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Analyse des outils de communication utilisés dans la lutte contre le paludisme au Burundi: cas du Programme National Intégré de Lutte contre le paludisme( PNILP )

( Télécharger le fichier original )
par Thierry et Denis KEZIMANA et UWIMANA
Université Lumière de Bujumbura - En vue de l'obtention du grade de licencié en sciences de la communication.  2011
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE LUMIERE DE BUJUMBURA

FACULTE DES SCIENCES DE LA COMMUNICATION

Option : Communication pour le Développement

ANALYSE DES OUTILS DE COMMUNICATION UTILISES DANS LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME AU BURUNDI : Cas du Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme (PNILP).

Par

Thierry KEZIMANA

et

Denis UWIMANA

Mémoire présenté et défendu publiquement en vue de l'obtention du grade de Licencié en Sciences de la Communication.

Sous la direction de:

M. Athanase NTIYANOGEYE

Bujumbura, Juillet 2011 2008

DEDICACES

A Dieu tout puissant,

A ma famille,

A ma très chère tante NTIBAGIRIRWA Anatolie pour

son amour, son attention, son dévouement et tant

de sacrifices consentis,

A mes neveux et nièces,

A mes cousins et cousines,

A tous mes amis pour leur encouragement et leur soutien,

A tous ceux qui me sont chers,

Je dédie ce mémoire.

Denis UWIMANA

A Dieu tout puissant,

A ma famille,

A tous mes amis pour leur encouragement et leur soutien.

A tous ceux qui me sont chers,

Je dédie ce mémoire.

Thierry KEZIMANA

REMERCIEMENTS

Au terme de cette recherche, nous ne manquerons pas de remercier toutes les personnes sans lesquelles le présent travail n'aurait pas pu être produit.

Nos vifs remerciements s'adressent d'une manière particulière à notre Directeur de mémoire Monsieur Athanase NTIYANOGEYE, Professeur à l'Université Lumière de Bujumbura qui a accepté de nous guider malgré ses multiples activités. Sa rigueur scientifique, ses critiques pertinentes nous ont permis de mener à bout notre travail.

Nous ne pourrions pas terminer notre travail sans remercier sincèrement le personnel du PNILP en particulier Monsieur Hypax MBANYE chargé du Suivi-Evaluation et Madame Goreth NKENGURUTSE, Point focal de l'IEC, qui ont accepté de nous orienter dans notre recherche malgré leurs multiples obligations. Qu'ils trouvent ici l'expression de nos sincères remerciements.

Nos sentiments de gratitude s'adressent également à tous les professeurs de la Faculté des Sciences de la Communication à l'ULBU, car l'aboutissement de ce travail est le fruit de leurs efforts.

A nos parents, à toutes nos parentés, à nos frères et soeurs, à nos amis et à toute personne qui a manifesté un esprit de soutien à notre égard au cours de notre formation, nous disons grandement merci pour leur concours inestimable.

Pour tous ceux qui, sans doute diront que nous avons oublié de les citer, nous gardons dans nos coeurs la chaleur que nous n'avons pas pu faire sortir en les citant dans ces quelques lignes.

SIGLES ET ABREVIATIONS

ABC : Association à Base Communautaire.

ADC : Agents de Développement Communautaire.

ALUMA : Action de Lutte contre la Malaria.

CCC : Communication pour le Changement de Comportement.

CED-CARITAS : Centre d'Entraide et de Développement-Caritas.

EPISTAT : Service National d'Epidémiologie et des Statistiques.

EPS : Education Pour la Santé.

F.A.O : Food and Agriculture Organization.

IEC : Information, Education, Communication.

IRD : Institut de Recherche pour le Développement.

J.M.P : Journée Mondiale du Paludisme.

J.N.P : Journée Nationale du Paludisme.

MIILDA : Moustiquaire Imprégnée d'Insecticide à Longue Durée

d'Action.

OMS : Organisation Mondiale de la Santé.

PNILP : Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme.

R.B.M : Roll Back Malaria.

R.I : Radio Isanganiro.

RPA : Radio Publique Africaine.

RSF/

BONESHA F.M : Radio Sans Frontières BONESHA FM.

RTNB : Radio-télévision Nationale du Burundi.

SCDSS : Sous Comité de Développement Socio-Sanitaire.

PSI : Population, Services, International

Op.cit : Opere Citato(ouvrage déjà cité)

SIDA : Syndrome d'Immunodéficience Acquise

VIH : Virus d'immunodéficience Humaine

« ... Plus on communiquera, plus notre société sera harmonieuse, plus grand sera notre bonheur. »

Ignacio RAMONET.

TABLE DES MATIERES Page

DEDICACES i

REMERCIEMENTS ii

SIGLES ET ABREVIATIONS iii

INTRODUCTION GENERALE 1

1. Problématique Communicationnelle 2

2. Le choix et intérêt du sujet 4

3. L'hypothèse de recherche 4

4. Méthodologie 5

4.1. Méthodes 5

4.2. Techniques de collecte des données 5

5. Objectifs de la recherche 6

5.1. Objectif général 6

5.2 Objectifs spécifiques 6

6. Délimitation du sujet 7 _Toc300666149

6.1. Dans le temps 7

6.2. Dans l'espace 7

7. Subdivision du travail 7

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 9

I.1. Cadre conceptuel et théorique 9

I.1.1. Définition du concept de communication 9

1.1.2. Les formes de communication qui cadrent avec la lutte contre le paludisme 11

1. La communication interpersonnelle 11

2. La communication de groupe 11

3. La communication de masse 12

I.1.3. Le concept de communication pour le développement 12

I.1.4. Le concept de paludisme 14

Définitions ............ 14

2. La prévention 14

3. La mortalité 15

4. La morbidité 15

5. L'I.E.C......... 15

I.2. Les théories de la communication 16

1. La théorie de stimulus-réponse 16

2. La théorie de la réception active 17

3. La théorie de la communication à deux étages ou Two Steps Flow of Communication 18

CHAPITRE II: LA SITUATION DU PALUDISME DANS LE MONDE, AU

BURUNDI ET PRESENTATION DU PNILP 21

II.1. Le paludisme dans le monde et son évolution 21

II.1.1. Le paludisme dans le monde 21

II.1.2. Evolution de la maladie 21

II.2. Les données épidémiologiques dans le monde 23

II.3. Le paludisme au Burundi 23

II.4. Les causes et facteurs de risques du paludisme 25

II.5. Les signes du paludisme 26

II.6. Les traitements 27

II.7. Le paludisme, une cause majeure de la mortalité en Afrique 28

II.8. Les conséquences socio-économique du paludisme 28

II.9. Présentation du PNILP 29

II.9.1. Les réalisations du PNILP en matière de communication. 30

II.9.2. Le PNILP dispose-t-il d'une stratégie de communication ? 32

II.10. Les autres acteurs dans la lutte contre le paludisme 33

CHAPITREIII:CADRE METHODOLOGIQUE DES OUTILS DE

COMMUNICATION UTILISES DANS LA LUTTE CONTRE LE

PALUDISME AU BURUNDI. 35

III.1. La communication à travers les médias publics 36

III.1.1. Les médias audiovisuels publics 36

1. La radio nationale 36

2. La télévision 37

III.1.2. Les médias écrits publics 38

1. Le Renouveau 38

2. L'hebdomadaire UBUMWE 39

III.2. A travers les médias privés 40

III.2.1. Les radios privées 40

2. La radio Isanganiro 42

3. La Radio Sans Frontières (RSF Bonesha FM) 42

4. La radio culture 43

III.2.2. A travers les médias écrits privés 43

1. Le journal Iwacu 44

2. Le journal Arc-en-ciel 44

III.3. A travers le service IEC/EPS du Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA 45

III.4. A travers le PNILP 46

III.5. Points de vue des responsables du PNILP et d'autres intervenants sur la communication contre le paludisme au Burundi. 47

III.6. Lecture critique de la communication sur le paludisme en général, et au 48

niveau du PNILP en particulier 48

_Toc300666207

CHAP.IV. PROPOSITION D'UNE STRATEGIE DE COMMUNICATION 52

IV.1. Justification de la stratégie 52

1. Synthèse des atouts 52

2. Synthèse des faiblesses 52

IV.2. Les étapes d'élaboration d'une stratégie de choix des outils de communication 53

IV.2.1. L'analyse de la situation 54

IV.2.2. L'élaboration de la stratégie 56

IV.2.3. Elaborer les messages clés 59

IV.2.4. La validation de la stratégie 60

CONCLUSION ET SUGGESTIONS 64

BIBLIOGRAPHIE 67 _Toc300666219

ANNEXES ... ...................................................................................69

INTRODUCTION GENERALE

Actuellement, la santé de la population constitue une préoccupation majeure dans les pays en voie de développement comme le Burundi. Parmi les maladies qui affectent gravement les Burundais figurent le paludisme. Cette maladie se classe en première position avant le VIH/SIDA. Le paludisme tue beaucoup de personnes et touche majoritairement les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Au Burundi, l'évolution du paludisme depuis les années 1990 montre une croissance élevée. Il serait sous forme endémo-épidémique et constitue de ce fait un problème de santé publique au regard des chiffres, de décès et des situations de morbidité enregistrés par les services du Ministère de la santé. Depuis 1991, les études menées par les autorités Burundaises en collaboration avec l'OMS montrent que «le paludisme s'étend sur les plateaux centraux (......), causant des épidémies meurtrières au sein de la population »1(*).

Aujourd'hui, au 3e millénaire, il est difficile de se passer de la communication qui est devenue un moyen incontournable dans tous les domaines de la vie. Nous estimons que la communication est un élément central des réponses développées face au paludisme bien qu'elle ne puisse pas être à elle seule une solution à tous les problèmes qui se posent. Le secteur de la santé qui était considéré comme une affaire des médecins et des agents de la santé, doit être accompagné par la communication surtout dans la sensibilisation et dans l'acquisition de nouvelles connaissances sur certaines épidémies et cela serait une occasion de conscientiser la population pour qu'elle change de comportement face à une épidémie donnée.

Ainsi, STOETZEL précise que « parmi les raisons de besoin d'être informés, il y a l'intention de se mêler aux problèmes de l'actualité, de participer aux connaissances et aux opinions de groupe »2(*)

Enfin, la communication est efficace quand les messages élaborés et les outils de communication choisis tiennent compte du contexte socioculturel de la population afin d'éviter les influences indésirables. C'est ainsi que dans la présente étude intitulée : « L'analyse des outils de communication utilisés dans la lutte contre le paludisme au Burundi : Cas du PNILP », nous voulons analyser la place des outils de communication dans la prévention du paludisme.

Dans cette partie introductive, nous allons évoquer la problématique, le choix et l'intérêt du sujet, l'hypothèse de recherche, la méthodologie, la délimitation et la subdivision du travail.

1. Problématique Communicationnelle

Le paludisme reste une maladie endémique dans beaucoup de pays du Tiers-Monde et plus particulièrement en Afrique Subsaharienne. En considérant le nombre de victimes que cette maladie occasionne, le paludisme est devenu un problème social qui fait que presque tous les pays de cette zone géographique ont mis en place des programmes de lutte contre cette maladie. Ainsi,

« environ 90% de tous les décès actuellement dus au paludisme dans le monde surviennent en Afrique. La majorité des infections en Afrique sont en effet imputables au plasmodium falciparum, la plus dangereuse des 4 espèces de protozoaires. On estime qu'un million de personnes, pour la plupart des enfants de moins de 5 ans meurent chaque année en Afrique suite au paludisme. »3(*)

Le paludisme est une maladie qui fait des ravages dans le monde en général et au Burundi en particulier. Il exerce ces ravages sous forme endo-épidémique et constitue le premier problème de santé publique sur le plan de la morbidité et de la mortalité. Selon le rapport annuel EPISTAT 2010, chaque année plus d'un million de cas de paludisme sont notifiés dans tout le pays : 34,5% des malades paludéens sont des enfants de moins de cinq ans et constitue la catégorie la plus touchée et 2,4% des malades sont des femmes enceintes. Le paludisme représente 77,4% de cas de morbidité pris en charge dans les centres de santé tandis que le taux de mortalité est de 37,8% en 20104(*).

Au niveau mondial, en nombre absolu, cette maladie tue journalièrement 3000 enfants de moins de 5 ans. Elle cause donc une mortalité très supérieure à celle du SIDA. Les enfants mortellement atteints meurent souvent moins de 72 heures après l'apparition des symptômes.

Le paludisme est aussi particulièrement dangereux pendant la grossesse. Il cause une anémie chez les femmes dans les régions d'endémie palustre. Ainsi, il contribue à l'anémie mortelle, au faible poids à la naissance et à la mortalité infantile. C'est la cause principale la plus connue de l'avortement spontané dans beaucoup de pays africains.

En définitive, les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans sont les plus vulnérables au Burundi. Une des solutions face à cette problématique est que la communication efficace peut constituer la base de changement de comportement chez tous les concernés : les femmes, leurs familles, les leaders communautaires, les directions de programmes, etc. Selon WATZLAWICK et ses collaborateurs : « La communication ne fait pas que véhiculer de l'information, elle impose aussi un comportement.»5(*)

La lutte antipaludique n'est pas du ressort exclusif des agents de santé. C'est l'affaire de tout le monde et chacun doit y contribuer. Tous les membres de la communauté doivent y être associés car elle exige la participation de tous. Mais toutes les activités doivent être accompagnées par la communication. Nous allons travailler autour d'une question générale de recherche formulée comme suit : le PNILP dispose-t-il des outils de communication qui accompagnent ses activités ? A partir de cette question générale, il ya d'autres interrogations auxquelles nous allons tenter de trouver des réponses. Ces interrogations sont entre autres : Est-ce que ces outils sont en mesure de contribuer à réduire le taux de morbidité et de mortalité au Burundi ? Dans le cas contraire, quelle serait la stratégie de communication à adopter ? Nous allons vérifier que ces outils de communication affichent des atouts remarquables ou alors s'ils affichent des faiblesses. Dans ce cas là, nous allons proposer une stratégie de communication adaptée à la lutte contre le paludisme au Burundi.

2. Le choix et intérêt du sujet

Le choix de notre sujet a été essentiellement guidé par trois intérêts à savoir : l'intérêt scientifique, l'intérêt social et l'intérêt personnel. Pour le cas de l'intérêt scientifique, étant donné que le paludisme constitue la première cause de morbi-mortalité au Burundi, nous ne pouvions pas fermer les yeux en tant que jeunes chercheurs devant un fléau qui décime des vies humaines, d'où nous pensons que ce travail constitue une contribution dans la lutte contre le paludisme au Burundi. Aussi parmi nos profondes motivations qui nous ont poussés à mener une telle recherche il y a aussi l'intérêt social, le paludisme constitue un facteur de sous-développement de la société du fait qu'il est à l'origine des problèmes sociaux comme la prévalence de la morbidité dans les ménages et dans les milieux du travail. En effet, la lutte contre le paludisme est une lutte pour le développement de la société. Enfin, l'intérêt personnel a motivé notre recherche. Nous avons voulu connaître la place qu'occupent les outils de communication dans la lutte contre le paludisme puisque aujourd'hui la communication est perçue comme un facteur incontournable dans tous les domaines de la vie ; d'où nous allons analyser les outils de communication utilisés par le PNILP.

3. L'hypothèse de recherche

Selon SAN Martin FERRARI,

« une hypothèse est une affirmation provisoire concernant la relation entre deux ou plusieurs variables qui interviennent dans la causalité du phénomène, le but de la recherche sera de confirmer, d'infirmer ou de nuancer cette affirmation. »6(*)

Au cours de notre travail, nous allons travailler à partir de l'hypothèse formulée comme suit : Le PNILP ne parvient pas à lutter efficacement contre le paludisme, car ses activités ne sont pas accompagnées par des outils de communication adaptés.

4. Méthodologie

Toute méthode suppose des techniques, des procédés bien définis « qui permettent à un chercheur de rassembler, d'analyser et de donner du sens à des informations originales sur un sujet donné ».

4.1. Méthodes

Pour bien mener notre travail, nous avons exploité 3 méthodes :

- La méthode descriptive : Elle est basée sur la description des faits. Elle nous a permis de décrire la situation du paludisme au Burundi, et de relever les outils de communication utilisés par le PNILP.

- La méthode corrélationnelle : C'est la mise en relation de plusieurs phénomènes. C'est mettre sur la balance ce qui devrait être fait et voir pourquoi cela n'est pas fait. Cette méthode nous a permis de connaître les raisons qui font que le taux des paludéens augmente malgré les efforts consentis pour lutter contre cette maladie.

- La méthode qualitative : ce sont des informations reflétant les attitudes ou les valeurs relatives à notre étude. Les résultats consistent à recueillir des informations descriptives expliquant les tendances dans les croyances et les attitudes de nos enquêtés. Ici nous avons exploité la lecture critique de la communication sur le paludisme en général, et à travers le PNILP en particulier. Nous avons également recueilli des points de vue des responsables du PNILP et d'autres acteurs.

4.2. Techniques de collecte des données

Comme techniques de collecte des données, nous avons eu recours à :

- La technique documentaire basée sur les documents écrits et les documents audiovisuels. Pour bien faire notre analyse, nous avons exploité les ouvrages et les documents déjà réalisés à ce sujet et qui peuvent servir de point de repères à notre travail. Les documents en rapport avec le paludisme ont attiré notre attention. Toutefois, nous avons fait appel aux documents qui vont servir de guide méthodologique tout au long de cette analyse. Dans le but de compléter les informations tirées des documents écrits, nous avons procédé à l'écoute des émissions audiovisuelles déjà produites par l'IEC lors des campagnes de lutte contre le paludisme (exemple le ciné mobile projeté dans cinq communes de la Province Ngozi dont le thème était le suivant : Turwanye Malaria)

- La technique d'entretien. Cette technique a été utilisée lors de la collecte des informations relatives à notre travail. Nous nous sommes entretenus avec différentes personnes ressources oeuvrant dans le secteur de la santé, ainsi que les différents partenaires dans la lutte contre le paludisme, notre groupe cible lors du travail sur le terrain, et d'autres personnes impliquées dans la lutte contre le paludisme au Burundi. Il s'agit des responsables du PNILP, ceux de PSI et CED-Caritas, ainsi que les producteurs des émissions sur la santé.

5. Objectifs de la recherche

L'objectif de recherche de notre travail est d'analyser les outils de communication utilisés dans la lutte contre le paludisme au Burundi.

5.1. Objectif général

- Il s'agit d'analyser l'efficacité et les contraintes des outils de communication utilisés par le PNILP dans la lutte contre le paludisme au Burundi.

5.2 Objectifs spécifiques

- Relever les outils de communication utilisés par le PNILP dans la lutte contre le paludisme.

- Faire une lecture critique de la communication sur le paludisme en général, et à travers le PNILP en particulier.

- Analyser les points forts et les points faibles de la communication sur le paludisme au Burundi.

- Proposer une stratégie de communication mieux adaptée à la situation.

6. Délimitation du sujet

En vue de bien mener notre analyse, nous avons délimité notre travail dans le temps et dans l'espace.

6.1. Dans le temps

Notre travail s'est proposé de couvrir une période de 3 ans à savoir la période de 2008 à 2010. Le choix de cette période se justifie par la raison suivante : c'est au cours de cette période que le gouvernement a mis en place le Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme (PNILP). La borne supérieure de 2010 nous aidera à recueillir des données récentes sur le paludisme au Burundi. Les activités de 2011 au cours du premier trimestre vont également nous intéresser.

6.2. Dans l'espace

Notre analyse s'est focalisée sur les outils de communication utilisés dans la lutte contre le paludisme au Burundi en général, et par le PNILP en particulier. Notre attention a été orientée sur le PNILP en nous focalisant sur les outils de communication utilisés par cette institution.

7. Subdivision du travail

Le premier chapitre présente le cadre conceptuel et théorique. Il a été surtout question des concepts clés, nécessaires pour la compréhension de notre travail, ainsi que les théories de la communication qui peuvent être adaptées à notre travail.

Le deuxième chapitre montre la situation du paludisme dans le monde, et au Burundi ; ainsi que son évolution. Dans ce chapitre, nous évoquons le programme du PNILP, son historique ainsi que sa mission.

Le troisième chapitre présente les contraintes communicationnelles liées à la lutte contre le paludisme au Burundi à travers les médias publics et privés, le service IEC du Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA et le PNILP. Nous faisons également une lecture critique de la communication sur le paludisme au Burundi en général, et à travers le PNILP en particulier.

Le quatrième chapitre est consacré à la proposition d'une stratégie de communication mieux adaptée à la lutte contre le paludisme au Burundi. Le travail se termine par une conclusion générale et des suggestions.

CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

I.1. Cadre conceptuel et théorique

Ce chapitre n'a pas l'intention de donner un cours théorique de concepts et de théories sur les outils de communication utilisés dans le processus de lutte contre le paludisme au Burundi. Il consiste à offrir au lecteur une idée sur les concepts et les théories qui dominent le champ dans cette étude.

I.1.1. Définition du concept de communication

La communication est un élément indispensable dans la vie d'une société car, on ne peut pas ne pas communiquer selon WATZLAWICK. Le verbe « communiquer » et le mot « communication » qui en dérive sont l'un et l'autre polysémiques. Cela signifie qu'elle comporte une pluralité de significations ; ce qui fait que tous les chercheurs se complètent sur la définition de la « communication ». Cela étant utilisé dans différents domaines et chaque chercheur la définit en fonction de ce qu'il aborde.

Une multitude de définitions a été donnée mais, nous allons en retenir quelques-unes. Selon Claude ROY,

« la communication est un processus verbal ou non par lequel on partage une information avec quelqu'un ou avec un groupe de manière que celui-ci comprenne ce qu'on lui dit. Parler, écouter, comprendre, réagir... constituent les différents moments de ce processus. La communication permet aux partenaires de se connaître, d'établir une relation entre eux. Cela peut entraîner des modifications d'attitude et de comportement. »7(*).

En matière de lutte contre le paludisme, cette définition vise le partage des informations entre tous les partenaires.

Pour la FAO, « la communication est un processus dynamique au cours duquel un émetteur et un récepteur échangent des informations, des idées, des opinions, des sentiments, ou des réactions. »8(*)

Quant à Simon PIERRE, « la communication est tout comportement qui a l'objectif de susciter une réponse ou un comportement spécifique de la part d'une personne ou d'un groupe spécifique. »9(*)

Par ailleurs, cet auteur écrit que la communication est un processus de transmission d'un message qui se fera grâce à un code qui peut être transformé par des gestes, des mots, d'expression,...

De toutes les définitions qui ont été données au concept de « communication », on constate d'une part que chacune d'elles est libellée de façon quelque peu différente des autres. Chaque définition dépend donc de la personne, de son domaine et du contexte dans lequel le concept est utilisé.

D'autre part, il ressort de cela que chaque définition fait intervenir une notion de processus de communication tout en omettant une autre. Ainsi, la définition précédente, bien qu'elle mentionne celle du « code » omet la notion de « canal » qui est aussi importante, car sans canal, la communication est nulle.

A ce propos, Mc LUHAN signale que « le passage c'est-à-dire le contenu de la communication est accessoire, le véritable message c'est le média qui le dérive en soi exerçant une action d'autant plus profonde qu'elle nous échappe. »10(*)

COOLEY, lui en considérant la communication comme un aspect intégrant de la conception sociologique, la définit comme

« le mécanisme par lequel les relations humaines existent (tous les symboles spirituels et les moyens qui servent à les transporter dans l'espace et dans le temps) ; il comprend l'expression du visage, les mots et l'écriture, l'imprimerie, le chemin de fer, le télégraphe, le téléphone, et y compris la dernière performance, ce qui sert à la conquête de l'espace et du temps. »11(*)

Dans la lutte contre le paludisme, cette définition contribuerait à la conception et à l'impression des documents qui peuvent aider dans la prise de conscience en vue de diminuer l'impact de ce fléau.

1.1.2. Les formes de communication qui cadrent avec la lutte contre le paludisme

1. La communication interpersonnelle

La communication interpersonnelle est une forme de communication basée sur l'échange entre deux ou plusieurs personnes, qui sont face à face ou qui interagissent entre elles en adressant un message à un ou plusieurs interlocuteurs.

La posture, la façon de s'habiller, l'attitude, etc., d'une personne peuvent indiquer beaucoup de choses à son interlocuteur. Elles peuvent renseigner sur son caractère ou son tempérament.

Dans la lutte contre le paludisme, on utilise la communication interpersonnelle c'est-à-dire un dialogue confidentiel entre le patient et le médecin en vue de permettre au client de surmonter le stress et de prendre des décisions personnelles par rapport à la gravité du paludisme.

2. La communication de groupe

La communication de groupe part d'un émetteur et s'adresse à une catégorie de personnes bien déterminées qui ont une relation d'interaction. La communication de groupe permet l'échange entre les individus et crée une relation de réciprocité. La communication de groupe est complexe et multiple car elle est liée à la taille du groupe, à la fonction du groupe, et à la personnalité des membres qui les composent. Ce type de communication est efficace dans la lutte contre le paludisme surtout quand il s'agit des réunions, des informations et des renseignements ou des exposés faits par le personnel de santé à l'intention de son public cible.

3. La communication de masse

Alphonse SILBERMAN indique12(*) que la communication de masse est un processus qui consiste à faire connaître des informations, des idées, des attitudes à un public nombreux et diversifié par l'entremise des médias créés à cette fin.

Les supports de communication sont : la radio, la télévision, les journaux, les affiches, les pancartes, les panneaux publicitaires, les sketches télévisés ou radiodiffusés, les cassettes vidéos,...

Pour le cas de notre travail, la communication de masse peut intervenir dans le domaine de la sensibilisation sur les différents thèmes liés à la santé de la population en général, et dans la lutte contre le paludisme en particulier. Cette communication est surtout efficace par l'intermédiaire de la radio en milieu rural car elle s'adresse à la fois aux instruits et aux analphabètes.

A la lumière de nos différents modes de communication, nous pouvons à notre tour dire que la communication est un outil efficace dans la prise de décision et le changement de comportement chez la population cible.

I.1.3. Le concept de communication pour le développement

Tout comme la notion de communication, la notion de développement se situe dans un contexte humain pour étudier la relation de réciprocité qui lie les personnes et qui engendre un dynamisme entre elles. Les deux notions sont donc complémentaires.

Le développement en soi est

« un long processus de changement d'ordre quantitatif et qualitatif intervenant dans une société au plan politique, économique, social et culturel menant vers un bien-être individuel et collectif. Le rôle de la communication est décisif pour promouvoir un développement qui prend en compte la dimension humaine dans le climat de changement social. »13(*)

Or on ne peut pas prétendre parler du développement sans pour autant parler de la santé de la population, d'où l'importance de ce concept.

De nos jours, la notion de communication et la notion de développement continuent à évoluer et ont donné naissance à plusieurs notions entre autres celle de la communication pour le développement qui est

« l'utilisation de façon planifiée et organisée des techniques et des moyens de communication (médiatiques et non médiatiques) pour promouvoir le développement, à travers un changement d'attitude et/ou de comportement en diffusant l'information nécessaire et en suscitant la participation active et consciente de tous les acteurs, y compris des bénéficiaires au processus. »14(*)

La communication pour le développement utilise tous les dispositifs et moyens de partage de l'information. Elle n'est donc pas limitée aux seuls médias de masse, mais elle mobilise également des groupes formels et des canaux informels de communication, comme les associations de jeunes ou de femmes, ainsi que les lieux de polarisation de la population comme les églises, les festivals ou les rassemblements.

En bref, la communication pour le développement est une fonction légitime de planning et de mise en oeuvre du développement. Elle doit être considérée comme une « technologie » utile pour mettre en oeuvre le processus de communication sociale visant à favoriser et à renforcer le développement durable au niveau local et international.

I.1.4. Le concept de paludisme

Définitions

1. Le paludisme

Il se définit comme étant « une maladie parasitaire endemo-épidémique provoquée par des protozoaires du genre plasmodium ».15(*)

Selon le dictionnaire médical pour les régions tropicales, « le paludisme est un malaise général accompagné de fièvre apparaissant pendant quelques jours qui précèdent les accès paludéens aigus chez un sujet prémuni »16(*). Toutes ces définitions nous aident à comprendre le concept de paludisme.

Le dictionnaire médical ajoute « que le paludisme est une maladie généralement caractérisée par une fièvre dépourvue de signes généraux de danger tels que les convulsions, la léthargie ou l'inconscience, le refus de téter ou de boire, les vomissements incoercibles ».

2. La prévention

GARNIER DE LAMARE17(*) indique que c'est l'ensemble des mesures destinées à éviter la survenue d'accidents ou bien d'apparition (prévention primaire) ou aggravation (prévention secondaire) de maladies ainsi que des moyens dont le but est d'en limiter les séquelles (prévention tertiaire).

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la politique de prévention a pour but d'améliorer l'état de la santé de la population en évitant l'apparition, le développement ou l'aggravation des maladies ou accidents en favorisant les comportements individuels et collectifs pouvant contribuer à réduire le risque de maladie ou d'accidents. A travers la promotion de la santé, cette politique donne à chacun les moyens de protéger et d'améliorer sa propre santé. Pour le cas du paludisme qui nous intéresse particulièrement, la prévention peut passer par exemple par l'utilisation des moustiquaires imprégnées.

3. La mortalité

Selon le dictionnaire des termes de médecine18(*), « la mortalité ou taux de mortalité est le rapport qui existe entre le nombre de décès et le chiffre de la population où ils se sont produits, pendant un temps déterminé, généralement l'année en moyenne, unité de temps ». Comme nous l'avons déjà évoqué, la mortalité due au paludisme s'élève à 37,8% ; et cela explique la gravité de la maladie au Burundi.

4. La morbidité

En termes épidémiologiques,

« la morbidité est le nombre de personnes souffrant d'une maladie donnée, pendant un temps donné, en général une année dans une population. L'incidence (les nouveaux cas), la prévalence (la somme de tous les cas) sont deux façons d'exprimer la morbidité d'une maladie19(*) ».

Au Burundi, le paludisme constitue un problème de santé publique de premier plan. Toutes les catégories de la population sont affectées par cette maladie, en particulier les enfants et les femmes enceintes.

5. L'I.E.C

C'est une abréviation signifiant en toutes lettres, « Information, Education et Communication ». L'IEC a comme activité d'influencer ou d'exercer le changement de comportement à l'endroit d'une ou plusieurs personnes dans ses pratiques à travers les canaux et supports de communication. L'IEC a pour but d'informer, de convaincre et de mobiliser la population cible pour que cette dernière se décide et agisse pour être responsable de leur santé.

Le Service National d'Education pour la Santé indique que20(*) :

. L'information est l'ensemble des messages utiles au changement de comportement désiré.

. L'éducation favorise l'apprentissage du comportement désiré, c'est-à-dire un processus par lequel un individu ou un groupe est exposé à un apprentissage, généralement sur une certaine période, et qui chemine vers l'acquisition des connaissances (savoir, savoir-faire, savoir être)

. La communication implique un échange d'information entre un émetteur et un récepteur chez qui l'on veut susciter le comportement désiré. Ces trois principes de l'IEC peuvent être adaptés au paludisme.

I.2. Les théories de la communication

La théorie est une façon d'expliquer ou de comprendre des réalités souvent complexes en proposant une interprétation à un certain niveau de généralité de pensée.

Ainsi, pour ce qui est de notre étude, trois théories de communication nous ont paru d'une grande utilité. Il s'agit des théories de :

- stimulus-réponse

- la réception-active

- la communication à deux étapes ou Two Steps flow of communication

1. La théorie de stimulus-réponse

Les principes de base de ce modèle est que les médias sont puissants et entraînent des réactions prévisibles chez les individus qui s'y exposent. Ce modèle insiste sur les effets des médias à court terme et croit que ces derniers peuvent provoquer ou modifier les comportements. Ils donnent beaucoup plus d'importance à l'émetteur et pas au récepteur. On pense notamment aux 5 W de LASSWELL : who says what to who through which channel with what effect (Qui dit quoi à qui à travers quel canal, avec quel effet),... or, ces questions valent aussi bien dans le sens du récepteur que dans le sens du récepteur vu comme émetteur vers d'autres récepteurs.

En bref, ce modèle met l'accent sur «  les effets directs et puissants des médias sur l'isolement social du public afin d'entraîner la persuasion. Il compte sur une communication persuasive en utilisant une méthodologie psychologique sur une masse aliénée, tétanisée et amorphe ».21(*) Pour le cas de notre travail, la théorie de Stimulus - Réponse peut être utile en matière de lutte contre le paludisme du fait que tout le monde a besoin d'être informé sur ce fléau afin qu'il puisse adopter un comportement adéquat pour se protéger. Mais la théorie néglige le feedback, d'où elle doit être complétée par d'autres théories.

Schéma n°1 : Le processus de communication selon LASWELL22(*)

Avec quel effet ?

A qui ?

Par quel canal ?

Dit quoi ?

Qui ?

Emetteur Message Média Récepteur Effet

Analyse du

contrôle des Analyse de Analyse Analyse des Analyse

organisations contenu des médias auditoires des effets

2. La théorie de la réception active

Le principe de base de ce modèle est les études culturelles. Cela signifie que les études de la communication entraînent l'étude de la culture. Et le tout engendre une réception active. Les gens acceptent les messages liés à leur culture. Le récepteur décode le message en fonction non seulement de sa culture, mais aussi de sa vision et de son environnement.

Stuart HALL (1973-1980) est le pionnier de l'approche de la réception-active développée par les études culturelles en Angleterre. Contrairement à la conception de victimisation de la communication selon le modèle stimulus-réponse, HALL présente trois manières hypothétiques de décodage du message par le récepteur désormais actif :

1° Le récepteur peut décoder le message en utilisant le même code que celui utilisé pour encoder ce message. C'est le sens voulu par l'encodeur. Il y a acceptation totale du message.

2° Le récepteur peut décoder le message après négociation. Il y a une partie du message qui est rejetée et une autre qui est acceptée et adaptée. Il y a acceptation partielle du message.

3° Le récepteur peut décoder le message, dans le sens diamétralement opposé à celui de l'encodeur ; ce qui produit un effet boomerang. Il y a rejet total du message.

En effet, la théorie de la réception-active peut être efficace dans la lutte contre le paludisme, à condition que la conception des messages et des supports de la communication soit faite en tenant compte du public cible et de sa culture. Sur base de cela, il y a acceptation des messages et des supports de communication et par conséquent le changement de comportement face à cette maladie paludique peut être observé. Dans le cas contraire, si on ne tient pas compte du groupe cible et de sa culture, il y a rejet total des messages et il n'y aura pas de changement de comportement.

3. La théorie de la communication à deux étages ou Two Steps Flow of Communication

La théorie de Two Steps Flow of Communication a été élaborée par deux auteurs: Katz et Paul LAZARSFELD.

« Tirant des enseignements de diverses enquêtes réalisées au cours des campagnes électorales, spécialement aux Etats-Unis les deux acteurs élaborent une théorie connue sous le nom de communication à deux étages ou Two Steps Flow of communication. »

Selon leur interprétation qui, depuis cette date, fait autorité, les messages des médias atteignent d'abord certaines personnes plus sociables et plus influentes que les autres, ensuite ces personnes qui sont parmi les mieux informées, transmettent l'information reçue dans le cadre de la relation en face à face et à l'intérieur du groupe plus ou moins restreint.

Certes, il faut souligner que les gens optent facilement pour les idées ou les opinions qui sont en accord avec leurs attentes, leurs convictions et leurs croyances. La plupart du temps, il peut arriver que les membres d'un groupe réfutent les informations ou les demandes de leurs leaders tout simplement parce qu'elles vont à l'encontre de leurs croyances.

La culture des gens, leur milieu, leur niveau de formation sont des facteurs qui peuvent influencer le jugement qu'ils portent sur les messages émis par les médias à leur endroit.

Ainsi, le lien entre les individus et les médias n'étant pas direct comme le démontre cette théorie, les leaders doivent posséder des connaissances de qualité et afficher un comportement qui puisse les rendre crédible pour pouvoir gagner la confiance des autres membres de la société et influer sur leurs comportements.

En se référant à notre étude, nous pensons que l'autorité politique, l'autorité religieuse, l'autorité sanitaire, les enseignants en général, les présidents des associations constituent de véritables leaders d'opinion. Habituellement, ils forment des catégories de gens dont la crédibilité est rarement mise en cause par la communauté burundaise. Par là, le choix de cette théorie dans la lutte contre le paludisme est nécessaire en ce sens qu'elle permet aux gens socialement influents dans la communauté de transmettre l'information aux différents publics concernés pour relayer les médias.

Après avoir examiné ces théories, qui à notre sens sont complémentaires, nous constatons que d'une part, les leaders d'opinions peuvent jouer un rôle crucial dans une situation telle que la lutte contre le paludisme par l'intermédiaire des moyens de communication, d'autre part l'adéquation entre les messages émis et les outils de communication utilisés constitueraient aussi une base pour la réussite de toute action de ce genre.

En faisant une minutieuse adéquation entre les messages et les outils de communication utilisés, on aboutirait à d'excellents résultats lors d'une campagne de lutte contre le paludisme.

Le premier chapitre était consacré au cadre conceptuel et théorique. C'est dans ce chapitre que nous avons défini les concepts nécessaires pour la compréhension de notre travail. Le chapitre a également évoqué quelques théories de la communication qui pourraient être adaptées à la lute contre le paludisme au Burundi. Le deuxième chapitre sera consacré à la situation du paludisme dans le monde et au Burundi.

CHAPITRE II: LA SITUATION DU PALUDISME DANS LE MONDE, AU BURUNDI ET PRESENTATION DU PNILP

II.1. Le paludisme dans le monde et son évolution

Comme nous l'avons déjà évoqué dans l'introduction, le paludisme est une réalité dans certaines parties du monde, et au Burundi où ses victimes se comptent par milliers. Cette maladie affecte principalement les pays africains, du fait que le climat le favorise.

II.1.1. Le paludisme dans le monde

Le paludisme (du latin, palus, paludis, marais), appelé aussi malaria (de l'italien malaria, mauvais air), est une parasitose due à un protozoaire transmise par la piqûre d'un moustique provoquant des fièvres intermittentes.

Il est la cause d'environ deux millions de décès chaque année dans le monde. C'est une maladie grave, qui peut être mortelle si des soins appropriés ne sont pas apportés. Environ 40% de la population mondiale des pays les plus pauvres du monde sont exposés au paludisme. Il tue aussi un enfant africain toutes les 30 secondes. A cela s'ajoutent des résistances médicamenteuses témoignant de l'ampleur du fléau et du peu d'efficacité de la lutte antipaludique23(*).

II.1.2. Evolution de la maladie

Une étude qui a été menée en 199924(*) rappelle que le paludisme ne date pas de notre ère. Les premières descriptions cliniques sont mentionnées dans les papyrus d'Ebers en Haute Egypte 1550 ans avant Jésus-Christ. Hippocrate le Grand ou Hippocrate de Cos (460 av J.C-370), médecin grec considéré comme le père de la médecine moderne en a décrit tous les symptômes cliniques 400 ans avant l'ère chrétienne. L a même étude indique qu'avant 1630 Ap. Jésus-Christ, on distingue déjà parmi les fièvres intermittentes, les fièvres des marécages.

L'ère du quinquina commence au Pérou en 1963 où des Jésuites remarquent que le quinquina est utilisé par les Indiens dans le traitement des fièvres et l'apportent à Rome sous forme de poudre d'écorce dans un but thérapeutique.

L'étude mentionnée à la page précédente indique qu'en 1920, deux pharmaciens français PELLETIER et Caventou en isolent le principe : la quinine. En 1830, MAILLOT, le médecin français l'utilise au cours de la campagne d'Algérie. En 1880, l'agent pathogène est découvert par Charles Louis Alphonse LAVERAN, médecin militaire français, parasitologiste et pionnier de la médecine tropicale connu pour avoir découvert en 1880 le parasite protozoaire, responsable du paludisme à Constantine Marviafava. CELLI et GOLGI, deux médecins italiens distinguent à leur tour trois espèces parasites de l'homme : Plasmodium vivax, Plasmodium falciparum et Plasmodium malariae. De 1895 à 1897, la transmission de cette affection par le moustique du genre anophèle est soupçonnée par le Britanique Sir Ronald ROSS, médecin bactériologiste -entomologiste et confirmée par GRANI en 1898.

De 1820 à 1940 environ, aucun progrès thérapeutique n'avait été réalisé mais peu avant la 2e Guerre Mondiale. La lutte contre le paludisme par des moyens mécaniques tel que le drainage des marais, l'utilisation des filets pour se protéger contre les moustiques date de l'ère des Pharaons.

En 1957, la lutte contre le paludisme paraît possible, elle est entreprise à l'échelle mondiale par l'OMS. Après quelques succès, la résistance des vecteurs apparaît et les insecticides de remplacement sont très chers.

Actuellement, la recherche demeure orientée vers la lutte anti vectorielle, le traitement curatif et prophylactique, la vaccination...

II.2. Les données épidémiologiques dans le monde

Selon Dr G. Barbéro dans l'article de Wikipédia, encyclopédie libre25(*), le paludisme menace plus de 54% de la population du globe et provoque plus de deux millions de décès par an.

Selon le document de l'OMS Demography and Healthy Survey(DHS),

« environ 90% de tous les décès actuellement dus au paludisme dans le monde surviennent en Afrique. La majorité des infections en Afrique sont en effet imputables au plasmodium falciparum, la plus dangereuse des 4 espèces de protozoaires. On estime qu'un million de personnes, pour la plupart des enfants de moins de 5 ans meurent chaque année en Afrique suite au paludisme. » 26(*)

II.3. Le paludisme au Burundi

Les archives du projet Lutte contre les Maladies Transmissibles et Carentielles(LMTC) des années1980 indiquent que la lutte contre le paludisme a débuté dans les années 1950 dans la plaine de la Rusizi dans le cadre du plan décennal de développement de la plaine de l'Imbo initié par la Belgique. Il s'agissait de la pulvérisation des maisons à l'aide du produit ancien du nom de Dichloro-Diphényl -Trichloro-éthane (DDT). Parallèlement à cette action, le projet a entrepris la lutte anti-larvaire dans les marais par des produits semblables au mazout. Dans les années 1960, la Belgique a décidé de créer la Mission d'Assainissement de la Plaine de la Rusizi (MAPR). Cette mission visait la désinsectisation et la chimio prophylaxie, non seulement dans les maisons d'habitation, mais aussi dans les écoles. La mission faisait aussi la distribution des médicaments dans les écoles. Les enfants de moins de dix ans et ceux de plus de dix ans recevaient respectivement un ou deux comprimés de Doraclor. Les mêmes archives du projet LMTC indiquent que les années 1980 ont été caractérisées par l'intensification des projets agricoles aux portes de Bujumbura, créant ainsi les conditions favorables à la transmission du paludisme. C'est dans ce cadre que la Belgique a initié un autre projet intitulé : « Lutte contre les Maladies Transmissibles et Carentielles » (LMTC) en 1987, les maladies ciblées étaient le paludisme, la bilharziose, l'onchocercose et la malnutrition.

Des études ont été alors menées pour déterminer les médicaments efficaces contre le paludisme. Il s'agissait des combinaisons Artésunate+Amodiaquine, et sur le plan de la prévention, des moustiquaires imprégnées ont été introduites dans les années 1990-2000.

C'est en 2001 que le Burundi a connu la plus grande épidémie dans son histoire, sept provinces sur dix sept des plateaux centraux furent gravement touchées par le paludisme. Trois millions de cas de paludisme dont 10015 de morts sur 15148 cas (toutes les causes confondues) sont rapportés pour la seule année 2000 soit 66.1%. La confirmation biologique de l'épidémie (gouttes épaisses et fratis sanguins) a relevé 85% de positivité de prélèvement dont 90% étaient positifs pour l'espèce P. falciparum.

Cette survenue de ces épidémies dans les hauts plateaux a remis en question la répartition des zones de transmission du paludisme au Burundi. Les données épidémiologiques palustres varient d'un endroit à l'autre selon la climatologie et l'altitude. On distingue :

- Le de basse altitude en dessous de 1400 m où le paludisme est hyper endémique et qui représente environ 23% de la population.

- Les hauts plateaux centraux (entre 1400 et 1800 m), zones dites méso à hypo endémiques, elles deviennent potentiellement épidémiques, surtout autour des bas fonds où sont de plus en plus installées les plantations rizicoles et des étangs piscicoles. Ces plateaux hébergent environ 56% de la population burundaise.

- Les zones de la crête Congo-Nil (plus de 1800 m) où l'on n'observe que des cas de paludisme d'importation. Elles sont dites zones non endémiques.

Il convient de rappeler que le paludisme est la principale cause de décès au Burundi. Actuellement, il est considéré comme le premier problème de santé publique et il est responsable de 77,4% de morbidité et 37,8% de mortalité (rapport Epistat 2010) au niveau des structures de soins. Aussi, 2 à 2,5 millions de cas de paludisme sont enregistrés chaque année.

II.4. Les causes et facteurs de risques du paludisme

Selon les études effectuées en 2004 (30 avril) par l'IRD, basé en France (Institut de Recherche pour le Développement), les causes du paludisme sont en général de nature environnementale. Des diverses études ont montré que si l'environnement est favorable à la vie de l'anophèle, les risques du paludisme s'identifient. Les marécages, les eaux stagnantes, les buissons autour ou près des maisons d'habitation restent les risques incontournables du paludisme.

Aussi, les causes climatologiques influencent également le paludisme, car selon certaines études les régions à basse altitude sont classées parmi les régions hyper-endémiques et cela est expliqué par le fait que ces régions chaudes restent les lieux propices pour la prolifération du moustique du type anophèle.

Cependant, on ne peut pas séparer ces causes de ce facteur biologique de l'homme, lequel selon ces chercheurs de l'IRD ont mis en évidence un trait essentiel de la biologie de plasmodium falciparum responsable de cette maladie: ses formes sexuées (gamétocytes) se regrouperaient en formes grappes sexuées dans les capillaires sanguins de l'homme et une fois ingérée, se maintiendrait sous cette forme jusque dans l'estomac de l'anophèle qui est l'immense chambre nuptiale.

Selon les mêmes chercheurs de l'IRD, c'est dans l'estomac de l'anophèle que se rencontrent les deux gamètes de sexes opposés et facilitent la production des formes infectantes et le taux de reproduction du parasite. C'est après cette rencontre que l'anophèle peut transmettre à l'homme à travers une piqûre de protozoaire parasitaire (plasmodium falciparum) dans le sang de l'homme via ses glandes salivaires et infecter les globules rouges et les cellules du foie au cours du cycle parasitaire.

Notons que l'existence du paludisme dans l'estomac du moustique du genre anophèle a été découverte par Ronald ROSS et cette découverte lui a valu le prix Nobel de médecine en 1902.

Donc, même si l'homme possède naturellement des plasmodiums dans le sang sans l'anophèle comme vecteur, le paludisme ne se développerait pas chez l'homme comme maladie. Le Plasmodium falciparum est l'espèce la plus redoutable responsable des formes graves mortelles de plus de 90% des infections rencontrées tandis que le Plasmodium malaria représente environ 8%, et le Plasmodium ovale 2%. Signalons aussi qu'il existe des infections rares mixtes à Plasmodium falciparum et Plasmodium malaria.

II.5. Les signes du paludisme

Dans sa thèse de doctorat à la faculté de médecine de l'Université du Burundi, « Etude sur la connaissance et l'utilisation des moyens de prévention du paludisme en mairie de Bujumbura », Mulumba Ngandu27(*) indique que lorsqu'une personne est piquée pour la première fois par un moustique anophèle, on parle de primo invasion. Les premiers jours qui suivent sont sans symptômes. C'est la période où les parasites circulent jusqu'au foie et s'y installent pour s'y développer. Le délai d'apparition des symptômes varie d'une semaine à quelques mois, selon l'espèce incriminée. Les premiers signes cliniques sont : fièvre modérée continue d'apparition progressive sans périodicité particulière, les troubles digestifs (diarrhée, nausées de vomissements, céphalées).

Le travail de MULUMBA indique que les trois stades d'un accès palustre se déroulent sur plusieurs heures : 28(*)

1° Un stade de frissons intenses accompagné d'une température de 39 à 40°C, d'une baisse de tension artérielle et le patient frissonne sous les couvertures.

2° Un stade de fièvre sèche pendant lequel la température s'élève de 40 à 41°C, la peau est sèche et brûlante. Le patient rejette ses couvertures.

3° Un stade de sueurs abondantes : la température retombe, la tension artérielle remonte. Le patient émet les urines de couleur foncée.

La même étude indique que l'accès palustre est généralement suivi d'une sensation de fatigue accompagnée d'une période d'euphorie et de soulagement. Aussi, l'extrême faiblesse respiratoire chez l'enfant, l'inappétence, les courbatures, les maux de tête font partie des signes du paludisme.

Néanmoins, ces symptômes ne permettent pas à eux seuls d'affirmer que l'on souffre du paludisme, d'où selon les médecins la nécessité de se faire diagnostiquer reste primordiale même si le patient présente tous ces symptômes.

II.6. Les traitements

Le paludisme comme d'autres maladies parasitaires peut être soigné, même s'il arrive qu'il résiste à certains médicaments. Dans ce traitement Francis, L relève deux types de traitement entre autres :

- « Traitement curatif où le médecin, après avoir diagnostiqué le patient, lui prescrit des médicaments à prendre selon l'état de la victime. Le médecin peut décider son hospitalisation ou tout simplement lui prescrire les médicaments à prendre chez lui. Pour le cas du paludisme simple, le patient peut prendre l'Artésunate+ Amodiaquine tandis que pour le paludisme grave, le patient est soumis à la perfusion de la quinine.

- Traitement préventif qui vise à prévenir pour qu'il y ait moins de paludéens sur le territoire. Il s'agit de prendre des mesures de prévention et de les mettre en pratique pour limiter les dégâts. Cela est fait à travers :  

Ø La lutte anti vecteur. Le but est de limiter la population d'anophèles ;

Ø Les mesures d'assainissement, suppression des eaux stagnantes, grandes ou petites ;

Ø L'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides dans les ménages ;

Ø Application de lotion anti moustique ;

Ø Grillages anti-moustiques devant portes et fenêtres ;

Ø Destruction des moustiques par épandages intra domiciliaires d'insecticides à longue durée d'action (pulvérisation d'un insecticide) ;

Ø L'utilisation des plaquettes à diffusion électrique »29(*).

II.7. Le paludisme, une cause majeure de la mortalité en Afrique

L'Afrique est le continent qui paie le plus lourd tribut à la maladie. L'Afrique sub-saharienne vient au sommet avec plus de 90% des cas de l'Afrique entière. Ce fléau tue un enfant toutes les 30 secondes. La zone d'endémie du paludisme reste essentiellement l'Afrique Tropicale. Le paludisme se rencontre rarement en Afrique du Nord où sévissent les espèces plasmodium vivax et plasmodium malariae.

Mais, il est fortement répandu dans toute l'Afrique Sub-saharienne où coexistent Plasmodium falciparum, Plasmodium malariae et pour une moindre mesure Plasmodium ovale. Depuis l'an 2000, la date du 25 avril a été déclarée « Journée Mondiale du Paludisme ».

II.8. Les conséquences socio-économique du paludisme

Francis Louis indique que30(*) le paludisme provoque des conséquences néfastes du fait qu'il cloue souvent ses victimes au lit, les empêchant de vaquer à leurs activités quotidiennes. Cette maladie est synonyme d'une perte de revenus importants et constitue un lourd fardeau pour les familles des victimes. Le paludisme entrave également la scolarité des enfants et le développement social en raison de l'absentéisme. Les victimes doivent dépenser à l'achat des médicaments ou aux frais d'hospitalisation sans oublier qu'ils sont inactifs au cours de la maladie.

Avec ces dépenses des familles des victimes, celles-ci s'appauvrissent. Et par conséquent, quand les familles s'appauvrissent, le pays en souffre car le taux des taxes et impôts diminue lorsque la force productrice diminue. Cela revient à constater que les conséquences sociales du paludisme ne parviennent pas à se séparer des conséquences économiques et vice-versa.

II.9. Présentation du PNILP

Actuellement, le Burundi dispose d'un Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme (PNILP). Ce programme est récent, il a été mis en place par l'ordonnance ministérielle numéro 630/30 du 13 janvier 200931(*). Nous tenons à préciser que le PNILP ne dispose pas encore d'un organigramme officiel. Cependant le PNILP comprend 4 unités à savoir :

-  L'unité chargée du suivi de la prise en charge des cas de paludisme s'occupe du suivi de l'application des directives de traitement et procédures de diagnostic du paludisme, aussi bien clinique que biologique. Elle s'assure en outre de la disponibilité des antipaludiques.

- L'unité chargée de lutte anti vectorielle s'occupe de la coordination des interventions de lutte anti vectorielle que sont la promotion/utilisation des matériaux traités aux insecticides (dont les moustiquaires imprégnées), l'aspersion intra domiciliaire, la gestion de l'environnement et la lutte anti larvaire. Cette unité anti vectorielle collabore étroitement avec les secteurs ayant la gestion de l'environnement dans leurs attributions.

- L'unité chargée de l'administration et de la gestion des ressources matérielles et financières aura en charge la gestion du personnel, des équipements, de la comptabilité et des approvisionnements.

- L'unité suivi-évaluation assure la liaison avec le service national d'épidémiologies et statistiques sanitaires pour alimenter et mettre à jour régulièrement la base des données du programme.

Toutes ces unités sont dirigées par des chefs d'unités qui sont sous la coordination d'un directeur de ce programme (PNILP). Le directeur et les chefs d'unités sont nommés par le ministre de la tutelle. Le PNILP travaille sur des objectifs précis et nous distinguons entre autres :

L'objectif général

Le Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme a pour objectif général : Réduire la morbidité et la mortalité liée au paludisme.

Objectifs spécifiques

- Réduire de 50% la mortalité liée au paludisme en 2010 par rapport à 2000, avec une réduction supplémentaire de 25% entre 2010 et 2015, en particulier parmi les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et d'autres groupes vulnérables.

- Une réduction de 50% de la morbidité imputable au paludisme en 2010 par rapport à 2000, avec une réduction supplémentaire de 25% entre 2010 et 2015.

- Une réduction de 50% de la totalité liée au paludisme parmi les patients hospitalisés d'ici 2015 par rapport à 2000.

Les responsables du programme du PNILP nous ont indiqué qu'il est actuellement difficile de faire un bilan sommaire des activités, du fait qu'en l'espace de deux ans, les activités ont été lancées en tenant compte des besoins multiples, par rapport à la prévention et à la prise en charge, l'évaluation pourrait se faire à la fin de 2012, c'est-à-dire à la veille de la clôture du plan stratégique 2008-2012.

II.9.1. Les réalisations du PNILP en matière de communication.

Le PNILP depuis sa création n'a cessé de poursuivre ses objectifs dans le but de diminuer le taux de la morbi-mortalité liée au paludisme. Selon le rapport annuel du PNILP de l'année 2010 transmis au Fonds Global partenaire clé de ce dernier, le PNILP a commencé ses activités en Janvier 2009 et sa première activité a été la préparation et la célébration de la onzième Journée Nationale de lutte contre le Paludisme qui a été célébrée le 18 Février 2009 sous le thème « utilisons la moustiquaire traitée à l'insecticide pour se prévenir contre le paludisme ». Pendant ce mois le programme avait initié une activité de mobilisation sociale dans le but de conscientiser la population. Cette activité a été accomplie sous diverses stratégies notamment la diffusion des spots radio -télévisés dans les différents médias depuis le début du mois de Février jusqu'à la célébration de la Journée Nationale de lutte contre le paludisme. Ces spots véhiculaient des messages du genre « Twikingire malaria mukuryama mu musegetera urimwo umuti wica imibu. » (Luttons contre le paludisme en utilisant des moustiquaires imprégnées d'insecticides).

L'organisation d'ateliers médias a été préparée dans le but d'associer le monde médiatique. Parmi les autres supports, nous signalerons la production des T-shirts, les banderoles et les casquettes sur lesquelles on peut lire des messages de lutte contre le paludisme.

Toutefois, le travail du PNILP ne s'est pas limité à la préparation des journées nationales ou internationales de lutte contre le paludisme. Le PNILP a continué à structurer et à former ses agents dans le but de bien accomplir sa mission. Au cours de l'année 2009, avec l'appui technique de l'OMS, le PNILP a élaboré durant le mois de Mai « Le Plan Stratégique de Lutte Contre le Paludisme au Burundi 2008-2012 ». Ce plan a été élaboré dans l'optique d'intensifier les efforts du gouvernement à travers le PNILP. Il était question d'intensifier la lutte contre le paludisme afin de réaliser la couverture universelle des interventions clés, et de maintenir sa couverture jusqu'en 2015 et au delà. Le PNILP a encore produit en Novembre 2009 « Le Module de Formation en Techniques de Mobilisation sur le paludisme » dans le but de renforcer les capacités des techniciens de promotion de la santé, les leaders des Associations à Base Communautaire (ABC), les ONG locales et Internationales en matière de mobilisation sociale en générale et en particulier dans le cadre de la lutte contre le Paludisme. Le contenu de ce module est basé essentiellement sur les techniques de planification adéquate en matière de communication et la mobilisation sociale sur la lutte contre le paludisme. L'approche de la mobilisation sociale consistait à faire comprendre aux communautés, des conditions de vie qui favorisent le paludisme notamment l'environnement insalubre.

Eu égard à cela, l'an 2009 pour le PNILP à été caractérisé par la production des documents servant d'outils du nouveau programme.

L'an 2010 a été caractérisé principalement par les activités de mobilisation et de distribution des moustiquaires afin de réduire le taux de morbi-mortalité du paludisme. La sensibilisation à travers les spots radiotélévisés, les émissions radiodiffusées, les ateliers médias, la caravane anti paludique en province de Bubanza, les réunions de formation des représentants des associations à base communautaire,la production des T-shirts, les banderoles et calendriers ont été faits depuis le mois de Janvier jusqu'au 25 Avril (Journée Internationale de lutte contre le Paludisme). Le PNILP a eu aussi l'occasion de sensibiliser la population pendant la période de la Coupe du Monde au mois de Juin 2010. Cela se faisait lors des mi temps des matches télévisés par la RTNB les agents du PNILP ont donné des informations sur la prévention et la prise en charge du paludisme. Depuis le mois d'Août 2010 jusqu'à présent, le PNILP en collaboration avec CED-Caritas est en train d'exécuter un projet dénommé « Atteinte de la Couverture Universelle » qui consiste en la distribution des Moustiquaires Imprégnées d'Insecticides à Longue Durée d'Action  (MIILDA) à travers tout le territoire national. Ce projet est en train d'être couvert par presque tous les médias opérant au Burundi mais ils interviennent au moment de la distribution. CED-Caritas pour bien accomplir sa mission travaille avec d'autres associations à base communautaire oeuvrant dans les différentes communes du pays.

II.9.2. Le PNILP dispose-t-il d'une stratégie de communication ?

Le Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme (PNILP) ne possède pas d'unité de communication structurée. L'information qu'il veut diffuser passe par le service de l'IEC (Information, Education, Communication), un service commun pour tous les programmes opérant au sein du Ministère de la Santé et de lutte contre le Sida.

« Le PNILP travaille en étroite collaboration avec le service IEC dans la conception et production des supports de communication et des spots radio diffusés »32(*).

Même certains supports de communication servant dans la communication externe (les films documentaires, les affiches, les dépliants, panneaux publicitaires) sont produits au sein de l'IEC et quiconque veut faire un spot, production des éléments sonores, audiovisuels, etc. doit passer dans le service IEC. C'est aussi dans ce service où se trouvent les archives en rapport avec la communication de certains programmes du Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA. En effet, l'IEC assure la production des supports de communication pour le Ministère de la Santé et de Lutte contre le Sida.

Ce programme fait recours aux affichages, circulaires, le téléphone, l'internet... pour assurer la communication interne. Signalons que le programme dispose d'un plan de communication pour la campagne de distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticides à longue durée d'action (MIILDA). Ce plan vise essentiellement la sensibilisation de la population à travers les médias et les associations à base communautaire sur l'utilité de l'usage des MIILDA. Chaque fois qu'il ya une campagne de sensibilisation, des partenariats sont noués avec certains médias de la place y compris la télévision nationale mais le PNILP n'a pas encore de stratégie de communication pilotée par sa propre structure.

II.10. Les autres acteurs dans la lutte contre le paludisme

A part le gouvernement à travers le PNILP, les acteurs tant internationaux que nationaux continuent à appuyer dans l'optique d'éradiquer ce fléau. L'OMS vient au sommet des secteurs internationaux qui interviennent dans cette lutte au Burundi en octroyant des médicaments et autres soutiens financiers au gouvernement.

Le PSI-Burundi (Population, Services, International) a commencé à travailler au Burundi en 1990. Il avait pour mission : Améliorer sensiblement la santé de la population pauvre et vulnérable principalement à travers le service de marketing social et la communication. Au départ le PSI-Burundi intervenait à travers la Communication pour le Changement de Comportement (CCC) dans la prévention du VIH/SIDA par la promotion de l'utilisation des préservatifs. C'est en 2002 que le PSI-Burundi a commencé à intervenir dans la prévention du paludisme au Burundi. Il a été l'un des intervenants au Burundi à travers la sensibilisation pour l'utilisation des moustiquaires imprégnées.

A part ces organisations internationales, il existe d'autres acteurs dans la lutte contre le paludisme à savoir ALUMA-Burundi qui est une Action de Lutte contre la Malaria (asbl) crée le 2 Janvier 2001 avec la mission de contribuer à l'amélioration des conditions de vie par la lutte contre le paludisme. ALUMA-Burundi a comme objectifs principaux de sensibiliser la population sur les méthodes de lutte contre le paludisme, dont l'assainissement du milieu environnant pour détruire les abris du moustique, vecteur de la malaria. Elle a aussi pour objectif l'organisation des séminaires d'information sur l'éradication de la malaria. Enfin, ALUMA a initié un programme de prise en charge communautaire des malades du paludisme qui vivent dans les quartiers de Kamenge, Gihosha, Ngagara, Kinama, Cibitoke et Buterere.

Enfin, depuis 2010, CED-Caritas s'est aussi lancé dans la lutte contre le paludisme au Burundi. Il a aussi participé activement dans la distribution des moustiquaires imprégnées. CED-Caritas fait passer ses messages via certaines radios dont la radio Maria et la radio nationale.

Le deuxième chapitre a été orienté sur la situation du paludisme dans le monde et au Burundi, il a été également question de la présentation du PNILP. Le troisième chapitre sera consacré aux contraintes communicationnelles du PNILP

CHAPITREIII:CADRE METHODOLOGIQUE DES OUTILS DE COMMUNICATION UTILISES DANS LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME AU BURUNDI.

Au cours de ce chapitre, il sera d'abord question d'analyser la place réservée à la communication dans lutte contre le paludisme dans les différents médias opérant au Burundi. Comme le paludisme est une maladie qui peut être prévenue, la communication pourrait alors jouer un rôle central dans la lutte contre ce fléau. La question d'étudier l'importance que les médias accordent à la lutte contre le paludisme nous a poussés à parcourir les différents organes de presse pour savoir s'il y a des émissions ou articles spécifiques à la lutte contre le paludisme. Aussi, la curiosité pour identifier les contraintes liées à la production de ces émissions ou articles nous a obligés de rencontrer les journalistes et producteurs des émissions sur la santé à travers les différents médias pour s'informer de la situation. Nous avons également recueilli les points de vue des responsables du PNILP et d'autres acteurs sur le rôle de la communication dans la lutte contre le paludisme au Burundi. C'est sur base des informations recueillies que nous avons fait une lecture critique des outils de communication utilisés dans la lutte contre le paludisme au Burundi.

Selon Robert ESCARPIT dans son livre « L'écrit et la communication » indique qu'il ne faut pas confondre la communication et l'information. Selon lui

« La communication est un processus complexe fonctionnant à travers un certain nombre d'appareils dont les médias ne sont que la partie technologique. L'information est la mesure mathématique ou non du contenu du message que transmettent ces médias. Autrement dit, l'information peut être transmise unilatéralement mais la communication est toujours bilatérale ou multilatérale. »33(*)

Le constat est que la communication a un rôle incontournable dans la lutte contre les maladies car elle peut aider surtout dans le changement de comportement si les messages véhiculés sont bien choisis. Selon les objectifs préalablement fixés, certains médias s'avèrent des outils forts pour bien transmettre des messages, pour favoriser l'émergence de tel ou tel comportement. Les messages véhiculés par les médias de masse, peuvent toucher la conscience de la population quant aux conséquences liées au paludisme .

Notre analyse sera centrée sur certains médias publics et privés, le service IEC du Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA et le Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme.

III.1. La communication à travers les médias publics

Dans cette rubrique, nous allons nous intéresser au rôle joué par la radio nationale du fait que dans notre pays, c'est l'un des médias qui couvrent tout le territoire national et qui est accessible à presque tout le monde. La 1ère chaîne diffuse en langue nationale 24h/24. Dans ce médium, le kirundi reste la langue favorable car la plus grande partie de la population burundaise est analphabète. La télévision n'est pas accessible à tout le monde et la presse écrite aussi reste exploitée par le public instruit, d'où la faiblesse de ces deux derniers médias.

III.1.1. Les médias audiovisuels publics

Dans la catégorie des medias audio-visuels publics, nous allons parler de la radio et de la télévision nationale du Burundi (RTNB).

1. La radio nationale

D'après les enquêtes effectuées dans les années 200034(*), on estimait qu'environ 60% de la population disposaient des postes récepteurs de radios. Le prix abordable, son alimentation qui ne nécessite pas toujours du courant électrique du réseau, son caractère portable fait que la radio peut être l'outil le plus efficace dans la lutte contre le paludisme. La radio nationale couvre tout le territoire et diffuse 24h/24 dans la langue nationale sur la première chaîne ; d'où son importance dans la lutte contre le paludisme.

Malgré ces atouts, on remarque l'absence d'une émission consacrée au paludisme alors qu'il est la première cause de morbidité et de mortalité au Burundi. La radio nationale diffuse deux émissions par semaine : l'émission « AMAGARA YACU » présentée tous les samedis de 7h à 7h30' à la 1ère chaîne, et l'émission « SANTE VISION » diffusée samedi de 8h à 8h30' à la 2ème chaîne.

Selon les informations fournies par la productrice de l'émission sur la santé à la deuxième chaîne, Madame Schola BIGARANYA, « les thèmes traités sont choisis en fonction de l'actualité et des épidémies, ou à l'occasion de la célébration des journées mondiales de telle ou telle autre maladie. Le paludisme est donc abordé en profondeur lors de la Journée Mondiale de lutte contre cette maladie »35(*). Mais en dehors de cette période, le paludisme n'est pas suffisamment abordé à la radio nationale alors que c'est un outil par excellence parmi ces médias de masse pour sensibiliser la population afin de mieux faire face au paludisme.

2. La télévision

Elle a été créée en 1984, mais il reste un moyen de communication des personnes nanties. C'est un médium qui est surtout accessible dans les milieux urbains ou semi urbains qui disposent de moyens financiers et du courant électrique en permanence.

La télévision nationale36(*) diffuse deux émissions sur la santé par semaine : l'une en swahili « MWANADAMU NA MAZINGIRA » diffusée tous les lundi de 20h à 20h30'et l'autre en kirundi « AMAGARA N'UBUZIMA » diffusée tous les jeudi et enfin l'autre en français : « MAGAZINE SANTE » qui est diffusée mardi de 20h à 20h30. Mais la télévision nationale n'a pas d'émission exclusivement réservée à ce fléau. Le paludisme est évoqué occasionnellement en fonction de l'actualité ou d'autres contextes inspirés par les bailleurs des projets qui orientent leurs activités dans la lutte contre cette maladie.

Si par exemple on montre à la télévision des images des personnes atteintes du paludisme ou encore une opération de distribution des moustiquaires imprégnées, on suscite la prise de conscience des téléspectateurs. Cette prise de conscience entraînerait l'adhésion des téléspectateurs, et partant un changement de comportement.

III.1.2. Les médias écrits publics

Les médias écrits constituent un relais qu'il faut utiliser pour promouvoir la santé de la population. Mais malheureusement, la population burundaise est à plus de 50% analphabète37(*) selon les chiffres récents avancés par l'UNESCO en avril 2011 lors de la Journée consacrée à l'alphabétisation au Burundi. En plus de cela, la majorité de ceux qui savent lire ne lisent pas pour des raisons diverses comme le manque de budget suffisant pour s'acheter les journaux et aussi la culture de l'oralité africaine38(*) qui fait que les Africains ont l'habitude d'écouter que de lire. Signalons qu'il existe deux journaux publics, le Renouveau édité en Français et Ubumwe publié en Kirundi.

1. Le Renouveau

Le Renouveau du Burundi est un quotidien gouvernemental qui traite de l'actualité de toutes les rubriques (politique, économique, santé, société,...).

D'après les responsables de la rédaction, dans la rubrique santé, tous les thèmes sont choisis et traités mais il y a une exclusivité du thème sur le SIDA car le journal a signé une convention avec le CNLS pour publier les nouvelles sur le SIDA deux fois la semaine, c'est-à-dire dans les publications de mercredi et de jeudi en vue d'informer régulièrement la population relativement instruite. Certains articles sur le paludisme paraissent de temps en temps dans le Renouveau. C'est le cas de l'article paru dans le numéro 7732 du 23 février 2010 sous le titre « Situation du Paludisme dans le monde ». L'article relate les facteurs qui favorisent le paludisme comme les changements climatiques, les degrés élevés de la chaleur ou les pluies à forte intensité, le recours au marché noir des victimes pour acheter les médicaments constitue aussi un danger majeur pour la santé de la population.

Un autre article se trouve dans le journal numéro 7700 du 8 Janvier 2010 sous le titre « La gratuité du traitement de paludisme ne concerne que l'association Artésunate-Amodiaquine ». Selon l'ancien ministre de la santé, Docteur Emmanuel Gikoro: « En dehors de ces médicaments, toute personne devrait s'impliquer dans la mobilisation de la population afin de dormir sous la MIILDA ». Cela a été annoncé dans le point de presse accordé aux médias peu avant la célébration de la Journée Nationale dédiée à la lutte contre le paludisme en Février 2010.

2. L'hebdomadaire UBUMWE

Selon le rédacteur en chef de cet hebdomadaire39(*), Ce journal est publié en Kirundi et traite toutes les rubriques de l'actualité (économique, politique, santé, ...). Ce journal dans sa rubrique santé, le thème est choisi selon leur gré sauf en cas des célébrations nationales ou mondiales de telle ou telle maladie. A travers l'article publié dans le numéro 1579 paru le 28 Février 2011 « Abanyagihugu basabwa gukoresha imisegetera ico yagenewe ». Il est demandé à la population d'utiliser les moustiquaires conformément aux indications données par les responsables sanitaires. Selon le deuxième vice président qui était en commune de Mpanda lors de la célébration de la Journée de lutte contre le paludisme, l'utilisation adéquate des MIILDA contribuerait à réduire les effets néfastes du paludisme. Le Docteur Julien KAMYO, ancien Directeur du PNILP s'est aussi exprimé à travers un autre article du journal qui figure dans le numéro 1536 paru le 3Mai 2010. Il s'est exprimé en ces termes : « Abarundi basabwa kuvira hasi rimwe ngo barwanye indwara ya malaria ». Il est demandé à la population de se mobiliser pour lutter contre le paludisme. Les articles centrés sur le paludisme sont confectionnés occasionnellement.

Il convient de relever que ces deux journaux le Renouveau et Ubumwe  accompagnent surtout les actions du gouvernement. D'où alors la prédominance des informations politiques par rapport aux autres secteurs, excepté ceux qui sont d'actualité. Le secteur de la santé qui n'est pas d'actualité est donc relégué au second plan.

III.2. A travers les médias privés

La constitution Burundaise de Mars 1992 consacre le multipartisme et le pluralisme médiatique. D'où la naissance des journaux et des radios privées. Nous avons donc cherché à savoir si ces médias s'intéressent ou non à la lutte contre le paludisme au Burundi.

Dans cette perspective, les médias privés qui vont nous intéresser le plus sont la RPA, la Radio Isanganiro, la RSF Bonesha FM, la Radio Culture, le journal Iwacu, le journal Arc-en-ciel que nous considérons comme les médias les mieux écoutés.

Comme nous l'avons déjà évoqué, les médias audiovisuels publics qui constituent un relais pour fournir des informations sur la santé se retrouvent aussi renforcés par les médias audiovisuels privés. Ils sont classés aussi en deux catégories à savoir :

- ceux qui utilisent le son : les radios

- ceux qui utilisent le son et l'image : la télévision

III.2.1. Les radios privées

Le Burundi compte actuellement 19 radios. Nous nous sommes limitées aux programmes de quatre stations de radios que nous avons considérés comme représentatives à savoir : la RPA, la Radio Isanganiro, la Radio culture, la RSF Bonesha FM. Le choix a été motivé par le fait que ces radios ont un taux d'écoute satisfaisant surtout dans les milieux des jeunes et dans plusieurs coins du pays.

Selon une enquête quantitative sur les habitudes médiatiques au Burundi, un sondage qui a été réalisé en 2003 par la voix de l'Amérique sur demande de la maison de la presse, la RPA, la Radio Isanganiro et la RSF Bonesha FM sont les radios les plus écoutées au Burundi.

La radio culture, quant à elle, a été choisie suite à l'intérêt qu'elle porte aux questions liées à la santé, elle diffuse des émissions sur la santé une fois par semaine en 3 langues à savoir le Kirundi, le Français et le Swahili. En 2004, cette radio avait signé un contrat avec le Ministère de la Santé Publique pour relayer les émissions en rapport avec la santé. Le contrat a expiré en 2007.

1. La RPA40(*)

La RPA a commencé à émettre le 5 Mars 2001, et ses émissions passent sur internet. Elle diffuse les informations de tout genre en rapport avec la politique, l'économie, la société, la santé. L'émission sur la santé est diffusée 2 fois la semaine en deux langues (Kirundi et Swahili). L'émission « TUGANIRE AMAGARA YACU » est diffusée tous les mercredi de 14h30 - 15h en kirundi par Mme RITA TABU et tous les jeudi de 11h15 à 12h en Swahili par M. Alexis Kwizera.

Les thèmes privilégiés sont le paludisme et le SIDA. Toutefois, il n'y a pas d'émission exclusivement réservée au paludisme. Mais dans notre entretien avec RITA TABU productrice des émissions de santé à la RPA, elle nous a précisé que l'absence d'une émission consacrée au paludisme a été due au fait que la rubrique santé n'est pas prioritaire dans la ligne éditoriale de la RPA. Cette réponse a été aussi donnée par d'autres médias privés interrogés sur la question de savoir pourquoi le paludisme qui constitue la première cause de la morbidité et de mortalité ne fait pas l'objet d'émission spécifique à travers leurs médias. Aussi, cette productrice est d'avis que le paludisme mérite une attention particulière de la part des médias pour prévenir la population afin qu'elle change de comportement.

2. La radio Isanganiro41(*)

Ce médium a commencé à diffuser ses programmes le 18 Novembre 2002.Depuis le 29 Avril 2003, six émetteurs disséminés à travers tout le pays lui permettent de couvrir tout le territoire national et presque tout le territoire Rwandais excepté quelques zones d'ombre, une partie de l'Est du Congo et l'Ouest de la Tanzanie où étaient dispersés les camps de réfugiés burundais.

La Radio émet sur l'internet depuis Novembre 2002 sur le site www.isanganiro.org. Comme d'autres médias, la Radio Isanganiro diffuse les émissions en rapport avec la santé, politique, économie, environnement, etc.

Selon les informations fournies par la productrice de l'émission, Inès KIDASHARIRA, journaliste à la Radio Isanganiro, la radio diffuse une émission sur la santé intitulée « KANSONGA NOKAMENYE » chaque mardi de 9h30 à 10h où on traite les divers thèmes en rapport avec la santé. Toutefois, elle précise qu'il n'y a pas d'émission spécifique au paludisme, cette maladie n'est pas prioritaire dans cette radio.

3. La Radio Sans Frontières (RSF Bonesha FM)42(*)

Dénommée à l'époque « UMWIZERO » (Espérance), la RSF Bonesha FM a vu le jour le 19/2/1996 grâce à l'appui financier de l'Association Française dénommée AAH (Association pour l'Action Humanitaire). Cette radio couvre tout le territoire national, une partie du Rwanda et l'Est du Congo en exploitant 3 langues à savoir le Kirundi à 75%, le Français et le Swahili. Elle diffuse des émissions d'informations et des émissions éducatives dont l'émission sur la santé intitulée « TWITEHO AMAGARA YACU ». Cette émission est diffusée en deux langues (Kirundi et Swahili) tous les mercredi de 20h à 20h30 en Kirundi, et tous les vendredi de 8h30 à 9h en Swahili par NTIRANYIBAGIRA Prosper.

D'après les informations recueillies auprès des producteurs de l'émission ; comme toutes les autres maladies, le paludisme est rarement traité dans « MAGAZINE SANTE ». Mais cela est dû non pas au manque de conscience sur l'impact du paludisme mais plutôt au fait que cette maladie n'est pas considérée comme prioritaire dans la grille des programmes.

4. La radio culture43(*)

Elle émet depuis le 1/5/1997 à Bujumbura et ses environs et à l'intérieur du pays à partir de Décembre 1998, la radio culture couvre tout le pays et dessert certaines régions des pays voisins (le Rwanda, la RDC et la Tanzanie).

La ligne éditoriale de ce médium est « la culture et la société ». Elle se distingue des autres par le fait qu'elle ne diffuse pas des informations. Sa mission principale est de promouvoir le développement du bien-être de la population en diffusant des messages de sensibilisations sur tous les secteurs-clés intéressant la vie du pays.

Selon le producteur des émissions de la santé Mr François BIZIMANA de la radio culture : Même si

«  Le paludisme est une maladie qui décime la majorité de la population burundaise mais suite au manque de fonds, il n'y a pas d'émission spéciale sur le paludisme mais on préfère en parler comme toute autre maladie dans le magazine « AMAGARA YACU » (Notre Santé) qui passe lundi de 9h - 9h15. Par contre, l'émission sur le SIDA est diffusée chaque vendredi de 9h - 9h30 parce que la radio culture a signé une convention avec le programme PRIDE. ».

III.2.2. A travers les médias écrits privés

La presse écrite privée traite, elle aussi des informations de tout genre, mais le problème est que la population burundaise est à majorité analphabète. Aussi, la presse écrite souffre du manque de moyens financiers car les investisseurs ne trouvent pas d'intérêt à intervenir dans ce secteur. Le constat que nous avons fait est que les journaux écrits privés qui sont réguliers publient surtout des informations en rapport avec la politique. Le secteur de la santé est rarement évoqué.

Pour le cas de notre travail, nous allons nous intéresser à 2 journaux privés à savoir : le journal IWACU et le journal ARC-EN-CIEL qui sont actuellement disponibles dans les lieux de vente.

1. Le journal Iwacu44(*)

Le journal IWACU est un journal très récent, il a été créé en 2007. Le but du journal IWACU est centré sur l'information, l'éducation et le divertissement. Il traite également les informations en rapport avec la santé mais le thème en rapport avec le paludisme est rarement traité. Par exemple, le thème récent sur le paludisme figure dans le journal IWACU n°93 du 3/9/2010. Dans cet article, on y trouve les réponses du Docteur Julien KAMYO, Directeur du PNILP sur l'état actuel du paludisme au Burundi. Selon le Directeur du PNILP, le paludisme continue à faire des ravages car la population ignore toujours l'utilité de l'utilisation des moustiquaires et certains patients ont la mauvaise habitude de ne pas terminer la cure prescrite par les médecins. D'une manière générale, les rubriques du journal IWACU suivent la logique de l'actualité du moment.

Selon les informations données par Laurette BANDEREMBAKO chargée des questions en rapport avec la santé, elle reconnaît que le paludisme mérite une attention particulière, mais elle souligne que le paludisme retient rarement l'attention des responsables du journal car ces derniers s'intéressent beaucoup à la politique.

2. Le journal Arc-en-ciel

Le journal Arc-en-ciel a été créé en 2004 dans un contexte bien précis. Le pays était sur le point de terminer la période de transition. Il traite des questions purement politiques. Les questions en rapport avec la santé en général sont rarement traitées et celles en rapport avec le paludisme sont inexistantes sauf quand il s'agit d'une information à La une (Journée dédiée à la lutte contre le paludisme). En parcourant les archives des journaux récents, nous n'avons vu aucun article sur le paludisme dans le journal Arc-En-Ciel.

III.3. A travers le service IEC/EPS du Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA45(*)

D'après les responsables de ce service, le service d'Information- Education et Communication du ministère de la Santé Publique et de la lutte contre le Sida a été mis en place après le Service d'Education Pour la Santé (EPS) en 1978 et ne s'occupait que des activités relatives à la lutte contre le choléra. Ce n'est qu'en 1979 que ce service a eu une autre appellation, à coté du volet Education pour la Santé, on a ajouté un autre volet intitulé « Information, Education, Communication » et le service a été baptisé IEC/EPS. Il a eu comme principales activités la diffusion des émissions de sensibilisation, de formation de la communauté sur les priorités de la santé à travers la Radio Nationale.

L'Information-Education - communication est un processus d'apprentissage par lequel les individus et les communautés adoptent volontairement et maintiennent des comportements bénéfiques. Ce processus est la combinaison de 3 composantes : l'information, l'éducation et la communication.

D'après le document du Service National d'Education pour la santé publié en 200046(*), l'IEC est basée sur 5 phases qui visent le changement de comportement volontaire :

1° La prise de conscience qui exige d'aller dans la communauté, identifier les besoins et les problèmes de la population cible.

2° La sensibilisation: il faut présenter les informations de façon que le public cible comprenne son rôle dans l'apparition des problèmes et leur impact sur leur vie.

3° La motivation qui vise à orienter les gens déjà motivés sur des actions réalisables, possible ainsi que leurs avantages.

4° L'orientation ; c'est-à-dire référer les intéressés motivés vers les actions réalisables.

5° Passer à l'action : c'est montrer la volonté de la population cible d'agir et de mettre en pratique les solutions appropriées.

Le responsable de l'IEC indique qu'en définitive, le changement souhaité doit être volontaire pour qu'il soit durable. Il est atteint à travers les connaissances, les croyances, les attitudes, les pratiques et les valeurs. Le service IEC du ministère de la santé publique et de la lutte contre le SIDA ne manquera pas d'accompagner les activités du PNILP dans la lutte contre le paludisme. L'IEC accompagne le PNILP dans la conception, la production, la dissémination et l'utilisation des supports de communication sur le paludisme. Le service IEC lance occasionnellement des messages sur la lutte contre le paludisme à travers la radio et la télévision.

III.4. A travers le PNILP

D'après le point focal du PNILP au service IEC, au sein de ce programme qui présente un intérêt particulier pour la population de la société burundaise, il n'y a pas de service chargé de la communication. Toutefois, ce programme a besoin de communiquer dans le but de maintenir une bonne collaboration entre le personnel d'une part et dans le but d'influencer les bailleurs d'autre part. On ne peut pas non plus oublier la communication dirigée vers la population cible bénéficiaire de ce programme dans l'optique de la conscientiser sur les méthodes préventives et curatives du paludisme.

Nous l'avons déjà évoqué, le PNILP utilise une communication informelle c'est-à-dire une communication qui n'émane pas d'un organe bien précis de ce programme. « La sensibilisation qui se fait lors des différentes descentes sur le terrain, les ateliers de formation à l'intention des différentes associations à base communautaire, la production des calendriers, des livrets, les T-shirt, des banderoles, casquettes...sont assurés par le programme dans le but d'informer son public cible »47(*). Les outils de communication utilisés par le PNILP se résument comme suit :

- La sensibilisation à travers les réunions et les descentes sur le terrain dans différentes provinces du pays. Ces réunions et ces descentes sont effectuées en tenant compte de la vulnérabilité des régions.

- Les ateliers de formations à l'intention des Associations à Base Communautaire (ABC). Le PNILP travaille presque avec toutes les associations à caractère communautaire manifestant la volonté de lutter contre le paludisme.

- La production des dépliants (ils sont en cours de production selon les informations émanant de l'IEC).

- La production des banderoles (la banderole utilisée lors de la célébration de la Journée Internationale de lutte contre le paludisme avait comme message : « Faire des progrès et avoir un impact, nous sommes tous interpellés »).

- Les affiches dont le contenu est constitué par des images qui montrent l'utilisation des moustiquaires. Les affiches que l'on peut voir sont collées sur les murs au sein du PNILP. (Voir les annexes)

- Les calendriers sur lesquels on peut lire des messages de sensibilisation à l'utilisation des MIILDA.

- Les livrets sur la lutte contre le paludisme sont également produits, c'est le cas d'un livret intitulé « Turwanye Malaria »

III.5. Points de vue des responsables du PNILP et d'autres intervenants sur la communication contre le paludisme au Burundi.

Selon le Docteur Jeanne d'Arc NTIRANYIBAGIRA, chargée de la prise en charge au sein du PNILP, la communication reste incontournable dans la lutte contre le paludisme. Aussi, elle ajoute que les structures du Ministère de la Santé les obligent de travailler avec l'IEC qui est un service central de tous les programmes du Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA; ce qui reste un handicap pour le PNILP. Selon ce médecin les outils actuels de communication font avancer les activités du PNILP, mais on observe souvent des tâtonnements car chaque intervenant choisit un outil de communication qui l'arrange pour réussir une activité quelconque. Concernant les améliorations proposées, notre interlocuteur a indiqué que le PNILP est à pied d'oeuvre pour concevoir un plan intégré de communication qui va au delà de la distribution des moustiquaires. Ce plan de communication doit être adapté aux activités prévues par le programme. Mais les messages urgents en cas d'épidémie ou de recrudescence du paludisme peuvent toujours continuer à passer au service IEC du Ministère de la Santé Publique et de lutte contre le Sida, du fait que ce service collabore avec la radio nationale en permanence.

En outre, selon le point focal du PNILP avec l'IEC, la communication actuelle au sein du PNILP souffre d'un manque d'un plan de communication adapté car la confection d'un plan de communication intégré pour la lutte contre le paludisme est en cours de production d'où l'absence d'une communication adéquate en vue de lutter efficacement contre le paludisme. Malgré, cette faiblesse le PNILP parvient à rencontrer régulièrement ses partenaires (ABC, et les bailleurs) et les médias lors des Journées ou semaines dédiées à la lutte contre le paludisme.

Parmi les acteurs de lutte contre le paludisme au Burundi, le CED-Caritas s'avère l'acteur privé potentiel dans cette lutte. Depuis le mois d'août 2010, ce dernier a un projet « Atteinte de la couverture universelle » chargé de sensibiliser et de distribuer des moustiquaires sur tout le territoire national. Selon le chargé de la communication dans ce projet, Jérémie SINDAYIKENGERA, il est encore tôt d'évaluer l'impact de leur intervention.

III.6. Lecture critique de la communication sur le paludisme en général, et au

niveau du PNILP en particulier

Comme nous venons de le constater à travers les différents outils et supports que nous avons relevés, la communication sur le paludisme se cherche encore. Les organes de presse disposent des articles et des émissions dans leurs grilles de programmes et dans leurs rubriques, mais ce n'est pas encore systématique.

1° A travers les médias audiovisuels publics ou privés :

. Toutes les radios diffusent des émissions sur la santé mais aucune ne dispose d'une émission spécifique au paludisme. Cela veut dire que le paludisme malgré son ampleur est évoqué au même titre que les autres maladies.

. Les émissions sont produites par les producteurs affectés à ces émissions, mais aussi par des partenaires extérieurs qui passent ou collaborent avec ces radios.

. Occasionnellement le service IEC du Ministère de la Santé Publique et de lutte contre le Sida, le projet PSI, ALUMA-Burundi et CED-Caritas Burundi diffusent des émissions ou des spots de sensibilisation commandités, à travers certaines radios de la place comme la radio nationale, la radio culture, la radio Maria- Burundi, la radio Bonesha FM et la radio Isanganiro. Ces émissions ou spots sont diffusés à l'approche des journées nationales et internationales de lutte contre le paludisme, pendant les périodes d'épidémie de paludisme et très récemment lors des campagnes de distribution des moustiquaires imprégnées d'insecticides.

. En dehors de ces programmes commandités, il n'y a pas de conventions permanentes de partenariat entre ces organismes et les radios citées ci-haut.

. Au Burundi, il existe actuellement quatre télévisions : la Télévision nationale, Télévision Renaissance, Héritage TV et Télévision Salama. Comme pour la radio, la télévision est un bon moyen pour faire passer les messages car elle combine le son et les images. Cependant, la télévision convient beaucoup plus aux personnes financièrement capables de se procurer des appareils récepteurs de TV. Toutefois, les habitants des centres urbains ou semi-urbains qui en disposent peuvent faire connaissance des messages sur le paludisme, spécialement les spots de sensibilisation. Mais jusque là, aucune télévision ne diffuse une émission spécifique au paludisme.

2°A travers les médias écrits

En dehors des journaux le Renouveau, Ubumwe et Ndongozi y'Uburundi qui évoquent de temps en temps les maladies en général dont le paludisme, les autres journaux écrits privés sont nés dans un contexte particulier de crise. Certains journaux privés qui paraissent encore ont été crées dans un contexte purement politique. Ainsi, les articles produits par ces journaux sont orientés dans les secteurs politique et sécuritaire. A voir les informations souvent traitées on constate que leur souci premier est d'accompagner la période post conflit, d'où la dominance de l'information politique. Le secteur économique et social les intéresse quand il s'agit des dossiers d'actualité comme les cas de malversations socio économiques.

3° Concernant la pratique de l'IEC

Comme nous l'avons évoqué dans les pages précédentes, la pratique de l'IEC passe par cinq phases que nous avons déjà relevées. Il s'agit à titre de rappel de l'identification de la population cible, de mener des actions de sensibilisation, de motivation, d'orientation et d'initier des actions concrètes. Nous constatons qu'il faut aussi connaître la population cible en profondeur ; c'est-à-dire les individus, les groupes d'individus ainsi que les familles et leurs habitudes de vie. Il faut donc appliquer une démarche participative impliquant ces groupes cibles pour bien concevoir les messages efficaces. Par ailleurs, il faut prévoir des photos et des images pour ceux qui ne savent pas lire.

. Les dépliants ne sont pas encore distribués à grande échelle et les affiches sont souvent écrites en français, sans doute pour attirer l'attention des bailleurs de fonds. Il faut aussi penser à utiliser d'autres langues comprises par la population burundaise qui est souvent victime du paludisme. Il s'agit du Kirundi et du Swahili du fait que ces deux langues sont utilisées dans les centres urbains et semi -urbains à coté du Français.

. Les actions de l'IEC sont souvent diffusées à travers certaines radios et à travers les films mais elles ne sont pas assez vulgarisées à travers tout le pays et auprès des agents de santé communautaire ou auprès des vendeurs de médicaments. Les films ont été projetés dans certaines localités du pays notamment dans 5 communes de Ngozi, nous estimons que ce n'est pas encore assez. L'engagement politique dans la lutte contre le paludisme n'est pas non plus très ressenti à travers les discours politiques. Et pourtant cet engagement était perceptible au niveau de la lutte contre le Sida.

4° Au niveau du PNILP

. Le Programme National Intégré de Lutte contre le paludisme a été instauré il ya un peu plus de deux ans. L'heure n'est pas encore au bilan exhaustif. Au niveau de la communication nous avons relevé des outils de communication. Certes, certains d'entre eux doivent être adaptés à la population cible. C'est le cas des affiches et des dépliants qui doivent être complétés par des photos et des images qui doivent être installées notamment dans les centres de santé. Nous avons par ailleurs déploré l'absence d'un service de communication qui serait chargé de coordonner les outils de communication interne et les outils de communication externe pour accompagner les activités du PNILP.

CHAP.IV. PROPOSITION D'UNE STRATEGIE DE COMMUNICATION

IV.1. Justification de la stratégie

Nous avons constaté à travers la lecture critique de la communication sur la lutte contre le paludisme en général, et à travers le PNILP en particulier, que l'apport de la communication comporte des atouts et des faiblesses.

1. Synthèse des atouts

. La communication sur le paludisme se fait convenablement pendant les périodes d'épidémie et à la veille de la Journée dédiée à la lutte contre cette maladie ;

. Le service IEC a consacré un large écho à la distribution des moustiquaires imprégnées à la population du Burundi spécialement au début de l'année 2011 ;

. La population à été informée de la distribution de ces moustiquaires à travers la radio nationale et les radios ciblées par le service IEC du Ministère de Santé Publique et de lutte contre le Sida comme la radio Culture et la Radio Isanganiro ;

. La télévision nationale a aussi montré des images sur la distribution de ces moustiquaires.

2. Synthèse des faiblesses

· Comme nous l'avons déjà souligné la première faiblesse réside dans le fait que les médias sont très sollicités en cas d'épidémie. En temps normal rien n'est dit sur cette maladie ;

· Aucune radio ne dispose d'une tranche spécifique à la lutte contre cette maladie ;

· Certains outils de communication conçus par le service IEC du Ministère de la Santé Publique et de lutte contre le Sida ne sont pas assez vulgarisés, c'est le cas des films ;

· En temps que première cause de mortalité au Burundi, le paludisme ne fait pas l'objet de formations suffisantes :

- à l'intention des journalistes ;

- à l'intention des infirmiers des structures publiques et privées ;

- à l'intention des agents communautaires ;

- à l'intention de certains leaders d'opinions comme les responsables des CDS pour qu'ils s'imprègnent davantage des approches de prévention contre le paludisme ;

· Le discours politique ne fait pas souvent allusion aux dangers du paludisme au Burundi.

· Dans la même logique lors de la distribution des moustiquaires imprégnées en mairie de Bujumbura (Mars 2011), la classe politique et le personnel médical n'ont pas élevé leurs voix pour expliquer l'importance de l'opération dans la prévention du paludisme. Cette opération n'a pas été accompagnée par une campagne d'explication sur le rôle des moustiquaires dans la prévention du paludisme. La campagne insistait sur l'acte de distribution gratuite de ces moustiquaires.

IV.2. Les étapes d'élaboration d'une stratégie de choix des outils de communication

Comme nous l'avons déjà signalé, la communication est devenue un élément central des réponses développées face au paludisme. Elle structure les stratégies de changement de comportements, principale parade contre le paludisme. Il devient donc impératif et urgent d'élaborer une bonne stratégie de choix des outils de communication pour réussir cette tâche. Cette élaboration doit passer par 3 étapes à savoir :

- L'analyse de la situation

- L'élaboration de la stratégie de choix des outils de communication

- La validation de la stratégie

IV.2.1. L'analyse de la situation

Elle permet d'identifier le problème en matière de santé ainsi que les questions de communication qui lui sont liées. Elle permet également d'identifier les forces et les faiblesses, les atouts et les opportunités d'une part, les obstacles et les contraintes d'autre part, dont il faudra tenir compte lors de la planification ainsi que les risques et postulats sur lesquels cette stratégie est fondée :

Il convient, pour bien faire cette analyse de se poser certaines questions comme :

1. Y-a-t-il un problème de santé à résoudre ? Dans le cas qui nous concerne, le problème de santé à résoudre est le paludisme qui est la 1ère cause de morbidité et mortalité au Burundi.

2. Quelles sont les conséquences du problème ?

Cette maladie qui affecte plus particulièrement les enfants de moins de 5 ans, les adultes et les femmes enceintes freine le développement car elle affecte une population active, sans oublier qu'un individu qui tombe malade devient une charge pour le reste de la famille et mérite une assistance financière (achat des médicaments).

On observe donc, des retombées négatives dans les familles et l'économie des ménages et du pays en souffrent. Le gouvernement perd car quand il y a décadence des forces productives. Les épidémies de paludisme peuvent ralentir la croissance économique du pays. Pendant les épidémies, les activités champêtres et scolaires sont fortement réduites.

3. Quel serait alors le rôle des outils de communication dans la lutte contre le paludisme ?

Le paludisme étant une maladie causée par un moustique femelle « Anophèle » et qui vit dans l'environnement, les outils de communication peuvent contribuer dans la sensibilisation contre ce moustique, soit la communication peut jouer un rôle dans l'utilisation des moustiquaires ou dans la destruction des milieux favorables à ce moustique (l'environnement insalubre, les eaux stagnantes)

4. Quelles sont les solutions possibles au problème ? (dont la communication)

Les solutions possibles à ce fléau sont en premier lieu la mise en place d'une bonne politique de choix des outils de communication liés à cette lutte. Il faudrait que le PNILP mis en place par le gouvernement soit doté d'une structure de communication pour assurer une formation et une sensibilisation de tous les groupes cibles à savoir : les agents de santé, les professionnels des médias, les leaders d'opinions (autorités administratives, élus locaux, autorités religieuses) qui peuvent à leur tour agir sur la population concernée par le paludisme.

Et enfin, il faudrait qu'il y ait plus d'intervention des ONG ou associations nationales et internationales pour lutter contre ce fléau.

5. Quelle est la synthèse du contexte d'intervention (atouts et opportunités, contraintes et obstacles) ?

Le PNILP et les autres partenaires ont tout essayé pour faire face à ce fléau mais le paludisme reste la 1ère cause de morbidité et mortalité par manque d'une politique de choix des outils de communication efficace pour lutter contre ce fléau. Les moustiquaires imprégnées sont efficaces quand elles sont régulièrement imprégnées d'insecticides. Le gouvernement compte souvent sur les partenaires pour avoir des moustiquaires, d'où les moustiquaires ne sont pas toujours suffisantes. Il faut aussi penser à la pulvérisation des insecticides dans les maisons d'habitation. Mais encore une fois, le Ministère de la Santé Publique et de lutte contre le Sida ne le fait pas systématiquement dans les régions touchées par les moustiques. Visiblement il n'y a pas de budget prévu pour cette activité.

6. Qui est intéressé et qui peut contribuer à résoudre le problème ? (Parties prenantes)

- Ceux qui sont intéressés par la lutte du paludisme sont d'abord le gouvernement à travers le PNILP dans l'objectif de sauver la vie de la population, ensuite les autres associations qui oeuvrent dans ce secteur. Et enfin, toute la population dont la vie est en danger, en adoptant un nouveau comportement. Mais la population doit être sensibilisée davantage car la morbidité et la mortalité causées par le paludisme au Burundi montrent que la population a encore besoin d'être sensibilisée.

7. Quelles sont les connaissances, les attitudes et les pratiques des cibles possibles de la communication (besoins, habitudes de communication ou apprentissage, facteurs favorables ou défavorables au changement, obstacles économiques, sociaux et culturels qui empêchent les agents à faire appel aux soins).

Il faudrait que les journalistes, les agents de santé, les leaders d'opinions, disposent des informations suffisantes sur tous ces aspects, d'où le bon choix des outils de communication permettrait d'atteindre la majorité du public cible.

8. Quels sont les outils de communication existants au sein du PNILP ?

Il convient de rappeler que ce programme ne dispose pas d'un plan de communication officiel. Donc, sans ce plan de communication il est difficile de savoir quel outil de communication privilégié par rapport à l'autre. Mais le Ministère de la Santé publique et de lutte contre le Sida dispose d'un service IEC où tous les programmes en rapport avec la santé doivent passer pour préparer une sensibilisation contre une épidémie donnée. Tout cela constitue un handicap au niveau des programmes en général et sur le PNILP en particulier.

IV.2.2. L'élaboration de la stratégie

Une fois la situation analysée, il convient de se poser la question suivante : les outils de communication sont vraiment nécessaires et peuvent-ils contribuer à résoudre le problème ?

Une fois que le problème est dû à un manque de connaissances, à des attitudes, des croyances négatives ou à un manque de savoir-faire il serait nécessaire alors de faire recours à la communication, d'où la nécessité d'une stratégie efficace du choix des outils de communication. Mais si par contre, le problème est lié à d'autres facteurs (accessibilité des produits ou des services, pouvoir d'achat,...) la communication sera alors inefficace.

- Il faut ensuite sélectionner les problèmes de communication selon des critères comme langue, vulnérabilité, les personnes touchées, la disponibilité des moyens financiers, ...)

- Il faut enfin sélectionner les outils de communication à utiliser à chaque type de problème identifié.

Le passage de l'analyse de la situation à l'élaboration de la stratégie se fait souvent au cours d'un atelier qui permet le partage du savoir entre les partenaires concernés (les résultats des études sont commentés, discutés et enrichis par les participants qui disposent alors d'un savoir minimum qu'ils pourront exploiter tout au long du processus de planification) puis l'identification, la sélection et l'analyse des problèmes de communication.

Les questions suivantes pourront aider à faire l'analyse du problème de communication.

1. Quel est le problème prioritaire ? (exemple de critère : degré d'urgence, financement disponible, vulnérabilité, ...)

Ø Le problème prioritaire est que le gouvernement à travers le ministère de la santé publique et de lutte contre le SIDA doit concevoir des outils de communication pour accompagner les programmes du PNILP, notamment ceux qui se rapportent à la sensibilisation sur les méthodes préventives du paludisme afin de diminuer le taux de morbidité et de mortalité (1ère cause de morbidité et de mortalité au Burundi)

2. Qui est touché par le problème ?

Ø Tout le monde sans distinction d'âge ni de sexe peut être affecté par le paludisme.

3. Qui peut influencer ceux qui sont touchés ?

Ø Les médecins, les professionnels des médias, les leaders communautaires, les élus locaux, les enseignants, les agents de santé communautaire.

4. Quelles sont les solutions possibles au point de vue communication ?

(Exemple : les informations régulières, les conseils, la formation, le plaidoyer auprès du gouvernement pour qu'il s'implique davantage et auprès des ONG et autres donateurs comme l'OMS, l'approche participative pour impliquer les communautés,...)

Ø Pour faire face au paludisme, il faudrait d'abord que la population soit sensibilisée sur les méthodes préventives contre le fléau (l'endroit où vit l'anophèle, les produits qui peuvent tuer les moustiques, les méthodes d'hygiène,...)

5. Quelles sont les informations non disponibles à l'heure actuelle et qu'il faudrait collecter (exemple niveau initial des connaissances, attitudes et pratiques au sein de la population avant l'intervention). Pendant l'élaboration de la stratégie, il faut tenir compte de deux notions très importantes à savoir :

1. Le cadre stratégique

2. Le volet opérationnel de la stratégie

Dans le cadre stratégique, on définit le but et les objectifs de la communication.

Dans le cas qui nous concerne, le but et les objectifs de la communication seraient d'acquérir au public cible les connaissances nécessaires sur le paludisme.

- Sélectionner et analyser les groupes cibles à toucher. Pour le cas du PNILP, il convient de sensibiliser les agents de santé, les élus locaux, les confessions religieuses, les médias car ce sont eux qui vont à leur tour sensibiliser la population.

- Déterminer les outils de communication les plus appropriés

Ø Les outils de communication les plus appropriés sont entre autre la radio qui est l'outil de communication de masse par excellence dans notre pays suite à son coût accessible, son entretien, son caractère portable,...). La radio permet d'atteindre le plus grand nombre des personnes en peu de temps. Aussi, la T.V jouerait un rôle important même si les avantages sont réduits par rapport à la radio (coût élevé, accessible dans les milieux urbains, ...) mais elle peut contribuer à sensibiliser dans les centres urbains et semi-urbains, du fait qu'elle associe le son et l'image.

Les journaux apparaissent en 3ème position suite au taux d'analphabétisme élevé, coût élevé par rapport au pouvoir d'achat de notre population, critère langue car nombreux de ces journaux apparaissent dans la langue étrangère, le Français,...)

Toutefois, un « arsenal d'outils de communication » serait un meilleur moyen de lutte contre le paludisme.

IV.2.3. Elaborer les messages clés

Ces messages doivent être simples et faciles à comprendre. Ils doivent être orientés sur des mesures concrètes et enfin, doivent être positifs c'est-à-dire encourager des comportements positifs et le recours à des produits efficaces. Nous avons jugé bon d'exploiter un exemple de cette catégorie

ex : malaria ni ingwara ya mbere yica abarundi ikongera ikabasinzikaza. Ariko ni ingwara ivurwa igakira iyo umurwayi yashitse kwa muganga hakiri kare.

Iterwa n'imibu, ariko dushobora kwikingira iyo mibu mugukoresha imisegetera irimwo imiti, mugutema amashamba atwegereye.

Vira hasi rimwe tuzitire tutaronerwa aho tubaye.

Il faudrait également utiliser les messages répétitifs car il est difficile de comprendre un message s'il est émis une seule fois, d'où il faut que le message soit répété plusieurs fois.

Le volet opérationnel de la stratégie comprend surtout le cadre institutionnel c'est-à-dire les structures d'exécution (coordination, partenaires, médias, la production du matériel IEC, le planning des activités, le calendrier d'exécution ainsi que la budgétisation des activités.

NB : Grâce à des messages appropriés, véhiculés vers les cibles concernés par les outils de communication adéquats, la communication favorise les changements nécessaires à la résolution des problèmes.

IV.2.4. La validation de la stratégie

Une fois la stratégie élaborée et son volet opérationnel conçu, il convient de la soumettre pour validation. Ce processus de validation implique l'ensemble des acteurs institutionnels ayant un rôle majeur dans la mise en oeuvre, c'est le cas des partenaires dans le cas de la santé et des autorités compétentes (gouvernement dans le cas d'une stratégie nationale). La validation peut se faire au cours d'un atelier, puis peut être formalisé par un acte officiel (décret, arrêté, note par exemple,...)

La stratégie peut alors bénéficier d'un financement, être diffusée et sa mise en oeuvre peut commencer.

La figure ci-après nous fait le résumé des étapes ci-haut mentionnées de l'élaboration d'une stratégie de communication.48(*)

Identifier, définir, sélectionner et clarifier les problèmes de santé

1.

2.

Non Oui

3.

4.

5.

6.

7.

8.

9.

10.

11.

12.

Problèmes liés à la communication

Recours à d'autres solutions (budgétaire, financier)

Définir le but et les objectifs de la communication

Sélectionner et analyser les groupes cibles à toucher

Déterminer les approches de communication les plus appropriées

Elaborer des messages clés

Déterminer les outils efficaces pour les approches choisies

Planifier le volet opérationnel : cadre institutionnel, coordination partenaires, médias, structure d'appui, technique, plan et document connexes, production du matériel IEC, formation, planning des activités, suivi - évaluation, budget

Valider la stratégie

Développer les messages et le matériel de communication (esquisse, pré-test et finalisation)

Exécuter la stratégie : mise en place et renforcement des structures, mobilisation des ressources nécessaires, production, reproduction de matériel de communication, réalisation des activités

Assurer le suivi-évaluation pour la révision de la stratégie

La figure ci-dessus montre une proposition concrète d'une stratégie de choix des outils de communication adaptés au PNILP.

1-2 : Il faudrait identifier et clarifier les problèmes de santé que la communication peut résoudre. Ces problèmes sont entre autres :

- L'ignorance des moyens de lutte contre le paludisme

- Manque d'information sur le comportement à adopter, les médicaments efficaces, et comment les prendre.

3. Le but de la communication serait donc de faire acquérir au public cible des connaissances suffisantes sur :

- Le paludisme

- Les moyens de lutte contre le paludisme

- L'adoption d'un comportement adéquat

-Les médicaments disponibles actuellement

4-5 : Il faut alors identifier les groupes cibles à toucher et déterminer les approches de communication les plus appropriées. Ici, comme il s'agit de prendre toute la société comme public cible, il convient d'utiliser les approches de communication de masse à savoir :

- La communication de masse qui se fait à travers les médias comme la radio, la

T.V, les affiches publiques (école, marché, église,...)

- L'approche participative communautaire (où on laisse le public cible

s'exprimer sur un problème donné, cette approche privilégie l'échange et le

débat.

6-7 : Il faudrait alors élaborer des messages clés adaptés en tenant compte des outils efficaces et adaptés à la communication de masse. Les messages doivent être répétitifs et positifs pour la bonne compréhension.

8. Le volet opérationnel de la stratégie comprend entre autres le cadre institutionnel, c'est-à-dire les structures d'exécution (le PNILP, les médias, les partenaires), la production du matériel IEC, le planning des activités et le calendrier des exécutions ainsi que la budgétisation des activités.

9. Une fois la stratégie élaborée et son volet opérationnel conçu, il convient de les soumettre pour validation. Ce processus implique l'ensemble des acteurs ayant un rôle précis dans la mise en oeuvre (PNILP, Mini santé, OMS, média, ONG locales et internationales).

10. Quant à l'étape de développement des messages et de matériel de communication, il convient au PNILP d'utiliser des messages faciles à comprendre et qui stimulent les gens à changer de comportement afin de se prévenir contre ce fléau. Le matériel doit aussi être facile à manipuler pour permettre la compréhension du message.

11. L'étape de l'exécution de la stratégie comprendra la révision de la stratégie afin de faire des ajustements ou des améliorations si nécessaires.

Tels sont le schéma et son interprétation de la stratégie de choix des outils de communication que nous proposons au PNILP. Le personnel du PNILP est appelé à suivre les différentes étapes de la stratégie, à les enrichir si possible, ainsi leurs actions auront un impact considérable.

« Tout objectif de communication devrait viser une étape de processus de changement de comportement chez l'homme. »49(*)

CONCLUSION ET SUGGESTIONS

Pour clore ce travail, force est de constater que le paludisme reste la première cause de morbidité et de mortalité au Burundi malgré les efforts engagés par le gouvernement à travers le Programme National Intégré de Lutte contre le Paludisme (PNILP). L'OMS et le Fonds Global contre le SIDA et le Paludisme continuent à appuyer l'effort du gouvernement burundais dans la lutte contre ce fléau mais le résultat reste mitigé car le paludisme continue à faire des ravages plus que le Sida et les autres maladies.

Il est alors plus qu'une nécessité de protéger la population car le paludisme emporte beaucoup de personnes actives et il est l'un des facteurs qui freinent le développement du pays.

L'objet de ce travail était de montrer que la lutte contre le paludisme n'est plus seulement une affaire de médecins et de personnels de santé, mais qu'elle doit être accompagnée par des actions de communication. Nous avons choisi plus particulièrement l'analyse des outils de communication utilisés dans la lutte contre le paludisme au Burundi afin de contribuer à réduire les effets néfastes de ce fléau. A travers les investigations que nous avons menées, nous avons constaté que la communication sur le paludisme n'affiche aucun cachet particulier par rapport aux autres maladies. Malgré la gravité du paludisme qui a été observée particulièrement dans les années 2000, le PNILP n'a été mis en place qu'en 2009. L'heure du bilan n'a pas encore sonné, mais nous avons d'ores et déjà constaté que les outils de communication ne sont pas adaptés à toutes les situations.

En nous référant aux résultats de notre recherche et aux critiques émises là-dessus, nous estimons que notre hypothèse a été confirmée.

L'hypothèse était formulée comme suit : «: Le PNILP ne parvient pas à lutter efficacement contre le paludisme, car ses activités ne sont pas accompagnées par des outils de communication adaptés ».

Nous estimons que cette hypothèse a été confirmée avec une petite nuance, car nous avons constaté que les outils actuels du PNILP se cherchent encore. La responsable chargée de la prise en charge du paludisme l'a aussi reconnu en affirmant que le programme exploite des outils de communication dont l'efficacité n'est pas prouvée. Enfin, nous avons constaté l'absence au sein du PNILP d'une structure ou un service de communication chargé de coordonner les activités y relatives. Les radios tant publiques que privées peuvent jouer un rôle important si le PNILP initie un partenariat permanent avec ces médias. Mais le manque de la communication adaptée ne peut pas être le seul blocage, il peut y avoir d'autres contraintes que nous n'avons pas pu relever. Nous nous sommes limités à l'analyse des outils de communication utilisés par le PNILP.

Après avoir vérifié notre hypothèse et atteint les objectifs de recherche, nous tenons à suggérer:

1. au ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA, de créer, à travers le PNILP une structure de communication et procéder à la promotion des personnes chargées de l'exécution. Cette structure serait chargée de concevoir les outils de communication efficaces et de coordonner toutes les activités de communication en rapport avec la lutte contre le paludisme ;

2. aux bailleurs de fonds et aux organisations internationales de reconnaître davantage le paludisme comme le 1er problème de santé surtout dans les pays tropicaux, et allouer en conséquence les ressources appropriées au programme de lutte contre cette maladie. Ils doivent aussi aider le PNILP à mettre en place une bonne politique de communication.

3. au PNILP, à travers sa politique de communication, de mettre en avant la théorie de Communication pour le Changement de Comportement (CCC)dans le but d'atteindre ses objectifs. Le PNILP devrait créer des partenariats avec les médias de masse pour atteindre un public large ;

4. aux médias, grâce à leur influence et à l'impact de leurs actions, d'acquérir plus de connaissances en matière de lutte contre le paludisme et veiller à ce qu'elles soient vulgarisées ;

5. enfin, à toute la population de prendre désormais conscience de l'impact socio-économique du paludisme et adopter un comportement à moindre risque que ce soit pour la prévention et la prise en charge.

Nous ne prétendons pas avoir épuisé le sujet, d'où nous suggérons à ceux qui seraient intéressés par le même domaine de recherche, de se pencher sur les outils de communication efficaces : dans la prévention du paludisme en milieu rural, ou dans la prise en charge des malades du paludisme en général.

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www.who.int/paludisme.

http://www.rolbackmalaria.

http://fr.wikipedia.org/wiki/paludisme.

ANNEXES

ANNEXE1 : GUIDE D'ENTRETIEN

A l'intention des producteurs de la radio-télé publics et privés

Médium visité : - Date :......../......./2011

-Télévision :..................

-Radio :...........................

1. Avez-vous une émission sur la santé dans votre médium ?

2. Quand est-ce que l'émission passe, dans quelles langues ?

3. Pourquoi le paludisme qui est la première cause de morbi mortalité n'occupe pas une place de choix dans votre médium ?

B. A l' intention des journalistes des médias écrits publics et privés

1. Y-a-t-il une rubrique « santé » au sein de votre journal?

2. Quelle est la place du paludisme dans cette rubrique?

3. Pourquoi le paludisme n'occupe pas une place de choix dans votre journal ?

C. A l' intention des responsables du PNILP et d'autres acteurs.

1. Avez-vous des outils de communication au sein de votre programme, ONG ou association ?

2. Quelle est la contribution de ces outils dans la lutte contre le paludisme ?

3. Quelles sont les contraintes auxquelles fait face la communication sur le paludisme au Burundi ?

ANNEXE 2 : LISTES DES PERSONNES INTERROGEES

Les personnes principales

.Le personnel du PNILP:

-Le Directeur du PNILP : Dr Julien KAMYO

-Le point focal du PNILP avec l'IEC : Mme Goreth NKENGURUTSE

- Le chef de l'Unité Suivi-évaluation : Mr Hypax MBANYE

Les autres personnes ressources :

.Les agents des médias :

- Mme Schola BIGARANYA, productrice de l'émission sur la santé à la deuxième chaîne à la Radio Nationale

-Mme Gloriose MBAZUMUTIMA, Journaliste réalisateur à la Télévision Nationale

-Mr Donatien NSABIYUMVA, rédacteur en chef dans l'hebdomadaire UBUMWE

-Mme Rita TABU, productrice des émissions de santé à la RPA

-Mme Inès KIDASHARIRA, Journaliste à la Radio Isanganiro

-Mr Prosper NTIRANYIBAGIRA, Journaliste à la RSF Bonesha FM

-Mr François BIZIMANA, Journaliste producteur des émissions de santé à la radio culture

-Mme Laurette MBANDEREMBAKO, chargé des questions en rapport avec la santé dans le journal Iwacu

-Mr Jérémie SINDAYIKENGERA, chargé de la communication au CED-Caritas

ANNEXE 3 : Messages sur la lutte contre le paludisme au Burundi.

(Dormir sous une moustiquaire imprégnée permet de se protéger contre la malaria, utilisons-les pour leur propre usage).

(Nous allons nous servir de ces moustiquaires imprégnées tous les jours, en vue de nous protéger contre la malaria.)

* 1 Dr IBRAHIMA C. et al., Analyse du système de santé et de lutte contre le paludisme à Bujumbura, 2002, p.39.

* 2 STOETZEL, J., Fonction de la presse dans les études de presse, Institution financière française, Vol. III, n°1,

juillet 1938, p.38.

* 3 Demography and Healthy Survey (DHS), Calverton, MD, ORC, Marco http://www.measuremedhs.com.

* 4 Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le Sida, Rapport annuel EPISTAT, 2010.

* 5 WATZLAWICK, P. et al. Une logique de la communication, Paris, Seuil, 1972.

* 6 KELLY, T.L., cité par DE LANDSHEERE, G., Introduction à la recherche en éducation, Armand Colin,

Bourrelier, Paris, 1976, p.75.

* 7 ROY, C., in Communication, Bidon, Tolérance, 12 juin, 1995, p.29.

* 8 FAO, Guide méthodologique d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia, Rome, 2002, p.2.

* 9 PIERRE, S., Les relations interpersonnelles, Montréal, éd. Agence d'arc, 1975, p.342.

* 10 Mc. LUHAN, Pour comprendre les médias, Paris, Seuil, 1976, p.418.

* 11 SILBERMANN, Alphonse., Communication de masse, Paris, Hachettes,1981 .

* 12 SILBERMAN, A, La communication de masse, Hachette, Paris, 1981, p32.

* 13 FAO, La communication pour le développement manuel 3, La conception et mise en oeuvre de politiques nationales, Niamey, 1-5Avril, 2002.

* 14 FAO, Manuel pour le développement, Rome, 1998, p.68.

* 15 http://www.adrenaline.112.org/Durge/Dinf/palu.htm/

* 16 BERNARD et GENEVIEVE, P., Dictionnaire médical pour les régions tropicales, éd. BERPS, p.554.

* 17 GARNIER DE LA MARE, Dictionnaire des termes de médicine, 27e éd., MALDIRE, 2003, p.674.

* 18 GARMEN, D., op.cit., p.543.

* 19 Http://www.furura-science.com/fr/definition/t/d/orbidité-2770/

* 20 Ministère de la Santé Publique, service national d'Education pour la Santé, document de formation des producteurs de l'EPS , et des antennes des programmes de santé en techniques de communication, Bujumbura, 2000, p69

* 21 LASWELL, H.C., The Structure and Function of Communication in Society in the Communication of ideas,

Ouvrage collectif sur la direction de Lyman Bryson, New York, Hayer and Brothers, 1948, p.37.

* 22 LASWELL, H.C., opcit.

* 23 http ://fr.wikipedia.org/wiki/paludisme

* 24 Gentlini, M.; Danis et NOZESAIS, Endémies tropicales majeures, Ed. CNED et UREF, 1999,p .50.

* 25 http/fr.wikipedia.org/wiki/paludisme

* 26 Demography and Healthy Survey (DHS), calverton, MD, ORC, Marco http://www.measuremedhs.com.

* 27MULUMBA NGANDU, tiré dans la thèse de doctorat en médecine, Etude sur la connaissance et l'utilisation des moyens de prévention du paludisme en Mairie de Bujumbura : Cas de la commune de Buyenzi, UB, 2007

* 28 Idem

* 29 FRANCIS, L., Le paludisme au Burundi, Yaoundé, Cameroun, 2008, p.10.

* 30 FRANCIS, L., op. cit., p.14.

* 31 Ordonnance Ministérielle du 13Janvier 2009 portant création du PNILP, dans ses articles 10, 11,12, 13,14.

* 32 Informations fournies par le point focal du PNLP avec l'IEC, Mme Goreth NKENGURUTSE.

* 33 ESCARPIT, R., L'écrit et la communication, Paris, PUF, Collection « Que Sais-Je ? », 1976, p.197.

* 34 Ministère de la communication, enquête sur la consommation de l'information au Burundi, Bujumbura, 2000

* 35Information fournies par Madame Schola BIGARANYA, productrice de l'émission sur la santé à la deuxième chaine de la Radio Nationale.

* 36 Informations fournies par Madame Gloriose MBAZUMUTIMA, Journaliste réalisateur à la Télévision Nationale.

* 37 Déclaration du représentant de l'UNESCO lors de la Journée consacrée à l'alphabétisation au Burundi, Bujumbura, Avril2011.

* 38 HAILLEY, An African Survey.

* 39 Information fournie par Donatien SABIYUMVA, rédacteur en chef.

* 40 Information fournie par Rita TABU, productrice des émissions de santé à la RPA.

* 41 Information fournie par Inès KIDASHARIRA, Journaliste à la Radio Insanganiro.

* 42 Information fournie par Prosper NTIRANYIBAGIRA, Journaliste à la RSF Bonesha FM.

* 43 Information fournie par François BIZIMANA, Journaliste producteur des emissions de santé à la Radio Culture.

* 44 Information fournie par Laurette BANDEREMBAKO, chargée des questions en rapport avec la santé dans le

journal IWACU.

* 45 Ministère de la Santé publique, Service national d'Education pour la Santé, op.cit., p.69.

* 46 Op.cit.,p72.

* 47 Les informations sont fournies par le point focal du PNILP à l'IEC.

* 48 FAO, La communication pour le développement, atelier régional, bilingue tenu à Niamey, Niger, 1-5, avril 2002, p.12.

* 49 FAO, La communication pour le développement, atelier régional, bilingue tenu à Niamey, Niger, 1-5, avril

2002, p.21.






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