0
« Les problèmes d'environnement se
rencontrent, bien entendu, au niveau de la famille (hygiène et
santé, nutrition, chauffage, etc.), au niveau local (village, district,
municipalité) et enfin au niveau national, régional et
mondial.
C'est à chacun de ces niveaux que les
problèmes d'environnement doivent trouver leurs solutions. Pour cela, il
faut informer et éduquer les personnes, améliorer les lois et les
institutions, élaborer des politiques nationales et conclure des accords
régionaux et mondiaux. »
-Raymond J. Penn, expert conseil auprès de la FAO
1
DEDICACES
L'avenir de l'Afrique est entre les mains de
sa
jeunesse !
A tous les chercheurs qui croient à la
réhabilitation de l'Afrique en général et du
Sénégal en particulier.
A tous ceux qui s'engagent à découvrir
les mystères liés au sous développement, à
transformer nos "prétendus" handicaps en forces.
A mes courageux père et mère aux
qualités légendaires
A mes grands pères El hadji Doundou
Dème, Abdou Karim Thiam et Ibrahima Thiam très tôt
disparus
A la mémoire de mes grand' mères Maty
Thiam, Codou Thiam, Haby Anne et Koukou, arrachées à notre
affection.
Que la terre de Koussanar leur soit
légère.... Amen !
2
Remerciements
Louanges à DIEU, le tout puissant, qui
nous a donné l'immense faveur de réaliser ce travail dans la
santé, la paix et la quiétude. Paix et salut sur le
prophète MOUHAMAD qui nous a permis d'acquérir
la culture islamique.
Je remercie avant tout ma mère (Kotowo
Dème), mon père (Moustapha Thiam), mes
oncles (Djibril Dème et Abdoul Djibril Ba) mon homonyme
(Elias Azar) et son épouse (Samira)
qui n'ont ménagé aucun effort pour nous inculquer la
bonne éducation et nous soutenir aussi bien moralement que
matériellement. Nous leur sommes redevables pour tous les sacrifices
qu'ils ont consentis en vue de nous mettre sur la voie du succès.
Nous associons ensuite à nos remerciements
Monsieur Boubou Aldiouma Sy pour avoir accepté
l'encadrement de ce mémoire de maîtrise. Il a toujours fait preuve
de sociabilité, de pédagogie, de probité intellectuelle et
de rigueur. Il nous a permis de comprendre que le chercheur, géographe
en particulier, doit être à la fois ambitieux et modeste.
Nous exprimons également notre gratitude et nos
reconnaissances à Messieurs Oumar Diop, Serigne Modou Fall,
Maouloud Diakhaté, Adrien Coly, Mamadou khouma qui ont bien
réussi leur mission d'enseignants -éducateurs à travers
leurs soutiens, leurs conseils, leurs orientations et suggestions.
Mention spéciale à M. Coly
(SODEFITEX de Tamba) pour son assistance technique et sa
disponibilité à propos de l'informatique. Nous ne saurions sortir
de ce domaine sans citer M. Dieng, qui nous a initié
aux logiciels MapInfo et ArcView, lesquels ont été d'une grande
utilité dans la représentation cartographique des
données.
Nos remerciements vont aussi à M. Niang Top
(brigade forestière de Koussanar), un exceptionnel
collaborateur, M. Ndiaye (sous préfecture de
Koussanar), M. Diop (C.A.D.L) pour avoir accepté
volontiers de partager leurs expériences de terrains et les informations
à leur disposition.
Nous associons aussi nos parents/tuteurs de Saint-Louis
(Mactar Sow et sa famille) pour leur hospitalité
légendaire. Parmi eux, je citerai ma tante Haby Ba et
mon cousin Malick Sow.
3
Nous saluons la relative disponibilité et l'ouverture
des populations enquêtées dont la collaboration nous était
indispensable.
Enfin, nous remercions très sincèrement: Nos
parents (Bineta Diallo,Sadio Aliou Thiam, Néné Coulibaly,
Kadiatou Kébé, Amsatou Thiam, Bouky Thiam, Bamby Ba, Dioumo Sow,
Maye Ndour, Dièynaba Dème, Codou Dème, Vieux
Diop,..), frères (Abdou K. Thiam, Kalidou Thiam,
Mamagorko Thiam, Massamba Thiam, Alpha Thiam, Hadji Thiam, Lamine Thiam,
Khoureichi Thiam, Tapha Thiam, Cheikh Oumar Thiam...), soeurs
(Amy Kollé Ndao, Sophie Thiam, Mary Thiam, Diodo Thiam,
Néné Thiam, Amy Thiam, Amsatou Thiam, Fama Ndao, Ndèye
Ndao...), cousins (Diang Diallo, Papa Doudou, Mallé,
Moussa Diallo, Aboubakry Sow,...) et cousines (Adama Diop,
Fandoye Diop, Lika, Dièynaba Diallo, Ndèye Sow, Boundao, Adja,
Anta... ) ;
Tous nos amis (l'inamovible Samba Diallo et
l'infatigable Abdoulaye Ndao, le magnanime Abou
Dème et le très ouvert Abdoulaye Ndiaye, Arouna
Dème, Omar Dème, Omar sakho, Hamet Ndiaye, Bill, Malick Diouf,
Aliou Diouf, Bass Ndiaye, Moussa Sakho, Malick Diallo, Amadou Sakho,
Sékou Traoré, Moussa Sow, M. Ndiaye, Amadou Dème, Kissima
Ndiaye, Sène tailleur, Adama Ndiaye, mon aimable nièce
Khady Thiam, Néné Ndao, Sina Oualy, Amy
Ndiaye...)
Tous les membres de l'association des étudiants
ressortissants de Tamba à Saint-Louis (A.E.R.T.A.S). Entre autres je
citerai Moussa Thiongane (la providence), Hamidou
Baucoum, Pathé Ndao, Fodé B. Konaté, Fama Johnson Ndiaye,
Oumy Camara, Ndèye F. Guèye, Ndèye D. Ba, Bourel, Aminata
Kane, Adam Badiane, Fanta Ndao, Seynabou Sarr, Mamy Ndoye, Mamadou Lamine
Sané (l'inaltérable),Abass Aidara (le
sage), Cheikh Camara (the englishman),
Massouka, Abdou Aziz Badji, Laye
Dièye Fall, Pape Niang, Ousmane
Diallo, Ibou Dia, etc.
Nos camarades de promotion Fall, Labaly Touré,
Ibrahima Wone, Ousmane Faye, Ousmane Diaw, Karim Camara, Mouhamadou
L.A.L.Ndiaye, Cheikh Lamine Laye, Djibrirou D. Ba, Dioncounda Waly, Demba N.
Ndao, Aliou Ba, Voiz Mambaye Coulibaly,... Nous évitons de
poursuivre l'énumération de peur d'en omettre beaucoup. En somme,
notre reconnaissance va à tous ceux ou celles qui, de près ou de
loin, par leurs actes ou leurs propos, consciemment ou inconsciemment, ont
contribué à la réalisation de ce travail d'étude et
de recherche (TER).
4
SOMMAIRE
Dédicace
|
|
|
|
..1
|
Remerciements
|
|
|
|
...2
|
Sommaire
|
|
|
|
4
|
Liste des sigles et acronymes
|
|
|
|
.5
|
Glossaire
|
|
|
|
....6
|
Introduction: contexte géographique de
l'étude
|
|
|
|
...7
|
Problématique
|
|
|
|
..11
|
PREMIERE PARTIE:Espaces et
sociétés:le
|
cadre
|
physique
|
et
|
socio-
|
économique
|
|
|
|
.18
|
CHAPITRE I: Le cadre physique ..19
CHAPITRE II: Environnement et dynamique
socio-économique ..33
CHAPITRE III: L'exploitation forestière, une
soupape de sécurité pour la population
locale et une bombe environnementale ..48
DEUXIEME PARTIE:Gestion durable des ressources
naturelles: portée et
limites de la décentralisation 61
CHAPITRE IV : Le patrimoine ligneux : tableau des
contraintes ..62
CHAPITRE V : Décentralisation et
développement local 68
CHAPITRE VI : Vers une meilleure prise en compte de
l'environnement et des
|
ressources naturelles
|
75
|
Conclusion générale
|
.82
|
Bibliographie
|
85
|
Liste des figures et tableaux
|
88
|
Table des matières
|
89
|
Annexes
|
93
|
5
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMMES
ASECNA: Agence de sécurité pour
la navigation aérienne.
CADL: Centre d'Appui au Développement
Local.
C.E.R.P: Centre d'Expansion Rural
Polyvalent.
C.I.V.D: Comité Inter Villageois de
Développement
C.R: Communauté Rurale ou Conseil Rural
C.S.E: Centre de Suivi Ecologique
C.V.D : Comité Villageois de
Développement.
C.T : Continental Terminal.
D.R.D.R : Direction Régionale de
Développement Rural.
F.C: Forêt Classée.
F.E.M: Fonds pour l'Environnement Mondial.
F.I.T: Front intertropical.
G.I.E: Groupement d'Intérêt
Economique.
G.L.P: Groupement Local de Production.
H.R: Humidité Relative
M.A.R.P: Méthode Active de Recherche
Participative
P.D.E.S.O: Projet de Développement de
l'Elevage au Sénégal Oriental.
P.L.A.E: Plan Local d'Action pour le
Développement.
P.L.D: Plan Local de Développement.
T.E.R: Travail d'Etude et de Recherche.
P.N.I.R: Programme national d'infrastructures
rurales
U.C.A.D: Université Cheikh Anta Diop
de Dakar.
U.G.B: Université Gaston Berger de
Saint-Louis.
U.I.C.N: Union Mondiale pour la Conservation
de la Nature
6
GLOSSAIRE
Aménagement: Mise en oeuvre d'un ensemble
de règles et techniques dans une formation forestière en vue de
sa restauration ou d'une amélioration de son rendement.
Amodiation: Acte juridique relevant des
compétences de l'Etat qui concède des droits de chasse à
un tiers moyennant des ressources financières.
Audiences publiques: Système
organisé permettant à la population d'être une partie
prenante dans le processus de prise de décision.
Capacité de
régénération: Aptitude d'une espèce
végétale à retrouver son état initial après
une coupe. Elle est variable en fonction des espèces : forte chez les
combrétacées, faible chez Cordyla, Bombax et
Pterocarpus.
Compétence: Pouvoir conféré
à une autorité ou un organe de décider sur telle ou telle
matière. Les collectivités locales ont cette attribution.
Déboisement: Destruction d'une formation
forestière sans mise en valeur agricole ultérieure.
Décentralisation: Politique consistant
à conférer des compétences hors du centre où elles
sont traditionnellement exercées.
Désenclavement: Action destinée
à rompre l'isolement des zones vouées à la stagnation
économique à cause principalement de l'évolution des
techniques ou des conditions physiques difficiles.
Développement durable:
Développement fondé sur la trilogie croissance économique,
respect de l'environnement et progrès social.
Ferrugineux: Catégorie de sols des
régions tropicales à longue saison sèche. Ils sont riches
en sesquioxydes de fer avec des argiles présentant une certaine
proportion de kaolinites.
Foncier: Cadre dans lequel la terre acquiert une
valeur marchande. Elle est transformée en terrain, sol, etc.
reproductibles, amendables, extensibles et échangeables.
Révolution: Dans un système de
rotation, c'est la durée indispensable à la première
partie d'une forêt déjà exploitée pour se
régénérer.
Introduction:Contexte géographique de
l'étude
7
Finistère ouest africain, le Sénégal est
situé entre 12°30-16°30 nord et 11°30-17°30 ouest.
Il s'étend sur plus de 197 000 km2. Dans la poursuite de la
décentralisation engagée depuis l'indépendance du pays, ce
territoire se subdivise aujourd'hui en 11 régions
administratives1 dont la plus vaste et l'une des plus
sollicitée en matière de ressources naturelles est celle de
Tambacounda.
Elle couvre plus du 1/4 de la superficie totale (59602
km2) mais est faiblement peuplée (moins de 10 habitants/km).
Elle a une frontière commune avec le Mali à l'est, la Gambie
à l'ouest et la république de Guinée au sud.
Koussanar est un arrondissement du département de
Tamba. Il s'étend sur 3047 km2 pour une population
estimée à 33640 habitants, soit une densité moyenne de 08
habitants/km2 en 2002. Avec un total de 160 villages,
l'arrondissement se caractérise par une forte concentration notamment
dans la zone sud au niveau des chefs lieu éponymes des deux
communautés rurales de Sinthiou Malème et Koussanar qui la
composent.
La dernière couvre 1840 km2 (PLD, 2004) et
comporte plus de 16000 habitants répartis dans 92 villages.
Elle est limitée à l'est par la
communauté rurale de Sinthiou Malème et arrondissement de
Goudiry, à l'ouest par l'arrondissement de Koumpentoum, au nord par le
département de Ourossogui (Matam) et au sud par l'arrondissement de Maka
Coulibantan (voir figure 1)
1 celle de Matam s'ajoute en 2001 aux 10 déjà
existantes
Figure 1 : Carte de situation de la communauté
rurale de koussanar
8
Réalisée par Thiam E., d'après la
base de données de la SODEFITEX de Tamba
La communauté rurale de Koussanar (CRK) se localise
dans la zone soudano-sahélienne marquée par une
pluviométrie très variable (400 á 1000mm) et une forte
chaleur. On y distingue une saison sèche allant de novembre à mai
et une saison pluvieuse de juin à octobre. Dans la seconde partie de la
saison sèche, la localité subit les effets desséchants de
l'harmattan et connaît des températures très
élevées pouvant dépasser 40°C dans la journée.
En plus, des alizés continentaux (vents de sable assez forts) soufflent
de mars à mai. Les températures minimales sont
enregistrées de novembre à février.
La spécificité géomorphologique de la
communauté rurale (CR) est liée à la platitude du relief.
En fait, les paysages de la région de Tamba sont variés et se
développent sur un relief tabulaire. Le Sénégal Oriental
appartient dans sa partie ouest (y compris la communauté rurale de
Koussanar) au bassin de la Sénégambie. Il est possible d'y
observer quelques dépressions constituées de mares et de cours
d'eau saisonniers tarissant dès décembre : Sandougou, Wouro
Séno, Bohé Balédjé, etc. Notons que les eaux
souterraines sont essentiellement maestrichtiennes. Cette évolution
d'ensemble fait appel à une certaines période de l'histoire
terrestre notamment le quaternaire.
Du point de vue phytogéographique, on y retrouve une
végétation forestière favorisée par les conditions
climatiques locales. Elle est constituée d'une diversité
d'espèces sahélo- soudaniennes. Cependant, elle n'est pas
homogène dans la mesure où les activités rurales
(agriculture, élevage, exploitation forestière,...) et les feux
de brousse l'ont beaucoup dégradée.
Le peuplement de la communauté rurale est
récent. A travers nos enquêtes sur le profil historique de la
zone, nous nous sommes rendu compte que les premiers occupants se seraient
installés vers la fin du XIXè siècle. Ceci est
confirmé par la Méthode Active de Recherche Participative
(M..A.R.P) réalisée à Dawady et à Koussanar par
DGL/FELO.
La répartition ethnique est dominée par les
peuls (plus de 50%), les mandingues (plus de 30%), les bambaras (environ 7%) et
les wolofs (moins de 4%), le reste étant constitué de
minorités koniaguis, sérères, etc. (PLD, 2004). Par
ailleurs les peuls et les mandingues occupent respectivement la zone nord et
celle sud. Les premiers occupent des espaces moins peuplés2
que les derniers.
9
2 en quête de grandes surfaces pour les besoins
de pâturage
10
Les bambaras se seraient installés durant la
construction du chemin de fer Dakar- Bamako tandis que la présence des
wolofs est justifiée par des besoins de commerce et d'agriculture.
Aujourd'hui, la population est en constante augmentation à la faveur de
la forte natalité et des migrations (mouvements externes) ;
l'émigration n'y étant pas très significative.
Sur le plan religieux, l'Islam domine, suivie du christianisme
(moins d'1% de la population) et des animistes.
Les principales activités des populations sont
polarisées par le secteur primaire : l'agriculture, l'élevage et
l'exploitation forestière (de plus en plus explosive). Le secteur
secondaire n'est pas représentatif des activités
économiques de la communauté rurale. On n'y retrouve aucune
unité de transformation ou de conservation pouvant jouer un rôle
décisif dans l'essor économique local. Quant au secteur
tertiaire, il est aussi affecté que le dernier en raison non seulement
du faible poids politique de la zone mais aussi de la vétusté des
voies de communication (si elles existent). L'économie informelle s'y
développe à travers les marchés hebdomadaires du vendredi
à Koussanar et du mercredi à Dawady.
Les conditions pluviométriques et les types de sols
confèrent plusieurs possibilités agricoles et d'élevage
combinées avec les avantages qu'offre la forêt. La population, de
plus en plus nombreuse et en général vivant en dessous du seuil
de la pauvreté, tire l'essentiel de ses revenus des privilèges
que lui offre la nature. Par conséquent, le patrimoine ligneux se trouve
affecté par ces différentes activités sans oublier les
dommages causés par les feux de brousse.
En ce sens, conscient que le développement local est un
moyen efficace de relayer les grands choix nationaux par des politiques locales
plus fines et mieux adaptées, l'Etat, à travers la loi 96 07 du
22 mars 1996, a consacré le transfert d'importantes compétences
aux collectivités locales en matière environnementale. L'octroi
de ces responsabilités nouvelles aux élus locaux passe par une
médiation technique et une assistance politique afin qu'on puisse
combiner l'efficacité économique au respect de l'environnement et
au progrès social.
11
PROBLEMATIQUE
1 - Justification de l'étude
Le monde connaît aujourd'hui une explosion
démographique favorisée par les progrès techniques et
sociaux, engendrant une concentration de populations dans les zones où
les services sont plus facilement accessibles. Dans les zones
soudano-saheliennes africaines d'une manière générale et
dans les pays sous développés comme le Sénégal en
particulier, où l'essentiel de la population active tire ses ressources
du secteur primaire (près de 70%), ce phénomène se traduit
par une demande accrue en produits de campagne drainés vers les villes,
donc une plus grande sollicitation du milieu naturel.
Dans la communauté rurale de koussanar, la
majorité de la population se localise au sud où elle est
attirée par les facilités d'écoulement des produits
agricoles et forestiers. Or, dans le contexte des environnements semi-arides,
les écosystèmes sont, à long terme, vulnérables et
fragiles. Ils peuvent connaître des mutations (qu'elles soient d'origine
climatique ou anthropique) pouvant porter atteinte à leur survie (wade,
2003). La menace de dégradation est une réalité dans cette
zone où la commercialisation du bois de chauffe, l'exploitation du
charbon de bois, les pratiques paysannes, l'élevage, etc. pèsent
lourdement sur l'évolution du patrimoine ligneux.
Les facteurs de dégradation de la végétation
de cette zone sont identifiables á travers :
- la péjoration du climat qui a des incidences sur la
dynamique environnementale et porte atteinte à la production agricole,
d'où une nouvelle pression sur la forêt. La dégradation des
sols est consécutive à cette tendance ;
- l'augmentation de la population a pour corollaire le
développement des activités rurales (défrichement,
cueillette, utilisation du bois de chauffe,...), ce qui entraîne une
intensification de l'exploitation du couvert végétal
déjà fragilisé ;
- le faible revenu des communautés qui survivent
grâce aux avantages que leur offre la
forêt.
En somme, la CR de Koussanar a un grand potentiel agricole et
pastoral ainsi que de ressources forestières. La tendance à
l'urbanisation du village centre éponyme et la
12
présence de voies de communication (aussi impraticables
soient-elles) expliqueraient en partie la concentration de la population dans
ce secteur
Le milieu naturel fait l'objet de multiples usages, induisant
des enjeux notables quant à l'occupation de l'espace et la mise en
valeur rationnelle de la ressource.
Les études menées dans la zone sont
limitées.
Les rares travaux que l'on y retrouve sont sectoriels et ne
s'intéressent pas totalement aux enjeux lies aux activités
rurales en général et à l'exploitation forestière
en particulier. Ils ne donnent pas la possibilité de comprendre la
gestion du patrimoine ligneux, les implications à long terme des
mutations de l'environnement et notamment les interactions entre les
différentes composantes de ce système .Or, la prise en compte de
la dynamique naturelle et anthropique est nécessaire. Malick
Sada Sy, dans le cadre de son mémoire de maîtrise en
2001, a travaillé sur : potentialités et exploitation de la
gomme stercula setigera dans la communauté rurale de koussanar. Il
a mis l'accent sur la distribution spatiale de l'espèce et
l'organisation de son exploitation. Il insiste surtout sur l'aspect
économique de cette activité. La même année, par le
truchement de son mémoire de D.E.A, intitulé : rôle de
l'encadrement et des associations d'autopromotion paysanne dans la
communauté rurale de koussanar, Adja Léna Ngom
a souligné les problèmes et les acquis de la zone en
matière de décentralisation .Toutefois le volet gestion des
ressources naturelles et particulièrement de la végétation
n'a été que sommairement étudié. Ibrahima
Ndiaye a réalisé en 2000 un rapport d'étude sur
les systèmes de production agro-pastoraux et les revenus ruraux au
nord de koussanar. Il a aussi fait une approche plus économique
qu'environnementale en s'appuyant sur l'évolution de la ruralité
de la zone. Les limites de ces travaux par rapport à notre étude
sont perceptibles à travers le fait qu'ils ne prennent pas en compte les
fondements de la pression anthropique sur la végétation. En
outre, ils ne soulignent pas la place qu'occupe cette dernière dans les
actions menées par les acteurs institutionnels dans un contexte de
décentralisation.
Notre Travail d'Etude et de Recherche se propose de contribuer
à l'enrichissement de la connaissance dans ce secteur en s'appuyant sur
les études antérieures et la dynamique actuelle. Il est
axé sur la gestion durable du patrimoine ligneux fortement entamé
par l'agriculture, l'élevage et surtout l'exploitation
forestière. Cette dernière est définie comme les modes de
mise en valeur des ressources végétales d'une localité
(technique et structure) et les unités de production (G. Pierre, Fernand
Verger, 1970). « Elle va du ramassage du bois á la cueillette.
L'exploitation du
13
bois est pratiquée par les coopératives, des
sociétés et des particuliers venus pour la plupart d'autres
contrées » (Sy. M.S, 2002). La population locale se situe
à la base de ce système d'exploitation et de
commercialisation.
Dans la conduite de ce travail, nous formulons les
hypothèses suivantes :
2 - Hypothèses
Elles sont au nombre de deux :
Hypothèse 1: la communauté
rurale de Koussanar est un espace soumis à des conditions physiques,
politiques et sociales qui influencent fortement l'état du patrimoine
ligneux. Ces facteurs déterminent l'intensité de la pression
(variable selon les activités et les espèces) exercée sur
celui-ci.
Hypothèse 2: la gestion durable du
patrimoine ligneux fait face à des contraintes liées au manque de
collaboration entre les différents agents de développement et
à un désintéressement de la part de la population locale
contrairement au principe de participation que prône la
décentralisation.
Le milieu physique ne peut être appréhendé
en dehors des personnes qui y vivent avec des pratiques, des croyances, des
cultures et des objectifs fondamentalement divers et complexes. Elles
produisent l'environnement, le reproduisent en le transformant (R brunet...)
sans nécessairement le dégrader
3 - Les objectifs de l'étude
Les objectifs assignés à ce travail tournent
essentiellement autour d'une meilleure compréhension des espèces
forestières de la communauté rurale de Koussanar, de la fonction
qu'elles remplissent sur le plan physique et social en vue de leur gestion
durable.
La finalité est de :
- analyser les particularités physiques et humaines de
l'espace. Cela permettra d'appréhender les motivations sociales de
l'exploitation abusive de la ressource ainsi que l'évolution naturelle
du milieu ;
14
- identifier les différentes activités rurales
et leur répartition dans l'espace voire leur évolution dans le
temps afin de mieux les cerner et les rendre formelles et profitables à
la communauté ;
- comprendre les politiques de décentralisation et
analyser leurs forces et cerner leurs lacunes.
Ce travail aurait atteint son objectif s'il peut être
mis à la disposition des autorités compétentes en vue
d'aider à orienter et/ou corriger les prises de décisions dans la
manière de gérer les ressources naturelles.
4 - Méthodologie
Dans ce contexte de décentralisation, les
investigations allant dans ce sens sont nombreuses et tentent d'apporter leur
contribution à la gestion des affaires, d'où des visions parfois
différentes. En fait, la sauvegarde des ressources naturelles est au
centre du débat. Elles sont très sollicitées dans nos pays
sous développés alors que les conditions physiques, climatiques
se dégradent.
Le développement d'une telle problématique
nécessite un travail minutieux d'acquisition, de croisement, d'analyse
et de traitement d'informations afin de produire des résultats fiables
et aussi pertinents que possible.
A cet effet, des structures de recherche comme le Centre de
Suivi Ecologique (C.S.E), le Programme Sénégal Oriental (P.S.O),
l'Agence National de Conseil Agricole et Rural (A.N.C.A.R), le PROGEDE, la
SODEFITEX, et le service des eaux et forêts de Tamba, la brigade
forestière, la sous préfecture et le C.A.D.L de Koussanar nous
ont été d'une très grande utilité. Il en est de
même pour la SAED et le C.R.D.S (ex IFAN) de St Louis.
Les bibliothèques universitaires et les centres de
documentation de Dakar et St Louis nous ont aussi été d'un apport
important sans oublier des documents empruntés auprès des
professeurs de l'université Gaston Berger de Saint Louis.
Les informations recueillies durant cette phase ont
été classées selon des critères
prédéfinis dans une logique de confirmation de nos
hypothèses. Le classement a été effectué en
fonction des différentes parties du plan provisoire initialement
adopté. Deux axes de réflexion ont été choisis :
15
- les particularités physiques et les aptitudes du
milieu ainsi que les modifications induites par les activités rurales en
général et l'exploitation forestière en particulier,
qu'elles soient d'ordre environnemental ou social ;
- les difficultés de gestion du patrimoine ligneux
avant la décentralisation et dans le cadre de celle-ci.
Après cette approche, la nécessité de
faire le terrain s'est imposée afin de s'imprégner des
réalités et d'améliorer la problématique. Dans
cette optique, un premier séjour d'investigation a été
effectué du 05 au 30 décembre 2005 dans les villages pilotes de
Sinthiou Demba Dème, de Kouthiakoto Ndène, de kalbirom et de
Koussanar afin de s'entretenir avec les populations concernées par
l'exploitation forestière. Pour la collecte des données
qualitatives, nous nous sommes basés sur des méthodes souvent
utilisées en M.A.R.P et des focus groupe.
Concernant l'enquête, nous avons choisi des
échantillons de population à cibler en fonction de leur
représentativité et de leur poids politique, religieux, social ou
culturel. Il s'agit des exploitants forestiers, des dirigeants des services
techniques (Eaux et forêt, C.A.D.L,...), des conseillers ruraux, des
cultivateurs et éleveurs ayant une longue expérience en la
matière. Ensuite, nous avons élaboré notre questionnaire
et notre guide d'entretien (voir annexes).
Le profil historique nous a permis de mieux nous situer dans
le temps et de comprendre l'évolution climatique et celle de la
végétation à travers des questions qui rappellent des
événements qui ont marqué la collectivité. Nous
avons également pu comprendre le degré d'organisation de la
communauté grâce á l'identification des groupements sociaux
existants et les partenaires extérieurs.
Un deuxième séjour a été
effectué du 04 au 28 avril 2006 dans les villages de Koussanar, de
Dawady Meïssa Pathé, de Kolomba, de Pakirane et de Koumbidia. La
même procédure a été suivie et cela nous a
donné l'occasion de mieux comprendre les modes de production de la zone
(agriculture, élevage, exploitation forestière) et les
difficultés auxquelles les populations et les agents du
développement sont confrontés en matière de gestion de la
végétation.
Nous avons séjourné à Koussanar pour une
troisième fois du 11 août au 09 novembre afin de mieux consolider
nos hypothèses dans la mesure où c'est le principal centre
d'organisation d'exploitation et de redistribution des ressources
forestières.
16
Durant toutes ces phases, la collecte des données
quantitatives par le truchement de questionnaires et des compilations de
séries statistiques (production, population, pluviométrie,
quantités de bois exploités,...) a été au centre
des travaux.
Des traitements statistiques et cartographiques ont
été également réalisés grâce au
tableur Excel et aux logiciels MapInfo et ArcView.
La collecte et le traitement des données a donc
concerné : les ressources végétales et
pédologiques, les paramètres climatiques, les activités
rurales, les politiques de gestion des ressources ligneuses, les
héritages physiques et sociaux et l'organisation des
communautés.
5 - Difficultés rencontrées
La réalisation de ce travail d'étude et de
recherche a suscité un certain nombre de difficultés. Elles sont
liées aux réticences de certaines populations à donner
l'information exacte, ce qui oblige à s'armer de patience afin de gagner
leur confiance pour l'obtention de renseignements fiables. Des exploitants de
charbon se rechignent à montrer leurs meules installées parfois
en pleine forêt classée ou vous interdisent purement et simplement
de photographier. D'autres contraintes se sont parfois naturellement
posées (comme dans beaucoup de villages enclavés du pays) sur le
plan social et celui du transport (charrettes ou vélo) sans compter
celles d'ordre financier qui ont été vraiment très
pesantes. Mais, le handicap le plus sérieux a été
l'impossibilité d'obtention d'images qui nous permettent de faire une
approche diachronique de l'évolution du couvert végétal
afin de mieux prouver que la dégradation est réelle et
d'être beaucoup plus rigoureux dans les analyses. Nous avons
été contraint de reformuler notre sujet pour cette raison. Ces
difficultés, au delà de leur aspect rébarbatif, nous ont
permis de comprendre les sociétés locales et leur mode de vie
ainsi que leurs entraves à une gestion durable des ressources
forestières. Aussi, avons-nous réussi à présenter
un travail structuré en deux parties :
- Dans la première partie, nous avons
dégagé les particularités physiques et sociales du milieu
en tant que soubassement des activités économiques de la
communauté rurale afin de saisir la portée et les limites de
l'utilisation des ressources forestières ainsi que les enjeux qui lui
sont attachés.
17
- Dans la deuxième partie, l'accent a été
mis sur les contraintes liées à une gestion durable du patrimoine
ligneux en rapport avec les politiques de décentralisation et la
gouvernance locale.
PREMIERE PARTIE
ESPACE ET SOCIETES :
LE CADRE PHYSIQUE ET SOCIO- ECONOMIQUE
|
18
Introduction
La première partie s'intéresse à l'espace
et aux sociétés qui y vivent .Elle met en exergue le rapport
étroit qui existe entre les caractéristiques physiques du milieu
et la dynamique socio-économique. Ce lien fait apparaître diverses
formes d'actions aux enjeux aussi divers que complexes pouvant porter atteinte
à l'évolution de la végétation.
19
Chapitre I : Le cadre physique
L'évolution physique du Sénégal oriental
est étroitement liée à celle de l'Afrique de l'ouest dans
la mesure où les différents phénomènes qu'on y
retrouve s'intègrent dans cette dernière. Les études
morphoclimatiques réalisées dans ce domaine par des chercheurs
comme Michel p. (1973) permettent de comprendre la dynamique de ce milieu en
relation avec les unités morphopédologiques.
L'analyse sera axée sur la géologie, la
morphopédologie, le climat et la végétation.
I-1- L'évolution géologique, le
modelé et les sols
Ces trois éléments sont indissociables en raison
des héritages physico-chimiques et biologiques qu'ils se lèguent
respectivement.
I-1-1- Etude géologique
La géologie est une science de la terre qui intervient
aussi bien sur le continent que dans le domaine maritime. Elle est
inséparable de la géomorphologie (étude des formes de la
terre) et de la pédologie (étude des sols).
Les débuts de l'évolution géologique de
l'Afrique de l'ouest remontent au mésozoïques (ère
secondaire) entre 240 et 65 millions d'années, période à
laquelle le super continent Gondwana a été disloqué.
La première grande phase de mise en place de nappes
détritiques s'est déroulée à la fin du cambrien
(ère primaire ou paléozoïque) entre 570 et 500 millions
d'années à la suite d'une surrection puis démolition des
chaînes panafricaines et du dépôt de leurs débris.
La deuxième phase, période de calme
orogénique, s'est étalée de la base de l'ordovicien
(500 millions d'années) au sommet du dévonien (345
millions d'années pendant l'ère primaire).
Enfin, du dévonien au secondaire, ont
été enregistrées des crises tectoniques responsables de la
dislocation du continent précité.
20
Cette évolution d'ensemble a imprimé à
l'Afrique de l'ouest un relief monotone bâti sur de vieux boucliers
(socles), presque fossilisés par leurs propres débris laissant
sur place des faciès essentiellement sédimentaires (Sy B A., 2004
citant Demangeot., 1986.)*
Le Sénégal se rattache aux vieilles plateformes
africaines mais ce socle n'apparaît qu'au Sénégal oriental.
Il a été recouvert vers l'ouest par des formations du
paléozoïque, puis par des séries
sédimentaires épaisses du secondaire et du tertiaire (Atlas du
Sénégal, 1983). Les formations du socle ont été
attribuées au birrimien qui correspond au précambrien
moyen.
Le socle du précambrien occupe la
région de Tambacounda située dans la partie sud-est du pays. Il
est formé de roches légèrement
métamorphisées, surtout des schistes, et des roches basiques. Ces
formations géologiques sont traversées de divers granites.
Elles sont presque totalement imperméables et se
retrouvent particulièrement à l'est de la région de
Tambacounda (Pélissier p., 1983 in Atlas du Sénégal).
Par ailleurs, selon Michel p. (1973, p.87), la limite
orientale du bassin sédimentaire tertiaire qu'il a lui-même
tracée montre que « toute la partie ouest du
Sénégal oriental (y compris l'arrondissement de Koussanar)
fait partie du bassin sédimentaire tertiaire » qui
s'intègre, sur le plan hydrogéologique, au bassin versant de la
Sénégambie.
Ce bassin crétacé tertiaire correspond aux
dépôts du continental terminal (CT). Au pliocène,
une cuirasse essentiellement ferrugineuse a recouvert les grès du CT.
Elle se serait formée au cours des périodes humides par une
accumulation des oxydes de fer au niveau de la zone de battement de la
nappe.
Pendant le quaternaire, le bassin de la Gambie a subi un
façonnement imputable à l'hydrographie et à
l'érosion éolienne. Le réseau hydrographique a
entaillé les grès du CT et les séries marines sous
jacentes d'âge éocène à la faveur de la
baisse de la surface de remblaiement du sommet du CT par l'érosion
aréale. La cuirasse formée au sommet du CT a été
donc érodée et d'autres de type ferrugineux se sont
constituées au cours des périodes humides du quaternaire, plus
précisément celui récent caractérisé par une
succession d'épisodes morphogéniques dues à des
modifications bioclimatiques au cours de la deuxième moitié du
pléistocène et de l'holocène (Michel p.,
1973). C'est pourquoi on note des différences d'épaisseurs dans
les niveaux de cuirasses qui distinguent les plateaux qui enserrent la
vallée du Sandougou, dernier grand affluent de la Gambie prenant source
dans les plateaux gréseux du CT au nord de Tamba et long de
21
200km, (Thiaw S., 2002. citant Lamagat j p. et alii., 1989).
D'une manière générale, ce sont la structure
géologique et l'évolution paléogéographique qui
expliquent le modelé que retrouvé au Sénégal
oriental, particulièrement dans la zone ouest de la région de
Tambacounda où se localise la communauté rurale de Koussanar.
I-1-2 .Le modelé
Les paysages de la région de Tambacounda sont
variés et se développent sur un relief tabulaire. On y retrouve
un modelé de plateaux localement cuirassés. Souvent, au dessus de
terrains plats ou légèrement ondulés, se dressent des
buttes ou de petits massifs communément appelés des inselbergs,
représentatifs du modelé des régions tropicales. (Michel
p., 1973). Le relief est d'autant plus marqué dans ce domaine que l'on
progresse vers la frontière de la république du
Sénégal avec celle de la Guinée et aussi de la Gambie
où le point culminant atteint 581m (12°22 N-12°33 w).
Le relief de la communauté rurale de Koussanar (C.R.K)
est dans son ensemble plat avec quelques légères
dépressions constituées de mares et de cours d'eau saisonniers
tarissant dès décembre (wouro Séno, Bohé
Baledjé, Sandougou,...). Ces derniers sont utilisés pour des
besoins d'abreuvage du bétail et de riziculture grâce à une
relative aptitude agronomique des sols, surtout dans la zone de Dawady, vers le
centre ouest de la communauté rurale.
I-1-3-Les sols
Les études pédologiques montrent que les sols
gardent une relation importante avec le modelé de la zone. A l'image de
l'évolution de la pédogenèse à l'échelle
régionale (Sénégal oriental), ils ne sont pas identiques
sur l'ensemble de la communauté rurale, ni uniformément repartis.
En fait, ils sont fonction de l'allure du modelé et des transformations
anciennes et actuelles qu'il a subies. La classification des sols est donc
fonction de l'évolution géomorphologique.
Le Sénégal oriental connaît une
diversité de sols en raison de la complexité de la mise en place
de ses formations. Les plus représentatifs sont les sols ferrugineux
tropicaux3. Ils sont très mobiles et se combinent souvent
avec une matière organique peu abondante et plus ou moins
évoluée. Deux catégories peuvent être
distinguées selon le degré de stabilité des argiles qui
les composent. (Carle G et Trochain G., 1937.).
22
- Les sols ferrugineux lessivés ou sols
beiges
Ils se caractérisent par une migration des argiles et
sont assez pauvres en matières organiques. Le climat
sahélo-soudanien à soudanien avec des précipitations
annuelles de 650 à 1200 mm étalées sur quatre à six
mois est très favorable à leur développement.Les
concrétions ferrugineuses liées à l'horizon argileux qui
immobilise les oxydes de fer constituent une particularité de ces sols
même si certains n'en disposent pas. Ils peuvent évoluer
jusqu'à l'apparition de cuirasses.
- Les sols ferrugineux non lessivés
Ils se sont formés sur le grès du continent
terminal. Leur spécificité est d'être bien drainés
grâce à leurs constituants sableux. « L'horizon de
surface, bien meuble, constitue la terre dior » (Michel p. 1976, p.
40.). Leur dégradation est imputable aux pratiques culturales sur sol
sec et au pastoralisme qui sont susceptibles de détruire les horizons
superficiels. Aussi, le vent et le ruissellement peuvent-ils emporter les
particules fines et meubles du sol.
Il en est de même pour les sols ferralitiques
évoluant aujourd'hui en sols ferrugineux tropicaux en raison de la
péjoration climatique.
Enfin, les lithosols et les sols squelettiques
(résultat d'une intense érosion ou d'un apport de
sédiments dans lequel la pédogenèse a été
faible ou nulle) se retrouvent dans le sud-est sénégalais.
Ces sols se repartissent sur l'ensemble de la région de
Tambacounda et s'imbriquent constamment. Ils sont fonction des zones
écogéographiques - qui changent du nord au sud - et des facteurs
locaux : roche mère, importance de l'érosion, conditions de
drainage, etc.
3 constitués de fer et de manganèse
Au niveau de la C.R.K, ce sont surtout les sols ferrugineux
non lessivés (dior) et ceux lessivés (deck dior) qui sont les
plus représentatifs (près de 90%). Ils sont principalement de
type argileux difficile à cultiver lorsqu'ils sont imbibés et
quand ils sont secs. (Ndiaye I., 1999). Notre connaissance antérieure du
terrain et nos enquêtes à Koussanar et ses environs
révèlent que ces sols étaient riches et productifs. En
outre, à en croire le Plan Local de Développement (P.L.D)
23
réalisé en 2004 avec l'appui du Programme
National d'Infrastructures Rurales (P.N.I.R), jusque là le
problème des terres cultivables ne se pose pas car seules près de
15% sont utilisées. Mais c'est sans compter sur la nature du sol qui
peut être très latéritique par endroits et peu
évolué (domination des deck dior). Les sols dior ne
représentent que près de 30% des surfaces cultivables. Ils se
retrouvent dans les environs de Koussanar, Pakirane, keur Ousmane, Kolomba,
kouthiakoto, etc.
La dégradation actuelle relative aux
défrichements a des impacts notoires sur l'évolution du couvert
végétal et par conséquent la productivité du sol.
De 1997 à 2005 elle est passée de 900t/ ha à environ 850t
pour l'arachide ; de 1000 à moins de 900 pour le maïs. Les autres
cultures enregistrent des hauts et des bas en fonction de la répartition
spatiale des précipitations et de leur abondance.
Elle garde aussi une relation étroite avec
l'évolution climatique.
I- 2- Le climat et son influence sur les
activités locales
Les aspects climatiques varient d'un endroit à l'autre.
Cela joue sur la pertinence des données utilisées qui sont
généralement issues de la station la plus proche. Ils sont
tributaires de la position en latitude (radiation), de la situation à
l'intérieur d'un espace donné et spécialement des facteurs
locaux (eau, relief, couverture végétale, certaines
activités.). L'explication du climat d'un lieu nécessite alors de
s'intéresser à des échelles plus vastes avant de prendre
en compte certains facteurs locaux (Escourrou G., 1980).
Situé entre 12°30 et 16°30 de latitude, le
Sénégal se trouve entièrement dans la zone à climat
tropical à saison sèche accentuée qui « ceinture
le continent africain depuis les lisières méridionales du Sahara
jusqu'aux approches de la foret ombrophile » (Pélissier p.,
1966, p.3).
Trois centres d'action de l'atmosphère commandent la
climatologie ouest africaine, plus particulièrement du
Sénégal : l'anticyclone des Açores (alizé
atlantique NNE-SSW), les hautes pressions d'Afrique du nord (harmattan NE et
E), et l'anticyclone Sainte-Heleine (mousson ou alizé austral).
Au niveau du sud-est du pays ce sont surtout les deux derniers
qui s'illustrent avec des caractéristiques propres.
24
I-2-1- L'alizé continental ou harmattan et la
mousson australe: une influence capitale
Le premier, flux saisonnier d'origine thermique, il est
généralement dirigé vers l'est et se distingue par ses
amplitudes thermiques assez accusées : frais ou froid la nuit, il est
chaud à torride le jour avec une sécheresse engendrant une forte
évaporation. Il interdit donc toute forme de précipitation et est
responsable des températures très élevées.
Le second est un flux d'alizés qui, après la
traversée de l'équateur, devient mousson en raison de l'attrait
exercé par les dépressions thermiques sahariennes et
soudaniennes. Ainsi, les précipitations sont fonction des
déplacements du front intertropical (FIT) né de la rencontre
entre les alizés continentaux et la mousson australe. Elle est
marquée par une faible amplitude thermique et des températures
plus élevées que celles de l'alizé maritime et plus basses
que celles du flux continental (Ndong J B., 1999).
En somme, la communauté rurale de Koussanar
s'intègre dans cette dynamique. Elle se localise dans la zone
soudano-sahélienne marquée par une pluviométrie
très variable (400 a 1000mm) et une forte chaleur. On y observe une
saison sèche allant de novembre à mai pendant laquelle s'installe
progressivement l'harmattan et une saison pluvieuse de juin à octobre
coïncidant avec l'arrivée de la mousson. Dans la seconde partie de
la saison sèche (à partir de mars), la localité subit les
effets desséchants de l'harmattan et connaît des
températures très élevées pouvant dépasser
40°c dans la journée. En plus, des vents de sable assez forts
soufflent pendant cette période.
I-2-2- Le vent: un facteur d'érosion
Il a une influence notable sur les paramètres
climatiques locaux et le degré d'érosibilité du sol et
partant de sa productivité. En réalité, il commande les
échanges de masses d'air et d'énergies entre les
différentes parties d'un système.
Dans cette zone caractérisée par la platitude de
son relief le seul obstacle au vent est constitué par les forêts.
Ces dernières subissant aujourd'hui une pression importante, jouent de
moins en moins leur rôle de brise-vent ; ce qui est susceptible
d'entraîner une phase de réactivation éolienne. Elle
diminuerait ainsi les Surfaces Agricoles Utiles (S.A.U) par une
désorganisation de la texture du sol. D'ailleurs, « plusieurs
terrains nus sous l'emprise du vent ne remplissent plus leur rôle
agricole. Certains sont en phase d'être complètement abandonnes
» nous confie M.D, un cultivateur résidant à
Kouthiakoto.
25
Les données fournies par l'Agence pour la
Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à
Madagascar (ASECNA) 4 nous éclaire sur la nature et
l'intensité des vents en mettant en exergue le rapport étroit
qu'il entretient avec la couverture végétale. Les alizés
continentaux qui soufflent de mars á mai sont les principaux agents de
façonnement de ce territoire. Ils interviennent après la
période de fraîcheur qui suit la saison pluvieuse.
Les périodes de fraîcheur (fin novembre,
décembre, janvier, début février) sont marquées par
des vents faibles. Ces derniers augmentent progressivement d'intensité
jusqu'au mois d'octobre avec des maximum (juin, juillet, août). Face
à des terrains déjà mis à nu par les
défrichements et les feux de brousse, ils sont capables d'emporter et de
remobiliser les particules fines du sol avant de rencontrer l'obstacle hivernal
des herbes qui ne jouent vraiment le rôle de brise vent qu'après
une certaine maturité (juillet, août).
Il faut signaler que les maximum enregistrés pendant
l'hivernage sont relatifs aux précipitations accompagnées de vent
communément appelées orages.
I-2-3- La pluviométrie: un paramètre
difficile à cerner
Elle est assez élevée et se spécifie par
ses fortes variabilités interannuelles faisant apparaître des
années déficitaires et des années de bonne
pluviosité.5 C'est véritablement une évolution
en dents de scie (voir figure 2)
4 station de Tambacounda : 13°44N 36 de latitude
; 13°39 w33 de longitude et 48,68 m d'altitude.
5 (1969: 803mm ; 1970: 493mm ; 1984: 640mm ; 1993:
520mm ; 2002: 450mm ; 2003, 2004 et 2005:plus de 1000mm).
Figure 2 : évolution inter annuelle des
précipitations de 1989 à 2005
Précipitations (mm)
|
1200 1000 800 600 400 200
0
|
|
Courbe d'évoluton
|
26
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
2001 2002 2003 2004 2005
Années
Source: Donnée de la station
pluviométrique de Koussanar
Les précipitations, tributaires de la position du front
intertropical qui atteint la région en juin, se concentrent sur quatre
mois. Au mois d'octobre celui-ci commence à se retirer. Dans l'ensemble,
la tendance depuis cette dernière décennie est à une
dégradation des conditions pluviométriques et à leur
mauvaise répartition dans le temps et dans l'espace même si on
aurait tendance à parler de retour pluviométrique dans ce dernier
quinquennat (voir figure 3). La question est donc difficilement cernable.
Figure 3 : évolution quinquennale des
précipitations de 1969 a 2005
Evolution quinquennale des précipitations de 1969
à 2005
p récip itatio n s
|
1200 1000 800 600
|
|
|
|
courbe d'évolution
|
400
200
0
|
|
1969 a 1973 1974 a 1978 1979 a 1983 1984 a 1988 1989 a 1992 1993
a 1997 1998 a 2002 a partir de
2003
Années
27
Source: Données annuelles de la station de
Koussanar
Nous remarquons ici que de 1969 à 2002, les
précipitations sont passées de plus de 850mm à moins de
650mm avant d'atteindre le millier en 2003. Cela exprime une forte
variabilité qui n'édifie pas sur la véritable
évolution des pluies et leurs impacts sur la dynamique spatiale. Une
approche qui ressortirait sa répartition spatiale et
temporelle serait plus parlante. Par exemple, en 2003, il a été
enregistré près de 180mm en une seule pluie pendant que les
activités rurales étaient frappées de sécheresse
hydrique d'une longue durée. Ces averses soudaines et intenses sont
récurrentes dans la zone et agissent le plus souvent négativement
sur les systèmes de production locaux. Ils obligent parfois plusieurs
personnes à se reconvertir soit en abandonnant l'agriculture et en
s'adonnant à l'exploitation forestière, soit en associant les
deux.
Les années de déficit pluviométrique ont
mis en évidence le décalage qui existe entre la capacité
de production des écosystèmes et les besoins d'une population
croissante. Ainsi, le problème de la déforestation a
suscité de nombreuses actions visant à protéger les
ressources existantes dans un contexte où les effets thermiques sont
réels sur les ressources.
I-2-4 La température face à la
continentalité
L'évolution et la distribution de cette dernière
sur le territoire résulte de la combinaison de différents
facteurs : les facteurs cosmiques ou mouvement zénithal, les facteurs
météorologiques (nébulosité, pluies...) qui peuvent
atténuer les températures et les facteurs géographiques
(continentalité) qui sont susceptibles d'accroître la chaleur et
les amplitudes thermiques (Leroux M., 1983).
Dans notre secteur d'étude, c'est le troisième
facteur qui intervient le plus et imprime à la zone des
caractéristiques thermiques spécifiques. Les températures
sont très élevées : elles peuvent dépasser
40°C dans la journée. Les moyennes minimales sont
enregistrées de novembre à février avec des nuits assez
fraîches durant les mois de décembre et janvier. Au delà de
minuit, les températures peuvent se situer autour de 20°C (voir
figure 4)
28
Figure 4 : Evolution des températures (en
degré Celsius) durant ces dernières années
de 1991 à1995 de 1996 à 2000 de 2001
à 2005
Températures
|
40 35 30 25 20 15 10 5 0
|
29
Janv Fev Mars Avr Mai Juin Juil Août sept Oct Nov Dec
Mois
Source: Données ASECNA
Cette figure illustre bien l'augmentation sensible de la
température au cours de ces dernières années. De la
période 1991- 1995 à celle 2001-2005, la moyenne est
passée de 29 à 31°C. Les périodes les plus chaudes
concernent les mois de mars, avril, mai avec des moyennes constamment
supérieures à 33°C.
Les fortes températures agissent de façon
directe ou par l'intermédiaire des micro-organismes sur la
qualité de la matière organique contenue dans le sol. Ceci
conduit principalement à une « minéralisation rapide au
cas où l'humidité est suffisante »6 Il peut
aboutir à une apparition d'oxydes, d'hydroxydes et d'argiles de
néoformation, ce qui traduit un déséquilibre des
éléments du sol. Qui plus est, ils sont sans intérêt
nutritif pour la végétation et peuvent être toxiques
à leur égard si leur Potentiel Hydrogène (Ph) est trop
acide (Lamotte M., 1989).Ces conséquences se répercutent à
leur tour sur la vie de l'homme par l'utilisation qu'il fait de la
végétation naturelle et par les cultures qu'il implante, mais
aussi par les déséquilibres que peut provoquer son action.
Dans la communauté rurale de Koussanar, tous ces
éléments, combinés avec l'insolation et
l'Humidité Relative (H.R), sont parfois réunis
pour déclencher une évolution négative des ressources
naturelles et particulièrement du patrimoine ligneux. Le premier terme
définit la durée d'ensoleillement durant une journée ; le
second exprime la quantité de vapeur d'eau contenue
30
dans l'air (%) par rapport à la capacité maximale
que cet air pourrait en contenir à la même température.
A ce titre, on peut observer pendant les mois d'août et de
septembre une insolation minimale (voir tableaux 1) favorisant une
humidité relative qui dépasse 90%
Ces éléments, étroitement liés, sont
une partie intégrante des conditions thermiques de la localité et
sont susceptibles de produire les mêmes effets.
6(Riou G., 1989, in les enjeux de la
tropicalité, p. 24).
Tableau 1 : Moyennes mensuelles de l'insolation par jour
et par heure de 1981 à 2005 (Évolution
décennale)
|
Janv
|
Fév
|
Mars
|
Av
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Sept
|
Oct
|
nov
|
Déc
|
1981-1990
|
8,4
|
8,8
|
9,8
|
9,3
|
8,7
|
8
|
7,7
|
7,6
|
7,9
|
8,6
|
9
|
8,2
|
1991-2000
|
8,3
|
8,5
|
8,7
|
9,4
|
8,7
|
7,8
|
6,9
|
6,4
|
6,7
|
7,6
|
7,4
|
7,5
|
2001-2005
|
8,6
|
7,2
|
9,4
|
9,2
|
9
|
8,2
|
7,4
|
7
|
7,5
|
8,9
|
8
|
7,6
|
Source: Données ASECNA
L'insolation est minimale pendant les mois d'août et
septembre et évolue parallèlement à l'humidité
relative (voir tableau 2) qui est importante durant la même
période correspondant aux maximum des précipitations
enregistrées. Les mois de février, mars, avril, et mai
enregistrent les plus fortes insolations, d'où une intense
évaporation.
Tableau 2 : Moyennes mensuelles maximales de
l'humidité relative de 2001 à 2005
31
Mois
|
Janv
|
Fév
|
Mars
|
Av
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Aout
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Déc
|
H R
|
33,86
|
33,08
|
47,9
|
46,8
|
68
|
80
|
90
|
96
|
90
|
88
|
68
|
53
|
Source: Données ASECNA
L'humidité relative est variable selon les saisons.
Faible pendant la période sèche, elle commence à augmenter
dès le mois de mai à la faveur de l'annonce de l'hivernage. Elle
est maximale en juillet, août et septembre coïncidant avec les plus
importantes précipitations et un ciel le plus souvent couvert.
Des constats notables de dégradation aussi bien des
sols que des végétaux sont faits par les études
antérieures réalisées sur la zone et les services
techniques concernés comme la brigade forestière et le centre
d'appui au développement local (C.A.D.L.). Les paramètres
climatiques y occupent une part non négligeable.
I-2-5- L'hydrologie
Sur le plan hydrologique, la communauté rurale est
dépourvue de cours d'eau pérennes. Cependant, il est possible
d'observer quelques légères dépressions constituées
de mares et de cours d'eau saisonniers. Les eaux souterraines sont
essentiellement maestrichtiennes (à partir de 120m). La nappe
phréatique se situe entre 20 et 60m. Elles sont alimentées par
les précipitations, facteur déterminant dans l'évolution
des ressources aussi bien pédologiques que végétales.
I-2-6-La végétation, une fragilisation
certaine
Les ressources végétales, sous forme de
formations forestières, présentent une variabilité de
l'extrême sud du pays à la pointe nord allant de la
végétation de type Guinéen à celle
Soudano-sahélienne avec quelques interpénétrations mettant
en exergue un relatif système de transition.
Elle n'est pas homogène dans l'ensemble de la
communauté rurale. Le sud est plus boisé que le nord. Cette
tendance s'amenuise à la faveur de la grande sollicitation de ce milieu
qui concentre la plus grande partie de la population ; cette dernière
étant attirée par les facilités d'écoulement de ses
produits agricoles et forestiers.
32
Les forêts sont devenues claires et les essences
dominantes sont les combrétacées Pterocarpus erinaceus
(vène), Cordyla pinnata (Dimb), Adansonia
digitata, Stercula setigera, le Kapokier.
Globalement, les défrichements ont beaucoup
dégradé le couvert végétal. Il en est de même
pour les feux de brousse qui sont au Sénégal oriental une
pratique générale très dévastatrice. A cela
s'ajoutent les effets liés à l'artisanat, à la menuiserie
et à l'exploitation forestière sous ses différentes
formes
Ces pressions exercées sur la ressource peuvent
entraîner des crises importantes pouvant se répercuter sur la
situation économique et sociale de la zone. En fait, la présence
ou l'absence d'une couverture végétale a une incidence sur le
climat notamment au niveau :
- du pouvoir d'absorption ou de réflexion de la radiation
solaire ;
- du stockage ou de la restitution de l'eau ; (Lacoste A. et
Salanon R., 1969)
Par ailleurs, la colonisation des espèces
végétales pendant la désagrégation de la roche
mère engendre un apport de matière organique pour le sol. Elle
provient des feuilles, rameaux, racines, fruits, etc. constituant la
litière. Or, le couvert végétal a subi une
réduction sensible à cause de l'avancée du front agricole
et charbonnier, la pratique de l'élevage extensif, le surpâturage,
l'élagage des ligneux.
Conclusion
Au total, nous pouvons dire que le cadre physique,
constitué de l'ensemble des caractéristiques géologiques,
pédologiques et climatiques, est un élément
déterminant dans la compréhension de la dynamique actuelle. On
saisit déjà la place qu'occupent les modifications induites par
les sociétés locales dans l'évolution naturelle du milieu.
En ce sens, le chapitre II analyse plus précisément les
spécificités humaines du milieu et leurs inductions sur le plan
spatial et celui de l'évolution de la phytocénose.
CHAPITRE II: Environnement et dynamique
socio-économique
33
L'environnement peut être considéré comme
l'ensemble des facteurs physiques, chimiques, biologiques et
socio-économiques d'un territoire donné qui déterminent
les comportements de l'homme et que celui-ci peut modifier (Arrignon J., 1987).
Pour reprendre Remy Prudhomme, l'environnement est « cette partie du
domaine de l'écologie qui est affectée par les activités
économiques de l'homme ou partie des activités économiques
de l'homme qui est affectée par les cycles biologiques ». 7
Ainsi, l'appréhension de toute dynamique spatiale
passerait nécessairement par la compréhension de son peuplement.
Ce dernier, une fois analysé, permettra de mieux aborder la question
socio-économique en rapport avec les activités du milieu.
I-1- Les particularités humaines
.La communauté rurale de Koussanar compte environ 15600
habitants répartis dans 92 villages pour une superficie de 1840
km2. C'est une population en constante augmentation. En 1983,
l'effectif de l'ensemble de l'arrondissement (16900 hts) est sensiblement
égal à celui de la seule communauté rurale de Koussanar en
2004 (15600 hts).
Cette tendance se répercute d'ailleurs sur
l'évolution démographique de tout l'arrondissement qui est
passé de 16900 hts en 1983 à 31900 hts en 2004, soit un
doublement de la population en deux décennies et une évolution
annuelle d'environ 4% (680 habitants par an).Notons que la C.R.K est plus vaste
et plus peuplée que celle de Sinthiou Malème.
7 (cité par le rapport du séminaire
de formation des conseillers ruraux des arrondissements de Niakhar-fatick- et
Koussanar-tamba-,août, 1998)
34
Le peuplement est très dispersé avec de petits
hameaux de moins de 250 hts. Seul Koussanar se distingue avec plus de 4000 hts.
La figure 5 montre que le sud concentre la plus grande partie des villages,
s'entassant parfois sur des rayons de moins de 2km. L'occupation de l'espace
est plus lâche au nord. Celui-ci compte moins de villages. Cependant, il
est à signaler que le nombre d'habitants diminue ou augmente en fonction
des mouvements migratoires qui se complexifient de plus en plus. On distingue
les flux internes et les flux externes.
II-1-1-Les flux externes
Ils sont caractérisés par des
déplacements de populations actives selon les saisons et les
activités. Aussi, les peuls éleveurs, en quête de points
d'eau et de pâturages, se livrent-ils à la transhumance de mars
à juin. Certains agriculteurs migrent pendant l'hivernage vers des
localités
où la terre est plus fertile et oÙ les animaux sont
moins contraignants. Ceci intéresse
particulièrement la zone nord. Durant la saison
sèche, les paysans explorent les centres urbains à la recherche
d'emplois saisonniers.
II-1-2- Les flux internes
Ils sont relatifs à la main d'oeuvre d'appoint venue
des régions de Kaolack, Fatick, Diourbel.8 mais surtout les
« firdou » de la région de Kolda et de la république de
guinée Bissau. Elle se livre aux travaux champêtres (moisson en
général)
II-1-3 L'émigration
Elle est marquée par des départs vers l'Europe
(Espagne, France, Italie) ou vers certains pays africains (Gabon, Congo,
Côte d'Ivoire, Maroc,). Aujourd'hui, à l'instar des régions
côtières, les destinations sont essentiellement espagnoles ; en
attestent les nombreux rapatriés rencontrés dans la zone
conformément aux accords signés entre le gouvernement
sénégalais et celui espagnol. Le peuplement de la CR.K n'est pas
très ancien mais laisse apparaître une riche diversité
culturelle. Les premiers occupants se seraient installes à la fin du
XIXè siècle. La composition ethnique est dominée par les
peuls (plus de 50%), les mandingues (plus de 30 %), les bambaras (environ 7%),
et les wolofs (moins de 4 %) ; le reste étant constitué par des
minorités Koniaguis, bassaris, etc. (PLD, 2004)
8 (Cette tendance est cependant en considérable
régression.
35
Source: Thiam E., d'après les données du
P.L.D adaptées à la carte admininistrative de la
communauté rurale
Les peuls et les mandingues se localisent respectivement au
nord et au sud de la communauté rurale. Les premiers occupent des
espaces moins peuplés que les derniers pour des besoins de
pâturages. La présence des bambaras date de la construction du
chemin de fer Dakar-Bamako tandis que celle des wolofs est justifiée par
des besoins de commerce et d'agriculture. Chacune de ces catégories
sociales a des comportements environnementaux spécifiques.
II-1-4- peuplement de deux villages échantillons:
Koussanar et Dawady
Nous nous intéresserons principalement aux deux
villages qui nous semblent les plus représentatifs de la CR compte tenu
de leur poids démographique et économique et de leurs
particularités sociales. Ils sont respectivement situés au sud et
au centre ouest.
- Plusieurs sources reconnaissent que le village
"urbanisé" de koussanar est fondé par un socé du nom de
Kouman Sanar Sané vers la fin du XIXè siècle. Le patronyme
de ce dernier a été à l'origine du nom du village. En
guise de reconnaissance, la première école primaire construite en
1957 porte le nom de cet habitant de Gabou9. Cependant, à la
faveur de la construction du chemin de fer, le village, limité au
début au quartier de Koussanar socé, s'est élargi pour
engendrer d'autres quartiers notamment celui de Koussanar Escale (devenu
quartier central). Le premier occupant de celui-ci serait Birayada Diop, un
cheminot venu de Saint-Louis et premier chef de ce nouveau village ; la
localité étant considéré à l'époque
comme deux villages distincts.
Aujourd'hui, malgré l'unification du village, la
succession au niveau du trône de chef de village est maintenue comme
avant. Ce sont des familles socé et wolof qui gèrent les
quartiers, d'où les deux chefs de village.
- Le village centre de Dawady est situé à plus
de 35 km de Koussanar et serait fondé par un mandingue du nom de Meissa
Pathé vers les années 1920. L'emplacement du premier site serait
guidé par sept chiens accompagnant le fondateur, raison pour laquelle la
localité est officiellement appelée Dawady Meissa Pathé.
Sa population est presque exclusivement composée de mandingues.
36
9 nom d'un ancien royaume du Sénégal
précolonial situé entre la Casamance et la Guinée
Bissau.
37
Les autres villages de la zone datent aussi du xxè
siècle. L'exemple le plus illustratif est celui de Sinthiou Demba
Dème, créé en 1947 par Demba Dème, un
éleveur peul à la recherche de pâturages et de terres de
culture.
Le peuplement de la communauté rurale s'est ainsi
réalisé avec des associations de peuls et de mandingues
auxquelles se sont ajoutés d'autres ethnies.
II-1-5- Des campagnes sollicitées
La dynamique engendrant des comportements culturels et des
systèmes de production assez différenciés imprime à
la communauté rurale de Koussanar un cachet particulier. Ce dernier est
justifié par l'ouverture des sociétés aux économies
modernes. Selon Dubresson A.et Raison J P. (1998, p.89) « les
conditions dans lesquelles doit évoluer le monde rural sont
marquées par de très sévères contraintes, les
charges qu'il doit assurer sont multiples.». Entre autres, nous
pouvons retenir :
- assurer une part importante des exportations ;
- nourrir les villes et conserver l'essentiel de la croissance
démographique rurale compte tenu du sous emploi en ville ;
- accueillir des citadins agricoles en quête d'une
activité agricole.
Or, les moyens permettant de suivre la dynamique de la
modernisation sont limités face à une paupérisation
croissante de la population. Aussi, l'intégration entre environnement et
dynamique socio-économique devient-elle très
problématique.
II-2- Les activités rurales: Quel rapport avec
l'état du patrimoine ligneux ?
La communauté rurale de Koussanar est fortement
marquée par la ruralité. Les activités des populations
tournent autour du secteur primaire allant de l'agriculture à
l'exploitation forestière en passant par l'élevage. Ces derniers
s'accompagnent de pratiques qui peuvent porter atteinte à
l'environnement d'une manière générale et à
l'état du patrimoine ligneux en particulier. Ceci entraîne des
répercussions sur le plan économique dans un contexte de mauvaise
définition de l'affectation des terres.
38
II-2-1- Le système foncier
Le système foncier peut être défini comme
un ensemble de relations qui organisent les rapports entre l'homme et la terre,
d'une part, et « les rapports des hommes entre eux à propos de
la terre », (Ndiaye I., 1999 p.16) d'autre part. Le régime
foncier au niveau de la C.R.K est essentiellement coutumier autrement dit que
les droits individuels à l'usage de la terre se fondent sur la
coutume.
La gestion de l'espace rural est marquée par une grande
complexité au vu des nombreux enjeux qu'elle soulève. Le poids de
la tradition y est bien pesant et remet en question la création du
domaine national par la loi n°64-46 du 17 juin 1964. En vertu de cette
dernière, toutes les terres coutumières vont être
versées dans le domaine national. Elle se résume ainsi en son
article premier: « toutes les terres non
classées dans le domaine public (domaine détenu par l'Etat
en vu de la satisfaction des besoins d'intérêt collectif) non
immatriculées et dont la propriété n'a été
transcrite à la conservation des hypothèques à la date
d'entrée en vigueur de la présente loi, constituent, de plein
droit, le domaine national ».
Au Sénégal oriental deux zones peuvent se
dégager à cet effet: les zones de terroir sur lesquelles s'exerce
l'essentiel des activités rurales (culture, élevage, etc.) et
aussi sur lesquelles les conseillers ruraux ont une certaine
responsabilité (affectation, désaffectation) ; les zones
pionnières ne sont pas concernées par ces conditions.
Pour mieux contrôler l'occupation et la gestion des
terres, en vue d'une meilleure démocratie locale et d'une harmonieuse
exploitation des ressources conformément aux orientations nationales, le
Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (P.O.A.S) s'est imposé comme
un outil incontournable. Ceci s'inscrit dans une logique de meilleure
intégration entre les différentes activités rurales. La
zone n'en dispose pas car, suppose-t-on, l'occupation de l'espace n'a pas
encore suscité des conflits notables.
Pourtant, le problème est plus aigu qu'il ne le parait.
L'imprécision des délimitations des terroirs
villageois10 est un véritable problème.
10 aucune cartographie ne permet de définir
avec exactitude les limites de tel ou tel village, communauté rurale ou
arrondissemen
39
En guise d'illustration, nous nous référons au
problème qui a opposé les CR de Koussanar et de Malème
Niani. En fait, le conseil rural de Koussanar avait autorisé à un
éleveur de s'installer dans une zone bien définie, nous dit M.
Diop, C.A.D.L de Koussanar. Après quelques années, un autre en a
formulé la demande au niveau du C.R de Malème Niani. Sans
autorisation officielle du conseil régional, il s'est installé et
a commencé à défricher. C'est alors que l'occupant initial
et d'autres personnes se sont opposés à son action. Cela fit
l'objet d'altercations entre adversaires et entre conseils ruraux. Le
problème a été partiellement résolu dans la mesure
où celui qui défrichait n'avait pas l'aval du conseil
régional et a dû abdiquer provisoirement. Toujours est-il que
l'énigme reste entière quant à l'appartenance de cette
portion de territoire.
L'insouciance de ces impératifs par les systèmes
coutumiers de gestion des terres est véritablement problématique.
La gestion coutumière est souvent entachée de discrimination car
étant monopolisée par la lignée des fondateurs de village.
C'est donc le chef de village qui est habilité à octroyer les
parcelles à ceux qui en formulent la demande. Ils acquièrent
ainsi un droit d'usage sur cette terre qui peut, par ailleurs, devenir leur
propriété. Chez les mandingues, la terre est un bien familial
accessible par legs à la suite d'un décès de
l'usufruitier. Elle devient la propriété du frère cadet ou
du fils aîné qui y exerce son pouvoir.
Par contre, chez les peuls, la gestion foncière
relève de la compétence du chef de famille. Après mort de
celui-ci, la terre est partagée entre ses fils et la gestion devient
individuelle.
En somme, le chef de village détient le monopole de la
gestion des terres mais leur valorisation est souvent assurée par des
tiers (propriétaires)
Sur le plan cultural, la gestion des terres est
confrontée à certaines difficultés liées,
paradoxalement, au manque de terres. En fait, le problème des
superficies cultivables ne se pose pas mais certains villageois estiment que
les zones assez éloignées des villages sont le domaine de
prédilection des phacochères et des singes, véritables
dévastateurs des champs. Qui plus est, les exploitants non
résidents (dotés de moyens) accentuent ce problème du fait
des grandes superficies qu'ils s'approprient par le truchement des
autorités compétentes (chef de village, personne morale). (Ndiaye
I., 1999).
Toutefois, la gestion se modernise dans le cadre de la
décentralisation compte tenu des importantes sollicitations de terres
(souvent 20 ha) par des personnes étrangères disposant de
moyens non négligeables. Les autochtones se plaignent
de voir leurs espaces de culture diminuer de plus en plus.
Au delà de cet aspect spatial, on note un manque
réel de coordination entre élus locaux et structures
déconcentrées (sous préfecture, service des eaux,
forêts, chasse et de la conservation des sols). Ces derniers ne sont pas
décisifs dans le processus de gestion des terroirs. En ce sens, une
illustration incontestée est l'exploitation forestière. Certaines
personnes s'en plaignent auprès des institutions locales mais sans
suite.
La tenure foncière met en exergue plusieurs
scénarii :
- le détenteur de la terre peut ne pas en être
l'occupant, ni l'exploitant. La terre est ici prêtée à un
saisonnier ou un nouvel arrivant ;
- l'exploitant peut résider en dehors du village
(commerçant en général). Ainsi, il emploie la main
d'oeuvre locale.
- le statut d'exploitant ne confère pas toujours un
statut de détenteur comme on le constate avec les employés
saisonniers ou « sourga ».
La tenure foncière s'appréhende à travers
ces statuts de détenteur, d'occupant et d'exploitant ; d'où une
grande complexité du système foncier.
II-2-2- L'agriculture en tant que facteur de destruction
des forêts
L'agriculture se développe dans la communauté
rurale grâce à la relative disponibilité des terres
cultivables et à la pluviométrie plus ou moins bonne même
s'il y a des nuances à souligner du point de vue de sa
répartition dans le temps et dans l'espace. Elle occupe une place
primordiale dans les activités économiques de la C.R.K. En effet,
elle absorbe plus de 70% des emplois en saison pluvieuse. On y distingue des
cultures de rente (arachide, coton) et des cultures vivrières (mil,
sorgho, mais) complétées par un maraîchage encore
très marginal dans les localités de Koussanar et Dawady. Par
ailleurs, le riz est cultivé dans les « faro »,
dépressions inondées en saison des pluies le long de la piste
Saré Birom, kalbirom, kouthiakoto, là où les cours d'eaux
sont les plus concentrés.
40
Le secteur agricole concerne surtout les wolofs, peuls et
mandingues.
41
Les premiers n'ont pas une grande tradition agraire. Ils sont
originaires du Djolof, du Cayor et du Walo où leur organisation
était davantage tournée vers des « entreprises
politiques et militaires plutôt que vers le développement d'une
civilisation paysanne soucieuse d'aménagement permanent du milieu et du
progrès technique. » (Pelissier P., 1966, p.111). Mais,
progressivement, avec la persistance des soucis matériels induits par
les besoins liés à la spéculation, ils colonisent la zone
des terres neuves et atteignent la communauté rurale de Koussanar par le
sud. Leur principale spéculation est l'arachide et la
caractéristique fondamentale de leur agriculture contemporaine est
l'occupation presque entière de l'espace consécutivement à
l'augmentation de la population. Partout, la brousse a désormais subi le
passage des défrichements. Contrairement aux peuls, les wolofs disposent
de peu de bétail et ne s'occupent pas trop de la restitution de la
fertilité.
Les peuls cultivent des variétés
vivrières et du coton que l'on associe à un peu d'arachide. C'est
l'élevage bovin qui se range au premier plan de leurs activités.
Ils sont dispersés dans tout l'arrondissement mais se concentrent
surtout au nord et cohabitent rarement avec les mandingues, plus nombreux au
sud.
Ces derniers, venus pour la plupart du Mali car étant
très tôt touchés par le boom arachidier, sont parvenus
à s'installer dans la zone à la recherche de devises que la
pénétration des échanges rendait soudain indispensables
(Pelissier P., 1966).
Globalement toute la population, de quelque appartenance que
ce soit, se livre à l'agriculture. Elle est très extensive
autrement dit qu'elle engage peu de moyens de production. Ils sont pour la
plupart rudimentaires ou tout simplement inaccessibles à une population
assez démunie. En plus, la Surface Agricole Utile (S.A.U) est mal
valorisée du fait des défrichements qui participent
considérablement à la dégradation des sols et de la
végétation. Ils sont surtout motivés par les cultures sur
brûlis ou agriculture nomade ou encore «shifting cultivation»
que le Commonwealth Forest technology (1951) définit comme une
méthode de culture périodique principalement utilisée en
région tropicale, consistant « à abattre quelques arbres
ou la totalité du peuplement, à brûler les bois abattus et
à pratiquer des cultures agricoles pendant un ou deux ans, après
quoi, le cultivateur passe à un autre endroit où il
répète la même opération. »
Nos enquêtes et observations ont
révélé que c'est une pratique très répandue
dans la communauté rurale. Or, elle pose de véritables
problèmes de régénération du fait des coupes peu
42
espacées, ce qui serait en partie responsable de la
baisse de la fertilité des sols et partant celle des rendements des
cultures.
A ce sujet, Mr Seydou Ndiaye, responsable de projets
d'agriculture et cultivateur expérimenté atteste «
qu'à défaut de fertilisants, les rendements ne peuvent en
aucun cas être bons. » Cependant, cette forme d'utilisation de
l'espace semble s'adapter à la pauvreté et à la
fragilité des sols.
Les pratiques paysannes sont très néfastes
à la couverture végétale ligneuse dont
l'intérêt est avéré sur le plan de la fertilisation
des sols et par conséquent, de l'équilibre économique de
la zone. En somme, l'agriculture n'a pas atteint un degré de
satisfaction du fait :
- des traditions culturales (système très extensif)
;
- de la dégradation des sols ;
- des difficultés d'accès au crédit pour les
intrants agricoles ;
- du sous équipement des paysans et de la
vétusté du matériel agricole ;
- du manque de maîtrise des eaux de pluie ;
- des difficultés liées à la faible
maîtrise des circuits de commercialisation.
Les agriculteurs étant les gardiens de la majeure
partie des ressources naturelles, ils ont besoin d'assistance technique pour
qu'on puisse efficacement faire face à l'accroissement
démographique, à l'augmentation des besoins en numéraires
et à l'introduction de nouvelles connaissances et techniques en
matière agricole.
La pression exercée sur la végétation
n'est pas seulement d'ordre agricole. Elle se mesure également aux
dommages causés par les agissements liés à
l'élevage.
II-2-3- Les pratiques pastorales contribuent au recul des
espaces boisés
C'est la deuxième activité de la
communauté rurale derrière l'agriculture. Elle est en pleine
expansion grâce à la disponibilité de l'eau (mares et
marigots temporaires de juin à novembre) et des campagnes de lutte
contre les maladies du bétail (botulisme, pasteurellose bovine, ovine
et
43
caprine, fièvre aphteuse, charbon symptomatique, etc.)
depuis le Programme de Développement de l'Elevage au
Sénégal Oriental (P.D.E.S.O) 11 jusqu'à nos
jours.
Selon le chef de la brigade forestière de Koussanar, Mr
Niang Top, « il constitue un facteur limitant de la
préservation de certaines ressources à faible capacité de
régénération. » du fait des élagages,
émondages et coupes abusives de certaines espèces comme
Pterocarpus erinaceus, Stercula setigera, Cordyla pinnata, etc.(voir
figure 6)
Figure 6 : Photo de Pterocarpus erinaceus et
Stercula setigera ayant subi les effets de
l'émondage.
Photo prises le 08 septembre 2006
Ces espèces sont très appétées par
le bétail. Elles constituent un fourrage de substitution pendant les
périodes de soudure (début d'hivernage). Par contre, la
première (Pterocarpus) est plus sollicitée en ce sens.
Même en pleine saison des pluies, elle subit ces pratiques des
éleveurs et celles des vendeurs de ses feuilles. Des campagnes de
sensibilisation sont menées à travers la radio régionale
car elle a une faible capacité de régénération et
reste menacée de disparition si son exploitation continue au même
rythme. La seconde est surtout attaquée par les transhumants.
11 Il s'est retiré de la zone depuis 1997
44
La transhumance de troupeaux venant d'autres régions
s'ajoute à tous les effets d'un élevage extensif. Ils sont
importants et sont l'oeuvre de «walankés» 12
à partir de janvier et février.
Les pratiques pastorales participent considérablement
à la dégradation du couvert végétal. Leurs impacts
s'aperçoivent aussi dans la provocation des feux de brousse par certains
éleveurs pour rendre la forêt plus facilement accessible
(généralement en octobre). En outre, ces feux sont parfois
déclenchés par des récolteurs de miel, des exploitants de
la saignée de Stercula setigera, des fumeurs et même des
paysans (fin novembre) dans une optique de protection de leurs champs face
à d'éventuels feux qu'ils ne pourraient contrôler.
II-2-4- Les feux de brousse
Le problème de ces feux est très réel
mais les contrevenants ne sont pas en général
dénoncés pour des considérations familiales ou amicales,
d'où une grande entrave à leur maîtrise. C'est ainsi que
des feux précoces (55000 ha en 2005), déclenchés sous la
direction des forestiers, constituent le seul grand recours pour minimiser ou
annuler les dégâts sur les ressources forestières. La
forêt évolue aujourd'hui en savane et le passage du feu est un
facteur déterminant de la persistance de ces types de formations (voir
figures 7 et 8). Chaque année, on enregistre en moyenne trois à
quatre cas dans la communauté rurale: 2001: cinq cas pour 1530 ha de
superficie brûlée ; 2002: trois cas pour 750 ha ; 2003: trois cas
pour 630 ha ; 2004: trois cas pour 235 ha ; 2005: trois cas pour 166
ha.13
Toujours est-il que l'influence du feu sur la
régénération est fonction de son intensité. Faible,
les rejets peuvent repousser sur les tiges ; forts, les repousses se font soit
sur la souche, soit sur les racines ou la plante meurt (Manga A., 1999).
12 appellation initialement donnée aux
éleveurs du Walo mais intéressant aujourd'hui surtout ceux du
Djolof
13 Données de la brigade
forestière de Koussanar
45
Figure 7: Photo sur les feux de brousse et leurs effets
sur la végétation
photo prise le 08 novembre 2006
Dans la communauté rurale de Koussanar où les
précipitations, facteurs de production de la phytomasse combustible,
sont assez favorables, les feux de brousse sont violents et destructeurs. C'est
pourquoi ils participent considérablement à l'accentuation du
taux de mortalité de certaines espèces (Hexabolus
monopetalus, combretum pedicelatum,...). Ils peuvent enrichir
temporairement le sol superficiel en sels minéraux mais ces derniers
sont presque entièrement lessivés par les premières
pluies.
Leur maîtrise permettrait de :
- 'assurer la survie du bétail en saison sèche par
la préservation des pâturages ; - fournir des matériaux de
confection de l'habitat rural ;
- diminuer la pression sur le patrimoine ligneux.
46
47
On constate donc que les mécanismes de
dégradation des ressources naturelles et de l'environnement sont bien
présents. La photographie aérienne prise en 2002 sous la houlette
du Centre de Suivi Ecologique (C.S.E) montre que la destruction de la
végétation naturelle a atteint un stade tel qu'on ne peut plus
parler de forêt au sens géographique du terme. La carte
d'occupation des sols (ci-dessus) que nous avons réalisée par le
truchement de cette image en constitue une illustration. La savane arbustive au
nord à boisée au sud s'intègre dans des espaces de culture
et de pâturages, surtout au nord de la communauté rurale. La carte
a le mérite de nous édifier sur la quasi-absence de forêts
et de nous confirmer l'idée d'un nord plus pastoral (domaine des peuls)
que le sud. Cependant sa limite réside dans le fait qu'elle ne montre
pas avec précision la place qu'occupent l'agriculture et
l'élevage au sud de la CR alors que cette partie est presque devenue la
zone de prédilection de ces pratiques suite à sa forte
poussée démographique. Cela s'expliquerait par des erreurs
d'interprétation liées à la période de prise de
l'image (saison des pluies) à cause de la forte possibilité de
confusion des reflectances. Son actualisation serait de bon augure pour une
meilleure analyse de cette dynamique qui se lit également à
travers l'exploitation forestière.
Conclusion
La dégradation constitue donc le problème commun
à tous les facteurs limitant le développement économique
et social de la communauté rurale. En ce sens, l'exploitation
forestière, phénomène ancien mais exacerbé et
amplifié durant ces dernière années a aussi montré
ses limites même si les techniciens compétents (agents de la
brigade forestière) s'activent à la rendre plus rationnelle et
plus durable. Paradoxalement, elle constitue une soupape de
sécurité pour les populations même si cette activité
menace à terme leur cadre de vie.
48
Chapitre III- L'exploitation forestière: une
soupape de sécurité pour les populations locales et une bombe
environnementale
Les forêts, telles que définies par le code
forestier du Sénégal en son article premier, s'étendent
« des terrains recouverts d'une formation à base d'arbres,
d'arbustes ou de broussailles [...] dont les produits exclusifs ou principaux
sont le bois, les écorces, les racines, les fruits, les résines,
les gommes, les exsudats et huile, les fleurs et feuilles. »
En outre, sont considérées comme forêts :
- les espaces soumis à la
régénération naturelle ou au déboisement dont la
couverture forestière a été récemment coupée
ou incendiée ;
- les terres en friche dont le boisement est prévu ;
- les terrains de culture affectés aux actions
forestières ;
- toute terre nécessitant une restauration du fait de la
perte de son potentiel agricole
La forêt occupe une place de choix dans l'exercice de
certaines activités d'une population marquée par de faibles
revenus, ce qui justifie l'importance des enjeux.
En ce qui concerne l'environnement forestier, la
communauté rurale de Koussanar compte trois forêts classées
(une partie de la forêt classée de Tamba nord, la forêt
classée de Ouly, une partie de celle des Pagnate). Notons que le
classement de ces forêts obéit à un certain nombre de
règles et principes. En fait, c'est une décision émanant
de l'Etat et qui vise la sauvegarde de certaines formations naturelles qui,
situées en dehors du domaine forestier de l'Etat, sont d'une protection
quasi impossible de la part des services compétents.
Ces classements attestent d'une certaine menace du couvert
végétal et partant de la biodiversité 14 par les actions
humaines.
14 Des gibiers tels que phacochères,
francolins, pintades, lapins, tourterelles sont en voie de disparition
49
III- 1- Les formes d'exploitation
L'exploitation forestière tourne essentiellement autour
des produits de cueillette, du charbon de bois, du bois (d'artisanat et de
chauffe). La cueillette intéresse les fruits de Ziziphus mauritanius
(jujube) et d'Adansonia digitata (pain de singe).
Selon une étude réalisée par Ndiaye I. en 1999
pour le compte du Programme Sénégal Oriental (P.S.O), les revenus
générés dans six villages de la zone seraient les suivants
:
- pain de singe : 1 370 000 fcfa ; - jujube : 520 000 fcfa.
Une organisation s'est constituée sous la
bannière du Programme "Wula Nafaa" afin de faciliter la
commercialisation.
En outre, l'exploitation de la gomme Stercula est
bien organisée par le projet précité même si les
moyens permettant de faire respecter les contrats signés avec les
exploitants font parfois défaut. En ce sens, la brigade
forestière de Koussanar, en collaboration avec "Wula Nafaa", a mis en
défens plus de 300 ha répartis en quatre pépinières
(Sinthiou Demba Dème, Dawady, Koussanar, Bohé
balédjé) à la suite d'un constat de dégradation
très avancée de l'espèce. Cela est lié aux
ébranchages, pratiqués par les éleveurs et aux coupes
orchestrées par les récolteurs de miel. La gomme participe
considérablement à l'économie rurale. Ndiaye I, dans son
rapport d'étude de 1999, estime les revenus générés
par l'exploitation de ce produit à 6 292 500 fcfa.
III- 1-1 La production du charbon de bois est une pratique
dévastatrice du couvert Végétal
Le charbon de bois est surtout fourni par les
combrétacées. Sa production est très prononcée dans
la zone et dégrade les ressources ligneuses. En réalité,
la zone produit du charbon non seulement pour la consommation locale mais aussi
et surtout pour des besoins d'exportation vers les grandes villes du pays:
Dakar, Diourbel, Thiès, etc.
La capacité de destruction de cette activité peut
se mesurer la relation suivante :
? 5kg de bois produisent 1kg de charbon alors
qu'1kg de charbon ne fournit que l'énergie de 2kg de bois.
Considérant le nombre de camions sortant constamment de
la zone, il y a donc un gaspillage énorme dans un pays où 50
à 60% de la consommation d'énergie provient des ressources
ligneuses 15. On note parallèlement une exploitation des
forêts qui se déplace au fur et à mesure de la
dégradation. C'est un processus de déforestation et de
désertification qui s'annonce. L'évolution quantitative de cette
activité peut se résumer dans le tableau 3:
Tableau 3 : Quantité de charbon de bois
exploitée de 1994 à 1998
Années
|
19994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
Nbre de Qt
|
376327
|
216832
|
235484
|
189672
|
36591
|
Source : Brigade forestière de
Koussanar
Il faut signaler que les chiffres dépassant la centaine
de quintaux (Qt) intéressent l'ensemble de l'arrondissement. Les
rapports du service forestier ne distinguaient pas les deux communautés
rurales de Sinthiou Malème et de Koussanar jusqu'en 2003, date à
laquelle les données ont commencé à être
séparées. Toujours est-il que c'est la CR de Koussanar qui
enregistre le plus grand nombre de sites d'exploitation (plus d'une douzaine)
dont Boulèle, Foundour, Kalbirom, Léwa, Pagnate, Pass
Kélémane, Saré Tamou, Séno Samba Yabé,
Sinthiou Dawady, Sinthiou Hamady Hamma, Sinthiou Toumani, Wouro Moudéri,
Wouro Sory, etc.; l'autre étant caractérisée par la grande
place qu'y occupent les forêts classées (voir figure 9)
50
15 Magrin G., cours de 209 environnement, 2003-2004
51
Ainsi, de 2003 à 2005 la production moyenne est de
26000 Qt dans la seule CR de Koussanar (traitement desdits rapports). Un
à deux camions chargés de charbon sort de ce secteur par
52
semaine en direction des centres urbains de l'ouest du pays.
Ils peuvent atteindre quatre en cas de pénurie de charbon. Ceci est le
fruit d'une nouvelle réglementation entrée en vigueur dans la
zone cette année (2006).
La pression liée à la demande en charbon de bois
s'apprécie également à travers l'augmentation constante
des intervenants dans la communauté rurale.
? Il a été orienté en
2004 huit coopératives, quinze groupements d'intérêt
économique (G.I.E), et trois sociétés.
? En 2005, ce sont onze coopératives,
quatre G.I.E et cinq sociétés qui avaient
bénéficié de l'exploitation du charbon.
? En 2006, vingt et trois
coopératives, douze G.I.E et sept sociétés ont
été enregistrés.
Au total, de quinze exploitants en 2004, on est passé
à quarante et deux en 2006. Le chef de la brigade forestière de
Koussanar justifie cette évolution par la diminution des interventions
au niveau de la CR de Sinthiou Malème suite au classement d'une
importante partie de ses forêts.
Figure 10 : Photo d'un camion chargé de charbon
prêt à partir vers le grand marché de Dakar
Photo prise le 05 novembre 2006
Cette image est une des principales marques de la circulation
automobile du secteur de Koussanar. Ce sont plusieurs centaines de
m3 de bois qui sont brûlés pour les remplir. Ils
nécessitent plusieurs meules.
53
III-1-2- La production du bois de chauffe: danger
environnemental ou aubaine sociale ?
L'énergie constitue le principal facteur de pression
anthropique sur la végétation. Le bois de chauffe a toujours
été très exploité. Depuis une décennie,
l'essentiel de la production de bois provient des régions de kolda et
Tamba pour l'approvisionnement des autres centres urbains, d'où une
hausse vertigineuse de la production16. Les espèces les plus
concernées sont Pterocarpus erinaceus, Cordyla pinnata, Afzelia
africana, Bombax costatum, Khaya senegalensis, etc. L'exploitation est
libéralisée par l'Etat afin que le bois mort puisse être
bénéfique aux populations locales au lieu que les feux de brousse
s'en emparent.
A Koussanar, c'est dans cette optique que les populations
locales (avec une majorité de femmes) s'adonnent à ce
métier de commercialisation du bois. Il existe une règlementation
qui interdit l'utilisation du bois dont le diamètre est supérieur
à 15cm car au delà c'est du bois d'artisanat. Cependant, le
problème reste entier dans la mesure où le respect de ce principe
est difficilement contrôlable: ce travail nécessite un minimum de
moyens financiers (obtention du permis, rémunération de la main
d'oeuvre, paiement du transport). Les exploitations clandestines
destinées soit au marché local, ou à l'extérieur ne
sont pas faciles à cerner. Ce désormais métier participe
de façon notoire à l'économie rurale. Qui plus est, pour
certains exploitants et d'autres responsables, le respect de ce principe
anéantirait les revenus issus de cette activité au moment
où la lutte contre la pauvreté est au centre du débat
international.
16 Convention Cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques, Communication du Sénégal, 1999
A l'image du charbon, ce sont de gros porteurs qui transportent
le bois (voir figure 11) Figure 11: Photo d'un camion chargé de
bois de chauffe en direction de Diourbel
Photo prise le 08 novembre 2006
On enregistre en moyenne quinze camions de bois par mois
sortant de la zone. Les personnes qui s'adonnent à l'exploitation du
bois de chauffe sont assez nombreuses. Plus d'une cinquantaine interviennent
dans le secteur de Koussanar village et ses environs. L'activité
enregistre un dynamisme notable, surtout en saison pluvieuse. Ce bois est
observable le long de la route nationale 1 qui traverse Koussanar et à
l'intérieur des villages (voir figure 12). Il est issu de la coupe de
troncs d'arbres comme Cordyla pinnata (voir figure 12) et pterocarpus
erinaceus.
54
Figure 12 : Photos : bois de chauffe et coupe du tronc
de Cordyla pinnata (pour le bois de chauffe ou
d'artisanat)
55
Photo prises le 13 août 2006 à
Koussanar
Cette figure illustre une forme d'attaque très intense
dont le couvert végétal fait l'objet.
Aujourd'hui (hivernage 2006), un arrêté
interdisant l'exploitation du bois a été pris par le
ministère de l'environnement à la suite de la dégradation
notée et du non respect de la règlementation. Les
intéressés ont du mal à accepter cette décision
car, déclare Ndao S., une exploitante très connue dans la
zone:
« je m'adonne à cette activité depuis
plus de six ans. Nous tirons nos ressources de ce métier. Son blocage a
fait que nous ne sommes plus en mesure de rembourser les crédits que
nous avons contractés et les permis qui nous ont été
antérieurement délivrés par la brigade forestière.
Chaque mois, près d'une vingtaine de camions chargés de bois
partaient pour les centres de Diourbel, Kaffrine et autres destinations du
pays. Nous réalisions des bénéfices individuels de 40 000
à 50 000 CFA par voyage. Cette mesure nous pénalise
énormément et nous comptons nous y opposer par la création
d'un G.I.E qui nous permettrait de devenir plus légitimes et d'obtenir
gain de cause. »
C'est dire que le bois de chauffe est très
exploité ; il fait vivre un nombre important de familles. Plusieurs
réalisations ont été faites dans les villages grâce
à cette activité.
L'exploitation forestière se résume dans les
tableaux et la figure suivants:
Tableau 4 : Rapport annuel couvrant la période
2005 de l'exploitation forestière
charbon QT
|
29080
|
bois cordyla (stères)
|
600
|
bois pterocarpus
|
60
|
bois chauffe
|
16284
|
gomme stercula kg
|
385695
|
Ecorces diverses kg
|
4610
|
Source : Sous secteur eaux forêts de
Koussanar
En 2005, l'exploitation forestière a touché un
nombre non négligeable de troncs de Cordyla et moins de
Pterocarpus. Mais c'est compte non tenu des actions informelles.
Notons aussi que le bois de chauffe dissimule en son sein un nombre important
de troncs d'espèces interdites d'exploitation pour ces besoins. Il en
est de même pour le bois morts rangé le plus souvent dans la
catégorie du bois de chauffe. Il est très sollicité (voir
tableau 5).
Tableau 5 : quantité de bois mort (en
stères) de 1994 à 2001
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
18124
|
19585
|
25450
|
26410
|
30179
|
ND
|
ND
|
36376
|
Source : Sous secteur eaux et forêts
La quantité de bois mort exploitée enregistre
une augmentation vertigineuse. De 18124 stères en 1994, elle est
passée à 36376 en 2001. Comme complément du tableau 4, la
figure13 nous donne un aperçu plus parlant du bois exploité en
2005 par nature.
56
Figure 13 : Bois exploité en 2005 par nature : bois de
chauffe et bois d'artisanat (pterocarpus et Cordyla)
bois produit en 2005 par nature
Bois Cordyla; 4%
Bois Cordyla; 1%
Bois Cordyla; 95%
Source: Données sous secteur eaux et
forêts de Koussanar
Ce graphique montre que 95% du bois est celui de chauffe mais
à l'intérieur de ce dernier setrouve une quantité
inestimée de stères de Cordyla pinnata et de
Pterocarpus erinaceus
En définitive, cumulée avec les effets de toutes
les activités rurales étudiées précédemment,
les impacts sur le patrimoine ligneux sont réels. Ces données ne
prennent pas en compte les exploitations clandestines et informelles. La
gestion des forêts est très complexe car les enjeux qui lui sont
attachés sont nombreux.
57
III-2- Les enjeux liés à l'exploitation
forestière
58
Malgré les dommages causés au patrimoine
ligneux, des revenus substantiels sont engendrés par l'exploitation
forestière au bénéfice de l'Etat, des exploitants et des
populations (autochtones ou allochtones).
III-2-1- Les enjeux sociaux
Sur le plan social, le bois assure la cuisson des aliments des
catégories sociales démunies, sans possibilité
d'acquisition de gaz. En plus, la population sénégalaise est
largement dépendante en combustibles ligneux et en bois d'oeuvre pour
satisfaire ses besoins commerciaux et faire fonctionner toutes les
activités dépendantes du bois.
Il va sans dire que les conséquences seront
forcément ressenties au sein de cette société en cas de
rupture d'approvisionnement due à une surexploitation. Par exemple, il
n'est pas exclu d'assister à :
- une flambée des prix, ce qui constituerait un
handicap pour les couches sociales démunies, d'une part ;
- une mauvaise cuisson des aliments susceptible
d'entraîner des maladies parasitaires, d'autre part.
Pire encore, une perte d'emplois de vitalité sociale
pourrait survenir avec une interdiction définitive de l'exploitation du
bois. L'exemple de l'exploitante citée plus haut est bien illustratif et
permet d'appréhender les enjeux économiques et politiques.
II-2-2-Les enjeux économiques et politiques
Ils sont perceptibles à travers le dynamisme de ce
secteur qui se fait de plus en plus sentir. En fait, il participe dans
l'économie nationale à plus de 25 milliards de francs Cfa dont
environ 19 pour le charbon (Trossero, Cité par Dieng C., 1994) compte
non tenu des prélèvements qui échappent au contrôle
des services compétents. Il faut aussi noter le lobby des exploitants de
charbon, regroupés depuis 1983 en associations pour mieux
défendre leurs intérêts, à qui revient plus de la
moitié des retombées financières. De ce fait, ils sont de
véritables puissances ; la part de communautés rurales
n'étant pas très significative. Seule une infime partie des
recettes contentieuses lui est versée:deux à trois millions pour
la CR de Koussanar en 2003 et 2004. Les
59
recettes domaniales sont la propriété de l'Etat.
La situation économique et sociale étant le soubassement des
actions de tout dirigeant, les enjeux politiques sont plus ou moins
importants.
Ils sont non négligeables. Vu le nombre de la
population concernée, les pouvoirs publics peuvent souvent adopter des
orientations (dans la pratique) qui ne sont pas conformes avec le cadre
réglementaire en vigueur. Il arrive que l'on oriente la coupe vers une
zone initialement prévue pour le repos et faute de quoi la satisfaction
des besoins ne serait pas effective. A Koussanar, ce problème n'a pas
été signalé mais l'intensité de l'exploitation
n'exclut pas une telle pratique.
En somme, les enjeux liés à l'exploitation
forestière ne sont pas faciles à cerner en raison des multiples
acteurs qui entrent en jeu et des intérêts aussi divers que
complexes. Le couvert végétal connaît une diminution aussi
bien quantitative que qualitative suite à son écrémage par
les différents intervenants. Les conséquences d'une telle
dynamique se répercutent sur tous les plans (agricole,
pastoral,...).Conscient de ce fléau, l'Etat, à travers le code
forestier, a mis en défens certaines espèces menacées
(voir tableau 6) Elles se retrouvent toutes dans la zone et présentent
un intérêt particulier du point de vue économique,
écologique, scientifique ou médical.
Tableau 6: Espèces protégées par le
Code forestier
Noms scientifiques
|
Noms wolof ou noms célèbres
|
Acacia Raddiana
|
"seing"
|
Acacia senegal
|
"Werek"
|
Adansonia digitata
|
Baobab
|
Afzelia africana
|
"Nincom"
|
Borassus aethiopium
|
Ronier
|
Ceiba pentandra
|
Fromager
|
Cordyla pinnata
|
"Dimb"
|
Grewia bicolor
|
"Kel"
|
Khaya senegalensis
|
Caïlcédrat
|
Moringa oleifera
|
"Nebeday"
|
Prosopis africana
|
"yiir"
|
Pterocarpus erinaceus
|
Vène
|
Sclerocarya birrea
|
"Eeri" en pulaar
|
Tamarindus indica
|
Tamarinier
|
Ziziphus mauritania
|
"Sidem"
|
Source : code forestier
Cette protection est presque inopérante du fait des
impératifs économiques et des moyens déficitaires.
D'ailleurs, nos enquêtes ont pu nous montrer que plusieurs
espèces, à des degrés
divers, sont menacées de disparition. Il s'agit de
celles dont les noms sont mis en rouge dans le tableau ci-dessus et d'autres
comme Stercula setigera, Bombax costatum ou « garab laobé
», etc.
Pourtant, le patrimoine végétal doit être
judicieusement géré. Pour ce faire, il urge de :
- évaluer les forêts car, d'après le service
concerné, il n'existe aucune statistique fiable ;
- délivrer les permis de coupe proportionnellement
à la capacité de régénération des
forêts et au rythme des reboisements17.
La forêt est véritablement une soupape de
sécurité pour les habitants de la localité mais exige une
exploitation plus rationnelle afin de la restaurer et d'éviter son
épuisement.
Conclusion partielle
En somme, cette première partie a souligné
l'importance de l'intense exploitation du couvert végétal. Cette
intensification se justifie par le faible revenu des communautés dont
les activités sont largement tributaires des potentialités
forestières ; lesquelles sont également soumises aux
éléments physiques qui ne sont pas tout à fait favorables.
Les enjeux attachés à la ressource sont
prépondérants mais n'occultent en rien la nécessité
de la protéger en impliquant les principaux concernés.
En fait, la protection et la conservation des ressources
forestières importe que les populations riveraines des zones
d'exploitation soient intéressées et associées car
étant les premières victimes des impacts négatifs sur les
autres activités rurales. Cela est d'autant plus légitime que
depuis l'entrée en vigueur en 1982 de la réforme administrative,
territoriale et locale, la population constitue un maillon indispensable de la
chaîne de gestion des ressources naturelles.
60
17 victimes dans la zone d'un manque d'implication de
la population et particulièrement de la jeunesse
DEUXIEME PARTIE :
GESTION DURABLE DU PATRIMOINE LIGNEUX : PORTEE ET LIMITES DE LA
DECENTRALISATION
|
Introduction
Dans la continuité de la première partie qui
traite des relations qui existent entre l'espace et les sociétés,
cette deuxième partie se propose d'étudier les contraintes
liées à la gestion durable du patrimoine ligneux. Elle mesure la
portée et les limites des compétences transférées
en matière forestière.
En réalité, l'analyse des facteurs de la
dégradation du patrimoine ligneux nous a permis de mieux comprendre la
situation économique de la zone d'étude et les conditions
climatiques, édaphiques dans lesquelles évolue cet environnement.
Ceci participe à une meilleure compréhension du contenu et de la
portée explicative des politiques de gestion mises en oeuvre dans un
contexte marqué par une avérée ou supposée
montée en puissance des différents acteurs du
développement. Ces derniers visent une plus grande implication des
populations dans la gestion des affaires en général et des
ressources naturelles en particulier.
61
Chapitre IV: Le patrimoine ligneux: tableau des
contraintes
62
Les contraintes sont nombreuses et leur identification
relève d'une nécessité qui trouve sa
légitimité dans les paramètres justificatifs de la
gestion.
IV- 1- - Justification de la gestion
Les ressources naturelles englobent toutes les richesses
physiques et biologiques d'un territoire donné. Il s'agit de toutes les
potentialités naturellement disponibles et n'ayant subi aucune
intervention humaine. Associées à la notion de gestion, elles
renvoient aux ressources qui sont renouvelables à l'échelle
humaine comme l'eau, la biomasse végétale, etc.
Contrairement à l'orientation dite protection /
conservation qui a longtemps prévalu dans ce domaine, celle connue
aujourd'hui sous le nom de conservation/ développement, définit
la gestion comme une valorisation dynamique des ressources naturelles pour
satisfaire le développement humain et économique et non pour un
simple besoin de protection.18
18(Fall, cours de 409, 2005/2006).
Il s'agit d'organiser et de contrôler l'exploitation des
ressources en tenant compte de deux clauses fondamentales :
63
- garantir la durabilité des ressources sans compromettre
leurs conditions de renouvellement ; - gérer les ressources en
préservant leur diversité biologique.
Le respect de ces principes rejoint le concept de
développement durable lancé à la conférence de Rio
en 1992). Cependant, la prise de conscience par l'homme de la
dégradation de l'environnement et de la nécessite de le
protéger s'est surtout affirmée à partir des années
19601985 (conférence des Nations Unies sur l'environnement de 1972).
Dans cette optique, face à un constat de dégradation
avancée de ses ressources, de nombreuses conventions ont
été signées par le Sénégal et de nombreux
plans adoptés (comme le plan d'action forestier) dont la pertinence se
mesurerait à l'adéquation avec une approche systémique
considérant le milieu comme un ensemble dont les éléments
constitutifs (sol, végétation, eau, air, homme et ses
déterminismes) sont étroitement liés. Toute action
touchant l'un d'entre eux peut perturber le système.
IV- 2- Les contraintes liées à la gestion
du couvert végétal
Elles sont d'ordre institutionnel et logistique.
IV-2-1- Les contraintes d'ordre institutionnel
Les entraves à une bonne gestion de la
végétation sont relatives à :
- la méconnaissance des textes de lois par certains
acteurs locaux ; la majorité des élus n'ayant pas un niveau
de scolarisation élevé. Ceci entraîne une cacophonie et un
retard dans les prises de décision malgré les nombreuses sessions
de formation. C'est probablement la raison pour laquelle les actions allant
vers la protection de l'environnement occupent une place très minime
dans le programme du conseil rural. La majeure partie des ressources est
affectée aux activités de loisirs comme les "navétane" et
autres. Les « réalisations à caractère social et
culturel au détriment de projets de développement
économiques » (PLD 2004) basées sur la valorisation des
potentialités locales sont constatées. La communauté
rurale reçoit des fonds de dotation dépassant souvent les cinq
millions et des fonds de concours évalués annuellement à
près de trois millions sans compter les fonds propres (plus de dix
millions). Ils sont orientés vers les actions se
rapportant aux différentes compétences transférées.
A en croire un agent du conseil (documents à l'appui), ce financement
concerne les volets suivants : éducation-santé-jeunesse-sport,
action sociale, activités culturelles, vacances citoyennes (budget de
412 000 en 2005 et 2006), etc. Le volet environnement y occupe donc une faible
place malgré les différents enjeux
64
dont il fait l'objet. Il est inclus dans les vacances
citoyennes et se limite au reboisement. Ce dernier est principalement
mené par la brigade forestière et est souvent laissé
à la merci de la divagation des animaux faute d'un soutien
conséquent de la part du CR. Mais, nous précise un conseiller,
membre de la commission de l'environnement, « le budget alloué
au secteur forestier ne dépasse guère 300 000 FCFA »
comme en 2005. Il est prélevé des fonds propres19
du conseil. En somme, moins de 2% des recettes est destiné au volet
environnement et gestion des ressources naturelles. Ceci est d'autant plus
inquiétant que depuis 1994, aucun soutien financier en direction de
l'environnement n'a été constaté mise à part la
subvention de 2005.
Tout ceci se traduit par un manque de coordination entre les
différents niveaux d'intervention. La gestion des feux de brousse est
laissée entre les mains exclusives du service forestier. Or, les textes
transfèrent une partie de cette compétence aux
collectivités locales.
Au delà de ces lacunes d'ordre social et
organisationnel, ce sont les incertitudes de lois qui mutilent la
préservation des ressources.
- les incertitudes de lois sont à mettre en rapport
avec celles sur le domaine national qui supplante la gestion
coutumière. D'après cette loi, « ce sont les zones
de terroirs qui sont des espaces de culture et d'élevage
exploitées sous le contrôle de l'Etat »20.
Maintenant, avec la décentralisation, c'est le conseil rural qui est
chargé de l'affectation et de la désaffectation de ces terres. Ce
principe ne reconnaît que la mise en valeur. Or, le pastoralisme n'est
pas considéré comme telle. En conséquence cela peut
générer une extension des parcours au détriment des zones
de culture, une diminution des jachères due à une phobie de perte
de terres par certains exploitants. C'est pourquoi le projet de lois
d'orientation agro-sylvo-pastorale propose en son article 44 la reconnaissance
du pastoralisme comme mode de mise en valeur de l'espace rural.
19 Fonds issus de la taxe rurale, la taxe forestière,
les amendes douanières et de la gendarmerie , les produits du
Fonctionnement des fourrières, les droits de place tirés du
marché quotidien de Koussanar, des marchés hebdomadaires
(Koussanar et Dawady), les produits de la patente, etc.
20 Rapport sur l'état de l'environnement au
Sénégal, CSE, 2005, 231p, pp.116
En outre, la majorité des populations ignorent cette
loi et se recroquevillent sur leurs habitudes coutumières en s'opposant
farouchement à toute procédure d'expropriation, d'où un
véritable
problème de préservation des ressources
forestières. Ces contraintes d'ordre institutionnel se
répercutent à tous les niveaux de difficultés.
A ce titre, un fait majeur met en exergue le problème
qui existe entre la population locale et le conseil rural en matière de
gestion des terres: la réserve privée de faune de
Koussanar.
C'est une étendue de 3000 ha qu'avaient voulu installer
en 2003 les promoteurs Jacques Resk et son frère Georges. Ils
envisageaient d'en faire un Bandia
II. et avaient demandé 6000 ha mais le
conseil rural leur en a octroyé la moitié. A l'image de ce qui a
été constaté au ranch de Dolly, la réalisation de
ce projet a rencontré l'hostilité d'une partie de la population,
des éleveurs peuls essentiellement. Ces derniers ont refusé
d'adhérer à ce projet car, estiment-ils, ces terres
contigües à la forêt classée des Pagnate abritent des
mares dont ils se servent pour l'abreuvage du bétail. De sources proches
du conseil rural, les promoteurs avaient prévu de construire un forage
pour l'alimentation en eau des animaux et d'autres actions visant à
annihiler les impacts potentiels d'un tel projet sur son environnement
immédiat. Ces mesures ont décidément été
rejetées par les dissidents.
Face à cette farouche opposition de la population
à la décision du conseil rural, le préfet a sorti un
arrêté demandant aux promoteurs d'arrêter les travaux qui
ont été enclenchés. En dehors des considérations
politiques et des querelles de tendances au niveau local, cette histoire
traduit un manque de concertation en amont des projets et d'association des
populations concernées. Elle édifie également sur la
complexité de la gestion des terres sises en zone de terroir.
Pourtant, cette réserve pouvait avoir des incidences
certains sur le plan environnemental et celui socio-économique. Elle
aiderait à la préservation d'espèces menacées et
à l'introduction d'autres types de formations. En plus, elle enrichirait
la zone en ressources animales et participerait ainsi à une forme de
restauration de la biodiversité qui est aujourd'hui très
fragilisée. L'activité touristique se développerait,
favorisant la diversification des sources de revenus, et la création
d'emplois en sus de ceux directs.
Toujours est-il que la question n'est pas encore
définitivement close mais a peu de chance d'aboutir.
65
IV-2-2- Le manque de moyens humains et logistiques
66
Les agents forestiers protègent, conservent et
développent les ressources forestières (article 56 du code
forestier). Le service forestier, nerf moteur de la protection du patrimoine
ligneux, apporte son soutien et son assistance aux différents projets
intervenant dans la zone. Il coordonne les reboisements et surveille les
forêts. Bref, il reste très ouvert aux programmes de protection et
de (3047km2 valorisation des potentialités environnementales.
Il est confronté à un réel manque de moyens
pouvant lui permettre de mener à bien ses activités.
Sur le plan humain, pour l'ensemble de l'arrondissement (3047
km2), il n'existe que deux agents chargés de faire tout le
travail lié à la protection et à la préservation
des ressources forestières face aux multiples facteurs de
dégradation d'ordre aussi bien naturel qu'anthropique. Parfois, ils se
voient confier la gestion d'autres communautés rurales comme cela a
été le cas en 2005 (CR de Ndoga Babacar).
Au niveau logistique, l'aide qu'ils reçoivent du C.R
est dérisoire pour ne pas dire inexistante afin faire face à
l'ensemble de leurs besoins. En plus, on note une quasi absence de
matériels de reboisement, de lutte contre les feux de brousse, etc. Il
en est de même pour les moyens de locomotion (une seule voiture). En ce
sens, le programme "wula Nafaa" avait offert à certains villageois,
organisés en C.V.D, des vélos mais ces derniers sont aujourd'hui
utilisés à des fins autres que celles initialement
définies. De plus,, l'implication de population n'est pas effective.
La brigade forestière de Koussanar a de lourdes charges
mais les moyens de sa politique sont largement déficitaires.
Consécutivement à toutes ces contraintes, la dégradation
des ressources est réelle.
IV-2-3- Les implications des contraintes en rapport avec la
réglementation.
Elles sont la résultante de l'ensemble des
activités rurales et des différentes pressions exercées
sur la ressource ligneuse avec des conséquences variables. Le
rétrécissement croissant du couvert végétal suite
aux défrichements, à l'exploitation clandestine, à la
carbonisation, aux émondages, et aux feux de brousse font que certaines
espèces se font de plus en plus rares. Le bois de bonne qualité,
qui jadis se retrouvait dans un rayon de 20km, s'obtient aujourd'hui au prix
d'un parcours allant de 15 à 30 km des villages en moyenne. Il a pour
corollaire une amplification de l'érosion pluviale en hivernage et
éolienne en saison sèche. Le relief se modifie par un important
ravinement des terres sans grande mesure de conservation. Les terres
cultivables s'en trouvent affectées dans la mesure où les
particules fines du sol sont emportées.
Les impacts négatifs sont réels mais les mesures
définies par les textes pour arriver à bout de ces pratiques sont
inopérantes. En fait, les défrichements et déboisements
sont soumis à autorisation mais les contrevenants semblent ignorer ce
principe et disposent de la végétation à leur guise. Seuls
de rares cas ont été sanctionnés par le service forestier,
d'où une grande faille dans la gestion. Le code de l'environnement (loi
2001-01 du 15 janvier 2001), en son article L100, déclare: «
Est punie d'une amende d'un million à deux millions de francs CFA et
d'une peine d'emprisonnement de six mois à deux ans ou de l'une de ces
peines, toute personne ayant pollué, dégradé les sols et
sous sols en violation des dispositions réglementaires en vigueur.
» Il en est de même pour ceux qui provoquent les feux de
brousse sciemment ou par inadvertance ou négligence. Ils doivent
être punis d'une amende de 50 000 à 500 000 et d'un emprisonnement
de deux mois à deux ans (article 47 du code forestier). Malheureusement,
les contrevenants sont invisibles. Ceci traduit un manque de culture
environnementale des populations et de soutien suffisant de l'Etat.
Conclusion
Les contraintes sont perceptibles à tous les niveaux
(social, économique, politique, institutionnel...). La protection et la
mise en valeur de l'environnement sont des composantes essentielles de la
politique nationale qui vise à promouvoir le développement
économique, social et culturel. C'est dans cette optique de meilleure
gestion des ressources forestières que s'inscrit la
décentralisation.
67
Chapitre V- Décentralisation et
développement local
68
La gestion des ressources naturelles a pendant longtemps
été centralisée avant l'intervention des
collectivités locales à partir de 1996. La loi n. 96-07 du 22
mars 1996 consacre le transfert des compétences aux régions, aux
communes et aux communautés rurales en matière forestière.
Ces dernières tentent aujourd'hui de trouver la voie adéquate
face à la dégradation de la végétation par des
expériences parfois réussies mais qui n'occultent en rien
certaines contradictions relatives au niveau d'implication des populations
concernées.
V- 1- contexte et principes de la
décentralisation
Le concept de décentralisation est né de
l'aboutissement d'un long processus et se spécifie par un certain nombre
de principes.
V-1-1 contexte
De l'indépendance à nos jours, le pays a connu cinq
importantes réformes :
- celle du 13 janvier 1960 qui avait subdivisé le
Sénégal en zones plus ou moins homogènes (cercles,
arrondissements) administrés respectivement par des gouverneurs de
cercles, des commandants de cercles et des chefs d'arrondissements (substituts
des anciens chefs de cantons) ;
- celle du 03 avril 1964 qui abroge et remplace la
précédente en substituant aux «cercles »et
«commandants de cercles» les termes «département» et
«préfet de département». Elle renforce les pouvoirs de
ces administrateurs dans le but de favoriser le développement
économique et social.
- la reforme du 1er juillet1972 sera la plus
significative car ayant introduit de profonds changements dans le paysage
administratif sénégalais. En fait, Elle a consacré la
division du pays en régions, départements, communes,
arrondissements et communautés rurales. Toutefois, la modification la
plus notable est la revalorisation de trois aspects qui sous tendent
aujourd'hui toute politique de développement. Ils sont les suivants:
déconcentration (renforcement des pouvoirs des
gouverneurs, préfets et nomination des sous préfets),
décentralisation (création des
communautés rurales), participation responsable. Ce
dernier terme s'est concrétisé par la mise sur pieds des conseils
régionaux, départementaux et d'arrondissement.
Ces dispositions sont renforcées par d'autres
réformes dont les plus représentatives sont celle de 1996
21 qui a consacré la libre administration des
collectivités locales et celle de 2001 (érection
de Matam en région). Le Sénégal compte désormais
441 collectivités locales réparties
69
en 11 régions, 110 communes et 320 communautés
rurales (Diop D., 2006) compte non tenu des implications de la
départementalisation de Koungheul en 2006.
Cependant, la création des communautés rurales a
été faite au coup par coup. Elle fut respectivement
officialisée dans la région de Thiès (1972), dans le Sine
Saloum (1974), à Louga, en Casamance (1978), au Sénégal
Oriental (1982) et au Cap Vert (1984). La motivation de leur création
réside dans les principes fondamentaux de la décentralisation que
le président Abdou Diouf résumait ainsi: «
liberté, démocratie, proximité » (Diop, D.,
2006. pp.88).
La décentralisation est un principe institutionnel et
politique qui vise à rapprocher les niveaux de prise de décisions
de leurs bénéficiaires. En d'autres termes, elle consiste
à « transférer une part du pouvoir exercé par un
Etat à des entités politiques ou administratives d'échelon
inférieur » (Levy J. et Lussault M., 2003). Les objectifs
recherchés sont: le développement économique et social des
régions, la proximité administrative et le dynamisme des
collectivités locales. Dans cette optique, les compétences
transférées se structurent en deux volets:
- le volet socio-économique concerne la santé,
jeunesse-sport- éducation, la culture ;
- le volet gestion territoriale englobe l'urbanisme, la
planification, la gestion foncière et l'environnement.
V- 1-2- Portée des principes
L'exercice de ces compétences est assujetti au respect
d'un certain nombre de principes:
- les compétences sont octroyées par la loi qui
reconnaît aux collectivités locales l'existence d'affaires propres
;
- l'Etat est garant des ressources et les collectivités
locales en sont les gestionnaires
21 Loi 96-06 96-07 du 22 mars 1996 portant respectivement
régionalisation et transfert des compétences aux
collectivités territoriales et à leurs organes
- les interventions des collectivités locales sont
conduites dans une démarche intégrée et participative
conformément aux orientations politiques et options techniques
définies dans chaque zone écogéographique ;
70
- les compétences ne sont pas transférées
par bloc mais réparties entre les collectivités (régions,
communes communautés rurales,...).
La communauté rurale, objet de notre étude, peut
être définie comme une entité sociale qui jouit des
potentialités d'un milieu déterminé ayant des liens
linguistiques, religieux, ou culturels et acceptant des règles de vie
communes.
L'élection des conseils ruraux au niveau de chaque
communauté rurale est motivée par le souci de mieux gérer
les affaires locales en conformité avec les principes de la
décentralisation. En plus de ses autres fonctions
précitées, le conseil rural est chargé de la gestion de
l'environnement et des ressources naturelle. Il doit veiller à la
conservation de ces dernières. La conservation est l'entretien et
« l'utilisation par l'homme de la biosphère de manière
que les générations actuelles tirent le maximum d'avantages des
ressources tout en assurant leur pérennité pour pouvoir subvenir
aux besoins, aux aspirations des générations futures »
(UICN). Il est de sa compétence d'affecter ou de désaffecter
les terres du domaine national, d'émettre des voeux sur toutes les
mesures règlementaires utiles à mettre en oeuvre pour
l'exploitation des ressources naturelles et la protection des biens (protection
des forêts, création des aires protégées, gestion
des forêts, exploitation défrichements, amodiation, protection de
la faune).
En somme, la loi 96-07 du 22 mars 1996 ayant consacré
le transfert des compétences à la communauté rurale en
matière forestière la responsabilise sur:
- la gestion des forêts sises en zone de terroir sur la
base d'un plan d'aménagement approuvé par l'autorité
compétente de l'Etat ;
- la délivrance d'autorisation préalable de
toute coupe à l'intérieur du périmètre de la
communauté rurale ;
- la quote part d'amendes prévue par le code forestier
;
- la constitution et le fonctionnement des comités de
vigilance en vue de lutter contre les feux de brousse ;
- l'avis sur la délivrance par le président du
conseil régional d'autorisation d'amodiation ; - la gestion des sites
naturels d'intérêt local ;
71
- la gestion des déchets ;
- la création et l'entretien des mares artificiels, des
retenus colinéaires à des fins agricoles ou autres ;
- l'élaboration et la mise en place d'un plan local
d'action pour l'environnement. Globalement, les relations entre
collectivités se résument dans le tableau 7.
Tableau 7 : Responsabilités des
collectivités décentralisées et des structures
déconcentrées en matière forestière
Collectivités
|
Planification.
|
ProtectionFeux sites.
Naturels.
|
de
brousse
|
Exploitation...
|
Défrichement.
|
Amodiation.
|
Etablissements classés...
|
Région
|
Définition des options
|
Edicte des mesures de protection
|
Planification de la lutte et appui
|
Gestion forêts et répartition quotas
|
Présidence de la commission et autorisation
|
Délivrance des
autorisations
|
Etude d'impact
|
Commune
|
Elaboration des plans communaux
|
Est associée
|
Apporte son concours
|
Autorisation préalable aux coupes
|
|
|
Gestion de déchets solides
|
C.R
|
Elaboration des plans locaux
|
|
Gestion des systèmes de protection
|
|
Avis
consultatif
|
Avis
consultatif
|
Avis avant installation
|
Représentan de l'Etat
|
Approbation des plans
|
Contrôle de légalité
|
Appui et contrôle
|
Fermeture de chantiers
|
Contrôle de légalité
|
Approbation des décisions
|
Contrôle de légalité
|
Services techniques
|
Appuie les CL
|
|
|
Appui technique
|
Instruction de la demande
|
Instruction de la demande
|
Instruction de la demande
|
Source : DGL FELO, Décentralisation et gouvernance
locale
Ce tableau montre l'interconnexion qui, a priori, existe entre
les collectivités locales, les structures déconcentrées et
les services techniques dans les différents niveaux de
compétence. Ces derniers concernent aussi la collaboration dans la
protection des espèces menacées.
72
L'utilisation écologiquement rationnelle,
économiquement viable et socialement acceptable des potentialités
forestières se trouve être le fondement durable souhaité
malgré les contraintes liées à la gestion des ressources
naturelles énumérées dans le chapitre
précédent
V-2- Les acteurs de la gestion des ressources
forestières dans la communauté rurale de Koussanar: implications
et problèmes
La gestion des ressources naturelles implique la participation
de plusieurs acteurs dont les mobiles, aussi divers soient-ils, doivent
être organisés et coordonnés afin de promouvoir le
développement. Ce terme, selon Georges P. (1970), désigne des
processus tendant à la diffusion harmonieuse des effets de la croissance
(augmentation des dimensions économiques, des indices de production)
dans la société entière et à l'acquisition d'une
autonomie de croissance. Il exige des transformations quantitatives et des
modifications des structures sociales et économiques.
Dans le cadre de la décentralisation, il est souvent
associé à la notion de développement local (par opposition
au global, régional, national ou mondial). Apparu dans les années
1960-1970 en France et appliqué en milieu rural, ce concept se
définit comme une dynamique multisectorielle et multidirectionnelle au
sein d'une société locale consistant en la construction d'un
projet de développement autocentré et endogène de cette
société (O.N.G, associations locales).
V-2- 1 - l'Etat et la brigade forestière
L'Etat est incontournable dans la mesure où c'est lui
qui définit les orientations globales en matière d'exploitation,
de gestion, de conservation et de protection des ressources forestières.
A travers les allocations compensatrices, autrement dit la subvention qu'il
accorde à la communauté rurale à titre de compensation des
compétences, l'Etat constitue le principal acteur dans le jeu
économique local. Décentralisation et déconcentration
étant deux aspects qui doivent agir en symbiose, l'Etat est
représenté au niveau de Koussanar par une sous préfecture
(chargée de l'exécution des lois et règlements).
Le sous préfet est responsable du développement
économique et social de l'arrondissement et préside le Centre
d'Appui u Développement Local (C.A.D.L). En plus, il doit veiller
à la bonne exécution des activités de la brigade
forestière ; exercer un contrôle de légalité sur les
décisions du conseil rural ; coordonner les initiatives de
développement.
73
Toutefois, nos enquêtes ont révélé
que la coordination entre les structures déconcentrées, d'une
part, les services déconcentrés et ceux
décentralisés, d'autre part, laisse à désirer.
L'intervention de la sous préfecture dans les affaires du conseil rural
est strictement a posteriori, ce qui limite sa marge de manoeuvre
Pour ce qui concerne la brigade forestière, elle est
composée d'agents à la fois conseillers techniques des
élus locaux et policiers de la forêt. C'est aussi un acteur de
taille dans la gestion de la végétation et la mise en
adéquation des pratiques environnementales locales avec les orientations
définies par l'Etat central. Elle est chargée d'organiser
l'exploitation et de sanctionner les éventuels contrevenants.
Paradoxalement, elle est confrontée à un manque de
personnel. Certaines personnes considèrent que si le service
était à même de les rémunérer, ils seraient
prêts à s'engager dans la protection des espèces,
particulièrement celles très exploitées et de faible
capacité de régénération (Bombax costatum,
Pterocarpus erinaceus, Cordyla pinnata). Signalons que la brigade emploie
deux à sept personnes selon les saisons et les besoins des travaux.
Elle participe pour une bonne part aux ressources
financières de la CR. Les recettes varient entre deux et trois millions
de francs Cfa par an.
V-2-3- Les élus locaux et les usagers de la
forêt
Les élus locaux sont devenus indispensables mais sont
confrontés à de multiples contraintes liées probablement
à une insuffisante maîtrise des compétences
transférées ou même à leur niveau d'instruction qui
est, dans sa globalité, relativement bas. Ceci limite leurs actions.
Parallèlement, l'intégration des populations
dans les activités visant la protection ou la restauration de
l'environnement n'est pas effective. En réalité, la jeunesse est
mal intégrée. La responsabilité de cette mauvaise
intégration est rejetée mutuellement entre les deux parties
(élus et jeunes). Cela serait dû, si l'on en croit certains,
à la faible représentativité des jeunes dans le conseil
rural. Avec une moyenne d'âge de 51 ans, ce dernier est constitué
de moins de 10% de jeunes avec des âges compris entre 32 et 78 ans.
Toujours est-il que le conseil rural s'intéresse moins
aux activités allant dans le sens de la protection des ressources
végétales.
74
Quant- aux usagers de la forêt, ils sont essentiellement
des agriculteurs, éleveurs et exploitants forestiers. Leurs actions,
malgré des incidences certaines au niveau économique local, ont
causé des dommages importants au patrimoine ligneux et sont susceptibles
de rompre l'équilibre environnemental. Il convient de mettre sur place
un espace d'échange permettant de prendre en compte toutes les
dimensions et les enjeux de l'utilisation des ressources pour un
développement local durable.
Considérant un des principes fondamentaux de la
décentralisation, c'est-à-dire la participation responsable, il
est indispensable de définir des mécanismes allant dans ce sens.
(Dia I., 2002). Il s'agit: de la libre circulation des informations ; de la
concertation de la décision ; de la responsabilisation dans
l'exécution des décisions ; de la mise su pieds de structures de
pilotage.
C'est pourquoi la banque mondiale prône une
nécessaire participation de la population rurale «
favorisée par un ensemble d'incitations » 21 pour une solution
durable au problème de l'exploitation des ressources
forestières.
Conclusion
La décentralisation, en responsabilisant les
collectivités locales pour une gestion de proximité susceptible
de propulser le développement local, a mis en jeu un ensemble d'acteurs
dont la collaboration n'a pas encore atteint le degré souhaité.
Même si les mobiles se complètent, ils n'en demeurent pas moins
confrontés à des contradictions qui ne vont pas dans le sens
d'une gestion durable du patrimoine ligneux.
Néanmoins, on assiste dans la communauté rurale de
koussanar à des tentatives de sortie de crise. La survie de ces
dernières est tributaire du respect d'une certaine forme d'organisation
et du dynamisme des initiatives à la base.
22 Walfadjiri, novembre 1994, no 791, p. 3
Chapitre VI- Vers une meilleure prise en compte de l'environnement
|
75
On assiste aujourd'hui à un foisonnement sans
précédent des intervenants dans la restauration de
l'environnement. En ce sens, l'amélioration de la collaboration qui se
dessine entre structures déconcentrées, collectivités
locales et programmes de développement, malgré les nombreuses
lacunes soulignées plus haut, nous a poussé à augurer
quand-même des lendemains meilleurs en terme de gestion durable des
ressources naturelles. Toutefois, cette durabilité devra être
assujettie à un certain nombre de principes qui sous tendent tout projet
visant à promouvoir le développement local: organisation,
coordination et restitution de l'initiative à la base.
VI-1- L'organisation globale de l'exploitation
forestière
Le conseil rural est l'instance de décision
chargée d'approuver, le cas échéant, les propositions du
conseil régional et de veiller à l'exécution et à
la coordination des projets de gestion. C'est une structure indépendante
qui bénéficie des recettes financières
générées par la brigade forestière à travers
les sanctions prises sur les exploitations clandestines.
Le service forestier fixe les quotas, autrement dit la
quantité annuelle de bois à exploiter pour satisfaire les besoins
des populations en tenant (en principe) compte des quantités que l'on
peut tirer des forêts (possibilités) et de la durée de
révolution (temps nécessaire à une forêt
exploitée pour se reconstituer). Il est tenu de présenter un
rapport mensuel de toutes ses activités aussi bien à la sous
préfecture qu'au conseil rural. Il en fait de même pour le
C.A.D.L.
Ce dernier est, par vocation, l'animateur principal de la
participation des populations dans la gestion des ressources. C'est en 1954,
à partir des «cantons pilotes» (Diop, D., 2006) que furent
créés les premiers Centres d'Appui au Développement Local
alors appelés Centres d'Expansion Rural (C.E.R) avant de devenir, par la
loi n° 60-04 du 13 janvier 1960, Centres d'Expansion Rural Polyvalent
(C.E.R.P) et d'acquérir en 2005 l'appellation actuelle. Leur mission
d'antan était exclusivement agricole: accroître la production de
l'arachide par l'adoption de nouvelles méthodes à la suite de
crise agricole de 1951-1952. Aujourd'hui, en plus de son rôle originel,
il a la tache d'encourager les initiatives locales (projets), de coordonner et
de suivre les activités des O.N.G, y compris celles qui oeuvrent dans le
domaine forestier. Il appuie donc les partenaires ou O.N.G tels que :
- "Wula Nafaa" dans la valorisation de
Stercula setigera et des produits de cueillette ;
- Enda Pronat dans la lutte contre la
dégradation de l'environnement en endiguant
l'utilisation excessive de fertilisants chimiques afin de
favoriser le développement de
76
l'agriculture biologique). Elle intervenait dans les zones de
pagnate, Koussanar, Keur Demba, Keur Ousmane, Pakitrane, Sinthiou Sadio
Aliou.
- Africare: Elle s'était aussi
installée dans la zone de Dawady (2001-2003) et avait pour objectif
l'amélioration de la qualité de vie en introduisant des
techniques de production viables et diversifier les sources de revenus. Elle
avait aussi pour mission la promotion de pratiques appropriées de
gestion durable des ressources naturelles. Son retour serait salutable ;
- Les groupements de Promotion Féminine (G.P.F)
participent aussi à la valorisation des ressources locales.
Elles sont au nombre de 18 dans l'ensemble de la communauté rurale et se
distinguent dans des actions de reboisement et dans la transformation des
produits de cueillette. Les plus reconnus en ce sens sont ceux de Dawady,
Pakirane, Keur Ousmane, Kolomba, Kouthiakoto. D'ailleurs, des
périmètres fruitiers leur ont été octroyés
grâce à l'appui du C.A.D.L. Cependant, ils sont plus dynamiques du
coté de la teinture, du commerce et du maraîchage.
Toutefois, l'intervention du centre d'appui au
développement local dans la protection de la végétation
n'a pas encore atteint le degré escompté. Toujours dans cette
optique d'interconnexion entre services régionaux et locaux, la brigade
forestière transmet un rapport au secteur dont le siège se trouve
à Tamba. C'est celui-ci qui donne des directives à la brigade
concernant l'exploitation ; laquelle se compose de deux campagnes. La
première (forestière) va du 1er janvier au 31 juillet
mais peut être prolongée ; la seconde (chasse) débute le 15
décembre pour prendre fin le 30 avril. L'organisation de ces campagnes a
toujours nécessité au préalable une réunion
d'information tenue par le conseil régional de concert avec le conseil
rural qui, à son tour, convoque une autre réunion dite
d'approbation car n'ayant qu'un avis consultatif et non conforme.
VI-2- Initiatives internes
La décentralisation a entraîne une
responsabilisation de la communauté rurale dont les actions ne sont
opérantes qu'à la faveur de la participation des populations
concernées même si des lacunes sont notées dans le domaine
des associations qui ne connaissent pas une véritable dynamique dans la
zone. Seules quelques G.P.F s'activent dans le maraîchage et l'artisanat
sans connaissance réelle des enjeux liés à la conservation
de la végétation. A ce titre, il été
procédé au renforcement des structures relais sur le terrain dont
le principe avait été formulé lors du séminaire de
lancement du programme « C.E.R.P, développement des
communautés rurales » qui s'est tenu à Koussanar du 04
au 06 février 1990. Ainsi, plusieurs villages sont regroupés sur
la base de critères d'intérêt collectif relatifs au partage
d'un même périmètre d'exploitation. Ils
77
forment une vingtaine de comités villageois de
développement (C.V.D) qui rassemblent souvent des groupements locaux de
production (G.L.P). Les C.V.D sont coiffés par le comité inter
villageois de développement (C.I.V.D) dont le siège se trouve au
sein du conseil rural qui est l'organe central de la gestion des ressources
naturelles. Il est appuyé par le C.A.D.L (formation et recyclage des
structures relais) et la sous préfecture (contrôle a posteriori,
intervention en cas de conflit). Au niveau de chaque C.V.D des commissions ont
été élaborées :
- la commission agriculture, élevage hydraulique ;
- la commission éducation, santé, assainissement
;
- la commission éducation familiale et action sociale ;
- la commission jeunesse-sport, culture et loisirs ;
- la commission commerce- artisanat- transport ;
- la commission environnement et gestion des ressources
naturelles (surveillants des forêts)
Le C.I.V.D forme un bureau composé de
délégués choisis par chaque C.V.D (président, vice
président, trésorier, adjoint au trésorier, commissaire
aux comptes). Il est constitué par les principaux acteurs du
développement local et joue le rôle de suivi et de contrôle
des activités. Aussi, doit-il rendre compte régulièrement
à l'équipe du C.A.D.L et du sous secteur eaux et forêts
ainsi qu'au conseil rural lui-même.
Le rapport comporte tous les problèmes et proposition
de gestion supposés ou avérés dans les localités
concernées
Cette forme d'organisation se résume dans la figure 14.
Figure 14 Organigramme de la gestion des ressources
forestières au niveau local
78
|
|
|
Conseil rural
|
|
Brigade forestière / CADL
|
Sous préfecture
|
|
|
|
|
|
C. I. V. D
C. V. D
V I L L A G E S
Réalisation : Thiam E., 2006
Les villages sont à la base de ce processus de gestion.
Un ensemble de villages se regroupent en C.V.D qui, à leur tour,
constituent le bureau exécutif du C.I.V.D. Le CIVD transmet ses rapports
sur la situation environnementale au conseil rural (organe décision),
aux services technique (appui / conseil) et à la sous préfecture
(contrôle a posteriori, intervention en cas de conflit). Les services de
l'Etat et le conseil rural sont tenus de collaborer afin de trouver des
solutions aux problèmes signalés par la base.
Dans ce cadre, il a été signé une
convention locale sur la gestion des terroirs de Koussanar et Sinthiou
Malème. Une rénovation de taille a été acquise:
tout exploitant doit avoir des périmètres de reboisement pour
accéder à la ressource forestière. Mais, c'est sans
compter sur les difficultés d'application de ces initiatives qui, au
delà des aspects purement règlementaires (possibilités de
contestation de la légitimité d'un tel accord), ce sont les
difficultés liées à la sensibilisation et à la
compréhension de la portée de ces actions qui constitueraient une
véritable entrave à leur réussite. En plus, même si
on incite à reboiser, la protection contre la divagation des animaux et
le suivi posent problème. Toujours est-il que leur importance est
avérée dans la gestion malgré les nombreuses lacunes
constatées.
A cause d'un manque notoire de moyens (locomotion,
communication,...), la remontée rapide des informations est
pénalisée et ces dernières peuvent rester
inexploitées. Certains agents des C.V.D sont incapables de
rédiger des rapports. Néanmoins, ils le font souvent de
façon verbale et le service concerné (notamment la brigade
forestière) se charge de la rédaction.
Cette organisation des populations est capitale dans la mesure
où « des informations qui, jadis s'obtenaient au prix de
patrouilles fréquentes, arrivent des C.V.D et participent ainsi
activement à la lutte contre l'exploitation clandestine, très
prononcée dans les forêts classées et à la
diminution des dépenses » (Top N.).
En matière forestière des codes locaux ont
été adoptés (Ouly, Pagnate, ...). Ces derniers ont permis
l'identification par les C.V.D d'espèces intéressantes pour les
villageois et qu'ils se sont convenus de protéger pour ne pas
compromettre leur régénération et leur utilité.
Elles s'ajoutent à celles protégées par le code forestier
(voir (tableau 8).
Tableau 8 : espèces protégées par
les populations locales
Detarium senegalensis (ditax en wolof)
|
Ficus sp (gang)
|
Hexabolus monopetalus (Khassaw en wolof)
|
Parinaria excelsa (Neo en wolof)
|
Parkia biglobosa (nete en pulaar)
|
Stercula setigera (mbepp en wolof)
|
Terminalia avicenninoides (rebreb en wolof)
|
Terminalia macroptera (Boodi en Pulaar)
|
Source : codes locaux des forêts
classées de Pagnate et de Ouly
La coupe du tronc est strictement interdite et leur
exploitation strictement limitée aux règles inscrites dans les
codes, sous peine d'amende de 5000 FCFA. Ce principe est rarement
respecté faute de motivations suffisantes, d'où une remise en
question de sa durabilité.
79
VI-3-Gestion durable des aires boisées
Avant la décentralisation, la gestion des ressources
naturelles était l'oeuvre exclusive de la direction des parcs nationaux
et de celle des eaux, forêts et de la conservation des sols. Le constat
largement partagé est que la première était dotée
de plus de moyens et par conséquent, faisait des résultats plus
significatifs. Le service des eaux et forêts était
confronté à des difficultés d'ordre financier et surtout
organisationnel. On assistait à un télescopage entre la gestion
des zones de terroirs et celles relevant de son ressort (domaine de l'Etat)
Aujourd'hui, on remarque une relative amélioration
malgré l'apparition de nouveaux défis liés à une
certaine confusion des compétences entre conseil rural et service
forestier. En réalité, les textes estiment que le conseil rural
est chargé de la gestion de l'exploitation et la brigade
forestière de son organisation. Ceci pose un véritable
problème de définition des limites d'intervention de chacun
d'entre eux.
Pour efficacement tenir en compte les ressources
forestières, il a été mis en place un nouveau dispositif
différent de l'approche verticale (top down). Cette dernière a
montré ses limites parce que la dégradation des ressources n'a
pas été arrêtée et le « dispositif
institutionnel centralisé étouffe le développement local
» 22.
Ainsi, on a tenté de restituer l'initiative à la
base à travers la décentralisation. Les O.N.G, les G.P.F, les
G.I.E, les associations et les C.V.D sont apparus dans cette mouvance
conformément à la démarche gestion des terroirs
adoptée dans beaucoup de pays en vue d'une gestion durable des
ressources.
L'atteinte des objectifs recherchés dans la mise en
place de ces structures dépendrait de l'application et du respect
rigoureux des étapes suivantes :
- sensibilisation (conscientisation des populations) - diagnostic
(Maîtrise du milieu naturel et social) ; - planification
(définition et programmation d'activités destinées
à valoriser les ressources) - exécution (réalisation des
actions programmées dans le cadre de la planification) ;
80
22 Cours de 409, 2005-2006
- suivi-évaluation (veiller à la bonne
exécution des actions, à leur pertinence et à leur
viabilité).
Dans le cadre de la gestion forestière, le respect de ces
principes sera subordonné à certaines clauses proposées
pour l'amélioration de la gestion et de l'aménagement des
forêts23:
- contrôle de l'accès et mesures
d'accompagnement (limiter l'empiètement des cultures par exemple)
;
- contrôle et
amélioration de l'exploitation (estimation du volume exploitable
annuellement ; inventaire avant abattage, après coupe ;
vérification des quotas par espèce ; engagement financier de la
part de l'Etat et amélioration des ressources humaines, etc.) ;
- adéquation entre décisions et
impératifs économiques (arbitrage entre les différents
objectifs de gestion que sont la production, la protection, et la conservation)
:
- Le partage équitable des
profits
Conclusion partielle
La deuxième et dernière partie de ce Travail
d'Etude et de Recherche (T.E.R), après avoir montré les
différentes entraves à une bonne gestion de la
végétation (problèmes d'ordre institutionnel et
logistique), a mis l'accent sur les véritables motivations des
politiques de décentralisation en matière forestière. Cela
a permis de révéler les acquis et les lacunes de la zone dans ce
processus. Les acteurs du développement (élus locaux, services
techniques projets, population...), malgré une collaboration qui laisse
à désirer, ont mis sur pieds une forme d'organisation susceptible
de préserver la biomasse végétale. Cependant, elle doit
répondre aux exigences qui fondent une vie durable: profiter de la
ressource sans compromettre l'aptitude des générations futures
à satisfaire leurs éventuels besoins.
81
23 Atlas pour la conservation des forêts tropicales
82
CONCLUSION GENERALE
Le traitement et l'analyse des données
collectées sur les différents sites cibles ont permis de
comprendre l'évolution du patrimoine ligneux de la communauté
rurale de Koussanar. C'est dynamique se lit à travers deux
éléments essentiels qui appuient nos hypothèses:
- le premier est relatif aux conditions
socio-économiques qui déterminent le milieu. Celui-ci souligne
l'importance des modes d'utilisation (agriculture, élevage, exploitation
forestière) et des impératifs économiques liés aux
ressources forestières. Il a montré l'influence que ces facteurs
exercent sur son évolution parallèlement aux données
physiques (pluviométrie, températures).
- le second concerne la gestion durable de la
végétation. Il apporte la preuve que la décentralisation
qui a supplanté l'approche verticale, malgré des principes
relativement bien définis, est confrontée à une
incompréhension de la part des élus locaux et à des
difficultés dans la coordination entre acteurs du développement.
Aussi, apparaissent-il de nombreuses failles dans les initiatives de protection
de l'environnement.
Les implications de ces dysfonctionnements se traduisent par
des perturbations dans la dynamique des sites naturels, notamment de la faune
et de la flore. Les répercussions sur les activités
économiques de la zone sont relativement perceptibles face à
cette évolution négative dans un contexte marqué par une
multiplicité et une complexité des enjeux. Cette situation est
exacerbée par une poussée démographique qui se fait de
plus en plus sentir.
Paradoxalement, les populations locales, dans leur
majorité, n'ont pas encore saisi la problématique attachée
à la gestion du potentiel ligneux. Ainsi, la sensibilisation et la plus
grande responsabilisation deviennent d'une acuité particulière
dans les processus de prise de décisions, les stratégies de
protection et de mise en valeur. La concertation est devenue un outil
indispensable entre les différents acteurs pour un développement
local effectif. Elle passerait par une démarche intégrée
qui prendrait en compte tous les paramètres d'un développement
durable.
83
En outre, la collaboration scientifique (utilisation de
nouveaux outils de gestion comme les systèmes d'information
géographique (S.I.G) devrait aider à l'amélioration de la
qualité de l'organisation et du contrôle en matière
environnementale d'une manière générale pour que la
richesse forestière arrête de se dégrader. On vise surtout
à assurer la durabilité écologique à travers
laquelle la qualité de la vie serait améliorée. Cette vie
durable est subordonnée au respect de certaines clauses définies
par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (.U.I.C.N):
- ménager les ressources non renouvelables ;
- respecter les limites de la capacité de charge des
milieux ;
- changer les comportements et les habitudes individuelles ;
- donner aux communautés les moyens de gérer leur
environnement.
En définitive, la confirmation des hypothèses
est le fruit d'un long travail de synthèse documentaire ; d'analyse, de
traitement et de croisement de données aussi bien quantitatives que
qualitatives issues de nos enquêtes et observations. L'élaboration
du document final qui aura pris une année découle d'un certain
nombre de résultats obtenus sur le terrain:
-Résultat 1- L'appréhension des
déterminismes physiques et des motivations sociales de la pression sur
la phytocénose a été effective grâce aux
compilations de séries statistiques et aux enquêtes
réalisées in situ par le truchement du questionnaire et des focus
groupe. Cela nous a édifié sur les spécificités
naturelles et anthropiques de la zone, facteurs déterminants dans la
compréhension de l'évolution des potentialités
environnementales et des enjeux attachés à la gestion de
celles-ci. Pour ce qui concerne l'analyse des données physiques et
humaines, cinq figures (1, 2, 3, 4, 9) et deux tableaux (1 et 2) nous ont servi
de base. Les informations qualitatives sont souvent intégrées
sous forme de citations (2).
- Résultat 2- Nous avons pu saisir le
rythme d'exploitation de la végétation. Les dommages d'ordre
agricole et pastoral étant difficilement quantifiable, les chiffres
obtenus sont surtout relatifs à l'exploitation forestière
à proprement parler (production de charbon et de bois divers). Elle est
très intense et ne prend pas souvent en compte la capacité de
régénération des espèces. De surcroît, la
clandestinité est très présente. Quatre tableaux (3, 4 et
5) et sept
84
figures (6, 7, 8, 10, 11, 12, et 13), évaluent
l'attaque et la fragilisation sans précédent du patrimoine
ligneux de la communauté rurale de koussanar. On y assiste à un
véritable processus de savanisation et de déforestation. Or les
répercussions que cette évolution négative pourrait
engendrer sur les activités génératrices de revenus
commencent à se faire sentir.
- Résultat 3 - En associant la
synthèse bibliographique aux données qualitatives recueillies
auprès des acteurs locaux de développement, des populations et en
s'interrogeant sur l'évolution de la qualité de la gestion des
ressources avant la décentralisation et dans le cadre de celle-ci, nous
avons cerné les forces et les lacunes de la responsabilisation des
collectivités locales. A ce sujet, les tableaux 6, 7, 8 et la figure 4
sont parlants. Les faiblesses de la gestion sont relatives au manque de
collaboration des différents acteurs ; d'une part et à la faible
intégration des populations dans les processus de prise de
décisions, d'autre part. Des illustrations de taille sont
apportées par les entretiens et certains évènements que
nous avons eu à relater dans le présent travail. Toujours est-il
que des prémisses valorisation du patrimoine ligneux sont
constatées pourvu qu'elles relèvent les défis de
l'organisation et de la participation.
Au total, 22 illustrations dont 4 cartes, 5 graphiques, 5
planches photographiques et 8 tableaux ont servi de base de confirmation de nos
hypothèses. Elles appuient et complètent aussi bien les
enquêtes que la recherche documentaire.
Pour relancer la recherche sur la problématique du
développement dans la communauté rurale de Koussanar, des pistes
de réflexion se sont imposées à nous. Elles sont
liées aux impacts positifs et négatifs des programmes de
développement sur la dynamique spatiale et sociale de la zone. En fait,
on assiste depuis quelques années à un foisonnement de ces
projets visant à améliorer les conditions de vie des populations.
Ils s'implantent, se succèdent et parfois disparaissent sans qu'on
puisse avoir un aperçu scientifique sur leur modèle
d'organisation et leurs incidences au niveau local. Une évaluation de
leurs impacts accessible à l'ensemble de la population serait de bon
augure. Entre autres, on peut retenir Enda pronat, "Wula Nafaa", P.N.I.R,
Africare, Ancar, etc. Il en est de même pour la coopération entre
koussanar et Saint-Cyr de France.
85
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- Code forestier (19998), 42p.
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Sites internet
http ://
www.dcl.sn/gouvernance_locale.htm
http:// www.lobservateur.sn
http:// www.senegal_online.com
http://
www.finances.gouv.sn
87
http://
www.agriculture.gouv.sn
http: //
www.terredejoie.org/actions
3.htm http: // www.senegal.usaid.gouv/news/articles Http ://
www.ansd.org/données/analyse
88
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX 1- Liste des
figures
Figure 1: Carte de situation de la
communauté rurale de Koussanar 8
Figure 2: Courbe d'évolution
inter-annuelle des précipitations de 1989 à 2005 26
Figure 3: Courbe de l'évolution
quinquennale des précipitations de 1969 à 2005 ..27
Figure 4: Courbes d'évolution des
températures durant ces dernières années .28
Figure 5: Carte de la distribution spatiale des
villages et hameaux de la C.R.K 35
Figure 6: Photo de Pterocarpus et
Stercula ayant subi les effets de l'élagage .43
Figure 7: Photo des feux de brousse ..45
Figure 8: Carte d'occupation des sols : une
réelle savanisation 46
Figure 9: carte de distribution des forêts
classées dans la C.RK. 51
Figure10: Photo d'un camion chargé de
charbon
|
52
|
Figure11: Photo d'un camion chargé de
bois
|
.54
|
Figure12: Photo bois de chauffe et coupe du
tronc de Cordyla pinnata
|
55
|
Figure13: Diagramme circulaire du bois
exploité en 2005 (par nature)
|
.57
|
Figure14: Organigramme de la gestion des
ressources forestières au niveau local ..78
2- Liste des tableaux
Tableau 1: Moyenne mensuelle de l'insolation par
jour et par heure de 1981 à 2005 30
Tableau 2: Moyennes maximales de
l'humidité relative de 2001 à 2005 30
Tableau 3: Quantité de charbon de bois
exploitée de 1994 à 1998 ..50
Tableau4: Rapport annuel couvrant la
période 2005 de l'exploitation forestier: 56
Tableau 5: Quantité de bois mort
exploitée (en stères) de 1994 à 2001 ..56
Tableau 6: Espèces
protégées par le code forestier .59
Tableau 7: Responsabilités des
collectivités décentralisées et des structures
déconcentrées en
matière forestière 71
Tableau 8: Espèces
protégées par les populations locales 79
89
TABLE DES MATIERES
Dédicace
|
1
|
Remerciements
|
2
|
Sommaire
|
.4
|
Liste des sigles et acronymes
|
5
|
Glossaire
|
6
|
Introduction: contexte géographique de l'étude
|
7
|
Problématique
|
11
|
1- Justification de l'étude
|
11
|
2- Hypothèses
|
..13
|
3- Objectifs de l'étude
|
.13
|
4- Méthodologie
|
14
|
5- Difficultés rencontrées
|
.16
|
|
PREMIERE PARTIE: Espace et sociétés: cadre
physique et socio-
économique 18
Chapitre I: Le cadre physique 19
I-1- L'évolution géologique, le
modelé et les sols ..19
I-1-1- Etude géologique 19
I-1-2- Le modelé .21
I-1-3- Les sols .21
I-2- Le climat et son influence sur les activités
locales ..23
I-2-1- L'alizé continental ou harmattan et la mousson
austral: une influence
capitale 24
I-2-2- Le vent, un facteur d'érosion 24
I-2-3- La pluviométrie, un paramètre difficile
à cerner 25
I-2-4- La température face à la
continentalité :::: 28
90
I-2-5- L'hydrologie
|
31
|
I-2-6- La végétation: une fragilisation certaine
|
31
|
Chapitre II- Environnement et dynamique
socio-économique
|
33
|
II-1- Les particularités humaines
|
..33
|
II-1-1- Les flux externes
|
...34
|
II-1-2- Les flux internes
|
34
|
II-1-3- L'émigration
|
.34
|
II-1-4- peuplement de quelques villages échantillons
|
36
|
II-1-5- Des campagnes sollicitées
|
..37
|
II-2- Activités rurales: Quel rapport avec
l'état du patrimoine ligneux ? 37
II- 2-1- Le système foncier 38
II-2- 2- L'agriculture en tant que facteur de destruction des
forêts..40
II- 2-3- Les pratiques pastorales contribuent au recul des
espaces
boisés 42
II-2-4- Les feux de brousse 44
Chapitre III- L'exploitation forestière: une
soupape de sécurité pour la population locale
et une bombe environnementale 48
III- 1- Les formes d'exploitation .49
III-1-1- La production du charbon de bois, une pratique
dévastatrice
du couvert végétal ..49
III-1-2- La production du bois de chauffe: danger
environnemental
|
ou aubaine sociale
|
53
|
III-2- Les enjeux liés à l'exploitation
forestière
|
58
|
III-2-1- Les enjeux sociaux
|
..58
|
III-2-2- les enjeux économiques et politiques
|
..58
|
DEUXIEME PARTIE : Gestion durable du patrimoine ligneux:
Portée et
limites de la décentralisation. ..61
Chapitre IV : Le patrimoine ligneux : tableau des
contraintes 62
91
IV-1- justification de la gestion
|
62
|
IV-2- Les contraintes
|
63
|
IV-2-1- Les contraintes d'ordre institutionnel
|
..63
|
IV-2-2- Le manque de moyens humains et logistiques 66
IV-2-3- Les implications des contraintes en rapport avec la
|
règlementation
|
66
|
Chapitre V : Décentralisation et gouvernance
locale
|
..68
|
V- 1- Contexte et principes de la décentralisation
|
68
|
V-1-1- Contexte
|
68
|
V-2-2- Portée et principes
|
.69
|
V-2- Les acteurs de la gestion des ressources
forestières dans la C.R K:
implications et problèmes 72
V-2-1- L'Etat et la brigade forestière 72
V-2-2- Les élus locaux et les usagers de la forêt
73
Chapitre VI : vers une meilleure prise en compte de
l'environnement et des ressources
naturelles
|
..75
|
VI-1- L'organisation globale de l'exploitation
|
75
|
VI-2- Initiatives internes
|
..76
|
|
VI-3- Gestion durable des aires boisées
|
80
|
Conclusion générale
|
82
|
Bibliographie
|
..85
|
Liste des figures et tableaux
|
88
|
Table des matières
|
..89
|
92
Annexes .93
I- Cumul pluviométrique de la station de Koussanar de 1969
à 2005 ..94
II- Tableau de répartition des populations dans les
villages de plus de 200
|
habitants de la communauté rurale de Koussanar
|
95
|
III- Guide d'entretien
|
96
|
IV- Interview semi-structurée
|
..99
|
|
93
ANNEXES
I- Cumul pluviométrique de la station de Koussanar de
1969 à 2005 94
II- Tableau de la répartition des populations dans les
villages de plus de 200 habitants de la
communauté rurale de Koussanar 95
III- Guide d'entretien 96
IV -Interview semi-structurée 99
94
I- cumul pluviométrique de 1969 à 2005
Années
|
précipitations/ an
|
Nombre de jours
|
1969
|
802,7
|
25
|
1970
|
492,5
|
ND
|
1971
|
800,2
|
47
|
1972
|
534,3
|
ND
|
1973
|
648,9
|
34
|
1974
|
844,1
|
43
|
1975
|
1150,5
|
ND
|
1976
|
541,5
|
44
|
1977
|
584,5
|
34
|
1978
|
866,1
|
51
|
1979
|
667,3
|
55
|
1980
|
561,4
|
45
|
1981
|
722,4
|
47
|
1982
|
520,3
|
36
|
1983
|
643,8
|
35
|
1984
|
643,8
|
47
|
1985
|
558,5
|
41
|
1986
|
622,7
|
32
|
1987
|
862,3
|
46
|
1988
|
978,2
|
44
|
1989
|
836,9
|
53
|
1990
|
487,7
|
42
|
1991
|
498,9
|
39
|
1992
|
716,8
|
38
|
1993
|
514,4
|
37
|
1994
|
902,1
|
60
|
1995
|
480,6
|
46
|
1996
|
806,9
|
49
|
1997
|
575,7
|
33
|
1998
|
713,7
|
38
|
1999
|
957,6
|
60
|
2000
|
544,1
|
41
|
2001
|
579
|
32
|
2002
|
448,6
|
31
|
2003
|
1086,9
|
58
|
2004
|
1050
|
ND
|
2005
|
1042
|
ND
|
Source : Station
pluviométrique de Koussanar (CADL)
ND = Non Disponible
II- Répartition des populations dans les villages de plus
de 200 habitants de la communauté rurale de Koussanar :
Villages
|
Population
|
Bokilodji
|
250
|
Dawady Meissa Pathé
|
800
|
Kalbirom
|
320
|
Kolomba
|
200
|
kouthiakoto ndene
|
200
|
Kouthiakoto Farindala
|
220
|
Koussanar
|
40000
|
Sam Gounass
|
320
|
Sinthiou Bala Malsine
|
200
|
sinthiou Doubel Parawol
|
200
|
Sinthiou Pass
|
240
|
95
Source : extrapolation des données du
recensement de 1988 (PLD) et enquêtes personnelles.
III- Guide d'entretien
L'objectif de ce questionnaire est d'avoir un aperçu sur
l'impact des activités rurales sur l'état de la ressource
forestière dans la communauté rurale de Koussanar.
IDENTIFICATION
1 / Age : de 0 à15 de 15
à 30 plus de 30
2 / Sexe : masculin
féminin
3 / Statut matrimonial : marié
célibataire
4 / Niveau d'instruction : aucun
primaire secondaire
supérieur
5 / Ethnie: wolof peul
mandingue autres
II / ACTIVITES SOCIO- ECONOMIQUES
6/ Secteur d'activité: agriculture
élevage exploitation forestière
7 / Quelle est l'activité principale ?
8/ Pourquoi?
9/ Depuis quand pratiquez-vous cette activité ? moins
de 10 ans 10 à 20 ans plus de 20
ans
SI L'AGRICULTURE DOMINE
10 / Quel est le nombre d'ha.cultivé ?
moins d'un ha. 1 à 3 ha. plus de 3 ha
11 / Nature de la culture : coton
arachide mil autres
12 / La superficie cultivée a-t-elle
augmenté? OUI NON
13 / Les rendements ont-ils augmenté? OUI
NON
14 / Pourquoi ?
96
15 / Pratiquez-vous la jachère : OUI
NON
97
- Si oui quelle est la durée ?
- Si non, pourquoi ?
16 / Pratiquez-vous la défriche-brulis ?
OuiLi non Li 17/ Combien d'hectares
défrichez-vous par an ?
SI L'ELEVAGE DOMINE
18 / Quel est le type d'élevage ?
Sédentaire Li transhumant
Li
19 / Quel type de bétail est le plus
représentatif ? Bovin Li Ovin Li
CaprinLi autres Li
20 / combien y en a-t-il environ dans le village ?
Dans la communauté rurale ?
21 / Comment le bétail est-il alimenté ?
L'EXPLOITATION FORESTIERE
EVOLUTION DE LA VEGETATION
22 / Comment expliquez-vous l'évolution de la
végétation ? Progressive Li
régressive Li
23 / Y a-t-il eu disparition d'espèces ?
Oui Li non Li - Si oui, lesquels
?
- Si non quelles espèces sont apparues par exemple ? -
Depuis quand ce phénomène a-t-il commencé ?
24 / Selon vous, quelle est la période qui a le plus
marqué l'évolution de la végétation ?
25 / Pourquoi ?
26 / Comment ?
27 / Quelles sont les principales causes de la dégradation
du couvert végétal ? Déboisement Li
Rareté des pluies Li surpâturage
Li
28 / Si vous êtes exploitant forestier,
comment jugez-vous ce que vous gagnez dans l'exploitation forestière par
rapport aux autres activités rurales ? largement supérieur
Li supérieur Li inférieur
Li
29 / Quelle est la durée de la campagne
d'exploitation ?
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30 / Comment sont distribuées les parcelles
d'exploitation ? De façon individuelle ? de
manière collective ? autres ?
31 / Y a-t-il des mesures ou des actions définies
pour la protection de la végétation ? Oui ?
non ?
- Si oui, quelles sont les méthodes ?
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IV-INTERVIEW SEMI-SRUCTUREE
THEME A: Les conditions d'utilisation des
ressources forestières (législatives et / ou traditionnelles).
THEME B: L'avis des populations sur
l'évolution du climat
1- Evolution positive ou péjoration
2- Impacts sur les rendements agricoles et les autres
activités rurales
THEME C: L'avis des populations sur
l'exploitation forestière :
1- Son organisation
2- Ses avantages
3- Ses méfaits
THEME D: La perception qu'ont les agents
techniques et les structures décentralisées de a
dégradation du potentiel ligneux :
1- service des eaux, forêt et de la conservation des
sols
2- CADL etc.
THEME E: La place qu'occupe la gestion des
ressources naturelles dans la politique de la communauté rurale.
1- Selon le président du conseil rural
2- Selon certains conseillers ruraux
3- Selon les agents de la brigade forestière
4- Selon les programmes indépendants de
développement
THEME F: Le rôle que jouent les projets de
développement dans la gestion de la végétation, des sols,
etc. dans les terroirs villageois.
THEME G: Avantages et contraintes liés
à la décentralisation des écosystèmes forestiers.
THEME H: Comparaison entre gestion étatique et gestion
communautaire.
THEME I: L'implication des populations (GIE,
groupements, associations de jeunes etc.) dans la conservation et la
valorisation du patrimoine ligneux.
THEME J: L'intervention de l'Etat dans les
actions communautaires orientées vers la
protection, la conservation et la valorisation des ressources
forestières pour un développement durable.
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