Paragraphe B : Evaluation
L'évaluation est un point essentiel d'une politique
publique. Sans cela, toute politique publique perd de son sens : la
réponse à des besoins identifiés. Evaluer une politique,
c'est rechercher si les moyens juridiques, administratifs ou financiers mis en
oeuvre permettent de produire les effets attendus de cette politique.
L'évaluation, c'est d'abord mesurer l'efficacité d'une politique
publique à l'aide d'indicateurs, d'outils dont la rigueur doit
être la plus scientifique possible. Elle consiste par différentes
modalités, à s'interroger sur l'impact de la politique mise en
oeuvre. Elle se demande si les résultats obtenus correspondent aux
effets attendus, s'il faut modifier la politique dans sa conception ou dans sa
mise en oeuvre. Bref, l'évaluation nous permet d'apprécier
l'efficacité de l'action publique. Vu sous cet angle, la politique des
DSM a Parakou, osons le dire est inefficace. La réalité actuelle
est loin des effets attendus des différents projets
réalisés, en mot de la politique mise en oeuvre par la
municipalité en la matière. Mais pourquoi cette politique
actuelle de la municipalité est un échec ?
En effet, l'élaboration, le suivi et la mise en oeuvre
d'une politique publique doivent réunir tous les acteurs de la
société. Toutes fois, le noyau central du système doit
être l'administration municipale. Car bien que la mairie ait
délégué une partie de son pouvoir à DCAM, elle
demeure le seul responsable devant les citoyens et doit suivre de prêt
cette politique. A ce niveau, faute de spécialiste en environnement, la
mairie est obligée de compter à 100% sur l'expertise de DCAM, une
ONG donc relevant du privé. Nous avons remarqué lors de la
collecte des données que la mairie ne dispose même pas d'un chef
service voirie depuis un certain temps et c'est le Directeur des Services
Techniques qui se voit obliger d'accumuler ces fonctions. C'est clair que
ça ne marchera pas temps que nous allons continuer à naviguer de
cette façon. La mairie ne dispose même pas d'experts capables de
contrôler les activités de DCAM Béthesda. Le
mécanisme de suivi-évaluation doit répondre à une
exigence majeure : allier technicité et participation des acteurs.
La politique des DSM à Parakou souffre d'un système performant de
suivi-évaluation.
A Parakou, l'hygiène et l'assainissement sont fonctions
de la gestion des déchets à l'intérieur des habitations et
sur les lieux publics. Ils sont également fonctions de l'acuité
des dysfonctionnements organisationnels et structurels dans le secteur.
L'environnement physique dans lequel vivent les habitants de Parakou
présente un faible potentiel attractif caractérisé par
toutes les formes de pollution. La problématique de gestion
décentralisée, rationnelle et optimale des déchets
municipaux à Parakou n'a pas encore trouvé une solution efficace,
et durable. Les enjeux actuels sont majeurs et sont de plusieurs ordres. Primo,
le comblement des
caniveaux et bas fonds par les déchets de tous genres : c'est
le résultat du phénomène de rejet de déchets de
tous genres dans les caniveaux et révèle à quel point les
ménages banalisent la gestion de leurs ordures (pas de poubelles, peu
d'abonnement aux structures de ramassage, pas de lieux fixes et adéquats
de dépôt d'ordures), c'est aussi le fait de l'incivisme
généralisé dans la ville (le non respect de biens
publics). Secundo, la multiplicité des dépotoirs
sauvages : c'est le fait du faible taux d'abonnement des
ménages aux structures de ramassage des ordures, du faible taux de
couverture géographique de la ville par les activités de ces
structures, du regard impuissant des autorités communales et des
comportements peu civiques des populations. Tertio, la situation particulière au niveau de
certains lieux spécifiques. Ce sont des lieux comme l'abattoir, les
marchés, les restaurants etc. Ils produisent d'énormes
déchets solides alors que certains de ces lieux ne sont abonnés
à aucune structure de ramassage et même si c'était le cas,
les prestations de ces structures de collecte laissent à désirer.
L'évaluation de la politique des DSM mise en oeuvre
à Parakou permet de constater que 60% des ménages disposent de
poubelles contre 40% qui n'en disposent pas ; le nombre moyen de poubelles
par ménage est de 1 à 2 ; les poubelles disponibles sont
essentiellement en métal et en plastique ; seulement 1/3 des
ménages de Parakou sont réellement abonnés à une
structure de ramassage des ordures ménagères; Les structures
privées et ONG intervenant dans la filière ne disposent pas
d'équipements modernes. Ces réalités démontrent de
l'incivisme à outrance de la population diagnostiqué plus haut.
Cette population à réellement besoin d'être éduquer
à l'environnement. Les pratiques archaïques et rudimentaires des
structures de précollecte et de collecte ne sont pas aussi de nature
à rendre efficace la politique.
A peine les projets ISSUE-2 et PAGeD-2 ont pris fin, les
dépotoirs sauvages détruits n'ont pas tardé à se
reconstituer, les populations continues de faire plus foi à leurs
pratiques sauvages de gestion des DSM en faisant recours à des
dépotoirs sauvages qu'à une gestion intégrée et
durable des déchets fondée sur les principes
d'équité, d'efficacité, d'efficience et de
durabilité.
Le Projet d'Appui à la Gestion des Déchets et
à la Décentralisation (PAGeD-2) et le Programme de
Gestion Intégrée de l'Environnement Urbain (ISSUE-2), de 2008
à 2011, ont contribué à renforcer le système de
gestion des DSM à Parakou. Toutes fois, il faut des actions pour
maintenir les effets de ces projets tout en proposant de nouveaux projets pour
renforcer les acquis de ces derniers. L'autre réalité ayant
rapport aux défaillances du système de gestion des déchets
dans la ville, est l'ensemble des difficultés liées la
construction des points de regroupement. L'insuffisance de l'efficacité
du système de gestion mis en place, l'insuffisance de suivi
périodique du système de gestion, les mauvais comportements de la
population, le manque de synergie d'action entre les acteurs, l'insuffisance de
sensibilisation et l'impunité, c'est-à-dire le manque de sanction
des récidivistes ne sont d'aucun bénéfice à la
politique, ni dans le présent, ni dans le futur.
Au nombre des acquis cumulés des de la politique
actuelle des déchets municipaux à travers les projets mis en
oeuvre, nous pouvons entre autres noter que l'existence d'un partenariat entre
la municipalité de Parakou et DACM Béthesda est un grand atout
pour la mairie qui ne dispose pas pour le moment de cadres compétents en
environnement. Toutes fois, la mairie doit recruter des spécialistes des
questions environnementales pour conduire efficacement sa politique
environnementale. La nécessité de renforcement des
capacités de la commune en équipements et infrastructures
modernes de gestion des déchets n'est plus à démontrer.
La politique des DSM formulée dans la première
génération de PDM (2005-2009) de la ville de Parakou est
alcaïque et jusque là, l'élaboration de la deuxième
édition de PDM de Parakou entreprise depuis deux ans n'a pas encore
connue une fin et bien que le document soit déjà
réalisé, il n'est pas toujours publié. La politique des
DSM produit des résultats aussi bien dans les domaines
environnemental et social que dans le domaine économique. C'est pourquoi
cette politique doit être élaborée dans l'optique de la
croissance économique et du développement durable.
Approches pour une gestion intégrée et
durable des DSM à Parakou
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