Ministère de l'enseignement
supérieur
Université de Tunis1
Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme
Mémoire de recherche pour l'obtention d'un
Diplôme d'études approfondies
en urbanisme
Présenté par l'étudiant Najem
DHAHER
Pratiques étudiantes et vécu de
l'espace universitaire:
Le cas des campus de Tunis et de Manouba
Jury
Jean-Paul LABORIE Président
Moncef BEN SLIMANE Directeur de mémoire
Mohamed ELBAHI Membre
Mémoire soutenu le 12/11/1998
Avant-propos
Si ce travail présente un intérêt c'est pour
un large parti grâce à mon directeur de mémoire Mr Moncef
Ben Slimane et à tous ceux qui ont voulu m'aider par leurs
expériences et leurs réflexions. Je cite Mr Pierre Merlin, Mr
André Suavage, Mr Dhahri Noureddine, Mr Daniel Pinson et tout
particulièrement Mr Jean-Paul Laborie.
Qu'ils veuillent trouver ici l'expression de mes
remerciements.
Je souhaite associer à ma gratitude les étudiants
qui, sans leur compréhension et collaboration cette étude
n'aurait pu être réalisée.
Sommaire
Introduction
.........................................................................5
Historique............................................................................7
Présentation de la
recherche :....................................................11
1- Problématique et cadre
conceptuel.......................................14
1.1- Approche
méthodologique..............................................14
1.2- Outils et procédure
d'investigation....................................15
Chapitre I: Cadrage de la population
étudiante
1- Les sites
universitaires..........................................................19
1.1- Organisation urbaine des campus de Tunis et de
Manouba..........19
1.2- Echelles spatiales et hiérarchies fonctionnelles des
campus.........26
2- Les
étudiants......................................................................28
2.1- Les effectifs étudiants et les filières de
formation....................28
2.2- Les origines sociales et géographiques des
étudiants.................29
2.3- Les origines
scolaires.....................................................30
2.4- Les ressources des
étudiants.............................................31
2.5- Les lieux de résidence des
étudiants....................................31
Chapitre II: Les pratiques étudiantes sur le site
universitaire
1- Budget-temps des
étudiants................................................34
2- Pratiques étudiantes sur le site
universitaire..............................41
2.1-Unité et diversité des modes de vie des
étudiants...............41
2.2-Comportements des
étudiants.....................................42
3- Sociabilité des
étudiants....................................................47
3.1-Comment se gère la rupture avec le milieu
familial............48
3.2-Qui
fréquenter ?.......................................................................49
3.3-Mode d'occupation des espaces du site
universitaire...........51
4- L'appropriation du site
universitaire......................................55
5- L'appréciation de certains attributs du site
universitaire ...............57
Chapitre III : Pratiques étudiantes et
rapports à l'espace urbain
1- Dans quelle mesure les étudiants investissent la
ville?......................62
1.1- Caractéristiques individuelles et rapports à
l'environnement.....62
1.2- Rapports au centre
ville...............................................63
1.3- Rythme de fréquentation de la
ville.................................66
1.4- Type de fréquentation de la
ville....................................68
Conclusion.........................................................................70
Bibliographie......................................................................73
Liste des
tableaux..................................................................78
Liste des
figures....................................................................80
Annexe:
protocole
d'enquête................................................................81
Introduction
Vie étudiante, faculté, campus, universitaire
sont autant de faits qui ont envahi nos pensées et qui nous ont fait
rêver d'un espace convivial et ouvert, d'un lieu de circulation et de
dialogue, d'échanges et d'idées. Mais, dès le
franchissement des portes de l'université l'étudiant se heurte
à la réalité d'un espace et de son vécu:
- absence d'équipements et de services urbains à
l'exception des restaurants universitaires et des équipements
sportifs,
- des campus isolés à l'extérieur de la
ville avec une mauvaise desserte par autobus,
- l'éclatement du milieu universitaire qui
détache sa résidence de son lieu d'enseignement.
En Tunisie et jusqu'à nos jours l'université
représente pour la majorité de la population étudiante qui
la fréquente un initiateur à la vie urbaine, elle ouvre des
espaces à la ville notamment pour les étudiants et surtout les
étudiantes issus des zones rurales ou peu urbanisées1(*). Elle permet leur entrée
dans la vie sociale, culturelle et professionnelle et une présence
justifiée parmi les habitants de la ville. Cependant les cadres spatiaux
n'ont été jusque là que des réponses à des
exigences d'ordre quantitatif.
La ville de Tunis comporte actuellement 72.000
étudiants sans tenir compte de ceux en formation continue. Ce nombre
représente presque 5% de la population de la ville. Il y a lieu de citer
également les 40 institutions universitaires qui occupent des espaces
dans la configuration urbaine de la ville. Il me semble que l'on ne peut faire
l'économie d'une réflexion sur leur place dans la ville.
L'université est en mesure de devenir à mon sens un enjeu
important dans la société tunisienne parce qu'un nombre
considérable de la population va y accéder: 5,5% de la tranche
d'âge des 20-24 ans en 1987 et 13,53 en 1996.
Ce nombre bien que faible actuellement est susceptible
d'être augmenté dans les années à venir vu les
différentes réformes qu'a subi l'enseignement supérieur
à tous les niveaux2(*) . Mais aussi parce qu'à une époque
où le niveau scientifique et technologique des emplois ne cesse de
s'élever, il est clair que l'intégration dans la
société passera pour la majorité des tunisiens par
l'université.
Peut-on dire que cette population en rapide expansion qui a
rarement suscité la curiosité des chercheurs en Tunisie constitue
un paradoxe?
A la lecture des travaux écrits3(*) sur la question, les
étudiants ont été le plus souvent considérés
dans leurs rapports aux études et selon leur insertion professionnelle
et leurs débouchés sur le marché de l'emploi. Si bien que
l'on ignore la place de l'étudiant dans la ville et dans la
société, la nature de son mode de vie et de ses pratiques extra
scolaires. Bref, on ne s'est jamais réellement intéressé
à la vie étudiante.
Dans notre recherche, on a préféré
d'entrer dans ce monde non encore vraiment exploré en étudiant
tout d'abord l'espace de vie des étudiants. Le travail
s'intéresse à l'espace vécu des étudiants dans leur
rencontre avec l'université entant qu'espace non seulement fonctionnel
ou de travail mais également de résidence, de culture et de
loisirs et surtout un lieu de passage à la vie urbaine et
professionnelle. L'espace universitaire ici est un territoire approprié
par ceux qui y vivent.
Pour cela, on a choisi deux campus de la ville de Tunis qui
représentent deux formes d'organisation différentes de l'espace
universitaire et de son implantation dans le tissu urbain. On a voulu saisir
par ce choix la complexité des relations entre les étudiants et
leur site universitaire.
Le premier site est le campus de Tunis qui est situé
à proximité du centre ville dont la conception correspond
plutôt au modèle de campus français qui, selon les propos
de Jodelle Zetlaoui4(*)
correspond à des regroupements de locaux d'enseignement sur de vastes
espaces souvent implantés à proximité de grands
ensembles, sans services de premières nécessité et de
structure d'animation.
Le deuxième site choisi est le campus de Manouba qui
reflète le nouveau mode d'organisation urbaine des espaces
universitaires déclenché au début des années 1990.
Implanté selon une logique anglo saxonne à l'extérieur de
la ville sur un terrain qui contient déjà la faculté des
lettres, le campus connaîtra selon les projets du ministère de
l'enseignement supérieur l'installation sur le même terrain
d'autres entités universitaires qui vont être
délocalisées du centre ville de Tunis.
Historique
L'apparition en Tunisie d'institutions permettant de
poursuivre des études supérieures remonte loin dans
l'histoire.
Dès la construction de Tunis par les Hafsides comme
nouvelle capitale d'Ifriqiya, la mosquée de la Zaytouna a pris la place
de Kairouan dans le progrès scientifique du pays et dans la protection
du patrimoine islamique jusqu'à nos jours.
Construite en 732 (an 114 de l'Hégire), la
mosquée de la Zaytouna est considérée par certains comme
la plus ancienne université islamique dans le monde.
L'enseignement dans cette mosquée se déroulait
toujours conformément au modèle adopté par le
prophète lui-même (voir plan ci-dessous), c'est-à-dire
autour d'une "Halaka", où des maîtres appelés "Foukaha-s"
donnaient des cours à des élèves accroupis en cercles
concentriques, sur une natte dans un coin de la salle de prière.
L'apparition de la "madersa"5(*) fut un grand événement dans le monde
arabo-musulman, puisqu'elle constituait le premier équipement
conçu spécialement pour l'enseignement.
La madersa, institution officielle qui logeait des professeurs
et des étudiants, percevant une bourse et dispensant d'un enseignement
religieux n'éclipsera pas pour autant les mosquées dans ce
rôle imminent. Les plus grandes universités islamiques,
étaient attachées à des mosquées: c'est le cas de
la Zaytouna à Tunis, d'Al Azhar au Caire, d'Al Qarawiyyine à
Fès et aussi de la Nizamiyya à Baghdad.
Les "madersas" et les mosquées continuaient à
abriter les cycles supérieurs de l'enseignement pendant plusieurs
siècles.
La "madersa" comprenait des locaux d'enseignement, des
bibliothèques, une salle de prière et des chambres pour loger les
étudiants et dans certains cas, on y trouvait un bain maure et
même une cantine6(*).
C'est ainsi qu'on a pu considérer la mosquée comme le premier
espace destiné à l'enseignement.
Cette situation n'a pas subi un grand changement de 1881
à 1956 c'est-à-dire durant toute la période coloniale qui
n'a guère favorisé le développement d'un enseignement
supérieur.
Après 1956, date de l'indépendance du pays, une
structure universitaire nationale et moderne furent mise en place. En quelques
années, plusieurs établissements d'enseignement supérieur
furent créés jusqu'à la fondation de la première
université tunisienne en 1960.
Figure 1
Evolution des effectifs étudiants de 1960
à 1997
Source: BEPP- Ministère de l'enseignement
supérieur-1997
L'accroissement des effectifs scolaires dans l'enseignement
supérieur est indiscutable et ce phénomène commence
à être particulièrement spectaculaire ces dernières
années.
En effet, le nombre des étudiants qui a
été égal à 2310 en 1960 a modérément
augmenté jusqu'à 1988 et a plus que triplé entre cette
date et 1997 de 43.000 à 137.000 individus.
Le taux de croissance qui ne dépassait jusque là
les 10.000 étudiants supplémentaires par an a changé
depuis la rentrée universitaire 1997/1998 en atteignant les 16.000
étudiants.
La scolarisation massive des filles est aussi l'un des
éléments marquants de l'évolution du système
éducatif qui aura vraisemblablement des incidences non seulement sur la
structure de la population étudiante mais aussi sur les rapports
université/ville dans les prochaines années.
Tableau 1
Evolution du taux de féminisation
Année scolaire
|
65/66
|
72/73
|
77/78
|
82/83
|
87/88
|
92/93
|
97/98
|
Taux en %
|
21
|
23
|
28
|
30
|
37
|
40
|
46
|
Source: BEPP- Ministère de l'enseignement
supérieur-1997
Aperçu sur les politiques de constructions
universitaires:
Pour mieux comprendre comment l'étude du cadre de vie
des étudiants est apparue comme l'un des axes majeurs de notre
mémoire, rappelons brièvement comment cette question avait
été appréhendée jusque là.
De la période coloniale et jusqu'à nos jours
l'enseignement a connu diverses modifications tant dans ses structures que dans
son contenu et sa finalité. C'est pourquoi la question universitaire a
été toujours le terrain d'un certain nombre d'expériences
aussi bien au niveau pédagogique qu'au niveau de la planification.
En dressant un bilan rapide des politiques de constructions
universitaires en Tunisie depuis l'indépendance, nous pouvons constater
que le rythme des efforts budgétaires et des autorisations de programmes
destinés à l'enseignement supérieur a été
toujours calqué sur celui de la croissance de la population
étudiante. L'écart grandissant entre un budget de fonctionnement
qui n'a progressé qu'à un rythme de 4.1% par an en termes
réels entre 1980 et 1988 et les besoins résultant d'une
croissance des inscriptions à un rythme de 7.1% par an pour la
même période s'est traduit par un déclin des conditions de
vie et de travail des étudiants dans la plupart des
établissements universitaires. Les ratios m2 par étudiant
déterminant les espaces affectés à l'enseignement, la
recherche et l'administration, mais également ceux qui accueillent la
vie universitaire sont très bas et sont parfois nuls pour les espaces de
loisirs et de détente des étudiants.
L'organisation universitaire et le choix dans les objectifs de
formation se matérialisent dans la forme de localisation de
l'université sur le territoire. Toutefois, si l'on observe la mise en
place des institutions universitaires en Tunisie dans les années 1960,
et avant la naissance du campus de Tunis, on constatait que les quelques
établissements qui existaient à l'époque ont
été, pour la majorité, installés au centre de la
ville de Tunis dans des bâtiments et des ensembles immobiliers qui
servaient jusque là à d'autres organismes.
Affichant à peine 10.000 étudiants jusqu'en
1970, les établissements universitaires en Tunisie n'ont pas
quitté à cette date la ville de Tunis. Et, ce n'est qu'avec la
décision de l'Etat de décentraliser l'université au
début des années 1970 que les établissements
universitaires commencent à s'installer à Sfax, à Monastir
et à Sousse.
Pendant la décennie qui a suivi, on n'a plus construit
ou presque surtout dans la capitale (sauf des extensions au campus de Tunis qui
recrutait à cette époque la quasi-totalité des nouveaux
bacheliers à l'échelle nationale et qui ne dépassaient pas
à cette époque 2000 étudiants supplémentaires par
année).
Le territoire universitaire commence à connaître
une certaine modification à partir du début des années
1990 qui entend harmoniser et consolider un véritable système
d'enseignement universitaire. Les effectifs étudiants qui se
développent d'une manière vertigineuse et l'espace universitaire
qui, en conséquence, connaît depuis une nouvelle forme
d'organisation de son territoire: «le campus» a été
affecté également par ce changement. La vague de
délocalisation de la fin des années 1990 qui s'est produite
surtout dans la capitale (IPSI, ENSI, ENAU, ISG, ESC, ISCAE) s'est traduite
dans l'espace par la construction du campus de Manouba dont l'implantation est
inspirée des campus anglo-saxons avec un croisement des lieux
d'enseignement et d'équipements conviviaux sur le territoire du campus.
Le manque de moyens financiers et de programmation ainsi que
l'absence d'idéal communautaire avaient fait du campus de Tunis un
ensemble souvent inachevé et où les activités extra
pédagogiques avaient été négligées.
En effet, le développement remarquable des effectifs et
des espaces universitaires qui est dû aux grands bouleversements sociaux
et économiques amorcés depuis la fin des années 1980 ont
promu de nouvelles conceptions des espaces de l'enseignement supérieur
et des modes de vie étudiants.
Pour anticiper la croissance des effectifs étudiants,
le projet de la carte universitaire mis en place en juin 1990 a tracé la
politique de l'Etat en matière de constructions universitaires pour les
deux prochains plans économiques et sociaux. En outre, on reconnaissait
que les choix urbanistiques qui avaient été retenus dans
l'implantation des différents sites universitaires dans les
années passées et notamment le manque d'attention
prêté aux infrastructures d'accompagnement n'ont pas
favorisé le développement d'une vie universitaire sur ces sites.
En effet, si les établissements dispersés dans le centre ville
ont bénéficié en raison de leur position centrale des
équipements et des activités qu'offrent la ville, ceux qui sont
implantés à l'extérieur de la ville souffrent de
l'isolement et du manque d'animation.
Actuellement, l'enseignement supérieur bien que
confronté à des exigences d'ordre quantitatif, doit tenter de
prendre en compte des exigences qualitatives nouvelles. Cette dimension est
à vrai dire remarquable dans l'extension du campus de Manouba qui se
traduit par une forte reprise de l'aménagement du site universitaire et
l'introduction de quelques types d'animation sur ces sites. Les projets
programmés par les services du ministère de l'enseignement
supérieur montre l'intérêt accordé à ce
sujet.
Présentation de la recherche
Avant d'aborder notre recherche, il y a lieu de citer certains
points de vue qui ont été élaborés jusqu'à
présent et qui s'inscrivent dans une certaine
complémentarité d'approches disciplinaires. Nous abordons ce
chapitre par ce qu'on pourrait appeler communément la querelle des
définitions relatives aux termes université, espace
universitaire.
En effet, les chercheurs et les équipes de recherche
qui couvrent le spectre des disciplines des sciences humaines et sociales
élaborent une thématique sur la notion d'espace universitaire et
concourent à définir et ouvrir de nouvelles perspectives sur le
monde universitaire, et ils constituent pour nous une véritable approche
scientifique de la question.
Qu'est-ce que l'université? Alain BOURDIN
répondra «qu'une université est une organisation comme
n'importe quelle autre, qui assure une grande fonction sociale»7(*).
Cette organisation universitaire peut fonctionner en
référence à différents modèles En
répondant à la question : Quel mode de vie les villes nouvelles
peuvent offrir aux étudiants? P.MERLIN expose trois
modèles8(*) d'espace
universitaire:
Tout d'abord les collèges britanniques qui, dit MERLIN,
«ne se contentent pas d'apporter des connaissances, mais former de
véritables citoyens. Ces collèges étaient donc des lieux
de formation au sens large du terme, où les étudiants apprennent
la vie collective et tiraient grand profit des échanges avec leurs
camarades, comme exemple de ce modèle MERLIN cite Oxford et Cambridge.
L'autre modèle est celui du quartier latin, où
l'étudiant en dehors de ses cours vit dans un quartier, partie
intégrante de la ville, mais marqué par la présence d'un
grand nombre d'étudiants qui y résident.
Le dernier modèle est celui du campus à la
française, isolé à la périphérie de la ville
souvent mal desservi et où les étudiants ne viennent qu'en
consommateurs de cours bibliothèque, restaurant universitaire.
Nicole FARDET dit que «la marque des universités
britanniques à l'époque coloniale a entraîné, en
Amérique, un modèle anti-urbain, plutôt retiré de la
ville, dans un espace à faible densité, paysager et surtout
clos»9(*).
Dans leur étude: l'espace universitaire et la
ville10(*), Sylvia
OSTROWETSKY et M.H.POGGI qualifient l'université comme « le
lieu où une population qui sort plus ou moins de l'adolescence, vient
prendre ses marques de la société Lieu d'initiation, lieu de
professionnalisation, lieu de réflexion où les membres se
constituent comme futur acteurs sociaux de plein droit ».
Pierre MERLIN estime que le statut étudiant ne
signifiait non seulement une étape finale dans la formation, mais
l'accès à la ville. Pour faciliter cette initiation, mais souvent
pour l'orienter les universités offraient elles mêmes ou
laissaient s'organiser à proximité d'un cadre de vie
destiné aux étudiants Tel est le sens dit MERLIN11(*) du collège de Robert
Sorbon, puis des universités médiévales britanniques ou
plus tard du campus américain.
L'urbanisme est l'une des disciplines qui a donné le
plus d'importance à l'étude de l'espace universitaire. En effet,
pour certains, un espace universitaire ne révèle sa pleine
satisfaction que lorsqu'il est considéré comme un « morceau
de la ville, en se fondant sur son identité spécifique»
A ce propos A.MOTTE indique que « la forte croissance
universitaire nécessite extensions, créations, ramifications et
réorganisations. Ce mouvement est puissant, il faut le maîtriser.
Il demande de bonnes localisations et des actions d'accompagnement en
profondeur. La qualité urbaine de l'université favorise son
attractivité scientifique »12(*).
Pierre MERLIN dit: « Une université
réussie est une université où les étudiants
souhaitent s'inscrire. Il y faut une qualité scientifique reconnue,
mais aussi des conditions matérielles favorables en termes de logement,
de desserte, et de vie quotidienne13(*) ».
Et comme l'affirme VALERY Elrich dans son étude sur la
vie étudiante dans les Alpes Maritimes14(*):« Si les modes de vie renvoient
à une multitude de représentations et de termes variés
(conditions de vie, vie quotidienne, style de vie pratiques de consommation
...), l'accord sur une définition paraît
impensable ».
1- Problématique et cadre conceptuel :
L'étude entreprise dans le cadre de ce mémoire
de recherche sur la vie étudiante se veut être dans une
première étape une contribution à une meilleure
connaissance des flux et des modes de vie des étudiants dans deux sites
universitaires de la ville de Tunis, notamment sous l'angle de leur inscription
dans l'espace (leurs comportements quotidiens, leur degré
d'appartenance à l'espace universitaire et leur volonté de s'y
intégrer).
Elle est orientée par le souci d'étudier les
transformations des modes de vie des étudiants telles qu'elles
apparaissent dans deux formes d'organisation de l'espace universitaire et de
son implantation dans le tissu urbain.
Notre hypothèse renvoie à comprendre les
attitudes des étudiants à l'intérieur de l'espace
universitaire et face à la ville et le rôle de
l'université comme facteur d'intégration symbolique de cette
population dans le système urbain.
Mais cette intégration est- elle limitée ou
favorisée par la vie en campus? Est- ce que l'éloignement de
l'université fait obstacle à cette action intégrative?
L'éclatement du milieu universitaire qui détache
d'abord son habitat (résidence) de son lieu d'enseignement tel est le
cas du campus de Tunis ; qui détache ensuite son lieu d'enseignement et
la résidence (campus) de la ville comme c'est le cas du campus de
Manouba ne pose- t-il pas maintenant des problèmes au milieu
universitaire et à la ville.
En moins de 40 ans15(*), le monde étudiant s'est recomposé au
terme d'une procédure liée à des éléments
d'ordre démographique, social, économique et institutionnel qui
ont Contribué à redéfinir les contours de la population
étudiante et cristallisée de nouveaux modes de vie qu'il importe
de saisir pour mieux connaître et cerner cet univers de près de
140.000 étudiants.
Et pourtant, qui sont ces jeunes, hommes ou femmes, qui
étudient? Comment vivent-ils à l'intérieur de leur espace
universitaire? Que font-ils en dehors de leurs études? Que
représente la ville pour eux? bien peu d'éléments qui nous
permettent de répondre à ces questions.
1.1- Approche méthodologique:
L'objet de ce travail vise donc à éclairer la
nature des modes de vie des étudiants dans l'espace universitaire. Mais
qu'étudie-t-on dès lors lorsqu'on parle de modes de vie ?
Faut-il plutôt faire référence aux
pratiques des étudiants dans leurs lieux d'études ou
s'intéresser à leur quotidien en dehors de ces mêmes
lieux?
Dans la plupart des données empiriques traitant des
modes de vie des populations, on assiste à une tendance au
découpage des modes de vie, conduisant à l'atomisation des
pratiques dans des champs variés, tels que champs de travail, de la
famille, de la culture, du loisir. Ce découpage de pratiques ne permet
à mon avis que des analyses souvent partielles, conduisant à
éclater la représentation des modes de vie en une multitude de
pratiques isolées.
Dans ce travail, notre étude fédère
l'ensemble des composantes de l'existence, c'est-à-dire les
différentes dimensions de la vie que chaque individu doit gérer.
Les modes de vie des étudiants seront
étudiés dans la transversalité de différents champs
de pratiques au sein de l'espace universitaire, comme des
éléments combinés entre divers champs de vie possibles
représentant différentes variables qui conditionnent les
pratiques des étudiants et leur accès aux équipements
urbains.
Les modes de vie étudiante ont été
observés au niveau des pratiques de la sociabilité, de
l'appropriation et de l'appréciation qui font figure de variables
dépendantes.
Ces champs d'études ont été
abordés selon l'ordre suivant:
1- Cadrage statistique de la population étudiante
caractérisation sociale et scolaire des étudiants
2- Budget temps des étudiants
3- Pratiques et leurs localisations "espace/temps" 4-
Réseaux de sociabilité des étudiants.
4- Réseaux de sociabilité des étudiants
5- Rapports des étudiants à la ville
1.2- Outils et procédure d'investigation:
On a adopté une stratégie de
recueil des données multiples.
En plus des outils de travail dont nous disposons à ce
sujet tel que les plans de situation et de masse qui constituent un descriptif
spatial des sites, et les différentes catégories
d'étudiants (sexe, filières, niveau d'études.....), on a
basé notre travail sur:
- Une appréhension vécue de l'espace: j'ai
essayé de vivre les espaces c'est-à-dire de m'y promener en
relevant les repères, de dégager la structure, les blocs de
bâtiments, les cheminements, les points forts afin de retirer quelques
indications et d'observer l'usage que les étudiants font de ces
espaces.
Cette observation de la réalité vécue
constitue le premier volet de notre travail d'investigation.
- Le second volet repose sur huit entretiens semi- directifs
au cours desquels j'ai soumis les étudiants à des questions
concernant leur vie universitaire.
Les questions posées sont du type: parlez nous de votre
Vie quotidienne, de votre campus, de votre temps libre?
Ces entretiens ont eu lieu pendant les mois d'avril et de mai
1998 période que nous avons jugée nécessaire pour que
l'étudiant puisse se familiariser avec le milieu universitaire.
- Le troisième volet constitue l'outil de base de notre
recherche c'est : l'enquête.
En effet, le premier protocole d'enquête
arrêté a été modifié plusieurs fois avec
l'aide de BEN SLIMANE Moncef, de André SAUVAGE qui a déjà
élaboré des enquêtes concernant la vie étudiante en
France, de DHAHRI Noureddine enseignant à l'Institut Supérieur de
l'Education et de la Formation Continue et de Daniel PINSON vu qu'il a fait une
étude sur l'habitat étudiant en France. Ainsi, et après
avoir procédé à quinze pré- enquêtes
auprès des étudiants pour tester les questions données et
évaluer la réaction des étudiants et le temps de
passation, la forme retenue nous parait correspondre en fait à une
ouverture des possibilités de réponses.
L'enquête est composée de 21 questions
fermées et de 3 questions ouvertes16(*).
1.3- L'échantillon:
La population interrogée a été
formée de 509 étudiants répartis sur les deux sites
universitaires: le campus universitaire de Tunis et le campus universitaire de
Mannouba.
Tableau 2
L'échantillon se présente comme
suit:
Etablissement
|
Effectif total
F M
|
Echantillon
F M
|
Campus de Tunis
* Faculté de droit
* Faculté des sciences éco et de gestion.
*ENIT
Campus de Mannouba
*Faculté des lettres: résidents sur le site
non résidents.
|
1514 1403
3264 3812
3554 4901
191 823
1123 601
3512 3020
|
30 30
55 70
65 85
4 10
40 35
45 40
|
Total :
13158 14560 239 270
|
Le nombre des étudiants interrogés est de 509
étudiants dont 239 étudiantes ce qui représente 46.9% de
l'échantillon.
L'échantillon représentatif étudié
a été choisi à partir des caractéristiques
suivantes:
- la filière d'étude
- le nombre d'années de présence à
l'établissement.
- le sexe.
- le lieu de résidence.
CHAPITRE l :
CADRAGE STATISTIQUE DE LA POPULATION ETUDIANTE:
1- Les sites universitaires
1.1- Organisation urbaine des campus de Tunis et de
Manouba
Nous allons décrire l'insertion environnementale et la
topographie de ces sites objet de notre étude:
1.1.1- Campus universitaire de Tunis:
Situation: à la périphérie centrale de la
ville de Tunis
Accès: par le boulevard 7 Novembre.
Superficie totale du terrain: environ 300 ha
Nombre d'étudiants: 21.500 étudiants.
Le cas du campus de Tunis est particulier. Il est le premier
espace universitaire tunisien qui a amorcé l'éclatement spatial
vers la banlieue. C'est un campus qui connaît une densification et une
structuration.
Figure 2
Les établissements universitaires dans le Grand
Tunis (1997)
Implanté à la fin des années 1960 en
périphérie urbaine, le campus de Tunis qui ne comportait pas de
résidence universitaire a été rejoint et absorbé
par l'urbanisation.
Figure 3
Le campus de Tunis: l'université
insérée dans la ville
Il se développe sur près de 100 hectares et
accueille actuellement selon des modalités diverses et pour des
durées variables plus de 25.000 étudiants sans compter les
enseignants, le personnel et les visiteurs. En plus de ses
caractéristiques territoriales, cet espace peut être
approché également au niveau du rôle structurant qui peut
lui être attribué en tant que composante urbaine et notamment au
niveau du rattachement avec des éléments majeurs du paysage et de
la ville.
Figure 4
Plan du campus de Tunis
Le campus de Tunis s'est imposé actuellement comme un
ensemble qui a fait naître de nouvelles relations au sein de
l'agglomération des quartiers limitrophes notamment El Manar et Ibn
Khaldoun.
Le campus comporte :
- la faculté des sciences
- la faculté de droit.
- la faculté des sciences économiques et de
gestion.
- l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis
Les différentes composantes sont organisées
suivant une organisation éclatée permettant d'identifier les
différents espaces constituant le campus. Les établissements qui
constituent le campus représentent des entités autonomes et
structurées autour d'un espace central vide qui constitue une
réserve foncière pour le campus. Cet espace central est
organisé le long d'un axe qui traverse le campus d'Est en Ouest sur
près de 1 km et se prolonge par delà pour rejoindre la
cité ElManar.
Sur le domaine universitaire, il n'existe pas de
résidence universitaire, ni restauration diversifiée, ni laverie,
ni pharmacie, ni cinémas, ni services sociaux Dans ce cas
l'université n'apparaît pas comme un espace public propice
à l'urbanité et l'on déserte les lieux pour aller en
ville, à la recherche d'espaces qui suscitent des interactions, des
côtoiements qui sont les prémisses nécessaires à une
inter-connaissance, à une urbanité plus chaleureuse.
Le restaurant universitaire implanté à
l'intérieur du campus sert plus de 3300 repas par jour17(*).
Chaque établissement dispose de sa
cafétéria et de sa bibliothèque
Pour l'habitat étudiant, les étudiants sont
éparpillés dans différents "foyers" et "cités
universitaires" de la ville et essentiellement:
- Le foyer universitaire El Menzah.
- La cité universitaire Bardo l
- la cité universitaire Bardo II
- la cité universitaire Bardo III
- la cité universitaire Ben Arous II
- la cité universitaire El Mourouj
- le foyer universitaire El Omrane supérieur
- le foyer universitaire El Yassamine
Au centre du campus et derrière l'école des
ingénieurs se trouvent les équipements sportifs (terrains de
hand, foot et basket).
Le site est principalement desservi par bus, il est aussi
accessible par métro.
Le réseau routier de liaison avec le centre ville est
important avec une circulation très dense en raison de la
proximité du boulevard 7 novembre.
Sur le campus, il existe des parkings, en nombre insuffisant
à en croire les fréquents stationnements hors des endroits
autorisés.
Les établissements sont traversés par un axe
routier ouest qui permet l'entrée au campus par l'autoroute 7 Novembre,
mais aussi qui permet à la population de rejoindre le El Manar
situé de l'autre coté du campus.
Chaque établissement est limité par des grilles
et des portes signalant ainsi son autonomie.
Ce qui ne permet pas d'observer de liaison franche entre ces
institutions.
La cote ouest du campus est séparée du quartier
El Manar par une rue commerçante tout au long de laquelle sont
implantés des librairies, des boutiques, de la cafétéria
et des petits restaurants.
Cette zone semble importante pour les étudiants dont la
présence est nettement marquée.
Le campus ne fonctionne pas ou presque à partir de 18h
et pendant les vacances, si on excepte bien sur le travail des
administratifs.
En réalité, le campus a modifié son
environnement, tout d'abord directement par des extensions et des
aménagements mais aussi indirectement par la création de nombreux
commerces: librairies, cafés, restaurants, etc. Certes, le campus n'est
pas isolé comme dans les années 1970, mais le cloisonnement
spatial reste fort même s'il existe de plus en plus de
possibilités pour créer des liens entre communauté
universitaire et le reste de la population.
L'environnement du campus a évolué depuis sa
création. Les quartiers urbains qui ont pris naissance autour du campus
ont, certes, réduit son isolement malgré le manque
d'intégration entre ses différentes composantes. Quelques
années après sa création, la forme urbaine a pris
naissance autour du campus. Certains de ses espaces se présentent comme
des aires d'échanges, de rencontre et de détente pour les
étudiants.
Tous les alentours du campus sont articulés et la zone
est occupée par des équipements à usage partagé qui
définissent le rapport entre le campus et l'environnement
immédiat.
1.1.2- Le campus de Manouba
Situation : à 12 kilomètres de la ville de
Tunis, dans une zone suburbaine.
Accès: par la voie MC 38.
Superficie totale du terrain: 36 ha 83 a nombre
d'étudiants: 8349
Alors que le campus de Tunis est délimité par
rapport au tissu urbain environnant, le campus de Mannouba est implanté
dans une zone presque rurale, isolée de la ville, peut être son
implantation dans cet espace a misé sur son impact de revitalisation
urbaine.
Le campus comprend la faculté des lettres et la
cité universitaire répartie en quatre volumes représentant
les résidences pour filles et pour garçons, et le restaurant
universitaire.
Des travaux de construction de trois autres
établissements universitaires sur le même site ont
déjà commencés à savoir l'Institut de presse et des
sciences de l'information, l'Ecole nationale des sciences de l'informatique et
l'Ecole supérieure de commerce.
La cité universitaire est séparée de la
faculté par une clôture.
La faculté a opté pour un parti architectural
éclaté. Nous assistons à une configuration spatiale
centralisée autour d'une cour centrale aménagée en jardin
destinée à être des espaces de rencontre pour les
étudiants.
L'administration et ses volumes s'installent dans les
bâtiments les plus proches de l'entrée.
Figure 5
Plan de la faculté de Manouba
Source: DBE- Ministère de l'enseignement
supérieur
Figure 6
Le terrain réservé au campus de
Manouba
Source: DBE- Ministère de l'enseignement
supérieur
Situé au nord-est de la ville de Tunis et
implanté dans une zone périurbaine à proximité
d'une voie principale de communication reliant Tunis à Béjaoua,
le campus de Manouba accueille actuellement la faculté des lettres et
deux établissements d'oeuvre universitaire sur une surface de
près de 80 hectares. Le terrain réservé au campus
accueillera dans les années proches trois autres établissements
universitaires qui seront délocalisés du centre de Tunis vu
l'exiguité des locaux qui sont en réalité loués.
Figure 7
Le campus de Manouba: l'université
isolée de la ville
Certes, l'accès à pied de la ville de Manouba
reste à l'heure actuelle difficile pour les usagers du campus. Les
communes de Manouba au Sud-Est et de Oued Ellil au Nord-Ouest entourent le
campus. Leur développement à venir «enveloppera»
vraisemblablement le territoire universitaire appelé à devenir un
quartier de la ville après l'implantation de ces différents
établissements.
1.2- Echelles spatiales et hiérarchies
fonctionnelles des campus
Pour résumer, on peut dire que, outre sa forme
d'organisation urbaine dans la ville et dont on a analysé avant, les
deux sites universitaires étudiés s'organise vraisemblablement
selon deux structures spatiales différentes:
La première est celle où l'université est
présentée par des entités structurées autour d'un
espace central avec des difficultés de liaison entre elles et c'est le
cas du campus de Tunis :
La deuxième est celle du campus de Manouba où,
selon le plan de cohérence du campus élaboré par la
direction des bâtiments et des équipements, ces diverses
composantes seront, après achèvement des différents
espaces, structurées autour d'un axe tout au long duquel viennent se
connecter les différents équipements
Il convient de dire que, compte tenu des mutations que
connaît l'espace universitaire tunisien, l'époque où
l'étudiant, l'université et la ville étaient relativement
"unifiés" est en passe de laisser la place à une
réalité éclatée: la dualisation du couple
ville-campus et l'image de l'étudiant dépolitisé et
ex-urbanisé, soumis aux dures lois des trajets ville-campus et parfois
ville-campus-résidence interminables.
Il paraît que l'université se présente
comme partie prenante d'une opération de socialisation qui concerne tout
d'abord les étudiants, et de la manière dont se déroule
cette opération. Les recherches montrent que, pour assurer sa fonction
de socialisation, pour continuer de jouer son rôle de médiateur
social, d'initiateur à la vie urbaine, l'université a besoin
d'espace et aussi de relations avec la ville. Et c'est cette dimension qui nous
paraît fondamentale de l'université dans sa relation avec la
ville.
Cependant, les remises en cause du campus de Tunis par
exemple, réduit à sa seule fonction scolaire, passent par la
prise de conscience qu'un zonage basé sur la séparation par
fonction est susceptible de générer du vide social.
2- Les étudiants:
Michel VERRET caractérisait le groupe étudiant
par un espace et un temps propre et un temps propre: « ......qui
sont l'espace propre et le temps de sa pratique propre et cet espace et ce
temps sont précisément les indices de sa réalité de
groupes »18(*).
Cette conception définit essentiellement la population
étudiante dans son rapport aux études, avec son espace et son
temps propre. Dans notre perspective, les étudiants ne sont pas
définis à partir des seules études, mais sont
identifiés à partir d'un mode de vie où études,
cultures et loisirs sont imbriqués dans le quotidien.
Les deux sites universitaires comptent près de 30.000
d'étudiants. Ce nombre contient différentes catégories
sociales d'étudiants.
D'un point de vue statistique et pour le cadrage de notre
propos, nous avons pu mettre - malgré la pénurie d'information -
une série de tableaux pour avoir une idée sur la structure de la
population étudiante objet de notre recherche.
2-1 Les effectifs et les filières de formation:
Les deux campus se différencient non seulement en terme de
nombre d'étudiants mais également de filières
d'études. Avec les quatre composantes du campus de Tunis, les
filières sont plus diversifiées. Au campus de Manouba, on y
trouve pour le moment que les lettres et sciences humaines en attendant
l'achèvement des autres composantes du campus et qui seront
d'après les services du ministère de l'enseignement
supérieur beaucoup plus diversifiées.
Tableau 3
Répartition par secteur de
formation :
|
Effectif global
|
au campus
de Tunis
|
au campus de
Manouba
|
|
F
|
M
|
F
|
M
|
F
|
M
|
sciences fondamentales
|
7316
|
11429
|
1514
|
1403
|
-
|
-
|
lettres, arts, sciences humaines
|
15922
|
23727
|
-
|
-
|
4635
|
3621
|
sciences médicales
|
4746
|
6184
|
-
|
-
|
-
|
-
|
sciences juridiques, éco et sociales
|
20841
|
26658
|
6818
|
8714
|
-
|
-
|
sciences techniques
|
4109
|
14386
|
191
|
823
|
-
|
-
|
Source : Ministère de l'enseignement
Supérieur 1997/98
Contrairement aux filières et effectifs, tous les niveaux
d'études existent dans les deux campus.
Tableau 4
Répartition de la population étudiante
des deux sites
par établissement, niveau d'études et
sexe:
campus/niveau
|
le A
|
2è A
|
3è A
|
4è A
|
3è cycle
|
Total
|
dont fille
|
Campus de Tunis
Fac des sciences
Fac de droit
Fac des sciences éco
et de gestion
Enit
|
1872
1897
3053
0
|
1593
1605
2019
0
|
399
1546
1728
199
|
419
1372
1205
170
|
1285
656
450
645
|
2917
7076
8455
1014
|
1514
3264
3554
191
|
Campus de Manouba
Fac des lettres
|
2492
|
2007
|
1425
|
1203
|
1129
|
8256
|
4635
|
Source: BEPP - Ministère de l'enseignement
supérieur.
Bien entendu, les étudiants ne se répartissent
pas de la même façon dans les différents cycles, alors que
les étudiants des facultés se répartissent sur les trois
niveaux et plus particulièrement au niveau des deux premiers cycles, les
étudiants de l'école d'ingénieurs se situent en
deuxième et surtout en troisième cycle.
La part des étudiantes dans le secteur des lettres et
sciences humaines dans la faculté des lettres de Manouba atteint 56%, le
caractère des filières et des débouchés peut en
partie expliquer la particularité féminine de ces
enseignements.
Corrélativement .aux données portant sur le
niveau d'étude, l'âge des étudiants se situe
majoritairement entre 19 et 25 ans d'après les résultats de notre
enquête:
Tableau 5
L'âge des étudiants:
âge
|
entre 19 et25 ans
|
entre 25 et 29
|
Supérieur à 29
|
total
|
%
|
74,5%
|
21%
|
4.5%
|
100%
|
2-2 : Les origines sociales et géographiques des
étudiants:
Malgré nos diverses recherches et investigations, on
n'a pas pu récolter d'information concernant les origines sociales et
géographiques des étudiants
D'après les résultats de notre enquête, le
recrutement social des étudiants reste majoritairement issu des classes
moyennes:
Tableau 6
Catégorie sociaux- professionnel du
père:
C.S.P
|
ouvrier
|
Commerçant, agriculteur
|
Cadre, moyen employer
|
cadre supérieur
|
retraité
|
autres
|
%
|
24%
|
16%
|
35%
|
5%
|
7%
|
13%
|
C.S.P: catégorie socio- professionnelle du père.
Certains étudiants n'ont pas indiqué la profession de leur
père, on les a classé avec la catégorie "autres" dans le
tableau
Tableau 7
Origines géographiques des
étudiants:
Région
|
Tunis
|
Nabeul Bizerte
|
nord ouest
|
Sahel-Kairouan
|
centre
|
sud
|
%
|
25%
|
|
19%
|
11%
|
9%
|
21%
|
2-3: les origines scolaires des étudiants :
Tableau 8
Les bacheliers en 1997:
|
campus de Tunis
|
campus de Manouba
|
lettres
|
1004
|
1387
|
sciences expérimentales
|
1036
|
-
|
maths
|
977
|
-
|
techniques
|
88
|
-
|
Sciences économiques
|
1166
|
-
|
Source: BEPP - Ministère de l'enseignement
supérieur
2-4: Les ressources des étudiants:
Les ressources et l'origine des ressources des
étudiants sont aussi à notre avis des facteurs qui donnent de
nombreux éléments susceptibles de nourrir la réflexion sur
les conditions de vie des étudiants.
Dans notre enquête, il s'agissait de connaître non
pas le coût des études ni celui des étudiants, ni aussi de
combien l'étudiant dispose mensuellement d'argent, mais l'enquête
permet d'appréhender l'origine et la provenance des ressources qu'elles
proviennent de l'Etat, de la famille ou du revenu d'un travail ( question
n° 9) :
D'après les résultats de notre enquête les
origines des ressources des 509 étudiants qui représentent notre
échantillon se ventilent comme suit:
Tableau 9 Origine des ressources :
origines des ressources
|
OUI %
|
NON %
|
%
|
Aide de la famille
|
64
|
36
|
100
|
Rémunération travail salarié
régulier
|
3
|
97
|
100
|
Bourse
|
23.2
|
76.8
|
100
|
travail saisonnier
|
27
|
73
|
100
|
Les ressources des étudiants proviennent
majoritairement la famille, qui représente 64% des aides totales.
Le revenu du travail constitue la deuxième source du
financement des étudiants soit 27%.
Face à ces provenances, la part de l'Etat dans le
financement direct du budget telle qu'elle apparaît dans notre
enquête est de 23.2 %19(*). Cette source de financement occupe la
troisième position dans les ressources des étudiants.
2-5: Lieux de résidence des étudiants20(*):
La reconstitution des lieux résidentiels des
étudiants permet d'aider à dégager une typologie des
trajectoires étudiantes entre lieu de résidence et lieu
d'études.
La répartition de la résidence des
étudiants des deux campus étudiés apparaît dans le
tableau ci-dessous:
Tableau 10
Lieux de résidence des étudiants de
l'échantillon:
Type de résidence
|
Résidence universitaire sur les lieux
d'études
|
Chez les parents
|
location
|
Résidence universitaire détachée des
lieux d'études
|
Nombre des étudiants
|
259
|
123
|
52
|
75
|
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
étudiants
2.6- les nouveaux inscrits:
Les étudiants: population homogène de point de
vue d'une classe d'age "20-24 ans" sont pris dans une même
temporalité spécifique qui est le temps des études et
suivent souvent une même trajectoire sociale celle de la rupture avec le
milieu familial .
Tableau 11
Proportion des étudiants nouvellement inscrits
en 1997
|
Nouveaux inscrits
|
Réorientés
|
Total
|
%
|
Campus Tunis
|
2349
|
2168
|
4517
|
21%
|
Campus Manouba
|
1122
|
395
|
1517
|
18.6%
|
Source: BEPP- Ministère de l'enseignement
Supérieur
CHAPITRE II:
LES PRATIQUES ETUDIANTES SUR LE SITE UNIVERSITAIRE
La présentation des résultats de notre
enquête et de nos entretiens avec les étudiants est
organisée en fonction des axes d'analyse que nous avons choisis pour
étudier les modes de vie des étudiants dans leur site
universitaire (chapitre II) et leurs rapports avec le tissu urbain environnant
et avec la ville (chapitre III).
Dans le chapitre II, nous tenons à rappeler que nous
allons analyser sous plusieurs aspects les modalités d'inscription des
étudiants et leur vécu de l'espace universitaire; à
savoir:
Les pratiques que les étudiants déploient sur
l'espace universitaire et le budget temps alloué à ces
activités.
La sociabilité des étudiants sur l'espace
universitaire.
L'appropriation par les étudiants de leur site
universitaire.
L'appréciation de certains attributs du site
universitaire.
1: Le budget temps des étudiants sur le site
universitaire:
Le temps des études se démarque des autres temps
sociaux. Il présente des traits singuliers et distinctifs. Il se compose
théoriquement à notre avis du temps de cours, du temps de travail
personnel en bibliothèque et d'un temps de restauration et enfin d'un
temps d'investissement de convivialité et de discussion qui se passe le
plus souvent dans les cafétérias, les espaces de transition comme
la cour, les couloirs, les halls et même dans les chambres universitaires
lorsque celles-ci sont intégrées dans le site universitaire.
Le temps passé à l'université selon qu'il
est contraint ou libéré, selon donc ce qu'on y fait et ce qu'on y
vit, ce qu'on y trouve et ce qu'on y trouve pas, selon ceux qu'on y rencontre
sont autant de facteurs qui contribuent ou non au sentiment d'appartenance,
d'indifférence ou d'isolement.
Rappelons que pour le temps passé par les
étudiants sur le site universitaire, nous avons obtenu sur une semaine
observée (voir question n° 13 de l'enquête) le budget temps
en heures que l'étudiant a consacré à l'université
et la manière dont il l'a distribué durant la semaine et par
jour.
Non sans rapport avec les caractéristiques
sociodémographiques et sociales des étudiants, la manière
dont l'étudiant organise son temps et son travail et plus largement
conçoit ses études sont des éléments cadrés
par l'organisation administrative et pédagogique susceptible de
différer d'un site à l'autre.
Nous verrons aussi, que le "temps choisi" passé
à l'université est dépendant des lieux où on habite
et du temps passé au transport entre le domicile et l'université.
Les déplacements des étudiants se
caractérisent essentiellement par une répartition très
variable dans le temps et, en général, ne correspondent pas
exactement aux pointes du trafic normal. L'utilisation des lignes d'autobus
actuellement n'apparaît donc pas adapter à ce trafic.
Le temps consacré au transport varie pour les
étudiants non résidents sur les deux campus universitaires, soit
en moyenne journalière de 30 minutes à deux heures et parfois
plus.
Figure 8
Temps réservé au transport par jour en
aller et retour
(entre la résidence et le lieu
d'études)
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
Le temps passé dans le transport est très
variable .Une proportion faible d'étudiants (17% de
l'échantillon) indique comme temps nécessaire pour se rendre de
leur domicile à leur lieu d'études une durée
inférieur à 30 mn. Par contre, ils sont très nombreux (57
% de l'échantillon) à affirmer passer une heure et plus dans les
transports pour se rendre à leurs cours.
Le temps de trajet déclaré par les
étudiants est variable selon les contextes urbains.
La proportion d'étudiants qui déclarent mettre
peu de temps pour se rendre sur leur lieu de cours est ceux qui résident
sur le site ou parmi ceux qui possèdent un moyen de transport, ces
derniers sont minoritaires puisqu'ils représentent 17 % de notre
échantillon.
En ce qui concerne les temps de trajet les plus longs, le
pourcentage d'étudiants qui déclarent passer plus d'une heure est
grand (57% de l'échantillon), ces étudiants sont ceux qui
résident dans des foyers universitaires et des quartiers
éloignés du campus.
Je n'ai pas remarqué de grandes différences
entre le temps consacré au transport par les étudiants non
résidents dans les deux sites. En effet, si le campus de Manouba est
éloigné de la ville, beaucoup d'étudiants du campus de
Tunis résident dans des foyers universitaires éloignés eux
aussi du campus tel que le foyer universitaire d'El Mourouj qui est
situé dans la banlieue Sud de la ville de Tunis.
Le nombre d'heures de cours est relativement restreint dans
certaines disciplines (autour de 22,5 heures par semaines pour les droits et
sciences économiques, 20 heures pour les étudiants du
deuxième cycle à la faculté des sciences et autour de 24
heures pour les disciplines littéraires), leur dispersion sur les jours
de la semaine et le caractère peu contraignant de l'obligation21(*) sont aussi des critères
qui modèlent la gestion quotidienne du temps des étudiants.
Le temps passé par les étudiants sur le site
universitaire toutes activités confondues (enseignement, formation,
restauration, convivialité, etc.) s'élève à une
moyenne journalière répartie comme suit selon les
établissements:
Tableau 12
Temps hebdomadaire en fonction de la forme
d'organisation du site universitaire
(moyenne en heures)
|
|
Enseignement
|
Biblothèque
|
Restauration
|
Loisirs, convivialité
|
Campus de Tunis
|
|
25
|
6
|
3
|
2
|
Campus de Manouba
|
Résidents
|
23
|
3
|
7
|
9
|
Non résidents
|
22
|
5
|
4
|
3
|
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
En examinant le temps des étudiants, on remarque
quelques indications qui nous renseignent comment l'étudiant ventile le
temps consacré à- l'université.
On observe que les étudiants consacrent plus de temps
aux études qu'il s'agit de fréquentation de cours (24 heures en
moyenne par semaine) ou de travail personnel tel que formation en
bibliothèque (5 heures en moyenne par semaine).
On remarque aussi des différences d'investissement
temporel entre les étudiants résidents sur le site universitaire
et les autres.
Les étudiants résidents sur le site
universitaire passent plus de temps que les autres dans leurs études et
surtout dans les autres activités hors enseignement (en moyenne 9 heures
par semaine contre 3 heures).
Ces différences revoient-elles à des motivations
qui seraient plus fortes chez les étudiants qui disposent de plus de
temps libre pour l'investir dans d'autres domaines d'activités?
Ici, il est intéressant d'évoquer le temps de
transport, car on y observe des contrastes frappants.
Tableau 13
Nombre d'heures hebdomadaires passées sur le
site universitaire par
activité
|
|
Transport
|
Enseignement
|
Activités hors enseignement
|
Total
|
Campus de Tunis
|
|
9
|
31
|
5
|
45
|
Campus de Manouba
|
Résidents
|
|
26
|
16
|
42
|
Non résidents
|
12
|
27
|
7
|
46
|
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
Les étudiants restent en moyenne 28 heures par semaine
pour l'enseignement et presque 5 heures pour la restauration.
Lorsqu'il s'agit des étudiants résidents sur le
site, le nombre d'heures consacrées aux activités hors
enseignement est beaucoup plus élevé.
On observe dans le tableau une liaison entre la forme
d'organisation du site et le fait de rester au campus pour des activités
hors enseignement.
Les étudiants du campus de Tunis sont les plus nombreux
à ne pas rester sur leur site universitaire pour d'autres
activités que l'enseignement (5h par semaine contre 7 h pour ceux non
résidents au campus de Manouba). Peut-être, et on va voir
ça ultérieurement dans le chapitre III, les étudiants du
campus de Tunis sont plus nombreux à effectuer des allers-retours dans
la journée entre le campus et d'autres lieux plus ou moins proches du
tissu urbain.
1.1- Les emplois du temps universitaire en fonction du sexe
:
Tableau 14
Horaire hebdomadaire
|
Cours
|
Bibliothèque
|
Loisirs et convivialité
|
Total Universitaire
|
Garçons
|
24
|
5
|
5
|
34
|
Filles
|
26
|
4
|
6
|
36
|
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
Dans l'ensemble, garçons ou filles consacrent autant de
temps à leur vie universitaire, les garçons y passent un peu plus
de temps (36 heures par semaine contre 34 heures).
Le taux horaire hebdomadaire moyen consacré aux cours
est supérieur chez les garçons que chez les filles, alors que
celui consacré à la bibliothèque et au travail personnel
est supérieur pour les filles que pour les garçons (6 heures par
semaine contre 5 heures).
1.2- Les emplois du temps universitaires en fonction du
niveau d'études:
Tableau 15
|
Cours
|
Bibliothèque
|
Loisirs et convivialité
|
Total Universitaire
(heures/semaine)
|
1ère année
|
23
|
3
|
7
|
33
|
2ème année
|
26
|
5
|
8
|
39
|
3ème année
|
25
|
5
|
5
|
35
|
4ème année
|
19
|
7
|
3
|
29
|
3ème cycle
|
12
|
9
|
3
|
24
|
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
Alors que les étudiants de première année
passent plus de temps aux activités hors enseignement, ceux de
quatrième année consacrent les grandes masses de temps à
la formation et au travail personnel en bibliothèque (7 heures par
semaine), les étudiants du troisième cycle y passent encore plus
de temps (9 heures par semaine).
A mesure que le niveau d'études des étudiants
augmente, le nombre d'heures de cours diminue et le nombre d'heures
consacrées au travail personnel augmente.
La variation des emplois de temps des étudiants en
fonction de la nature de leur mode de vie s'articule entre autre sur le
décalage des âges et des niveaux d'études: des
étudiants vivants chez leurs parents à ceux qui vivent seuls ou
en résidence universitaire.
1.3- Les emplois du temps et les filières de
formation :
La fréquentation hebdomadaire du site universitaire est
aussi fonction des filières de formation des étudiants. Alors que
les étudiants des lettres, de droit ou d'économie et gestion
consacrent plus de temps aux activités hors enseignement, les
étudiants des sciences et de l'Ecole Nationale d'Ingénieurs de
Tunis consacrent plus de temps à leurs études.
Tableau 16
|
Cours
|
Bibliothèque
|
Loisirs et convivialité
|
Total Universitaire
(heures/semaine)
|
Lettres
|
23
|
5
|
5
|
33
|
Economie et gestion
|
22
|
6
|
8
|
36
|
Droit
|
21
|
4
|
8
|
33
|
Sciences Fondamentales
|
25
|
3
|
6
|
34
|
Etudes d'ingénieurs
|
31
|
4
|
4
|
39
|
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
Tout d'abord, ces différences expliquant en grande
partie les décalages observées entre les emplois du temps
universitaires des étudiants.
Le temps consacré à l'université (heurs
de cours, de travail personnalisé et de convivialité) varie
entre 33heures par semaines pour les disciplines de gestion et de droit
à 39 heures par semaine pour les étudiants de l'école
d'ingénieurs et de certaines spécialités de la
faculté des sciences comme les sciences informatiques.
1.4- Ventilation du temps des étudiants en fonction
de la nature de la résidence
Tableau 17
|
Cours
|
Bibliothèque
|
Hors enseignement
|
Total (heures/semaine)
|
Au campus
|
23
|
3
|
16
|
42
|
Dans la
résidence universitaire
|
22
|
4
|
7
|
33
|
Chez les parents
|
25
|
5
|
6
|
36
|
Au logement privé
|
20
|
9
|
5
|
34
|
Enquêtes personnelles- Echantillon N=509
Si l'on ne remarque que peu de différences sur
l'ensemble de la répartition des temps consacré au cours, il
n'en va pas ainsi dans la répartition des heures consacrées au
travail de formation en bibliothèque et aux activités hors
d'enseignement.
Les étudiants résidents dans le campus
universitaire et ceux qui habitent chez leur parent sont les plus nombreux
à consacrer plus d'heures à leur travail universitaire soit
respectivement 23heures et 25 heures en moyenne contre moins de 22heures pour
les autres catégories.
La bibliothèque est beaucoup plus
fréquentée par les étudiants vivant dans une location. Le
manque d'espace de travail explique probablement cette tendance. Les
étudiants de cette dernière catégorie sont
également ceux qui passent moins de temps à l'intérieur de
l'espace universitaire.
Au terme de ce paragraphe portant sur l'emploi du temps des
étudiants et de celui portant sur les ressources, nous ne pouvons rester
qu'à un niveau de compréhension primaire en approchant seulement
certains des aspects de la vie scolaire et sociale des étudiants en
estimant les analyser en profondeur probablement dans le cadre de la
thèse. Cependant, cette recherche essaye de rendre compte de quelques
éléments de leur vie par lesquels la situation des
étudiants semble évoluer et se transformer en fonction des
conditions sociales, économiques et matrimoniales.
En outre, l'étude des différents tableaux
confirme la spécification des emplois du temps des étudiants. Les
résultats renseigne également sur l'importance de la famille
surtout en ce qui concerne l'aide financière que les parents leur
apportent fréquemment (64% des étudiants dépendent de
leur famille entièrement en matière d'aide financière
alors que 30% trouve d'autres solutions pour subvenir à ces besoins tel
que le travail personnel. Le transport est également l'un des traits
importants qui se présente comme un élément incontournable
dans l'usage de l'espace universitaire et même de l'espace urbain.
En résumé, le budget-temps que les
étudiants consacre à la fréquentation de l'espace
universitaire et de ces environnements varie avec le type d'organisation
urbaine du site universitaire selon qu'il soit inséré dans
l'espace urbain ou excentré et situé à la
périphérie de la ville. Si ce dernier est lié à un
rythme de fréquentation davantage étalé sur la semaine,
à une fréquentation plus longue et plus compacte en temps surtout
lorsqu'il s'agit des étudiants résidents sur le site; le premier
type est associé à un rythme quotidien de fréquentation
relativement moins long et davantage fragmenté.
Autrement dit, les étudiants du campus de Tunis pas
loin du centre ville et avoisinant un quartier urbain viennent sur le site pour
un laps de temps relativement court. On observe aussi que leur rythme
hebdomadaire est marqué par une évasion en fin de journée
car le campus ne dispose pas d'une résidence universitaire.
Les étudiants du campus de Manouba isolé du
centré semblent constituer une population captive. Les étudiants
consacrent plus de temps pour les activités hors enseignement que ceux
du campus de Tunis.
2- Pratiques étudiantes sur le site
Rappelons que nous avons procédé à deux
types d'indicateurs pour analyser les pratiques des étudiants et leur
vécu de l'espace universitaire: un indicateur quantitatif et un autre
qualitatif.
Pour étudier le premier indicateur on a essayé
d'analyser les catégories d'activités que les étudiants
déploient sur le site universitaire.
2.1-Unité et diversité des modes de vie des
étudiants
En cherchant à analyser les pratiques des
étudiants et leur vécu de l'espace, on s'est
intéressé à la fois à la diversité de ces
pratiques dans le temps et dans l'espace.
Dans leurs études sur les pratiques des
étudiants niçois, Valérie Elrich et Alain Frickey ont
conclu que « études, culture et loisirs sont
étroitement liés dans le temps mais dissociés dans
l'espace », ils prétendent que «cette culture urbaine
peut certes rassembler les étudiants»22(*).
Cette conclusion, bien qu'elle concerne les pratiques des
étudiants aussi bien dans l'espace universitaire qu'en ville
française, peut s'avéré à notre avis relativement
vraie pour les étudiants de la ville de Tunis. En effet, leur
façon de vivre ensemble, de faire du sport, de se rencontrer peuvent les
approcher, mais ne signifie pas que tous les comportements étudiants se
ressemblent.
La diversité de leur condition de vie, tout ce comme
leur position particulière dans le cycle de vie sont à l'origine
de pratiques différentes.
La vie étudiante se structure notamment à
l'intérieur et autour d'un grand équipement qui est le campus
surtout lorsqu'il renferme une résidence universitaire comme le campus
de Manouba ou quand il est inséré dans un environnement urbain
animé tel que le campus de Tunis.
En ce qui concerne la répartition de l'habitat des
étudiants, on note que, d'une part, le campus de Manouba qui accueille
une part des étudiants inscrits ne constitue pas l'unique pôle de
localisation de l'habitat étudiant. Les étudiants du campus de
Tunis qui n'assure pas cette fonction d'habitat, sont dispersé entre
foyers universitaires notamment à Bardo, Ras Tabia, Ben Arous, etc. et
autres modes d'habitation.
Ainsi et suite à notre cadrage statistique au premier
chapitre dès lors que l'on compare les étudiants les uns aux
autres on observe la diversité des modèles socio culturels qui
sous-tendent leurs pratiques (diversité des origines sociales et
scolaires, diversités des filières suivies et des
destinées sociales, diversité des situations familiales et
résidentielles).
2-2 Comportements étudiants
Les pratiques étudiantes ont été
également analysées sous l'aspect des comportements au sein du
site universitaire, à savoir la fréquentation des espaces
universitaires qui ne sont pas destinés exclusivement à
l'enseignement comme la cafétéria, le restaurant universitaire,
les terrains de sport, les couloirs, etc.
Tableau 18
Destinations des étudiants hors des
cours
|
|
cafétéria
|
bibliothèque
|
chambre universitaire
|
restaurant universitaire
|
Campus Tunis
|
|
47%
|
32%
|
|
26%
|
Campus Manouba
|
Résidents
|
27%
|
21%
|
37%
|
18%
|
Non résidents
|
52%
|
21%
|
5%
|
34%
|
Les sujets se sont prononcés dans notre enquête
(question n°14) sur les espaces qu'ils fréquentent dans le
campus.
On remarque que 47% des étudiants du campus de Tunis
approchés dans notre questionnaire et 52% des étudiants du campus
Manouba fréquentent plutôt les cafétérias. Les
résidents sur le site universitaire préfèrent gagner leurs
chambres universitaires (37% de l'effectif).
Contrairement à ce qu'on peut imaginer les
bibliothèques attirent un nombre non négligeable des
étudiants (32%). Cependant, c'est le rythme de fréquentation de
ces derniers qui fait souvent défaut.
2.2.1- Organisation urbaine de l'espace universitaire
et pratiques étudiantes
L'implantation de l'espace universitaire par rapport au centre
de la ville et sa proximité des services urbains seraient-elles
liées à des différenciations des rapports des
étudiants à leur site universitaire?
En effet, certains étudiants approchés
préfèrent quitter le campus après la fin des cours, c'est
ce qui apparaît à travers nos entretiens où une partie des
étudiants affirment ne venir qu'en consommateurs de cours uniquement.
L'enquête ne nous permet pas d'évaluer ce nombre
d'étudiants, la question n014 ne nous permet pas en effet cela.
Les étudiants du campus de Manouba sont nombreux
à gagner universitaires après la fin des cours (37% de
l'effectif) Les non-résidents qui y restent sont plutôt
attirés par la cafétéria pour y passer le temps d'entre
les cours.
Les étudiants du campus de Tunis sont moins nombreux
que ceux du campus de Manouba à investir les espaces du site.
On va voir plus tard dans le chapitre III que cela est
expliqué par le faite que les étudiants du campus du Tunis sont
souvent attirés pendant les heures d'entre les cours par les restaurants
et les pâtisseries qui existent dans le quartier voisin d'El Manar.
Les résultats montrent qu'il existe d'une part:
Une liaison entre le campus lorsqu'il est implanté en
zone urbaine ou isolé de la ville et la fréquentation des
services urbains.
Les étudiants du campus en ville sont nombreux à
quitter le et pour le centre ville, alors que sont plutôt obligés
à rester dans le raisons (temps limité, transport, moyens
matériels.)
Et d'autre part, on remarque une liaison entre les
étudiants résidents sur le site et les autres. On observe cela
dans la nature des espaces fréquentés par les résidents
(plutôt la chambre universitaire) et par les non-résidents (la
cafétéria ou se qu'on appelle souvent: buvette).
Pour résumer, le campus de Manouba qui est isolé
favorise plus la fréquentation des lieux de convivialité (chambre
universitaire, cafétéria, restaurant universitaire..).
L'insertion du campus au sein d'un tissu pauvre en point
d'attrait aurait à notre avis une incidence sur les pratiques des
étudiants en les rendant captifs sur le campus.
2-2-2-Caractéristiques individuelles et
pratiques du site universitaire:
Quelles sont les caractéristiques individuelles
modulant les rapports des étudiants à leur site universitaire et
leurs pratiques sur le site?
Trois aspects ont été retenus :
a) l'expérience des lieux, soit la présence sur
le site d'une manière continue en tant que résident;
b) l'ancienneté de l'étudiant sur les lieux,
c'est-à-dire son expérience environnementale. Notons que cette
option est également pertinente pour l'étude de la période
difficile de transition entre l'école et l'université,
caractérisée par des phases de différenciation et
d'intégration des jeunes étudiants au sein d'un environnement
nouveau: le site universitaire.
Il est à signaler ici que le nombre des
étudiants qui arrivent pour la première fois à
l'université est de 1122 étudiants sur un total de 8256
étudiants au campus de Manouba par exemple (année universitaire
1997/1998).
Corrélativement avec l'ancienneté sur les
lieux, les étudiants les plus âgés sont aussi les plus
anciens sur le site.
c) les variations des pratiques des étudiants qui
s'articulent aussi sur un rapport sexuel.
Nous allons présenter ces trois dimensions:,
ci-après, les résultats relatifs à ces trois
dimensions :
2-2-3 : Le lieu de résidence et les pratiques
étudiantes:
Le fait d'être résident sur le site est-il
lié à des différenciations de rapport à
l'université, notamment au niveau des pratiques?
Comme on l'a déjà remarqué auparavant,
les résidents fréquentent sont plus restaurant moins que les
autres les cafétérias, et ils nombreux par contre à
fréquenter régulièrement le universitaire.
Les résidents et les non-résidents se
différencient aussi par leurs modes de fréquentation des couloirs
de leurs établissements universitaires. Sur les 20 étudiants
approchés aux couloirs de la faculté des lettres de Manouba, 17
ne résident pas sur le site universitaire dont 7 filles et trois
seulement sont résidents dont deux filles
D'après notre travail d'observation23(*), nous remarquons que les
équipements sportifs sont beaucoup plus fréquentés par les
résidents et surtout le mercredi soir, le vendredi soir et aussi les
week end.
Tableau 19
Les lieux les plus fréquentés par les
résidents sur le site
Chambre universitaire
|
cafétéria
|
Bibliothèque
|
Clubs culturels, sport ...
|
29
|
21
|
17
|
12
|
Sur les 75 étudiants résidents dans le campus
de Manouba et retenus dans notre échantillon (40 filles et 3S
garçons), 29 étudiants préfèrent la chambre
universitaire, 21 la cafétéria et 17 la bibliothèque.
Tableau 20
Les lieux les plus fréquentés par les non
résidents du campus de Manouba:
lieux
|
chambre universitaire
|
Cafétéria
|
bibliothèque
|
total
|
nombre
|
5
|
27
|
21
|
53
|
Les non-résidents sont en effet très nombreux
à avoir quitter le campus après les cours.
S'ils restent au campus après les cours, 27
étudiants préfèrent la cafétéria, 21 la
bibliothèque et 5 la chambre universitaire (Certains étudiants
accompagnent leurs amis résidents dans leurs chambres
universitaires).
Ces chiffres sont peut-être dus à l'emploi du
temps des cours parfois étalés sur la journée et qui
obligent certains étudiants à rester en campus pendant les heures
creuses.
Pour les étudiants qui vivent chez leurs parents,
après les cours, seule la bibliothèque universitaire les retient.
Ils fréquentent assez peu l'université pour d'autres
activités que celles qui concernent leurs études. 95% de cette
catégorie d'étudiants disent avoir quitter le campus après
la fin des cours. Ceci est probablement aussi vrai pour une grande partie des
étudiants qui ne résident pas sur le campus.
Il y a lieu de citer ce qu'a dit Mr PIERRE MERLIN24(*) concernant le campus
français isolé à la périphérie de la ville,
souvent mal desservi, l'étudiant ne vient qu'en consommateur de cours,
mais aussi de services (bibliothèque, restaurant universitaire, parfois
sport,..), il n'y passe que le temps strictement nécessaire. Même
si des logements étudiants y sont construits, cela ne contribuent
guère à animer la vie en campus.
MERLIN qualifie par ces propos le campus français, mais
on a l'impression que c'est aussi valable pour les deux campus que nous sommes
en train d'étudier.
2-2-4 : L'ancienneté sur le site et les
pratiques étudiantes:
L'effet de l'âge est significatif et permet aussi de
mieux comprendre les écarts de comportements des étudiants.
Les variations des pratiques étudiantes s'articulent
sur le décalage des âges c'est-à-dire sur l'avancement dans
les études ce qu'on a appelé aussi l'ancienneté sur le
site. Plus l'étudiant est avancé dans ses études et plus
il est âgé et plus il a acquis une expérience sur le site
universitaire.
Tableau 21
Ventilation du temps en fonction de l'âge: (en
heures)
âge / activités
|
Enseignement
(cours, TD, bibliothèque)
|
hors enseignement (cafétéria
convivialité,
restaurant universitaire)
|
19-21
|
23
|
10
|
22-25
|
27
|
12
|
Sup à 25
|
32
|
8
|
Les plus âgés consacrent plus de temps à
leurs études que les autres, tandis que les plus jeunes étudiants
c'est-à-dire ceux des premiers cycles, passent plus de temps aux
activités hors enseignement.
Les investissements ne sont plus les mêmes, leur nature
se transforme et le temps consacré aux cours ou aux loisirs se
diffèrent.
2-2-5 :L'appartenance sexuelle:
Les genres sexuels contribuent aussi à façonner
les pratiques des étudiants. Les lieux de fréquentation des
filles plutôt la bibliothèque et les espaces internes du campus
comme la cour) diffèrent de ceux des garçons qui sont
plutôt les cafétérias
Les étudiantes sont plus nombreuses à quitter le
campus après la fin des cours surtout pour celles du campus de Tunis.
Mais les étudiants non-résidents du campus de
Manouba, vu l'éloignement de leur domicile se trouvent parfois retenus
par des cours qui se déroulent le soir.
Pour les étudiantes qui résident au campus de
Manouba, elles préfèrent plutôt retourner à la
chambre universitaire (25 étudiantes sur les 40 interrogées).
Au campus de Tunis comme au campus de Manouba les
garçons sont plus nombreux que les filles à fréquenter le
restaurant universitaire.
Les restaurants universitaires sont combles et les longues
files d'attentes en découragent plus d'un, aussi bien au campus de
Manouba où cela parait plus nettement qu'au campus de Tunis.
Ce qui peut expliquer peut-être le faite que certaines
étudiantes préfèrent manger à l'extérieur du
campus comme c'est le cas de cette fille: "je préfère
plutôt manger un sandwich à l'extérieur du campus que de
faire une interminable queue avec des bousculades pour un repas qui ne me
plaît pas en fin du compte".
2-2-6 : Effet de l'origine sociale sur les pratiques
des étudiants:
Les pratiques étudiantes portent également la
marque l'origine sociale, 3% des étudiants viennent au campus en
voiture ( leur voiture ou celle de leur parent) contre 93% qui arrivent sur les
lieux études par un moyen de transport (bus, métro, train ).
Ces étudiants ne portent pas de jugements
négatives à l'égard du campus et sont
désintéressés par ce qui se déroulent au campus en
dehors des heures de cours
A part cette catégorie d'étudiants, l'origine
sociale d'après les données de notre travail ne semble pas
influencer les comportements des étudiants en matière
d'investissement de l'espace universitaire. En effet, on n'a pas pu
dégager des différences significatives liées à ce
critère.
La relative fermeture du campus de Manouba est
accentuée par son éloignement de la ville. Cette situation qui,
normalement entraîne une intensification dans l'occupation du campus par
qui pour des raisons diverses (manque d'argent, isolement du campus,
"fréquence des moyens de transport ou autres) ont peu
d'échappées possibles, n'apparaît pas comme telle dans les
usages que les étudiants font de l'espace.
3 - sociabilité des étudiants :
On va tenter de mieux connaître les modes d'accès
des étudiants à des réseaux de sociabilité, en
mettant en évidence quelques principes intervenant dans leur vie
sociale.
En tentant d'analyser la sociabilité des
étudiants, on s'est interrogé sur les liens qui les unissent, on
s'est intéressé à la multiplicité et à
l'intensité des rapports que ces individus tissent avec d'autres
catégories d'étudiants sur le site universitaire.
L'étude des formes de sociabilité des
étudiants a pris en compte le rôle de l'université comme
espace- support de relations sociales.
On a essayé de mettre en évidence certains
aspects qualitatifs la sociabilité sur le site universitaire en
caractérisant tout, d'abord les premiers jours de l'étudiant sur
son nouveau milieu de vie, car n'oubliant pas que les nouveaux inscrits
représentent pour l'année 1997 dans les deux sites
étudiés presque 12% de leur population étudiante
totale.
La nature des relations des étudiants dans leur Vie
quotidienne en dehors de leurs études, leurs pratiques de
sociabilité au sein de l'université sont un thème à
mon avis qui permet de découvrir une face de leur existence peu
évoquée jusqu'à maintenant.
Les activités relationnelles à
l'université ont une forte valeur intégrative à la
communauté étudiante et de là à
l'université. Cependant, comme le montrent les résultats de
l'enquête malgré l'échantillon qui parait réduit,
chacun n'est pas impliqué de la même manière dans ces
différentes activités. Elles sont elles-mêmes plus ou moins
intégrées à la vie de l'université.
3-1 : Comment se gère la rupture avec le milieu
familial:
Socialement, les étudiants sont entre la sortie d'un
milieu et l'entrée dans un autre. Et ce changement ne concerne pas
seulement l'indépendance résidentielle, c'est la
possibilité de se construire sa propre vie sociale et relationnelle.
Donc, de ce point de vue, le campus apparaît à
notre avis comme le lieu par lequel s'opèrent des changements, de
l'adolescence à l'âge adulte, du scolaire au professionnel via
l'étudiant.
Parmi les étudiants résidents, beaucoup ont
déjà vécu au domicile de leur parent avant
d'accéder à l'université et qui se trouvent d'un coup
logé en résidence universitaire ou dans une location
privée (73% d'après les résultats de notre
enquête).
Quelques uns ont connu la séparation avec la famille
par le régime d'internat alors considéré comme un mode
d'initiation à la vie en communauté.
Pour les autres les premiers temps de l'exode se
révèlent très durs, surtout pour ceux qui quittent leurs
familles pour la première fois et qui n'ont pas toujours ni les moyens
matériels, ni le temps nécessaire pour visiter leurs parents
fréquemment.
A la question n° 10 de notre enquête 21% des
étudiants résidents loin de leurs parents déclarent
revenir au moins une fois par mois chez eux.
Tel est le cas de cet étudiant en première
année Sciences économiques et gestion au campus de Tunis et
originaire d'El Hamma au sud tunisien, approché lors de nos
entretiens:
"C'est la première fois que je quitte ma famille pour
cette durée (45 jours au moment de l'entretien)" ; "maintenant je suis
habitué, j'ai des amis, mais les premiers jours au campus et au foyer
étaient vraiment très difficiles pour moi ".
3-2 : Qui fréquenter?
La séparation avec la famille est donc synonyme de
perte de présence d'un entourage affectif. Elle crée une solitude
inconnue à laquelle s'ajoutent les changements de vie qui sollicitent
une autonomie nouvelle dans un univers totalement différent et
étranger.
Cette rupture constitue un passage qui marque l'entrée
du Jeune dans la vie adulte." Ce rythme de vie est nouveau pour moi, il m'est
arrivé au début de ma vie universitaire de pleurer dans ma
chambre au foyer universitaire " nous avoue cette fille en deuxième
année arabe de la faculté des lettres de Manouba.
Tableau 22
Les genres de fréquentation des
étudiants:
même région
|
même filière, même niveau
d'études
|
même classe
|
autres
|
total
|
29
|
14
|
24
|
5
|
74
|
Ce sentiment d'isolement disparaît en effet après
un temps relativement court. Lors de notre enquête, on a approché
74 groupes d'étudiants, et on a constaté que ces groupes
d'étudiants ont même origine géographique, soit qu'ils se
sont connus milieu scolaire (même filière d'étude). Ces
étudiants font fonctionner une certaine "solidarité territoriale
".
L'extension du réseau d'amis fréquentés
par l'étudiant a été évaluée selon les
critères suivants:
3-2-1 : Type de fréquentation en fonction du
sexe:
Tableau 23
|
Garçons
|
Filles
|
fréquentent surtout des étudiants qui suivent
les mêmes études
|
37
|
24
|
fréquentent surtout des étudiants de la
même région
|
32
|
21
|
Autres
|
31
|
55
|
Total
|
100%
|
100%
|
Les garçons sont plus nombreux à
fréquenter des étudiants de la même région 32% 1
tandis que les filles diversifient leurs relations plus que ne le font les
garçons. 55% des étudiantes fréquentent d'autres
étudiantes de régions et de disciplines différentes.
Les écarts de comportements entre filles et
garçons en matière de relations amicales de sociabilité
sont aussi observables au niveau du sexe fréquenté. Les filles
sont majoritairement nombreuses à fréquenter des
étudiantes, et les garçons fréquente aussi pour un grand
nombre d'entre eux des garçons.
Fréquentent aussi pour un grand nombre d'entre eux des
garçons.
L'enquête ne nous permet pas d'avoir une idée sur
l'ampleur de ce type de fréquentation, mais c'est d'après notre
travail de recueil des réponses des différents étudiants
et groupes d'étudiants qu'on a pu remarqué ce type de relations
et de fréquentation entre étudiants.
En effet ,sur les 74 groupes d'étudiants
approchés lors de notre enquête; 43 groupes sont formés que
de garçons, 19 groupes que des filles et 12 groupes garçons et
filles.
3-2-2 : Type de fréquentation en fonction du
mode de vie:
Tableau 24
|
résident en chez ses parents
|
résident cités,
foyer universitaire
|
fréquentent surtout des étudiants qui
suivent les mêmes études
|
57 %
|
35 %
|
fréquentent surtout des étudiants de
la même région
|
12 %
|
44 %
|
Autres
|
31 %
|
21 %
|
Les étudiants qui habitent chez leurs parents
préfèrent plutôt fréquenter des étudiants de
la même fi1ière (57%). L'indépendance résidentielle,
semble également favoriser certains comportements dans le choix des
amitiés des étudiants qui ne vivent pas chez leurs parents. Les
étudiants vivants dans une résidence universitaire, souvent
jeunes, fréquentent essentiellement ceux de la même région
(44.%) , ces derniers sont peut-être à la recherche de la chaleur
familiale qui estiment la retrouver chez les étudiants de leur
région, comme le dit DANIEL PINSON: "d' autant plus que le passage du
milieu familial à l'univers étudiant ne se limite pas à
l'amphi et au logement: le bouleversement est encore plus global, il est
souvent passage de la convivialité familial et bourgadier à
l'anonymat et au célibat urbain"25(*).
Si l'on pratique un tri croisé intégrant le sexe
et le mode de vie, on voit que filles et garçons ont des attitudes
pratiquement identiques.
Le tri croisé incluant les résidents sur le site
universitaire et les résidents dans d'autres résidences
universitaires ne permet pas de dégager des différences.
3-3 : Modes d'occupation des espaces du site
universitaire:
Les étudiants ont des relations amicales intenses
concentrées autour du noyau étudiant qui se diversifient à
mesure qu'ils s'insèrent dans la vie sociale. Mais comment occupent-ils
leur temps au sein de l'espace universitaire? Seul, avec un ami ou en
groupe?
En nous permettant de mettre en évidence dans quelle
mesure l'étudiant est entouré au campus par le réseau
social formé sur 1e site, on a tenté de caractériser les
personnes qui accompagnent l'étudiant sur le site universitaire, en
fonction du type de relation (seul, avec un ami, en groupe) et du lieu support
de la relation (question n° 19 de l'enquête).
Le temps passé entre ami est à. notre avis un
indicateur de la sociabilité des étudiants.
L'enquête ne nous renseigne pas pleinement sur le
contenu des activités et du temps que les étudiants passent
seuls, avec un ami ou en groupe. Cependant les quelques indicateurs que nous
avons recueillis nous permettent peut-être de tracer les grandes lignes:
aller au cours, aller au restaurant universitaire, à la
bibliothèque, au cafétéria.
Nous avons obtenu des données relatives à la
sociabilité des étudiants au sein de l'université.
Tableau 25
Modes d'occupation de l'espace:
|
seul
|
avec un ami
|
en groupe
|
aller au cours
|
54 %
|
40 %
|
16 %
|
aller au restaurant universitaire
|
17 %
|
44 %
|
37 %
|
aller à la bibliothèque
|
44 %
|
36 %
|
9 %
|
aller à la cafétéria
|
42 %
|
42 %
|
36 %
|
Les étudiants sont nombreux à affirmer aller en
groupes au restaurant universitaire (37% de l'échantillon), et à
la cafétéria 36%, parfois même au cours 16%, et à la
bibliothèque 9%. Ils préfèrent plutôt aller seuls au
cours pour 54%, et à la bibliothèque 44%
Pour mieux comprendre ces modalités d'usage, on a
cherché à faire une répartition selon les critères
suivants:
3-3-1 : Modes d'occupation de l'espace en fonction du
sexe (en %) :
Tableau 26
|
seul
|
avec un ami
|
en groupe
|
|
F
|
G
|
F
|
G
|
F
|
G
|
aller au cours
|
51
|
49
|
22
|
42
|
18
|
25
|
aller au restaurant universitaire
|
15
|
22
|
44
|
38
|
43
|
32
|
aller à la bibliothèque
|
38
|
34
|
38
|
29
|
11
|
17
|
aller à la cafétéria
|
|
14
|
15
|
52
|
12
|
32
|
F: fille, G: garçon.
Tout d'abord, il Y a lieu de signaler que les
cafétérias sont majoritairement fréquentées par les
garçons, les filles sont rares à fréquenter les espaces du
campus seules. D'après les résultats de notre enquête, les
étudiantes aiment toujours être accompagnées soit pour
aller au cours (40% de l'effectif) ou à la bibliothèque (49% de
l'effectif) ou au restaurant universitaire (87%de l'effectif)
3-3-2 Modes d'occupation de l'espace en fonction du
lieu de résidence:
Tableau 27
Les résidents chez les parents:
|
seul
|
avec un ami
|
en groupe
|
aller au cours
|
59
|
21
|
19
|
aller au restaurant universitaire
|
23
|
12
|
13
|
aller à la bibliothèque
|
39
|
23
|
16
|
aller à la cafétéria
|
18
|
21
|
43
|
Les étudiants résidents chez leurs parents sont
nombreux à aller au cours seuls (59% de l'effectif), et à la
bibliothèque avec un ami (43% de l'effectif)
Lorsqu'ils habitent chez leurs parents, les étudiants
sont minoritaires à fréquenter le restaurant universitaire soit
accompagnés (25% de l'effectif), ou seuls 23%
Tableau 28
Les étudiants dans une résidence
universitaire.:
|
seul
|
avec un ami
|
en groupe
|
aller au cours
|
7
|
48
|
41
|
aller au restaurant universitaire
|
19
|
33
|
49
|
aller à la bibliothèque
|
11
|
22
|
7
|
aller à la cafétéria
|
9
|
44
|
52
|
Les résidents dans le campus universitaire sont plus
nombreux que les autres à être accompagnés sur le site.
En résumé, Les rencontres aux
cafétérias constituent une forme de sociabilité
quotidienne pour tous les étudiants qui cherchent à se rencontrer
ailleurs que dans les structures universitaires classiques.
Comme l'écrit C.VALLABREGUE:"aller au café, ce
n'est pas uniquement chercher un refuge entre deux cours quand la
bibliothèque est pleine, ou éviter un déplacement
lorsqu'on habite une chambre éloignée de la faculté .Il
semble que le café réponde avant tout à un besoin de
contact que les structures universitaires ne satisfont pas"26(*).
D'ailleurs, et malgré la place des
cafétérias comme principales espaces de sociabilité des
étudiants dans les deux campus étudiés, ces
dernières n'attirent en effet qu'une petite proportion des
étudiants dans la journée
Ce qu'on a pu remarquer, c'est que la configuration spatiale
des lieux où se rencontrent les étudiants induits des modes
fonctionnels d'occupation et, au mieux pour ceux qui restent et doivent se
satisfaire une sociabilité" bricolée"27(*) sur les lieux de passage,
autour des cafétérias, dans les couloirs, les salles de cours ou
encore dans les chambres Universitaires.
Ainsi l'environnement dans lequel évoluent les usagers
du domaine universitaire n'est pas sans conséquences sur la vie interne
du campus et sa fréquentation par la population étudiante.
En effet, si le campus de Tunis atteint par ses dimensions
l'échelle d'un véritable quartier urbain, il n'en possède
pas la plupart des caractéristiques. Les fonctions qui devraient
être rassemblées, apparaissent nettement individualisées et
les allées et venues des occupants du site dessinent sur le terrain (et
parfois à travers les pelouses) un réseau de cheminements bien
différent du tracé réel des allées.
Dans le campus de Tunis, l'absence de lieu de rencontre, de
centre de vie social sur le campus a probablement contribué à la
division de la" communauté étudiante" en multiples groupes et
fractions selon les âges, la forme de résidence, l'origine
géographique, les enseignements suivis, le sexe.
Bien qu'ils appartiennent au même campus, les
étudiants de la Faculté des sciences ne s'aventurent pas beaucoup
à aller visiter la Faculté de droit ou l'Ecole des
ingénieurs. Cela est valable pour tous les établissements du
campus, qui, constituent des entités où chacune est
renfermée sur soi-même avec des policiers à l'entrée
de chaque établissement.
Au campus de Manouba par exemple, on remarque deux types
d'occupation des cafétérias qui tiennent lieu d'espace de
sociabilité, une occupation d'habituer qui concernent étudiants
les résidents et une occupation transitoire qui concernent les
étudiants non-résidents.
Cette distinction s'opère puisque les
différentes cafétérias du campus de Tunis ne donnent pas
lieu aux mêmes types d'occupation.
Ainsi, la plupart des étudiants du campus de Tunis
témoignent d'une utilisation plus fonctionnelle de l'espace. Ceci est
valable aussi pour les étudiants non-résidents au campus de
Manouba.
Par ailleurs, il n'y a pas de différences
significatives entre le fait de fréquenter seul ou en groupe certains
espaces universitaires comme la buvette, le restaurant universitaire et les
autres espaces de vie des étudiants quelque soit l'université.
Enfin, c'est en vain que l'on cherche une identité
étudiante construite autour du campus, c'est du moins ce qu'on a pu
conclure d'après notre travail d'investigation dans les deux sites
universitaires objet de notre recherche. Seule une étude approfondie
peut nous renseigner d'une façon- plus concrète.
La véritable unité fondatrice de
l'identité étudiante est constituée lorsqu'elle existe,
par les études poursuivies, par les goûts et les choix
affinitaire, bien plus que par un mode de vie lié au campus.
La majorité des étudiants non-résidents
sur le site quittent le campus de Tunis après la fin des cours, beaucoup
fréquentent les cafétérias et les espaces de
convivialité dans ses environs. Cet usage explique peut-être les
difficultés de développer une vraie vie sur le campus, et c'est
pourquoi le campus de Tunis en premier lieu et même celui de Manouba
n'apparaissent pas à notre avis comme des espaces de la vie
étudiante, ils sont plutôt vécus par les étudiants
comme des espaces de travail.
En se posant la question quel mode de vie les villes nouvelles
peuvent offrir aux étudiants? , MERLIN dit dans son étude "les
universités et les villes nouvelles de l'île de France " en se
référant au modèle universitaire d'Oxford et de
Cambridge:
"... Les collèges britanniques qu'on vient
d'évoquer, avaient une ambition: ne pas se contenter d'apporter des
connaissances, mais former de véritables citoyens, de futurs
responsables attentifs au monde qui les entoure."
4 - Appropriation du site universitaire:
L'appropriation concerne l'espace universitaire. Cet aspect a
été analysé de notre point de vue selon les dimensions
cognitives et comportementales.
La question n° 24 de l'enquête concerne la
représentation graphique du site universitaire
matérialisée par les "cartes mentales".
Cette méthode de représentation est un moyen qui
a été utilisé dans de nombreuses études de ce genre
pour rendre compte de l'aspect cognitif de l'appropriation de l'espace.
Les reproductions graphiques des étudiants ont
été analysées en fonction de deux critères:
1) Les catégories d'activités autour desquelles
sont réalisées les dessins.
2) La qualité de la représentation,
c'est-à-dire le degré de la structuration de l'espace
représenté.
Les dessins des étudiants ont comporté des
espaces et des lieux extérieurs à l'université appartenant
aux quartiers voisins. Mais, dans notre travail l'analyse de la production
graphique des étudiants concerne uniquement les lieux qu'ils
fréquentent sur le site (restaurant universitaire, bibliothèque,
cafétéria, salles de Classe : de cours ou de TD,
Laboratoire, etc.....).
Les résultats révèlent que la plupart des
étudiants signalent dans leurs dessins les espaces universitaires: (les
amphis, les laboratoires, les salles de cours et TD représentés
par 82 % de l'échantillon, la bibliothèque par 54% de
l'échantillon).
Les étudiants du campus de Manouba sont nombreux
à signaler la résidence universitaire (79% de l'effectif) ou le
restaurant universitaire 74%. Ils ne sont pas différents de ceux du
campus de Tunis à indiquer les lieux d'enseignement: ils sont 49%
à représenter la bibliothèque, et 67% les salles de cours
et de TD.
Les autres catégories d'espace, non directement
liés à l'enseignement et représentés par les
étudiants dans leurs dessins sont diversement évoqués par
l'échantillon: la buvette (33% de l'effectif), les terrains de sport
26%.
Les espaces les moins évoqués sont les espaces
liés aux renseignements concernant la vie étudiante comme
l'administration (24%) ou les espaces de transition comme la cour ou les halls
qui sont très rarement indiqués (10%).
Les dessins des étudiants des filières
littéraires et ceux de droit sont significativement plus pauvres que
ceux des étudiants des sciences ou de l'Ecole d'ingénieurs.
Les éléments évoquant la restauration
sont moins souvent signalés chez les étudiants du campus de Tunis
(55%) que chez ceux du campus de Manouba (74%).
Dans leurs représentations graphiques, les
résidents sont nombreux à évoquer le restaurant
universitaire, et la cité universitaire. Les bibliothèques sont
représentées le plus souvent par les étudiants les plus
anciens sur le site soit ceux des grandes classes.
Les cafétérias souvent
représentées par les étudiants Jeunes ceux des petites
classes.
Les filles sont nombreuses à indiquer les espaces
d'enseignement (61% de l'effectif).
En effet, 14% de l'échantillon étudié
fait preuve dans sa représentation d'une assez bonne
représentation graphique, certains l'on même bien orienté
et structuré sur le site.
D'autres étudiants, et ils sont nombreux. (65% de
l'échantillon) ont mal représenté leur campus, ou qu'ils
ont une vision morcelée de leur site.
Beaucoup de représentations sont insignifiantes
(32%).
En outre, l'appropriation de l'université
n'implique-t-elle pas que les étudiants l'investissent autrement que
pour sa mission première: l'enseignement? , c'est-à-dire en tant
qu'espace de convivialité.
L'utilisation des espaces universitaires et notamment pour
d'autres activités que celles qui les caractérisent est un
indicateur que nous avons utilisé pour étudier l'appropriation du
site universitaire, comme disent GABRIEL MOSER et EUGENIA RATIU: "Les lieux ne
suffisent pas à rendre compte des pratiques sociales/spatiales des
étudiants :la caractérisation des lieux et leur appropriation
(sauf dans les cas de conditions extrêmes) sont à la fois
l'expression de ce qu'ils signifient symboliquement..."28(*).
Dans la question N° 23 de l'enquête, les
étudiants ont été invités à définir
certains espaces du site universitaire: les salles de cours, de TD , la
bibliothèque, la buvette, le restaurant universitaire, les couloirs, les
halls, en indiquant s'ils les considèrent comme des espaces de travail
ou de convivialité.
Les Résultats obtenus révèlent la
flexibilité d'usage de certains espaces universitaires et l'écart
entre les définitions données par les étudiants.
Les étudiants assimilent les espaces destinés
à l'enseignement ou à d'autres activités sur le site
à des espaces de travail ou de convivialité ou les deux à
la fois.
Les étudiants des deux sites sont presque unanimes
à considérer la buvette comme un espace convivial (81.2%)
très peu le considèrent comme un espace de travail (4.2%).
Le restaurant universitaire est défini par la
majorité des étudiants (74 % de l'effectif étudié)
comme un espace plutôt de convivialité, 23% l'estiment ni de
convivialité ni de travail.
Les salles de TD sont définies comme des espaces de
travail (77%), mais certains les considèrent comme même comme des
espaces de convivialité (14%).
Les étudiants considèrent majoritairement la
bibliothèque comme un espace de travail (64%), mais là aussi
certains la considèrent comme un espace de convivialité (21%)
Quant aux espaces de transition (couloirs, halls, cours), ils
sont plutôt considérés comme des espaces de
convivialité (75%), 13 % les estiment ni de convivialité ni de
travail.
Une minorité estime que les salles de cours ne sont pas
des espaces de travail 5%. Les sans réponses sont nombreux chez les
filles.
On n'a pas remarqué de différences
significatives entre les étudiants des deux sites universitaires.
5 - Appréciation du site universitaire:
Les rapports des étudiants à leur
université ont été également analysés sur le
plan de leurs appréciations du site universitaire.
Dans la question n° 17 de l'enquête, on n'a pas
soumis des aspects physiques du site à l'évaluation des
étudiants, on a plutôt voulu que la question soit plus ouverte
pour que l'étudiant pourra s'exprimer sur tous les champs de son
vécu quotidien au sein de l'espace universitaire.
Ainsi, les étudiants ont été
amenés à indiquer les défauts qu'ils attribuent à
leur campus.
Les résultats attestent que, pour ce qui est des
espaces destinés à l'enseignement, les étudiants n'ont pas
exprimés de jugements négatifs.
Les résultats ne révèlent que rarement
d'appréciations concernant les espaces internes du site.
Les défauts qui ont été le plus
cités par les étudiants sont:
L'isolement du campus de Manouba.
L'éloignement entre le lieu de résidence et le
campus.
Le manque de moyen de transport plutôt signalé
par les étudiants du campus de Manouba.
Le manque de lieux de loisir sur le site.
Les programmes d'enseignement.
L'existence de la police à la porte de la
faculté et la demande de la carte d'étudiant.
La qualité de la nourriture.
Trop d'étudiants pour le restaurant universitaire.
Certains étudiants n'ont pas répondu à
cette question, (8 % de l'effectif étudié), est-il des
étudiants qui sont là que pour le temps des cours et qui
repartent chez eux après.
On peut être surpris de la négligence et de la
très faible importance accordée aux caractéristiques
urbanistiques et architecturales du campus.
Ce qui semble primordial concerne la proximité par
rapport au domicile (59% de l'échantillon).
Pour la grande masse des étudiants, travailler seul; ou
avec les amis, manger, aller à la buvette, aller traîner dans la
cour centrale, discuter à l'occasion d'un cours, d'un exposé ou
d'une affiche est autant d'occasions d'échanges.
Les réponses à la question n° 21 montrent
que les échanges sur le site universitaire ne sont pas
appréciés de la même manière.
Dans l'ensemble, 41% de l'échantillon jugent qu'il y a
beaucoup d'échanges, 22% apprécient qu'il n'y ait pas beaucoup
d'échanges sur le site universitaire et 28 % estiment qu'il y a
insuffisamment d'échanges.
Les inconvénients de la vie étudiante n'ont pas
une importance extraordinaire pour les étudiants, qui les acceptent
malgré tout.
Figure 9
Cliché Najem D
Dans nos entretiens, quand on leur demande d'évoquer
les transports, la restauration, les loisirs, les services sur le campus, ils
en parlent et même longuement, mais il parait que les étudiants et
surtout ceux qui ne résident pas sur le site sont dans l'ensemble
indifférents et sans attentes particulières à
l'égard du campus. Pour eux, le campus est le lieu de travail et ce qui
compte c'est le déroulement des études.
Ainsi, aux différents groupes d'étudiants que
nous avons rencontrés, correspondent des caractéristiques
sociales très variables, mais il est probable que le critère le
plus déterminant parmi d'autres d'ailleurs tient dans la forme de leurs
rapports aux études.
En résumé, dans ce chapitre, deux indicateurs
méritent à notre avis d'être mis en valeur:
Le premier concerne le rapport des étudiants à
l'espace.
La vie des étudiants au campus de Tunis est
rythmée aujourd'hui par l'inexistence d'une résidence
universitaire sur le site. Les étudiants quittent les lieux après
la fin des cours.
Après 18 heures et pendant les week end, le campus est
sans vie.
Les rapports des étudiants au campus se trouvent ainsi
transformés par la réduction de leur temps de séjour et
l'absence de continuité entre les différents
établissements du campus.
Les étudiants ne trouvent pas le temps de se
connaître, mais aussi l'espace où se connaître puisque aucun
lieu du campus n'apparaît actuellement comme un vrai espace de rencontre
et de convivialité.
Le campus de Manouba, géographiquement situé
à l'écart de la ville, se combine probablement avec une
intégration à l'espace strictement universitaire du moins pour
les étudiants résidents sur le site, car d'après les
résultats de notre travail, les étudiants non-résidents
témoignent plutôt d'une utilisation plus fonctionnelle de
l'espace.
Cependant, si les étudiants peuvent partager le temps
de leurs études, un mode de vie et des conditions d'existence semblables
qui s'actualisent dans leurs usages de l'espace universitaire, il parait que
les expériences des étudiants sont trop diverses pour impulser un
mode de vie commun à tous.
Enfin, l'emploi des temps et la charge de travail sont
vécus comme moins contraignants, les attentes liées à la
vie étudiante augmentent, les loisirs se déroulent la plupart des
temps dans un cadre extra universitaire impliquant une participation à
la vie urbaine tournée vers l'extérieur.
Les pratiques urbaines et la vie sociale qui leur est
liée se feraient essentiellement à partir de chez soi,
l'université étant probablement, du moins pour la majorité
de l'échantillon étudié une institution fonctionnelle.
CHAPITRE III
RAPPORTS DES ETUDIANTS AVEC L'ESPACE URBAIN
l- Dans quelle mesure les étudiants investissent
la ville?
L'étude des pratiques étudiantes au sein de
l'espace universitaire tel que nous l'avons abordé au chapitre
précédent n'implique-t-elle pas d'autres lieux comme l'espace
urbain proche du site universitaire?
Et la manière dont les étudiants ventilent leurs
temps universitaires n'est-elle pas conditionnée par d'autres pratiques
de la ville?
Ces types de relations sociales ne caractérisent pas
cependant une sociabilité étudiante qui ne serait qu'interne
à l'espace universitaire. Le campus est aussi un espace à partir
duquel s'organisent des pratiques plus urbaines.
Cette ouverture sur l'espace urbain fera l'objet de ce dernier
chapitre
1-1 - Caractéristiques individuelles et rapport
à l'environnement:
Les rapports des étudiants au tissu urbain avoisinant
leur site universitaire ont été approchés en fonction de
la localisation de certaines pratiques et de l'identification de quelques lieux
fréquentés.
Les étudiants ont été ainsi amenés
à s'exprimer à travers la question n° 15 de l'enquête
sur l'usage qu'ils font de la ville et à travers la question n° 16
du rythme de leurs fréquentations de la ville.
Tout d'abord, lors de notre analyse des représentations
graphiques du site universitaire, on a remarqué la présence sur
quelques dessins l'identification de quelques lieux du tissu urbain environnant
du campus de Tunis (cafés, centre commercial, rue..) ce qui
concrétise probablement un degré d'appropriation de ces espaces
par les étudiants.
Ainsi, et suite à notre travail d'observation et nos
divers entretiens avec les étudiants, on a pu identifier des lieux de
fréquentations des étudiants dans les environs du campus de Tunis
(le campus de Manouba est situé dans une zone isolée et pauvre en
points d'attrait).
Les résultats ont révélé que ces
lieux sont:
· la restauration qu'il s'agit de nourriture ou de
consommation sur place.
· les librairies.
· les cafétérias.
· les Taxiphones.
La part de la fréquentation étudiante dans
l'activité des commerces des environnements du campus est difficile
à évaluer, seule une étude approfondie permettrait de
faire une approche quantitative de ce phénomène.
Il en ressort de notre travail d'observation que beaucoup de
commerces existant dans l'entourage du campus vivent pour l'essentiel de la
présence des étudiants, mais malgré cela il n'existe
particulièrement pas de commerce dont la clientèle soit
exclusivement étudiante.
Pour confirmer cette constatation on a voulu avoir une
idée sur le rythme de fréquentation des étudiants de
certains lieux du tissu urbain environnant.
Pour cela, on a adopté deux démarches:
1) on a demandé à un propriétaire d'un
restaurant situé au centre commercial de ALYSSA de nous évaluer
globalement la fréquence de fréquentation de sa clientèle
pendant les vacances et dans les autres jours de l'année; « disons
que c'est la moitié de la recette par rapport au reste de l'année
scolaire, mais malgré cela ne croyez pas que je fermes pendant cette
période « dit-il.
2) l'étude de fréquentation des cafés a
constitué pour nous l'un des tests permettant de mesurer l'attraction du
tissu urbain proche sur la population étudiante.
Le café "LA ROSA" constitue de façon
indéniable un point de rencontre, de détente et même de
travail des étudiants.
Les étudiants s'y retrouvent
régulièrement et particulièrement nombreux, bien qu'ils ne
constituent pas à eux seuls la totalité de la
clientèle.
Tableau 29
Nombres d'entrées et de sorties relevées
au café "LA ROSA" un mardi du mois d'Avril 1998
12h à 12h30
|
12h30 à 13h
|
13h à 13h30
|
13h30 à 14h
|
24
|
36
|
64
|
54
|
Un certain nombre d'autres cafés et
particulièrement ceux du centre "ALYSSA" accueillent aussi la
fréquentation étudiante.
Pour résumer, il apparaît que les environs du
campus de Tunis sont intensément fréquentés par les
étudiants, il en ressort aussi qu'un nombre des étudiants les
connaissent bien comme cela est concrétisé dans certaines
représentations graphiques.
1-2 - La tentation du centre ville:
(Pourquoi les étudiants se rendent en ville?)
Depuis le campus comme depuis leurs résidences
universitaires et notamment celles du campus de Manouba, le centre ville reste
cependant éloigné, et comme la plupart des étudiants se
déplacent en bus (92% de l'échantillon), le centre ville parait
difficilement accessible.
En nous permettant d'étudier dans quelle mesure les
étudiants investissent la ville, on a caractérisé
certaines activités que l'étudiant est censé
fréquenter en ville.
Les activités proposées aux sujets dans la
question n° 15 de l'enquête sont: (achats, loisirs, spectacles,
repas, rencontrer quelqu'un, travail, autres..)
Rappelons d'abord que la majorité des étudiants
évoque le problème des transports (59% de l'échantillon),
ce qui explique en partie que certains étudiants et surtout les
résidents sur le site sortent peu en ville. I1 y a aussi le manque
d'argent qui peut en partie expliquer cette accessibilité difficile de
la ville.
1-2-1 : Les motifs de déplacement en ville:
Tableau 30
activité/ nombre
|
achats
|
loisirs
|
spectacles
|
Repas
|
rencontrer quelqu'un
|
travail
|
autres lieux
|
%
|
17
|
61
|
3
|
4
|
23
|
5
|
4
|
*le total des pourcentages est supérieur à 100
à cause des doubles réponses.
Le tri à plat montre que les étudiants toutes
catégories confondues sont nombreux à investir la ville pour des
activités de loisirs (69%).
Pour la majorité des étudiants, le rythme est
d'une sortie hebdomadaire au centre ville (45% de l'échantillon) et les
loisirs constituent le motif essentiel de cette évasion du travail et de
la résidence.
Figure 10
Cliché Najem.D
Ses sorties en ville se manifestent parfois par des
flâneries urbaines et de "lèche-vitrines", qui ne coûtent
que du temps et de l'envie frustrée comme on peut le remarquer dans nos
divers entretiens semi-directifs:" Je ne peux pas rester deux jours de suite
dans cette cage, je descends souvent au centre ville même pour me balader
dans les rues".
dit un étudiant résident au campus de Manouba
.
Ces constatations sont confirmées par quelques
réponses à la question n°15 de l'enquête dans la case
(autres lieux) où ils indiquent: centre commercial, rues, etc....
1-2-2: le lieu de résidence des étudiants
et la fréquentation de la ville:
Tableau 31
Les résidents sur le site
universitaire:
activité/ nombre
|
achats
|
loisirs
|
spectacles
|
Repas
|
rencontrer quelqu'un
|
travail
|
autres lieux
|
%
|
29
|
57
|
3
|
3
|
23
|
3
|
4
|
La somme des pourcentages est supérieure à 100
à cause des doubles réponses à cette question.
Il s'agit des étudiants du campus de Manouba qui
résident sur le site. Ces étudiants limitent leurs sorties en
ville pour un grand nombre d'entre eux (57% de l'effectif) aux activités
de loisirs
Rencontrer les amis et faire des achats constituent aussi des
motifs de leurs balades en ville (51%)
Faire un repas en ville ou assister à des spectacles
sont les dernières raisons qui les poussent à descendre en ville
(6%), ce qui peut être en partie expliqué à notre avis par
le manque d'argent et l'éloignement du campus. Car la majorité
des étudiants logés dans la résidence universitaire sont
issus d'une classe sociale modeste (fils d'ouvriers, d'agents d'administration,
de petits agriculteurs..)
Tableau 32
Les résidents dans d'autres foyers
universitaires:
activité/ nombre
|
achats
|
loisirs
|
spectacles
|
Repas
|
rencontrer quelqu'un
|
travail
|
autres lieux
|
%
|
19
|
63
|
4
|
5
|
21
|
7
|
6
|
Ces étudiants ne diffèrent pas trop de ceux qui
habitent dans le campus. La proximité de La ville de la résidence
universitaire de quelques uns aura une influence plutôt sur le rythme de
fréquentation qu'on Va voir ultérieurement que sur la nature des
activités.
Tableau 33
Les résidents chez les parents:
activité/ nombre
|
achats
|
loisirs
|
spectacles
|
Repas
|
rencontrer quelqu'un
|
travail
|
autres lieux
|
%
|
27
|
44
|
11
|
1
|
25
|
10
|
3
|
On ne remarque pas de différences avec les autres
étudiants, toujours c'est les loisirs qui constituent le principal motif
de sorties (44% de l'effectif) el~ après c'est les achats avec 27% de
l'effectif, ou pour rencontrer quelqu'un (25%).
1-2-3:Fréquentation du centre ville en fonction
du sexe:
Tableau 34
activité/ sexe
|
achats
|
loisirs
|
spectacles
|
Repas
|
rencontrer quelqu'un
|
travail
|
autres lieux
|
Filles
|
14
|
63
|
5
|
3
|
22
|
|
2
|
Garçon
|
34
|
29
|
8
|
5
|
29
|
|
4
|
Les garçons sont nombreux à descendre en centre
ville pour des activités de détente et de loisirs (63% de
l'effectif), tandis que les descentes en ville Pour rencontrer quelqu'un, pour
se distraire ou pour faire des achats constituent les principaux motifs des
sorties des filles (92% de l'effectif).
1-2-4: Fréquentation du centre ville en fonction
du niveau d'étude:
Les filières d'études et le niveau
d'étude n'apparaissent pas selon les résultats de notre
enquête comme des critères significatifs de
différenciations des activités fréquentées au
centre ville.
1-3 : A quel rythme les étudiants se rendent en
ville? :
Les étudiants sont donc nombreux à descendre en
ville, mais la nécessité des études, le manque d'argent,
l'éloignement des lieux de résidence et d'études
ajoutées aux problèmes de transport rappellent à l'ordre
l'étudiant, l'obligent à limiter le temps qu'il consacre à
ses sorties en ville.
Pour approcher un peu ces constatations on a demandé
aux étudiants à travers la question n° 15 de l'enquête
d'indiquer le rythme de leurs sorties en ville.
Les analyses montrent qu'il y a certaines
différenciations dans le rythme de fréquentation de la ville.
On a retenu celles concernant:
· le lieu de résidence,
· la filière d'études,
· Les rapports des étudiants à la ville ont
été analysés en fonction de ces critères.
Tableau 35
Le lieu de résidence et le rythme de
fréquentation de la ville:
|
Tous
les jours
|
+1 fois/
semaine
|
1 fois/
semaine
|
1 fois/
15 jours
|
1 fois de temps en temps
|
dans une résidence universitaire
|
19 %
|
21 %
|
46 %
|
5 %
|
7 %
|
chez les parents
|
31 %
|
27 %
|
27 %
|
12 %
|
3 %
|
locataire dans un logement
|
50 %
|
31 %
|
9 %
|
6 %
|
4 %
|
Les plus attirés par les services urbains de la ville
sont ceux qui vivent dans un logement privé (50% de l'effectif se
rendent en ville quotidiennement), puis se sont ceux qui habitent chez leurs
parents avec 31%.
Les étudiants qui logent dans une résidence
universitaire sont les moins nombreux à se rendre en ville (46% de
l'effectif vont en ville une fois par semaine).
Tableau 36
La filière d'études et le rythme de
fréquentation de la ville:
filière d'études fois fréquence en %
|
Tous les jours
|
+1 fois / semaine
|
1 fois semaine /
|
1 fois / 15 jours
|
1 fois de / temps en temps
|
lettres
|
14
|
25
|
28
|
18
|
15
|
droit, sciences éco et gestion
|
15
|
38
|
29
|
11
|
7
|
sciences fondamentales
|
11
|
21
|
44
|
19
|
5
|
école d'ingénieurs
|
4
|
15
|
24
|
38
|
17
|
Les étudiants se distinguent aussi par le type
d'études, ceux qui font des études d'ingénieurs descendent
rarement en ville: (38% de l'effectif pour une fois tous les quinze jours et
24% une fois par semaine).
Les étudiants des sciences fondamentales sont plus
nombreux à descendre en ville une fois par semaine (44% de
l'effectif).
Les étudiants des lettres, de droit, des sciences
économiques et de gestion sortent plus fréquemment en ville (en
moyenne 25% et 38% de l'effectif pour plusieurs fois par semaine).
Le rythme de fréquentation de la ville est plus
élevé chez les garçons (45% de l'effectif se rendent en
ville une fois par semaine) que chez les filles (34% de l'effectif se rendent
une fois tous les quinze jours).
On constate pour une partie des étudiants, une certaine
démotivation pour la vie urbaine, un certain repli sur l'espace
universitaire (la résidence universitaire)
En effet, l'univers de ces étudiants parait ainsi
strictement limité entre le lieu d'enseignement et le lieu de
résidence.
Beaucoup de raisons peuvent expliquer ce
phénomène, les résultats de notre enquête peuvent en
partie y répondre.
Il en ressort probablement que l'isolement des lieux de
résidence des lieux d'études, le manque d'argent, l'emploi des
temps chargé de certains types d'études peut constituer les
motifs.
1-4 : Avec qui les étudiants se rendent en ville?
:
L'enquête ne précise pas la nature des
activités pendant lesquelles l'étudiant est accompagné
hors du site universitaire.
Les étudiants ont été amenés
à travers la question n°16 de l'enquête à
répondre s'ils descendent en ville seuls ou avec des amis.
Les différenciations significatives qu'on a pu
détectées à partir des résultats de notre
enquête concernent d'une façon nette la nature de la
résidence et le sexe des étudiants.
Tableau 37
Les sorties en ville en fonction du lieu de
résidence.
|
seul
|
avec un ami
|
en groupe
|
résidence universitaire sur le campus
|
11%
|
51%
|
38%
|
autres résidences universitaires
|
18%
|
45%
|
37%
|
chez les parents
|
34%
|
48%
|
18%
|
On peut constater que les étudiants qui habitent dans
une résidence universitaire sur le campus ou ailleurs
c'est-à-dire loin de leurs familles sont ceux les plus liés au
monde étudiant même à l'extérieur du site
universitaire puisque 89% de ceux qui vivent dans le campus et 82% de ceux qui
vivent dans une autre résidence universitaire sortent en ville
accompagnés au moins par un ami.
Les résultats montrent aussi que les étudiants
résidents chez leurs parents sortent moins souvent avec des autres
étudiants.
Ils préfèrent descendre en ville avec un ami
(48% de l'effectif) ou seuls (34% de l'effectif).
Reste à savoir si les connaissances des
étudiants sont du milieu étudiant? Une enquête plus
poussée nous répondra probablement. Mais tout laisse à
croire d'après notre travail d'investigation que les étudiants
des résidences universitaires n'ont pas beaucoup des connaissances hors
l'université.
Les résidents sont plus nombreux Que les
non-résidents à sortir en ville accompagnés.
Tableau 38
Les sorties en ville selon le sexe:
|
seul
|
avec un ami
|
en groupe
|
Etudiante
|
10%
|
59%
|
31%
|
Etudiant
|
19%
|
46%
|
35%
|
Les étudiantes sont rares à s'aventurer seules
pour descendre en ville. Elles préfèrent plutôt descendre
avec un ou une amie (59% de l'effectif).
La part des sorties En groupe des filles n'est pas aussi
négligeable (31%).
Les garçons sont plus nombreux que les filles à
investir la ville seule. Ainsi, n'est-t-il pas vrai pour les étudiants
qui travaillent ou qui sont inscrits dans des associations sportives ou autres
de la ville.
CONCLUSION:
En ce qui concerne les étudiants, on ne doit pas
prendre pour argent comptant leur pur et simple assimilation à la
jeunesse en général. Il est certain que le fait d'être
étudiant ne signifie plus à définir un statut social
En est-il comme ça en Tunisie? Mais au delà, on
voit se former des groupes étudiants qui s'affirment fortement comme tel
et développent une sociabilité spécifique. Mais ces
groupes ne se ressemblent pas, ne se forment pas de la même façon,
ne développent pas la même sociabilité et ne peuvent servir
de milieu de référence pour les autres étudiants.
Pour les étudiants, la frontière entre
activités de loisirs et heures d'études n'est pas nette et
délimitée du moins d'après les résultats de notre
enquête: les loisirs sont en prises sur le quotidien, tout autant que le
temps passé aux études.
Le sexe, le lieu de résidence, le type d'études
Suivies, l'état matrimonial et probablement d'autres facteurs
définissent les grands reliefs des emplois du temps quotidiens des
étudiants.
La vie étudiante n'est pas seulement
caractérisée par le temps passé à
l'intérieur du site universitaire, mais elle l'est aussi par un temps
considérable investi à l'extérieur de cet espace (temps de
transport, temps des loisirs en ville..) et qui influe beaucoup sur la vie en
campus des étudiants.
Le type d'espace universitaire module les rapports des
étudiants à leur site en ce qui concerne les pratiques, la
flexibilité d'usage de l'espace universitaire et le temps passé
sur le site.
Au delà de la vie étudiante, cette recherche
menée conjointement au campus de Tunis et au campus de Manouba renseigne
d'une part sur les dangers que représente l'isolement spatial. Cet
isolement favorise-t-il le repli et entraîne-t-il la difficulté
interne et externe à l'échange et à la socialisation? ,
c'est du moins ce qu'on observe clairement sur le campus de Manouba.
Pouvons-nous donc dire maintenant que les campus objet de
notre étude sont des espaces qui organisent une importante
mobilité? Je crois qu'à ce stade de recherche on ne peut pas
impulse un jugement, sera-t-il possible dans le cadre d'une thèse?
Pour la plupart des étudiants ces campus apparaissent
plutôt comme des lieux de passage sans ancrage surtout pour ceux qui ne
résident pas sur le site. Ils sont pris dans des trajets rythmés
par le temps des études (comme on a vu ça lors de notre
analyse).
Ainsi pouvons-nous dire que l'expérience
étudiante se structure moins autour de l'espace que du métier
étudiant ? Ce qui ressort de notre recherche c'est que Le rapport
à l'espace reste secondaire devant le rapport aux études.
Notre investigation nous a conduit à nous poser la
question de savoir si l'intégration de l'université à la
ville ne dépend-t-elle pas en premier lieu d'une proximité
spatiale des sites universitaires à la ville ? Il parait que la
situation de l'université dans la ville comme c'est le cas du campus de
Tunis peut favoriser l'intégration des étudiants. Mais cette
proximité s'avère ne pas être, à elle seule,
suffisante.
Doit-elle être accompagnée d'autres fonctions
destinées aux usagers du site universitaire?
A la lumière des résultats de notre travail
centré sur les modes de vie étudiante, la question de
l'intégration des étudiants dans le système urbain passe
probablement par l'intégration de l'université à la ville
qui semble-t-il devoir être posé en terme de relations sociales et
spatiales comme dit GIDDENS " autonomes et interdépendantes
Mais, si la question de l'intégration de
l'université à la ville engage bien notre réflexion sur
l'analyse des espaces concernés de leur vécu et de leur
qualité sociale et urbanistique, elle ne peut se résumer à
une stratégie de localisation.
Pensés et organisés pour favoriser l'acquisition
des connaissances et faciliter le travail; il parait que ces espaces satisfont
mal la promotion à une réussite sociale.
Les étudiants tunisois et surtout ceux des deux sites
étudiés sont dans la ville: leurs pratiques montrent
d'après les résultats de notre enquête et de nos entretiens
qu'ils font probablement un usage "intensif" de la ville, mais pas de
l'université qui reste apparemment marquée par sa fonction
première d'enseignement.
Ainsi, faut-il penser aux modalités pratiques du
"va-et-vient" des usagers de l'université entre celle-ci et la ville? Et
s'agit-il d'analyser l'effet l'isolement spatial et social sur les formes
d'intégration et de sociabilité des étudiants?
PROJET DE THESE
Comme il a été vu à l'exposé de la
recherche, l'essentiel de la méthodologie a été
axée sur des enquêtes sur le terrain.
A partir de l'étude des modes de vie des
étudiants on va tenter de savoir ce que représente la ville pour
les étudiants et comment ces derniers accèdent à
l'urbanité à travers cette connaissance de la ville.
C'est donc l'intégration de l'université dans
l'espace urbain qui est en jeu, avec les potentialités qu'elle ouvre
à la ville et à la vie étudiante.
Le champ d'étude parait vierge en Tunisie, d'où
tout son intérêt.
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Liste des Tableaux
Pages
Tableau 1: Evolution du taux de féminisation
................................................8
Tableau 2: L'échantillon
....................................................................... 16
Tableau 3: Répartition par secteur de
formation ............................................28
Tableau 4: Répartition de la population étudiante
des deux sites par
établissement, niveau d'études et
sexe..........................................29
Tableau 5: L'âge des
étudiants................................................................
29
Tableau 6: Catégorie sociaux- professionnel du
père.......................................30
Tableau 7: Origines géographiques des
étudiants..........................................30
Tableau 8: Origine des
ressources............................................................ 30
Tableau 9: Lieux de résidence des étudiants de
l'échantillon.............................31
Tableau 10: Proportion des étudiants nouvellement inscrits
en 1997....................32
Tableau 11:Temps réservé au transport
....................................................32
Tableau 12: Temps hebdomadaire en fonction de la forme
d'organisation
du site
universitaire..............................................................36
Tableau 13: Nombre d'heures hebdomadaires passées sur le
site universitaire
par
activité........................................................................37
Tableau 14: Horaire
hebdomadaire..........................................................38
Tableau 15: Les emplois du temps universitaires en fonction du
niveau d'études.....38
Tableau 16: Les emplois du temps et les filières de
formation...........................39
Tableau 17: Ventilation du temps des étudiants en fonction
de la nature
de la
résidence....................................................................39
Tableau 18: Destinations des étudiants hors des
cours....................................42
Tableau 19: Les lieux les plus fréquentés par les
résidents sur le site...................44
Tableau 20: Les lieux les plus fréquentés par les
non résidents du
campus de
Manouba ............................................................45
Tableau 21: Ventilation du temps en fonction de l'âge
...................................46
Tableau 22: Les genres de fréquentation des
étudiants ..................................49
Tableau 23: Type de fréquentation en fonction du
sexe..................................49
Tableau 24: Type de fréquentation en fonction du mode de
vie........................50
Tableau 25: Modes d'occupation de
l'espace...............................................51
Tableau 26: Modes d'occupation de l'espace en fonction du
sexe......................52
Tableau 27: Les résidents chez les
parents................................................52
Tableau 28: Les étudiants dans une résidence
universitaire.............................53
Tableau 29: Nombres d'entrées et de sorties
relevées au café "LA ROSA"
un mardi du mois d'Avril
1998................................................63
Tableau 30: Les motifs de déplacement en
ville..........................................64
Tableau 31: Les résidents sur le site universitaire et
leurs pratiques...................65
Tableau 32: Les résidents dans d'autres foyers
universitaires et leurs pratiques......65
Tableau 33: Les résidents chez les parents et leurs
pratiques...........................66
Tableau 34: Fréquentation du centre ville en fonction du
sexe.........................66
Tableau 35: Le lieu de résidence et le rythme de
fréquentation de la ville............67
Tableau 36: La filière d'études et le rythme de
fréquentation de la ville...............67
Tableau 37: Les sorties en ville en fonction du lieu de
résidence.......................69
Tableau 38: Les sorties en ville selon le sexe
.............................................69
Liste des figures
Pages
Figure 1: Evolution des effectifs étudiants de 1960
à 1997..........................8
Figure 2: Les établissements universitaires dans le Grand
Tunis (1997).........19
Figure 3: Le campus de Tunis: l'université
insérée dans la ville ..................20
Figure 4: Plan du campus de
Tunis.....................................................21
Figure 5: Plan de la faculté de
Manouba..............................................24
Figure 6: Le terrain réservé au campus de
Manouba................................25
Figure 7: Le campus de Manouba: l'université
isolée de la ville.................26
Figure 8: Temps réservé au transport par jour en
aller et retour...................35
L'enquête
* 1 - D'après les
résultats de notre enquête (voir annexe), 61% des étudiants
interrogés sont originaires de petites localités ou de zones
rurales.
* 2 - Le taux de scolarisation
des enfants âgés de six ans est de 99,2%, celui de ceux dont
l'âge est entre 6 et 12 ans est de 92,1%.
* 3 - Les très rares
travaux écrits sur la vie étudiante en Tunisie n'ont jamais fait
l'objet de recherche approfondie. Il y a lieu de citer celui de M Nourdine
Dhahri : les conditions de vie des étudiants à
l'université tunisienne- Série des sciences et de
l'éducation n°3- CEREC- 1992.
* 4 - Joelle Z- Les maisons des
étudiants : futur lieu de vie universitaire ou nouveau produit
immobilier ? In Espaces et société n°80/81 ? 19966
Page 121.
* 5-La madersa
créée au XI ème siècle à Baghdad, signifiait
exactement lieu (préfixe ma) où l'on étudie (le sens de
racine «DRS») c'est-à-dire un collège universitaire.
* 6-Il y a lieu de remarquer
la ressemblance entre le modèle fonctionnaliste de la "Madersa" et la
conception plus tard du campus américain comme modèle social et
de gestion de la vie universitaire.
* 7 - Bourdin.A- in Espaces et
sociétés n°59, page 15.
* 8 -Merlin.P- Les
universités et les villes nouvelles de l'île de France- In les
annales de la recherche urbaine n° 62/63 6 Juin 1994, pages 212,213.
* 9 - Fardet.N- L'urbanisme
universitaire aux Etats-Unis: Genèse et typologie. In les annales de la
recherche urbaine n° 62/63.
* 10 - Sylvia OSTROWETSKY et
M.H.POGGI- Ville et université- L'Harmattan- 1996- Page 75.
* 11 -P.Merlin -In Les
universités et les villes nouvelles de l'Ile-de-France- Op.cit
* 12 -A.Motte-
l'université et la ville- Colloque 31/5- 1/6 France- 1990.
* 13 - P.Merlin -In Les
universités et les villes nouvelles de l'Ile-de-France- Op.cit
* 14 -V.Elrich- La vie
étudiante dans les Alpes Maritimes, modes de vie et espace urbain- Plan
urbain, France- 1993. p.215.
* 15 - La première
université tunisienne a été créée par la loi
60-2 du 31 mars 1960.
* 16 - Voir protocole
d'enquête en annexe
* 17 - D'après les
dernières statistiques de l'office des oeuvres universitaires parus en
JUIN 1998 le nombre de repas servis par jour au restaurant est de 3341 repas
pour 770 places.
* 18 - Michel.Verret - Le temps
des étudiants- Thèse- Université de ParisV, 1975, page 25.
* 19 - D'après des
chiffres du ministère de l'enseignement supérieur en 1997/1998,
le nombre des étudiants boursiers représente 27% de l'effectif
total.
* 20 -Sur un effectif total de
137.024 étudiants en 1997, 42.441 bénéficient d'une
résidence universitaire d'après les chiffres du MES.
* 21 - La présence
pendant les heures de cours n'est pas obligatoire pour les étudiants de
certaines disciplines.
* 22 -Valerie E, Alain F, Novi
M- "La vie étudiante dans les Alpes Maritimes, modes de vie et
espace urbain". Plan Urbain- Ministère de l'équipement,
France-juin 1993- 215 pages.
* 23- D'après mes
multiples visites sur le site, il m'est apparu que les équipements
sportifs du campus de Manouba sont plus souvent utilisés les vendredi
soir et week-end par les étudiants résidents sur le site.
* 24 -P.Merlin -Les
universités et les villes nouvelles de l'île-de-France- In
les annales de la recherche urbaine n°62/63- Plan urbain, Ministère
de l'équipement, des transports et du tourisme- Juin 1994.
* 25 - Daniel Pinson- A
l'écart de la ville, en cité universitaire et logement HLM-
Espaces et sociétés n°80/81- L'Harmattan- 1996.
* 26 - C.Vallabregue- La
condition étudiante-Paris- Petite bibliothèque- Payot,
1970-page111.
* 27 - Terme utilisé par
Valérie Elrich dans sa recherche: la vie étudiante dans les Alpes
Maritimes-Op.cit.
* 28 - Gabriel Moser. Eugenia
Ratiu- Pratiques de l'espace universitaire et budget temps des étudiants
dans deux universités intra-muros et deux campus périurbains-
Laboratoire de psychologie de l'environnement- URA-CNRS 1270- MESR- France
1994, pages 225.
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