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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

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par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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I.2. La question des actes intrinsèquement mauvais chez les scolastique

Au Moyen Age, plus particulièrement pendant la Scolastique, la question du mal qui préoccupe les philosophes et les théologiens depuis l'antiquité, prend une forme toute théologique : c'est l'existence du mal moral, c'est-à-dire du péché, qu'on vent concilier avec la prescience divine d'une part, d'autre part avec le dogme du concours divin, de la grâce et de la prédestination; elle se trouve ainsi intimement liée au problème de la liberté, humaine et divine, et chez tous les grands penseurs de la scolastique, de saint augustin à Duns Scot et à saint Thomas, elle tient une place éminente, ainsi que dans la plupart des grandes querelles religieuses : pélagianisme et manichéisme, socinianisme et protestantisme , molinisme et jansénisme...50(*)

I.2.1. Le primat de l'intention chez Pierre Abélard

1) Présentation

Pierre Abélard ou Pierre Abailard ou encore Pierre Abeilard (1079-1142) est un théologien, philosophe et compositeur français. Il a été un des principaux acteurs du renouveau des arts du langage au début du XIIe siècle. Après son entrée en religion, ses travaux de théologien ont suscité la condamnation pour hérésie par les autorités ecclésiastiques (concile de Soissons, 1121 ; concile de Sens, 1140).51(*)

2) Analyse

La pensée d'Abélard demeure l'un des principaux points de repère dans l'histoire de l'introduction de la méthode dialectique dans la théologie qui allait culminer avec la scolastique un siècle plus tard. Avec lui commence une période nouvelle dans l'histoire de la théologie, celle de la scolastique, caractérisée, entre autres, par l'usage de la dialectique.52(*)

Pour lui, toute classification des êtres doit, impérativement, être fondée sur le réel. C'est la conséquence d'une définition de l'universalité qui exclue toute possibilité d'existence réelle de l'universel, aussi bien dans les êtres que dans l'extériorité d'une accumulation pure et simple, matérielle, des individus.

L'Ethica d'Abélard, par sa morale fondée sur les intentions et non sur les actions, est une oeuvre fondamentale : En effet, pour Augustin, le péché consiste dans la volonté de retenir ou de poursuivre ce que la justice interdit et que la personne a la liberté de s'abstenir. Cette notion s'appuie sur un certain degré de consentement53(*). L'argument abélardien va au-delà, en différenciant la volonté chez Augustin de ce qu'il appelle l'intention, qui confère plus d'importance à la décision dans la connaissance de fait du péché, et dans ses limites, à la conscience en elle-même. Mais, pour Abélard, ni tout péché est un acte volontaire, comme l'est l'acte sexuel.54(*)

Pour certains théologiens comme saint Bernard, Pierre Lombard, Hugunce, Albert le Grand et Anselme de Laon, l'acte sexuel conduit au péché car il contient nécessairement le plaisir et le désir. Suivant la perspective d'Abélard, le plaisir sexuel se transforme en naturel et inévitable par la propre nature créée par Dieu. Ce sont les vices et les vertus des objets de réflexion morale, mais parmi eux existent ceux qui se rapportent au corps et d'autres qui se rapportent à l'esprit. Seuls certains parmi ces derniers concernent la morale, puisque les vices du corps sont exclus par un critère de nature et de création divine. Les vices mentaux diffèrent du péché car ils peuvent être présents sans l'action ou la propre intention, car ils font partie de l'âme humaine.55(*)

C'est donc ce consentement fondé sur une double connaissance - des vices humains qui tendent vers le péché et des interdictions qui définissent leur nature - qui se constitue le vrai péché : une forme de mépris pour Dieu, un manque d'âme. Il existe, chez Abélard, une antériorité naturelle qui convient à ce qui est compris comme étant nécessaire, à partir de laquelle aucune qualité morale ne peut s'inférer. Il existe aussi un stage postérieur que nous sommes menés à connaître collectivement, mais qui fait en sorte que le jugement manque de certitude dans ses bases.56(*) L'intention, comme point intermédiaire qui peut équilibrer les tendances naturelles de la créature imparfaite, nécessite un mécanisme d'évaluation impossible au niveau de la société. Reste simplement la propre évaluation personnelle.57(*) Cette intention, cependant, porte son propre lot de conditionnements et il n'est pas facile de les articuler.58(*)

Ainsi, pour Abélard, « le mal ne consiste pas dans l'oeuvre extérieure, ni même dans le désir, mais essentiellement et uniquement dans le consentement volontaire. »59(*) En effet, pour lui, le péché ne réside pas dans le désir de la femme d'autrui, ni dans le fait de s'unir à elle, mais proprement dans le consentement au désir ou à l'action puisque, pour lui, en prenant l'exemple du précepte, tu ne convoiteras pas (Dt 5, 21), il estime que souvent on peut poser des actes qui tombent sous cet interdit sans commettre le péché, comme lorsqu'on agit par ignorance ou par contrainte. Abélard établit ainsi un principe général selon lequel, « partout où des oeuvres sont soumises à un précepte ou à une prohibition de la loi morale, il faut rapporter ceux-ci plus au consentement qu'aux oeuvres elles-mêmes. »60(*) Pour Abélard, si la qualité morale se concentre ainsi dans l'intention, un même acte pourra être bon ou mauvais par la seule différence des intentions de ceux qui l'accomplissent. Bref, chez lui, le péché consiste dans le seul consentement volontaire, l'exécution de l'oeuvre n'y ajoute rien.61(*)

Ainsi, comme on peut le constater, la position d'Abélard est assez unique : en privilégiant entièrement l'intention ou le consentement volontaire par rapport à l'objet et même au désir, il soutient que les actes sont de soi indifférents et reçoivent leur qualification morale uniquement de l'intention. Partant, il n'y a pas d'actes qui soient intrinsèquement mauvais. Avec cette position, Abélard se situe aux antipodes de la morale des manuels modernes qui donnent la priorité à l'objet de l'acte et considère l'intention comme un facteur circonstanciel dans le jugement de moralité.62(*)

* 50 G. BOISSIER, Op. cit., p. 89.

* 51 Cfr. Cfr. M. CLANCHY, Abélard. Grandes biographies. Paris, Flammarion, 2000, p. 12-19.

* 52 Cfr. Ibidem.

* 53 C. GIASSON, « Les Confessions de saint Augustin et l'avènement de la subjectivité », dans La petite revue de philosophie, 10 (1988), p. 45-64.

* 54 Cfr. C. VOGEL, Le pécheur et la pénitence au Moyen Âge, Paris, 1969, p. 90.

* 55 Cfr. M. GANDILLAC, OEuvres choisies d'Abélard. Paris, 1945, p. 127

* 56 Cfr. Ibidem.

* 57 Cfr. Ibidem.

* 58 Cfr. Ibidem.

* 59 Cfr. S. PINCKAERS, Ce qu'on ne peut jamais faire. Op. cit., p. 28.

* 60 Ibidem.

* 61 Cfr. Ibidem.

* 62 Cfr. Ibidem.

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