquer la
forme définitive de l'échelle.
Les conditions d'application doivent être rigoureusement
définies, standardisées, sinon les résultats ne seront pas
objectifs. Les remarques introductives qui précédent
l'administration, les réponses aux éventuelles questions que
pourraient poser les sujets ainsi que le mode d'emploi du matériel
utilisé doivent être très sérieusement
envisagés60(*). Il
importe que chaque sujet comprenne ce qu'il doit faire et comment le faire.
Pour cela, les instructions claires, détaillées et univoques
doivent être préparées. Enfin, avant de passer à
l'expérimentation proprement dite de l'échelle, distribuer les
items au hasard dans l'échelle.
e) La cotation des épreuves
Deux méthodes nous sont proposées pour attribuer
les scores pondérés aux réponses obtenues :
1°) la méthode de pondération
conventionnelle ;
2°) la méthode de pondération à
partir des déviations par rapport à la moyenne (sigma-deviate
weighting method)
Seule la deuxième méthode répond aux
considérations théoriques développées par
LIKERT61(*).
Le chercheur qui utilise cette méthode suppose que les
attitudes sont normalement distribuées.
Si un chercheur était conscient, dit LIKERT, il
libellerait ses items et leurs réponses possibles d'une façon
qu'il n'obtiendrait que des distributions normales. Si ce n'est pas le cas,
c'est que les items sont mauvais, c'est que les différentes
réponses possibles ne sont pas équidistantes ou que les
réponses les plus fréquentes ne se situent pas au point de
neutralité proposé. L'inconvénient de cette méthode
est qu'elle demande l'établissement de grands tableaux et de calculs
innombrables. L'autre méthode permet d'éviter cet
inconvénient.
LIKERT62(*) a constaté que les résultats obtenus en
utilisant la méthode de pondération à partir des
déviations par rapport à la moyenne et la méthode de
pondération conventionnelle ont une corrélation de .99. Il est
donc permis de conclure que les deux méthodes aboutissent à des
résultats équivalents.
Nous utiliserons, pour notre travail, la première
méthode qui est infiniment plus simple, ce quine diminuera en rien la
qualité méthodologique de notre travail.
Les réponses « tout à fait
d'accord » recevront le poids 4, les réponses
« d'accord » le poids 3, les réponses
« indécis » le poids 2, les réponses
« pas d'accord » recevront le poids 1 et les
réponses « pas du tout d'accord » le poids 0. Dans
le cas d'items défavorables, nous inverserons le système de
pondération : Les réponses « tout à fait
d'accord » recevront le poids 0, aux réponses
« d'accord » sera attribué le poids 1, les
réponses « indécis » auront le poids 2, les
réponses « pas d'accord » recevront le poids 3 et
enfin le 4 sera attribué aux réponses « pas du tout
d'accord ».
PONDERATION CONVENTIONNELLE ADOPTEE POUR L'ECHELLE DE
LIKERT
Items favorables
|
|
Items défavorables
|
4
|
Tout à fait d'accord
|
0
|
3
|
D'accord
|
1
|
2
|
Indécis
|
2
|
1
|
Pas d'accord
|
3
|
0
|
Pas du tout d'accord
|
4
|
f) L'analyse des items
A cette étape, il s'agit de détecter et
d'éliminer les items qui n'apporteraient aucune contribution à la
fonction différenciatrice de l'échelle.
Pour ce faire, nous avons le choix entre deux méthodes
différentes. Ainsi nous pouvons soit :
Comparer les résultats moyens d'un groupe de sujets
très favorables (ayant des scores élevés à ces
items) et d'un groupe de sujets très défavorables (ayant des
scores bas aux mêmes items) ;
Calculer le degré de corrélation entre les
résultats des sujets pour chaque item et leurs résultats pour
l'échelle totale.
Pour appliquer la première méthode63(*) , nous constituons la
distribution des fréquences des cotes à partir des
réponses à tous les items, puis nous sélectionnons deux
groupes de sujets : le premier groupe comprend un certain pourcentage des
sujets ayant obtenu les résultats totaux les plus
élevés ; le deuxième group comprend le même
pourcentage de sujets ayant les résultats les plus bas. On peut prendre
les quartiles supérieur et inférieur (soit 25% + et 25% -) ou
bien les déciles supérieur et inférieur. Les deux groupes
sélectionnés servent de critère pour apprécier la
capacité de différenciation de chacun des items.
Il faut ensuite mesurer les différences de moyenne de
ces deux groupes indépendants par la formule suivante :
Mh - Mb
t = v ?(Xh - Mh)² + ?(Xb - Mb)² dans
laquelle
N (N-1)
Mh = le résultat moyen à tel item dans le groupe
« haut »
Mb = le résultat moyen à tel item dans le groupe
« bas »
N = le nombre de sujets dans chacun des groupes
Xh ou Xb = une cote du groupe « haut » ou
groupe « bas »
?(Xh - Mh)² = la somme des carrés des
différences par rapport à la moyenne des cotes du groupe
« haut »
?(Xb - Mb)² = la somme des carrés des
différences par rapport à la moyenne des cotes du groupe
« bas »
?(Xh - Mh)² = ?Xh² - (?Xh)² où
?Xh² = la somme des cotes du groupe
« haut » élevées chacune au carré
(?Xh)² = le total des cotes du groupe
« haut » élevé au carré
La même explication est valable pour ?(Xb - Mb)².
Il suffit de remplacer ?Xh² par ?Xb², (?Xh)² par (?Xb)² et
groupe « haut par groupe « bas ».
Pour EDWARDS64(*), une valeur de « t » égale
à ou plus grande que 1,75 indiquerait une différence
significative entre les moyennes des deux groupes, à condition que
chaque groupe ait 25 sujets.
Les items pour lesquels les deux groupes auraient à peu
près un même score n'apporteraient aucune contribution à la
valeur discriminative de l'échelle. Ils seront donc
éliminés de l'échelle comme ne permettant pas de
distinguer les positions relatives des sujets favorables ou
défavorables à la promotion féminine.
Dans la seconde méthode, nous calculons la
corrélation entre un item et l'échelle totale de manière
à en évaluer la « consistance ». Nous
divisons les sujets en deux groupes favorable ou défavorable
d'après leurs résultats totaux et d'après leurs
résultats à chaque item. Pour ce faire, l'emploi d'un coefficient
de corrélation s'appliquant aux distributions des réponses et
offrant des facilités de calcul est conseillé.
Tous les items dont le coefficient de corrélation tombe
en dessous du seuil de signification choisi seront éliminés, quel
que soient leurs autres mérites. Lors des analyses, les items qui ont
contribué au score total peuvent amener des corrélations
très hautes ; aussi, serons-nous amené à retrancher
l'item analysé du résultat total lors du calcul de coefficient de
corrélation item-test.
Pour le calcul du coefficient de corrélation item-test,
nous avons employé le coefficient de corrélation Ø
(phi).
Selon GUILFORD65(*), « la sélection des items
basée sur ce coefficient Ø s'avère très bonne car
seuls de hauts coefficients de corrélation Ø sont obtenus dans le
cas d'items de difficulté moyenne ; de plus, la
fidélité d'une échelle est plus forte lorsque ces deux
conditions sont réunies (i) difficulté moyenne des items et (ii)
équivalence de difficulté chez ceux-ci.
Autre avantage de la sélection des items par cette
méthode : la relation de ce coefficient Ø au ÷²
permet un test direct de sa signification pour les échantillons de toute
grandeur. L'utilisation pratique est facilitée par l'emploi de tables
préparées pour les calculs qu'il nécessité.
Pour rechercher la corrélation item-test, la formule
que nous employons pour le calcul des coefficients Ø, lorsque l'une des
variables est également divisée (ce qui est le cas pour la
variable résultat total) est la suivante :
Ø = Ph - Pb où
2vpq
Ph = la proportion du groupe avec le résultat total le
plus élevé qui répond dans un sens déterminé
à tel item ;
Pb = la proportion du groupe avec le résultat total le
plus bas qui y répond dans le même sens ;
Pq = la proportion de sujets dans les deux groupes
combinés qui réagissent de la même manière.
Cette proportion est acquise par la formule :
p = Ph - Pb
2
q = 1 - p
Nous calculerons pour tous les items les coefficients
Ø50 et Ø27. C'est-à-dire qu'en dichotomisant la variable
score total, nous prendrons dans le premier cas les 50% supérieurs et
inférieurs de la distribution et que, dans le deuxième cas, nous
prendrons les 27% supérieurs et inférieurs66(*).
Seul l'indice de « consistance » des items
calculé par l'une ou l'autre méthode est le seul
procédé servant à éliminer les items qui n'ont rien
à voir avec l'attitude mesurée, dans le cas où on utilise
la technique LIKERT.
Nos items seront analysés par la deuxième
technique, c'est-à-dire que nous calculerons le degré de
corrélation entre les résultats des sujets pour chaque item et
leurs résultats pour l'échelle totale.
g) Interprétation des résultats de
l'échelle définitive
Il nous faut maintenant additionner les résultats aux
items qui ont résisté à l'analyse. Nous devons avoir les
résultats pour chaque sujet.
L'interprétation doit se faire en tenant compte de la
distribution des résultats du groupe dont on mesure l'attitude. Ceux-ci
n'ont pas de valeur absolue et doivent être comparés aux autres
résultats de la population. Ainsi, si dans une échelle de 15
items, un sujet obtient un résultat de 0 ou 60, nous sommes en droit,
à priori, d'interpréter ce résultat comme l'expression
d'une attitude très défavorable ou favorable. Un sujet
l'obtiendrait s'il donnait une réponse très défavorable
à chaque item favorable ou inversement.
Classifier un pareil sujet est très facile.
Par contre, des difficultés surgissent lorsqu'il faut
ranger dans la classe des favorables ou des défavorables ceux des sujets
dont les résultats oscillent entre le résultat maximum et le
résultat minimum. C'est pourquoi, nous chercherons si notre distribution
peut être considérée comme normale. Dans ce cas, nous
pourrons en normaliser les résultats.
L'étalonnage obtenu permettra de situer un tel individu
dans un ensemble.
CHAPITRE III : LE TRAVAIL EXPERIMENTAL
1. Le choix des items
Le chercheur peut, tout seul, rédiger les items. Il
peut également s'inspirer d'autres échelles existantes, à
condition qu'il les adapte aux objectifs de sa recherche67(*). Il peut aussi les tirer des
journaux, des revues, des livres...
Nous nous sommes servis amplement de ces sources ainsi que des
entretiens que nous ont accordés diverses personnalités. C'est
ainsi que nous avons été amené à rejeter certains
items et à diviser les autres en rubriques.
2. Le libellé des items
Ces rubriques nous ont permis d'envisager le problème
sous tous les angles. Notre échelle expérimentale se composait,
en fin de compte de 76 items dont 37 favorables (+) et 39 défavorables
(-), répartis en 5 grandes rubriques.
Rubrique 1 : Politique (12 items dont 7 + et 5
-)
J'accepterais volontiers que ma femme occupe une place
politique (+)°.
Une femme-ministre ne vaut rien : elle ne fait que
s'amuser (-)
Il faut accorder le droit de vote à la femme (+)
La femme a aussi le droit de s'exprimer publiquement (+)
Les femmes ne profitent des droits politiques que l'Etat leur
accorde (-)
Il faut donner des responsabilités politiques à
la femme (+)
J'accepterais volontiers que ma femme quitte la maison pour
aller assister à une réunion du Parti (+)
Les femmes ont le droit de s'exprimer librement, tout comme
les hommes (+)
Dans une élection, les femmes votent plutôt par
affectivité que pour un programme politique (-)
Admettre que les femmes fassent de la politique est une grosse
erreur (-)
En politique, les femmes sont aussi capables que les hommes
(+)
La politique n'est pas faite pour les femmes (-)
Rubrique 2 : Profession (9 items dont 5 + et 4
-)
Au bureau, les femmes ne passent pas leur temps à se
maquiller (+)
Les femmes sont tellement paresseuses qu'elles prennent le
moindre prétexte pour s'absenter au travail (-)
Certains travaux doivent être interdits à la
femme (-)
Si j'étais employeur, j'accepterais volontiers que ma
secrétaire ait 3 mois de congé de maternité (+)
Les femmes qui travaillent s'absentent tellement souvent qu'il
vaut mieux les renvoyer (-)
Il m'est égal d'avoir une femme comme chef
hiérarchique (+)
Je voudrais qu'une femme soit chef d'établissement
scolaire (+)
J'accepterais volontiers que ma femme travaille au-dehors
(+)
Dans une entreprise, la grossesse d'une femme diminue le
rendement (-)
Rubrique 3 : Sociale (33 items dont 16 - et 17
+)
La promotion féminine n'est qu'une vue de l'esprit
(-)
L'esprit égoïste doit céder la place
à un esprit plus large : il faut admettre que la femme n'est en
rien inférieure à l'homme (+)
La promotion féminine n'est pas dirigée contre
les hommes (+)
La promotion féminine implique l'abandon de certaines
traditions nationales (+)
Je sortirai de temps en temps avec ma femme pour lui faire
plaisir (+)
La femme doit choisir librement son mari (+)
La traditionnelle « Ubupfasoni » de la
Burundaise ne disparaitra pas avec la promotion féminine (+)
En cas de divorce, l'homme et la femme doivent garder chacun
leurs biens (-)
Ce n'est pas avec les femmes qui se comportent à
l'occidentale qu'on parviendra à promouvoir la promotion féminine
(-)
Nous devons nous opposer coûte que coûte à
l'émancipation de la femme (-)
La femme, quelle qu'elle soit, ne manque pas de
maturité (+)
La tradition interdisant à la femme de s'exprimer
publiquement doit être abolie (+)
Il est normal que l'homme considère la femme comme un
être humain égal à lui (+)
Même à l'université, les filles ne font
rien pour promouvoir la promotion féminine (-)
Afficher une attitude supériorité à
l'égard d'une femme est de la pure bêtise (+)
C'est avec plaisir que je verrais les femmes entrer à
l'armée (+)
Les hommes ne veulent pas de la promotion féminine
parce qu'elle détruirait leurs avantages (-)
Je suis convaincu de ma supériorité à
l'égard d'une femme et j'en suis fier (-)
La femme est souvent malade dans son travail (-)
La femme ne peut rien de bon ; qu'elle soit
analphabète ou intellectuelle (-)
Les hommes ont suffisamment d'ennuis comme ça :
pourquoi leur ajouter encore la promotion féminine (-)
La promotion féminine nous attirera des ennuis de
toutes sortes (-)
La femme gaspille l'argent du ménage en achetant des
produits de beauté (-)
La promotion féminine rendra notre
société plus harmonieuse (+)
On ne peut rien faire de bon avec ces femmes : elles sont
trop superficielles (-)
Les femmes sont aussi intelligentes que les hommes (+)
Chaque fois que je côtoie une femme, je n'ai pas
l'impression de me trouver à côté d'un être
inférieur (+)
La femme est exploitée : il faut que cette
situation cesse (+)
Le travail de la femme est aussi nécessaire au
progrès du pays (+)
Croire qu'un jour les femmes seront égales à
l'homme parce qu'elles fréquentent l'université est une utopie
(-)
Les filles instruites semblent préférer le mode
de vie le plus extravagant (-)
Si je divorçais, je paierais une pension alimentaire
à mon ex-épouse (+)
La promotion féminine précipitera la dissolution
des ménages déjà fort menacée par
l'occidentalisation de la société burundaise (-)
Rubrique 4 : Ménage (14 items dont 9 - et 5
+)
Les boys gâtent les femmes : elles ne font plus
rien à la maison (-)
La femme financièrement indépendante devient
arrogante dans le ménage (-)
Manger à table avec sa femme diminue le respect qu'elle
doit à son mari (-)
Une femme qui travaille doit remettre tout son salaire au mari
(-)
La femme doit exclusivement s'occuper du ménage (-)
Dans un ménage, les décisions doivent être
prises après discussions entre les époux (+)
Une femme qui fait de la politique risque de briser son
ménage (-)
Le mariage avec une fille universitaire est voué
à l'échec (-)
Les responsabilités dans le ménage doivent
être partagées (+)
J'admettrais volontiers que mon épouse prenne des
initiatives qui engagent la responsabilité du ménage (+)
Dans un ménage, l'homme doit être plus instruit
que la femme (-)
Contrairement à nos traditions, je mangerai à
table avec ma femme (+)
L'homme doit être le chef incontesté du
ménage (-)
J'aiderais volontiers ma femme dans les travaux
ménagers (+)
Rubrique 5 : Instruction (8 items dont 5 - et 3
+)
Plus il y a des filles à l`école, plus nos
traditions seront abandonnées (-)
La promotion féminine est de l'utopie ( -)
Il n'y a aucun inconvénient à épouser une
fille plus instruite que soi (+)
Les hommes doivent lutter contre la venue massive des filles
à l'école (-)
Il faut permettre à la femme d'atteindre le plus haut
niveau d'instruction compatible avec ses capacités (+)
Je vois d'un très bon oeil une fille réussir
à l'université (+)
Les filles ne font rien à l'université :
elles ne font que s'amuser (-)
L'éducation des enfants incombe en priorité
à la femme (-)
Ces grandes rubriques peuvent en englober d'autres. C'est
ainsi que la rubrique « sociale » englobe les items
relatifs à l'économie, à la santé, à la
législation, à l'argent,... Nous les avons insérés
dans cette grande rubrique pour des raisons de commodité. C'est
également la raison pour laquelle il y a beaucoup d'items sous cette
rubrique. Il en va de même pour d'autres grandes rubriques.
Certains items paraissent faire double emploi. En
réalité, il n'en est pas ainsi car il se pourrait qu'un sujet
réponde positivement à l'un et négativement à
l'autre, de par l'aspect irrationnel et affectif que présente en
elle-même une attitude.
3. Essai préliminaire des items
L'essai préliminaire vise à détecter puis
à éliminer ou à remanier les items ambigus, peu clairs
pour une raison ou une autre. La population soumise à cet essai a
été un groupe d'élèves de 10ème
(anciennement 4ème moderne) au collège de la
Liberté à Bujumbura. Nous avons pris 38 élèves (18
filles et 20 garçons) de cette école privée où ne
vont que ceux qui, en grande partie, ont été refusés
ailleurs. Leur faible niveau est une garantie pour la détection d'items
ambigus, mal formulés... Toute obscurité dans la rédaction
et la compréhension des items n'en serait que plus remarquable.
Nous avons d'abord mélangé les 76 items puis
nous les leur avons présentés. Nous leur avons demandé de
donner à chaque item une réponse parmi les termes :
Tout-à-fait d'accord ;
D'accord ;
Indécis ;
Pas d'accord ;
Pas du tout d'accord
Les résultats à cet essai ont été
satisfaisants. Les items paraissaient facilement compris et les réponses
obtenues présentaient une diversité suffisante. Des lors, nous
étions en droit d'appliquer notre échelle expérimentale
à un groupe expérimental choisi.
4. L'application de l'échelle
remaniée
L'échelle remaniée doit être
appliquée à une population proche de celle sur laquelle on compte
appliquer l'échelle définitive. Notre population
expérimentale était composée de 100 étudiants
universitaires ainsi repartis :
Faculté de PSE : 25 étudiants
Faculté d'EPS : 11 étudiants
Faculté des Lettres et sciences humaines : 27
étudiants
Faculté de SEA : 9 étudiants
Faculté de Sciences : 19 étudiants
Faculté de Médecine : 4 étudiants
Faculté de Droit : 5 étudiants
En plus, des instructions claires doivent être
préparées afin de permettre au sujet de savoir ce qu'on attend de
lui, ce qu'il doit faire et comment il doit le faire. Il doit lui être
dit aussi pourquoi ce travail lui est demandé. C'est ainsi qu'avant de
demander au sujet de répondre à notre questionnaire, nous lui
présentions les instructions suivantes :
« Pour mener à bien notre travail de fin
d'études universitaires, nous avons besoin de votre collaboration. Nous
nous proposons de découvrir ce que les étudiants universitaires
burundais pensent d'un certain nombre de questions sociales importantes. Nous
voudrions savoir ce que vous pensez de la promotion féminine. Vous
trouverez ici beaucoup de propositions auxquelles vous avez sans doute
déjà pensé ou qui ont fait l'objet de vos discussions et
conversations.
Ceci n'est pas un examen ; il n'est pas non plus un test.
Vos réponses intéressent exclusivement vous-même et le
responsable de cette enquête. Votre avis personnel ne sera jamais
divulgué. Il n'y a ni bonnes ni mauvaises réponses. Certains de
vos camarades penseront comme vous et d'autres penseront le contraire, mails le
but de notre recherche est précisément de savoir ce que les
étudiants universitaires burundais pensent de la promotion
féminine. Nous attirons votre attention sur le fait que nous ne sommes
pas nécessairement en accord ou en désaccord avec les
propositions qui vont suivre.
Nous vous présentons seulement le plus grand nombre de
points de vue. Nous sommes plus ou moins d'accord avec certains ou plus ou
moins en désaccord avec d'autres.
De même, vous verrez probablement que vous êtes
d'accord avec certains, en désaccord avec d'autres, ou bien neutre dans
certains cas.
Nous vous prions maintenant :
De lire attentivement chacune des phrases du questionnaire et
de poser des questions si vous n'en comprenez pas le sens ;
De répondre suivant votre première impression.
Il n'est pas nécessaire de prendre beaucoup de temps pour donner votre
réponse ;
D'être aussi sincère que possible ;
De donner seulement votre point de vue personnel ;
De nous dire pour chaque phrase que vous aurez lue :
Tout-à-fait d'accord ;
D'accord ;
Indécis ;
Pas d'accord ;
Pas du tout d'accord
La feuille du questionnaire comprend 2 colonnes. Nous vous
demandons de marquer votre réponse dans la première colonne. Au
lieu d'écrire toute la phrase, nous vous prions d'écrire la
lettre :
Si vous êtes tout-à-fait d'accord ;
Si vous êtes d'accord ;
Si vous êtes indécis ;
Si vous n'êtes pas d'accord ;
Si vous n'êtes pas du tout d'accord
Nous vous remercions d'avance. »
Nous avions pris soin de distinguer les items au hasard selon
la méthode préconisée par FAVERGE68(*) : attribuer un
numéro d'ordre à chaque item, tirer ensuite d'une table de
nombres au hasard les 76 premiers chiffres compris entre 1 et 76. Le premier
chiffre tiré compris entre les 2 limites sera le premier item de
l'échelle expérimentale, le 2ème chiffre
tiré compris entre les mêmes limites sera le
2ème item de l'échelle, et ainsi que suite jusqu'au
dernier.
Finalement, les items se sont succédé comme
suit :
Au bureau, les femmes ne passent pas leur temps à se
maquiller
Plus il y a des filles à l`école, plus nos
traditions seront abandonnées
Les boys gâtent les femmes : elles ne font plus
rien à la maison
J'accepterais volontiers que ma femme occupe une place
politique
La femme financièrement indépendante devient
arrogante dans le ménage
La promotion féminine n'est qu'une vue de l'esprit
L'esprit égoïste doit céder la place
à un esprit plus large : il faut admettre que la femme n'est en
rien inférieure à l'homme
Les femmes sont tellement paresseuses qu'elles prennent le
moindre prétexte pour s'absenter au travail
La promotion féminine est de l'utopie
Certains travaux doivent être interdits à la
femme
Une femme-ministre ne vaut rien : elle ne fait que
s'amuser
La promotion féminine n'est pas dirigée contre
les hommes
Si je divorçais, je paierais une pension alimentaire
à mon ex-épouse
La promotion féminine implique l'abandon de certaines
traditions nationales
Je sortirai de temps en temps avec ma femme pour lui faire
plaisir
Manger à table avec sa femme diminue le respect qu'elle
doit à son mari
Une femme qui travaille doit remettre tout son salaire au mari
La femme doit choisir librement son mari
La promotion féminine précipitera la dissolution
des ménages déjà fort menacée par
l'occidentalisation de la société burundaise
Il faut accorder le droit de vote à la femme
La traditionnelle « Ubupfasoni » de la
Burundaise ne disparaitra pas avec la promotion féminine
La politique n'est pas faite pour les femmes
J'aiderais volontiers ma femme dans les travaux
ménagers
En cas de divorce, l'homme et la femme doivent garder chacun
leurs biens
La femme doit exclusivement s'occuper du ménage
Ce n'est pas avec les femmes qui se comportent à
l'occidentale qu'on parviendra à promouvoir la promotion
féminine
Il n'y a aucun inconvénient à épouser une
fille plus instruite que soi
Si j'étais employeur, j'accepterais volontiers que ma
secrétaire ait 3 mois de congé de maternité
Nous devons nous opposer coûte que coûte à
l'émancipation de la femme
Dans un ménage, les décisions doivent être
prises après discussions entre les époux
La femme, quelle qu'elle soit, ne manque pas de
maturité
Les femmes qui travaillent s'absentent tellement souvent qu'il
vaut mieux les renvoyer
La tradition interdisant à la femme de s'exprimer
publiquement doit être abolie
Il est normal que l'homme considère la femme comme un
être humain égal à lui
Même à l'université, les filles ne font
rien pour promouvoir la promotion féminine
La femme a aussi le droit de s'exprimer publiquement
Afficher une attitude supériorité à
l'égard d'une femme est de la pure bêtise
C'est avec plaisir que je verrais les femmes entrer à
l'armée
Il m'est égal d'avoir une femme comme chef
hiérarchique
Une femme qui fait de la politique risque de briser son
ménage
Les femmes ne profitent des droits politiques que l'Etat leur
accorde
Je voudrais qu'une femme soit chef d'établissement
scolaire
Les hommes ne veulent pas de la promotion féminine
parce qu'elle détruirait leurs avantages
Les hommes doivent lutter contre la venue massive des filles
à l'école
Le mariage avec une fille universitaire est voué
à l'échec
Les responsabilités dans le ménage doivent
être partagées
Je suis convaincu de ma supériorité à
l'égard d'une femme et j'en suis fier
Il faut donner des responsabilités politiques à
la femme
J'admettrais volontiers que mon épouse prenne des
initiatives qui engagent la responsabilité du ménage
La femme est souvent malade dans son travail
La femme ne peut rien de bon ; qu'elle soit
analphabète ou intellectuelle
Les hommes ont suffisamment d'ennuis comme ça :
pourquoi leur ajouter encore la promotion féminine
La promotion féminine nous attirera des ennuis de
toutes sortes
Dans un ménage, l'homme doit être plus instruit
que la femme
Il faut permettre à la femme d'atteindre le plus haut
niveau d'instruction compatible avec ses capacités
La femme gaspille l'argent du ménage en achetant des
produits de beauté
J'accepterais volontiers que ma femme travaille au dehors
La promotion féminine rendra notre
société plus harmonieuse
L'éducation des enfants incombe en priorité
à la femme
J'accepterais volontiers que ma femme quitte la maison pour
aller assister à une réunion du Parti
On ne peut rien faire de bon avec ces femmes : elles sont
trop superficielles
Les femmes sont aussi intelligentes que les hommes
Les femmes ont le droit de s'exprimer librement, tout comme
les hommes
Dans une élection, les femmes votent plutôt par
affectivité que pour un programme politique
Contrairement à nos traditions, je mangerai à
table avec ma femme
Chaque fois que je côtoie une femme, je n'ai pas
l'impression de me trouver à côté d'un être
inférieur
La femme est exploitée : il faut que cette
situation cesse
Dans une entreprise, la grossesse d'une femme diminue le
rendement
Le travail de la femme est aussi nécessaire au
progrès du pays
Croire qu'un jour les femmes seront égales à
l'homme parce qu'elles fréquentent l'université est une utopie
L'homme doit être le chef incontesté du
ménage
Admettre que les femmes fassent de la politique est une grosse
erreur
En politique, les femmes sont aussi capables que les hommes
Je vois d'un très bon oeil une fille réussir
à l'université
Les filles instruites semblent préférer le mode
de vie le plus extravagant
Les filles ne font rien à l'université :
elles ne font que s'amuser
5. La cotation des épreuves
Nous rappelons qu'à ce stade de l'élaboration
de l'échelle deux méthodes sont proposées :
La méthode de pondération à partir des
déviations par rapport à la moyenne (sigma-deviate weighting
method)
Et la méthode de pondération conventionnelle
Les deux méthodes conduisent d'ailleurs à des
résultats identiques : LIKERT a obtenu une corrélation de .
99 entre les résultats obtenus par l'une et l'autre
méthode69(*).
En ce qui nous concerne, nous avons utilisé la
méthode de pondération conventionnelle qui présente le
gros avantage d'être infiniment plus simple.
C'est ainsi qu'aux réponses :
« tout-à-fait d'accord » nous
accordions le poids 4 ;
« d'accord » le poids 3;
« Indécis » le poids 2;
« pas d'accord » le poids 1;
Et « pas du tout d'accord » le poids 0,
lorsqu'il s'agit des réponses favorables.
Le système était inversé dans le cas des
items défavorables. C'est-à-dire : que les réponses
« tout-à-fait d'accord » recevaient le poids 0,,
« d'accord » le poids 1 etc....
Le résultat final d'un sujet donné était
obtenu en remplaçant ses réponses par les pondérations
correspondantes. Nous additionnions ensuite ses résultats à
chaque item.
6. L'analyse des items
Nous avons calculé les coefficients Ø 50 et
Ø27 pour chacun des items. Nous avons indiqué ci-dessus
(pp.22-23) les raisons qui nous ont poussé à choisir cette
technique.
A titre d'exemple, nous présentons les calculs faits
pour la recherche des coefficients Ø50 et Ø27 pour l'item
17 : « Une femme qui travaille doit remettre tout son salaire au
mari ».
Calcul de Ø50 : 44 des 50 sujets obtenant
les résultats les plus hauts ont répondu favorablement à
cet item (score 4 ou 3).
Par contre 30 des 50 sujets ayant les résultats les
plus bas ont répondu de la même façon.
p. = .88 + .60/2 = .74
q. = 1 - .74 = .26
Ø50 = .88 - .60 - .28 - .325
2v.74* .26 . 86
Calcul de Ø27 : 24 des 27 sujets ayant les
résultats les plus hauts à l'échelle totale ont
répondu favorablement à cet item, par contre 17 des 29 sujets
ayant les résultats les plus bas ont répondu dans le même
sens.
p. = .88 + .62/2= .75
q. = 1 - .75 = .25
Ø 27 = .88 - .62 - .26
- .302
2v.75* .25 . 86
La relation de ce coefficient Ø au ÷² permet
un test direct de sa signification pour les échantillons de toute
grandeur.
Soit ÷² = nز où n = le nombre de
sujets dans les deux groupes combinés70(*).
Au seuil de P.05 (95 chances sur 100), la valeur de Ø50
significative sera :
v3,841 - 1,960 = .196 où
100 v100
3,841 est la valeur du ÷² au seuil
de signification ÷² de P.05 avec 1 seul degré de
liberté (df) ;
100 le nombre de la population interrogée.
De même à P = .02 : .233
P = .01 : .257
P = 001 : .329
Pour Ø27 à P = .05 : .226
P = .02 : .317
P = .01 : .350
P = 001 : .448
Les résultats obtenus pour les 76 items de notre
échelle expérimentale sont indiqués dans le tableau
ci-après.
Tableau des corrélations items-test
items
|
Ø50
|
P
|
Ø27
|
P
|
1
|
.268
|
.01
|
.334
|
.02
|
2
|
.229
|
.05
|
.156
|
-
|
3
|
.125
|
-
|
.190
|
-
|
4
|
.303
|
.01
|
.548
|
.001
|
5
|
.301
|
.01
|
.385
|
.01
|
6
|
.432
|
.001
|
.565
|
.001
|
7
|
.060
|
-
|
.333
|
.02
|
8
|
.161
|
-
|
.265
|
-
|
9
|
.365
|
.001
|
.602
|
.001
|
10
|
.205
|
.05
|
.384
|
.01
|
11
|
.425
|
.001
|
.649
|
.001
|
12
|
.431
|
.001
|
.224
|
.05
|
13
|
.048
|
-
|
.681
|
-
|
14
|
-.010
|
-
|
- 4.16
|
-
|
15
|
0
|
-
|
0
|
-
|
16
|
0
|
-
|
.142
|
-
|
17
|
.325
|
.01
|
.302
|
.05
|
items
|
Ø50
|
P
|
Ø27
|
P
|
18
|
.110
|
-
|
.140
|
-
|
19
|
.200
|
.05
|
.310
|
.05
|
20
|
0
|
-
|
.205
|
-
|
21
|
.220
|
.05
|
.406
|
.01
|
22
|
.392
|
.001
|
.527
|
.001
|
23
|
.061
|
-
|
.246
|
-
|
24
|
.058
|
-
|
.181
|
-
|
25
|
.167
|
-
|
.341
|
.02
|
26
|
- .095
|
-
|
.070
|
-
|
27
|
.068
|
-
|
.168
|
-
|
28
|
- .043
|
-
|
- .045
|
-
|
29
|
.182
|
-
|
.348
|
.02
|
30
|
.066
|
-
|
.269
|
.05
|
31
|
.364
|
.001
|
.656
|
.001
|
32
|
.170
|
-
|
.118
|
-
|
33
|
.307
|
.01
|
.511
|
.001
|
34
|
.339
|
.001
|
.563
|
.001
|
35
|
.246
|
.02
|
.258
|
-
|
36
|
.105
|
-
|
.181
|
-
|
37
|
.363
|
.001
|
.564
|
.001
|
38
|
.190
|
-
|
.238
|
-
|
39
|
.208
|
.05
|
.444
|
.01
|
40
|
.291
|
.01
|
.525
|
.001
|
41
|
0
|
-
|
- .059
|
-
|
42
|
.279
|
.01
|
.443
|
.01
|
43
|
.157
|
-
|
.221
|
-
|
items
|
Ø50
|
P
|
Ø27
|
P
|
44
|
0
|
-
|
.176
|
-
|
45
|
.268
|
.01
|
.418
|
.01
|
46
|
.150
|
-
|
.241
|
-
|
47
|
.469
|
.001
|
.625
|
.001
|
48
|
.466
|
.001
|
.693
|
.001
|
49
|
.468
|
.001
|
.563
|
.001
|
50
|
.275
|
.01
|
.232
|
-
|
51
|
.140
|
-
|
.312
|
.05
|
52
|
.267
|
.01
|
.436
|
.01
|
53
|
.275
|
.01
|
.464
|
.001
|
54
|
.319
|
.01
|
.104
|
-
|
55
|
0
|
-
|
.180
|
-
|
56
|
.212
|
.05
|
.198
|
-
|
57
|
.195
|
-
|
0
|
-
|
58
|
.326
|
.01
|
.316
|
.05
|
59
|
-.20
|
-
|
.071
|
-
|
60
|
.420
|
.001
|
.476
|
.001
|
61
|
.400
|
.001
|
.378
|
.01
|
62
|
.483
|
.001
|
.734
|
.001
|
63
|
.399
|
.001
|
.593
|
.001
|
64
|
.410
|
.001
|
.324
|
.02
|
65
|
0
|
-
|
.086
|
-
|
66
|
.044
|
-
|
.307
|
.05
|
67
|
.342
|
.001
|
.523
|
.001
|
68
|
.260
|
.01
|
.301
|
.05
|
69
|
.180
|
-
|
.292
|
.05
|
items
|
Ø50
|
P
|
Ø27
|
P
|
70
|
.410
|
.001
|
.502
|
.001
|
71
|
.182
|
-
|
.177
|
-
|
72
|
.604
|
.001
|
.816
|
.001
|
73
|
.308
|
.01
|
.516
|
.001
|
74
|
.195
|
-
|
.103
|
-
|
75
|
.129
|
-
|
.154
|
-
|
76
|
.274
|
.01
|
.339
|
.02
|
Nous ne conserverons dans notre échelle
définitive que les items dont les coefficients Ø atteignent au
moins le niveau de signification P = .01
Donc seuls les items suivants seront retenus : 4, 5, 6,
9, 11, 22, 31, 33, 34, 37, 40, 42, 45, 47, 48, 49, 52, 53, 60, 61, 62, 63, 67,
70, 72, 73.
Notre échelle définitive comprend finalement 26
items dont 14 défavorables (-) et 12 favorables (+) à la
promotion féminine.
Items de l'échelle définitive
J'accepterais volontiers que ma femme occupe une place
politique (+)
La femme financièrement indépendante devient
arrogante dans le ménage (-)
La promotion féminine n'est qu'une vue de l'esprit
(-)
La promotion féminine est de l'utopie (-)
Une femme-ministre ne vaut rien : elle ne fait que
s'amuser (-)
La politique n'est pas faite pour les femmes (-)
La femme, quelle qu'elle soit, ne manque pas de
maturité (+)
La tradition interdisant à la femme de s'exprimer
publiquement doit être abolie (+)
Il est normal que l'homme considère la femme comme un
être humain égal à lui (+)
Afficher une attitude supériorité à
l'égard d'une femme est de la pure bêtise (-)
Une femme qui fait de la politique risque de briser son
ménage (-)
Je voudrais qu'une femme soit chef d'établissement
scolaire (+)
Le mariage avec une fille universitaire est voué
à l'échec (-)
Je suis convaincu de ma supériorité à
l'égard d'une femme et j'en suis fier (-)
Il faut donner des responsabilités politiques à
la femme (+)
J'admettrais volontiers que mon épouse prenne des
initiatives qui engagent la responsabilité du ménage (+)
Les hommes ont suffisamment d'ennuis comme ça :
pourquoi leur ajouter encore la promotion féminine (-)
La promotion féminine nous attirera des ennuis de
toutes sortes (-)
J'accepterais volontiers que ma femme quitte la maison pour
aller assister à une réunion du Parti (+)
On ne peut rien faire de bon avec ces femmes : elles sont
trop superficielles (-)
Les femmes sont aussi intelligentes que les hommes (+)
Les femmes ont le droit de s'exprimer librement, tout comme
les hommes (+)
La femme est exploitée : il faut que cette
situation cesse (+)
Croire qu'un jour les femmes seront égales à
l'homme parce qu'elles fréquentent l'université est une utopie
(-)
Admettre que les femmes fassent de la politique est une grosse
erreur (-)
En politique, les femmes sont aussi capables que les hommes
(+)
7. Interprétation des résultats de
l'échelle définitive
Cette interprétation ne peut être faite
indépendamment de la distribution des résultats du groupe dont
nous mesurons l'attitude71(*). Nous calculons d'abord la moyenne (M) et
l'écart-type (á) de la distribution des résultats. Ces
deux paramètres ont été calculés par la
méthode brève.
M = M' + fxii * i
N
M = la moyenne
M' = la moyenne provisoire
Xi = la valeur centrale
? fx'' = ? x' ou ? (Xi - M')
i i
N = la population
á = v X²
N dans laquelle ? x² = la somme des
carrés obtenue par la formule :
? x² = i²[fx''² - (? x'')²]
N
Tableau du calcul des paramètres
Classes
|
Xi
|
f
|
x''
|
fx''
|
fx''²
|
96-102
|
99
|
2
|
5
|
10
|
50
|
89-95
|
92
|
6
|
4
|
24
|
96
|
92-88
|
85
|
4
|
3
|
12
|
36
|
75-81
|
78
|
13
|
2
|
26
|
52
|
68- 74
|
71
|
14
|
1
|
14
|
14
|
61-67
|
64
|
22
|
0
|
0
|
0
|
54-60
|
57
|
14
|
-1
|
-14
|
14
|
47-53
|
50
|
13
|
-2
|
-26
|
52
|
40- 46
|
43
|
8
|
-3
|
-24
|
72
|
33-39
|
36
|
1
|
-4
|
-4
|
16
|
26-32
|
29
|
2
|
-5
|
-10
|
50
|
19-25
|
22
|
1
|
-6
|
-6
|
36
|
|
|
100
N
|
|
2
?fx''
|
488
?fx''²
|
M = 64 + 2 * 7 = 64,14
100
?x² = 49 [488 - 4] = 23910,04
100
á² = 23910,04 = 239,10
100
á = v 239,10 = 15,46
Pour obvier à l'approximation de la méthode
brève, nous employons la correction de SHEPPARD.
á = v á² - i²
12
où 12 est une constante : á = v 239,10
- 49 = 15,33
12
Nous devons mesurer maintenant la normalité de la
distribution des résultats. Le tableau ci-après indique la
méthode suivie pour la recherche des fréquences
théoriques.
Fréquences théoriques
Classes
|
fo
|
Xi
|
Xi - M
|
Xi - M = z
á
|
y
|
p
|
ft
|
96-102
|
2
|
99
|
34,86
|
2,27
|
.488
|
.012
|
1,2
|
89-95
|
6
|
92
|
27,86
|
1,82
|
.465
|
.023
|
2,3
|
92-88
|
4
|
85
|
20,86
|
1,36
|
.413
|
.052
|
5,2
|
75-81
|
13
|
78
|
13,86
|
.90
|
.316
|
.097
|
9,7
|
68- 74
|
14
|
71
|
6,86
|
.45
|
.174
|
.142
|
14,2
|
61-67
|
22
|
64
|
-0,14
|
- .009
|
-.0357
|
.209
|
20,9
|
54-60
|
14
|
57
|
-7,14
|
- . 46
|
-.177
|
.141
|
14,1
|
47-53
|
13
|
50
|
-14,14
|
- . 92
|
-.321
|
.144
|
14,4
|
40- 46
|
8
|
43
|
-21,14
|
- 1, 38
|
-.416
|
.095
|
9,5
|
33-39
|
1
|
36
|
-28,14
|
- 1, 83
|
-.566
|
.050
|
5,0
|
26-32
|
2
|
29
|
-35,14
|
- 2, 29
|
-.488
|
.022
|
2,2
|
19-25
|
1
|
22
|
-42,14
|
- 2, 75
|
-.497
|
.009
|
0,9
99,6
|
Signification des symboles :
Xi = valeur centrale
fo = fréquence observée
y = surface en-dessous de la courbe correspondant au score z
p = expected proportion
ft = fréquence théorique
Test de normalité de la distribution
Xi
|
fo
|
|
ft
|
|
fo-ft
|
(fo-ft)²
|
(fo-ft)²
ft
|
99
|
2
|
12
|
1,2
|
8,7
|
3,3
|
10.89
|
1.25
|
92
|
6
|
2,3
|
85
|
4
|
5,2
|
78
|
13
|
|
9,7
|
|
3,3
|
10.89
|
1.12
|
71
|
14
|
|
14,2
|
|
-.2
|
.04
|
.0028
|
64
|
22
|
|
20,9
|
|
1,1
|
1.21
|
.058
|
57
|
14
|
|
14,1
|
|
-.1
|
.01
|
.00071
|
50
|
13
|
|
14,4
|
|
-1.4
|
1.96
|
.136
|
43
|
8
|
12
|
9,5
|
17,6
|
-5.6
|
31.36
|
1.78
4.35=á²
|
36
|
1
|
5,0
|
29
|
2
|
2,2
|
22
|
1
|
0,9
|
Le test á² va nous permettre de déterminer
numériquement si la distribution obtenue est pratiquement proche de la
normale, c'est-à-dire si l'échantillon a été
correct et le test bien construit.
La table des á² pour 4 df donne une valeur
significative de 11.345 au seuil de P = .01.
La valeur que nus avons trouvée étant
inférieure, nous ne pouvons pas rejeter l'hypothèse de
normalité et nous sommes en droit de considérer notre
distribution comme suffisamment proche de la normale.
Une distribution normale des résultats à notre
échelle d'attitude 72(*) nous permet de croire que chaque sujet avance sa
réponse en toute liberté sans essayer de se conformer à
l'opinion d'une majorité. S'il en était autrement, si par exemple
les sujets avaient essayé de faire plaisir à l'interviewer en
répondant dans le sens supposé chez celui-ci, la distribution se
serait écartée d'une distribution normale.
Notre groupe expérimental peur être
considéré comme suffisamment homogène.
Au vu de ce qui précède, notre échelle
parait exprimer des opinions personnelles suffisamment indépendantes
d'un sentiment collectif ; elle peut être considérée
comme normale.
Aussi, pouvons-nous en normaliser les résultats,
c'est-à-dire que nous pouvons rassembler nos résultats en un
tableau qui nous permettrait rapidement, au vu du résultat brut du
sujet, de situer l'attitude de celui-ci (étudiant burundais de
l'université du Burundi) à l'égard de la promotion
féminine. La population expérimentale comprend 100 sujets ;
c'est la raison pour laquelle nous emploierons une unité ¼ de sigma
qui donnera une échelle de 9 classes.
![](Examen-de-l-attitude-d-etudiants-universitaires-burundais--l-egard-de-la-promotion-feminine1.png)
Normalisation des résultats
% théoriques
|
Classe d'étalonnage
|
Résultats d'échelle
|
4
|
1
|
= 87
|
6.6
|
2
|
81 - 86
|
12.1
|
3
|
73- 80
|
17.5
|
4
|
65 -72
|
19.6
|
5
|
56- 64
|
17.5
|
6
|
48- 55
|
17.5
|
7
|
41- 47
|
6.6
|
8
|
43 -40
|
4
|
9
|
= 33
|
CHAPITRE IV
FIDELITE ET VALIDITE DE L'ECHELLE D'ATTITUDE
DEFINITIVE
1. Fidélité de l'échelle
a) Les méthodes proposées73(*)
La méthode du test-retest
On calcule la fidélité de l'échelle en
recherchant la corrélation entre les premiers résultats et ceux
de la même mesure répétée. Il ne nous a pas
été possible de répéter le test au cours de la
même année car nous disposions de trop peu de temps.
De plus, cette méthode est souvent influencée
par les effets de la répétition. Quand il s'agit d'attitude, le
retest devrait se faire dans un laps de temps extrêmement court, le jour
même si possible, ce qui augmenterait l'effet d'apprentissage ou de la
mémoire, ou de la fatigue (rappelons que notre échelle
expérimentale comptait 76 items).
Le coefficient de corrélation serait donc sujet
à caution et cette méthode peut surfaire le coefficient
trouvé. Nous avons par conséquent décidé de ne pas
éprouver la fidélité de notre échelle par cette
méthode.
Emploi d'une forme parallèle de
l'échelle
Il s'agit de rechercher la corrélation entre deux
formes semblables et comparables non identiques. Avec nos seuls
résultats, nous n'avons pas pu construire une forme parallèle
à notre échelle.
Comparer avec les résultats obtenus par un autre
interviewer
Nous n'avons pas eu la possibilité de provoquer cette
année l'action d'un second interviewer.
Etudier la corrélation liant les 2 moitiés de
l'échelle : la « split-half -method »
C'est la méthode que nous avons employée.
b) Calcul par la « split-half
-method »
La méthode consiste à couper l'échelle en
deux. D'un côté, on prend les items pair (2, 4, 6,...) , de
l'autre les items impairs (1, 3, 5,...). Cette méthode est dite
« odd-even » en anglais.
On recherche ensuite la corrélation entre les deux
parties. Pratiquement, on fait deux formes parallèles à partir
d'une même échelle. Nous avons recherché la cote globale
pour chacune des parties et cela pour chacun des résultats
trouvés à notre deuxième application de
l'échelle74(*).
Le coefficient de corrélation de Bravais-Pearson
trouvé a été calculé par la méthode
longue :
r' = xy
vx2 vy2
= 15759,538
v21207,308v23611,692
= 15759,538 = 15759,538 = .704
145,63*153,66 22377,506
Comme les deux moitiés sont courtes, nous pouvons
corriger ce coefficient.
La formule de SPEARMAN-BROWN va nous y aider :
r = 2r'
1+r'
r = 2*.704 = .826
1+ .704
Nous sommes en droit de considérer la
fidélité de notre échelle comme très satisfaisante.
1. Validité de l'échelle
Un instrument est valide s'il mesure ce qu'il prétend
mesurer. Au cours de notre enquête, nous avons demandé à
des filles universitaires de répondre à nos items. Nous avons,
pour rechercher la moyenne et la dispersion des résultats des filles,
suivi la méthode déjà décrite dans le chapitre III.
Par conséquent, il nous parait peu instructif de
présenter les calculs que nous avons été amené
à effectuer.
Comparaison des moyennes et á des résultats des
garçons et des filles.
|
Garçons
|
filles
|
Moyenne des résultats
|
64,14
|
73,18
|
á
|
15,33
|
16,93
|
Ces résultats expriment clairement que les filles
montrent, à notre échelle, une attitude favorable à
l'égard de la promotion féminine. Nous pouvons, dès lors
considérer que notre échelle mesure bien ce qu'elle
prétend mesurer ; puisque les filles, par définition
favorables à leur émancipation, y obtiennent des résultats
élevés.
CHAPITRE V
CONCLUSIONS GENERALES
Nous nous sommes proposé de mesurer l'attitude des
étudiants universitaires à l'égard de la promotion
féminine.
En nous servant du procédé proposé par
LIKERT, nous avons construit une échelle d'attitude qui nous a permis de
mener à bien notre travail.
Cette échelle a été appliquée
à 125 étudiants universitaires burundais.
Les 76 items que comportait notre échelle
préliminaire ont été réduits, après analyse
statistique, à 26 dont la corrélation avec les résultats
totaux à l'échelle peut être considérée comme
très significative.
La normalité de la distribution de nos résultats
a été établie.
La fidélité de notre échelle s'est
avérée être égale à .82
La validité a été évaluée
en comparant les résultats des filles à ceux des
garçons.
A l'issue de notre travail, nous pouvons dire que nous
possédons maintenant une échelle capable de mesurer l'attitude
d'étudiants burundais universitaires vis-à-vis de la promotion
féminine.
Au vu des résultats obtenus par les étudiants et
dans la mesure où ils ont été sincères, nous
pouvons conclure que ceux-ci sont favorables à la promotion de la
femme, ils sont disposés à donner à la Burundaise la place
qui lui revient.
Il lui appartient maintenant de la mériter.
B I B L I O G R A P H I E
CASTELLAN (Y) : « Initiation à la psychologie
sociale», Paris, A. Colin, 2ème éd., 1972, 268
p
DAVAL (R) : « Traité de psychologie
sociale », T1, Paris, PUF, 2èd. 532 p
DEBATY (P): « La mesure des attitudes »,
Paris, PUF, 1967, 202 p
DUBOIS (P.H.): « An introduction to psychological
statistics », New York, Harper and Row Publishers, 1965, 530 p.
DUIJKER (H.C.J.) et al : « Les
attitudes », Symposium de l'Association de psychologie scientifique
de langue française, Paris, PUF, 1967, 189 p.
FAVERGE (J.M.) : « Méthodes statistiques
en psychologie appliquée » T.1, TII et TIII, Paris, PUF
KLINEBERG (O) : « Psychologie
Sociale » T.II, Paris, PUF, 1963, 367p.
LAFON (R) : « Vocabulaire de
psychopédagogie et de psychiatrie de l'enfant », 3ème
éd., Paris, PUF, 1963, 600 p.
MAISONNEUVE (J) : « Introduction à la
psychosociologie », 2ème éd., Paris, PUF,
1975, 254 p
MAISONNEUVE (J) : « La psychologie
sociale » Paris, PUF, coll. « QSJ » N° 458,
11 éd. 1974, 125 p
MAQUET (M) : « Examen de l'attitude des
handicapés à l'égard de la réadaptation
professionnelle », Liège, mémoire inédit, 1963,
63 p
MERTON (R.K.) « Eléments de théorie et
méthode sociologique », Paris, Plon, 1965
MOSCOVICI ( S) : « Introduction à la
psychologie sociale », Paris, Larousse, 1972, 325p.
MUCCHIELLI (R) : « Le questionnaire dans
l'enquête psycho-sociale », Paris, Entreprise Moderne
d'Edition-Librairies techniques-ESF, 5ème éd., 1975,
77- 45p. Tête-bêche
NEWCOMB (T.M), TURNER (R.H) et al :
« Manuel de psychologie sociale », trad., Paris, PUF,
1970
NTAWURISHIRA (L) : « L'attitude des
étudiants blancs vis-à-vis de leurs condisciples
noirs », Liège, mémoire inédit, 1963, 94 p
PIERON (H), « Vocabulaire de
psychologie », Paris, PUF, 5ème éd., 1973,
576 p
REUCHLIN (M): « Traité de psychologie
appliquée », T.9, Paris, PUF, 1972, 249 p.
REUCHLIN (M) : « Les méthodes
quantitatives en psychologie », Paris, PUF, coll.
« Psychologie d'aujourd'hui », 2ème
éd., 1975, 454 p.
SPROTT (W.J.H): «Psychologie sociale», trad., Paris,
Payot, 1954, 282 p
STOETZEL (J) « La psychologie sociale »,
Paris, Flammarion, 3ème éd. 1963,
A N N E X E I
NOM : Faculté : Age :
Prénom : année d'études :
Sexe :
Date :
Au bureau, les femmes ne passent pas leur temps à se
maquiller (+)
Plus il y a des filles à l`école, plus nos
traditions seront abandonnées (-)
Les boys gâtent les femmes : elles ne font plus
rien à la maison (-)
J'accepterais volontiers que ma femme occupe une place
politique (-)
La femme financièrement indépendante devient
arrogante dans le ménage (-)
La promotion féminine n'est qu'une vue de l'esprit
(-)
L'esprit égoïste doit céder la place
à un esprit plus large : il faut admettre que la femme n'est en
rien inférieure à l'homme (+)
Les femmes sont tellement paresseuses qu'elles prennent le
moindre prétexte pour s'absenter au travail (+)
La promotion féminine est de l'utopie (+)
Certains travaux doivent être interdits à la
femme (+)
Une femme-ministre ne vaut rien : elle ne fait que
s'amuser (-)
La promotion féminine n'est pas dirigée contre
les hommes (+)
Si je divorçais, je paierais une pension alimentaire
à mon ex-épouse (-)
La promotion féminine implique l'abandon de certaines
traditions nationales (-)
Je sortirai de temps en temps avec ma femme pour lui faire
plaisir (+)
Manger à table avec sa femme diminue le respect qu'elle
doit à son mari (+)
Une femme qui travaille doit remettre tout son salaire au mari
(-)
La femme doit choisir librement son mari (-)
La promotion féminine précipitera la dissolution
des ménages déjà fort menacée par
l'occidentalisation de la société burundaise (+)
Il faut accorder le droit de vote à la femme (-)
La traditionnelle « Ubupfasoni » de la
Burundaise ne disparaitra pas avec la promotion féminine (+)
La politique n'est pas faite pour les femmes (-)
J'aiderais volontiers ma femme dans les travaux
ménagers (+)
En cas de divorce, l'homme et la femme doivent garder chacun
leurs biens (-)
La femme doit exclusivement s'occuper du ménage (-)
Ce n'est pas avec les femmes qui se comportent à
l'occidentale qu'on parviendra à promouvoir la promotion féminine
(-)
Il n'y a aucun inconvénient à épouser une
fille plus instruite que soi (+)
Si j'étais employeur, j'accepterais volontiers que ma
secrétaire ait 3 mois de congé de maternité (+)
Nous devons nous opposer coûte que coûte à
l'émancipation de la femme (-)
Dans un ménage, les décisions doivent être
prises après discussions entre les époux (+)
La femme, quelle qu'elle soit, ne manque pas de
maturité (+)
Les femmes qui travaillent s'absentent tellement souvent qu'il
vaut mieux les renvoyer (-)
La tradition interdisant à la femme de s'exprimer
publiquement doit être abolie (+)
Il est normal que l'homme considère la femme comme un
être humain égal à lui (+)
Même à l'université, les filles ne font
rien pour promouvoir la promotion féminine (-)
La femme a aussi le droit de s'exprimer publiquement (+)
Afficher une attitude supériorité à
l'égard d'une femme est de la pure bêtise (-)
C'est avec plaisir que je verrais les femmes entrer à
l'armée (+)
Il m'est égal d'avoir une femme comme chef
hiérarchique (+)
Une femme qui fait de la politique risque de briser son
ménage
Les femmes ne profitent des droits politiques que l'Etat leur
accorde (-)
Je voudrais qu'une femme soit chef d'établissement
scolaire (+)
Les hommes ne veulent pas de la promotion féminine
parce qu'elle détruirait leurs avantages (-)
Les hommes doivent lutter contre la venue massive des filles
à l'école (-)
Le mariage avec une fille universitaire est voué
à l'échec (-)
Les responsabilités dans le ménage doivent
être partagées (+)
Je suis convaincu de ma supériorité à
l'égard d'une femme et j'en suis fier (-)
Il faut donner des responsabilités politiques à
la femme (+)
J'admettrais volontiers que mon épouse prenne des
initiatives qui engagent la responsabilité du ménage (+)
La femme est souvent malade dans son travail (-)
La femme ne peut rien de bon ; qu'elle soit
analphabète ou intellectuelle (-)
Les hommes ont suffisamment d'ennuis comme ça :
pourquoi leur ajouter encore la promotion féminine (-)
La promotion féminine nous attirera des ennuis de
toutes sortes (-)
Dans un ménage, l'homme doit être plus instruit
que la femme (-)
Il faut permettre à la femme d'atteindre le plus haut
niveau d'instruction compatible avec ses capacités (+)
La femme gaspille l'argent du ménage en achetant des
produits de beauté (-)
J'accepterais volontiers que ma femme travaille au dehors
(+)
La promotion féminine rendra notre
société plus harmonieuse (+)
L'éducation des enfants incombe en priorité
à la femme (-)
J'accepterais volontiers que ma femme quitte la maison pour
aller assister à une réunion du Parti (+)
On ne peut rien faire de bon avec ces femmes : elles sont
trop superficielles (-)
Les femmes sont aussi intelligentes que les hommes (+)
Les femmes ont le droit de s'exprimer librement, tout comme
les hommes (+)
Dans une élection, les femmes votent plutôt par
affectivité que pour un programme politique (-)
Contrairement à nos traditions, je mangerai à
table avec ma femme (+)
Chaque fois que je côtoie une femme, je n'ai pas
l'impression de me trouver à côté d'un être
inférieur (+)
La femme est exploitée : il faut que cette
situation cesse (+)
Dans une entreprise, la grossesse d'une femme diminue le
rendement (-)
Le travail de la femme est aussi nécessaire au
progrès du pays (+)
Croire qu'un jour les femmes seront égales à
l'homme parce qu'elles fréquentent l'université est une utopie
(-)
L'homme doit être le chef incontesté du
ménage (-)
Admettre que les femmes fassent de la politique est une grosse
erreur (-)
En politique, les femmes sont aussi capables que les hommes
(+)
Je vois d'un très bon oeil une fille réussir
à l'université (+)
Les filles instruites semblent préférer le mode
de vie le plus extravagant (-)
Les filles ne font rien à l'université :
elles ne font que s'amuser (-)
A N N E X E II
NOM : Faculté : Age :
Prénom : année d'études :
Sexe :
Date :
Items de l'échelle définitive
1. J'accepterais volontiers que ma femme occupe une place
politique (+)
2. La femme financièrement indépendante devient
arrogante dans le ménage (-)
La promotion féminine n'est qu'une vue de l'esprit
(-)
La promotion féminine est de l'utopie (+)
Une femme-ministre ne vaut rien : elle ne fait que
s'amuser (-)
La politique n'est pas faite pour les femmes (-)
La femme, quelle qu'elle soit, ne manque pas de
maturité (+)
La tradition interdisant à la femme de s'exprimer
publiquement doit être abolie (+)
Il est normal que l'homme considère la femme comme un
être humain égal à lui (+)
Afficher une attitude supériorité à
l'égard d'une femme est de la pure bêtise (-)
Une femme qui fait de la politique risque de briser son
ménage
Je voudrais qu'une femme soit chef d'établissement
scolaire (+)
Le mariage avec une fille universitaire est voué
à l'échec (-)
Je suis convaincu de ma supériorité à
l'égard d'une femme et j'en suis fier (-)
Il faut donner des responsabilités politiques à
la femme (+)
J'admettrais volontiers que mon épouse prenne des
initiatives qui engagent la responsabilité familiale (+)
Les hommes ont suffisamment d'ennuis comme ça :
pourquoi leur ajouter encore la promotion de la femme (-)
La promotion féminine nous attirera des ennuis de touts
sortes (-)
J'accepterais volontiers que ma femme quitte la maison pour
aller assister à une réunion du Parti (+)
On ne peut rien faire de bon avec ces femmes : elles sont
trop superficielles (-)
Les femmes sont aussi intelligentes que les hommes (+)
Les femmes ont aussi le droit de s'exprimer librement, tout
comme les hommes (+)
La femme est exploitée : il faut que cette
situation cesse (+)
Croire qu'un jour les femmes seront égales à
l'homme parce qu'elles fréquentent l'université est une utopie
(-)
Admettre que les femmes fassent de la politique est une grosse
erreur
(-)
En politique, les femmes sont aussi capables que les hommes
(+)
|
|
|
* 1 « La parole de la
femme n'a pas de valeur », traduction de P. HARIMENSHI in
« Au coeur de l'Afrique », T. XV, N°3, Mai-Juin 1975,
Bujumbura, Les Presses Lavigerie, 1975, p. 154
* 2 GASPARD, (F) :
« Ni émancipées, ni libérées :
autonomes » in « Le Monde », N° 10369, du 2
juin 1978, p.2
* 3 DEBATY (P) :
« La mesure des attitudes », Paris, P.U.F., 1967, p. 10
* 4 DUIJKER (H.C.J.) et
al : « Les attitudes », Symposium de l'Association de
psychologie scientifique de langue française, Paris, PUF, 1961, pp.
106-107
* 5 Ibid.
* 6 KLINEBERG (O) :
« Psychologie Sociale » T.II, Paris, PUF, 1963, p.541
* 7 KLINEBERG (O) : op.cit,
p. 542
* 8 DUIJKER (H.C.J.) et
al : op.cit, p.73
* 9 DAVAL (R) et al :
« Traité de psychologie sociale », T.I,
2ème éd., Paris, PUF, 1965, p. 191
* 10 LAFON (R) :
« Vocabulaire de psychopédagogie et de psychiatrie de
l'enfant », 2ème éd., Paris, PUF, 1973, p.97
* 11 Cité par PIERON
(H), « Vocabulaire de psychologie », 5ème
éd., Paris, PUF, 1973, p.38
* 12 STOETZEL (J),
« La psychologie sociale », Paris, Flammarion, 1963,
p.166-167
* 13 CASTELLAN (Y) :
« Initiation à la psychologie sociale »,
2ème éd., Paris, A. Colin, 1972, p.196
* 14 MAISONNEUVE (J) :
« Introduction à la psychosociologie »,
2ème éd., Paris, PUF, p.102
* 15 DUIJKER (H.C.J.) et
al ; op.cit. p. 81
* 16 LAFON (R) : op.cit.,
p. 97
* 17 Cité par LAFON, op.
cit., p.97
* 18 DUIJKER (H.C.J.) et
al, op.cit., p. 77
* 19 STOETZEL (J) :
cité par M. REUCHLIN : « Traité de psychologie
appliquée », T.9, Paris, PUF, 1972, p. 11
* 20 DEBATTY (P) : op.
cit., pp, 13-14
KLINEBERG (O): po.cit, pp. 550-551
* 21 DEBATY (P): ibid.
* 22 Le signe + indique
« positif »
* 23 CASTELLAN (Y) :
op.cit., p.206
* 24 MEILI, cité par
DUIJKER (H.C.J) et al : op.cit., pp.81-82
* 25 DEBATY (P): op.cit,
p.14
* 26 KLINEBERDG (O) :
op.cit., p. 551
* 27 KLINEBERG (O) :
ibid.
* 28 MUCCHIELLI (R) :
« Le questionnaire dans l'enquête psycho-sociale »,
5ème éd., Paris, Entreprise Moderne
d'Edition-Librairies techniques-ESF, 1975, p.27
* 29 THURSTONE (L.L):
« Attitudes can be measured» , Am. J. of social., 1928, 33,
pp.529-534, cite par DEBATY (P), op.cit., p.15
* 30 STOETZEL (J) :
cité par H. PIERON, op.cit. p. 304
* 31 STOETZEL (J) :
« Théorie des opinions », Paris, PUF, 1943,
cité par DEBATY, op.cit.,p.15
* 32 LAFON (R) : op.cit.,
pp.609-610
* 33 STOETZEL (J) :
op.cit., pp. 168-170
* 34 LAFON (R) : op.cit.,
p.672
* 35 KLINEBERG (O) :
op.cit., p. 575
* 36 PIERON (H) : op. cit,
p.343
* 37 GIDDINGS (F.H):
« The Principles of Sociology», 1896, cite par KLINEBERG:
op.cit. p.575
* 38 EMBREE ( E.R) :
« Brown America », 1931, cite par KLINEBERG: op.cit, P. 578
et REUTER ( E.B.): The Mulatto in the United States», cité par
KLINEBERG: op.cit, P. 578
* 39 UNESCO : «
Le racisme devant la Science » 2ème éd.,
Paris, Unesco-Gallimard, 1965, pp. 429-457
* 40MANSKE (A.J.) :
Thèse non publiée (doctorat), Teacher College, Université
Colombia, 1935, cité par KLINEBERG: op.cit, P.591
* 41 KLINEBERG (0) :
op.cit, p.543 et NTAWURISHIRA (L) : « L'attitude des
étudiants blancs vis-à-vis de leurs condisciples noirs,
Liège, Mémoire originale, 1963
* 42 LASSWELL (M.D.) :
«Psychopathology and politics», 1930, cite par KLINEBERG (0) :
op.cit, p.544
* 43 FRÖMM (E) :
« Autorität und familie», 1936, cité par KLINEBERG
(0) : op.cit, p.544
* 44 MANSKE (A.J.) :
op.cit., cite par KLINEBERG: op.cit, P.591
* 45 MOSCOVICI ( S) :
« Introduction à la psychologie sociale », V.1,
Paris, Larousse, 1972, p. 22
* 46 NTAWURISHIRA (L) :
op.cit, p.6
* 47 DEBATY(P) : op.cit,
p.39
* 48 MOSCOVICI ( S) :
op.cit, p. 193
* 49 Nous nous sommes
très largement inspiré de :
CASTELLAN (Y) : op.cit, pp. 202-205
DEBATY (P) : op.cit, pp. 22-24
DAVAL (R): op.cit, pp. 191-344
KLINEBERG (O) : op. cit, pp. 555-556
MAQUET (M) : op.cit, p. 6
MUCCHIELLI (R) : op.cit, pp. 29-31
NTAWURISHIRA (L) : op.cit, pp.13-14
SPROTT (W.J.H): «Psychologie sociale», trad., Paris,
Payot, 1954, pp. 120-130
* 50 MUCCHIELLI (R) :
op.cit, pp. 29-31
* 51 EDWARDS (A.L.) :
« Techniques of attitude scale construction», New York, Appleton
Century Crafts, 1957, pp. 172-200; cite par MAQUET (M): op.cit., p.6
* 52 Voir, pour plus de
détails, NTAWURISHIRA (L) : op.cit., pp. 14 et svtes et DAVAL
(R) : op.cit., pp. 192-211
* 53 EDWARDS (A.L.): op.cit.,
pp172-200 cité par MAQUET : op.cit., pp. 6-17
FERGUSON (L) : Personnalty measurement », Mc
Graw-Hill Book Cy, Inc. pp 81-122, cite par MAQUET: pp. 6-17
DAVAL (R): op.cit, pp. 211-220
* 54 Cité par
NTAWURISHIRA (L) : op.cit., pp.13-14
* 55 EDWARDS (A.L) :
op.cit., cite par MAQUET : op.cit, p.7
* 56 MAQUET (M) : op.cit.,
7-17
* 57 HALLEUX (R) :
op.cit., pp. 7-22, cité par MAQUET : op.cit., pp 7-17
EDWARDS (A.L.) : op.cit., pp.149-171, cite par MAQUET :
ibid.
FERGUSON (L) : op.cit., pp.123-140, cite par MAQUET :
ibid.
GUILFORD (J.P.) : «Fundamental statistics in psychology
and education», pp. 565-569, op.cit., pp.149-171, cite par MAQUET :
ibid
* 58 DAVAL (R) : op.cit,
pp.163-18
* 59 La tendance
mécanique chez le sujet à montrer son accord ou son
désaccord, si l'échelle renferme uniquement soit des items
favorables, soit des items défavorables
* 60 MUCCHIELLI (R) :
op.cit., pp. 47-48
* 61 LIKERT (R) :
« A technique for the measurement of attitude», cite par
MAQUET: op.cit., p. 11
* 62 EDWARDS (A.L.) :
op.cit., pp 149-152 cité par MAQUET : op.cit. p. 11
* 63 EDWARDS (A.L.) :
op.cit., pp 149-171 cité par MAQUET : op.cit. p. 14
* 64 Ibid.
* 65 GUILFORD (J.P) :
op.cit., pp. 490-502, cite par MAQUET: op.cit., p.15
* 66 GUILFORD (J.P) :
op.cit., pp. 500-501, cite par MAQUET: op.cit., p.16
* 67 Nous remercions M.
NTAWURISHIRA dont le mémoire original nous a été d'un
grand secours à cet effet.
° Les items favorables sont suivis du signe (+) ; les
défavorables du signe (-).
* 68 FAVERGE (J.M.) :
« Méthodes statistiques en psychologie
appliquée » T.1, Paris, PUF, pp.22-33
* 69 LIKERT (R) : A
technique for measurement of attitude», cite par MAQUET: op.cit., p.11
* 70 GUILFORD (J.P.) :
« Fundamental statistics in psychology ans
education »,p ; 504 et suivantes, cité par MAQUET :
op. cit. p.34
* 71 EDWARDS (A.L) :
op.cit ;, pp. 156-157
* 72 STOETZEL (J) :
« Théorie des opinions », Paris, PUF, 1943, pp. 109
et svtes, cité par MAQUET : op.cit. p. 47
* 73 PIRET (R) :
« Notions de statistique élémentaire
préparatoire à la pratique des tests » (candidature en
sciences pédagogiques), Université de Liège, 1957, pp.
7-8
PICHOT (P) : « Notions de
métrologie ». Bulletin de Psychologie, 1958, N° 149, p.
740 et svtes, cité par MAQUET, op.cit, pp. 51-53
* 74 125 étudiants
ainsi répartis :
40 du Home Kamenge
40 du Grand Home
20 du Home Séminaire et
25 du Homme dit « Soweto »
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