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Déterminants de la pluriactivité au Cameroun

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par Norbert et Edouard ASSOGBA et KALAWA
Institut sous régional de statistique et d'économie appliquée de Yaoundé - Statisticien économiste 0000
  

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11Les statistiques présentées dans ce paragraphe sont tirées du Rapport Principal de la Phase 1 de l'enquête EESI, page n°31

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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

n'est-elle pas due au fait que le phénomène est plus fréquent en milieu rural qu'urbain. Le tableau ci-après permet de lever toute équivoque sur cette question.

La répartition régionale de la pluriactivitéselon le milieu de résidence présentée dans le tableau n°4 ci-dessous montre que l'intensitéde la pluriactivitédans les différentes régions du Cameroun est fortement tributaire de celle observée dans les zones rurales desdites régions. En effet, on se rend compte que les forts taux de pluriactivitéenregistrés dans les régions du Nord et de l'Ouest puis dans une certaine mesure le Centre et l'Adamaoua résultent sans aucun doute de l'importance de la pluriactivitédans les milieux ruraux de ces différentes localités.

TAB. 4 - Répartition régionale de la pluriactivitéselon le milieu de résidence

 

Urbain(%)

Rural(%)

Ensemble(%)

Douala

14,0

-

14,0

Yaoundé11,5

 

-

11,5

Adamaoua

31,3

42,3

39,3

Centre

27,1

43,9

43,0

Est

22,0

36,8

35,4

Extrême-Nord

23,8

38,4

37,2

Littoral

19,8

26,9

25,1

Nord

20,0

66,8

61,3

Nord-Ouest

26,6

46,0

42,7

Ouest

23,1

55,1

47,2

Sud

12,6

33,0

30,2

Sud-Ouest

16,9

29,0

25,8

Source: Calcul des auteurs à partir de EESI

4.1.2 Emplois secondaires

Parmi les individus pluriactifs, on note que 3 actifis occupés sur 4 exercent effectivement un emploi secondaire; cette répartition est homogène selon les milieux de résidence et les régions du Cameroun. Les pluriactifs ayant plus de deux emplois secondaires représentent 19,7%. Pour ceux exerçant trois emplois secondaires, on observe un faible taux (5,8%) au sein de la population active occupée. Une analyse sectorielle nous permet d'approfondir la répartition des emplois secondaires.

Le secteur primaire offre 61,7% des opportunités d'emplois secondaires dont 50,6% pour l'agri-culture. L'industrie fournit nettement moins d'emplois secondaires (17,8%) que le secteur

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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

primaire. Le secteur tertiaire regroupe 20,5% des emplois secondaires dont 8,8% pour le commerce et 11,7% pour les autres services. On va s'intéresser maintenant aux structures d'accueil des individus ayant un emploi secondaire.

Les deux grandes structures pourvoyeuses d'emplois secondaires au Cameroun sont les exploitations agricoles (plantations, champs, fermes, élevage, pêche ...) offrant 61,7% d'emplois contre 36,5% pour les entreprises privées non agricoles. Par contre l'administration publique présente très peu d'opportunités d'emplois secondaires soit 0,6%. Les autres structures, notamment les ménages (personnel de maison), les entreprises associatives (coopératives, syndicats, églises, ONG, ...) offrent seulement 1,2% d'emplois secondaires. L'analyse des emplois secondaires sous l'angle des catégories socio-professionnelles permet de cerner davantage le profil des individus ayant un emploi secondaire.

FIG. 2 - Répartition des emplois secondaires par structure

Source: Calcul des auteurs à partir de EESI

Ces constats sont confirmés par la proportion de personnes pluriactives (56,7%) exerçant leur activitésecondaire dans les plantations ou les champs. Par contre, 14,9% des pluriactifs exercent à domicile sans installations particulières. On note cependant que les pluriactifs ambulants et ceux exerçant dans les marchés publics sont en faibles proportions (4,4% pour les ambulants et 5,2% pour les autres).

L'enquête EESI montre également que, indépendamment de l'emploi principal, les travailleurs pour compte propre sont les plus nombreux du groupe des personnes exerçant un emploi secondaire; ces derniers représentent 68,0% de l'ensemble. Cette catégorie est suivie du groupe « aide-familial » accueillant 21,8% des emplois secondaires. Les autres dont notamment les manoeuvres, les employeurs, les ouvriers, les cadres, ... représentent 10,2% du total. S'agissant de l'exercice légal des activités secondaires, les réponses obtenues peuvent être résumées dans le tableau ci-dessous :

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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

TAB. 5 - Légalitéd'exercice dans l'emploi secondaire

 

N°contribuable

registre commerce

CNPS

Oui

2,3

1,2

1,7

Non

89,6

90,7

98,3

Ne sait pas

8,1

8,1

0,0

Total

100,0

100,0

100,0

Source: Calcul des auteurs à partir de EESI

Il ressort de ce du tableau que la plupart des entreprises offrant les emplois secondaires n'ont ni un numéro de contribuable (89,6%) ni un registre de commerce (90,7%) ni affiliées à la CNPS (98,3%). Pour enrichir davantage notre analyse descriptive de la pluriactivité, on se propose d'examiner ce phénomène en terme de revenus issus des activités secondaires et de l'activitéprincipale d'un pluriactif.

Pour ce qui est de l'activitéprincipale, il se dégage, sur le plan national, un revenu mensuel qui se situe un peu au-dessus du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC), soit 26.800 FCFA (INS, 2005). Avec une durée hebdomadaire moyenne de travail de 38 heures, la rémunération horaire moyenne, d'un travailleur camerounais tourne autour de 715 FCFA. Ces moyennes nationales cachent une certaine disparitéexistant au niveau des secteurs institutionnels et des différents milieux de résidence.

Dans le secteur public, constituéde l'administration oùle revenu moyen mensuel est de 124.300 FCFA et les entreprises publiques et parapubliques au sein desquelles cette moyenne est de 137.400 FCFA, on note une différence importante dans la distribution de revenu. Les revenus sont assez homogènes dans l'administration publique, par contre, on observe une forte concentration des travailleurs dans les revenus les plus faibles au sein des entreprises publiques et parapubliques; le revenu médian égal à 75.000 FCFA est largement inférieur au revenu moyen qui est sensiblement égal à 137.400 FCFA.

Par contre, le revenu moyen mensuel dans le secteur privéformel est plus bas que dans l'ensemble du secteur public et est de 103.600 FCFA. Cependant, c'est dans le secteur privéinformel qu'on rencontre les salaires les plus faibles; les revenus mensuels moyens pour les

activités informelles non agricoles et agricoles sont respectivement de 27.300 FCFA et 11.100 FCFA.

Les travailleurs résidant en milieu urbain perçoivent, en moyenne, un salaire mensuel de 54.300 FCFA qui représente plus du triple de la rémunération de ceux qui habitent en zone rurale (soit 16.000 FCFA).

Parallèlement, l'analyse du revenu tiréde l'emploi secondaire, fait ressortir globalement que, ce

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revenu représente, à peu près, 19,7% du revenu issu des différentes activités des actifs occupés. On remarque également que le revenu issu de l'emploi secondaire est presque égal à la moitiédu revenu issu de l'emploi principal, soit 49,4%. Pour les hommes, on retrouve les mêmes

proportions observées au niveau national; le revenu issu de l'emploi secondaire représente 19,4% du total des revenus et 47,0% du revenu de l'activitéprincipal. La répartition chez les femmes est également proche, du constat fait plus haut; le revenu de l'emploi secondaire est presque égal à 20,0% du total des revenus et 51,8% du revenu de l'emploi principal.

Le poids du revenu de l'activitésecondaire diffère, cependant d'un secteur institutionnel àun autre. Dans le secteur public, il ne représente que 8,0% du total des revenus et 15,1% du

revenu de l'activitéprincipale. Le même constat est fait dans le secteur privéformel en ce qui concerne la part dans le total des revenus (7,5%) mais on constate que ce poids par rapport au revenu de l'activitéprincipale augmente (27,3%). Dans le secteur informel non agricole,

le revenu des emplois secondaires représente 13,1% du total et 28,4% du revenu de l'activitéprincipale. Cependant, le revenu issu de l'emploi secondaire prend, un peu plus, d'ampleur chez les travailleurs du secteur informel agricole : 67,8% du revenu de l'emploi principal.

L'importance du revenu de l'emploi secondaire s'accentue lorsqu'on passe de la zone urbaine à la zone rurale. En zone urbaine, il est égal à 7,6% du total des revenus et 15,3% du revenu de l'emploi principal; par contre il est de 15,1% du total des revenus et 40,2% du revenu de l'emploi principal en milieu semi-urbain. En milieu rural, 25,6% du revenu est issu de l'emploi secondaire et la part du revenu que procure ce dernier est égale à 65,5% du revenu de l'emploi principal.

De cette première analyse, on peut retenir que :

- la pluriactivitéest inégalement répartie entre les régions et les milieux de résidence; le Nord l'emporte sur les régions et la zone rurale sur les milieux de résidence;

- elle est très intense dans les milieux ruraux des différentes provinces du Cameroun notamment dans l'Adamaoua rural;

- le secteur primaire regroupe la plus grande partie des individus exerçant un emploi secondaire et travaillent dans les exploitations agricoles;

- les personnes ayant un emploi secondaire travaillent le plus souvent pour leur propre compte;

- les entreprises offrant les emplois secondaires ne sont pas pour la plupart enregistrées;

- les revenus issus de l'exercice d'emplois secondaires sont largement en deçàde ceux que procure l'activitéprincipale et n'inciteraient guère à la pluriactivité.

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La complexitédu phénomène de participation aux emplois secondaires nous amène à l'explo-rer davantage à travers quelques croisements de variables pour en cerner, un peu plus, ses manifestations et tirer de nouveaux enseignements.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery