La société est constituée de plusieurs
individus qui participent à la vie économique : ce sont les
agents économiques. Ces derniers prennent des décisions et
réalisent des opérations qui les mettent en relation les uns avec
les autres : ils exercent une activité, perçoivent des
revenus, accumulent du capital, prêtent, empruntent etc.
En fonction de leur activité principale, ces agents
économiques peuvent être classés en cinq catégories
appelées secteurs institutionnels. On distingue ainsi : les
entreprises, les ménages, les administrations, les établissements
de crédit et le reste du monde.
Au regard des besoins de consommation ou d'investissement
qu'ils souhaitent réaliser, les ressources propres des agents
économiques peuvent être insuffisantes. Ainsi, pour les
entreprises, il arrive souvent que leurs disponibilités du moment ne
leur permettent pas de financer leur cycle d'exploitation ou leurs
investissements. Elles s'adressent alors à d'autres agents
économiques, précisément les établissements de
crédit ou banques pour se procurer les ressources financières
dont elles ont besoin. Le financement se fait alors sous forme de crédit
bancaire.
Cependant, chaque crédit octroyé
représente un risque pour l'emprunteur d'une part, s'il n'arrive pas
à rembourser le crédit et pour l'organisme prêteur d'autre
part. C'est pourquoi pour octroyer des crédits les banques effectuent
une analyse des dossiers des demandeurs. Cette analyse est d'autant plus
complète que le montant du crédit est élevé.
Le but de ce mémoire est de s'interroger sur les
facteurs intervenants dans la décision d'octroyer un crédit
bancaire. Autrement dit, sur quels critères la banque se base-t-elle
pour octroyer un crédit ? Et comment se fait l'analyse de ces
différents critères ?
La première partie de ce mémoire est
consacrée aux cadres théorique et méthodologique.
La deuxième partie, scindée en trois chapitres,
traitera des types de financements dont disposent les entreprises (court terme
et long terme), des différents critères intervenant dans la
prise de décision de la banque et présentera une étude de
cas portant sur l'analyse des critères d'octroi de crédit
à la CBAO Groupe Attijariwafa Bank.
Chapitre 1 : CADRE THEORIQUE
1.1. Problématique
La banque joue un rôle important dans une
économie. Elle est un intermédiaire entre les agents à
capacité de financement et ceux à besoin de financement. Elle
permet, par le biais du crédit, le financement des projets des agents
économiques qui ne disposent pas de ressources suffisantes. De plus,
pour les entreprises qui ont généralement une épargne
inferieure à leurs investissements, le crédit constitue le
principal mode de financement de l'activité productive. Or, le
financement par le crédit suppose que la banque assume le risque
d'insolvabilité de l'emprunteur. C'est pourquoi les banques
étudient les dossiers des demandeurs de crédit : elles
évaluent le risque et financent les opérations dont elles
anticipent favorablement le résultat.
Ainsi, la première question que l'on se poserait serait
de savoir comment sont prises les décisions d'octroi de
crédit ? Autrement dit, quels facteurs interviennent dans la
décision d'accorder un crédit à une entreprise ?
Aussi, compte tenu de l'enjeu des sommes concernées, la
décision d'octroi de crédit bancaire est particulièrement
importante. Les banques se montrent très exigeantes et freinent ainsi
l'accès au crédit car les entreprises, surtout les PME, ne sont
pas toujours à mesure de satisfaire leurs exigences. Il convient donc de
se demander comment faciliter l'accès au crédit bancaire?
A la fin de cette étude, nous tenterons d'apporter des
suggestions sur la question en vue d'améliorer la relation banque-
entreprise.
Des objectifs, autour desquels porte cette recherche, ont donc
été fixés.
1.2. Objectifs de recherche
Les objectifs de recherche regroupent l'objectif
général de ce travail et les objectifs spécifiques.
1.2.1. Objectif général
L'objectif de cette recherche est d'étudier un des
rôles principaux de la banque : le financement de l'économie
par l'octroi de crédit.
Il s'agit de s'interroger sur les critères qui, aux
yeux de la banque, apparaissent particulièrement discriminants ou
importants dans la décision d'octroyer ou non un crédit
sollicité par une entreprise.
1.2.2. Objectifs spécifiques
Les objectifs particuliers sont les suivants :
· Etudier les besoins de financement d'une entreprise.
· Savoir comment se fait l'analyse d'un dossier de
crédit.
· Comprendre sur quelles bases sont prises les
décisions d'octroi de crédit.
· Rechercher les conditions qui favoriseraient l'octroi
d'un crédit sollicité.
1.3. Hypothèses de travail
Comme hypothèses portant sur ce travail, on
retiendra les suivantes:
· Hypothèse 1
Le montage d'un bon dossier de crédit (respect des
aspects formels, documents comptables et états financiers fiables
annexés, apport des garanties exigées...) faciliterait la
décision du banquier.
· Hypothèse 2
L'analyse des critères reposerait essentiellement sur
les documents financiers fournis par l'entreprise ; autrement dit sur sa
solvabilité.
· Hypothèse 3
Les règles prudentielles énoncées dans la
loi bancaire et les ratios fixés que les banques sont tenues de
respecter ont un impact sur leur activité, et poseraient des limites
tout en réduisant ainsi le financement par le crédit.
1.4. Pertinence du sujet
Obtenir un crédit bancaire n'est pas toujours facile
pour une entreprise : les conditions d'accès sont très
délicates et les garanties exigées par la banque sont parfois
difficiles à réunir. Ce problème ralentit le
développement de l'entreprise et par le fait même la croissance
de l'économie d'un pays.
Ce thème de mémoire permet de comprendre d'une
part, si l'on se place du coté de la banque, comment sont prises les
décisions de financement, particulièrement, comment se fait
l'analyse des dossiers des entreprises sollicitant des crédits
auprès de la banque ; d'autre part, il s'agit d'étudier les
critères qui permettraient à une entreprise d'obtenir facilement
un crédit afin de financer son cycle d'exploitation ou un
investissement.
1.5. Revue critique de littérature
L'élaboration de ce travail s'est
fait sur la base de documents tournant autour du sujet. A cet effet, un
ensemble de livres et rapports ont été consultés :
· « Trésorerie et finance
d'entreprise », Phillipe Kneipe 3ième
édition 1997.
· « Evaluation de la rentabilité des
projets d'investissement » de Franck Olivier Meye, préface de
Guy Charest, éditions L'Harmattan 2007.
· Services financiers et allègement de la
pauvreté, document de travail n°7 « Pratiques bancaires
dans les opérations de crédit avec les Petites et Moyennes
Entreprises en Afrique de l'ouest » de Bernd Balkenhol et Christian
Lecointre.
· « Gestion financière » par
Gerald Melyon collection Lexifac-gestion, éditeur Bréal,
4ième édition 2007
· « Economie contemporaine, analyses et
diagnostics » par Jean Didier Lecaillon, Jean Marie Le page,
Christian Ottajv ; 3ième édition 2008.
· « Jeune Afrique spécial finance :
les 200 premières banques africaines classement exclusif
2006 » hors série n°13 édition 2006.
· Des mémoires d'étudiants, disponibles en
ligne, sur le site
www.memoireonline.com, et au
sein de l'école ont été également
consultés.
Il est vrai qu'il a été difficile de trouver
des documents traitant spécialement des critères essentiels
d'octroi de crédits bancaires mais chacun des documents cités
précédemment a concouru, d'une manière ou d'une autre,
à l'élaboration de ce mémoire.
Chapitre 2 : CADRE METHODOLOGIQUE
2.1. Cadre de l'étude
Ce mémoire de recherche a été
entièrement réalisé au Sénégal, pays
d'Afrique de l'ouest d'une superficie de 196.712 km². Il est limité
au nord par la Mauritanie, à l'est par le Mali, au sud par la
Guinée Conakry et la Guinée Bissau, à l'ouest par la
Gambie et l'Océan Atlantique. Les principales villes sont : Dakar,
Thiès et St louis. Le français est la langue officielle. Sa
population est estimée à 12.171.265 (projection 2009)1(*) selon l'Agence Nationale de la
Statistique et de la Démographie (ANSD).
Le Sénégal, avec un PIB par habitant
évalué à 710 USD en 20062(*), connaît des taux de croissant parmi les plus
élevés de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA) mais reste un PMA dont près de 50% de la population vit en
dessous du seuil de pauvreté.
L'économie sénégalaise est entrée
dans une phase de croissance vigoureuse portée, à partir des
années 2000, par le bâtiment, le commerce, les transports et les
communications. Le secteur primaire (14.6% du PIB en 2006) se
caractérise par la forte vulnérabilité de l'agriculture
due aux aléas climatiques et à la menace acridienne.
Le secteur secondaire repose essentiellement sur la
production d'engrais et d'acide phosphorique et sur la transformation de
l'arachide en huile et en tourteaux pour le bétail.
Le secteur tertiaire (63.9% du PIB) bénéficie de
l'excellence des infrastructures de télécommunications qui
favorise les investissements dans les téléservices et
l'internet.
2.2. Délimitation du champ de
l'étude
Ces dernières années le réseau bancaire a
considérablement évolué au Sénégal.
Le système bancaire sénégalais est
aujourd'hui solide et la plupart des banques sont des filiales ou des
représentantes de sociétés internationales. Le
Sénégal compte plus d'une dizaine de banques et leur
réseau est désormais très dense dans les différents
quartiers de la capitale et dans les régions. La dévaluation du
CFA en 1993 avait rendu la population méfiante des banques ;
cependant, la situation s'est largement améliorée et bon nombre
de la population possède un compte bancaire. L'accès au
crédit s'est également développé ; tout ceci
grâce à l'augmentation d'une classe moyenne fonctionnaire et
commerçante. Les crédits immobiliers et les crédits
à la consommation sont en forte hausse, permettant ainsi aux clients de
disposer de logement et ou de s'acheter un véhicule.
L'étude en question concerne l'octroi des
crédits bancaires aux entreprises ; son champ se délimitera
à la banque CBAO-Groupe Attijariwafa Bank. Une présentation plus
détaillée de la banque se fera dans la deuxième partie.
2.3. Méthodes d'investigation
Pour recueillir toutes les informations nécessaires
à la rédaction de ce mémoire diverses méthodes de
recherches et d'informations ont été utilisées.
La plus importante reste l'étude documentaire qui a
permis de consulter des ouvrages, des mémoires et des articles de
magazines.
A cela, il faudrait ajouter des recherches en ligne sur des
sites et des discussions avec des amis, travaillant dans des banques de la
place, qui ont été particulièrement enrichissantes.
2.4. Difficultés rencontrées
La difficulté majeure rencontrée durant cette
étude reste l'obtention de rendez vous pour des entretiens avec des
responsables des banques de la place ; mais aussi l'accès à
certains documents considérés comme confidentiels par les
entreprises.
A cela, il faudrait ajouter la recherche de sites internet, de
livres et magazines traitant du sujet.
Chapitre 1 : LES CREDITS D'EXPLOITATION
De la même manière qu'une entreprise doit trouver
le moyen de satisfaire ses besoins de financement à long terme en
relation avec sa politique d'investissement, il lui faut répondre
à ses besoins de financement à court terme.
Pour ce faire, elle dispose d'un certain nombre d'outils lui
permettant, soit de réduire son besoin en fonds de roulement, soit
d'obtenir des crédits à court terme. Le court terme
désigne la durée où le prêt est requis ainsi que la
période sur laquelle est échelonné le remboursement. Les
prêts à court terme se font habituellement sous forme de
prêts d'exploitation à terme (moins d'un an) et de marges de
crédit renouvelables. Ils financent les activités quotidiennes de
l'entreprise, notamment les salaires des employés, et les achats de
stock et de fournitures. Celles-ci s'épuisent rapidement et les stocks
se vendent, ce qui crée la rotation des stocks. Les prêteurs
favorisent les entreprises qui affichent une saine gestion, un potentiel de
croissance stable et des projections de trésorerie fiables.
1.1. Approche des concepts
Que ce soit à la création ou pour des
nécessités de développement, l'entreprise a souvent des
besoins de financement.
Elle dispose d'un certain nombre de moyens pour
répondre à ses besoins de financement. Outre l'autofinancement,
le recours au crédit bancaire est la solution la plus couramment
utilisée.
Pour ce faire, nous tenterons de définir la notion de
crédit puis nous verrons ce qu'est une entreprise, avant
d'étudier les besoins de financement qu'elle rencontre.
1.1.1. Notion de crédit
Dans son acception la plus large, c'est à dire en
matière de finances, le crédit (du latin
« crederer » qui signifie faire confiance) est un
prêt accordé par un banquier ou par un fournisseur.
En comptabilité, le crédit représente la
partie d'un compte dans laquelle s'inscrivent les sommes payées par le
titulaire du compte et celles qui lui sont dues.
Pour les économistes, le crédit
est une opération qui consiste pour un prêteur
ou créancier à mettre à disposition d'un
emprunteur ou débiteur, une certaine somme d'argent
moyennant un engagement de remboursement à une date
déterminée à l'avance.
Le créancier qui met à disposition les fonds va
généralement exiger une rémunération :
l'intérêt. Son montant est exprimé par le taux
d'intérêt.
D'une manière générale on distingue
plusieurs types de crédits en fonction de leur durée :
· Le crédit à court terme (quelques jours
à 2 ans) : il comprend l'escompte, les crédits de caisse
(facilités de caisse, crédit de campagne, découvert
bancaire)...
· Le crédit à moyen terme : sur 5
à 7 ans, il s'applique à l'acquisition d'équipements
par les entreprises, au financement de la construction de logements.
· Le crédit à long terme : il
excède 5 à 7 ans, suivant les cas. Il est consenti contre
des garanties hypothécaires, des cautions ou des nantissements.
Par ailleurs, l'opération de crédit comprend les
crédits en espèces et les crédits par engagement. Dans le
cas des crédits en espèces, la banque met de l'argent à la
disposition du débiteur ou lui accorde une limite de crédit. En
échange, le débiteur paie un intérêt à la
banque. Dans le cas de crédits par engagement, la banque met sa
solvabilité à la disposition du client qui la
rémunère en lui versant une commission.
Le crédit fait l'objet d'une réglementation
assez stricte et d'un contrôle très suivi de la part des pouvoirs
publics. Selon le secteur auquel il est destiné, il peut être
soumis à des textes législatifs et réglementaires
spécifiques et administré par des établissements
spécialisés: crédit agricole, crédit immobilier
etc.
1.1.2. Définition d'une entreprise
Dans un sens économique, une entreprise est une
structure économique et sociale comprenant une ou plusieurs personnes
et travaillant de manière organisée pour fournir des biens ou
services à des clients dans un environnement concurrentiel
(marché) ou non concurrentiel (monopole).
En d'autres termes, il d'agit d'une unité
économique, juridiquement autonome, organisée pour produire des
biens ou services pour le marché.
Etymologiquement, le terme dérive de
« entreprendre » daté d'environ 1430-1440 avec le
sens de « prendre entre ses mains » ; il prit
l'acception actuelle de « prendre un risque, relever un défi,
oser un objectif ».
Les entreprises peuvent être classées selon
plusieurs critères :
· Par activité (entreprise commerciale,
industrielle, artisanale, agricole, de pêche...)
· Par secteur économique (primaire, secondaire,
tertiaire)
· Par taille et impact économique (exemple :
PME, groupe d'entreprises...)
· Par statut juridique (entreprises publiques
gérées par l'Etat et entreprises privées qui sont
individuelles ou sociétaires).
Par ailleurs, de par leur activité, les entreprises
sont confrontées à des besoins de financement.
1.1.3. Besoins de financement d'une
entreprise
Les besoins de financement correspondent à la situation
d'un agent économique dont les dépenses sont supérieures
à l'épargne.
Les besoins de financement ont deux sources : les
investissements et l'activité.
· Le cycle d'investissement concerne l'acquisition et
l'utilisation des immobilisations nécessaires à l'activité
de l'entreprise (machines, matériel informatique, matériel de
transport, bâtiments etc.). Ce cycle est plus long ; c'est pourquoi
on parle de financement à long terme. Le cycle démarre dès
la constitution de l'entreprise. Il en va de même chaque année,
l'entreprise devant réaliser des investissements de nature variée
correspondant à des objectifs multiples en vue d'assurer sa survie (par
le renouvellement et l'adaptation du matériel) et son
développement (par l'accroissement de ses installations).
Les fonds propres sont le plus souvent insuffisants pour
financer la totalité des investissements. L'entreprise doit donc
recourir à des sources de financement externes : les
investissements sont alors financés par des ressources
étrangères provenant le plus souvent d'établissements de
crédit.
· Indépendamment des investissements,
l'exploitation engendre des besoins financiers. En effet, dans la
majorité des entreprises, il existe un besoin structurel de financement
qui provient du cycle d'exploitation. Ce cycle se décompose en 5
étapes :
- étape 1 : achat de matières
premières, fournitures, marchandises aux fournisseurs
- étape 2 : stockage de matières
premières, produits ou marchandises
- étape 3 : production de biens et services
- étape 4 : stockage éventuel des
matières, produits ou marchandises
- étape 5 : ventes de produits finis ou
marchandises aux clients
En conséquence, les dépenses
précèdent les recettes. Dès lors, il n'est pas possible de
compter sur les recettes pour financer les dépenses. Les
dépenses correspondent alors à un besoin d'exploitation
encore appelé besoin en fonds de roulement résultant des
décalages provenant des opérations d'exploitation.
Le financement du cycle d'exploitation suppose que
l'entreprise dispose de ressources suffisantes pour assurer le financement
pendant une durée relativement courte : on parle alors de
financement à court terme.
De plus, l'exploitation génère des besoins de
financement à très court terme, temporaires ou immédiats
qui représentent pour l'entreprise des besoins de trésorerie. En
effet, faire face aux échéances exige des liquidités qui
ne sont pas toujours disponibles. En cas d'insuffisances, l'entreprise doit
s'en procurer à l'extérieur et des ajustements de court terme
sont nécessaires.
En somme, l'entreprise a donc des besoins de financement qui
peuvent être classés selon leurs échéances. On
distingue ainsi :
- un besoin de financement à long terme pour financer
les immobilisations ou leur renouvellement
- un besoin de financement à court terme pour financer
l'actif circulant ou le cycle d'exploitation
- un besoin de financement à très court terme ou
immédiat pour faire face aux imprévus quotidiens.
Pour satisfaire tous ces besoins, les entreprises disposent de
moyens de financement parmi lesquels on peut citer le crédit bancaire.
La section suivante est consacrée aux types de crédits à
court terme réservés aux entreprises.
1.2. Crédits à court terme
courants
Les crédits à court terme peuvent revêtir
plusieurs formes. Le choix de l'une ou de plusieurs d'entre elles est fonction
de la nature du ou des besoins exprimés par l'entreprise.
1.2.1. Facilité de caisse
La facilite de caisse, souple et très répandue,
est l'autorisation donnée par une banque à une entreprise,
d'avoir un compte courant débiteur pendant quelques jours par mois et
pour un montant maximum prédéterminé.
La facilité de caisse se justifie par les
décalages mensuels entre certains décaissements importants (par
exemple, la paie du personnel) à échéances fixes,
déphasés par rapport aux encaissements ayant lieu, soit à
d'autres échéances, soit régulièrement tout au long
du mois (ventes par exemple). La facilité de caisse est ainsi
accordée pour plusieurs mois, mais se caractérise par des
utilisations brèves et successives. La banque autorise donc l'entreprise
à rendre son compte débiteur « quelques jours par mois
» selon la formule consacrée. Pourquoi quelques jours seulement?
Le paiement des fournisseurs se fait
généralement à dates fixes. Il en est de même pour
les salaires et pour les cotisations sociales. De leur côté les
créances clients sont encaissées au fil de l'eau et, en tous cas,
pas aux mêmes dates. En demandant que le compte redevienne
périodiquement créditeur, la banque s'assure que la structure
financière est suffisante, c'est-à-dire que le fonds de roulement
(capitaux propres + dette à long et moyen terme) couvre les besoins en
fonds de roulement liées au cycle d'exploitation (stocks +
créances clients - dettes fournisseurs et sociales). Autrement dit, la
trésorerie, qui résulte de la différence entre fonds de
roulement et besoin en fonds de roulement, ne doit pas être durablement
négative.
Couvrant des décalages ponctuels et très
limités dans le temps entre dépenses et recettes, la
facilité de caisse peut être périodiquement reconduite
mais, comme tout crédit bancaire, doit faire l'objet d'un accord
préalable du banquier.
1.2.2. Découvert
On parle de découvert lorsque le compte est
débiteur pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois sans
interruption. Le clignotant bancaire passe de l'orange (facilité de
caisse) au rouge.
Néanmoins, lorsqu'une entrée de fonds
inhabituelle est attendue à une date précise (créance
client exceptionnelle ou cession d'un matériel par exemple) la banque
peut aider une entreprise, à condition de l'informer et lui demander son
accord au préalable pour un dépassement de découvert
autorisé.
Ce crédit, de durée plus longue que la
facilité de caisse (quelques semaines voire quelques mois) est
destiné à compléter le fonds de roulement de l'entreprise
temporairement insuffisant.
En aucun cas le compte ne peut se trouver débiteur en
permanence pour des durées excessivement longues. Pouvant craindre de
financer des pertes, en accordant ce crédit sans échéance
précise, le banquier se montrera exigeant pour octroyer une autorisation
de découvert : la situation de l'entreprise, l'ancienneté des
relations avec la banque, les garanties proposées sont autant
d'éléments qui seront examinés. Le banquier peut donner
son accord par écrit (pour une durée en principe d'un an) et,
dans ce cas, l'entreprise paie généralement une commission de
confirmation.
1.2.3. Escompte
Cette procédure, très ancienne, peut être
définie comme un moyen pour l'entreprise de se procurer
immédiatement la contre-valeur d'une créance à terme
détenue sur un de ses clients et matérialisée par un effet
de commerce : traite, lettre de change, billet à ordre...
L'escompte est donc l'opération par laquelle le
banquier met tout de suite à la disposition d'une entreprise le montant
d'une remise d'effets de commerce, sous déduction des agios
calculés en fonction du temps restant à courir jusqu'à
l'échéance desdits effets.
Avant d'accorder une autorisation d'escompte, le banquier
étudie la situation de son client (situation financière,
importance du chiffre d'affaires, délais de paiement consentis à
la clientèle, délais en vigueur dans la profession, type de
clientèle sur lequel son client tire des traites, nature de ces tirages,
garanties pouvant être obtenues, etc.).
Le banquier qui, par l'escompte, devient propriétaire
d'une traite, pourra exiger de son client (le tireur de la traite) qu'elle lui
soit remise "acceptée", c'est-à-dire que le tiré (le
client du client) ait porté sur la traite la mention manuscrite
"accepté" suivie de sa signature. L'acceptation rend le
tiré irréversiblement débiteur du paiement de cette
traite.
Bien souvent, le banquier n'escomptera que des effets de
commerce n'ayant pas plus de 90 jours à courir. Dans les remises que lui
fait son client, le banquier écarte les "signatures" qui ne lui
conviennent pas : refus d'escompter des traites sur des débiteurs pour
lesquels il a de mauvais renseignements, voire des incidents de paiements
antérieurs.
En cas d'impayé, le banquier escompteur peut se
retourner contre son remettant (son client) en le débitant ou poursuivre
le tiré (le client de son client). L'escompte est une formule de
financement lourde et peu souple.
1.2.4. Crédit de campagne
Ces crédits concernent les activités
saisonnières (soit approvisionnement massif puis fabrication et ventes
régulièrement étalées, soit approvisionnement et
fabrication réguliers puis ventes massives).
Le crédit de campagne peut être défini
comme un crédit accordé par une banque à une entreprise
pour une période donnée et affecté à une
opération déterminée du cycle de production. Ce concours
bancaire, permettant de combler des décalages importants de
trésorerie découlant du cycle d'exploitation, a une durée
longue (souvent 7 à 9 mois, quelque fois plus) et portent sur de gros
montants, eu égard à la surface financière de l'entreprise
bénéficiaire.
Il nécessite la présentation d'un plan de
trésorerie très précis faisant ressortir les besoins
mensuels de financement.
Pour le banquier il s'agit d'un crédit très
risqué car c'est la vente future (donc hypothétique) des
marchandises qui doit permettre la bonne fin du concours financier. Aussi,
celui-ci exigera une situation financière saine, très souvent le
nantissement du stock de marchandises, objet de la campagne, et d'autres
garanties complémentaires.
1..3. Autres formes de crédits à court
terme
En dehors des types de crédits cités
précédemment, il existe d'autres formes de crédits
à court terme.
1.3.1. Affacturage
L'affacturage est une technique de financement par laquelle
une entreprise cède la propriété de ses créances
clients à une autre entreprise (le "factor") en échange de
liquidités immédiates. Le factor devient alors le
propriétaire des créances cédées et assure le
recouvrement de celles-ci. En échange de ce service, le facteur se
rémunère en prélevant sur le montant des créances
une commission et des intérêts.
L'opération consiste donc pour le fournisseur à
céder au factor ses factures en échange de quoi ce dernier lui
consentira une avance sous déduction des intérêts et
commissions.
- Le vendeur accorde au factor l'exclusivité de
l'affacturage de toutes ses créances
- Le factor se charge de l'encaissement des
créances.
- En contrepartie, le factor avance au vendeur le montant des
créances cédées moyennant le paiement de commissions.
En cas d'impayés, le risque est assuré par le
factor qui ne peut se retourner contre le vendeur.
L'affacturage permet à l'entreprise de recouvrir son
chiffre d'affaires de manière anticipée, ce qui lui procure une
trésorerie plus large et diminue son endettement à court terme.
L'entreprise qui utilise ce mode financement se libère par la même
de la gestion des comptes clients relatifs aux créances
cédées et n'a plus à se prémunir du risque
d'impayés puisqu'elle n'est plus propriétaire de la
créance. Mais, d'une part cette méthode coûte plus
chère que le recours à l'escompte, et d'autre part, l'entreprise
perd le lien qui la lie à ses clients en déléguant la
gestion de ses crédits clients à un tiers.
1.3.2. Obligations cautionnées
Si le plus souvent la banque aide l'entreprise en mettant
à sa disposition des fonds sous forme de crédits de
trésorerie, elle peut aussi lui apporter son concours sous forme
d'engagements que l'on appelle des crédits par signature. La banque
prête alors simplement sa signature sans supporter de charge de
trésorerie.
L'étude faite par la banque doit être aussi
minutieuse que pour n'importe quel autre concours bancaire, car cet engagement
peut entraîner des décaissements importants.
En effet lorsqu'elles vendent des biens ou services à
leurs clients, les entreprises sont tenues de facturer à ces derniers la
taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de la verser à l'État,
dans le courant du mois suivant la vente. La taxe sur la valeur ajoutée,
ainsi que les droits de douane, pèsent lourdement sur la
trésorerie de certaines entreprises, d'autant plus qu'ils ne sont
parfois récupérés sur la clientèle que beaucoup
plus tard, compte tenu des délais de règlement des clients.
Pour compenser ce décalage et alléger la
trésorerie des entreprises, l'administration fiscale accepte, sous
certaines conditions, un règlement différé de la T.V.A. et
des droits de douane qui lui sont dus. Le contribuable, c'est à dire
l'entreprise, doit alors souscrire un billet à l'ordre de
l'administration, par lequel il s'engage à payer les impôts dus
à une date déterminée.
Pour se prémunir contre les risques de
défaillance de l'entreprise, l'administration fiscale exige que ces
billets à ordre portent la caution d'une banque ou d'un organisme
spécialisé. Pour cette raison ces billets portent le nom
d'obligations cautionnées.
Les obligations cautionnées permettent aux entreprises
d'obtenir des crédits allant jusqu'à quatre mois et à un
taux d'intérêt très avantageux.
Toutefois, les crédits par signature présentent
des avantages et des inconvénients pour le banquier comme pour son
client.
· Pour le
banquier
- Avantages : Au moment de sa mise en place, un
crédit par signature évite toute sortie de fonds. Il évite
les contraintes en cas d'encadrement du crédit. Il permet la perception
de commissions sur l'autorisation voire sur l'utilisation. Enfin, le banquier
est subrogé dans les droits du créancier
bénéficiaire de l'engagement (avantage déterminant en cas
de cautions fiscales).
- Inconvénients : le risque est difficile à
évaluer. Le suivi des engagements est lourd à gérer. Il y
a souvent décalage des engagements dans le temps.
· Pour le
client
- Avantages : ce type de concours permet une meilleure
gestion de la trésorerie. Il y a souvent abaissement des coûts
financiers. Enfin, les engagements pris par la banque valorisent l'image de
marque de l'entreprise.
- Inconvénients : il y a paiement de commissions
même en cas de non-utilisation. L'entreprise doit souvent apporter des
garanties. Les concours sont parfois mis en place contre blocage de fonds.
1.4. Critères intervenant dans la
décision d'octroi
Différents critères participent à la
décision d'octroyer un crédit à court terme à une
entreprise. Nous retiendrons essentiellement : le fonctionnement du compte
de l'entreprise et l'étude de la liquidité.
1.4.1. Fonctionnement du compte de
l'entreprise
La situation bancaire de l'entreprise est importante dans la
prise de décision d'octroi de crédit. Il s'agit pour le banquier
d'observer le fonctionnement du compte sur une durée
déterminée. Ainsi, à partir de relevés bancaires,
la banque examine l'évolution du fonctionnement du compte mais surtout
les opérations qui ont été réalisées :
nombre de découverts consentis à l'entreprise, vérifier si
les remboursements des crédits à court terme consentis ont
été faits dans les délais fixés... Tout ceci dans
le but d'analyser la façon dont sont gérées les finances
de l'emprunteur.
Les incidents de paiement au cours des derniers mois et les
difficultés de trésorerie sont également examinés
à la loupe. Aux yeux du banquier, une liste détaillée
d'incidents de paiement peut révéler de la situation de
trésorerie d'une entreprise. Il observe l'évolution des incidents
dans le temps : au cours des derniers mois, ont-ils eu tendance à
diminuer ou au contraire à se multiplier ?
Dans le premier cas, il peut être optimiste et donner
plus de lest à l'entreprise ; dans le second, il va lui serrer la vis.
Ensuite, la gravité des motifs invoqués : tout banquier
interprète des demandes de prorogation de traites comme le signe de
difficultés de trésorerie.
1.4.2. Étude de la liquidité de
l'entreprise
Les ratios de liquidité ou de solvabilité
à court terme visent à mesurer la capacité de l'entreprise
à respecter ses engagements financiers à court terme.
Ces ratios peuvent prendre différentes formes :
· Ratio de liquidité
générale
Ratio de liquidité générale =
(Actif circulant + Trésorerie d'actif / Dettes circulantes) en
%.
Encore appelé ratio de fond de roulement, ce ratio est
calculé à partir du bas du bilan. Il peut s'écrire plus
simplement:
Ratio de liquidité générale =
Actifs circulants / Dettes à court terme
Il doit traduire un coefficient supérieur à 1 ou
à 100 s'il est en pourcentage.
Lorsqu'il est inférieur à 100, ce ratio indique
l'absence de fonds de roulement, les dettes à court terme de
l'entreprise excédant la valeur des actifs à court terme
possédés par celle-ci.
Lorsque ce ratio est supérieur à 100, il traduit
l'existence d'un fonds de roulement positif : cela veut dire que les stocks
sont financés en partie par des capitaux permanents ; ceci
représente en règle générale une situation
financière beaucoup plus saine de l'entreprise.
Il permet de déterminer combien de fois l'entreprise
peut payer ses dettes à court terme en mobilisant tout son actif
circulant. Du point de vue du banquier, une entreprise avec un ratio de
liquidité générale élevé sera plus
appréciée (car jugée moins risquée) qu'une
entreprise dont le ratio de fonds de roulement serait plus faible, et a
fortiori qu'une entreprise dont le ratio de liquidité
générale serait négatif. En effet, une situation
négative reflète une situation dangereuse puisque les actifs
à court terme ne permettent pas de rembourser les dettes à court
terme.
· Ratio de liquidité
réduite
Il permet de mesurer le risque de faillite de l'entreprise en
indiquant le pourcentage de dettes à court terme que l'entreprise peut
payer en recouvrant toutes ses créances et ses disponibilités.
Pour calculer ce ratio, on élimine les
éléments les moins liquides (stocks, commandes en cours, comptes
de régularisation). On peut ainsi considérer que les stocks se
révèlent insuffisamment liquides pour couvrir un besoin urgent de
liquidités.
La vitesse ou la lenteur de la réalisation des stocks
peuvent dépendre de la définition du cycle d'exploitation. On
admet, généralement, que le coefficient de 0,5 est valable.
· Ratio de liquidité
immédiate
Coefficient = Disponibles / Dettes à un an au
plus
Ce ratio, souvent appelé "Ratio de trésorerie",
indique la capacité de l'entreprise de faire face aux exigences
immédiates de ses créanciers en mettant à profit ses
disponibilités, c'est-à-dire ses éléments d'actif
les plus facilement réalisables.
Le ratio de liquidité immédiate est une mesure
plus réaliste de la capacité de l'entreprise de faire face
à ses obligations à court terme que le ratio de liquidité
générale car il exclut les stocks et les éléments
payés d'avance qui ne peuvent être immédiatement
réalisés. En d'autres termes, il mesure le remboursement
immédiat des dettes à court terme en mobilisant uniquement la
trésorerie active c'est-à-dire les disponibilités de
l'entreprise Le ratio de liquidité immédiate est
généralement utilisé en complément du ratio du
fonds de roulement.
Conclusion partielle
Encore appelés "crédits courants",
"crédits d'exploitation "ou "crédits de fonctionnement", les
crédits bancaires à court terme ont pour objet d'assurer
l'équilibre de la trésorerie de l'entreprise. Ils servent, par
exemple, à couvrir un temps de stockage, un délai de fabrication
ou un délai de paiement consenti aux clients et permettent ainsi de
faire face aux dépenses courantes de l'activité (salaires,
loyers, etc.).
La décision d'accorder un crédit à une
entreprise repose essentiellement sur l'analyse de sa liquidité.
Cependant, d'autres critères comme l'évolution du fonctionnement
du compte, la garantie ou le bien fondé de la demande,
l'ancienneté des relations avec la banque, l'importance du chiffre
d'affaires, la structure financière... peuvent également
influencer la décision du banquier.
La durée de ces crédits est inférieure
à l'exercice comptable, mais ils peuvent être reconduits chaque
année après réexamen par la banque de la situation
financière de l'entreprise. Toutefois, si le débiteur
commet une faute lourde, ils peuvent être alors brutalement
supprimés.
Chapitre 2 : CREDITS A MOYEN ET LONG TERME
Les crédits à moyen et long terme sont
principalement utilisés par des entreprises désireuses de
financer leurs biens d'investissement (bâtiments, machines ou camions).
Ces investissements représentent des dépenses lourdes pour
l'entreprise, quelle que soit la nature de son activité ou sa taille. La
banque a ainsi mis à sa disposition des types de crédits que nous
verrons dans un premier temps.
Aussi, dans le cycle d'investissement d'une entreprise, des
sommes d'argent considérables sont souvent engagées. Pour
s'assurer du recouvrement de ces fonds, les banques procèdent à
une analyse économique et financière de la structure. Nous
étudierons donc les différents instruments d'analyse dont
disposent la banque pour évaluer un dossier de crédit et les
critères sur lesquels elle s'appuie.
2.1. Types de financement à moyen et long terme
Les crédits à moyen terme sont accordés
pour une durée comprise entre deux et sept ans pouvant comprendre une
période de différé.
Par ce genre de crédit, la banque assure le financement
des investissements dans le cadre de :
· Projet de création d'une entreprise ;
· Projet d'extension (ex : augmentation des
capacités de production, élargissement de la gamme de
produits...) ;
· Renouvellement de l'outil de production (ex :
amortissement avancé des équipements existants, fréquence
élevée des pannes des machines, technologie
dépassée, etc.).
Quant aux crédits à long terme ils portent sur
une période dépassant sept années.
C'est un financement destiné généralement
à l'achat et/ou à la réalisation de biens dont les
coûts sont très élevés et dont la durée de
vie est supérieure à 7 ans (ex : bâtiments industriels,
équipements lourds, etc.).
2.1.1. Crédit d'équipement
Le crédit d'équipement est une formule de
financement des biens d'équipement, qui permet
d'obtenir une solution adaptée aux caractéristiques
particulières de chaque projet d'investissement, qu'il s'agisse de
renouveler les équipements courants, d'acquérir des
véhicules à usage professionnel, de réaliser des
opérations de modernisation ou d'agrandissement du parc
matériel.
Autrement dit, il s'agit d'un crédit bancaire
finançant des biens et des matériels utilisés par une
entreprise. Le crédit d'équipement peut être accordé
à moyen terme ou à long terme.
La banque étudie le projet d'investissement, afin
d'apporter à l'entreprise la solution de financement la mieux
adaptée:
- Une durée de remboursement pouvant aller
jusqu'à 7 ans, selon la nature et la durée de l'amortissement des
matériels ou du véhicule qu'elle souhaite acquérir;
- Des décaissements fractionnés, suivant
un plan d'investissement;
- La possibilité de différés de
remboursement, s'adaptant à sa trésorerie.
2.1.2. Crédit bail
Le crédit-bail ou leasing, est une forme de
crédit dans laquelle l'équipement ou le bien financé reste
la propriété d'une société financière
spécialisée, société de crédit-bail,
généralement liée à un groupe bancaire.
Elle le loue à l'entreprise moyennant des loyers. Cette
dernière peut le racheter pour sa valeur résiduelle en fin de
contrat. La valeur résiduelle est définie contractuellement entre
le bailleur (société de crédit-bail) et le loueur
(utilisateur du matériel).
Cette opération ne doit pas être confondue avec
une location simple que le locataire peut interrompre moyennant un simple
préavis. Elle ne peut également être confondue avec une
location-vente car son intérêt réside dans la
faculté du locataire à lever l'option ou à ne pas le
faire.
Dans ce dernier cas, il peut choisir soit de restituer le
bien à la société bailleresse soit reconduire la location
pour une nouvelle durée. Mais généralement, l'option
d'achat est levée car les entreprises ont recours à cette formule
pour devenir in fine propriétaires de leur parc matériel. Dans
le crédit-bail le locataire est engagé à payer les loyers
jusqu'à la fin du contrat, comme dans un prêt qui ne
s'éteint qu'après le remboursement final du capital. Le
crédit-bail peut concerner du matériel (crédit-bail
mobilier) ou des biens immeubles (crédit-bail immobilier).
2.2. Critères d'analyse intervenant dans la
prise de décision
Quand une banque prête de l'argent elle assume un risque
appelé « risque crédit ». En effet, l'octroi
d'un crédit se clôture de deux façons :
· Soit l'emprunteur rembourse intégralement le
crédit dans les conditions convenues ;
· Soit il y a contentieux. On parle de contentieux
lorsque le débiteur ne peut pas rembourser sa dette (risque de perte en
capital) ou bien la rembourse avec un décalage par rapport au
calendrier prévu (risque d'immobilisation des fonds) ce qui oblige la
banque à se refinancer pendant cette période.
Accorder un crédit est donc un acte complexe. Mais la
décision d'octroi de crédit dispose de méthodes de
détermination et permet, si elle est rigoureuse, une sélection
qui réduit les risques assumés par les banques ou du moins
conduit à les prendre en toute connaissance de cause.
C'est pourquoi les banques évaluent les dossiers de
crédit en se basant sur différents critères. L'objectif
reste le même : couvrir le risque associé à un
prêt.
A partir des informations fournies par l'entreprise,
précisément les documents comptables, les banques étudient
la solvabilité de cette dernière. Les dossiers de demande de
crédit subissent donc une évaluation ou encore une étude
approfondie de l'entreprise.
2.2.1. Examen préalable
L'examen préalable consiste à s'assurer que le
dossier de demande de crédit est recevable avant d'apprécier la
rentabilité de l'entreprise. A ce niveau, seuls les aspects formels
(tels que l'existence juridique, la mise en place des documents comptables...)
jouent un rôle. D'autres aspects tels que l'apport en fonds propres, les
garanties exigées par la banque sont également
vérifiés à ce stade.
A cela, il faudrait ajouter la rencontre avec le client car la
banque insiste sur le contact direct et personnel avec le promoteur qu'elle
invite dans ses locaux : soit pour une interview individuel, soit pour une
présentation devant le comité de crédit.
Le comité de crédit est un organe de
décision bancaire qui se prononce sur le refus ou l'acceptation d'un
dossier. C'est un groupe restreint de personnes spécialisées dans
différents services de la banque (engagement, risque, gestion...).
Après une étude du dossier, le comité
émet un avis favorable ou défavorable et peut ajourner un dossier
pour avoir des informations complémentaires ; le dossier pourra
alors repasser en comité de crédit pour une deuxième
fois.
La décision de recevabilité du dossier se fait
à différents niveaux hiérarchiques de la banque et peut se
résumer comme suit :
Niveau supérieur :
Conseil d'administration/ Directeur général
|
Niveau intermédiaire :
Chef du service crédit/ comité de crédit
|
Niveau inferieur :
Exploitant en relation avec le niveau intermédiaire
|
Toutefois, pour les banques, les
perspectives de remboursement de crédit sont essentiellement
liées à la santé économique et financière
de l'emprunteur.
2.2.2. Analyse économique
Le risque économique couru par l'entreprise peut
être défini comme la somme des risques industriels, commerciaux et
humains.
L'analyse financière n'est pas suffisante pour
appréhender une entreprise dans sa complexité. L'analyse
économique de l'entreprise va permettre d'évaluer le risque
économique qu'elle court en abordant ses réalités
industrielles, commerciales et humaines. Cette étude doit s'appuyer sur
les nombreux paramètres qui composent la vie de l'entreprise: sa
direction, la détention du capital, le contexte juridique et historique
dans lequel elle évolue, ses produits et ses parts de marché, sa
structure de production, ses modes de commercialisation, ses perspectives de
croissance à long terme...
2.2.3. Analyse de l'équilibre
financier
Les banques exigent, sans exception, la présentation de
documents comptables; la vérification par un expert comptable n'est
cependant pas de rigueur. L'horizon historique pour bilans et comptes
d'exploitation est généralement de trois ans, l'horizon des
documents prévisionnels n'est pas spécifié. Hormis les
bilans et comptes d'exploitation prévisionnels, on exige d'une
manière systématique dans la plupart des banques des plans de
trésorerie.
La méthode des ratios semble être
prédominante dans l'interprétation des documents comptables.
Les banques opèrent avec des normes de structure
financière, de rentabilité et d'exploitation propres à la
maison et à sa politique de crédit.
Ce qui intéresse les banques, ce sont des facteurs
liés à l'équilibre financier de l'entreprise, à
savoir le fonds de roulement, le besoin en fonds de roulement, la
trésorerie.
En effet, l'analyse financière permet d'avoir une
vision chiffrée à posteriori de l'évolution d'un
organisme. Elle permet à la fois de mieux connaître ce dernier et
de mieux évaluer ses atouts et ses faiblesses. Cette technique permet
d'évaluer un certain nombre de risques auxquels l'organisation pourrait
se voir exposer. Le retraitement de l'information comptable,
précisément du bilan, vise ainsi à évaluer des
grandeurs utiles. Le bilan peut être défini comme la photographie,
à la clôture de l'exercice, de la situation patrimoniale de
l'entreprise exprimé en termes:
· d'avoir et de créances, c'est l'actif qui
retrace donc l'emploie des ressources,
· de dettes, c'est le passif qui montre l'origine des
ressources.
Il existe plusieurs présentations de bilan. Le bilan
comptable est un document normalisé qui répond à des
critères et des préoccupations plus juridiques que
financières. Mais, il existe d'autres présentations de bilans
mieux adaptées à l'analyse financière tels que le
bilan fonctionnel.
Le bilan fonctionnel est un bilan comptable modifié
afin d'expliquer le fonctionnement de l'entreprise. Il permet une étude
du financement de l'entreprise en faisant une distinction entre les cycles
longs (investissement) et les cycles courts (exploitation).
Le bilan fonctionnel facilite l'analyse de l'équilibre
financier d'une entreprise. Cet outil permet de distinguer
les emplois et les ressources stables des emplois et des ressources
résultant du cycle d'exploitation.
· Les emplois stables correspondent aux :
- immobilisations incorporelles brutes (y compris les frais
d'établissement),
- immobilisations corporelles brutes,
- immobilisations financières brutes
- charges à répartir sur plusieurs
exercices.
· Les actifs circulants, quant à
eux, sont constitués par les valeurs brutes des
- Stocks et en-cours,
- Avances et acomptes versés sur commandes,
- Créances d'exploitation,
- Créances diverses,
- Valeurs mobilières de placement,
- Disponibilités,
- Charges constatées d'avances.
· Les ressources stables ou capitaux permanents se
composent des :
- Capitaux propres,
- Provisions pour risques et charges et pour
dépréciation des actifs circulants,
- Amortissements
- Dettes financières à l'exclusion des concours
bancaires courants, des soldes créditeurs de banques et des primes de
remboursement des obligations.
· Les dettes sont constituées par les :
- Avances et acomptes reçus,
- Dettes d'exploitation,
- Dettes diverses,
- Produits constatés d'avance,
- Concours bancaires courants et soldes créditeurs de
banque.
Le bilan fonctionnel regroupé en grandes masses se
présente ainsi :
Actif
|
Passif
|
Emplois stables
|
Ressources stables
|
Actif circulant d'exploitation
|
Dettes exploitation
|
Actif circulant hors exploitation
|
Dettes hors exploitation
|
Trésorerie active
|
Trésorerie passive
|
La simple lecture du bilan fonctionnel permet
d'apprécier la structure financière de l'établissement,
les besoins financiers et le type de ressources dont il dispose, de
déterminer les équilibres entre les différentes masses et
ainsi de faciliter la prise de décision. Mais surtout, le bilan
fonctionnel permet de comparer trois notions fondamentales : le fonds de
roulement et le besoin en fonds de roulement et la trésorerie.
· Fond de roulement (FR)
Il exprime la capacité structurelle de la
société à financer son exploitation. Il s'obtient par la
soustraction suivante :
Fond de roulement = ressources
permanentes - actif immobilisé
Trois cas de figure peuvent se présenter :
* Le Fond de roulement est positif : Dans ce cas, les
ressources stables de l'entreprise sont supérieures à l'actif
immobilisé constitué, c'est à dire que les ressources
stables couvrent les besoins à long terme de l'entreprise.
L'équilibre financier est donc respecté et l'entreprise dispose
grâce au fond de roulement d'un excédent de ressources stables qui
lui permettra de financer ses autres besoins de financement à court
terme.
* Le Fond de roulement est nul : Dans ce cas, les ressources
stables de l'entreprise sont égales à l'actif immobilisé
constitué, c'est à dire que les ressources stables couvrent les
besoins à long terme de l'entreprise. Mais, même si
l'équilibre de l'entreprise semble atteint, celle ci ne dispose d'aucun
excédent de ressources à long terme pour financer son cycle
d'exploitation ce qui rend son équilibre financier précaire.
* Le fond de roulement est négatif : Dans ce cas, les
ressources stables de l'entreprise sont inférieures à l'actif
immobilisé constitué, c'est à dire que les ressources
stables ne couvrent pas les besoins à long terme de l'entreprise. La
règle prudentielle de l'équilibre financier n'est donc pas
respectée. L'entreprise doit donc financer une partie de ses emplois
à long terme à l'aide de ressources à court terme ce qui
lui fait courir un risque important d'insolvabilité.
Une telle situation entraîne généralement
une action rapide de la part de l'entreprise pour accroître ses
ressources à long terme et retrouver un fond de roulement
excédentaire.
· Besoin en fonds de roulement (BFR)
Une fois que l'entreprise a acquis les immobilisations
indispensables à son activité de production, elle va devoir
financer les besoins liés à son cycle d'exploitation. Il
existe en effet un décalage temporel entre d'une part les
dépenses engagées par l'entreprise pour produire, et d'autre
part, les recettes tirées de la vente des biens ou services produits par
l'entreprise.
En effet, l'entreprise a besoin de matières
premières et autres biens intermédiaires qui sont
consommés dans le temps selon la cadence de production de
l'entreprise. Elle peut dans certains cas bénéficier de
délais de paiements accordés par ses fournisseurs ce qui lui
permet de différer dans le temps le règlement de ces charges.
De la même manière, l'entreprise peut être
amenée à concéder des délais de paiement à
ses clients et enregistre alors les créances clients qui retardent
d'autant la perception par l'entreprise des encaisses liées à des
ventes déjà réalisées. Le besoin en fonds de
roulements résulte donc des décalages temporels entre les
décaissements et les encaissements des flux liés à
l'activité de production de l'entreprise.
BFR = Emplois d'exploitation - Ressources
d'exploitation.
Ou : BFR = actif circulant - passif circulant
La aussi, trois cas de figure sont possibles :
* le besoin en fond de roulement est positif : Dans ce cas,
les emplois d'exploitation de l'entreprise sont supérieurs aux
ressources d'exploitation. L'entreprise doit donc financer ces besoins à
court terme soit à l'aide de son excédent de ressources à
long terme (Fond de roulement), soit à l'aide de ressources
financières complémentaires à court terme (concours
bancaires...).
* le besoin en fonds de roulement est nul : Dans ce cas, les
emplois d'exploitation de l'entreprise sont égaux aux ressources
d'exploitation, L'entreprise n'a donc pas de besoin d'exploitation à
financer puisque le passif circulant suffit à financer l'actif
circulant.
* le besoin en fond de roulement est négatif : Dans ce
cas, les emplois d'exploitation de l'entreprise sont inferieurs aux ressources
d'exploitation. L'entreprise n'a donc pas de besoin d'exploitation à
financer puisque le passif circulant excède les besoins de financement
de son actif d'exploitation. L'entreprise n'a donc pas besoin d'utiliser ses
excédents de ressources à long terme (Fond de roulement) pour
financer d'éventuels besoins à court terme.
· Trésorerie
Elle est la résultante de la réalisation ou non
de l'équilibre financier. Soit:
Trésorerie = Fonds de Roulement - Besoin en
Fonds de Roulement
L'analyse du solde de la Trésorerie permet de se faire
une idée sur la situation financière de l'entreprise. On a alors
les situations suivantes :
* la Trésorerie nette de l'entreprise est positive :
Dans ce cas, les ressources financières de l'entreprise sont suffisantes
pour couvrir les besoins (soit Fond de roulement > besoin en Fonds de
roulement), ce qui signifie que la situation financière de l'entreprise
est saine et qu'elle est même en mesure de financer un surcroît de
dépenses sans recourir à un emprunt.
* La Trésorerie nette de l'entreprise est nulle : Dans
ce cas, les ressources financières de l'entreprise suffisent juste
à satisfaire ses besoins (Fond de roulement = Besoin en Fonds de
roulement). La situation financière de l'entreprise est
équilibrée mais celle-ci ne dispose d'aucune réserve pour
financer un surplus de dépenses que ce soit en termes d'investissement
ou de d'exploitation.
* la Trésorerie nette de l'entreprise est
négative : Dans ce cas, l'entreprise ne dispose pas de suffisamment de
ressources financières pour combler ses besoins. Elle doit donc recourir
à des financements supplémentaires à courts termes
(découverts bancaires...) pour faire face à ses besoins de
financement d'exploitation. Il y a donc un risque financier à court
terme si l'entreprise ne parvient pas à accroître rapidement ses
ressources financières à long terme, ou à limiter ses
besoins d'exploitation à court terme.
A partir du bilan fonctionnel, la banque calcule des ratios.
Un ratio est un rapport entre deux grandeurs comptables significatives. Il
permet des comparaisons en valeurs relatives qui varient selon la taille de
l'entreprise :
- analyse de l'évolution d'une entreprise dans le temps
en comparant les ratios d'un exercice avec ceux des exercices
précédents ;
- comparaison des ratios d'une entreprise avec ceux des
entreprises du même secteur d'activité.
On distingue ainsi :
· Les ratios de structure
- ratio de couverture des emplois stables
Ressources stables / Emplois stables
Les emplois stables doivent être financés par des
ressources stables. Ce ratio doit dans la plupart des cas être
supérieur à 1.
- ratio de couverture des capitaux investis
Ressources stables / (Emplois stables +
BFR)
Pour plus de prudence, les ressources stables devraient
financer les emplois stables mais aussi le BFR.
-ratio d'indépendance financière ou taux
d'endettement
Endettement / Capitaux propres
L'endettement est défini comme étant égal
aux dettes financières c'est à dire emprunts à long terme
et emprunts bancaires à court terme (découvert ou crédit
de trésorerie), auquel on ajoute les effets escomptés non
échus.
Un endettement doit être raisonnable, même s'il
est variable suivant le secteur d'activité.
En général, le ratio ne doit pas être
supérieur à 1. Les banques refusent souvent d'accorder des
crédits aux entreprises dont le taux d'endettement dépasse ce
seuil.
· les ratios d'activité ou de rotation
- poids du Besoin en Fonds de Roulement d'Exploitation
(BFRE) sur le chiffre d'affaires
BFRE x 360 jours / Chiffres d'affaires HT
Ce ratio exprime, en nombre de jours, le délai de
rotation de l'ensemble du besoin. Il fournit un critère
d'appréciation synthétique sur le poids global du besoin cyclique
supporté par l'entreprise.
- délai de rotation des stocks
Stocks moyens x 360 jours / coût d'achat des
marchandises vendues
La rotation des stocks est le ratio des ventes annuelles par
rapport aux stocks, précisant combien de fois les stocks de l'entreprise
sont vendus et renouvelés durant une période comptable. Ce ratio
permet de connaître l'état des stocks en nombre de jours.
Une hausse du nombre de jours de stocks peut marquer une
mauvaise gestion des stocks, une baisse de l'activité ou encore le
développement de projets conséquents. Dans tous les cas, ce ratio
est à surveiller de près. Tout stock constitué est une
immobilisation de ressources importante et pas forcément utile.
Plus le renouvellement des produits en stock est rapide, plus
le bénéfice pour le vendeur est important car plus
l'amortissement des frais fixes de stockage peut être réparti sur
un plus grand nombre d'unités. Le capital investi est ainsi
rentabilisé plus vite.
- délai de crédit clients
Créances clients x 360 jours / Chiffre
d'affaires annuel TTC
Ce ratio permet de mesurer le degré de liquidité
des créances clients. En bonne gestion, la rotation des créances
clients ne devrait pas être moins rapide que celle des dettes
fournisseurs.
- délai de crédit fournisseurs
Dettes fournisseurs x 360 jours / Achats
TTC
Il exprime en nombre de jours d'achats, le délai moyen de
paiement de l'entreprise à ses fournisseurs.
2.2.4. Analyse de la structure
financière : mesure du risque d'insolvabilité
Il existe une forme de risque que tous les bailleurs de fonds
supportent à différents niveaux : il s'agit du risque
d'insolvabilité. Une entreprise est insolvable lorsqu'elle est incapable
d'honorer ses engagements financiers contractuels.
Par exemple, une entreprise qui a contracté une dette
bancaire et qui est incapable de payer les intérêts et/ou de
rembourser le capital, est insolvable.
En effet, le crédit est une anticipation de recettes
futures. Tout crédit comporte le risque que ces recettes ne se
produisent pas et qu'aucun remboursement ou bien seulement un remboursement
à l'échéance.
Le risque d'insolvabilité est essentiel dans
l'activité de la banque dont une des fonctions est la distribution de
crédits. L'appréciation du risque d'insolvabilité est donc
une première importance et on peut schématiser ainsi le
comportement de la banque conférée à ce risque ; un
crédit n'est accordé que si le banquier estime que la
probabilité de remboursement excède celle de non
remboursement.
Mesurer le risque d'insolvabilité revient à
évaluer la capacité d'une entreprise à faire face à
ses obligations financières. Il est possible d'évaluer cette
capacité à l'aide de ratios financiers. Il s'agit habituellement
des ratios d'endettement, de liquidité et de couverture du fardeau de la
dette.
· Endettement
Le niveau d'endettement peut se mesurer de plusieurs
façons. De façon générale, plus une entreprise est
endettée, plus l'effet de levier financier est important et plus son
risque financier augmente. Peut-on affirmer de la même façon que
plus elle est endettée, plus elle est insolvable ?
Non, bien sûr, car une entreprise endettée n'est
pas insolvable si elle génère suffisamment de liquidités
pour remplir ses obligations financières contractuelles.
L'insolvabilité n'est pas relative uniquement au niveau d'endettement
mais plutôt à la relation qui existe entre la rentabilité
d'exploitation et la quantité de charges financières fixes.
La mesure du niveau d'endettement ne représente donc
pas une mesure parfaite du risque d'insolvabilité. Elle ne constitue
qu'un indicateur indirect de la capacité d'une entreprise à faire
face à ses obligations. On peut tout de même avancer que plus une
entreprise est endettée, plus il y a de risque qu'elle éprouve
des problèmes de solvabilité un jour ou l'autre.
· Liquidité
Détenir des liquidités signifie que l'on
possède des sommes d'argent ou des actifs qui peuvent rapidement se
transformer en cash. Évidemment, plus on détient de
liquidités, plus on devrait être en mesure d'honorer nos
obligations financières.
On mesure habituellement l'état des liquidités
d'une entreprise par le ratio du fonds de roulement. Ce ratio mesure la
capacité de payer nos créances à court terme si elles
venaient à échéance immédiatement. C'est une mesure
intéressante mais qui présente certaines lacunes. Ce ratio est
statique et ne permet pas de saisir l'aspect dynamique de la situation.
On peut corriger les lacunes en utilisant une forme plus
restrictive du ratio de fonds de roulement : le ratio de liquidité
restreinte. Il a pour objet d'évaluer l'état des
liquidités réelles d'une entreprise.
Les ratios de liquidité sont des outils
intéressants pour évaluer le risque d'insolvabilité. Tout
comme pour l'endettement, ils ne représentent pas des mesures directes
de cette forme de risque. Par contre, il est logique de déduire qu'il
existe une plus grande probabilité qu'une entreprise ait des
difficultés à honorer ses obligations financières
contractuelles si l'état de ses liquidités est précaire.
Plus les liquidités détenues par une entreprise sont importantes,
plus son risque d'insolvabilité est faible. Toutefois, le jugement d'une
telle situation appelle à la prudence et varie
généralement à travers le domaine d'activité.
La détention d'actifs à court terme en trop
grand nombre peut aussi dénoter une mauvaise gestion qui réduit
l'efficacité de l'entreprise.
De façon générale, quand une entreprise
présente de faibles ratios de liquidité, l'analyste doit regarder
le contexte. S'ils sont faibles et que l'entreprise présente un cycle de
conversion de l'encaisse peu élevé, la situation n'est alors pas
dramatique.
Cependant, si la faiblesse du ratio s'explique par un cycle de
conversion de l'encaisse et un niveau de dette à court terme
élevés, la situation est beaucoup plus grave.
· Couverture du fardeau de la dette
L'utilisation de la dette impose un fardeau, celui de devoir
payer les intérêts dus et de rembourser le capital. La
solvabilité d'une entreprise dépend de sa capacité
à générer suffisamment d'argent pour s'acquitter de ce
fardeau. Il est possible de construire des ratios financiers mesurant
directement la capacité de remboursement. Pour ce faire, il s'agit
d'évaluer la quantité d'argent générée par
l'exploitation et la comparer aux sommes requises pour s'acquitter des
obligations financières contractuelles. Les ratios de couverture des
intérêts et du fardeau de la dette procèdent à ce
calcul. Ces ratios renseignent sur la capacité d'une entreprise
à générer un bénéfice suffisant pour couvrir
les obligations financières.
Le ratio de couverture des intérêts (ICR en
anglais)3(*) est simple
à calculer mais incomplet puisqu'il ne tient pas compte du fait qu'il
est impossible de se soustraire au remboursement du capital.
Bénéfice d'exploitation /
intérêts sur la dette
Plus ce ratio s'élève, plus l'entreprise est
capable d'acquitter ses frais d'intérêts.
Le ratio de couverture du fardeau de la dette mesure la
capacité de payer les intérêts et de rembourser la portion
« capital » du versement sur la dette.
Si le bénéfice net est égal à
zéro, le ratio le sera aussi. Ceci signifie qu'on a réussi
à payer les intérêts mais qu'il ne reste rien pour
rembourser le capital.
(Bénéfice d'exploitation+
intérêts+ amortissement) ÷ (Portion courante de la dette
à long terme + intérêts)
Si le ratio est égal à un, ceci signifie que
les bénéfices générés étaient tout
juste suffisants pour couvrir les intérêts et le remboursement de
capital.
Idéalement, une entreprise devrait obtenir un ratio
beaucoup plus grand que 1.
Plus le ratio est grand, plus le risque d'insolvabilité
est faible.
Les ratios de couverture nous renseignent directement sur la
capacité de remboursement des charges financières contractuelles
relatives à la dette. En ce sens, ils représentent d'excellentes
mesures du risque d'insolvabilité, notamment le ratio de couverture du
fardeau de la dette
2.2.5. Etude de la rentabilité de
l'entreprise
En dehors du bilan, la banque fait également une
étude du compte de résultat de l'entreprise.
L'analyse du compte de résultat permet en outre de
mesurer la rentabilité d'une entreprise, c'est à dire permet de
mesurer dans quelle mesure, une entreprise, du fait de son activité de
production, dégage un bénéfice ou au contraire une
perte.
La rentabilité d'une entreprise fait donc le rapport
entre d'une part, les résultats obtenus par l'entreprise et d'autre
part, les moyens utilisés pour arriver à ce résultat.
Le résultat d'une entreprise peut être
estimé à partir d'un certain nombre de critères :
- Le Résultat d'exploitation : qui
mesure la capacité d'une entreprise à dégager un
résultat du simple fait de son activité de production.
- Le Résultat de l'exercice : qui
mesure la capacité de l'entreprise à dégager un
résultat positif une fois pris en compte l'ensemble de ses produits et
de ses charges. - La Valeur Ajoutée : qui mesure la richesse
réelle crée par l'entreprise du fait de sa fonction de
production.
De même, les moyens mis en oeuvre par une entreprise
peuvent être mesurés par:
- Le total du bilan : le total de l'actif mesure l'ensemble
des biens et droits utilisés par l'entreprise pour produire.
- Les capitaux propres : mesurent l'ensemble des ressources
financières stables immobilisées par l'entreprise pour
produire
- Le capital social de l'entreprise : qui mesure l'ensemble
des moyens financiers avancés par les actionnaires de l'entreprise.
L'estimation de la rentabilité d'une entreprise est
donc un bon indicateur pour mesurer l'efficacité de l'entreprise dans le
cadre de sa fonction de production. C'est pourquoi, le calcul de la
rentabilité d'une entreprise peut s'accompagner d'une comparaison de son
niveau de rentabilité avec celui de ses principaux concurrents.
En effet, une entreprise peut très bien être
rentable, mais révéler un niveau de rentabilité
inférieur à celui de son secteur d'activité, ce qui
tendrait à démontrer son manque de compétitivité
par rapport à ses concurrents directs. Il existe différents types
de ratios utilisés pour calculer la rentabilité d'une entreprise
:
· Rentabilité globale d'une
entreprise
Elle mesure la rentabilité de l'ensemble des actifs
utilisés par l'entreprise. Elle est calculée en faisant le
rapport suivant :
Rentabilité Globale = (Résultat net *
100) / Actif total
La rentabilité globale est une mesure par trop
générale, et elle est souvent complétée par
d'autres ratios plus significatifs.
· Rentabilité économique
Cet indicateur mesure la rentabilité mesurée par
rapport aux actifs immobilisés utilisés par l'entreprise pour
produire. On la calcule donc en faisant le rapport suivant :
Rentabilité économique =
(Résultat net * 100) / Investissement total.
Ce ratio est en indicateur plus pertinent de la
rentabilité mesurée en termes d'efficacité du processus
productif.
· Rentabilité financière
Ce ratio mesure la rentabilité exprimée par
rapport aux capitaux investis dans l'entreprise. Il se détermine de la
manière suivante
Rentabilité financière =
(Résultat net * 100) / Capitaux propres.
Si la rentabilité financière est
supérieure à la rentabilité économique, alors on
dit que l'entreprise bénéficie d'un effet de levier.
· Rentabilité commerciale
Ce ratio exprime la rentabilité de l'entreprise en
fonction de son volume d'activité. Il se calcule de la manière
suivante :
Rentabilité commerciale = (Résultat net
* 100) / Chiffre d'affaire.
On détermine alors le taux de marge de l'entreprise,
qui permet d'estimer le résultat futur de l'entreprise en fonction de la
variation de son volume d'activité mesuré par le chiffre
d'affaire.
Comme on le voit, la notion même de rentabilité
est une notion qui varie selon l'approche que l'on retient. Voila pourquoi il
est souvent utile de calculer plusieurs ratios pour avoir une vision la plus
précise possible de la rentabilité de l'entreprise
étudiée.
En outre, pour affiner l'analyse du compte de résultat,
il est recommandé d'utiliser des indicateurs obtenus par calculs simples
de regroupement de comptes : les soldes intermédiaires de gestion
(SIG).
Les SIG, Soldes intermédiaires de gestion, servent
à mieux comprendre et analyser la formation du résultat. D'une
information purement comptable nous passons à un moyen d'information de
l'entreprise.
Le tableau des soldes intermédiaires de gestion,
prolongement direct du compte de résultat, permet une analyse
économique plus fine que la simple lecture directe du compte de
résultat.
Les soldes intermédiaires de gestion correspondent
à des différences significatives entre des produits et des
charges, chacun de ces soldes constituant une étape
supplémentaire dans la formation du résultat de l'exercice. La
liste ci après présente les soldes en cascade, chaque solde se
déduisant du précédent :
· La marge commerciale sera
essentiellement utile aux établissements à caractère
industriel et commercial ; elle mesure les ressources d'exploitation de
l'établissement .
· La valeur ajoutée (VA)
évalue la dimension économique de l'établissement car elle
correspond à la richesse créée. Elle caractérise en
outre le degré d'intégration des activités. En effet, le
recours à la sous-traitance augmente le montant des consommations
externes et diminue d'autant celui de la valeur ajoutée.
· L'excédent brut d'exploitation
(EBE) représente la ressource fondamentale tirée du
cycle d'exploitation et mesure ce qui reste à l'établissement,
après la rémunération des facteurs de production, et avant
celle des capitaux propres et empruntés pour maintenir ou
accroître son outil de production. C'est donc un indicateur de sa
rentabilité économique.
· Le résultat d'exploitation
traduit la performance économique de l'établissement
indépendamment de sa politique de financement et du régime
d'imposition des bénéfices. Si le résultat d'exploitation
apporte en général peu d'éléments
supplémentaires par rapport au solde précédent dans les
entreprises privées, compte tenu des commentaires suivants sur
l'excédent brut d'exploitation, selon le plan comptable applicable
à l'établissement étudié, il peut être
très enrichissant d'y accorder une plus grande importance.
· Le résultat
financier exprime le
résultat réalisé
par une entreprise en raison de sa situation financière et des choix
qu'elle a effectués en matière de financement. Il ne prend en
compte que les produits et charges financiers.
· Le résultat hors activités
ordinaires (ou résultat HAO), simple contraction entre les
charges et les produits exceptionnels, permet de constater la masse de ces
opérations et de la comparer à celle des opérations
courantes ;
· Le résultat de l'exercice ou
résultat net comptable tient compte de tous les produits et de
toutes les charges et correspond au solde du compte " résultat ".
2.2.6. Facteurs complémentaires intervenant
dans la prise de décision d'octroi de crédit
Outre les facteurs essentiels qui viennent
d'être analysés, doivent être également
considérés certains facteurs qui, sans avoir l'importance des
premiers, ne peuvent être ignorés: le facteur "qualité du
dirigeant" tout d'abord, la difficulté de rompre une relation d'affaires
avec l'un de ses clients ensuite, le facteur conjoncturel enfin.
· Facteur « qualité du
dirigeant » :
Ce facteur qualité du dirigeant est souvent
présenté comme un facteur essentiel à la prise de
décision, en témoignent certaines déclarations de
banquiers selon lesquelles au facteur humain pourrait être imputé
le tiers voire la moitié de la décision prise. Certains
établissements bancaires mettent clairement en évidence un rang
prééminent de ce facteur parmi les divers critères
d'appréciation bancaire d'un dossier de crédit.
Si l'on en croit la littérature bancaire en ce domaine,
un dirigeant de qualité doit satisfaire aux conditions suivantes: il
doit être honnête et respectueux des engagements pris. En outre, il
doit être compétent, et capable de retourner une situation
jugée difficile.
Notons toutefois le caractère éminemment
subjectif de ces diverses caractéristiques, et la quasi
impossibilité d'en fournir une estimation mesurable, entraînant de
ce fait une association de la notion de "dirigeant de qualité" à
celle de "dirigeant en qui on peut avoir confiance", confiance s'appuyant sur
une relation sans histoires que l'on a pu avoir dans le passé avec lui,
la régularité avec laquelle il fournit les informations
comptables et financières nécessaires au suivi de son compte,
voire même la qualité des informations fournies.
Les éléments cités
précédemment montrent que toute appréciation de la
qualité d'un dirigeant implique le plus souvent que celui-ci soit
déjà client de la banque (ancienneté du compte). Lorsque
ce n'est pas le cas, et qu'il s'agit d'un nouveau client, c'est à la
"réputation" de ce dernier que l'on se référera,
élément là encore éminemment subjectif.
En outre, quelque soit le niveau d'examen du dossier, on peut
s'attendre à ce que le poids du facteur "qualité du dirigeant"
soit d'autant plus important que la situation financière de l'entreprise
paraît bonne.
En effet, dans bien des cas, lorsque les résultats de
l'entreprise sont bons, la compétence du dirigeant est en fait
présumée; toutefois dans ces cas on peut s'interroger sur la
nature du facteur ayant conduit à une décision favorable du
banquier. S'agit-il du facteur "qualité du dirigeant" qui a joué
son rôle, ou s'agit-il plutôt des résultats financiers de
l'entreprise? La seconde hypothèse nous paraît ici la plus
vraisemblable.
L'impact du facteur "qualité du dirigeant" ne pourrait
être remis en cause si, face à une entreprise en situation
difficile, un banquier en dépit de cette situation difficile,
décidait d'épauler son client sans contrepartie pour lui
permettre de franchir ce cap difficile.
Notons toutefois que si un tel scénario n'est pas
exclu, l'observation des relations Banque- Entreprise en faisant foi, il ne
convient pas de transformer cette possibilité en comportement
général des établissements bancaires face à leurs
clients: en fait, même en cas de reconnaissance formelle de la
qualité du dirigeant, le banquier considérera souvent qu'il lui
est impossible de servir en l'état la demande qui lui est faite, son
rôle n'étant pas de compenser l'insuffisance des fonds propres de
l'entreprise par une progression de son propre engagement dans l'affaire.
La qualité des dirigeants d'une entreprise est, certes,
une condition nécessaire à l'octroi de crédit de la part
de ses banquiers, mais elle n'en constitue pas une condition suffisante.
· La difficulté d'une rupture de relations
d'affaires avec une entreprise donnée :
Si l'entreprise est fragile ou en difficulté, un tel
retrait brutal de son banquier ne peut que la condamner
irrémédiablement en la conduisant au dépôt de bilan.
Le coût pour la banque est ici la perte probable pour la banque
d'une partie non négligeable de ses encours dans l'entreprise, part qui,
dans cette éventualité, ne lui sera jamais remboursée.
A ce coût financier s'ajoute un coût d'image
pour la banque: il n'est jamais positif pour un établissement
bancaire, du point de vue de ses propres clients, d'avoir été
celui dont le retrait a précipité le dépôt de bilan
d'un de ses clients. Cet élément sera d'autant plus fort que
l'entreprise concernée est un acteur important de l'économie
locale et qu'est grande la probabilité de voir sa responsabilité
engagée par le client devant les Tribunaux au titre d'une rupture
abusive de crédit.
C'est pour toutes ces raisons que, sont extrêmement
rares de tels retraits brutaux d'un établissement bancaire, la solution
choisie par ceux-ci étant plutôt des retraits progressifs et si
possible négociés avec l'entreprise.
Il s'agira dans un premier temps d'éviter de voir
s'aggraver le risque pris sur le client concerné et de prendre des
mesures de surveillance rapprochée du compte de ce dernier: surveiller
les utilisations des concours accordés à l'entreprise par ses
divers partenaires bancaires, s'assurer que le compte du client fonctionne
dans la limite des autorisations accordées, examiner avec attention la
nature des effets apportés à l'escompte et, sur la base de
l'observation du taux d'impayés, réduire la possibilité
d'escompte aux seuls effets dont le risque de rejet est nul ou faible, notifier
enfin à l'entreprise dans les formes légales une révision
à la baisse du découvert bancaire autorisé.
Dans tous les cas de figure, l'établissement bancaire
aura intérêt, dès la décision de
désengagement prise, de la faire connaître à l'entreprise,
de telle sorte que puisse être négocié avec ses
responsables un rythme de désengagement progressif compatible avec la
situation financière de l'entreprise et susceptible de préserver
les intérêts et de l'entreprise et de l'établissement
bancaire.
Ce n'est guère finalement que pour les entreprises dont
la situation est jugée irrémédiablement compromise et/ou
pour lesquelles existe pour la banque un risque d'être mise en cause pour
soutien abusif de crédit que peut être attendue une rigueur
extrême du prêteur de fonds, celui-ci étant alors soucieux
de ne pas enfler inconsidérément un Passif de liquidation dont la
responsabilité pourrait plus tard lui être imputée.
· Le facteur conjoncturel :
On ne saurait omettre le rôle de ce facteur conjoncturel
dépendant de la situation économique d'ensemble et du secteur
bancaire et de ses clients. La conjoncture économique récente
nous en fournit un exemple évident.
Face à la montée des provisions dans les bilans
bancaires et de la fragilité des entreprises face à la
récession économique, beaucoup d'établissements bancaires
ont restreint leur offre de concours, chacune se contentant de suivre à
minima ses propres clients, et s'efforçant de n'élargir sa
clientèle qu'à des entreprises exemptes de tout risque. La
conséquence d'une telle politique est de rendre plus difficile
l'accès au crédit pour les nombreuses PME qui ne font pas partie
de ces "bons risques", et d'apporter des arguments à tous ceux qui
reprochent aux banquiers leur "frilosité".
2.2.7. Garanties exigées par la banque
Le banquier prête en fonction de la capacité de
l'entreprise à payer régulièrement les
intérêts et à rembourser le capital. Plus le
crédit est long, plus le risque est difficile à évaluer.
Afin de limiter son risque, le banquier demande ou exige des garanties, s'il
estime que l'ensemble des crédits est très important
comparé aux capitaux propres de votre société, à
ses bénéfices, à sa capacité d'autofinancement,
à l'endettement existant, qu'il mesure préalablement par une
batterie de ratios. En fait, les garanties sont demandées par
l'organisme bancaire prêteur afin d'optimiser le remboursement du
crédit en cas de défaillance de l'emprunteur. Il existe deux
types de garanties : les garanties personnelles et les garanties
réelles.
Les garanties ou
"sûretés" exigées pour le recouvrement d'un prêt sont
dites "réelles" lorsqu'elles portent sur un bien, "personnelles" dans
les autres cas.
· Garanties personnelles
La principale des garanties personnelles est le
cautionnement, souvent demandé au dirigeant-actionnaire.
Le cautionnement peut être défini comme
l'engagement pris par un tiers, appelé caution, de s'exécuter en
cas de défaillance du débiteur.
Dans le cas d'un crédit, la personne qui se porte
caution peut être donc éventuellement tenue de rembourser le
capital, de payer les intérêts normaux et les
intérêts de retard et les frais éventuels de
procédure. L'établissement financier doit vérifier que les
ressources de la personne se portant caution lui permettent de garantir le
montant cautionné. On distingue le cautionnement simple et le
cautionnement solidaire.
Dans le premier (cautionnement simple), la banque ne peut
poursuivre la caution que lorsque le débiteur principal est
définitivement défaillant et que les recours utilisables
contre lui ont été épuisés. De plus, dans le cas
où il y a plusieurs cautions, chacune n'est engagée que pour sa
part.
Dans le second (cautionnement solidaire), la personne qui se
porte caution peut être appelée à payer à la place
de l'emprunteur dès que ce dernier est défaillant. De plus,
lorsque plusieurs personnes sont cautions solidaires, elles garantissent
ensemble le créancier et chacune d'entre elles est engagée
pour le tout. Si l'acte de caution ne le précise pas, la caution ne
garantit que le capital. Pour qu'elle soit contrainte au paiement des
intérêts, l'acte doit y faire référence et indiquer
le taux de ces intérêts.
L'aval est une autre forme de garantie personnelle. Il s'agit
d'un acte par lequel un tiers, garantit le paiement à l'
échéance d'un
effet de
commerce. L'avaliste (celui qui donne son aval) s'engage à payer le
porteur d'un effet de commerce, en l'occurrence la banque, en cas de non
paiement à l'échéance. Matériellement l'avaliste
signe l'effet avec la mention « bon pour aval du tiré»
ou avalise sur une lettre séparée. Plus il y a d'avals, plus
un
effet de
commerce
offre des
garanties sur son
paiement à l'
échéance.
· Garanties réelles
Il s'agit d'un privilège demandé par un
créancier et qui porte sur une chose. Les garanties réelles
très utilisées sont le gage, le nantissement et
l'hypothèque (par exemple le banquier pratique souvent le nantissement
de matériel ; le nantissement du fonds de commerce ; le gage sur
véhicule ainsi que l'hypothèque).
Le créancier bénéficiant d'une garantie
réelle (réel vient du latin "rées" qui signifie "chose")
peut, en cas de non-paiement du débiteur, faire saisir le bien
donné en garantie et le faire vendre pour être payé en
priorité.
L'hypothèque constitue une garantie portant sur un
immeuble : en cas de défaillance de l'emprunteur, le produit de la vente
de l'immeuble est remis au créancier hypothécaire, en
l'occurrence l'établissement de crédit.
Le nantissement est un contrat par lequel un débiteur
remet une chose à son créancier pour sûreté de la
dette. On parle de gage lorsqu'il s'agit de choses mobilières.
Conclusion partielle
L'octroi d'un crédit à moyen et long terme fait,
de la part du banquier, l'objet d'une étude poussée car le risque
provient de la durée et de l'importance du prêt. Il faut
étudier les incidences sur le marché de la mise en place de cet
équipement et prévoir la situation financière de
l'entreprise, compte tenu de son nouvel outil de production et aussi compte
tenu de ses charges nouvelles. Ceci nécessite de dresser un plan
prévisionnel de financement qui mettra en parallèle l'ensemble
des charges et ressources de l'emprunteur, afin de dégager les
possibilités futures de l'entreprise à faire face à ses
dettes et de là assurer un bon dénouement de l'opération
de crédit.
L'analyse d'une demande de crédit à moyen terme
repose principalement sur l'étude de différents
éléments :
- situation économique ;
- situation financière, et, plus
particulièrement rentabilité de l'entreprise ;
- garanties offertes (personnelles ou/et réelles
choisies en fonction des biens financés et de la situation de
l'emprunteur).
Chapitre 3 : ETUDE DE CAS
3.1. Présentation de la CBAO GROUPE
ATTIJARIWAFA BANK
La CBAO (Compagnie bancaire de l'Afrique occidentale), est la
première banque
sénégalaise,
elle est
filiale du groupe financier
marocain
Attijariwafa Bank.
Fondée en
1853, c'est aussi la plus
ancienne banque de l'
Afrique de
l'Ouest
Fondée par un décret de
Napoléon
III le
21
décembre
1853, elle porte d'abord le nom
de Banque du Sénégal (BDS) et son siège se trouve alors
à
Saint-Louis
- de fait la capitale de l'empire colonial naissant. C'est le premier
établissement de crédit local, voulu par
Faidherbe pour limiter la
dépendance des négociants sénégalais à
l'égard des financiers français.
En
1867 une agence s'ouvre
à
Gorée, l'autre
pôle commercial de la région. Puis, lorsque Dakar prend une
importance croissante, la BDS de Saint-Louis y est transférée en
1884.
Rufisque - une autre des
« Quatre communes » - est à son tour dotée
d'une agence en
1899.
En
1901 la BDS est
transformée en Banque de l'Afrique Occidentale (BAO). À l'origine
banque de prêt et d'escompte, elle dispose désormais du
privilège d'émission, ce qui la dispense d'un vote double de l'
Assemblée
nationale et du
Sénat et
lui permet en outre d'étendre sa sphère d'influence
géographique.
Ses attributions sont également élargies et elle
devient ainsi un élément moteur dans la mise en valeur de la
colonie.
Le siège de la BAO se trouve maintenant à
Paris, mais son réseau
ne cesse de s'étendre le long de la côte occidentale de l'Afrique.
Conakry,
Porto Novo,
Grand-Bassam sont tour
à tour équipés de bureaux et, en
1903, un nouvel immeuble est
investi sur la place du marché Kermel à Dakar. L'expansion se
poursuit après la
Première
Guerre mondiale, vers
Lomé,
Bamako,
Brazzaville
Kaolack ou
Cotonou, et la banque
conserve son privilège d'émission.
En
décembre
1945 le
franc CFA devient la
monnaie légale des territoires français d'Afrique noire et le
gouvernement français envisage la nationalisation de la BAO, mais les
parlementaires africains - et notamment
Lamine
Guèye - font échouer ce projet.
En
1955 l'émission des
billets est confiée à un Institut d'émission de l'Afrique
occidentale française et du Togo, nouvellement créé. Au
début des
années 1960,
lorsque de nombreux pays africains accèdent à
l'indépendance, la BAO dispose de 38 sièges en Afrique et
contribue de manière significative au financement de nombreuses
infrastructures dans les nouveaux pays, tels que la
Côte
d'Ivoire ou le Sénégal. La BAO s'unit en
1965 à la
First National City Bank of New
York pour créer la
Banque
Internationale pour l'Afrique Occidentale (BIAO).
Les turbulences politiques dans certains pays, les
aléas climatiques, les réformes monétaires, puis le second
choc pétrolier ainsi que certains dysfonctionnements internes mettent le
groupe en difficulté à la fin des
années 1980.
En
1989, la BIAO connait de graves
difficultés qui aboutiront à sa liquidation en tant
qu'entité unique. La BIAO se scinde en plusieurs banques, dont la BIAO
Sénégal avec 3 succursales.
La banque change de dénomination en
1993, devenant la Compagnie
Bancaire de l'Afrique Occidentale (CBAO). Au Sénégal le groupe
Mimran détiendra les trois-quarts du capital social, pour 9% à
l'État et 15% à des fonds privés.
En
novembre 2007, le
groupe
marocain
Attijariwafa Bank
a amorcé l'acquisition de 79.15% du capital de la CBAO auprès du
groupe Mimran.
En
décembre
2008, la CBAO a fusionné avec
Attijariwafa
Bank Sénégal, détenue également par
Attijariwafa Bank,
formant le premier groupe bancaire
sénégalais.
3.2. Financement des entreprises à la CBAO
3.2.1. Types de crédits réservés aux
entreprises
Pour répondre aux besoins de financement de la
clientèle des entreprises, la CBAO, groupe Attijariwafa Bank a mis en
place deux types de crédits comportant chacun des formules
diverses :
· Les crédits de
Fonctionnement
La CBAO, groupe Attijariwafa Bank finance les besoins
spécifiques liés à l'activité de l'entreprise. En
effet, elle offre aux entreprises la possibilité de couvrir leurs
besoins résiduels de trésorerie. En fonction des besoins
prévisionnels, elles définissent ensemble (la banque et
l'entreprise) le montant et la durée du crédit, après
l'étude détaillée du cycle d'exploitation.
· Les crédits d'Investissement
En ce qui concerne les crédits à moyen et long
terme, la CBAO Groupe Attijariwafa Bank a mis en place des formules simples
pour faire face aux besoins d'investissement des entreprises. A des taux fixe
ou variable, elle les aide à choisir le crédit d'investissement
qui leur convient.
3.2.2. Conditions d'accès aux crédits
bancaires CBAO
Il s'agit des conditions d'éligibilité que la
CBAO met généralement en avant lorsqu'une sollicitation pour une
demande de crédit leur est présentée.
Il s'agit du taux de rémunération, du niveau du
fonds propres que le demandeur doit détenir, des garanties qu'elle exige
pour se protéger contre le risque
· Le taux de rémunération (ou taux
d'intérêt débiteur)
Il s'agit du taux d'intérêt que la banque exige
en rémunération du crédit accordé.
A la suite de la réforme bancaire, un taux unique est
institué : c'est le taux de
réescompte de la BCEAO4(*), il est appliqué au refinancement de la BCEAO
et sollicité en dernier instance par le système bancaire, ainsi
qu'un taux de prise de pension intermédiaire entre le TES5(*) et le taux du marché
monétaire.
C'est le taux sur lequel les banques primaires se fixent pour
déterminer le taux d'intérêt à appliquer aux
demandeurs de crédit.
Par ailleurs, la libéralisation de l'activité
bancaire intervenue à partir de 1975 s'est traduite par la
libéralisation des conditions de banques en 1993.
Ainsi les taux d'intérêt appliqués aux
crédits sont libres mais ne doivent paqs excéder, tous frais de
commissions et autres rémunérations compris, le taux légal
d'usure fixé au double du taux d'escompte de la BCEAO.
· Les fonds propres
Pour contacter un crédit le demandeur doit justifier
d'un certain niveau d'activité. Celui-ci traduit sa disposition à
s'autofinancer pour une partie de l'investissement qu'il veut
réaliser.
Le taux exigé varie en fonction des
établissements de crédit. Par ailleurs, le niveau de fonds
propres témoigne aux yeux du banquier de la qualité du demandeur
de crédit et de sa volonté à réussir.
3.3. Analyse des dossiers de crédits à
la CBAO : évaluation financière de l'entreprise
· Méthodologie d'analyse d'un dossier de
crédit
L'analyse d'un dossier de crédit est faite à
partir d'un certain nombre d'éléments que la
société devra respecter afin de lui permettre l'accès aux
crédits. A cet effet, la société devra avoir un compte
commercial qui fonctionne déjà sans incident ou bien
procéder à l'ouverture de compte dans le cadre de la demande de
crédit.
Aussi, il faut :
- justifier son existence juridique par un
récépissé, les statuts, le numéro du registre de
commerce, etc.
- faire une demande de crédit précisant :
le nom de la société, son numéro de compte, le type
d'activité, le montant du fonctionnement, la garantie à proposer
et l'objet du prêt.
Sont généralement annexés à la
demande de crédit :
- les états financiers de la
société ;
- le compte d'exploitation prévisionnelle ;
- l'étude technique du projet.
L'entreprise qui sollicite une ligne de crédit ou une
augmentation de crédit fait en général l'objet d'une
étude de la banque. Celle-ci recherche les motifs et le fondement de la
demande par le biais d'un service qui vérifiera également si les
entrées espérées permettront d'assurer la
résorption permanente ou cyclique du concours demandé. Le montant
du crédit peut varier en fonction de l'entreprise, des besoins, de
l'objet, de la garantie accordée et de la situation du client
vis-à-vis de la banque. Dans tous les cas, ce montant dépasse
rarement un mois de chiffre d'affaires toutes taxes comprises.
Aussi une cellule très importante du compartiment de la
clientèle commerciale a pour mission principale de préparer et
d'élaborer les dossiers de crédits (de défendre le client
pour qu'il accède à un financement).
Cela implique notamment :
- le recueil et le traitement d'informations ;
- l'étude des demandes de crédit et
l'établissement d'une proposition à la Direction
Générale ;
- le soin de mener à bien la réalisation des
crédits ;
- le suivi des dossiers.
De ce fait, à la réception du dossier, le
responsable chargé de clientèle commerciale juge la pertinence du
projet. Si le dossier est pertinent, il le présente au responsable du
service-banque qui sera chargé à son tour de l'affecter à
un rédacteur. Si c'est un ancien client, le rédacteur
vérifiera d'abord l'état de ses engagements et sera ensuite
chargé du montage du dossier.
Le montage du dossier comporte quatre points
fondamentaux :
- la mention des différentes lignes de crédits
sollicitées ;
- leur durée et le taux de référence
appelé taux de base bancaire (9%) plus une marge ne dépassant pas
5% et qui pourra varier en fonction du client, c'est-à-dire de sa
relation avec sa banque, du montant du crédit et bien d'autres
éléments ;
- une Taxe sur les Opérations Bancaires (TOB) qui est
de 17% et qui est destinée à l'Etat.
Cependant, le constat que l'on fait généralement
est que la plupart des dossiers fournis par les PME n'était pas fiable
et/ou complet.
Dans tous les cas, la banque est obligée de faire sa
propre analyse avec les éléments fournis par le client en
procédant à des modifications (établissement de compte
prévisionnel par exemple) au fur et à mesure que le
rédacteur fait l'étude.
Un certain nombre d'éléments est
nécessaire pour une meilleure analyse d'un dossier.
Il s'agit :
- du diagnostic culturel, juridique et fiscal ;
- de l'analyse de l'activité et de sa
rentabilité ;
- du diagnostic de la situation financière ;
- de l'appréciation des garanties
proposées ;
- du point sur les relations bancaires.
· L'analyse du bilan
L'analyse du bilan s'intéresse surtout aux fonds
propres et au fonds de roulement qui permet d'apprécier la
rentabilité et la solvabilité de l'entreprise. Le bilan informe
aussi le banquier sur les engagements de l'entreprise avec d'autres
institutions.
L'examen des capitaux propres vérifie si les dirigeants
de l'entreprise maintiennent un rapport satisfaisant entre l'évolution
des capitaux propres et l'endettement. En effet, lorsque ce rapport est
positif, il met en relief l'indépendance financière d'une
entreprise.
· Fond de Roulement
Selon la règle fondamentale de finance, les ressources
stables financent les emplois stables (actif immobilisé).
L'idéal voudrait que le fond de roulement soit
positif.
· Besoin en Fond de Roulement
Il représente le volume réel des capitaux
circulants à financer. Ce sont les ressources financières
à dégager afin de couvrir les engagements à court terme
(exploitation) de l'entreprise. Ce solde doit être négatif
· Trésorerie Nette
Tout déséquilibre entre le fond de roulement et
le besoin en fond de roulement affecte la trésorerie.
Lorsque la trésorerie est négative, cela
signifie que le fond de roulement ne parvient pas à financer le besoin
en fond de roulement.
Au niveau de l'entreprise, ceci se traduit par un recours de
financement à court terme pour assurer le financement de son cycle
d'exploitation.
Lorsque la trésorerie est positive, le fond de
roulement est suffisant pour couvrir les besoins du cycle d'exploitation et
assez pour dégager un excédent de trésorerie. Et parfois,
elle indique un état de surliquidité révélateur
d'absence d'une véritable politique stratégique ou d'un sous
emploi des capitaux.
Une trésorerie nulle indique un équilibre entre
le FR et BFR ; ceci équivaut à la situation d'une entreprise
équilibrée. Il faut dire que ce cas reste inexistant dans les
dossiers étudiés par la banque.
· Le compte de résultat
Le compte résultat restitue le niveau de
l'activité ainsi que la structure des coûts. Il est le support de
l'analyse de performances économiques et financières de
l'entreprise, donnant les points clés de cette appréciation que
sont le chiffre d'affaires et l'analyse des agrégats suivants : La
valeur ajoutée (VA), l'excédent brut d'exploitation (EBE), le
résultat d'exploitation (RE), le résultat net (RN) et la
capacité d'autofinancement (CAF).
Le chiffre d'affaires est évidemment un
élément clé de l'évolution de la rentabilité
de l'entreprise, car il correspond à la somme des ventes des
marchandises et de la production vendue de biens et services. Son
évolution permet de mesurer le dynamisme commercial de l'entreprise.
L'analyse de la Valeur Ajoutée (VA) permet à la
banque d'évaluer la nouvelle richesse créée par
l'entreprise et destinée à rémunérer ses
différents facteurs de production : l'Etat, le Personnel, les
créanciers, les actionnaires...
Valeur Ajoutée = Production de l'exercice +
chiffre d'affaires - les Consommations
Ainsi la valeur ajoutée permet de juger la performance
interne de l'entreprise.
L'Excédent Brut d'Exploitation est la ressource que
l'entreprise tire de son activité courante avant toute influence de sa
structure de financement et avant dotation aux comptes de provisions et
d'amortissements. Il est donc un instrument de mesure des performances
économiques de l'entreprise.
EBE = VA + Subventions d'exploitation - Impôts et
taxes - charges de personnel
L'Excédent Brut d'Exploitation qui n'est pas
influencé par la politique d'amortissement et de provision de
l'entreprise ou par la politique de financement, sera souvent utilisé
pour effectuer des comparaisons avec d'autres entreprises du même
secteur.
L'Excédent Brut d'Exploitation permet de mesurer la
capacité de l'entreprise :à rémunérer les
capitaux empruntés puisqu'il permet de faire face aux charges
financières, à maintenir et développer l'outil de
production, à travers les dotations aux amortissements, à couvrir
les risques au moyen des dotations pour dépréciation
d'éléments d'actif et les provisions pour risques et charges,
à dégager un autofinancement.
Le résultat d'exploitation représente les
performances de l'entreprise en termes de rentabilité commerciale et
industrielle. Il est la différence entre les produits d'exploitation et
les charges d'exploitation et s'exprime par la relation suivante :
Résultat d'Exploitation = EBE + autres produits -
autres charges + reprises - dotation aux amortissements et provisions
d'exploitation uniquement
Indépendant de la politique financière et
fiscale de l'entreprise et prenant en considération les aspects
négligés par l'Excédent Brut d'Exploitation comme l'usure
de l'outil de production et la dépréciation des actifs
réalisables, il est très utile pour la banque.
La banque recourt de moins en moins à la notion de
résultat net qui, essentiellement théorique mesure
l'enrichissement de l'entreprise au cours d'un exercice. En effet, le
résultat net n'est pas toujours très significatif pour le
banquier dans la mesure où il dépend de la politique
d'amortissement de l'entreprise.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, le banquier va plus
s'intéresser à la capacité d'autofinancement (CAF),
considérée comme un véritable indicateur de performance de
l'entreprise.
La capacité d'autofinancement (CAF) constitue un flux
potentiel de trésorerie qui doit permettre à l'entreprise de
faire face aux dépréciations de valeur de son outil de
production, aux besoins de financement de sa croissance et de
rémunérer ses actionnaires.
La capacité d'autofinancement est un
élément important de mesure des performances de l'entreprise, de
son aptitude à rémunérer les capitaux investis et de ses
possibilités de faire face aux charges de remboursement d'emprunts.
La CAF se calcule soit à partir de l'Excédent
Brut d'Exploitation (méthode soustractive), soit à partir du
résultat de l'exercice (méthode additive).
Elle mesure ainsi la capacité de l'entreprise
à : couvrir ses risques par les dotations aux provisions, financer
ses investissements et son développement en préservant
l'indépendance financière de l'entreprise, rembourser les
crédits accordés par les banques, rémunérer les
associés (dividendes),
Les banques, en comparant la CAF aux montant des dettes
financières, mesurent la capacité de remboursement de
l'entreprise. Celles-ci sont attentives à l'évolution du ratio
suivant : dettes financières / CAF
Ce ratio indique la capacité de l'entreprise à
rembourser ses dettes. Un ratio égal à trois par exemple indique
que l'entreprise met trois ans à se libérer.
3.2.4. Garanties exigées
Elles constituent un gage de remboursement du crédit
alloué. Selon la nature du crédit sollicité par le client,
le créancier définit le type de sûreté qu'il doit
apporter pour y accéder.
De plus, la structure qui sollicite le crédit est
d'autant plus petite que les préteurs s'entourent de précautions
pour prévenir le risque de non remboursement.
Lorsqu'il s'agit de crédit objectif c'est-à-dire
destiné à financer une opération, le problème de la
garantie est simultanément réglée par le bien que le
crédit a permis d'acquérir (crédit bail par exemple).
Par contre lorsqu'il s'agit de crédit subjectif,
destiné à financer l'activité de manière globale de
l'entreprise, le créancier s'entoure de garanties.
Les garanties sont constituées de sûretés
personnelles (cautionnement) et de sûretés réelles (gage,
hypothèque, nantissement).
Les entreprises considèrent que les garanties
exigées par les banques sont souvent excessives et contraignantes pour
elles.
SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS
Après avoir étudié les critères
essentiels intervenant dans la prise de décision dans le milieu
bancaire, il conviendrait d'émettre quelques propositions concernant
l'accès au crédit pour les entreprises surtout pour les PME.
En effet, on constate souvent que les demandes de
crédit émanant des PME sont, la plupart du temps, rejetées
par les banques. Pourtant, on observe une surliquidité due au fait
qu'elles n'allouent à l'économie qu'une faible part des
liquidités collectées.
Comment alors faciliter l'accès au crédit
bancaire et répondre aux demandes de financement des entreprises ?
Pour inciter les banques à prêter, plusieurs moyens peuvent
être mis en oeuvre :
· Tout d'abord, la production de documents comptables
fiables. Il est important d'encourager les
entreprises à produire des éléments comptables fiables. En
effet, les informations comptables sont systématiquement
présentes dans les éléments d'analyse requis. Elles
restent, notamment, des éléments objectifs indispensables
à la formation du jugement et à la justification des
décisions du banquier.
· Ensuite, la relation banque-entreprise. Le meilleur
moyen d'évaluer, de manière subjective, la probabilité de
faillite est de se fonder sur la confiance réciproque entre la banque et
l'entrepreneur, confiance acquise grâce à une relation de long
terme et à la proximité relationnelle. Cette relation permet
à la banque d'obtenir des informations sur le comportement de
l'emprunteur. Celui-ci est incité à respecter ses engagements par
crainte de voir ses concours bancaires limités.
· Aussi, le développement de produits de
crédit permettant aux prêteurs d'être mieux
sécurisés, ainsi que la multiplication des fonds de garantie
auraient également un impact très positif sur le financement des
PME.
· En outre, dans le cadre des restructurations bancaires
et du changement de politique monétaire, la Commission Bancaire de
l'UMOA a mis en place une série de ratios6(*). Le but est de limiter les risques pris par les
banques (ratios de solvabilité) et de garantir aux déposants de
pouvoir récupérer leurs placements dès qu'ils le
désirent (ratios de liquidité). La solvabilité s'entend
comme l'aptitude d'un établissement de crédit à faire face
en toutes circonstances à ses engagements au moyen de ses ressources
propres. Quant à la liquidité d'un établissement de
crédit, elle désigne sa capacité à honorer ses
engagements à vue ou à très court terme. Du fait de ces
ratios, les banques ne peuvent transformer toutes les ressources qu'elles ont
collectées. La distribution de crédit est alors
limitée.
L'octroi de crédit est une des activités
principales de la banque. La création mais aussi la croissance ou le
développement d'une entreprise nécessitent des appuis bancaires
car sans le crédit la construction d'une entreprise sur le long terme
serait difficile voire quasi impossible. Les banques permettent donc, d'une
certaine façon, la pérennité des entreprises et
deviennent ainsi un élément clé de l'économie.
Tout au long ce travail, nous nous sommes efforcés
d'identifier les principaux facteurs qui interviennent dans la décision
finale d'accorder ou de refuser un crédit à un
établissement, car les banques ne prêtent pas à toutes les
entreprises : elles doivent limiter le risque crédit qui est le
principal risque contenu dans le bilan d'une banque. C'est pourquoi, les
banquiers analysent la situation financière d'une entreprise. A l'aide
de la méthode des ratios, ils évaluent la liquidité, la
rentabilité et la solvabilité d'une entreprise. Tout ceci sur la
base de documents comptables et prévisionnels fournis par cette
dernière.
En outre, d'autres critères tels que la qualité
du dirigeant, la relation d'affaires entre la banque et l'entreprise mais aussi
le facteur conjoncturel, peuvent également être pris en compte
dans la décision du banquier.
Toutefois, on remarque que l'accès au crédit
s'avère particulièrement difficile pour les PME. Trois raisons
poussent les acteurs du financement à éviter ces
contreparties : un coût du risque surévalué, des
coûts de transaction élevés et une insuffisante
sécurisation des crédits. Le développement du financement
des PME semble en grande partie dépendre de la capacité des
acteurs privés à développer des systèmes financiers
plus adaptés. L'application des principes de la micro finance au
financement des PME est certainement une voie porteuse de potentiel.
* 1 Source : www.ansd.sn
* 2 Source :
www.interex.fr/fr/fiches-pays/senegal/acceuil
* 3 ICR : Interest Cover
Ratio.
* 4 BCEAO : Banque Centrale
des Etats de l'Afrique de l'Ouest
* 5 TES : Taux
d'Escompte
* 6 Voir annexes 1et 2.
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