CHAPITRE 13 : LA NOTION DU DEGRE DE VULNERABILITE DU
MENAGE
Section 13.1 Le statut de vulnérabilité
d'un ménage
Selon la conception de Care, la vulnérabilité
d'un ménage est déterminée à travers son aptitude
et sa capacité à préserver et améliorer sa
qualité de vie principalement dans les domaines suivant :
- la sécurité alimentaire,
- la sécurité sanitaire et nutritionnelle
- la disponibilité et l'accès à l'eau
potable
- la sécurité en matière de
l'éducation
- la sécurité en matière d'habitat (en
respectant le contexte social de sa communauté)
- la sécurité économique ;
- etc.
En effet, les ménages sont généralement
classés en trois catégories de vulnérabilité
à partir du postulat qu'ils sont tous vulnérables. Ainsi, nous
distinguons :
- les ménages « moyennement
vulnérables » (classés A). Ces ménages font
face aux crises alimentaires sans conséquence réelle sur leur
sécurité alimentaire. En fait, ils peuvent même profiter
des crises de part leur disponibilité monétaire (achat de biens
de production à prix bradés, crédits, etc.) ou par effet
d'entraînement économique (emploi de main d'oeuvre). Les effets de
la crise se font sentir en terme de perte, avec un certain retard par rapport
aux autres ménages. La reprise est progressive, soutenue et rapide. Au
niveau de ces ménages la décapitalisation est importante pendant
la résistance aux crises. (ce qui est logique puisque ces ménages
disposent d'un capital important). C'est aussi des ménages qui
présentent de multiples stratégies d'adaptation qui sont
généralement d'ordre monétaire.
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- Les ménages « peu vulnérables
» (classés B) : Quand ces ménages sont
affectés par les crises, ils recouvrent leur niveau
précédent de sécurité sans trop de
difficultés. C'est des ménages qui, en cas de crise alimentaire,
consomment la totalité de leurs stocks alimentaires et vendent des
petits ruminants. Mais de façon générale, ils arrivent
à préserver leurs biens productifs. Ces ménages
présentent des stratégies d'adaptation moins efficaces que les
ménages A. Leur durée de rétablissement lors d'un choc est
plus longue que celle des ménages A.
- Les ménages « très
vulnérables » (classés C) : ce sont des
ménages qui ont perdu leurs biens productifs essentiels et les
stratégies de substitution ne leur offrent qu'une
réversibilité partielle ou faible. Lors d'un choc, la
décapitalisation est rapidement enclenchée (pertes importantes
pour les ménages bien qu'elles soient faible en valeur absolue). Le
processus de rétablissement est lent, long et incertain au niveau de
cette catégorie de ménages. Par ailleurs, ces derniers
présentent des stratégies d'adaptation à la nouvelle
situation qui sont peu monétaires, moins nombreuses, peu efficaces et
très dépendantes de l'efficacité des stratégies des
ménages A et B. Ce sont des ménages qui font fréquemment
recours à l'emprunt, à la vente de la main d'oeuvre et à
la "zakat".
- Dans certains départements du Niger, comme Dakoro, il
existe une quatrième classe de vulnérabilité qui est celle
des ménages extrêmement vulnérables. Ces
ménages ont des systèmes de vie basés sur la
précarité de leurs membres dans tous les domaines (santé,
habitat, capital social, sécurité alimentaire et
éducation). Ils manquent généralement des biens de
production.
Virtuellement, tous les ménages sont vulnérables
à un degré ou à un autre, c'est ce que l'on appelle la
vulnérabilité relative. Suite à un choc très fort
ou à des déficits alimentaires successifs
(événements fréquents au Niger ), tous les ménages
voient leurs conditions de vie se dégrader. En effet, leur niveau de
sécurité alimentaire fluctue et diffère d'un degré
de vulnérabilité à un autre, comme l'illustre le graphique
suivant.
Graphique 4 L'évolution de la
sécurité alimentaire inter annuelle à l'échelle des
ménages
Ménages moyennement
vulnérables
Ménages vulnérables
Ménages très
vulnérables
Niveau de
Sécuritéalimentaire
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