Dédicaces de Pascaline AVLESSI
Au plus profond de mon coeur, je dédie ce
mémoire :
Ø A mon cher père Joseph
AVLESSI et ma très chère feue mère
Constance ABOKY qui ont consacré tant d'efforts pour
assurer mon éducation. Recevez cette oeuvre en récompense et
considérez-la comme le fruit de vos longues années de
sacrifice.
Ø A mes frères et soeurs Huguette,
Valérie, Raymond, Séraphine et Mathias AVLESSI pour l'amour et la
fraternité qui nous unis.
Ø A mes amis Urbaine TOVIDAKOU, Pulchérie
GBEMENOU et Jean Méjor ZANNOU pour leur encouragement
répété et leur soutient.
Ø A tout le personnel du Centre Béninois de
la Recherche Scientifique et Technique en particulier Rachelle TOGNISSO,
Thierry AZONHE, Aristide AGBOKOUNOU, Raymond FAFOUMI, Robert AHOSSI et
Toussaint NOUDOGBESSI pour leur soutient
Ø A tous ceux qui m'aiment, je dédie ce
mémoire.
Dédicaces de Herphi BOUYOMEKA MIKOLO
Je dédie ce travail,
Ø A mon feu père Ali MIKOLO NGOUAKA, qui avait
toujours souhaité que la réussite pour moi, soit une
priorité et que pour l'atteindre il était question de se battre.
Ce travail restera le témoignage de cet effort et d'un sentiment profond
et respectueux ressenti jusqu'aujourd'hui.
Ø A ma mère MAGHANDJI MANGUEDJI Amélie,
qui n'a jamais cessé de m'encourager à surmonter les
étapes et pour qui l'amour et la réussite d'un fils est une
vertu, ce travail demeure le résultat de tes actes pour moi.
Ø A mes frères, soeurs, cousins, tantes,
oncles, etc.... que le salut qui nous rend fort continue d'être la
volonté de l'éternel tout puissant et que cette oeuvre justifie
cette volonté.
Ø A mes amis, Dexter BOUKOUYA, NGOULOU
Frère-Bruno, Prince BIYOGHE, etc.... tous au Benin, que ce travail soit
le fruit de vos encouragements consentis pour moi.
REMERCIEMENTS
Ce thème a été conçu et
développé avec le concours d'honorables personnes auxquelles nous
tenons à témoigner toute notre gratitude.
Tout particulièrement :
· Aux autorités de l'Institut CERCO ;
· A nos professeurs pour l'enseignement reçu d'eux et
leurs conseils clairs, concis et rigoureux ;
· A Monsieur James-William GBAGUIDI qui, malgré ses
multiples occupations, nous a efficacement encadrés jusqu'au terme de ce
travail. Qu'il trouve ici l'expression de toute notre gratitude pour sa
disponibilité et son amabilité.
SIGLES ET ABREVIATIONS
IDH : Indice de développement
Humain
SIR : Société Ivoirienne de
Raffinage
BNI : Banque Nationale de d'Investissement
BFA : Banque de Financement Agricole
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine
FRCI : Forces Républicaines de Cote
d'Ivoire
QG : Quartier Général
RFI : Radio France Internationale
FANCI : Forces Armées Nationales de
Cote d'Ivoire
MEBA : Ministère de l'Enseignement
de Base et de l'Alphabétisation
CONASUR : Comité National de Secours
d'Urgence et de Réhabilitation
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PMI : Petite et Moyenne Industrie
FEC : Facilité Elargie de
Crédit
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
BNETB : Bureau National d'Etudes Techniques
et de Développement
CEDEAO : Communauté Economique Des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
FPI : Font Populaire Ivoirien
PDCI : Partie Démocratique de Cote
d'Ivoire
ONU : Organisation des Nation Unies
RDR : Rassemblement Des
Républicains
LMP : La Majorité
Présidentielle
CEI : Commission Electorale
Indépendante
CC : Cours Constitutionnelles
CC : Conseil Constitutionnel
CAISTAB : Caisse de Stabilisation
MPCI : Mouvement Patriotique de Cote
d'Ivoire
SYNARES : Syndicat National de la Recherche
et de l'Enseignement Supérieur
ONUCI : Organisation des Nation Unies pour
la Cote d'Ivoire
MINUL : Mission des Nation Unies au
Libéria
UA : Union Africaine
SOMMAIRE
|
Pages
|
Introduction Générale
|
11
|
I : Les origines des conflits sociopolitiques en
Cote d'Ivoire
|
13
|
I-1 : les causes endogènes des conflits
Sociopolitiques
|
13
|
I-1-1 : Les causes lointaines
|
14
|
I-1- 2 : Les causes immédiates
|
18
|
I- 2 : les causes exogènes des conflits
sociopolitiques
|
22
|
I-2-1 : les causes exogènes historiques
|
22
|
I-2-2 : les causes externes immédiates
|
25
|
II : Les conséquences de la crise en Cote
d'Ivoire
|
31
|
II- 1 : Les conséquences
politico-administratives
|
31
|
II-1-1 : Les conséquences politiques au plan
interne
|
31
|
II-1- 2 : Les conséquences politiques au plan
international
|
35
|
II-2 : Les conséquences
socioéconomiques
|
38
|
II-2-1 : les conséquences sociales
|
38
|
II-2- 2 : les conséquences économiques
|
45
|
III : Les approches de solution pour la
résolution des conflits socio
politiques en Cote d'Ivoire
|
50
|
III- 1 : Les solutions au plan
politico-administratif
|
50
|
III-1- 1 : Les solutions envisagées dans le domaine
politique
|
50
|
III-1- 2 : Les solutions dans le domaine administratif
|
53
|
III- 2 : Les solutions au plan
socio-économique
|
55
|
III-2- 1 : les solutions au plan social
|
55
|
III-2- 2 : les solutions au plan économique
|
60
|
Conclusion Générale
|
66
|
Autobiographie de Pascaline AVLESSI
Née le 07 avril 1979 à Cotonou, d'une famille
polygame de onze enfants de trois mères différentes, on m'appelle
AVLESSI Vidjannagni Yabo Pascaline. Mon père Joseph AVLESSI a
été un employé de l'hôtel et ma feue mère,
Constance ABOKY, une ménagère. Troisième fille de ma
mère et quatrième de mon père, j'ai sept soeurs et trois
frères. Parmi les six enfants de ma mère, la plus grande,
Huguette AVLESSI, vit en Belgique, celle qui la suit, Valérie AVLESSI en
Italie et le benjamin, Mathias AVLESSI en Suisse. Originaire
d'Agbalilamè dans le département du l'Ouémé, notre
dialecte parlé est le « Wla ».
Très tôt j'ai connu le gout de l'école ou
j'ai effectué, après une année à l'école
Publique Maternelle Kpondéhou, mes études primaires à
l'école Primaire Publique Agbodjèdo de 1987 à 1992.
Après mon obtention du Certificat d'Etude Primaire (C E
P), j'ai été classé au Collège d'Enseignement
Général Sègbèya ou j'y ai passé le premier
cycle de mon cursus secondaire de 1992 à 1996.
De 1997 à 2000 j'ai fais le second cycle du secondaire
au Collège d'Enseignement Technique JACKY ou j'ai eu mon Brevet d'Etude
du Premier Cycle (B E P C), mon Diplôme d'Aptitude Professionnel niveau I
(DAP 1) et mon Certificat d'Aptitude Professionnel (CAP) option Employé
de Bureau en classe de 1ère. Je n'ai pas pu obtenir le
Baccalauréat alors, je me suis inscrite en 2001 au Collège Bon
Berger ou j'ai eu mon Baccalauréat série G1 et mon d'Aptitude
Professionnel niveau II (DAP 2).
Après l'obtention de mon Baccalauréat, je me
suis inscrite à l'Ecole Supérieur d'Enseignement Professionnel
(ESEP) le Berger où j'ai eu en 2003, le Brevet de Technicien
Supérieur (BTS) option Secrétariat Bureautique.
Au-delà de mon cursus scolaire, j'ai été
admise en 1994 dans le grand rassemblement des Scout Laïc du Bénin
où j'ai passé la majorité de mon adolescence. Choisi comme
jeune fille dynamique et attentionnée, j'ai été
sélectionnée pour une formation de recyclage des sachets
plastiques à Porto-Novo par le groupe de théâtre
« QUI DIT MIEUX » de Madame DOTOU Grâce.
Après ma soutenance de mon mémoire de Brevet de
Technicien Supérieur en décembre 2003, j'ai été
confronté à un moment donné aux dures
réalités de la vie où en mars 2004, je perds ma
très chère mère.
Après quelque mois de demande d'emploi dans les
sociétés de la place, j'ai été
sélectionnée par le Ministère de l'Industrie en avril 2004
pour bénéficier d'une bourse de formation de trente jeunes filles
en administration réseau à AGENTIC Bénin.
Au cours de ma formation, j'ai été
informé du concours de recrutement des Agents Contractuels de l'Etat
auquel j'ai pris part. Admis, j'ai été mise à la
disposition du Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation
Professionnelle et affectée à la Direction de l'Inspection
Pédagogique et de l'Innovation Technologique (DIPIT/METFP) ou j'ai servi
en qualité de Secrétaire des Services Administratifs.
Après 8 mois de travail dans cette Direction, j'ai pris
part au concours des de recrutement des Agents Permanents de l'Etat, session du
28 décembre 2004. Après mon admission, j'ai été
mise à la disposition du Ministère de l'Enseignement
Supérieur et de la Recherche Scientifique et affectée au Centre
Béninois de la Recherche Scientifique et Technique où j'y travail
encore jusqu'à ce jour en qualité de Secrétaire des
Services Administratifs.
Mon amour pour la connaissance et mon souci de rehausser mon
niveau d'étude m'ont conduit à m'inscrire en Licence
Communication et Relation Internationale à l'institut CERCO ou je
poursuis actuellement mes études cumulativement avec ma fonction.
Autobiographie de Herphi BOUYOMEKA
Accepter de faire l'historique du parcours d'un combattant,
c'est accepter de revivre les moments forts du passé. Soulignons que se
projeter avec précision dans un passé lointain revêt d'un
esprit sensible. Cela implique aussi un esprit scientifique surtout quand on
sait qu'il faut organiser ou regrouper les idées de façon
chronologique et évolutive. Dans le cas d'espèce, certains
détails pourront être oubliés mais les plus disponibles
seront recensés.
D'une famille vivant au GABON, originaire du Sud du pays, de
la province de la Ngounié, je suis né à Libreville,
Capitale politique du GABON. Naissance qui a eu lieu le 05/11/1981 d'un
père de profession, assistant hydrologue et d'une mère en stage
à l'Office de Poste et Télécommunication (OPT) du pays.
On m'appelle Bouyomeka mikolo herphi H.
précédé au départ, du coté paternel par
quatre soeurs dont les deux premières respectivement appelées,
Dilalou Geantiane et Mikolo Alida, sont conçues d'une autre alliance de
mon père et les deux autres, Mikolo Landrisse et Mikolo Orchide, sont
issues directement de mes deux parents. Et du coté de la mère par
un ainé qui est le premier au monde de ma mère, Ngonda Eudes-
Kevin. Ce dernier est à la fois notre grand frère et en
même temps le premier petit fils de mes grand parents maternels. En
réalité mes parents ne sont pas restés toute leur vie
ensemble. Les disputes et toute autre altercation ont finit par les
séparer, bien qu'étant mariés à la
coutumière. Mais jusque là, ma position est toujours unique au
point que l'on n'ait nullement pas signalé l'existence d'un
deuxième fils pour mon père ; j'ai demeuré le seul
garçon. Au vue de tout, il y a encore la famille, mes successeurs qui
sont au nombre de cinq, issus d'une autre alliance. Je suis conçu dans
une famille très élargie et nous manifestons toujours l'amour
fraternel.
Après la maternelle, à six ans, j'avais
été inscrit dans une école primaire, Ecole pilote urbaine
du centre de Libreville où j'ai commencé à apprendre
convenablement les vertus de l'alphabet et à m'adapter à un
univers scolaire que l'on ne connait point au début. C'étaient
les classes de CP1, CP2, CE1. Ce qui fait que vers les années 1990, je
me suis retrouvé dans mon village, M'bigou, chef lieu de
département de la Boumi Louétsi, pour continuer mes
études. Les raisons qui justifient cette position sont liées aux
problèmes de famille. J'ai du être emmené du domicile de
mon père pour continuer les cours primaires aux cotés des grand
parents maternels. Remarquons bien que ce récit ne relate pas trop les
faits avec précisions des dates, vu que les faits ont été
vécus un peu loin de ma personne et que pour le faire, cela
nécessite que l'on soit proche des sources comme par exemple, les
bulletins de notes des classes primaires et des premières classes
secondaires. Mais cela ne dispense en rien que la suite retrace en bref mon
retour du village pour Libreville après l'obtention de mon concours
d'entré en sixième et l'obtention de mon certificat
d'étude primaire(CEP) en 1994-1995.
Inscrit en sixième au lycée koweitien, surtout
connu sous le sigle AKMA qui signifie, Agence Koweitien des Musulmans d'Afrique
en 1996 à Libreville. Comprenons que jusque là,
l'adaptabilité à un autre univers donne lieu souvent à
l'envie de découvrir. Nous rencontrions des nouvelles personnes, des
nouveaux amis que deux ans après, j'ai repris la classe de
cinquième en 1998. J'avoue qu'il est important de suivre les
élèves chaque fois qu'ils quittent les classes. Le plus souvent
on se trouve libre de tout faire lorsqu'on est avec les amis. Cela a
peut-être eu un lien avec mes échecs mais je porte toujours en
moi la responsabilité de mes actes. Après mon passage en classe
de quatrième dans le même lycée, en 1999-2000, j'ai eu de
suite, mon passage en troisième. Une chose est sure c'est que je ne
dirai pas que mon parcoure respectait le temps mais je franchissais quand
même des étapes de succès. C'est pourquoi, je le qualifie
de parcoure de combattant.
L'année 2002-2003 me trouve en classe de
première. Mais malheureusement, j'apprends le décès de mon
père en novembre 2002 de cette même année
académique. Ces événements se passaient, j'étais
sous tutelle de ma mère. Tout commence à devenir compliqué
sur mon parcoure. La manière de concevoir un décès peut
être à l'origine de plusieurs anomalies. Ce qui me plonge dans un
regret total dû à la perte d'un être cher de ma vie qui a
toujours voulu me voir parvenir à mes fins. Toute l'année
était passée sans plus avoir fais un tour au cours que je
suivais, cette fois au Lycée Djoué Dabany, à Libreville.
Précisons que les années qui ont précédé
l'année de l'obtention de mon baccalauréat en 2006-2007, au
Lycée Mouammar Al-Kadhafi, à Libreville étaient des
moments de ré adaptabilité. D'ailleurs sur le plan moral que sur
le plan scolaire il fallait rattraper le retard occasionné dans les
années antérieures.
Mais il est judicieux de vous rappeler que ces années
antérieures ne sont pas restées en marge : superviser les
travaux de construction des bâtiments de ma mère, une formation
dans la radio Campus, Campus-infos de la place qui avait durée à
peine un an, faisaient partir de certaines activités pour lesquelles je
m'occupais.
La décision de poursuivre une formation
supérieure au Benin est indispensable pour moi. C'est à ce effet
que je m'inscris premièrement à l'Ecole Supérieure des
Gestions et d'Informatique et de sciences (ESGIS), en communication
d'entreprise (CE). Je n'oublierai pas de mentionner que l'adaptabilité
est ce à quoi nous devons toujours tenir très fort. Je m'explique
en disant que je suis titulaire d'un baccalauréat de série B, et
les nouvelles matières de première classe universitaire me
paraissaient un peu difficile à assimiler. C'est peut être normale
mais, il avait fallu que je m'adapte.
Mais apprenons aussi que donner un sens à sa vie,
lorsque les choses paraissent confuses, fait partir de chacun de nous. J'avoue
tout de même que tout au long de ma formation, j'ai été
toujours motivé par un esprit guidé vers la communication dans
les affaires politiques que par la suite je m'inscris en Communication et
Relations Internationales (CRI) à CERCO, en Janvier 2010.
Introduction Générale
Le pays, connu d'antan sous le nom du
« paradis» économique est en guerre. Avec une
superficie de 322 462 km2 et d'une population estimée à
21 058 798 habitants en 2010, la Côte d'Ivoire est un pays de
l'Afrique de l'Ouest. Il est limité au Nord par le Mali et le
Burkina-Faso, au Sud par l'Océan Atlantique, à l'Est par le Ghana
et à l'Ouest par le Libéria et la Guinée. Elle a pour
capitale politique et
administrative
Yamoussoukro et pour
capitale économique
Abidjan avec pour
langue officielle
le
français
et pour
monnaie, le
franc CFA. Le pays
fait partie de la
CEDEAO.
Elle regorge de plusieurs langues nationales dont le
dioula reste le dialecte
commerçant le plus employé. Son économie, essentiellement
axée sur la production de
café et de
cacao, connaît au cours
des deux premières décennies un essor exceptionnel, faisant
d'elle un pays phare dans la sous-région ouest-africaine. L'exportation
de ces matières premières lui ont permis de se développer
et aux citoyens d'avoir un bon niveau de vie. Ce
« paradis » économique et social d'antan, dans une
Afrique pauvre, attire de
nombreux immigrants des pays voisins. C'est ainsi que, notamment, les
Burkinabè et
Guinéens furent
nombreux à s'établir dans la zone forestière au sud du
pays. D'abord comme ouvriers sur les chantiers forestiers, dans les usines et
villes de la côte, dans les plantations industrielles et individuelles,
ils sont devenus par la suite producteurs agricoles pour certains. Mais
aujourd'hui, ce paradis n'en est plus un. Conflit, guerre, crise depuis le
début des années 1990 en ont fait un cas d'étude pour les
politologues et les polémologues.
En effet, les problèmes qui engendrent les conflits en
Côte d'Ivoire partent des années 1993, après la mort de
l'ancien Président
Félix
Houphouët-Boigny et la prise de pouvoir par
Henri Konan
Bédié qui instaure le concept de l'ivoirité pour
écarter son principal rival Alassane Ouattara le 22 octobre 1995.
Après une mutinerie qui se transforme en coup
d'état militaire le
24
décembre
1999, Henri Konan
Bédié fut renversé par l'armée et le
Général
Robert
Guéï placé au pouvoir jusqu'à la tenue de
nouvelles élections. C'est dans ces conditions que le
23
juillet
2000, une nouvelle Constitution
est adoptée par
référendum.
Elle stipule que seul les ivoiriens nés de père et de mère
eux-mêmes ivoiriens d'origine peuvent se présenter à une
élection présidentielle. Ce qui fait qu'une vaste
« campagne d'identification », destinée à
définir la véritable citoyenneté des ivoiriens, est
entamée. Après les élections du 22 octobre 2000, Laurent
Gbagbo s'autoproclame président de la république ce qui
déclenche d'importantes manifestations de la population et plonge le
pays dans une crise sans précédent. Les questions politiques,
sociales et surtout identitaires qui ont longtemps été au centre
des préoccupations en Côte d'Ivoire sont soudainement
passées au second plan sous l'effet de l'explosion de la contestation
populaire, laquelle a mis au jour les problèmes nationaux urgents et
longtemps négligés.
Le
19
septembre
2002 Une tentative de coup
d'État a été enregistré et pendant ce putsch,
diverses tentatives d'assassinat ont eu lieu contre des personnalités
politiques : Alassane Ouattara et Moïse Lida Kouassi, Ministre de la
Défense.
Eu égard à tout ce qui précède,
comment expliquer la récurrence des crises en Côte d'Ivoire ces
dix dernières années ? Quelles en ont été les
conséquences ? Quelles stratégies peut-on mettre en oeuvre
pour résoudre les différentes crises?
L'analyse de cette étude va porter principalement sur
trois chapitres dont le premier débouchera sur les origines internes et
externes des conflits sociopolitiques en Côte d'Ivoire. Le second
traitera quant à lui, des conséquences des différends tout
en mettant l'accent sur les domaines politico administratif et socio
économique et le troisième les approches de solutions pour palier
aux crises.
Chapitre I : Les origines des conflits
sociopolitiques en Côte d'Ivoire
Depuis 1993 après la mort du « Père de
la Nation ivoirienne », le président Félix
Houphouët-Boigny, la guerre de succession fait ressurgir des tensions.
Elles sont utilisées par les prétendants au pouvoir, à
l'image du concept d'« ivoirité » mis au point par
Henri Konan Bédié qui a profondément divisé les
ivoiriens. Cette
dérive
nationaliste, confirmée par la législation sur le domaine
foncier
rural menée par le même homme, écarte les
« non-ivoiriens » de l'accession à la
propriété. A ces problèmes identitaires s'ajoute
l'influence des acteurs extérieurs, à commencer par la
France,
puissance tutélaire de la Côte d'Ivoire, qui a adopté tout
au long de la guerre civile une attitude ambiguë, très
critiquée par l'ensemble des ivoiriens, de nombreux africains et
d'autres acteurs internationaux.
La Côte d'Ivoire, longtemps reconnue pour sa
stabilité sociopolitique et économique, traverse depuis quelques
années l'une des crises les plus sévères de son histoire
marquées par le coup d'Etat de décembre 1999, la tentative de
coup d'Etat du 19 septembre 2002 et le déclenchement de la
rébellion armée qui s'en est suivie. Les causes de cette crise
sont complexes et s'entrecroisent à la fois dans l'espace et dans le
temps.
A cet effet, nous analyserons les causes endogènes et
les causes exogènes des conflits en Côte d'Ivoire.
Section 1 : les causes endogènes des
conflits Sociopolitique en Côte d'Ivoire
Il s'agit des dysfonctionnements de l'Etat ivoirien
postcolonial, des luttes pour le pouvoir et des ambitions personnelles, des
dérapages d'un processus démocratique mal maîtrisé,
de la gestion irresponsable de la question nationale et du jeu des puissances
régionales africaines.
Ce qui fait que l'euphorie et le vent d'espoir que
l'indépendance a engendré ont été de courte
durée. Le désenchantement a été total ; ainsi
l'histoire récente de la Côte d'Ivoire est un long tissu
d'apocalypses de famines, ponctués par des conflits sanglants qui
dressent les ethnies, les populations les unes contre les autres.
La bipartition du pays s'opère. Les pauvres
populations étonnées dans certaines villes, soupirent avec
nostalgie après la "paix coloniale" et se demandent à quoi a
servi l'indépendance. La situation est grave car depuis au moins deux
décennies, les conflits et la misère tendent à devenir
endémique.
Mais reconnaissons tout de suite que la recherche des causes
des conflits en Côte d'Ivoire a débouché bien souvent sur
des conclusions aberrantes. Ainsi l'explication la plus courante sur les causes
des conflits pose pour principe que « l'Etat ivoirien multiethnique est
fondamentalement conflictuel, la stabilité exige donc la transcendance
du tribalisme par la modernité ».
En réalité les causes de ces conflits sont
à chercher partout ; l'affrontement des ethnies est un effet, l'effet
d'une politique. Elles sont essentiellement dues à la mal gouvernance et
à l'injustice qui frappent certaines catégories de la
société. Ces frustrations, ce déni de justice est à
l'origine de la plupart de ces conflits en Côte d'Ivoire.
Pour faire l'analyse de ces causes sociopolitiques, il est
indispensable de préciser les causes endogènes historiques et les
causes endogènes immédiates.
Paragraphe 1 : Les causes endogènes historiques
Malgré tous les efforts déployés par les
Organisations sous régionales, l'Union Africaine et la Communauté
Internationale, l'Afrique reste le continent des conflits.
La caractéristique principale de ces conflits, c'est
qu'ils sont intra-étatiques, donc confinés à
l'intérieur d'un même Etat. Ils revêtent très souvent
un caractère d'une rare violence avec des actes de sauvagerie et de
génocide. Ceux de la Côte d'Ivoire peuvent s'analyser sur deux
plans.
A. Sur le plan socio politique
La crise politico-militaire que connaît la Côte
d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002 est la résultante de nombreuses
turpitudes politiques observées au lendemain du décès du
premier Président de la Côte d'Ivoire indépendante,
Félix Houphouët Boigny. Ces turpitudes sont davantage liées
aux mésententes relatives à l'accession à la magistrature
suprême. Il s'en suivra une instabilité marquée par une
succession de coups d'Etat ou de tentatives de coups d'Etat.
L'imbroglio politique a été occasionné
par la présence d'antagonisme entre un premier Ministre en la personne
du Docteur Alassane Dramane Ouattara et un Président de
l'Assemblée Nationale, Henri Konan Bédié ; tous deux se
sont sentis avec leurs hommes, successeurs de feu Félix Houphouët
Boigny bien que la constitution en son article 11 ait prévu que le
Président de l'Assemblée Nationale soit le successeur
constitutionnel.
Dès lors, la vie politique se cristallisera en une
opposition entre Bédié et Alassane Ouattara autour du concept
« d'ivoirité » forgé par Bédié pour
éliminer politiquement son rival Alassane Ouattara,
présenté alors comme d'origine burkinabè. Au mois de
décembre 1999, la polémique atteindra son paroxysme et suscitera
des troubles communautaires entraînant le départ de nombreux
ressortissants (Mali, Burkina et Niger en particulier) de la sous
région.
Depuis ce moment, la Côte d'Ivoire, havre de paix,
connaîtra les périodes troubles de sa jeune histoire, avec un coup
d'Etat le 26 décembre 1999 et plusieurs tentatives de
déstabilisation des différents régimes qui suivront.
Si on analyse les causes de ces conflits il y a toujours un
problème de gouvernance, de dénégation des droits humains
et sociaux les plus élémentaires. Rappelons brièvement
qu'en décembre 1999 une délégation de l'armée
ivoirienne est reçue par le Président Bédié et
congédiée sans ménagement.
De retour dans leurs casernes, ils décident de prendre
le pouvoir et d'installer le Général Guei à la tête
de l'Etat. Mais avant cela le pays connaissait une situation tendue. La
Côte d'Ivoire arrive à surmonter cette crise et organise des
élections qui portent Laurent Gbagbo au pouvoir. Deux ans après,
en 2002, on apprend que des forces armées venues du Nord avancent vers
Abidjan. N'eut été l'intervention des troupes françaises,
ces forces opposées au pouvoir légitime allaient réussir
un coup d'Etat.
La médiation engagée par la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) réussit à
imposer un cesser le feu que le président Gbagbo s'empresse de signer
car, selon son propre aveu, les forces loyalistes n'avaient qu'une puissance de
résistance de quelques heures faute de munitions et d'armement
adéquats. Commence alors une série de médiations
menées par le Sénégal, alors Président en exercice
de la CEDEAO, puis le Président Eyadema, disparu, relayé par le
Président John Kuofor du Ghana, remplacé par le Président
Tabo Mbéki de l'Afrique du Sud. Tout ceci, jusqu'à présent
sans résultats probants. Pourtant tous les éléments de la
vie politique et sociale ivoirienne s'étaient mis d'accord à
Linas Marcoussis en France sur un cadre de règlement de la crise.
Pourquoi alors se trouve-t-on dans une situation de blocage ? En
écoutant les propos des différents protagonistes, on peut deviner
les causes de ce blocage. D'abord les propos du Président Gbagbo.
Les événements de 2002 ont trouvé le
Président Gbagbo en visite officielle en Italie. De retour au pays, au
lieu de lancer un rappel à l'union et au calme il déclare :
« je suis venu prendre part à la bataille ». Quand les
représentants des partis et de la société civile ont
signé l'accord de Marcoussis, le Président Gbagbo, prié de
donner son opinion déclare : « Que voulez-vous, je n'ai pas
gagné la guerre ».
Dans une autre déclaration il affirme sa
volonté de doter l'armée ivoirienne des moyens d'écraser
la rébellion et de faire de la Côte d'Ivoire une puissance
militaire régionale.
Les propos de Guillaume Soro ne sont pas plus pacifiques. Son
ambition, maintes fois réitérée est de renverser Gbagbo.
Pour lui, l'obstacle à la paix c'est le Président ivoirien. Tout
son comportement est un défi à l'autorité du
Président Gbagbo.
Les autres formations politiques se rangent dans l'un ou
l'autre camp ; écraser la rébellion pour le Front Populaire
Ivoirien (FPI), faire partir Gbagbo pour l'autre.
Le cessez le feu tient toujours. A part l'erreur monumentale
de bombarder les positions françaises par l'aviation ivoirienne avec les
conséquences que l'on sait, les textes de base dont Marcoussis avait
demandé la révision sont en train d'être votés. Donc
le Président Gbagbo a raison quand il dit qu'il applique la feuille de
route. Mais selon le Ministre Adjoint Sud-Africain des Affaires
Etrangères, le problème de la Côte d'Ivoire, c'est qu'en
Afrique, plus personne ne croit Gbagbo.
En vérité, il ne peut pas y avoir d'accord s'il
n'y a pas un minimum de confiance entre protagonistes. Il ne peut y avoir non
plus d'accord si les coeurs ne sont pas apaisés et disposés
à rechercher un compromis.
B. Sur le plans socio économique et culturel
La Côte d'Ivoire a développé depuis son
indépendance une agriculture qui a longtemps constitué l'un des
piliers fondamentaux de son économie. Ce qui a été
possible grâce à une politique menée par le
Président Félix Houphouët-Boigny. Selon lui, la terre
appartient à celui qui la met en valeur.
Cependant, cette citation crée un flou juridique
concernant l'usufruit des terres. En effet, tantôt l'Etat, à
travers le décret du 20 mai 1955 et le décret de 1971
reconnaît les droits coutumiers, tantôt il s'arroge le droit de
s'approprier et de gérer toutes les terres à travers la loi de
1962 et la loi de 1964.
Le discours de Félix Houphouët-Boigny du 30
octobre 1970 soulignera ces lois antérieures sur la
propriété des terres. Il pensait que telle était la
meilleure manière de garantir l'accès à tous ceux qui
peuvent mettre la terre en valeur quelle que soit leur nationalité. Une
décision qui réconfortera les ressortissants des pays limitrophes
(Mali, Burkina en particulier) ainsi que ceux de la partie septentrionale de la
Côte d'Ivoire, venus s'installer nombreux dans les zones
forestières, à la recherche d'un mieux-être. De ce fait, de
nombreux hectares de forêt furent investis par ceux-ci dans l'optique de
les mettre en valeur.
Cependant, avec la crise économique des années
1980, l'on a assisté à un chômage grandissant, à une
inflation du coût de la vie alors que les salaires sont restés
stables. Il s'est posé un problème d'insertion
socioprofessionnelle des jeunes diplômés, ce qui incitera l'Etat
à initier une politique de retour des jeunes à la terre. Ce
retour ne s'est pas fait sans heurts.
En effet, la majeure partie des terres avait été
occupée par des ressortissants étrangers et des allochtones ; ce
qui va entraîner divers conflits entre les propriétaires des
plantations étrangères et les autochtones et entre ceux-ci et les
allochtones. Eu égard aux nombreux conflits émanant de cette
confusion liée à l'appartenance de la terre, l'Etat a opté
pour une réforme de la loi foncière en vigueur, en vue de
protéger les populations contre les risques et les opportunismes.
Dès lors une sécurisation foncière a
été envisagée dans l'objectif de prendre en compte les
pratiques coutumières réelles, qui clarifieraient les droits
existants, pour ensuite les traduire dans un langage juridique. C'est en cela
que la Côte d'Ivoire a initié un plan foncier rural à la
fin des années 80.
Quand en 2000 le FPI accède au pouvoir, il
n'hésite pas à préciser le nouveau contexte foncier en
indiquant que désormais : « la terre appartient à son
propriétaire et non à celui qui la met en valeur » comme
l'avait signifié Félix Houphouët Boigny. Cette
décision permet ainsi aux propriétaires terriens d'affirmer leur
autochtonie et leurs droits. Ils l'interprètent comme un outil juridique
permettant de chasser de leurs terres, les non-ivoiriens en
général et les Burkinabè en particulier. Petit à
petit, la « guerre foncière» est aussi orientée contre
les non nationaux et d'autres ivoiriens non ressortissants du village dont ils
exploitent les terres. Tous ceux qui vivent sur les terres des autochtones sont
assimilés à des étrangers, même les allochtones
(Baoulé, Malinké, Sénoufo, Abron, Koulango, etc.). Ils
considèrent que les allochtones, bien qu'étant ivoiriens
disposent d'un terroir dans leur milieu d'origine, alors, de leur point de vue,
allochtones et non ivoiriens = étrangers. Ainsi, le problème
foncier constituera l'un des foyers de tension entre les ivoiriens d'une part
et les étrangers d'autre part.
Paragraphe 2 : Les causes immédiates
Nous nous intéresserons dans ce paragraphe aux raisons
qui pourront préciser les sources internes des conflits. Pour ce faire,
il nous sera nécessaire de structurer cette analyse sur deux plans.
A- Sur le plan sociopolitique
Au plus fort de la crise économique qu'a connue la
Côte d'Ivoire à la fin de la décennie 1980,
Houphouët-Boigny fit appel à Alassane Dramane Ouattara en 1990,
fonctionnaire international peu connu dans son pays. Après la mort du
« Vieux » en décembre 1993, Alassane Ouattara et ses hommes
contestent au président de l'Assemblée Nationale Henri Konan
Bédié, héritier prévu par la Constitution,
l'accession automatique à la magistrature suprême. Malgré
cette opposition, ce dernier viendra s'autoproclamer à la
télévision nationale, Président de la République de
Côte d'Ivoire. Dès lors, l'ancien premier Ministre rejoint une
formation politique transfuge du Parti Démocratique de Côte
d'Ivoire (PDCI).
Dans le souci de se maintenir au pouvoir, le président
Henri Konan Bédié crée le concept d'«ivoirité
», qui n'aura de sens que celui voulu par son concepteur ou son
utilisateur. Tantôt il désignait sur le plan culturel ce qui est
propre à l'ivoirien ou qui détermine la marque identitaire
d'ivoirien, tantôt il désignait un système socio-
économique appartenant aux seuls ivoiriens de naissance, des ivoiriens
de souche multiséculaire (qui ont leurs deux parents biologiques
ivoiriens ainsi que leurs grands- parents eux-mêmes ivoiriens de
naissance). Dans la pratique, ce concept a contribué à
créer un sentiment de dédain vis-à-vis de l'autre, de
celui qui n'était pas ivoirien ou chez des personnes ivoiriennes dont
les patronymes avaient une consonance nordiste dont on retrouvait les
mêmes appellations dans les autres pays de la sous-région.
Sur le plan politique il est utilisé comme arme par les
tenants du pouvoir pour écarter des adversaires politiques et rejeter
tous ceux qui critiquaient le pouvoir ou qui s'étaient
érigés contre leur système de gouvernance au nombre
desquels Alassane Ouattara, Djény Kobenan, Amadou Kourouma. De
même, la nationalité des ressortissants de la partie
septentrionale du pays sera remise en cause. Toute chose qui contribuera
à instaurer un climat délétère. C'est dans ce
contexte, que le 24 décembre 1999, le Général Robert
Gueï, appuyé par l'armée, destituera le président
ivoirien Henri Konan Bédié. A partir de cette date, la Côte
d'Ivoire prit un rendez-vous avec l'instabilité politique. Sous la
transition militaire, le concept d'ivoirité qui avait cours refait
surface.
Ainsi, pendant les élections d'octobre 2000, tous les
potentiels candidats des partis à forte obédience tels le PDCI et
le RDR seront systématiquement rejetés par la cour suprême
dirigée par Tia Koné. C'est donc seul que Laurent Gbagbo
affrontera le général putschiste lors de ces élections
présidentielles. A l'issue de ce scrutin, le Général
Gueï s'autoproclame à la télévision nationale
Président de la République, décision que contestera
Laurent Gbagbo, en appelant ses militants à sortir massivement dans la
rue pour faire échec à ce qu'il a appelé
« un hold hup électoral ». Il fut finalement proclamé
et investi Président le 26 octobre 2000.
Contestée à son tour par les militants
d'Alassane Ouattara, pour la plupart originaires de la partie septentrionale du
pays, cette élection donnera lieu à des affrontements entre
adversaires politiques. Les « nordistes » sont l'objet d'une
sanglante répression de la part des forces de l'ordre sur indication des
sympathisants du FPI. Au cours de son mandat, Laurent Gbagbo reprend à
son compte le concept d'« ivoirité » qui avait
jusque-là envenimé la situation sociopolitique du pays. Ainsi de
nombreux ressortissants du nord seront privés de leur droit civique.
Certains verront leur carte d'identité confisquée par les forces
de l'ordre pour nationalité douteuse, tandis que d'autres se verront
refuser le certificat de nationalité. Cette situation a engendré
au sein de la population nordiste des sentiments de frustration, de rejet
tendant à faire d'eux des apatrides. Et, l'argument de l'exclusion et de
la xénophobie est tout trouvé sous le vocable « assaillants
venus du nord», lorsque le 19 septembre 2002, une tentative de coup d'Etat
fut perpétrée et finira par devenir une rébellion avec
pour base Bouaké. Celle-ci va se transformer en un conflit international
pour impliquer de nombreuses nations.
La crise de légitimité à la tête de
l'État est née du non-respect dans la proclamation des
résultats des règles légales et des institutions
républicaines de la Côte d'Ivoire par les partisans d'Alassane
Ouattara et ses appuis extérieurs.
En effet, le 2 décembre 2010, les résultats
provisoires, favorables à Alassane Ouattara (54,1 %), ont
été annoncés, hors délai, par le seul
président de la Commission Electorale Indépendante (CEI), que
n'accompagnait aucun des commissaires, à l'Hôtel du Golf, devenu
le siège du concurrent de Gbagbo, et non au siège de la CEI. Au
lendemain du 3 décembre, conformément à la loi
électorale, le Conseil Constitutionnel, seule juridiction
habilitée à le faire, a proclamé les résultats
définitifs, accordant la victoire au Président sortant Laurent
Gbagbo, avec 51,45 % des suffrages.
Monsieur Choi, représentant spécial du
Secrétaire Général de l'ONU dans ce pays, à peine
annoncés les résultats du Conseil Constitutionnel, a
décidé de valider les résultats de la CEI, se
prévalant de son rôle de certificateur qui en aucune façon
ne le plaçait au-dessus des institutions ivoiriennes. Pourtant, les
résultats provisoires choisis par Monsieur Choi avalisent une fraude
caractérisée.
En effet, sur les 20073 procès-verbaux de bureaux de
vote, 1001 comportaient un nombre de votants supérieur au nombre
d'inscrits, 807 comportaient plus de suffrages exprimés que d'inscrits,
1231 étaient dépourvus du sticker certifiant la validité
du procès-verbal. Ces 3039 bureaux représentent 1 337 572
inscrits et 583 334 votants. Faut-il ajouter que, dans 1533 bureaux
représentant 582 248 inscrits et 223 162 votants, le Président
sortant Laurent Gbagbo a obtenu 3 ou moins de 3 voix. Les procès-verbaux
douteux provenaient, pour l'essentiel, des cinq régions du nord du pays
où le Conseil Constitutionnel a annulé les résultats de 7
départements dans trois régions du nord (Vallée du
Bandama, les Savanes et Worodougou) où des recours, portant sur 600 000
voix environ, avaient été déposés par la
majorité présidentielle.
A signaler que, faute de recours, le Conseil Constitutionnel
a validé les surprenants résultats de la région du
Denguélé où Alassane Ouattara l'emporte avec 97,85 % des
suffrages, soit 70 357 voix, contre 2,15 % à Laurent Gbagbo, soit 1151
voix.
Le scrutin a été entièrement
faussé dans les cinq régions du nord représentant 17 % de
l'électorat national, en raison de la sortie des forces armées
des Forces Nouvelles, ancienne rébellion qui n'avait pas
été désarmée comme l'imposait pourtant l'Accord de
Ouagadougou. Cette pression militaire, écartant les représentants
de la LMP des bureaux de vote afin d'y organiser une fraude massive et
pourchassant les éventuels électeurs favorables à Laurent
Gbagbo, enlève toute crédibilité au scrutin dans cette
partie du pays.
A noter que, dans les quatorze régions du reste du
pays, représentant 83 % des inscrits, le candidat Ouattara n'a
déposé aucun recours. Laurent Gbagbo y obtient 2 031 294 voix
(53,86 %) contre 1739 945 (46,13 %) pour son adversaire.
Ainsi, il incombait au Représentant spécial du
Secrétaire Général des Nations Unies de veiller au strict
respect du verdict des urnes. Malgré l'unanimité apparente des
différentes parties, la certification faite par le Représentant
spécial du Secrétaire Général de l'ONU en
Côte d'Ivoire, après la proclamation des résultats du
second tour de la présidentielle par la CEI et le Conseil
Constitutionnel, sera remise en cause par le camp Gbagbo qui a accusé
l'ONU d'être partiale. Et c'est le refus du président Laurent
Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara qui sera à
l'origine de la crise postélectorale ivoirienne.
B- Sur le plans socio économique et
culturel
La crise économique et le phénomène
d'appauvrissement des populations constituent l'une des causes principales de
l'instabilité en Côte d'Ivoire. Depuis l'indépendance en
1960 jusqu'au gouvernement d'Henry Konan Bédié en 1993, le
café et le cacao constituent la base sociale et politique du parti au
pouvoir (PDCI-RDA) qui a crée une « bourgeoisie de
planteurs ».
La production générale des principaux produits a
chuté en 1999 alors que les prix ont diminué depuis 1997 pour le
coton, l'huile d'arachide et de palme, le sucre aussi bien que pour le cacao et
le café. Les exportations du café ont diminué fortement.
Ces difficultés économiques ont coïncidé avec la
libéralisation de l'économie ivoirienne. Ce qui a provoqué
une conjoncture sociale et économique particulièrement
défavorable. La réforme de la caisse de stabilisation de soutien
des prix de produits agricoles (CAISTAB) réalisée en 1999 et la
libéralisation de la filière cacao ont provoqué le
mécontentement des exportateurs car l'état ne pouvait plus
apporter son soutien à ces derniers. La stabilisation des prix de cacao
et la garantie des ventes anticipées par la Caistab avaient cessé
dès août 1999.
La libéralisation des prix a emmené la
concurrence parmi les producteurs et la fluctuation des cours s'est directement
répercutée sur eux. En plus de ce facteur, l'Union
Européenne a aussi autorisé l'utilisation d'autres
matières que le cacao (le beurre de karité) dans la fabrication
du chocolat à hauteur de 5%. C'est pourquoi les producteurs ivoiriens
ont vendu le cacao à des prix historiquement bas en 1999. Cette
situation économique a fini par des mouvements de grève, de
blocage de la commercialisation du cacao et de la destruction de milliers de
tonnes de cacao.
Ces mouvements de grève se sont étendus sur les
autres producteurs locaux de coton (à cause de la fixation du prix du
coton après la libéralisation de la filière en 1998) et de
palmier à huile (contre des prix trop bas). Même les dockers du
port d'Abidjan ont protesté contre la baisse de leurs salaires. Par
ailleurs, l'augmentation des prix de certains produits de première
nécessité comme le carburant répercutée sur les
tarifs des transports en commun a provoqué la diminution du pouvoir
d'achat de la population.
Le stimulateur de ces problèmes est lié au
comportement d'Henry Konan Bédié dans la gestion des affaires
publiques du pays qui a entraîné le gèle des financements
en 1999 par les institutions de Bretton Woods. Ce qui se résume
par :
· l'indifférence notoire du régime d'Henry
Konan Bédié « aux évolutions du contexte
international » ;
· la diminution de l'Aide Publique au
Développement (ADP) par les bailleurs de fonds ;
· L'émergence de thèmes comme la
« bonne gouvernance et la responsabilité » et leur
ignorance par le régime de Bédié ;
· l'étendue de la fraude fiscale, l'absence de
sanctions des individus convaincus de détournements, de substantielles
dépenses ou de budget, ainsi que des dépenses non
ordonnées.
Bref, en somme, l'inertie du régime sur la lutte
contre la pauvreté et l'inefficacité des dépenses
publiques dans les secteurs sociaux constituent parmi tant d'autres, les
facteurs de déstabilisation du pouvoir de Bédié. Pour
atteindre leurs objectifs politiques, certains politiciens ont utilisé
la crise économique, le problème du foncier et celui des
étrangers pour créer des sentiments de xénophobie au sein
de la population forestière de la Côte d'Ivoire. C'est donc sur
cette base qu'après la mort de Félix Houphouët Boigny en
1993 que la notion de l'« Ivoirité » fut
politiquement exploitée par Bédié et ses partisans pour
écarter son principal concurrent et premier Ministre Alassane Dramane
Ouattara.
Section 2 : les causes exogènes des conflits
sociopolitiques
L'une des origines du conflit en Côte d'Ivoire
réside dans l'ingérence des acteurs étrangers dans la
politique ivoirienne et la forte croissance de sa population, en grande partie
due à l'immigration d'étrangers attirés par le «
miracle » économique ivoirien. Les déclarations politiques
des chefs d'Etats de la sous-région sont arrivées très
vite après l'explosion de la crise. De manière
générale, toutes les prises de positions officielles expriment le
soutien des chefs d'Etats envers le pouvoir institutionnel ivoirien et
condamnent la prise des armes à des fins politiques
Paragraphe 1 : les causes exogènes historiques
A- Les acteurs étrangers
La crise en cours met en scène plusieurs acteurs, dont
les principaux sont les rebelles réunis au sein du Mouvement Patriotique
de Côte d'Ivoire (MPCI) et le Gouvernement ivoirien. Viennent ensuite le
Burkina Faso, soupçonné du côté d'Abidjan de
soutenir les rebelles et la France, dont certains qualifient la position
d'ambiguë.
1. Le Burkina Faso
Les ressortissants burkinabés en Côte d' Ivoire
sont de l'ordre d'un peu moins de trois millions dont environ 48% y sont
nés, de parents immigrés. Les conditions d'acquisition de la
nationalité ivoirienne sont si restrictives que très peu
d'immigrés burkinabés ou leurs descendants ont pu acquérir
la nationalité ivoirienne. Pour beaucoup d'entre eux, la
nationalité ivoirienne est un droit qu'ils n'hésitent pas
à revendiquer. Toute leur histoire, leur vie, leur patrimoine culturel
ou économique se trouvent en Côte d'Ivoire. Ils n'ont plus de lien
avec le Burkina Faso, qui ne reste que la terre d'origine de leurs
ancêtres. Depuis 1999, cette population est au centre des convulsions
politiques ivoiriennes. D'abord sous Konan Bédié, les
soupçons de nationalité burkinabé que ce dernier faisait
peser sur son adversaire politique Alassane Dramane Ouattara ont
été l'occasion de mettre la communauté burkinabé
dans le collimateur du pouvoir et d'une population fortement
conditionnée. Un incident entre paysans dans le Sud-ouest offre le
prétexte à « l'expulsion » de près de
12.000 Burkinabé. Le Burkina Faso est mis à l'index chaque fois
qu'une crise sociale ou politique éclate en Côte d'Ivoire, le
Président burkinabé Blaise Compaoré étant
accusé de tout mettre en oeuvre afin de donner le pouvoir à son
« compatriote » Alassane Dramane Ouattara.
Le Gouvernement ivoirien, dans la crise en cours, reproche au
Burkina d'offrir de base arrière aux rebelles. Le Burkina pour montrer
sa bonne foi, a non seulement déclaré avoir fermé ses
frontières dès le déclenchement de la crise, mais a
également admis avoir accordé refuge à des
déserteurs de l'armée ivoirienne et ce pour des raisons
humanitaires. « Ils ont quitté depuis lors le Burkina qui n'a
plus aucun contrôle sur eux », ont avancé les
autorités burkinabés.
2. La France
La France est liée à la Côte d'Ivoire par
un accord de coopération militaire. Elle dispose dans la capitale
ivoirienne d'une base militaire forte d'environ 600 hommes. L'armée
française a vocation à intervenir en Côte d'Ivoire en cas
d'agression extérieure. Dans la crise en cours, en plus de l'aide
logistique à l'armée régulière, les soldats
français assurent la surveillance du cessez-le-feu obtenu des rebelles
par les négociateurs de la CEDEAO.
Cette contribution est loin de satisfaire les tenants du
pouvoir. Le SYNARES, à travers une lettre ouverte adressée au
Chef de l'Etat français s'est fait l'écho de cette
préoccupation. La France est soupçonnée d'avoir
laissé faire et de faire ainsi le jeu des rebelles en s'opposant
à l'option militariste affichée dès les premières
heures par le pouvoir en vue de mater la rébellion. Elle a imposé
une solution négociée, attitude que le SYNARES ne s'explique
pas : « Nous avons du mal à comprendre que la France, qui
a mené une lutte acharnée contre les indépendantistes
corses ou calédoniens... qui refuse toute idée d'amnistie pour
les assassins du Préfet Erignac assassiné en Corse, insiste pour
que la Côte d'Ivoire signe un accord avec les terroristes »
s'indigne-t-il dans la lettre ouverte. L'indignation semble également de
mise de l'autre côté de la ligne de front. La force tampon
établie par l'armée française entre les forces
gouvernementales et la rébellion a certainement eu le mérite
d'éviter une extension du conflit à l'ensemble du territoire, en
empêchant une avancée des rebelles.
De ce fait, chez les populations acquises à la cause
des rebelles, la France et son armée sont prises à partie. Des
slogans anti-français se sont fait entendre :
« armée française dehors ! »,
« Français vous nous empêchez de faire tomber le pouvoir
de Gbagbo ». La prise à partie de la France par les
belligérants traduit ce que d'aucuns ont qualifié d'ambigu dans
sa position. Du point de vue de
Epiphane Zoro
(journaliste), la France a affiché une attitude attentiste
commandée par le « ni indifférence ni
ingérence » de sa nouvelle politique africaine. Par une sorte
de pragmatisme, elle privilégie le maintien de l'ordre, la
sécurité de ses ressortissants et la préservation de
quelques intérêts financiers dans le pré-carré, au
détriment d'un engagement positif en faveur des principes
démocratiques dont le caractère universel n'est plus
contesté. Est-ce ce que Stephen Smith a qualifié
« d'indolence postcoloniale » ? Une attitude qui, loin
du discours de la Baule sur la démocratisation, consiste à
s'accommoder de n'importe quel pouvoir, pourvu que l'ordre règne et que
les intérêts soient saufs. La France a pris le relais de la CEDEAO
en organisant du 15 au 24 janvier 2003 sur son territoire à Marcoussis
une table ronde sur la crise. L'impact d'une telle rencontre sur le
rétablissement de la paix risque d'être bien insignifiant au
regard des réactions hostiles enregistrées depuis la signature
des accords.
B- L'immigration
Depuis l'époque coloniale, des mouvements migratoires,
spontanés ou organisés, se sont dirigés vers les zones de
« mise en valeur » produisant des cultures de rente. Les migrants
négociaient leur installation auprès des autochtones ou
étaient installés sous la pression de l'Etat, ou dans des zones
spécialement aménagées. Les anciens fronts pionniers, qui
ont connu il y a une ou deux générations des arrivées
massives de migrants et une saturation rapide des terroirs, connaissent
aujourd'hui des tensions foncières. Voyant les terroirs saturés,
les jeunes autochtones veulent remettre en cause les accords par lesquels leurs
parents ont accordé la terre aux migrants, dans des logiques «
d'installation » sans limitation de durée. Ils poussent à
retirer la terre aux migrants, pour leur propre usage, ou bien pour
reconstituer le patrimoine foncier et tirer une rente des migrants en leur
louant la terre. C'est un des ressorts locaux de la crise en Côte
d'Ivoire et un facteur de tensions dans l'ouest cotonnier du Burkina Faso.
Comment négocier de nouvelles règles du jeu dans ce contexte, qui
soient autant que possible « gagnant-gagnant » et qui ne se fondent,
en tous cas, pas sur la force et sur des logiques d'exclusion de l'autre ? De
nouveaux mouvements migratoires se dessinent dans de nouveaux fronts pionniers,
où la compétition pour le contrôle de la terre, les
pressions à la vente, les tentatives des autochtones pour
contrôler les installations, suscitent aussi de fortes tensions. Comment
réguler l'accès à la terre dans ces espaces ? Il existe
plusieurs facteurs de diversité : les milieux naturels, les
densités de population, les modes d'exploitation du milieu, les modes
locaux de contrôle de la terre et des ressources, les politiques
foncières et de gestion des ressources naturelles, l'existence ou non
d'aménagements hydro-agricoles, l'influence des acteurs urbains ou des
entrepreneurs agricoles, les politiques de décentralisation
administrative, etc.
Paragraphe 2 : les causes externes immédiates
Les causes externes politiques,
socioéconomiques et culturel marquent sur certains points les raisons
conflictuelles de la Côte d'Ivoire. La présence d'une force vive
quelconque ou d'une organisation sous régionale peut donner les faits
inattendus.
A- Au point de vue politique
Les données dont les treize experts et le panel des
cinq chefs d'Etat mandatés par l'Union Africaine ont pris connaissance
lors de leur passage à Abidjan, ont sans doute suscité des
divisions au sein du panel réuni auparavant à Nouakchot, le 20
février 2011 et le départ précipité pour
Ouagadougou de l'ancien médiateur, le Président burkinabé
Blaise Compaoré, qui a choisi de ne pas se rendre en Côte d'Ivoire
le 21 février, a révélé de réels
désaccords.
Le président sud africain Jacob Zuma et sa ministre des
Affaires Etrangères Maité Nkoana Mashabane ont publiquement pris
leurs distances par rapport aux positions rabâchées par le camp
occidental depuis le 3 décembre 2010.
En effet, quelques heures à peine après la
décision arbitraire de Monsieur Choi, bafouant le Conseil
Constitutionnel de Côte d'Ivoire, le Président des Etats-Unis,
Barack Obama et celui de la France, Nicolas Sarkozy, ont reconnu Alassane
Ouattara comme président élu, avalisant précipitamment des
résultats frauduleux. Dans son discours aux africains prononcé au
Ghana le 12 juillet 2009, le Président américain avait pourtant
affirmé que « l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de
fortes institutions ...» Mais, quand les Etats-Unis et la France veulent
imposer un homme, en l'occurrence Alassane Ouattara, que pèsent les
institutions d'un Etat souverain et l'article 2 de la Charte de l'ONU
reconnaissant le principe de la souveraineté de ses membres?
Par leur prise de position immédiate dès les 3
et 4 décembre 2010, pratique bien inhabituelle par rapport à un
scrutin organisé dans un pays d'Afrique, les Etats-Unis et la France,
entraînant l'Union Européenne, ont pesé de tout leur poids
sur la diplomatie africaine. C'est en fait la France qui a orchestré la
partition européenne et celle de l'ONU, comme elle l'a fait depuis
janvier 2003 avec la Conférence Internationale sur la Côte
d'Ivoire tenue à Paris, les 25 et 26 janvier 2003, au Centre de
Conférences International de l'avenue Kléber.
Un véritable bras de fer s'est engagé entre
l'ONU et le président Gbagbo. Dès la décision arbitraire
prise le 3 décembre par le représentant du Secrétaire
Général de l'ONU, Young-jin Choi, intervenant en
visioconférence devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, la
France a préparé tous les communiqués ou
déclarations à la presse du Conseil. C'était le cas, le 8
et en particulier le 16 décembre, jour des manifestations à hauts
risques appelées par Guillaume Soro et les partisans d'Alassane Ouattara
pour investir la Radio diffusion Télévision Ivoirienne (RTI) et
le Palais présidentiel.
Au regard du comportement des forces de l'ONUCI, ce
jour-là ouvertement alliées aux éléments
armés des Forces Nouvelles stationnés à l'Hôtel du
Golf avec Alassane Ouattara et au regard de l'ultimatum du président
Sarkozy, le 17, l'enjoignant de quitter le pouvoir dans les 48 heures, le
président Gbagbo a demandé le départ de la mission
onusienne ainsi que celui de la force française Licorne le 18
décembre.
Le 20 décembre, après audition du
Secrétaire Général Adjoint aux opérations de
maintien de la paix, le Français Alain Le Roy, le Conseil de
Sécurité a adopté la résolution 1962 prorogeant de
six mois le mandat de l'ONUCI. Dès le 21 décembre, malgré
les réticences de la Russie, l'ONU a reconnu l'ambassadeur Youssouf
Bamba nommé par Alassane Ouattara, Alcide Djédjé qui
occupait ce poste étant Ministre des Affaires Etrangères dans le
nouveau gouvernement ivoirien. Les réserves de la Russie
étant levées, l'ONU, par sa résolution 1967, a
autorisé le 19 janvier 2011, le déploiement de 2000 militaires
supplémentaires dans le cadre des forces de l'ONUCI jusqu'au 30 juin
2011 et elle a prolongé le déploiement des trois compagnies
d'infanterie et d'une unité aérienne de la MINUL venue du
Libéria en fin de période électorale pour renforcer
l'ONUCI. La résolution 1968 du 16 février a prorogé de
trois mois ce déploiement de la MINUL (trois bataillons et cinq
hélicoptères, dont trois MI 24 de combat). Une nouvelle
déclaration à la presse a été faite le 3 mars,
après audition d'Alain Le Roy, stigmatisant l'escalade de la violence
sans mentionner parmi les fauteurs de troubles l'ancien chef de la
rébellion, Guillaume Soro, bras droit d'Alassane Ouattara qui avait
appelé les populations d'Abidjan à la «révolution du
21 février » se référant aux mouvements
démocratiques bouleversant le monde arabe !
Au lendemain de l'investiture du Président Gbagbo, le 4
décembre 2010, par le Conseil Constitutionnel, tandis qu'Alassane
Ouattara prêtait serment par lettre à une juridiction anonyme,
l'Union Africaine a mandaté l'ancien président sud-africain Thabo
Mbeki pour une médiation à Abidjan les 5 et 6 décembre.
Avant même que n'en soient donnés les résultats, un premier
sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la CEDEAO sur la Côte d'Ivoire
s'est réuni à Abuja, le 7 décembre et a reconnu Alassane
Ouattara comme président.
Pour enfoncer le clou, le vendredi 17 décembre, le
président français Nicolas Sarkozy, à l'issue du sommet de
l'Union Européenne, a lancé, depuis Bruxelles, comme nous l'avons
déjà mentionné, un ultimatum au président Gbagbo
l'enjoignant de quitter le pouvoir avant le dimanche soir 19
décembre.
Un deuxième sommet de la CEDEAO, toujours réuni
à Abuja, le 24 décembre, a accentué la pression.
Reconnaissant Alassane Ouattara président légitime de la
Côte d'Ivoire, il demandait à Laurent Gbagbo de transmettre
pacifiquement le pouvoir. Il soutenait les sanctions prises par les
institutions régionales et la communauté internationale et
décidait d'envoyer une délégation de haut niveau en
Côte d'Ivoire comme dernier geste à l'endroit de Laurent Gbagbo
pour l'exhorter à une sortie pacifique du pouvoir. En cas de refus de sa
part, la CEDEAO prendrait toutes mesures nécessaires, y compris «le
recours à la force légitime» pour le contraindre à se
retirer. Dans cette perspective, instruction avait été
donnée au président de la Commission de la CEDEAO, le
Ghanéen James Victor Gbeho, de convoquer une réunion des chefs
d'Etat-major de la CEDEAO pour planifier les actions futures. Cette
réunion, organisée le 17 janvier 2011 à Bamako, a
traité des affaires courantes, mais n'a pas véritablement
abordé la situation ivoirienne, l'option militaire chère au
Nigeria, au Burkina Faso et au Sénégal n'ayant visiblement pas
l'assentiment des autres membres de l'organisation régionale.
Entre-temps, composée des présidents du Cap
Vert, Pedro Pires, de la Sierra Leone, Ernest Baï Koroma et du
Bénin, Yayi Boni, la délégation de la CEDEAO s'est rendue
à deux reprises à Abidjan, les 28 décembre 2010 et 3
janvier 2011, épaulée, lors de la seconde visite, par le Premier
ministre kényan Raïla Odinga qui s'était illustré, le
16 décembre, par un appel à «déloger» par la
force militaire le président Gbagbo. Cette médiation de la
CEDEAO, traversée par de premières dissensions sur les options
politique et militaire proposées, a échoué.
L'Union Africaine, à partir de son Conseil de paix et
de sécurité, a repris le relais en mandatant, sans plus de
succès, Raïla Odinga qui s'est rendu à Abidjan, le 17
janvier. Après l'échec de cette tentative, les chefs d'Etat de
l'Union africaine, lors de leur sommet du 31 janvier, en présence de
Nicolas Sarkozy, étrangement invité au titre de président
du G 20, ont décidé d'envoyer des experts chargés de
préparer la venue d'une délégation de haut niveau
regroupant, sous la présidence du Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz,
cinq chefs d`Etat issus de l'ensemble du continent, à savoir le Sud
africain Jacob Zuma pour l'Afrique australe, le Tanzanien Jakaya Kikwete pour
l'Afrique orientale, le Tchadien Idriss Déby pour l'Afrique centrale et
le Burkinabé Blaise Compaoré pour l'Afrique de l'Ouest. Les cinq
chefs d'Etat avaient un mois pour proposer des mesures contraignantes
permettant au pays de sortir de l'impasse. Après leur passage, du
7 au 11 février à Abidjan, les experts ont remis leurs
propositions au panel des cinq chefs d'Etat qui se sont rendus à Abidjan
du 21 au 23 février pour y rencontrer Gbagbo au Palais
présidentiel, Ouattara à l'Hôtel du Golf, Youn-jin Choi
à la tête de l'ONUCI et le Conseil Constitutionnel à
l'Hôtel Pullman.
Aucune proposition n'a filtré jusqu'à leur
réunion en Mauritanie, le 4 mars, à Nouakchott, après la
visite officielle du président sud africain Jacob Zuma à Paris,
les 2 et 3 mars, où la question ivoirienne a été à
l'ordre du jour des échanges avec Nicolas Sarkozy qui a tout fait pour
infléchir les positions de son hôte. Toutefois, le panel s'est
donné un mois supplémentaire pour achever sa mission et le 5
mars, le Gabonais Jean Ping, président de la Commission de l'UA, a
été reçu à Abidjan porteur d'un message
adressé au président Gbagbo et à Ouattara. Il a
été proposé à ces derniers, ainsi qu'au
président du Conseil Constitutionnel de se rendre à Addis-Abeba
pour un sommet du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, le 10
mars. Le Président Gbagbo y a envoyé l'ancien Premier Ministre
Affi N'Guessan, président du FPI et son Ministre des Affaires
Etrangères, Alcide Djédjé, pour le représenter.
Ouattara a, pour la première fois depuis la fin du mois de novembre
2010, quitté l'Hôtel du Golf. Ce 9 mars, le président
Gbagbo a interdit le survol de l'espace ivoirien à l'ONUCI et à
la Force française Licorne.
Depuis l'Hôtel du Golf, où il s'est établi
à la fin du mois de novembre 2010, Alassane Ouattara n'a pratiquement
pas de prise sur les réalités du pays. Les ambassadeurs
nommés par lui, règnent sur des ambassades fantômes
à l'image d'Ally Coulibaly à Paris qui bénéficie
pourtant d'un soutien inconditionnel, tant politique que médiatique, de
Nicolas Sarkozy
B- Au point de vue socio économique et
culturel
L'économie de la Côte d'Ivoire repose
essentiellement sur l'agriculture. Premier producteur mondial de cacao et
cinquième producteur mondial de café, la Côte d'Ivoire a
longtemps souffert des cours sur le marché mondial de ces produits
hautement spéculatifs et a été contrainte a s'endetter
lourdement, même si des programmes de diversification de cultures
pérennes industrielles (hévéas, palmier à huile,
anacarde) ont été initiées. La hausse importante des cours
de café et du cacao en 1994 et la dévaluation du franc CFA en
janvier de la même année avait permis à la Côte
d'Ivoire de renouer avec la croissance. En 1999, le produit intérieur
brut était de 6 833 milliards de francs CFA et le service de la dette
représentait 10 % du PIB. Le taux de croissance économique
était de 4,7 % pour l'année 1999 avec un taux d'inflation
égal à 0,8 % contre 2,8 % en 1998 et 5,2 % en 1997. Cette
embellie économique a été de courte durée car
dès 2000 l'économie s'effondre à nouveau. Le coup d'Etat
survenu le 24 décembre 1999 va priver la Côte d'Ivoire de
financement extérieur et engendrer un marasme économique avec un
taux de croissance négatif de - 2 % en 2000. De janvier 2000 à
septembre 2002, la situation économique a connu une légère
amélioration mais la crise sociopolitique que connaît le pays
depuis le 19 septembre 2002 marquée par une rébellion
armée, a entraîné une dégradation de
l'économie (croissance à - 2 %). L'Indice de Développement
Humain (IDH) estimé à 0,396 en 2001, classe le pays au
161ème rang sur 175.
De plus, avec les ingérences et les pressions
diplomatiques extérieures, une première série de sanctions
a été prise par le Conseil européen dès le 22
décembre 2010. Elles ont été renforcées et
élargies, le 14 janvier 2011, à l'encontre de quatre vingt cinq
personnalités du monde politique, juridique, économique et
médiatique restées fidèles au président Gbagbo.
Dans le but d'asphyxier l'économie du pays, mais par là
même de s'en prendre à l'ensemble des populations vivant en
Côte d'Ivoire, onze entités économiques ont
été l'objet de sanctions de l'UE. Qu'on en juge ! Ce sont les
ports d'Abidjan et de San Pedro, la Petroci et la SIR dans le domaine de
l'approvisionnement en énergie, la Société de gestion du
patrimoine de l'électricité, les banques nationales ivoiriennes
(Banque nationale d'investissement (BNI), Banque pour le Financement de
l'Agriculture (BFA) et Versus Bank), le Comité de gestion de la
filière café et cacao, l'Association des producteurs de
caoutchouc et enfin, la Radio diffusion Télévision Ivoirienne
(RTI) ! Cette forme de blocus européen, tout à fait inédit
pour réagir à un contentieux électoral en Afrique, a
aujourd'hui des effets scandaleux sur la vie des populations, en passe
d'être privées de médicaments après
l'épuisement des stocks.
Alassane Ouattara a pu compter sur l'appui des chefs d'Etat de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Depuis leur
sommet du 22 janvier 2011, réuni à Bamako, la BCEAO ne
reconnaît plus la signature du président Gbagbo. Uniquement
préoccupé par l'asphyxie économique de la Côte
d'Ivoire pour faire chuter Laurent Gbagbo, quelles qu'en soient les
conséquences pour le peuple ivoirien, Alassane Ouattara a
annoncé, le 24 janvier, l'interdiction de toute exportation de cacao
pour un mois ; interdiction prolongée jusqu'au 15 mars. Cela a eu pour
effet de mécontenter les planteurs, mais aussi de satisfaire les
spéculateurs qui ont pu profiter d'un regain des cours du produit. Dans
le même temps, le trafic du cacao, depuis la région de Vavoua vers
Ouagadougou, au Burkina et le port de Lomé, au Togo, se poursuit au plus
grand profit des anciens dignitaires de la rébellion du nord sans que
l'UE n'y trouve à redire malgré ses mesures d'embargo.
Chapitre II : Les conséquences de la crise
en Cote d'Ivoire
Section 1 : Les conséquences politiques
Les mêmes causes produisent toujours les mêmes
effets. C'est le cas des questions politiques négligées ou encore
mises à males par certains autres hommes politiques qui ont
entrainées la Cote d'Ivoire dans un chaos. Et les conséquences
politiques observées mettent le peuple à genoux. Enumérons
certaines :
Paragraphe 1 : Les conséquences politiques au
plan interne
Aux événements survenus après le coup
d'état manqué de 2000, les différents acteurs politiques
se sont enlisés dans un massacre mettant sur scène des soldats
de l'armée ivoirienne contre des factions de la rébellion et
d'autres politiques responsables de beaucoup de représailles en cote
d'ivoire. Le déroulement de manifestations donne lieu forcement à
des conséquences politiques très importantes liées aux
périodes de la crise de 2002-2004 et de 2010-2011.
A- Les conséquences politiques des crises de 2002
et 2004
La rébellion de 2002 en Côte d'Ivoire a
divisé le pays en deux parties, avec le nord contrôlé par
les rebelles des Forces Nouvelles, qui ont soutenu Alassane Ouattara et le sud
aux mains du gouvernement dirigé par Laurent Gbagbo. Dès lors, la
Côte d'Ivoire a eu deux gouvernements, deux administrations, deux
armées, et deux leaders «nationaux».
De cette rébellion, la suite des
événements qui ont suivi n'ont fait que présager des
exactions de lourdes conséquences parmi lesquelles nous pouvons
mentionner la mort de certains politiciens.
Le 20 septembre 2002, Aboubacar Dosso, aide de camp d'Alassane
Dramane Ouattara, a été abattu à Abidjan par des individus
non identifiés en tenues militaires.
Le 11 octobre 2002, le nommé Adama Cissé,
responsable RDR de M'bahiakro, a été arrêté par des
gendarmes et serait décédé le jour suivant de suite de
blessures subies pendant sa détention.
Le 18 octobre 2002, Coulibaly Lanzeni et Coulibaly Seydou,
deux membres de la famille du Secrétaire Général du RDR,
Amadou Gon Coulibaly, ont été abattus au cimetière de
Williamsville par des membres des forces de l'ordre.
Le 25 octobre 2002, le colonel Ouatara Oyenan a
été exécuté car soupçonné de soutenir
la rébellion.
Le 2 novembre 2002 vers 14h30, Téhé Emile,
président du Mouvement Populaire Indépendant, un parti politique
proche du RDR, a été enlevé de son domicile par des
individus habillés en treillis militaires et fortement armés. Son
corps a été retrouvé criblé de balles sur
l'autoroute du nord, à la hauteur de Banco.
Le 2 février 2003, des individus en treillis militaires
seraient arrivés au domicile de Camara Yerefin situé à
Yopougon Sideci. La victime, un artiste populaire connu sous l'appellation de
«H», a été enlevée et abattue.
Le mercredi 23 juin 2004, Dodo Habib, Secrétaire
Général de la Jeunesse Communiste de Côte d'Ivoire (JCOCI),
a été enlevé au domicile de Monsieur Ekissi Achi, leader
du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire, situé
à Yopougon Kotibet et assassiné par des présumés
membres de la Fédération Estudiantine de Côte d'Ivoire
(FESCI).
Cette liste de cas d'exécution sommaires d'individus
pour des raisons politiques est loin d'être exhaustive et est simplement
donnée à titre d'illustration.
Il est très complexe d'établir un bilan complet
des affrontements, compte tenu surtout de la difficulté de
vérifier l'authenticité des sources et la véracité
des informations diffusées par les deux parties. Les estimations
publiées font état d'un nombre de victimes qui oscille entre
1.000 et 2.000, tous bords confondus, même si dans la
réalité ces chiffres pourraient bien être des
approximations par défaut.
L'ampleur de la crise que la Côte-d'Ivoire a
traversée se mesure également par le nombre de personnes
déplacées ; selon les données, le nombre d'individus ayant
fui s'élèverait à un total d'au moins 1.300.000. Les
communautés les plus touchées sont celles d'origine
étrangère, bien qu'un grand nombre d'Ivoiriens ait
également dû abandonner les régions où les
affrontements armés ont eu lieu. Parmi ces populations figurent aussi
plusieurs centaines d'habitants d'Abidjan dépossédés de
leurs logements suite à l'ordre du gouvernement de détruire
certains quartiers précaires. Annoncée le 5 octobre 2002, cette
mesure s'imposait selon le gouvernement afin de sécuriser les quartiers
proches des camps militaires d'Abidjan, où des rebelles auraient
trouvé refuge et caché des armes.
B- Les conséquences politiques de la crise post
électorale de 2010 - 2011
Après la proclamation des résultats du second
tour de l'élection
présidentielle
de novembre 2010 en Côte d'Ivoire, les conséquences de la crise
postélectorale ont des impacts néfastes. Des exactions sont
commises à Abidjan et à l'Ouest du pays par les partisans des
deux camps.
Depuis le 12 janvier 2011 et jusqu'à fin mars 2011, des
affrontements ont lieu à
Abidjan. Ces affrontements
opposent le "Commando Invisible", commandé par
Ibrahim Coulibaly
dit "IB", aux troupes loyales à Laurent Gbagbo. Ces affrontements ont
lieu principalement à
Abobo, un quartier ayant
majoritairement voté pour Ouattara durant l'élection
présidentielle. Mais des affrontements ont lieu aussi à
Adjamé, au nord
d'Abidjan, à
Yopougon, à
Koumassi ou à
Treichville.
Le 6 mars après des combats, les
Forces
Nouvelles, pro-Ouattara, prennent Toulépleu à des miliciens
et des mercenaires libériens qui avaient attaqués leurs
positions.
Le 13 mars,
Doké est
contrôlé par les Forces nouvelles.
Le 21 mars, c'est
Bloléquin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_ivoirienne_de_2010-2011
- cite_note-47 après la création des
Forces
Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI).
Le 28 mars, c'est la ville de
Duékoué
qui tombe, ce qui permet aux FRCI d'avoir accès aux routes vers le
port de
San-Pedro et la capitale politique
Yamoussoukro.
Le 28 mars, parallèlement à l'offensive sur
Duékoué, les FRCI attaquent à
Daloa, dans le centre-ouest et
à
Bondoukou à l'est
http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_ivoirienne_de_2010-2011
- cite_note-50, qu'ils contrôlent le 29 mars.
Le 30 mars, les troupes pro-Ouattara prennent
Soubré,
Tiébissou,
Gagnoa,
Guibéroua,
Bocanda,
San-Pédro et
entrent dans Yamoussoukro.
Le 31 mars, la capitale économique
Abidjan est totalement
encerclée par les forces pro-Ouattara. En quelques heures,
l'armée, la gendarmerie et la police font défection, à
l'instar du chef d'état-major, le Général
Philippe Mangou qui
se réfugie à l'ambassade d'
Afrique du Sud avec
sa famille. Tandis que les FRCI investissent la ville, le peu de troupes
restées fidèles à Gbagbo, se redéployent notamment
autour du palais présidentiel aux Plateaux et de la résidence
présidentielle à Cocody.
Le même jour, des colonnes de soldats FRCI
équipés de
véhicules
"tout-terrain" entrent dans Abidjan. D'autre parmi eux ont pour mission de
rejoindre l'Hôtel du Golf pour y assurée une meilleur
sécurité de ses occupants. Ouattara déclare un couvre-feu
de trois jours. L'ONUCI prend le contrôle de l'aéroport suite au
départ des forces de défense et de sécurité
ivoiriennes. C'est le début de la bataille.
À ce stade de la bataille, sur les dix communes
d'Abidjan, six sont sous le contrôle des FRCI et trois aux mains des
forces pro-Gbagbo (Cocody, Plateaux et Yopougon sont les lieux principaux de la
bataille). La commune d'Abobo est aussi restée sous contrôle du
Commando invisible malgré les combats.
Le
11
avril
2011, après dix jours
d'intenses combats et une attaque contre l'Hôtel du Golf par des
pro-Gbagbo repoussée par les FRCI, l'assaut est finalement donné
contre le palais présidentiel. Laurent Gbagbo est fait prisonnier en
compagnie de son épouse
Simone par les forces
d'Alassane Ouattara, soutenues indirectement par l'
ONUCI
et la
Force Licorne
par l'application de la résolution 1975 du Conseil de
sécurité. Ils ont été depuis placés en
résidence surveillée dans le nord du pays et
Odienné.
Le chef du Front Populaire Ivoirien (parti fondé par le
Président Laurent Gbagbo) a été enlevé à
l'hôtel Pergola, par des éléments de l'ONUCI et des FRCI
(forces loyales à Ouattara), après avoir été
empêché de lire une déclaration de son parti sur
l'actualité politique devant la presse. Plusieurs sources concordantes
ont rapporté qu'il serait « détenu » à
l'hôtel du Golf, QG d'Alassane Ouattara.
Selon une source présente au sein de l'hôtel,
censée être protégée par l'ONUCI et les FRCI,
ceux-ci auraient « fait irruption dans la suite de Madame la Ministre
Danielle Boni Claverie (nationalité ivoirienne et française)
où devait se tenir ladite conférence de presse, et emporté
manu militari le matériel de France 24 et de RFI, sous le
prétexte qu'il fallait une autorisation avant de tenir la
conférence en question.»
« Les personnalités de LMP (La Majorité
Présidentielle, coalition politique qui a soutenu la
réélection du Président Gbagbo) qui se trouvent en ce
moment à l'hôtel La Pergola ne sont pas libres de leurs mouvements
et de leurs actions politiques. Les communications téléphoniques
y sont interdites».
Plusieurs personnalités dont le Ministre Tagro ont
été assassinées suite à la capture du
Président ivoirien Laurent Gbagbo par la coalition armée
Licorne-ONUCI-FRCI qui soutient Ouattara. D'autres sont portées
disparues, enlevées par les hommes de Ouattara. Des pillages et
incendies de domiciles de proches du Président Gbagbo ont aussi
été signalés.
Toutes ces violations des droits de l'homme s'ajoutent
à celles déjà signalées à l'intérieur
du pays, notamment à l'Ouest où près d'un millier, selon
les organisations internationales, de personnes ont été
systématiquement tuées par les FRCI.
Presque deux semaines après les douloureux
événements du 11 avril 2011, la situation sociopolitique reste
marquée par la persistance de l'insécurité et des
atteintes aux libertés et aux droits de la personne humaine.
En l'absence des forces régulières de police et
de gendarmerie, des combattants armés continuent de sévir dans
les différents quartiers d'Abidjan et à l'intérieur du
pays. Chaque jour, il est fait écho d'arrestations arbitraires et de
détentions abusives sous le prétexte de la recherche de caches
d'armes. Les violations de domiciles sont monnaies courantes et les actes de
pillages continuent. Pour échapper aux exactions, voir à la mort,
les cadres, militants et sympathisants du FPI et de LMP vivent dans la
clandestinité, la peur et la précarité,
séparés de leurs familles, femmes et enfants.
Le sentiment d'insécurité est renforcé
à Abidjan en particulier par la poursuite des combats, notamment
à Yopougon et à Abobo où entre groupes
d'auto-défense, Forces Républicaines de Côte d'Ivoire
(FRCI) et partisans d'Ibrahim Coulibaly, on ne sait plus qui attaque qui. Le
tout est que les populations fuient les quartiers, abandonnant leurs domiciles
aux pilleurs. Ces pillages sont d'une telle ampleur et si systématiques
qu'ils apparaissent comme une dimension du plan de conquête d'Abidjan.
Dans ce contexte de violence, l'Etat de droit et les
libertés sont étouffés. L'arbitraire règne en
maître. Les acquis démocratiques de la longue lutte du FPI sont
aujourd'hui menacés.
"Notre Voie", le quotidien du FPI ne peut paraître ; les
bureaux ont été saccagés, le matériel informatique
et technique emporté et l'imprimerie d'un coût de près de
cinq cent millions (500 000 000) FCFA incendiée. L'opposition est
réduite au silence.
C'est le règne de la pensée unique dans
l'audiovisuelle comme dans la presse écrite et une ambiance de dictature
s'installe progressivement sur le pays. Elle alimente la peur et la
méfiance des uns. Elle encourage les actes d'agression et d'humiliation
perpétrés par les autres. Le pays est divisé : entre les
vainqueurs du 11 avril et les autres.
Ce conflit a entraîné le déplacement de
près d'un million de personnes. La destination de ces personnes est le
Libéria, le
Ghana, la
Guinée, le
Togo, le
Mali, le
Nigéria, le
Niger, le
Bénin et le
Burkina Faso.
Paragraphe 2 : Les conséquences politiques au
plan international
On peut, dans la mesure du possible, dire que les principales
crises qui ont marqué la cote d'ivoire sont celles de la guerre civile
et celle de la crise postélectorale de 2010-2011. Et en outre, ces
guerres, bien qu'internes, ont causé chacune, de lourdes
conséquences à l'international.
A- Les conséquences internationales de la guerre
civile
Le
6 novembre, l'aviation
ivoirienne bombarde la base française de Bouaké faisant 09 morts
et 37 blessés parmi les soldats français et un civil
américain appartenant à une
ONG.
Les forces françaises ripostent en détruisant les deux
Sukhoï ainsi que
trois
Mil Mi-24 et un
Mil Mi-8 postés sur
la base de
Yamoussoukro, quinze
minutes après l'attaque.
Jacques Chirac,
ancien président français, donne l'ordre de riposter en
détruisant également tous les moyens aériens militaires
ivoiriens. Cette action a pour objectif d'empêcher toute nouvelle attaque
des FANCI contre les rebelles, contraire aux Accords de Marcoussis et
également d'empêcher toute nouvelle attaque contre les positions
françaises.
Une heure après l'attaque sur le camp des forces
françaises, des combats éclatent entre les militaires
français et ivoiriens pour le contrôle de l'aéroport d'
Abidjan, essentiel pour la
France de manière à établir un
pont
aérien.
L'ONU a adopté à l'unanimité
la
résolution 1572 qui prévoit un embargo sur les armes et un
gel des avoirs et des interdictions de voyager des individus qui entravent
l'application des
Accords de
Linas-Marcoussis et
d'Accra
III, les responsables de violations graves des droits de l'homme et du
droit international humanitaire en Côte d'Ivoire, les personnes qui
incitent publiquement à la haine et à la violence et les
personnes violant l'embargo sur les armes.
Le Président en exercice de l'Union Africaine, le
médiateur de cette même Union pour la crise ivoirienne et le
Président en exercice de la CEDEAO viennent de réussir une
première mondiale : mettre sous tutelle un pays membre de l'Organisation
des Nations Unies en violation flagrante de la charte de cette même
organisation qui dispose en son chapitre XII, dans l'exposé du
Régime International de Tutelle que « le régime de tutelle
ne s'appliquera pas aux pays devenus membres des Nations Unies, les relations
entre celles-ci devant être fondées sur le respect du principe de
l'égalité souveraine » (article 78).
La Côte d'Ivoire, par la série des
résolutions prises à son sujet par le Conseil de
Sécurité de l'ONU, arrive au terme d'une longue marche faite de
sang et de douleurs à être mise sous tutelle de la France par
l'ONU. Comme la Côte d'Ivoire n'est pas autonome et qu'au titre de la
charte c'est à la France, puissance métropolitaine d'en
être responsable, elle se retrouve mise sous tutelle. Mais contrairement
à ce que dit la Charte, la tutelle n'est pas exercée par les
Nations Unies mais directement par la France. Toutes les résolutions au
sujet de la Côte d'Ivoire ont été proposées par la
France. Au total, quatorze résolutions entre février 2003 et
décembre 2005.
B- Les conséquences internationales de la crise
postélectorale
Sur le plan politique, la Côte d'Ivoire est aujourd'hui
isolée sur la scène internationale.
Aux sanctions de la Communauté Internationale, les
chefs d'Etat de la CEDEAO ont aussi décidé d'utiliser les grands
moyens comme sanctions graduelles afin de faire capituler le président
sortant, Laurent Gbagbo et de le pousser à céder le pouvoir
à Alassane Ouattara. Et c'est au cours du sommet extraordinaire sur la
Côte d'Ivoire de l'organisation sous-régionale qui s'est tenue le
24 Décembre 2010, à Abuja au Nigéria, que ces sanctions
ont été prises.
D'ailleurs les chefs d'Etats ont déjà suspendu
la Côte d'Ivoire de ses rangs, tout en demandant au président
sortant Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir.
Il s'agit donc pour la CEDEAO d'augmenter le nombre de ses
hommes dans cette mission. Selon Radio France Internationale (RFI), ces
renforts seraient pré-positionnés au Ghana. Leur mission,
précise-t-on, n'est pas de renverser Laurent Gbagbo, mais de le
dissuader d'utiliser la force.
Bien que les chefs d'Etat de la région assurent que
l'usage de la force ne sera pas nécessaire, l'ancien premier Ministre de
Gbagbo, lui, demande de déloger avec l'usage de la force.
Il est tout de même indispensable de constater que la
division d'opinion au sein des partisans du conseil de sécurité
de l'ONU et de l'Union Africaine suscite des critiques face à la
situation.
Des critiques qui sont relayées implicitement dans
l'opinion publique internationale par des pays comme la Russie. Selon le
président russe, «l'ONU devrait servir de médiateur entre
les deux parties et en aucune circonstance aider une des parties, notamment le
camp Ouattara».
Quelques jours auparavant, le ministère russe des
Affaires Etrangères avait déclaré que la Force Licorne et
l'ONUCI s'étaient ingérées dans un conflit interne en
Côte d'Ivoire en apportant leur soutien aux troupes d'Alassane Ouattara.
Pour tout, le délit est que les exactions commises par
ces mêmes dirigeants ont été suivies par plusieurs des
membres permanents du conseil de sécurité de l'Union Africaine
qui, pour eux, n'a attiré qu'un souci de division.
Le Gabonais Jean Ping, président de la Commission de
l'Union Africaine, après sa sortie d'audience avec le président
Gbagbo a donné sa position suite aux événements :
«L'Union Africaine n'a jamais demandé le départ du
président Gbagbo. Avec tout le respect et toute la considération
que nous avons pour la presse, nous n'avons pas de déclaration à
faire. Nous sommes venus travailler».
Une déclaration d'autant plus étonnante que le
président Sarkozy fait savoir à qui veut l'entendre qu'il a
même le soutien de l'UA et de la CEDEAO, d'après une source de
media étrangers et de RFI.
On le voit bien, il y a un véritable malaise et une
absence véritable de consensus sur le cas ivoirien contrairement
à ce que présentent les médias français. C'est
justement ce qui agace le président de la Commission de l'UA.
En effet «très agacé par les pressions et
ingérences extérieures aveugles» dans les affaires
ivoiriennes, il se serait offusqué surtout de la cabale contre Thabo
Mbeki, soulignant qu'à cette allure, l'UA n'aurait plus de
médiateur nulle part, si l'organisation panafricaine devait envoyer sur
le terrain, chaque fois, des ennemis d'un des camps en conflit. On peut le dire
sans risque de se tromper que le dossier ivoirien gêne beaucoup.
Plusieurs leaders de la Communauté CEDEAO se sont
prononcés en demandant au
président
sortant, Laurent Gbagbo, de céder le pouvoir.
A ce niveau, l'Union Européenne, qui a maintes fois
participé à des
négociations
avec le
Président
sortant, a décidé le 20 décembre 2010 que Laurent Gbagbo
sera soumis à une interdiction de visa.
Les
Etats-Unis
ont eux aussi utilisé les mêmes moyens de coercition avec Gbagbo.
Cette sanction est aussi valable pour 18 de ses alliés et conseillers.
La sanction a été adoptée 48 heures après
l'accord.
En matière de pertes en vies humaines, la Commission
des droits de l'homme des Nations Unies évalue à la mi-janvier
2011, le nombre de morts à au moins 247 personnes, soit une augmentation
de 37 personnes mortes par rapport à la semaine
précédente. La commission recense par la même occasion 49
disparus depuis le début des manifestations postélectorales.
Section 2 : Les conséquences
socioéconomiques
Faire le bilan des crises sociopolitiques consenties
jusqu'aujourd'hui c'est dresser l'état des lieux. Les
dégâts en sont récurrents sur plusieurs plans: sur le plan
social et sur le plan économique.
Paragraphe 1 : les conséquences sociales
Les conséquences au plan social sont de multiples
catégories parmi les quelles nous notons l'éducation et la
santé :
A- Sur le plan éducatif
En Côte d'Ivoire, au plus fort de la crise de novembre
2004, les « jeunes patriotes », miliciens pro-gouvernementaux ont
pillé et incendié, à Abidjan et en d'autres villes du Sud,
des lycées et des écoles françaises. Etait-ce pour en
finir avec les intérêts et les symboles français en
Côte d'Ivoire, au nom d'une dénonciation d'un impérialisme
culturel ? Ne peut-on pas déceler dans ces destructions un signe de
désaccord profond que des cadets sociaux envoient en réaction
à l'extraversion de l'élite scolaire ivoirienne et binationale
?
Au point de vue national tout comme à l'international,
la mesure de l'impact quantitatif du conflit ivoirien sur la scolarisation au
Burkina Faso nécessiterait de connaître avec précision la
situation scolaire des rapatriés au départ (en Côte
d'Ivoire) et à leur arrivée au Burkina Faso pour une date
donnée ; cela en fonction de l'âge et si possible du sexe. Par
rapport à leur situation initiale, on pourrait alors saisir l'effectif
:
- des élèves et étudiants
rapatriés, à nouveau scolarisés, par niveau d'enseignement
;
- des élèves et étudiants
rapatriés, n'étant plus scolarisés, par niveau
d'enseignement ;
- des enfants rapatriés qui n'étaient pas
scolarisés, mais sont scolarisables au primaire (5-9 ans).
Une première difficulté réside dans la
connaissance des populations scolarisables. Les groupes d'âges retenus
(0-4 ; 5-9 ; 10-14 ; 15-19 ; etc.) ne permettent pas d'identifier clairement
les populations scolarisables pour les niveaux d'enseignement primaire et
secondaire (7-12 ans pour le primaire ; 13-19 ans pour le secondaire).
Tableau 1 : Estimation des populations
scolarisables au primaire et au secondaire
Groupe d'âges
|
Effectifs
|
% du total
|
Recensement de 1996
|
5-9 ans
|
17 078
|
12,7 %
|
18,1 %
|
10-14 ans
|
8 201
|
6,1 %
|
13,3 %
|
15-19 ans
|
9 394
|
7,0 %
|
10,1 %
|
Total
|
34 673
|
25,8 %
|
41,5 %
|
(Sources : Yaro et al., 2005)
En faisant l'hypothèse que la structure par âge
des rapatriés convoyés officiellement est à peu
près la même que celle des autres, on arriverait alors à
une estimation globale d'environ 40 000 enfants rapatriés
âgés de 7-12 ans, et 31 300 enfants rapatriés
âgés de 13-19 ans, en rapport avec l'effectif total de 365 979
rapatriés totalisés au 31 décembre 2003.
Ces estimations ne sont que très approximatives, elles
restent évidemment très hasardeuses en regard des incertitudes
qui pèsent sur l'effectif réel des rapatriés, d'une part
à cette date du 31 décembre 2003, mais aussi sur son
évolution. On ne peut dire aujourd'hui combien d'enfants «
scolarisables » seraient retournés en Côte d'Ivoire, ni
combien d'autres seraient en revanche venus.
Pour les années scolaires 2002/03 et 2003/04, à
la demande d'un comité interministériel, les deux
ministères de l'éducation, le Ministère de l'Enseignement
de Base et de l'Alphabétisation (MEBA) et le Ministère des
Enseignements Secondaire et Supérieur et de la Recherche Scientifique
(MESSRS), ont recensé via leurs structures déconcentrées
les effectifs des « rapatriés » scolarisés venus de
Côte d'Ivoire. Une synthèse de ces chiffres a été
réalisée par le CONASUR
Tableau 2 : Effectifs des «
rapatriés » scolarisés, selon le niveau d'enseignement,
année scolaire 2002-2003 et 2003-2004
Niveau d'enseignement
|
2002/03
|
2003/04
|
MEBA /
MESSRS
|
CONASUR
|
MEBA /
MESSRS
|
CONASUR
|
Primaire
|
3 678
|
14 914
|
Secondaire général
Secondaire technique
Supérieur
|
1 214
70
781
|
349
9
|
1 496
|
2 255
12
|
(Sources : Yaro et al., 2006)
Par ailleurs, le tableau de synthèse fourni par le
CONASUR ne donne pas de chiffres pour l'enseignement secondaire technique.
Selon les statistiques du MESSRS, en 2002-03, 70 enfants «
rapatriés » étaient scolarisés dans ce type
d'enseignement ; mais aucun au vu des tableaux relatifs à l'année
2003-04. Il demeure impossible d'apprécier le niveau de scolarisation
parmi les « rapatriés », et encore moins comment celui-ci
évolue ; et fait évidemment défaut un suivi statistique
des élèves et étudiants venus de Côte d'Ivoire
depuis 2002, s'accompagnant d'une méconnaissance de leurs
caractéristiques sociodémographiques et économiques.
On peut juste fournir quelques indications, à partir
de documents récoltés sur le terrain, sans valeur
représentative. Ainsi, au Burkina Faso, d'après les
données contenues dans une note du Président de la Commission
Accueil et hébergement de la COPROSUR du Houet, relative à «
la situation des « rapatriés » du début de
l'opération au 30 septembre 2003 », sur un total de 8 440 «
enfants » recensés, 40% étaient déclarés
scolarisés.
Par ailleurs, le conflit ivoirien a nécessairement eu
un impact négatif sur les revenus de la migration, et donc très
probablement aussi sur la scolarisation d'enfants burkinabé,
restés au pays, et qui dépendait de ces envois de fonds par les
migrants.
Selon une récente étude sur les transferts de
fonds des émigrés burkinabé, les frais de scolarité
figurent parmi les dépenses les plus couramment citées, mais sans
indication plus précise ; mais les envois de fonds par les migrants
depuis la Côte d'Ivoire seraient passés d'environ 50 milliards de
francs CFA en 1998 à 27,5 milliards en 2001 (Ouédraogo, 2005) et
on peut logiquement penser que la situation s'est encore dégradée
depuis les événements de 2002.
L'enquête sur les conditions de vie des ménages
réalisée en 2003 (INSD, 2003), à travers un module
consacré à l'impact de la crise ivoirienne au cours des douze
derniers mois, révèle ainsi que 85 % des ménages qui
bénéficiaient de transferts d'argent ont déclaré
une diminution de ceux-ci, et 70 % ne plus rien recevoir du tout. Tandis que
6,1 % des ménages utilisaient habituellement les fonds reçus pour
la scolarisation de leurs enfants, 8,5 % ont déclaré des
arrêts de scolarisation comme conséquence de la crise ivoirienne ;
à noter que l'impact serait plus marqué en ville, avec un
pourcentage double de celui relatifs aux ménages ruraux : 15 % contre
7,1 %. Et l'impact serait très variable selon les régions (de
moins de 1 % à plus de 10 % dans cinq des treize Régions, avec
15,7 % dans le Nord).
B- Sur le plan sanitaire
La situation sanitaire de la Côte d'Ivoire est une
situation préoccupante au point de vu spécifiquement national.
En effet, les événements de la crise du 19 septembre 2002
jusqu'au lendemain de la crise postélectorale 2010-2011,
résultent des violations des textes constitutionnels par certains
acteurs politiques et qui parfois conduisent les populations à des
affrontements aux conséquences lourdes sur plusieurs plans. A cet
effet, Cette partie de l'étude sera consacrée à l'analyse
des conséquences de la crise sur le système de santé.
La partition de facto du pays avec la moitié nord et
l'ouest montagneux sous le contrôle des forces rebelles a des
répercussions au plan sanitaire et humanitaire du fait des
déplacements massifs de populations, de l'interruption des programmes de
santé prioritaires et des dysfonctionnements du système de
santé dans les zones assiégées. Outre ces
conséquences au plan humanitaire, cette guerre a réduit à
néant les efforts consentis par les autorités ivoiriennes depuis
un bon nombre d'années afin d'améliorer la qualité de
l'offre des soins et renforcer le système de santé.
Avec la guerre et son cortège de morts et de
déplacés, les problèmes de gestion des ordures se sont
accrus dans les zones de combats où de nombreux cadavres ont
jonché les rues des villes pendant plusieurs jours avant que certaines
organisations humanitaires comme la Croix-Rouge n'interviennent pour les
enlever. Du fait du déficit d'hygiène, de l'assainissement
insuffisant du cadre de vie et de la précarité des conditions de
vie, les risques d'épidémies de maladies diarrhéiques et
notamment du choléra ont vu le jour.
Les différents dysfonctionnements du système de
santé ont évalué l'état de santé des
populations victimes de cette guerre.
a- Dysfonctionnements structurels
Cette situation de crise a eu pour effet d'affaiblir la
coordination entre certaines structures du ministère de la Santé.
A titre d'exemple il n'existe pas de cadre d'échange entre le SIG,
chargé de la collecte et l'analyse de l'information sanitaire, et le
service de la surveillance épidémiologique de l'INHP qui assure
la collecte hebdomadaire des données épidémiologiques
relatives à la surveillance des maladies à potentiel
épidémique. En conséquence, l'INHP dispose d'informations
dont le SIG a besoin mais qu'il n'a pas.
b- Dysfonctionnements
opérationnels
Depuis le début de la guerre, la gestion de l'urgence
au plan sanitaire et humanitaire a cessé de fonctionner. La situation de
crise a provoqué l'interruption d'importants programmes
d'activités. Ainsi l'opération pilote de gestion
décentralisée basée sur la performance mise en place par
le PDSSI est en souffrance du fait que deux districts pilotes
(Duékoué et Guiglo) sont dans la région de l'Ouest qui est
assiégée. Et le SIG qui avait prévu de former l'ensemble
des acteurs du système de santé des districts à la gestion
de l'information sanitaire n'a pu le faire.
Il est vrai que le bilan des dégâts est loin
d'être exhaustif mais, nous avons pu énumérer certains
parmi lesquels nous enregistrons 36 véhicules de liaison y compris
les véhicules de supervision des districts de santé, 14
ambulances, 22 motos, 20 ordinateurs, 4 imprimantes, 1 scanner, 1
photocopieuse, 11 congélateurs, 10 réfrigérateurs.
Au delà du matériel informatique perdu c'est
aussi et surtout d'importantes données sanitaires collectées
pendant de nombreuses années qui sont perdues.
Selon la Direction des Ressources Humaines (DRH) du
Ministère chargé de la Santé, environ 2000 agents de
santé, toutes catégories professionnelles confondues,
étaient en service dans les zones sous contrôle des rebelles. A la
date du 31 décembre 2002, 86,6% de ces agents ont quitté leurs
postes pour rejoindre Abidjan.
Le nombre de ces agents déplacés est
probablement plus élevé quand on sait que tous les agents de
santé n'ont pas rejoint Abidjan et que certains agents de santé
seraient au nombre des ivoiriens réfugiés dans les pays voisins
notamment au Mali et au Ghana.
Avec la fuite de ces agents de santé et la fermeture de
la plupart des structures de santé dans les zones occupées, la
couverture sanitaire de ces zones a fortement baissé
D'abord dans le secteur publique, la Pharmacie de la
Santé Publique (PSP) avait été contrainte de suspendre
pendant deux semaines ses activités d'approvisionnement en
médicaments des structures de santé de l'intérieur du pays
excepté pour les districts de Daoukro et de Yamoussoukro alors que les
structures d'Abidjan étaient régulièrement
approvisionnées.
En suite, le secteur privé n'est pas
épargné par les méfaits de la guerre. Selon le syndicat
des pharmaciens privés, plus de 150 pharmacies se trouvent en zone
assiégée. La plupart de ces pharmacies sont fermées ou ont
été pillées.
Dans les zones assiégées, l'accessibilité
aux structures de santé a été fortement réduite.
Cette situation résulte de plusieurs facteurs : d'une part en raison du
couvre feu qui prend effet à partir de 18 heures et d'autre part du fait
que peu de véhicules assurent le transport à cause de
l'insécurité.
Et enfin dans les zones libres, les situations d'urgence en
période de couvre-feu ne peuvent être résolues que sur
intervention des Sapeurs Pompiers, Militaires ou du SAMU. Mais ce
mécanisme ne profite qu'aux citadins disposant de
téléphone.
En somme, l'arrêt des activités de
prévention et de prise en charge des cas de maladies dans les zones
assiégées : Il s'agit essentiellement des programmes :
PALUDISME, PEV, VIH/SIDA, TUBERCULOSE; VER DE GUINEE, LEPRE
...etc ; le ralentissement des activités de prévention dans
les zones non assiégées : le flux de population a
entraîné un engorgement des structures sanitaires qui ne sont plus
en mesure d'assurer la prévention, la baisse de la qualité de la
prise en charge des malades en particulier dans les zones non
assiégées du fait du dépassement de la capacité
d'accueil des structures, l'inaccessibilité aux médicaments, aux
produits sanguins sains, aux moustiquaires imprégnées,
l'impossibilité de renforcer les capacités des agents de
santé et des structures sanitaires dans les zones
assiégées conformément aux objectifs fixés par les
programmes (paludisme, santé de la reproduction, tuberculose,
lèpre,..)
Bref, tous ces déséquilibres ont entrainé
la recrudescence de plusieurs anomalies dans le système sanitaire
ivoirien.
Pour la période postélectorale 2010-2011, une
équipe d'experts s'est rendue dans l'ouest de la Côte d'Ivoire
dans le but de recenser les besoins sanitaires induits par la crise
postélectorale qu'a connue le pays durant ces derniers mois.
En effet l'organisation mondiale de la santé,
déclarait dans un communiqué que la région du Moyen
Cavally est l'une des plus touchées avec seulement 10 centres de
Santé sur 44 qui fonctionnent et fournissent des services
limités. Le pays ayant connu une situation politique chaotique
entrainant une mutinerie, certains hôpitaux ont mis la clef sous la porte
et ce qui a pour conséquence évidemment le manque d'assistance
sanitaire en cas de besoin. Dans ce communiqué l'OMS affirme que
« tous les chirurgiens et gynécologues ont fui, ainsi que la
plupart des médecins généralistes et des infirmiers
spécialisés ».
Pour le porte-parole de l'OMS, Tarik Jasarevic, toutes les
structures de Santé des districts de Touslepleu et Blolequin ont
été détruites et pillées, sans oublier que ceux qui
sont restés n'ont pas été payés depuis 3mois. Cette
situation est devenue d'autant plus préoccupante quand on sait que le
traitement de patients nécessitant une chirurgie est devenu difficile
car deux hôpitaux de district sur quatre restent fermés et les
deux autres ont une capacité insuffisante et manquent d'ambulances. Les
experts de l'OMS se sont rendus aussi à la mission catholique de la
ville de Duékoué, dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire,
où plus de 27.000 personnes se sont réfugiées. Face
à des conditions de vie si précaires et un risque de propagation
d'épidémie, Tarik Jasarevic, atteste que l'OMS et ses partenaires
n'ont encore reçu que 28% des 6,5 millions de dollars nécessaires
pour soutenir les personnes touchées par la crise en Côte d'Ivoire
et dans les pays voisins.
Paragraphe 2 : les conséquences
économiques
Les perturbations qu'a connu ce pays ont suscité pas
mal de craintes et beaucoup d'engouements. Le démarrage des
activités a connu des lenteurs considérables à cause du
faible taux de croissance économique observé depuis le
début des crises. De ce fait, ces perturbations se sont ressenties non
seulement sur le plan national, mais aussi sur le plan international.
A- Sur le plan national
Les jours pillages qui ont marqué les manifestations
anti-françaises des 6, 7 et 8 novembre 2004 en Côte d'Ivoire,
suivis du départ massif de plus de 8.000 occidentaux dont une
très grande majorité de français, risquent de nuire
à tous les secteurs d'activité et de peser gravement et
durablement sur l'économie ivoirienne, les entreprises hexagonales
contribuant jusque là à plus de 51% aux recettes fiscales du
pays.
A la mi novembre 2004, la Chambre de commerce et d'industrie
de Côte d'Ivoire (CCI-CI) a dressé le premier bilan suivant : 10
000 emplois directs ont été perdus suite à ces violences
et 100 entreprises ont disparu.
Ce bilan est d'autant plus inquiétant qu'en Côte
d'Ivoire, chaque salarié fait vivre en moyenne 10 à 20
personnes.
Sur 147 filiales de grandes entreprises françaises
recensées en Côte d'Ivoire, 135 fonctionnent au ralenti
après le départ de 75% des 350 expatriés employés
par ces grandes entreprises.
S'il apparaît moins atteint, le secteur industriel
risque d'être handicapé par le manque d'approvisionnement, par
annulation de commandes et/ou par le défaut de paiement de leur
production. Selon un entrepreneur privé spécialisé dans
l'import-export et qui n'a pas eu à déplorer de pillages,
l'activité de son entreprise est actuellement réduite à 5%
de la normale.
Dans le secteur du cacao dont la Côte d'Ivoire est le
premier producteur mondial avec 40% des parts de marchés, les
producteurs ont souffert de perturbations dans l'acheminement de la production
vers le port d'Abidjan pendant les troubles. Les stocks de fèves qui ont
pu atteindre le port d'Abidjan attendent d'être évacués
vers l'Europe et l'Amérique, les armateurs hésitant à
envoyer leurs bateaux vers les côtes ivoiriennes présentées
comme une destination à risque. Les coopératives de la
filière café-cacao sont très inquiètes sur le
retard pris par l'Administration ivoirienne pour financer la campagne
2004-2005.
Les finances publiques de l'État ivoirien,
déjà mises à mal par quatre années difficiles,
accusent le choc: le ralentissement général de l'économie
a d'ores et déjà un impact considérable sur les
cotisations sociales et sur les recettes douanières. Les mesures
d'accompagnement aux entreprises, essentiellement sous forme
d'exonérations fiscales (voir ci-dessous), pèseront encore
davantage sur le budget de l'Etat en 2005.
A plus long terme, l'évaluation à la hausse du
"risque pays" par les organismes de garantie va avoir des conséquences
désastreuses sur l'investissement et les activités d'import
export en Côte d'Ivoire.
Les PME/PMI, principales victimes de la crise :
La crise franco-ivoirienne ne devrait pas remettre en cause la
présence ni les intérêts en Côte d'Ivoire des grands
groupes français, mais pourrait en revanche porter un coup très
rude au tissu des quelque 600 PME/PMI présentes dans le pays.
Pour Bernard Conte, professeur d'Économie à
l'université Bordeaux IV et spécialiste de l'Afrique de l'Ouest,
la conséquence la plus grave d'un départ des Français de
Côte d'Ivoire sera la disparition de ces petites et moyennes entreprises
ou industries (PME/PMI), principales victimes de la crise et qui étaient
très bien réparties dans tous les secteurs d'activité,
générant quelque 36.000 emplois ivoiriens.
Ces PME/PMI jouent un rôle important de redistribution
en matière d'emploi, et sont aussi des têtes de pont vers le
marché Ouest africain. Si ces entreprises disparaissent de Côte
d'ivoire le risque existe qu'une partie d'entre elles se déplacent vers
des zones plus stables de la région, comme le Sénégal, le
Togo ou le Bénin.
La situation est d'autant plus dommageable que le pays
traverse de graves difficultés économiques avec un taux de
croissance négatif depuis 2000: -2,5% en 2000, 0% en 2001, -1,6% en 2002
et -5% en 2003, selon les chiffres de l'Agence française de
développement (AFD). Enfin, début novembre, la Banque mondiale a
classé la Côte d'Ivoire dans la catégorie des pays à
dette improductive; les financements ont été
stoppés.
Voici une liste provisoire des dégâts
recensés à la mi-novembre 2004 :
· six établissements scolaires dispensant des
programmes français dévastés à Abidjan, San Pedro
et Yamoussoukro,
· plusieurs centaines de logements pillés,
· des agences Orange et Telecel détruites à
Cocody, Yopougon, Abobo, Plateau.
· les stations d`essence à l`enseigne Total ont
été fortement endommagées dans plusieurs quartiers.
· la pâtisserie Michel Eynard à Cocody
détruite.
· les domiciles de Français dans plusieurs
quartiers totalement mis à sac,
· la boutique Amobla sur le boulevard
pillée,
· les domiciles de personnalités et de partis
politiques mis à sac,
· un magasin sur le boulevard de Marseille
spécialisé dans la vente d`objets d`arts a été
entièrement pillé,
· des supermarchés notamment les magasins cash
center à Yopougon et à Abobo ont été totalement
dévastés,
· à San Pédro et dans d`autres villes de
l`intérieur: destructions massives d`entreprises françaises.
Alors même que les dégâts
occasionnés par la crise 2002-2004 sont en train de mettre la Cote
d'ivoire dans un état pitoyable, ceux de la récente crise
postélectorale 2010-2011 surgissent avec des conséquences aussi
nombreuses que désastreuses au plan économique.
En effet, l'
Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) reconnaissant
Ouattara comme le vainqueur de l'élection de 2010,le gouverneur de la
Banque
Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO),
Philippe-Henry
Dacoury-Tabley, qui assurait toujours le financement de l'état
dirigé par Gbagbo, a été obligé de
démissionner le 21 janvier 2011. Ce qui fait que Gbagbo, pour ne pas
être à court de liquidités, organise la saisie des agences
de la BCEAO.
Le 24 janvier, Ouattara demande et obtient un embargo sur le
cacao ivoirien, qui est mis en place jusqu'au 8 avril 2011. Alors que les prix
avaient baissé avant l'élection à 2 780 dollars
la tonne, le prix de la tonne de cacao atteint 3 666 dollars en
février. Ouattara déclare que la crise pénalise
l'économie. Des manifestations de producteurs de cacao ont lieu en
février pour dénoncer l'embargo.
Le 9 février, la
Bourse
régionale des valeurs mobilières d'Abidjan ferme après
que des forces loyalistes à Laurent Gbagbo envahissent ses bureaux puis
rouvre le lendemain. Le 15, elle referme après une réunion du
conseil d'administration. La bourse, le 25, est déplacée
temporairement à
Bamako au
Mali.
Durant la semaine du 14 au 18 février, des banques,
notamment la
BICICI,
Citibank, la
SGBCI, Standard Chartered
Bank, Access Bank, la BIAO, la BACI, Ecobank ferment leurs agences. Elles
invoquent des problèmes d'ordre technique et sécuritaire. Cela
provoque une pénurie de monnaie et des difficultés pour
l'État ivoirien pour payer ses fonctionnaires. Le 17 février, le
gouvernement Gbagbo décide de nationaliser la BICICI et la SGBCI, ce qui
permet le paiement des fonctionnaires début mars.
Le 22 février, la SIR, Société Ivoirienne
de Raffinage, n'ayant plus la possibilité d'acheter de pétrole
brut, suspend toutes ses activités jusqu'à nouvel ordre. Cette
raffinerie fournit en essence, non seulement la Côte d'Ivoire, mais aussi
d'autres pays de la région comme le
Mali ou le
Burkina Faso
Suite à la fermeture des banques et des ports, les prix
de la viande, de l'huile, du sucre et du gaz ont fortement augmenté. Les
médicaments ne sont plus disponibles.
Le 9 mars, Gbagbo donne jusqu'au 31 mars aux exploitants de
cacao ivoirien pour reprendre leurs exportations sous peine de sanctions
financières.
La crise ivoirienne a aussi un impact dans d'autres pays de la
sous-région comme le Mali et le Burkina Faso, ou le Niger qui
dépendent des ports de Côte d'Ivoire ou de l'économie
ivoirienne.
B- Sur le plan international
Les conséquences de la guerre civile ont des impacts
néfastes aussi bien politique, économique que social, non
seulement pour la Côte d'Ivoire, mais aussi pour les pays voisins.
Au Burkina Fasso, pris dès le départ pour boucs
émissaires dans une crise dont les causes profondes leurs
échappent ,les ressortissants sahéliens vivant en Côte
d'Ivoire ,burkinabè et maliens en particulier, subissent des exactions
de toutes sortes : il s'agit principalement d' expropriation de leurs biens
patiemment acquis, d'humiliations diverses allant de violences corporelles aux
viols des femmes ou pire, d'assassinats...Face à cette situation, le
gouvernement burkinabè a lancé l'opération
«Bayiri» qui signifie « retour au pays natal ». Elle vise
le rapatriement des burkinabè de Côte d'Ivoire qui désirent
regagner leur pays. L'opération « Bayiri » est essentiellement
financée par le Gouvernement, mais elle enregistre des contributions
diverses provenant de toutes parts (Individus, sociétés
privées, institutions internationales, organisations non
gouvernementales...). Les dons se composent non seulement de liquidités,
mais aussi de nattes, médicaments, nourriture, vêtements...
L'opération, depuis son démarrage le 13 novembre 2002 au
début décembre 2002, a permis le rapatriement d'environ 4.000
volontaires, candidats pour un retour au pays natal. Les rapatriés sont
pour la plupart des femmes, des enfants et de jeunes adolescents de 17 à
20 ans.
Nous rappelons que les statistiques avancent le chiffre
d'environ trois millions de burkinabè vivant en Côte d'Ivoire,
souvent depuis plusieurs générations.
Les répercutions fondées sur la base du
rapatriement créent d'énormes dégâts au plan
sociales des pays voisins
Ces rapatriements vont poser de nombreux problèmes
sanitaires, alimentaires et de réinsertion sociale. Certes, la
production céréalière prévisionnelle 2002-2003 du
Burkina, évaluée par le dispositif d'enquête permanente
agricole, est estimée à 3.276.600 tonnes de sources proches du
ministère de l'agriculture. Cette production est en augmentation de 5%
comparée à la campagne 2001-2002 et de 22% au regard de la
moyenne des cinq dernières campagnes.
Un bilan céréalier prévisionnel
excédentaire de 672.900 tonnes s'en dégage. Cependant, il ne faut
pas perdre de vue que les populations du Burkina tirent l'essentiel de leurs
revenus de l'agriculture. La solidarité familiale aidant, les
rapatriés dépouillés de leurs biens, vont constituer un
poids énorme pour les familles d'accueil au village en terme de prise en
charge alimentaire, vestimentaire et de santé.
En l'absence d'autre source de revenu, les excédents
des récoltes céréalières risquent d'être
très rapidement engloutis. En décembre 2002, s'il est vrai que la
crise ivoirienne n'avait pas encore eu de répercussion sur le cours des
céréales, il est à craindre qu'une augmentation
significative de la demande soit à l'origine d'une tension sur les prix.
A la même époque, les hausses de l'ordre de 10 à 15% du
prix des produits alimentaires importés étaient la simple
conséquence de la déviation du fret qui entraîne des
coûts supplémentaires.
Chapitre III : Les approches de solution pour la
résolution des Conflits socio politiques en Cote d'Ivoire
Section 1 : Les solutions au plan
politico-administratif
De 2000 à nos jours, les ivoiriens se sont battus pour
la paix et la reconstruction du pays. Voici quelques solutions
supplémentaires possibles :
Paragraphe 1 : Les solutions envisagées dans le
domaine politique
Les élections présidentielles récentes de
Cote d'Ivoire est une goute d'eau qui a fait déborder le vase. Les
conséquences très lourdes ont créé de nombreux
problèmes dans plusieurs domaines précités dans le
chapitre2. Constatant les dégâts, ce pays n'est plus prêt
à vivre de telles atrocités et peut décider de prendre son
destin en main car les solutions pour une sortie de crise sont possibles.
A- Respecter la constitution nationale et le droit
international
D'une part, selon la constitution nationale, l'élection
du Président de la République est acquise à la
majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n'est pas
obtenue, il est procédé à un second tour, quinze jours
après la proclamation des résultats du premier tour. Seuls
peuvent s'y présenter les deux candidats ayant recueilli le plus grand
nombre de suffrages au premier tour.
La convocation des électeurs est faite par
décret en Conseil des ministres. Le premier tour du scrutin a lieu dans
le courant du mois d'octobre de la cinquième année du mandat du
Président de la République.
En cas d'événements ou de circonstances graves,
notamment d'atteinte à l'intégrité du territoire, ou de
catastrophes naturelles rendant impossible le déroulement normal des
élections ou la proclamation des résultats, le Président
de la Commission chargée des élections saisit
immédiatement le Conseil Constitutionnel aux fins de constatation de
cette situation.
Le Conseil constitutionnel décide dans les vingt
quatre heures, de l'arrêt ou de la poursuite des opérations
électorales ou de suspendre la proclamation des résultats. Le
Président de la République en informe la Nation par message. Il
demeure en fonction. Dans le cas où le Conseil constitutionnel ordonne
l'arrêt des opérations électorales ou décide de la
suspension de la proclamation des résultats, la Commission
chargée des élections établit et lui communique
quotidiennement un état de l'évolution de la situation. Lorsque
le Conseil constitutionnel constate la cessation de ces
événements ou de ces circonstances graves, il fixe un nouveau
délai qui ne peut excéder trente jours pour la proclamation des
résultats et quatre vingt dix jours pour la tenue des
élections.
Si le Conseil constitutionnel, saisi par le Président
de la République, ou par le Président de l'Assemblée
Nationale ou par un quart au moins des députés, a
déclaré qu'un engagement international comporte une clause
contraire à la Constitution, l'autorisation de le ratifier ne peut
intervenir qu'après la révision de la Constitution.
Le Conseil Constitutionnel contrôle la
régularité des opérations de référendum et
en proclame les résultats. Le Conseil statue sur :
- L'éligibilité des candidats aux
élections présidentielle et législative;
- Les contestations relatives à l'élection du
Président de la République et des députés.
Le Conseil constitutionnel proclame les résultats
définitifs des élections présidentielles.
D'autre part, selon la constitution de la CEDEAO, dont la
Côte d'Ivoire fut membre, la prévention des conflits comprend les
éléments suivants :
a. La prévention opérationnelle, y compris
l'alerte précoce, la médiation, la conciliation, le
désarmement préventif et le déploiement préventif
par des moyens interactifs tels que les bons offices et la Force de Maintien de
la Paix de la CEDEAO.
b. La prévention structurelle, souvent
élaborée dans le cadre des initiatives de construction de la paix
et comprenant des réformes politiques, institutionnelles (gouvernance)
et de développement, l'accroissement des capacités et le
plaidoyer sur la culture de la paix. L'édification de la paix, par
ailleurs, décrit le développement des capacités
institutionnelles nécessaires aux multiples acteurs pour la conception,
la mise en oeuvre et le contrôle des initiatives visant à
vérifier la détérioration des conditions sociales et
économiques pendant les hostilités et le renforcement de la paix
dans les pays post-conflit sur une longue période en vue de
prévenir une rechute dans un conflit violent.
Visant à rendre fonctionnel le Chapitre IX (CONCEPT
ET CHAMP DE LA PREVENTION DES CONFLITS qui vise à atténuer
les tensions et empêcher l'éclatement) du Mécanisme, les
initiatives menées à cette fin incluent, sans s'y limiter,
l'assistance humanitaire, la restauration et l'entretien des infrastructures
économiques et sociales, la restauration et la réforme des
institutions de gouvernance (politique, économique, socioculturelle et
sécuritaire) ; la justice, la règle de droit, la
réconciliation, la réintégration et le
développement sensible aux conflits.
La réconciliation nationale dans toutes ses formes est
indispensable pour instaurer une stabilité politique. À la suite
de la
crise
ivoirienne de 2010-2011, les ivoiriens doivent être dotés
d'une volonté de créer une « commission
vérité et réconciliation ». Cette commission
vérité et réconciliation peut être composée
de plusieurs membres et peut être chargée de faire la
lumière sur les violences postélectorales. Elle doit être
représentative de toutes les couches sociales de la population
ivoirienne, de la diaspora ivoirienne, des étrangers vivant en
Côte d'Ivoire. Toutefois, cette commission n'a pas compétence pour
traduire les auteurs d'exactions devant les tribunaux; elle en laisse le soin
aux instances judiciaires.
Le bilan des affrontements qui ont mené à
l'arrestation, le 11 avril 2011, de Laurent Gbagbo, des membres de sa famille
et de son entourage, est lourd. Ces graves violations des droits de l'Homme ont
été le fait des éléments armés des deux
camps en conflit et leur responsabilité devra être établie.
Et en conséquence, l'ouverture d'une procédure judiciaire contre
Laurent Gbagbo, des membres de sa famille et de son entourage sont des
procédures qui devront être exemplaires, conformes au droit
à un procès équitable garanti par les instruments
internationaux de protection des droits de l'Homme ratifiés par la
Côte d'Ivoire. A cet effet, l'indépendance de la justice
ivoirienne sera également jugée à l'aune des poursuites
qu'elle engagera aussi à l'encontre des éléments des
forces armées pro Ouattara. Elle pourra notamment se fonder sur les
faits établis par la Commission nationale d'enquête et la
Commission internationale d'enquête du Conseil des droits de l'Homme des
Nations unies qui doivent engager leurs travaux dans les plus brefs
délais. En cas d'absence de volonté des autorités
judiciaires ivoiriennes de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves,
la Cour Pénale Internationale (CPI) aura à se prononcer sur
l'ouverture d'une enquête.
Signalons ici que dans le domaine de la liberté
d'expression, la présence écrasante des forces militaires et les
postes de contrôle policier, où les citoyens ordinaires sont
souvent harcelés et se font extorquer de l'argent, sont comme des
éléments négatifs supplémentaires. A cette
situation, le Gouvernement devrait reprendre en main la gestion des affaires
publiques et rétablir l'état de droit. Les questions essentielles
relatives au droit à la liberté d'opinion et d'expression doivent
être examinées avec franchise et motivation réelle, dans un
esprit de collaboration. Le Gouvernement doit aussi s'engager, en ratifiant les
principaux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, à
respecter, protéger et promouvoir les dispositions contenues dans ces
instruments. En conséquence, conformément à l'accord de
Linas-Marcoussis, l'article 35 de la Constitution devrait être
reformulé pour que soit garanti le droit à la liberté
d'expression d'une large partie de la société ivoirienne en ce
qui concerne l'exercice du droit de vote dans un environnement pluraliste.
B- Organisation des élections libres et
transparentes
Dans le but de résorber la crise, il était
question d'abord que l'accord de Ouaga IV (le quatrième accord de
l'accord politique de Ouagadougou), qui prescrit que le désarmement des
5000 hommes doit précéder les élections soit
appliqué comme convenu. En plus de ça, remettre sous
contrôle du gouvernement, la partie Nord sous control des Forces
Nouvelles jusqu'à la fin des élections.
De plus, en prenant en compte tout cela, l'Union Africaine
doit comprendre qu'une solution durable à la crise ivoirienne
nécessite un accord négocié entre les deux factions
belligérantes et doit cibler sur les questions interdépendantes
de la démocratie, de la paix, de la réconciliation et de
l'unité nationale.
Eu égard des négociations de 2002, il est aussi
question de se rassurer que les conditions prescrites au préalable ont
été remplies. Il peut s'agir notamment de la
réunification du pays, la restauration de l'administration nationale sur
tout le territoire ivoirien, et le désarmement des rebelles et de toutes
les milices et leur intégration dans les forces de défense et de
sécurité nationale, ceci au moins quelques mois avant la tenue
des élections présidentielles.
Insister sur l'importante question de la volonté du
peuple ivoirien, qu'une commission internationale soit établie pour
vérifier les résultats des élections, avec l'importante
condition préalable que les concurrents devraient accepter la
décision de cette commission.
Des résultats d'élection plus outrageants ont
plusieurs fois eu lieu sans intervention militaire. Mais comment pouvons-nous
justifier une intervention à la force quand les résultats sont
si serrés et divisés selon des lignes ethniques ? Laissons alors
les institutions compétentes étudier toutes les options de paix
disponibles plutôt qu'une intervention militaire, qui ne peut pas aboutir
à une transition politique pacifique en Côte d'Ivoire.
Il est également impératif que la CEDEAO
convoque une réunion d'urgence pour inviter les deux parties au centre
de la crise ainsi que des représentants de toutes les missions
d'observation qui ont couvert les élections à présenter
leur cas. C'est ce qui a été fait par le passé et cela
nous fera avancer d'un grand pas dans la recherche de la solution.
Les conditions électorales sont la principale souche
d'un maintien de paix dans un pays de droit. A cet effet, il est judicieux de
proposer autour des organismes en charges que la contribution de la
création de conditions sécuritaires à l'organisation des
élections contribue pleinement à l'élaboration d'un
consensus bilatéral entre les acteurs politiques en tête
d'élection ou de réélection une fois la proclamation des
résultats. Pour ainsi dire, le respect du droit constitutionnel et du
droit de l'homme incombe à ces derniers de répondre à
leurs actes dans la transparence des textes préétablis. Le fait
n'est pas toujours d'être assisté par une cargaison de militaire
mais de se rassurer que l'organisation du processus électoral s'est
bien effectué.
Paragraphe 2 : Les solutions dans le domaine
administratif
Apres bon nombre de confrontations politiques, la Cote
d'ivoire a enregistré plusieurs conséquences. Les cites
administratifs de l'Etat ont été réduits en amas de
ruines. Le gouvernement d'aujourd'hui doit envisager des reformes:
A- La réforme de l'armée
3000 éléments pressentis sur 9000 FRCI. Si
bien que la force Française Licorne prépare des plans et
s'apprête à en finir avec les récalcitrants. Aux dire de
l'Etat -major des dites forces républicaines, seulement 9000
éléments seraient des `'vraies FRCI'', sur 27.000 combattants
enregistrés. Il va donc falloir se débarrasser
de17.000 «éléments incontrôlés» pour ne
retenir que 9000 cas, selon nos sources. Mais le problème n'est pas pour
autant réglé. Car les 9000 `'vraies FRCI'' n'auront pas la chance
de faire partir de la nouvelle armée. A en croire les
indiscrétions, seulement 3000 éléments seront retenus, au
terme des recrutements qui se feront, en fonction de critères bien
établis.
Les exigences d'une République digne de ce nom ne
permettant pas que la nouvelle armée ivoirienne soit un four tout
où n'importe quel truand peut trouver sa place.
B- Les réformes structurelles des secteurs
publique et privé
Comme le Ministre en charge de l'Economie et des Finances
Koffi Deby, le gouvernement doit être disposé à accompagner
dans leurs efforts de reprise d'activités. En outre, insuffler une
bouffée d'oxygène au secteur privé, notamment aux PME qui
ont payé un lourd tribut à la crise. En ce qui concerne les
appuis au secteur privé, dès maintenant, l'appui aux entreprises
consistera notamment à :
- consentir des abandons de taxes ;
- poursuivre les efforts d'apurement des
arriérés intérieurs ;
- faire une revue du processus de remboursement des
crédits de TVA pour améliorer l'efficacité ;
- recenser et auditer les passifs de l'administration publique
en vue de procéder à la législation et au paiement des
prestations validées ;
- octroyer un appui direct de l'Etat ;
- reprendre les investissements publics pour impulser une
dynamique économique, notamment dans le secteur des infrastructures
économiques en général et de l'énergie en
particulier.
Les priorités du Gouvernement :
Pour réaliser tous ces projets ambitieux, il faut
inviter le secteur privé à la concertation par une approche
inclusive dans la mise en oeuvre de ces actions. Il en sera ainsi pour le
règlement des crédits de TVA, l'audit des passifs, l'utilisation
du fonds d'appui au secteur privé. S'agissant de l'application des
allègements fiscaux, les services en faciliteront l'accès aux
personnes morales et physiques concernées. Ces allègements
portent notamment sur les arriérés d'impôts, les diverses
exonérations de TVA, l'impôt foncier, les revenus de
créances, ainsi que l'impôt synthétique.
Quant aux entreprises opérant dans les ex-zones CNO,
elles bénéficieront des mesures fiscales déjà
accordées.
En 2012 et au-delà, au titre des priorités, la
mise en oeuvre d'une réforme fiscale devant aboutir à la mise en
place d'un système fiscal à base élargie et
équitable, à la simplification et à la rationalisation des
procédures administratives et également à l'adoption de
mesures spécifiques des micro-entreprises, notamment du secteur des
transports, en vue de les inciter à sortir de l'informel doit être
adoptée.
Au-delà de ces mesures ponctuelles, le gouvernement
doit être déterminé à reprendre les réformes
structurelles nécessaires à la mise en place d'un environnement
des affaires attractif.
Par ailleurs, il doit poursuivre les négociations avec
les partenaires au développement pour conclure un programme triennal
soutenu par la Facilité Elargie de Crédit, en vue de
réamorcer le processus d'allègement de la dette extérieure
sous l'initiative PPTE. Le point d'achèvement de cette initiative
projeté à l'horizon 2012, permettra à l'Etat de
dégager des marges budgétaires substantielles destinées
prioritairement à la relance des investissements publics. En outre, en
matière de gouvernance, le gouvernement doit renforcer le dispositif de
contrôle, afin de veiller au bon fonctionnement des services. Dans ce
cadre, il doit être prévu la création d'une brigade
anti-corruption au sein de l'Inspection Générale des Finances.
Section 2 : Les solutions au plan
socioéconomique
Dans l'optique de redynamiser le tissu économique
ivoirien, il importe de cibler les points pertinents qui fragilisent la
société. Le travail qui est le premier facteur de production des
biens et services doit habiter tous les ménages afin de donner aussi
leur contribution au développement et surtout d'améliorer les
conditions de vie des populations. Ensuite créer des conditions
favorables pour garantir la sécurité des biens et des personnes.
Paragraphe 1 : les solutions au plan social
Le clivage socioéconomique de Côte d'Ivoire est
une question préoccupante, notamment depuis respectivement les crises
sociopolitiques de 2002-2004 et postélectorale de 2010-2011. Alors, pour
résoudre la situation, l'on peut se proposer de passer par certains
points :
A- Amélioration des conditions de vie de la
population
La mise en place de la politique de développement
susceptible de réduire l'inégalité de niveau de vie entre
les différentes couches de la population est primordiale en ce sens
qu'il est plus facile de transformer la croissance économique en une
réduction de la pauvreté lorsque les sociétés sont
plus égalitaires. A ce niveau, la politique de décentralisation
entreprise par le Gouvernement doit contribuer à la réduction de
l'inégalité entre les populations urbaines et les populations
rurales quant à l'accès aux principales infrastructures
socioéconomiques de base (éducation, santé, hydraulique,
électrification, pistes rurales, assainissement, etc.)
La plupart des études ignorent les effets de la
variation de certains facteurs explicatifs de la pauvreté sur la
variation du niveau de pauvreté. Ainsi, les études
antérieures, sur la pauvreté en Côte d'Ivoire, ont
ignoré l'impact de la variation de l'immigration sur l'accroissement de
la pauvreté. Les études réalisées sur la
pauvreté n'établissent pas de liens explicites entre les mesures
de politique économique et celles de lutte contre la pauvreté.
Corriger ces insuffisances s'avère nécessaire
pour une meilleure appréhension du phénomène de
pauvreté et, par conséquent, un bon ciblage des catégories
de pauvres dans le cadre d'une politique sociale active. C'est pourquoi il
importe de :
- déterminer des seuils régionaux de
pauvreté en vue de prendre en compte les variations spatiales des prix
des biens de consommations de première nécessité ;
- utiliser des données de panel afin de pouvoir suivre
le mouvement des populations de part et d'autre de la ligne de pauvreté
;
- réaliser régulièrement des
enquêtes sur l'éducation, la santé et l'emploi afin de
mieux connaître les caractéristiques sociodémographiques
des populations pauvres ;
- élaborer des indicateurs intermédiaires
pertinents pour assurer un suivi en temps opportun des rendements et des
retours d'information, ce qui constituera un complément d'informations
concernant les effets sur la pauvreté ;
- réaliser également des enquêtes dans les
secteurs agricole et informel compte tenu de la pertinence de ces secteurs dans
la connaissance du phénomène de pauvreté en Côte
d'Ivoire ;
- évaluer ex-ante l'impact des politiques
économiques sur le niveau de pauvreté afin de faire un meilleur
arbitrage entre les objectifs de croissance économique et de
réduction de la pauvreté. Cette évaluation pourrait se
faire à l'aide de l'analyse d'impact sur la pauvreté et la
situation sociale ;
- formuler divers scénario macroéconomiques dans
le Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté
(DSRP) final, y compris des plans de dépenses circonstanciels et des
mesures correspondant à diverses projections de recettes, en tenant
compte des incertitudes inhérentes aux projections de croissance et aux
projections de recette ;
- procéder à des études
complémentaires de simulation de l'effet des chocs exogènes et
des politiques économiques sur la viabilité et la capacité
de la stratégie de réduction de la pauvreté à
amortir ces effets ;
- procéder auprès de la société
civile à des campagnes d'information sur le sens de la notion de
pauvreté et la lutte envisagée.
La réalisation de toutes ces enquêtes et
l'évaluation de la politique économique par rapport à la
volonté affichée du gouvernement de lutter efficacement contre la
pauvreté à l'échelle nationale impliquent le renforcement
des capacités opérationnelles de l'Institut National de la
Statistique (INS), de la Direction Générale du Plan et du BNETD,
la création d'une cellule complémentaire, chargée de
simuler l'effet des chocs et politique économique à
l'économie, d'analyser l'impact des politiques macroéconomiques
sur la pauvreté et la situation sociale et ayant la capacité de
faire des recommandations d'orientation ou de réorientation des
différentes stratégies.
Face au constat alarmant de l'absence d'une offre
d'énergie satisfaisante, la Cote d'Ivoire doit entreprendre à
l'avenir de réformer le mode de propriété, l'organisation
et la réglementation du secteur de l'énergie. Plus de 30 pays
africains ont notamment amorcé un programme d'ouverture du secteur de
l'électricité aux opérateurs privés.
Bien que le recul manque pour une évaluation
satisfaisante, il est probable que ces réformes donnent des
résultats mitigés pour le moment. De ce fait l'existence d'une
réglementation fiable doit permettre d'attirer des investisseurs et
d'améliorer la desserte de la population.
Les expériences passées soulignent le rôle
essentiel des étapes initiales de la réforme, à
savoir :
- Favoriser les initiatives régionales en faveur d'une
amélioration de l'accès à l'électricité
constitue à juste titre l'une des propositions fondamentales de
l'initiative Energie du NEPAD. Là encore, la mise en place d'un cadre
régulateur commun adéquat reste une condition cruciale de
succès.
- L'adoption d'une réforme nationale visant à
rationaliser l'activité des opérateurs historiques et la mise en
place d'une concertation régionale pour le développement des
projets à grande échelle sont des conditions nécessaires
pour améliorer et étendre les réseaux existants.
Cependant, si la plus forte densité des villes laisse
à penser qu'elles seront prioritaires pour les futurs programmes
d'électrification cela ne ferra qu'accentuer le clivage des populations.
Par conséquent, il est évident de penser à mettre à
disposition de ces populations des modes d'énergie fiables et
efficients.
Dans les domaines agricoles, des systèmes de production
légers, hors réseaux, pourraient être employés tels
les micros projets hydrauliques pour l'irrigation, les systèmes de
pompage liés à l'énergie solaire ou éolienne et
l'utilisation des résidus agricoles pour la
(co-)génération d'énergie.
L'accès à une offre d'énergie de
qualité permet d'améliorer substantiellement les conditions de
vie des populations car elle favorise la lutte contre la faim et la
malnutrition grâce à la cuisson et la préservation des
aliments par la réfrigération.
B- Garantir la sécurité des biens et des
personnes
Le développement d'un pays va de pair avec une
armée forte, unifiée, respectueuse des lois républicaines
et de la vie de tous les citoyens. Un corps prêt à assurer la
sécurité des personnes et des biens 24h/24 dans la discipline et
dans les règles d'un État de droit. Après la guerre et la
mise en place du gouvernement de 36 membres l'on est à se poser la
question à quand la mise en place d'une armée unifiée ?
Surtout que le maître mot du moment, c'est la Reconstruction. Une
reconstruction qui ne peut se faire sans la garantie d'une bonne
sécurité pour les personnes et les biens.
D'entrée, la situation sécuritaire est certes
préoccupante,».Pour la garantie de flx,le gouvernement ivoirien
doit rassurer que, la zone portuaire, le Plateau et Cocody seront
libérés complètement par les FRCI (Forces
républicaines de Côte d'Ivoire), afin de permettre aux forces
policières de jouer leur rôle régalien. Lesquelles, ont
repris du service dans leur écrasante majorité, soit 17500 agents
sur un effectif de 18 710. Les dérapages constatés ici et
là sont à mettre essentiellement à l'actif des volontaires
qui ont rejoint les FRCI, donc gonflé leurs rangs à Abidjan. Car,
la moitié des FRCI issus des rangs des ex-Forces nouvelles ont
déjà regagné leur base.
Aussi, l'encasernement des soldats et surtout le
démantèlement de tous les barrages anarchiques
érigés sur les voies. De même, une unité
spéciale de lutte contre le racket sera créée. Un
numéro d'urgence à l'image du 911 aux Etats-Unis sera
communiqué aux populations pour les cas d'abus et d'agression.
La meilleure sécurité pour les Ivoiriens, c'est,
de leur offrir du travail, des conditions de vie décentes, faire en
sorte qu'ils soient contents de leur gouvernement. Bien entendu, le ministre de
l'Intérieur n'a pas occulté les difficultés auxquelles
sont confrontés les préfets et sous-préfets qui ont
été déployés dans le pays profond. Beaucoup d'entre
eux n'ont par exemple pas de véhicules de fonction. Ces questions,
seront rapidement réglées. Enfin, il a promis que les
élections législatives seront organisées avant la fin de
l'année.
La Côte d'Ivoire est gravement atteinte. Elle est
touchée, elle est même couchée. Comment la ressusciter ?
Comment la remettre à l'endroit ? Le recours à nombre de
paramètres ou vecteurs d'orientation peuvent en venir à la
remettre sur les rails, à la consolider et à la refaire
prospérer pour le bonheur de tous.
Il s'agit du respect de la loi, du rétablissement de
la cohésion sociale, le développement par tous pour tous, la
caution et le devoir du président de la République.
a- Le respect de la loi :
Toute société humaine a besoin d'organisation et
de régulation pour son harmonie et son évolution. Aujourd'hui
plus que jamais la Côte d'Ivoire doit recourir à la loi pour
garantir ses institutions, pour sécuriser les personnes et les biens,
pour promouvoir et sauvegarder les actes, les actions et les activités
économiques tant dans le secteur public que dans le secteur
privé.
Les activités politiques, socioculturelles et
scientifiques. La constitution, fondement juridique de l'Etat est l'ensemble
des règles écrites ou coutumières qui déterminent
d'une part la forme de l'Etat, la dévolution et l'exercice du pouvoir et
d'autre part, les institutions qui incarnent ce pouvoir.
Comme le soulignait le Président Obama lors de sa
visite au Ghana que « les Etats africains n'ont pas besoin d'hommes
forts. Mais d'institutions fortes pour leur développement''. »
Le règne de la loi, notamment de la Constitution doit aider à la
reconstruction de la Côte d'Ivoire. Il est donc indispensable que la
Constitution ainsi que les institutions soient respectées et
protégées pour inscrire la Côte d'Ivoire dans la
modernité pour le développement durable.
En d'autres termes, les producteurs de la loi, tous les
citoyens et tous ceux qui vivent en Côte d'Ivoire, consommateurs de la
loi, doivent être soumis à la loi. C'est l'Etat de droit.
Au-delà des institutions, la loi doit aider à la
sécurisation des personnes et des biens. Les personnes sont la
sève nourricière et vivifiante de l'Etat.
Il faut que l'Etat économique use de ses pouvoirs
régaliens avec toutes les forces de défense et de
sécurité pour garantir à la population la
tranquillité, la sécurité et la stabilité.
Assurément, l'Etat doit fonctionner, les institutions doivent
fonctionner , les activités doivent reprendre pour conduire à la
normalisation de la vie. Mais celle-ci reste conditionnée par la
sécurité et la tranquillité, liberté d'aller et de
venir, liberté dans les déplacements, liberté dans le
travail, liberté de jour comme de nuit, liberté dans le sommeil
et liberté dans les rêves. Cette liberté
multidimensionnelle fondée sur la loi entraînera indubitablement
la confiance. La confiance dans la loi, la confiance dans les institutions
publiques comme privées. La confiance dans les personnes pour le
rétablissement de la cohésion sociale.
b- Le rétablissement de la
cohésion
La Côte d'Ivoire est déchirée.
A présent, après tout cela, toutes les
sociétés ivoiriennes, tribus confondues doivent affirmer
contrairement à la déraison dans la désunion, leur
engagement avec clairvoyance et lucidité dans l'union pour le
rétablissement de la cohésion sociale.
La confiance dans les uns et dans les autres, elles doivent
toutes recoller les morceaux du tissu social. Pour ainsi dire, mettre en place
une Commission vérité et réconciliation. Les dirigeants
des instances du FPI, dans leurs déclarations succinctes, à
l'instar, Affi N'guessan qui disait : `'déposez les armes, la paix doit
être notre objectif principal et solution au conflit. Le
vice-président du FPI M. Mamadou Koulibaly disait : `'allons à
l'apaisement pour que chacun se sente bien dans sa peau pour construire
ensemble notre pays.
Ces déclarations successives sont allées dans
le sens de l'apaisement et au rassemblement des Ivoiriens. Le Cnrd
s'apprête à faire une déclaration dans la même
direction du pardon et de la réconciliation. La loi doit fertiliser
cette réconciliation nationale.
La justice juridictionnelle est indéniable. Mais la
justice de l'équité fondée sur le pardon est
indispensable. Le Président de la république doit relevez tous
ceux qui sont à terre, créer en eux une confiance qui soit
réciproque pour une alliance nouvelle aux fins d'une cohésion
sociale retrouvée pour le développement durable de notre pays.
Paragraphe 2 : les solutions au plan économique
Un renversement de tendance s'est produit au début des
années quatre vingt (80) tant dans les esprits que dans les faits. En
effet l'avenir économique ne passe systématiquement plus par la
taille. Cette remise en cause est liée aux difficultés
économiques et aux problèmes d'emplois. Dès 1981,
Birch(1) démontre que les grandes entreprises ne sont plus
les fournisseurs principaux d'emplois et d'activités. Ce renversement de
tendance affecte toutes les nations industrialisées libérales,
quel que soit leur niveau de maturité industrielle. De ce fait, il nous
parait logique comme tel est le cas dans plusieurs autres pays en l'occurrence
le Mali, de procéder à un financement global de ces secteurs.
A- Le financement des secteurs du PMI et PME
Les petites et moyennes industries et entreprises a
été durant plusieurs décennies la cible sur les
catastrophes économiques enregistrées. Ce qui fait que beaucoup
d'entre elles ont du fermer. Pour une relance des activités,
l'investissement des PMI PME n'est mis en marge. Pour se faire, on peut
procéder en plusieurs phases parmi les quelles nous sollicitons deux
financements : le financement internes et le financement externes.
1- Le financement interne
C'est le financement de l'exploitation et de l'investissement
par les ressources propres à l'entreprise notamment les fonds propres.
Les fonds propres qui sont nécessaires pour la sécurité
financière de l'entreprise sont représentés initialement
par le capital social et l'accroissement ensuite par la mise en réserve
des bénéfices ou par les augmentations du capital social. D'une
façon ou d'une autre ils appartiennent toujours aux actionnaires ou
associés. La répartition de la propriété des parts
ou actions détermine également la répartition des voix
dans les assemblées générales.
Convaincu du rôle de moteur de l'économie que
jouent les PME en matière de création d'emplois et de richesses,
on peut envisager de faire de la promotion des PME un des axes principaux d'une
restauration des conditions socioéconomiques. Désormais le
développement pourra passer essentiellement sur la promotion et
l'émergence des PME-PMI. Cette volonté doit se traduite par la
création d'un ministère dédié exclusivement
à l'Artisanat et aux PME.
De ce fait, ministère de l'Artisanat et de la Promotion
des PME s'engagera de mettre en place une série de mesures tendant
à créer une nouvelle dynamique de consolidation et de
développement des activités des secteurs de l'Artisanat et des
PME. La faible performance des PME/PMI depuis l'an 2000 est liée
à plusieurs difficultés dont les principales sont
inhérentes au contexte sociopolitique de crise aiguë, au cadre
juridique et institutionnel, à l'environnement financier et au
système de gestion des PME/PMI.
En effet, le dispositif d'accompagnement des PME se
caractérise par l'existence de nombreuses organisations publiques,
parapubliques et privées ayant des missions floues et/ou similaires pour
certaines qui se chevauchent. Ces organismes pour la plupart souffrent d'une
insuffisance de moyens, leur statut juridique est souvent inadapté
à leur objet social. Par ailleurs, on observe l'absence de coordination
et de synergie entre les différentes structures; ce qui dénote du
manque de stratégie globale qui puisse guider leur travail. Aujourd'hui,
soit cinquante ans après son indépendance, les PME-PMI ne
bénéficient pas toujours de l'appui qu'elles sont en droit
d'attendre de l'État pour se développer et jouer leur rôle
dans l'emploi, la création de richesses et l'élévation du
niveau de vie des populations. Contrairement à certains pays
modèles tels que : la Roumanie, le Maroc et l'Allemagne.
Au regard de ce qui précède, notre objectif est
donc de proposer un ministère des PME et de l'artisanat fort,
imaginatif, copiant des modèles de réussite, prenant des risques
et se mettant au service des PME et de l'artisanat. Ce, en vue d'atteindre
à moyen et long terme les objectifs de création massive
d'emplois. Il s'agit ici de mettre à la disposition de la presse et du
public, un aperçu et un ensemble d'information sur les axes ou secteurs
sur lesquels des mesures et actions urgentes doivent être engagées
pour redynamiser, rendre productives et compétitives les PME/PMI et pour
sortir de l'informel les activités économiques du secteur de
l'informel ou de l'artisanat. Grands Axes stratégiques tels
conçus par plusieurs économistes d'Afrique et du monde
a- Favoriser une concurrence saine et loyale entre les
opérateurs économiques : il s'agit de protéger les
entreprises contre la concurrence déloyale et toutes les formes
d'insécurité et d'injustice :
- La construction d'une justice indépendante,
impartiale et efficace ;
- la création de tribunaux de commerce ;
- la sécurité effective des biens et des
personnes ;
- l'optimisation de la fiscalité ;
- la lutte contre le dumping ;
- les importations frauduleuses ;
- la contrefaçon ;
- la protection des inventions et des brevets.
b- Agir efficacement sur les coûts des facteurs (court
et moyen terme). Il s'agit d'abaisser progressivement les coûts des
facteurs de production :
- la réduction du prix de l'électricité ;
- la réduction des prix et l'amélioration de la
qualité des services de télécommunications ;
- l'injection de ressources financières longues dans
l'économie, en bonne intelligence avec les banques ;
- la mobilisation des ressources extérieures bon
marché mises à la disposition des entreprises par leur
intermédiaire ;
- la réduction des coûts de transport, en
"nettoyant" nos routes des contrôles intempestifs, en améliorant
le réseau routier et en aidant nos transporteurs à
s'équiper en véhicules performants de grande capacité ;
- la réduction des coûts "administratifs" et des
procédures administratives
2- Le financement externe
Les entreprises peuvent rarement s'appuyer exclusivement sur
leurs ressources internes et elles sont forcées de trouver ou de
rechercher des fonds externes, qui peuvent provenir des institutions
financières (les banques et les institutions financières non
bancaires) et/ou l'Etat.
Les aides régionales
Le plus souvent dans le cadre de contrats plan
Etat/région, les aides régionales se caractérisent par
:
- d'une part, la procédure pour favoriser la diffusion
des nouvelles techniques dans les PME/PMI de moins de 200 salariés ;
- d'autre part, les aides régionales misent en place
dans le cadre des contrats Etat/région et dont certaines concernent
l'innovation. On peut distinguer le fonds régional d'aide au conseil
(FRAC) pour aider les PME/PMI à faire appel à un consultant
extérieur, le fonds régional d'aide au transfert technologique
(FRATT), le fonds de développement de PMI (FDPMI) et l'aide
régional de l'embauche de cadre (ARC) pour renforcer l'encadrement des
PME/PMI de moins de 500 salaries.
B- Encourager les investissements étrangers
L'économie ivoirienne se caractérise par une
production intérieure brute qui accuse de fortes fluctuations. Elle se
révèle peu diversifiée et nécessite fortement d'une
part des financements extérieurs en raison de l'insuffisance de
l'épargne intérieure et d'autre part de la fluctuation du cours
des matières premières (notamment le café, le cacao, le
coton, le pétrole, le diamant, etc.).
La recherche de la stabilité politique des
années à venir, une meilleure condition de vie des populations
ivoiriennes peut passer par l'accumulation du capital humain et du
développement des infrastructures par les pouvoirs publics
nécessite qu'on se réfère aux nouvelles théories de
la croissance pour analyser l'évolution économique de la
Côte d'Ivoire. Disons que le pays doit anticipé sur les
développements de la théorie de la croissance endogène.
A cet effet, les Investissements Directs Etrangers, doivent
correspondre selon la définition du Manuel de la Balance des Paiements
du FMI aux différentes opérations financières
destinées à agir sur la marche et la gestion d'entreprises
implantées dans un pays différent de celui de la maison
mère (multinationale). Par Investissement Direct Etranger (IDE), on
entend « transferts d'actifs corporels et incorporels d'un pays à
un autre, où ils seront utilisés aux fins de production de
richesse sous le contrôle total ou partiel du propriétaire des
actifs.
Selon la CNUCED, il y a investissement direct étranger
lorsqu'un investisseur basé dans un pays (le pays d'origine) acquiert un
actif dans un autre pays (pays d'accueil) avec l'intention de le gérer.
Sous ce rapport, on peut distinguer trois types d'IDE : la participation au
capital (fusions, acquisitions) et créations de nouvelles installations
(dites green fields), réinvestissement des bénéfices et
autres flux de capitaux (emprunts et prêts à court ou long terme
réalisés entre la société mère et sa
filiale).
Concrètement, un Investissement Direct Etranger peut
donner lieu soit à la création de nouvelles entreprises, soit
à l'achat de parts ou à l'augmentation du capital d'une
société existante. Les IDE favorisent généralement
la création d'emplois, l'amélioration de la productivité
et les transferts de compétence et de technologie nouvelle. A terme, ils
poussent indirectement à l'élévation des salaires. Ils
favorisent aussi l'essor des exportations et régulent beaucoup
d'impasses de la société.
Enfin, les IDE génèrent des recettes fiscales et
à travers elles, peuvent contribuer à la mise en oeuvre de
politique sociale en faveur des catégories de populations absentes du
marché de la consommation ou encore celles défavorisées
par les crises. Tous les pays s'efforcent donc quelque soit leur situation
d'attirer les IDE et d'en tirer profit. Le cas de la cote d'ivoire n'est pas en
marge s'il faut stabiliser le pays.
Les IDE permettent aussi et surtout aux pays concernés
de s'intégrer d'avantage à l'économie globale.
Eu égard à tout ce qui précède et
pour tirer pleinement profit des effets et externalités positifs des IDE
en Côte d'Ivoire, nous recommandons les mesures suivantes :
- améliorer le cadre macroéconomique :
toutefois, il importe de préciser qu'une politique volontariste des IDE
ne suffit pas, à elle seule, à entraîner une
accélération durable de la croissance économique. Celle-ci
doit en effet intervenir dans un tout macroéconomique. Et ce tout pour
la Côte d'Ivoire, c'est de sortir du carcan de l'instabilité en
assurant d'abord un environnement économique, sociopolitique stable aux
investisseurs étrangers ;
- augmenter et améliorer la qualité des
infrastructures physiques : L'Etat devrait continuer à fournir à
l'économie les services et infrastructures publiques essentiels
(électricité, eau, routes, port, aéroport, etc.) En
particulier, il doit renforcer davantage le capital d'infrastructures dans les
zones relativement moins pourvues. Selon Mills et Quinet « les
dépenses d'infrastructures sont des dépenses d'avenir6 » Il
s'agit notamment des zones du nord et de l'ouest. Cela offrirait à ces
zones des potentialités supplémentaires de développement
et réduirait par conséquent les disparités
régionales, la mobilité des populations et bien d'autres
frustrations liées aux inégalités de chance de
développement ;
- actualiser le code des investissements : le code des
investissements qui a été élaboré en 1995 n'est
plus d'actualité du fait de la crise sociopolitique de novembre 1999. Il
a besoin d'être actualisé pour prendre en compte les effets
pervers de la crise sociopolitique (déplacements de populations,
chômage, manque de sécurité, pauvreté grandissante,
etc.) ;
- réduire la disparité régionale de la
répartition des IDE : les IDE sont inégalement répartis
sur le territoire ivoirien. Une forte concentration est présente dans la
capitale et certaines régions n'en bénéficient pas.
- créer un environnement propice au commerce
extérieur en révisant les mesures tarifaires et non tarifaires
afin de réduire les coûts des transactions. Cette politique
d'ouverture économique permettra à la Côte d'Ivoire de
tirer profit des effets bénéfiques de la mondialisation;
- maîtriser le risque pays afin d'attirer plus les
investissements directs étrangers :
- relever la qualité de la main-d'oeuvre : l'Etat doit
augmenter les dépenses publiques d'éducation et de santé
afin de renforcer les capacités des ressources humaines dans le but de
rechercher une adéquation entre les programmes de formation et le
marché du travail.
Conclusion Générale
En définitive, si nous retraçons la situation de
Côte d'Ivoire depuis l'an 2000, il ne serra pas indispensable de
s'être penché aussi vers les années 1990, car les souches
des crises y demeurent. En outre, les événements qui ont
marqué l'histoire de ce pays ont résulté de plusieurs
mauvaises intentions politiques, sociales et économiques. Les
périodes qui ont suivi la mort du feu Président Houphet Boigny en
1993, la course au pouvoir par certains leaders politiques en 1999 enregistrant
ainsi des tentatives de coups d'Etat, des guerres et des crises sociopolitiques
qui ont évinçé le Général Robert Guei
assurant l'intérim... et la prise de pouvoir par Laurent Gbagbo
jusqu'à celle du Président actuel, Alassane Dramane Ouatara ont
eu des effets déplorables sur la vie des ivoiriens en
général et aussi au plan international. La destruction de
plusieurs investissements publics et privés, les pertes des vies
humaines, et des longues récessions du tissu économique mettant
le pays à genoux. Les violations des lois au détriment du bon
déroulement des élections, le non respect des différentes
conférences de Ouagadougou, d'Accra, de l'Union africaine etc, ont
enfoncé le pays au bord du gouffre. A ces difficultés, s'ajoutent
celles liées à la population qui a subit de façon tragique
les événements. Les conditions de vie sur toute la plate forme
ivoirienne et de la sous région Ouest-africaine sont devenues douteuses
au point de susciter des interventions. Avec, aujourd'hui, une armée
confuse dans l'exercice de leur fonction, la terreur et la peur règnent
dans les coeurs des ivoiriens se demandant à quand la
réconciliation.
Du point de vue d'un membre des relations internationales, les
solutions qui pourront ramener la cote d'ivoire sur les rails sont de plusieurs
ressorts. Il faut ramener tous les membres politiques à la prise de
conscience du respect de la loi constitutionnelle, nationale et les normes
internationales. Permettre que les processus électoraux aillent de
l'avant. L éligibilité et la légitimité d'un
leader politique sont des clefs de succès pour une candidature sans
taches. Veillons surtout à l'étape selon laquelle les
résultats électoraux n'attirent un moindre soupçon qui
puisse avoir trait aux contestations sur l'organisation. La plupart des
contestations partent toujours d'un problème de confiance, pour se
faire, il importe de rappeler la population au dialogue afin de pouvoir renouer
avec les bonnes manières d'un pays démocrate et souverain.
Rendre plus performent les secteurs privés et publiques
sans omettre les PME PMI, en passant par des financements considérables.
Ces financements donneront lieu à de nombreux avantages sur diverses
formes en occurrence la création des biens et des services au profit des
ménages ivoiriens qui, eux aussi en retour, apporteront leur
contribution. Toutes ces activités complémentaires
combinées dans un même objectif peuvent booster l'économie
nationale et réveiller les espoirs des citoyens déçus des
situations désastreuses qu'a connues le pays.
En la confiance du peuple ivoirien sur les bons
déroulements des affaires politiques, de la fiabilité des
accords, des médiations au sein des organismes internationaux pour les
régulations des malentendus en Afrique en général et
surtout l'application des principes précités au chapitre 3 pour
le cas ivoirien, l'on peut éviter le chaos. Mais les élections
à venir restent une question de temps avec le problème de
réconciliation nationale entre partisans Ouattara et partisans Gbagbo.
BIBLIOGRAPHIE
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d'Ivoire : de la tentative de coup d'Etat au gouvernement de
réconciliation nationale » de Claudio
Gramizzi.
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d'Ivoire » de Agbreffi Diamoi Joachim, anthropologue
enseignant-chercheur à l'Université de Bouaké (Cote
d'Ivoire), 01 BP 3671 Bouaké 01 Cote d'Ivoire. P1 Typologie des
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Association ADESCI, Email :
adesci@eurostratege.com :
tous les secteurs d'activité touchés.
République de Cote d'Ivoire : Commission Nationale
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Linas Marcoussis.
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et sens de l'histoire » de Francis Akindes. pp, 1-27.
« Les questions clés de la crise
ivoirienne » de Ritimo, CDTM Mompellier, 2007, mise à jour mai
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www.audiovisuel.ird.fr/index.htm
« les conséquences de la crise de Cote d'Ivoire sur
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http :
www.abidjan.net/cotedivoire/index.htm,
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« Comment peut se terminer le blocage politique en
Cote d'Ivoire » de Phillipe Hugon, Directeur de recherche à
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« La charte de la gestion des conflits en
Afrique » de Markoua Dadjo, Associated General Topics : Conflit
management
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