PREMIERE PARTIE
PRESENTATION DU «PROJET
RIZ CENTRE»
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Mémoire de Master Année
académique 2009-2010
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Première partie : Présentation du
«Projet
Riz Centre»
La première partie du travail se présente sur
deux chapitres. Dans le chapitre premier, l'analyse se porte sur le contexte de
la mise en place du Projet Riz Centre. Quant au chapitre deuxième, il
renseigne sur le fonctionnement de ce projet.
CHAPITRE I : Le contexte national de la mise
en place du «Projet Riz Centre»
I/ LA POLITIQUE NATIONALE DE RIZ
I-1) Le déficit de production du riz
« L'économie de la Côte d'Ivoire repose sur
l'agriculture », affirme feu Félix HOUPHOUET BOIGNY, premier
Président de la Côte d'Ivoire indépendante. Avec 66% de la
population active et 38% du PIB, le secteur agricole constitue la base de
l'économie ivoirienne et sa principale source de devises (World Bank,
2007).
Cependant, malgré l'importance de l'agriculture dans la
formation de la richesse nationale, la filière de la production
vivrière s'apparente encore à une activité
d'autosubsistance, menée essentiellement par les femmes. Par
conséquent, la production est nettement inférieure aux besoins
nationaux.
Face à la croissance démographique et au
changement des modes de consommations, la Côte d'Ivoire reste
dépendante vis-à-vis de l'extérieur en ce qui concerne
certaines principales productions, notamment le riz. Elle importe environ 50%
de ses besoins en riz sur une consommation annuelle de 290.491 tonnes.
En outre, les difficultés de production et de
valorisation des produits vivriers exposent les producteurs à une forte
prévalence de la pauvreté. La
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quasi-totalité des études et réflexions
menées sur la vie des paysans font apparaître la
prépondérance de la pauvreté en milieu rural. En
Côte d'Ivoire, le taux de pauvreté en milieu rural est
passé de 15% en 1985 à 49 % en 2002 pour atteindre 62,5% en 2008.
(ENV 2008).
Dans cette situation de dépendance alimentaire de la
Côte d'Ivoire, il est paradoxal que l'agriculture vivrière peine
à se développer, alors que le pays regorge d'énormes
potentialités naturelles sans oublier l'importance et le soutien que les
pouvoirs publics lui accordent dans le développement national.
I-2) La mise en place des programmes de production du
riz
En Côte d'Ivoire, le riz est l'une des
céréales les plus cultivées (650 000 ha) et les plus
consommées (58 Kg/hbt/an). Cependant, la production de riz
estimée à 650 000 tonnes, est insuffisante pour couvrir les
besoins nationaux. Aussi, des importations massives sont-elles
nécessaires depuis la fin des années 1970 pour combler le
déficit annuel évalué à plus de 600 000 tonnes. Ces
importations coûtent plus de 100 milliards de francs CFA au pays.
Aujourd'hui, le contexte mondial du riz est marqué par
l'épuisement du stock mondial (5 à 7% de la production mondiale);
la destruction des cultures par les calamités naturelles (tsunami,
inondation, etc.) dans les pays pourvoyeurs du grenier mondial et
l'accroissement de la consommation domestique dans les pays producteurs et
exportateurs, notamment la Chine et l'Inde.
Dans un tel contexte, la production de riz constitue pour la
Côte d'Ivoire un véritable défi économique et de
sécurité alimentaire. Pour relever ce défi, outre les
aspects institutionnels et structurels, il importe de lever les principales
contraintes agronomiques du secteur.
La nécessité de développer les cultures
vivrières pour répondre aux besoins de plus en plus croissants de
la population ivoirienne elle-même en croissance rapide, a
été une préoccupation essentielle du gouvernement
ivoirien. C'est dans les années 1960 que le riz a été
l'objet de préoccupation constante des autorités politiques de la
Côte d'Ivoire. Il est perçu comme une denrée
stratégique et est devenu progressivement une denrée de
consommation de masse. Dès lors, des politiques nationales de riz vont
être mises en place. Ces politiques se sont déroulées
pendant les périodes de la Société d'Assistance Technique
pour la Modernisation de l'Agriculture en Côte d'Ivoire (SATMACI
1960-1970), de la Société de Développement de la
Riziculture (SODERIZ 1971-1977), des Sociétés Régionales
(1978-1998). Grâce à celles-ci, plusieurs ouvrages vont essaimer
sur l'ensemble du pays et
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la Côte d'ivoire va même connaître «
l'âge d'or » de la riziculture en exportant 32 000 tonnes de riz
blanc (sous l'ère de la SODERIZ 1971-1977). Cependant,
toutes ces structures ont rencontré plusieurs
difficultés (d'une part des problèmes d'ordre pécuniaire
et d'autre part dans la mise en pratique des politiques envisagées) sur
le terrain et ont dû fermer.
A la suite de la libéralisation de la filière
riz en 1996, l'Etat crée le « Projet National Riz » qui fait
suite à la SOPRORIZ (Société de Production de RIZ) et qui
deviendra par la suite le « Programme National Riz (PNR) » puis ONDR
(Office National de Développement de la Riziculture) depuis 2011. Cet
organe (PNR) est chargé de coordonner les activités de la
filière et devient la seule structure spécialisée du
Ministère d'Etat, Ministère de l'agriculture en matière de
politique rizicole.
Crée par arrêté conjoint n°107 du
1er Juillet 1996, le « Projet National Riz » avait une
durée de cinq ans. Devant l'absence de structure
spécialisée en matière rizicole et le faible niveau de
production locale de riz, les autorités de Côte d'ivoire, dans le
but d'accroître cette production, ont trouvé nécessaire
dans le temps, la mission du PNR. C'est dans ce sens que par
arrêté conjoint n°015 du 12 Mars 2003 du Ministère de
l'agriculture et du développement rural et du Ministère de
l'Economie et des Finances, le Projet National Riz est devenu Programme
National Riz (voir organigramme en annexe III) auquel sont directement
rattachés tous les projets rizicoles notamment le Projet Riz Centre
faisant l'objet de cette étude.
Le Programme National Riz a pour mission de :
- Participer à l'élaboration des politiques et
stratégies de développement et de promotion de la riziculture
;
- Coordonner et suivre la mise en oeuvre des programmes et projet
rizicoles ; - Organiser et gérer un système d'information
permettant d'évaluer l'ensemble des opérations de production,
d'importation, de transformation du paddy et de mise en marché du
riz.
Ainsi, les statistiques données par le Programme
National Riz stipulent que le riz pluvial représente 80% de la
production nationale. Il occupe 95% des superficies cultivées soit
environ 600.000 ha avec 500.000 exploitants et un rendement moyen de 1t/ha.
Le riz irrigué quant à lui représente 20%
de la production et utilise 5% des superficies cultivées soit environ
33.500ha. Il emploie 35.000 exploitants et produit un rendement moyen de
3.5t/ha (PNR, 2008)3.
3 PNR : Rapport d'activité 2008
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La riziculture irriguée est perçue alors par
l'Etat de Côte d'Ivoire comme le canal par lequel le pays pourrait
accroître rapidement sa production interne, diminuer ses importations et
soulager la demande de la population en riz. Outre la possibilité
offerte à l'Etat de favoriser l'autosuffisance en riz, la riziculture
irriguée est vue comme une culture qui peut apporter aux paysans des
revenus considérables pour l'amélioration de leur condition et
cadre de vie.
Ainsi le Projet Riz Centre mis en place comporte plusieurs
volets dont :
- Le composant « Génie Rural » qui devrait
permettre de réaménager 1384 ha de périmètres
irrigués afin d'étendre les superficies aménagées
sur 767ha tout en réhabilitant des barrages hydro-agricoles et des
pistes rurales;
- La composante « Organisations Professionnelles
Agricoles » comportant l'organisation des paysans en groupement
coopérative avec un appui logistique ;
- La formation des paysans (producteurs, administrateurs et
membres des GVC) ;
- Le Projet Riz Centre a bénéficié de la
mise en place d'une ligne de crédits.
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