La participation des populations dans la construction des équipements publics marchands financés par le Programme National de Développement Participatif (PNDP )( Télécharger le fichier original )par Loà¯c Bertrand BIANGO NYAMA Université catholique d'Afrique centrale - Master 2008 |
D. DEFINITION DES CONCEPTSL'approche participative, population, réalisation, équipements publics marchands sont les concepts qui retiennent notre attention. Mais pour mieux les comprendre nous allons les situer dans le contexte de développement, et même de développement à la base. 1-) ParticipationPour mieux appréhender le concept de participation il faudrait faire un saut dans l'histoire des interventions de l'Etat en matière de développement. Historiquement, on se souvient tous de la centralisation des décisions où l'Etat était à l'origine de toutes les décisions même celles qui concernaient les populations bénéficiaires de certaines actions. Le développement était alors l'apanage ou la seule responsabilité de l'Etat. Ainsi, toutes les actions de développement ont connues des échecs retentissants. Il ressort de ces échecs que les populations doivent être la plaque tournante de leur développement. Dans ce contexte la participation doit se comprendre comme « un processus dont la finalité pérenne est une situation d'autopromotion pour un développement auquel toutes les composantes de la communauté contribuent et tirent les justes retombées ».20(*) Il apparaît donc que la participation dont il s'agit ici est un processus de responsabilisation des communautés et des personnes vivant dans ces communautés afin de prendre conscience que leur développement leur incombe directement et, est une affaire de tous. Mais, il est important de souligner que si cette participation est instrumentalisée alors elle ne produira pas les effets escomptés. Trois concepts apparaissent en filigrane dans cette définition. Il s'agit des concepts suivants : l'appropriation, l'insertion et la responsabilité politique. L'appropriation suppose que le gouvernement crée des situations favorables pour susciter l'adhésion de l'ensemble de la population en faisant participer autant que faire se peut la société civile. L'insertion donne aux pauvres l'opportunité d'influer sur les politiques qui affectent leurs conditions de vie. Enfin la responsabilité démocratique permet d'introduire l'ensemble des acteurs sociaux dans le domaine jadis réservé à l'Etat. Ces trois concepts peuvent être considérés comme les piliers de l'approche participative. 2-) DéveloppementSelon François Perroux, le développement est « la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui rendent apte à faire croître, durablement et cumulativement, son produit global »21(*). De nos jours, le terme développement est toujours accolé à un adjectif. Le concept de développement le plus en vogue est le développement durable. Or selon Ignacy Sachs22(*), « l'éco développement ou développement durable est une amélioration des conditions de vies des communautés humaines qui respecte les limites de la capacité de charge des écosystèmes »23(*). Pour conduire le développement, il faut prendre en compte cinq dimensions à savoir : - La durabilité sociale : mettre en oeuvre un processus fondé sur une autre croissance et alimenté par une autre vision ; - La durabilité économique : elle dépend d'une répartition et d'une gestion des ressources plus efficaces et d'un flux constant d'investissements privés et publics. Ce qui nécessite de venir à bout des contraintes externes actuelles : le fardeau du service de la dette et le flux net de ressources financières protectionnistes imposées par les pays industrialisés, l'accès limité à la science et à la technique ; - La durabilité écologique peut être renforcée : en intensifiant la mise en valeur des ressources des différents écosystèmes ; en limitant la consommation des combustibles fossiles ; par autolégitimation de la consommation matérielle des pays riches ; en intensifiant la recherche des techniques propres ; en définissant des règles par une protection adéquate de l'environnement ; - La durabilité spatiale : assurer un meilleur équilibre villes-campagnes, notamment en créant des possibilités d'industrialisation décentralisée de transformation de biomasse pour créer les emplois ruraux non agricoles ; - La durabilité et la culture : chercher des racines endogènes aux modèles de modernisation et aux systèmes intégrés de production. La durabilité et la culture nous renvoient à la notion de développement à la base. Comme nous pouvons le constater, ces deux définitions mettent l'homme au centre du processus de développement. Ces définitions s'éloignent des termes plus rigides tels que la croissance, le produit intérieur brut, qui ont pour objectifs la quantification des actions économiques. Dans ces définitions, il ressort que le développement est intrinsèquement lié à l'homme, et en particulier, aux dynamismes de changement qui le caractérise c'est-à-dire, la capacité de s'accommoder à son contexte spatio-temporel. Mais, qu'il s'agisse de la croissance, du produit intérieur brut, les finalités restent les mêmes à savoir que les changements que l'homme doit opérer ou qui doivent se faire au niveau des unités économiques, doivent avoir comme objectifs, l'accroissement durable du produit réel global. Il ressort donc que, pour Perroux et bien d'autres, la finalité du développement n'est pas directement l'homme, mais l'augmentation des richesses matérielles. La question qui transparaît est de savoir si l'augmentation des richesses implique automatiquement l'amélioration des conditions de vie des populations ? D'après ce qui précède, le développement économique n'est qu'un aspect de l'ensemble des changements qui peuvent se produire dans une société donnée. Car il y a d'autres aspects sociaux qui doivent être pris en compte d'où la nécessité de comprendre le concept de développent à la base. La définition qui indique le mieux ce que nous voulons exprimer est celle de De Sardan car pour lui, le développement c'est « comme l'ensemble des processus sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d'un milieu social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs »24(*). * 20 Manuel du praticien des appuis au processus d'élaboration des PDL et PDC ; PNDP, 2004, page 14. * 21 Cité par Mamadou Alpha Barry dans jeune Afrique économique du 18 septembre 1995. * 22 Économiste d'origine polonaise, socio-économique. Depuis 1968 il est directeur d'études et maître de chaire à l'école des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris. * 23 Ignacy Sachs, L'Eco développement, stratégies de transition vers le XXIe siècle, page 102. * 24 Jean Pierre Olivier De Sardan, Anthropologie du développement. Essai en socio anthropologie du changement social, Karthala, Paris, 1995, page 7. |
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