I.4.2 Approche macro-politique
du risque politique
Alon & Martin (1998) ont développé un
modèle d'évaluation du risque macro-politique dans une approche
qualitative structurée dans la situation des investissements directs
étrangers. Selon eux, les risques macro-politiques
« représentent la portion systématique de l'analyse qui
peut être généralisée à toutes les
industries. Nous utilisons donc leur modèle pour appréhender le
risque politique dans les pays hôte. Leur modèle contribue
à l'évaluation des modèles de risque politique en
différentiant entre causes et symptômes du risque politique et en
se concentrant sur les facteurs internes et externes du risque politique (ou
les causes du risque politique), émanant de l'environnement
gouvernemental, social et économique.
Plutôt que d'analyser seulement les actions politiques
d'origine locale, le risque politique a aussi bien des sources externes
qu'internes (Haner, 1979 in Alon & Herbert, 2009). Pour Alon & Herbert
(2009), les facteurs externes naissent à l'extérieur du pays et
peuvent inclure les tentatives de conflits ou d'influences, ou les efforts de
coopération entre le pays hôte et les autres pays alors que les
sources internes prennent naissance dans le pays hôte et peuvent inclure
les actions ou politiques du gouvernement, les luttes farouches entre religieux
locaux ou factions sociales, ou les conditions économiques et
sociales.
(a) La dimension interne du risque macro-politique.
La dimension interne du risque macro-politique comprend :
les facteurs internes de risque macro-politique liés au gouvernement,
les facteurs internes de risque macro-politique liés à la
société , et les facteurs internes de risque macro-politique
liés à l'économie.
Ø Les facteurs internes de risque macro-politique
liés au gouvernement :
Le degré de répression de l'élite, le
degré d'élite illégitime, et la
probabilité d'un changement de régime sont les
trois facteurs de risque politique internes liés au gouvernement (Alon
et Martin, 1998). Les 2 premiers facteurs ont été définis
par Kennedy (1987) in Alon et Martin (1998) qui les enregistra dans
l'instabilité politique. Le degré de répression de
l'élite est le fait que le gouvernement utilise des sanctions ou des
forces contre ses propres citoyens. Le degré d'élite
illégitime est défini par rapport à la portion de la
population qui ne respecte pas le régime en place. La population accorde
peu de crédibilité au pouvoir dans un tel cas.
Ø Les facteurs internes de risque macro-politique
liés à la société :
Le degré de fragmentation, le conflit social
potentiel, et le sentiment de nationalisme, de xénophobie ou de
fondamentalisme sont les trois facteurs internes liés à la
société les plus importants (Alon et Martin, 1998). Le
degré de fragmentation se réfère à la
diversité sociale de la nation. Selon les auteurs, ça peut
être la diversité d'ethnie, de langue, de tribus, de territoires,
de classe sociale, de religion ou diverses combinaisons. Les auteurs
soutiennent que plusieurs Etats souffrent de cette fragmentation, à
savoir l'Inde, l'Israël, la République du Congo, l'Afrique du
Sud.
Ø Les facteurs internes de risque macro-politique
liés à l'économie :
Le taux de croissance du produit intérieur brut par
tête, la distribution du revenu, et la probabilité de
réalisation des objectifs économiques sont les trois
facteurs de risque politique internes liés à l'économie
retenus (Alon et Martin, 1998) . Les facteurs économiques internes
incluent une évaluation de l'économie du pays hôte et ils
mesurent le niveau de développement (de la Torre & Neckar, 1988).
Premièrement, le taux de croissance du PIB par tête explique la
croissance économique relative à la taille de la population.
C'est la mesure la plus facile du dard de vie dans un pays.
Deuxièmement, la distribution du revenu est liée au niveau du
développement et à la taille de la classe moyenne dans un pays.
Lorsqu'un pays se développe, la classe ouvrière
bénéficie de gains de productivité, conduisant à
une distribution plus équitable du revenu. Un haut niveau de revenu par
tête et une forte croissance économique ont un impact positif sur
le classement du risque pays (Cosset & Roy, 1991). Troisièmement, la
probabilité que les objectifs économiques soient atteints exprime
le lien entre les objectifs économiques attendus et la cohérence
de la politique menée pour atteindre ces objectifs là. En effet,
un pays peut mener des politiques qui ne soient pas cohérentes avec les
objectifs économiques attendus, bien que ces objectifs soient
désirables. Les auteurs prennent l'exemple d'un pays dont l'objectif
économique est la stabilité des prix, mais les difficultés
fiscales l'amène à se rabattre sur la banque centrale pour
battre de la monnaie.
(b) La dimension externe du risque macro-politique.
Parallèlement à la dimension interne, la
dimension externe du risque macro-politique comprend des facteurs externes
de risque macro-politique liés au gouvernement, des facteurs externes de
risque macro-politique liés à la société , et
des facteurs externes de risque macro-politique liés à
l'économie.
Ø Les facteurs externes de risque politique externes
liés au gouvernement :
Le risque politique est souvent d'origine externe (de la Torre
& Neckar, 1988). La probabilité de
violence politique, le degré d'implication du pays dans les
organisations internationales, et la possibilité de
régulation restrictives sur les investissements, le capital et les flux
commerciaux sont les facteurs de risque politique externes liés au
gouvernement (Alon et Martin, 1998). Tout d'abord, la probabilité de
violence politique nécessite une évaluation des conflits
potentiels futures comprenant entre autres la guerre, les conflits frontaliers,
les conflits régionaux et le terrorisme. Des conflits dans un pays
peuvent s'étendre à d'autres nations voisines qui accueillent les
réfugiés ou qui sont compatissantes avec le régime
évincé. Alon & Martin (1998) illustrent leur assertion par
l'exemple suivant : le régime évincé du pays
Zaïre (aujourd'hui République Démocratique du Congo)
continue de se battre contre le Congo, en ayant pour base arrière la
RDC. Ce qui génère des tensions entre les 2 pays. Ensuite, selon
le FMI et la Banque Mondiale, le degré d'implication d'un pays dans les
organisations internationales est une indication de l'aide potentielle que ce
pays pourrait recevoir en cas de crise. Enfin, l'attitude envers les affaires
des étrangers peut être un signal de risque politique et c'est le
résultat du climat idéologique, nationaliste, et la propension du
gouvernement à intervenir dans les marchés (Toyne & Walters,
1993 in Argawal & Feils 2007).
Ø Les facteurs externes de risque politique liés
à la société :
L'opinion publique mondiale, les pressions de
désinvestissement, et la diversité régionale et les
intérêts divergents sont les trois facteurs de risque
politique externes liés à la société (Alon et
Martin, 1998). L'exemple de pressions de désinvestissement pris par Alon
& Martin est le retrait des sociétés de l'Afrique du Sud au
moment de l'Apartheid, non pas à cause du danger dans ce pays mais
plutôt à cause des ordres donnés par les maisons
mères des multinationales. Les intérêts divergents et la
diversité régionale peuvent conduire au déclenchement
d'une guerre ou d'une instabilité politique générale. Les
auteurs précisent que les causes de risque politique externe à la
société sont souvent hors contrôle des gouvernements parce
qu'ils transcendent les limites nationales et même régionales.
Ø Les facteurs externes de risque politique liés
à l'économie :
La politique économique future sur les IDE, la
probabilité de difficultés de balance de paiement, et la
probabilité d'inconvertibilité et d'instabilité de la
monnaie sont les trois sources de risque politique externes liées
à l'économie (Alon et Martin, 1998). L'analyse du risque
politique doit être aussi dirigée dans une position
économique externe (de la Torre & Neckar, 1988). Les politiques
économiques d'une nation sur les IDE peuvent inclure les restrictions ou
limites à la propriété des étrangers, les
difficultés de faire du business dans le pays étranger, la
discrimination et les changements dans les obligations des droits de
propriété. Les changements dans la politique sur les IDE sont
souvent motivés par des raisons économiques plutôt que des
raisons politiques (Robock 1971; Juhl 1985). Les difficultés de la
balance des paiements peuvent être un signal annonçant que les
changements de la politique future pourraient affecter les paiements
internationaux. Les difficultés de la balance des paiements incluent le
compte courant, le compte de capital, les fluctuations des réserves.
Alon & Martin (1998) argumentent leur thèse en soutenant que les
déficits commerciaux peuvent conduire à la restriction sur les
rapatriements de fonds ou à des taxes car les pays cherchent à
avoir une monnaie forte.
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