CONCLUSION:
A l'issue de cette étude, il
apparaît que, dans ce processus d'évolution des rapports
UE-Russie, les nouveaux états membres, à l'instar de l'Estonie,
ont un rôle à jouer, et comptent bien saisir cette
opportunité pour mettre en oeuvre, par le biais des actions et des
développements de l'UE, leur propre politique étrangère.
l'Union européenne devient peu à peu un ensemble cohérent
et elle tend vers une certaine homogénéité au niveau de sa
politique étrangère. Elle est alors en mesure d'opposer un front
relativement uni à la diplomatie russe sur un certain nombre de sujets,
d'autant plus que les intérêts des nouveaux états membres
entrants dorénavant en ligne de compte, Moscou va être
forcé de revoir son approche de l'UE, et sa politique à son
égard.
Ces développements, ne peuvent qu'être
bénéfiques à l'Estonie qui à désormais la
possibilité de faire valoir peu ou prou sa vision de cette relation,
sachant qu'elle a des intérêts tout particuliers dans le
développement positif des relations Moscou-Bruxelles, et qu'elle
pourrait ainsi se placer en partenaire indispensable pour tout ce qui concerne
les échanges et la coopération russo-européenne sous
toutes ses formes. Si le traité de Lisbonne entre en vigueur à
l'issue d'un vote positif des Irlandais le 2 octobre prochain, l'apparition
d'une véritable diplomatie européenne au sein d'un ensemble uni
politiquement, conforterait l'émergence d'une UE qui serait
désormais un ensemble géopolitique conscient.
l'Estonie, de part sa situation géographique, serait
indubitablement une pièce maîtresse de ce nouvel ensemble.
L'Europe une fois unie, on pourrait observer un assainissement des relations
entre l'Estonie et la Russie, cette dernière prenant conscience que
l'Estonie ne peut définitivement plus être
considérée comme une « marche de l'empire »,
en tout état de cause, le développement d'une politique
étrangère commune simplifierait les rapports de tous les pays de
l'UE avec la Russie.
Les relations russo-estoniennes devraient s'orienter vers plus
de pragmatisme au fur et à mesure des années, les
considérations économiques l'emportant sur des querelles
liées à l'interprétation de l'histoire. L'UE sera
certainement l'élément vecteur de ce pragmatisme, et l'Estonie,
dans le cadre des relations russo-européennes basées sur le
dialogue et la coopération, adoptera peut-être une attitude plus
confiante et plus ouverte à l'égard de Moscou.
Dans ce schéma demeure néanmoins une inconnue,
il s'agit du comportement de Moscou dans sa périphérie au cours
des années à venir, mais également des moyens que la
Russie est prête à mettre en oeuvre pour contrer
l'émergence d'une Europe unie, et géopolitiquement consciente,
à ses frontières.
Ce thème des relations russo-estoniennes est un
thème relativement récurrent, autant chez les universitaires
estoniens, qu'au niveau de la classe politique et de l'opinion publique
estonienne et balte. Mon activité au sein de la chancellerie politique
m'a permis d'avoir un éclairage professionnel sur ce sujet, en tenant
à l'écart les considérations patriotiques ou chauvines
susceptibles de biaiser l'analyse de cette problématique. Ainsi, en
abordant le sujet de manière dépassionnée, j'ai
été à même de percevoir tous les enjeux liés
à l'amélioration future des relations russo-estoniennes, ainsi
que les enjeux liés à l'émergence d'une Union
Européenne forte car cohérente. L'étude d'une telle
problématique au sein de la chancellerie politique permet non seulement
de bénéficier d'une certaine expertise tout au long de l'exercice
et de conseils en cas de difficulté, mais également d'adopter une
méthode « professionnelle » en ce qui concerne la
recherche, le traitement, puis la publication de données.
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