La participation des populations dans la construction des équipements publics marchands financés par le Programme National de Développement Participatif (PNDP )( Télécharger le fichier original )par Loà¯c Bertrand BIANGO NYAMA Université catholique d'Afrique centrale - Master 2008 |
LISTE DES TABLEAUXTableau 1 : Echantillon enquêtés Tableau 2 : Participation de la population à travers tout le cycle de projet Tableau 3 : Typologie de la MARP LISTES DES ANNEXESANNEXE 1 : Guide d'entretienANNEXE 2 : Lettre d'admission en stage ANNEXE 3 : Lettre d'introduction auprès du Maire de Dibang ANNEXE 4 : Lettre d'introduction auprès du Maire d'Eséka ANNEXE 5 : Lettre d'introduction auprès du Maire d'Akono ANNEXE 6 : Zone d'étude avec matérialisation de quelques villes et villages ANNEXE 7 : Zone d'étude avec matérialisation de toutes les villes et villages ANNEXE 8 : Photo descente de terrain ANNEXE 9 : Liste des équipements marchands cofinancés par le PNDP dans ses zones actuelles d'intervention INTRODUCTION GENERALEAvec un peu moins d'un milliard d'habitants, l'Afrique demeure le continent le moins peuplé de la planète. Mais, c'est le continent où la famine est la plus sévère dans le monde. Le revenu par habitant a diminué jusqu'au début des années 2000 puis à commencer à remonter au début des années 20041(*). Le taux de croissance annuelle de la population en 2009 a été de 2,3%2(*), alors que le taux de croissance du revenu n'a été que de 4%3(*), et cela malgré les ravages des endémies (sida, paludisme, etc.) ; malgré les guerres fratricides (Rwanda, République démocratique du Congo, Congo, Liberia, Tchad etc.) ; malgré une mortalité infantile très élevée. Selon les statistiques de la Banque mondiale, le revenu par tête et par an en Afrique subsaharienne est tombé de 563 dollars en 1980 à 485 dollars en 1992, seulement 300 dollars en 1997 et près de 2000 dollars en 20094(*). D'une superficie d'environ 475 400 km2, le Cameroun compte environ 16 millions d'habitants ; sa croissance est sensiblement de 2,8% ce qui est la norme dans les pays de l'Afrique centrale. Le Cameroun est mosaïque de 200 ethnies parlant au moins 24 langues, le pays est caractérisé par deux types de climat ; un climat équatorial et un tropical. Grâce au choc pétrolier des années 1970, le Cameroun a eu une croissance économique à deux chiffres. Cette croissance s'est fait ressentir par l'expansion du secteur agricole par la culture du cacao, café, coton et dans l'industrie par la création de quelques entreprises tel que la Sodécoton, la Camrail et bien d'autres. La Détérioration des termes de l'échange, la dévalorisation du dollar, la baisse du cours des matières premières vont entraînés au cours des années 1985 une grave crise économique au Cameroun ; avec pour effet la fermeture des entreprises, la chute du taux de croissance et par ricochet l'augmentation du taux de chômage et la dégradation des conditions de vie des populations. D'après l'annuaire statistique du Cameroun en 2008, 39,9% de la population vie en dessous du seuil de pauvreté, soit 12,2% en milieu urbain et 55% en milieu rural. Cette situation a amené les autorités mondiales à s'interroger sur les possibilités de remédier à cette situation ; l'approche par les projets avait retenue l'attention avec en filigrane le transfert de technologies ; ces mesures n'ont pas satisfait les attentes. On s'est alors tourné vers de nouvelles stratégies basées sur les Objectifs du millénaire visant à réduire la pauvreté de moitié. C'est ce qui a favorisé la réduction substantielle de la dette des pays pauvres à travers l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Les Bailleurs de fonds ont voulu que les projets émanent des populations et non plus un simple transfert de technologie, c'est la raison pour laquelle la participation des populations aux différentes phases d'un projet est la condition première de financement d'un projet. La participation apparaît comme un nouveau paradigme de développement en Afrique et au Cameroun. A. CONTEXTE D'ETUDEAu lendemain de la seconde guerre mondiale, le monde entier semble prendre conscience que la pauvreté de certaines parties du globe terrestre peut être un facteur de guerre mondiale. Et comme la guerre fut un triste souvenir, il faut absolument enrayer le spectre de celle-ci, et par tous les moyens. L'amélioration des conditions de vie de certaines populations sera désormais considérée comme l'un des moyens pour lutter contre l'éventualité d'une autre guerre mondiale. C'est ce qu'atteste la charte des Nations Unies rédigée à San Francisco en 1945 qui stipule que les guerres pourraient être évitées par « l'élimination de la pauvreté et des privations qui les rendent possibles ». L'article 55 de la charte dispose d'ailleurs que les Nations Unies, en vue de créer les conditions de stabilité et de bien être doivent favoriser le relèvement du niveau de vie, de l'emploi et les conditions de progrès et de développement dans l'ordre social. C'est ainsi que le président Harry TRUMAN5(*) lors de son discours inaugural prononcé le 29 janvier 1949 devant le congrès, lance un vibrant appel à tous les pays industrialisés pour « accentuer l'investissement du capital dans les zones ayant besoin du développement », convaincu que leur « pauvreté est un handicap et une menace à la fois pour elles et pour les régions prospères ». Ainsi, à cette époque, la quasi-totalité des pays dits sous-développés étaient pauvres. Pour remédier à cette situation, il fallait les aider à se développer, notamment en leur prêtant de l'argent afin qu'ils puissent financer leur développement. Cette idée s'est accentuée avec l'accession aux indépendances de la quasi-totalité des pays Africains au début des années 1960. De ce fait, de fonds colossaux sont mobilisés pour le financement du développement. Ces fonds apparaissent sous diverses formes, et la plus répandue est le financement du développement par l'emprunt extérieur, car l'emprunt est un facteur accepté du développement économique. Ces emprunts devaient permettre aux pays Africains de consacrer à l'investissement un montant supérieur à l'épargne et d'importer davantage que ne leur permettraient les recettes d'exportation6(*). Les investissements et les importations doivent rapporter suffisamment pour payer les intérêts, les dividendes et le capital dus au titre des apports initiaux de financements étrangers, s'ils sont affectés à des emplois productifs7(*). On s'est rendu compte que durant les trois décennies qui ont suivis l'indépendance, l'Afrique s'est présentée comme un vaste continent en chantier ; de nombreux projets sont financés à coup de milliard. Le développement est conçu sous l'angle de la quantité et non de la qualité ; c'est-à-dire que des structures ou des infrastructures sont construites sans se soucier des besoins des populations, mais tout simplement en cherchant à acquérir le plus grand nombre de celles-ci. Selon l'expression de l'historien burkinabé Joseph Ki Zerbo, on est en présence d'un « développement clé en main ». Cela suppose que, les projets ont été mis sur pied sans tenir compte de celui pour qui, ils étaient mis en route à savoir l'homme. Quarante ans après les grands chantiers mis en oeuvre en Afrique, le constat est alarmant ; non seulement le développement amorcé n'est pas atteint mais aussi, il apparaît un endettement insoutenable ; une pauvreté grandissante et un nombre sans cesse croissant de malades atteints du SIDA. Selon Samir Amin, on a aboutit à la faillite du développement dans le tiers monde et en Afrique. Suite à cet échec, une question semble être fondamentale et actuelle : c'est celle de savoir si les dirigeants Africains avaient pris le temps de comprendre comment mener une action de développement ? Dans la majorité des Etats africains, l'approche adoptée a été celle du développement par le haut8(*). Or, la mise en oeuvre d'un projet de développement visant à améliorer les conditions de vie des populations bénéficiaires doit totalement les impliquer en tenant compte des particularismes socioculturels des communautés. Traditionnellement, le développement a longtemps été financé par le biais de projets. S'il y a eu un mot malheureusement utilisé et galvaudé en Afrique, c'est bien celui de projet. Or dans l'histoire des interventions de développement rural, les projets ont été pendant longtemps des interventions ponctuelles, c'est-à-dire visant à résoudre un problème précis ; lourdes, c'est-à-dire avec beaucoup de moyens (financiers, matériels et humains) ; et surtout exogènes, ce qui est leur péché originel que critiquent les théoriciens du développement endogène9(*).Cette forme de financement10(*) a commencé à être récusée au cours des années 1980 pour deux raisons aux moins : - La lenteur des décaissements au niveau des gouvernements au terme d'un processus comprenant les phases : d'identification, de faisabilité, d'évaluation économique et financière, de négociation, de signature et mise en oeuvre ; - L'épuisement du stock de projets finalisés et viables, en dehors de l'échec de nombre de ceux déjà mis en oeuvre11(*). Les causes de l'échec des projets sont d'une part une maîtrise imparfaite de l'environnement du projet, et surtout le mode d'élaboration des projets qui est souvent fait par les bailleurs de fonds eux-mêmes. A titre illustratif, « au lendemain des indépendances, le modèle promu en Afrique pour le développement agricole était celui qui avait prévalu en Europe en matière de vulgarisation agricole. Le principe de mise en oeuvre de ces projets était de sélectionner des thèmes techniques mis au point par la recherche agronomique et de les diffuser auprès des bénéficiaires supposés ignorants, par un réseau d'agents, moniteurs, encadreurs suivants des pratiques coercitives »12(*). Cette manière de mettre en oeuvre les projets a abouti à la construction des « éléphants blancs »13(*). Or l'implication des bénéficiaires aurait évité la construction des gouffres financiers tel que les projets exogènes l'on fait. La parole des acteurs de base, la connaissance profonde de leur environnement naturel et de leur système de production acquise d'une expérience séculaire ne s'exprime pas toujours selon les mêmes critères que ceux des techniciens de développement. Par exemple, « des agriculteurs Rwandais se plaignaient de voir tomber avant qu'ils ne mûrissent les fruits des avocatiers. Par des pratiques « magiques » ils sont arrivés à enrayer ce problème notamment en invoquant leurs ancêtres par des dépôts de cendres au pied des arbres. Les cadres du programme d'appui étaient désorientés par ces pratiques et tentaient de les dissuader de ces coutumes « obscurantistes ». Les agriculteurs défendaient leurs méthodes, car suites aux applications les fruits ne tombaient plus. Les cadres du programme d'appui durent pousser leur réflexion plus loin. En fait, les cendres constituaient l'apport nécessaire pour combler le déficit en potasse des sols, ce critère technique était traité par les agriculteurs sur un autre plan (culturel et religieux) »14(*). Cette manière d'utiliser les emprunts extérieurs n'a pas eu les effets escomptés, au contraire, les pays Africains et le Cameroun en particulier ont abouti à un endettement insupportable renforçant la précarité dans laquelle les populations étaient plongées au lieu d'améliorer les conditions de vie de celles-ci. Face à cette situation, il fallait trouver des voies et moyens pour relancer le développement dans les pays sous-développés. Le FMI et la Banque Mondiale ont prescrit aux Etats Africains le libéralisme15(*)avec en toile de fond les programmes d'ajustements structurels dont le but était de stabiliser l'économie et restaurer les équilibres macro-économiques par le biais de l'ajustement interne ayant pour effet la diminution de la masse salariale que versait l'Etat camerounais à ses fonctionnaires. Cette solution n'a pas produit les effets escomptés, on a alors fait recours à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés adopté au sommet du G716(*) à Cologne en Allemagne et visant à rendre supportable la dette des pays sous-développés, par l'annulation substantielle d'une partie de la dette. Aujourd'hui, l'heure est au désengagement de l'Etat, et aussi peut être à la remise en cause de l'aide classique17(*) par projet, bien que l'on assiste parfois à la remise en selle de formes classiques d'assistance technique sous prétexte de la promotion de nouveaux opérateurs privés. Après la fin de l'Etat bienfaiteur, de nombreuses opérations visent à promouvoir « les porteurs de projets » c'est-à-dire à soutenir des initiatives propres à des individus ou des groupes d'individus dont les projets peuvent contribuer à leur survie mais aussi participer au développement local. C'est dans cet esprit que de nombreux programmes ont été conçus au Cameroun pour rechercher ou soutenir les projets à l'initiative des acteurs et non ceux parachutés de l'extérieur. Parmi ces programmes on peut citer le Programme National de Développement Participatif (PNDP) ; Il est destiné essentiellement aux communes et aux communautés à la base, et à la charge d'aider les populations à comprendre les enjeux de la participation dans le développement. Actuellement, le PNDP se déploie sur six régions à savoir : le Centre, l'Ouest, le Sud, l'Adamaoua, Nord et l'Extrême Nord. Il apporte précisément un appui aux bénéficiaires à travers le cofinancement des microprojets de développement. Tout cet appui est destiné à contribuer à l'amélioration des conditions de vies des populations et le renfoncement de leurs capacités pour l'appropriation du processus de prise en charge de leur propre développement au niveau local, à travers l'élaboration des plans de développement communaux. Notre étude pour être plus efficace a été circonscris dans un espace géographique et de temps. * 1 Cia world factbook 01 janvier 2009 * 2 Donald Karuba, La crise mondiale et ses implications dans les pays émergents et en voie de développement, rapport de la BAD, juin 2009, page 3. * 3 Idem * 4 Ibidem * 5Truman, Harry S. (1884-1972), homme d'État américain, vice-président (1945), président des États-Unis (1945-1953), qui fut l'initiateur de la politique américaine de la guerre froide, ou doctrine Truman, consistant à endiguer le communisme par un soutien militaire et économique aux États non communistes. * 6 Malcolm Gillis et al, Economie du développement, Bruxelles, De Boeck et Larcier, 1998, page.536. * 7 Idem * 8 Issue de l'anglais « top down » cette approche est caractérisée par la prise décision des gouvernants aux gouvernés, c'est-à-dire sans que les populations ne soient consultées à l'avance. * 9 François Perroux, Samir Amin, John Kenneth Galbraith ; ces auteurs pensent que le développement doit être auto-soutenue et auto-entretenue c'est-à-dire propre aux pays qui mettent sur pied les stratégies de développement. * 10 L'approche par projet. * 11 Roger Tchoungui.. , « La dette : un cas particulier, le Cameroun », in La dette des pays du Sud, , Cahiers de l'UCAC N°05, Yaoundé, page 34. * 12 Etienne Beaudoux, Accompagner les ruraux dans leurs projets, L'Harmattan, Paris, 2000, page 23. * 13 Projets dont les activités cessent quand s'assèche ou se termine le financement extérieur * 14 Etienne Beaudoux et al. : Cheminement d'une action de développement : De l'identification à l'évaluation, L'Harmattan, Paris, page 42. * 15 Doctrine économique qui prône le désengagement de l'Etat dans les activités économiques * 16 Groupes des sept pays les plus industrialisés au monde. * 17 C'est-à-dire que, les projets sont conçus par une approche top down en d'autres termes, de l'Etat vers les populations et non par l'approche buttom up c'est à dire des bénéficiaires vers les pouvoirs publics. |
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