Sommaire
Première Partie: Cadre théorique,
méthodologique de l'étude et généralités
sur la coopération décentralisée
Chapitre I- Le cadre conceptuel et méthodologique de la
recherche
Section 1- L'analyse notionnelle et revue de
littérature
Section 2- Problématique et méthodologie
Chapitre II- Genèse, institutionnalisation et enjeux de
la coopération décentralisée
Section 1- L'historique de la coopération
décentralisée
Section 2- Les enjeux de la coopération
décentralisée
Deuxième Partie : Le
Partenariat Rillieux-la-Pape Natitingou : origines, évolution et
mise en oeuvre
Chapitre I- À l'origine du Partenariat-Rillieux-la-Pape
Natitingou
Section 1- Identification des deux collectivités
locales partenaires
Section 2- Le partenariat Rillieux-la-Pape- Natitingou :
contexte, origines et axes de collaboration
Chapitre II- Évolution, actions et mécanismes de
mise en oeuvre du partenariat Rillieux-la-Pape- Natitingou
Section 1- Évolution et actions de la
coopération entre les deux communes
Section 2- Les mécanismes de mise en oeuvre du
partenariat-coopération décentralisée
Troisième Partie : Analyse de la
coopération et propositions de relance
Chapitre I- La présentation de la structure d'accueil
et le déroulement du stage
Section 1- À la découverte de notre milieu
professionnel
Section 2- Activités et bilan du stage
Chapitre II- L'analyse de la coopération
Rillieux-la-Pape-Natitingou
Section 1- La coopération Rillieux-la-Pape-Natitingou
en question
Section 2- Suggestions et recommandations pour la relance de
la coopération Rillieux-la-Pape-Natitingou
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier Monsieur Renaud
GAUQUELIN, Maire de la ville de Rillieux-la-Pape, de m'avoir offert
l'opportunité de faire mon stage au sein de la Mairie.
Je souhaite vivement remercier Monsieur Bruno CROSET,
Éric TEISSIER et Stéphane DIEU,
respectivement directeur général et directeurs
généraux adjoints des services, pour avoir accepté et
validé ce stage de fin de formation.
Mes remerciements s'adressent également à
Marie-Noëlle FARGEOT, ma tutrice de stage, de m'avoir
proposé ce stage et de m'avoir fait confiance tout au long de ma mission
où j'ai bénéficié d'une très grande
autonomie. J'ai pu apprécier sa vision très distinguée de
la solidarité internationale et du partenariat avec la commune de
Natitingou. Mon association aux différentes actions et activités
de la relance de la coopération entre les deux villes, m'a permis
d'apprendre énormément dans le domaine de la coopération
décentralisée. Je la remercie particulièrement pour son
encadrement, sa présence et surtout de m'avoir si gracieusement fait
profiter de son expérience.
Ma gratitude s'exprime à Monsieur
Jérôme BLANC, mon tuteur universitaire, pour ses
conseils, sa disponibilité et son suivi tout de mon stage et de cette
étude.
Je tiens à remercier le personnel de l'espace
Baudelaire pour son accueil, son soutien et sa gentillesse à mon
égard et pour la qualité des échanges que nous avons eus
pendant mon passage à l'espace. Je remercie très
particulièrement toutes les personnes que j'ai pu rencontrer ou
contacter durant mon stage notamment les membres du comité de jumelage,
les responsables d'association et du Grand-Lyon, qui m'ont apporté leur
édifiant et riche témoignage sur la coopération
décentralisée
Je remercie tout particulièrement Saïd
YAHIAOUI et Lahsen ABDELMALKI et leur équipe,
de m'avoir accepté dans cette formation. Je ne saurais oublier le corps
enseignant à qui je dis merci.
Mes remerciements vont à l'endroit de mes camarades de
promotion pour leur compréhension des relations humaines et du
développement dans les pays du Sud, qui nous ont permis de vivre une
belle expérience et une exceptionnelle année de formation. Enfin,
je ne saurais passer sous silence les nombreux amis (es) qui, de près ou
de loin, m'ont soutenu moralement. Que tous vous retrouviez ici l'expression de
ma sincère et profonde gratitude.
INTRODUCTION
Les échecs de la politique classique de
coopération entre les Etats et d'aide au développement ainsi que
la globalisation des échanges, ont permis dans les années 70
l'émergence de l'action extérieure des collectivités
locales. L'émergence de cette action extérieure des
collectivités comme l'estiment certains spécialistes de la
question, est intervenue dans un contexte où les logiques
traditionnelles de l'aide au développement sont remises en cause et au
début de la grande époque de mondialisation. L'émergence
de cette action extérieure est apparue comme rupture avec la
coopération classique et mode d'intervention en faveur du
développement et de la solidarité internationale, constitue un
phénomène particulier très intéressant pour
décrypter les relations internationales notamment les différents
acteurs, leurs rôles et vision dans la société
contemporaine.
En effet, le mouvement de décolonisation et les grandes
sécheresses des années 70 en Afrique Subsaharienne, ont permis
aux collectivités territoriales françaises d'élaborer une
nouvelle forme de coopération axée sur la solidarité et
l'éducation au développement. En élaborant ainsi cette
nouvelle forme de coopération, ces collectivités proposent une
deuxième solution pour aborder la question du développement dans
les pays du Sud. Elles profitent pour s'imposer en tant que nouveaux acteurs en
relations internationales avec ce que l'on appellera plus tard la diplomatie
des villes. Cette émergence de l'action extérieure des
collectivités locales redéfinit le paysage national et même
international en matière de relations entre les Etats dans la mesure
où elle est procède à l'aménagement de la
souveraineté des Etats et d'un point de vue plus large à la
problématique d'aide au développement.
En France, le terme juridique consacré et adopté
pour désigner cette nouvelle forme d'action internationale et vision de
l'aide au développement conduite par les collectivités
territoriales est « la coopération
décentralisée ». Le bien-fondé de la
coopération décentralisée n'est plus à prouver
dans la mesure où elle soutient le développement des pays pauvres
et consolide la démocratie. La coopération
décentralisée accompagne avant tout le processus de
décentralisation amorcée dans les pays du sud à partir des
années 90. Elle renforce la gouvernance locale où les
différents acteurs de la vie territoriale sont associés à
la prise de décision ou à la mise en oeuvre de politiques
publiques, territoriales et partenariale. La coopération
décentralisée avec sa vision promeut la démocratie locale,
participative et le développement territorial dans une dynamique de
partage d'expériences et de technologies.
La coopération décentralisée renforce
également la proximité entre les peuples à travers le
jumelage- partenariat.
Dans le paysage français d'aujourd'hui, les
collectivités sont considérées comme des acteurs
incontournables de la diplomatie française. Avec leur vision
basée sur la solidarité, le partage, la
réciprocité, les échanges et l'éducation au
développement, les collectivités territoriales ont réussi
à définir et à donner du contenu à la
problématique du développement en tenant avant tout compte de
l'amélioration des conditions de vie des populations concernées
par un partenariat ou une coopération décentralisée. Elles
redessinent le paysage politique en clarifiant les rôles de
différentes institutions publiques dans un contexte de mondialisation,
de démocratisation et de décentralisation plus accru dans les
pays en voie de développement.
La commune de Rillieux-la-Pape n'est pas restée en
dehors de ce vaste mouvement de diplomatie des villes et a au contraire
travaillé pour manifester son attachement à la solidarité
internationale et au développement des pays du Sud. C'est ainsi que dans
un élan de solidarité, elle a noué, entretenu et
développé un partenariat de jumelage avec la commune de
Natitingou ex Circonscription Urbaine de Natitingou à partir de la
moitié des années 90. Cet acte ouvre la commune à
l'internationale notamment en Afrique subsaharienne. Avec l'avènement de
la décentralisation au Bénin notamment des premières
élections municipales en 2002, le partenariat jumelage se transforme
selon les lois des deux pays en coopération décentralisée.
Au bout de plus de dix ans de coopération, nous remarquons que la
commune affirme sans cesse sa volonté de contribuer à
l'amélioration des conditions de vie des habitants de Natitingou. Pour
ce faire, elle oeuvre inlassablement pour accompagner la commune
« soeur et amie » de Natitingou dans sa marche vers le
développement de son territoire et contribuer par ricochet à son
rayonnement sur le plan international. Le bilan de ces longues années de
coopération n'est pas à la hauteur des espérances de la
commune de Natitingou. La coopération présente des insuffisances
certaines qu'il s'avère nécessaire et urgent de corriger afin de
rendre plus pérenne, plus efficace et performante cette
coopération décentralisée entre les deux partenaires que
sont les communes de Natitingou et de Rillieux-la- Pape. Ce sont ces
insuffisances qui ont amené les élus des deux communes ainsi que
leurs cadres et techniciens à envisager un recadrage du partenariat qui
lie les deux collectivités. Il s'agit pour les deux communes de revoir
la mise en oeuvre de la coopération, des actions et de redéfinir
un meilleur fonctionnement pour les années à venir.
De cette volonté générale
découle notre mission qui est d'accompagner la commune de Rillieux dans
le redémarrage ou la relance de sa coopération
décentralisée avec Natitingou plombée ces quatre
dernières années par des problèmes relationnels et
d'événements politiques notamment au sein du conseil communal de
Natitingou. La mission consiste de façon plus détailler dans un
premier temps à définir avec le service en charge de la
coopération de la ville les objectifs d'une nouvelle coopération
et dans un second travailler sur l'élaboration de la nouvelle convention
et sur l'élaboration de projets communs à mettre en oeuvre dans
un proche avenir. Enfin, notre mission dans la convention qui nous lie avec la
commune consiste également à faire des projets de projets pouvant
être pris en compte dans le cadre de l'appel à projets 2009-2012
du Ministère des Affaires Étrangères (MAE) et à
rechercher des financements pour la mise en oeuvre prochaine des projets
communs entre les deux villes.
Après quatre mois de stage au service culturel de la
ville, nous pouvons dire que notre mission est une réussite même
si le volet appel à projets n'a pas été abordé
à cause du retard observé par le MAE à mettre en ligne
l'appel à projets. Ce retard ne nous a permis d'étudier à
fond et concrètement le dispositif de l'État notamment celui du
MAE, pour accompagner les collectivités dans la mise en oeuvre des
actions de coopération décentralisée. Cette situation qui
certes constitue un manque, n'est pas de nature à discréditer
notre mission qui s'est bien déroulée avec une directrice de
stage compétente qui nous a laissé travailler en toute autonomie.
C'est d'ailleurs ce qui nous permis d'appréhender cette
coopération et de comprendre les problèmes qui ont freiné
son évolution. Nos recherches et analyses nous ont permis d'identifier
trois problèmes majeurs à savoir l'appropriation de la
coopération par les acteurs délégués par la ville
de Rillieux et les événements politiques intervenus à
Natitingou et le manque de communication à l'endroit des populations des
deux communes.
C'est dans le but d'aider les deux partenaires engagés
dans cette coopération, les professionnels et les chercheurs que nous
avons orienté notre réflexion sur le thème central que
voici: « CONTRIBUTION À LA RELANCE DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE ENTRE RILLIEUX- LA- PAPE ET
NATITINGOU : DYNAMIQUES ET PERSPECTIVES ».
L'avantage de ce thème est qu'il permet aux deux
partenaires et plus particulièrement à la ville de Rillieux
d'aborder la coopération avec espoir et pour plus d'efficacité
avec des actions pérennes qui associent les populations
natayaises1(*). Ce
thème se justifie essentiellement par l'enjeu de la coopération
décentralisée dans le processus de la mise en marche de la
décentralisation et du développement territorial de la commune de
Natitingou. Avec un processus inachevé de décentralisation
où les collectivités territoriales se structurent sans grands
moyens, le recours à la coopération est une opportunité
à la réalisation du plan de développement communal de
Natitingou. La présente étude porte essentiellement sur
l'évaluation des dix ans de partenariat et étudie l'implication
des différents acteurs pour parvenir à l'objectif de
solidarité internationale et de développement.
Du point de vue de son intérêt, le thème
revêt un intérêt purement scientifique et pratique. Sur le
plan scientifique, ce thème permet de se rendre compte de la diplomatie
des collectivités locales et montre son importance pour le processus de
décentralisation dans les pays d'Afrique subsaharienne. Dans le cas de
notre étude, cette diplomatie des collectivités locales
revêt un enjeu de développement économique, social et
culturel pour la commune de Natitingou. Sur le plan pratique, il permet
d'accroître les capacités d'actions des structures accompagnant la
mise en place de la coopération à travers une
professionnalisation de plus en plus nécessaire et une relation
entièrement développé et entretenue entre territoires et
pour leurs différentes populations. Les services techniques, les
comités de jumelage ou les organisations de la société
civile pourront s'inspirer de cette étude pour être plus efficace
sur le terrain et affirmer le bien-fondé de leurs actions. Celles-ci
doivent viser avant tout l'amélioration des conditions de vie des
populations et favoriser la connaissance mutuelle des deux peuples.
Pour développer ce thème central, nous a
structuré notre analyse autour de trois grands axes. Dans la
première partie de cette étude de notre travail, nous exposons
non seulement les cadres théoriques et méthodologiques de cette
étude mais aussi les généralités historiques de
l'émergence de l'action extérieure des collectivités
territoriales connue aujourd'hui sur le terme juridique de coopération
décentralisée. Par cadre théorique de
référence, nous entendons les objectifs visés par cette
étude, la problématique de recherche, l'état de la
question au Bénin, les hypothèses de recherche ainsi que la
définition du concept de coopération décentralisée.
Dans un deuxième chapitre, nous abordons la coopération
décentralisée, ses enjeux et ses fondements juridiques aussi bien
selon les textes français que béninois.
Dans son ensemble, la deuxième partie est
consacrée au partenariat-coopération qui lie les deux communes de
Rillieux et de Natitingou. Dans un premier chapitre, nous nous replongeons dans
les origines du partenariat entre les deux villes et les motivations des
élus de Rillieux après une brève présentation des
deux partenaires. Le deuxième chapitre s'est attelé à
retracer l'évolution de cette coopération entre les deux
partenaires notamment les actions déployées pendant les dix ans
de coopération, les dispositifs de sa mise en oeuvre depuis la signature
du premier protocole d'accord de partenariat en 1998. Ce chapitre
s'intéresse plus finement aux différents projets
réalisés et tente de souligner leurs impacts sur
l'amélioration des conditions des populations natayaises.
La troisième partie consacrée à notre
mission proprement dite fait dans un premier temps le point de nos
principales activités lors du stage, de notre analyse du partenariat
coopération entre les deux communes dans un temps et d'en venir à
nos propositions et suggestion pour une redynamisation ou une relance plus
efficace et pérenne de la coopération entre les deux communes.
PREMIERE
PARTIE : CADRE THÉORIQUE, MÉTHODOLOGIQUE DE L'ÉTUDE
ET GENERALITÉS SUR LA COOPÉRATION
DECENTRALISÉE
Cette partie est consacrée aux fondamentaux de l'action
extérieure ou de la diplomatie des collectivités locales. Pour
comprendre cette étude, nous l'avons opté pour une structuration
en deux chapitres complémentaires, qui constituent la trame
théorique de notre thématique. Le premier chapitre dresse le
cadre théorique et méthodologique et dégage une
problématique de recherche qui sera analysée tout au long de
cette étude. Quant au deuxième chapitre, il est consacré
à l'action extérieure proprement dite des collectivités
locales et territoriales notamment en rappelant l'émergence de ce
concept. Il relève également les enjeux de l'action
extérieure des collectivités locales et territoriales aussi bien
dans les sociétés du Nord que dans les pays en voie de
développement.
CHAPITRE I- LE
CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE.
Ce chapitre comprend deux sections. La première
relative à l'analyse notionnelle, tente de faire le point sur
l'état de la coopération décentralisée au
Bénin (Section 1). La deuxième section essaie de formuler une
problématique, des hypothèses de travail et de la
méthodologie adoptée (Section2).
Section 1-
L'analyse notionnelle et revue de littérature
En sciences sociales, un concept est un terme
polysémique qui revêt plusieurs sens selon l'histoire, le moment
ou l'humeur. Selon le Dictionnaire de l'Académie Française, un
concept est une construction et une création de l'esprit. C'est une
notion rigoureusement définie et établie qui sert de fondement,
de principe ou d'idée explicative de faits sociaux dont l'acception
philosophique date du XVIIème avec Descartes dans son discours de la
méthode. Un concept est aussi perçu comme une idée
générale, un terme technique qui désigne un fait social
dans le temps. Selon Benoît HARDY-VALLEE, le terme
« concept représente une catégorie
d'objets, d'événements ou de situations et peut-être
exprimé par des un ou des mots. L'auteur poursuit son argumentation en
signalant qu'il s'agit d'une représentation mentale, linguistique et
mentale, servant d'unité première de la pensée et de la
connaissance 2(*)».C'est justement pour éviter
toute compréhension qui ne se situerait pas dans notre champ
d'étude, que nous proposons de clarifier certains concepts clés
dans le but de permettre aux lecteurs de mieux saisir nos propos et de les
interpréter dans le contexte qui est celui de cette étude.
Paragraphe 1- Clarification des concepts
Les concepts que nous retenons pour la compréhension de
cette étude sont au nombre de quatre. Il s'agit du partenariat, de la
coopération décentralisée, de la décentralisation
et de la solidarité internationale.
1- Le partenariat
Concept clé au champ sémantique parfois
diversifié voire flou, mal interprété, le partenariat est
une importante notion qui revient de façon permanente en sociologie, en
économie, en sciences de l'éducation et en droit international
notamment en relations internationales. Sa définition varie selon le
domaine qu'il aborde et selon les acteurs qu'il implique. Un partenariat au
sens classique du terme désigne l'association de deux entités
voire plusieurs aux responsabilités et rôles clairement
identifiés, liées par une relation négociée
juridiquement par une convention, une loi ou sur la base d'une simple entente
morale en vue de la réalisation d'un projet commun. Le Petit Robert le
définit comme « une association d'institutions ou
d'entreprises en vue de mener une action commune ». Selon le Service
de Police de la Ville de Montréal (SPVM), « le
partenariat désigne un accord formel entre deux ou plusieurs parties qui
ont convenu de travailler en coopération dans la poursuite d'objectifs
communs »3(*). Pierre
Moscovici considère le partenariat comme
« un construit fondé sur le consensus4(*) ».
L'interprétation de cette dernière assertion de
l'auteur nous laisse dire que le partenariat est fondé avant tout sur la
reconnaissance des différences qui régissent les
intérêts des différents partenaires et constituent par
conséquent le socle de leur relation.
De ces différentes définitions, nous retenons
pour ce qui nous concerne, que le partenariat est une forme de collaboration
résultant d'une entente, d'un accord de deux ou plusieurs acteurs
égaux aux prérogatives et missions respectives bien
déterminées, qui mettent en commun les ressources humaines,
matérielles, techniques et financières à la
réalisation d'une action commune. Cette définition
témoigne que le partenariat s'inscrit dans le domaine de l'action, car
il est en lui-même l'action et exige l'idée de partage, de la
mutualisation des expériences, de la convergence des points de vue et
l'entente entre les parties liées par une relation. Les conditions de sa
réussite sont la création de liens de confiance, l'esprit
d'ouverture, le travail en équipe, en synergie, de concertation et de
consultation mais aussi de partage de pouvoirs, de responsabilités, de
risques et de moyens financiers.
En matière de coopération
décentralisée, le partenariat constitue une sorte d'alliance ou
de coopération entre deux ou plusieurs collectivités
territoriales, qui décident en toute liberté d'opérer en
synergie pour atteindre un ou plusieurs buts de développement dans les
pays du sud. Cette situation rend opératoire le concept en raison des
retombées qu'il apporte pour les populations et les collectivités
elles-mêmes. En ce qui concerne la relation entre deux
collectivités locales, le partenariat implique que chaque acteur assume
son rôle, sa mission et sa part de responsabilité en contribuant
à mettre dans un esprit concerté, cohérent et
complémentaire les moyens nécessaires à l'atteinte des
objectifs communs de développement retenus. Autrement, le partenariat
implique la cohérence entendue selon Sophie Bergeron comme l'absence de
contradiction, l'harmonie, la concertation qui permet aux acteurs
concernés par un accord de projeter ensemble leur but dans un esprit de
discussion et de partage. C'est un ensemble d'éléments qui forme
un tout impliquant la nécessité de connaître et de tenir
compte des rôles et responsabilités des autres intervenants. Dans
le cadre de la coopération décentralisée, un partenariat
est avant tout mu par l'esprit d'ouverture aux autres, au partage, bref, un
engagement en faveur de l'action humanitaire et de la solidarité
internationale.
2- La décentralisation
Le concept de décentralisation mérite une
clarification pour mieux comprendre l'objet de cette étude qui est la
coopération décentralisée. La décentralisation
comme l'écrit Jean Cassius Sossou Badjia5(*), est un facteur de dynamisation de la
coopération décentralisée. Selon l'auteur, elle est le
creuset idéal, favorable à la mise en oeuvre de la
coopération décentralisée. La décentralisation
présente pour la coopération décentralisée un atout
important en ce sens qu'elle s'attache au développement local d'un
territoire. C'est pourquoi, il nous a semblé important de la retenir
comme concept clé et d'en saisir les fondements dans nos deux cadres
d'étude que sont la France et le Bénin. Il importe de
préciser avant toute définition, que la décentralisation
concerne au premier chef les collectivités locales mais demeure à
notre avis une politique publique impulsée et conduite par l'État
central. Jean-Claude Thoenig dira à cet effet
« qu'en matière de décentralisation, le
pouvoir politique gouverne de façon centralisée 6(*)». Mais
qu'entend-on concrètement par ce terme et quel a été le
processus de sa mise en oeuvre dans les sociétés
françaises et béninoises ?
Au sens général du terme, on entend par
décentralisation, le moyen qui consiste à remettre entre les
mains des acteurs politiques locaux ou à la base, une partie du pouvoir
central. Au sens juridique du terme, la décentralisation consiste en un
transfert de pouvoir de l'État vers une personne morale de droit public
distinct de lui. Prise dans l'un de ces sens, la décentralisation permet
avant tout aux collectivités locales de gérer les affaires
locales publiques. Elles disposent pour ce faire d'une autonomie plus ou moins
grande, selon le degré de décentralisation, pour s'acquitter de
cette nouvelle mission locale.
Aussi, se dotent- elles d'un budget propre mais doivent rester
sous la surveillance de l'État, qui devient dans ce cas
l'autorité légale de tutelle, d'appui et de conseils. Ces
considérations nous font croire que la décentralisation est une
politique de transfert des attributions de l'État vers les
collectivités locales visant à favoriser le développement
à la base. Pour ce développement à la base, les
collectivités disposent d'un pouvoir juridique et d'une autonomie
financière afin de réussir cette mission fondamentale. Selon la
définition de l'assemblée nationale française,
« la décentralisation vise à donner aux
collectivités locales des compétences propres, distinctes de
celles de l'État, à faire élire leurs autorités par
la population et à assurer ainsi un meilleur équilibre des
pouvoirs sur l'ensemble du territoire. La décentralisation rapproche le
processus de décision des citoyens, favorisant l'émergence d'une
démocratie de proximité 7(*)». Cette définition
de la représentation nationale française permet de distinguer la
décentralisation de la déconcentration qui vise à
améliorer l'efficacité de l'action de l'État en
transférant certaines attributions de l'échelon administratif
central aux fonctionnaires locaux, c'est à dire aux préfets, aux
directeurs départementaux des services de l'Etat ou à leurs
subordonnés.
Dans le contexte béninois, la définition qui
semble décrire la situation réelle de ce concept, est celle
formulée par Jean Cassius Sossou Badjia, pour qui c'est
« un processus qui permet le transfert des pouvoirs de
décisions de la sphère centrale vers la base8(*) ». La
décentralisation selon l'auteur qui a étudié la
décentralisation et la coopération décentralisée au
Bénin, vise à partager entre les responsables de l'État et
les nouvelles collectivités territoriales afin de répondre
directement aux besoins des populations. La décentralisation dans ce
cas rime avec lutte contre la pauvreté, la promotion d'une
démocratie participative à la base et l'assurance de la garantie
de l'accès aux services et infrastructures socio-communautaires de base.
Pour ce qui est de la mise en oeuvre de ce processus qui garantit aux
populations la gestion des affaires locales, elle n'est pas intervenue dans les
mêmes conditions et au même moment. Si par exemple en France, les
deux grands moments de la décentralisation se sont
concrétisés par l'adoption des lois DEFFERRE en 1982-1983, puis
la réforme constitutionnelle de 2004, au Bénin, sa mise en oeuvre
effective ne date que décembre 2002 avec l'organisation des
premières élections municipales et communales. Ce processus
basé sur cinq lois notamment la loi N° 97-028 portant orientation
de l'organisation de l'administration territoriale, la loi N° 97-029
portant organisation des communes, la loi N° 98-005 portant organisation
des communes à statut particulier, la loi N° 98-006 portant
régime électoral communal et municipal et la loi N° 98-007
portant régime financier des communes, se met lentement et très
progressivement en place et n'assure pas pleinement le transfert des
compétences aux collectivités. Ces lois prévoient la
répartition des compétences entre l'État et
collectivités territoriales dans les domaines du développement
économique, de l'aménagement du territorial, de l'habitat et de
l'urbanisme, puis celui des infrastructures socio-communautaires, des
équipements et des transferts et enfin du domaine de l'environnement.
Les nouvelles collectivités n'ont toujours pas reçu le transfert
des compétences et sont dans le cadre de la réalisation de leurs
plans locaux de développement local, sont obligés de recourir
à la coopération décentralisée pour satisfaire les
demandes et besoins de leurs populations. D'où le lien entre la
décentralisation et la coopération
décentralisée.
3- La coopération
décentralisée.
Avant de définir ce concept, il importe de
définir celui de la coopération afin de mieux saisir le sens
qu'il revêt dans le cas des relations entre collectivités
territoriales.
Du latin cum « avec » et operare qui
désigne faire quelque ou agir, la coopération est au sens
général, l'action de coopérer, de contribuer ou de
participer à la mise en oeuvre d'un projet commun, d'un objectif ou d'un
but. Selon le dictionnaire de la politique, la coopération
désigne la capacité de collaborer à une action commune
ainsi que les liens qui se tissent pour la réaliser par deux
partenaires. La coopération vu comme telle apparaît comme un mode
d'organisation sociale qui permet à des individus à la base
différents par leur nature et origine, par leurs conditions sociales
différentes mais partageant des intérêts communs. Ces
derniers travaillent ensemble avec comme seul souci, l'atteinte de l'objectif
général qu'ils se sont fixés. La coopération eu
égard à ces considérations, nécessite un climat de
compréhension, une confiance mutuelle et un esprit d'ouverture.
En politique, la coopération désigne toute
action qui mobilise deux ou plusieurs nations. En politique internationale,
elle désigne toute action politique d'aide au développement
notamment économique, financière, technique et surtout culturelle
mise en oeuvre à l'échelle internationale entre pays dits
industrialisés généralement rencontrés au Nord et
pays dits en voie de développement concentrés pour la plupart au
Sud. La coopération peut prendre des formes diverses et variées.
La coopération décentralisée est née des
comportements de l'économie sociale et solidaire. Selon Jean Cassius
S.B., « la coopération décentralisée
consiste à la menée conjointe d'actions entre une ou plusieurs
autorités locales de deux États dans un intérêt
commun. Son objectif est d'accompagner selon lui la transformation de
l'organisation administrative et politique des pays en voie de
développement par un appui aux nouvelles collectivités
territoriales naissantes. Elle vise comme objectifs la consolidation des ces
collectivités locales et le renforcement de leur capacité
à répondre aux aspirations de leurs populations, dans le respect
des traditions et spécificités de la société
bénéficiaire de l'appui 9(*)». Les actions menées dans ce
cadre, soutient l'auteur, prennent essentiellement des formes de jumelage
culturel, de jumelage technique, de coopération-jumelage, de programmes
ou de projets de développement. La coopération
décentralisée tout comme la décentralisation a pour
ancrage le développement local. Elle apparaît de toute
évidence alors comme une coopération de proximité, un
partenariat entre les acteurs locaux, qui mènent des actions
concrètes et utiles pour satisfaire les besoins fondamentaux des
populations du sud et par ricochet l'amélioration de leurs conditions de
vie. En clairs, la coopération décentralisée vise à
établir une relation de partage, de proximité fondée sur
la connaissance mutuelle et l'échange culturel. Il s'agit de
l'amitié entre les peuples. C'est pour cela d'ailleurs que le
sénat français dans sa définition qu'il formule estime
qu'elle « englobe toutes les relations d'amitié,
de jumelage et partage nouées entre les collectivités
françaises et les collectivités équivalentes d'autres
pays 10(*)». Le ministère des affaires
étrangères ne voit pas les choses de façon aussi
simplifiée et humanitaire. Selon les autorités du MAE,
« la coopération décentralisée, est
l'ensemble des actions de coopération internationale
menées dans un intérêt commun, par voie de convention, par
les collectivités françaises et étrangères, ainsi
que leurs groupements, dans le cadre de leurs
compétences 11(*)». Cette définition du MAE,
dépasse le cadre historique d'amitié, de fraternité et de
solidarité entre les hommes et femmes de cultures différentes qui
veulent se connaître, se comprendre, échanger au-delà des
frontières pour agir au service du développement et érige
l'action extérieure des collectivités locales ou simplement de la
coopération décentralisée en une politique moderne de
l'aide publique au développement.
Le RESACOOP propose une toute définition toute
particulière inspirée du Ministère des Affaires
Étrangères. Cette une définition vise essentiellement les
finalités de la coopération décentralisée. Selon
cette institution régionale, « la
coopération décentralisée recouvre l'ensemble des actions
qui contribuent au développement institutionnel, social et culturel des
pays les moins favorisés. À travers les relations
d'échanges et de partenariat qu'elle génère, elle apporte
son concours au renforcement de la démocratie et du dialogue entre les
peuples 12(*)».
Somme toute, la coopération décentralisée
comme l'écrit Franck Petiteville découle des effets induits par
la décentralisation. Selon lui partout où elle a
été développée, la coopération
décentralisée a bénéficié d'un contexte
déterminant de décentralisation territoriale. Par cette
réflexion, cet auteur nous apprend que « la
décentralisation a accru l'autonomie des collectivités locales et
la dynamique de l'extension de leurs activités hors des
frontières nationales13(*) ». La coopération
décentralisée non loin d'être une simple action
extérieure des collectivités locales, une politique
étrangère des collectivités locales, l'action à
l'étranger des villes ou cette para-diplomatie des temps modernes, est
avant tout l'expression du soutien par ces dernières d'une autre vision
du développement à travers l'engagement en faveur de la
solidarité internationale. Ceci paraît d'autant plus vrai qu'elle
soit bilatérale ou multilatérale, la coopération
décentralisée oeuvre pour la mise en place de nouveaux
instruments, de nouveaux cadres de travail aux stratégies et
modalités plus humaines, susceptibles de d'amorcer un changement et
surtout de promouvoir le développement économique, social et
culturel en luttant contre la pauvreté des hommes et femmes des
sociétés du sud. Cette vision s'appelle solidarité
internationale, l'autre concept clé de cette étude.
4- La solidarité internationale
Cette notion ne date pas d'hier encore moins d'aujourd'hui.
Cela fait près de cinquante ans qu'elle circule et fait l'objet
d'importants débats au sein des organisations ou associations des
sociétés du Nord. En effet, au lendemain de la seconde guerre
mondiale et vu les inégalités devenues considérables, qu'a
généré le modèle de développement de cette
époque qui a compromis la paix, la justice et surtout accentué
la question de survie dans les sociétés dites du sud, des acteurs
se sont mobilisés pour faire naître une nouvelle vision du monde
que l'on appellera « solidarité internationale ». La
solidarité internationale, prend en compte ces inégalités,
essaie d'en comprendre les causes et se propose de les combattre par l'action.
La solidarité internationale rompt donc avec la vision dominatrice,
inégalitaire, à la limite très réductrice du
développement avec des hommes et femmes du Nord, qui fondent et appuient
leurs actions sur l'entraide et la solidarité à l'échelle
internationale. La solidarité internationale promeut une vision du
développement humain solidaire et s'appuie sur une exigence à
savoir garantir le droit au développement à tous les peuples. Sa
finalité est l'homme dont elle tente de satisfaire les besoins
essentiels comme l'accès à l'éducation, à l'eau,
à la santé, à l'alimentation, aux libertés
d'association et d'expression. Le combat de la solidarité
internationale, est de soutenir un développement harmonisé,
équilibré et enraciné dans la culture de chaque peuple.
Elle repose avant tout sur le partage et la réciprocité, non sur
le paternalisme ou l'assistance perpétuels. Elle ne se traduit pas
uniquement en un engagement en faveur du développement du Sud, mais doit
être selon ses défenseurs, déboucher sur une
sensibilisation et une éducation au développement qui sont plus
que indispensables pour changer les mentalités au Nord et de modifier
les comportements des citoyens qui favorisent les inégalités dans
le monde notamment les inégalités Nord-Sud. Elle repose à
cet effet sur une plus importante implication des citoyens et des élus
dans les procédures de décisions démocratiques au Nord et
au Sud.
La solidarité internationale pour ce qui nous
concerne, est un acte réfléchi qui induit les changements de
comportements et de mentalités, un acte politique majeur visant à
rendre plus équitables les règles internationales en
matière de développement. C'est un acte nécessaire
aujourd'hui dans nos différentes sociétés en ce sens qu'il
est une des conditions pour un monde plus juste, plus humain dont la
finalité reste le développement intégral de l'homme. La
solidarité internationale s'attaque aux problématiques de
développement dans les pays du sud notamment de faim, d'éducation
et d'amélioration des conditions de vie des populations. Les
collectivités locales en sont les acteurs privilégiés tout
comme les organisations et associations internationales. Pour ce qui concerne
les collectivités locales françaises, elles se sont
engagées en faveur de la solidarité au lendemain de la
décolonisation c'est-à-dire après les années 60 en
Afrique subsaharienne. La solidarité internationale a été
la plus plupart, non seulement l'occasion de s'ouvrir sur les
réalités des pays en voie en voie de développement, mais
seulement l'occasion de témoigner leur engagement en faveur de
l'éducation au développement. Dans la mise en oeuvre de cet
engagement, les collectivités locales françaises ont
développé en Afrique les partenariat-jumelages qui servent
à la fois d'outils d'échanges culturels, de connaissance mutuelle
et d'aide au développement. Ce sont ces partenariat-jumelages qui vont
être transformés et désignés plus tard par le terme
de coopération décentralisation, objet principal de cette
étude, qui pour nous constitue une autre vision du
développement.
C'est justement au nom de cette solidarité que la
commune de Rillieux a établi un partenariat avec la commune de
Natitingou au Bénin, naguère Circonscription Urbaine de
Natitingou dans la seconde moitié des années 90. Nous nous sommes
ainsi donné l'objectif d'analyser cette coopération, de
l'évaluer et de proposer des solutions pour sa pérennisation.
Mais avant d'entrer au coeur de cette coopération en elle- même,
il nous a paru important et utile de dresser l'état des lieux sur la
question au plan national pour saisir son enjeux pour le développement
des communes béninoises et par conséquent du Bénin.
Paragraphe 2-
L'état de la coopération décentralisée au
Bénin
La littérature aujourd'hui en matière de
coopération décentralisée est très infirme et
substantielle. Très peu d'étude et de travaux de chercheurs sont
consacrés à la coopération décentralisée au
Bénin. Au jour d'aujourd'hui, il n'y a pas encore une oeuvre de
chercheurs consacrée à ce domaine important à l'heure de
la décentralisation. Cette situation démontre et confirme
l'absence au stade d'évaluation, d'un référentiel en
matière de coopération décentralisée susceptible de
constituer ou de servir de base. La raison de cette absence documentaire est
toute simple et témoigne que le sujet intéresse peu de chercheurs
et n'est pas encore un sujet qui mobilisent les acteurs du monde associatif,
les universitaires et autres. On peut aussi l'expliquer par le fait que le
processus de la décentralisation est à ses débuts et les
expériences des communes n'impressionnent et n'épatent pas encore
les chercheurs qui attentent des bons résultats avant de se lancer sur
la question. Ce désintérêt des chercheurs ne devrait pas
une raison pour accepter de fait cette situation. Car même si la
coopération décentralisée n'entre officiellement et
légalement dans le vocabulaire béninois qu'après les
premières élections municipales de 2002-2003, les multiples
partenariats entre les anciennes circonscriptions urbaines notamment Cotonou,
Porto-Novo, Parakou, Ouidah, Abomey, Houéyogbé pour ce ne citer
que ceux-là et les collectivités locales françaises depuis
les années 80, méritent tout au moins qu'on s'y
intéresse. Il aurait été bien pour les chercheurs de
s'intéresser aux partenariats qui constituent un volet important de la
coopération décentralisée et dont les impacts sur le
développement local et surtout l'amélioration des conditions de
vie des populations sont visibles sur le terrain.
Mais la situation n'est pas alarmante car depuis que le
processus de décentralisation s'est mis en route, des jeunes
s'intéressent au sujet. Nous avons recensé un certain nombre de
mémoire de fin de formation qui traitent partiellement ou totalement de
la coopération décentralisée. Même si ces travaux
abordent la question de coopération décentralisée, ils se
fondent ou se basent toujours sur la décentralisation, ce qui laisse
dire qu'il n'y a pas toujours une littérature suffisante en
matière de coopération décentralisée.
Parmi, ces travaux d'étudiants en fin de cycle, quatre
ont retenu notre attention. Le premier consacrée à
« la contribution à l'amélioration de la
coopération décentralisée sud-sud 14(*)», est une
étude réalisée par Guylain-Junior NDOUBENOUE. Elle a
été réalisée en 2008 et encourage les communes
béninoises à échanger et à coopération entre
elles afin de propulser un développement équilibré sur le
plan national. Pour démonter cette thèse, l'auteur s'est
attelé à étudier le cadre institutionnel en matière
de coopération décentralisée au Bénin. Il
relèvera que multiples services sont crées par l'État pour
accompagner la coopération décentralisée mais que les
choses trainent toujours. Que ce soit au niveau du ministère en charge
des affaires étrangères, de l'intégration africaine et des
béninois de l'extérieur ou au ministère de
l'intérieur et de la décentralisation, des structures sont mises
en place, des postes de chargés de mission à la
coopération décentralisée sont crées pour aider les
communes à entretenir des relations de partenariat au plan national.
Sauf qu'à y voir, ces structures créées dans la plupart
dans la précipitation ou sans de vraies études, sont de
véritables services non fonctionnels qui ne servent pas
véritablement la cause des communes et encore moins des populations
à la base. Cette étude dresse aussi un état de la
coopération décentralisée sus-sud au Bénin
notamment entre des partenaires du sud et les collectivités
béninoises. De Cotonou à Pointe selon notre auteur, des
partenariats ont été établis entre les élus mais
ces actions pour ce qui concerne ne servent pas à grand-chose et montre
que la coopération entre les ces acteurs du sud n'est qu'un mythe. Sans
rejeter la pertinence du sujet de cet auteur et sa foi au développement
au Bénin, nous nous montrons très critique et
réservé à son égard. Car, dans la situation
actuelle, nous ne voyons pas comment cette étude pourrait contribuer
à améliorer la coopération décentralisée
sud-sud au Bénin. Ceci est d'autant plus vrai que les
collectivités ne sont pas encore matures et prêtes à se
lancer dans une telle action. Elles se battent pour le moment pour que le
transfert des compétences soit effectif et pour boucler leurs budgets
chaque au risque de se voir absorber par une commune plus grande. En gros, la
situation du moment n'est pas favorable à une telle démarche.
Sans pour jeter autant jeter du discrédit sur cette étude
réalisée par notre auteur, qui a le mérite de s'attaquer
à cette question, nous trouvons qu'elle est inopportune et manque de
réalisme en fonction de ce qui est vécu aujourd'hui dans la
société béninoise.
Le deuxième travail à ce sujet est un
mémoire soutenu en 2003 par Afissou BAKARY15(*). Il analyse la dynamique de la
coopération sud-sud en étudiant le cas de la coopération
bénino-arabe-libyenne. Ce travail nous présente les objectifs sur
le plan économique et politique de la coopération entre les pays
du sud. Ces objectifs sont l'indépendance économique du sud
vis-à-vis du nord. À travers ce mémoire, l'auteur
préconise une autre de voie de coopération et par
conséquent une piste nouvelle de développement au Bénin.
L'auteur pense que la coopération qui a existé entre
l'État français et le Bénin n'a pas laissé une
autonomie au pays et qu'il faut rompre avec cet asservissement pour imaginer et
s'investir dans une autre forme de coopération comme celle qui lie les
pays du sud. L'auteur n'est pas naïf car il conditionne la mise en oeuvre
de cette forme de coopération à la résolution de certains
obstacles et à la mise en oeuvre de conditions favorables. Son travail
s'inscrit dans la politique d'intégration africaine et de
coopération entre les pays du sud. En analysant la coopération
bénino-libyenne, notre auteur s'engage en faveur d'une
coopération sud-sud entre les États et ne parle point de
coopération décentralisée c'est-à-dire de
coopération de ville à ville. Ceci constitue l'insuffisance de ce
travail mais compréhensible à la fois pour nous. Il aura servi
à nourrir les réflexions au sujet de la coopération en
général notamment ses enjeux et modes de mise en oeuvre.
La troisième étude réalisée en
2004 par Jean Cassius Sossou BADJIA, comptant pour un DEA en
développement, s'intitule « Décentralisation et
coopération décentralisée au Bénin: vers la
légitimation des espaces publics locaux pour le développement des
collectivités locales 16(*)». C'est une étude qui
aborde la décentralisation, ses enjeux pour le développement des
communes béninoises et surtout la démocratie à la base.
C'est une étude assez intéresse qui aborde la coopération
décentralisée au Bénin depuis la période coloniale
jusqu'à l'ère du renouveau démocratique. Elle aborde la
coopération décentralisée et la décentralisation de
1955 à 1990 en passant par la période d'instabilité suite
à l'indépendance 1960-1972 et la période
révolutionnaire allant de cette année à 1990.
Cette étude établit un lien entre
décentralisation et coopération décentralisée.
D'ailleurs l'autre écrira que la décentralisation est un creuset
favorable à une nouvelle donne de la coopération
décentralisée au Bénin. Il estime ainsi donc que la
décentralisation est un facteur de dynamisation de la coopération
décentralisée. Tout au long de cette étude, l'auteur nous
apprend que la coopération décentralisée contrairement
à ce que l'on peut croire, n'est pas apparue pour la première
fois au Bénin avec l'avènement de la décentralisation.
Elle a toujours existé sous une forme ou une autre mais pas
perçue comme telle qu'elle aujourd'hui. À ce sujet, rappelons que
la France et le Bénin, l'ex-Dahomey, ont toujours
développé et entretenu des relations de coopération. Ces
relations ne s'appelaient pas coopération décentralisée
mais toujours est-il, qu'il s'agissait de forme de relations basée sur
le développement. C'est ainsi qu'on parlera en 1958 de la
« Communauté» pour établir un partenariat entre
les deux pays et de « Coopération » au lendemain de
l'indépendance et au regard du droit international de cette
époque. Le terme coopération à cette époque pour
désigner le partenariat entre les deux États, était
à notre avis une terminologie pour camoufler le
« néo-colonialisme » de l'État
français. Il faudra attendre la décentralisation en France dans
la première moitié des années 80 pour qu'on parle de
coopération décentralisée entre les collectivités.
Encore faut-il mentionner que pendant longtemps, il s'agissait de simples
accords de jumelages-coopération puisque le cadre juridique n'est pas
identique au Bénin. L'étude entre autres sur la
légitimation d'espaces publics locaux, gage d'une démocratie
participative à la base. La décentralisation selon notre auteur
servirait de moteur pour les élus. En effet, ces derniers
développent leur territoire en comptant sur les fruits de la
coopération décentralisée, devenue un soutien important
à la réalisation des plans de développement local. Cette
étude reste avant tout une étude qui mélange
décentralisation et coopération décentralisée. Elle
n'est pas spécifiquement consacrée à la coopération
décentralisée objet de notre étude mais nous renseigne
beaucoup sur les enjeux, le bilan et perspectives de la décentralisation
au Bénin.
La dernière étude qui nous a servi de base, est
comme les autres travaux un mémoire réalisé en 2006 qui
aborde « les problèmes structurels liés
à la mise en oeuvre de la coopération décentralisée
au Bénin 17(*)». Cette étude qui
établit une base de données sur la coopération
décentralisée, souligne l'échec des partenariats de
coopération. Son auteur propose aux élus locaux plus de
professionnalisme et de dynamisme dans leurs actions. Il manque de mentionner
les dispositifs à mettre en place pour réussir les
partenariats.
En dehors de ces mémoires, nous avons également
différentes études réalisées par les organes de
l'État pour vulgariser le document de politique nationale de la
coopération décentralisée. Nous avons aussi les actes de
l'atelier sur cette politique nationale de la coopération
décentralisée tenue à Cotonou en Décembre 2000
mais aussi les séminaires de formations et les fora sur la question.
Nous constatons que ces divers instruments dressent d'abord un état des
lieux sur la coopération et renseignent les collectivités locales
à travers leurs élus et cadres techniques, puis sur l'enjeu de la
coopération décentralisée pour leur territoire et enfin
sur le cadre juridique et institutionnel.
En matière de l'état des lieux de la
coopération décentralisée au Bénin, nous nous
sommes appuyé sur une étude réalisée en 2008 par
l'ambassade de France au Bénin. Cette étude place le Bénin
en cinquième position après le Burkina, le Mali, le
Sénégal et la Mauritanie en termes de coopération
décentralisée. L'étude renseigne, que les
opérations comptant pour la coopération
décentralisée au Bénin, vont du simple
jumelage-partenariat culturel au développement d'activités
économiques en passant par le transfert de compétences et de
techniques en appui à la gestion locale voire à la planification.
En matière le partenariat Porto-Novo Grand Lyon est un exemple parfait
de réussite de partenariat et surtout de transfert de
compétences. En 2008, on recense à l'échelle nationale
une trentaine de partenariat de coopération décentralisée
entre les collectivités françaises et béninoises contre
plus deux cents pour les Burkina-Faso et le Mali. Nous avons les partenariats
entre Créteil, Rosny sous Bois et Cotonou, les partenariats entre Lyon-
Cergy Pontoise, Épinal et Porto-Novo, le partenariat entre la ville
d'Orléans et la commune de Parakou. On notera également le
partenariat entre Rillieux la Pape et Natitingou, le partenariat entre
Évreux et Djougou, le partenariat entre Albi et Abomey, le partenariat
entre Melun et Ouidah, le partenariat entre Gleizé et Kouandé, le
partenariat entre Ville Franche sur Saône et Kandi et le partenariat
entre Échirolles et Honhoué dans la commune de
Houéyogbé ...etc.
En termes d'organisations plus grandes, nous avons le
partenariat entre le Grand Lyon et Porto-Novo. La région
Champagne-Ardenne est en partenariat avec le sud du Borgou sans oublier la
région Picardie qui entretient une coopération avec certaines
communes des collines comme Ouessè, Savè, Dassa-Zoumè et
Savalou. Le département des Hauts de Seine travaille en partenariat avec
son homologue du Mono au Bénin. Ces divers partenariats de
coopération contribuent à l'amélioration au quotidien des
conditions de vie des populations de ces différentes communes
grâces au montant qu'ils génèrent à travers l'appui
institutionnel entendu comme formation et stages des agents des communes mais
aussi appuis technique et logistique. Ces partenariats servent d'appui à
l'investissement grâce à des programmes d'investissement
élaborés et financés conjointement par les deux
partenaires mais souvent aussi par d'autres partenaires tels l'Agence
Française de Développement, l'Ambassade de France ...etc. Les
partenariats concernent également des échanges culturels et
sportifs et servent pour la plupart du temps à soutenir le
développement local des communes partenaires en appuyant
l'élaboration et la mise en oeuvre de leur plan communal ou municipal de
développement.
En résumé, la coopération
décentralisée est un processus en construction au Bénin.
Elle s'amplifie depuis la mise en place de décentralisation. D'ailleurs
beaucoup de communes béninoises comme le souligne l'Ambassade de France
au Bénin y croient et sont à la recherche de leurs premiers
partenaires étrangers afin d'obtenir de ces dernières un appui
améliorer leur fonctionnement ou se faire accompagner dans l'exercice de
leurs toutes nouvelles compétences. Ces nouvelles compétences
sont entre autres la gestion des ordures ménagères et autres
déchets, l'assainissement, la question de l'eau, l'environnement, les
infrastructures, l'équipement et les transports sans oublier les
problématiques liées à la santé, à
l'enseignement de base voire supérieur et l'éducation des
adultes. Les communes béninoises sont à la recherche de
partenaires pour les accompagner dans ces domaines et les communes partenaires
peuvent saisir cette opportunité pour s'engager à
l'internationale et les éduquer au développement. La
coopération dans ce cas a des avantages certains pour les communes
béninoises et du Nord. Elle contribue à l'émergence d'une
démocratie à la base, renforce la gouvernance locale et permet
aux acteurs locaux de satisfaire les nombreux besoins fondamentaux
jusque-là négligés par le pouvoir central de leurs
populations. Pour les collectivités du Nord spécialement
françaises, la coopération vise à renforcer les liens
d'amitié et la France et le Bénin et apparaît aux yeux de
ces dernières comme un moyen d'ouverture au monde.
Le point sur la clarification des concepts et l'état
de la question de la coopération décentralisée au
Bénin effectués, nous abordons dans la section suivante, la
problématique de notre travail de recherche ainsi que de la
méthodologie adoptée.
Section 2-
Problématique et méthodologie
Cette section traite de la question fondamentale de recherche,
des objectifs, des hypothèses de recherche et de la méthodologie
adoptée. Ces éléments entrent dans le cadre de la
structuration théorique de cette étude.
Paragraphe 1-
Problématique et hypothèses de recherche
Au regard des constats précédents, nous
remarquons que plusieurs collectivités locales béninoises
même avant la décentralisation avaient noué et entretenu
des partenariats de jumelage et de coopération avec leurs homologues
françaises. Cette situation montre que la coopération
décentralisée est aussi vieille dans le contexte béninois.
Elle constitue une forme de relation qui lie les anciennes circonscriptions
urbaines aux collectivités françaises depuis plus d'une
décennie malgré un contexte de centralisation du pouvoir. La
coopération décentralisée a énormément
profité à ces anciennes structures infra-étatiques et leur
a essentiellement permis d'accroître leurs compétences et de
réaliser des infrastructures socio-communautaires.
La commune de Natitingou, ex Circonscription Urbaine jusqu'en
décembre 2002, en a bien profité malgré son statut de
territoire administré et placé sous contrôle du
préfet pour entrer en partenariat avec la commune française de
Rillieux -la- Pape. Le statut de collectivité locale pour l'une et de
territoire administré pour l'autre n'a pas été un obstacle
pour l'établissement du partenariat-jumelage entre les deux villes. Le
partenariat qui lie les deux communes à cette époque
n'était pas tout à fait une forme de coopération
décentralisée, car le critère de territoire
administré par des élus n'était pas observé. Il
s'agissait donc d'une forme de relation totalement fondée sur la
solidarité internationale. La commune de Rillieux -la- Pape dans la
seconde moitié des années 90, a voulu simplement manifesté
son attachement à la solidarité en entreprenant une relation avec
la Circonscription Urbaine d'alors. Tout va changer avec l'organisation des
premières élections municipales en 2002 qui érigent
Natitingou en un territoire décentralisé gouverné par des
élus locaux. Du partenariat-jumelage, on entre à partir de 2003
dans une forme de coopération de territoire à territoire
désignée sous le nom de coopération
décentralisée. Les relations entre les deux communes se
développent désormais entre deux partenaires égaux qui ont
les mêmes statuts, jouissant des mêmes droits pour s'ouvrir au
monde et établir des relations avec les populations d'autres
cultures.
Aujourd'hui, la dynamique de cette coopération
décentralisée s'est concrétisée par la signature
d'un protocole d'accord de jumelage, de conventions générales de
coopération décentralisée liant les deux communes, la
signature de conventions de mise en oeuvre de programme et surtout la
réalisation de projets concrets tels la construction d'un centre de
tissage, la fourniture en matériels et équipements pour
l'évacuation des ordures ménagères, la dotation du centre
de santé de la ville d'un incinérateur sans oublier les dotations
du centre de loisirs de libres et autres équipements de travail. Mais
les partenaires ont failli dans la mise en oeuvre de cette relation. Autrement
dit, les deux collectivités ont oublié d'envisager une
structuration raisonnée, équilibrée et identique à
travers des instances de pilotage et de prise de décisions. La
négligence de cette structuration constitue un handicap majeur à
l'évolution de cette coopération entre les deux villes.
Au bout de dix ans de partenariat-jumelage, il faut certes
reconnaître que, malgré son évolution, le partenariat entre
les deux territoires n'est pas au beau fixe. On constate que la
coopération, n'a pas comblé les attentes des élus encore
moins des populations. Il n'y a pas par exemple de profondes relations entre
les deux peuples et les personnes déléguées à la
mise en oeuvre des actions et programmes agissent sans concerter les
élus des deux côtés. Il n'y a pas de concertation entre le
comité de jumelage de Rillieux -la- Pape et la commune de Natitingou. Ce
comité de jumelage viendrait à imposer ses décisions
à l'autre partie, ce qui ne pas surtout la vision des élus
Rillards dans cette coopération. Le comité de jumelage, plus
précisément certains de ses membres ont développé
des pratiques qui ne sont pas de nature à avancer la coopération
entre les deux collectivités. Cette coopération aujourd'hui
piétine et n'avance pas comme cela aurait du être. Ces pratiques
très proches du « néo-colonialisme », n'ont
pas contribué à réaliser le but de cette
coopération qui était celui d'accompagner le développement
de la commune de Natitingou à travers une transformation administrative,
politique mais aussi à travers une bonne gouvernance locale.
En plus, le comité de jumelage, a maintenu l'attitude
des débuts de la solidarité internationale. Il est resté
dans une démarche humanitaire, caritative et a oublié d'oeuvrer
à l'accompagnement local de la commune de Natitingou. Le comité
de jumelage à travers certains de ses membres a simplement
transformé les relations et ont développé une forme de
coopération basé sur les rapports du dominant au dominé,
du donateur au récipiendaire. Cette situation a été
empirée par des événements politiques au sein du conseil
municipal de Natitingou.
En effet, le premier Maire de la commune a été
destitué à cause de sa méthode de gestion des affaires
publiques locales très controversée et critiquée par ses
pairs. Son successeur ou remplaçant a été durant cette
première mandature menacé de destitution. Il faut aussi dire que
ces événements politiques intervenus au sein du conseil communal,
ont accru le désengagement des élus qui sont tournés vers
des problèmes institutionnels et non développement de leur
territoire. En toute conséquence, les élus pendant cette
période n'ont aucune volonté à travailler pour que la
coopération avance et apporte son soutien à la qualité de
vie des populations.
Ces deux éléments conjugués, ont
jeté un froid à la coopération décentralisée
entre les deux collectivités entre 2005 et 2008. Elle entre dès
lors dans une situation d'endormissement total. L'addition de ces deux
situations, nous laisse dire que la coopération entre Rillieux -la- Pape
et Natitingou traverse une crise. Ceci a été d'ailleurs reconnu
par les deux Maires et les responsables techniques des deux
collectivités. Pour notre part, cette crise que nous
appellerons « crise d'adolescence ou de
maturité », est nécessaire et sans grande importance
sur les relations entre les deux territoires. Au fond, elle a permis aux deux
parties de revoir leurs modes de fonctionnement et de questionner les
dispositifs de mise en oeuvre de la coopération afin de rendre plus
efficaces et pérennes les actions de cette coopération. La
commune de Rillieux -la- Pape s'est interrogée sur la mise en oeuvre de
cette coopération et s'est rendue compte que, ce n'est la bonne solution
pour agir et accompagner le développement de la commune jumelée
de Natitingou. La commune s'est rendue également compte que, l'appareil
de mise en oeuvre du partenariat a été sérieusement
grippé. Selon les cadres techniques en charge de la question à la
commune de Rillieux -la- Pape Rillieux, ces dispositifs ont monté leurs
limites. Ils ne garantissent pas toujours la transparence et ne respectent pas
la vision de la commune à savoir le respect de l'autre et la
concertation dans la mise en oeuvre des actions et la prise de
décisions. La coopération entre les deux communes selon le
constat de ces responsables techniques traverse non seulement une crise de
maturité mais aussi tend vers une dérive coopérative.
De ce constat, découlent les questionnements de cette
étude. En effet une étude scientifique ne commence dit-on souvent
par de simples, d'événements ou hypothèses mais à
partir d'un problème objectivement identifié et
spécifié. C'est pour dire que notre étude ne saura
être appréhendée que si elle se base sur une
problématique majeure qui va permettre de nous interroger sur les
réalités du partenariat entre Rillieux -la- Pape et Natitingou
que nous venons de développer plus haut. C'est ainsi que nous sommes
interrogé sur les mesures envisageables pour redynamiser et relancer
cette coopération entre les deux partenaires. Autrement, cette
étude s'interroge sur les dispositifs à mettre en place pour que
la coopération reprenne du souffle, ne subisse plus des
événements politiques cycliques, contribue réellement
à l'amélioration des conditions de vie des populations et qu'elle
ait de bonnes perspectives pour les années à venir. Les
élus et responsables de la commune en accord avec les nouvelles
autorités municipales de Natitingou décident de faire autrement
en recadrant la coopération avec des objectifs nouveaux. Ils sont
d'accord pour faire table rase et relancer la coopération entre les deux
partenaires. La commune de Rillieux-la-Pape, voulant se démarquer des
méthodes et pratiques mises en oeuvre et par voie de conséquence
réafficher sa position par rapport à la solidarité,
réfléchit sur une nouvelle approche de sa relation avec
Natitingou qu'elle a invité afin de redonner un contenu à leur
rapport à travers la relance du partenariat entre les deux territoires.
Ainsi, la question fondamentale qui a fait l'objet des discussions entre les
deux communes se résume: « quelles
pourraient-être les mesures envisageables pour dynamiser, relancer la
coopération et renforcer les liens d'amitié entre Rilliards et
Natayais ? Cette problématique se décline en
une autre question et relance le débat de la coopération entre
les deux communes. Autrement, la question fondamentale est de savoir
en quoi la relance de la coopération pourrait-t-elle servir
de levier de développement de la commune de Natitingou et contribuer au
rayonnement international de Rillieux -la- Pape ? C'est
aussi dans le cadre de la manifestation de la commune
Pour tenter de répondre à cette
problématique ainsi que des questions subsidiaires qu'elle suscite, nous
avons construit deux hypothèses de recherche et défini des
variables explicatives. C'est ainsi que notre hypothèse
générale a été de ressortir que le refroidissement
ou le gel du partenariat entre les deux communes, découlerait du fait
que cette coopération aurait engendré un type particulier de
configurations d'humanistes très animés par une vision
très « néo- colonialiste » de l'aide au
développement et plus particulièrement de la solidarité
internationale. Suivant cette configuration, nous retrouvons des acteurs
engagés en faveur de la solidarité mus par une certaine
idée de relations entretenues selon le type de dominant à
dominé, du donateur au récipiendaire sans vraiment impliquer les
populations locales, qui occupent malheureusement une position principale dans
la mise en oeuvre de cette coopération. Cette position qu'occupent ces
acteurs sert d'occasion à ces derniers pour mettre en place un
système de partenariat déséquilibré fondé
sur la domination. Comme nous pourrions l'imaginer à travers le bilan
d'une telle forme d'aide au développement, l'efficacité des
actions entreprises se fondant sur ce modèle de partenariat est
très critiquée et mise en cause. Autrement, le système de
relations mis en place par les acteurs délégués à
la coopération, expliquerait le déphasage d'une part entre
l'idée de départ de la solidarité et le bilan
mitigé de cette coopération et d'autre part. Comme variables
explicatives, nous soutenons que les méthodes d'interventions et
l'appropriation de la coopération par des acteurs
délégués à la coopération, expliqueraient la
dérive qui a caractérisé le partenariat entre les deux
communes et le gel des relations entre les deux partenaires. Ces
méthodes d'intervention renferment des stratégies de domination
et du non respect des principes fondamentaux de la coopération
décentralisée que sont le respect mutuel, la
réciprocité et l'égalité. Nous n'occultons pas la
crise au sein du conseil communal, qui aurait contribué dans la
foulée au refroidissement du partenariat-coopération
décentralisée entre les deux collectivités locales.
Ainsi l'objectif de cette étude est de rechercher dans
la mise en oeuvre de la coopération entre les deux partenaires, les
éléments qui ont apporté un coup d'arrêt à
cette coopération qui revêt à priori un enjeu fondamental
de développement de la commune de Natitingou. En termes d'objectifs
spécifiques, cette étude se propose d'examiner les dispositifs
mis en oeuvre par cette coopération. Il est question d'identifier les
facteurs à l'origine de l'incohérence dans les actions et du
détournement de la relation de partenariat. Elle se propose
également d'examiner les méthodes d'interventions des acteurs
délégués à cet effet et pointer du doigt la
négligence des élus locaux des deux communes dans la mise en
oeuvre de cette coopération. Pour examiner ces différents
éléments annoncés plus haut, nous avons recours à
une méthodologie particulière d'analyse que nous
détaillerons dans la sous-section suivante.
Paragraphe 2-
Méthodologie
Pour être faible, toute démarche qui se veut
scientifique se doit de suivre une méthodologie définie par Jean
Stoetzel comme « un savoir résultant d'une
réflexion sur la pratique de la recherche 18(*)». La
méthodologie selon Gilles Ferréol, est le fondement de la
composante opératoire d'une science, constituée d'un ensemble de
méthodes et de pratiques codifiées qui ont pour but d'assurer la
validité du raisonnement. Nous y avons recours dans le cadre de cette
étude à une méthodologie basée sur une revue
documentaire assez détaillée, l'entretien semi-directif afin de
répondre à notre question fondamentale de recherche et surtout de
vérifier nos hypothèses de recherche. Puis nous soumettons les
résultats issus de ces outils à un cadre théorique
d'analyse. C'est ainsi que nous avons dans le cadre de cette étude
recours à trois différentes grilles d'analyse pour
appréhender la coopération décentralisée
entre Natitingou et Rillieux -la- Pape. Il s'agit de l'analyse
sociocritique chère à Georges Balandier et Jean Ziegler, de
l'analyse stratégique et l'analyse systémique.
En ce qui concerne la première partie de notre
méthodologie c'est-à-dire la revue et l'exploitation
documentaire, nous avons dès la formulation de notre sujet de recherche
effectué une d'exploitation documentaire constituée d'un ensemble
d'outils précieux. Il s'agit pour la plupart d'ouvrages de
référence en matière de coopération
décentralisée, de rapports du Ministère des Affaires
Étrangères, de productions béninoises en matière de
décentralisation et de coopération décentralisée,
de mémoires d'étudiants le tout appuyé par un support
internet de taille. Il importe de mentionner à cette occasion que nous
avons au niveau des archives de la commune de Rillieux -la- Pape, eu à
exploiter une documentation assez fournie qui retrace l'origine et la mise en
oeuvre de la coopération décentralisée entre Natitingou et
la commune depuis la décision municipale de se lancer en
solidarité en passant par l'époque du partenariat-jumelage. Nous
avons aussi procédé à la collecte d'informations à
travers le recours d'un vieil outil connu qui est l'entretien. À ce
niveau, il faut signaler que nous avons recours à l'entretien
formalisé et beaucoup plus d'entretiens non formalisés avec
certaines personnes ressources ayant été impliquées dans
la mise en oeuvre de cette coopération. Nos entretiens avec notre
directrice de stage et ces différents entretiens avec les acteurs et
responsables techniques, nous été d'une utilité
remarquable dans l'appréhension de ce partenariat entre les deux
partenaires. Nous n'avions pas procédé à des
enquêtes à l'endroit des habitants des deux communes et des
responsables techniques. Nous avons estimé que l'exploitation
documentaire et les entretiens formels et informels suffisaient large pour
expliquer notre problématique et vérifier nos hypothèses
de recherche. Ceci pourrait être une limite de cette étude, car la
collecte de données à partir d'un questionnaire comportant une
série de questions, pourrait être une occasion pour certains
acteurs et surtout les populations l'occasion de révéler des
faits et s'exprimer dans l'anonymat sur cette coopération entre les deux
communes. N'empêche, notre méthode a livré beaucoup de
leçons et renseigne le lecteur et les professionnels en la
matière sur des faits qui ont caractérisé cette
coopération et qui doivent servir de base pour une bonne
coopération décentralisée. Ces faits découverts
nous ont amené essayer une théorisation fondée sur les
trois modèles d'analyses que nous avons évoqués plus
haut.
Le premier modèle d'analyse qui nous aura servi de base
est le modèle d'analyse de la sociologie critique.
Développé par Jean Ziegler et Georges Balandier, ce modèle
qui s'inscrit dans la pure tradition de la sociologie critique, née de
la rupture avec la sociologie dite de l'ordre et de la permanence, nous a
permis de mettre en évidence ce qui est caché et inconnu du
public. Reprenant les propos à cet effet de Jean Ziegler cité par
Hervé Sosthène Mouafo Ngatom19(*), l'analyse sociocritique met en évidence que,
ce qui est montré est à expliquer par ce
qui ne se montre pas, car le plus caché est le plus
véridique. Pour comprendre le fait social de la
coopération décentralisée entre Rillieux et Natitingou
et l'appréhender telle qu'elle est et se déploie sur le terrain,
il nous a paru nécessaire de saisir les dynamiques qui la sous-tendent.
Cette démarche nous a permis de comprendre que cette coopération
entre les deux communes partenaires n'est pas au fond ce qu'elle paraît
ou prétend être. Elle cache une face voilée
caractérisée par une domination dans les rapports,
révélatrice de sa vraie dynamique sur le terrain. Cette approche
d'analyse nous a permis de découvrir les aspects cachés,
très peu catholiques et peu glorieux de la coopération entre
Natitingou et Rillieux et les non-dits aux populations qui sont les
premières concernées par cette forme moderne d'éducation
au développement.
Le deuxième modèle d'analyse, auquel nous avons
eu recours pour répondre à notre question de recherche et
vérifier nos hypothèses, est inspirée de l'approche dite
stratégique développée par Crozier et Friedberg. Cette
démarche dont la finalité à l'origine est d'étudier
les relations de pouvoir au sein des organisations, privilégiant les
choix stratégiques des acteurs, nous a permis de comprendre et
d'expliquer dans le cadre de notre étude, ces stratégies
développées par les acteurs délégués et
responsabilisés dans la mise en oeuvre de cette coopération,
compte tenu de leur position dans cette relation. Étant au coeur de la
mise en oeuvre de cette coopération, du fait de leur position d'anciens
élus, responsables à divers niveaux et de position de patrons, de
décideurs sans consultation de la base et sans concertation avec les
vrais tenants que ce sont les élus, l'étude de ces acteurs qui
revêt rappelons- le une importance capitale, nous a été
utile pour la compréhension de ce qui s'est passé pendant une
décennie de partenariat-coopération. Cette grille dont
l'importance n'est plus à démontrer pour la bonne
réalisation de cette étude, nous a permis d'identifier dans la
conduite des acteurs et autres responsables, les comportements ayant
contribué à l'échec des actions engagées et du
refroidissement noté dans le processus de la coopération entre
les deux villes.
Enfin, considérée comme une méthode
complétant l'analyse stratégique, la méthode
systémique est la troisième approche à la base de laquelle
nous avons construit notre modèle d'analyse théorique. Cette
méthode d'analyse qui met en avant la globalité, les interactions
et les effets de rétroaction, nous a servi d'outil pour comprendre les
actions des uns et des autres. L'analyse systémique consiste à
étudier l'ensemble de ces interactions qui produisent entre les
systèmes d'actions et l'environnement dont le mécanisme est
constitué de demandes, soutiens et de la réaction au sein d'un
système. C'est le fameux mécanisme des
« input » et des « output ». Dans le
cadre de notre étude, les « input » sont
constitués en grande majorité de l'aide qu'apportent la commune
de Rillieux-la-Pape et ses acteurs autres partenaires français. Les
« output » par contre, désignent l'investissement
des élus de Natitingou et de l'implication des populations. En gros, il
s'agit de l'implication de la commune bénéficiaire et de ses
populations dans la réalisation des actions du
partenariat-coopération.
En somme, la méthode systémique nous a permis de
comprendre la manière dont un système s'adapte ou tente de
s'adapter aux contraintes, incitations et autres pressions de l'environnement.
Dans le cas de notre étude, malgré les méthodes
d'interventions controversées des acteurs, le système local
aidé par l'environnement de la décentralisation entretient des
relations de ruse pour continuer la coopération. Ceci aide à la
compréhension des stratégies mises en oeuvre à un moment
donné par les principaux acteurs impliqués dans cette
coopération entre les deux territoires pour soi disant assurer et
accompagner le développement social, économique et culturel du
territoire de Natitingou et manifester l'engagement et l'attachement de
Rillieux la Pape aux valeurs de la solidarité internationale.
Ces grilles d'analyse et cette méthodologie, nous ont
permis de faire une bonne lecture de la coopération
décentralisée entre les deux partenaires et nous ont
également servi d'arrière plan pour aborder la question de la
coopération décentralisée dans son ensemble notamment son
historique et ses enjeux pour les collectivités locales aussi bien du
Nord que des pays dits en voie de développement dont le Bénin en
fait partie.
Chapitre II- Genèse, institutionnalisation et
enjeux de la coopération décentralisée.
Ce chapitre se contente de retracer l'histoire de la
coopération décentralisée notamment son émergence
conceptuelle, politique et sa consécration juridique aussi bien dans le
contexte français que béninois (Section1). Il vient
également de fournir les indispensables repères pour examiner ses
enjeux pour les collectivités locales (Section2).
Section 1-
L'historique de la coopération décentralisée
La coopération décentralisée devenue un
phénomène international n'est pas un fait récent et
nouveau. Elle trouve son origine des jumelages entre les villes
françaises et allemandes à la sortie de la seconde guerre
mondiale et s'étendra aux pays de l'est pour se s'internationaliser
à partir des années 80 dont notamment en Afrique subsaharienne.
Elle s'imposera dès lors comme une forme de coopération au
développement dans les pays du sud. La présente étude
essaie de remonter à l'origine de cette nouvelle forme d'aide au
développement en se référant aux partenariat-jumelages
sans oublier son émergence conceptuelle et politique dans un premier
temps. Dans une seconde sous section, il est de question d'aborder sa
consécration juridique voire institutionnelle dans les droits positifs
français et béninois.
Paragraphe 1-
L'émergence conceptuelle et politique de la coopération
décentralisée
La coopération décentralisée est
née du mouvement des jumelages entre les collectivités
françaises au lendemain de la seconde guerre mondiale et allemandes amis
aussi et surtout entre les collectivités de certains pays de l'Europe
orientale et centrale. Au lendemain de la guerre, les collectivités
françaises dans le but de la reconstruction et de la paix ont
noué des relations de jumelages et de partenariats entre les populations
allemandes. Il s'agit à la base de relations d'échanges culturels
et de découverte mutuelle. Ces relations vont s'étendre plus tard
à des pays de l'Europe centrale et orientale notamment à la
Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Roumanie pour éviter les
désastres de la seconde guerre mondiale à l'avenir.
Mais l'émergence de la coopération
décentralisée remonte au début des années 80 avec
l'engagement des collectivités françaises au service du
développement en Afrique noire. À cette époque on ne
parlait guère de coopération décentralisée mais
plutôt d'action extérieure des collectivités locales. Il
faut signaler que cette action extérieure des collectivités
locales remet en cause les schémas classiques de coopération au
développement et des relations internationales. Les débats
suscités par cette irruption d'acteurs publics locaux
infra-étatiques sur la scène internationale ou de ce qui est
désigné par certains auteurs comme la diplomatie des villes vont
contribuer à l'émergence conceptuelle et politique du concept de
coopération décentralisée et de son ancrage politique. La
vingt sixième session de l'assemblée générale des
Nations Unies en 1971, a tenté de reconnaître l'action
extérieure des collectivités et encouragé leur
participation directe à l'action internationale de solidarité et
de développement.
En France deux grandes associations se sont illustrées
dans l'action internationale des collectivités territoriales et
contribueront par conséquent à l'émergence politique de ce
que l'on appellera plus tard coopération décentralisée qui
fait l'objet principal de cette étude. Il s'agit de la branche
française de la Fédération Mondiale des Villes
Jumelées (FMVJ), devenue Cités Unies France et de l'Association
Française du Conseil des Communes et Régions d'Europe (AFCCRE).
La première association qui fédère les
collectivités françaises fortement engagées dans la
coopération internationale, fonde son action comme l'écrivent
Adda Bekkouche et Bertrand Gallet sur la promotion de la paix et de la
démocratie, le développement et la solidarité
internationale. L'objet de cette organisation selon nos deux auteurs repose sur
l'information, la formation, le conseil et l'appui aux collectivités
territoriales françaises, qui le souhaitent, dans la conception et la
mise en oeuvre de leur action internationale sur toutes les régions du
monde. Quant à la seconde organisation, qui rassemble des communes, des
départements et des régions de France, elle agit principalement
pour renforcer la cohésion européenne, à travers des
actions de sensibilisation, d'information et de formations à
l'égard des citoyens européens. Les actions de ces diverses
associations vont accélérer les débats autour de
l'émergence de ces nouveaux acteurs dans les relations internationales
que sont les collectivités locales dans un contexte où seul les
États avaient le monopole des relations internationales.
En France, la première notion désignant cette
participation de l'action internationale des collectivités est l'action
extérieure des collectivités locales. C'est une notion
générique apparemment simple qui ne traduira pas l'action des
collectivités locales et territoriales françaises même si
elle a été plébiscité par le gouvernement et servir
de base à la création du Ministère des Affaires
Étrangères. À cette époque comme l'écrivait
Franck Petiteville, la seule évocation du principe d'action
extérieure des collectivités locales, était
soupçonnée de mettre en péril la souveraineté de
l'État. Cette une notion qui apparaissait aux yeux des acteurs
politiques de l'époque vague et moins précise. C'est ainsi qu'on
va recourir à une deuxième notion très voisine de
relations extérieures des collectivités locales. Dans la
foulée, certains parleront même de la diplomatie des
collectivités locales ou territoriales. Contrairement aux deux
premières notions qui sont considérées comme
équivalentes et utilisées l'une pour l'autre, la diplomatie des
collectivités territoriales ou locales, instaure un climat de
défi à l'État central notamment à sa
souveraineté. La notion qui aura le dessus est la coopération
décentralisée définie en termes généraux
comme les relations des collectivités publiques françaises avec
les collectivités extérieures. Elle concerne les relations
extérieures des collectivités locales françaises ou leurs
groupements sans exclusion qu'elle que soit la nature de ces relations et
comprend non seulement les accords de coopération, les
déclarations communes, les jumelages et autres relations
formalisées dans un instrument contractuel, mais aussi les relations
économiques, techniques voire culturelles. Cette notion a pour
spécificité de limiter les relations entre les relations
établies entre collectivités locales et des structures comme les
établissements universitaires, les universités ou entreprises.
Cette limitation est une exception française en matière de
coopération décentralisée. Des événements
politiques majeurs notamment les lois de la décentralisation vont
favoriser la reconnaissance et la consécration politique de la
coopération décentralisée. L'émergence de la
coopération décentralisée, élargissant le champ
d'intervention des acteurs publics en relations internationales, n'est pas
sans conséquence pour l'État central, qui va devoir monnayer ses
prérogatives en reconnaissant l'action des collectivités. En tout
de cause, la souveraineté de ce dernier va être
aménagée et ses prérogatives diminuées en
matière d'aide au développement pour les pays du Sud. Tout ceci
n'aura pas été possible en France sans les lois de la
décentralisation notamment des réformes de
décentralisation de 1982 et 1983. Franck Petiteville écrira
d'ailleurs à ce propos que « la
décentralisation a accru la marge d'autonomie des collectivités
locales et crée les conditions de la dynamique d'extension de leur
activité hors des frontières nationales20(*) ». Il
est indéniable donc au regard de cette idée que les
réformes de la décentralisation ont déterminé
l'essor de la coopération décentralisée. Nous pouvons donc
que partout où la décentralisation passe, la coopération
décentralisée émerge en tant que concept et fait
politique. On peut donc conclure que l'émergence de la
coopération décentralisée est l'un des multiples effets
induits de la décentralisation et surtout de l'essor des politiques de
développement local en France. Il en sera ainsi identique dans le
contexte béninois, où le concept sera reconnu aussi grâce
la mise en oeuvre du processus de la décentralisation. Le droit
béninois propose une définition spécifique du concept
entendu comme « une relation de coopération qui
lie une collectivité locale décentralisée ou un groupement
de collectivités locales béninoises à un partenaire
étranger doté de la personnalité
morale 21(*)». Cette définition indique
expressément que les acteurs de la coopération
décentralisée ne sont pas que des collectivités locales,
mais peuvent être aussi une organisation internationale ou une
association internationale de ville.
Cette définition est différente de la
définition du droit français de ce concept. En effet, selon le
droit français, la coopération décentralisée
recouvre toutes les formes de l'action extérieure des
collectivités et non pas uniquement celles qui ont trait au
développement des collectivités des pays du Sud mais englobe
aussi la coopération transfrontalière, la coopération
avec les pays de l'Est, la coopération extérieure des
départements et territoires d'outre-mer. Cette définition ne
reconnaît en conséquence et conformément aux lois de
décentralisation, que les collectivités territoriales ou leurs
groupements comme seuls acteurs de la coopération
décentralisée. La définition française accorde une
importance toute particulière au statut public des acteurs et aux
objectifs tandis que la définition béninoise très proche
de la position européenne intègre les associations
internationales donc les associations émanant de la
société civile. L'Europe définit la coopération
décentralisée comme toute relation entre les collectivités
territoriales et autorités territoriales de plusieurs États mais
aussi entre les agents économiques et sociaux, en particulier les
associations de droit commun, les universités et les entreprises. La
reconnaissance progressive de la coopération décentralisée
en tant que concept politique va être encadrée par des lois.
D'où sa consécration juridique et institutionnel.
Paragraphe 2-
La reconnaissance juridique et l'institutionnalisation de la coopération
décentralisée.
Il est ici question d'aborder la question de la reconnaissance
juridique et l'organisation institutionnelle de la coopération
décentralisée dans l'environnement français et
béninois.
En France, le travail conceptuel et la consécration
politique de la coopération décentralisée sera cadre
juridique performant. La doctrine française en matière de
coopération décentralisée s'est appuyée sur un
cadre constitutionnel et légal. En effet, c'est l'article 72 de la
Constitution Française, qui autorise la capacité juridique des
collectivités territoriales avec leurs homologues
étrangères. Cet article de la Constitution dispose
que : « Les collectivités territoriales
de la République (...), s'administrent librement par des conseils
élus et dans les conditions prévues par la
loi(...)».
Au plan légal et réglementaire, il faut signaler
que la consécration juridique de la coopération
décentralisée découle de l'adoption de la loi du 6
Février 1992 relative à l'administration territoriale. Cette
consécration législative tardive vient combler le flou et les
lacunes du droit positif français d'une époque. La
coopération décentralisée pendant une décennie
évolué dans un contexte d'incertitude et ce sera la loi Jean-
Louis Autin du 6 Février 1992, qui mettra fin à ce qui est
qualifié en terme de coopération décentralisée de
vide juridique. Cette loi met un terme définitif à cette
période d'incertitude et ce vide juridique en levant toute
ambiguïté en reconnaissant clairement la légalité du
phénomène de la coopération décentralisée
et affirmant l'autonomie des collectivités locales.
C'est le titre IV de cette loi qui est consacré
à la coopération décentralisée. Les articles 131
à 155 de ce titre IV, reconnaissent la légalité de la
coopération décentralisée et encouragent la promotion de
cette pratique. Le premier effet de cette loi du 6 Février 1992, a
été la consécration officielle sur le plan politique et
juridique du phénomène de la coopération
décentralisée. Désormais, le droit des
collectivités françaises de contracter à l'étranger
est explicitement reconnu par l'article 131-1 alinéa 1 de cette loi qui
dispose : « Les collectivités et leurs
groupements peuvent conclure des conventions avec des collectivités
territoriales étrangères et leurs groupements dans les limites de
leurs compétences et dans le respect des engagements internationaux de
la France ». Cet article 131-1 alinéa 1
recommande aux collectivités le recours aux conventions dans le cadre
d'une relation de coopération décentralisée. Cette
convention selon la loi doit être autorisée par
délibération de l'organe délibérant et signé
par l'organe exécutif. Elle devient exécutoire après avoir
fait l'objet des procédures de publicité et de transmission au
représentant de l'État, dans le cadre du contrôle de
légalité de droit commun.
La loi du 6 Février 1992 autorisant les
collectivités territoriales et leurs groupements à conclure des
conventions de coopération décentralisée, désigne
comme seules autorités compétentes les communes, les
départements, les régions, les collectivités territoriales
des départements d'outre-mer et les établissements publics de
coopération intercommunale, tels les communautés urbaines, les
districts, les syndicats de communes, communautés de communes,
communautés d'agglomération ainsi que les ententes
départementales ou régionales dotées de la
personnalité morale et les syndicats mixtes. Les articles 132 et 133
autorisent respectivement et sous certaines conditions le recours aux
sociétés d'économie mixte (SEM) locales et à des
groupements d'intérêt public (GIP) dans le cadre d'action de
coopération décentralisée. Les collectivités
peuvent dans le cas de cette convention de coopération agir en tant
qu'opérateurs ou maîtres d'oeuvre et s'associer avec d'autres
organisations notamment communautaire ou mondiale pour exécuter et
conduire des projets précis de coopération ainsi que les
opérations de jumelage. La loi prévoit qu'en cas de
délégation, la collectivité ou le groupement demeure le
seul responsable de l'exécution de la convention de la
coopération décentralisée.
En ce qui concerne les partenaires, la loi n'autorise les que
les relations de coopération avec les collectivités
étrangères, autorités ou organismes exerçant des
compétences sur un territoire infra-étatique. C'est cette
disposition de la loi qui a sans doute permis à la commune de Rillieux
la Pape à s'engager en partenariat avec Natitingou qui à
l'époque avec un statut de territoire administré par un
représentant de l'État et non collectivité locale
décentralisée. Une petite nuance mérite d'être
soulignée dans l'encadrement juridique de la coopération
décentralisée en France. La loi n'exclut pas l'existence de
relations de partenariat ou de coopération décentralisée
sans une convention légale. Ainsi des collectivités peuvent se
mettre en relations sans signature d'une convention ou protocole d'accord de
partenariat. Mais l'idéal pour ces collectivités, est de se
conformer aux exigences juridiques pour bénéficier du soutien
financier et diplomatique de l'État. Deux nouvelles lois vont
compléter le cadre juridique de la coopération en France. Il
s'agit de la loi Oudin du 10 Février 2005 permettant aux
collectivités, aux syndicats mixtes chargés de services publics
d'eau potable et d'assainissement ainsi qu'aux agences de l'eau d'affecter
jusqu'à 1% de leur budget à des actions de solidarité
internationale- de coopération décentralisée- dans le
domaine de l'eau et d'assainissement. La loi Thiollière adoptée
le 27 Janvier 2007, quant à elle habilite notamment les
collectivités territoriales à intervenir en dehors des limites de
leurs compétences traditionnelles. Cette loi leur permet
désormais si l'urgence se justifie, de mettre en oeuvre ou financer des
actions à caractère humanitaire. Voilà qui élargit
le champ de la coopération décentralisée qui comprend non
seulement les actions traditionnelles d'aide au développement dans les
pays pauvres, les actions internationales de solidarité mais aussi les
actions humanitaires en cas de catastrophes naturelles.
La consécration juridique de la coopération
décentralisée qui est avant tout une modalité d'exercice
des compétences des collectivités locales, s'accompagne de son
encadrement institutionnel. À cet effet, l'État reste le garant
de légalité des actions menées par les
collectivités territoriales. C'est lui qui veille au respect des
collectivités des engagements de l'État. Cette
légalité est assurée en France par les préfets et
sous-préfets en vue de sauvegarder la cohérence juridique du
dispositif national. La Direction Générale des
Collectivités Locales (DGCL) au Ministère de l'Intérieur,
le Secrétariat d'État à l'Outre-mer, et la Direction des
Affaires Juridiques du Ministère des Affaires Étrangères
sont fortement impliqués dans l'institutionnalisation de la
coopération décentralisée notamment la gestion du cadre
juridique, de son interprétation et son évolution. L'autre
grande innovation française en matière d'organisation
institutionnel est la création d'une Commission Nationale de la
Coopération Décentralisée (CNCD). Créée par
les articles 132 et 133 de la loi du 6 Février 1992, cette commission a
pour mission d'établir et de tenir à jour, un état de la
coopération décentralisée menée par les
collectivités territoriales et est habilitée à formuler
des propositions ou recommandations visant à la renforcer. Placée
sous tutelle du Premier Ministre qui en assure la présidence ou en son
absence par un ministre que ce dernier a désigné pour le
remplacer, la Commission Nationale de la Coopération
Décentralisée, est composée de 64 membres répartis
par moitié entre représentants de l'État et des
élus territoriaux. Espace idéal d'échange et de dialogue
entre ces deux acteurs évoqués plus haut, les travaux de la
commission portent en grande majorité sur l'amélioration de la
connaissance statistique et financière mais aussi de l'état des
lieux des relations des collectivités territoriales à
l'étranger. Elle informe, évalue et renforce la
sécurité juridique.
La consécration juridique et l'encadrement
institutionnel de la coopération décentralisée au
Bénin, ont été conduits suivant les mêmes
procédés à la différence que le travail lié
à la conceptualisation n'a pas été abordé par le
Bénin. Le pays a incorporé ce terme dans son droit et son
vocabulaire.
Tout comme la France, la Constitution béninoise du 11
Décembre 1990 ayant mis en exergue le retour à la
démocratie, a consacré son titre X aux collectivités
territoriales. L'article 151 de cette constitution dispose comme la France
que : « Les collectivités territoriales
s'administrent librement par des conseils élus et dans les conditions
prévues par la loi ». L'article 153 de la constitution dispose
que « L'État veille au développement harmonieux de
toutes les collectivités territoriales sur la base de la
solidarité nationale, des potentialités régionales et de
l'équilibre inter-régional ».
Mais ce sont les cinq lois de la décentralisation qui
constitueront le support juridique de la coopération
décentralisée au Bénin. Deux de ces cinq lois concernent
essentiellement la coopération décentralisée. Il s'agit
des lois N° 97-029 et N° 98-007 du 15 Janvier 1999, portant
respectivement organisation des communes en République du Bénin
et régime financier des Communes en Républiques du
Bénin ; qui traduisent les principes fondamentaux de la
décentralisation et par ricochet de la coopération
décentralisée. L'un de ces principes affirme que la
coopération décentralisée doit s'organiser dans le strict
respect de la souveraineté de l'État. L'État soutient la
coopération décentralisée mais veut en assurer le
contrôle juridique par la simple information au ministère de
tutelle. Juridiquement, au Bénin la coopération
décentralisée doit se conformer au principe du respect des
engagements de l'État, de la nécessité de son
intérêt pour le développement de la collectivité
concernée et pour la population et enfin d'un intérêt
commun pour les partenaires.
Sur le plan institutionnel, il a été crée
un Ministère de la Décentralisée et des
collectivités locales et une Commission Nationale de la
Coopération Décentralisée qui doit jouer les mêmes
rôles que la commission Française. À l'instar de la
France, la République du Bénin consacre politiquement et
juridiquement la coopération décentralisée dans son droit
et l'institutionnalise avec la création de structures au service de son
développement. Ces structures sont entre autres le Ministère des
Affaires Étrangères, de l'Intégration Africaine, de la
Francophonie et des Béninois de l'Extérieur, du Ministère
de la décentralisation, des collectivités locales et de
l'aménagement du territoire, la Commission Nationale de la
Coopération Décentralisée et de la Mission des
collectivités locales. Toutes ces structures ont en charge les questions
de coopération décentralisée. La coopération
décentralisée au-delà de sa consécration juridique
et de son institutionnalisation dans les environnements politiques
français et béninois revêt un important enjeu pour les
collectivités engagées dans un partenariat. C'est ce que nous
tenterons d'analyser dans la deuxième section de ce chapitre.
Section 2-
Les enjeux de la coopération décentralisée
L'émergence des acteurs de la coopération
décentralisée sur la scène internationale dans un monde
où la mondialisation et la globalisation sont devenues la règle
de l'économie et de la politique mondiale, consacre une autre vision de
l'aide au développement de nos jours. Les collectivités
territoriales bouleversent les donnes en s'imposant comme des acteurs nouveaux
incontournables de l'aide publique au développement. Leur participation
à l'action internationale accroît les enjeux de cette nouvelle
forme d'intervention à travers le monde. La coopération
décentralisée est une opportunité pour les
collectivités territoriales du sud et représente en même
temps un enjeu de l'engagement de celles situées au Nord au service du
développement.
Paragraphe 1-
Les enjeux de la coopération décentralisée pour les
collectivités du Sud
La coopération décentralisée
représente pour les collectivités locales du Sud et plus
particulièrement du Bénin une opportunité de
développement. Les différentes initiatives de coopération
entreprises depuis les années 80 par les collectivités
françaises à l'endroit des institutions infra-étatiques de
l'époque, ont toutes contribué à l'amélioration des
conditions de vie des populations et par conséquent au
développement de leur territoire. Les trois communes à statut
particulier à savoir Cotonou, Porto-Novo et Parakou, doivent leur
évolution certes, par les efforts constants du gouvernement, mais
surtout par l'appui technique, économique et institutionnel des
collectivités françaises avec lesquelles elles ont noués
des relations de coopération. Les communes secondaires comme Natitingou,
Kandi et Abomey doivent leur niveau de développement à la
coopération décentralisée.
La coopération décentralisée est une
opportunité certaine pour ces collectivités territoriales pour la
réduction de la pauvreté et des inégalités
sociales. Les programmes de partenariat ou de coopération entretenus par
les collectivités béninoises avec leurs homologues
françaises, ont permis de contribuer à la réduction de la
pauvreté à travers l'amélioration des conditions de vie
des populations. Les centres de santé, les centres de formations, les
écoles, les cantines scolaires construits par ces programmes et les
autres programmes d'appui au développement local, ont permis dans leur
ensemble aux collectivités territoriales de lutter contre la
pauvreté en milieux urbains. Elle renforce la démocratie et
accompagne les collectivités béninoises dans le processus
d'apprentissage de la gouvernance locale. Elle soutient alors la dynamique de
démocratisation engagée depuis l'historique Conférence des
Forces Vives de la Nation de Février 1990 et aussi la
décentralisation.
La coopération décentralisée amène
les collectivités béninoises à mettre en place des projets
de développement territorial dans l'intérêt local qui
seront appuyés par les partenaires du Nord notamment les
collectivités françaises. La coopération
décentralisée se différencie de la coopération
traditionnelle bilatérale entre les États en fondant ses actions
sur l'éducation au développement et la lutte contre les
inégalités dans le monde. Au Bénin, les actions de la
coopération décentralisée ont aussi renforcé le
processus de décentralisation et la construction municipale. La gestion
des déchets, la question de l'assainissement et de l'eau dans les
milieux urbains, sont devenues des problématiques
maîtrisées par les collectivités béninoises
à grande taille et secondaire grâce à l'appui des
partenaires français.
Dans un contexte de désengagement de l'État
central et de privatisation des entreprises étatiques, les
collectivités locales avec l'aide et l'appui de leurs homologues se sont
très tôt mises à chercher les moyens pour faire face aux
besoins de leurs populations. C'est le cas par exemple des Registres Fonciers
Urbains mis en place par les principales et secondaires collectivités
locales, qui malgré le soutien conséquent de la Banque Mondiale,
n'auront été possibles sans l'intervention des partenaires
extérieurs notamment des partenaires comme les collectivités
locales françaises. Il en est de même de la gestion des ordures
des déchets dans ces collectivités. Bref, la coopération
décentralisée a un réel impact sur le développement
des services publics locaux des collectivités béninoises. La
coopération décentralisée accompagne les
différentes réformes politiques engagées au Bénin
ces dernières années et a permis de rendre plus performantes les
collectivités territoriales. Ce qui nous laisse dire pour paraphraser
Bernard Husson, que la coopération décentralisée contribue
au développement des collectivités du sud grâce à la
réalisation d'actions ou de projets concrets répondant aux
besoins des populations à la base. C'est un véritable soutien au
développement pour les collectivités locales béninoises,
qui retrouvent en cette nouvelle mode de partenariat une solution aux
problèmes de développement local de leur territoire.
Depuis l'organisation des premières élections
municipales, ce soutien au développement s'est accru et se
caractérise par le financement d'infrastructures socio-communautaires
à savoir la construction d'écoles, de maternité, de
dispensaires et de centre de santé, sans oublier les projets de
construction d'écoles, d'hydraulique villageoise, la formation des
cadres des agents des collectivités partenaires. Certaines
coopérations concentrent essentiellement leur appui au
développement en apportant leurs concours à l'amélioration
des qualités de service de base de santé, l'enlèvement et
le traitement des ordures ménagères solides, la signalisation
urbaine, l'assainissement notamment le pavage des rues. Des projets de
coopération concernent également la jeunesse, les femmes et les
artisans. Ce qui nous amènent à dire que la coopération
décentralisée revêt un enjeu de développement,
c'est le fait que, les projets de coopération mettent en avant des
projets de développement local, d'aménagement du territoire, de
la valorisation et de la gestion des ressources naturelles et bien entendu les
actions visant à augmenter la capacité financière de la
collectivité.
La coopération décentralisée pour finir
renforce la légitimité des élus locaux et leur engagement
au service du développement économique, social, culturel voire
dans certaines mesures du développement durable de leur territoire. Les
populations apprécient et approuvent leurs actes car leurs conditions
changent. Ils ont grâce à la coopération
décentralisée les services de base comme l'eau,
l'électricité, la voirie, les centres de loisirs, les centres de
soins...etc. Nier l'impact de la coopération décentralisée
pour les collectivités territoriales surtout à l'heure de la
mondialisation et de la décentralisation, c'est ne pas prendre en compte
son enjeu pour les territoires. Pour ce qui nous concerne, la
coopération a un enjeu important de développement des
collectivités. La coopération n'a pas un enjeu pour les seules
collectivités béninoises. Elle compte beaucoup pour le
rayonnement international des partenaires français.
Paragraphe 2-
Les enjeux de la coopération décentralisée pour les
collectivités françaises.
Dans un contexte en pleine mutation caractérisé
par la libre circulation des capitaux et des marchandises et par l'augmentation
croissante des disparités entre les pays, la coopération
décentralisée apparaît pour les collectivités
territoriales françaises, comme un moyen de se démarquer de la
politique classique de coopération et de proposer leur propre vision du
développement. Les relations des collectivités territoriales avec
leurs homologues étrangères, est un élément
essentiel de cette nouvelle vision du développement notamment de leur
politique internationale. La coopération décentralisée
participe à ce combat des collectivités pour un
développement plus juste, humain et témoigne de leur engagement
en faveur de la solidarité internationale, un principe fondamental de
l'économie sociale et solidaire.
Lorsqu'on analyse l'engagement des collectivités en
faveur de la solidarité internationale, on se rend compte qu'elles
proposent contrairement aux modèles classiques de développement
cherchant à accroître les inégalités sociales, une
nouvelle vision du développement qui est la voie de la solidarité
au service d'un développement plus juste et respectueux de la
dignité humaine. Cette nouvelle forme de développement
prônée par les collectivités territoriales du Nord et plus
particulièrement françaises à un double appel : une
nouvelle conscience mondiale et l'établissement d'un ordre international
basé sur la solidarité. Elles estiment que cette dernière
est une nouvelle solution aux problèmes de sous-développement
dans les pays du Sud.
Pour beaucoup d'élus engagés en faveur de la
coopération décentralisée, les populations du Sud ne
parviendront à améliorer considérablement leur sort
qu'à condition que s'instaurent des relations de partenariat entre les
collectivités du sud et les collectivités du Nord. Ces relations
doivent être des relations de territoire à territoire et devront
être présidées par l'esprit de partage, de franchise,
d'amitié et d'amour du prochain. Celles-ci seront animées par une
solidarité efficace mise en oeuvre sous formes de jumelage, de
partenariat-jumelage ou encore de coopération
décentralisée. C'est l'objectif de la mobilisation des
collectivités territoriales françaises pour promouvoir la
coopération décentralisée. Pour ces élus, la
légitimité de la coopération décentralisée
découle de la condition infra-humaine à laquelle sont
réduites les populations du Sud et des différentes politiques
aberrantes de coopération qui sont à l'origine des
désastres humains, sociaux et économiques observés dans
les collectivités du Sud. Pour eux, la nécessité d'agir
pour mettre fin à cette situation s'impose et devient une aspiration
partagée. Ils proposent contre ce système, une nouvelle politique
d'aide au développement qui se veut l'anti-thèse de la
coopération classique en privilégiant les partenariats pour
soutenir un développement plus authentique et humain dans ces
territoires du Sud.
Ainsi don, les collectivités locales du Nord, en
s'engageant en faveur de la solidarité plaident par cette nouvelle
forme d'intervention qui n'est rien d'autre l'expression de la
solidarité internationale, pour un développement plus humain en
suscitant les dynamiques de l'économie sociale et solidaire. Elles
élaborent pour parvenir à cette fin des stratégies
d'intervention, des actions, des programmes et des projets qui tentent de
répondre aux problématiques de développement notamment en
Afrique subsaharienne, rendant ainsi accessible à tous et universel le
développement. D'où le statut d'acteurs privilégiés
incontournables qu'elles deviendront à partir des années 80.
La coopération décentralisée renforce
leur statut d'acteurs incontournable et revêt du coup un enjeu important
pour elles. Le premier enjeu de la coopération
décentralisée pour les collectivités territoriales du Nord
est qu'elle ouvre à la solidarité basée sur des rapports
d'amitié, de partage d'expériences et une meilleure connaissance
des hommes mais aussi des cultures. Pour le sénat Français, la
coopération décentralisée est un moyen formidable de
« rapprochement des hommes », « une école
de solidarité » et un « espace de rencontre
interculturelle22(*) ». La coopération
décentralisée favorise avant tout la multiplication des
échanges entre les personnes physiques ou morales sur les territoires
respectifs des partenaires. Ces échanges concernent en majorité
les institutions à caractère social et culturel comme les
écoles, les groupes artistiques, les associations et les chantiers de
jeunes. Le coup le plus intéressant de cet engagement des
collectivités en faveur de la solidarité internationale, sera la
transformation des rôles des États notamment de leurs
prérogatives.
Avec l'internationalisation de l'action extérieure des
collectivités locales, les États tout en étant les
principaux sujets de droit international, donc d'acteurs traditionnels, vont
céder du terrain aux structures infra-étatiques que sont les
collectivités territoriales, qui joueront désormais un rôle
essentiel dans la politique internationale d'aide au développement. Les
États deviennent de simples réceptacles et sont contraints
à orienter, répartir, distribuer et limiter leurs domaines
d'intervention, changeant au passage leurs fonctions et structures. Comme
l'écrivent Adda Bekkouche et Bertrand Gallet,
c'est « la relation entre le centre et la
périphérie qui s'en trouve bouleversée23(*) ». On
observe précisent nos deux auteurs qu'un mode de fonctionnement
horizontal se met en place entre agents de pays et régions
différentes, prenant alors le pas sur le mode classique de
fonctionnement pyramidal. Ainsi, les collectivités territoires en tout
état de cause, se transformeront-elles en de véritables agents
des relations internationales, définissant leurs activités en
fonction de leurs centres d'intérêt et des régions du monde
qui semblent les préoccuper. Par cette imposition au plan international,
les collectivités territoriales déterminent les nouvelles
problématiques de développement à l'échelle
planétaire et notamment dans les pays du Sud. D'où tout l'enjeu
que revêt aujourd'hui pour cette dernière la coopération
décentralisée. Elle permet en gros à ces
dernières d'acquérir un statut d'acteurs des relations
internationales, d'acteurs privilégiés de développement et
assurer le rayonnement de leur territoire. La coopération
décentralisée permet aux collectivités territoriales du
Nord d'afficher une politique étrangère différente de la
politique classique de développement qui vise l'amélioration des
conditions de vie des populations et le respect de leur dignité. C'est
une marque de soutien au développement à travers l'action
internationale que certaines collectivités du Nord cherchent à
avoir. Les collectivités territoriales françaises, dans leur
majorité vont se lancer dans la course à la recherche de
partenaires au Sud. La commune de Rillieux-la-Pape n'a pas
échappé à ce mouvement. Cet engagement en faveur de
l'éducation au développement dans les pays, a emporté et
emballé au milieu des années 90, la municipalité de gauche
arrivée au pouvoir suite aux élections locales dans cette
banlieue lyonnaise. Très tôt, l'équipe municipale va
concrétiser sa volonté de s'ouvrir à l'internationale par
l'intermédiaire du partenariat-jumelage qu'elle a conclu avec
l'ex-Circonscription Urbaine de Natitingou. C'est justement de ce partenariat
qu'il sera question d'aborder dans la seconde partie de cette étude
consacrée à ses origines, son évolution et les grandes
réalisations.
DEUXIEME
PARTIE : LE PARTENARIAT RILLIEUX LA PAPE - NATITINGOU : ORIGINES,
EVOLUTION ET MISE EN OEUVRE
Cette deuxième partie s'attaque de façon proprement
dite à notre étude. Organisée en deux chapitres, elle a
pour but de retracer la genèse, les tenants et aboutissants de cette
initiative (Chapitre 1) et souligner son évolution dans le temps
à travers les actions développées sur le terrain par les
deux partenaires (Chapitre2)
Chapitre I-
À l'origine du partenariat Rillieux-la-Pape-Natitingou
Le partenariat entre la commune de Rillieux-la-Pape (France)
et la commune de Natitingou (Bénin), est l'expression de
solidarité entre les deux territoires et par conséquent entre les
populations de ces deux entités politiques locales. Mais avant de
remonter à l'origine de ce partenariat, il serait intéressant de
découvrir ces deux territoires aux atouts importants (Section 1). La
deuxième section s'intéressera essentiellement pour sa part aux
origines, contexte et motivations à la base de cette relation et aux
champs retenus du partenariat- coopération (Section 2).
Section 1-
Identification des deux collectivités locales partenaires
Dans l'identification de nos deux partenaires, nous
présentons dans un premier temps la commune de Rillieux-la-Pape (France)
et en second lieu la commune de Natitingou (Bénin). Cette
présentation de nos deux acteurs nous situera d'un point de vue
géographique et nous permettra d'identifier les types de territoires
auxquels nous avons sommes confrontés dans cette relation.
Paragraphe 1-
Le territoire de Rillieux-la-Pape
Commune du Rhône dans la Région
Rhône-Alpes, Rillieux-la-Pape est située au Nord-est de
l'agglomération lyonnaise, à l'extrémité sud du
plateau de la Dombes. C'est une commune récente sa constitution en tant
que commune date de 1972. Son histoire nous montrera qu'elle est le fruit de la
fusion entre les communes de Crépieux -la-Pape et Rillieux.
En effet, la commune de Rillieux toute comme celle de
Crépieux-la-Pape déjà considérées comme un
regroupement des hameaux de La Pape et de Crépieux et
érigées en commune indépendante en Avril 1927, faisaient
partie du département de l'Ain. Les deux communes sont
intégrées département du Rhône le 1er
Janvier 1968. Elles fusionnent le 15 Décembre 1972 sous le nom actuel de
Rillieux-la-Pape. La commune est le chef lieu du canton du Rillieux-la-Pape
dans l'arrondissement de Lyon. Située à 247 m d'altitude, elle a
pour communes limitrophes les villes de Vaulx-en-Velin, Villeurbanne,
Sathonay-Camp, Sathonay-Village, Caluire-et-Cuire dans le Rhône, Miribel
dans l'Ain. Étendue sur une superficie de 14,5 km² soit 1 448
hectares, la commune compte une population de 30 003 habitants selon les
chiffres actualisés, soit 2 072 habitants au km². Ses habitants
sont appelés les Rilliards et sa population est composée de 47%
d'hommes contre 53% de femmes. Le Rhône est le principal cours d'eau qui
la traverse. D'ailleurs, la station d'alimentation en eau de
l'agglomération se situe sur son territoire. C'est en grande partie de
la commune que provient l'eau potable de l'agglomération lyonnaise. Une
station de traitement d'eau est installée sur son territoire.
Sur le plan économique, signalons que la commune,
ancienne commune rurale, garde quelques caractères de cette
ruralité et a su allier la production industrielle et agricole sur son
territoire. On y trouve des productions agricoles comme le blé, le
maïs, les salades et les choux. Le secteur tertiaire s'est aussi
affirmé sur le territoire avec des activités commerciales non
négligeables. On y observe depuis plusieurs années le
développement des services. Ainsi, de petites entreprises se sont
installées et développées pour répondre aux besoins
des habitants de la commune.
Au plan touristique, la ville dispose de monuments qui font
partie du patrimoine culturel français. Nous pensons ici au fort de
Vancia, qui malheureusement est non exploité pour valoriser les
potentialités de la commune. On y note aussi une importante animation
culturelle avec un centre culturel qui regroupe une médiathèque
et un cinéma pour jeunes et adultes. Des associations culturelles
participent à l'animation de la vie culturelle de la commune. La commune
organise chaque année un carnaval qui regroupe les nombreuses
associations culturelles implantées sur le territoire. La commune
dispose également d'infrastructures sportives comme des terrains dont le
terrain de rugby qui a servi d'entrainement aux équipes engagées
dans la coupe du monde de rugby de 2008, mais aussi un centre aquatique. La
ville compte un collège et un lycée sans oublier les
écoles d'enseignement primaire. La fierté de la commune se
trouve dans l'animation de sa vie interne et de son statut de commune calme
sans grandes difficultés que ce soit au plan économique que
social.
Au plan administratif, la commune est divisée en
quartiers de ville dont Rillieux-Ville Nouvelle, Crépieux, Vancia, etc.
La commune est dirigée par un conseil municipal composé de 35
élus, avec à sa tête Renaud Gauquelin, comme Maire depuis
décembre 2005, réélu à la suite des
élections municipales de 2008. Le conseil doit statutairement se
réunir au moins une fois par trimestre. Mais sur convocation du Maire ou
du tiers des conseillers ou du représentant de l'État, il peut se
réunir pour obtenir des informations sur un sujet ou une affaire
concernant la vie économique, sociale, sanitaire, culturelle et
touristique, ...etc de la commune. Ses séances sont ouvertes au public.
Le conseil règle par délibérations les affaires de la
commune comme le vote du budget, la détermination du taux des
impôts, la fixation des taxes (par exemple, la taxe d'habitation ou de la
taxe foncière), d'écoles primaires sur la commune ou encore des
questions relatives à l'aménagement du territoire notamment
l'urbanisme et les relations extérieures dont fait partie la
coopération décentralisée.
La commune évolue dans un espace intercommunal plus
grand auquel elle a transféré des compétences qui se sont
élargies au fil des années. En effet, Rillieux-la-Pape fait
partie de la communauté urbaine de Lyon, dénommée Grand
Lyon, regroupant de 57 communes. Il s'agit de la deuxième
agglomération de France avec plus d'un million et demi d'habitants. Le
Grand Lyon est un territoire aux potentialités et aux compétences
larges et diverses et accompagne la commune dans son développement et de
la planification urbaine.
La commune est jumelée avec les communes de Natitingou
au Bénin et de £êczyca en Pologne. Elle entend prochainement
élargir cette ouverture à deux nouvelles villes : en
Allemagne dès fin 2009, sur le territoire nord africain dans les trois
à cinq ans à venir. Comme on peut le remarquer, la commune s'est
engagée en faveur de l'action internationale avec une vision du
développement basée sur la solidarité entre les peuples et
cultures, l'échange, le partage, l'amitié, la
réciprocité, l'égalité et l'équité.
Ces critères aux yeux des élus locaux doivent présider ses
relations avec les partenaires extérieurs. La commune noua et soutient
en direction de Natitingou des projets qui visent à améliorer le
quotidien de ses habitants et qui respectent leur dignité humaine.
L'actuelle équipe à la tête de la municipalité est
très engagée en faveur de la solidarité. D'où cette
fierté des élus et des habitants de la commune de se sentir plus
sensibles aux problématiques de développement des pays
pauvres.
Paragraphe 2-
La commune de Natitingou
Natitingou est une ville géographiquement située
au Nord-ouest de la République du Bénin. Fondé par un
chasseur-Meunier du nom de Nanto, signifiant littéralement en langues
Waama et Ditammari, deux des nombreuses langues parlées au Bénin,
« La ville de Nanto », ce territoire est
érigé en commune depuis la réforme administrative qui a
procédé à la mise en place de la décentralisation
au Bénin. Natitingou ex-Circonscription Urbaine, est devenue depuis
l'avènement de la décentralisation, l'une des 77
collectivités locales au Bénin, dirigée par des
représentants élus par le peuple au suffrage universel direct.
La commune de Natitingou couvre 3. 045 Km² soit
près du 12,8% du département de la l'Atakora. Elle est
limitée au Nord par la commune de Boukombé, à l'est et au
sud par la commune voisine de Kouandé. Son relief est connu pour l'un
des plus accidentés du pays en raison de la présence de la
chaîne montagneuse (la chaîne de l'Atakora) qui donnera le nom au
département. Les réformes du relief sont diverses et
variées et vont des zones montagneuses au centre de la commune aux
plateaux et pénéplaines à la périphérie
c'est-à-dire aux alentours des alentours des villages environnants.
La commune est placée sous un climat de type
soudano-guinéen caractérisé par une grande et abondante
saison pluvieuse et une saison sèche aussi longue que la
première. Natitingou est la commune la plus arrosée du
Bénin avec une moyenne pluviométrique avoisinant les 1500 mm
d'eau par an. Son réseau hydraulique est composé de ruisseaux, de
marigots mais aussi de rivières dont la plupart tarit pendant la saison
sèche entre Novembre et Avril. Les plus importants cours d'eau qui
traversent la commune sont le Yarpao, le Koumagou et Winmou. La pêche
est très peu développée et occupe une place très
faible dans l'économie de la commune quand bien même elle se
pratique, en général dans les marigots et rivières de la
commune. Le couvert végétal de la commune est dominé par
la savane arborée, arbustive et herbacée dominée par les
espèces ligneuses à l'image du Néré, du
Karité, du Kapokier, du Caïlcédrat, du Rônier, du Faux
Acajou et de la Tamarinier...etc. Les quelques forêts tropicales qui
existaient à une certaine époque ont toutes été
détruites et ne laissent place qu'à des espaces
réservés aux fétiches ou servant de sanctuaires pour les
divinités traditionnelles. Les forêts galerie sont menacées
de disparition.
La faune de la commune est pauvre, même si l'on
rencontre des espèces animales comme les biches, les lapins, les
reptiles, les singes et une diversité d'oiseaux exotiques. Les grands
animaux comme les lions, les éléphants, typiques à cette
région de l'Afrique ont tous disparu à cause de la pression
démographique des hommes et de l'urbanisation. Les sols de la commune
sont aussi pauvres que sa faune. En effet, les sols sont très pauvres et
sont en général latéritiques, caillouteux,
gravillonnaires, sablonneux et sans grand intérêt
économique. Ils sont pour la plupart lessivés, ce qui
réduit leur fertilité. En plus, les techniques culturales
rudimentaires et inadaptées à ce genre de sols, ajoutées
à la faible maîtrise de la gestion des eaux ont contribué
à leur dégradation avancée.
Sur le plan humain, la situation de la commune mérite
une attention particulière. Natitingou compte selon le dernier
Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2002,
75.620 âmes dont 38 232 femmes contre 37 388 hommes. Les chiffres
actualisés de l'Institut National de Statistique et de l'Analyse
Économique (INSAE), estiment la population à quelques 89.645
habitants plaçant Natitingou dans le peloton des communes les plus
peuplées du Bénin. Sa population est en majorité jeune. La
majorité de cette population a moins de 20 ans. 58% de la population vit
en milieu urbain contre 42% dans les zones rurales.
On observe également au plan humain, une
diversité ethnique et linguistique qui confère à la
commune un riche patrimoine culturel doté d'un répertoire
constitué de danses folkloriques et de cérémonies
rituelles assez intéressantes. Les groupes socio-culturels les plus
importants de la commune sont, par ordre d'importance, les Waama, les
Bètammaribè, les Batombou, les Dendi, les Fon, les Natimba et les
Peulhs. Le tissu social est fortement entretenu par l'existence de liens de
solidarité vivaces entre les lignages, les clans, les femmes et les
individus surtout dans les milieux ruraux. En milieux urbains où la
modernisation et l'urbanisation sont avancées, cette solidarité a
malheureusement laissé place à l'individualisme, faisant perdre
du coup à ces milieux l'une des valeurs fondamentales de la culture
africaine en général et béninoise en particulier qu'est la
solidarité.
Au plan religieux, il importe de souligner que trois grandes
religions cohabitent pacifiquement dans la cité des Nanto. Il s'agit de
l'Animisme ou religion traditionnelle, du Christianisme et de L'Islam.
L'animisme est pratiqué par la moitié de la population et ses
adeptes adorent et vénèrent les forces physiques
désignées sous le vocable de divinités traditionnelles
constituées en général de mottes de terre, de pierres,
d'essences forestières ou autres. Le Christianisme vient en
deuxième position et comprend le groupe des catholiques, des protestants
et des Églises nouvelles c'est-à-dire des Églises
évangélistes d'obédience américaine. L'Islam ferme
la marche mais tente de gagner du terrain dans les milieux ruraux hostiles et
réticents depuis quelques années. L'habitat dans la commune est
mixte. On observe d'un côté notamment dans les zones rurales, un
habitat de type traditionnel composé de tata, de cases rondes et de
cases de forme rectangulaire et d'un autre côté un habitat de
type moderne avec des matériaux de construction modernes et durables
dans les centres urbains mais aussi dans certains milieux ruraux.
Au plan économique, les différentes
activités pratiquées par les habitants sont l'agriculture, le
commerce, l'artisanat, le transport, l'élevage, l'industrie et le
tourisme. La commune dans le domaine de l'agriculture produit du sorgho, de
l'igname, du mais pour la consommation mais aussi le coton pour l'industrie. Le
commerce est très développé sur le territoire et se
matérialise par les activités de restauration, de vente de
matériaux de construction. Il évolue dans un environnement
informel et participe à la dynamique économique de la commune. On
y pratique aussi l'élevage et on rencontre à ce sujet les
diverses espèces dont les bovins, les caprins,...etc. L'artisanat y est
très développé avec des métiers de production de
services comme les métiers de tissage, la teinture, le taillage de
pierre. C'est un secteur prometteur et générateur d'emplois avec
le timide essor du tourisme dans la commune. Le tourisme n'est pas en reste de
l'économie du territoire de Natitingou même s'il ne constitue pas
pour le moment la principale source de revenus pour la commune malgré
ses multiples sites touristiques attractifs comme les tatas somba.
S'agissant du tissu industriel, signalons qu'il est presque
inexistant. Il y a très peu d'usines ou entreprises implantées
sur la commune. La principale grande usine de fabrication de conserves de
tomates a cessé de fonctionner depuis des années. On y rencontre
néanmoins quelques des PMI- PME24(*) spécialisées dans la transformation
primaire des ressources agricoles. En termes de ressources naturelles, la
commune dispose d'un atout qui pourrait favoriser son décollage
économique notamment les pierres ornementales dont la dont on verra plus
loin que la ville de Rillieux-la-Pape s'est servie pour la construction
d'ouvrages sociaux-communautaires pour valoriser et témoigner du fruit
de la coopération entre les deux territoires. La commune est
dotée d'un plan de communication avec un réseau routier
constitué de voies bitumées et un réseau de communication
assez performant pour établir des relations avec les partenaires
extérieurs.
Sur le plan administratif et politique, la commune de
Natitingou est le chef lieu du département de l'Atakora, ce qui
représente un atout certain de développement. Cette position
stratégique enviable fait d'elle le siège des directions
départementales des services déconcentrés de
l'État. Dans un contexte de décentralisation, ceci est une
opportunité à saisir pour mettre la commune sur l'orbite du
développement. Le territoire de Natitingou est subdivisé en 9
arrondissements répartis en 65 villages et quartiers de villes. Nous
avons 4 arrondissements qui forment le coeur de la commune et les cinq autres
sont situés à l'extérieur de ce coeur. La commune est
administrée par un conseil communal de 15 membres élus au
suffrage universel direct, à la tête duquel se trouve un Maire
assisté de deux adjoints. Le conseil communal de Natitingou, est
dirigé depuis les récentes élections communales de 2008
par Kassa Justin Métiki, un cadre de l'administration d'État
béninoise qui croit beaucoup au développement de sa commune dans
les années à venir. Le conseil compte trois commissions
spécifiques permanentes qui traitent des affaires relatives au
développement de la commune. Ces commissions ont pour mission de
conseiller le Maire dans sa vision globale du développement de la
commune. Il s'agit notamment des commissions des affaires économiques et
financières, des affaires socio-culturelles et de la coopération
décentralisée et de la commission des affaires domaniales et
environnementales. Afin d'harmoniser son développement avec son
environnement, la commune s'est engagée dans la voie de
l'intercommunalité. Elle s'est associée à l'initiative de
création d'un regroupement comprenant les 13 communes des
départements de la l'Atakora et de la Donga. Ce regroupement,
dénommé Association des Communes de l'Atakora et de la Donga
(ACAD), se veut avant tout un cadre de concertation, un creuset qui permet aux
communes membres concernées d'élaborer et de mettre en oeuvre de
façon concertée et cohérente des stratégies
régionales de développement. L'ACAD a pour ambition de doter la
région d'un plan stratégique de développement qui prend en
compte les volets de la planification, du développement
économique et social sans oublier les projets d'aménagement du
territoire. La vice-présidence de cette association est assurée
par Natitingou, ce donne une place conséquente à la commune dans
les décisions prises.
La commune de Natitingou afin de diversifier ses actions de
partenariat, entretient des relations de coopération avec d'autres
municipalités territoriales du Nord. C'est ainsi ; qu'elle
entretient depuis longtemps, outre avec Rillieux-la-Pape, des relations
privilégiées avec la commune de Huy en Belgique. C'est uniquement
de la relation avec la commune française qu'il est question dans cette
étude. La section suivante précisera les contexte et origines de
cette relation et fera un point sur les champs de coopération retenus
par les deux collectivités.
Section 2- Le
partenariat Rillieux-la-Pape-Natitingou : Contexte, origines et axes de
collaboration
L'étude du partenariat Rillieux-la-Pape - Natitingou
nécessite dans un premier une analyse du contexte et les origines de ce
partenariat mais aussi d'aborder les réelles motivations de la commune
de Rillieux-la-Pape à s'intéresser à ce territoire du Nord
Bénin et d'Afrique. La seconde sous-section s'articulera autour des axes
de coopération retenus par les deux partenaires.
Paragraphe 1
- Contexte et origines de la coopération Rillieux-la-Pape-Natitingou
En 1995, la nouvelle municipalité, conduite par Jacky
Darne devenu Maire, a jugé utile de découvrir le tiers-monde et
de contribuer à son développement. Signalons au passage que nous
sommes à une époque de la mondialisation et de la chute du mur de
Berlin, renforcée par le contexte de la gouvernance locale, où le
devoir d'assistance des collectivités vis-à-vis des territoires
du Sud, est une expression de l'engagement des villes du Nord en faveur de la
solidarité internationale.
Les élus socialistes parvenus à la tête de
la ville souhaitent apporter leur pierre à ce mouvement et en faire un
axe de la politique de développement de la commune. Ils
considèrent également que la solidarité doit pouvoir
devenir une approche privilégiée de la promotion du
développement humain voire durable. Par ses actions en faveur de la
solidarité internationale, la commune de Rillieux-la-Pape pense
travailler à la réalisation d'un meilleur environnement à
sa population et aux citoyens d'autres territoires en soutenant des actions
d'un développement local et global harmonieux ici et là-bas.
Robert Gillouin pense que « la solidarité devrait
transcender les courants politiques et susciter le combat au service du
développement. La solidarité dans ce domaine pour nous peut
être diversement appréciée. Elle peut concerner les
jumelages simples, les jumelages-coopération et les projets de
coopération décentralisée. Elle retrouve toute son
utilité et efficacité dans un contexte où la gouvernance
locale est un sujet des responsables à la base. Le jumelage était
à l'époque paraissait comme une nécessité pour
faire face aux défis du développement et de la mondialisation et
pour afficher son engagement en faveur d'une autre vision du
développement. 25(*) »
Quant au jumelage proprement dit avec Natitingou, cela ne
provenait pas d'un coup de coeur, contrairement aux nombreux jumelages en
direction des territoires d'Afrique Noire. Ce n'était pas non plus issu
d'une volonté caritative comme nous l'a révélé
Robert Gillouin lors d'un entretien. Selon cet ancien élu municipal, le
partenariat avec Natitingou s'inscrit en amont de l'élection de
l'équipe et dans le programme des élus. Voici ce que Robert
Gillouin dit : « Au départ, c'est la
volonté des élus dans le cadre de leur campagne électorale
de 1995 de se rapprocher des pays du Sud. Dans un premier disait
ce dernier, a amené le candidat Maire Jacky Darne, au Burkina-Faso,
visiter les villages et découvrir en même temps l'Afrique Noire.
Jacky Darne avait prévu dans son programme de mandat un ensemble de
jumelage orienté dans trois directions. Il y avait une direction
classique linguistique qui se tournait vers des villes anglaises, espagnoles ou
allemandes. Un deuxième jumelage de type Nord-Sud pour
développer des rapports avec des pays du Sud essentiellement de
l'Afrique Noire. Troisièmement, il avait été retenu un
jumelage avec les pays de l'Est dans le cadre d'un rapport avec le pays
l'Europe de l'Est qui venaient de s'ouvrir suite à la chute du mur de
Berlin. C'est ainsi que, Monsieur Gillouin en tant qu'adjoint à la
culture, initia les jumelages avec des villes de la Pologne et du Bénin.
Le jumelage de type linguistique a été engagé
mais les diverses tentatives ont échoué26(*) ». Ce type de
jumelage est très important pour la ville. À ce propos,
signalons qu'il est en train de se finaliser avec une ville allemande, une
première rencontre étant prévue entre la ville de
Rillieux-la-Pape et la ville de Ditzingen du 12 au 14 septembre 2009.
Pour revenir au jumelage en direction de l'Afrique, notre
interlocuteur relate que « la commune au départ était
beaucoup plus portée sur le Burkina-Faso, d'une part du fait des
activités professionnelles de Robert Gillouin, d'autre part en raison de
la place qu'occupe ce pays dans les relations entre les collectivités
françaises et burkinabè. Or, le Bénin, que connaissait par
ailleurs l'adjoint à la culture pour s'y être rendu sous
l'ère de Mathieu Kérékou 1, était
marginalisé pour des raisons d'ouverture moindre. De fait, très
peu de villes françaises étaient jumelées avec le
Bénin. Il s'est avéré que des contacts avaient
été pris entre un professeur de textile de l'école de
tissage à la retraite et la Circonscription Urbaine de Natitingou parce
qu'il y connaissait un prêtre qui avait développé le
tissage artisanal. Connaissant ce professeur qui habite sur Rillieux, qu'il a
eu comme camarade pour avoir été ensemble anciens
élèves de l'école supérieure de textile de Lyon,
Monsieur Gillouin prit alors son bâton de pèlerin et se rendit
à Natitingou pour voir ce qu'on pouvait faire au niveau du textile,
puisque c'était dans ce sens qu'il envisageait de développer ce
jumelage. Il s'est rendu plusieurs fois en mission à Natitingou
où il posa des questions aux gens qui faisaient du tissage artisanal et
essaya de voir avec ces derniers quels étaient les développements
qu'on pourrait y faire27(*) ».
Le conseil municipal donna donc son accord de principe pour ce
jumelage avec Natitingou et Robert Gillouin commença à concevoir
ses projets au nom de la ville de Rillieux-la-Pape. C'est ainsi qu'il proposa
de construire un centre de tissage en utilisant les pierres de
latérites. Ce projet mettait en valeur deux atouts de Natitingou, le
textile et la pierre. D'une part, il favorisait le développement de cet
artisanat traditionnel, d'autre part, il créait un nouveau secteur
économique en ouvrant des carrières d'extraction de pierres de
latérites. Dans le souci d'y associer la population, il proposa à
la section « insertion » du Collège Paul Emile
Victor de Rillieux-la-Pape le projet de construction de cet atelier
(étude des plans, réalisation du chantier sur place par des
élèves). L'équipe pédagogique s'investit dans ce
projet jusqu'à la veille du départ.
Monsieur Gillouin précisera tout de même que
« pour des raisons internes de dernières minutes, le
collège n'était pas en mesure de construire ce centre. C'est
ainsi que la ville se rapatria sur des élèves et étudiants
dans le bâtiment du collège de Bron qui s'étaient rendus
à Natitingou avec un encadrement d'enseignants pour six semaines pour
construire le centre de tissage qui marquera le démarrage officiel du
jumelage entre les deux territoires. Le premier avantage direct de ce jumelage
a été la valorisation de la latérite qui est une ressource
locale disponible mais dont l'usage a été abandonné au
profit du ciment. Il fit venir du Burkina voisin dans le cadre de cette
construction deux tailleurs de pierres hébergés pendant deux mois
et demi par les services de la circonscription notamment le Chef de la
Circonscription d'alors Monsieur Édouard Ouin-Orou. Ces deux tailleurs
ont été installés pendant la durée de leur mission
dans un village dans lequel, ils ont fort heureusement la pierre qui servira
à construire le centre de tissage nous disait-il.
Parallèlement racontait notre interlocuteur, il a été
mis au point un métier à tisser aux grandes largeurs par
opposition aux petites pour développer l'installation de tissage qui
apportait une plus value à la commune par rapport au tissage artisanal.
Ce fut l'origine du jumelage entre les deux partenaires, jumelage dont le
protocole de partenariat a été signé par Jacky Darne
Député Maire et représentant de la ville de
Rillieux-la-Pape et Mme Abiba Dafia épouse Oussagari, Chef de la
Circonscription de Natitingou, le 15 Décembre 1998 au Bénin. Par
la suite la commune de Rillieux-la-Pape va vendre le Bénin en
développant des jumelages avec les communes du Nord Bénin et les
collectivités de la région lyonnaise. C'est ainsi que
Kouandé sera jumelée avec Francheville, Kérou avec
Gleizé, Covè au centre du Bénin avec Saint Germain au Mont
d'or au détriment du Burkina qui était très en vogue et le
Sénégal plus facile d'accès 28(*)».
Voilà le point sur l'origine de ce
partenariat entre les deux villes avec comme volonté le
développement du textile puisque le Bénin surtout que cette
partie du Nord est un gros producteur du coton. « Ce partenariat est
un exemple de solidarité en vue de développement de l'Afrique car
il permet avant tout de donner au territoire à la commune de valoriser
ses matières premières plutôt que de les laisser partir
sous formes non manufacturés ». Nous remarquons donc que le
partenariat a été initié et conduit à ses
débuts par une seule personne. L'activisme de cette personne a certes
imprimé un rythme très rapide aux relations entre les deux
collectivités mais aussi bouleversé les habitudes et les
règles d'action dans le domaine de l'humanitaire et surtout de la
coopération décentralisée. Cette situation ne sera pas
sans conséquences pour la suite du partenariat
Quant aux réelles motivations ayant amené la
ville de Rillieux-la-Pape qui ont poussé à nouer ce partenariat
avec la Natitingou, les élus initiateurs du jumelage entre les deux
communes, les membres du comité de jumelage et les cadres techniques,
s'accordent à dire que c'est l'engagement en faveur de
solidarité, qui explique cette ouverture en direction des pays du Sud.
Participer au développement des collectivités du Sud, demande
qu'on s'engage en faveur de la solidarité. Certaines personnes comme
Robert Gillouin, diront qu'il y avait la volonté de s'ouvrir au monde
contrairement à la droite qui n'a pas cette culture
d'ouverture. Selon lui, « pour la gauche notamment pour
les élus de la campagne électorale de 95, l'ouverture à
l'extérieur demande le partage d'expériences et favorise la
connaissance mutuelle entre les peuples et cultures 29(*)». À
ce sujet, le partenariat ou coopération décentralisée,
rejoint l'idée de Fweley Diangitukwa, selon laquelle, il est permet de
créer « de liens de solidarité,
d'amitié, d'intérêt réciproque et de partage
d'expérience30(*) ».
Nos interlocuteurs admettent que le partenariat permet la
connaissance mutuelle à l'heure de la mondialisation où l'ordre
économique se trouve bouleversé, et peut être une
opportunité pour les acteurs économiques et politiques des deux
territoires. C'est en travaillant ensemble que ces derniers peuvent garantir
à leurs habitants un développement local et durable. C'est
motivant disaient les cadres et élus de travailler avec les acteurs
locaux du Sud pour accompagner le développement de Natitingou et cela
était en lien avec la philosophie de la ville à l'origine de
l'action extérieure. Le partenariat engendre un rapprochement des
peuples selon les membres du comité du jumelage et permet de travailler
dans le sens d'une citoyenneté mondiale. Selon Denise Filliat, le
jumelage avec Natitingou est « un des moyens des plus
pertinents d'agir en faveur du développement en Afrique et surtout de
lutter contre la pauvreté31(*) ». C'est une
pratique qui contribue à renforcer l'ouverture des
sociétés locales de s'ouvrir au monde, de se découvrir et
d'échanger sur les pratiques de démocratie
participative nous dit Paul Briel32(*).
C'est aussi parce que la coopération permet
d'accroître la gouvernance locale, renforcer la démocratie locale
et d'accompagner les acteurs locaux à travailler pour
l'amélioration des conditions de vie des populations que la commune de
Rillieux-la-Pape, s'est engagée à travailler pour valoriser un
concept aussi complexe et vaste. Ainsi donc, la commune a identifié des
secteurs dans lesquels elle pense avoir une expérience ou une certaine
expertise qu'elle aimerait mettre au service de son partenaire au
Bénin.
Paragraphe 2-
Les axes de coopération du jumelage
Rillieux-la-Pape-Natitingou
Après deux années de relations informelles, les
deux collectivités ont décidé en 1998, de donner une
assise juridique à leurs rapports conformément aux dispositions
des droits positifs français et béninois. Cette assise juridique
s'est traduite par un engagement solennel et durable, support de leurs
relations et des enjeux de leurs intérêts communs et
volonté de travailler ensemble pour une connaissance mutuelle. Cet
engagement solennel a été consacré par un protocole
d'accord de jumelage, qui détermine les différents axes de
coopération entre les deux communes. L'article 3 de ce protocole
d'accord de jumelage signé par les deux représentants
légaux des territoires partenaires, retient trois domaines principaux
dans lesquels se porteront les actions de coopération.
Le premier axe de coopération retenu est celui du
domaine économique et social et de la formation professionnelle. Le
second axe concerne l'école et l'éducation en
général. Le troisième domaine est réservé
à l'appui institutionnel en vue du renforcement des capacités
matérielles, techniques et institutionnelles de la ville Natitingou
d'une part et de la faire bénéficier par son partenaire ses
expériences en matière de gouvernance locale. Ce sont les trois
axes de coopération que le protocole de 98 a identifié et retenu
de commun accord avec les autorités de Natitingou, à cette
époque administrée par une autorité non élue par le
peuple mais nommé par le pouvoir central. Cette situation n'a pas
empêché les deux partenaires de se donner des objectifs. C'est
ainsi qu'au plan économique, il était question que la commune de
Rillieux apporte son aide à la politique de développement
économique de la Circonscription Urbaine de Natitingou. Rillieux-la-Pape
s'est engagée à soutenir les programmes de développement
territorial par l'apport de son soutien en nature, en matériel et en
technique. L'exemple de la création du centre de tissage est
l'illustration de ce soutien aux programmes à caractère
économique. En effet, la création de ce centre a permis de
créer de l'emploi et d'améliorer le niveau des habitants.
Partant, la commune s'est engagée à lutter contre la
pauvreté grâce au soutien de programmes d'activités
génératrices de revenus. Le centre de tissage participe aussi
à la formation de la jeunesse et assure un mieux-être aux femmes
et jeunes qui y viennent pour exercer leur activité professionnelle.
Quant au second volet, le partenariat vise à encourager
la scolarisation des enfants notamment des filles mais aussi la construction et
l'équipement des établissements en matériels didactiques.
Le troisième volet de l'accord, la commune de Rillieux à travers
du protocole d'accord de jumelage, s'engage à soutenir sur les plans
institutionnel, financier et technique sa partenaire. Elle entend de venir
à cette dernière en matériels nécessaires pour la
rendre plus fonctionnelle et opérationnelle pour le bonheur de ses
habitants.
Le protocole a été ouvert en prévoyant
des évolutions ultérieures mais a manqué à
l'origine de prévoir des clauses de juridiction et d'arbitrage en cas de
conflits. Cet élément pourtant en matière de relation a
été négligé à cause du climat de confiance
qui a marqué la période non officielle et les résultats
encourageants observés pendant cette phase de la coopération. La
situation sera corrigée par la suite dans les conventions
ultérieures. Avec la mise en oeuvre de la décentralisation en
2002, changeant du coup le statut juridique de Natitingou, qui a adopté
son plan de développement local, il est apparu nécessaire et
utile pour les partenaires de réactualiser l'accord en y insérant
les actions définies par ledit plan. C'est ainsi que les axes
traditionnels de coopération vont être renforcés par de
nouveaux champs d'intervention. Ces nouveaux champs intègrent certains
secteurs clés comme les secteurs de la santé, la culture, de la
formation, du sport, de l'assainissement et du développement local.
C'est autour de ses principaux axes de développement
que va structurer, se développer et évoluer pendant environ sept
années avant le gel des relations. Toutes les actions
développées et mises en oeuvre de la coopération vont
s'inscrire dans ces axes de développement. Nous reviendrons plus
largement de façon ample sur le détail de ces actions dans le
chapitre suivant consacré aux actions du partenariat entre les deux
territoires
Chapitre II-
Évolution, actions et mécanismes de mise en oeuvre du
partenariat Rillieux-la-Pape -Natitingou
En abordant question de l'évolution et de la mise en
oeuvre du partenariat entre les deux territoires, ce chapitre traite de la
nature des relations après la mise en oeuvre de la
décentralisation, les réalisations (Section 1), mais aussi les
mécanismes de mise en oeuvre de la coopération (Section 2).
Section 1-
Évolution et actions de la coopération entre les deux
communes
Cette section aborde la coopération à travers le
temps dans un premier paragraphe avant de mettre un accent sur les
différentes réalisations dans un second paragraphe.
Paragraphe 1-
Du jumelage à la coopération décentralisée
Initié par les élus de la commune de
Rillieux-la-Pape en 98, le jumelage entre la commune et Natitingou a connu une
très vite évolution aussi bien dans sa forme que dans ses
actions. Rappelons que ce jumelage entre les deux territoires reposait sur une
volonté des élus de Rillieux-la-Pape et de Madame le Chef de la
Circonscription Urbaine de Natitingou de l'époque placée sous
administration de l'État mais surtout du dynamisme des habitants. Le
jumelage au regard de cette considération apparaît à nos
yeux comme un contrat politique entre deux partenaires, garantissant
l'implication et la participation directes de leurs citoyens. Établi
dans une perspective culturelle, amicale et de solidarité
internationale, ce jumelage entre les deux territoires a été un
véritable laboratoire d'expériences qui a permis aux deux
partenaires de travailler ensemble pour non seulement favoriser une meilleure
connaissance mais aussi contribuer au développement de la commune de
Natitingou.
Avec la mise en oeuvre de la décentralisation
intervenue en 2002, cette dynamique va connaître fort heureusement une
évolution. Les actions du jumelage seront non seulement maintenues mais
renforcées par des problématiques économiques, sociales
voire environnementales. Cette étape d'évolution des relations
entre les deux partenaires marque le passage du partenariat jumelage au
partenariat-coopération décentralisée. Ce ne seront plus
les projets d'échanges culturels qui mobiliseront les énergies
des élus et des citoyens mais plutôt les problématiques de
développement rencontrées au Bénin en
général et en particulier à Natitingou. Les deux
territoires sont convaincus que le partenariat avec l'avènement de la
décentralisation doit dépasser sa vision traditionnelle pour
aborder les vrais problèmes de développement auxquels se trouve
confrontée la commune de Natitingou. Cette dernière a émis
le voeu de voir les compétences et pratiques de gestion publique locale
de sa partenaire du Nord, lui servir pour amorcer et accompagner son
développement. C'est ainsi que les services publics locaux, la voirie,
l'assainissement, les équipements et les autres questions de
développement feront objet de programmes de coopération
décentralisation : une coopération de territoire à
territoire, de ville à ville pour donner une dimension plus
tournée vers l'éducation au développement. Dans le cadre
du partenariat entre les deux communes, nous avons remarqué, que la
plupart des actions s'inscrivent non seulement dans le plan de
développement local de la commune de Natitingou, mais aussi respectent
les dispositions légales qui encadrent la coopération
décentralisée que ce soit en France ou au Bénin suivant
les domaines compétences transférées aux territoires. Ceci
changera la nature des relations entre les deux communes où des
intérêts divergents vont se croiser. Au lieu de contribuer
à dynamiser la coopération, cette situation serait à la
base des difficultés de sa mise en oeuvre.
Paragraphe 2-
La mise en oeuvre de la coopération décentralisée
La mise en oeuvre de la coopération
décentralisée entre Rillieux-la-Pape et Natitingou est
caractérisée par trois grandes périodes. Les formes que
prend la coopération sont très diverses et variées. Nous
avons observé une période ante partenariat, une période
marquant l'époque du jumelage et une dernière période
dominée de vraies actions de coopération
décentralisée. Suivant chacune de ces périodes, les formes
d'intervention diffèrent l'une des autres. La particularité de
ces différentes formes est qu'elles s'inscrivent toutes dans une vision
de solidarité internationale et d'éducation au
développement.
La période antérieure à la signature du
protocole d'accord de partenariat est marquée par un projet de
construction d'un centre de formation textile. Ce projet avait mobilisé
des acteurs français notamment la ville de Rillieux, le collège
de Rillieux-la-Pape, le lycée de Bron, le Ministère des Affaires
Étrangères, des associations rilliardes mais aussi des acteurs du
sud dont les tailleurs de pierre du Burkina voisin et des habitants de
Natitingou. Ce projet comporte trois différents volets : tissage,
construction et social.
L'aspect construction, avait pour finalité de
réhabiliter l'usage des ressources endogènes, en particulier les
pierres de latérite de la commune, entre temps abandonnées au
profit des matériaux importés de construction. Il permet de
valoriser la matière première disponible sur place et le
transfert de savoir-faire, de technologie et de pratique de taillage de pierre.
Le volet tissage tient du fait que la commune de Natitingou est l'un gros
producteurs du coton dans le pays et correspond tout naturellement à
l'intérêt que peut avoir la valorisation de cette matière
au profit du tissage artisanal très développé dans la
commune. Valoriser cette ressource dans la production du tissage, permet de
rendre plus compétitive la production communale et d'attirer les acteurs
économiques de la région. Ce volet présente un
évident intérêt économique pour la commune. Quant au
volet social, la construction du centre de formation textile a pour but
d'assurer la formation des personnes éloignées de l'emploi ou en
difficultés notamment les mères, les jeunes
déscolarisés au métier de tissage afin de leur garantir
une insertion sociale et donner une autonomie économique et sociale, ce
qui n'est pas le cas dans la commune à cette époque.
La deuxième période est marquée par la
phase de réalisation de projets qui privilégient les
échanges culturels et de connaissance mutuelle. Concrètement
pendant cette période, les actions s'inscrivent dans une optique
d'échanges culturel et sportif, de rencontre entre populations et de
découverte de l'autre culture afin de favoriser la connaissance
mutuelle. Parmi les actions développées à cette
époque, nous en retenons quelques unes qui témoignent du
partenariat et du jumelage entre les deux communes. Il s'agit de la visite des
habitants de Rillieux à Natitingou pour s'imprégner de sa
culture, découvrir ses atouts touristiques, intégrer sa vision de
l'autre, ses modes d'agir et de pensée. L'organisation d'un
séjour sportif et culturel des jeunes de l'équipe de foot de la
commune Rillieux-la-Pape, vient confirmer les projets de cette époque.
Cette action a permis aux jeunes natayais de découvrir non seulement les
habitudes occidentales mais de se rapprocher des conditions de pratique de
sport dans les villes du Nord. Le fait de faire jouer ces jeunes sur gazon et
de les loger dans des familles rilliardes a renforcé le partenariat et
créé un véritable lien d'amitié entre les deux
populations. Le projet de lunettes envoyées aux habitants de Natitingou
a visiblement rapproché les deux communes dans la mesure où ces
verres ont été d'une utilité remarquable pour les
habitants. Il y a également le soutien de formation de l'ancien
secrétaire général de la circonscription en 1999, afin de
lui offrir l'occasion de découvrir les méthodes de travail dans
l'administration municipale de Rillieux-la-Pape. Cet agent a été
hébergé et entretenu par les services de la commune qui a pris en
charge les frais relatifs à son déplacement. C'est aussi pendant
cette période que la ville de Rillieux dotera d'ouvrages et de
matériels sportif et culturel, le centre des loisirs et des jeunes de la
commune de Natitingou. Grâce à ces matériels, les jeunes
natayais pouvaient se documenter plus facilement et pratiquer les sports de
main notamment le basket dans le centre.
Sur le plan sanitaire, la commune va dotée le centre de
santé de Natitingou d'un incinérateur pour bruler les
déchets médicaux. Pendant cette période, plus
précisément en 2001, il avait une expédition de biens
d'équipements pour le développement du secteur textile.
Rillieux-la-Pape aussi pendant cette période, a financé les
études préalables à la mise en place d'un système
de collecte et de traitement des ordures ménagères juste avant la
mise en place de la décentralisation en 2002.
La dernière période est celle qui consacre les
relations de coopération décentralisée. Elle est
marquée dans un premier temps par l'appui à la gestion
institutionnelle. En effet, au lendemain des premières élections
communales ayant marqué la phase active et expérimentale de la
décentralisation, la commune de Rillieux-la-Pape s'est promptement
rendue disponible pour accompagner ce processus de décentralisation et
de démocratisation par des projets de coopération
décentralisée de territoire à territoire. Les
premières actions relèvent pour l'essentiel de relations d'appui
de l'administration publique locale et du développement de l'animation
politique locale et de la vie associative. Les actions mises en oeuvre tendent
toutes à renforcer ces domaines. Des cadres de l'administration
municipale, des fonctionnaires et autres techniciens vont être
formés sur la gestion des services municipaux.
Un second temps est caractérisé par le
développement de projets ou programmes inscrits dans la durée
pour contribuer à l'amélioration des services communaux mais
aussi aux conditions de vie des natayais et natayaises. Le programme phare de
cette phase de la mise en place de la coopération, est la collecte et
l'enlèvement des ordures ménagères dans la commune.
Après la phase d'études préalables, la commune de
Rillieux-la-Pape à travers le comité de jumelage : une
association 1901, ayant à charge la mise en charge de la
coopération, va lancer et soutenir un projet pluriannuel de trois ans de
150.000 Euros dénommé
« Natitingou-Ville-Propre ». Ce
projet a pour ambition de mettre en place une filière exemplaire de
traitements de déchets et de collecte. Ce projet est d'un enjeu de
développement pour Natitingou, qui comme la quasi-totalité des
villes béninoises et de sa taille, ne dispose pas d'un système de
collecte ou de ramassage des ordures solides et ménagères digne
de ce nom. Les ordures solides et ménagères composées
à plus de 53% de matières biodégradables, de 30% de sables
et de 17% de plastique, de carton, de métaux, de tissus, de piles, d'os
et de verres, sont jetées dans la rue, sur les places publiques et
exposées dans les marchés et autres lieux. Cet état de
choses laisse la commune de Natitingou, chef-lieu de l'Atakora dans une
situation d'insalubrité sans précédent posant ainsi un
grave problème de santé publique. Le spectacle qu'offrent
certaines rues, les abords de voie et les espaces friches est désolant.
La cité des Nanto n'a pas l'aspect d'une ville vitrine de cette partie
du Nord.
Et c'est justement pour l'aider à retrouver ce statut
de vitrine que la commune de Rillieux-la-Pape lancera ce projet de collecte des
ordures par des charrettes tirées par des ânes. La traction asine,
un moyen écologique, peu cher et parfaitement adapté aux
contraintes techniques, est une innovation remarquable dans la mise en oeuvre
de cette action. Ce projet lancé en 2003 a bénéficie de
l'appui financier mais aussi technique de la communauté urbaine de Lyon
qui a une expertise en la matière. La communauté urbaine finance
à hauteur de 10.000 Euros à l'année ce projet de collecte
et de traitements des ordures. Malheureusement, cette action n'a pas connu le
succès attendu et n'a pas reçu le soutien de la part des
autorités de Natitingou en termes de suivi du projet et d'entretien des
ânes. Un autre projet de construction d'un local équipé
d'un réfrigérateur-congélateur fonctionnant à
l'énergie solaire a été réalisé grâce
au comité de jumelage. Après cette présentation de
l'évolution du partenariat et de ses actions, la section suivante
abordera les mécanismes de sa mise en oeuvre
Section 2-
Les mécanismes de mise en oeuvre du partenariat-coopération
décentralisée
L'étude de la coopération entre Rillieux-la-Pape
et Natitingou nous conduit à examiner les modalités de sa mise en
oeuvre. Il s'agira essentiellement d'aborder les moyens juridiques et
institutionnels voire financiers ayant servi à la mise en oeuvre du
partenariat-coopération entre les deux communes.
Paragraphe 1-
Les moyens juridiques
Pour mettre en oeuvre le partenariat-coopération, les
deux communes s'appuient sur des moyens juridiques notamment des conventions.
Les conventions comme le confirment la loi Thiollière adoptée par
l'assemblée le 25 Janvier 2007 et parue au journal officiel le 2
Février, restent la voie privilégiée de la
coopération décentralisée ou de tout partenariat d'une
collectivité avec une autre collectivité ou institution
infra-étatique étrangère. Cette loi sur l'action
extérieure des collectivités territoriales qui lève les
incertitudes juridiques contenues dans la loi ATR33(*), tente de définir ce
que c'est une convention.
Par convention, la loi entend tout contrat ou acte
signé entre des collectivités territoriales françaises et
étrangères, comportant des déclarations, des intentions,
des obligations ou des droits opposables à l'une ou l'autre partie. Sont
visées par la loi aussi bien les conventions ayant un caractère
que celles pouvant avoir des conséquences matérielles,
financières ou réglementaires pour ces collectivités.
L'article L.1115.1 stipule que les collectivités et leurs
groupements peuvent, dans le respect des engagements internationaux de la
France, conclure des conventions avec des autorités locales
étrangères pour mener des actions de coopération ou d'aide
au développement. Elles entrent en vigueur dès leur transmission
au représentant de l'État dans les conditions fixées aux
articles L.2131-1, L. 2131-2, L.3131-1, L.3131-2, L.4141-1 et L.4141-2. Les
articles L.2131-6, L.3132-1 et 4142-1 leur sont également
applicables.
La loi stipule également qu'une fois signée, la
convention doit être transmise au préfet qui exerce un
contrôle de légalité. Ce contrôle vise à
assurer que la convention ne comporte pas de dispositions qui pourraient lier
d'autres collectivités territoriales non signataires ou l'État et
que la collectivité française a été
préalablement autorisée à conclure une convention par une
délibération de l'assemblée délibérante de
la collectivité concernée. La loi précise enfin que les
collectivités territoriales françaises contractant avec des
autorités locales étrangères doivent veiller dans leurs
conventions à ne pas porter atteinte aux règles et principes de
valeur constitutionnelle comme l'indivisibilité de la République
et de souveraineté nationale, la défense des
intérêts nationaux, du principe de la cohérence de la
politique étrangère dont la responsabilité incombe au
gouvernement et au Président de la République sans oublier le
principe de spécialité34(*).
Les textes béninois de décentralisation ne font
pas explicitement allusion aux conventions. Ils obligent seulement les
collectivités engagées dans une relation avec un partenaire du
Nord à en informer l'autorité de tutelle qui est le
ministère de l'intérieur et de la décentralisation. Cette
situation montre que la coopération décentralisée jouit
d'une grande liberté au Bénin. Cette liberté
découle de son enjeu pour les communes en ce sens qu'elle contribue
à la réduction de la pauvreté et au développement
local de la commune en relation avec une collectivité
étrangère. Les autorités béninoises tiennent
néanmoins à préciser aux deux partenaires, que les
projets mise en oeuvre dans le cadre d'une coopération, doivent
s'inscrire en cohérence avec les actions prévues dans le plan de
développement local de la collectivité béninoise en
partenariat. Il est clairement dit que les acteurs de la coopération
notamment les partenaires étrangers doivent prendre en compte cet
élément dans l'identification et la réalisation de leurs
actions. Il est indiqué que le ministère en charge de la
décentralisation à travers ses services compétents, est
l'opérateur privilégié avec lequel il est conseillé
de travailler, pour s'assurer de la bonne cohérence du projet de
coopération décentralisée avec les politiques nationales
et locales de développement. On voit donc que les autorités
béninoises, ne cherchent pas à contrôler les relations
entre collectivités en partenariat car elles ne prévoient point
de mécanismes juridiques concrets. Il revient donc aux
collectivités de définir entre eux les fondements juridiques de
leurs actions.
Dans un contexte où la situation juridique n'est pas
pareille, les partenaires sont tenus de faire preuve de diplomatie et
d'imagination pour garantir juridiquement leurs actions. Dans le cas de la
coopération avec Natitingou, une première convention
générale est souvent signée avec Rillieux-la-Pape
conformément aux exigences de la loi française. Cette
dernière fixe le cadre global de la coopération, fixe les
objectifs poursuivis et définit les actions à réaliser
à court, moyen et à long terme. Dans la phase de mise en oeuvre,
les deux collectivités ont recours à une autre forme de
conventions connues sous le nom de « conventions
opérationnelles ». Les conventions opérationnelles sont
un document officiel signé entre les deux partenaires dont l'objectif
est de préciser les modalités d'intervention de chaque partenaire
sur un sujet donné comme la problématique d'assainissement,
d'éducation, de collecte et de traitements de déchets solides et
ménagers, la formation...etc. Elles sont signées chaque fois
qu'il s'agit d'intervenir dans un domaine d'action de la grande convention qui
lie les partenaires. Les conventions opérationnelles sont en
général l'oeuvre des techniciens et cadres des deux partenaires,
qui les négocient et les soumettent à l'assemblée de
délibération des deux exécutifs pour approbation. Les
conventions opérationnelles comme l'écrit Dianko Mballo,
« permettent aux deux collectivités de fixer de
façon claire les priorités, les stratégies, le coût
financier et la durée et la durée de
l'exécution 35(*)». Les conventions dites
opérationnelles pour s'inspirer des travaux de cet auteur, fixent les
principes d'intervention notamment ceux sur lesquels la thématique
retenue doit être mise en oeuvre. Elles déterminent le choix des
domaines à exécuter à l'intérieur d'une
thématique, fixent les objectifs opérationnels de la
thématique retenue et l'engagement des deux partenaires. Les conventions
opérationnelles ont le mérite d'être efficaces en ce sens
qu'elles apportent une réponse adéquate aux besoins des
populations, veillent à la transparence des actions et mobilisent et
associent les acteurs locaux dans la mise en oeuvre de en ensemble la
thématique retenue.
Dans le cas de la coopération entre Rillieux-la-Pape
et Natitingou, ces conventions sont très importantes car elles ont
permis la mise en oeuvre du projet de collecte de déchets. Chaque action
ou projet a fait l'objet d'une convention opérationnelle
rattachée à la convention principale signée entre les deux
collectivités. Elles détaillent les objectifs, les
résultats attendus, les activités prévues, le budget
prévisionnel, les moyens à mobiliser, le calendrier de leur mise
en oeuvre, les modalités de suivi et d'évaluation ainsi que les
engagements de chaque partie. C'est sur cette base de convention que l'ONG
JGOMA se verra confiée la gestion du projet Natitingou Ville Propre. En
effet cette association a assuré la gestion des matériels, des
ânes pendant la phase d'exécution, avec un objectif et des
résultats attendus de ce projet jusqu' à la période de gel
des relations entre les deux partenaires. Les conventions
opérationnelles à l'instar des conventions
générales de coopération sont signées pour une
période donnée. Elles peuvent être dénoncées
par l'une ou l'autre partie par simple notification avant l'expiration de leur
expiration officielle. Les moyens juridiques ne sont pas les seuls moyens de
mise en oeuvre d'un projet de coopération auxquels les deux partenaires
font référence. Elles ont également recours souvent
à des moyens institutionnels voire financiers pour mettre en place les
actions faisant objet de la coopération entre les deux partenaires.
Paragraphe 2-
Les moyens institutionnels et financiers
Ce paragraphe s'évertue à examiner les moyens
institutionnels et financiers déployés par les deux
collectivités partenaires pour la mise en oeuvre de leur
partenariat-coopération décentralisée.
S'agissant des moyens institutionnels, il faut signaler que
les deux villes ont convenu de la création d'une structure regroupant
des personnes qui s'occupent de la mise en oeuvre de la coopération. Il
s'agit des comités de jumelages dont le but reste avant tout d'oeuvrer
au rapprochement des peuples grâce à une promotion et à une
pérennisation des échanges socio-culturels et sportifs. Les
comités de jumelages sont des associations de loi 1901 qui renforcent et
développent le partenariat entre les deux communes. Les comités
de jumelages sont les interlocuteurs privilégiés de toutes les
actions en matière de coopération. Ils sont sensés
faciliter la mise en oeuvre des accords de jumelages ou des conventions de
coopération décentralisée. Ce sont des associations
regroupant des personnes motivées, engagées en faveur des
actions de développement et de solidarité. Ils regroupent dans le
cas des villes du nord des personnes préoccupées par
l'amélioration des conditions de vie des populations et par voie de
conséquence du développement local de leur commune au Sud.
Mis en place en 1998, le comité de jumelage de Rillieux
s'est transformé en une association spécialisée en
coopération décentralisée dont le but est de favoriser le
rapprochement entre territoires et peuples. Il favorise également la
compréhension et l'ouverture des cultures et savoir-faire
différents, sources d'enrichissement réciproque et d'innovation.
Le comité de jumelage est un partenaire de longue date qui a permis de
faire évoluer les actions de coopération en Natitingou et
Rillieux-la-Pape. C'est grâce au comité de jumelage, que les
actions ont été menées sur le terrain à Natitingou
même si la ligne générale est celle de la commune.
Dirigé par un conseil d'administration et un bureau composé de
personnes ressources notamment d'anciens fonctionnaires des
collectivités territoriales, d'élus, de fonctionnaires et
d'habitants sensibles aux enjeux de solidarité et de
développement au Sud, le comité de Rillieux a été
très efficace pendant la période de gloire de cette
coopération. Il est à l'origine du Projet Natitingou Ville
Propre, de la collecte sélective des piles, de l'équipement des
dispensaires de Natitingou de destructeurs d'aiguilles, de l'achat de
l'incinérateur, de la construction de poteaux de basket à la
maison des jeunes et de loisirs de Natitingou sans oublier la dotation de
livres de la bibliothèque de la commune. Pour le projet Natitingou
Ville Propre, le comité a réussi à obtenir du grand Lyon
une subvention annuelle de 10.000 Euros. Elle sollicite également de la
part d'autres partenaires comme Cités Unies France, des subventions
afin de réaliser les projets qui tiennent aux deux collectivités
engagées dans cette coopération. C'est pour cela d'ailleurs que
l'association Comité de Jumelage Rillieux-la-Pape, sera
désignée comme maître d'oeuvre des actions de la commune
à Natitingou. Elle se trouve en amont et en aval de toute action sur le
terrain et son implication dans la mise en oeuvre est très grande et
utile.
L'association Comité de Jumelage Rillieux-La- Pape,
organise les visites officielles dans les deux pays, conçoit avec les
autorités municipales les programmes de séjour et d'accueil des
membres des délégations. Elle travaille dans un souci
d'égalité, de réciprocité et de confiances
mutuelles. C'est encore l'association qui joue évalue les actions
menées sur le terrain et au besoin recadre ou réoriente les
actions communes. C'est un pion essentiel dans la mise en oeuvre de la
coopération entre les deux villes et lorsqu'il s'est mis en
difficulté, le partenariat a manqué de dynamisme.
Du côté de Natitingou, l'existence et le
rôle du comité de jumelage paraît ambigu. En ce qui concerne
l'existence de cette structure, nos investigations montrent qu'il y avait bien
un comité de jumelage. D'ailleurs la convention 2005 dans son article 11
fait référence à l'existence d'une telle structure. Son
rôle est d'aider à la mise en oeuvre de la coopération
notamment à partir de la présentation de projets qui s'appuient
sur le plan de développement local de Natitingou, d'un plan de
financement traduisant son implication. Nos investigations ont
révélé que ce comité n'a pas été
fonctionnel comme on l'aurait souhaité. Cette situation a mis en
difficulté et en situation d'interlocuteur unique les partenaires de
Rillieux-la-Pape notamment le comite de jumelage.
De plus, il semble que le fonctionnement de ce comité
n'est pas le même que celui de Rillieux-la-Pape. Si à
Rillieux-la-Pape, le comité de jumelage est une association de droit
commun, librement gouverné avec des dirigeants élus au sein des
membres, cela n'est pas le cas à Natitingou, où selon nos
sources, le Président de cette association est souvent nommé.
C'est le cas par exemple de sieur Éric Potikamou, ex président du
comité de jumelage nommé par le Maire Biaou. Cette situation
n'est pas de nature à garantir une relation franche basée sur les
mêmes règles de fonctionnement. Nos investigations pour savoir
s'il y a un comité de jumelage à Natitingou, nous
révèlent aussi que de façon opérationnelle, cette
structure est absente dans la mise en oeuvre des actions de la
coopération. Cette situation serait à la base des
difficultés que va rencontrer la coopération entre les deux
collectivités. Elle a ouvert les voies à la dérive dans la
mise en oeuvre des actions de partenariat sur le terrain.
Sur le plan organisationnel interne, les deux
collectivités ont travaillé à mettre en place même
si cela n'est pas toujours cohérent des services en charge de la
coopération décentralisée. La coopération et
surtout son suivi feront l'objet des compétences dévolues
à ces services. Au niveau de Rillieux-la-Pape, cette compétence
est assurée par la direction culture et enseignement notamment par le
service culturel. Ce service joue en quelque sorte le rôle de direction
des relations internationales dans la mesure où c'est elle coordonne les
actions de la coopération décentralisée et de
solidarité internationale de la commune. La personne chargée de
la gestion et du suivi des relations de coopération et solidarité
internationale de la commune au sein de ce service est Madame Marie-Noëlle
Fargeot, notre tutrice de stage et adjointe de la grande direction culture et
enseignement. C'est cette personne qui accomplit toute seule depuis plus de
deux ans, l'immense tâche de coordination des actions de
coopération décentralisée et de l'association
comité de jumelage de la commune. C'est encore elle qui suit les actions
sur le terrain, recherche les financements, rédige les conventions entre
les deux communes et répond aux appels à projets du
Ministère des Affaires Étrangères et autres
ministères. Nous trouvons que cette charge est trop immense pour une
seule personne qui doit s'occuper des autres questions comme celle de la
culture, de l'enseignement sans oublier les travaux au conseil municipal.
À Natitingou, les relations de la commune avec les
partenaires étrangers dépendent de la commission des affaires
socio-culturelles et de la coopération décentralisée.
Cette commission est comme une sorte de la direction des relations et de la
solidarité internationale qui a pour mission de conseiller le Maire par
rapport aux actions développement nécessitant l'apport ou le
soutien des partenaires de la commune. De façon concrète, un
service est crée pour s'occuper de la question depuis l'adoption du
nouvel organigramme de la commune. Il s'agit du service de la planification, du
développement et de la coopération décentralisée,
qui coordonne, supervise et élabore, les projets de coopération
avec les partenaires extérieurs de la ville. Ce service est
dirigé par Serge Béré Kassa, un cadre compétent
mais dont les moyens d'action sont limités. Comme à
Rillieux-la-Pape, ce service qui élabore les programmes de
planification, de développement de la commune et supervise les actions
de coopération décentralisée fonctionne malheureusement
avec une seule personne. Si à Rillieux-la-Pape, l'efficacité d'un
tel service n'est pas mise en doute, à Natitingou le problème de
l'efficacité des actions d'un tel service se pose avec les multiples
tâches de la personne en charge de la coopération.
En ce qui concerne les moyens institutionnels au niveau
national, rappelons qu'il existe au Bénin certaines structures voire
organismes qui interviennent dans la coopération
décentralisée. Ces structures ou organismes jouent en
général le rôle de partenaire technique, administratif ou
de conseiller près des communes béninoises mais aussi des
collectivités étrangères. Nous pouvons citer entre autres
le Ministère de la décentralisation et des collectivités
locales (MDCL), ex Ministère de la Décentralisation, de la
Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du
Territoire (MDGAAT), du Ministère des Finances et de l'Économie
(MFE), du Ministère des Affaires Étrangères, de
l'Intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de
l'Extérieur et le Commission Nationale de Coopération
Décentralisée (CNCD). Ces institutions se doivent de travailler
ensemble afin de répondre aux besoins de cohésion et de
cohérence des actions de coopération décentralisée.
Ce sont des institutions informent et conseillent les collectivités
étrangères sur les dispositions juridiques et les
différentes démarches administratives en matière de
coopération décentralisée au Bénin.
S'agissant des moyens financiers, il importe de signaler
qu'ils n'existent presque pas, ce qui favorise le recours à des
méthodes très différentes. Pendant qu'à Natitingou,
il n'y a pas une ligne budgétaire consacrée à la
coopération décentralisée, à Rillieux-la-Pape les
choses semblent beaucoup avancées et doivent servir d'exemple au
partenaire du Sud. La question des finances constitue le véritable
problème de la coopération dans les pays du sud, qui ont des
budgets très réduits. Le pouvoir central a
transféré des compétences aux nouvelles
collectivités sans accompagnement des moyens financiers. Ce qui fait que
les communes et dans notre étude Natitingou, n'arrive pas à
jouer son rôle de partenaire crédible. La situation de moyens
financiers limités de la commune peut conduire à un
détournement de la coopération et les écarts de
comportements observés en disent beaucoup à ce sujet. Par contre
à Rillieux-la-Pape, la commune inscrit chaque année un montant
pour ses relations avec ses partenaires. Aussi modeste soit ce budget, c'est la
preuve que la solidarité ou la coopération
décentralisée a un coût, qu'il faut budgétiser
à l'avance pour ne pas se mettre en difficulté. C'est sur ce
budget que la ville alloue une subvention au comité de jumelage pour la
mise en oeuvre des actions à réaliser.
En ce qui concerne le dispositif financier pour les fonds
destinés à la coopération, signalons qu'il fait objet de
débat. En effet, les fonds qui entrent dans le cadre de la
réalisation des actions sont tenues de respecter deux conditions
nécessaires du droit français. La première concerne le
respect des procédures françaises en matière de transfert
d'argent. La deuxième condition concerne l'utilisation de l'argent qui
doit présenter un intérêt local. Ces deux conditions
doivent être réunies pour financer un projet ou une action
à Natitingou. En plus de ces conditions françaises, les textes
béninois exigent que les fonds de la coopération soient
domiciliés sur un compte du trésor public béninois. Cette
mesure pour nous ne respecte pas les règles de la coopération
c'est-à-dire les relations de territoire à territoire aux
intérêts et objectifs communs avec des actions retenues
indépendamment de toute action de l'État. Malgré ces
mécanismes, la mise en oeuvre de la coopération se trouve
confrontée à des problèmes de culture, de mentalité
et d'approche de développement. C'est ainsi qu'il sera relevé
plusieurs insuffisances dans la mise en oeuvre de la coopération, ce qui
n'est sans effets sur l'efficacité des relations de partenariat entre
les deux collectivités partenaires.
Après avoir élucidé les
évolutions de la coopération entre les deux territoires, les
actions mises en oeuvre et examiné les différents moyens
juridiques, institutionnels et financiers, nous venons faire la lumière
sur l'état des lieux de la coopération entre les communes de
Rillieux-la-Pape en France et de Natitingou au Bénin. L'étape
suivante consiste à faire une analyse objective de cette
coopération et de proposer des pistes de solutions pour redynamiser la
coopération entre les deux partenaires.
TROISIEME
PARTIE- ANALYSE DE LA COOPÉRATION ET PROPOSITIONS DE
RELANCE
Dans cette dernière partie, il est question de
présenter le milieu professionnel qui a nous servi de lieu
d'apprentissage et d'approfondissement de nos connaissances (Chapitre 1). Les
nombreuses connaissances que nous avons apprises nous servent de base pour une
analyse du partenariat entre les communes de Rillieux-la-Pape et de Natitingou
mais aussi la formulation de quelques recommandations pour la
pérennisation des rapports entre les deux collectivités
partenaires (Chapitre 2).
Chapitre I-
La présentation de la structure d'accueil et le déroulement du
stage
Ce chapitre organisé en deux sections aborde
essentiellement la structure d'accueil, les objectifs poursuivis et nos
missions (Section1) sans oublier les différentes activités
effectuées et le bilan de ce passage en collectivité locale
(Section 2).
Section 1-
À la découverte de notre milieu professionnel
Les stages de fin de formation en milieux professionnels
permettent aux étudiants de confronter la théorie à la
pratique et de les préparer à la vie professionnelle. Dans le
cadre de notre formation, nous avons décidé de faire notre stage
en collectivité territoire notamment à la ville de
Rillieux-la-Pape pour renforcer nos connaissances et développer de
nouvelles compétences professionnelles dans les domaines de
développement local et de solidarité internationale. La
présente section présente dans un premier temps, le service
culturel de la ville, notre mission et les objectifs poursuivis dans un second
temps.
Paragraphe 1-
Le cadre du stage
Comme nous l'avions annoncé plus haut, nous avons
opté pour le stage comptant pour le Master en Économie Sociale et
Solidaire, d'évoluer en dehors des structures traditionnelles en charge
des questions de notre formation. Cette démarche vise à montrer
qu'il existe dans bien d'autres secteurs notamment les collectivités
locales des dynamiques qui répondent aux objectifs de l'économie
sociale et solidaire. Nous avons voulu observer et vivre la manière dont
les collectivités territoriales ou locales abordent la question de
l'économie sociale et solidaire. Pour ce faire, la ville de
Rillieux-la-Pape nous a intéressé. Les raisons du choix de cette
ville sont essentiellement son engagement en faveur de la solidarité
internationale et sa croyance en une autre vision du développement.
C'est ainsi que du 1er Avril au 31 Juillet 2009,
nous avons réalisé dans le cadre de ce master un stage en milieu
professionnel à la ville notamment au service culturel de la direction
de la culture et vie scolaire. Le service culturel a pour missions et
activités principales la mise en place et l'organisation de spectacles
vivants, les conférences reportages et les programmes de cinéma.
Il s'occupe aussi du développement des actions de médiation et
d'accompagnement en direction des publics cibles notamment les
établissements scolaires et culturels. Il accueille également les
manifestations culturelles des autres services municipaux ou de partenaires
principalement des associations et établissements scolaires. Le service
cultuel comme nous le remarquons est un service qui travaille avec les
populations et les structures municipales. Il joue un rôle important dans
l'animation socio-culturelle de la ville. Il fait partie de la direction vie
scolaire de la ville.
Le service culturel fait office de direction des relations
internationales de la ville. Il s'intéresse en dehors de ses
compétences traditionnelles aux questions de solidarité et de
développement au sud. C'est le service par excellence de la commune qui
traduit en actions son engagement en faveur de la solidarité
internationale. C'est la directrice adjointe du service qui coordonne toutes
les activités relevant de ce domaine et par voie de conséquence
de la coopération décentralisée. En lien avec l'élu
en charge des relations internationales et sous l'autorité du
responsable de la direction culture vie scolaire, le service culturel dirige et
anime les activités de l'action extérieure de la commune. C'est
le service de la commune qui suit ses relations avec l'ensemble de ses
partenaires étrangers notamment les communes Natitingou au Bénin
et de Leczyca en Pologne dans le cadre du jumelage et par extension de
coopération décentralisée. Le service assure un suivi
administratif, opérationnel et logistique de ces deux partenariats comme
la réception de délégations étrangères ou
l'organisation des missions d'échanges ou de visite. Le service culturel
est l'opérateur de la ville en matière de sa politique
étrangère et de solidarité. Il conçoit et
élabore à ce sujet le programme de coopération
décentralisée de la commune et de l'aide au développement.
Il contribue de façon concrète à l'élaboration des
projets à dimension ou à vocation internationale de ses
partenaires en aidant au montage de projets ici et ailleurs. Il propose
à travers ces projets des échanges, l'éducation au
développement et à la citoyenneté. Le service culturel
recherche les financements des actions de coopération
décentralisée en travaillant avec des partenaires
extérieurs.
Le service culturel au regard de ce qui
précède, est un service essentiel qui accompagne la commune dans
sa vision de la solidarité et de l'aide au développement. Il
assure une mission de veille et de diffusion de l'information sur les
différents appels à projets nationaux et européens qui
pourraient permettre à la commune de cofinancer ses actions à
l'internationale. Le service diffuse au sein de la ville et en direction des
agents l'information et la sensibilisation aux programmes de coopération
décentralisée. C'est ce service qui nous servira de lieu
d'apprentissage, de découverte et d'approfondissement de nos
connaissances en matière de solidarité internationale notamment
en coopération décentralisée.
Paragraphe 2-
Les objectifs et missions du stage
En optant et acceptant de faire notre stage à la ville
de Rillieux-la-Pape, nous voulons prendre contact avec la réalité
des collectivités locales françaises face aux questions de
développement et à leur engagement au profit de la
solidarité internationale. D'une manière générale,
nous pensons qu'une expérience en collectivité locale nous sera
d'une utilité certaine pour développer les actions
d'économie sociale et solidaire dans les sociétés du sud.
Nous pensons également que l'expérience acquise au sein d'une
collectivité locale française peut nous servir à
accompagner les partenariats entre les communes béninoises. En nous
servant de la démarche et de l'approche d'une collectivité du
nord engagée en faveur de la solidarité internationale, nous
pouvons mettre en place une approche particulière de relations entre les
communes du Bénin que tout relie naturellement. Car la
coopération décentralisée et ses enjeux de
développement sont à soutenir et encourager au Bénin.
C'est justement pour acquérir les compétences nécessaires
répondant aux besoins des collectivités béninoises que
nous avons choisi de faire notre stage en milieu professionnel dans la commune
de Rillieux-la-Pape très engagée en faveur de la
solidarité et dans le partenariat avec les collectivités
territoriales étrangères.
De manière opérationnelle, l'expérience
avec Rillieux nous permettra d'encourager les collectivités
béninoises à s'intéresser dans un premier temps à
la coopération décentralisée Nord-Sud pour la
réalisation d'infrastructures et dans un second de les aider en
encourageant les partenariats entre collectivités nationales jusque
considérées comme moins efficaces mais pourtant très
importants pour leur développement local. L'expérience de
Rillieux-la-Pape pour nous est une occasion d'identifier les secteurs
prioritaires sur lesquels, il faut apporter des réponses
spécifiques et des actions concrètes en matière de
coopération décentralisée nord-sud et sud-sud. L'exemple
de coopération entre Rillieux-la-Pape et Natitingou avec son bilan nous
permet de mieux comprendre les actions et les méthodes de la
coopération décentralisée entre collectivités. En
travaillant sur la question de la coopération, nous voulons apprendre
dans une vision de l'économie sociale et solidaire, les leviers
techniques, financiers et structurels sur lesquels doit s'appuyer toute
coopération décentralisée. L'autre objectif que nous
poursuivons à travers cet apprentissage en collectivité locale,
c'est de connaître le rôle et les implications des partenaires dans
un projet de coopération décentralisée. Il nous parait
également utile de savoir les divers partenaires différents et
complémentaires qu'il faut mobiliser pour la mise en oeuvre d'un projet
de coopération décentralisée.
La commune de Rillieux nous a donné
l'opportunité d'atteindre ces différents objectifs en nous
confiant une mission qui demande la connaissance des collectivités du
sud mais aussi des différents dispositifs techniques, financiers et
structurels du partenariat entre deux territoires. Notre mission intervient
dans le cadre de la relance de la coopération entre Rillieux et
Natitingou. De façon plus détaillée, notre mission
consiste à accompagner le redémarrage d'une coopération
décentralisée avec la commune de Natitingou au Bénin et
d'aider à la rédaction de la nouvelle convention de
coopération entre les deux communes. Le troisième point de notre
mission est d'aider à l'élaboration du dossier d'appel à
projets triennal du Ministère des Affaires Étrangères.
Autrement dit, la commune nous demande de l'aider à redéfinir les
fondements d'une relation de coopération équitable basée
sur un programme à moyen terme clair et des actions qui concourent
à l'amélioration des conditions de vie des populations de
Natitingou. Cette mission vient à juste titre combler nos attentes car
elle nous confronte au délicat rôle d'assistant et de conseiller
dans la mise en place d'un partenariat équitable aux enjeux humains et
d'éducation au développement. Ce statut est une occasion pour
amener la commune à intégrer dans son partenariat les questions
fondamentales de développement comme la question de la collecte et du
traitement des déchets, l'approvisionnement en eau, l'assainissement, la
santé communautaire, l'éducation, les échanges culturels
et l'économie sociale.
Section 2-
Activités et bilan du stage
Dans cette section, il est question de présenter le
déroulement de notre stage à travers notamment les
activités que nous avons effectuées durant nos quatre mois de
stage dans un premier paragraphe, ensuite dans un deuxième paragraphe du
bilan global notamment des acquis de cette riche expérience en
collectivité locale.
Paragraphe 1-
Les tâches effectuées au service culturel
Débuté le 1er Avril, notre stage a
connu trois temps fort dans son déroulement avec des activités
propres à chaque période. Ainsi du 1er au 20 Avril,
nos activités concernent essentiellement les travaux de documentation et
de préparation de la visite de la délégation de la commune
partenaire de Natitingou. Au sujet de la documentation, nous avons
consulté les archives de la commune relatives à la
coopération avec les partenaires étrangers et plus
particulièrement avec la commune de Natitingou au Bénin. Cette
phase est très importante parce qu'elle constitue le point de
départ à une bonne réalisation de notre mission. La
documentation nous a permis d'avoir une idée globale du partenariat
entre les deux territoires depuis plus d'une dizaine d'années. Elle nous
a également permis de comprendre les raisons de l'engagement de la
commune en faveur de la solidarité, les actions menées, les
structures mobilisées et les acteurs clés impliqués dans
ce partenariat des deux côtés. Cette documentation nous a fourni
les éléments de compréhension des problèmes que
rencontre le partenariat et aussi sur les acquis. Les archives nous ont aussi
fourni la lumière sur les méthodes et les pratiques
développées pour accompagner la mise en oeuvre du partenariat
entre les deux communes. La documentation nous a servi de base importante pour
proposer aux deux partenaires de nouvelles méthodes ou approches et
aussi des actions qui privilégient l'amélioration des conditions
de vie des populations et la communication.
Cette première activité a été
suivie dans la deuxième semaine par la préparation de la visite
de la délégation de la commune de Natitingou. En effet, la
commune dans le cadre du redémarrage et de la relance de la
coopération entre les deux partenaires, a invité une
délégation de Natitingou à se rendre à Rillieux
pour échanges. Ces échanges qui se sont déroulés
à travers de multiples séances de travail, ont pour but de
redéfinir les bases d'une nouvelle coopération qui respecte les
règles en la matière et rapprocher les deux
collectivités.. À cet effet, nous avons été
sollicité par notre directrice de stage pour étudier le cadre
juridique de la coopération au Bénin. Nous avons
étudié toutes les dispositions des différentes lois de la
décentralisation notamment celles qui concernent la coopération
décentralisée. Au cours de cet exercice, nous avons relevé
les différents domaines dans lesquels, la commune de Rillieux-la-Pape
pourrait agir à Natitingou. Par la suite, nous avons assisté
notre responsable à la préparation de cette visite à
travers conseils et analyses de situation.
Le deuxième temps fort est marqué par la visite
de la délégation de Natitingou. Composée de deux personnes
notamment du Maire et de son cadre technique en charge la question de la
coopération décentralisée, la délégation
séjournera plus de deux semaines dans la commune. Au cours de cette
visite, nous avons participé à de nombreuses séances de
travail avec le Maire de la commune de Rillieux-la-Pape, les responsables et
cadres techniques de la ville et les structures du Grand-Lyon. Nous avons de
façon détaillée participé à un bureau
municipal de la ville 21 Avril. Le lendemain, nous avons participé
à une visite organisé par notre directrice au Centre Technique
Municipal pour montrer à la délégation les moyens
techniques et logistiques que la commune utilise pour faire face aux
problèmes d'éclairage publique et d'autres travaux relevant de
ses compétences. L'après-midi, nous avons visité le centre
de tri du groupe Veolia implanté sur le territoire de la commune avec
la délégation. Le but de cette visite est de sensibiliser la
délégation sur la nécessité d'envisager une
politique de tri et de traitement des ordures à Natitingou. En fin
d'après-midi, nous avons assisté à une séance de
travail à la mairie avec les directeurs des services municipaux.
Le vendredi 24, nous avons participé à l'espace
Baudelaire à une séance de travail avec la Direction de la
Propreté du Grand Lyon sur la thématique des déchets.
Cette séance a connu la participation des autres villes de la
région lyonnaise en partenariat avec les communes du Nord Bénin.
Il s'agit entre autres des communes de Gleizé, de Francheville et de
Villefranche sur Saône, respectivement en partenariat avec les communes
de Kérou, de Kouandé dans l'Atakora et de Kandi dans l'Alibori.
L'après-midi, nous avons conduit avec les responsables du comité
de jumelage et des cadres du Grand Lyon, la délégation à
la déchetterie de Rillieux-la-Pape. Cette visite a pour but d'amener la
délégation à toucher du doigt les techniques
utilisées pour enfouir les déchets. Cette visite servira beaucoup
à la commune dans la mise en place des dépotoirs finaux
envisagés par la commune. Le même jour de 18H30 à 21H, nous
avons assisté à une rencontre avec les membres du comité
de jumelage et associations rilliardes à l'espace Baudelaire. Nous avons
profité de cette occasion pour nous rapprocher de quelques membres du
comité de jumelage et recueillir leurs impressions sur l'état de
la coopération entre les deux communes. Ce fut également une
occasion pour demander aux associations rillardes si elles sont
informées des actions de la commune à Natitingou. Nous avons
découvert que beaucoup d'associations s'engagent au côté de
la ville pour des oeuvres humanitaires et de développement. Ce qui est
déplorable est que certains habitants ne sont pas toujours
informés des actions de la coopération entre les deux villes.
Cette séance est une séance où chaque partie a
renouvelé son engagement en faveur de la coopération. Le Maire de
Natitingou à lancé un appel aux habitants, associations et
à la commune de participer au développement de sa commune qui
éprouve des difficultés. Ces difficultés concernent les
problèmes d'évacuation des ordures, l'assainissement et les
équipements socio-économiques.
Le lundi 27 à 10H30, nous avons participé avec
la délégation à une réunion hebdomadaire de la
direction générale de la commune. Cette séance est riche
car elle a permis à la délégation de voir comment sont
traités les sujets concernant l'animation de la commune à travers
le temps. En début d'après-midi, nous avons eu une rencontre avec
l'Agence d'Urbanisme au Grand Lyon sur le thème de la planification
urbaine. C'est une séance qui a permis à Natitingou de
découvrir comment l'agence d'urbanisme planifie le développement
économique, l'habitat et les transports dans l'agglomération. Par
la présentation du Plan Local d'urbanisme, l'agence a sensibilisé
la délégation sur l'anticipation et l'organisation du
développement de son territoire à partir de stratégies
partagées de développement territorial. Cette séance a
permis à la délégation d'éviter la gestion de
situation problématique à long terme grâce à un
développement harmonieux et équilibré de son territoire
qui croise les composantes résidentielles, économiques et de
transports urbains. En début de soirée, nous avons
participé à une séance de travail avec le maire de
Rillieux Monsieur Gauquelin sur la nouvelle convention de partenariat entre
les deux communes. Cette séance a permis de relever les erreurs du
passé et d'envisager un partenariat de commune à commune pour
éviter toute appropriation personnelle par les acteurs
responsabilisés ou délégués à la mise en
oeuvre de la coopération.
Le Mardi 28 à 10 H, nous avons eu une séance de
travail avec le Fonds Eau de la Direction de l'Eau du Grand Lyon à la
Guillotière. Claire Tillon, responsable solidarité internationale
en charge de question de l'eau potable, nous a lors de cette séance
entretenu sur les éventuels porteurs de projets dans le domaine de
l'eau, la procédure de candidature et les montants alloués. Il
ressort de cette séance de travail que, le Fonds Eau peut accompagner la
commune de Natitingou dans ses projets d'assainissement, d'adduction d'eau
villageoise et de construction de latrines publiques. L'après-midi, nous
avons tenu avec le comédien béninois de la compagnie la Fille du
Pêcheur basée à Rillieux-la-Pape, une séance de
travail sur un projet culturel avec les villes de Rillieux-la-Pape et de Puy en
Belgique sur le thème de l'immigration. Ce projet a été
approuvé par la délégation qui a promis oeuvrer à
sa réalisation dans les tout prochains mois.
Le 30 Avril à la mairie de Rillieux-la-Pape, nous avons
participé à une séance de travail avec les responsables
des pompes funèbres de la ville. Cette séance a permis à
la délégation de formuler des doléances par rapport
à la gestion des corps sur son territoire. Ces doléances
concernent le transport des corps, les soins et les précautions à
prendre pour éviter les maladies contagieuses. À 10 h nous avons
une autre séance avec Sabine Petit, chargée des questions
d'urbanisme de la ville. Elle a entretenu la délégation sur
l'importance de l'urbanisme dans une collectivité notamment des aspects
réglementaire et opérationnel de tout projet d'urbanisme. Elle a
informé la délégation sur les permis de construire ou de
démolir, les autorisations et déclarations de travaux sans
oublier les certificats d'urbanisme et le numérotage des voies.
L'après-midi sera consacré à une séance de travail
sur les différentes conventions. Il s'agit entre autres de discuter de
la nouvelle convention de coopération entre les deux villes et les
conventions entre Natitingou et le comité de jumelage notamment la
convention relative de la mise à disposition du centre de tissage de la
Mairie de Natitingou. Cette séance a été essentiellement
consacrée aux courriers entre les deux communes. Ces courriers
rédigés ensemble par le comité de jumelage et la
délégation, confient à Natitingou le patrimoine de la
coopération ainsi que de sa gestion.
Au matin du lundi 4 Mai, nous avons participé à
une deuxième séance sur les courriers et conventions. Cette
dernière séance a permis de finaliser ces documents qui ont
été présentés au Maire de Rillieux-la-Pape pour
signature l'après-midi. À cette séance avec le maire
l'après-midi, nous avons fait le point du séjour. De cette
séance, la plus grande préoccupation a été
l'acquisition d'un camion bennes au profit de Natitingou. Il a
été également question d'un véhicule
funéraire et de l'engagement de la commune à servir de lieu de
formation pour les cadres de la mairie de Natitingou. Cette séance
marquera la dernière séance officielle de travail entre les deux
communes. La délégation regagnera la Belgique le 5 mai.
Après ce deuxième temps fort de notre stage, nos
activités vont être consacrées essentiellement à la
recherche de financement et à l'élaboration des projets à
développer par les deux communes. C'est ainsi que tout le reste de notre
temps sera consacré à la recherche de partenaires capables de
cofinancer les actions à entreprendre pendant les quatre prochaines
années par la ville de Rillieux-la-Pape. Il a été question
d'identifier des partenaires potentiels de soutenir la vision de
solidarité de la commune de Rillieux-la-Pape avec lesquels cette
dernière devra nouer des partenariats de cofinancement. Car la commune
seule ne peut pas financer les coûts des nombreuses actions à
mener pour les prochaines années. C'est justement ce qui nous a
amené à identifier et contacter des acteurs capables d'appuyer la
commune dans son action à l'international. Cette activité qui
demande prospection et diplomatie a été un succès. Le
tableau sus-dessous fait un récapitulatif des partenaires sérieux
sur lesquels les autorités municipales peuvent compter pour mener les
actions et programmes de coopération décentralisée
à Natitingou.
ORGANISME OU
INSTITUTION
|
DOMAINES D'INTERVENTION
|
AGENCE DE L'EAU RHONE-MEDITERRANÉE ET
CORSE
|
En cohérence avec les orientations de politique
étrangère en France et dans le cadre de la loi sur l'eau du 30
décembre 2006, l'Agence de l'eau mène des actions de
coopération internationale dans ses domaines d'expertise, la lutte
contre la pollution et la préservation des ressources en eau. Elle
finance des projets de solidarité dans les pays en voie de
développement et le Bénin est éligible pour ses
projets.
|
COMITE CATHOLIQUE CONTRE LA FAIM ET POUR LE
DÉVELOPPEMENT
|
Projets de solidarité contribuant à
l'amélioration des conditions des populations : création
d'écoles, accès à l'eau, essor de l'agriculture
villageoise, création des activités génératrices de
revenus, structuration d'association (Projets pour 2010)
|
AMBASSADE DE FRANCE AU
BÉNIN
|
Service de Coopération et d'Action Culturelle. Il
finance les projets de développement portés par les acteurs de
la société civile dont les collectivités. Nous avons
également le Fonds Social de Développement représente une
opportunité de financement des actions de la coopération. Voir
l'appel à projet 2009. Projet porté par une collectivité
béninoise avec un partenaire français très
encouragé. Date limite de dépôt du projet : 26
Août 2006
|
AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT
BENIN
|
L'Agence finance des projets de développement
économiques et
sociaux durables. Au Bénin elle finance surtout les
projets d'hydraulique rurale, de développement et d'éducation
à la base. Finance des projets portés par les
collectivités du Sud. La seule condition à prendre en compte est
que le projet doit rentrer dans la stratégie de l'association pour
accroître les chances de financement.
|
COMMISSION EUROPEENNE
|
Programme Jeunesse En Action (PEJA). Ce programme soutient les
projets qui encouragent la créativité et l'innovation dans le
secteur de la jeunesse (action 4.4). Cet appel est géré
directement au niveau européen par l'Agence exécutive Education,
Audiovisuel et Culture et non par l'AFPEJA. Les candidatures devront être
transmises à l'Agence exécutive Education, Audiovisuel et Culture
au plus tard le 30 septembre 2009 à l'Agence exécutive Education,
Audiovisuel et Culture. Les projets doivent débuter entre le
1er Décembre 2009 et 31 Mars 2010 pour une durée
maximale de 18 mois. Le projet doit être réalisé avec trois
collectivités dont forcément deux européennes. Il est
envisageable dans ce cas un projet de coopération entre HUY en Belgique
ou les autres collectivités en partenariat avec des communes du Nord du
Bénin.
|
ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA
FRANCOPHONIE
|
À travers son programme spécial de
développement, l'OIF appuie les projets de valorisation des produits
(Produits du centre de tissage par exemple), l'accès de services sociaux
de base et le renforcement des capacités des porteurs de projets et des
communautés. Les conditions de soumission sont très abordables
et sont sur le site de l'organisation.
|
FONDATION ENSEMBLE
|
Fondation privée reconnue d'utilité publique, cette
fondation est prête à soutenir les projets de la commune qui
oeuvrent à la réduction de la pauvreté. Ces projets
doivent être des projets de solidarité internationale en
assainissement, approvisionnement en eau potable, la biodiversité et la
protection de l'environnement.
|
Outre ces structures, nous avons des contacts avancés
avec l'UNICEF pour soutenir les projets d'éducation des filles, le
département du Rhône avec qui la commune doit
éventuellement définir les bases et les domaines de
coopération. D'autres structures de mécénat d'entreprise
ont été contactées sans grand succès. C'est le cas
de la MACIF, de la Fondation Veolia, la Fondation de France, la Caisse des
dépôts et de consignation.
Paragraphe 2-
Bilan et acquis du stage
L'expérience en collectivité locale fut heureuse
et un réel succès pour plusieurs raisons. D'abord, elle nous a
permis d'acquérir les connaissances nécessaires sur le
fonctionnement des services en charge des relations internationales ou de la
solidarité internationale dans les collectivités locales et le
cadre juridique de la coopération décentralisée en France.
Elle nous a permis de remplir nos objectifs de stage. En effet, à
l'issue de ce passage en collectivité locale, nous avons acquis la
connaissance et développé de nouvelles compétences pour
travailler dans le domaine de la coopération décentralisée
ou de la solidarité internationale. De plus nous avons réussi
à informer la commune des domaines d'actions prioritaires qui doivent
faire l'objet d'une attention particulière les années à
venir. Nous avons réussi à identifier des partenaires potentiels
et fiables sur lesquels peut s'appuyer la commune pour financer ces projets de
coopération décentralisée à Natitingou. Les
contacts ultérieurs avec ces derniers détermineront leur niveau
d'engagement et leur implication dans la mise en oeuvre de ces projets.
Ensuite, nous avons pu avec nos conseils et avis convaincre le
service culturel notamment notre directrice de stage de la
nécessité de favoriser l'émergence d'une dynamique locale
à Rillieux-la-Pape et à Natitingou autour des actions de
coopération décentralisée. Cette dynamique qui a
jusque-là manqué est la clé du succès des relations
futures entre les deux collectivités et sera d'une grande utilité
à la pérennisation des actions la coopération entre les
deux territoires. Cette situation nous avons mis non seulement dans une posture
de découverte des responsabilités et des obligations
professionnelles mais aussi d'apprentissage de nouvelles connaissances et
pratiques ou de perfectionnement de nos connaissances théoriques.
Enfin, grâce aux nombreuses séances de travail
auxquelles nous avons participées, nous avons fait la découverte
du monde des collectivités locales avec leurs réalités,
leurs projets et leurs ambitions en matière de développement des
collectivités des pays du sud. Ce stage est aussi une occasion pour nous
de nous initier à beaucoup de choses notamment la conception des projets
de solidarité et leur mise en oeuvre. La participation à des
activités et surtout nos discussions avec notre directrice de stage,
nous a permis de se rendre compte du rôle d'acteurs stratégiques
que jouent les collectivités locales dans le processus de
développement et de gouvernance locale dans les pays du sud. En
définitive, cette courte expérience de quatre mois en
collectivité locale est très importante pour nous, en ce sens
qu'elle vient renforcer nos connaissances théoriques et pratiques. Elle
nous a permis d'acquérir un ensemble de compétences permettant
d'exercer plus tard dans le domaine de la coopération.
Après avoir présenté notre milieu
d'apprentissage et fait le point de nos objectifs de stage, nos missions, les
différentes activités effectuées et enfin le bilan de
cette expérience en collectivité locale, nous allons essayer de
faire une analyse du partenariat entre Rillieux et Natitingou afin de relever
les comportements qui sont pas de nature à pérenniser les actions
entreprises entre les deux territoires.
Chapitre II-
L'analyse de la coopération Rillieux-la-Pape-Natitingou
Ce chapitre dresse une analyse du partenariat entre les deux
communes (Section 1), tout en essayant de faire des propositions, suggestions
et recommandations aux différents acteurs impliqués dans ce
partenariat pour le rendre durable, efficace et profitables aux deux
collectivités (Section2).
Section 1- La
coopération entre Rillieux-la-Pape-Natitingou en question
Cette section passe au peigne fin le partenariat entre les
deux collectivités et se veut avant tout une analyse des enjeux et des
stratégies des acteurs individuels et institutionnels dans le projet de
solidarité internationale. Elle essaie d'amorcer une conception d'une
bonne coopération décentralisée.
Paragraphe 1-
Une analyse critique et objective du partenariat Rillieux-Natitingou
Il s'agit de mettre en évidence dans ce paragraphe, les
bonnes actions et les paradoxes de la relation qui lie les deux
collectivités partenaires à la lumière de l'analyse des
actions déployées sur le terrain et la méthode
adoptée pour la réalisation de ces actions.
Mais avant toute analyse, il importe de rappeler que la
coopération entre Rillieux et Natitingou a été
initié en 1995 et a démarré officiellement en 1998 avec la
signature d'un premier accord de partenariat. C'est une coopération
déjà ancienne que les deux territoires ont bien voulu inscrire
dans leurs différents programmes. Au départ, les relations entre
les deux communes s'inscrivaient dans un cadre de solidarité
internationale avec une inégalité de statut car l'une
était une collectivité gérée par des élus
tandis que l'autre est sous administration d'un pouvoir central. Après
les premières élections municipales de 2002 au Bénin, les
relations entre les deux communes vont connaître une évolution et
vont s'inscrire dans un contexte exclusivement de décentralisation
fondée sur les rapports de territoire à territoire. C'est alors
que naît l'idée d'une coopération
décentralisée entre les deux collectivités. Aujourd'hui,
cette exclusivité se trouve renforcée et les deux
collectivités sont très fortement mues et engagées en
faveur de l'idée d'une coopération plus juste et
équilibrée. Cette approche d'une logique de relations entre
partenaires du même niveau, ayant le même statut juridique,
s'articule autour de trois principes fondamentaux que sont
l'égalité, la réciprocité et la connaissance
mutuelle. C'est sur la base de ces trois principes que les deux partenaires ont
conçu et structuré leurs relations. Les deux collectivités
ont ainsi donc su tisser sur la base de d'égalité, de
réciprocité et de connaissance mutuelle une coopération
exemplaire, qui répond aux enjeux de développement au Sud et de
solidarité au Nord. La coopération entre les deux
collectivités s'est développée selon trois axes en
reprenant ainsi les principes du développement durable visant à
agir en même temps sur les aspects environnemental, humain et
économique.
Au plan humain, nous constatons que, la coopération
accompagne le processus de décentralisation en assurant la formation et
la qualification du personnel de la mairie de Natitingou. Elle a initié
un projet de formation des cadres de la mairie et des artisans notamment des
tisserands de la commune.
Au plan économique, le projet de construction du centre
de tissage vise le développement économique de la commune par une
plus value apportée aux techniques de fabrique des tissus
traditionnels.
Le volet environnemental verra se développer
l'important projet « Natitingou-Ville Propre », qui est un
projet de gestion et de traitement des ordures ménagères et des
déchets solides de la commune de Natitingou. L'objectif de ce projet est
d'être une innovation, en ce sens qu'il promeut non seulement une
pratique alternative peu coûteuse de gestion des ordures grâce
à l'évacuation de ces ordures par charrettes et à traction
asine, mais aussi une opération pilote de gestion des ordures
adaptée à cette région du nord Bénin. Afin de
renforcer la dimension culturelle des relations entre les deux
collectivités, la coopération s'appuie sur un jumelage entre les
deux villes, jumelage caractérisé par des actions
d'échanges culturels, sportifs et de connaissance mutuelle entre les
deux cultures.
La coopération entre les deux communes a permis la
réalisation d'importantes actions de développement. Ce qui nous
laisse dire que la relation entre les deux collectivités, est une
coopération au service des échanges nord-sud, de l'aide au
développement et surtout de l'éducation au développement.
De la solidarité, cette coopération aboutira à une
véritable relation de développement local à
Natitingou.
Cependant, l'étude de cette coopération
révèle des insuffisances graves qui ne sont pas de nature
à considérer les deux partenaires comme égaux. En effet,
la coopération se base sur des projets et un fonctionnement flous. En
matière de fonctionnement par exemple, il est à
déploré l'absence de dispositifs et de règles de mise en
oeuvre des actions retenues avec des objectifs clairement identifiés.
Nous constatons l'absence d'une méthode d'action permettant de
construire et de mettre en oeuvre les projets de la coopération. On note
également un dysfonctionnement entre les diverses structures de mise en
oeuvre. Par exemple, on remarque dans le cadre de l'exécution des
projets, que certaines personnes déléguées
préfèrent assurer le contrôle des projets et se donnent la
liberté de choisir des acteurs sans concertation aucune avec la mairie
de Natitingou. Ce phénomène a été amplifié
pendant la période de crise au sein du conseil communal de Natitingou,
marquée par des destitutions ou menaces de destitution du Maire de la
commune. Pendant cette période et bien avant, on remarquait que la
mairie restait cantonnée dans une fonction minimale, à savoir
celle d'un territoire réceptacle sur lequel se développent ou
s'expérimentent des actions de coopération. De plus, les
relations entre la mairie et le comité de jumelage de Rillieux-la-Pape,
chargé de la mise en oeuvre de la coopération manquait de
clarté et de respect mutuel. Les populations de Natitingou sont mises
en retrait. Le comité de jumelage est devenu une vraie chasse
gardée de certains membres qui ont la main sur les projets, les choix
des acteurs à les mettre en oeuvre. On est simplement dans une situation
d'activisme plein certes de bonne volonté, mais très brouillon,
qui entache la coopération entre les deux communes. Les actions sont
largement préconçues de manière impressionnante et
exécutées dans un esprit de domination et d'imposition. La
coopération entre dans une phase de dérive et fondée sur
une structuration hiérarchique de haut vers le bas sans aucune
complémentarité.
Concernant les projets proprement dits, il importe de signaler
qu'ils privilégient des approches différentes. Par exemple, le
projet de gestion et de traitement des déchets n'est pas traité
de façon inclusive dans un projet d'assainissement. Le lancement de ce
projet n'est pas accompagné d'un plan d'assainissement de la commune et
pour nous s'inscrit juste donc dans une logique d'action temporelle,
éphémère, non durable dans le temps et sans grands enjeux
de développement. Le projet a manqué également de faire
appel au tissu associatif local et à l'implication des populations
bénéficiaires dans cette formidable démarche pourtant
axée sur une solution alternative à moindre coût, pouvant
garantissant un cadre de vie et de santé dignes et vivables.
L'implication des populations ou de la société civile pourrait
être une garantie de la gestion des équipements, du système
de collecte et de traitement des déchets. Elle pourrait aussi susciter
la participation financière des habitants, leur apport en
matériel ou en main d'oeuvre locale.
Par ailleurs, le projet a développé une approche
comme nous l'avions précisé plus haut, tout à fait
particulière, centrée sur le contrôle des actions par une
seule personne du comité de jumelage de Rillieux-la-Pape, parfois non
mandatée aux dépens d'une étroite collaboration ou
relation entre la commune, ses habitants et les partenaires du nord. Une telle
manière de faire freine le développement des actions de la
coopération et ne traduit pas les objectifs de la coopération,
qui sont d'éduquer au développement et d'améliorer le
cadre de vie et les conditions de vie des populations de Natitingou. L'enjeu de
responsabilisation des acteurs locaux notamment des élus qui devrait
permettre à terme, de garantir une certaine autonomie communautaire est
loin d'être un but poursuivi par la coopération. La
coopération pour finir manque d'une bonne coordination entre projets et
les acteurs sensés contribuer à son développement et
à sa pérennisation. Cette situation a provoqué, nourri et
entretenu des tensions entre les personnes ou les différents acteurs aux
intérêts et stratégies divergents. La coopération
entre les deux collectivités, ne répond pas en gros au sens du
partenariat respect mutuel, d'égalité des parties, de
réciprocité, de co-construction, de participation et de
co-décision. Il n'y a pas une démarche claire connue et
acceptée par les deux parties dans la construction des projets encore
moins dans leur mise en oeuvre.
Dans ces conditions, la coopération ne peut-être
guère efficace. Et c'est justement ce que nous enseignent les dix ans de
partenariat entre Rillieux et Natitingou. C'est à une coopération
détournée à des fins personnelles aux
intérêts égoïstes, que nous remarquons dans notre
analyse. C'est une coopération qui a manqué de développer
une stratégie de dynamique de développement de la commune. Elle
brille également par l'absence de mécanismes de participation
communautaire, d'une crédibilité de la commune aux yeux des
natayais. Ce qui ouvre la voie à toutes les dérives notamment les
détournements de fonds et l'espérance de pouvoir s'enrichir sur
le dos des populations par certains habitants de la commune. Cette situation
n'est pas du tout confortable et jette le discrédit sur l'engagement de
Rillieux en ce sens que les populations sont dans une position
d'assistées perpétuelles au lieu de prendre en main le
développement de leur territoire. La responsabilité d'une telle
situation se trouve donc partagée par les uns et les autres
c'est-à-dire par les deux partenaires qui sont coupables de la mauvaise
marche de cette coopération.
Après cette analyse montrant les problèmes
d'appropriation des relations entre les deux collectivités, nous
tenterons une petite théorie d'une bonne coopération
décentralisée, durable, pérenne, dynamique, efficace et
efficiente.
Paragraphe 2-
Les fondamentaux d'une bonne coopération
décentralisée.
Dans un contexte de mise en place de la
décentralisation, la coopération décentralisée
représente un important atout de développement pour les
collectivités béninoises. Le partenariat Rillieux-la-Pape -
Natitingou, est un immense pas en avant pour le développement de la
commune de Natitingou. Il s'inscrit dans une démarche de renforcement
des relations entre collectivités françaises et celles des pays
du sud. Car la coopération est l'un des moyens clés aujourd'hui
permettant de promouvoir un développement plus juste et la
solidarité internationale à partir d'une éducation au
développement. Elle permet également d'apposer un visage plus
humain sur notre monde de plus en plus marqué par la mondialisation. La
coopération décentralisée a beaucoup évolué
ces dernières années. Aujourd'hui, elle met l'accent sur une
relation durable fondée sur le partenariat. Les trois piliers d'un
partenariat pour nous sont entre autres les relations, les projets et les
dispositifs de mise en oeuvre des projets. Sans ces trois
éléments, aucune coopération décentralisée
ne peut réussir.
En matière de relations, précisons que le
succès de toute coopération décentralisée, passe
avant tout par une bonne relation entre les hommes sensés conduire les
destinées du partenariat. Comme le dit Jean-Michel Daclin,
« le succès ou l'échec d'une
coopération décentralisée, c'est avant tout l'entente et
la compréhension entre les hommes 36(*) ». Les relations dans un
partenariat sont très déterminantes et renvoient aux
volontés et les motivations des acteurs. Lorsque les relations sont
fondées sur le respect mutuel, la confiance, l'égalité et
l'indépendance, la coopération a de forte chance de
réussite.
En ce qui concerne les projets, ils traduisent la mise en
oeuvre de la coopération. Ils doivent répondre aux attentes des
partenaires et surtout des populations bénéficiaires et par voie
de conséquence contribuer à l'amélioration de leurs
conditions de vie. Les projets doivent être conçus en concertation
avec les acteurs de la société civile et des autorités
municipales du pays concerné par le partenariat. La place de la
société civile doit être importante de part et d'autre dans
les deux collectivités. À cet effet, les organes chargés
de la mise en oeuvre des projets à l'instar des comités de
jumelages, doivent coopérer avec les associations, regroupements et
organisations de la société civile. Le but de cette collaboration
entre ces différents acteurs sera de permettre au dernier habitant
d'être informé et impliqué dans le projet de partenariat.
Elle permet d'impulser une dynamique au partenariat et garantit la
durabilité des actions et projets.
Quant aux dispositifs, ils concernent les structures
créées pour la mise en oeuvre du partenariat. Ces structures
doivent être guidées par un parallélisme entre les deux
collectivités. La création de structures
déséquilibrées ne garantit pas une bonne réussite
de la coopération décentralisée. En dehors des dispositifs
techniques, il faudrait aussi que les dispositifs financiers et administratifs
puissent être pensés selon la même configuration avec une
même procédure d'action.
Lorsque ces trois piliers fondamentaux sont réunis, les
garanties d'une coopération décentralisée sont
assurées. Car, la coopération repose dans ce cas sur les
principes majeurs de la transparente, la clarté et l'efficacité.
Le principe de la transparence doit être observé à travers
un échange d'informations, de procédures et de pratiques à
la fois réciproque et sans limite. La clarté par le biais d'un
besoin de contrôle constant des actions, de résolution des
conflits et d'évaluation régulière permet de mesurer les
progrès réalisés. L'efficacité quant à elle
garantit une utilisation appropriée des ressources financières et
humaines dégagées par les deux parties dans le cadre d'une
action de coopération décentralisée. Une bonne
coopération pour nous se définit par les concepts
ci-après : la démocratie, l'indépendance,
l'autonomie, l'équité, les échanges réciproques, la
continuité et la patience.
En ce qui concerne la démocratie, le partenariat ou le
projet de coopération décentralisée, aura tout son
mérite en accompagnant le processus de décentralisation en cours
dans les pays du sud. Il oeuvra au renforcement de la démocratie locale
par l'instauration d'une gouvernance locale. Il devra promouvoir
également les droits économiques et sociaux culturels des
populations et respecte les grands principes de la démocratie.
L'équité qui est un élément fondamental dans une
relation devra être présente dans toute action de
coopération décentralisée. Le projet de partenariat ou de
coopération doit accroître l'autonomie des partenaires du sud et
à travers leur capacité à assumer leurs
responsabilités dans les domaines économique, social, culture,
environnemental et garantir ainsi un mieux-être à leurs
populations. Quant à l'indépendance, elle devra occuper une place
centrale dans toute action de coopération et centrale à la
planification et à la mise en oeuvre de tout projet. Le projet de
coopération doit aussi s'inscrire dans la continuité et se
traduire par l'implication des populations dans les activités des
projets de coopération décentralisée. L'implication des
populations garantit leur soutien financier et crée des liens entre les
différents acteurs. Les échanges réciproques devront
être déterminants en coopération
décentralisée et constituer avant tout pour les partenaires
engagés un véritable enrichissement et un renforcement de la
solidarité internationale. L'autre aspect non négligeable dans
une coopération décentralisée, que nous trouvons
importante est la patience. En effet, la coopération
décentralisée est un processus à long terme qui exige des
acteurs impliqués un engagement qui s'inscrit dans le temps, un
engagement en matière de ressources, d'efforts et de résolution
des problèmes ou de maîtrise des situations difficiles. La
coopération décentralisée devra être marquée
par une contractualisation des actions internationales des collectivités
à une association de droit commun sur la base de projet et de contrat.
Cette contractualisation ne doit pas perdre de vue l'idée de la gestion
directe par la collectivité qui exercera un contrôle des actions
malgré la signature d'une convention ou d'un contrat avec l'association
ou du comité de jumelage. La garantie de ces éléments que
nous venons d'évoquer a un effet sur la réussite d'une
coopération décentralisée. La coopération
répondra au regard de ces considérations à
« une logique d'ensemble partenariale entre
collectivités partenaires, une logique de temps qui s'inscrit à
son tour dans une logique beaucoup plus longue et dans un enracinement beaucoup
plus fort37(*) ».
Bernard Husson38(*) a une conception toute particulière d'une
coopération décentralisée réussie qui semble
conforter notre position en termes d'un bon partenariat. Pour cet auteur,
réussir une coopération décentralisée, c'est
d'abord travailler à l'amont et à l'aval des projets. Le travail
en amont consiste à appuyer les collectivités partenaires dans
leurs fonctions de maîtrise d'ouvrage aussi bien dans le montage
financier que le suivi, la réception des travaux et du contrôle de
cette réception. L'intervention en aval assure et permet une bonne
utilisation des équipements réalisés. Bernard Husson
avance également qu'une coopération réussie, respecte
avant tout les normes de fonctionnement d'un pays et s'assure que les circuits
financiers d'appui lorsqu'il y a un échange d'argent soient conformes
aux procédures du pays. Réussir une bonne coopération
décentralisée estime-t-il, c'est l'inscrire dans un processus
global, c'est-à-dire d'articulation entre les projets soutenus et ceux
qui ne le sont pas.
Pour finir, « l'essentiel pour
réussir un projet de coopération décentralisée,
c'est que les objectifs du projet soient clairement définis dès
le départ et que la logique de travail de collectivité à
collectivité soit réellement prise en compte 39(*)». Une bonne
coopération permet de développer des relations institutionnelles
très fortes, des relations très dynamiques entre personnes en
tant qu'individus, acteurs ou représentants dans une perspective de
développement pérenne. Une bonne coopération ne permet pas
juste d'atteindre des objectifs de solidarité internationale mais offre
aux partenaires une vraie occasion d'apprentissage et connaissance mutuelle
réciproque. « Les relations- les projets et les
dispositifs » constituent le triptyque d'une bonne collaboration
décentralisée. Ce sont l'alpha et l'oméga de toute
coopération ou partenariat. La négligence de l'un de ces piliers
constitue un obstacle au bon fonctionnement de l'action de solidarité ou
d'éducation au développement. Quelles sont les suggestions et les
recommandations pour une bonne coopération décentralisée
entre Rillieux-la-Pape et Natitingou ?
Section 2-
Suggestions et recommandations pour la relance du partenariat
Rillieux-la-Pape-Natitingou
Cette section formule quelques recommandations ou suggestions
pour dynamiser et relancer la coopération entre les communes de
Natitingou au Bénin et de Rillieux-la-Pape en France. Ces
recommandations ou suggestions vont à l'endroit des deux partenaires et
des organes chargés de mettre en oeuvre la coopération.
Paragraphe 1-
Les recommandations à l'endroit des deux collectivités
Ce paragraphe devrait dessiner de nouvelles perspectives de la
coopération entre les autorités locales natayaises et rilliardes.
Il se veut également une force de propositions pour les outils et
dispositifs existants et émet des recommandations pour une relance du
partenariat entre les deux territoires.
Concernant le partenariat entre les deux communes, il urge de
structurer une vraie coopération avec des services compétents
délégués, qui élaborent, mettent en oeuvre,
suivent, conseillent et évaluent toutes les actions à venir. Pour
ce faire, nous recommandons aux deux collectivités par exemple de
créer un service de coopération décentralisée
nettement distingué des autres services au sein des deux communes,
doté de personnel qualifié, des moyens matériels,
techniques avec un budget de fonctionnement assez conséquent. Car le
travail de ce service est très important pour la réussite et la
pérennisation des actions de coopération entre les deux communes.
La création d'un tel service est beaucoup nécessaire à
Natitingou qui ne dispose pas encore d'un service proprement dit. À
défaut de la création de ce service, nous recommandons aux deux
communes de désigner des chargés de mission qui assisteront les
élus délégués à la coopération
décentralisée dans la mise en oeuvre des actions à
réaliser dans le cadre du partenariat. Ces chargés de missions
doivent être des personnes hautement qualifiées, qui
maîtrisent les enjeux de la coopération
décentralisée pour les collectivités du sud. Leur mission
doit être clairement définie avec des objectifs de
résultats. Les chargés de mission pour réussir cette
tâche doivent disposer de personnel d'appui et des moyens techniques et
logistiques nécessaires. Dans le cas de Natitingou, ce poste a un
coût que devra financer les deux collectivités.
La troisième recommandation que nous formuons à
l'endroit des deux collectivités concerne les dispositifs et les outils
de mise en oeuvre de la coopération. Ainsi pour plus
d'efficacité, il faudra plus de professionnalisme de la part des
comités de jumelage qui doivent collaborer avec les associations de la
société civile. Car la participation des organisations de la
société civile est une valeur fondamentale et déterminante
dans la réussite d'un partenariat de coopération
décentralisée. Nous pensons également que pour une bonne
coopération, les deux collectivités doivent ensemble mettre en
place une structure capable d'assurer le suivi et l'évolution des
projets. Les actions de la coopération doivent désormais pouvoir
être contrôlés et entièrement évalués
par l'ensemble des acteurs impliqués afin de corriger les faiblesses et
surtout éviter les erreurs. Toujours à l'endroit des deux
collectivités, nous proposons la consolidation de la confiance dans
leurs relations. La confiance doit être renforcée car le
succès du partenariat en dépend énormément.
À la commune de Rillieux-la-Pape, nous recommandons
particulièrement le développement des projets qui
répondent aux besoins des populations et de la mairie de Natitingou
notamment en donnant une priorité à l'appui institutionnel.
L'appui institutionnel est plus que nécessaire en ce sens qu'il
accompagne le processus de décentralisation en cours et peut doter la
commune des nouvelles compétences pour réussir la
décentralisation. Dans ce cadre, les échanges
d'expériences et de savoir-faire dans les domaines de l'assainissement,
de la gestion et du traitement des ordures et en termes de formation doivent
constituer le coeur de la coopération à l'avenir. L'appui
institutionnel et technique dans ce cas sera une plus grande value
nécessaire à la commune, qui peut relever les nombreux
défis auxquels se trouve confrontée à cette phase
d'apprentissage de la gouvernance locale la commune de Natitingou. Par la
suite, la commune de Rillieux-la-Pape devra accompagner cet appui
institutionnel et technique de réalisations concrètes et visibles
ayant comme finalité l'amélioration des conditions de vie des
populations. Ces différentes réalisations doivent faciliter les
relations entre les autorités municipales et les diverses organisations
de la société comme les associations locales de
développement, les ONG et les autres formes traditionnelles
d'organisation sociale, politique, culturelle et religieux. Ces
réalisations doivent avant tout être simples, modestes et visibles
aux yeux des populations et répondre aux besoins clairement
identifiés dans le Plan de Développement Communal. Pour plus
d'efficacité, les actions à réaliser doivent favoriser la
concertation et susciter une complémentarité de tous les acteurs
de développement intervenant dans la commune. Ces acteurs qu'ils soient
des partenaires techniques financiers, des collectivités
extérieures ou des acteurs locaux de développement, tous doivent
être associés dans l'identification voire la réalisation
des projets afin d'éviter sur le terrain les projets doublons ou qui
créent de conflits entre partenaires au développement. La commune
doit également profiter désormais de cette coopération
avec Natitingou pour se hisser sur le plan de la coopération dans cette
région du Nord-Bénin. En effet, pour donner plus de
visibilité à son action internationale, nous pensons que la
commune doit désormais oeuvrer à la structuration de
l'intercommunalité entre les communes béninoises réunies
au sein de l'Association des Communes de l'Atakora Donga (ACAD) et les communes
partenaires de la région lyonnaise. Rillieux-la-Pape pourrait conduire
et coordonner cette intercommunalité avec la définition d'actions
communes en vue de la satisfaction des besoins des populations
concernées par cet ensemble géographique riche et très
diversifié aux problématiques semblables en termes de
développement. Pour y arriver, la commune devra s'appuyer sur
l'expérience du Grand Lyon et du Résacoop pour définir une
approche globale de solidarité et d'éducation au
développement dans cette localité du Bénin. La
renommée internationale de la commune pourrait s'accroître
à travers cette opération. La commune pourra se positionner en
tant qu'acteur privilégié de la solidarité internationale
non seulement à Natitingou mais aussi dans un ensemble plus large et
grand en termes de démographie et de problématiques de
développement.
Quant à la commune de Natitingou, elle doit faire
preuve d'une collectivité prête à jouer le jeu en
saisissant l'opportunité de la coopération pour amorcer une
gestion communale plus saine et un développement de son territoire
garantissant le mieux-être à ses populations. Elle doit traduire
son engagement avec une relation partenariale de type co-opération
basée sur la réciprocité et un équilibre des
apports techniques, matériels et surtout financiers. La commune ne doit
pas être perçue comme un moyen de financement des projets de la
ville et de réalisation des grandes installations mais un appui et une
aide au développement fondée sur le partage des
expériences. La réciprocité des échanges doit
être traduite par un engagement politique majeur qui mobilise toutes les
composantes de la société notamment les acteurs de
développement, les autorités communales, les services
déconcentrés de l'État et surtout les habitants. Sur le
plan financier, la commune doit ouvrir une ligne destinée aux actions de
la coopération décentralisée dans son budget avec un
montant connu à l'avance afin d'éviter les situations de manque
de ressources qui peuvent freiner les actions, les échanges et les
projets du projet de partenariat coopération
décentralisée. L'ouverture de cette ligne budgétaire peut
faciliter l'élaboration de projets de communs et accélérer
leur mise en oeuvre pour le bonheur des populations.
Pour un partenariat de coopération
décentralisée durable, équilibrée aux actions
efficaces, les deux communes doivent construire leur relation autour de
problématiques communes de développement d'où pourront
découler les projets et programmes à mettre en oeuvre devant
améliorer les conditions de vie des populations de Natitingou. Ces
projets ou programmes doivent privilégier également les
échanges entre les habitants des deux territoires sur la base de la
connaissance mutuelle. Mais les recommandations ne concernent pas que les deux
collectivités. Elles s'adressent à l'ensemble des structures
responsabilités pour la gestion et la mise en oeuvre du partenariat
coopération.
Paragraphe 2-
Recommandations aux autres acteurs
Après analyse, nous pensons qu'il serait utile de
formuler quelques recommandations aux autres acteurs impliqués dans la
mise en oeuvre du partenariat-coopération entre Rillieux-la-Pape et
Natitingou afin d'éviter les erreurs de la période
écoulée. Nos recommandations dans ce cadre vont essentiellement
à l'endroit du comité de jumelage de la commune de
Rillieux-la-Pape et de la société civile de Natitingou.
Au comité de jumelage, nous demandons de se
professionnaliser en se montrant plus technique dans la conduite des actions de
coopération sur le terrain. Il va falloir que cet organe, dont le
rôle d'interface entre les deux collectivités n'est plus à
démontrer, ne soit plus perçu comme une structure qui fait tout
depuis la conception, l'élaboration jusqu'à la mise en oeuvre
d'un projet. Le comité de jumelage ne doit pas être un instrument
qui a recours aux pratiques colonialistes. Les membres de ce comité
doivent intégrer dans leur conscience individuelle et collective, que
l'on ne fait pas le bonheur d'un peuple sans son consentement encore moins sans
son adhésion au projet social de vie communautaire. La pratique qui
consiste à tout faire à place des organisations locales doit
être fortement découragée. Le comité doit
privilégier désormais la collaboration avec les autres structures
si l'on veut que le partenariat se pérennise et soit fructueuse pour les
deux parties. À cet effet, il va falloir initier les membres du
comité de jumelage aux techniques de management et de gestion des
projets de solidarité internationale. Le comité a
également un travail à faire au niveau de la commune. Ce travail
consistera à consulter, impliquer et échanger avec les
différentes associations de la commune qui peuvent selon leur
capacité contribuer à l'élaboration et à la mise en
oeuvre d'un projet de coopération décentralisée. Cette
méthode aura un avantage d'associer les populations aux actions de
solidarité internationale de la commune. Car, les populations ne savent
pas grand-chose du partenariat. Elles ne le savent que par la
matérialisation à l'entrée, à la sortie et devant
l'hôtel de ville que du jumelage entre les deux collectivités. Le
reste leur passe entièrement dessus et les gens ne se rendent pas compte
de l'effort ou de l'engagement de la commune aux problématiques de
développement des pays du sud. Étant entendu, que le
comité de jumelage est lié par un contrat de mise en oeuvre de la
coopération entre les deux partenaires, il devra désormais se
charger de la question de la communication à l'endroit des populations.
Pour ce faire, nous estimons qu'il s'appuiera sur les services municipaux de la
communication afin de rendre plus visible et plus connu le partenariat entre
les deux collectivités.
Le comité doit revoir sa propre organisation en
choisissant des gens qui n'ont pas qu'une vision humaniste et limitée de
l'aide au développement, mais plutôt des gens prêts à
éduquer au développement. Ceci évitera la situation
d'assistanat observé à un moment donné. Comme le dit le
célèbre proverbe chinois, il vaut mieux apprendre à
pêcher à une personne que de lui donner du poisson. En apprenant
aux populations de Natitingou et dans une certaine mesure la commune à
développer des approches de développement intégré,
le comité de jumelage à travers le partenariat posera un grand
acte au service du développement de Natitingou. Il se distinguera ainsi
des pratiques traditionnelles qui privilégient le don sans en
contrepartie solliciter une possible participation des
bénéficiaires du sud. Avec la détermination des personnes
membres du comité que nous avons rencontrées, nous
espérons que leurs rapports avec Natitingou connaîtront une
évolution et privilégieront la concertation, la
co-opération, la co-décision et la co-direction des projets du
partenariat. Le comité devra désormais fonctionner en tant que
structure professionnelle dont l'expertise sera nécessaire à la
mise en oeuvre des actions de coopération. Il ne devra cesser
d'être à la fois le maître d'oeuvre et le maître
d'ouvrage des projets du partenariat. Il doit désormais travailler en
commun accord avec les autorités municipales des deux partenaires, pour
choisir un opérateur qui sera chargé d'exécuter les
projets. D'où l'importance de la société civile
béninoise.
La partie béninoise doit faire un effort dans la mise
en oeuvre du partenariat en créant des organes capables d'exercer une
mission de concepteur, de contrôleur et d'évaluateur des projets.
La première urgence sera de créer à l'image de
Rillieux-la-Pape un vrai comité de jumelage dont les membres seront
démocratiquement choisis par les populations. Ce comité jouera le
rôle de coordinateur des actions du partenariat-coopération, de
modérateur, de mobilisateur des habitants, de médiateur en cas de
conflits, d'intermédiaire entre la commune et les habitants et de
« solutionneur » de problèmes. Cette structure doit
avoir le même statut et jouir des mêmes prérogatives que son
homologue de Rillieux-la-Pape. Les deux la main dans la main doivent travailler
en vue de la mobilisation des moyens financiers nécessaires pour
exécuter les actions sur le terrain. Il devra aussi aider les deux
communes à définir les priorités de développement
afin que celles-ci soient programmées et inscrites au budget des deux
communes. Ce sera par cette animation, que la coopération
réussira selon nous car toutes les composantes socio-professionnelles y
seront représentées. Les deux comités doivent faire un
état permanent des lieux de la coopération et formuler des
propositions et faire des suggestions pour renforcer celle-ci pour le bonheur
des populations des deux villes. Les deux comités se doivent pour
être efficaces de mutualiser leurs connaissances et pratiques respectives
afin de mieux répondre aux exigences de leur mission commune.
Parlant concrètement de la société civile
à Natitingou, il est d'une évidence incontestable que son
rôle dans la bonne marche du partenariat- coopération est
très fondamental. Car, cette dernière produit souvent dans la
société béninoise une certaine dynamique sociale, qui
accroît les chances de succès de tout projet de
développement à la base. Par ses actions de sensibilisation et
d'éducation au développement, la société civile est
un acteur incontournable de premier choix dans toute action de
développement. La société civile est l'une des composantes
non négligeable de l'animation de la vie politique, économique,
sociale, éducative et culturelles des sociétés notamment
des sociétés traditionnelles béninoises. C'est pour quoi,
nous recommandons aux autorités de la commune de Natitingou d'en faire
le bras armé de la coopération. Elles doivent pour la bonne
marche de la coopération à l'avenir l'associer activement et
pleinement, c'est-à-dire l'impliquer du début jusqu'à la
fin de toute action entrant dans le cadre de la coopération entre les
deux collectivités. Son écartement du processus de mise en oeuvre
des actions pourrait mettre en difficulté la coopération entre
les deux communes. En effet, malgré les moyens financiers
mobilisés et techniques déployés, les actions n'aboutiront
pas sans sa participation. La municipalité de Rillieux-la-Pape doit
tenir compte de cet élément pour entretenir désormais ses
relations avec la commune de Natitingou.
En clairs, c'est pour éviter que la coopération
connaisse le même sort et les mêmes difficultés, que nous
appelons les deux partenaires d'associer les notables, les chefs coutumiers et
religieux, les groupements de jeunes, de femmes et les organisations de la vie
associative dans le processus de la mise en oeuvre des actions de
coopération. Les autorités communales de Natitingou doivent
désormais les associer dans l'identification, l'exécution et le
suivi des projets pour que la coopération puisse être une affaire
des habitants et non de quelques personnes aux intérêts divergents
des deux partenaires dont les agitations nuisent à la réussite
des actions sur le terrain. Elles doivent tenir des séances
régulières pour les informer des projets notamment de leur
exécution et aussi des difficultés rencontrées pour les
mettre en oeuvre. Ensembles, les membres de la société civile
trouveront les solutions idoines pour surmonter ces difficultés et
montrer au partenaire qu'ils sont aussi motivés pour amorcer un
changement dans leur localité. Cette démarche maintiendra le
partenariat au beau fixe, le rendra plus efficace avec des perspectives qui
s'inscriront dans la durabilité.
Conclusion
La coopération décentralisée,
héritage de la décentralisation en France et au Bénin, a
favorisé et consacré l'émergence de l'action
extérieure des communes dans les relations internationales. Elle a
aboutit au développement des collectivités locales perçues
comme des acteurs incontournables dans les questions d'aide au
développement.
Dans le contexte de la mise en oeuvre de la
décentralisation, les anciennes circonscriptions et
sous-préfectures béninoises, devenues des collectivités
locales administrées par les élus du peuple, chercheront à
se libérer du joug du pouvoir central en multipliant et diversifiant
leur partenariat d'aide au développement. La raison fondamentale d'une
telle action tient du fait qu'au lendemain des premières
élections municipales et communales, les collectivités
béninoises se retrouvent face à un double défi à
savoir assurer le développement de leur territoire tout en confirmant
leur légitimité politique. Peu préparées à
ce double défi et en raison des compétences
transférées sans les moyens nécessaires, les
collectivités béninoises ont recours à la
coopération décentralisée pour réaliser leur plan
de développement local. La commune de Natitingou était
déjà en avance dans ce domaine avec un partenariat conclu entre
elle et la commune de Rillieux-la-Pape en France sans oublier son partenariat
avec la ville de Huy en Belgique. Très tôt, les nouveaux
élus accompagnés par la commune de Rillieux-la-Pape vont relancer
le partenariat qui passe du simple jumelage au partenariat de
coopération décentralisée.
L'analyse de l'état de ce partenariat
décentralisée entre les Natitingou et Rillieux-la-Pape, nous
laisse comprendre que les deux collectivités liées par un
partenariat vieux de dix ans ont entretenu de bonnes relations
d'échanges culturels, de connaissance mutuelle et d'aide au
développement. Les actions menées pendant ces dix ans de
coopération témoignent de la vitalité de cette relation.
D'importants projets ont été réalisés grâce
au partenariat-coopération décentralisée dans les domaines
de l'éducation, de la santé, de l'assainissement, de l'appui
institutionnel, de la culture et du sport. Ces actions visaient un seul but
à savoir favoriser le développement et le rayonnement
international de la commune en mettant en oeuvre des projets valorisant le
patrimoine et les potentialités de la commune qui améliorent les
conditions de vie des populations. Le partenariat entre les deux villes
revêt un véritable enjeu de développement pour la commune
de Natitingou.
Cependant, malgré la vitalité et la pertinence
des projets de coopération décentralisée, nous observons,
les relations ont connu à partir de 2005 un refroidissement. C'est le
gel de la coopération dû en partie à une méthode
inadaptée et à une pratique peu louable de certains membres du
comité de la ville de Rillieux-la-Pape mais aussi à crise
intervenue au sein du conseil communal de Natitingou. Autrement, cette
situation est liée à une instabilité politique que
connaît Natitingou et la manière déployée pour
conduire la coopération par les responsables désignés
à cet effet à Rillieux.
En termes clairs, nous constatons le gel des relations a pour
origine un manque de sérieux de la part des acteurs et un
relâchement des autorités communales de Natitingou. En effet,
depuis l'avènement de la destitution du premier maire
démocratiquement élu à la tête de la commune en
2005, les élus locaux n'ont plus cette motivation pour soutenir les
actions du partenariat. La nouvelle équipe notamment le nouveau Maire a
été durant tout son mandat place sous la menace d'une
destitution. Cette situation porté un coup sérieux aux relations
des deux collectivités. La preuve, les démarches de relance de la
part de la commune de Rillieux ont été infructueuses.
Invité à se rendre à Rillieux pour relancer le
partenariat, le Maire de l'époque Monsieur Adolphe BIAOU, n'a pu
répondre à Rillieux-la-Pape. Les raisons trouvées par
l'autorité pour justifier une telle situation, sont injustifiées
mais traduisent la situation de crise au sein du conseil communal. Pendant plus
de trois ans, les relations entre les deux partenaires n'existent que de
nom.
Il faudra attendre décembre 2008 pour voir les
relations entre les deux collectivités activées. Les deux
partenaires ont décidé de repartir sur de nouvelles bases, qui
encourageront une vraie coopération décentralisée. Cette
nouvelle coopération basée sur la confiance, la
réciprocité, l'égalité et l'équité, a
fait été l'objet des travaux d'une nouvelle convention
signée par les deux partenaires. La nouvelle convention instaure une
coopération de territoire à territoire, de commune à
commune et fixe les objectifs des acteurs impliqués dans la mise en
oeuvre de la relation entre les deux collectivités. Ces acteurs ont
été clairement identifiés comme opérateurs de
terrain avec des cahiers de charge. La nouvelle convention libère le
partenariat du joug des personnes aux méthodes et pratiques d'une
époque.
Afin les deux partenaires à relancer et à
dynamiser le partenariat-coopération et relever les nouveaux
défis, nous proposons aux deux collectivités de travailler
à :
- une structuration à l'image des deux
collectivités des services d'un service de coopération
décentralisée ;
- un rapprochement de ces deux services en vue de
l'identification et de l'élaboration des projets communs aux deux
collectivités ;
- un limitation du pouvoir d'action du ou des comité(s)
de jumelage dans la mise en ouvre du partenariat. Au cas, il y aurait un
comité de jumelage dans les deux communes, ces deux devront être
amenés à travailler ensemble et doivent conseiller les
élus des deux territoires sur les priorités en termes d'actions.
Ils doivent restés également les acteurs clés aux pouvoirs
limités ;
- une nécessité d'impliquer désormais la
société civile dans l'identification et l'élaboration des
projets de développement ;
- une nécessité pour Natitingou de
dégager un budget consacré aux actions de la
coopération ;
- une nécessité de communication à
l'endroit des populations. À cet effet, Rillieux doit désormais
travailler sa communication en termes d'engagement de la commune en faveur de
l'action internationale. La commune doit informer dans son organe interne de
communication les populations sur ce qu'elle fait à Natitingou. À
Natitingou, en dehors de la voie classique de la Radio, la commune devra avoir
recours aux Zémidjan40(*) pour assurer la communication des actions de la
coopération. Ce n'est qu'à cette condition que les populations
s'informeront plus sur l'engagement de leur commune respective, les
réalisations et pourront se rapprocher plus davantage à travers
des échanges culturels réciproques ;
- une nécessité d'instaurer un système de
suivi et d'évaluation à mis parcours de tout projet de
coopération décentralisée et à une
création d'organe commun devant garantir le rayonnement et une plus
grande efficacité de ce modèle de coopération très
promoteur et ouvrant les portes du développement local retenu ensemble
par les deux collectivités lors de leurs séances à
Rillieux ;
- la nécessité de renforcer l'appui
institutionnel en particulier dans les domaines de la formation, de
l'information et d'équipements en matériels techniques.
Bibliographie.
Ouvrages généraux
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Paris, L'Harmattan- 2008, 288 p.
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l'Université du Québec, 2008, 182p.
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décentralisée. Acteurs, pratiques, procédures »,
1996, 348 p.
Petiteville., La coopération
décentralisée : les collectivités locales dans la
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ROUSSET.M., L'action internationale des
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SADOULET.D., La coopération au développement
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L'Harmattan, Paris, 2007, 220 p.
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http://www.ambafrance-bj.org/france_benin/spip.php?article316
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Bekkouche .A.et Gallet.B., « La
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C. CNFPT, « L'action extérieure des
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HUSSON.B., « La coopération
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1994.
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Mémoires
BIADJA.S.J.C., Décentralisation et coopération
décentralisée au Bénin: Vers la légitimation des
espaces publics locaux pour le développement des collectivités
locales, Institut Universitaire d'Études en Développement,
Université de Genève, Suisse, 2004.
CHASSOT.M., Dix ans de coopération
décentralisée française au Sénégal : quelle
contribution au processus de décentralisation ?, Université
Panthéon-Sorbonne, Paris1, France, 2005
KANTCHEKON.H.M., Les problèmes liés à la
mise en oeuvre de la coopération décentralisée au
Bénin, ENAM- Université d'Abomey-Calavi, Bénin, 2006
MBALLO.D., La coopération décentralisée
entre la région de Saint louis (Sénégal) et la
Région Nord pas de Calais (France): Structuration et Mise en oeuvre,
Université Gaston Berger de Saint Louis, Sénégal
NDOUBENOUE.G.J, Contribution à l'amélioration de la
coopération décentralisée Sud-Sud au Bénin,
Université d'Abomey-Calavi, Bénin, 2008
Sommaire 1
REMERCIEMENTS 2
INTRODUCTION 3
PREMIERE PARTIE : CADRE
THÉORIQUE, MÉTHODOLOGIQUE DE L'ÉTUDE ET
GENERALITÉS SUR LA COOPÉRATION DECENTRALISÉE 8
CHAPITRE I- LE CADRE CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE. 8
Section 1- L'analyse notionnelle et
revue de littérature 8
BIADJA.J.C.S., Décentralisation
et coopération décentralisée au Bénin: Vers la
légitimation des espaces publics locaux pour le développement
des collectivités locales, Mémoire DEA en études du
développement, Genève, 2004. 11
Paragraphe 2- L'état de la
coopération décentralisée au Bénin 17
Section 2- Problématique et
méthodologie 24
Paragraphe 1- Problématique et
hypothèses de recherche 24
Paragraphe 2- Méthodologie
28
Section 1- L'historique de la
coopération décentralisée 32
Paragraphe 1- L'émergence
conceptuelle et politique de la coopération décentralisée
32
Paragraphe 2- La reconnaissance
juridique et l'institutionnalisation de la coopération
décentralisée. 35
Section 2- Les enjeux de la
coopération décentralisée 39
Paragraphe 1- Les enjeux de la
coopération décentralisée pour les collectivités du
Sud 40
Paragraphe 2- Les enjeux de la
coopération décentralisée pour les collectivités
françaises. 42
DEUXIEME PARTIE : LE PARTENARIAT
RILLIEUX LA PAPE - NATITINGOU : ORIGINES, EVOLUTION ET MISE EN OEUVRE
46
Chapitre I- À l'origine du
partenariat Rillieux-la-Pape-Natitingou 46
Section 1- Identification des deux
collectivités locales partenaires 46
Paragraphe 1- Le territoire de
Rillieux-la-Pape 46
Paragraphe 2- La commune de Natitingou
48
Section 2- Le partenariat
Rillieux-la-Pape-Natitingou : Contexte, origines et axes de collaboration
53
Paragraphe 1 - Contexte et origines de
la coopération Rillieux-la-Pape-Natitingou 53
Paragraphe 2- Les axes de
coopération du jumelage Rillieux-la-Pape-Natitingou 57
Chapitre II- Évolution, actions
et mécanismes de mise en oeuvre du partenariat Rillieux-la-Pape
-Natitingou 60
Section 1- Évolution et actions
de la coopération entre les deux communes 60
Paragraphe 1- Du jumelage à la
coopération décentralisée 60
Paragraphe 2- La mise en oeuvre de la
coopération décentralisée 61
Section 2- Les mécanismes de mise
en oeuvre du partenariat-coopération décentralisée
64
Paragraphe 1- Les moyens juridiques
64
MBALLO.D., La coopération
décentralisée entre la région de saint louis
(Sénégal) et la région nord pas de calais (France):
Structuration et Mise en oeuvre 66
Paragraphe 2- Les moyens institutionnels
et financiers 67
TROISIEME PARTIE- ANALYSE DE LA
COOPÉRATION ET PROPOSITIONS DE RELANCE 73
Chapitre I- La présentation de la
structure d'accueil et le déroulement du stage 73
Section 1- À la découverte
de notre milieu professionnel 73
Paragraphe 1- Le cadre du stage
73
Paragraphe 2- Les objectifs et missions
du stage 75
Section 2- Activités et bilan du
stage 76
Paragraphe 1- Les tâches
effectuées au service culturel 77
Paragraphe 2- Bilan et acquis du stage
83
Chapitre II- L'analyse de la
coopération Rillieux-la-Pape-Natitingou 85
Section 1- La coopération entre
Rillieux-la-Pape-Natitingou en question 85
Paragraphe 1- Une analyse critique et
objective du partenariat Rillieux-Natitingou 85
Paragraphe 2- Les fondamentaux d'une
bonne coopération décentralisée. 88
Section 2- Suggestions et
recommandations pour la relance du partenariat Rillieux-la-Pape-Natitingou
92
Paragraphe 1- Les recommandations
à l'endroit des deux collectivités 92
Paragraphe 2- Recommandations aux autres
acteurs 95
Conclusion 99
Bibliographie. 101
* 1 Natayais/Natayaise :
Terme consacré pour désigné un habitant de la commune de
Natitingou.
* 2 HARDY-VALLEE. B. in
« qu'est ce qu'un concept ? »,
http://www.hardyvallee.net/files/papers,
06 Août 2009, 17H 08
* 3 SPVM,
http://www.spvm.qc.ca/fr/service/1_5_3_1_definition-partenariat.asp,
31/07/09 à 18H12.
* 4 Moscovici, cité
par Jamel Choukir in « Le partenariat : une pratique et
une notion en définition », Les cahiers de l'ERGE n° 6,
FSEG Sfax, 1999.
* 5 BIADJA.J.C.S., Décentralisation
et coopération décentralisée au Bénin: Vers la
légitimation des espaces publics locaux pour le développement
des collectivités locales, Mémoire DEA en études du
développement, Genève, 2004.
* 6 THOENIG.J.C.,
« La décentralisation, dix ans après », Revue
Pouvoirs, N° 60, 1992, p 5-16. Directeur de recherche au CNRS et
spécialiste des politiques publiques, fait une analyse de la
décentralisation une décennie après sa mise en oeuvre en
France.
* 7
http://www.assemblee-nationale.fr/,
2 Août 2009, 21H 12.
* 8 BIADJA.J.C.S., op.cit
* 9 BIADJA.J.C.S., op.cit
* 10
http://www.senat.fr, 3 Août
2009, 22H05.
* 11
http://cncd.diplomatie.gouv.fr/frontoffice/article.asp?menuid=140&lv=2&aid=213,
3 Août, 23H03.
* 12
http://www.resacoop.org/espacejeunes/definitions/default.asp.
02 Août 2009, 13H13'
* 13 PETITEVILLE.F., La
coopération décentralisée : les collectivités
locales dans la coopération Nord-Sud, L'harmattan, Paris, 1995, p 16.
* 14 NDOUBENOUE.G.J.,
Contribution à l'amélioration de la coopération
décentralisée sud-sud au Bénin, Mémoire de Fin
d'études, ENAM, Université d'Abomey- Calavi, Bénin,
2008.
* 15 BAKARY.A., Dynamique de
la coopération sud-sud : cas de la coopération
bénino-libyenne, mémoire de maîtrise, Faculté de
Droit et de Science Politique (FADESP)- Université d'Abomey Calavi-
Bénin, 2003
* 16 BIADJA.J.C.S., op.cit
* 17 KANTCHEKON.H.M., Les
problèmes liés à la mise en oeuvre de la
coopération décentralisée au Bénin, Mémoire
de fin de premier cycle à l'École Nationale d'Administration et
la Magistrature (ENAM), Bénin, 2006
* 18 Lexique de Sociologie,
Dalloz, 2005, p 161
* 19 MOUAFO NGATOM.S.H.,
La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la
réduction de la pauvreté au Cameroun : une analyse
sociologique des relations bailleurs de Fonds-ONG nationales, Université
de Yaoundé, 2006
* 20 PETITEVILLE.F.,
op.cit.
* 21 Décret 2005-764
du 9 Décembre 2005, Présidence de la République du
Bénin.
* 22 Colloque du
Sénat 1996.
* 23 Bekkouche .A. et
Gallet., « La coopération décentralisée :
l'émergence des collectivités locales et autorités
territoriales sur la scène internationale », AFRI,
2001, Volume II, p 383.
* 24 Les Pmi-Pme
correspondent au « Small and medium entreprises » dans le
système anglo-saxon. Ce sont des entreprises de taille réduite
dont le chiffre d'affaire reste très limité. Il s'agit de
très petites entreprises ou d'industries. Selon la définition
proposée par la charte nationale des entreprises au Bénin, les
Pme-Pmi désignent toute entreprise légalement constituée
tenant une comptabilité régulière et qui n'est pas une
filiale d'une multinationale. Les Pme-Pmi doivent satisfaire aux
critères d'un effectif compris entre quatre et quatre vingt dix neuf
employés permanents puis d'un capital entre 1 et 50 Millions de
F.CFA.
* 25 Robert Gillouin, propos
recueilli lors d'un entretien informel à l'espace Baudelaire, Rillieux,
Juin 2009.
* 26 Robert Gillouin, op.cit
* 27 Robert Gillouin, op.cit
* 28 Robert Gillouin, op.cit
* 29 Robert Gillouin,
op.cit
* 30 DIANGITUKWA.F.,
Migrations internationales, Co développement et Coopération
décentralisée, Paris, L'Harmattan- 2008, p109
* 31 FILIAT.D.,
Secrétaire du Comité du jumelage, Propos recueillis en Avril lors
d'un entretien en Avril 2009 lors de la visite de la délégation
de Natitingou.
* 32 Briel. P.,
Président du comité du jumelage Rillieux, Mai 2009.
* 33 Terme désignant
Administration Territoriale de la République issue de la loi du 6
Février 1992
* 34 Le principe de
spécialité est un principe de droit des collectivités
territoriales qui voudrait que chaque collectivité prenne garde dans ses
relations avec des partenaires étrangères de ne pas
interférer sur les compétences des autres collectivités
territoriales du fait d'une convention de coopération
décentralisée.
* 35 MBALLO.D., La coopération
décentralisée entre la région de saint louis
(Sénégal) et la région nord pas de calais (France):
Structuration et Mise en oeuvre
* 36 DACLIN.J.M., La
coopération décentralisée en matière de
déplacements urbains, CODATU XII
* 37CHIAVERINI.B., La
coopération décentralisée en matière de
déplacements urbains, CODATU XII
* 38 HUSSON.B. La
coopération décentralisée en matière de
déplacements urbains, CODATU XII
* 39 CHIAVERNI.B., op.cit
* 40 Le terme
Zémidjan, un emprunt de la langue fon du Sud Bénin, signifie
littéralement « emmène-moi vite » ou encore
« prends-moi brusquement ». Les Zémidjan sont des
motocyclettes qui font office de taxis dans les grandes villes
béninoises. Ils jouent un rôle de communicateurs et de
sensibilisateurs par excellence dans la société béninoise
et sont très appréciés par les populations.
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