MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Présentée pour l'obtention du titre de
:
Diplôme de Master en santé
publique
Par
1
Présenté et soutenue publiquement le 17 Mars 2013
Devant le jury composé de:
PRESIDENT: Pr Rafael Rodriguez- Contreras
PELAYO
MEMBRES: Pr Alain CARAYON
Pr Lô BAIDY
Pr Sid'Ahmed DAHDI
Pr Mohamed Ould TELMOUDY
Pr Yacoub Ould KHALEF
DE MEMOIRE :Dr. Mohamed OULDABDALLAHI MOUKAH
KEUR-MACENE : CONNAISSANCES, ATTITUDES ET
PRATIQUES
AUPRES DES ELEVES DE HUIT VILLAGES EN OCTOBRE
2012
LES BILHARZIOSES DANS LA MOUGHATA DE
Mohamed OULD AHMEDOU
N° d'ordre 3.
UNIVERSITE DE NOUAKCHOTT
UNIVERSITE DE L'ANDALOUSIE
FACULTE DE MEDECINE
2
REMERCIMENTS
3
A Mon directeur de mémoire et
encadreur
Dr Mohamed Ouldabdellahi
MOUKAH(Hamad)
Votre immense expérience, votre esprit méthodique,
vos qualités de pédagologue font de vous un maître
respecté et admirable. Votre sagesse, votre accueil toujours courtois et
affectif nous ont conquis.
A notre président du jury
Professeur Rafael Rodriguez Pelayo
Professeur, Cher maître,
Nous sommes très honorés que vous avez
malgré vos multiples occupations accepté de présider ce
jury. Nous vous exprimons notre profonde gratitude.
A Mon Professeur Lô
Baîdy
Vous m'avais fait bénéficier de votre
expérience scientifique et technique durant ce master. Veuillez trouver
dans ce document le signe de ma gratitude et de mon profond respect.
A Mon Professeur Dr.
José Antonio Roldán Nofuentes, du
Département de Statistique de l'Université de Grenade (Espagne),
Pour son
aide d'analyse statistique, je vous remercie beaucoup
(gracias).
A tout le personnel enseignant de la faculté
de médecine de
Nouakchott et l'université internationale de
l'Andalousie :
Je suis heureux de l'occasion qui m'est offert de pouvoir vous
exprimer mes sentiments de gratitude. L'enseignement que vous avez
dispensé avec dévouement restera un précieux souvenir qui
guidera ma vie professionnelle.
Veuillez mes chers maîtres, agréer l'expression de
mes sentiments déférents et
l'hommage de ma respectueuse reconnaissance.
4
Résumé :
Durant la période du 10 au 20 octobre 2012, nous avons
mené une étude transversale ayant pour objectif
général d'évaluer les connaissances, attitudes et
pratiques face à la bilharziose. Au total, 273 élèves
âgés de 10 à 16ans ont été
enquêtés dans huit établissements scolaires de la Moughataa
de Keur-Macene. La présence du sang dans les urines était
considérée comme une maladie chez 72,9% des élèves.
Le mode de contamination de la bilharziose généralement
rapporté par les élèves était la baignade au fleuve
dans 23,4% des cas.
La forme intestinale de la bilharziose était
méconnue dans 72,5 % des cas. Les sources d'informations des
élèves sur la bilharziose étaient : l'école
(38,8%), les amis (32,3%), la radio(12,9%) et le centre de santé
(10,6%).
Mots clés : Connaissances, Attitudes et
Pratiques, Bilharzioses, Keur-Macene , Mauritanie.
5
INTRODUCTION
6
1. INRODUCTION
D'après l'OMS, la schistosomiase (ou bilharziose) est
l'une des principales maladies transmissibles ayant des répercussions
sanitaires et socio-économiques majeures dans 76 pays en voie de
développement (15). Malgré les efforts de lutte menés par
la plupart des programmes des pays endémiques, notamment ceux d'Afrique
sub-saharienne, on estime à 200 millions le nombre de personnes
actuellement infectées dont une proportion importante est
composée d'enfants de moins de 14 ans. Le nombre de personnes
présentant les symptômes de la maladie est estimé à
120 millions dont 20 millions sont atteintes d'une forme grave et invalidante
(16).
En République Islamique de Mauritanie, les
premières données sur la bilharziose remontent aux années
soixante (6 ; 7). D'après ces études, la maladie sévissait
sous forme de foyers endémiques dans les zones de petits barrages (deux
hodhs), des oasis (Assaba, Tagant et l'Adrar) et au niveau des zones
d'agriculture pluviale (Diéry) pratiqué loin du basin du fleuve
Sénégal (14 ;8).
Après la construction et la mise en service des
barrages sur le fleuve Sénégal, des centaines de
kilomètres de canaux d'irrigation et des milliers de
périmètres rizicoles ont été créés,
constituant un habitat idéal pour les hôtes intermédiaires
des bilharzioses (13).
L'importance croissante des bilharzioses humaines,
particulièrement la bilharziose intestinale a Schistosoma mansoni,
constitue un exemple de l'impact des barrages et aménagements
hydro-agricoles sur la santé humaine. En effet, la bilharziose
intestinale a été signalée pour la première fois en
Mauritanie suite a la construction et à la mise en service des barrages
de Diama et de Manantali sur le fleuve Sénégal(26).
Les enquêtes parasitologiques réalisées
par le Centre National d'Hygiène (CNH) dans différentes zones de
la basse vallée et du delta montrent une évolution rapide de
cette parasitose. La prévalence globale est passée de 9,7% en
1994 (26) à 23% en 1998 (20), alors qu'au niveau de certains villages la
bilharziose
7
intestinale est hyperendemique avec une prévalence de
94% et une intensité de plus de 1 000 oeufs/gr (10).
La bilharziose urinaire était présente avant la
construction des barrages, mais depuis leur mise en service sa
prévalence n'a cessé d'augmenter. En effet, le taux d'infestation
par schistosoma haematobium est passé de 1,3% en 1981 (25)
à 24,7% en 2000 (3).
Sur le plan malacologique, les enquêtes ont mis en
évidence la présence de cinq espèces de mollusque sur la
rive mauritanienne du fleuve Sénégal (Bu . truncatus ; Bu.
forskalii ; Bu. senegalensis ; Bu. globosus et Bu. umbilicatus) et Bi.
Pfeifferi ou les quatre dernières espèces jouent un
rôle important dans la transmission de la bilharziose (18).
Face à cette aggravation, un programme national de
lutte contre la bilharziose (PNLB) a été créé en
2001. Il vise à réduire la morbidité due aux bilharzioses
par le traitement efficace des cas, notamment chez les enfants en âge
scolaire.
Par ailleurs, pour améliorer le contrôle de
l'infection, les facteurs socioculturels en rapport avec les attitudes et
pratiques doivent être pris en compte par le programme de lutte au niveau
communautaire.
Pour élaborer les recommandations, il est pertinent de
savoir comment les groupes les plus exposés perçoivent la maladie
et les impressions qu'en ont les sujets infectés. Cela aidera à
établir la connaissance de l'infection, de l'agent pathogène, du
mode de transmission, du contrôle et de la prévention par la
communauté.
Le but de notre étude était d'évaluer les
connaissances, attitudes et pratiques des élèves
âgés de 10 à 16 ans face à la bilharziose dans le
but d'améliorer les stratégies de lutte utilisées contre
la bilharziose en zone dans la basse vallée du fleuve
Sénégal en Mauritanie.
2. 8
JUSTIFICATIF DE L'ETUDE :
Peu d'études ont été
réalisées sur les connaissances, attitudes et pratiques
concernant la bilharziose en Afrique et en Mauritanie. La conception de la
communauté sur la maladie pourrait contribuer à mettre en place
des stratégies de lutte adéquates pour une régression
rapide de la prévalence des foyers endémiques si elles sont bien
informées d'où l'intérêt de notre étude.
3. MODE DE LECTURE DU PHENOMENE :
Cette enquête est destinée aux
élèves dont les âges sont compris entre 10 - 16 ans qui
sont les plus exposés à la maladie.
Les questionnaires que nous avons comprennent trois parties :
- Les données sociodémographiques (âge,
sexe...etc.,)
- Les données sur les connaissances, attitudes et
pratiques en matière de la bilharziose,
- Les types de canaux d'information (radio,
télévision, école, amis, etc..)
Les questions posées étaient soit à
réponses multiples, soit à réponses uniques.
L'interrogatoire des élèves a été fait au sein des
établissements scolaires respectifs.
4. LES INDICATUERS RECHERCHES :
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) qui
disent avoir eu du sang dans leurs urines;
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) qui
disent avoir eu du sang dans les selles;
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) qui
reconnaissent la bilharziose comme une maladie ;
9
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) qui
citent la présence de sang dans les urines (douleurs mictionnelles)
comme signes possibles de la bilharziose uro-génitale, et/ou dans les
selles (ou de diarrhée) comme signes possibles de la bilharziose
hépato-intestinale ;
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) qui
citent le contact de l'homme (baignade, pèche, riziculture, lessive,
maraichage) avec les eaux de surface (rivière, fleuve, mare, lac, canal
d'irrigation) comme causes possibles de la transmission des bilharzioses ;
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) qui
déclarent avoir informé leurs parents sur la présence du
sang dans les urines ;
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) sur
les parents qui ont fait recours au centre de santé pour traiter leurs
enfants ;
- Pourcentage de répondants (enfants de 10-16 ans) sur
le motif de non information des parents sur la présence de
l'hématurie ;
10
GENERALITES
GENERALITES :
1. DEFINITION :
Les schistosomoses ou bilharzioses sont des maladies
parasitaires dues à la présence de vers plats
(schistosoma) logées dans les vaisseaux sanguins. La
transmission urinaire ou fécale faisant intervenir des hôtes
intermédiaires (mollusques d'eau douce). La symptomatologie est le
reflet des lésions provoquées par la migration ou l'embolisation
des oeufs.
2. AGENTS PATHOGENES
Cinq espèces du genre Schistosoma appartenant à 3
groupes parasitent l'homme :
- Groupe haematobium : comprend
Schistosoma haematobium (Bilharz, 1852), agent de la bilharziose urinaire et
Schistosoma intercalatum (Fischer, 1934), agent de la bilharziose rectale en
Afrique centrale.
- Groupe mansoni : avec Schistosoma
mansoni (Sambon, 1907), agent de la bilharziose intestinale.
- Groupe japonicum : comprend Schistosoma japonicum
(Katsurada, 1904), agent de la bilharziose artérioveineuse
sino-japonaise et Schistosoma mekongi (Voge, Bruckner & Bruce, 1978), agent
de la bilharziose du Mékong rencontrée au Laos et au Cambodge.
3. TAXONOMIE DES SCHISTOSOMES
Les schistosomes appartiennent à l'embranchement des
Plathelminthes, à la classe des Trematoda, à la sous-classe des
Digenea, à l'ordre des Strigeatoida, à la famille des
Schistosomitidea, à la sous-famille des Schistosomatinea et au genre
Schistosoma. Les Schistosomes sont caractérisés par l'absence de
pharynx musculeux, la présence d'oeufs à éperon
dépourvu de clapet, de furcocercaires et la pénétration
chez l'hôte par voie transcutanée.
11
4. CYCLE DE TRANSMISSION
12
4.1. Phase sexuée
La phase sexuée a lieu chez l'homme, l'hôte
définitif. La contamination de l'homme se fait par voie
transcutanée (figure 1). Après pénétration, les
larves (furcocercaires) migrent par voie circulatoire, gagnent le territoire
mésentérique inférieur où ils deviennent adultes
(mâles et femelles). Les femelles pondent des milliers d'oeufs par jour
dans les veinules des organes profonds. Les oeufs migrent à travers la
paroi de la vessie et des intestins pour être éliminés avec
les excréta. Certains oeufs sont bloqués et ne peuvent pas
être expulsés. Ce blocage des oeufs dans la vessie et/ou le foie
est à l'origine des complications de la maladie.
4.2. Phase asexuée
La phase asexuée a lieu chez un mollusque d'eau douce
hôte intermédiaire (figure 1). En effet, les oeufs
éliminés ne peuvent poursuivre leur évolution que dans
l'eau douce. Ils libèrent les embryons ou miracidiums qui, en absence de
mollusques peuvent survivre jusqu'à 18 heures dans l'eau douce. Chez le
mollusque, les miracidiums donnent au bout de trois semaines à deux
mois, des larves (furcocercaires). Ces dernières quittent les mollusques
et nagent à la surface des eaux à la recherche d'hôtes
définitifs (hommes ou animaux) qu'elles contaminent par voie
transcutanée.
13
Figure 1 : Schéma du cycle
évolutif des schistosomes
5. RESERVOIR DE VIRUS
Sch. haematobium est un parasite strictement humain
pouvant accidentellement infester des primates non anthropoïdes. Les
autres espèces peuvent infester des animaux. Sch. mansoni a
été trouvé chez des rongeurs mais l'homme est le
réservoir de virus essentiel.
6. HOTES INTERMEDIAIRES
Quatre genres de mollusques gastéropodes aquatiques
sont impliqués dans la transmission des bilharzioses humaines : Bulinus,
Biomphlaria, Oncomelania et Tricula. Ils vivent en eau douce, peu profonde,
immobile ou à faible courant. La végétation aquatique leur
sert de support et de nourriture.
7. SUJET RECEPTIF
Il n'existe pas d'immunité naturelle chez l'homme qui
cependant peut développer avec l'âge une résistance acquise
à la réinfection en zone endémique.
8. PHYSIOPATHOLOGIE
L'embryon ou miracidium secrète et excrète des
enzymes protéolytiques diffusant à travers la paroi ovulaire. Ces
antigènes ovulaires entraînent la formation d'un granulome
bilharzien, lésion élémentaire spécifique de la
bilharziose maladie, à l'origine des symptômes. La formation du
granulome traduit une réponse défensive de l'hôte face
à l'agression induite par les oeufs. A terme, les oeufs sont
détruits, des cellules géantes apparaissent, entourant la coque
et les débris ovulaires. L'apparition de ces cellules géantes
précède l'évolution vers la fibrose caractéristique
de la bilharziose. Le développement de la fibrose hépatique
dépendrait d'un antigène majeur SM2, localisé dans la
région 6 q 22 - q 23 (Chevillard et al., 1999).
9. ASPECTS CLINIQUES
On distingue trois phases cliniques correspondantes aux
différents stades évolutifs du parasite chez l'homme.
9.1. Phase initiale ou primo-infection
cercarienne: caractérisée par un prurit et une réaction
urticarienne localisée notamment lors de la première
contamination.
9.2. Phase d'invasion ou dissémination
larvaire : survient après une période d'incubation muette de 2
à 10 semaines suivant la contamination. Elle est
caractérisée par une fièvre supérieure à
38° C, prurit, urticaire, oedème, myalgies, arthralgies, toux ou
parfois dyspnée asthmatiforme.
9.3. Phase d'état ou focalisation
viscérale :
Elle survienne 5 à 10 mois après l'infestation
et 1-2 mois après le début de la phase d'invasion.
Pour Sch. haematobium, l'hématurie constitue
le principal symptôme de la phase d'état. Elle est terminale,
spontanée, répétée et indolore.
Pour Sch. mansoni, douleurs abdominales et syndrome
diarrhéique ou dysentérique (avec parfois rectorragie)
constituent les principaux symptômes de la phase d'état.
10. DIAGNOSTIC
10.1. Paramètres non
spécifiques
Ils comprennent essentiellement les signes cliniques :
? hématurie. Elle peut être macroscopique ou
microscopique (détectée par
bandelette hémastix).
? diarrhée glairo-sanglante
? Rectorragie
? hépatosplénomégalie
? d'hypertension portale
14
10.2. Diagnostic direct
15
Le diagnostic de bilharziose repose sur la mise en
évidence des oeufs (excréta et biopsies rectales) ou des
granulomes (biopsies). Dans les selles, les oeufs sont recherchés
à l'état frais (examen direct), par la méthode de
Kato-Katz. Dans les urines, les oeufs sont également recherchés
à l'état frais après sédimentation (examen direct)
ou par la méthode de filtration. Pour les biopsies de muqueuse rectale
(BMR), en pratique, 3 biopsies sont examinées à l'état
frais après coloration par le Lugol.
Le diagnostic anatomopathologique repose sur la mise en
évidence des granulomes centrés par un oeuf, recherchés
dans les biopsies de la vessie, du foie ou rectum.
11. LUTTE ANTIBILHARZIENNE
Elle comporte 3 stratégies majeures : la
stérilisation du réservoir de virus (dépistage et
traitement des malades), la destruction des mollusques hôtes
intermédiaires (méthodes physiques, mécaniques biologique
et chimiques) et la prévention de l'infection chez les sujets sains
(assainissement et sensibilisation).
12. TRAITEMENT
Trois médicaments sont actuellement utilisés
pour la chimiothérapie de la Bilharziose : le praziquantel,
l'oxamniquine et le métrifonate.
16
HYPOTHESES
ET
OBJECTIFS
17
Hypothèse:
Les enfants âgés de 10 à 16 ans auraient
les connaissances, attitudes et pratiques adéquates face à la
bilharziose.
Question de recherche
Quelle est le niveau de connaissances, des attitudes et
pratiques des écoliers et élèves de la Moughataa de
Keur-Macene vis-à-vis des bilharzioses.
Pour mieux comprendre leur comportement nous avons adopté
des objectifs : Objectifs :
Objectif général :
? Evaluer les connaissances des élèves de la
Moughataa de Keur-Macene face à la bilharziose,
Objectifs spécifiques :
? Déterminer les connaissances des élèves
sur la bilharziose,
? Déterminer les attitudes des élèves face
à la bilharziose,
? Déterminer les comportements des élèves
face à la bilharziose,
? Déterminer les comportements des parents
d'élèves face à la bilharziose,
18
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
1. Qu'est ce qu'une étude CAP :
C'est une étude représentative conduite
auprès d'une population particulière peu connu pour identifier
les Connaissances ; Attitudes et Pratiques sur un thème
précis.
Dans le cas de notre étude CAP sur les bilharzioses, nous
avons collectés les données oralement par interview. Les
questionnaires utilisés ont été structurés et
standardisés (annexes).
2. Description du site d'étude :
LA MOUGHATA DE KEUR-MACENE (figure 2) :
Située au sud ouest de la république islamique
de Mauritanie; la Moughataa de Keur-Macene avec une superficie de 2700 Km2.
Elle est limitée au sud par le fleuve Sénégal ; à
l'ouest par l'océan atlantique, au nord par la Moughataa de Mederedra ,
et a l'est par la celle de Rosso.
La population totale de la Moughataa est estimée
à 38975 habitants (ONS 2000). A l'exception de la plaine alluviale du
fleuve Sénégal appelé la Chemama, le reste de la Moughataa
est constituée d'alignement dunaire.
La saison des pluies s'étend en période de
trois mois, de juillet à septembre.
3. Infrastructures et équipements : Santé :
Il y a un centre de santé (CS) situé à
Keur-Macene chef lieu de la Moughataa dirigé par un médecin chef.
Le laboratoire peu équipé, d'une maternité et d'un service
de nutrition...
Les postes de santé dans la Moughataa servent de lieu
de soins et d'accouchement sont au nombre de ...
19
Education :
En matière d'enseignement, la wilaya dispose d'une
importante infrastructure pédagogique composée de 59
écoles fondamentales, 4 collèges et un lycée.
Hydraulique :
Le taux de couverture des besoins en eau potable est de 40%.
La ville de Keur-Macene et le village de Boneinadji possèdent un
château d'eau approvisionné par l'Aftot Essahili, le village de
Birrete possède aussi un ouvrage pour le traitement de l'eau du fleuve,
tant que les restes des villages approvisionnent par Les canaux proviennent du
fleuve Sénégal
Activités socio-économiques : sont basées
sur l'agriculture (maraichère et la riziculture irriguées),
l'élevage et la pèche artisanale.
Figure 2 : Carte de la wilaya du Trarza, montrant la
Moughataa de Keur-Macene
Population d'étude :
Les élèves âgés de 10 à 16
ans, fréquentant les établissements scolaires des villages
retenus comme sites de l'étude.
4. Période et type d'enquête :
20
La présente étude s'est déroulée du
10 au 20 octobre 2012.
21
Il s'agit d'une étude prospective, descriptive,
transversale, destinée à évaluer les connaissances
attitudes et pratiques des élèves de la Moughataa de Keur-Macene
sur les bilharzioses à travers des questionnaires.
5. Echantillonnage :
La sélection des villages a été faite par
choix raisonné. Au niveau de la zone d'aménagement
hydro-agricole. Nous avons ainsi choisi les villages de Birett, Bohajra, Zira 1
et 2, Boneinadji, N'kheila, N'diallar et la ville de Keur-Macene. Les sept
premières localités disposent chacune d'une école. Alors
que seule la ville de Keur-Macene qui disposait d'un collège de
l'enseignement secondaire.
La taille de l'échantillon des élèves a
été calculée par le logiciel EPI INFO(EPI6FR). Sur une
prévalence de bilharziose estimée à 34 % et pour un
intervalle de confiance de 95 % et une précision de 5 %.
L'échantillon total a été constitué de 273 enfants
âgés de 10 à 16 ans.
Le tirage au sort des inclus a été
effectué selon la méthode de sondage élémentaire a
partir des listes de présence considéré comme base de
sondage.
Les écoliers sont numérotés de 1 à
n puis tirés au sort en utilisant la table des nombres au hasard.
6. Critères d'inclusion :
+ Etre âgé de 10 -16 ans
+ Etre résident de la localité,
+ Etre écoliers ou élève
+ Accepter de participer à l'enquête 7.
Critères de non inclusion :
+ Ne pas accepté de participer à l'enquête de
façon libre,
+ Ne pas être dans la tranche d'âge retenue,
+ Non résident de la localité,
+ Ecoliers ou élève fréquentant un
établissement autre que ceux retenus.
8. 22
Techniques et instruments de collecte de données :
Pour notre étude nous avons utilisé la
technique de l'interview avec remplissage d'un questionnaire. L'administration
de questionnaire était faite dans une salle bien aérée
mise à notre disposition.
9. Traitement et analyse de données :
La saisie des réponses au questionnaire a eu lieu
à l'aide du logiciel SPSS. Les méthodes statistiques
utilisées ont été : statistique descriptive, intervalle de
confiance pour une proportion binomiale, test d'hypothèse pour comparer
deux proportions binomiales avec des échantillons indépendants et
intervalle de confiance pour la différence entre deux proportions
binomiales indépendantes.
10. Aspects éthiques :
Une prise de contact a été effectuée
auprès des autorités de la Moughataa à savoir le Hakem, le
maire ; les chefs des villages et les directeurs des établissements
scolaires ciblés. Le cadre de l'étude a été bien
expliqué et nous avons sollicités leurs adhésions. Il a
été notifié à tous que l'adhésion a cette
étude était volontaire et non obligatoire.
23
RESULTATS
24
1. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ETUDIEE
Au total, l'étude a intéressé 273
élèves âgés de 10 à 16 ans dont 150 (54,9%)
garçons et 123 (45,12%) filles. La proportion d'élèves
âgés de 10-12ans, de 13-14ans et de 15-16 ans a été
respectivement de 26,7 %, 28,6 % et 44,7 % (figure 2).
L'âge moyen a été de 13,64 ans (10-16 ans).
Figure 3: Répartition des enfants en fonction de
l'âge, enquête CAP 2012
La tranche d'âge comprise entre 1 3 -14ans était
prédominante avec 44,7 % des cas.
25
Tableau I : Répartition des élèves
déclaré avoir l'hématurie en fonction de l'âge,
enquête CAP 2012
Symptôme
|
Effectifs
|
Positif
|
Pourcentage
|
10-12ans
|
78
|
14
|
17,9
|
13-14ans
|
122
|
18
|
14,7
|
15-16ans
|
73
|
10
|
13,7
|
TOTAL
|
273
|
42
|
15,3
|
La proportion des élèves déclarant avoir
l'hématurie a été de 15,3%.
Tableau II: Répartition des élèves
déclaré avoir l'hématurie en fonction de sexe,
enquête CAP 2012
Sexe
|
Effectifs
|
Positif
|
Pourcentage
|
masculin
|
150
|
31
|
20,6%
|
Féminin
|
123
|
11
|
8,9%
|
Total
|
273
|
42
|
15,3 %
|
Chez les élèves de sexe masculin, la
présence de l'hématurie est, à la confiance du 95%, une
valeur entre le 13,85% et le 27,48%.
Chez les élèves de sexe féminin, la
présence de l'hématurie est, à la confiance du 95%, une
valeur entre le 4,77% et le 15,79%.
La présence de l'hématurie a été
significativement plus élevée chez le sexe masculin que chez le
sexe féminin (P=0.0095). Le pourcentage de garçons avec
hématurie est, à la confiance du 95%, une valeur entre le 2,79%
et le 20,66% plus élevé que le pourcentage de fille avec
hématurie.
26
Tableau III: Répartition des
élèves déclaré avoir l'hématurie en fonction
de la localité, enquête CAP 2012
Localité
|
Présence de l'hématurie
|
Effectifs
|
Positif
|
Pourcentage
|
Birret
|
34
|
1
|
2,9
|
Bohajra
|
19
|
4
|
21,0
|
Zirra II
|
26
|
7
|
26,9
|
Zirra I
|
18
|
4
|
22,2
|
Keur-Macene et collège
|
100
|
15
|
15,0
|
Boneinadji
|
30
|
3
|
10,0
|
N'kheila
|
30
|
5
|
16,6
|
N'diallar
|
16
|
3
|
18,7
|
TOTAL
|
273
|
42
|
15,3
|
En fonction de la localité, les proportions des
élèves déclarant la présence de l'hématurie
n'ont pas été significative (p=0.22).
2. CONNAISSANCE DE LA BILHARZIOSE
Tableau IV : Répartition des
élèves en fonction de la connaissance des bilharzioses,
enquête CAP 2012
Hématurie
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Maladie
|
199
|
72,9
|
Pas une maladie
|
30
|
11,0
|
Ne sait pas
|
44
|
16,1
|
TOTAL
|
273
|
100,0
|
Les enfants pensaient que la bilharziose était une
maladie dans 72,9 % des cas. Intervalle de confiance (95%) : 67,44% -
78,35%.
27
Tableau V: Répartition des élèves
en fonction de la connaissance du mode de contamination de la bilharziose,
enquête CAP 2012
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
En buvant de l'eau insalubre
|
24
|
8,8
|
En mangeant certains aliments
|
3
|
1,1
|
En se lavant dans l'eau du canal, de la rivière
|
64
|
23,4
|
Par contagion
|
1
|
0,4
|
En marchant pied nu sur les urines d'un malade
|
11
|
4,0
|
Ne sait pas
|
170
|
62,3
|
Total
|
273
|
100,0
|
Se laver au fleuve était le mode de contamination le
plus proposé dans 23,4 % des cas. Intervalle de confiance (95%) : 18,23%
- 28.65%.
Tableau VI: Répartition des élèves
en fonction des symptômes de la forme urogénitale de la
bilharziose, enquête CAP 2012
Symptôme
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Douleur à la miction
|
26
|
61,9 %
|
Urines peu abondantes et fréquentes
|
5
|
11,9 %
|
Envie fréquente de miction
|
1
|
2,4%
|
Ne sait pas
|
10
|
23,8%
|
TOTAL
|
42
|
100 ,0
|
Les douleurs à la miction ainsi que Les urines peu
abondantes ou fréquentes étaient les symptômes les plus
ressentis dans la forme urogénitale respectivement dans 61,9% et 11,9
%.
28
Tableau VII : Répartition des
élèves en fonction de la connaissance des formes intestinale,
enquête CAP 2012
Sais-tu qu'il existe aussi une forme intestinale de la
même maladie ?
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
75
|
27,5
|
Non
|
189
|
72,3
|
TOTAL
|
273
|
100,0
|
La forme intestinale était méconnue dans 72,3 %
des cas, Intervalle de confiance ( à la confiance de 95%) est : 67,05% -
78,00%.
Tableau VIII : Répartition des
élèves en fonction de ceux qui ont fait la maladie,
enquête CAP 2012
Vous avez déjà eu cette maladie
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
42
|
15,4 %
|
Non
|
231
|
84,6 %
|
TOTAL
|
273
|
100,0
|
Les enfants ont déclaré avoir déjà
fait la maladie dans 15,4 % des cas. Intervalle de confiance (95%) : 10,92% -
19,85%.
29
Tableau IX : Répartition des
élèves en fonction des symptômes de la
forme intestinale, enquête CAP 2012
signes associés à la forme
intestinale
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Sang dans les selles
|
25
|
33,3
|
Douleurs abdominales
|
11
|
14,6
|
Diarrhées
|
22
|
29,3
|
Constipation
|
5
|
6,7
|
Amaigrissement
|
1
|
1,3
|
Autres
|
6
|
8,1
|
ne sait pas
|
5
|
6,7
|
Total
|
75
|
100,0
|
Les enfants ont estimé que la présence de sang
dans les selles et la diarrhée seront les plus ressenties en cas
d'infection par la forme intestinale, respectivement dans 33,3 % et 29, 3% des
cas.
Tableau X : Répartition des élèves
en fonction de la durée d'infestation, enquête CAP
2012
Depuis quand pisses-tu du sang
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Cette année
|
18
|
42,9
|
il y'a 1 à 2 ans
|
15
|
35,7
|
C'est plus de 3 ans
|
9
|
21,4
|
Total
|
42
|
100,0
|
La durée d'infection la plus représentée
était au cours de cette année, soit 42,9 % des cas. Intervalle de
confiance (95%) : 28,08% - 58,93%.
30
Tableau XI : Répartition des
élèves en fonction de la source d'information sur la maladie,
enquête CAP 2012
Source d'information
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
A la radio
|
22
|
12,9
|
A la télévision
|
9
|
5,3
|
A l'école
|
66
|
38,8
|
Au centre de santé
|
18
|
10,6
|
Par les amis
|
55
|
32,3
|
Total 1
|
170
|
62,3
|
Aucune information
|
103
|
37,7
|
Total générale
|
273
|
100,0
|
L'école et les amis étaient les deux principales
sources d'information des enfants interrogés soit 24,2 % et 20,1 %
respective des cas.
3. ATTITUDES FACE A LA BILHARZIOSE
Tableau XII : Répartition des
élèves en fonction de la fréquentation du fleuve ou
marigot, enquête CAP 2012
Fréquentes-tu le canal, le fleuve ou le marigot
?
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
202
|
74,0
|
Non
|
70
|
25,6
|
Total
|
273
|
100,0
|
La majorité des élèves ont
déclaré avoir fréquenté le fleuve ou le marigot
dans 74 % des cas. Intervalle de confiance ( à la confiance de 95%) est
: 68,61% - 79,38%.
31
Tableau XIII : Répartition des
élèves en fonction des raisons de leur fréquence au
fleuve, enquête CAP 2012
Raison de la fréquence
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Baignades
|
93
|
46,1
|
Lessive, vaisselle
|
59
|
29,2
|
Pêche
|
32
|
15,8
|
Jardinage
|
6
|
2,9
|
Jeux
|
11
|
5,5
|
autre
|
1
|
0,5
|
Total
|
202
|
100,0
|
La baignade était la principale raison citée par
les interrogés qui leurs amenait au fleuve dans 46, 1% des cas.
4. PRATIQUES FACE A LA BILHARZIOSE
Tableau XIV : Répartition des
élèves en fonction de ceux qui ont parlé à
leurs parents, enquête CAP 2012
Quand tu as commencé à pisser du sang, en
as-tu parlé à tes parents ?
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
26
|
61,9
|
Non
|
16
|
38,1
|
TOTAL
|
42
|
100,0
|
La proportion des enfants ayant informé leurs parents
de la présence des signes de la maladie est, à la confiance du
95%, une valeur entre le 46,03% et le 77,78%.
32
Tableau XV : Répartition des
élèves en fonction de se que les parents ont fait après
information sur l'hématurie, enquête CAP 2012
qu'ont-ils fait quand tu leur as dit que tu pisses du
sang ? fréquence
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Ils n'ont rien fait
|
16
|
61,6
|
Automédication traditionnelle
|
1
|
3,8
|
Tradithérapie
|
0
|
0 ,0
|
Automédication moderne
|
0
|
0,0
|
Structure de santé
|
9
|
34,6
|
Total
|
26
|
100
|
Parmi les 26 enfants déclarés
avoir informé leurs parents sur la maladie, les parents ont recours au
centre de santé dans (34,6 %) 9/26 des cas.
Tableau XVI : Répartition des
élèves en fonction de motif de n'est pas parlé a leurs
parents, enquête CAP 2012
Pourquoi n'as- tu pas parlé à tes parents
?
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
J'ai eu peur
|
5
|
31,3
|
J'ai honte
|
6
|
37,4
|
Je ne veux pas
|
5
|
31,3
|
Total
|
16
|
100
|
Les enfants avoir honte de n'est pas informé leurs
parents sur l'hématurie dans 37,5 % des cas.
33
DISCUSSION
34
La tranche d'âge comprise entre 10 et 16 ans a
été choisie pour cette étude CAP afin d'apporter des
informations sur la perception de la bilharziose chez les groupes les plus
exposés. Les données ont été collectées
oralement par une interview qui a utilisé un questionnaire
structuré et standardisé. Les données ont
été analysées en fonction des objectifs de
l'étude.
En raison de la bonne corrélation entre la
présence de l'hématurie et l'excrétion d'oeufs de
Sch.haematobium en zone d'endémie comme cela a
été démontrée par plusieurs études (18 ; 19
; 23).
Nous avons considéré la présence de
l'hématurie comme indicateur pour l'estimation des cas de bilharziose
urinaire.
Cette proportion a été de l'ordre de 15,3% chez
les élèves enquêtés. Il n'a pas été
significativement différent en fonction de l'âge et la
localité. Par contre, en fonction de sexe, les garçons ont
été significativement plus touchés. L'éloignement
des sources de contamination des habitations peut expliquer cette variation
selon le sexe, si on suppose que les garçons sont capables d'aller se
baigner dans des points d'eau éloignés comme cela a
été déjà noté dans la haute vallée du
fleuve Sénégal (18).
L'hématurie terminale (sang dans les urines) signe de
la bilharziose urinaire a été perçue comme maladie dans
72,9% des cas. Auparavant, dans le bassin du fleuve Sénégal [17]
comme d'ailleurs dans les Oasis [22,23], l'hématurie terminale
était interprétée comme un signe de maturité de
l'enfant.
La douleur à la miction (forme urinaire) et la
diarrhée sanglante (forme intestinale) ont été
citées par les élèves ayant eu ces signes ou
symptômes respectivement dans 61,9% et 35,7% des cas. Le lien entre la
diarrhée sanglante et l'infection par Sch.mansoni a
été prouvé (24). Par contre ce lien entre la douleur
à la miction et l'infection à S.haematobium n`ont
cependant pas été prouvé.
Bien que les élèves n'aient pas pu faisant la
relation entre le contact avec l'eau et la maladie que dans 23,4%, ils pensent
que la maladie se contracte en buvant l'eau
35
insalubre dans 8,8%. Cette perception sur la contamination a
été également faite au Zimbabwe [9], au Cameroun [5, 24],
Ghana [2] et au Kenya [12]. Elle justifie la consommation d'eau potable
évoquée par les élèves enquêtés comme
moyen d'éviter la contamination.
Le lien entre la douleur abdominale et l'infection à la
forme intestinale a été défini dans 15,7% des cas. Les
douleurs abdominales n'ont pas été un bon indicateur de
morbidité dans le cas de notre étude contrairement à ceux
déjà noté dans d'autres pays (27).
La majorité des élèves ont
déclaré avoir déjà eu à se plaindre de
l'hématurie dans 42,9% des cas. Les infections datant de plus d'une
année étaient les plus représentées dans 57,1% des
cas. Cela peut évoquer la question sur l'efficacité des campagnes
de traitement de masse dans la zone?
Les activités citées et susceptibles de les
mettre au contact de l'eau contaminé ont été les baignades
dans 46,1% des cas, lessive dans 29,2% des cas, la pêche dans 15,8 % des
cas, les jeux dans 5,4% des cas, le jardinage dans 3,0% des cas.
La baignade dans le fleuve ou le marigot est très
pratiquée chez les élèves enquêtés où
74 % d'entre eux ont déclarés avoir fréquenté le
fleuve ou le marigot. L'absence des infrastructures de la jeunesse, des loisirs
et le manque d'eau potable dans la plus part des villages
enquêtés, peuvent d'être à l' origine des pratiques
à risque.
La marche pied nu évoquée comme cause de la
bilharziose se retrouve également dans deux enquêtes menées
par une équipe de l'Initiative pour la lutte contre les maladies
endémiques « MEDCINGO » en 2011 et 2012 (22 ; 23). En effet,
ces deux enquêtes ont montrés que la majorité des
enquêtés font le lien entre la marche pied nu et la
présence de l'hématurie, mais aussi au Ghana [2].
Les sources d'information de nos participants sur la
bilharziose ont été généralement, l'école
dans 24, 2% des cas, les amis dans 20,1% des cas, la radio dans 8,1% des cas.
D'après nos enquêtés, les médias et les structures
de santé ne sont pas impliqués dans la transmission des
informations sur la bilharziose. Les
36
communications inter amis viennent en deuxième position
comme sources d'information après l'école. En revanche, au
Zimbabwe, Gwatirisa et al. [9] ont trouvé que le personnel de
santé était la principale source d'information de la population
sur la bilharziose. Cela s'explique probablement par le fait qu'un seul des
villages enquêtés dans notre étude dispose d'un centre de
santé. L'information des medias constitue par conséquent un
facteur supplémentaire important de diffusion de l'information sanitaire
dans la communauté, surtout dans les villages ne disposant pas de poste
de santé.
Par contre dans les oasis de l'Adrar et du Tagant, en dehors
de l'école, les enfants n'ont eu aucune source d'information sur la
maladie dans une forte proportion (23).
Les élèves ont déclaré que leurs
parents ont recours aux centres de santé pour traiter l'hématurie
chez leurs enfants dans (34,6 %) des cas. Ceux qui ont fait usage de la
médecine traditionnelle au lieu de la médecine moderne ne sont
pas satisfaits dans leur majorité. La chimiothérapie doit
être soutenue par des activités d'EPS pour amener la population
à faire recours régulièrement au traitement moderne par le
praziquantel, mais aussi pour relever le niveau de connaissance de la
population par rapport à la maladie et au traitement.
La honte a été citée comme
première cause de non information des parents sur la présence
d'une hématurie dans 37,5% des cas. Ce taux concorde avec celui du
milieu des oasis où l'hématurie a été perçue
comme signe de maturité dans la majorité des répondants
(23). Cela témoigne de l'intérêt de l'éducation pour
la santé dans la lutte contre la bilharziose.
En somme, les changements de comportements ne peuvent
être importants que s'ils sont produits par une longue action d'EPS
soutenue par des mesures d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement
du milieu.
37
CONCLUSION
38
CONCLUSION
39
Au terme de notre étude qui portait sur 273
élèves dont l'âge variait entre 10-16 ans à
Keur-Macene dans la Wilaya du Trarza, plus de 72% de notre population
d'étude connaissaient la bilharziose urinaire comme maladie. Le mode de
contamination généralement rapporté était la
baignade au fleuve ou marigot. La forme intestinale de la bilharziose
était méconnue. Les sources d'information des
élèves sur la bilharziose étaient, l'école, les
amis et la radio. Les méthodes thérapeutiques rapportées
étaient le traitement médical et le traitement traditionnel.
40
RECOMMANDANTIONS
41
+ Aux autorités :
+ Renforcer la politique de sensibilisation sur la bilharziose
tout en insistant sur le mode de contamination dans les médias
(télévision, radio) et les animations pédagogiques.
+ Intégrer à partir de la 2éme année
fondamentale, des cours sur les bilharzioses dans les programmes d'enseignement
des écoles.
+ Disponibiliser le médicament (PZQ) aux niveaux des
villages endémiques,
+ Lutter contre la pauvreté et promouvoir l'apport en eau
potable.
+ A la population :
+ Consulter devant tout cas d'hématurie ou de
diarrhée glairo- sanguinolente.
+ Porter des gants et des bottes longues en plastique pour tous
travaux dans l'eau du fleuve ou marigot.
+ Utiliser toujours les latrines et lutter contre le péril
fécal, + Aux élèves :
+ Eviter de se laver dans les points d'eau contaminés
(fleuve, mares ou marigot), notamment à des heures chaudes,
+ Aux agents de santé :
+ Expliquer toujours aux patients les signes cliniques en
relation avec la maladie,
+ Organiser des séances d'Education, Sensibilisation et
des conférences débats autour de la maladie avec les populations
des zones endémiques,
42
BIBLIOGRAPHIES
1.
43
Aboubacar A, Garba A. Le projet de lutte contre la bilharziose
urinaire dans la vallée du fleuve Niger. In : Chippaux JP, ed. La lutte
contre les schistosomoses en Afrique de l'Ouest. Paris : IRD Éditions,
2000 : 105-17.
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Kojima S. Health education and community participation in the control of
urinary schistosomiasis in Ghana. East Afr Med J 1999 ; 76 : 324-9.
3. Baidy Lô, Niang S, Ouldelghadi I, Traouré A,
Baro A, Bâ O, Ouldabdallahi M, Shu J, Koita
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its control. Acta Trop. 77: 4151
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schistosomiasis control. Acta Trop 1996 ; 61 : 107-19.
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in Mauritania: two years of follow-up after a targeted chemotherapy- alife-
table approach of the risk of reinfection. Trop. Med. Parasitol 1990;
100:399-406.
7. Etard JF, Borel E. Epidemiological survey of urinary
schistosomiasis in southeastern Mauritania. Trop. Med. Parasitol 1987; 38:
27-30.
8. Geretilat S. Contibution à l'étude de
l'épidemiologie des bilharzioses humaine et animale en haute-Casamance
(Sénégal) et en Mauritanie. Rev. Elev. Med. Vét. Pays
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regards to schistosomiasis control using a plant molluscicide, Phytolacca
dodecandra. Cent Afr J Med 1999 ; 45 : 947.
10. Jacks A & Ouldabdallahi M. Possibilité de
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11. Kelaa Sraghna). Thèse 3éme cycle fac. Sci.,
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12. Kloos H, Ouma J, Kariuki HC, Butterworth AE. Knowledge,
perceptions and health behavior pertaining to Schistosoma mansoni related
illness in Machakos district, Kenya. Trop Med Parasit 1986 ; 37 : 171-5.
13.
44
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Haematobium dans le foyer de bilharziose d'Attaounia(province)
14. Marill FG,1961. Enseignements d'une première
enquête sur l'épidémiologique de la bilharziose à
Schistosoma haematobium en Mauritanie.
15. OMS. Rapport de la consultation informelle de l'OMS sur la
lutte contre la schistosomiase. Genève 2-4 décembre 1998.
WHO/CDS/SIP/99.2, 65 p.
16. OMS. Lutte contre la schistosomose. Rapport d'un
comité d'expert de l'OMS, Genève, série des rapports
techniques 1993 ; 830 ; 99 p.
17. OMVS. Enquête de base sur les indicateurs du
paludisme(MIS) et les connaissances, Attitudes et Pratiques sur la
schistosomiase et les géo helminthiases dans les pays du bassin du
fleuve Sénégal, rapport d'enquête, OMVS, 2009, 149p
18. OULDABDALLAHI.M; OULDBEZEID.M; DOP.C; DEM.E &
KONATE.LE. Epidemiology of human schistosomiasis in Mauritania. The right bank
of the Senegal River as model, Bult . Soc.Path. Exo, 2010, 103: 74_8.
19. OULDABDALLAHI.M; OULDBEZEID.M; GARBA.A ; MBAYE.A &
KONATE.L : Parasitoses intestinales et schistosomiases chez les écoliers
de la rive Mauritanienne du fleuve Sénégal, Annales Africaine de
médecine, 2010 ; N°1304.
20. Ouldmohamed Elhadj ML, Isselmou GH, Ouldabdallahi M, Shu
J (1998) La prévalence de la schistosomiase et des parasitoses
intestinales dans les wilayas du Gorgol, Assaba et Guidimagha. Doc Labo
Parasitol CNH, 8 p
21. Ouldabdallhi M. (2004) Épidémiologie de la
bilharziose chez les écoliers de la rive droite du fleuve
Sénégal, République Islamique de Mauritanie,
Congrès International de Parasitologie, 22-26 mai 2006. Dakar,
sénégal.
22. Ouldabdallahi M; Tandja A; Cheikh M& Ahmedou AS.
Prevalence de la bilharziose urinaire chez les populations des Oasis en
Mauritanie : exemple de trois localités de la région de l'Adrar
Mauritanie. Doc. MEDCINGO. 2012, 12 p.
23. Ouldabdallahi M; Khalihna H; Tandja A; Cheikh M.
Prévalence, connaissance attitudes et pratiques sur les bilharzioses en
milieu désertiques - Mauritanie. . Doc. MEDCINGO. 2011, 13 p.
24. Robert CF, Bouvier S, Rougemont A.
Épidémiologie, anthropologie et éducation pour la
santé. Forum Mondial de la Santé 1989 ; 10 : 390-9.
25. Sidatt M, Cuishu K. La bilharziose en République
Islamique de Mauritanie. Enquêtes effectuée entre 1979 et 1981.
Nouakchott, Ministère du Travail, de la santé et des affaires
Sociales, 1981, 24P.
26. Urbani A, Toure A, Hamad(Ouldabdallahi.M), Albonico M. et
Coll. Parasitoses intestinales et schistosomiases dans la vallée du
fleuve Sénégal en République Islamique de Mauritanie.Med.
Trop. 1997, 57 : 157 - 160.
45
27. Useh MF, Ejezie GC. Modification of behaviour and attitude
in the control of schistosomiasis. 1. Observations on water-contact patterns
and perception of infection. Ann Trop Med Parasitol 1999 ; 93 : 711-20.
46
TERMINOLOGIE ET ABRÉVIATIONS
Abréviations
47
BMR Biopsies de Muqueuse Rectale
Bi Biompharia
Bu Bilinus
CAP Connaissances Attitudes et Pratiques
CNH Centre National d'Hygiène
EPS Education Pour la Santé
FGD Discussion de groupe cible
HTP Hypertension Portale
IEC Information, éducation et communication
INRSP Institut National de Recherche en
Santé Publique.
MEDCINGO Mauritania Endemic Diseases control
initiative.
OMS Organisation mondiale de la
santé.
P Probabilité
PNLB Programme national de lutte contre la bilharziose
PZQ Praziquantel
Sch Schistosoma
48
ANNEXES
49
Annexe 1 : Questionnaires
I. IDENTIFICATION
Numéro de questionnaire [ ] [ ] [ ] [ ]
Date de l'enquête / /
Wilaya Moughataa
village Quartier (école)
Nom de l'enquêté(e)
Sexe [ ] 1=Masculin [ ] 2=F2=Féminin
Acceptez-vous de participer à cette étude? [ ] Oui
[ ] Non 1.1. Quel âge avez-vous ? (en années)
/______ /______/ ans
1.2. Avez-vous fréquenté l'école
? [ ] Oui [ ] Non
[ ] 1. Analphabète ; [ ] 2. Primaire ; [ ] 3. Secondaire ;
[ ] 4. Supérieur ; [ ] 5. Coranique ; [ ] 6. Mahadra,;
[ ] 9. Autres (préciser)
2.1. Est-ce que tu pisses du sang ou as-tu
déjà pissé du sang avant ? / 1= Oui 2= Non
2.2. Si oui, qu'est-ce qu'on ressent chaque fois que l'on
pisse ? / 1= Douleur
à la miction 2= Urines peu abondantes et
fréquentes
3= Envie fréquente de miction 4= Ne sait pas 5= Autres
à préciser
2.3. Depuis quand pisses-tu du sang (ou as-tu
pissé du sang) ? / 1= Cette année 2= il y'a 1
à 2 ans 3= C'est plus de 3 ans
2.4. Est-ce que tu sais comment tu l'as attrapé ?
/
1= En buvant de l'eau insalubre 2= En mangeant certains aliments
3= En se lavant dans l'eau du canal, de la
rivière 4= Par contagion 5= En marchant pied nu sur les
urines d'un malade 6= Ne sait pas 7= Autres à préciser
2.5. Pensez-vous que pisser du sang soit une maladie
?
1= Oui 2= Non 3= Ne sait pas
50
2.6. Fréquentes-tu le canal, le fleuve ou le
marigot ? /
1= Oui 2= Non
2.7. Si Oui pourquoi ? /
1=Baignades 2=Lessive, vaisselle 3=Pêche 4=Jardinage 5=Jeux
5= Autres à
préciser :
2.8. Si non pourquoi ? /
1=peur de noyade 2=peur des parents 3=dangereux pour la
santé 4=Autres à
préciser :
2.9. Quand tu as commencé à pisser du sang,
en as-tu parlé à tes parents ? /
1=Oui 2= Non
2.10. Si oui, qu'ont-ils fait quand tu leur as dit que tu
pisses du sang ? /
1= Ils n'ont rien fait 2=Automédication traditionnelle 3=
Tradithérapie 4= Automédication moderne 5= Structure de
santé 6= Autres à préciser :
2.11. Si non, pourquoi ? / 1= J'ai eu peur 2=
J'ai honte 3= Je ne veux pas
4= Autres à préciser :
2.12. Est-ce qu'on peut éviter d'attraper cette
maladie ? / 1= Oui 2= Non 88= Ne sait pas
2.13. Sais-tu qu'il existe aussi une forme intestinale de
la même maladie ? / 1= Oui 2= Non
2.14. Si oui peux-tu me dire quelques signes
associés à cette forme intestinale ? /
1=Sang dans les selles 2=Douleurs abdominales 3=Diarrhées
4=Constipation 5=Amaigrissement 6=Autres
à préciser :
2.15. Sais-tu comment peut-on éviter la maladie ?
/ 1= Oui 2= Non
2.16. Si oui Comment ? /
1=Ne pas manger certains aliments 2= Ne pas boire l'eau
insalubre
3=Ne pas se laver au marigot 4=Ne sait pas 5=Autres à
préciser
2.17. Comment as-tu été informé de
cette (s) action (s) de prévention ? /
1= A la radio 2= A la télévision 3= A
l'école 4=Au centre de santé
5=Par les amis 6= Autres à préciser
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Nom de l'enquêteur
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