INTRODUCTION
Contexte et justification
L'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) définit le
tourisme comme l'ensemble des activités déployées par les
personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux
situés en dehors de leur environnement habituel pour une période
consécutive qui ne dépasse pas une année, pour des motifs
psychologiques ou physiques (OMT, 2000). Il s'agit d'un secteur
d'activité qui a connu ces vingt-cinq dernières années un
essor considérable comme phénomène économique et
social. En 2011, le tourisme international a généré des
recettes d'exportation de 1032 milliards de dollars US, et 235 millions
d'emplois dans le monde. Il a contribué à 5% du produit
intérieur brut (PIB) mondial (OMT, 2012). Les arrivées de
touristes internationaux dans le monde ont atteint 1,035 milliard en 2012 (OMT,
2013). L'Afrique a établi un nouveau record avec 50,2 millions
d'arrivées et ce malgré la désaffection dont a
été victime l'Afrique du Nord (printemps arabe). Les destinations
subsahariennes ont connu une forte croissance avec 33, 1 millions
d'arrivées alors que l'Afrique du Nord a enregistré 17, 1
millions d'arrivées de touristes internationaux. Globalement, le
continent a affiché un taux de croissance moyen de 6, 3% en terme
d'arrivées de touristes internationaux de 2005 à 2011 (OMT, Op
cité) .
Au fil des décennies, le tourisme a connu un essor
continu et s'est diversifié de plus en plus, au point de devenir un des
secteurs économiques à très forte croissance. Le tourisme
moderne est étroitement lié au développement et il englobe
un nombre grandissant de nouvelles destinations. Le tourisme est l'un des
piliers que les pouvoirs publics du monde entier ont tout intérêt
à soutenir car c'est un bon moyen de stimuler la croissance
économique. Cette dynamique en a fait un moteur essentiel du
progrès socioéconomique. ý Aujourd'hui, le volume
d'affaires du secteur touristique égale, voire dépasse celui des
industries pétrolière, agroalimentaire ou automobile. Il se
positionne désormais comme un des grands acteurs du commerce
international. Dans le même temps, il constitue une des principales
sources de revenus de beaucoup de pays en développement.
La Côte d'Ivoire, dès 1970, a perçu
l'importance de ce secteur en installant le cadre institutionnel pour le
développement du tourisme avec la création d'un Ministère
d'Etat en 1970 et l'adhésion en 1975 à l'Organisation Mondiale du
Tourisme. Le développement de ce secteur a d'abord connu une
période de croissance de 1970 à 1985 avec environ 250 000
arrivées de touristes. Ensuite, il a marqué un coup d'arrêt
en 1994 suite au marasme économique avec 154 000 arrivées.
Puis, jusqu'en 1999, le secteur connait une nouvelle croissance avec
379 000 arrivées de touristes (BNETD, 2007). Cependant, la
décennie de crise qu'a traversée la Côte d'Ivoire a
fragilisé les fondements de l'économie en général.
Cette situation a eu des effets pervers surtout sur le tourisme à
plusieurs niveaux. En effet, l'offre touristique a été
déstructurée pendant cette période avec la plupart des
infrastructures et sites touristiques dégradés. En plus de cela,
la destination Côte d'Ivoire n'était plus
référencée dans les catalogues et circuits d'informations
des voyagistes des principaux pays émetteurs de touristes.
Dans le souci de ramener la Côte d'ivoire à une
croissance vigoureuse et de faire de celle-ci un pays émergent à
l'horizon 2020, le gouvernement a élaboré un plan national de
développement « PND 2012-2015 ». Ce plan est devenu
le nouveau cadre de référence des interventions du gouvernement.
Dans ce cadre, des actions majeures à réaliser par les
départements ministériels ont été
identifiées. A ce titre, des projets sont inscrits dans la matrice
d'actions prioritaires du PND afin de faire du tourisme un secteur qui
contribue fortement à la création de richesse et d'emploi.
Certains de ces projets connaissent, soit un début d'exécution
(mesure visant à diminuer le coût et faciliter la
délivrance du visa d'entrée en Côte d'Ivoire, prise en
charge par le Budget de l'Etat de la réhabilitation et
l'équipement du centre d'application des métiers du tourisme et
de l'hôtellerie de Daoukro), soit ont été
exécuté. Toutefois, le secteur touristique, malgré ces
avancées, reste confronté à des problèmes majeurs
se rapportant au déficit de planification stratégique pour son
développement durable.
Problématique
Le tourisme ivoirien apparait comme le secteur
économique qui a le plus souffert des effets néfastes des crises
sociopolitiques successives vécues par la Côte d'Ivoire de 1999
à 2011. On constate aujourd'hui que l'industrie du tourisme est un
secteur sinistré. En effet, la plupart des infrastructures du tourisme
doivent être rénovées ; les produits de l'industrie
doivent être mieux valorisés, et les capacités de gestion
et d'information du tourisme renforcées. L'impact visé par le PND
est de permettre au Ministère du Tourisme de contribuer fortement au
développement économique et social de la Côte d'Ivoire par
la création d'emplois et de richesse. Dans cette dynamique, un programme
d'actions prioritaires a été élaboré et
décliné en matrice d'actions annuelle. L'un des objectifs de
cette matrice est l'amélioration de l'offre touristique par le
développement des infrastructures, la réhabilitation des sites
touristiques, la création de nouveaux produits et la mise en place
d'outils d'évaluation et de suivi des activités du tourisme.
Cependant, cette volonté manifeste de faire du tourisme un secteur
pourvoyeur d'emplois et de revenus ne peut avoir d'écho qu'avec la mise
en place d'une meilleure organisation au niveau interne. Cela permettrait de
mieux développer cette industrie. Le tourisme sera d'autant plus soutenu
et développé que son poids dans l'économie sera
mesuré, connu et reconnu. L'industrie du tourisme dans notre pays
souffre jusqu'à présent d'un manque flagrant d'outils
d'évaluation et de suivi. L'absence d'instruments d'évaluation
des performances du tourisme explique un diagnostic insuffisamment
chiffré du poids économique du tourisme dans notre pays et
révèle que le secteur n'est pas développé.
Au regard de ce qui précède, la
Société de Développement Touristique pour la région
des Lacs (SODERTOUR-Lacs), société d'Etat créée par
le décret n° 2008-137 du 14 avril 2008, a identifié les
actions à mettre en oeuvre pour favoriser l'essor du tourisme au niveau
régional. Cela nécessite de disposer d'outils d'évaluation
et de suivi de l'activité touristique dans le District de Yamoussoukro.
C'est pourquoi s'appuyant sur la matrice d'actions prioritaires du
Ministère et pour améliorer l'information économique sur
le tourisme, la SODERTOUR-Lacs a initié un projet portant sur la mise en
place d'un réseau d'informations économiques du tourisme (RIET)
dans la région du Bélier. L'intérêt du RIET est de
constituer une plate-forme de collaboration entre les acteurs locaux du
tourisme et d'évaluer les performances du secteur. En cela, le
développement de la fréquentation touristique,
l'amélioration de la visibilité de l'offre touristique et la
mesure de la contribution réelle du tourisme à la performance
économique régionale sont autant d'objectifs sous-jacents
à la mise en place du réseau.
Pour y parvenir, il est important de répondre aux
interrogations suivantes : (i) est-ce que les acteurs du tourisme locaux
peuvent s'organiser formellement au sein d'un réseau d'information
économique du tourisme ? (ii) Si oui, comment mettre en place un
tel outil au niveau local ? (iii) Quels peuvent être les attentes
des acteurs/contributeurs dans la mise en place de ce réseau ?
(iv) Quelle sera la typologie de l'information à collecter et selon
quelles modalités ? (v) Quelles seront les étapes pour la
mise en place de ce réseau ? Autant de préoccupations qui
ont motivé la présente étude dont le thème
est : « étude de faisabilité de la mise en
place d'un réseau d'informations économiques du tourisme dans le
District de Yamoussoukro».
Objectifs de l'étude
Notre contribution consiste à déterminer les
conditions de mise en place du Réseau d'Informations Economiques du
tourisme dans le District de Yamoussoukro. Cet instrument servira au partage de
l'information touristique entre acteurs du tourisme et à la mesure du
poids économique du tourisme au niveau local. Plus
spécifiquement, il s'agit de :
- déterminer les attentes des acteurs du tourisme quant
à la mise en place du Réseau d'information économique du
tourisme;
- définir la typologie de l'information et les
modalités de recueil, de traitement pour le fonctionnement et la
gestion du RIET;
- faire des recommandations concernant les étapes de la
mise en oeuvre du Réseau d'informations économiques.
Plan de l'étude
Nous nous proposons de réaliser ce mémoire en
quatre chapitres. D'abord, le premier chapitre traite des
généralités portant sur la zone d'étude, l'offre
touristique du District et des définitions des concepts. Puis dans le
second chapitre, sur la base d'une recherche documentaire, nous
synthétisons la méthodologie adoptée pour l'étude.
Ensuite, dans le troisième chapitre, nous présentons et analysons
les résultats de recherche. Enfin, nous faisons des critiques suivies
des recommandations dans le dernier chapitre.
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