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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

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par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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III.2.2 La bonté ou la malice de l'intention, moralité de surcroît

Pour Häring donc, la moralité de la volonté est essentiellement déterminée par son objet et que celui-ci n'est rien d'autre que l'agir même auquel elle se décide. Un autre facteur doit maintenant être pris en compte et c'est l'intention. Il arrive en effet que l'acte auquel on se décide soit voulu tel quel sans que rien ne s'y ajoute. Celui qui s'empare du légitime bien d'autrui pour s'en faire le nouvel acquéreur, par exemple, n'ajoute rien à l'objet du vol, puisque c'est précisément ce en quoi celui-ci consiste. Même chose pour celui qui fait l'aumône dans le but de soulager la misère d'autrui. Mais il arrive aussi qu'un acte soit voulu pour autre chose que ses effets naturels, comme c'est le cas du pochard qui dérobe une somme d'argent pour s'enivrer, ou encore du roi qui, comme David, fait tuer son serviteur pour en épouser la femme.268(*)

L'élément nouveau qui s'ajoute, ici, c'est l'intention. Non pas une velléité -- sorte de désir volontaire inefficace --, mais la motivation personnelle du sujet agissant, le but ultérieur qu'il poursuit par-delà ce qu'il fait en premier, la raison qui a motivé son choix et en vue de laquelle il agit ; bref, ce en vue de quoi quelqu'un choisit et pose tel acte déterminé.

Que l'intention de celui qui agit doive être prise en compte dans l'appréciation de la moralité d'un acte, cela ressort clairement du fait qu'il n'est jamais venu à l'idée de personne d'en faire l'économie, affirme Häring. C'est la plupart du temps le premier facteur de moralité à être considéré par les analystes et parfois même, hélas, le seul. La nécessité de l'intention bonne a toujours fait et fait encore l'unanimité : si l'intention est mauvaise en effet, tous concluent que l'acte est mauvais.

En tenant compte de ce qui précède pour acquis, la question qui se pose est dès lors celle de savoir ce qui arrive lorsque les motivations personnelles de l'agent sont bonnes, mais que l'objet de son choix ne l'est pas ; lorsque le but ultérieur qu'il poursuit est moralement bon, mais que l'agir auquel il se décide ne l'est pas. Qu'une telle chose se produise se laisse voir dans le problème classique du mensonge en vue de sauver la vie d'un autre. Que se passe-t-il en pareil cas ? Comment l'objet et l'intention se comportent-ils ? Se neutralisent-ils mutuellement ? Rendent-ils l'acte à la fois bon et mauvais ? L'un jouit-il d'une prépondérance sur l'autre ? Et dans l'affirmative à cette dernière question, lequel a priorité sur l'autre et à quelle(s) condition(s) ?269(*)

Poser ces questions, c'est tenter d'y voir plus clair dans les responsabilités respectives de l'objet et de l'intention en regard de la moralité d'un acte. A ce sujet, Häring s'appuie sur la doctrine de saint Thomas telle qu'elle s'exprime dans son traité sur les actes humains. En raison de son lien direct avec le propos de notre mémoire, la question dix-huit de la prima secundae où il est question de la bonté et de la malice des actes humains en général retiendra spécialement ici notre attention.

À l'article cinq de cette question, saint Thomas se demande s'il y a une différence d'espèce entre les actes bons et mauvais et il répond en rappelant ce que nous savons déjà, à savoir que tout acte est spécifié par son objet. Là où les choses se compliquent, c'est qu'à l'article suivant il dit que les actes reçoivent également leur espèce de leur fin. On se demande alors comment s'articulent l'espèce qui vient de la fin et celle qui vient de l'objet. Saint Thomas pose également cette question à l'article sept où il se demande si le rapport entre l'espèce qui vient de la fin et celle qui vient de l'objet en est un de genre à espèce, ou s'il n'en serait pas plutôt un d'espèce à genre.270(*)

Pour terminer ce point, disons que pour B. Häring l'acte humain est quelque chose de complexe qui ne se laisse pas aisément saisir du premier coup et pour dire, en conséquence, qu'il faut faire preuve de beaucoup de circonspection avant de prétendre à un jugement définitif sur sa valeur morale. Il y a en effet des actes qu'on a tendance à considérer trop tôt comme définitivement mauvais. Pour l'exprimer d'une manière synthétique, disons que pour Häring l'objet et la fin spécifient tous deux l'acte, mais ils le font par mode d'addition lorsque leur lien est accidentel et par mode de subordination lorsque leur lien est essentiel.271(*) Dans le premier cas, l'objet et la fin apportent tous deux leurs spécifications respectives et l'acte revêt en même temps deux espèces morales distinctes (tel le vol commis pour faire l'aumône) ; tandis que dans le deuxième, l'espèce qui provient de l'objet se subordonne à celle qui provient de la fin comme l'espèce au genre (tel le combat livré pour remporter la victoire).272(*)

* 268 Cfr. Ibidem

* 269 G. BELMANS, « Le Sens objectif de l'agir humain. Pour relire la morale conjugale de saint Thomas », dans Etudes thomiste 8, (1980), p. 98-99.

* 270 Cfr. Ibidem

* 271 Cfr. B. HÄRING, Libres dans le Christ, Op. cit., p. 302.

* 272 Cfr. Ibidem.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore