La participation des populations dans la construction des équipements publics marchands financés par le Programme National de Développement Participatif (PNDP )

Paragraphe 2 : Organe d'appui au développement : la société civile.

Il existe un écart considérable entre le pouvoir central et le citoyen. C'est cet écart qui marque la sacralité du pouvoir de l'Etat ou du pouvoir politique. Entre ces deux pôles il s'établit néanmoins un lien permettant aux citoyens de faire accéder leurs revendications au sommet de l'Etat ; c'est la société civile. Elle se place comme un lien naturel entre les deux entités de la vie politique que sont l'Etat et ses citoyens. Or au Cameroun, la vie politique est marqué par la faiblesse des partis d'opposition ce qui a pour conséquence à priori le renforcement du rôle de la société civile. La société civile ne peut véritablement s'exprimer dans un contexte de démocratie libérale ; ainsi, l'Etat cède une partie importante de son champ d'action pour encourager les citoyens à la construction du pays. C'est le rôle fondamental de la société civile ; on s'aperçoit au Cameroun que ce rôle est mal compris ; car la société civile camerounaise qui doit jouer le rôle de contre pouvoir à l'Etat sans s'opposer à lui, défend plutôt les intérêts de l'Etat. Ceci peut être du au contexte même de création ou de naissance de la société civile en Afrique et au Cameroun.

Le concept de société civile est né différemment en Afrique que dans sa conception Européenne ou Américaine. En Afrique, ce concept a été construit dans un climat racial, colonial et de dégradation ou d'humiliation de l'Africain. Ce concept a été utilisé par le colon pour marquer une différence entre les civilisés (Européens) et les non civilisés (Africains, indigènes). La société civile était par conséquent une société d'exclusion et de discrimination ou mieux encore « un espace, ou un terrain socio-économique, politique, esthétique et intellectuel exclusivement réservé aux Européens et expressément interdit aux Africains »^65(*). D'après cette conception discriminatoire de la société civile, l'une des définitions que nous pouvons lui donner est que «  la société civile est une société civilisé dans laquelle les hommes échangent pacifiquement »^66(*).Dans cette définition on voit bien que l'Africain est exclu du champ de la société civile, car considéré par le colon comme un indigène à « civiliser » dans sa définition non tronquée la société civile se veut être un ensemble de personnes ou de groupes de personnes qui décident de se mettre ensemble pour participer à la vie politique et économique d'un pays. C'est peut être le contexte de création de la société civile en Afrique et au Cameroun en particulier qui la rend amorphe apatite et incapable de jouer le rôle qui lui est assigné. Or dans les pays occidentaux, la société civile à jouer un rôle important dans le développement de la société ; on peut prendre pour exemple la loi du New Deal aux Etats-Unis en faveur des fermiers qui s'étaient soulevaient pacifiquement pour la prise en compte de leur droit.

On a l'impression au Cameroun que les organisations de la société civile ne comprennent pas le rôle important qu'ils doivent jouer dans l'impulsion du développement. La responsabilité ne leur incombe pas totalement car la société civile vaut tous son pesant si et seulement si les conditions d'une démocratie libérale sont entièrement respectées. Par conséquent, l'Etat en vue de favoriser le développement économique doit mettre sur pied les conditions pour l'épanouissement de toutes ses entités tant politiques qu'économiques, car la démocratie est la condition nécessaire pour une participation efficace.

* ⁶⁵ Knowledge Rajone Matshedisho, Sciences sociales et devenir de l'Afrique, page 2.

* ⁶⁶ Séverin Cécile Abega, Le retour de la société civile en Afrique, page16.