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La politique étrangère des Etats Unis d'Amérique vis-à -vis de la République Démocratique du Congo: de 1990 à  2006

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par Mahatma Julien Tazi K. Tien-a-be
Université de Kinshasa - Diplome d'Etudes Supérieures en Relations Internationales 2009
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« Quand un État cesse de viser les objectifs pour lesquels il est fait, il est criminel. Ainsi, il devient nain parmi les petits comme le traduit ce proverbe Yansi, « Kwa ambel lambel mukur mbwa  ».

Mahatma Julien TAZI K. Tien-a-be

IN MEMORIAM

A la douce mémoire de mes regrettés mère ADOLPHINE MIKI MAMUZI et fils JEAN DAVID TAZI MARIKANI, que la nature a si précipitamment arrachés de mon affection. Par ce texte, ils resteront à jamais vivants.

Mahatma Julien TAZI K. Tien-a-be

DEDICACE

A mon cher Père Jean Pierre TAZI MARIKANI, pour l'espoir qu'il n'a jamais cessé d'allumer en moi,

Au professeur Félicien LUKIANA MABONDO, pour m'avoir ouvert les yeux à la science, et de qui j'hérite le sens de scientificité,

A Esther MAMPAGULWA TEKADIOMONA, ma très tendre épouse, pour le soutien combien chaleureux dans les privations et autres sacrifices pour que ce travail arrive à terme,

A mes enfants CONSOLDIE OZAN'G LUKIANA MABONDO TAZI et ALDIE FUMUMBA TAZI, dont la perspicacité doit être un exemple

Mahatma Julien TAZI K. Tien-a-be

AVANT-PROPOS

Au seuil de ce travail, il nous est particulièrement agréable de nous accorder un moment de répit pour remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à sa réalisation.

Nos sincères remerciements s'adressent primordialement et particulièrement aux Professeurs Félicien LUKIANA MABONDO, LABANA LASAY'ABAR et DIUR KATOND, ils ont bien voulu assurer respectivement la promotion et la co-promotion de cette dissertation, et ce, malgré leurs multiples occupations. Leurs orientations, remarques et suggestions nous ont permis d'arriver à ce résultat. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre sincère gratitude.

Nos hommages sont également adressés aux professeurs, chefs de travaux et assistants de la faculté des sciences sociales, administratives et politiques et particulièrement du département des relations internationales, qui ont largement contribué à notre formation. Moralité oblige, nos remerciements s'adressent principalement à nos collègues EDINKOM FALANG,NGABU BURA, LOFEMBE BEKE, NGILA MOKE, ABDALA SELEMANI, MAYUNGA LENGILENGI, MUDIANDAMBU KINTADI, KABUYA SERGE,KAWAYA SEFU, BOONGI EFONDA, NSAMBA MBOYO pour l'émulation apportée aux débats autour de cette question,

Ingrats nous serions si nous ne pensions pas au Docteur PATRICE FUMUMBA, Pasteurs OZAN'G, SENZEDI AGASOLA, MASUMBUKU Aubin, PAPA LOKOHO, IBRAHIM NTUMBA, MEYA PAPY, pour le soutien spirituel dont j'ai été bénéficiaire. Nous sommes et resterons très redevable envers JADIS TAZI, DIDIER TAZI et CECILE TAZI pour leur soutien moral.

Enfin, nous exprimons notre gratitude à nos fils dans la chair MASENGA MBAKU RODRICK, SERGE NGONZO, CHELLA ITITE, KIANDA NGEMBA RUTH, pour l'attachement particulier. Nous n'avons pas oublié maman HORTANCE MATONDO et son mari DIDDHA dont le soutien à nos problèmes est un sens d'attachement. Nous saluons la dextérité avec laquelle Joseph MPITA LASAB (Noko Djeff) a lu ce texte pour lui donner une forme acceptable. Nous lui sommes très reconnaissant.

Mahatma Julien TAZI K. Tien-a-be

SIGLES ET ABBREVIATIONS

1. AALC : African-American Labor Center

2. ACRI : African Crisis Response Initiative

3. ACSA : Acquisition and Cross-Servicing Agreements.

4. AFDL : Alliance des Forces pour la Libération

5. AFRICOM : African Commandement

6. AIC : Association Internationale du Congo

7. BAD : Banque Africaine de Développement

8. BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le

Développement

9. BM : Banque Mondiale

10. CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale

11. CEPGL : Communauté Economique des Pays des Grands Lacs

12. CIA : Central Intelligence Agency

13. CNN : Cable News Network

14. E.I.C. : État Indépendant du Congo

15. FCE : Fédération des Congolais de l'Etranger

16. FDLR : Front Démocratique pour la Libération du Rwanda

17. FMI  : Fonds Monétaire International

18. FNLA   : Front National pour la Libération de l'Angola

19. FPR  : Front Patriotique Rwandais

20. HCR-PT : Haut Commandement de la République Parlement de la

Transition

21. IDH : Indice de Développement Humain

22. IMET : International Military Education and Training

23. JCET : Joint Combined Exchange Training

24. MONUC : Mission de l'organisation des Nations Unies en RDC

25. MPLA  : Mouvement Populaire de Libération de l'Angola

26. NAACP : National Association for the Advancement of Colored

People

27. NSC : National Security Council

28. NZ : Nouveau Zaïre

29. ONG   : Organisation Non Gouvernementale

30. ONU   : Organisation des Nations Unies

31. ONUC : Opération des Nations Unies au Congo

32. OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord

33. OUA : Organisation de l'Unité Africaine

34. PIB  : Produit Intérieur Brut

35. PMA  : Pays les Moins Avancés

36. PNB  : Produit National Brut

37. PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

38. RAINS : Relief for Africans Need in the Sahel

39. RCA : République Centre Africaine

40. RCD/Goma : Rassemblement des Congolais pour la Démocratie/Goma

41. RDC  : République Démocratique du Congo

42. RIAT : Rwandan Interagency Assessment Team

43. RIF  : Rapid Intervention Force

44. RTNC : Radio et Télévision Nationale Congolaise

45. SADC : Communauté de développement de l'Afrique australe

46. UDPS : Union des Démocrates pour le Progrès Social

47. UNITA   : Union Nationale pour l'indépendance totale de l'Angola

48. URSS   : Union des Républiques Soviétiques et Socialistes

49. USA  : United states of America

INTRODUCTION

I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE

La Sous Région des grands lacs africains est un espace qui a longtemps intéressé les analystes et spécialistes de la politique internationale. Cet intérêt est consécutif aux nombreuses situations d'instabilité qu'elle a connue. Dans cette partie du continent, certains pays se remettent petit à petit, d'autres se recherchent encore. La RDC est, à notre humble avis, parmi les pays qui se recherche encore. Elle est en quête de clarification de sa vision politique des grandes puissances.

En effet, depuis les indépendances, cette Sous Région s'était caractérisée par de graves violences, devenues sa caractéristique. L'instrumentalisation du facteur ethnique au Rwanda, au Burundi et en Ouganda, sans oublier l'état de l'État en RDC a fait de la Sous Région une pépinière des crises larvées et une véritable boite de pandore.

Plus près de nous, en 1994, l'offensive des forces ethniques du FPR venues de l'Ouganda ou le crash de l'avion du président Habyarimana ont rangé les Hutu, ethnie majoritaire au pouvoir, contre les Tutsi, ethnie rebelle. Ce face à face a conduit à un véritable génocide. Ce génocide s'est fait en présence d'une mission d'opération des nations unies au Rwanda et devant la tergiversation des grandes puissances.

Depuis lors, le Rwanda fait de ce génocide un facteur important de sa politique étrangère. La communauté internationale se culpabilise pour n'avoir empêché ce désastre. Alors, prise de pitié en faveur du Rwanda, lui laisse tacitement tout faire.

L'Ouganda, après les efforts de stabilisation politique et économique entrepris par Museveni , est considéré comme un État charnière en Afrique des grands lacs par les États Unis d'Amérique ;pour des raisons que ce travail va expliciter dans les lignes qui suivent. Ces deux États auxquels on ajoute le Burundi ont, depuis 1996, mené une guerre soit directement soit par rébellion interposée en RDC. Pire encore, ils se sont livrés à une guerre rangée dans la ville congolaise de Kisangani sans être officiellement condamnés par la communauté internationale.

La politique étrangère américaine sous Bill Clinton a résolu de faire bénéficier à certains pays africains la participation aux programmes américains de formation militaire. L'objectif américain était celui de donner une capacité réelle aux troupes africaines à résoudre leurs propres conflits. D'autres objectifs poursuivis par ces programmes étaient le renforcement des capacités des partenaires des américains en Afrique afin de leur permettre de faire face aux crises humanitaires africaines, relever les défis du maintien de la paix de manière efficace et opportune par les africains eux-mêmes.

Dans la Sous Région des pays de Grands lacs africains, l'Ouganda et le Rwanda ont participé à ces formations américaines. La vision américaine de la Sous Région des grands lacs semble être construite autour de ce deux pays. Il est important de souligner que ces pays ont répondu à une bonne partie des conditions d'éligibilité. Ainsi, ce choix américain parait être justifié par manque d'une solution alternative en faveur du Congo.

En effet, la RDC pendant ce temps se trouve dans une situation très peu envieuse. Outre la crise de légitimité qui date de 1960, on assiste à une démission quasi-totale des compétences de l'État sur toute l'étendue de la République. De celle-ci naît l'érection, sur le plan national, des légitimités de substitution et des revendications d'ordre irredempteur et identitaire.

En effet, la République Démocratique du Congo était un couloir dans le quel toutes les forces négatives (les mouvements rebelles) de la Sous Région trouvent un asile paisible. Le territoire congolais leur sert de base arrière. Elles y préparent les attaques contre leurs pays respectifs. Elles y financent leurs opérations militaires par les exploitations illégales des ressources naturelles de la République, y perçoivent des impôts ou taxes et hissent même des drapeaux dans les territoires sous leur contrôle.

De ce qui précède, il se révèle que les circonstances particulières de la création de la République Démocratique du Congo et sa nature actuelle la prédisposent à ces différentes difficultés. Mises en ensemble, les réalités décrites ci-dessus mises ensemble deviennent un danger majeur pour la République. Ceci est encore plus grave dans ce sens que la période de transition n'a apporté aucune politique susceptible de rassurer ni la communauté nationale ni la communauté internationale.

Au contraire, certains comportements des autorités congolaises n'étaient pas de nature à convaincre la communauté internationale, en particulier les États-unis d'Amérique. De ce fait, la RDC est perçue, à leur vue, comme un État qui a failli et susceptible de produire l'instabilité ou servir au terrorisme.

Cette perception américaine de la RDC est grandement justifiée et présente des conséquences sérieuses. Parmi ces conséquences, nous pouvons citer la recherche de résolution de la crise par l'application de la théorie de la paix démocratique ou encore du chaos constructeur. C'est dans ce contexte particulièrement troublé, d'instabilité et un avenir incertain de la République que cette étude peut se justifier.

II. ETAT DE LA QUESTION

Il existe de très riches et très intéressants documents pour cette étude. Les premiers sont ceux qui expliquent la crise de l'État. Nous avons tout d'abord celui de JOSEPHAT LAROCHE (1(*)). Dans ce texte, il a fait une bonne analyse sur la crise de l'État qui viendrait de la transplantation de l'État occidental en Afrique. Ce qui a pour conséquence le manque de maîtrise dans l'organisation politique et la crise que nous connaissons aujourd'hui.

Un autre livre important est sans doute celui écrit par BERTRAND BADIE. (2(*)) Ce dernier a démontré comment l'importation du modèle étatique occidental dans les sociétés aux univers culturels étrangers avait souvent induit une perte de sens des institutions politiques et administratives.

JOEL MIGDAL(3(*)) a expliqué la même réalité en soulignant que les États construits au modèle occidental sont restés États faibles, disposant des ressources faibles au prise avec des sociétés fortes et qui ne sont jamais en mesure de tenir. JEAN FRANCOIS BAYART (4(*)) aborde d'une autre manière la crise de l'État en Afrique par la corruption, l'accumulation et des représentations culturelles complexes. ETIENNE LEROY (5(*)) lui explique la statolatrie de l'État africain sur les greffes de l'État occidental. HERMANN YAMEOGO (6(*)) fait la même analyse , en mettant en avant non seulement la copie caricaturée des indépendances des pays africains sur le modèle des métropoles, mais en tentant de proposer les solutions à la crise de l'État en Afrique, notamment le regroupement régional, la reprise du panafricanisme et autres.

LAMBERT MENDE OMALANGA (7(*)) fait une bonne analyse de la crise de l'État congolais dans la gestion de la rationalité de son histoire et des rapports avec ses voisins, ils organisent les guerres en son sein et participent ainsi à ses instabilités, notamment à l'est de la République. Il faut dire ici que nous partirons de ces considérations de crises de l'État en général et de l'État congolais en particulier pour expliquer les revendications des groupes à la recherche des légitimités de substitution et justifier la perception de la politique étrangère américaine sur le Congo.

Sur la politique étrangère des USA, nous pouvons citer d'abord FREDERIC CHARILLON (8(*)) qui traite des États et de leur politique étrangère, en relevant leur rôle et la concurrence qui leur est faite dans la formulation et la conduite de leur politique étrangère. Dans le même texte, CHARILLON et Alexandra de HOOP SCHEFFER (9(*)) expliquent les capacités de réaction américaines, l'application de la doctrine du shaping et de la global reach ou la politique étrangère globale et surtout le dilemme dans la vision du monde américain.

ANDREW H. BERDING (10(*)), dans son livre, s'exerce d'établir une forme de compétence de chacune des institutions américaines dans la formulation de la politique étrangère. Dans une vision historico politique, il explique l'évolution des comportements des personnalités politiques et leur façon de modifier la pratique constitutionnelle. JEAN BAPTISTE DUROSELLE et ANDRE KASPI (11(*)), non seulement font une bonne analyse de la politique étrangère des grandes puissances, mais aussi réalisent une étude importante des espaces comme celui des Grands Lacs. RENE LEMARCHAND (12(*)), dans son texte, explique la situation politique post guerre froide de la sous région, pénétrant les causes des prises de positions de politique étrangère américaine dans l'espace des grands lacs et tente ainsi de justifier l'instabilité qui y règne. LABANA LASAY ` BAR et LOFEMBE (13(*)), dans une dimension pédagogique et académique, soulignent dans une perspective historique les étapes de la politique extérieure de la RDC en expliquant les facteurs et principes qui conduisent à son élaboration. MWAYILA TSHIYEMBE (14(*)) analyse la politique étrangère de la RDC, en remontant jusqu'à l'E.I.C., pour trouver des variables structurelles et dépendantes de la politique étrangère de la République Démocratique du Congo.

MAHATMA JULIEN TAZI K. Tien-a-be (15(*)), explique l'instabilité par le souci des multinationales d'exploiter les matières premières de la RDC. Il appelle les autorités de l'État Congolais de négocier directement avec les multinationales actives dans la Sous Région des Grands Lacs. MOVA SAKANYI H. (16(*)) peint la situation actuelle de la RDC qui, devant le processus de la mondialisation et la place qui est la sienne dans ce processus, risque de disparaître si elle ne prend pas garde.

Sur la question de l'identité, AMARTYA SEN (17(*)) explique la réalité identitaire en la rattachant à sa capacité de générer la violence. Pour lui, le monde semble redevenir une fédération des cultures, des civilisations où chacun est sommé de se ranger. Faut-il nous enfermer ou nous résigner dans une identité close? Il rompt avec la notion de monolithisme identitaire, notamment au moyen orient et en occident, il n'admet la logique de l'affrontement entre bloc identitaire, il dénonce l'acception illusoire actuelle de la notion d'identité culturelle.

Il propose la solution qui pour lui passe par la liberté qu'à chacun de se construire par delà les blocs, grâce à la multiplicité de ses appartenances. Il Traite des frontières d'une manière générale et celles de la RDC particulièrement.

GERARD CHALIAND (18(*)) tente d'expliquer comment les intérêts stratégiques soutiennent les comportements des acteurs dans les revendications et dans leur politique étrangère.

NGUYANDILA MALENGA célestin (19(*)) revisite la situation réelle et actuelle des frontières de la RDC, source des conflits, et tente de spécifier le voisinage problématique à cause de ces conflits. NE MUANDA NSEMI (20(*)) expose toute sa théorie de l'établissement des frontières coloniales. Ce document critique la méthode utilisée par les colonisateurs dans le tracé des frontières africaines et pense que c'est là la cause non seulement des crises et repli identitaire, mais aussi du mal développement et de la centralité de pouvoir.

GILLES SAUTTER (21(*)) fait l'autopsie des frontières africaines héritées de la colonisation et formule le voeu de les voir retracées tout en affirmant qu'elles ne seront jamais satisfaisantes.

LUCAN (22(*)) pense utile de proposer le recoupage et le remodelage de l'Afrique et de la RDC sur bases des configurations qui se présentent sur le terrain pour la stabiliser.

Une série d'articles traitée avec ingéniosité en rapport avec le lien ethnique présente le problème avec spécificité. C'est notamment celui de LOKA ne KONGO (23(*)) qui fait une bonne lecture de l'ethnie en RDC. Pour lui, la mobilisation à l'ethnie trouve ses causes premières dans les frontières artificielles instituées par le partage colonial et dans la modernisation différenciée au sein de la population colonisée.

MULAMBU MVULUYA (24(*)) examine dans un processus historique les différents conflits interethniques au Congo et tente d'en proposer les solutions, parmi lesquelles le fédéralisme et l'application de la démocratie consociative.

 MUTAMBA MAKOMBO (25(*)) soulève des questions importantes sur l'état de lieu de la situation politique, économique et même culturel du pays. Il donne les tendances pour une éventuelle balkanisation comme l'effritement de l'autorité de l'État, le recourt exagéré aux particularismes ethniques, notamment chez les ne kongo et ailleurs. Le Professeur MABIALA MANTUBA (26(*)) aborde la question avec une lucidité avérée. Il a proposé, après avoir analysé les enjeux du fédéralisme, la bonne gouvernance comme solution à la question. JEAN LUC STALON (27(*)) propose un type de démocratie novatrice qui favorise l'émergence d'une société de cohabitation interethnique.

L'originalité de cette étude sied au fait qu'elle se propose d'établir un lien de causalité entre la faillite de l'État congolais, l'émergence des légitimités de substitution et la perception de la politique étrangère américaine du Congo qui sont les principales menaces contre la RDC dans les frontières qu'on lui reconnaît depuis 1960.

III. PROBLEMATIQUE

Une étude scientifique de cette nature commence par la position sérieuse du problème à analyser. Cette recherche ne peut en aucune manière se soustraire à cette règle d'or de la rédaction scientifique. En effet, il est important que nous nous mettions d'accord sur la perception et le contenu du concept problématique. De ce qui précède, Raymond Quivy et Luc van Kampenhout, pensent que `` la problématique constitue le principe d'orientation théorique de la recherche, elle en définit les lignes de force, donne à la recherche sa cohérence et son potentiel de découverte, permet de structurer les analyses sans les enfermer dans un point de vue rigide `` (28(*)). Brimo soutient que la problématique correspond à la manière de poser clairement le problème qui suscite une étude de façon à en proposer des solutions dans leur dynamique de la réflexion tant philosophique que scientifique (29(*)).

Selon Jean Bélanger, ``une problématique est une représentation et une démarche intellectuelle faite pour résoudre un problème posé`` (30(*)). Pour ne pas en rester là sous peine d'avoir un raisonnement par procuration, nous pouvons définir une problématique comme étant une démarche qui consiste à présenter le problème central de la recherche.

De ce qui précède, la situation de la Sous Région des Grands Lacs et celle de la République Démocratique du Congo telle que décrite dans les pages précédentes pose un vrai problème d'étude. L'environnement international marqué par le monopole diplomatique américain, l'état de l'État en RDC nous pousse au questionnement suivant :

Quelle est la politique étrangère des États-unis d'Amérique vis-à-vis de la RDC ?

Que doit faire la RDC pour changer la perception américaine et mériter les considérations positives qu'ils accordent aux autres États de la Sous Région?

C'est autour de ces quelques questions que cette étude s'articulera, tout en signalant que des questions secondaires pourront surgir au cours de la recherche.

IV. HYPOTHESE

Après avoir posé le problème fondamental qui sera soumis à une vérification épistémologique rigoureuse dans le corps de notre étude, nous allons maintenant tenter de donner quelques réponses provisoires qui seront affirmées ou infirmées après analyse.

En effet, une hypothèse est entendue de divers ordres selon les auteurs. Cependant, tous s'accordent sur certains éléments. Pour sa part, DUBOIS estime que «l'hypothèse s'analyse en termes d'explication rationnelle et anticipé sur le phénomène observé. Son but principal est d'ordre heuristique, il s'agit des analyses ultérieures » (31(*)). Pour PINTO et GRAWITZ, «l'hypothèse est une série des réponses supposées provisoire dans la recherche du rétablissement de la vérité ou dans la vision réelle de la résolution des problèmes soulevés en évoquant la relation établie entre les faits sociaux dont le rapport constitue les problèmes indiquant la nature de ce dernier » (32(*)). GRAWITZ , quant à lui, estime que « l'hypothèse n'est rien d'autres qu'une proposition de réponse à la question posée ». (33(*))

Pour R. REZSOHAZY, «l'hypothèse cherche à établir une vision provisoire du problème soulevé en évoquant la relation supposée entre les faits sociaux dont le rapport constitue le problème et en indiquant la nature de ce rapport». (34(*))

Répondant aux questions de notre problématique, nous pouvons affirmer, même à titre anticipatif, que les USA ont une perception particulière pour la RDC. Celle-ci est consécutive à sa position centrale en Afrique et actuellement à la gestion de sa politique interne. Les USA se sont départis de la réalité d'avant la guerre froide.

Si la RDC était la pièce importante dans le «roll back» et le «contentmaint » américain contre le communiste en Afrique pendant la guerre froide, cette perception a grandement évolué. En effet, aujourd'hui, l'incapacité de la RDC à se comporter comme un État responsable dans la Sous Région est perçue par les USA comme une démission étatique, mieux comme une faillite. Cette réalité penche alors les USA vers d'autres puissances régionales mieux organisées et viables. Ainsi donc, La politique étrangère des USA est revenue à la destinée manifeste qui exporterait la démocratie et le respect des droits de l'homme. La formulation de la politique étrangère américaine post guerre froide est faite avec beaucoup de doctrines, notamment le shaping , qui voudrait que les USA n'attendent pas l'émergence d'une prochaine puissance ou menace mais plutôt de remodeler l'environnement international afin de prévenir une telle menace avant qu'elle n'émerge et d'étendre un ordre international en accord avec les intérêts américains (35(*)) . Le régionalisme insiste pour que les USA participent à la remise à niveau de certaines armées africaines pour créer un corps militaire capable de participer aux opérations de maintien de la paix en Afrique. L'application de new leaders est cette théorie qui voulait bien que les américains optent pour les nouveaux dirigeants africains de la période post guerre froide qui, pendant un bon temps, se sont illustrés dans la bonne gouvernance, la stabilité et sont capables de ce fait d'exporter ces éléments dans toute la Sous Région. La diplomatie transformationnelle, consiste quant à elle à transformer par la diplomatie les structures étatiques qui ont failli en des structures stables, capables d'exporter la paix, la stabilité et le développement. La théorie du chaos constructeur, consiste à créer soi-même un chaos sur le cendre duquel naîtraient des États et régimes démocratiques, car pour eux, les démocraties ne peuvent pas se faire la guerre.

Nous devons dire que toute cette perception américaine du Congo est consécutive à la réalité qui a prévalu dans ce pays. Il peut être vrai que ce comportement soit fonction d'un manque de solution alternative. En clair, depuis 1990, les différentes politiques étrangères des USA dans la Sous Région des Grands Lacs sont faites des choix majeurs. Ceux-ci ont donné à raison, des avantages substantiels aux voisins de la RDC comme le Rwanda et l'Ouganda.

Il est important de souligner que depuis la fin de la guerre froide, les différentes formulations de politique étrangère de la RDC n'ont rien apporté dans cette perspective de changer la perception américaine du Congo. Dans cette formulation, l'objectif principal n'était pas de contrer les mesures déstabilisatrices que certains États passaient à la maison Blanche. Nous pensons, à notre humble, avis que la République a besoin des comportements et des politiques à court terme et à long terme pour qu'elle ne disparaisse pas comme un État uni aux frontières qu'on lui reconnaît depuis le 1960. Au plan de politique étrangère et de la diplomatie, la RDC doit avoir la politique étrangère de responsabilité et une diplomatie d'anticipation. Celle-ci lui permettra de cesser de subir les événements et bien pouvoir les anticiper.

V. INTERET DU SUJET

L'étude dans laquelle nous nous sommes engagés est d'actualité. Elle part de la considération de l'histoire politique pour aboutir à la réalité brûlante de la République Démocratique du Congo.

Cette étude contribuera à poser la revisitation de la formulation de sa politique étrangère, en y inscrivant la prise en compte de la vision des grandes puissances et des USA en particulier.

Elle nous permettra d'exposer notre modèle de politique étrangère de responsabilité et la diplomatie anticipation pour changer la perception américaine.

Cette nouvelle politique étrangère de la République Démocratique du Congo est celle qui la considère comme puissance. Elle a pour objectif d'aiguiser les facteurs de puissances régionales et internationales. Ensuite elle devra permettre à la RDC de maîtriser les conditions redoutables des politiques des grandes puissances.

Elle contribuera enfin à l'amélioration de la politique étrangère actuelle qui subit les événements au lieu de les anticiper. Le souci majeur de cette recherche est de proposer ce que la RDC doit faire pour mériter l'appui des USA. C'est dans cette perspective que cette étude est intéressante.

Cette dernière nous permettra de juger la légitimité des perceptions américaines et des revendications des pays voisins de la RDC.

VI. METHODOLOGIE

Un travail scientifique, pour garder ce caractère, doit impérativement recourir aux méthodes et techniques qui ont fait preuve dans les temps. Pour arriver à l'objectif scientifique que nous nous sommes assigné, il est indispensable de faire appel à des méthodes et techniques de recherche qui nous amèneront à expliquer le fait à étudier. Étant donné qu'en sciences le recours aux méthodes s'avère obligatoire ce travail ne peut s'en passer.

GRAWITZ, affirme que «la méthode est constituée de l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie » (36(*)). Une méthode est un « ensemble plus ou moins structuré et cohérent de principes censés orienter l'ensemble des démarches du processus dans lequel elle s'inscrit (notamment techniques utilisée) ». (37(*)) Une méthode peut être aussi défini comme étant «l'ensemble des moyens permettant aux chercheurs scientifiques d'atteindre un objet d'étude précis) ». (38(*))

a. De la méthode

Il y a une sorte de polémique scientifique autour des méthodes propres dans l'étude des Relations Internationales. Cependant, certains auteurs ont développé les dimensions importantes des méthodes en Relations Internationales. C'est à partir des années 1950 qu'une nouvelle approche des Relations Internationales s'est affirmée. Elle s'est attachée, en utilisant des méthodes quantitatives, à produire des modèles explicatifs. Ceux-ci introduisent de nouveaux facteurs d'analyse : ils font notamment intervenir dans l'étude du processus de décision les influences internes qui s'exercent sur la volonté du responsable politique.

Sans nous lancer dans cette perspective, nous voulons, d'ores et déjà, souligner que compte tenu du caractère interdisciplinaire de notre étude, nous nous proposons une méthodologie appropriée afin de la mener à bon port. De ce fait, notre méthodologie est principalement qualitative. Avec cette méthode, le choix d'un ou de plusieurs cas permet d'examiner les relations hypothétiques. (39(*))

De ce qui précède, nous utiliserons la méthode systémique.

En effet, la méthode systémique fait grandement référence à «la théorie systémique. En utilisant cette approche toujours globale, grâce à une vision holistique, elle permet d'aborder des sujets complexes qui étaient réfractaires à l'approche parcellaire des sciences exactes issues du cartésianisme ». (40(*))

La méthode systémique est définie par Guy ROCHER comme « toute recherche, théorique ou empirique, qui, partant du postulat qu'est la réalité sociale, présente les caractères d'un système, interprète et explique les faits sociaux par des liens d'interdépendance qui les relient entre eux et qui en forment une totalité ». (41(*))

La méthode systémique est donc un mode l'appréhension qui peut être considéré comme un langage, un état d'esprit ou même une philosophie. Elle tend également à être considérée comme une science, mais son axiomatique n'est pas suffisamment stabilisée pour qu'elle soit unanimement reconnue comme telle. Jean-Pierre ALGOUD propose un paradigme systémique comme base de réflexion, organisé autour de 7 axiomes fondateurs à la démarche systémique :

- axiome 1 : "Reconstruire le système dans sa totalité" par un remembrement et un rassemblement des savoirs nécessaires à la compréhension de l'objet étudié,

- axiome 2 : "Refondre l'apprentissage individuel des connaissances" par le développement de la polyvalence et le décloisonnement des savoirs pour une réinsertion totale de l'Homme dans l'Univers dont il est partie prenante,

- axiome 3 : "Réintégrer l'Homme dans l'Univers" par la suppression de l'opposition entre sciences exactes (i.e. les « sciences dures ») et sciences humaines (i.e. les « sciences douces ») pour une unification du tandem sujet/objet,

- axiome 4 : "Savoir énumérer les critères d'identification d'un système" afin d'éviter le flou sur l'objet étudié et formalisé par la théorie scientifique associée,

- axiome 5 : "Maîtriser l'évolution de l'objet par la Dynamique des Systèmes" dans un cadre heuristique où le moteur de l'évolution est l'énergie,

- axiome 6 : "Piloter le système naturel ou artificiel à l'aide de théories systémiques à caractère prédictif" dans le cadre des limites de l'évolution naturelle possibles de l'Univers,

- axiome 7 : "Penser la Partie comme une réduction du Tout". (42(*))

En Relations internationales, cette méthode est utilisée pour l'analyse des faits systémiques. Dans la conception théorique de cette méthode, le monde est un grand système dont les continents sont considérés comme des sous systèmes. Aussi, les pays sont des sous systèmes d'un environnement plus grand, composé des États puissants, moyens et faibles.

Cette méthode nous aidera à appréhender la prise de décision de la politique étrangère américaine et son application dans la constellation des États qui composent le système politique international. Autrement dit, l'interaction des éléments du système est importante pour son fonctionnement harmonieux. Ainsi, nous pouvons comprendre ce qui se passe entre la RDC et les USA d'une part et ce qui se passe dans l'espace des Grands Lacs où certaines puissances étatiques, dont le Rwanda et l'Ouganda, sont devenues des bras séculiers de la politique étrangère américaine et déstabilise le bon fonctionnement du système sous régional.

En définitive, cette méthode nous aidera à analyser le filtrage des in put (ici la perception américaine de la République et autres considérations des États de la sous région qui peuvent être considérées qui peuvent dangereuses pour la RDC). Il tient de rappeler que l'objectif principal du système est d'assurer sa survie. La perception américaine de la RDC est analysée en terme de la recherche de sa survie comme État à ses frontières de 1960.

Au niveau interne de la RDC, il y a la boite noire. Ici, il sera question de savoir comment les autorités nationales ont-elles réagi à cette perception ou que font - elles pour que le pays ne disparaisse pas. Il est vrai qu'à l'interne, il y a des forces externes qui manipulent les structures internes dans la matérialisation du modèle. Toutes ces décisions du gouvernement exprimées en terme de politique étrangère constituent les out put. L'environnement de ce système est bien entendu la présence des puissances régionales et tous les soutiens qu'ils ont des USA.

b. Les techniques

Les méthodes s'accompagnent toujours avec les techniques. Celles-ci sont considérées comme des moyens d'atteindre un but, elles se situent au niveau des faits ou des étapes pratiques. La technique est , pour GOODE J. WILLIAM, «un outil utilisé dans la collecte des informations qui devront plus tard être soumises à l'interprétation et à l'explication grâce aux méthodes». (43(*)) La technique est «un moyen d'atteindre un but mais qui se situe au niveau exploité par le chercheur dans la phase de collecte des données qui intéressent sont étude». (44(*))

Notre technique de recherche est essentiellement documentaire. Elle a consisté à collectionner les ouvrages, revus, journaux, rapports pour la collecte des données devant servir à la rédaction de ce travail.

Elle nous permettra de consulter les données livresques ayant traité directement ou indirectement la question sous étude. Cette technique nous donnera l'option de consulter les documents ayant un rapport direct avec la politique étrangère des Usa, formulation, principes et histoire diplomatique, conséquences en Afrique post guerre froide, sans oublier la politique étrangère de la RDC et surtout la situation de crise profonde et les moyens de sa sortie.

VII. DELIMITATION

Il est important de bien présenter un travail comme celui-ci, si nous voulons que nos hypothèses de départ se vérifient sans conteste.

En effet, pour être ainsi sûr de la véracité scientifique d'une recherche, il est exigeant de penser à sa délimitation. C'est la délimitation qui permet à une recherche d'être concise et précise. Elle donne au chercheur la capacité de circonscrire le sujet. Ainsi, Restreindre son champ d'investigation ne devrait pas être interprété comme une attitude de faiblesse ou de fuite de responsabilité, mais, comme l'affirme Rezsohazy «Toute démarche scientifique procède fatalement par un découpage de la réalité. Il n'est pas possible d'étudier, de parcourir tous les éléments influents jusqu'aux extrêmes limites de la terre et jusqu'au début du temps » (45(*)).

Fort de ce qui précède, il nous est nécessaire de procéder par une délimitation spatiale et temporelle. Cette délimitation nous permettra de travailler en profondeur au lieu d'être superficiel, parce que devant papillonner.

a. Du point de vue temporel

Notre recherche portera sur la période comprise entre l'année 1990 et 2006. Notre borne ad quo est consécutive à la fin de la guerre froide. En effet, la fin de la dite guerre engendre un changement dans la vision de la politique étrangère américaine et surtout la fin idéologique de la théorie de double domino pour laisser place à un système politique en gestation fortement marquée par le monopole diplomatique américain.

Il est important de savoir que pendant cette période, le président américain, guidé par l'expérience diplomatique de la guerre froide, a annoncé le début d'un nouvel ordre politique international marqué par la coopération multilatérale et surtout le règne du respect des engagements internationaux et de la loyauté dans les rapports internationaux. En cette période, la politique étrangère des USA a adopté de nouveaux objectifs. Ainsi, dans le schéma stratégique des USA, la perception américaine de la RDC ne sied plus sur les considérations de la guerre froide. Le droit de l'homme, la stabilité des régimes politiques, les efforts de stabilité économique, le sérieux dans la bonne gouvernance et l'intégration de la vision des grandes puissances sont devenus de nouveaux paramètres du choix américain. Ce choix aura des conséquences déstabilisatrices pour la RDC. Dans cette perspective, le Rwanda et l'Ouganda sont devenus, pour plusieurs fois, éligibles aux programmes américains et ceux de la communauté internationale.

La borne ad quem se réfère à l'organisation des élections libres et transparentes en RDC. Il est utile de rappeler qu'après les guerres que ce pays a connues, les accords de Sun City et la constitution qui y était élaborée ont ouvert la voie à une nouvelle transition. Celle-ci , sous la surveillance d'un comité international d'accompagnement, après plusieurs dérapages, arrivera à terme. Il sera enfin organisé des élections à l'échelle nationales qui verront la victoire de l'actuel président de la République, Monsieur Joseph KABILA.

Cette période est celle qui marque une nouvelle dynamique politique en RDC. Elle est une étape importante dans l'histoire politique de la RDC où on peut, comme dans un rétroviseur, observer la vie nationale, la déliquescence de la République, analyser les politiques gouvernementales à long ou à court terme. Sur le plan de politique étrangère, cette période marque une étape d'ouverture importante de la RDC au monde.

b. Du point de vue espace

Notre investigation est centrée sur la politique étrangère des USA sur la RDC, mieux de la perception américaine de la RDC. Ainsi, il est question d'analyser les conséquences de cette politique étrangère / perception américaine vis-à-vis de la RDC. Un accent spécifique est mis sur la construction de la nouvelle politique étrangère d'une RDC, puissance Sous Régionale et Régionale. Cette politique dans sa formulation devra prendre en compte l'existence des Grandes Puissances. Elle doit permettre à la République Démocratique du Congo comme puissance de survivre aux dangers Internationaux, Régionaux et Sous Régionaux.

En effet, la nouvelle politique étrangère de responsabilité et la diplomatie d'anticipation pour la RDC sera de nature à protéger son unité en tant que pays aux frontières reconnues depuis 1960. En termes clairs, le champ d'investigation de ce travail reste d'abord la République démocratique du Congo comme État souverain et la Sous Région des Grands Lacs, pris dans sa perception des USA.



CHAPITRE I : POLITIQUE AFRICAINE DES USA

SECTION I. LES DEBLAYAGES CONCEPTUELS

§1. Politique étrangère, politique extérieure et politique internationale

1. Notion de politique étrangère d'un Etat

1.1. Définitions

Chaque État, en sa qualité d'acteur privilégié des Relations Internationales, cherche constamment à agir sur son environnement multiforme, c'est-à-dire dans les domaines politique, économique, culturel, social, avec l'ambition de le modifier ou de le transformer dans un sens qui lui soit favorable. Chaque État, selon ses capacités et ses atouts, essaie par le biais de sa politique étrangère d'étendre son influence, son pouvoir sur la communauté internationale dans son ensemble.

De ce fait, la politique extérieure peut-être définie comme « l'effort d'une société politique nationale de contrôler son environnement extérieur par la préservation des situations qui lui sont favorables et la modification de celles qui lui sont défavorables » (46(*)). Le départ de ce travail semble être lancé par un déblayage conceptuel. Ceci nous permettra de bien nous faire comprendre de nos lecteurs. Il semble qu'il ait une confusion autour des concepts comme politique étrangère, politique extérieure et politique internationale. Il nous revient ici de dissiper le flou conceptuel. Ceci dit, d'une manière très simple, nous pouvons dire que la politique extérieure est la partie de l'activité étatique tournée vers le dehors du pays, c'est-à-dire qui traite, par opposition à la politique intérieure, des problèmes qui se posent au-delà des frontières de l'État. On peut encore dire que la politique extérieure est le prolongement de la politique intérieure au-delà des frontières nationales.

Ainsi définie, la politique extérieure n'est plus confinée aux seules relations politiques, mais elle s'étend désormais à tous les domaines des Relations Internationales (économiques, juridiques, technologiques, commerciales, culturelles, scientifiques, etc.).

La politique étrangère est une politique publique, c'est-à-dire une politique mise en place par un gouvernement avec des objectifs et moyens assignés à la réalisation de ces objectifs. Il s'agit certes, d'une politique publique particulière pour au moins trois raisons : son caractère réactif d'abord, du fait même qu'elle doit en permanence s'adapter aux événements survenus hors du territoire national, donc plus complexes encore à prévoir et à gérer. La difficulté de son évaluation ensuite : car, si une politique publique de lutte contre le chômage ou de sécurité routière s'évalue sur la base des chiffres tangibles, comment évaluer les résultats d'une politique étrangère, à quelle échéance, sur quel critère. La difficulté enfin, même dans une démocratie, à communiquer au public la totalité des éléments concernant des dossiers mettant en jeu la sécurité nationale ou des intérêts importants. «Le décideur s'expose là, par un dévoilement partiel de l'information, à voir son éthique de responsabilité contrée, concurrencée, contestée par l'éthique de conviction, souvent plus populaire dans l'opinion, dont se réclame d'autres acteurs tel que les ONG». (47(*))

Pour ANDREW H. BERDING, la politique étrangère est la base et le cadre des relations d'une nation avec les autres. Elle est fondée sur un ensemble des principes guidant la conduite d'une nation dans ses rapports avec l'étranger ; elle a pour but la sécurité et le progrès de cette nation. Certains pays cherchent à atteindre cet objectif par des moyens justes, en tenant compte comme il convient de droit et aspirations d'autrui ; pour d'autres, tous les moyens sont bons. (48(*))

1.2. Les facteurs de politique étrangère d'un État

L'objet de la Politique étrangère est la puissance ou le potentiel de puissance que recherche tout État en dehors de ses frontières.

Pour élaborer sa Politique extérieure, chaque État prend en compte les facteurs essentiels ci-après :

1° Les facteurs d'ordre interne liés à : Son histoire, son système politique, Son système économique et son économie, Ses problèmes sociaux et humains, Son environnement interne ;

2° Les facteurs d'ordre externe, parmi lesquels : Le système politique international, l'économie internationale, le commerce international, l'environnement international.

L'exécution de la politique étrangère se fait dans le cadre des relations diplomatiques. La diplomatie étant donc l'instrument qui véhicule la politique étrangère d'un pays.

Pour mettre en oeuvre sa politique étrangère, chaque pays met en place ses structures conventionnelles et parfois non conventionnelles (espionnage) à cette fin. Les ambassades et les consulats exercent leurs fonctions conformément aux dispositions de la convention de Vienne. En dehors de ce cadre conventionnel officiel, les États et principalement les grandes puissances utilisent d'autres réseaux pour l'exécution ou la réalisation de leur Politique étrangère.

Ce qui nous amène à constater que les canaux par lesquels les États poursuivent leurs objectifs d'influence, de domination et de contrôle sont multiples. Ces canaux sont utilisés selon les circonstances de temps et de lieu.

Revenant à notre souci de dissiper la confusion épistémologique, il est important de noter qu'à côté du concept de politique étrangère, il y a la politique extérieure et même la politique internationale. D'une manière générale, il n'y a pas de différence substantielle. Cependant, il existe des nuances importantes qu'il nous revient de souligner avant tout pour que le souci de clarté soit effectif.

Par petite intelligence, la politique accompagnée de l'adjectif étrangère se réfère certainement à son contraire qui est la politique nationale. De ce fait, nationale tient compte des frontières pour être différent de l'étranger. Or, sur la scène internationale, aucun autre acteur n'a des frontières dans son sens princier sinon l'État nation. Ceci peut nous amener à conclure que la politique étrangère est la politique des acteurs internationaux qui ont des frontières. Elle est qualifiée comme telle lorsqu'elle est élaborée pour être appliquée à l'extérieur de ces frontières nationales.

De ce qui précède, nous sommes tentés de dire que la politique étrangère est la politique des acteurs étatiques (prendre la dimension d'élaboration et d'application). Ceci revient à dire qu'aucun autre acteur non étatique ne peut avoir une politique étrangère. Cependant, la politique internationale est bien l'ensemble de la politique faite sur la scène internationale. Ici interviennent tous les acteurs (étatiques ou non). L'accent est mis sur l'application des politiques conçues soit dans le cadre des organisations internationales ou autres pour influencer ou pour obtenir quelque chose. Il est bien important de souligner que depuis un certain temps, les États sont sérieusement concurrencés par d'autres acteurs. La politique internationale quitte le petit circuit diplomatique inter étatique pour s'enfoncer à l'humanité ou à la société mondiale. Ce changement fait perdre au diplomate ses fonctions classiques. (49(*))

1.3. La loyauté comme élément de politique étrangère

Parmi ces éléments, nous pouvons noter la Loyauté. Celle-ci est multidimensionnelle. Pour ne pas aller dans des considérations beaucoup plus interdisciplinaires, il revient de nous poser la question de savoir si la loyauté dans son sens princier peut être utilisée en politique étrangère.

Sur cette question, Frédéric CHARILLON de se demander quelles sont les conditions auxquelles un État peut aujourd'hui tenir ses engagements, honorer ses alliances?. Ces questions en entraînent automatiquement une autre : quelles sont les conditions d'existence d'une communauté internationale cohérente, crédible et stable, dont les membres peuvent se faire confiance? (50(*)).

La fin de la guerre froide a contribué à mettre l'accent plus encore sur la loyauté, pour mieux stigmatiser la trahison, du moins dans le discours: traités, négociations diverses ou autres processus de paix constituent de plus en plus autant de pressions exercées sur les politiques étrangères étatiques, les mettant en demeure de respecter des engagements. Des notions, certes, contestables telles que nouvel ordre mondial, gouvernance, communauté internationale occupent aujourd'hui le devant de la scène discursive et contribuent encore à renforcer un registre qui veut privilégier le droit plutôt que la force, la confiance plutôt que la ruse.

Pourtant, au regard d'une approche plus classique des relations internationales en général et de la politique étrangère en particulier, le lien entre loyauté et politique étrangère ne va pas de soi. On connaît l'argument dérivé de l'approche réaliste : un concept tel que la loyauté, au mieux, n'a pas sa place dans une analyse sérieuse de la politique étrangère, et au pire affaiblir ou aveugler celui qui y accorderait trop d'importance. C'est là l'éternel procès fait aux idéaux Wilsoniens et à leurs prolongements : raisonné en terme normatif est utile et dangereux (51(*)).

A cet égard, l'usage du concept de loyauté implique une croyance en des vertus humaines sans doute souhaitables, mais ne permet pas de développer une vision lucide du monde tel qu'il est : marqué par la compétition, les rapports de force, la volonté de puissance, le conflit, et ce entre des États, monstres froids, abstraits et monolithiques qui demeurent les seuls acteurs d'un monde où les sensibilités humaines pèsent peu. Pour entreprendre une analyse sérieuse, il importe donc de considérer ce qui est plutôt que ce qui doit être : les intérêts nationaux plutôt que les idéaux ou même les convictions, fussent t- elles fondées sur la confiance. (52(*))

Peu importe que deux chefs d'État s'apprécient humainement si leurs intérêts nationaux divergent, peu importe, à l'inverse, qu'ils se détestent si leurs partenariats stratégiques s'imposent comme une donnée incontournable, L'intérêt national, en d'autres termes, ne s'accommode pas d'attachements humains. Quelle position adopter alors? L'analyse de la politique étrangère sous l'angle de la loyauté fait-elle sens? Cette notion est-elle inhérente à toute relation diplomatique, ou au contraire aux antipodes de l'État de nature qui caractériserait les relations internationales ? la réponse à cette question dépend naturellement d'un travail de définition préalable : que peut signifier la loyauté des lors que l'on parle de politique étrangère. En l'espèce, il convient d'éviter les définitions simplistes: la loyauté n'est nécessairement réductible ni à un attachement à des idéaux, ni à une obsession normative. Loyauté de la part de qui, vis - à - vis de quoi? Approche sous l'angle de la politique étrangère, ce concept de loyauté renvoie en fait de moins en moins à un comportement volontariste et vertueux, et de plus en plus à l'acceptation de contraintes. En un mot, on choisit, de moins en moins aujourd'hui, ses loyautés en politique étrangère. (53(*))

Il est utilement important de souligner que dans plusieurs cas, la loyauté intervient soit dans la conception, soit dans la formulation soit encore dans l'application de la politique étrangère. Ceci ne veut pas dire que la poursuite des intérêts des États soit contraire à la loyauté.

SECTION 2. LES POLITIQUES AFRICAINES DES USA

§1. Les structures de conception et de gestion de la politique africaine des USA.

La gestion, d'une matière aussi importante comme celle-ci aux USA, fait intervenir plusieurs structures. La multiplicité des acteurs, gouvernementaux et non gouvernementaux, en matière de politique africaine des USA, en particulier, est spécifique et représente une constante dans l'élaboration des processus décisionnels.

Les motivations, si elles semblent avoir évolué au fil des siècles et des soubresauts de l'histoire, demeurent relativement constantes. Il en va de même pour les intérêts bien compris des Usa. Les structures dont il est question ici peuvent être reparties en plusieurs catégories. Il sera question ici d'expliciter le rôle des acteurs qui interviennent dans l'élaboration et même dans la gestion de la politique africaine des Usa.

1.1. Les acteurs institutionnels

1.1.1. De l'exécutif et ses services

Aux États-Unis, le rôle de décideur principal en matière de politique étrangère revient au chef de l'exécutif. La Constitution américaine en établit expressément l'étendue et les limites. Cependant, chaque Président, de par sa personnalité, imprime sa marque particulière. Il dispose également d'un appareil administratif important qui l'aide à prendre ses décisions. La Constitution américaine envisage, pour le chef de l'État trois types de pouvoirs :

· le Président est le commandant en chef des forces armées. Le pouvoir de déclarer la guerre appartient néanmoins au Congrès. Mais cette attribution est plus théorique que pratique, puisque depuis la seconde Guerre mondiale, des hostilités d'envergure ont été engagées sans que la guerre soit déclarée.

Toutefois, le rôle de « gendarme du monde » des USA s'étant accru après 1945, le Congrès a voté en 1973 le War Powers Act qui limite considérablement la marge de manoeuvre du Président en la matière. Ce texte prévoit qu'en cas d'hostilités sur un théâtre extérieur, il dispose de 48 heures pour en informer le Congrès et 60 jours pour y mettre un terme (54(*)).

· conclure les traités

· et de nommer les ambassadeurs et tous les hauts cadres de l'administration. Ces choix sont, cependant, soumis à l'approbation du Sénat.

La majeure partie du temps, le choix du Président est confirmé, mais en période de « cohabitation » entre une présidence démocrate et un Congrès républicain ou vice versa, l'automaticité peut être remise en question. Ce fut le cas pour les postes à pourvoir en Afrique du Sud et au Cameroun (55(*)). Une fois élu, l'ambassadeur américain en Afrique est reçu par le Secrétaire d'État adjoint aux Affaires africaines qui lui présente sa « feuille de route ». Selon que les présidents sont plutôt « hands on » ou « hands off », la mission du diplomate est différente.

Encadré par les pouvoirs dont lui a doté la Constitution, le Président dispose néanmoins d'une latitude de décision importante. La personnalité forte ou effacée du chef de l'État ne manque pas d'influer sur les décisions qu'il prend. C'est ainsi que les hésitations et les fausses manoeuvres du Président Ford, lors du début de la crise angolaise en 1975, contribuèrent à ternir l'image des États-Unis auprès des Africains non marxistes. Quelques années plus tard, le Président Ronald Reagan, par son engagement sans faille auprès des anti-communistes, redonnera une certaine cohérence au message américain à destination de l'Afrique.

Au sein de la Présidence, le système des «checks and balances» établi par la Constitution a souvent pour résultat de diluer les centres de décision et de responsabilité. Pour donner une plus grande homogénéité à la politique américaine, le Président F. D. Roosevelt créa en 1939 l'Executive Office of the President. Celui-ci comprend aujourd'hui le White House Office, l'Office of Management and Budget et le National Security Council (NSC), créé en 1947, et la Central Intelligence Agency (CIA). (56(*))

1.1.2. Le secrétaire d'Etat et le secrétaire d'Etat adjoint aux affaires africaines

Comme premier responsable après le président, le secrétaire d'État a un rôle très important à jouer dans la définition et dans la gestion de la politique africaine des USA.

Plusieurs ministères interviennent également dans la politique africaine des États- Unis. Le plus important est le Département d'État. En son sein, le Bureau pour les affaires africaines fut créé par le Congrès en 1958. Précédemment, les affaires africaines relevaient du Bureau des affaires européennes ; puis elles incombèrent au Bureau du Proche-Orient au sein duquel fut créé un Office for Africa en 1943. L'actuel Bureau des affaires africaines est subdivisé en sections régionales et thématiques (Economic Policy Staff, Public Affairs Staff et Office of the Executive Director). Un autre bureau créé en 1975 est consacré aux droits de l'homme et oeuvre pour que la bonne gouvernance soit mieux respectée sur le continent noir.

D'autres ministères ont la possibilité de participer soit directement soit indirectement à la formulation de la politique africaine des USA. Cependant, ils sont rarement décisionnaires en la matière. Le ministère du Commerce, celui des Finances (pour l'octroi de l'aide) et celui de l'agriculture sont ceux qui interviennent les plus régulièrement. Enfin, le ministère de la défense joue, en matière africaine ,un rôle de plus en plus important, puisqu'il gère les bases américaines à l'étranger (dont celle de Djibouti), de « facilités » portuaires et aéroportuaires accordées aux États-Unis.

1.1.3. Les services de l'exécutif
a. La NSC

Le rôle de super puissance joué par les États-Unis après 1945 nécessitait, en effet, des instruments qui devraient permettre l'établissement de politiques cohérentes et rapides. Le NSC, qui est composé de membres de droit (Président, vice-Président, Secrétaire d'État, Ministre de la Défense, Directeur de la CIA, Président des chefs d'État-major interarmées et d'invités ad hoc, revêt une importance considérable en matière de politique africaine dans la mesure où il représente un centre d'élaboration et de mise en oeuvre de la politique étrangère américaine.

Les questions africaines n'étant pas traditionnellement une priorité de l'Administration américaine, les responsables d'Afrique au sein du NSC et les Secrétaires d'État adjoints aux Affaires africaines ont plus de latitude que leurs homologues des autres directions géographiques.

b. La CIA

Victime de sa réputation sulfureuse, la CIA, dont la mission est prévue par le National Security Act de 1947, dépend du NSC. Sa première mission est de collecter des informations, la seconde, assez floue, lui permet de mettre en oeuvre des covert operations (opérations clandestines) comme celles qui se déroulèrent en Angola dans le but de soutenir l'UNITA de Jonas Savimbi.

1.1.4. Les législatives

La Chambre des représentants et le Sénat disposent chacun des commissions plus spécifiquement chargées de la politique étrangère américaine. C'est essentiellement en leur sein que sont discutées les questions relatives à l'Afrique. Bien souvent, leur action se limite à légitimer et à amender les projets de l'exécutif. Cependant, le Congrès s'affirme de plus en plus comme un décideur à part entière.

En effet, le Congrès représente à la fois un pouvoir de légitimation et une force d'obstruction. Les Foreign Relations Committees traitent la quasi intégralité des questions de politique étrangère. Le Senate Committee on Foreign Relations est la commission la plus prestigieuse du Sénat. Ses compétences sont extrêmement variées : ratification des traités, approbation et nomination des ambassadeurs sur proposition du secrétaire d'État, des ministres et des hauts fonctionnaires du Département d'État.

Elle passe aussi en revue les budgets. Au sein de cette commission, le Senate Committee on African Affairs est plus particulièrement en charge de l'Afrique. C'est un de ses membres éminents, le Sénateur John Kennedy qui stimula l'intérêt de l'Amérique pour le continent noir. Le House Committee on Foreign Affairs est le pendant à la Chambre des Représentants de son homologue du Sénat. Toutefois, elle n'a pas comme le Sénat le pouvoir de ratifier les traités et d'approuver les nominations.

En revanche, depuis 1973, le War Powers Act institue un contrôle efficace de la Chambre des Représentants sur l'envoi de troupes américaines à l'étranger, décidé par le Président. Enfin, le Senate Committee on Finance et le Ways and Means Committee de la Chambre des Représentants mènent essentiellement leur action dans le domaine de la politique intérieure, mais ils peuvent aussi avoir une incidence indirecte sur la politique étrangère, surtout en matière commerciale. Mais le rôle du Congrès n'est pas seulement d'ordre constitutionnel et administratif. Depuis un certain nombre d'années, les Congressmen multiplient les missions d'affaires et d'information en Afrique, en étroite collaboration avec les groupes industriels américains. (57(*))

1.1.5. Les acteurs non gouvernementaux

Dans un pays comme les États-Unis où la société civile joue un rôle primordial, un certain nombre d'acteurs, non seulement américains, mais également étrangers, influencent sa politique africaine. Déjà en 1961, le Département d'État en recensait plus de 600 (58(*)).

1. La communauté noire des États-unis.

Lors des luttes pour l'indépendance des États Africains, la communauté noire américaine était le premier intervenant comme une structure non étatique. Il faut dire que cette participation prenait la forme de lobbies. Cette communauté a tenté d'influencer la formulation de la politique africaine des USA. Les associations noires américaines les plus influentes sont incontestablement le Congressional Black Caucus et Transafrica. Elles avaient été précédées par la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) fondée du temps de l'antagonisme entre les deux leaders noirs Marcus Garvey et W. E. B Du Bois (59(*)).

Il faut dire, avec raison, qu'aujourd'hui, les mouvements des hommes de couleur, notamment les noirs américains, n'ont pas d'audience. De ce fait, l'influence qu'ils peuvent exercer sur la formulation de la politique africaine des USA est très limitée. Ces mouvements sont très divisés. Il y a un premier groupe qui est accusé d'être près des blancs, il s'agit de tous les noirs qui ont réussi leur formation et leur intégration dans la société américaine. Un autre groupe composé des noirs qui n'ont pas réussi leur intégration accepte difficilement les autres.

2. Des mouvements humanistes

Dans une période très lointaine, certains mouvements humanitaires noirs d'aide à l'Afrique ont également vu le jour et ont tenté d'influencer la politique africaine des USA. On peut noter par exemple : Relief for Africans Need in the Sahel (RAINS); PUSH, spécialisé dans la collecte et la distribution des vivres et AFRICARE qui depuis sa création en 1971 intervient dans près d'une trentaine de pays d'Afrique subsaharienne. Ils avaient pour but de faire connaître l'Afrique aux États-unis.

3. Les Églises religieuses

Les Églises et les sectes religieuses américaines constituent le second intervenant non gouvernemental qui tente d'influencer, souvent avec succès, la politique africaine des États-Unis. Pendant la période coloniale, elles ont, dans leur immense majorité, pris des positions morales hostiles au maintien de la tutelle européenne. Puis, dans les années 1970 et 1980, elles sont plus spécifiquement intervenues en Afrique australe, encore sous domination blanche. Une fois de plus, leurs auteurs opéraient un transfert classique qui consistait à assimiler la lutte des Noirs d'Afrique du Sud, de Rhodésie, de Namibie, ou de l'Ultramar portugais, à celle des Afro-Américains. En 1972, les Églises qui intervenaient en Afrique se regroupèrent avec l'American Committee on Africa au sein du Washington Office on Africa. Préférant s'attaquer à une question à la fois, il influença la politique américaine en Angola, puisqu'il fut indirectement responsable de l'amendement Clark qui empêchait toute aide officielle à l'UNITA et au FNLA en lutte contre le MPLA, soutenu par l'Union soviétique.

Avec la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l'apartheid, l'action des Églises s'est réorientée vers des buts humanitaires, comme l'assistance aux réfugiés (la RDC, Rwanda, Darfour...), la facilitation du déroulement des opérations de secours d'urgence et l'accroissement de l'aide des États-Unis. Mais les Églises n'en oublièrent pas moins de mener des campagnes pour soutenir des causes « justes », comme la protection des 190 000 réfugiés rwandais présents dans la région de Kisangani lors de la percée des éléments de l'AFDL .

4. Syndicats américains

Les syndicats américains constituent un acteur non négligeable dans la gestion de la politique africaine des USA. C'est une véritable force de travail en Afrique. Tout comme les missionnaires, ils estimaient qu'en se démarquant des colonisateurs européens, ils pourraient attirer à eux les travailleurs africains. Relativement isolationnistes jusqu'au début de la guerre froide, les syndicats américains ont tenté leur chance en Afrique lorsque les « vents du changement » ont commencé à y souffler. Pariant sur le départ annoncé des colonisateurs, ils adoptèrent une attitude favorable aux Africains, de manière à ce qu'ils n'aient pas d'autres choix que de s'allier aux communistes. Dans un premier temps, c'est à l'AFL-CIO qu'échut le rôle d'intervenant sur le continent africain. Ce syndicat se livra à un travail de sape de l'autorité coloniale, qui n'alla pas sans déclencher de violentes réactions des Européens, et notamment des Français, dans la seconde moitié des années 1950, au Maroc, en Tunisie, au Congo, en Guinée et au Cameroun (60(*)).

Avec l'accession à l'indépendance des territoires africains sous tutelle, l'attitude de la CIA, qui cautionnait leurs actions en sous traitante, commença à évoluer. Son rôle n'était plus de bouter les Européens hors de leurs possessions, par l'entremise des syndicats américains, mais de stabiliser le continent noir. Pour ce faire, elle utilisa les services de l'African-American Labor Center (AALC). Doté d'une organisation classique, il était dominé par les Blancs et les Africains n'y disposaient que d'un rôle consultatif. L'AALC disposait des moyens financiers importants pour ses opérations, à la fois officiels, provenant de l'AID, et officieux, principalement de la CIA. Les actions menées furent de nature fondamentalement différentes : légales, comme la formation des syndiqués, la construction de cliniques rurales ou encore l'éducation des journalistes africains ; secrètes, dans la mesure où cette organisation servit bien souvent de « couverture » à des opérations moins conformes au rôle traditionnel d'un syndicat (61(*)).

5. Les sociétés multinationales

Les sociétés multinationales américaines et les hommes d'affaires sont des intervenants non négligeables dans les relations bilatérales. Les grandes sociétés américaines ont dans le passé joué un rôle important de lobbying auprès de l'Administration américaine, comme ce fut le cas lors du vote de l'amendement Byrd ; ou encore pour que les États-Unis usent de leur droit de veto à l'ONU contre l'imposition de sanctions contre l'Afrique du Sud blanche. Adepte de la realpolitik, une compagnie comme Gulf Oil continua à exploiter les gisements de pétrole de Cabinda, enclave angolaise située entre la RDC et le Congo- Brazzaville, en étant protégée par les troupes cubaines venues soutenir le MPLA pro marxiste. Souvent accusées d'impérialisme par leurs détracteurs, les multinationales américaines qui maximisaient leurs profits dans des pays recelant, des matières premières, conduisirent indirectement à l'adoption de mesures favorables aux Noirs d'Afrique du Sud. Ce fut le cas des « principes Sullivan », du nom du révérend noir américain qui les codifia. Ceux-ci avaient pour but d'imposer aux firmes américaines présentes en République sud- africaine une égalité de traitement entre les employés blancs et les autres (62(*)).

Une fois la règle de la majorité adoptée sur tout le continent africain, les hommes d'affaires américains menèrent des actions plus traditionnelles, comme la création en 1992 du Corporate Council on Africa. Cette organisation est supposée développer les liens entre les hommes d'affaires des deux côtés de l'Atlantique et conduire des missions commerciales américaines en Afrique, en collaboration, entre autres, avec le Congrès. Toutefois, l'idéal de la « bonne gouvernance » habite toujours la communauté américaine des affaires, notamment dans des pays comme le Nigeria, le Soudan ou le Zimbabwe.

Derniers intervenants de poids dans la politique étrangère de l'Amérique vis-à-vis de l'Afrique, les think tanks et autres cabinets de relations publiques. Les premiers servent de viviers aux partis politiques américains : Heritage Foundation créée en 1973, spécialisée dans les questions économiques, de politique africaine et de défense, est traditionnellement proche des Républicains. Le Centre international d'études stratégiques, est quant à lui, plus proche des Démocrates. Les groupes de pression et les cabinets de relations publiques ont quant à eux connu leur heure de gloire pendant la guerre froide. Les lobbies katangais, biafrais, portugais, rhodésiens, sud-africains, de l'UNITA, du FNLA ont figuré parmi les plus actifs. De nombreux pays africains indépendants ont, quant à eux, dépensé des sommes colossales pour améliorer leur image de marque aux États-Unis. Mais leur impact véritable sur les autorités américaines et sur l'opinion publique s'est révélé décevant. À telle enseigne que le nombre de lobbies est en constante diminution. De 2 079 en 1991, leur nombre est passé à 857 en 1997 (63(*)).

Formant une nébuleuse aux contours assez flous, les intervenants non gouvernementaux interviennent dans des domaines assez diversifiés, et leur efficacité a évolué en fonction des périodes et des conflits. Toutefois, ce sont quasiment les mêmes qui depuis des décennies interviennent en Afrique ou au sujet de l'Afrique. Les intérêts qui motivent l'implication de l'Amérique sur le continent noir, s'ils sont toujours ceux d'une grande puissance soucieuse de son approvisionnement en matières premières et de sa sécurité, ceux-ci ont évolué notablement depuis la chute du rideau de fer et la compétition directe ou frontale avec l'Union soviétique. Certes, la tentation communiste n'est plus d'actualité en Afrique, mais à l'heure actuelle les menaces sont diffuses et multiples. Elles peuvent émaner de pays très peuplés et en pleine montée en puissance, comme la Chine (64(*)) et l'Inde ou peuvent être le fait d'États en collapsus, qui empêcheraient l'exploitation et l'acheminement des matières premières vers ce qui demeure la plus grande puissance planétaire.

Les principes de politique africaine des USA

Les USA comme d'autres grandes puissances construisent leurs politiques régionales sur base du contexte géopolitique et surtout en observation de l'environnement international. Il en est de même pour les USA. En effet, les principes qui gouvernent la politique africaine des USA sont très fluctuants en raison des éléments que nous venons de souligner.

Pour bien les percevoir, nous pouvons les analyser dans une vision diachronique.

1. Pendant la guerre froide

Le premier principe de politique africaine des USA est celui des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes. En effet, à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, les USA comme l'ex URSS a soutenu le processus de décolonisation africaine. Ainsi, cette politique a été fondée sur ce principe. Le deuxième principe est celui du respect des zones d'influence. Ce principe justifie la réticence américaine d'intervenir directement en Afrique. L'objectif principal était de ne pas offusquer les partenaires européens, notamment la Grande Bretagne, le Portugal, la Belgique et la France. (65(*))

Le changement de l'environnement international marqué par le risque de contrôle total du continent par l'ex URSS va marquer l'évolution stratégique des principes de politique africaine des USA. Ils abandonnent le principe de respect des zones d'influences pour adopter celui de retrait de petites puissances et de l'opposition à l'URSS. Dans ce cadre, nous pouvons lire : « Mais, face au risque, réel ou supposé, de prise de contrôle du continent par l'URSS, les États-unis se substituent aux petites puissances pour gérer la décolonisation. Ainsi, Washington intervient au Congo en 1960 et finit par soutenir le général Mobutu qui, pourtant, n'était pas son favori au départ. Dans le sud, en Angola, en Namibie et au Mozambique, l'Amérique intervient très indirectement, via l'Afrique du Sud, à partir de 1975 quand le Portugal se désengage. »(66(*))

2. Après la guerre froide

La fin de la guerre froide porte un coup fatal à l'intérêt américain sur l'Afrique. La fin de la guerre froide réduit sensiblement les tensions dans le monde. En Afrique, on constate la fin de l'intérêt stratégique et militaire américain. Pour marquer vraiment ce changement, L'administration Bush senior engage une politique d'apaisement et de règlement de certains conflits africains.

Cette phase est marquée par des hésitations américaines à adopter des principes directeurs de sa politique africaine. Cet ainsi que dans la première moitié des années 1990, le gouvernement américain hésite à s'impliquer dans les problèmes du continent, en particulier dans la gestion du génocide rwandais.

Dans la seconde moitié, l'administration américaine adopte le principe de progression des positions économiques américaines en Afrique. « Ainsi, en 1996, B. Clinton réoriente les priorités diplomatiques générales du pays, accordant une primauté de l'économique sur le militaire, au risque de mécontenter le Pentagone, dont le budget diminue » (67(*))

L'opinion nationale américaine face aux révélations faites par deux fois par CNN va pousser l'administration à s'impliquer d'avantage en Afrique.

« Cette chaîne retrace sur le petit écran la guerre civile et la famine qui sévissent en Somalie. Le gouvernement lance alors l'opération "Restore Hope" ("Restaurez l'espoir"), en janvier 1993. Le même appareil médiatique provoque la réaction inverse en octobre 1993, lorsque la diffusion des images du corps d'un soldat américain traîné dans les rues de Mogadiscio soulève l'opinion publique et pousse B. Clinton à retirer les troupes. Cependant, l'objectif géopolitique sous-jacent de cette opération est déjà d'endiguer l'influence islamiste. Cette opération s'achève dans la confusion, de manière tragique et humiliante pour les États-unis.

B. Clinton promulgue alors les trois principes qui président son action sur le continent :


· trouver des solutions africaines aux problèmes africains, c'est-à-dire limiter les interventions directes et chercher des relais sur place ;


· intégrer l'Afrique dans les circuits de l'économie mondiale, comme fondement de la diplomatie commerciale de l'après-guerre froide ;


· S'opposer activement au terrorisme, islamiste, comme au Soudan ou en Libye. »(68(*))

Les attentats du 11 septembre 2001 vont amener une nouvelle définition des principes de politique africaine des USA. Ainsi, Bush junior. Sous son Administration, les principes se confondent aux objectifs et aux priorités. L'élément majeur de la politique africaine est la lutte contre le terrorisme islamique, le contrôle des rogues states et des failled states en Afrique.

Les courants philosophiques de la politique africaine des USA post gurre froide : l'engagement sélectif et la legacy

De la naissance de la fédération américaine à la Deuxième guerre mondiale, la politique étrangère américaine à l'égard de l'Afrique est caractérisée par une sorte de négligence sinon d'indifférence perceptible avec les années qui passent sans subir de changement majeur (69(*)).

Après la guerre, la lutte contre l'expansion du communisme est au centre de la politique africaine des États-unis entre 1947 et 1989.

Au lendemain de la chute du Mur de Berlin, George Bush senior arrive au pouvoir avec aucune vision pour le continent africain. Le nouvel ordre mondial qu'il tente de mettre sur pied exclut totalement l'Afrique qui vient de perdre son importance géopolitique avec l'implosion de l'URSS. La politique étrangère à l'égard de l'Afrique sous William J. Clinton, basée, pour la plupart, sur des fondements idéalistes beaucoup plus solides, sera en définitive plus paternaliste que productive. Georges W. Bush, au début de son mandat, est tout simplement laconique dans ses propos à l'égard de l'Afrique. Peut-être ne voulait-il pas mettre en exergue ses impérities quant au continent africain. Finalement, force est de constater qu'aucune administration, comme nous le verrons plus loin, n'a véritablement développé de politique, de stratégie à long terme pour guider les activités et les implications américaines en Afrique dans les années 1990 et 2000.

1.2.1.1. De l'engagement sélectif et son application dans les relations USA-AFRIQUE

De Ronald Reagan à Georges W. Bush, en passant par Bush senior et Bill Clinton, l'engagement sélectif domine la politique étrangère américaine depuis la fin de la Guerre froide et de l'implosion de l'Union soviétique. Mais, c'est sous la présidence de Georges W. Bush que l'application de cette approche à l'égard de l'Afrique demeure évidente. Pour les observateurs de la politique étrangère, l'engagement sélectif, par définition ou par application, n'est ni du multilatéralisme ni de l'unilatéralisme (70(*)). En 2001 Richard Haass, le chef du Policy Planning Staff au département d'État de l'administration Bush, définit l'engagement sélectif comme du « multilatéralisme à la carte » (71(*)).

Le Secrétaire d'État de l'époque, Collin Powell rejette l'étiquette «unilatéraliste» donnée à la politique étrangère après le 11 septembre 2001. Il, explique Washington, n'intervient pour défendre ses intérêts que quand lui et lui seul le juge nécessaire. » (72(*)), En réalité, l'approche s'apparente fondamentalement à un véritable bilatéralisme beaucoup plus dangereux que l'unilatéralisme pour le reste du monde. En effet, elle conduit la Maison Blanche à faire des choix stratégiques sur le lieu, le moment et la question sur laquelle les États-Unis doivent intervenir. Le critère fondamental à souligner, quant à l'intervention américaine sur la scène internationale, reste l'intérêt national américain en terme géostratégique, économique ou sécuritaire et ce, peu importe l'impact que celle-ci peut avoir sur le reste de la communauté internationale.

Les caractéristiques de l'engagement sélectif sont :

1.  L'engagement sélectif (comme l'unilatéralisme d'ailleurs) amène Washington à ne pas tenir compte de l'opinion de l'ensemble de la communauté internationale et aussi surtout de l'impact de ses interventions sur cette dernière.

2.  L'approche de l'engagement sélectif favorise la mise sur pied de politiques basées sur le concept du «Pivotal State» qui amène Washington à concentrer l'essentiel de ses relations vers certains pays considérés comme des États pivots ou centraux. Ce qui définit l'État pivot : « c'est sa capacité à influencer la stabilité régionale, leurs succès ou échecs affectent les pays de la région et surtout les intérêts américains» (73(*))

Ainsi, nous pouvons citer l'Afrique du Sud en Afrique australe, le Nigeria en Afrique occidentale. Ces derniers reçoivent des traitements privilégiés de la part de Washington qui, à travers ces puissances hégémoniques régionales africaines, protège ses intérêts régionaux.

3.    Mais, la conséquence la plus sérieuse est que cette approche contraint les Américains à se départir de leur responsabilité de seule superpuissance à l'égard du reste du monde. En effet, Washington rejette les principes et les processus multilatéraux quand vient le temps de faire face à certaines catastrophes et urgences globales. Nous pouvons, à cet effet, rappeler le refus de Bill Clinton d'intervenir lors du génocide au Rwanda en 1994 car Washington n'y avait aucun intérêt aussi bien dans le domaine de la sécurité nationale que dans celui de l'économie. Autrement dit, l'engagement sélectif réduit à néant la notion de «responsabilité positive », liée au rôle de seule superpuissance du monde qui devrait conduire Washington à développer des politiques et des initiatives désintéressées pour aider les pays du Tiers monde à lutter contre la pauvreté, le sida et à favoriser la naissance d'une culture démocratique

Quant à l'Afrique, depuis la fin de la Guerre froide, l'intérêt national américain serait principalement lié aux questions de sécurité nationale. Et à un degré moindre, les questions économiques deviennent de plus en plus importantes depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000. Avec la flambée du prix du pétrole sur le marché international, Washington porte une attention encore plus grande à des pays tels que le Nigeria et le Gabon. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme devient la pierre angulaire des relations américano-africaines, et ce, en remplacement de l'endiguement. Il s'agit en fait d'un retour vers la politique dangereuse et malsaine de la Guerre froide qui amenait Washington à soutenir les dictatures africaines qui, à des degrés différents, participaient à la lutte contre l'expansion du communisme et ce, malgré les exactions et violations perpétrées par ces dernières à l'égard de leurs populations respectives. De nos jours, la Maison Blanche applique cette même politique au nom de la lutte contre le terrorisme. L'approche de l'engagement sélectif conduit donc les États-unis à sélectionner un certain nombre de pays africains avec lesquels Washington développe des relations privilégiées pour la défense de ses intérêts économiques ( Nigeria, Afrique du Sud et Gabon, etc.) et sécuritaires (Djibouti, Kenya, et Somalie etc.).


1.2.1.2. De La politique du Legacy et son application dans les relations USA-AFRIQUE

La deuxième approche est celle de la « politique de legacy » qui est construite à partir du concept de legacy lui-même ou d'héritage. La question fondamentale serait de savoir comment se souviendra-t-on du président? Concrètement, cette politique consiste à associer à jamais une politique ou des initiatives au nom de la famille du président. Celles-ci peuvent véhiculer des idéologies ou des messages électoraux favorables au président du moment. Ainsi, cette politique de `legacy' permet non seulement, à l'administration Bush de mettre en exergue son soi-disant intérêt pour l'Afrique, mais aussi de redorer son blason auprès de l'électorat noir américain qui dans une certaine mesure s'est toujours soucié du sort du continent africain. Malheureusement, cette approche ne tient compte ni des résultats ni de l'impact des politiques sur les pays africains. (74(*)).

En définitive, nous pouvons résumer les principes de politique africaine des USA en plusieurs séquences ou phases. Chacune de ces phases obéit au changement d'environnement international. Le début de la période post guerre froide est marquée par des hésitations quant à l'élaboration des principes clairs de politique africaine. Bill Clinton a posé le principe de la diplomatie commerciale : « l'accent est mis sur le potentiel économique de l'Afrique. Washington, dont l'objectif est de réduire la dépendance énergétique nationale à l'égard du golfe Persique, souhaite accroître ses importations pétrolières en provenance de l'Afrique occidentale, de 15 % en 2001 à 25 % en 2020 » (75(*)) . Sous Bush junior la politique africaine des USA était guidée par le principe de sécurisation préventive, lequel principe passe par une politique tournée vers le développement économique, le renforcement du processus de démocratisation du continent et la prévention du sida. Après le 11 septembre, le principe de sous traitance militaire s'est ajouté à ceux existant déjà. (76(*))

1.2.1.3. Les lignes forces et stratégies de la politique américaine en Afrique

La politique africaine des USA est marquée par trois grands objectifs :

· 1/ La lutte contre le terrorisme ;

· 2/ la sécurité énergétique ;

· 3/ l'expansion du marché et de la démocratie ;

Les États-unis ont monté une politique africaine construite sur les pôles fédérateurs qu'ils appellent les États pivots. Ces États sont notamment : l'Afrique du sud, l'Éthiopie, le Kenya, l'Ouganda, le Sénégal.

En dehors des États pivots, les USA ont quelques pays d'importance majeure pour des raisons de sécurité. Ainsi, le Djibouti et le Sao Tome en Principe, ont une importance stratégique dans la gestion militaire et celle de sécurisation des routes maritimes. En plus, Ils chercheront à trouver un pays d'accueil pour l'Africom (unité de commandement américain pour l'Afrique).

D'une manière générale, il est peu probable que les USA s'engagent dans des dossiers brûlants en Afrique, sauf en cas d'une large nécessité.

CHAPITRE II. LA POLITIQUE ENTRANGERE DE LA RDC

SECTION I: PRÉSENTATION DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

§1 Présentation politico- historique

La République démocratique du congo a toujours existé sous diverses formes. Bien avant la pénétration européenne, elle avait la forme des sociétés segmentaires, existant dans une autarcie exceptionnelle. L' ouverture de l'une vers l'autre signifait la guerre.

Peu après, elle a pris forme des royaumes et empires. Personne ne peut ignorer à cette époque les structures politico administratives des royaumes Kongo, Luba, Lunda,Kuba, Gareganze du grand M'siri.Tous ces empires et royaumes symbolisent l'existence de la République actuelle. L'arrivée sur le sol Congolais de l'Européen n'a pas seulement changé les habitudes sociales, culturelles, mais aussi politiques. En 1876, s'est tenue , à Bruxelles, la conférence géographique de Bruxelles pour l'exploration du Bassin de l'afrique centrale. Le congo sous la mouvence du roi Léopold II a commencé a être façonné. L'AIA est devenue AIC et les objectifs avoués du roi ont totalement changé: lutter contre les luttes fratricides, lutter contre la traite des noirs et lutter contre les maladies épidémiques.Tout semble se jouer en 1885 avec la tenue à Berlin sous l'égide du chancelier Allemend OTTO VON BISMARCK, la grande conférence internationale de Berlin.

Après, les reconnaissances des USA et de la France, puisances importantes de l'époque, le roi Léopold II devient souvérain du congo et aidé par les compagnies à charte et l'Eglise catholique romaine. Les agents de la colonie se mettront à l'exploitation minière et agricole des terres possédées jusqu'à 1960. La décolonisation du congo se fait tout à fait en sourdine. Quelques revendications, assistées par l'environnement international propice, le plan Van Bilsen est rejeté pour une indépendance immédiate. Point n'est besoin de rappeler que cette indépendance a été accordée sans une préparation acceptable. (77(*))

Conséquence, la période post coloniale du congo est caractérisée par une très forte instabilité politique. Les élections de 1960 donne gagnant la cohalition nationaliste animée par PATRICE LUMUMBA. Ses détracteurs n'acceptent pas qu'il forme un gouvernement sans leur présence. C'est ainsi qu'on assiste aux céssessions, aux mutinéries, aux rébellions de toutes parts. Moise Tshombe et Albert Kalondji font sécession respectivement au Katanga et au sud Kasai. Sur la liste des rebellions, on note celle du Kwilu animée par Pierre Mulele, celle de l'est commandée par Kashamura et Sumialo. Pour vouloir calmer les choses, l'ONU envoie au congo une opération de maintien de la paix, l'ONUC. Celle-ci parvient à peine à calmer la situation, Lumumba est assassiné ; Mobutu, devenu chef d'état major de l'armée congolaise, fonction qu'il assumera jusqu'à son coup d'état de novembre 1965.

Avec Mobutu, ce pays connait dans un premier temps une semblant de stabilité et paix qui pousse l'éxécutif national à des excès. Sur le plan politique,il instaure un parti Etat qui consacre, durant toute la période des années 70-90, une personalisation du pouvoir, une dictature extrème qui pourtant est soutenue, la guerre froide oblige, par l'Occident démocratique. Les politiques économiques du gouvernement sont mal assumées par les mandataires et le pays commence un cycle infernal d'inflation et de pauvreté sans précédent. Après la guerre froide, certaines considérations changent sur le plan national et international. Sur le plan national, les évêques prennent conscience de la situation et élaborent un mémorendum demandant au président l'ouverture politique. Au plan international, le vent de Glasnoste et de la pérestroika souffle le vent de l'ouverture politique qui commence en Europe, sans épargner les autres continents. En Afrique, ce vent souffle et ce sont les conférences nationales souvéraines qui commencent au Benin et s'étend sur l'Afrique dans sa grande partie.

Mobutu fait une tournée de consultation populaire pour aboutir au même constat. C'est pour cela qu'il annonce, lors de son discours historique du « comprenez mon émotion», l'ouverture au multipartisme. L'histoire politique du congo des années 90 à 97 est grandement marquée par les excitations politiques et par la démonstration du talent politique du marechal Mobutu, homme incontournable de l'époque qui, malgé son retrait virtuel, continuait à gouverner le pays par personne interposée. Cette période est également caractérisée par l'incapacité d'une opposition qui, malgré les opportunités lui accordées, n'a pu gagner les négociations avec la mouvence présidentielle. Tout semble se jouer en 1996-97 quand une coalition militaire commence une petite rebellion à l'est, précisement à Lemera au sud Kivu. Sous le commandement de Laurent Désiré KABILA, les troupes de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo prennent petit à petit des villes jusqu'à Kinshasa, après l'échec des négociations de l'Outenika I et II. (78(*))

Soulignons que Mobutu était dangereusement affaibli par la maladie et ses soldats n'ont pas combattu. L' AFDL a gagné du terrain principallement par la trahison des autorités militaires et le soutien populaire dont elle a bénéficié. Le 17 mai 1997, Kabila devient président de la République. Sa gestion du pouvoir n'est pas acceptée par les forces politiques internes et par la communauté internationale. Accusé d'ingratitude, la partie Rwandaise des forces de la coalition tente, à partir de Goma, de reprendre le pouvoir en passant par le Bas congo. A la fin du mois d'août, les rebelles entrent à Kinshasa et sont brulés par les populations. D'une manière pédagogique , nous pouvons présenté la synthèse ci - après sur la présentation historico politique de ce pays. A l'instar de la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne, la RDC a accédé à L'indépendance en 1960. Jusqu'en 1965, période qui couvre la 1ère République, le pays a connu une instabilité politique en raison de l'existence de plusieurs rebellions.

De 1965 à 1990 : le pays est passé par plusieurs étapes allant d'une relative stabilité, malgré des conflits armés ponctuels et circonscrits, à un contexte de dégradation lente, progressive et profonde de la situation socio-économique. La période de 1990 à 1997 est caractérisée par une détérioration de la situation sociopolitique, la détérioration du tissu économique et l'apparition d'une guerre larvée qui a conduit à la chute de la seconde République. Cette situation de crise aiguë et persistante a abouti à une occupation et à une partition de fait du territoire national avec la présence de plusieurs armées étrangères, en dépit de la proclamation de la 3ème République en 1997.

Cette succession de crises a un profond retentissement sur les indicateurs économiques, sociaux et sanitaires du pays. Cependant, les différents belligérants s'accordent à la recherche de la paix depuis la signature des Accords de Lusaka en 1999 et dont l'application effective sur le terrain connaît d'importantes difficultés. A cet égard, il faut signaler la présence de la Mission d'Observation des Nations Unies au Congo (MONUC), les efforts déployés par le Gouvernement et les autres parties en conflit en vue de favoriser la réconciliation nationale avec le soutien actif de la communauté internationale, de la société civile et des organisations humanitaires, dans le cadre du dialogue inter congolais. (79(*))

§2. Présentation économique et pontentialité naturelles

La situation économique de ce pays qui a des potentialités énormes, capables d'assurer son développement rapide s'est dégradée de façon continue. Cette dégradation s'est fortement accentuée à partir de 1990, suite entre autres aux conflits sociopolitiques, à la situation de guerre et à une gestion macro-économique quasi-inexistante; ce qui a entraîné le retrait des principaux partenaires au développement.

La RDC est l'un des pays les plus pauvres du monde avec un produit intérieur brut (PIB) récemment estimé à US $110 par habitant et par an (80(*)). Cette situation d'ensemble cache des disparités importantes entre provinces, allant d'US $32 dans les provinces du Bandundu et Orientale, à US $138 dans les provinces du Bas Congo et du Katanga jusqu'à US $323 a Kinshasa. L'indice de développement humain (IDH) était en 1999 de 0,429, à la fois en dessous de la moyenne pour l'Afrique subsaharienne (0,467) et en dessous de celle calculé pour les pays les moins avancés (0,442). Le pays est classé au 142ème rang sur les 162 pays retenus (81(*)). Ces mauvais indicateurs économiques contrastent avec les énormes potentialités humaines et les ressources naturelles abondantes du pays.

La croissance économique a connu une évolution négative entre 1995 et 2000, régressant de -2,5 en 1995 à -14,37 en 2000. Entre 1990 et 1999 le PIB réel a baissé d'environ 52 % pendant que la population s'est accrue de près de 3,5 %, entraînant une baisse de la consommation des ménages de 23,0 % (82(*)) par rapport à son niveau de 1990 et conduisant ainsi à un niveau de pauvreté frappant près de 80 % de la population. La pauvreté est plus accentuée dans les ménages où la charge de famille est élevée, notamment ceux qui habitent les zones suburbaines (83(*)). La situation des finances publiques est caractérisée essentiellement par un déficit chronique du budget de l'État. D'où le recours répété à la planche à billets pour y faire face. Ceci conduit à l'aggravation de l'inflation dont le taux était de plus de 500 % en 2000, contribuant ainsi à la dégradation des conditions de vie des populations. Cependant, la politique monétaire du Gouvernement a permis de réduire la distorsion entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle. La dette extérieure, estimée à environ US $13 milliards au 31 décembre 2000, avec un service accumulé de US $9 milliards, constitue un autre goulot d'étranglement pour l'économie du pays.

Après quelques années de suspension suite à l'accumulation d'arriérés au niveau des partenaires bilatéraux et multilatéraux tels que le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque mondiale (BM), la Banque Africaine de Développement (BAD), le Gouvernement a repris les discussions avec ces institutions dans le cadre du programme PPTE (84(*))

Au demeurant, la politique budgétaire - qui implique le maniement des prélèvements fiscaux, des dépenses publiques et du solde budgétaire - constitue la principale modalité d'intervention des pouvoirs publics pour l'accomplissement des fonctions d'allocation des ressources, de stabilisation macroéconomique et de redistribution des revenus au sens défini par Richard Musgrave (85(*)). A cet égard, autant le mode de financement des dépenses publiques influe sur la stabilité macroéconomique, autant il y a certaines dépenses de l'État qui agissent favorablement sur la croissance. Tel est le cas des interventions qui visent à fournir des biens publics : santé, éducation, sécurité, infrastructures, investissement en recherche et développement, etc.

En République Démocratique du Congo, le débat sur la politique économique - lorsqu'il refait surface - se cantonne le plus souvent aux aspects et à la nécessité de la stabilisation macroéconomique. Le pays a connu, en effet, de nombreux épisodes d'inflation couplée à une dépréciation monétaire endémique et à des déficits budgétaires tout aussi chroniques. Il a tenté, dans les années 70 et 80, sans grand succès, de mener des programmes de stabilisation, qui, bien que comportant nominalement des mesures de réduction de la demande, se sont caractérisés principalement par des dévaluations à répétition (86(*)). Très récemment, à l'occasion du PIR et du PEG, deux programmes successifs de redressement économique exécutés sous l'oeil vigilant des institutions de Brettons Woods, la RDC a réussi à rompre le cercle vicieux de l'hyperinflation, de la dépréciation monétaire et du déclin prolongé du PIB réel (87(*)).

Le débat sur la conduite de la politique économique au Congo n'est pas pour autant clos. Il est apparu, lors de revues successives menées par le FMI sur l'exécution du PEG, entre septembre 2002 et février 2006, que l'unicité des centres d'ordonnancement est loin d'être acquis, malgré la formalisation de la chaîne de la dépense publique. En outre, cherchant à contenir artificiellement l'expansion monétaire ainsi que les pressions sur les prix et le taux de change, la Banque Centrale a simplement couvert en devises certains dépassements budgétaires de l'Etat - une pratique fortement décriée par le FMI. Il subsiste ainsi de réels risques de dérapage du programme économique et, par conséquent, d'une remise en question du climat propice à la relance. (88(*)).

L'examen de la situation socio-économique de la décennie 1990-2000 montre que la population congolaise vit largement en dessous du seuil de pauvreté dont le minimum est fixé à 1 $US par habitant et par jour. En effet, le PIB par habitant est parti de 250 $US par an en 1990 à 130 $US/hab./an en 1995 pour tomber à 123 $/hab./an en 1998, soit un taux moyen de régression de 1,8 % entre 1995 et 1998 (89(*)). Outre le PIB, l'indicateur PNB est également au rouge car il est passé de 247 $US/hab. en 1990 pour se situer à 110 $US en 1997. La même régression s'observe au niveau du taux de croissance annuelle qui est resté négatif durant presque toute la décennie.

Les facteurs négatifs expliquant cette situation économique sont entre autres : les mesures de zaïrianisation en 1973, de radicalisation en 1974, les pillages de 1991 et 1993, la mauvaise gouvernance de la deuxième République engendrant l'instabilité politique caractérisée par une très longue transition démocratique, la guerre de 1997 et celle d'agression Rwando-Burundo- Ougandaise de 1998. A cela s'ajoute la suspension de l'aide et de l'investissement étranger pour le développement économique et social. Toutefois, il y a lieu de relever la contribution importante des ONG de développement par l'octroi des micros crédits aux initiatives locales de développement, sans oublier l'appui du Gouvernement de Salut Public aux Associations et ONG féminines.

En résumé, nous pouvons penser que l'économie de la République démocratique du Congo serait l'une des économies les moins compétitives d'Afrique , la RDC faisant partie des pays les moins avancés (PMA), étant classé en 2006 parmi les dix pays les plus pauvres du monde. Sa structure économique est comparable à celle des autres pays de l'Afrique centrale, mais son économie est handicapée par une guerre civile larvée et un des niveaux de corruption les plus élevés de la planète (90(*)). La RDC, un des pays les plus vastes et les plus peuplés du continent africain, n'a pas le niveau de vie qui devrait correspondre à ses immenses ressources naturelles (minerais, bois précieux, produits agricoles, etc.).

Les inégalités y sont très marquées. Environ 80 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté fixé à 2 dollars par jour. Près de 44 % des femmes et environ 22 % des hommes n'ont aucun revenu. Les disparités régionales sont très fortes, avec un taux de chômage très élevé avoisinant les 40 % , des salaires et des prestations sociales dérisoires dans tout le pays.(91(*))

Elle occupe, en 2008, selon la Banque mondiale, la 178e position, c'est-à-dire la dernière place sur la liste des pays du monde considérés d'après leurs capacités à offrir de réelles facilités de faire des affaires (92(*)). Après une période de relatif dynamisme économique, la RDC a subi une sévère dépression entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2000, liée à une gestion marquée par la corruption, puis aux guerres civiles qui ont ravagé le pays. Avec une croissance de 8,2% en 2008 et de 2,7% en 2009, elle a ensuite été l'un des pays d'Afrique les plus touchés par la crise de 2008-2009 (93(*)).L'agriculture reste le principal secteur de l'économie, représentant 57,9 % du PIB en 1997, et occupait 66 % de la population active

Malgré l'important potentiel du pays, la corruption s'est très tôt installée, sous le régime de Mobutu Sese Seko (1965-1997), avec une mainmise du pouvoir sur l'économie pour en détourner les profits dans le cadre d'un enrichissement personnel. La désorganisation du pays était telle qu'au début des années 1990, l'économie souterraine du Zaïre était estimée à trois fois le montant officiel du PIB (94(*)).

L'histoire économique récente de la RDC est jalonnée de plusieurs tentatives d'assainissement et de redressement de l'économie. Confronté aux déséquilibres financiers, à la montée de l'endettement et à la stagnation de la production, le pays a été contraint, dans les années 1970 et 1980, à adopter les politiques de stabilisation et d'ajustement structurel recommandées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (95(*)).

Malgré la succession de plans économiques financés par les institutions internationales, depuis l'accession à l'indépendance, qui soutiennent le régime Mobutu, « allié de l'Occident » , l'inflation, le déficit budgétaire et la dette du pays, qualifiée par la suite de « dette odieuse » , n'ont fait que croître sous le régime de Mobutu. Au début des années 1990, face à la corruption endémique, la Banque mondiale et le FMI en vinrent à suspendre leur aide, et la plupart des interventions bilatérales furent arrêtées. La RDC fut incapable de faire face aux échéances de payement de la dette et les lignes de crédit du FMI furent arrêtées en février 1992, celles de la Banque mondiale en juillet 1993. Malgré l'introduction d'une nouvelle monnaie, le nouveau Zaïre (NZ), la gestion des devises resta anarchique, et l'inflation atteint 9 800 % en 1994, les prix en magasins changeant plusieurs fois par jour (96(*)).

En mai 1997, l'AFDL, dirigée par Laurent-Désiré Kabila, prit le pouvoir et évinça le régime de Mobutu à l'issue de la Première guerre du Congo. Sous Kabila, le gouvernement et les entreprises publiques entamèrent un programme de reconstruction et tenta d'assainir la situation, alors que la RDC devait au Club de Paris 7 milliards d'euros. Le gouvernement commença par réformer le système d'imposition corrompu, les forces de police, et initia la remise en état du réseau routier laissé à l'abandon. Le Franc congolais fut réintroduit. (97(*))

En août 1998, la guerre éclata en RDC à la suite de désaccords entre Laurent Désiré Kabila et ses anciens alliés du Rwanda et de l'Ouganda. À cette époque, quelques progrès avaient été réalisés pour le rétablissement de l'économie du pays, mais les problèmes majeurs d'infrastructures de transport, de douane et d'imposition restaient pendants. Les finances publiques de l'État n'avaient pas été assainies et les relations avec le FMI et la Banque mondiale restaient conflictuelles. De nombreuses rentrées gouvernementales n'étaient toujours pas comptabilisées et non incluses dans les statistiques officielles. Les relations avec la Banque mondiale furent suspendues à la suite de l'impossibilité de finaliser un accord avec le Fond d'investissement de la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) pour la République démocratique du Congo. (98(*))

Le début de la deuxième guerre du Congo en août 1998 fut à l'origine du déclin de l'économie qui s'est poursuivi jusqu'au milieu des années 2000. Le territoire se retrouva divisé entre une zone gouvernementale et des zones rebelles, ce qui mit fin au commerce entre ces zones. Dans leur ensemble, les relations commerciales entre les différentes régions du pays restent faibles encore aujourd'hui.

Après une reprise de l'inflation en août 1998, le gouvernement commença à essayer de réguler les prix par des lois. Il reprit également le contrôle des exportations. Ensemble, ces mesures affectèrent grandement la continuation des activités liées au commerce extérieur. De plus, les succès restreints de la lutte contre l'inflation et la dépréciation de la monnaie furent anéantis dès le début de l'offensive rebelle dans l'est du pays. La guerre réduisit drastiquement les revenus du gouvernement et accrut la dette extérieure. Les acteurs du commerce extérieur se firent moins présents, cela étant lié aux incertitudes sur l'issue du conflit et à l'augmentation du contrôle et de la pression fiscale du gouvernement. L'écart important entre le taux officiel et celui pratiqué en rue pour la vente de francs congolais contre des dollars US força les commerçants à évaluer leurs biens importés au taux officiel pour acheter des devises locales.

Les ressources de l'est du pays furent désormais exploitées par les forces rebelles ou les occupants étrangers. Le Rwanda devint par exemple exportateur de diamants et de coltan, bien que n'en disposant pas sur son territoire national.

Les infrastructures défaillantes, un cadre légal incertain, la corruption, un manque d'ouverture économique et financière de la part du gouvernement, restent des freins à l'investissement et à la croissance économique. Le FMI et la Banque mondiale (99(*)) multiplient les collaborations avec le nouveau gouvernement en vue de restaurer des plans économiques cohérents, mais les réformes institutionnelles peinent à suivre. Face à la dépréciation de la monnaie, le gouvernement a pris des mesures drastiques en janvier 1999 : le dollar US fut banni des transactions commerciales courantes, position qui fut revue plus tard. Le gouvernement peine toujours à promouvoir les exportations, bien que l'impression de nouveaux billets ait repris. La croissance économique fut fortement négative en 2000 de par la difficulté de satisfaire les conditions fixées par les donateurs institutionnels, les faibles exportations et l'instabilité régnante.

Les conditions économiques se sont améliorées depuis fin 2002, avec le retrait de la plupart des troupes d'occupation. Plusieurs missions du FMI et de la Banque mondiale sont intervenues pour mettre en place des plans de développement, et le gouvernement de transition a commencé la mise en oeuvre des premières réformes. Une grande part de l'économie du pays reste cependant hors des indicateurs du PIB, l'économie souterraine restant majoritaire.

Avec une paix relative dans le pays depuis 2003, la RDC envisage d'augmenter ses exportations d'électricité vers le Zimbabwe et l'Afrique du Sud jusqu'à 500 mégawatts (essentiellement produite à partir du barrage d'Inga). La distribution d'électricité est actuellement confiée à une société zambienne.

§3. Présentation géopolitico stratégique

La République démocratique du Congo (RDC) est le troisième pays africain, eu égard à la fois à sa superficie de 2 345 000 km2 et à sa population estimée actuellement à 52.009.000 habitants (100(*)). Elle est constituée à 58,9 % des jeunes de moins de 20 ans (101(*)). Au regard de sa capacité habitable, elle est le premier pays africain parce que les deux premiers pays (le Soudan et l'Algérie) sont en grande partie désertiques. Elle est située au coeur de l'Afrique et partage ses frontières avec neuf pays, à savoir : la République du Congo au nord-ouest, la République centrafricaine au nord, le Soudan au nord-est, l'Ouganda, le Rwanda le Burundi et la Tanzanie à l'est, la Zambie au sud-est et l'Angola au sud-ouest.

La RDC est un pays qui est blotti au creux de l'Afrique, cette position fait d'elle un Etat central et augmente son importance stratégique et géopolitique, même si elle n'en bénéficie pas encore à fond. En effet, nous n'avons pas l'intention de souligner ici que c'est notamment grâce à ce pays que la deuxième guerre mondiale a connu un aboutissement heureux pour le camp occidental. Pendant la guerre froide, ce pays a servi longtemps de pilier stratégique du continent dans le containtment occidental contre l'avancée du communisme en Afrique centrale. Tout cela revient à dire que la RDC est un pays qui peut apporter un grand bien au monde, en général et à l'Afrique en particulier.

Stratégiquement, la RDC est une République qui est entourée de plusieurs influences et qui peut même représenter le monde. Grand comme un continent, avec des espaces très enviables, elle a autour d'elle des voisins francophones ( la République du Congo, la RCA, le Rwanda, le Burundi,). Comme elle même , ces voisins profitent tant bien que mal de leur appartenance à la communauté de la francophonie. Il ne faut pas non plus ignorer que , par rapport au nombre de ses habitants, elle est le premier pays francophone. Elle partage aussi des frontières avec les pays anglophones ( la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie), un pays lusophone ( l'Angola), un pays arabophone ( le Soudan).

Cette influence peut constituer des facteurs capitalisables en sa faveur.

Il y a une réalité géopolitico stratégique à souligner dans cette période post guerre froide. C'est que la RDC connait ces dernières années des changements de son importance nationale. En effet, la République Démocratique du Congo, pays blotti au creux de l'Afrique, se trouve en situation très envieuse dans le continent. Certains observateurs et spécialistes de la géopolitique disent, à juste titre, que la République Démocratique du Congo est le point central de l'Afrique et, par projection, du monde.

Certes, pendant la guerre froide, les puissances du monde libre avaient compris que le Congo devait jouer un rôle de premier plan dans leur lutte contre l'axe du mal : « le communisme ». Pour cela, Mobutu devait être soutenu. Ce soutien était important et impérieux dans l'opération de « containtment » du communisme angolais, en fournissant un précieux soutien aux troupes de Savimbi. La fin de la guerre froide a dégradé le rôle que jouait le Congo dans l'endiguement du communisme. Pour tout cela, le Congo ne représentait plus grand-chose sur le plan géopolitico stratégique américain et dans la représentation du monde libre).

En clair, la fin de la guerre froide va sonner la fin du rôle de zone de sécurité du monde libre qui revenait à la RDC. Les USA, cherchant les « New leaders » dans la sous région porteront leur choix sur KAGAME et MUSEVENI, L. Désiré Kabila étant écarté, jugé intransigeant et non coopératif. Ce choix marque également le début de la mise sur pied d'un vaste programme qui se concrétise petit à petit. Hier, le Congo exportait la sécurité dans la sous région des grands lacs, aujourd'hui, il est présenté comme base arrière des forces perturbatrices de la sécurité sous-régionale.

Désormais, son unique rôle est de fournir les matières premières à ceux qui en ont besoin, parce que lui-même n'étant pas capable de les exploiter à son profit ou de contrôler son exploitation. Les autorités qui se sont succédées jusqu'à ce jour ont grandement participé à cette option. Elles ont participé d'une manière ou d'une autre à la « bonne affaire », la pêche à l'eau trouble.

On constate une nette évolution ou un changement géopolitique interprovincial du Congo. En effet, le Congo reste aujourd'hui un pays semi enclavé. Sa seule sortie précieuse est l'océan atlantique via fleuve Congo. Jusque peu, avant tous les problèmes qu'il a connus, toutes les marchandises ne pouvaient sortir du pays que par voie maritime au port de Matadi. Il faut également affirmer que cette situation a été renforcée par l'insécurité de la voie de Dar-Es-Salam et de Lobito voies devenues impraticables pendant des décennies.

En effet, le Congo est divisé en deux grandes parties : le «Congo utile » et le « Congo inutile ». Le Congo utile, est composé de toute la partie Est, c'est-à-dire le Nord de la Province orientale, la région de l'Ituri, le Nord et le Sud Kivu, les deux Kasaï et le Katanga, en raison des zones minières qui s'y trouvent, faisant l'objet de la convoitise des multinationales et de certaines grandes puissances. Le Congo inutile, c'est le reste des provinces, c'est-à-dire l'Équateur, le Bandundu, le Bas Congo et Kinshasa.

Ces concepts sont à considérer dans le cadre de la nouvelle géopolitique de la République Démocratique du Congo. Nous n'en voulons à personne. Nous rendons compte tout simplement de la nouvelle perception de la géopolitique de la République Démocratique du Congo dans l'optique des grandes puissances et de ces multinationales. Toutes les activités économiques importantes (minières) de la République Démocratique du Congo sont dans la partie utile du pays. C'est ce qui explique aujourd'hui tout le problème que l'Est du Congo connaît. Cette réalité a délocalisé l'importance de l'Ouest pour l'Est.

De ce qui précède, nous observons une modification essentielle, une délocalisation sérieuse des activités économiques de la République Démocratique du Congo, l'axe attractive. De même manière qu'il avait glissée à l'Ouest, il se déplace vers l'Est. Le centre de gravité des activités et des opérations tend à s'établir à l'Est. Le rôle de l'atlantique s'évanouit pour céder la place à l'océan indien. Cette raison explique la situation de l'Ituri, de Goma et de Bukavu sur le plan international à laquelle on ajoute les attractions vers Dar-Es-Salam, Kampala, Lusaka et autres. (102(*))

SECTION II. LA CRISE DE L'ETAT CONGOLAIS ET SES CONSÉQUENCES SUR SA POLITIQUE ÉTRANGÈRE

§.1. La crise de l'État Africain

Il est vrai que la crise de l'État est générale. Avant de la traiter en particulier pour la RDC, il nous convient de penser d'une manière ou d'une autre à la crise de l'État moderne en Afrique. En effet, les États africains d'une manière générale sont en crise et celle-ci se présente sur plusieurs aspects. Aux yeux de plusieurs analystes, l'État africain est confronté à deux situations actuelles. La première est relative à sa vraie nature, c'est-à-dire au fait qu'il soit un État importé combiné à un processus d'hybridation et la deuxième est son incapacité à réaliser l'idéal étatique que l'on attend de lui, c'est en fait sa situation de faillite. De deux situations, C'est finalement moins la question de l'État importé qui est en cause que sa faillite. L'analyse que nous présentons dans cette partie du texte constate avec regret que depuis les indépendances, les États africains ont, une simple souveraineté négative celle-ci les oblige à accepter des interventions extérieures, de la part d'anciennes métropoles, d'autres puissances ou de la communauté internationale.

En outre, la guerre froide a bien transposé le continent Africain en un terrain d'affrontement entre les deux blocs. L'URSS, souvent par l'intermédiaire des forces cubaines, y a soutenu des mouvements de libération et certains gouvernements (Angola, Mozambique, Éthiopie de Mengistu, etc.). De leur côté, les Occidentaux sont intervenus, par exemple, en RDC et en Afrique du Sud, en soutien au régime de l'apartheid contre ses voisins du nord. Quant à la Libye du colonel Kadhafi, elle a longtemps accueilli, soutenu et armé de nombreux mouvements recouvrant des causes très diverses et intervenant très activement au Tchad ainsi qu'en Ouganda et au Soudan. (103(*))

De ce qui précède, l'État africain qui est une structure d'importation ne peut en aucune manière répondre aux besoins de ses innombrables populations. Ainsi, sur tous les plans, l'État africain est faible. L'affaiblissement des États a entraîné de brusques flambées de violence alimentées par la pression démographique et la question foncière. La démission de l'État en Afrique a créé des souverainetés de substitution. Ainsi, les clivages d'ordre ethnique, socio-économique ou religieux ont été instrumentalisés par des forces inconnues. (104(*))

La perte de contrôle des États sur le territoire national a suscité aussi des phénomènes de recomposition territoriale, en particulier au niveau des marges et des zones frontalières, où se sont développés de nombreux trafics jouant sur les différentiels des taux de change et sur les réseaux mafieux (drogue, diamants, etc.). L'émergence de ces territoires trans-étatiques informels révèle certes la faiblesse actuelle de nombreux États. Elle apparaît également comme un élément de réorganisation territoriale qui ne remet pas en cause les frontières étatiques, mais au contraire les exploite (105(*)).

Les éléments que nous avons soulignés dans les lignes qui ont précédé peuvent encore être précisés sur le plan d'analyse économique. En effet, depuis la conclusion du traité de Westphalie (1648), le principe d'organisation de la société et de la souveraineté, en particulier en Afrique, les allégeances communautaires, ethniques, tribales, s'apposent à la construction étatique.

Actuellement, les États nations, fondement de la démocratie moderne, se débattent dans de grandes difficultés d'adaptation au contexte de l'intégration mondiale. Plusieurs points méritent d'être soulignés. L'État nation s'est constitué pour répondre à un besoin de sécurité, avec une armée, ciment de la défense. Si en Europe la notion d'ennemi extérieur ne se pose plus, en Afrique elle est d'actualité. L'ouverture des frontières a diminué les possibilités de contrôle de l'État sur les citoyennes et citoyens qui participent à des réseaux transnationaux, se déplacent, physiquement ou virtuellement. Notons, pourtant, que la disparition des frontières n'est certes pas complète, dans la mesure où la plupart d'entre elles restent effectives sur les plans institutionnel, juridique et culturel.

L'État perd, peu à peu, ses principales compétences, devant une économie privatisée et internationalisée de plus en plus, et aussi dans certains domaines qui doivent être gérés au-dessus de son niveau : environnement, santé, criminalité, communication... Il est ancré à son territoire national et enserré dans une série de contraintes politiques, institutionnelles et juridiques alors que les entreprises sont beaucoup plus libres d'agir au niveau mondial. Enfin, les minorités, les régions, les villes, les ethnies, les diverses catégories sociales réclament une certaine indépendance et mêlent autonomie culturelle et politique (106(*)).

Si la situation continue, elle affectera la substance même de l'intérêt national. En effet, beaucoup d'économistes affirment que dans un monde sans frontières l'intérêt national n'a plus vraiment sa place, l'État n'étant le plus souvent qu'un organisme à subventions et protection sociale. Certains écrivent, par exemple: « Dans une économie planétaire, à l'ère de l'information, des travailleurs compétents, des réseaux étendus de fournisseurs, les ingrédients qui sont le «diamant» de la compétitivité, fonctionnent aussi bien, et peut-être mieux, quand ils sont localisés de part et d'autre de frontières politiques et échappent ainsi au fardeau de l'intérêt national (107(*)).

Il serait impossible d'exploiter toutes les ressources de l'économie planétaire tant que les États mettent au premier plan l'intérêt national et la défense de leur souveraineté. Ils devraient, au contraire, aider les initiatives régionales à créer des points d'accès économiques dans d'autres pays. Un défenseur de cette idéologie donne l'exemple suivant : « Les États-Unis sont bien préparés à jouer ce rôle de catalyseur grâce à leurs ambitieux mouvements de déréglementation de l'économie et à leur longue tradition de décentralisation au niveau des États sous un parapluie fédéral. Quarante-sept des cinquante États ont, par exemple, leurs propres représentants au Japon (108(*)). »

La structure étatique qui est en crise a entraîné la crise des services publics. La fonction publique n'est si pas totalement à la rue, mais n'existe que de non. L'armée et la police sont généralement à la solde des dirigeant véreux qui les ont détournés de leurs missions classiques celle de la protection de l'État et des personnes ainsi que de leurs biens. Décrite de cette manière, ces services publics ne peuvent plus rien représenter face aux acteurs internationaux. En pleine modernité, l'Afrique ressemble aujourd'hui en la situation de la fin du Moyen Âge où les seigneurs n'accomplissaient plus leur rôle de solidarité communautaire, mais essayaient surtout d'accroître leur richesse en oubliant les autres.

Un autre élément à souligner est bien sûr les multinationales. Elles contribuent donc de manière déterminante à façonner l'environnement et à effriter l'autorité de l'État africain. Jamais dans l'histoire, les entreprises privées n'ont eu un tel pouvoir. Elles n'obéissent plus à aucun critère démocratique, mais imposent des modes de production et de consommation, des modes de vie, choisis par elles. Parce qu'elles suscitent des investissements, créent des emplois, apportent des revenus, elles sont choyées par les gouvernements qui se font une intense concurrence pour les attirer. Elles échappent à la démocratie puisqu'elles ne peuvent être sanctionnées par personne (sinon par leurs résultats économiques), puisqu'elles n'ont de comptes à rendre qu'à leurs actionnaires, et ne subissent pas le contrôle fiscal de leur pays d'origine. (109(*))

Toute analyse portant sur la crise de l'État due au phénomène économique ou à toute autre transformation doit, à notre humble avis, tenir grandement compte des facteurs organisateurs de l'État moderne. En effet, selon une définition largement partagée, l'État, mieux, l'État moderne, est constitué de trois éléments de base : un territoire, sa population et un pouvoir souverain.

La fin des territoires, la mobilité transnationale et le mélange des populations et de leurs identités, ainsi que l'érosion de la souveraineté sont trois phénomènes dans lesquels nous sommes immergés et qui nous affectent personnellement et continuellement.

Nous allons, ici analyser, ces facteurs afin de comprendre ce qui arrive à l'État nation actuel. En effet, le territoire est un espace dans lequel nous vivons. Tout d'abord, le territoire n'est pas une date, mais une construction : historiquement, il y a un pouvoir politique ainsi qu'un État qui lui donne des frontières, le fait de devenir un lieu spécifique où ses règles et obligations affectent la population qui y vit et lui donne un nom, déterminant ainsi« l'intérieur » et « l'extérieur ». (110(*))

Mais, la mondialisation, la révolution scientifique et technologique des moyens de transports et de communication ont commencé à déconstruire  de tels territoires. En effet, les territoires sont de plus en plus traversés par des flux transnationaux de biens, de capitaux, de populations, d'informations et de signes (images, sons, valeurs). De tels flux (l'extérieur pénétrant l'intérieur) échappent de plus en plus au contrôle des États, des réglementations et des directives. Les espaces destinés aux relations et aux activités de la société deviennent de plus en plus nombreux (prenez par exemple l'espace de communication sur le web, ou bien celui de la finance, des communautés et diasporas) et rompent la continuité et l'unité des territoires de l'État, traversent leurs frontières et sont interconnectés à travers des réseaux transnationaux appartenant à ces territoires. (111(*))

Le deuxième élément constitutif de l'État est la population. Il est également de plus en plus sujet aux dynamiques de la mondialisation et de la révolution scientifique et technologique. Les processus de migration de différentes natures et origines, ainsi que la mobilité transnationale professionnelle sont les principaux facteurs de ce changement.

L'homogénéité réelle ou prétendue (par les mythes et idéologies nationaux) et l'identité unique des populations n'existent plus. Plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde entier ont des identités liées (anglo-indiens, sino-américains, italo-australiens... etc.) ou tout du moins des identités flottantes. Ils se sentent appartenir à de multiples cultures, acquièrent des nationalités multiples, vivent la diversité et la complexité des langues, des cultures, des religions et expérimentent plusieurs expériences et modèles de vies.

Des territoires déconstruits et hybrides, des populations vivant en diasporas, c'est le difficile puzzle que les politiques et les États ont à gérer dans une ère mondiale. Comment faire en sorte que des groupes d'individus de différentes origines, langues, cultures, religions vivent en paix et profitent ensemble du même territoire - bien que désarticulé, comme nous l'avons dit, en de nombreux espaces relationnels qui pourraient même devenir de plus en plus transnationaux ? Comment éviter le risque des conflits d'identité et d'épuration ethnique qu'une telle complexité peut engendrer ? Quelle architecture institutionnelle, quelles politiques sociales et culturelles devraient être élaborées pour y faire face ? (112(*))

Le troisième élément constitutif de l'État est la souveraineté. Dans sa définition traditionnelle, c'est le pouvoir « qui ne reconnaît aucun autre pouvoir au-dessus de lui et est la source de tous les pouvoirs en dessous de lui ». (113(*)) Dans la pratique, il y a désormais beaucoup de signes et de raisons, indiquant d'une part un changement des voies et des pouvoirs de la souveraineté, et, d'autre part, son érosion croissante. A l'origine de l'érosion et de la mutation du pouvoir de la souveraineté se trouvent de nombreux facteurs, non pas occasionnels, mais structurels :

· de manière transversale et fonctionnelle, l'émergence des sociétés civiles, non seulement nationales, mais aussi mondiales ;

· de manière descendante, la croissance des pouvoirs régionaux et locaux ;

· de manière ascendante, le développement de formes intergouvernementales et, dans certains cas même, des pouvoirs supranationaux (comme l'Union Européenne).

La souveraineté de l'État a changé et a connu une érosion du fait de la croissance de pouvoirs locaux et régionaux, qui se plaignent, négocient et souvent conquièrent sur le terrain leur propre autonomie. La souveraineté est de moins en moins la source de tous les pouvoirs en dessous d'elle-même, selon sa définition traditionnelle, car la mondialisation propose toujours plus souvent aux niveaux locaux de raisons et d`opportunités pour une plus large autonomie, sinon pour la séparation. (114(*))

Enfin, la souveraineté s'est également érodée par le dessus, à la fois par le nombre croissant de traités et réseaux internationaux, qui forcent les États à explicitement reconnaître les pouvoirs au-dessus d'eux-mêmes.

Il y a aujourd'hui, selon certaines estimations (par exemple, plus de 2 000 organisations internationales (elles étaient seulement 123 en 1951), plus de 100 courts internationales de diverses natures et fonctions, autant de corps quasi juridictionnels, et un nombre important et croissant de normes universelles, qui touchent à la fois les administrations nationales et les individus. (115(*))

De plus, d'importants processus d'intégration régionale sont initiés à un niveau continental (l'Union Européenne, mais aussi le Mercosur, l'Union Africaine,), qui peuvent entraîner des processus de réallocation et partagent comme les États les fonctions et les pouvoirs (pas seulement économiques). Comme l'a écrit Zaki Laidi et même - dans ses relations avec la société civile, les pouvoirs locaux et régionaux, les corps internationaux et supranationaux - l'État n'est plus un « Tout », comme veulent bien le prétendre les souverainistes traditionnels, mais seulement une partie, et est forcé de négocier son propre rôle et son propre pouvoir avec d'autres  parties  sous la forme d'une gouvernance multi acteurs et multi niveaux. (116(*))

Étant donné ce cadre analytique et d'interprétation, à quels défis doit faire face aujourd'hui un État en mutation, à la souveraineté érodée, et luttant, comme nous l'avons vu, avec un puzzle difficile et sans précédent composé de territoires fragmentés et de populations mobiles vivant en diaspora ? Le fait est que les États traditionnels, même le plus important et le plus puissant d'entre eux, ne sont plus capables d'assurer à leurs citoyens, sur leur propre territoire, les biens publics  fondamentaux pour fournir ce pour quoi ils ont été créés et ont été, au moins dans l'ère moderne, légitimés : paix et sécurité, développement économique, cohésion sociale, bien être public, protection de l'environnement, éducation... etc.

Ces biens, dans l'ère de la mondialisation, devraient soit être produits et assurés ailleurs, ou bien ne pourront plus être produits et assurés au niveau d'un seul État. En effet, comment la santé pourrait-elle être assurée aux citoyens d'un État, en présence d'une diffusion transnationale des maladies ou bien des conséquences des désastres environnementaux qui ont eu lieu ailleurs, dans une autre partie du monde ? Comment assurer la sécurité au sein des frontières de l'État, quand elles deviennent toujours plus poreuses, l'« extérieur » pouvant presque toujours se retrouver à l'intérieur, l'ennemi pourrait-il vivre dans notre maison ? Tous ces aspects, parmi d'autres, nourrissent une culture et une politique regrettable de peur et de suspicion qui contribue à une dégénération autoritaire des droits et, comme à un processus, de participation et d'inclusion.

§2. La crise de l'État Congolais

La crise de l'État congolais, traitée dans une dimension historique, tire ses origines depuis bien de temps. En effet, le Congo comme État est une création factice des grandes puissances. Il faut reconnaître que les grandes puissances l'ont créé comme un État tampon qui empêcherait la rencontre des plusieurs influences. Le Congo n'a pas été créé pour vivre longtemps comme un État nation qui réaliserait les missions régaliennes que l'on reconnaît à un État moderne. Pour bien comprendre la crise de l'État congolais, il faut bien de choses. La première est la dimension pédagogique et scientifique de l'analyse pour éviter la passion. Pour y arriver, il faut bien analyser les fondements interne et externe de la crise.

2.1. Les fondements internes de la crise de l'État Congolais

2.1.1. L'instabilité structurelle et insurrectionnelle revisitée

Depuis son accession à l'indépendance, la République Démocratique du Congo a été plongée dans une longue spirale de violences politiques : mutinerie de la force publique en 1960 ; la sécession katangaise et du sud Kasaï de 1960 à 1963 ; l'assassinat de Lumumba en 1961, les insurrections mulelistes au Kwilu en 1964 ; la rébellion des Simba au Kivu de 1964 à 1968 ; les guérillas lumumbistes dans les années 1970 et les offensives des gendarmes katangais en 1977-1978. L'agression Belge... Tout cela a plongé la jeune république dans une crise qui a des conséquences jusqu'aujourd'hui.

Dans les années 1990, plusieurs formes de violences politiques sont réapparues, alimentées par la recrudescence du régime MOBUTU et l'effet de différentes crises ensanglantant la Région des Grands Lacs. Cette réalité est tellement répétitive que l'on pense à raison que c'est devenu une fatalité. Ainsi, on peut lire, au Congo/Kinshasa, l'histoire est étonnamment répétitive, émaillée d'événements presque semblables : des mains coupées par le roi Léopold II, on est passé aux tortures coloniales des colons belges et l'exploitation des ressources naturelles... (117(*))

Ce constat peut être poussé loin pour s'assurer de la véracité de la réalité. Des rébellions, sécessions et révocation mutuelle de la première République ou agression belges, nous sommes arrivés, après l'accalmie dictée par les grandes puissances en imposant Mobutu comme l'homme providentiel, à la fin de la guerre froide, à une longue et interminable transition marquée par la revisitation de la cohabitation Kasavubu- Lumumba, remplacé par le duo Mobutu- Tshisekedi, les rébellions de l'est et l'agression qui s'en est suivi, les tables rondes et autres.

L'instabilité structurelle et insurrectionnelle est une pièce qui confirme la crise de l'État congolais. En effet, depuis près de cinquante ans, ce cycle continu sans être arrêté. Les gouvernements se succèdent et rien n'est fait. De ce qui précède, il est important de faire remarquer que l'État peut être entendu de deux manières différentes selon l'option structurelle ou encore organisationnelle. Voir aujourd'hui la manière dont les politiques gouvernementales s'opérationnalisent et les résultats sur terrain, nous pousse à croire que l'État congolais n'existe que sous forme structurelle, c'est-à-dire un peuple, un territoire et un gouvernement. Sur le plan fonctionnel, cet État a carrément démissionné. Il est incapable d'assurer la sécurité de ses frontières, celle de ses populations, incapable de donner les minimums d'une vie acceptable à ceux qu'il emploie. Ce qui est grave encore, est le fait que certain de ses employés sont plus riches que lui-même. L'État congolais est vraiment, sur plusieurs plans, dans la rue. Aucun programme social ne lui réussit.

Dans le contexte particulier de la RDC, l'effondrement de l'État congolais a paralysé le gouvernement, il a perdu et fonctionne sans aucune source de légitimité charismatique ou institutionnelle aux vues de forces centrifuges qui contestent avec lui. Il faut noter qu' au Congo, la crise de l'État est grandement perceptible de par la sécurité, qui est souvent assurée de plus en plus par les groupes et réseaux privés : Communautaires, affairistes ou symboliques d'appartenance. (118(*)).

L'État est devenu l'instrument de sécurisation des intérêts de quelques groupes privés (réseaux affairistes, multinationales, pays étrangers,..). Tous les secteurs de la république sont en crise, même les secteurs vitaux comme l'armée et l'administration publique. L'armée congolaise n'existe plus que de nom. Sa déliquescence est liée à sa politisation, au népotisme, à la corruption et au détournement. Cette déliquescence a été à l'origine de sa déroute face aux troupes de l'AFDL, d'abord puis à celles des mouvements rebelles comme ceux du RDC, MLC et autres.

En effet, dans la République Démocratique du Congo, l'armée républicaine n'existe pas, le petit noyau existant avant l'AFDL a été carrément détruit au profit des composantes militaires. Pour être précis, c'est bien les divers programmes comme l'intégration, le brassage et autres qui ont emporté le noyau militaire qui restait encore au pays. Celle-ci obéit à des individus et à des missions propres.

2.1.3. Le tribalisme, ethnicisme, crise foncière et crise identitaire

Une autre dimension de la crise interne de l'État congolais est sans nul doute le tribalisme et l'ethnicisme. En effet, depuis le début de la deuxième république, le tribalisme ou l'ethnicisme est une réalité devenue patente. Cette réalité a revisité une fois de plus la République. En effet, la période allant de 1996 à 2003 est caractérisée par le conflit d'une taille importante qui enfonce encore de plus la banqueroute de l'État. Pendant cette période, l'érosion de la compétence du gouvernement et surtout sa capacité à imposer son autorité sur toute l'étendue du territoire est perceptible. Ce fait a laissé place à l'érection des souverainetés de substitution (les mouvements rebelles, les milices et autres groupements mafieux). Le tribalisme est érigé à un principe constitutionnel (la géopolitique). La crise identitaire est bien rattachée à la démission de l'État de la gestion de son autorité sur toute l'étendue du territoire national.

En effet, le vide laissé par l'État a été vite comblé par les structures de légitimité de substitution. Fort malheureusement, l'élément organisateur de ces structures est principalement l'élément ethnique, racial ou religieux. C'est notamment le cas des structures comme, les Banyamulenge, le Cndp de Nkunda, le BDK de l'honorable Ne Mwanda Nsemi, des Mai mai et autres. Toutes ces structures ont commencé à contester à l'État sa légitimité et sa capacité de s'imposer sur eux. Ainsi, il se replit pour exiger la construction de leur propre État ou encore dans l'esprit leur rattachement à des États étrangers. Il faut noter que la mauvaise gestion étatique de la question des banyamulenge, ainsi que la généralisation des violences au Rwanda et au Burundi provoquent un fort repli identitaire au sein des Banyamulege, soucieux de se défendre.

2.2- Les fondements externes de la crise congolaise

Pour appréhender les fondements externes de la crise congolaise, il convient de voir le passé colonial, la gestion interne de la chose publique, les crises rwandaises ou burundaises et les jonctions des crises régionales.

2.2.1. Le poids de l'héritage colonial

Sans être paranoïaque, il ne serait pas hasardeux de soutenir la thèse selon laquelle la politique coloniale Belge a contribué d'une façon spéciale au chaos congolais. En effet, déjà ce que les scientifiques appellent le génie du roi Léopold II dans le sens de venter son sens fini de diplomatie est un début de la déconfiture actuelle de la RDC. Pour cela, Colette Braeckman a souligné «  ...au prétexte scientifique se superpose assez vite un premier subterfuge : le roi, à l'intention des Britanniques et des Américains, propose de faire de tous les territoires présents et futurs, de l'AIC, une zone de libre échange. Quant à la France, Léopold II désarme son éventuelle hostilité en lui proposant, en 1884, un droit de préemption sur le territoire, au cas où il abandonnerait son projet. La manoeuvre est habile : les puissances de l'époque se surveillent et se neutralisent , et la grande Bretagne et le Portugal hésitent désormais à bousculer le roi des Belges, dans la crainte qu'il ne cède alors son territoire aux Français, lesquels se contentent d'attendre et de voir venir...

Alors que l'État Indépendant du Congo est créé en 1885, il est reconnu comme la propriété personnelle de Léopold II, mais surtout le bassin dit conventionnel du Congo devient une zone dite de libre échange et de libre navigation. Autrement dit, ce territoire devient, en principe ouvert à tous... » (119(*))

Avant même de trouver un héritage colonial qui ferait mal à la jeune république, il faut bien noter celui là. En claire, les puissances internationales ne cessent de considérer la RDC comme un res nulius, c'est -à- dire n'appartenant à personne, un espace neutre. Cette réalité va avoir beaucoup de conséquences sur la vie de la RDC et surtout sur sa politique étrangère. La colonie du Congo belge a été victime de la violence coloniale exportée par la Belgique, d'abord sous l'État Indépendant du Congo, propriété privée du Roi Léopold II (1885- 1908) et sous la colonisation belge (1908-1960). (120(*))

A bien d'égard, l'approche coloniale belge, par son insistance à ne pas favoriser l'éclosion d'une élite intellectuelle et politique bien formée, a contribué à installer le chaos dans ce pays. L'autorité coloniale n'envisageait pas de faire acquérir aux indigènes une culture politique destinée à les préparer à la gestion de la chose publique. (121(*)) La situation de carence de cadres politiques, découle de la politique coloniale qui ne voulait pas créer des universités pour favoriser la formation des mécontents et agitateurs. Il fallait un enseignement primaire très largement diffusé, coiffé d'un enseignement secondaire réduit et orienté vers les domaines de formation professionnelle.

S'il nous était demandé de résumer cette partie, nous serions tenté de dire que les États Africains subissent une crise sans précédant, celle-ci est relative à la nature même de leur État nation. Cette dimension de crise nous pousse à nous interroger sur la définition même de l'État en Afrique et pensant que les facteurs organisateurs de l'État moderne : le territoire, la population et le pouvoir souverain ne suffisent plus à l'État africain.

Il faut lui ajouter une potentialité à survivre ou à vivre. Au cas particulier de la RDC, il ne serait pas hasardeux d'affirmer que l'État congolais est en crise depuis son indépendance. La première phase de sa crise est la nature même de son État ou les circonstance de sa création. Si nous affirmons que l'État congolais est une création factice des grandes puissances, ceci revient à dire que la RDC a été créée comme un État tampon au centre de l'Afrique. C'est à ce niveau que l'on peut comprendre la notion de la neutralité du bassin du Congo, le droit de préemption que la France n'a cessé de faire valoir et le tollé international que le non respect de la liberté du commerce et de navigation dans le bassin a suscité sur le plan international.

La création de la RDC a fait l'objet d'un pacte stratégique entre les grandes puissances d'avant la première guerre mondiale.

Sur le plan interne, tout est fait que ce pays ne soit jamais stable et capable s'assurer son développement économique et exporter la paix, la stabilité et le développement en Afrique centrale. En plus, les gouvernements qui se sont succédés ont apporté chacun son effort dans la déconfiture de l'État. De ce qui précède, en RDC aujourd'hui, il se pose un problème de la maîtrise de l'État sur son propre espace territorial. Les crises militaires que la République a connues, surtout avec le partage du pouvoir pendant le régime de 1+4, ont créé un Congo des milices et des composantes. Conséquence, l'atomisation du territoire et l'érection de souveraineté de substitution. Le caractère plural et hétérogène de la République la dispose à une fin programmée.

Sur le plan économique, la RDC est un État patrimonial et clientéliste. Pour tout cela, nous pouvons affirmer avec Yameogo «  il y a partout en Afrique des contestations relatives au territoire. Ces contestations sont parfois si violentes qu'elles débouchent sur des irrédentistismes. C'est cette situation que vivent les pays comme le Sénégal avec la question casamançaise. En Éthiopie, la même situation s'est présentée, mais à la seule différence que nous avons affaire à plusieurs irrédentismes. C'est le même problème qui se pose en Somalie, avec cette nuance d'importance que la contestation a conduit à la disparition de l'État à travers l'atomisation du territoire tombé entre les mains des groupes armés. Comme à l'apogée de l'ère des seigneurs dans la Chine ancienne de 1916-1919, la Chine est l'objet d'une profonde instabilité chronique : le pouvoir s'est émietté entre les mains des bandes militaires qui rivalisent entre elles pour la conquête du pouvoir ». (122(*))

SECTION III. LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA RDC DANS LE TEMPS

Il est important de souligner dès le départ qu'il y a un sérieux danger d'analyser cette partie sans tenir compte des études antérieures faites. Cependant, plusieurs ont une grande faiblesse, celle ci se rapporte à l'option historique prise par ces études. Cette option propose plus l'histoire diplomatique du Congo qu'une véritable politique étrangère de ce pays. De notre part, nous aborderons cette partie en faisant de l'eclertisme. C'est- à-dire, en mettant ensemble toutes les tendances tout en privilégeant l'option politique qui tient d'abord compte de la formulation, des acteurs et de leur compétence, des facteurs qui ont conduit à la prise de décision de la politique étrangère.

Cet éclertisme est savamment soutenu par l'étude de LABANA ET LOFEMBE (123(*)). En effet, notre recours à l'option historique tient au choix de notre plan détaillé sur les périodes qui ont marqué notre pays.

§. 1. La Politique étrangère du congo pendant la Première République

La première partie de l'histoire politique du congo, communémment appélée première République, est caractérisée par de grandes crises internes et dans une configuration du système international mal maitrisée qui ont failli emporter la jeune République. En effet, il faut noter que les conditions particulières de l'indépendance de cette République, le processus suivi pour y accéder fait que le début de la gestion de sa politique étrangère soit un résultat d'un désordre inésperé. En effet, cette période va de 1960 à 1964, avec l'adoption de la constitution de LULUABOURG. Pour bien analyser cette partie, nous recourerons à la constitution qui a régi la République à son accession à l'indépendance, la loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux structures de la république. Cette constitution porte des évidences qu'il faut relever ici. En effet, elle est l'oeuvre totalement des Belges, dans son élaboration et dans sa promulgation. Le parlement Belge l'a élaboré et le roi l'a promulgué. Elle n'est pas passée par un quelconque référendum d'acceptation des populations congolaises. C'est un texte imposé aux congolais sans leur volonté.

1.1. La formulation

1.1.1. Les acteurs

Les acteurs politiques institutionnels et surtout ceux qui avaient une compétence sur la politique étrangère sont notamment :

l'exécutif ( composé du président de la République et du gouvernement),le législatif ( la chambre des représentants et des sénateurs)

1.1.2. Les compétences

Pour une raison uniquement pédagogique, nous voulons ici souligner d'abord toutes les compétences que la loi fondamentale attribue aux acteurs que nous avons cités et après revenir sur les spécificités de la politique étrangère.

1.1.2.1. Les compétences du président de la République

Le président nomme et révoque le premier ministre et les ministres (124(*))(article 22),il confère les grades dans les forces armées et dans la gendarmérie,il nomme aux emplois d'administration générale, il confère les ordres nationaux,civils et militaires(125(*)), il est compétent de battre la monnaie en exécution de la loi(126(*)).

le chef de l'Etat fait les traités, ceux-ci n'ont d'effet qu'après avoir reçu l'assentiment des chambres sous forme des lois.(127(*)) Il commande les forces armées de l'Etat, il fait des règlements et ordonnances nécessaires pour l'éxécution des lois, il sanctionnne et promulgue les lois, il est compétent dans les remises des peines,dans leur réduction et il peut les commuer, il convoque les chambres en session extraordinaire, il peut ajourner les chambres, il peut les dissoudre.

1.1.2.2. Les compétences du gouvernement

Les compétences sont reprises aux articles 35 à 37 de la loi précitée. Dans ces articles, le gouvernement est responsable devant les chambres, le premier ministre conduit la politique de l'Etat et préside le conseil des ministres, il dirige l'action gouvernementale, il soumet au président de la République les propositions relatives à l'exercice du pouvoir règlementaire et à l'éxécution des lois,il peut demander aux chambres l'autorisation pour le chef de l'Etat de prendre, par ordonnance-loi et pour une matière déterminée, des mesures qui sont notamment du domaine de la loi. L'article 49 de la loi fondamentale donne un pouvoir spécifique, en prévoyant par dérogation à l'article 25, alinéa premier. ce premier gouvernement aura pour tâche, même avant la désignation du chef de l'Etat,de conclure avec le gouvernement Belge un traité général d'amitié, d'assistance et de coopération.Il négocie, dans le cadre de ce traité, les conventions particulières à conclure entre le Congo et la Belgique, portant sur la modalité de coopération à intervenir , à partir du 30 juin, entre les deux Etats. Il est, en outre, habilité à conclure avec le gouvernement Belge des unions pour intervenir entre le Congo et le territoire du Rwanda- Urundi, notamment dans les domaines fiscal,monétaire,douanier, des postes, des télécommunications et de la radio.

1.1.2.3. Les compétences des chambres legislatives

Toutes les compétences reconnues à la législation sont conférées aux chambres. C'est-à-dire que ces chambres disposent de la compétence dans l'élaboration des lois, dans le contrôle gouvernemental et peuvent rendre des avis en cas de besoin.

Après cette énumération utile, étendons nous maintenant aux compétences que la loi fondamentale reconnait aux institutions politiques sur les questions de politique étrangère, pour dire à l'élaboration de celle-ci. Il faut admettre que cette loi a établi un régime parlementaire ce qui veut dire que le président règne mais ne gouverne pas. Il est le symbole de la nation et l'engage. C'est à ce titre que l'autorité de politique étrangère est le président de la République. L'article 25 alinéa premier est clair, le chef de l'Etat fait les traité. Cette aptitude fait du Président de la République le principal négociateur et même le principal personnage de la politique étrangère de la république. Nous sommes ici sur le plan des principes, sans beaucoup entrer dans la pratique confuse de la première république.

La deuxième autorité de la politique étrangère de la première République est sans doute les chambres à qui la constitution donne le pouvoir de ratification ou d'acceptation préalable des données négociées par le chef de l'Etat. Cette responsabilité est sans doute en aval par rapport à celle du président. Le président fait les traités, les chambres les acceptent et les dits traités sont coulés sous formes des lois et s'appliquent à la nation. Le chef du gouvernement qui conduit la politique nationale n' a pas des pouvoirs spécifiquement énoncés par la constitution. Le gouvernement a surement des pouvoirs en tant qu'éxécutif: il négocie pour le président en terme d'expert ou de représentant. Cependant, l'article 49 donne une incise singulière qui précise une particularité avant même la désignation du chef de l'Etat, à savoir: le gouvernement doit être actif sur le plan de politique étrangère . pour les autres structures classiques comme l'armée, les services de renseignement, les experts en la matière n'ont pas été participants à l'élaboration de la politique étrangère de la République du Congo. C'est sans doute lié à la particularité de la décolinisation de cette République et la précipitation qui l'a caractérisée. Certaines prérogatives étaient encore détenues par la métropole.

Dans l'option historique, la première République s'étend jusqu'à 1965. Pendant cette période riche en événements politiques, le Congo a élaboré sa première constitution nationale. La constitution de Luluabourg a prévu, meme s'elle n'a pas été appliquée pour des raisons infinement politiques, les pensées sur l'élaboration de la politique étrangère exprimées en terme des compétences à accorder aux structures ont été posées. Cette constitution avait prescrit le régime présidentiel dans une forme fédérale.

Ainsi, elle a prévu (128(*)) que le président de la République fédérale négocie et ratifie les traités et accords internationaux au nom de la république fédérale. Elle fait une précision dans ce sens: les traité de paix,de commerce et accord relatifs aux organisations internationales et aux reglements des conflits internationaux , ceux qui engagent les finances publiques, ceux qui modifient les dispositions législatives,ceux qui sont relatifs à l'état des personnes, ne peuvent étre ratifiés qu'en vertu d'une loi fédérale. Les traités ou accord internationaux qui comportent cession,échange ou adjonction de territoire ne peuvent étre rattifiés ou approuvés que moyennant la révision des articles premier, alinéa premier et quatre de la constitution et l'accord des populations intéressées consultées par voie de referendum. Lors qu'un traité ou un accord international affecte les intérets d'une province, le gouvernement de la province intéressée doit étre consulté avant qu'il ne soit conlu.

Ici encore, l'autorité de politique étrangère est sans nul doute le président de la république. Le gouvernement est assujeti à la volonté du président. Les autres structures, notamment les chambres et le gouvernement sous subordonnés au pouvoir du président.

1.2. Les principes,objectifs et courants philosophiques

Dans les textes de deux constitutions analysées pour la période de la première République, aucune mention n'est faite en rapport des principes ou des courants philosophiques qui auraient contribué à la formulation de la politique étrangère de la RDC en ce moment.

Cependant, un peu d'éffort nous permet de comprendre que cette attitude est consécutive à la situation particulière de la décolonisation et à son impréparation à la gestion politique du pays. Dans ce domaine, les autorités tentent de s'adapter à l'effet de surprise et du fait accompli. Il est vrai que l'objectif de la politique étrangère de la première République serait d'abord la consolidation de l'indépendance acquise et l' affirmation de la souvéraineté internationale. C'est pour cela que le gouvernement a adhéré à l'Organisation des nations unies (ONU) dès son indépendance et plus tard à l'organisation de l'unité africaine (OUA).

Le sommet de l'Etat était chapoté par deux forces qui s'attiraient et se repoussaient: Le nationalisme lumumbiste et le communautarisme sectaire de KASAVUBU. Ces deux principes ont, pendant la première partie de cette période, caractérisé la prise des positions de politique étrangère de la RDC. Il ne faut pas oublier la présence remarquable des conseillers Belges aux cotés des deux grands hommes politiques post coloniaux. Ils ont sans nulle doute influencé la prise de position de politique étrangère du pays. Le vrai élement qui a grandement marqué la politique étrangère de cette période reste le recours au respect du système international et l'appartenance à l'idéologie libérale et capitaliste.

1.3. CRITIQUE DE CETTE POLITIQUE

1.3.1. Exécution de la politique étrangère de la RDC pendant la première république

C'est ici qu'intervient encore l'option historique de l'analyse de la politique étrangère. Il n'est pas question de faire une histoire diplomatique, mais de vérifier comment après l'élaboration, la politique étrangère a été appliquée.

Il serait désagréable de penser que malgré toutes les difficultés que l'on connait de cette période, la RDC n'avait pas une diplomatie. Cependant,certains indices prouvent la présence de ce jeune pays sur la scène diplomatique. De ces indices, on retiendra: la création d'un ministère des affaires étrangères, les échanges bilatéraux avec l'extérieur, la participation aux organisations internationales.

La RDC a accrédité quelques diplomates sur le terrain avant de sombrer comme le soulignent Labana et Lofembe: « il est important de signaler ici que durant cette période, la RDC disposait de dix missions diplomatiques (ambassades) disséminées à travers les cinq continents. C'est à cause de la crise interne qui a caractérisé cette période que la RDC a été presque isolée sur le plan diplomatique. Il convient de noter que les premiers diplomates congolais ont été choisis parmi les fonctionnaires de l'administration coloniale. Inaptés,la plupart de ces diplomates occasionnels ne répondaient pas aux critères objectifs d'éfficacité.Dans ce contexte, la diplomatie congolaise aura du mal à faire entendre sa voix dans la grande symphonie diplomatique internationale, caractérisée par la guerre froide .,la période des années soixante a connu des bouillantes joutes oratoires dans les assemblées internationales. Il a fallu,de temps en temps, les interventions de la centrale pour accréditer les thèses congolaises dans certains forums internationaux. La conséquence logique de ce comportement est que la République du Congo, au lieu de privilégier la diplomatie de terrain ,a du recourir à la complaisance de la diplomatie de proximité. De ce fait, les grandes puissances ont eu un mot à dire dans le cadre des Relations Internationales de la RDC»(129(*))

Les difficultés de cette pratique sont constatées dans les différents appels à l'aide du gouvernement pendant l'occupation ou l'agression Belge de 1960: les hésitations gouvernementales à demander l'aide Onusiène et surtout l'amateurisme démontré par la menace du gouvernement de recourir à l'aide de l'URSS au cas où le bloc occidental ne réagirait pas promptement.

§2. La Politique étrangère du congo pendant la deuxième République

L'examen de cette partie qui part de 1965 juqu'à 1991 passe par plusieurs constitutions à traiter. Il est question d'abord de la proclamation du haut commandement de l'armée nationale congolaise du 24 novembre 1965. Cette proclamation est accompagnée de deux ordonnances(130(*)). Après cette constitution, la République a été régie par la constitution du 24 juin 1967 qui a connu beaucoup de révisions et nous nous appliquerons à ne faire référence qu'à celles qui sont en rapport direct avec la question que nous examinons.

2.1. La formulation

2.1.1. De la compétence constitutionnelle des acteurs

La proclamation du haut commandement de l'armée nationale congolaise du 24 novembre 1965 est un coup de force monté et réussi par l'armée sous l'instigation du lieutement général MOBUTU. Cette proclamation ne dit rien quant au pouvoir du chef de l'Etat et des autres structures qui participeraient à la formulation de la politique étrangère de la République. D'une manière implicite, comme nous le verrons par la suite, le régime fort de cette période a imposé le présidentiel qui fait du président l'homme fort du pays. Ainsi, il est l'acteur principal de la politique étrangère de la République et par ce fait, les autres structures sont instrumentalisées par l' équation personnelle du chef de l'Etat.(131(*))

Pour la constitution du 24 juin 1967, les faits semblent un peu plus clairs, car le président de la République représente l'Etat, il est le chef de l'éxécutif. Il détermine et conduit la politique de la nation, il fixe le programme d'action du gouvernement, veille à son application et informe l'assemblée nationale de son évolution.(132(*))

Ce qui est directement en rapport avec ses compétences sur la politique étrangère revient à l'article 24 qui stipule, le président de la République dirige et contrôle la politique étrangère de la République. Il accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinnaires auprès des puissances étrangères; les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires sont accrédités auprès de lui.(133(*))

Le pouvoir législatif est tout à fait muet dans l'élaboration de la politique étrangère du pays en cette période. Tout est fait par le président de la République qui n'est pas seulement le symbole de la nation mais aussi un véritable et principal acteur de la formulation de la politique étrangère du pays.

Après les différentes révisions juqu'au 15 aout 1974, en intégrant tous les articles ,76 et 77 peuvent préciser ce qui suit: le président du mouvement populaire de la révolution négocie et ratifie les traités et accords internationaux. Il peut habiliter d'autres organes du mouvement populaire de la révolution à négocier en son nom et à conclure un accord international non soumis à la ratiffication . Il est tenu informé du contenu de tout accord international non soumis à la ratiffication. Nul échange, nulle adjonction des territoires n'est valable sans l'accord des populations intéressées, consultées par la voie du référendum. Si la cour suprême de justice, consultée par le président du MPR, déclare qu'un traité ou un accord international comporte une clause contraire à la constitution, la ratification ne peut intervenir qu'après la révision de la constitution. Les traités ou accords internationaux régulièrement ratifiés ou approuvés ont , dès leurs publications, une autorité supérieure à celle des lois sous réserve pour chaque traité ou accord de son application de l'autre partie.

Envue de promouvoir l'unité africaine, la République peut conclure des traités et accords d'association comportant abandon partiel de sa souvéraineté.

En ce qui concerne les acteurs qui participent à la formulation de la politique étrangère de la République pendant cette période, nous notons la place prépondérante du chef de l'Etat.Toutes les autres structures sont en coopération et n'ont aucune spécificité particulière en la matière.

2.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère

2.2.1. Objectifs

La défense de l'intégrité territoriale, La consolidation de l'unité nationale, L'affirmation de l'indépendance nationale, La recherche du Congo, puissance africaine,Assurer l'indépendance économique, Participer à la pleine réalisation de l'unité africaine.

2.2.2. Les courants philosophiques

Pendant cette période, la politique étrangère de la République était formulée en suivant certains courants philosophiques comme l'africanisme, compris comme étant l'appartenance à l'Afrique. Selon ce courant, la RDC se considère comme une donnée géopolitique qui appartient à l'Afrique. Cette appartenance africaine a produit une politique particulière. Tout ce qu'elle doit faire tient compte des intérêts Africains. C'est ainsi que le point 8 de la proclamation du haut commandement de l'armée stipule: Congo, Pays Africain, sera inspiré par les intérêts des pays africains tout entier. Dans cet ordre d'idées, la politique d'entente entre le Congo et les africains sera poursuivie et continuée.

Outre la politique d'entente qui renvoit au bon voisinage, nous avons également la politique de non ingérence mutuelle.C'est ainsi que le point 9 du document précité stipule: aucune ingérence dans les affaires intérieures des Etats, de quelque nature que ce soit, ne sera tolérée.

Le recours à l'authenticité, le mubutisme ( entendu comme une somme des connaissances et des pensées de l'enseignement et les actions du président fondateur du mouvement populaire de la révolution: la pacification du pays,le recouvrement de l'unité nationale,la démarche pour l'affirmation de l'indépendance économique et la création d'un type d'homme démuni de toute aliénation mentale,grâce à la prise de conscience nationale et à la philosophie politique du recours à l'authenticité ) (134(*)). En effet, le mobutisme qui est un courant politique a pour philosophie le recours à l'authenticité.

2.2.3. les principes de politique étrangere

Les principes qui ont guidé la politique étrangère de la République sont sans nul doute les suivants:

D'abord, le principe de non contradiction exprimé en terme de l'effet de stoppel.Ce principe a permis au gouvernement de respecter ses engagements pris antérieurement sur les questions de politique étrangère. On peut noter: l'adhésion à la charte de l'ONU et de l'OUA.

2.3. Exécution de la politique étrangère de la RDC pendant la deuxieme République

La politique étrangère de la République telle que exposée dans sa première phase a produit des temps et réactions diplomatiques fort impréssionnants.La République a été intégrée sur la scène internationale.Certains courants philosophiques ont été réappropriés et traduits en politique ou en actions diplomatiques. C'est notamment l'africanisme ou l'appartenance à l'Afrique qui a produit la vocation africaine de la République et a permis à la diplomatie nationale de ne défendre en priorité que les intérets nationaux et ceux de l'Afrique. Ainsi, ces actions diplomatiques ont permi à la République de soutenir les mouvements de libération africaine.(135(*)) La diplomatie congolaise a exporté la lutte interne pour la défense de l'intégrité territoriale de la République sur le plan international et s'est engagée à soutenir les pays africains qui étaient menacés par les pays étrangers.

Il faut donner une autre lecture à la défense de l'intégrité territoriale comme objectif de la politique étrangère de la République. Cet objectif a conduit à l'action diplomatique de bon voisinage. L'objectif de cette action était doublement significatif. Premièrement, elle devait permettre au territoire national de devenir un sanctuaire de paix et de sécurité pour ses habitants, gage de la pacification du gouvernement. Et secondairement, cette action devait participer à la protection du régime en place et assurer sa stabilité politique.

La paix et la stabilité retrouvées sous le régime MOBUTU ont permis à la République d'avoir une action diplomatique d'ouverture au monde et de considération assurée. Le congo était devenu fréquantable, ses nationaux respectés à l'étranger. Etre congolais ou zairois était un motif de fierté à l'extérieur. Les délégations congolaises étaient bien reçues sur les tribunes des organisations internationales. Cette politique d'ouverture a connu son paroxisme avec le discours médiatisé du président Mobutu à l'ONU en 1973. Le contenu de ce discours démontre la place qu'occupait la République en Afrique d'abord et dans le monde ensuite . C'est ainsi que Frederic Boyenga Bofala écrit: «... en 1965 s'ouvre un nouveau chapitre de l'histoire du pays. La prise du pouvoir par le président Mobutu semble marquer la fin du chaos. Un Etat fort est instauré, qui prétend régler tous les problèmes. La population est habilement encadrée,l'opposition est muselée, l'unité du pays restaurée et le congo-zaire entend s'imposer sur la scène internationale comme un interlocuteur respectueux et influent.....»(136(*)) L'action diplomatique de la République du ZAIRE a bien tenu compte de l'environnement international de cette époque. En effet, cet élément lui a valu toute sa considération et son importance géopolitico stratégique.La période de la guerre froide a donné à la République d'appliquer la politique du neutralisme positif selon lequel le congo se refusait de s'afficher completement pour un bloc.

Cependant, elle composait avec le bloc qui lui présentait un intérêt conséquent pour elle même et pour l'Afrique tout entière. Cette politique a été formulée à partir du mouvement de non alignement dont il était membre. Si sur le plan réel cette politique est une hypocrisie, elle a contribué à façonner une valeur géostratégique importante. Celle-ci a permis à la République de s'aligner aux cotés des occidentaux. Ainsi, la République a connu une coopération florissante avec la BELGIQUE, la FRANCE, les USA. Cette relation a fait de la république la cheville stratégique du containtment du communisme en Afrique centrale.

§3. La politique étrangère du congo de 1991 à 1997

La saisie de la politique étrangère de la République Démocratique du Congo pendant cette période passe par l'analyse de la loi n 93-001, portant acte constitutionnel harmonisé relatif à la période de transition et l'acte constitutionnel de la transition avril 1994. Il est important de souligner ici l'environnement dans lequel ces constitutions ont été élaborées.

En effet, nous sommes dans un environnement international qui est touché par le vent de la Glasnos et de la perestroika. les pouvoirs africains qui sont en grande partie des régimes militaires à parti unique sont grandement sécoués. Le régime de la République n'en est pas épargné. Mobutu, après avoir fait un tour de la République en consultation nationale s'en est rendu compte et s'est décidé, le 24 avril 1990 à réunir les dignitaires de la république et prononcer le fameux discours du « comprenez mon émotion» ,lequel a amené la libéralisation de l'espace politique allant du parti unique , le MPR, au multipartisme à trois et enfin le multipartisme intégral.

Après beaucoup de tergiversations, le vent des conférences nationales souffle et il en est organisé une au Zaire. Cette conférence qui a apporté de bonnes recommandations n'a pas changé grand chose dans la gestion de la res publica. Elle a pour mérite d'avoir inauguré l'aire d'une grande transition politique qui s'est terminée en 2006. Sur le plan constitutionel, cette période est très confuse. Ainsi, on peut noter: .... l'évolution politique dans notre pays depuis le déclenchement du processus de démocratisation a révélé la nécessité d'adapter l'ordre juridique à la gestion de la transition. la présente loi portant acte constitutionnel harmonisé relatif à la période de transition répond à la préoccupation de clarifier la base juridique du fonctionnement des institutions pendant la transition. il fallait donc trouver une solution à la situation confuse née notamment de l'existence concomitante dans notre pays, au lendemain de la clôture de la conférence nationale souvéraine, de trois textes dont l'harmonisation s'est avérée opportune. Il s'agit:

- De la constitution du 24 juin 1967, telle que modifiée à ce jour;

- De l'acte portant dispositions constitutionnelles relatives à la période de la transition élaborée par la conférence nationale et non promulgué par le président de la République,

- Du compromis politique global du 31 juillet 1992.

Il devenait ainsi impérieux de consolider un ordre institutionnel démocratique dans notre pays et restaurer le respect et le prestige des institutions de la République.(137(*))

Dans le texte que nous avons repris, il est constaté qu' avant la promulgation de cette loi, l'espace juridique était très confus, trois lois existaient concomitamment. Cette loi est sans nul doute le souci d'avoir une seule loi constitutionnelle de référence pour tous.

3.1. La formulation

3.1.1. Les compétences constitutionnelles des acteurs

Au terme de la loi 93-001 du 02 avril 1993, nous notons que les institutions politiques de la République sont :

1. Le président de la République,

2. L' assemblée nationale, Les cours et tribunaux.

Chacune des ces institutions a des prérogatives particulières qui la distinguent des autres.

3.1.1.1. Du Président de la République

Il est important pour nous, notamment pour des raisons pédagogiques, de reprendre toutes les prérogatives du président de la République et des autres institutions de la République.

Le président de la République représente la nation, il est le chef de l'Etat et veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi qu'à la continuité de l'Etat , il est garant de l'indépendance , de l'unité nationale, de l'intégrité et de la sécurité du territoire ( article 35), le président de la République promulgue les lois, (art.36), il est au terme de l'article 38 le chef suprême des forces armées. Il préside le conseil supérieur de la défence, il nomme le premier ministre après concertation entre les forces politiques de la Nation. Sur proposition du premier ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions.(article 39), le président de la République confère les grades dans les ordres nationaux et les décorations conformément à la loi. (article 41), le président de la République a le droit de battre monnaie et d'émettre du papier monnaie en exécution de la loi.(article 42).

Le président de la République accrédite les ambassadeurs de la République et les envoyés extraordinnaires auprès des puissances étrangères et des organisations internationales. Les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires étrangers sont accrédités auprès de lui. (article 43). Le président de la république a le droit de grâce, il nomme, relève et le cas échéant , revoque sur proposition du gouvernement délibérée en conseil des ministres et après avis de l'assemblée nationale : ( les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires; les gouverneurs et vice-gouverneurs des régions, les mandataires publics dans les entreprises et les organismes publics ou dans la société d'économie mixte,exceptés les commissaires aux comptes. il nomme, relève et , le cas échéant, revoque les agents de commandement de l'administration publique.Il nomme et relève et , le cas échéant , revoque les magistrats de siège et de parquet sur proposition du conseil supérieur de la magistrature.

Il nomme , relève et, le cas échéant, révoque les officiers des forces armées , le conseil supérieur de la défénce entendu.( article 45). Le président de la République déclare la guerre après consultation officielle de l'assemblée nationale, du haut conseil de la République et du gouvernement. il peut proclamer l'état de siège et l'état d'urgence.( article 46).

Après avoir souligné les prérogatives constitutionnelles du président de la République, nous devons noter maintenant celles en rapport directe avec les capacités du président relatives à la formulation de la politique étrangère. C' est avant tout l'article 35 qui stipule que le président de la république représente la nation. La représentation dont il est question ici est d'abord internationale. Il est la manifestation physique de la République à l'étranger, il l'engage et lui permet d'entrer en contact avec l'extérieur.

Cet article, dans une interprétation extensive fait du président de la république le premier responsable de la politique extérieure de la République. L'article 43 fait du président de la république l'acteur national devant qui, les Etats étrangers consultent et accréditent leurs représentants. En claire, le président de la République est l'acteur principal de la politique étrangère du pays. En déclarant la guerre qui est une décision importante de la politique étrangère, le président de la République est sans nul doute celui qui analyse la situation nationale et internatinale, il l' apprécie en tenant compte des intérêts de la République et agit au nom de cette dernière.

3.1.1.2. De l'Assemblée nationale

Même si dans cette constitution la loi ne donne pas à l'Assemblée nationale des compétences explicites sur les questions de la politique étrangère, cependant les articles 57 et 70 insitent sur le pouvoir du contrôle du législatif sur l'éxécutif. Ainsi, le parlement qui a des commissons permanentes dont l'une est chargée de la politique extérieure n'a certainement pas des pouvoirs exhorbitants sur la question, mais se tient au controle constitutionnelle de la politiqe étrangère de la République.

3.1.1.3. Le Haut Conseil de la République.

Comme pour l'Assemblée nationale, le haut conseil de la république n'a pas de compétence précise sur la question relative à la formulation de la politique étrangère de la République du Zaire sous la période étudiée. Cependant, l'article 88 stipule que le premier ministre et les membres du gouvernement sont tenus de fournir au haut conseil de la République toutes les explications qui leurs sont demandées sur leurs activités directement liées au processus de démocratisation. Nul n'ignore que dans ce pays toute activité requièrt un partenariat avec l'étranger. Ceci entre bien dans le cadre de la politique étrangère. Ce fait revient à dire que le haut conseil de la république a en quelque sorte une mission de contrôle sur les acteurs qui formulent ou qui appliquent la politiqu étrangère de la République.

3.1.1.4. Le gouvernement de la République.

Contrairement aux deux autres structures, le gouvernement participe bien à la formulation de la politique étrangère. L' article 91 déclare que le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation en concertation préalable et en accord avec le président de la République......, l'article 117 donne au gouvernement la qualité de négocier les traités et les accords internationaux que le président de la République ratifie. Il est claire que le gouvernement de la république participe à la formulation de la politique étrangère et c'est lui même qui la conduit par le truchement du ministre des affaires étrangères.

3.1.1.5. Des cours et tribunaux

Les cours et tribunaux , eux aussi, participent à la formulation soit à l'éxécution de la politique étrangère. c'est l'article qui lui donne une compétence consultative en disant que ..... si la cour suprême de justice, consultée par le président de la République , par l'assemblée nationale ou par le gouvernement, déclare qu'un traité ou un accord international comporte une clause contraire à la présente loi, la ratification ou l'approbation ne peut intervenir qu' après la révision de celle- ci.

Par rapport aux autres constitutions, nous notons ici que toutes les institutions ont, d'une manière ou d'une autre, une contribution constitutionnelle à la formulation ou à l'application de la politique étrangère de la République. Après s'être adonné à la détermination des compétences des acteurs telles que définies par la loi ci haut analysée, nous avons la lattitude de traiter maintenant la loi du 09 avril 1994, l'acte de la transition.

Notons que cette loi comme la première a pour option d'harmoniser les divergences de vues de la classe politique Congolaise alors Zaire, lesquelles divergences ont conduit à la tenue du conclave politique de Kinshasa, ces quelques points de vue ont été explicités par la loi que nous venons de traitée ci haut, ...... « Toute cette situation a occasionné le dédoublement institutionnel et la multiplicité des textes constitutionnels pour la période de la transition et provoqué la confusion et le blocage du fonctionnement de l'Etat, avec des conséquences regrettables sur le plan social et économique du pays. Ainsi, en vue de redonner de l'espoir au peuple Zairois et de trouver des solutions durables et définitives à cette situation, les concertations politiques du palais du peuple, initiées par Monseigneur le président du haut conseil de la République , avec l'accord du chef de l'Etat, ont été sanctionnées par un protocole d'accord qui donne des orientations précises pour la fin du dédoublement des institutions de la transition et des textes constitutionnels, par la mise au point d'un seul acte dénommé acte constitutionnel de la transition»(138(*)).

Pour cette constitution, les institutions de la République sont :

- Le président de la Pépublique

- Le haut conseil de la République- parlement de transition

- Le gouvernement

- Les cours et tribunaux.

1. Le président de la République

Toutes les compétences citées dans la loi analysée dans les pages qui ont précédées sont reprises ici. En ce qui concerne ces compétences dans la définition, formulation de la politique étrangère, nous disons directement que l'article 39 fait du président le représentant par excellence de la Nation. Pour l'article 44, il accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires au près des puissances étrangères et les organisations internationales, il reçoit en outre les accréditations des ambassadeurs et envoyés extraordinaires des puissances étrangères, il nomme les ambassadeurs. A l'article 48, le président de la République déclare la guerre, il ratifie les traités par autorisation du HCR-PT.

2. Le Haut Conseil de la République- Parlement de la transition

L'article 58, point deux donne au HCR-PT la fonction de contrôle du gouvernement. Sur les questions des traités, le HCR-PT autorise le président à ratifier le traité négocié.

3. Le gouvernement de la République

Le gouvernement est le principal acteur qui conduit la politique nationale et repond de ses actes devant le HCR -PT. Cette constitution est la première qui indique bien les fonctions en rapport avec la politique étrangère de la République en stipulant à l'article 75 alinéa 3 : « ....la défense nationale et la diplomatie constituent des domaines de collaboration entre le président de la République et le gouvernement. La politique extérieure est définie en fonction des intérêts du pays.» . Même s'elle ne cite pas ces intérêts du pays, mais c'est une avancée significative de mettre cela dans une constitution. Le gouvernement négocie les traités et autres accords internationaux sous l'autorité du président de la République, il signe les accords à forme simplifiés, tout en informant le HCR-PT.

4. Des cours et tribunaux.

la cour suprême de la justice joue un rôle consultatif dans le contrôle de la constitutionnalité des traités à signer par les institutions de la République.

Les deux lois que nous venons d'analyser donnent des compétences claires en matière de politique étrangère. Le président de la République, représentation physique de la nation, est le chef dans la formulation de la politique étrangère de la République, c'est à ce titre qu'il nomme ou peut revoquer les ambassadeurs et reçoit les lettres de créances. Il est cependant important de noter que les autres institutions participent grandement à cette formulation qui donne lieu à croire que c'est une matière de collaboration allant des avis au contrôle de la régularité et celui de constitutionalité.

3.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère

3.2.1. Les objectifs.

Il est difficile de déterminr les objectifs de la politique étrangère d'un pays dans une période comme celle sous analyse dont le dédoublement constitutionnel est le fait caractéristique.

Cependant, nous pouvons penser que les objectifs de cette politique étrangère seraient:

- la volonté de conduire le pays vers un Etat de droit;

- La résolution des crises multiformes et persistants qu'il a connues à cette période;

- Garantir l'indépendance politique, économique et culturelle du pays;

- la consolidation de l'unité et l'intégrité territoriales.

3.2.2. Les courants philosophiques

Le courant philosophique qui a soutenu la formulation et l'application de la politique étrangère pendant ce temps est très confus. Bien que Mobutu soit affaiblie dans son élan politique , il demeure celui qui formule et sa puissance politique est toujours si forte que personne ne peut s'en passer. le courant philosophique qui conduit la politique étrangère de la République, c'est avant le Mobutisme, avec les tares qu'on lui reconnait.

3.2.3. Les principes

Les principes qui ont guidé la politique étrangère de la République sont sans nul doute les suivants:

D'abord, le principe de non contradiction exprimé sur certaines questions comme l'adhésion à déclaration universelle des droits de l'homme, la charte africaine des droit de l'homme et des peuples.

§4. Exécution de la politique étrangère de la RDC pendant la Deuxième République

4.1. La politique Étrangère du Congo de 1997 à 2001

Le temps historique allant de 1997 à 2001 est une période post guerre et on peut même dire une transition qui fait une bonne jonction avec celle caporalisée par la lutte entre Mobutu d'une part et les forces de l'opposition non armée, composée principalement par l'UDPS d'Etienne Tshisekedi et du PALU d'Antoine Gizenga, d'autre part. Les forces démocratiques pour la libération du Congo, l'AFDL en sigle, après avoir mené une guerre éclaire contre les forces armées zairoises réussissent , le 17mai 1997, une entrée triomphante dans la ville province de Kinshasa, après avoir contraint le président Mobutu à l'exil. Il est important de signaler que la crise congolaise commencée en 1996 a connu une tentative de résolution diplomatique sans succès avec les rencontres de Outenika I et II.

Peu après, Laurent Désiré Kabila, à partir de Lubumbashi, s'auto-proclamme président de la République. A son arrivée au siège des institutions, à Kinshasa, il va prêter serment devant la nation et promulguera un décret-loi constitutionnel 003 du 27 mai 1997 qui organiser la transition et la redistribution des compétences politiques.

4.1.1. La formulation
4.1.1. De la compétence constitutionnelles des acteurs

Le décret sus mentionné reconnait sans embage l'existence des trois institutions politiques traditionnelles. (139(*))

En ce qui concerne les acteurs politiques de la transition telle qu' organisée par ce décret , nous notons :

- Le président de la République,

- Le gouvernment

- Les cours et tribunaux

Il est à noter que le président de la République exerce lui même les prérogatives législatives, il est le chef de l'Etat et représente la nation. Au terme de ce décret-loi, la constitution du 09 avril 1994 est abrogée. Le premier article est clair sur la question du pouvoir du président de la République quand il stipule, « Ce décret-loi restera en vigueur jusqu'à l'adoption de la constitution par l'assemblée constituante. l'organisation et l'exercice du pouvoir relèvent du chef de l'Etat» (140(*)).

De ce qui précède, tout le pouvoir relève du président de la République. Il est représenté par ses ministres par une simple déléguation. C'est un véritable régime présidentialiste. Il est l'homme de la situation, il nomme et révoque les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires,les gouverneurs et vice gouverneur des provinces, les officiers supérieurs et généraux de l'armée, les cadres de commandement de l'administration publique, les mandataires actifs et non-actifs dans les entreprises et organismes publics,... (141(*))

Il accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des puissances étrangères et organisations internationales. Les ambassadeurs et les envoyés extraordinnaires étrangers sont accrédités auprès de lui. (142(*)).

Après lecture de ce décret-loi constitutionnel, nous sommes amenés à dire que le président de la République concentre pour lui seul toutes les compétences dans l'élaboration de la politique étrangère. Il est en même temps en amont et en aval. Les autres acteurs n'ont que des compétences de collaboration. Le parlement qui a été constitué après n'était qu'une simple caisse de resonnance pour le président. Le ministre des affaires étrangères et toute l'administration étaient donc instrumentalisés. Tout devait dépendre du président , de l'équation politique et personnel du ministre des affaires étrangères selon les rapports de confiance que le président de la république lui temoigne.

4.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère

4.2.1. Objectifs

A l'arrivée de Laurent Désiré Kabila au pouvoir, la poltique étrangère avait pour objectif:

- Le renforcement de l'unité nationale

- Le retablissement d'une paix durable

- La réalisation de la réconstruction de la République ( sur le plan économique, administratif, financier et même social)

- L'intégration de l'armée républicaine.......

L'agression rwando ougando du 2 aout 1998 a poussé le gouvernement à changer ou à adapter les objectifs de sa politique étrangère.

Pour la circonstance, les objectifs ci-après étaient adoptés. Il s'agit notamment le recouvrement de l'intégrité territoriale et la fin de la guerre.

4.2.2. Courant philosophique

Le courant philosophique qui a prévalu à l'élaboration de la politique étrangère pendant ce temps est le nationalisme Lumumbiste. En effet, le président se reclamant de Patrice Lumumba a conduit tous les congolais à l'amour de la nation pour lui, dans tous les domaines la nation devait passer avant tout. L'intéret général de la République devait l'emporter sur l'intérêt du dirigeant politique. C'est ainsi que son gouvernement a été nommé gouvernement du salut public. Cette option prise sur le plan interne lui a valu beaucoup de mérites et a poussé les peuples kinois à l'adopter et à combattre pour lui sans armes contre les rebelles, entrés à Kinshasa par le Bas Congo.

4.2.3. Les principes de politique étrangère

Ici les principes sont exprimés en terme d'axe d'opérationalisation de politique étrangère. Il a privilégié le principe de la coopération Sud-Sud. En effet, il s'est créé une coalition de circonstance pendant la guerre de l'Afdl contre le régime Mobutu. Le Rwanda, l'Ouganda, la Tanzanie, le Burundi, l'Afrique du sud, l'Angola, l'Erythrée ont contribué à la préparation de la victoire de Laurent Désiré Kabila. Il a , avant août 1998, privilégié la voix du sud, composée non seulement des pays Africains, mais aussi de la Chine, du Cuba et autres.

§2. Exécution de la politique étrangère sous le régime de Mzé Kabila

Il faut dire dès le départ que la politique étrangère de la République, Laurent Désiré Kabila ne l'a pas commencée le 17 mai 1997. Depuis la rébellion, l'Afdl était structurée et un organe s'était occupé des relations extérieures. Au pouvoir, Bizima Kahara, nommé ministre des affaires étrangères, va monter une diplomatie de sappe qui va isoler le président de la République. Les faits posés l'attestent. En effet, le président de la République sabotte le sommet de la francophonie en le qualifiant d'un club d'amis, par le conseil de son ministre des affaires étrangères. La même année, il se crée des ambarras diplomatiques avec les Belges en insinuant qu'il y aurait des armes au consulat belge de Lubumbashi. Il a autorisé la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique. Cette même année, il réfuse de recevoir l'émissaire du président américain, le pasteur Jéssé Jackson, pour simple motif qu'il aurait commencé par l'opposant E. Tshisekedi.

Cette diplomatie de sappe a mis ensemble toutes les grandes puissances contre lui. C'est ainsi qu'on peut comprendre l'attitude de profil bas des grandes puissances,quand la guerre d'agression contre la République avait commencé. Conséquence logique, l'isolement diplomatique de la République Démocratiqe du Congo. S'étant rendu compte après, le président de la République tentera de refaire sa politique étrangère et toute sa diplomatie. Aux objectifs et principes soulignés dans les lignes qui ont précédés, le président de la République se charge d'appliquer une diplomatie offensive pour prouver au monde que la situation de guerre était préparée diplomatiquement par Bizima en sabottant ses options diplomatiques fondamentales. En plus, expliquer la position Congolaise par rapport à la guerre. Pour le gouvernement, il n'y avait pas une rébellion, mais plus tôt une véritable agréssion . Ayant traité de la question, Labana et Lofembe soutiennent : « dans ce contexte, la diplomatie offensive changera de contenu. Cette fois, elle consistera à informer la communauté internationale de la position officielle de la RDC vis à vis de la guerre d'agression. Cette position a été exprimée dans la lettre du président de la république datée du 2 septembre 1998 et adressée au président en exercice du conseil de sécurité de l'ONU. Elle comportait cinq points essentiels:

- La condamnation de l'agression menée par le Rwanda et l'Ouganda ;

- Le retrait des troupes étrangères d'occupation ;

- Le respect de l'unité et de l'intégrité territoriales de la RDC ainsi que l'intangibilité de ses frontières ;

- Le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire;

- Une attention particulière s'occupant des citoyens congolais et de leurs familles qui ont souffert des tuéries et dont les biens ont été détruits du fait de l'agression. « (143(*))

Pour se faire comprendre, le président de la république se fait lui même son propre ambassadeur, il y apporte une diplomatie d'intinérance. Il voyage beaucoup, en peu de temps ( il va de sommet en sommet afin que la position de la République soit comprise et que les resposponsabilités soient établies. Malgré les éfforts de sape, le président a réussi à convaincre certains milieux diplomatiques jusqu'à citer les agresseurs et à demander leur retrait du territoire congolais.

§5. La politique étrangère du congo de 2001 à 2006

La mort de Laurent Désiré Kabila et la prise de pouvoir par Joseph Kabila inaugure une nouvelle période dans la politique nationale et dans la politique étrangère. Cette prise de pouvoir arrive dans une condition particulière. Non seulement le Congo est mal compris de l'extérieur, il est isolé de partout. de l'intérieur, la guerre est aux portes de grandes villes de l'ouest De la République après avoir gagné toute la partie de l'est de la République. Les négociations entre les parties en conflit sont bloquées ( toutes les parties s'en tenant à leurs positions ), le dialogue intercongolais est en panne, Laurent Désiré Kabila ayant déclaré le facilitateur Ketumile Masire personne non grata. En 2001, le président Kabila se donne pour objectif national de relancer le processus de paix, engager, le dialogue intercongolais.

Ainsi, cette période peut être divisée en deux grandes parties: la première est celle que l'on peut appeller la période pré dialogue intercongolais et l' autre la période de la transition pendant le régime un plus quatre.

5.1. La formulation

La première période ne diffère en rien de la période précédente quant à la formulation, les compétences des acteurs, les principes et courants philosophique de la politique étrangère de la RDC. L' élément majeur de la différentiation se situe sans nul doute à la définition des objectifs et à la conduite de la politique étrangère de la république . En dépit de changement , il était devenu évident que la guerre ne serait gagnée par aucune partie en conflit. La voie diplomatique longtemps envisagée se présentait comme l'ultime ratio pour le solutionnement de la crise. Ainsi, on partait du principe selon lequel la paix se gagne pour la paix se négocie avec l'autre.

Le président Kabila entrepris de terminer la guerre par la voie diplomatique. Pour lui, l'objectif de la politique étrangère était principalement l'instauration de la paix sur toute l'étendue du territoire national et la reprise de la coopération structurelle avec les institutions internationales et l'Union Européenne. Il a adopté la diplomatie de terrain ou d'itinérance pour accumuler les soutiens internationaux à la position congolaise et à l'organisation du dialogue intercongolais.

La deuxième partie de cette période court de l'organisation du dialogue intercongolais, l'adoption de l'accord global et inclusif et de la constitution de la transition jusqu'à l'organisation des élections libres transparentes et démocratiques.

5.2. De la compétence constitutionnelle des acteurs

Les compétences des acteurs de la transitions sont bien reprises dans la constitution de la transition .

Celle-ci, au chapitre premier, traite des institutions de la République. Au terme de l'article 64 de la constutition de la transition issu des accords de Sun City, la République compte cinq institutions:

- Le président de la République

- Le gouvernement

- L'assemblée nationale

- Le sénat

- Les cours et tribunaux.

La constitution de la transition a prévu un régime de haute collaboration entre les institutions de la République. L'éxécutif est partagé entre le président de la République et les quatre vices présidents et les ministres. En ce qui concerne leurs compétences respectives, on peut noter: .... en RDC, la constitution dit que le chef de l'Etat est le président de la République ( art. 68), il veille au respect de la constitution de la transition et est garant de l'indépendance de la nation. Il préside le conseil des ministres ( art. 69), promulgue les lois ( art.70) et exerce le pouvoir règlementaire par voie des décrets délibérés en conseil des ministres (art.71),il est chef des forces armées (art.72) et déclare la guerre sur décision du conseil des ministres ( art.73). Le président nomme , notamment les officiers de l'armée, les hauts fonctionnaires de l` Etat, les gouverneurs des provinces et de la banque centrale ( art.76), c'est aussi le président qui a le droit de grâce....(144(*)).

Sur cette question de l'éxécutif gouvernementale, les vices présidents ont en charge l'une des quatre commissions gouvernementales : la commission politique, défense et sécurité, la commisssion économique et financière, commission pour la reconstruction et le développement et la commission sociale et culturelle ( art. 86) .

Il est à noter que le régime de la constitution de la transition est un régime de haute collaboration entre les membres de l'éxécutif. De ce fait , le président de la République et les quatre vices présidents partagent les compétences diverses en terme de collaboration. Le président traite avec les vices présidents de toutes les questions relatives à la gestion du gouvernement. Il lui est demandé de tenir régulièrement des réunions avec eux .

A côté du président de la République, il y a, au terme de cette constitution, l'équipe gouvernementale. Elle est composée des ministres et des vices ministres. Sa principale tâche est d'éxécuter les décision prises en conseil des ministres, présidé par le président de la République ou par l'un des vices présidents choisi par lui. L'institution législative est bicamérale: composée de l'assemblée nationale ( chambre basse ) et du sénat ( chambre haute). Outre les compétences de légiférer, ces deux chambres ont le devoir de contrôle sur le gouvernement, les entreprises publiques et même l'éxécution des résolutions du dialogue intercongolais.

En ce qui concerne les compétences en matières de politique étrangère, cette collaboration est toujours de mise. Pour cela, le président collabore avec ses vices présidents de la république sur les grandes orientations à prendre . Cela est aussi vrai dans la nomination des ambassadeurs. Au terme de cette constitution, le président ne peut rien sans ce consulting.

5.3. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère

5.3.1. Objectifs

Les objectifs de politique étrangère durant cette période sont calqués sur ceux de la transition. Les acteurs étaient appelés à formuler une politique étrangère qui permette à arriver:

- La réunification , la pacification, la réconstruction du pays,la restauration de l'intégrité territoriale, et le retablissement de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national;

- La réconciliation nationale;

- La formation d'une armée, restructurée et intégrée;

- L' organisation d'élections libres et transparentes à tous les niveaux, permettant la mise en place d'un régime constitutionnel démocratique;

- La mise en place des structures devant aboutir à un nouvel ordre politique. (145(*))

5.3.2. Les principes de politique étrangère

Le président de la République et toute son équipe ont continué une politique étrangère soutenue par le principe d'ouverture au monde. Celui ci lui a valu le soutien incontournable pour la tenue effective du dialogue intercongolais et la mise en place des institutions de la transition. Ce principe est même à la base de la formalisation structurelle du Comité international d'accompagnement à la transition, composé uniquement par les ambassadeurs des pays étrangers. Cette ouverture a permis la reprise de la coopération avec les institutions de Brettons woods et d'autres partenaires comme l'Union Européenne et autres. C'est grâce à elle que les institutions de la transition tiendront, malgré les difficultés connues, et arriveront à l'organisation des élections que ce pays a connues.

5.3.3. Courant philosophique

Le courant philosophique qui a soutenu la formulation et l'application de la politique étrangère pendant ce temps est très confus. La particularité du régime étant, Cependant, le principe de solidarité légendaire,celui de l'unité nationale dans la diversité ethnique a prévalu.

5.2. Exécution de la politique étrangère pendant la deuxieme République

Le régime de solidarité imposé à la RDC pour le besion de real politik a rendu très difficile l'application d'une politique étrangère des acteurs en divergences sur tous les plans. L'accord sur les principes, les objectifs, les courants était difficile à obtenir. En effet, l'accord global et inclusif a relancé la compétition par souci de repositionnement.

Les axes de politique étrangère ont été savamment négligés. L'intérêt général a décalé au profit de l'intéret des composantes. Le pays des congolais a laissé place aux composantes, l'armée a laissé la place aux milices armées. Les ambassadeurs accrédités, au lieu de défendre les intérêts de la République, ont plus parlé soit d'eux- mêmes soit de leur chef des composantes.

C'est la période la plus sombre de l'histoire diplomatique de la République Démocratique du Congo. Cependant, le faire play du président Joseph Kabila a prévalu à tout cela. Il tient lieu de souligner qu'en acceptant déjà de partager le pouvoir politique à tous les niveaux avec ses ennemis, c'était un acte de courage politique extrême. En privilégeant la diplomatie de partage avec les composantes ayant participé au dialogue intercongolais, le président a consacré les difficultés pratiques de coordination de l'action diplomatique toute entière. Pour preuve, comment peut on comprendre que le président de la République, autorité par excellence dans la formulation de politique étrangère, de surcroit premier responsable diplomatque, soit d'une autre composante que son ministre des affaires étrangères. Les ambassadeurs qui sont en mission ne reconnaissent pas l'autorité morale du président de la République sinon de leur chef de composante.

Cette triste réalité, transposée au plan national a fait de cette période de transition une période à goût amere et les conséquences, nous les avons encore jusqu'aujourd'hui: une armée de composante non intégrée, un pays totalement extraverti,un pays à clivage Est-Ouest toujours persistant, une République des guerres et des milices, un Etat prédisposé aux appétits des puissances occidentales et des ses voisins directs, des hommes politiques considérés comme des relais des voisins et des puissances financières internationales, des intellectuels totalement rangés derrière les composantes, se réfusant une analyse indépendante au profit de la République. Cette triste réalité a permis l'accroissement de la redoutabilité des puissances qui menacent la République et oblige la prise de conscience du besion de survie de ce grand pays.

Sur le plan international, la transition avec sa diplomatie de partage a presque imposé une diplomatie attentiste qui ne voit rien arriver et qui tente de réagir aux événements lors qu'ils sont là. C'est une diplomatie du fait accompli, une diplomatie qui encaisse et qui court derrière les événements de ce fait, la république ne peut être respectée et considérée.

§6. La politique étrangère du congo de 2006 à nos jours

La période sus indiquée est particulière parce qu'elle inaugure une ère tout à fait nouvelle. Elle commence avec la présentation de la constitution de la troisième République et élections démocratiques et transparentes organisées après plusieurs années du Mobutisme et de longues années de transition ou de graves recherches de prise de pouvoir par la force et par les armes. Cette période est encore essentielle pour la simple raison qu'elle subit directement ou indirectement les conséquences des programmes inachevés de la transtion, les mentalités politiques retrogrades consistant à ce qu'un groupe de personnes puisse prendre toute la République en otage pour accomplir leur objectif personnel au détriment de la population.

6.1. La formulation de la politique étrangère

6.1.1. De la compétence constitutionnelle des acteurs

Au terme de la constitution de la troisième république, les institutions de la République démocratique du Congo sont :

- Le Président de la République

- Le Parlement

- Le Gouvernement

- Les Cours et Tribunaux.

Chaque institution a des compétences que la constitution lui reconnait en matière de politique étrangère.

Pour le président de la République, il est la représentation internationale de l'Etat, le garant du respect des traités et accords internationaux signés par la République (art. 69) , le président de la république nomme, releve de leurs fonctions les ambassadeurs ( art.81), le président de la République déclare la guerre (art.85), le président de la république accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des Etats étrangers et des organisations internationales. Les ambassadeurs et les envoyés extraordinnaires étrangers sont accrédités auprès de lui.( art. 88). Le président de la république négocie les traités et ratifie les traités et accords internationaux.( art. 213) . De cette constitution, il ressort que le président de la République est l'acteur princier en terme de compétence constitutionnelle dans la formulation de la politique étrangère de la République. Il organise, il définit les objectifs et les priorités, il pose des axes privilégiés de la poltique étrangère. Toute la conception de la politique étrangère tourne au tour de lui. C'est lui le commandant en chef de la poltique étrangère de la République.

Quant au gouvernement, il a une compétence de collaboration avec le président de la république. Le président de la république nomme,relève et revoque les ambassadeur sur proposition du gouvernement, mais l'odonnance du président de la république sur la question est contresignée par le premier ministre ( art. 81) . Le domaine..... des affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le président de la république et le gouvernement ( art.91).

Le gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à la ratification après délibération en conseil des ministres.Il en informe l'Assemblée nationale (art.213). De ce qui précède, le premier ministre et son gouvernement, particulièrement le ministre des affaires étrangères, ont des compétences importantes en matière de la prise de décision de politique étrangère, son élaboration et son éxécution. Le ministre des affaires étrangères est le coordonnateur constitutionnel de toute l'application de la politique étrangère.

L'Assemblée nationale et le sénat ont une compétence de collaboration avec le président de la république sur certaines matières particulières . L'article 86 de la constitution de la troisième république stipule clairement que le président de la république déclare la guerre par ordonnance délibérée en conseil des ministres, après avis du conseil supérieur de la défense et l'autorisation de l'Assemblée nationale et du Sénat... le parlement contrôle le gouvernement. Il faut dire ici que le parlement participe activement dans la formulation de la politique étrangère de la république. Sa commission de politique extérieure assure sans nul doute le relais entre le président de la républque, le gouvernement et l'Assemblée nationale. Le parlement est en outre compétent dans la ratification des traités négociés par le président de la République, au biais du gouvernement et de ses services techniques. Du fait de cette ratification, il lui est conféré le pouvoir d'orienter la politique étrangère de la République.

6.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère

6.2.1. Objectifs de politique étrangère

L'objectif de politique étrangère de la troisième république est:

- La sauvegarde des institutions démocratiques issues des élections libres et transparentes,

- L'unité nationale et la défense de l'intégrité territoriale

- Assurer le développement économique par la réalisation des cinq chantiers de la république ( Route, éducation, l'eau et éléctricité,emploi et santé)

- Le retablissement de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire et l'imposition de la paix.

6.2.2. Principes de politique étrangère

Le premier principe de la politique étrangère est celui de la non- contradiction exprimé par la constitution de la troisième République, dans son préambule, «réaffirmant notre adhésion et notre attachement à la déclaration universelle des droits de l'homme,à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples,aux conventions des nations unies sur les droits de l'enfant et sur les droits de la femme, particulièrement à l'objectif de la parité de représentation homme-femme au sein des institutions du pays ainsi qu'aux instruments relatifs à la protection et à la promotion des droits humains» (146(*)) , article 69 quand il stipule le président de la république est le chef de l'Etat. Il représente la nation et il est le symbole de l'unité nationale. Il veille au respect de la constitution. Il assure par son arbitrage , le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que la continuité de l'Etat. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, de la souveraineté nationale et du respect des traités et accords internationaux.

En effet, l'instabilité internationale assombrit l'image de marque des Etats sur le plan de leur politique étrangère. C'est ainsi que la République veut éviter de rejeter les traités et accords antérieurement signés par elle. Il y a également le principe de l'unité africaine. Pour ce dernier, la République peut aller jusqu'à l'abadon partiel de sa souvéraineté au profit de l'unité africaine.( art.217). Pour cela, une partie du préambule de la constitution de la République dit: « ....mû par la volonté de voir les Etats Africains s'unir et travailler de concert en vue de promouvoir et de consolider l'unité africaine à travers les organisations continentales, régionales ou sous régionales....»(147(*))

Le principe du centralisme africain est le principe de coopération mutuellement avantageuse qui voudrait que la République devienne un véritable Etat exportateur de la paix et du développement pour tous les pays africains. Il entend que les grands projets de développment partent de la RDC afin de bénéficier à l'Afrique tout entière et privilégier une coopération réciproquement avantageuse. C'est ici que l'on comprend la signature de l'accord Sino- Congolais sur le plan de principe.

6.2.3. Courants philosophiques

Toute politique étrangère est soutenue par des courants philosophiques , expréssion de la philosophie nationale et de la nature même d'un peuple exprimé en terme de stériotype national.
Le principe de solidarité légendaire, celui de l'unité nationale dans la diversité ethnique ont prévalu.

6.2.4. L'application de la politique étrangère

L'élection de Joseph Kabila et sa prestation de serment avaient présagé un changement dans la conduite de la politique étrangère de la RDC. En effet, le président élu était déjà président de la République pendant la transition et pour cela avait vécu les difficultés de gestion d'une diplomatie de partage. Ainsi, il s'est hâté à extirper de l'appareil diplomatique les germes de « un plus quatre » afin de mettre sur pied une diplomatie souple et dynamique. Pour cela, sa diplomatie d'ouverture reprise avait amené les partenaires étrangers et des bailleurs des fonds à faire des promesses encourageantes. On a observé des très bonnes intentions de la communauté internationale pour le soutien à la réalisation des cinq chantiers de la république.

Cette dynamique a permis en outre la relance d'un programme avec la banque mondiale et le fond monétaire international afin d'annuler la dette extérieure de la RDC dans le cadre de l'initiative pays pauvres très endettés (initiative PPTE). Même si l'initiative n'a pas encore abouti, la diplomatie de la RDC a rendu le pays fréquentable et a attiré l'attention des investisseurs étrangers à cause d'innombrables richesses et possibilité de la RDC.

Fort malheureusement, cet élan n'a pas été soutenu. La signature par le gouvernement Congolais de l'accord Sino- Congolais a été comme un élément de rupture entre la RDC et ses partenaires traditionnels, notamment l'Union Européenne, la France, la Belgique, les USA , le Fond Monétaire et la Banque Mondiale. La RDC est redevenue un pays, un éternel incompris même lorsqu'elle a bien raison. Le pays se trouve comme au banc des accusés, on lui exige des conditionnalités encombrantes pour lui fournir ce qu'il avait en principe déjà obtenu. Comme si cela ne suffisait pas, la guerre de l'est a repris avec crainte d'embraser toute la République, rien ne semble jouer à son avantage . Bien avant, elle était entrée en complication diplomatique avec la Belgique pour une histoire pour tant maitrisable en raison d'intérêt de sa population. Plus le temps passe, plus ce pays devient moins fréquentable par les étrangers en terme d'image et d'investissement. Les pays de la sous région, notamment le Rwanda, pour se moquer d'elle la nargue avec complésance . Sa diplomatie , à l'heure actuelle, est totalement immobile, attentiste, sans vision de l'intégration des éléments de l'environnement international , régional et sous régional.

6.2.4.1. Conséquences de la crise de l'Etat Congolais sur sa politique étrangère.

Il est important, après avoir traité avec simplicité et objectivité la crise de l'État en RDC, de penser à ses conséquences sur la formulation et la conduite de sa politique étrangère. En effet, il est difficile pour un État, de surcroît du tiers monde, d'avoir une bonne politique étrangère, si déjà au niveau interne il se bat pour sa survie comme État et pour sa souveraineté.

Ainsi, Mwayila Tshiyembe pense que l'héritage de l'E.I.C. inscrit la politique étrangère de la République Démocratique du Congo dans la dynamique structurelle d'une diplomatie de la porte ouverte sur le monde. A cela s'ajouterait son arrimage au monde occidental à la suite de la guerre froide et aussi de son importance géoéconomique avec cette incise de montée de périls quant à sa survie comme État souverain. (148(*))

Le fait que le Congo soit un État de création factice des grandes puissances et que son bassin soit réputé libre pour le commerce et la navigation confère à sa politique étrangère une caractéristique particulière. Ainsi, sa formulation est souvent faite non pas pour son propre intérêt national, mais pour les autres. Elle est fait en faveur de la protection les États puissants qui sont ses créateurs. De ce qui précède, Biyoya Makutu pense à raison que dans le cadre du Congo, sa politique étrangère devait tenter de répondre à la question de savoir si l'indépendance nationale est effective. Car, la politique étrangère est impossible en l'absence d'un réflexe d'indépendance, soit d'une volonté de liberté et d'une capacité de manoeuvrer. (149(*))

La critique que nous formulons contre la politique étrangère de la période sous étude tient compte de cette réalité. En effet, cette politique étrangère ne tient pas compte des certaines réalités internationales. Elle manque promptement l'esprit internationaliste qui a longtemps caractérisé ce pays. Toute formulation de la politique étrangère de la RDC devait commencer par clarifier la nature de l'État congolais et de son indépendance politique et économique. Mwayila a décrit la situation de la manière suivante : .....La référence à l'État Indépendant du Congo (E.I.C.) tout comme la parenthèse coloniale, mais aussi le contexte de la guerre froide qui fait de l'indépendance de la République Démocratique du Congo un enjeu de politique de grande puissance sont inhibiteurs ou contre indicateurs de puissance, et donc de la politique étrangère. (150(*))

Il faut reconnaître que depuis 1960, la politique étrangère de la RDC est une politique mouillée, plusieurs difficultés sont attachées à sa formulation et à sa conduite. Rien n'est pour qu'elle contribue à sa liberté, à la consolidation de son indépendance et à sa souveraineté. Cette politique étrangère est tributaire du déficit de souveraineté interne et internationale. La crise de la nature de l'État constitue un handicap sérieux. Elle est très attachée à son histoire politique.

La politique étrangère de la République Démocratique du Congo, au lieu d'être une politique d'anticipation elle attend les événements et les subit pour enfin devenir une politique de figuration.

CHAPITRE III. LA POLITIQUE ETRANGERE DES USA VIS -A-VIS DE LA RDC

La RDC est une partie de l'Afrique. Pour cela, les données relatives à la formulation, aux principes, aux doctrines et fondements de la politique africaine des USA comptent aussi pour elle.

Nous, allons cependant, fournir des efforts pour dégager les objectifs particulier des USA en RDC, dans une perspective historique.

SECTION I. OBJECTIFS SPECIFIQUES DE LA POLITIQUE AMÉRICAINE DE LA RDC PENDANT ET APRES LA GUERRE FROIDE.

§1. Pendant la première République

La RDC est un pays tout à fait particulier dans toutes ses dimensions. En effet, toutes ses luttes de libération, son processus de décolonisation et la formation de ses premières structures politiques ont débouché à une intervention des grandes puissances. Dès 1960, lors de la célébration sollennelle de son indépendance, un mal entendu fondamental va déterminer et même influencer son avenir.

Pour bien comprendre la vraie politique étrangère des USA à l'égard de la République Démocratique du Congo, il faut commencer par comprendre l'environnement international de ce temps là.

Les deux hyper puissances, conscientes de la position stratégique que le Congo occupe en Afrique, vont se lancer à la recherche de son contrôle.

L'accession de la République démocratique du Congo à la souveraineté internationale entraine une guerre civile horrible. Celle ci est suivie par la tentative de sécession du Katanga sous la direction de Moïse Tshombé.

les Etats-Unis sont grandement intéressés par la RDC et tente d'inscire la question dans le cadre de la guerre froide.

En s'intéressant ainsi à la RDC, l'objectif de la politique étrangère américaine était de chercher à y contenir l'influence communiste.

Face aux troubles intérieurs causés par la tentative de sécession du Katanga, Lumumba fait appel à l'assistance de Moscou. Il est destitué par le président Kasavubu, arrêté par le colonel Joseph-Désiré Mobutu, ensuite transféré au Katanga où il est assassiné.

Le deuxième objectif de la politique congolaise des USA est de favoriser l'accension d'un leader congolais pro américain. C'est ainsi qu'ils favoriseront l'accession au pouvoir de Mobutu.

Pendant tout le temps qui suivra, la RDC est restée l'un des principaux pays pivot de la politique africaine des USA.

Cet argument est soutenu par les belles phrases suivantes : ...... Plutôt que de venir en aide au Congo nouvellement indépendant, la Belgique et les États-Unis sont intervenus secrètement dans le façonnement de nouvelles structures politiques afin de s'assurer que leurs entreprises conserveraient leur monopole sur les ressources congolaises. Ces pays étrangers ont aidé à financer des mouvements sécessionnistes dans les régions riches en ressources du Katanga et du Sud-Kasai. Ces ingérences ont grandement contribué à l'incapacité de Lumumba de transformer le Congo en un État indépendant, stable et ont amené à sa destitution comme premier ministre par le Président congolais Kasavabu en 1960 et ensuite par Moise Tshombe, le leader du mouvement sécessionniste katangais. Lumumba a été assassiné par des agents de la CIA et des mercenaires belges en 1961. (151(*))

§2. Pendant la Deuxième République

Après la mort de Lumumba, les américains ont fait le choix de la raison et de la stratégie sur la RDC. Ce choix est motivé par la situation centrale de ce pays .

La RDC joue le rôle de pivot stratégique dans la lutte contre l'établissement des régimes communistes en Afrique centrale ( notammant au Congo et en Angola). C'est pour cette raison que Mobutu avait accusé, en son temps , Lumumba devant les caméras de sympathie procommuniste pour s'attirer le soutien des États-Unis. (152(*))

Pendant cette période, l'objectif de la politique américaine du Congo reste structuré autour de la lutte contre la montée du communisme. Il faut y ajouter l'empêchement de la montée de l'extrémisme nationaliste dans le pays.

Les américains ont grandement aidé Mobutu dans la lutte contre la rébellion muleliste. «Sous la direction de Pierre Mulele, des rebelles partisans de Lumumba partent en guerre contre Mobutu. (153(*)) Il pose ainsi son pouvoir sur deux piliers : à l'extérieur, le contexte de la guerre froide, et à l'intérieur la stabilité. Un autre moyen d'affermir son pouvoir est la prise de contrôle du pouvoir politique, dont le corollaire est la répression d'une partie des citoyens congolais. » (154(*)) Les États-Unis ont justifié leur politique envers Mobutu en prétextant qu'elle faisait partie de sa lutte contre le « communisme » et contre l'influence soviétique en Afrique.

Avec Mobutu, la RDC est alors le cheval de Troie des américains contre la montée communiste en Afrique et particulièrement en Afrique australe. L'aide américaine aux guérilleros angolais du FLNA et de l'UNITA passera par ce pays.

En claire, la politique congolaise des USA pendant la deuxième République avait un seul objectif principal: utiliser le pouvoir de Kinshasa comme rempart de sa lutte contre le communisme naissant en Angola et en République du Congo. Ceci explique tout le soutien dont Mobutu a été l'objet sur le plan national et international.

§3. De 1990 à 1997

La fin de la guerre froide sonne le changement d'option et d'objectif de politique étrangère américaine dans le monde.

L'importance stratégique et géopolitique de la RDC ne se justifiait plus. L'objectif de politique étrangère américaine pour la RDC a suivi le même changement. De ce fait, Les américains ont exigé au président Mobutu des changement significatifs dans la gouvernance de la République, dans le respect des droits de l'homme et dans la démocratie. La politique étrangère américaine revient au sentiment de la Déstinée manifeste. C'est ainsi que Mobutu opérera quelques changements, notamment celui du 24 avril 1990.

De ce que nous venons de souligner, nous pouvons retenir que la période qui s'étale entre 1990 -1996 coincide avec « . L'unilatéralisme américain: slogans de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme au service de la domination globale ou de l'hégémonie mondiale des États-unis. (155(*)) Les américains ont en outre commencé à structurer leur politique étrangère africaine sur les nouveaux leaders africains. C'est ainsi qu'ils feront le choix de l'Ouganda, de l'Éthiopie, de l'Érythrée et du Rwanda. (156(*)) Les leaders de ces pays passent pour des modèles du nouveau leadership aux yeux de Washington et auquel est associé l'idée de la «renaissance africaine (157(*))

L'objectif de politique américaine de la RDC pendant cette période est noyé dans un plus grand cadre. Celui-ci, dans la Sous Région des Grands Lacs, était défini en terme de la recherche de l'émergence d'un État stable, soucieux du respect des droits de l'homme, de la démocratie et du respect de l'ouverture à l'économie du marché. Le but de cette perspective est de favoriser la coopération inter étatique et l'accès aux innombrables ressources naturelles de ce pays.

§4. De 1997 à 2001

Le choix américain a favorisé la montée d'un nouveau leadership sous régional. Dans cette perspective, le leadership dans la Sous Région des Grands Lacs était désormais aux mains de Museveni. Le grand atout que celui- ci a utilisé pour s'attirer la sympathie des lobbies américains a consisté à brandir le gouvernement de Khartoum comme une menace de l'intégrisme musulman contre son pays et le reste de la sous- région de l'Afrique orientale et centrale.

D'une manière ou d'une autre, les USA ont soutenu les forces de l'AFDL. Ils leur ont apporté un soutien tant du point de vue logistique (en terme de reconnaissance, de communication et d'intendance) qu'au niveau politique (du fait des rapports très cordiaux avec le régime rwandais du FPR et de l'Ouganda).

De ce fait, ces deux pays bénéficiaient de l'appui matériel et diplomatique de Washington dans la guerre de libération du Congo. Selon certaines informations, les États- Unis auraient installé un centre C3I (Command, Contrôle, Communication and Intelligence) à Kigali, d'où étaient coordonnées les activités de la rébellion de l'AFDL. Il faut ajouter à cela la fourniture d'armes et de munitions, équipements et hommes et les prises de position de certains diplomates américains. (158(*))

§5. De 2001 à 2006

Cette période coincide avec la première éléction de G.w. Bush et surtout avec le grand événement du 11 septembre que nul au monde ne peut oublier de si vite. Cette période est essentielle dans le changement de choix stratégique de la politique étrangère des USA. Cette réalité était perceptible dans la politique africaine des USA. En effet, il faut reconnaitre que c'est pendant cette période que le président Bush entre en fonction, en janvier 2001. cette période représente le début d'une ère nouvelle dans la politique étrangère américaine à l'égard de l'Afrique et de la RDC en particulier.

Il est également important de faire savoir que les attentats du 11 septembre 2001 vont apporter une touche particulière. Le président BUSH et son premier cercle seront les acteurs les plus influents et les plus actifs dans la politique étrangère à l'égard de l'Afrique.

Pendant cette période, l' objectif de la politique africaine des USA dans la Sous Région des Grand Lacs est défini en terme de lutte contre le terrorisme ou le contrôle des Etats qui soutiennent le terrorisme en général et en particulier l'intégrisme religieux. Un autre objectif de la politique africaine des USA est de promouvoir les investissements et le commerce américains. Ainsi, pouvons-nous lire ce qui suit: le soutien de l'Administration américaine aux Rwanda et Ouganda dans la guerre de la R.D.Congo prend en compte la promotion des investissements et commerce américains afin de les récompenser car ils favorisent l'établissement d'économies libérales ouvertes (159(*))

Pour parvenir à cet objectif, plusieurs stratégies ont été montées. Parmi ces stratégies, nous pouvons noter la lutte pour le contrôle du Soudan et le soutien à l'Ouganda et au Rwanda.

L'autre stratégie est savamment menée par les grandes multinationales. Pour elles, le Congo redevient un Eldorado ouvert, une zone de concurrence aiguisée par le jeu ouvert entre les grandes compagnies minières établies, les entreprises minières déjà positionnées sur le pourtour oriental qui peuvent renégocier les rentes de situation dans une conjoncture des prix redevenue favorable, mais aussi des zones commerciales à occuper en raison de la déliquescence des réseaux commerciaux contrôlés par l'ancien régime - ou à attirer, enfin un champ d'aventure économique et de trafic informel à forte valeur ajoutée qu'offrent les dépouilles de l'ancien tissu économique et minier. (160(*))

En cette période, les USA ont une perception nette de la RDC. Selon cette perception, la RDC est un champ d'affirmation géopolitique des puissances émergentes africaines. Cette affirmation est faite soit d'une façon symbolique (l'enjeu des modèles de reconstruction transition démocratique et de leadership moral), soit d'une façon plus pragmatique (un gisement potentiel dans la gestion des conflits). Cette réalité a une conséquence perceptible : l'hypothèse de partition, de facto, du Congo qui est déjà sous-jacente sur le plan économique. Du moins le jeu diplomatique autour de la question congolaise incite implicitement les différents acteurs régionaux et internationaux à se positionner dans une telle perspective, même si l'intangibilité des frontières est explicitement défendue.

Cette perception américaine considère la RDC comme étant un État qui a failli. Cette faillite est perçue à leurs yeux comme étant la source de l'instabilité dans la Région des Grands Lacs. En outre, la RDC est considérée comme étant le résultat d'une union impossible, non naturelle et que ses frontières coloniales ne pourraient éternellement être considérées comme sacro-saintes (161(*)). Bien avant, Walter KANSTEINER, secrétaire d'État aux affaires africaines, avait présenté des positions sur l'avenir de la région des Grands Lacs. Il avait plaidé en faveur de la création « des pays homogènes sur le plan ethnique, ce qui impliquait nécessairement de redessiner les frontières internationales et d'importants efforts de réinstallation des populations » (162(*)) Il allait jusqu'à envisager la création d'États hutu et tutsi, séparés, ces derniers pouvant se situer dans l'Est de la RDC. En août 2000, MAZRUI a pensé que l'éclatement du Congo était plus probable aujourd'hui qu'il ne l'était voilà vingt ou trente ans (163(*)).

Quant à l'ancien secrétaire d'État Herman COHEN, bien qu'il ne reconnaisse pas que les États-unis aient songé à démembrer le Congo, concède cependant que « l'Administration Clinton a eu tendance à voir le Congo par l'optique de Kigali, ce qui était une mauvaise évaluation et il souligne que grâce à l'Administration BUSH « le potentiel de démembrement du Congo a reculé » (164(*))

Selon Colin Powell, l'objectif de la politique américaine des Grands Lacs africains sous l'administration Bush avait des objectifs formulés en termes d'impératif stratégique : cultiver les liens étroits avec les puissances régionales qui ont fait des progrès dans certains domaines comme la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le respect des droits de l'homme et la démocratie. (165(*)) Cette vision ne se distingue donc pas de celle de l'Administration Clinton, laquelle s'était appuyée sur le « nouveau bloc » des leaders africains. Parmi lesquels Yoweri Museveni (Ouganda) et Paul Kagame (Rwanda) qui avaient en commun la même volonté de créer des gouvernements « sensibles à la critique et responsables ».



Section II. LES DOCTRINES DE POLITIQUE AFRICAINES DES USA QUI MENACENT LA RDC

§1. La perception américaine du régionalisme et l'application des new leaders

1.1. Le régionalisme

Pour bien comprendre la teneur de ce principe, il nous revient de nous souvenir du passé militaire américain en Somalie. En effet, fort de cette expérience somalienne, les américains jugent utile de responsabiliser les régions, à assurer leur propre sécurité. Pour ce faire, ils ont tenté de créer une armée régionale qui serait capable de participer aux opérations de maintien de la paix en Afrique. Cette armée est formée, encadrée et équipée par les instructeurs américains. ( 166(*))

Pour en être sûr, le Professeur Mabiala rapporte : « Depuis 1994, un groupe de chercheurs réunis à l'Institut de Paix des USA (United States Instituts of Peace) (167(*)) avait conçu le principe du régionalisme comme étant l'obligation communautaire des États à contribuer, au-delà de leurs frontières, au respect des règles et valeurs universelles, pour une stabilité et une prospérité régionale.

Ce principe devait désormais justifier l'intervention militaire en assurant ainsi la responsabilité reconnue au Conseil de Sécurité par l'article 24 de la Charte de San Francisco » (168(*)).

Cette étude de l'Institut de Paix des États-unis d'Amérique a grandement motivé la communauté internationale. Ainsi, certains pays ont-ils été éligibles aux programmes américains. Parmi ces pays, il y a les forces armées de l'Ouganda et du Rwanda. Ces États ont reçu dans ce programme des matériels militaires pouvant leur permettre de participer aux différentes opérations de maintien de paix dans la Région et dans la sous Région.

Fort malheureusement, ils en ont fait de véritables outils de conquête et de pillage. Cette perception du régionalisme a beaucoup contribué au renforcement des capacités militaires des armées des pays non encore totalement stabilisés. Ainsi, les armées rwandaise et ougandaise sont devenues des armées de conquête et d'expansion dans cette partie du continent. Ce souci de créer des États militairement forts, a motivé les Américains à soutenir les Ougandais et les Rwandais. C'est ce qui justifie les accords militaires sérieux entre les Américains et les Rwandais

1.2. La théorie de New Leaders

Le changement stratégique de la fin de la guerre froide a conduit les américains à compter sur les jeunes leaders qui, selon eux, pouvaient s'adapter à la nouvelle donne internationale. En effet, le rôle stratégique que Mobutu avait joué était désormais confié à Museveni. Ainsi, Pour les USA, l'Ouganda représentait un rempart contre le Soudan et il fallait accepter ses conditions. Concernant le Rwanda, il fallait laisser tomber les Accords d'Arusha et permettre au FPR de prendre le pouvoir à Kigali, même au prix de l'assassinat du Président Habyarimana (s'il n'était pas prêt à démissionner) et établir un régime proaméricain qui ferait la liaison entre l'Ouganda et la province Orientale pour approvisionner les rebelles du Soudan du sud. (169(*)).

Pour Lemarchand, lors de la tournée africaine de mars 1998, à Kigali le président Clinton, non seulement admet publiquement son erreur d'appréciation sur la question du génocide, mais dit publiquement au régime Rwandais ....l'Amérique est avec vous ! »(170(*)).

Le génocide Tutsi permettra au Rwanda de créer une puissante force d'audience internationale. A ce nom, le Rwanda bénéficie de la pitié de la communauté internationale. Aux yeux des USA, le Rwanda n'a pas peur d'être inquiété.

§2. L'ombre jeté sur le génocide et la lutte contre le terrorisme en Afrique des grands lacs

La politique étrangère américaine dans les grands lacs est une succession des choix stratégiques. Celle-ci, une fois appliquée dans les circonstances de la Sous Région des Grands Lacs, s'apparent à une véritable menace contre la RDC comme État souverain dans ses frontières qu'on lui reconnaît depuis 1960. Parmi ces choix, il y a entre autre l'ombre que les USA porte sur le génocide et la lutte contre le terrorisme en Afrique centrale.

Notre souci ici n'est pas de traiter du génocide dans ses détails. Cependant, il faut reconnaître que les grandes puissances de la communauté internationale ont chacune sa responsabilité.

En effet, depuis un certain moment, à partir du 11 septembre 2001, la politique de lutte américaine contre le terrorisme était devenue très perceptible en Afrique.

En effet, en cette période, les USA ont présenté le régime soudanais comme un État paria ayant hébergé les terroristes responsables de ces attentats contre les intérêts américains en Afrique. A dater de ce moment, Le Soudan était devenu un État terroriste et l'ennemi numéro un des USA en Afrique centrale. Ainsi, Les USA vont tout mettre en oeuvre pour le contrôler.

La mission de surveillance et de contrôle sera accordée à l'Ouganda. En contre partie, l'Ouganda sera comblé de toute sorte de sollicitude. Le Président Museveni est devenu un pivot de la stratégie américaine dans cette partie du continent.

Il faut noter depuis lors que La communauté internationale présente beaucoup de sympathie pour le Rwanda et l'Ouganda. Le profil bas observé lors du génocide rwandais en est la vraie raison. Pour l'autre, le contrôle du Soudan terroriste est la motivation première. Le soutien stratégique américain et des autres grandes puissances a occasionné beaucoup d'excès de la part du Rwanda et de l'Ouganda.

Ainsi, ils sont-ils devenus deux bras que les USA instrumentalisent dans la sous région des grands lacs pour la contrôler de loin. Ce choix stratégique porte beaucoup de conséquences sur la RDC et son avenir comme État. Cependant., certaines critiques peuvent être faites quant au choix stratégique et diplomatique américain.

En effet, pendant une période, pour besoin de politique étrangère dictée par l'intérêt national, un État peut être librement amené à porter son choix stratégique sur un autre. C'est tout à fait normal. Néanmoins, il est toujours conseillé que ce choix soit judicieux, c'est-à-dire capable d'être pérennisé sans contre conséquence sur le porteur du choix. Ce qui s'est passé dans la sous région des grand lacs nous prouve que le choix américain tel qu'opéré pourrait consacrer, à la longue, l'échec de la politique américaine dans cette partie du globe.

D'abord, Museveni et Kagame peuvent devenir à la longue incontrôlables ; ensuite leur base intérieure ne concorde pas avec le système politique que les USA ont toujours soutenu. Le Rwanda comme l'Ouganda sont des États ethnocratiques et ethnocidaires. Ils ne respectent ni de l'intérieur ni de l'extérieur les droits de l'homme. Ils sont toujours prêts à brandir les armes contre les États voisins et même contre leurs propres populations nationales.

Il est certain que la communauté internationale a gardé un profil bas devant le génocide rwandais. Son comportement et surtout la pitié qui s'en est suivi a permis au Président Kagamé de ne cesser de la culpabiliser. A cause du génocide et de la lutte antiterroriste, le Rwanda et l'Ouganda pensent être investis d'une mission de redessiner la carte de la Sous Région sans être inquiétés.

C'est à ce titre qu'ils se sont livrés aux actes de sabotage dans la Sous Région, tels que l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC et même la guerre rangée de Kisangani.

§3. Théorie de la paix démocratique et la diplomatie transformationnelle

3.1. La théorie de la paix démocratique

A ces jours, la théorie de la paix démocratique fait partie des thèses les plus largement admises parmi les théoriciens des relations internationales. Elle est considérée comme l'une des « lois » parmi les plus solides de la théorie des relations internationales (171(*)). Notre ultime préoccupation est de voir comment elle est appliquée dans la politique étrangère des Usa et comment elle menacerait la survie de la RDC comme État souverain.

La théorie de la Paix démocratique postule que les démocraties ne se font pas la guerre entre elles, non parce que les peuples seraient intrinsèquement pacifistes, mais parce qu'entre démocraties, le recours à la guerre est justement devenu irrationnel comme continuation de la politique (172(*)).

D'un point de vue constructiviste, la Paix démocratique est la croyance selon laquelle les affinités sociales et économiques intenses et les interdépendances entre les États libéraux sont à même d'éliminer les perceptions de menaces mutuelles (173(*)).

La théorie de la paix démocratique envisage la possibilité d'éviter de recourir aux armes comme moyens de résolution des conflits d'origine économique, diplomatique, technologique, culturelle, éthique et religieuse (174(*)). La paix démocratique correspond à la théorie selon laquelle la paix peut plus facilement exister à travers la démocratie que par le biais d'États autoritaires.

Selon cette théorie, le système de gouvernance démocratique élimine les causes les plus importantes de la guerre. Plus un régime est démocratique, plus il est moins enclin à la violence sur le plan externe. Cette théorie soutient donc une inter relation entre démocratie et paix : les deux réalités se renforçant mutuellement.

Shah M. Tarzi souligne que la théorie de la paix démocratique ne postule que pour les démocraties libérales constitutionnellement stables et non pour les démocraties non libérales (175(*)).

La théorie de la paix démocratique transforme le caractère des relations internationales en privilégeant le caractère de l'État (son régime, ses institutions, son degré de liberté) par rapport au système et l'homogénéité à l'intérieur de ce système par rapport à sa polarité.

Selon cette vision, l'État n'est plus seulement une simple entité politique neutre mue par les seules considérations d'un intérêt national défini étroitement. Désormais, il est considéré aussi comme un agent moral au sein d'une communauté d'États semblables. Dans cette communauté, il y a une autorité morale qui juge les actions de ses membres tant sur leur caractère que sur leurs conséquences politiques. Elle est capable d'exercer une certaine pression sur chacun d'entre eux. Le type de relations qui gouverne cette communauté n'est plus uniquement régi par des alliances d'intérêts, mais s'apparente aussi aux relations plus complexes qu'entretiendrait un groupe d'amis.

L'idée de la paix démocratique remonte au 18ème siècle avec les écrits d'Emmanuel Kant qui la percevait comme un modèle de cosmopolitisme pacifiste, reposant sur une paix interne des États et une politique étrangère pacifiée. Il est à noter que pendant les deux siècles qui suivirent, cette théorie était passée pour utopique. Ce n'est qu'à la fin du vingtième siècle qu'un constat sans appel s'est imposé, à savoir que les démocraties bien établies ne partaient pas en guerre les unes contre les autres, avec pour conséquence que cette théorie a connu un regain d'intérêt dans les études des Relations Internationales vers les années 1990.

Le postulat de départ de la théorie de la paix démocratique consiste dans l'affirmation que la nature du régime intérieur d'un État influe sur son comportement international.

Or, lorsqu'on établit une corrélation entre le comportement international d'un État et la nature de son régime politique interne, on constate que jamais des démocraties ne se sont fait la guerre entre elles, alors que le recours à la violence armée reste de mise dans les relations entre États démocratiques et non démocratiques, ainsi que dans les relations qu'entretiennent entre eux des États non démocratiques (176(*))

En claire, de par cette théorie, la perception américaine de la RDC, en considérant ce pays comme un État non démocratique, le met sur la liste des États qui ont failli. De ce fait, il revient à la puissance américaine de le pousser à la démocratisation. Les moyens à y appliquer dépendent donc des USA. Dans les circonstances régionales, en opérant le choix stratégique sur les Rwanda et l'Ouganda, la tentative serait de dépiécer la RDC. Cette opération serait de nature à créer les petites entités capables d'être contrôlées, sur lesquelles la démocratie serait facile à instaurer.

3.2. Diplomatie transformationnelle

Comme pour la théorie de la paix démocratique, les américains ont fait recourt, pour la mise en place de leur politique étrangère et leur diplomatie envers la RDC, à une nouvelle doctrine ou force de pensée philosophique. Celle-ci est la diplomatie transformationnelle.

La diplomatie transformationnelle peut être définie comme une diplomatie qui agit de l'extérieur pour transformer en démocratie des régimes non démocratiques. Elle consiste essentiellement à soutenir des changements à l'intérieur des États plutôt que dans les relations qui les unissent. » (177(*))

Tout porte à croire que c'est de Condoleezza Rice, Secrétaire d'État sous le président Bush, que ce terme émane ou de son cercle très étroit (Jim Wilkison a été cité comme un « inventeur » possible de la formule), le terme s'étant peu à peu précisé au cours de l'année 2005, pour être employé couramment, dans son sens actuel, à partir de décembre 2005 - janvier 2006

Selon les termes de Condoleeza Rice, la diplomatie transformationnelle consiste à « oeuvrer avec (les) nombreux partenaires (des États-Unis) dans le monde, afin d'édifier et de soutenir les États démocratiques et bien gouvernés qui répondent aux besoins de leur population, réduisent la pauvreté et se conduisent de manière responsable au sein du système international.

Pour Georges Bush Junior, la diplomatie transformationnelle est une politique visant à chercher et à soutenir la croissance des mouvements et institutions démocratiques dans toutes les nations et cultures avec comme but ultime de mettre fin à la tyrannie dans le monde. Pour cela, la diplomatie ne doit plus se limiter à reporter ce que le monde est, mais à chercher à le transformer

Jusqu'à la fin de la guerre froide, les États-unis traitaient avec les autres États se conformant aux conditions dans lesquelles ils le trouvaient. Les diplomates faisaient des rapports au gouvernement, essayaient de prévoir les résultats des élections (au cas où il y en avait) et prévoyaient les conséquences de tel ou tel autre résultat. Avec la diplomatie transformationnelle, les diplomates américains essayeront de manoeuvrer la politique d'un pays afin qu'il y ait au minimum des élections, étant donné que celles-ci sont la condition sine qua non de la démocratie.

Pour Condoleezza Rice, dans le nouvel environnement géopolitique post-11 septembre (États faillis ou mal gouvernés, zones grises, terrorisme, etc.), il faut agir directement sur les sociétés étrangères, sur la gouvernance des États, plutôt que sur leur seule politique étrangère. La clé de la stabilité future se cache à l'intérieur des États et non pas seulement dans les relations qu'ils entretiennent. Du coup, le diplomate, le pourvoyeur d'aide au développement et le soldat se muent en agents de la bonne gouvernance, particulièrement dans les situations post-conflit et dans les sociétés fragiles (178(*)).

Il est indiqué que la politique étrangère américaine utilise habilement la notion de la diplomatie transformationnelle et la théorie de la paix démocratique à leur guise. En effet, la perception américaine selon laquelle la République Démocratique du Congo serait un pays qui a failli prédispose à l'application de ces théories. Ce discours a son importance. C'est que les structures étatiques qui ont faillie sont créatrices et exportatrices de l'instabilité sous régionale, du terrorisme et du danger. C'est le cas de la RDC. Elle est une base arrière des forces négatives qui sèment l'insécurité dans toute la sous région des grands lacs. Et de l'intérieur, c'est un État qui n'est pas géré. Par conséquent, il faut tout faire pour transformer ses structures internes et même la nature de son État afin qu'il devienne une démocratie qui rassure ses voisins et les grandes puissances qui pourront alors compter sur elle.

Transformer la nature de son État revient à dire qu'il faut lui donner la possibilité que sur ses cendres naissent de nouvelles entités et de nouvelles enveloppes juridiques. Il est question ici de comprendre que toutes ces forces scientifiques et philosophiques participent à la balkanisation de la RDC. L'équation simple à comprendre est que la RDC, État en faillite a besoin d'être transformée par « la diplomatie transformationnelle » afin qu'elle devienne une véritable démocratique de coopération avec ses voisins et ne plus être un État exportateurs de la guerre et de l'instabilité dans la sous région des grands lacs.

§4. La théorie du chaos constructeur

La politique étrangère américaine est grandement fonction, pour sa formulation, des idées forces et doctrines philosophiques. C'est que les USA n'interviennent pas au monde pour rien. Toutes leurs interventions sont grandement mûries scientifiquement et l'application de ces doctrines et pensées constitue la base séculière de la politique étrangère.

Parmi ces doctrines et théories, il y a bien la théorie du chaos constructeur.

En effet, cette théorie est l'adaptation de la pensée du philosophe Leo Strauss qui développe l'idée selon laquelle le peuple est divisé en « nombreux communs » (« vulgar-many ») et « peu de sages » (« wise-few »). Les sages ont pour tâche de maintenir l'ordre et, pour atteindre leur but, peuvent user de « nobles mensonges » (« noble lies »). Si les « nombreux communs » sont laissés à l'individualisme, au libéralisme et au relativisme, il ne peut en résulter que le chaos. Un mythe inventé par les dirigeants servira à contrôler le peuple. En inventant ou en entretenant une « guerre perpétuelle », le peuple pourra être mené pour son propre bien (179(*)).

Cette théorie a été reprise par les néo conservateurs américains, Selon qui le vrai pouvoir ne s'exerce pas dans l'immobilisme, mais au contraire par la destruction de toute forme de résistance. C'est en plongeant les masses dans le chaos que les élites peuvent aspirer à la stabilité de leur position. (180(*)). Les théoriciens du chaos constructeur pensent qu'il est nécessaire de créer l'instabilité, le chaos sur le cendre duquel naîtra l'ordre, la stabilité et les structures étatiques viables afin d'exploiter les richesses naturelles de leur sous sol.

En claire, l'objectif du chaos est d'imposer un nouvel ordre dans une région riche et instable. L'une des applications de cette théorie a été faite lors de l'offensive Israélienne contre le Liban. En effet, Vu de Washington, ce qui s'est passé au Liban n'a aucun rapport avec la récupération de soldats capturés par le Hezbollah. Ce dont il s'agit, c'est de la mise en pratique de la théorie longuement mûrie du « chaos constructeur ». (181(*)).

Pour les théoriciens du chaos constructeur, c'est après la violence et le chaos que les américains peuvent créer des États à souveraineté négative afin d'exploiter leur sol et sous sol sans grande résistance. Il est important de savoir que pour apporter le chaos, les américains passent toujours par un bras séculier dans la Sous Région, un type d'État pivot. Dans le cas du Liban, c'est bien l'État d'Israël qui a joué ce rôle. Ainsi, la volonté israélienne de démanteler le Liban, d'y créer un mini État chrétien et d'annexer une partie de son territoire n'est pas nouvelle. Elle fut énoncée, en 1957, par David Ben Gourion, dans une célèbre lettre publiée en annexe de ses mémoires posthumes. Surtout, elle fut insérée dans un vaste projet de colonisation du Proche-Orient qui fut rédigé en 1996 sous le titre : Une rupture propre : une nouvelle stratégie pour sécuriser le royaume d'Israël] (182(*)).

L'objectif américain dans le moyen orient était donc simple : Le contrôle des zones appelées « l'arc de crise ». Cette Région est riche en hydrocarbure. Elle porte sur l'arc rejoignant le Golfe de Guinée à la mer Caspienne, en passant par le Golfe persique. Pour y arriver, l'impératif américain est d'imposer une redéfinition des frontières, des États et des régimes politiques. il s'agit bien d' un remodelage du Grand Moyen-Orient. «L'idée est simple : substituer aux États hérités de l'effondrement de l'Empire ottoman des entités plus petites à caractère mono ethniques, et neutraliser ces mini États en les dressant en permanence les uns contre les autres. En d'autres termes, il s'agit de revenir sur les Accords conclus secrètement, en 1916, par les empires français et britanniques, dit Accords Sykes-Picot et de consacrer la domination désormais totale des Anglo-Saxons sur la région. » (183(*))

Mais pour définir de nouveaux États, encore faut-il détruire ceux qui existent. Une si belle question peut à ce stade nous être posée. En quoi cette théorie menacerait-elle la RDC. La vision néo conservatrice ne s'est pas limitée à la seule Sous Région du moyen orient. Elle s'est étendue à d'autres, notamment à l'Afrique. Pour la même pratique, les USA ont longtemps fait passer le discours selon lequel la RDC est un pays qui faillit. Ce pays riche en matière première de base ne peut pas être laissé pour compte. Comme le Soudan, les USA ont instrumentalisé le Rwanda et l'Ouganda afin de créer le chaos sur lequel serait basée la balkanisation de la RDC. C'est de cette manière là que cette théorie menace la RDC. Sans changement de vision de politique étrangère, la RDC n'est qu'un puzzle dans le maillon qui doit être rattaché.

§5. Le ré application du principe wilsonien de nationalité

Le wilsonisme est une option, mieux une idée politique construite par le président américain portant ce nom. Il est une notion politique et même doctrinale qui a fait court en droit international et surtout en Relations Internationales devenant un vrai paradigme explicatif des faits et phénomènes internationaux. Il est avant tout une idée psychologique très attachée de son concepteur. Le terme désigne plus précisément la conception idéologique d'une « Nouvelle Diplomatie » née avec l'irruption des États-unis sur la scène internationale mondiale en 1917-1918...

Il peut paraître surprenant de constater que depuis la guerre froide, l'idée typiquement wilsonienne d'un « Nouvel Ordre International » a spontanément et régulièrement ressurgi sur la scène politique mondiale et chez un certain nombre de présidents américains pourtant tenants d'un réalisme politique autoproclamé. De ce qui précède, on peut affirmer avec CHALIAND, G. et BLIN « La présidence de Woodrow Wilson, présidence qui, de toute l'histoire des États-unis, constitue probablement son moment le plus idéologisé » (184(*))

Wilson remettait en cause la diplomatie européenne traditionnelle, reposant notamment sur le secret. Internationaliste convaincu, il croyait en la coopération des États, au multilatéralisme : les prises de décision, en matière d'action extérieure, devraient être faites en consultation avec la communauté internationale et/ou reposer sur une action commune. « C'est principalement l'idéalisme wilsonien qui a imprimé son rythme à la politique américaine depuis sa présidence historique, et qui l'inspire aujourd'hui encore » (185(*))

Le modèle démocratique américain était donc considéré comme le plus vertueux, garant de liberté, prospérité et sécurité : « L'Amérique est la seule nation idéale dans le monde. L'Amérique a eu l'infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde. Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » (186(*))

Les « 14 points » de Wilson, qui servirent de base à la paix de 1918 et à la création de la Société des Nations, ancêtre des Nations Unies, constituent une synthèse parfaite de la pensée du président américain. Pourtant, celui-ci fut désavoué par le Sénat en 1920, qui refusa de signer le Traité de Versailles que Wilson avait pourtant négocié : les tendances isolationnistes avaient repris le pouvoir ; elles restèrent prépondérantes durant les années 1920-1930.

Certes, de ces 14 points, deux ont longtemps retenu l'attention des chercheurs : la création d'une société des nations et surtout la fixation des frontières de certains États sur base de nationalité.

Après une analyse scientifique de ce qui précède, on peut noter que trois faits majeurs constituent les bases de cette doctrine wilsonienne. Il s'agit de :

· La liberté de la navigation internationale ;

· La nationalité comme base de règlement de tout différend international ;

· La création d'une société des nations qui assurerait la défense de la paix et de la sécurité internationales.

De ces trois bases, on peut comprendre que la nationalité devient la base de toute action politique. Ainsi, la SDN serait composée des nations créées à partir des éléments comme la culture, la langue, les traditions et la civilisation. La pensée de Wilson a sûrement porté un grand coup pour l'autonomie de petites nations contre les grands ensembles.

Ainsi, toutes les rencontres cherchant à résoudre un litige territorial ne pouvait s'en passer. Ce principe a été appliqué en son temps, à l'empire Ottoman, le démantèlement de l'empire Australo Hongrois avec les traités historiques de TRIANON et de Saint Germain. Néanmoins, ceux qui ont voulu l'appliquer ont été confrontés à la réalité du temps. Le souci portait grandement au démembrement de l'empire austro-hongrois ; c'est pour cela que certaines nations n'étaient pas concernées. Après la deuxième guerre mondiale, la présence des blocs n'ont pas permis aux puissances de charcuter les frontières. C'est l'opération chirurgicale de la grande fédération de la Yougoslavie avec les indépendances de la Slovénie et de la Croatie, confirmées par la conférence de Dayton de novembre 1995-14 décembre 1995. A la base de cette révision demeurait le principe de nationalité, oubliant qu'on créait des États presque non viables sans l'intervention américaine.

Peu après, toujours en Yougoslavie, l'OTAN sous le patronage américain s'engage à frapper la Serbie, sans l'aval préalable de l'ONU, pour sécuriser le Kosovo.

Aujourd'hui, sur cette même base du principe wilsonien de nationalité, le Kosovo s'est détaché de la Serbie. Le démembrement de grands ensembles pour leur appliquer ce principe wilsonien de nationalité est d'or. Depuis la fin de la guerre froide, les administrations américaines successives ont soutenu les minorités ethniques à travers le monde, selon que leurs intérêts les obligent. Cela n'est pas hasardeux, c'est là, la ré application du principe wilsonien de la nationalité. Il n'existe plus un seul continent qui puisse s'en échapper. Si dans le temps, on a appliqué ce principe partout où il n'y avait pas de revendications, de replis identitaires, la recherche de l'autonomie, aujourd'hui, son application ne suit plus que la vision américaine du monde, leurs intérêts et l'objectif de leur politique étrangère.

En Afrique, l'idée de démembrer la République Démocratique du Congo au profit de ses voisins fait partie de ce puzzle. La menace qui pèse sur le Soudan avec l'affaire du Darfour se trouve également dans le plan. La Kabylie algérienne, cette province riche en pétrole qui se rebelle contre le gouvernement, fera peut-être le prochain jeu de ce principe. Ce principe menace bien la survie de la RDC comme pays connu à ses frontières de 1960.

Si on doit ajouter à la théorie du chaos constructeur celle de la paix démocratique et la diplomatie transformationnelle, ce principe wilsonien de nationalité, nous pouvons comprendre que les grands ensembles qui ont des richesses variées comme la RDC sont sur la ligne de mire de la politique étrangère américaine. Ainsi par déduction, nous saisissons alors tout ce qui se passe à l'Est de la RDC en rapport avec la perception américaine de ce pays.

§6. Les programmes militaires américains auxquels le Rwanda et l'Ouganda ont prit part

Plusieurs programmes ont été développés par les USA en destination de l'Afrique. Dans l'espace de la Sous Région des Grands Lacs, ces programmes ont contribué à aiguiser des armées de conquête. Ils ont donc favorisé la menace de la sécurité de certains autres États. Il nous est impossible de les étudier tous. Nous n'allons analyser que les programmes qui nous permettront d'étayer notre argumentaire. En ce qui concerne cette étude, nous ne soulignons que quelques programmes dans lesquels le Rwanda et l'Ouganda ont pris part activement.

Rapid Intervention Force (RIF)

Ce programme est encore désigné par le sigle ACRI (African Crisis Response Initiative) et a commencé en 1995.

Plusieurs pays y ont participé. Jusqu'à 2007, dix-neuf pays africains prenaient part à ce programme, notamment le Bénin, le Botswana, le Burkina Faso, l'Éthiopie, le Gabon, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Mali, le Mozambique, la Namibie, le Niger, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda, et la Zambie. La nouvelle méthodologie budgétaire fait qu'il est impossible de savoir les niveaux de financement de ce programme, puisque son financement est un sous total à l'intérieur du budget réservé à l'Initiative des Opérations pour la paix dans le monde. (187(*))

Dans ce cadre, une importance de marque a été accordée au Rwanda et à l'Ouganda au nom du génocide et de la lutte contre le terrorisme. Il faut savoir que des milliers de soldats et officiers Rwandais ont pris part à ce programme. Cette formation a été assurée par une unité d'élite, troisième Division des Forces Spéciales basées à Fort Bragg, en Caroline du Nord. (188(*))

Dans ce même cadre de programme, nous pouvons souligner le "Super Rapid Intervention Force". Il s'agit d'un bataillon d'élite composé uniquement de soldats Américains. Ce groupe de moins de mille personnes est actuellement en cours de formation en Allemagne. « ... Sous la direction du général Américain John Jumper, il est réputé pour sa mobilité exceptionnelle et sa sophistication. Son rôle est d'intervenir en Afrique pour assister les forces Rwandaises en cas d'une grande crise et de défendre les intérêts américains quand ils sont menacés. Ces militaires s'engageront dans les exercices d'entraînement avec les militaires rwandais ». (189(*))

International Military Education and Training (IMET)

Ce programme a été établi dans les buts d'instruire des alliés des États-unis dans la gestion appropriée de leurs ressources de la défense. Il devait améliorer les systèmes de justice militaire des pays participants. L'objectif était entre autre adapter le système militaire des participants aux principes internationalement identifiés des droits de l'homme, stimuler un plus grand respect au commandement civil des militaires.

Ce programme est basé sur le fondement selon lequel les valeurs démocratiques sont les moyens par excellence pour atteindre des objectifs de sécurité nationale des États-unis et de sa politique étrangère. Son objectif opérationnel était de stimuler des rapports paisibles parmi les nations du monde.

Par la participation à ce programme, les américains s'attendaient à augmenter la compréhension, la confiance entre les nations qui contribueront, de manière significative, à entretenir la paix et la stabilité dans leurs sous régions pendant la période post guerre froide.

« La formation militaire donnée par ce programme est très appréciable. Plusieurs officiers Rwandais et Ougandais y ont participé. C'est dans le cadre de ce programme que Kagame, alors officier dans l'armée ougandaise, participa a une formation militaire en 1993 en compagnie de plusieurs officiers Ougandais. » (190(*))

3. Joint Combined Exchange Training (JCET)

Ce programme est supervisé par la Marine, l'Armée de terre et la Force aérienne. Le but de cette formation est de permettre aux troupes des pays participants, dont le Rwanda et l'Ouganda de gagner de l'expertise militaire. Les unités de la 3 et de la 5 Forces Spéciales y prennent part. Plusieurs disciplines militaires sont enseignées, a savoir les techniques de camouflage, la préparation des combats, la mobilité des unités restreintes, l'entretien du matériel de guerre, la navigation nocturne etc...(191(*))

Rwandan Interagency Assessment Team (RIAT)

Ce projet fut spécialement, conçu pour évaluer l'efficacité de tous les entraînements militaires auxquels participent les soldats et officiers Rwandais dans le but de recommander, en cas de besoin, des solutions pour les améliorer.

Acquisition and Cross-Servicing Agreements, (ACSA)

Le programme accord international bilatéral d'assistance mutuelle en logistique, équipements et services est aussi connu sous le nom de "acte mutuel de soutien de l'OTAN. Il a été prévu pour simplifier des échanges d'appui logistique, d'approvisionnements, et de services entre les États-unis et d'autres forces de l'OTAN. Il a été plus tard modifié en 1986, 1992, et 1994 était élargi aux États non membres de l'OTAN éligibles.

Il a prévu également des échanges bilatéraux d'appui logistique, d'approvisionnements, et d'autres services. Il prévoit, avec des organismes des Nations Unies, l'autorisation des prêts ou le bail de l'équipement. Des rapports annuels sont exigés, énumérant toutes les transactions en exercice budgétaire précédant et projetant des conditions pendant l'exercice budgétaire suivant. (192(*))

Les autorités du programme fournissent les commandants combattants et composent des services ou les commandants secondaires unifiés. Ils déterminent les moyens d'acquérir et fournir l'appui logistique mutuel pendant la formation et l'expulsion, les exercices et les opérations militaires.

Ils décident de l'accès ou de l'éligibilité des pays étrangers aux capitaux américains en logistique militaire. Dans le cadre de ce programme, les USA ont décidé de renforcer leur coopération militaire avec le Rwanda. La coopération militaire diversifiée touchera en particulier des missions de maintien de la paix et des échanges d'informations. Les USA ont apporté au Rwanda une assistance logistique, échanger des informations et participer à des modules de formation et recyclage de ses militaires. (193(*))

Le Rwanda et l'Ouganda ont bénéficié de bonnes formations de la part des programmes militaires américains. « ...En outre, le Rwanda a joui d'une assistance militaire sans précédente de la part des États-Unis jusqu'à 1994, pendant que le plus gros des armes et soutien logistique provenaient des autres États clients des États-Unis (France, Afrique du Sud, Égypte, Ouganda et Zaïre). Le Pentagone a aussi formé une multitude de soldats Rwandais dans le cadre du «Extended-IMET (E-IMET) and Joint Command Exchange and Training (JCET) programs», y compris un sujet bangladeshi, le Colonel Moen, chef d'Opérations pour la MINUAR, la Mission des Nations Unies au Rwanda, qui était lui aussi un autre gradué de la «U.S. Army Command and General Staff College, Leavenworth, Kansas (USA) ». (194(*))

1.5.7. Le danger de ce programme contre certains États comme la RDC

Nous pouvons retenir de tous ces programmes que les américains ont un seul objectif majeur: la lutte contre le terrorisme en Afrique et, sans doute, accéder aux richesses naturelles des pays d'Afrique. Si le programme américain est sans aucun doute légitime, de considérer l'objectif de politique étrangère de ce pays et surtout la situation générale de l'Afrique post-guerre froide, ce programme, dans la sélection des pays à participer, menace certains États en mettant à coup sûr les États participants à l'abri de tout danger. De ce fait, les inquiétudes des pays occidentaux comme la France et la Grande Bretagne semblent se justifier. La principale crainte est la création d'une armée de conquête et la formation d'une milice de déstabilisation. En plus, ces programmes ont crée des armées d'élites surentraînées et suréquipées qui ont commencé, bénéficiant de la protection des USA, à déstabiliser certains régimes jugés par les américains antipathiques.

La coopération militaire des États-unis avec le Rwanda a été mise en cause par le Congrès américain. Le Pentagone est accusé d'avoir assuré l'entraînement de soldats rwandais ayant participé au renversement de l'ex-président zaïrois Mobutu, voire de s'être compromis dans les crimes contre l'humanité commis par des troupes rwandaises à l'encontre de centaines de milliers de réfugiés hutus, pourchassés depuis octobre à travers la RDC.

« Le ministère de la Défense a reconnu que son assistance technique a largement dépassé le cadre humanitaire affiché, mais continue de démentir toute implication américaine dans la «rébellion» de l'est de la RDC. Cet aveu d'un engagement militaire, dont sont niées les conséquences, soulève plusieurs questions » (195(*))

Dans un cas d'espèce, en Afrique centrale, comme dans le sahel, il n' y a pas directement des organisations à caractère terroriste au sens américain, même si les conditions sociales et politiques de ces régions s'y prêtent bien. A côté de la RDC, il y a le Soudan que les américains ont longtemps accusé comme un régime abritant les mouvements terroristes, notamment celui de Ben laden. Pour cela, le gouvernement américain a sélectionné à quelques uns de ces programmes l'Ouganda qui pour la RDC, sont avec le Rwanda des voisins dangereux.

Cette sélection américaine a été faite sans tenir compte des critères qu'il a lui même établis. La formation dont ont bénéficié les militaires Ougandais et même Rwandais a permis à ces pays de se sentir dotés des capacités humaines et techniques supplémentaires. Ainsi, ils sont allés, sans crainte, en guerre contre la RDC. En effet, ils ont envoyé des troupes de conquête à l'est de ce pays.

Il faut noter que cette partie de la République est riche en ressources naturelles comme le Pétrole l'or, le coltan, le nobium, et autres.

Il est à signaler aussi que l'aspect opérationnel de cette coopération avec le Rwanda et l'Ouganda a été passé sous silence. Il s'est inscrit dans le cadre d'une «action secrète» (covert action). Il aurait dû être porté à la connaissance du Congrès et être approuvé par la Maison Blanche. Nous constatons que la première de ces conditions n'a pas été remplie. Dans le système américain de contrôles et de contre-pouvoirs, ces genres d'opérations devaient bien être portés au Congrès. Les choses semblent ne rien présenter parce qu'il n'y a pas d'implication militaire directe des États-unis dans la «rébellion» en RDC et dans les tueries de civils qui l'ont accompagnée . Cependant, ce qui est attesté de plusieurs sources, ce sont les livraisons de matériel militaire à bord d'avions Galaxy et Hercules de l'US Air Force, via Kampala et Goma, de même la présence au Zaïre de «conseillers» américains, ex-membres des Forces spéciales recrutés par le truchement de sociétés écrans privées.(196(*))

La responsabilité américaine est celle d'avoir formé et équipé des armées des pays comme le Rwanda et l'Ouganda sans avoir une garantie sérieuse qu'ils n'en abuseront. Il faut savoir que le Rwanda et l'Ouganda sont des États qui ont les plus été sélectionnés par les différents programmes américains. On peut se poser la question pourquoi seulement eux.

Une analyse approfondie et désintéressée nous amène à bien d'autres situations qui expliquent le pourquoi de ces efforts américains. En ce qui concerne le Rwanda, Monsieur LONDENDE LOKENGE déclare ceci quand il dit : «  L'invasion et la déstabilisation de la République Démocratique du Congo ont exposé le nouveau rôle que le gouvernement américain a assigné aux régimes du Rwanda et de l'Ouganda. Ce rôle est celui de servir de police transcontinentale en Afrique. Avec la fin du communisme, l'impérialisme occidental entre dans une nouvelle phase de néo-colonialisme en Afrique. Celle de l'exploitation massive des ressources africaines en vue de répondre aux besoins, créée par l'ouverture de nouveaux marchés. La mise en place d'une police transcontinentale répond au souci de garantir l'accès aux ressources minières, d'imposer la volonté politique et économique de l'occident, et enfin de déstabiliser les régimes africains qui empêchent la réalisation de cette vision. Fort de son nouveau rôle de gendarme en Afrique et de l'appui inconditionnel des États Unis, Kagame, n'a-t-il pas déclaré au cours d'une conférence de presse a Bruxelles que personne ne dirigera le Congo sans mon accord(197(*)) .

Cette réflexion semble tenir quand l'on doit analyser les inquiétudes exprimées par les autres États occidentaux, notamment la France et la Grande Bretagne, à propos des programmes militaires américains en Afrique. Ce qui est vrai est que les programmes américains aux quels les deux États précités ont largement participé ont fait de leurs armées des polices intercontinentales. Cela pour les intérêts américains en Afrique.

Ici, nous pouvons donc admettre que les programmes militaires américains étaient montés non seulement pour des questions humanitaires et l'auto prise en charge des conflits africains, mais surtout la lutte contre le terrorisme en Afrique et l'accès à l'immensité de ses ressources naturelles.

Pour le pouvoir américain, il était nécessaire d'établir un régime militaire très puissant dans la région des Grands Lacs pour imposer des solutions militaires aux conflits. C'est donc celle là la vision qui a dicté l'assistance militaire des États Unis au Rwanda et à l'Ouganda. Et c'est dans ce même contexte qu'il faut comprendre le danger de cette politique américaine du Congo.

Quoi de plus simple pour savoir que le choix stratégique américain porté sur le Rwanda et l'Ouganda a préparé, d'une manière ou d'une autre, le comportement de ces États dans la Sous Région. D'une manière implicite, ces pays ont profité du soutien moral et même diplomatique des USA pour se comporter comme nous l'avons souligné. Les américains ont bien participé à la préparation de la guerre Rwando Ougandaise contre la RDC. Cette participation était perceptible dans deux secteurs importants.

Sur le plan diplomatique, les initiatives diplomatiques américaines en faveur du Rwanda et de l'Ouganda confirment l'existence d'une relation très solide de clientélisme entre le gouvernement américain et ces derniers. En guise d'illustration, on note:

1. Dans le but d'embellir l'image de Museveni et de Kagame, les États Unis ainsi que ses alliés occidentaux ne cessent de brandir ces régimes comme des dirigeants modèles en Afrique. Ainsi, pour consacrer le nouveau choix stratégique américain dans la région, les anciens présidents américains Bill Clinton et Georges Bush junior ont fait des déplacements importants en Afrique. Ces déplacements les ont conduit respectivement en Ouganda et au Rwanda

2. Les États Unis ont activement milité en faveur de l'impunité de Museveni et de Kagame quant à leur responsabilité dans le contre génocide des Hutu dans les camps des réfugiés au Congo. En effet, sous pression américaine, la version finale du rapport de l'enquête des Nations Unies à ce sujet a été modifiée pour remplacer le mot "génocide" par "massacre". Par cette action, Washington a voulu préserver l'intégrité morale de ses protégés, car ces derniers utilisent le génocide Tutsi comme base justificative de leur dictature ethnique.

3. Les États Unis sont en train de promouvoir les intérêts du Rwanda et de l'Ouganda, auprès des institutions internationales. Par exemple, bien que la Banque Mondiale ait établi la réduction du budget militaire comme condition de base pour l'octroi de l'aide aux pays africains, elle continue, sous la pression américaine, à octroyer des prêts aux régimes ethniques du Rwanda et de l'Ouganda bien que leurs budgets militaires aient augmenté de plus de 400% entre 1995 et 1998.

4. Quant à l'invasion du Congo, il y a lieu de croire que les États Unis ont soutenu cette politique. Bien qu'il est clairement établi que les troupes rwandaises et ougandaises ont envahi le Congo, et que l'Ouganda ait allé jusqu'à le confirmer, les États Unis n'ont pas dénoncé cette agression. Et au niveau des Nations Unies, suite aux manigances américaines, aucune résolution n'a été votée pour la condamner. (198(*))

Pour se rendre compte de l'évidence de ce que nous venons de soutenir, nous pouvons nous rappeler de ce que Susan Rice, sous-secrétaire d'État aux Affaires Africaines, a ouvertement déclaré comme pour  justifier cette invasion du Congo « ...le Rwanda et l'Ouganda ont des intérêts légitimes de sécurité qui justifient leur présence en RDC ». (199(*)).

De ce qui précède, il y a lieu de s'inquiéter de la perception américaine de la RDC dans la Sous Région. En effet, ces inquiétudes grandissent du jour au jour.

Toute cette situation analysée froidement donne lieu de se poser certaines questions. Pourquoi les USA ont-ils porté leur choix stratégique sur des États à culture belliciste comme le Rwanda et l'Ouganda. Comment peut-on justifier ce choix pendant que les guerres post guerre froide ont tendance à jouer sur le dépérissement des États et même sur leur formation. (200(*))

Cette perception et choix stratégique américains ne sont pas de nature à apporter la stabilité dans une Région où l'ethnie a toujours été instrumentalisée à des fins hautement politiques.

LEMARCHAND tente de donner une autre explication : « ...... ce patronage reste ciblé en priorité sur le Rwanda et l'Ouganda, et que celui-ci reste la donnée fondamentale de la politique régionale des USA. Il y a une erreur de choix stratégique qui tend à privilégier l'ethnocratie Rwandaise, tout en fermant les yeux sur ses multiples violations des droits de l'homme, au dedans comme au dehors du Rwanda, ainsi que sur son ingérence économique, politique et militaire dans la crise congolaise. Vis à vis du Rwanda comme de l'Ouganda,cette relation de patronage est affranchie de toute conditionnalité...... le désarrois de la politique américaine trouve sa source dans une contradiction fondamentale entre le but recherché et les moyens mis en oeuvre pour l'atteindre. En sacrifiant l'impératif démocratique à l'exigence de la stabilité, Washington se trouve engagé, indirectement et contre son gré, dans une entreprise de déstabilisation régionale par client interposé. Autre contradiction: en invoquant le génocide de 1994 pour donner une assise morale à leur partenariat avec le gouvernement Kagame, les USA se sont fait l'avocat d'un régime lui-même coupable des crimes contre l'humanité sinon de génocide. »(201(*)) cette réalité est encore perçue par Stephen Smith qui pense que : «  l'ombre portée du génocide rachète, aux yeux du gouvernement américain, le régime de Kigali, de ses pratiques dictatoriales et de ses violations des droits de l'homme ».(202(*))

Comme la RDC se trouve dans une situation de non État, malade de sa diplomatie, elle s'est mise en danger pour deux principales raisons: pour ses pentecôtistes naturelles et pour l'immensité du territoire qu'elle ne peut protéger (203(*)). Pour être concret, Collette Braeckman a écrit : les matières premières tirées d'Afrique centrale ont toujours été essentielles au développement des industries des pointes, des industries du nord. Au 19ème siècle, le caoutchouc a servi dans l'industrie automobile naissante, pendant la première guerre mondiale, le cuivre était stratégique pour la fabrication des munitions et c'est l'uranium extrait au Katanga qui permit aux américains de produire la première bombe atomique. De nos jours encore, l'industrie électronique et la conquête de l'espace, par exemple, ont besoin de cobalt, de niobium, du coltan (pour le GSM) dont le Congo est riche. Si au 19ème siècle les grandes puissances se faisaient concurrence pour s'approprier les précieuses ressources du Congo, aujourd'hui cette configuration est toujours présente. » (204(*))

De la même manière, Haddad poursuit cette logique qui traduit le danger que les potentialités naturelles et la grandeur du territoire représentent pour la survie de l'État Congolais en écrivant : «  vaste comme l'Europe occidentale, la RDC est l'objet d'un schéma envisageable de démantèlement. Les causes de tels projets sont nombreuses, cependant les principales se présentent ainsi : les richesses naturelles abondantes et diversifiées; la position stratégique concernant neuf pays limitrophes où sont tracés non seulement les frontières politiques, mais aussi les remparts de la francophonie, de l'anglophonie, de la swahiliphonie, de l'arabophonie et de la lusophonie; la capacité démographique, etc » (205(*))

La RDC est un État qui va, pour longtemps encore souffrir de cette politique américaine des grands Lacs. Cette politique est fondée sur une certaine instrumentalisation et patronage des pays voisins comme le Rwanda et l'Ouganda. Cela est relatif à la confiance dont ils bénéficient de la part de ceux qui participent à la formulation de la politique étrangère des USA. La situation dans laquelle se trouvait la République ne lui avait pas permis de bien se défendre. Ainsi, ils pouvaient bien lui prendre les parties les plus importantes de son territoire. La survie de la RDC ne peut venir que d'elle-même. Elle ne peut compter que sur elle-même. Pour elle, les autres sont considérés comme des États redoutables. Elle doit savoir quelle posture adopter face à ces États qui profitent de la déliquescence de sa structure étatique pour la contrôler, de l'intérieur et de l'extérieur.

CHAPITRE IV. LES PERSPECTIVES POUR UNE POLITIQUE ETRANGERE ET UNE DIPLOMATIE D'UN CONGO PUISSANCE

Le système international a des contingences que les Etats doivent intérioriser pour leur propre paix, stabilité et développemment. celles ci sont des mécanismes d'interdépendance de la real politik . Ces contingences régissent les rapports entre petites, moyennes puissances et les grandes puissances. En effet, ces mécanismes sont un assemblage de la dépendance des rapports politiques entre ces puissances. En claire, les petites et moyennes puissances dépendent des grandes puissances. Tous les rapports internationaux sont ainsi faits. De ce qui précède, nous devons noter que les Etats faibles et ceux qui sont sans idéal étatique dépendent des puissances plus structurées qui dominent et orientent le système international dans les temps.

Il est sans nul doute admis que le monde entier est dominé par les grandes puissances. Dans le système politique international actuel, il n' y a pas de place pour les faibles. Les faibles qui survivent sont uniquement des faibles intelligents et capables de structurer leur faiblesse en une utilité. C'est ce que la RDC doit comprendre en ces temps difficiles de son histoire et surtout en cette année de son cinquantaire . La célébration du cinquantenaire de son indépendance doit impérativement convier la République non seulement à un bilan, mais aussi aux perspectives qui doivent entrainer un changement. La réalité du Congo doit être comprise par ceux qui formulent sa politique étrangère. C'est que la RDC gravite autour du cercle concentrique au sein duquel l'hyper puissance américaine et d'autres puissances occidentales jouent leurs jeux stratégiques. Pour cela, la RDC est un enjeu important de la politique des grandes puissances internationales, Régionales et Sous Régionales ( les USA, la France, la Grande Brétagne, la Chine, la Belgique, l'Afrique du Sud, le Rwanda, l'Angola, l'Ouganda.....).

Le fait qu'elle dispose des pontentialités scandaleuses , de divers ordres et hautement stratégiques fait d'elle un enjeu à surveiller afin qu'elle ne pas tombe pas au contrôle des Etats parias. Ainsi, sa situation fait constamment l'objet soit d'une surveillance passive soit d'un contrôle musclé jusqu'à proposer contre lui un depérissement tant actif que passif. Au fil de ce qui précède, l'avenir de la RDC ne depend plus, à notre humble avis, des autres puissances extérieures, mais plutot de la prise de conscience de son état et surtout de la perception américaine de toute la région ou de son avenir.

SECTION 1. LES PRÉALABLES POUR LA FORMULATION D'UNE POLITIQUE ETRANGERE D'UN CONGO PUISSANCE.

La prise de conscience du danger du deperissement

Il est parfois regrettable de voir comment les autorités et la société civile se comportent dans un pays comme celui-ci. Malgré les appels incessants d'une certaine catégorie d'élites intellectuelles, rien ne semble émouvoir la société. Les débats sur les radios et télévisions sont les mêmes. On assiste à une dualité selon qu'on est du pouvoir ou de l'opposition. Le parlement joue le rôle du recul politique, les partis politiques qui sont censés être les structures avant gardistes de la démocratie représentative ne jouent pas le rôle qu'on attent d'eux. Tout le monde fait comme si tout allait bien. La guerre qui est la consécration du danger est banalisée. Il faut bien que tout le monde prenne conscience de la grande situation qui se passe dans notre pays. Du politique au religieux, de l'élève à l'étudiant, du grand commerçant au petit détaillant, du Professeur d'Université au simple chercheur académique, tous nous devons prendre conscience que la nation a besion de nous. Elle attend que nous lui donnions quelque chose au lieu que nous lui demandions toujours.

Le deuxième aspect de cette prise de conscience est l'esprit historico-international sur la nature même de la RDC. En effet, les choses qui arrivent au Congo ne sont pas des faits du hasard. C'est sans doute les conséquences des politiques appliquées dès par les colonisateurs, en passant par le couple Kasavubu- Lumumba, Mobutu- Tshisekedi, Laurent Désiré Kabila Joseph Kabila et les acteurs de l'opération un plus quatre - Joseph Kabila. Toute politique appliquée en Relations Internationales a ses conséquences immédiates et lointaines. Le congolais doit prendre conscience du fait que ce pays est une création de la volonté des grandes puissances. Sans elles, la RDC n'aurait jamais la forme qu'elle a ajourdhui, ni en taille ni en pontentialité. Le congolais doit également reconsidérer le rôle historique que ces grandes puissances ont accordé en ce temps là à cette République : Etat tampon et surtout capitaliser le rôle stratégique de la guerre froide.

Le congolais doit sur le plan politique reconsidérer l'idée de la neutralité du bassin du fleuve Congo. Celle-ci lui permettra de bien situer la question du danger par rapport aux grandes puissances internationales, régionales et sous régionales. Les Congolais doivent se mettre en l'esrprit que le Rwanda, l'Ouganda, l'Angola et ses autres voisins sont une donnée statique, rien ne les enlevera à moins que la RDC disparaisse.

La refondation de l'Etat et la restauration de son autorite .

Si la RDC existe encore sur le plan structurel, elle a cessé de l'être depuis près de vingt cinq ans. En effet, depuis la chute du régime Mobutu tant décrié par tous , rien ne semble marcher. L'Etat Congolais dans ses dimensions fonctionnelles ne rassure personne. Il n' y a pas de politiques à long termes qui puissent garantir l'avenir de l'Etat. Cette démission laisse place à des légitimités de substitution. Celles-ci imposent leurs lois dans certaines provinces comme le nord Kivu, le Sud Kivu, la province orientale et le Bas-Congo. Il est possible malheureusement que ces mouvements soient soutenus par les pays voisins comme le Rwanda et l'Ouganda. La refondation de l'Etat est un préalable important pour tout. Un Etat faible ne peut pas avoir une diplomatie forte et agissante. Cette refondation doit porter sur la création d'une véritable nation. Dans cette nation, le vouloir vivre collectif et la cohabitation inter ethnique,(surtout à l'est de la République) doit être assurée. Il faut impérativement bâtir une nouvelle nation congolaise sur des stériotypes réels et effectifs. La refondation de l'Etat congolais doit partir de sa culture de base, de la réalité qui l'a vu naître. Cette réalité doit être effective par l'intégration de la vision des grandes puissances internationales.

L' Etat congolais se trouve dans l'incapacité de remplir les charges regaliennes d'un Etat moderne. Ainsi, tous les systèmes politiques et administratifs appliqués ne peuvent lui convenir. Il est même mal à propos de parler de la décentralisation sans pour tant refonder l'Etat. Les USA , nous l'avons souligné, ont porté le choix stratégique sur le Rwanda et l'Ouganda par faute d'une solution alternative. La situation que la République a présenté ne pouvait en aucun cas attirer les USA.

Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé sur le plan historique: les relations entre l'Etat et la nation congolaise sont très mal fondées car les colonisateurs , notamment les Belges, ont créé un Etat fondé sur leur propre modèle. Après 1960, la République l'a hérité sur des fonds de division inter ethnique. La refondation de l'Etat congolais devait, à notre humble avis, porter primordialement sur une nouvelle formation de l'Etat et surtout la construction d'une nouvelle nation.

Le renforcement de la conscience patriotique

Les Congolais sont plaintifs par rapport à ce qui leur arrive. Ils soutiennent que tous les Etats de la sous région, particulièrement leurs voisins, en veulent à la survie de leur Etat. C'est vrai, cependant, dans tous les coups, on y voit dans ces groupes, des Congolais de souche, ceux qui tiennent de grandes responsabilités et des discours qui donnent lieu à des comportements de nature à faire périr la nation.

Ces dernières années, le congolais a perdu tout sens de conscience nationale construite sur l'allégence à la nation, à l'intérêt national. Nous observons que l'intérêt personnel passe avant tout dans ce pays. La chose publique ne semble interrésser l'autorité politico administrative que sécondairement. Où sont donc passées les idées fortes de Lumumba, de L.D. Kabila.

Déja, après la chute de Mobutu et la création du RCD/ Goma, tout le monde a crié que le Rwanda agressait la République. On a vu de dignes fils de ce pays couvrir cette agression par leur présence. Les discours de ces personnalités congolaises faisaient penser à une crise interne uniquement . Ce qui se passe dans l'armée est un autre exemple éloquent. Comment peut-on comprendre le détournement de la solde des militaires au combat, la non maitrise volontaire des effectifs dans l'armée , dans la police nationale et dans la fonction publique nationale, comment peut on acheter la ration des militaires dans les marchés publics sans que celle-ci ne parvienne aux déstinataires. Ce n'est pas possible que ce qui arrive à la République lui arrive par ses propres fils et surtout ceux qui sont apparus comme les plus méritants.

La formation d'une armée nationale et républicaine

Le système international tout entier obéit à certaines règles qui font le sous-bassement de toutes relations inter étatiques. Il faut admettre que les bons rapports et le respect mutuel reposent particulièrement sur certains facteurs non négligeables pour les Etats, notamment sur l'équilibre mutuel de puissance.

La RDC est un Etat, à l'heure actuelle , inéxistant sur le plan militaire. Pour ne pas se perdre dans le passé, ce pays n'a jamais gagné ses propres guerres, sans l'intervention d'une tierce armée . Cette situation fait d'elle la risée régionale. Une petite rébellion de quelques centaines d'élements lui fait très peur jusqu'à crier au sécours international. C'est ainsi que la formation d'une armée nationale est un préalable important pour la formulation d'une politique étrangère de responsabilité et l'application de la diplomatie d'anticipation. Il ne s'agit pas, ici, de tous les programmes militaires que nous avons connus qui , après n'ont rien apporté. La République doit éviter le mixage, l'intégration et le brassage des corps militaires. Elle a besoin de la création d'une véritable armée nationale disciplinée, bien équipée et sur entrainée.

La RDC n' a pas une armée qui défende, à ces jours, son intégrité territoriale. Pour se respecter sur la scène Sous Régionale , Régionale et Internationale, la RDC doit former une nouvelle armée républicaine et nationale. Tous les programmmes antérieurs ne sont que des distractions préparant les événements que nous avons connus ces derniers temps.

Après les rébellions et le processus de pacification, nous avons entendus parler de certains programmes comme le DDRR. Ce qui est encore étonnant, certains groupes d'insurgés ont exigé et obtenu de la République des programmes de mixage des forces armées. Ces programmes ont permis aux armées étrangères d'infiltrer les services militaires nationaux et ceux des renseignements.

Quand nous parlons de la formation d'une nouvelle armée nationale, il s'agit bien de maitriser d'abord les effectifs des militaires valides et non valides, de retraiter ceux qui ne peuvent plus servir sous le drapeau. Après, recruter de nouveaux éléments par provinces, les former à la province et les adapter aux différentes missions qu'ils peuvent remplir selon les besoins nationaux.

Cette armée devra être forte, équipée et dissuasive pour mériter le respect digne d'un grand pays comme le nôtre. Les services de renseignements doivent être refondés non pas sur la demande des partenaires internationaux, mais sur notre propre initiative. comment peut on nous respecter et nous prendre au sérieux si ce sont les forces extérieures , partenaires soient-elles, qui reforment notre armée et nos services de sécurité, comment peuvent-ils nous respecter s' ils accèdent aux sécrèts de la République.

SECTION 2. LA POLITIQUE ETRANGERE DE RESPONSABILITE POUR UN CONGO PUISSANCE D'AVENIR

La République Démocratique du Congo est en danger. Ce danger existe encore aujourd'hui. il ne faudra pas que les intellectuels Congolais perdent de vue. De toute part, la République est prise en ôtage à deux niveaux différents: sur le plan interne et sur le plan international.

Sur le premier plan , ce sont les autorités politiques qui semblent faire semblant et ignorer le vrai problème. Elles se comportent comme si tout allait bien. Ils existent bien une perception américaine dangereuse contre la RDC. Le plan Cohen et le plan Sarkozy ne sont pas les seuls. En plus, de l'intérieur, ceux qui nous dirigent signent certains accords ou révisitent d'autres sans tenir compte de la situation et conséquences internationales qui peuvent advenir. Cela sans aucune mesure d'accompagnement. Citons, en passant, le Contrat Sino-congolais, la révisitation des contrats miniers, l'accords mixte congolo-ougandais contre les FNL ou encore cet accord totalement signé au dos des autres institutions avec les Rwandais pour déloger les FDLR.

Sur le plan international, la République est gravement menacée par les grandes puissances qui ne trouvent plus en elle, malgré les atouts qu'elle présente, un intérêt préssant de leadership régional capable d'exporter la paix , le développement et la stabilité sous régionale et régionale comme au temps de Mobutu. Les Etats comme les USA considèrent la RDC comme un Etat qui a failli et qui est devenu porteur de l'instabilité sous régionale et régionale. Il est devenu comme une base arrière des forces négatives qui tentent de déstabiliser les Etats de la région.

L'accumulation des situations socio- économico- politico-diplomatique, qui ésoufflent la République, nous pousse à poser les bases d'une nouvelle politique étrangère et une diplomatie dite de responsabilité et d'anticipation. Ainsi, la RDC doit redéfinir sa politique étrangère actuelle.

1. La politique étrangère de responsabilité

La politique étrangère de responsabilité est une politique qui se refuse d'être conçue et élaborée par réactions de ce qui se passe sur la scène sous régionale, régionale et internationale. C'est une politique d'action et non de spéctateur. C'est une politique de mouvement qui prévoit ce qui peut arriver. Ce n'est pas une politique attentiste. C'est une politique de rationalisation des faits et des moyens. C'est une politique de combat et non d'accompagnement.

La politique étrangère de responsabilité et d'anticipation est une option ou une variance de la politique préventive. Elle utilise la dissuasion positive et pacifique pour se faire comprendre. Elle menage de toute part les intérêts des grandes puissances. Elle a pour objet de transformer la souveraineté négative de la RDC en souvéraineté positive ( il faut entendre par la souveraineté négative, les idées de Jackon selon lesquelles, «il y a deux types d'Etats, le premier est celui qui est composé par les nations qui ont une forme de souveraineté négative, qui instrumentalisent à leur profit un régime d'assistanat international. Cet état est octoyé, reconnu, il est décreté et protégé. Le second, c'est le groupe des Etats qui ont une souveraineté positive, ils ont les ressources nationales politiques qui leur assurent l'indépendance. Cette souveraineté depend avant tout des ressources propres que les gouvernements peuvent tirer de la societé qu'ils contrôlent.» (206(*))

Par politique étrangère de responsabilité, nous entendons une politique conçue, formulée par l'Etat lui même, en toute liberté et autonomie, sans intervention et pression de l'extérieur. C'est une politique étrangère de liberté nationale et de souveraineté. Elle est, en outre, une politique d'indépendance et de collaboration inter institutionnelle.

L'élaboration et acteurs

Dans l'élaboration de cette politique étrangère, les acteurs sont notamment :

Le Président de la République

Le président de la République, symbole de l'unité nationale, le chef de l'éxécutif, est sans doute l'acteur principal dans la formulation et gestion de la politique étrangère. Il a la dernière décision en matière de politique étrangère. Toutes les réglementations diplomatiques classiques valent pour lui.

Le Gouvernement

Le gouvernement est l'acteur qui accompagne le président dans la formulation et gestion de la politique étrangère de responsabilité et d'anticipation. Le premier ministre est son premier collaborateur. Le ministre des affaires étrangères est le gestionnaire technique non seulement dans la formulation de la politique étrangère, mais aussi dans le contrôle de son éxécution. Tous les ministres techniques, selon leurs spécifictés, doivent participer à la formulation et dans la gestion. Il s'agit spécifiquement du ministre de la Défense nationale, des Finances et de l'Economie . Cette collabaration doit être effective afin que la prise de décision de politique étrangère, surtout son execution, ne souffre d'aucune insuffisance. Les positions du gouvernement sur les questions de politique étrangère doivent être discutées et adoptées au conseil des ministres.

Le Parlement

Le pouvoir législatif a une grande importance dans notre modèle de politique étrangère de responsabilité et d'anticipation. En effet, selon la constitution actuelle, le gouvernement est issu de la majorité parlementaire. De ce fait, le parlement est le pouvoir qui assure le contrôle sur les actions du gouvernement. Dans ce modèle, nous proposons que les grandes options de politique étrangère soient adoptées en congrès sur proposition du gouvernement. Les moyens de l'éxécution de politique étrangère doivent être adoptés au parlement, après discussion avec les commissions permenantes de l'Assemblée Nationale et du Sénat.

Ce sont les deux commissions permanentes chargées de la politique extérieure qui participent à l'élaboration et au contrôle de l'exécution de cette politique étrangère. Pour cela, les membres de la commission doivent être des hommes d'expérience en la matière ou doivent se faire accompagner par ceux-ci. Ceci est un élémént important dans les pays à une longue expérience en politique étrangère. La Russie, post guerre froide, a vu sa politique étrangère rédorée par le chef de la commision de politique éxtérieure. Les grands hommes d'Etat en USA recourent généralement à ces commisions pour des questions délicates. Cette tâche est très utile pour la République, ainsi, la collaboration entre l'éxécutif et le parlement ne peut être conflictuelle sous peine d'empêcher la bonne formulation de la politique étrangère .

Les autres acteurs qui sont considérés commes des spécialistes doivent se limiter à donner les grandes orientations de l'élaboration de la politique étrangère et de son application. Ces orientations peuvent leur être demandées par avis consultatif ou par le gouvernement.

Les cours et tribunaux

Il est important que cette institution républicaine participe à l'élaboration de la politique étrangère. Elle peut participer à la vérification de la constitutionalité des textes contractuels.

Les Sociétés savantes spécialisées en Relations internationales, politique étrangère , politique internationale, droit international et la diplomatie.

Il est question, ici, de grands centres de recherche, spécialisés sur les questions singulières ayant trait à la vie internationale dans sa diversité. On peut y ajouter les grands Départements des Relations Interantionales, de Droit Public Interantional et des centres de recherche spécialisés qui existent au pays, selon leurs anciennetés.

Il est important de souligner que d'autres acteurs sont appelés à participer à la formation sur des questions spécifiques. Il s'agit bien :

- des services de renseignements, dans leur diversité,

- des spécialistes de politique étrangère et les Médias Publics comme les experts de la RTNC

- de la diaspora congolaise, FCE

Il faut noter que la diaspora congolaise est aujourd'hui bien organisée. Il y a la fédération des congolais de l'étranger, la FCE. Cette organisation a en son sein des valeurs importantes et inextimables. La politique étrangère de responsabilité voudrait bien intégrer ces valeurs.

Chacun des acteurs aura un rôle spécifique à jouer dans la formulation et /ou éxécution de cette politique étrangère.

2. Objectifs de politique étrangère de responsabilité pour un Congo puissance d'avenir

L'objectif de ce modèle de politique étrangère est de transformer l'organisation, la structure, l'appareil et les moyens lui accordés. Un autre aspect de l'objectif de cette politique est de convaincre les grandes puissances de l'impérieuse nécessité de faire confiance à la République, la défense de l'intégrité territoriale et la souvéraineté nationale, la consolidation de l'unité nationale. Négocier l'exploitation des matières premières de base et toutes les richesses nationales avec les entreprises multinationales et nationales des puissances intéressées , sans perdre la face ou se confondre avec les mouvements négatifs de la sous-région. Connaissant la détérioration de la souveraineté de la république, l'objectif principal du modèle de la politique étrangère de responsabilité est de recréer une véritable indépendance politique ou économique et faire en sorte que la RDC devienne un transformational state. Il faut dire que sans une vraie souveraineté, il n'y a jamais de bonne politique étrangère. Cette politique doit clarifier l'histoire politique du congo. Elle doit extirper en son sein les germes du déficit de souveraineté nationale et internationale et l'inféodation des volontés de puissances extérieures dans la formulation de sa politique étrangère afin qu'elle redevienne vraiment indépendante et ne défendent que l'intérêt national.

3. Les axes priviligiés

Les axes de cette politique étrangère doivent être étudiés selon les intérêts saisonniers de la République. Il faut savoir qu'en matière de politique étrangère, les objectifs et les intérêts sont tous saisonniers. Ils dépendent du fonctionnement du système international et des événements qui s'y produisent. Ainsi, par exemple, en temps de guerre , l'intérêt de la RDC est sans doute la paix et ne pas disparaitre, en temps de paix, ces objectifs et axes qui ne doivent pas être les mêmes.

De ce qui précède, comme la République fait face à un danger et recherche la survie, le premier axe de sa politique étrangère doit être les grandes puissances ( d'abord, le triade USA, France et la Belgique, ensuite les Etats de l'Union Européenne, la Grande Bretagne, sans oublier la Russie et la Chine ). Une vision claire sur les puissances permanentes du conseil de sécurité doit être envisagée.

Le deuxième axe, des puissances émergentes, nous pouvons citer le Japon, l'Inde, le Bresil, l'Argentine, la Coree du Sud, le Singapour, l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Egypte.

Le troisième est l'axe de la coopération Sud-Sud avec les alliés traditionnels du mouvement de non alignement, de l'Asie et de l'Afrique et du monde.

Le quatrième est l'axe prioritaire, celui de ses étrangers proches, ses neuf voisins. Cet axe n'est pas le premier par ce que les problèmes que les voisins causent ou tentent de causer à la République ne relèvent que d'une simple instrumentalisation des grandes puissances. Une fois la politique étrangère et la vision des grandes puissances sont maitrisées, les voisins qui ne font rien de leur propre chef seront maîtrisés, en appliquant ici la doctrine Russe de l'étranger proche.

Selon les idées développées par Labana et Lofembe, relatives au cercle concenrtique, elles se présenteront de la manière ci après:

L'adaptation des cercles concentriques de LABANA et LOFEMBE à la politique étrangère de responsabilité et la diplomatie transformationnelle d'anticipation.

L'axe prioritaire, dans cette conception, est le tout premier du fait que les voisins immédiats qui constituent les étrangers proches de la République Démocratique du Congo produisent une menace qui, est en fait, une instrumentalisation des grandes puissances. La politique étrangère de responsabilité pense anéantir, par une négociation franche, directement avec ces grandes puissances soit indirectement avec les multinationales qui les représentent ou engagent leurs intérêts. Les autres axes sont aussi importants du fait qu'ils peuvent constituer une seconde voie en cas de menace permanente.

4. Les principes prévalant à l'élaboration

Il y a, depuis longtemps, plusieurs principes qui ont présidé à la formulation de politique étrangère de la RDC. En les énonçant, nous avons l'impression qu'ils n'ont plus que des effets d'annonce, ils n'ont plus de contenu sérieux. Le principe de bon voisinage, par exemple, quand on l'analyse de près, il y a de cela dix ans que la RDC n'est plus en bon voisinage avec ses voisins, il y a des problèmes de partout.

De ce qui précède, la politique étrangère de responsabilité a pour principe directeur le centralisme africain. Tout le monde se conviendra avec nous que le Congo est bien blotti au creux de l'Afrique et certains géopoliticiens pensent même qu'il est la terre centrale de Mackinder. Cette position peut, si elle est prise en charge comme principe de politique étrangère, lui apporter des gains substentiels pour le rôle qu'il est appelé à remplir, non seulement comme un Etat tampon, mais aussi comme un Etat qui impulse la paix, le développment, sur qui on peut appliquer la théorie de la stabilité hégémonique dont lui serait l'Hégemon.

Le deuxième principe est le nationalisme et le patriotisme reformateur. Ces principes doivent se départir des anciennes formes de slogan du nationalisme et patriotisme parce qu'ils n'ont été que de formes de cloché qui n'ont rien amené à la République, sinon des martyrs. Le nationalisme et patriotisme reformateur sont des principes qui sont basés sur l'amour réflechi de la nation et de la patrie, c'est à dire qui tentent de voir l'intérêt général de la nation et de la patrie .

Le troisième principe est particulier, c'est bien le principe de rationalité. Ce principe est bien important dans ce sens qu' il permet de bien mesurer l'intérêt national à atteindre et l'associer aux moyens disponibilisés. Il est important de souligner que ce principe nous servira principalement dans l'option de politique congolaise des organisations interntationales, régionales et sous régionales.

5. La place de la vision des grandes puissances dans l'élaboration de la politique étrangère de responsabilité

Il y a de quoi se permettre de penser que les autorités diplomatiques du pays ne se sont pas encore donneés le courage de voir les choses en face. Ce pays n'a plus besoin, à ce stade, de nouveaux martyrs. Lumumba , Laurent Désiré Kabila et tous ceux qu'on ignore nous suffisent. Nous avons dit dans les lignes qui ont précédés que l'idée de la création de la République Démocratique du Congo doit être présente dans la formulation de la politique étrangère de responsabilité. En effet, la RDC est une création factice des grandes puissances, elle a été fondée comme un Etat tampon au centre de l'Afrique afin d'empêcher la rencontre des influences multiples des puissances coloniales. C'est ainsi que ces puissances ont accepté de l'accorder à une personne qui était en tête d'un petit pays, avec l'espoir qu'il ne se leverait pas au rang des puissances mondiales. C'est là l'idée de la neutralité du bassin du Congo, du droit de préemption et autres. Il n'est pas bon d'ignorer le génie du roi Léopold II. Car y arriver c'est vouloir de nouveaux martyrs.

La politique étrangère de responsabilité est une politique qui tienne compte de la présence des grandes puissances et de leurs intérêts en présence. Ainsi, nous parlons ici de la posture à prendre devant les grandes puissances qui sont capables, il faut le reconnaître, de faire disparaitre la RDC comme un Etat uni et une nation souveraine dans ses frontières que nous connaissons depuis 1960. Devant ces puissances redoutables, trois postures différentes sont envisageables: la soumission, la collaboration amicale et le rejet total aux conséquences incalculables.

Pour la RDC, la bonne posture est, sans doute, d'évoluer sous l'ombre des grandes puissances actuelles, dans une collaboration amicale. Elle doit éviter d'affronter les grandes puissances, pour dire que nous devons défendre nos intérêts en tenant compte de leurs.

6. Intérêt national dans la politique étrangère de responsabilité

L'intérêt national, avant d'être défini dans ce modèle de politique étrangère de respônsabilité et même dans celui de la diplomatie d'anticipation, doit tenir grandement compte de plusieurs réalités. D'abord, de la réalité internationale de la RDC. En effet, L'Occident pense que ses intérêts en RDC ne peuvent être préservés que si ce pays reste aux mains de leurs alliés nationaux. Ses innombrables intérêts au Congo peuvent se résumer, selon les époques, en ceci : Sur le plan géopolitico stratégique : maintenir le contrôle sur le Congo comme au temps de la guerre froide, avoir la mainmise sur les ressources naturelles et stratégiques du pays; ne pas donner le temps au pays de s'organiser et se développer de façon à menacer les intérêts occidentaux ; protéger les investissements occidentaux en RDC; ne pas permettre au Congo l'érection et l'émergence d'un État capable de menacer l'équilibre mondial.

Il serait immoral de leur demander de s'occuper des intérêts de la majorité des Congolais. Ainsi, la vision occidentale sur le Congo est sans nul doute de rétablir le contrôle permanent et surtout l'équilibre entre les puissances sur sa gestion. C'est priver du pouvoir les nationalistes lumumbistes. De ce fait, le point focal de l'intérêt national serait de rétablir l'indépendance véritable.

De tout ce qui précède, la RDC doit avoir, pour intérêt national, le développement d'une vision de transformation du territoire national considéré comme res nulius en une Nation autocentrée, répondant positivement aux intérêts et aspirations de la majorité de la population. Pour cela, des conflits et discours de nature perturbateur n'ont plus de place. Le leadership national congolais doit avoir pour objectif ultime d'éviter que la république devienne une rencontre des puissances antagonistes ; et éviter des provocations inutiles ou improductives et solliciter les aides nécessaires pour réaliser l'objectif de la politique nationale ; ne jamais compter sur les aides extérieures qui ne peuvent être que complémentaires ; mépriser tout ce qui causerait la division, la dépendance.

7. Les déterminants de la politique étrangère de responsabilité

La politique étrangère de responsabilité doit s'appuyer sur les facteurs politiques, géopolitiques et géostratégiques ci -après:

- la position géopolitico stratégique du pays;

- l'immensité de son espace territorial;

- ses innombrables resources naturelles;

- son appartenance à l'organisation internationale de la Francophonie où il est le deuxième plus grand pays en terme de locuteurs;

- l'existence, à ses cotés, de nombreux Etats appartenant à des locutions différentes et à différentes zones stratégiques;

- Sa musique de rayonnement.

- L'appartenance à trois bassin hydrique différents (le Bassin du Congo, le Bassiin du Nil et le Bassin du zambèse)

- Les nombreuses morts que le pays a connues pendants les guerres de l'est

- La lutte contre les violences faites aux femmes à l'Est

8. La politique congolaise des Organisations Internationales

Il n' y a pas de honte à dire que la RDC est un pays absent dans les grandes organisations internationales pour des raisons que tout le monde connait; il ne serait pas hasardeux de penser que la République Démocratique du Congo fait de la figuration au sein des organisations internationales et régionales. La politique étrangère de responsabilité est une politique de rationalisation de la participation dans les organisations régionales et sous régionales. En effet, à quoi sert-il d' être membre des plusieurs organisations régionales et sous régionales qui ont les mêmes objectifs. Pour quoi la RDC doit-elle être membre de la SADC, de la COMESA, de la CEEAC,de la CEPGL, et de toutes les autres sans rien bénéficier sinon des charges .

La politique de rationalisation consiste , selon les intérêts en présence à choisir en toute responsabilité les organisations régionales et sous régionales utiles à court ou à moyen terme et à quitter celles qui lui sont encombrantes. La RDC doit impérativement faire le choix entre la CEPGL, la SADC et la CEEAC pour besoin d' éfficacité.

9. Structure systémique de formulation et de prise de décision de Politique étrangère d'anticipation et de responsabilité

Président de la République

Parlement de la République

Exécutif

et Administration

Cours et

Tribunaux

* Société savante

* Expertise indépendante

* Etat major Général

* FCE

* Société civile nationale

Dans ce schéma, il faut bien noter que tout repose sur le président de la République. Selon que ce dernier est lui-même très impliqué ou non. Dans ce modèle de politique étrangère de responsabilité et d'anticipation, le Président de la République est l'acteur principal de la formulation et même dans l'exécution de cette politique. Son action est dictée uniquement par l'intérêt national.

A la prise de décision de politique étrangère, le président consulte les membres des commissions permanentes de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Il consulte ensuite les Sociétés Savantes. Il peut en faire le point, en cas de nécessité, aux présidents de deux chambres du Parlement.

La deuxième étape consiste à discuter de la décision à prendre avec le gouvernement, selon la hiérarchie ou même la spécificité de la question. Ici, le ministre des Affaires étrangères peut à son niveau consulter les experts sur l'opportunité de la démarche.

Une fois la formulation terminée, la décision préparée, elle est prise en conseil des ministres.

L'Assemblée Nationale et le Sénat doivent participer efficacement dans le processus de prise de décision. La formulation de la politique étrangère parlementaire est une affaire de collaboration. Les options fondamentales, les principes, les objectifs doivent être arrêtés de commun accord avec l'exécutif. Pour cela, les présidents de chacune des chambres doivent consulter le Président de la République, au besoin le premier ministre, ministre des affaires étrangère ou des ministères spécifiques.

Les autres acteurs peuvent être consultés ou donner leurs avis sur certaines orientations à prendre.

POLITIQUE ETRANGERE DE RESPONSABILITE

Objectif

Formulation

- Président de la Rép.

- Gouvernement

- Parlement

- Centres spécialisés

- RTNC

- FCE

- FARDC/ninistere de la défense dela défense

O.I

- Rationalisation

- Payement des arriérés

- Prise des paroles efficaces

-

- Appartenance à l'OIF

- La Musique de rayonnement

- Richesse naturelle

- L'immensité territoriale

- La position centrale en Afrique

- Lutte contre les violences faites

Aux femmes

- les nombreuses morts de la guerre de l'est

-

Principes

- Contribuer au changement des Pol.Gén.

- Défense de la souveraineté et Int.Terr.

- Anticiper les événements S/Régionaux, Régionaux et Internationaux en faveur de la République Démocratique du Congo

- Négocier l'exploitation des ressources naturelles avec les multinationales et autres partenaires

- Convaincre les puissances qui instrumentalisent les puissances S/Régionales contre la République Démocratique du Congo

- Intégrer la dimension des intérêts des grandes puissances dans la vision de politique étrangère de la République Démocratique du Congo

Facteurs

- Centralisme positif

- Nationalisme et patriotisme reformateurs

- Rationalité, le bon voisinage

--

- - La politique étrangère de responsabilité est une politique de démocratie et de haute collaboration interinstitutionnelle. Pour cela, elle est conçue comme un programme spécifique du gouvernement. Elle doit être présentée devant le congrès pour adoption ainsi que son budget.

2. La diplomatie d'anticipation

1. Le contexte de ce modèle

La diplomatie d'anticipation est un type de diplomatie transformationelle. Ce modèle est une création américaine avancée par le secrétaire d'Etat Condoleeza Rice vers la fin des années 2005(207(*)). Cette diplomatie tente de tranformer les moyens et l'organisation de la diplomatie américaine pour la rendre plus apte afin qu'elle transforme le monde. Ce concept renferme une idée et une volonté forte de réforme en profondeur de l'appareil diplomatique.

Dans son acception américaine, la diplomatie transformationnelle a pour objectif de tranformer la diplomatie américaine dans tous les domaines afin qu'elle soit en mesure de refaçonner le système international par le remodelage des Etats en faillitte ou fragiles, en régimes démocratiques de préference solide. Elle répose sur l'affirmation vertueuse selon laquelle le caractère fondamental des régimes compte davantage à présent que leur puissance économique ou militaire. c'est le contraire de la diplomatie classique selon laquelle les Etats sont des monstres froids dont la vision est exprimée selon la valeur de la puissance économique et militaire.

Ainsi, la diplomatie d'anticipation est une variante de celle de transformation. Elle consiste à poser les vrais problèmes de la diplomatie congolaise , les analyser et proposer les voies de sortie à sa léthargie continuelle.

Ainsi, cette diplomatie met en place une ingénieurie sociale avec des programmes de reconstruction, d'aide au développement ou de réforme institutionnelle. La diplomatie transformationnelle s'appuie sur les «transformational president» qui sont ceux qui reconfigurent durablement , en politique intérieure ou en politique étrangère, les structures du système politique national ou international, les conditions d'exercices de la politique américaine au lieu de simplement le gérer et font figure de démiurges. (208(*))

Le concept, dans le vocabulaire des Relations Internationales, désigne bien la prise en compte des facteurs politiques et de bonne gouvernance dans les situations diverses.Dans la vision américaine, les « transformational states» sont ceux qui démontrent des efforts de gouvernance ( lutte contre la corruption, ouverture de l'économie) , ils sont donc éligibles au programme américain.(209(*))

Nous pouvons noter que la diplomatie d'anticipation est une synthèse de l'idéalisme et du réalisme diplomatique. Elle est également une diplomatie de haute collaboration inter-institutionnelle, une diplomatie démocratique, de bonne gouvernance.

Son objectif principal est la consolidation de l'Etat et de la souveraineté internationale. Cette diplomatie a , en outre, comme objectif de changer l'image de la RDC par anticipation des événements, cette image d'une zone de non Etat et d'un Etat en faillitte, un Etat d'instabilité et de guerre.

On ne peut plus se contenter de ce que le gouvernement nous rapporte par sa diplomatie classique. Tout le monde doit savoir ce qu'il fait et apporter sa contribution pour l'avenir du pays, toutes les structures peuvent contribuer à la formulation de la politique étrangère et à son application par la diplomatie, comme pour imiter Stanley Hoffman, le hard power et le soft power ne suffisent pas: il faut un building power (210(*)). Cette contribution c'est pour construire un noveau type de diplomatie et de transformer le rapport de forces des grandes puissances en faveur de la RDC.

Se référant aux axes de politique étrangère de responsabilité que nous avons cités, la diplomatie d'anticipation est une diplomatie de proximité qui tente de convaincre les grandes puissances à revoir leurs stratégies contre la RDC au profit de ses voisins, notamment le Rwanda et l'Ouganda. Cette diplomatie tient grandement compte des tacts, d'esprit d'anticipation et de responsabilité dans ses relations avec l'extérieur. Elle apporte une touche stratégique qu'elle ajoute à la transformation de ses structures diplomatiques et à sa vision de politique étrangère. C'est également une diplomatie agissante, une diplomatie volontariste qui va au devant des problèmes avant qu'ils ne se produisent, qui les anticipe et les gère. Une diplomatie d'anticipation bien menée peut permettre à la RDC d'être gouvernée sans forces armées.

2. Les acteurs

Depuis très longtemps, les acteurs diplomatiques sont les ambassadeurs, les consuls et autres envoyés extraordinaires.La diplomatie d'anticipation fait entrer d'autres, notamment les membres de la fédération des congolais de l'étranger qui ont fait des études spécifiques et qui connaissent à suffisance les rouages des grandes puissances et des autres acteurs du système international. Ceux-ci doivent être choisis selon leurs spécialités et leurs connaissances du milieu. Ils ne peuvent pas travailler à l'ambassade, mais en collaboration avec les agents de l'ambassade, en forme d'une force profonde ou de lobby .

Un autre acteur diplomatique, ce sont les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, dans le cadre de la diplomatie des peuples ou de la diplomatie parlementaire. Ils sont extrêmement importants dans le cadre de ce schema parce qu'ils peuvent obtenir ce que l'éxécutif ne peut pas. leurs influences auprès de certaines structures sont une bonne garantie pour notre modèle de Diplomatie.

Les acteurs diplomatiques , dans ce modèle, sont sélectionnés selon les critères très professionnels de carrière. On évite la nomination des ambassadeurs de confiance ou réalistes. ceux ci doivent être formés, expérimentés, ils doivent sortir des grandes écoles des Relations internationales, des grands centres stratégiques et des grandes facultés de Droit du pays. Ils sont en outre rodés aux fonctions à remplir. Ce modèle envisage la création d'une académie diplomatique nationale à laquelle les fonctionnaires et autres agents sont formés et recyclés pour mieux remplir leurs tâches des diplomates en fonction ou en mission. La nomination doit respecter, si le besoin se fait sentir, le principe de la rotation diplomatique. La mise en place dans la diplomatie ne pourrait intervenir qu'après le rapatriement des diplomates en poste.

3. Les moyens

L'Etat transfomé ne peut que donner les moyens à sa diplomatie. Parce qu'on ne fait pas de diplomatie sans moyens conséquents. Comme dans notre modèle de politique étrangère de responsabilité , nous avons soutenu que celle-ci doit être présentée au congrès pour être adoptée. A cette même occasion , le gouvernement présentera le budget de la diplomatie. Ceci dépendra du sérieux du gouvernement et on saura ce qu'il veut obtenir.

LA DIPLOMATIE D'ANTICIPATION

Acteurs

- Président de la Rép. (Diplomate en chef)

- MINAFFEC (Coordonnateur principal)

- Diplomate classique (Amb. & consul)

- Congolais de l'étranger

- Les présidents de deux chambres (diplomatie parlementaire)

- Gouverneur et Bourgmestre (coopération décentralisée)

Présidence

- Cellule de conception et de formulation et de mise en pratique de la diplomatie

- Conseil principal sur les questions de la diplomatie et de la coopération décentralisée

Sénat et Parlement

- Commission des politiques extérieures dans lesquelles en trouvera des cellules de contrôle, de formulation et de suivi

Principe

- Centralisme positif

- Nationalisme et patriotisme des formateurs

FCE

Cellule de contrôle, de suivi, de formulation et de gestion des actions diplomatiques

Centre spécialisé

Cellule de coopération et de gestion, conseil de politique étrangère et diplomatique (département de R.I, DIP et autres intéressés).

Les Ministères des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale assurent la coordination de grandes orientations de politique étrangère et le suivi des moyens ou actions diplomatiques sur terrain. Les Ambassadeurs en mission se rencontrent en conférence annuelle d'évaluation et participent à la formation de remise à niveau selon les spécificités et autres besoins.

CONLUSION

Nous sommes arrivés au terme d'une longue analyse. Le sujet est d'une actualité brûlante et concerne au premier chef notre pays. La fin de la guerre froide a consacré la fin stratégique du rôle joué par la RDC. De ce fait, cette dernière a perdu sa place dans la formulation de la politique africaine des grandes puissances comme celle des USA. Car, le concours de plusieurs évenements internes et internationaux ont fait qu,elle ne représente plus rien au niveau international et africain en particulier.Nous signalons , sur le plan interne, l'inéxistence d'une forme visible de l'Etat devant remplir ses fonctions regaliennes, l'emergence des milices internes et externes , les revendictions identitaires et l'absence quasi totale de la bonne perception de la situation par les autorités qui se sont succedées.

Ce fait est apparu, aux yeux des américains, comme une incapacité interne et le pays est classé comme un Etat qui a failli, qui n'existe pas et qui entretient l'instabilité dans la sous région des grands lacs. A la recherche de nouveuax leaders post guerre froide et selon le principe du régionalisme selon lequel , les africains devaient s'occuper eux- mêmes du maintien de la paix dans leurs crises, les Américains ont mis sur pieds plusieurs programmes de sécurité pour lesquels certains pays ont été séléctionnés. Parmi ces pays, il y a sans doute le Rwanda (selectionné pour avoir bien instrumentalisé la réalité du génocide et la communauté internationale lui a appliqué la diplomatie de la pitié), l'Ouganda parce que devant servir des bras séculiers américains contre le terrorisme Soudanais.

Ces pays ont profité de ces différents programmes de formation pour mettre sur pieds des armées de conquête sous régionale. Ils ont organisé des expéditions et croisades militaires contre la République pour différentes raisons, ils ont soutenu les groupes armés et milices contre la souveraineté de la RDC, ils se sont affrontés sur leterritoire congolais sans être punis.

Tout cela, sous la bénédiction des grandes puissances, notamment des USA. L'objectif principal suivi est , selon les nombreux programmes, la balkanisation de la RDC , considérée comme un Etat qui a failli et qui exporte l'instabilité en laissant les forces négatives des autres Pays se servir de son territoire comme base arrière.

Ce qui parait étonnant est le fait que durant toutes ces années, les autorités congolaises et toute la communauté nationale se comportent comme si tout allait bien et que la situation reviendrait à la normale. La RDC ne fait que subir les événements, elle est gerée, à l'image du pays, au quotidien, pas de politique à long terme. Pendant ce temps, le Rwanda se présente comme une puissance sous régionale en qui les grandes puissances peuvent faire confiance.

Cette étude s'est proposée de refaire toute la politique étrangère de la RDC en temps de crise et de survie contre toutes les tentatives de prédation et de lutte pour sauvegarder son intégrité territoriale, sa souveraineté et même sa survie. La politique étrangère de responsabilité et la diplomatie transformationnelle d'anticipation sont des modèles que ce travail propose pour une redynamisation de sa diplomatie et surtout pour parer à la fin lente de vie de la RDC comme Etat nation dans sa forme actuelle.

Cette politique lui permet d'aller au devant de la scène, de ne pas rester attendre les événements et les subir, mais de les anticiper. Il est vrai que la RDC est menacée par des forces plus puissantes qu'elle-même. Cependant, nous devons dire qu'à ce stade, la République est malade de ses politiciens et de sa diplomatie. Comment peut-on accepter dans les circonstances qui sont les nôtres de rester et attendre les événements, comment peut-on comprendre qu'un Etat comme la RDC soit plus pauvre que ceux qui le servent, comment peut-on comprendre qu'un Nation en état de vassalité diplomatique ne puisse se préoccuper de son avenir, comment peut-on comprendre l'état arrièré de l'opposition qui ne peut tenir un discours novateur et constructif , sinon pour ses propres intérêts, comment peut- on servir un groupe des personnes au lieu de servir la mère patrie. Tous ces faits prouvent à suffisance que la RDC est prise en otage par ses politiciens .

Les événements actuels contre la RDC post éléctorale sont éloquants: la guerre de Bundu dia Kongo, un pretexte pour l'instabilité de l'ouest, la présentation des Banyamulenge comme une minorité tutsi contre la grande majorité des congolais, la signature d'un accord à forme simplifiée avec l'Ouganda pour traquer les LRA, la signature d'un texte de même genre avec le Rwanda contre les FDLR, sans une mesure d'encadrement aucune entrent bien dans ce type de diplomatie de réaction communément appélée la diplomatie de développement. Nous avons démontré dans les lignes qui ont précédés qu' en politique ineternationale, les objectifs s'entrecroisent et se suivent. La paix à tout prix comme objectif de politique étrangère n'est pas mauvaise, cependant, sans mesure d'encadrement, cette paix de façade risque de devenir la cause d'une prochaine instabilité comme les mêmes causes produisant les mêmes effets. C'est en ce moment que la RDC a besoin d'une diplomatie d'anticipation ,laquelle applique, dans sa formulation la théorie de la réaction prévue et ,dans son application la théorie de la mouche sur le mur.

Cette forme de politique étrangère de responsabilité et de diplomatie transformationnelle d'anticipation permet d'abord d'analyser la situation froidement, de connaitre les vraies questions et causes de l'instabilité. S'il est admis que la RDC fait l'objet d'une prédation des ses ressources naturelles, elle propose alors, par anticipation , comme c'est une situation instrumentalisée, de négocier avec les auteurs de l'instrumentalisation, c'est-à-dire les multinationales qui ont armé le Rwanda et autres acteurs pour bien piller les ressources.Juque là ,toutes ces choses ne sont que des faits observables et peuvent paraitre de simples idées scolastiques, parce que les autorités ne font rien dans ce sens. L'exemple d'une diplomatie d'irresponsabilité est la signature du contrat Sino-Congolais. Il est vrai que la Chine propose les conditions accessibles et acceptables. Cependant, la RDC se trouve dans un pacte stratégique avec l'occident depuis la colonisation. ce pacte n'a jamais été resilié. Pour quoi alors, pendant que l'occident est en compétition stratégique avec la Chine, dans les conditions qui sont les nôtres, signer cet accord alors qu'on sait bien que l'occident ferait tout pour qu'il ne soit pas appliqué. Si c'est un nouveau pacte stratégique et diplomatique, il faudrait alors le formaliser, sinon, cela ne fait que mettre la République en situation difficile. Il faut retenir que tout le monde aujourd'hui vend à la chine ou consomme chinois ( américains, européens et africains).

La conclusion de ce contrat, la révisitation des contrats miniers régulièrement signés entre 1996-1997 pendant la rébellion de l'AFDL, la révisitaion de nouveaux contrats signés pendant la transition( dits contrats léonins) et d'autres encore signés après les éléctions de 2006 ont encore prouvé que la RDC n'est pas un partenaire fiable et loyal . La diplomatie transformationnelle d'anticipation est un type de diplomatie qui se sert de la loyauté comme principe fondateur de la formulation de la politique étrangère et de la mise en pratique de la diplomatie. Cette loyauté est entendue comme une constance de manière à ne pas surprendre désagréablment ses alliés traditionnels, son opinion publique ou même son propre bureau. C'est finalement l'ancrage d'une ligne de conduite diplomatique dans les limites de ce que l'on peut en attendre compte tenu de l'expérience du passé.(211(*))

Un autre fait désagréable est la guerre congolo Rwandaise contre les Fdlr et les Interahamwe que la République a accepté sur son territoire.

Pourquoi la diplomatie congolaise n'a-t-elle pas jusqu'à ce jour pas réussi à obtenir le départ des forces négatives rwandaises du sol congolais ? A cause de certaines pesanteurs qui expliquent le maintien des combattants du Front démocratique pour la libération du Rwanda (Fdlr) sur le sol congolais et qui objectivement l'empêchent d'aborder cette question sous son vrai angle. La défense de l'intégrité territoriale est bonne, mais pas faire une guerre qui peut être évitée. La RDC donne parfois l'impression de ne pas savoir traiter. Maintenant, il faut éviter que le pouvoir du Rwanda ne saisisse l'opportunité offerte par l'élasticité du temps de désarmement des Fdlr pour une fois de plus justifier sa présence dans cette partie du pays.

Quelle est l'image que nous véhiculons à l'extérieur de notre pays et que peuvent valoir tous les contacts pris avec les investisseurs quand ils apprennent que les Congolais ne sont pas suffisamment forts pour trouver des solutions négociées afin que l'est du Congo ait le calme de l'ouest? De ce qui précède, il peut se lire que cette faille donne aujourd'hui l'impression comme si le Congo a mordu dans un piège tendu.

Sur le plan diplomatique, le Congo a servi d'alibi au Rwanda, ainsi , l' a-t-il aidé à prouver qu'il est une puissance régionale affirmée. Ce que la RDC n'a pas pu faire, le Rwanda le fait en quinze jours, il augmente son crédit diplomatique sur le plan international sans bien le vouloir. Le besoin de la paix à tout prix ne peut pas nous amener à jouer le jeu des autres si naivement. La diplomatie d'anticipation ferait le jeu dans la mesure où elle analyserait les conséquences et les enjeux à long termes.

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74. MUTAMBA MAKOMBO, Faut il balkaniser le Zaïre ? éd. PIFEP, Kin, 1997,

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77. MWAYILA TSHIYEMBE, La Politique étrangère de la République Démocratique du Congo, continuités et ruptures, éd. L'Harmattan, Paris, 2009

78. MWAYILA TSHIYEMBE, la Politique Étrangère de la République Démocratique du Congo, continuités et ruptures, éd. L'Harmattan, Paris, 2009

79. NE MUANDA NSEMI, Les frontières coloniales, éd. Mpolo Ngimbi 1996

80. NGUYANDILA MALENGA C., Les frontières et voisinage en RDC, éd. CEDI, Kin, 2006

81. NOUAILHAT, Y.-H. Les États-unis et le monde au XXe siècle, Armand Colin, Paris, 2000

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83. par IYELESA MOLU MBEY, MASIKA MATSUVA ET ISENGINGO KAMBERENG' ISE , Recueille des textes constitutionnels de la république du ZAIRE , du 19 mai 1960 au 28 AVRIL 1991, avec les annexes, la charte coloniale du 18 octobre 1908, éditions ISE CONSULT, Kin, 1991

84. PINTO et GRAWITZ M. Méthodes des sciences sociales, éd. Dalloz, Paris, 1986

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87. REZSOHAZY, R., Théorie et critique des faits sociaux, éd. Renaissance du livre, Bruxelles, 1971

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95. VINCENT, B., La Destinée Manifeste, éd. Messène, Paris, 1999

96. YAMEOGO, H., Repenser l'État africain, ses dimensions et prérogatives, éd. L'Harmattan, 1993,

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98. ZAKI LAIDI, État fragmenté, éd. Sciences Po, Paris, 2000

III. ARTICLES ET REVUES

1. AICARDI De SAINT-PAUL, M., « La Chine et l'Afrique : entre désengagement et intérêt », in Géopolitique Africaine, avril 2007, pp. 51-65

2. AICARDI, De SAINT-PAUL, M., « Les Fondements de la Politique Africaine des USA », in Géopolitique africaine, n° 31 juillet-septembre 2008, pp 65-78

3. BARBANCEY, P., «Grands Lacs. Fragile renaissance africaine», in Regards, n° 41, décembre 1998, p.12

4. BERHEZAN, G., et NKUNDABAGENZI, F., « La guerre du Congo-Kinshasa », in Rapport du GRIP, n° 9912, Bruxelles, 1999.

5. BIYOYA MAKUTU KAHANDJA P., « Éléments de politique étrangère de la République démocratique du Congo », in http://www.beltrade congo.be/index2.php?page=5217&PHPSESSID=bc2fd038b09a2081e2cc6539f1e17190

6. CHARILLON F. et De HOOP SCHEFFER, A., « Les Usa : les dilemmes de la puissance », in CHARILLON, F, Les notices des relations internationales, éd. CERSA, Paris, 2006

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8. CHARILLON, F., « les États et leurs politiques étrangères » in CHARILLON, F., (sd.), Les Notices des Relations internationales, éd. Cersa, paris, 2005, p. 58

9. CHASE, H., et KENNEDY P., «The Pivotal States an U.S Strategy» , in Foreign Affairs, vol 75,N°1, janvier-fevrier 1996.p. 33

10. CHASE, ROBERT, S, HILL, E.-B. et KENNEDY P., « Pivotal States and U.S. Strategy », in Foreign Affairs, vol. 75, no.1, 1996, p. 37

11. COQUERY-VIDROVITCH, C., « Congo, de la rébellion à l'insurrection», in Le Monde diplomatique, janvier 1999, p. 10-11.

12. DU BOIS De GAUDUSSON J et MÉDARD J-F. (dir.) - "La crise permanente de l'État et la recherche difficile de nouveaux modes de régulation" in L'État en Afrique : entre le global et le local, numéro spécial de la revue Afrique contemporaine, n°199 - octobre décembre 200, p98

13. HOFFMANN, S., « The foreign Policy the Us needs », in New yorkReview of books, 2006, pp5-6

14. KABUYA KALALA, F. et TSHIUNZA MONIYE, «L'économie congolaise en 2000-2001: contraction, fractionnement et enlisement», in Marysse, S. et Reyntjens, F. (dir.), L'Afrique des Grands lacs. Annuaire 2000-2001, Paris, L'Harmattan, 2001, pp369-387

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20. LEROY, E., « la formation de l'État en Afrique, entre indigénisation et inculturation, » in , GEMDEV, les avatars de l'État en Afrique, éd. Karthala, 1997

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23. LOUVIER, G, « Rwanda: l'aide militaire américaine en questions. Les États-unis sont soupçonnés d'avoir aidé les soldats rwandais à renverser Mobutu et d'être complices des tueries contre les réfugiés hutus. », In Monde, septembre 2007

24. LUWANSANGU, P., « Bilan économique de la RDC 2001-2006 : est-ce la fin de la malédiction ? », in Journal Le Potentiel, n°3467, 6 juillet 2005, p.4

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26. MULAMBU MVULUYA, ``Les Conflits Interethnique : Quelles voies de solution ?``, in MABIALA MATUBA NGOMA (sd), Fédéralisme, Ethnicité et Intégration au CONGO/ ZAIRE, éd. de l'institut de formation et d'études politiques, 1997.

27. Nye, J., « Transformation is Hard » , in Times, july 17,2006, p.4

28. PEQUIGNOT, S., « Sources et méthodes de l'histoire des Relations Internationales dans l'Europe médiévale », in Annuaire de l'École pratique des hautes études, 2009, p.26

29. PFAFF, W. "L'hégémonie n'a qu'un temps", in Courrier international, n° 540, 8-14 mars. 2001.

30. SAUTTER, G., « Quelques réflexions sur les frontières africaines », inProblèmes des frontières dans le Tiers- Monde, journées d'études des 20 et 21 mars 1981, éd. L' harmattan, 1981

31. SAVARIAUD, S., «Afrique du Sud. Espoirs et déceptions de la renaissance africaine», in RFI-Actualité, le 16 avril 2004.

32. SCHRAEDER, P.-J, «Oubliez la rhétorique et la géopolitique : Nouvelles tendances dans l'administration Bush à l'égard Afrique, 2001 », in African Affairs, Vol. 100, n ° 400, 2001, pp. 387-404.

33. sCOQUERY-VIDROVITCH, C., «Au Congo, de la rébellion à l'insurrection» , in Le Monde diplomatique, janvier 1999, p. 10-11.

34. SERVANT, J.-C., "Offensive sur l'or noir africain", in Le Monde diplomatique, janvier. 2003,

35. SMITH, S., « Paris contre Washington, Afrique la fin du bas empire in Revue française de géopolitique, Gallimard, 1997, pp.53-66

36. TARZI, Shah M. «Democratic peace, illiberal democracy, and conflict behavior», in International Journal on World Peace, Décembre 2007, p.36

37. TAZI, « la négociation des matières premières de base de la république démocratique du Congo, Solution l'instabilité chronique de la Sous région des grands lacs », in MES, n° 29 septembre octobre, 2005, pp. 92-117

38. THILOMBO MUNYENGAYI, «  Le 24 novembre 1965, l'armée prenait le pouvoir », in le Potentiel, é dition n° 3589 du vendredi 25 novembre 2005.

39. VAÏSSE, J., « États-unis : le temps de la diplomatie transformationnelle », in Cahier du Chaillot n°95, ISS, Décembre 2006, p. 11

40. VOLMAN, D., « La politique américaine sur les question de sécurité en Afrique », in  ,The Review of African Political Economy , vendredi 23 novembre 2007 , p.25

41. WILLAME, J.C. et MATHIEU, P. , « Le conflit et guerre au Kivu et dans la région des Grands Lacs », in Cahiers Africains du CEDAF n° 39-40, Paris, Harmattan, 1999, p. 135.

IV. Symposium, conférences et colloques internationaux

1. AJAUIL et ROLAND, perspectives franco américaines pour la gestion des conflits en Afrique centrale, Coopérer pour la paix : Rôle des organisations régionales, Symposium, Genève 27-28 octobre 1999.

2. BATTISTELLA, D.,  Faire de la paix un bien public, Colloques Les biens publics mondiaux, Bordeaux IV, 2003

3. BRACKMANN, C., conférence tenue à l'ULB le 7 mai 2003, à l'occasion de la sortie de son livre «  les nouveaux prédateurs politiques des puissances en Afrique centrale », éd. Fayard, Bruxelles, 2003.

V. NETOGRAPHIE

1. http://kilimandjero.dhblogs.be/22-01-2010/

2. http://www.beltradecongo.be/index2.php?page=5217&PHPSESSID=bc2fd038b09a2081e2cc6539f1e17190

3. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/actualite/congo/

4. http://www.radio-canada.ca/url.asp?/actualite/zonelibre/02-

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE I

IN MEMORIAM II

DEDICACE III

AVANT-PROPOS IV

SIGLES ET ABBREVIATIONS V

INTRODUCTION 1

I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE 1

II. ETAT DE LA QUESTION 3

III. PROBLEMATIQUE 8

IV. HYPOTHESE 10

V. INTERET DU SUJET 12

VI. METHODOLOGIE 13

a. De la méthode 14

b. Les techniques 17

VII. DELIMITATION 18

a. Du point de vue temporel 18

b. Du point de vue espace 20

CHAPITRE I : POLITIQUE AFRICAINE DES USA 21

SECTION I. LES DEBLAYAGES CONCEPTUELS 21

§1. Politique étrangère, politique extérieure et politique internationale 21

1. Notion de politique étrangère d'un Etat 21

1.1. Définitions 21

1.2. Les facteurs de politique étrangère d'un État 23

1.3. La loyauté comme élément de politique étrangère 25

SECTION 2. LES POLITIQUES AFRICAINES DES USA 27

§1. Les structures de conception et de gestion de la politique africaine des USA. 27

1.1. Les acteurs institutionnels 27

1.1.1. De l'exécutif et ses services 27

1.1.2. Le secrétaire d'Etat et le secrétaire d'Etat adjoint aux affaires africaines 29

1.1.3. Les services de l'exécutif 30

a. La NSC 30

b. La CIA 30

1.1.4. Les législatives 31

1.1.5. Les acteurs non gouvernementaux 32

1. La communauté noire des États-unis. 32

2. Des mouvements humanistes 33

3. Les Églises religieuses 33

4. Syndicats américains 34

5. Les sociétés multinationales 35

Les principes de politique africaine des USA 37

1. Pendant la guerre froide 38

2. Après la guerre froide 39

Les courants philosophiques de la politique africaine des USA post gurre froide : l'engagement sélectif et la legacy 40

1.2.1.1. De l'engagement sélectif et son application dans les relations USA-AFRIQUE 41

1.2.1.2. De La politique du Legacy et son application dans les relations USA-AFRIQUE 44

1.2.1.3. Les lignes forces et stratégies de la politique américaine en Afrique 45

CHAPITRE II. LA POLITIQUE ENTRANGERE DE LA RDC 46

SECTION I: PRÉSENTATION DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 46

§1 Présentation politico- historique 46

§2. Présentation économique et pontentialité des ressources naturelles 49

§3. Présentation géopolitico stratégique 58

SECTION II. LA CRISE DE L'ETAT CONGOLAIS ET SES CONSÉQUENCES SUR SA POLITIQUE ÉTRANGÈRE 61

§.1. La crise de l'État Africain 61

§2. La crise de l'État Congolais 70

2.1. Les fondements internes de la crise de l'État Congolais 70

2.1.1. L'instabilité structurelle et insurrectionnelle revisitée 70

2.1.3. Le tribalisme, ethnicisme, crise foncière et crise identitaire 72

2.2- Les fondements externes de la crise congolaise 73

2.2.1. Le poids de l'héritage colonial 73

SECTION III. LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA RDC DANS LE TEMPS 76

§. 1. La Politique étrangère du congo pendant la Première République 77

1.1. La formulation 77

1.1.1. Les acteurs 77

1.1.2. Les compétences 78

1.1.2.1. Les compétences du président de la République 78

1.1.2.2. Les compétences du gouvernement 78

1.1.2.3. Les compétences des chambres legislatives 79

1.2. Les principes,objectifs et courants philosophiques 81

1.3. CRITIQUE DE CETTE POLITIQUE 82

1.3.1. Exécution de la politique étrangère de la RDC pendant la première république 82

§2. La Politique étrangère du congo pendant la deuxième République 83

2.1. La formulation 84

2.1.1. De la compétence constitutionnelle des acteurs 84

2.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère 86

2.2.1. Objectifs 86

2.2.2. Les courants philosophiques 86

2.2.3. les principes de politique étrangere 87

2.3. Exécution de la politique étrangère de la RDC pendant la deuxieme République 87

§3. La politique étrangère du congo de 1991 à 1997 89

3.1. La formulation 91

3.1.1. Les compétences constitutionnelles des acteurs 91

3.1.1.1. Du Président de la République 91

3.1.1.2. De l'Assemblée nationale 93

3.1.1.3. Le Haut Conseil de la République. 93

3.1.1.4. Le gouvernement de la République. 93

3.1.1.5. Des cours et tribunaux 94

1. Le président de la République 95

2. Le Haut Conseil de la République- Parlement de la transition 96

3. Le gouvernement de la République 96

4. Des cours et tribunaux. 96

3.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère 97

3.2.1. Les objectifs. 97

3.2.2. Les courants philosophiques 97

3.2.3. Les principes 97

§4. Exécution de la politique étrangère de la RDC pendant la Deuxième République 98

4.1. La politique Étrangère du Congo de 1997 à 2001 98

4.1.1. La formulation 98

4.1.1. De la compétence constitutionnelles des acteurs 98

4.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère 100

4.2.1. Objectifs 100

4.2.2. Courant philosophique 100

4.2.3. Les principes de politique étrangère 101

§2. Exécution de la politique étrangère sous le régime de Mzé Kabila 101

§5. La politique étrangère du congo de 2001 à 2006 103

5.1. La formulation 103

5.2. De la compétence constitutionnelle des acteurs 104

5.3. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère 106

5.3.1. Objectifs 106

5.3.2. Les principes de politique étrangère 106

5.3.3. Courant philosophique 107

5.2. Exécution de la politique étrangère pendant la deuxieme République 107

§6. La politique étrangère du congo de 2006 à nos jours 108

6.1. La formulation de la politique étrangère 109

6.1.1. De la compétence constitutionnelle des acteurs 109

6.2. Les objectifs, courants philosophiques et principes de politique étrangère 111

6.2.1. Objectifs de politique étrangère 111

6.2.2. Principes de politique étrangère 111

6.2.3. Courants philosophiques 112

6.2.4. L'application de la politique étrangère 112

6.2.4.1. Conséquences de la crise de l'Etat Congolais sur sa politique étrangère. 114

CHAPITRE III. LA POLITIQUE ETRANGERE DES USA VIS AVIS DE LA RDC 116

SECTION I. OBJECTIFS SPECIFIQUES DE LA POLITIQUE AMÉRICAINE DE LA RDC PENDANT ET APRES LA GUERRE FROIDE. 116

§1. Pendant la première République 116

§2. Pendant la Deuxième République 118

§3. De 1990 à 1997 119

§4. De 1997 à 2001 120

§5. De 2001 à 2006 121

SECTION II. LES DOCTRINES DE POLITIQUE AFRICAINES DES USA QUI MENACENT LA RDC 124

§1. La perception américaine du régionalisme et l'application des new leaders 124

1.1. Le régionalisme 124

1.2. La théorie de New Leaders 125

§2. L'ombre jeté sur le génocide et la lutte contre le terrorisme en Afrique des grands lacs 126

§3. Théorie de la paix démocratique et la diplomatie transformationnelle 128

3.1. La théorie de la paix démocratique 128

3.2. Diplomatie transformationnelle 131

§4. La théorie du chaos constructeur 134

§5. Le ré application du principe wilsonien de nationalité 136

§6. Les programmes militaires américains dans les quels le Rwanda et l'Ouganda ont participé 140

Rapid Intervention Force (RIF) 140

International Military Education and Training (IMET) 141

3. Joint Combined Exchange Training (JCET) 142

Rwandan Interagency Assessment Team (RIAT) 142

Acquisition and Cross-Servicing Agreements, ACSA 143

1.5.7. Le danger de ce programme contre certains États comme la RDC 144

CHAPITRE IV. LES PERSPECTIVES POUR UNE POLITIQUE ETRANGERE ET UNE DIPLOMATIE D'UN CONGO PUISSANCE 153

SECTION 1. LES PRÉALABLES POUR LA FORMULATION D'UNE POLITIQUE ETRANGERE D'UN CONGO PUISSANCE. 154

La prise de conscience du danger du deperissement 154

La refondation de l'Etat et la restauration de son autorite . 155

Le renforcement de la conscience patriotique 156

La formation d'une armée nationale 157

SECTION 2. LA POLITIQUE ETRANGERE DE RESPONSABILITE POUR UN CONGO PUISSANCE D'AVENIR 159

1. La politique étrangère de responsabilité 160

. L'élaboration et acteurs 161

Le Président de la République 161

Le Gouvernement 161

Le Parlement 162

Les cours et tribunaux 163

Les Sociétés savantes spécialisées en Relations internationales, politique étrangère , politique internationale, droit international et la diplomatie. 163

2. Objectifs de politique étrangère 163

3. Les axes priviligiés 164

4. Les principes prévalant à l'élaboration 167

5. La place de la vision des grandes puissances dans l'élaboration de la politique étrangère de responsabilité 168

6. Intérêt national dans politique étrangère de responsabilité 169

7. Les déterminants de la politique étrangère de responsabilité 170

8. La politique congolaise des Organisations Internationales 170

9. Structure systémique de formulation et de prise de décision de Politique étrangère d'anticipation et de responsabilité 172

2. La diplomatie d'anticipation 175

1. Le contexte de ce modèle 175

2. Les acteurs 177

3. Les moyens 178

CONLUSION 180

BIBLIOGRAPHIE 185

TABLE DES MATIERES 194

* 1 LAROCHE, J., La Politique Internationale, éd. LGDJ, Paris, 1998

* 2 BADIE, B., L'État importé, l'occidentalisation de l'ordre politique, éd.Fayard, Paris, 1992

* 3 MIGDAL, J., Strong society and weak states: states society relations and capabilities in the third world, ,éd. Cambridge institut, Cambridge, 2000.

* 4 BAYART J.- F., L'État en Afrique, la politique du ventre, éd. Fayard, Paris, 1992

* 5 LEROY, E., «  La formation de l'État en Afrique, entre indigénisation et inculturation, » , in GEMDEV, Les avatars de l'État en Afrique, éd. Karthala, Paris, 1997.

* 6 YAMEOGO, H., Repenser l'État africain, ses dimensions et prérogatives, éd. L'Harmattan, Paris, s1993.

* 7 MENDE OMALANGA, L., Dans l'oeil du cyclone, Congo- Kinshasa, les années rebelles 1997-2003 revisitées, l'Harmattan, Paris, 2008.

* 8 CHARILLON, F., (sd) Les notices des relations internationales, éd. CERSA, Paris, 2006

* 9 CHARILLON F. et De HOOP SCHEFFER, A., « Les USA : les dilemmes de la puissance », in CHARILLON, F., idem

* 10 BERDING A.- H., Qui fait la politique étrangère américaine, éd. Nouveaux Horizons, Paris, 1966

* 11 DUROSELLE J.- B., et KASPI, A., Histoire des Relations Internationales, de 1945 à nos jours, éd. Armand Colin, Paris, 2004

* 12 LEMARCHAND, R., « la politique des États-unis dans l'Afrique des Grands Lacs », in MARYSSE S. et REYNTJENS, F. (sd), L'Afrique des grands lacs, annuaire 1998-1999, éd. L'harmattan, Paris, 1999

* 13 LABANA LASAY ` BAR et LOFEMBE, Politique extérieure de la RDC, structures, fonctionnement et manifestation, éd. Sirius, Kin,. 2009

* 14 MWAYILA TSHIYEMBE, La Politique étrangère de la République Démocratique du Congo, continuités et ruptures, éd. L'Harmattan, Paris, 2009.

* 15 TAZI K. Tien-a-be M.- J., « La négociation des matières premières de base de la RDC : solution à l'instabilité chronique de la sous région des grands lacs », in MES N° 29, Septembre- Octobre 2005.

* 16 MOVA SAKANYI, H., Congo survie et grandeur, essai d'une géopolitique nouvelle dans la mondialisation, éd. Safari, Kin, 2001.

* 17 AMARTYA SEN, Identité et violence, éd. Odile Jacob, Paris, 2007.

* 18 CHALIAND G., L'enjeu africain, géopolitique de puissance, éd. Complexes, Paris, en 1994.

* 19 NGUYANDILA MALENGA C., Les Frontières et voisinage en RDC, éd. CEDI, Kin, 2006

* 20 NE MUANDA NSEMI, Les frontières coloniales, éd. Mpolo Ngimbi, Kin, 1996

* 21 SAUTTER, G., « Quelques réflexions sur les frontières africaines », in Problèmes de frontières dans le tiers monde, journées d'études des 20 et 21 mars 1981, éd. L' harmattan, Paris, 1981

* 22 LUCAN, Les tendances à dépiécer le Congo ou à proposer sa balkanisation ou son remodelage, , Éd. Ellipse, Paris, 2000.

* 23 LOKA NE KONGO, « les fondements politique, économique et culturel de l'intégration nationale » , in MABIALA MATUBA NGOMA (sd), Fédéralisme, Ethnicité et Intégration au CONGO/ ZAIRE, éd. de l'Institut de Formation et d'Études Politiques , Kin, 1997.

* 24 MULAMBU MVULUYA, « les conflits interethnique : quelles voies de solution ? », in MABIALA MATUBA NGOMA (sd), op.cit.

* 25 MUTAMBA MAKOMBO, Faut il balkaniser le Zaïre ? éd. PIFEP,Kin , 1997

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* 44 Idem

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* 55 BUNDUKU-LATHA, P., L'Administration Clinton et l'Afrique, L'Harmattan, Paris 1999, p.58

* 56 AICARDI De SAINT-PAUL, op.cit. p.78

* 57 AICARDI de Saint-Paul, M., op.cit. 79.

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* 60 AICARDI de Saint-Paul, M., op. cit. p. 92.

* 61 AICARDI de Saint-Paul, M., op. cit. pp. 96-97.

* 62AICARDI de Saint-Paul, M., op.cit , pp. 97-98.

* 63 BUNDUKU-LATHA, op. cit., p.61.

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* 71 Idem

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* 123 LABANA LASAY'ABAR et LOFEMBE BENKENYA, op.cit.

* 124 La loi fondamentale du 19 mai 1960, relative aux structures du Congo, art. 22

* 125 Idem, art. 23

* 126 Ibidem, art.24

* 127 Ibidem, art. 25

* 128 Constitution de Luluabourg, du 1 Août 1964, les articles. 8 à 10

* 129 LABANA et LOFEMBE, op.Cit, p.8

* 130 Ordonnance loi n°7 du 7 novembre 1965 accordant des pouvoirs spéciaux au président de la république, l'ordonnance loi n° 66/ 92 bis du 7 mars 1966 attribuant le pouvoir législatif au président de la république et l'ordonnance loi n° 66/ 621 du 21 octobre 1966 relative aux pouvoirs du président de la république et du parlement.

* 131La proclamation du haut commandement de l'armée nationale congolaise du 24 novembre 1965

* 132 Constitution de la République Démocratique du Congo du 24 juin 1967, art. 20

* 133 Idem, art. 24

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* 135 LABANA ET LOFEMBE, op.cit. p.28

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* 137 Exposé des motifs de la loi 93-001 du 02 avril 1993, op.cit.

* 138 Exposé des motifs de l'acte constitutionnel de la transition, du 09 avril, 1994, p.5-6

* 139 Décret-loi constitutionnel du 27 mai 1997, Art.3

* 140 Décret-loi constitutionnel du 27 mai 1997, op.cit. Art.3

* 141 Idem, art. 6

* 142 Ibidem

* 143 LABANA et LOFEMBE, op. Cit. pp. 11-12

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* 146 Préambule de la constitution de la troisième république de 2006

* 147 Préambule de la constitution de la troisième république de 2006, op.cit.

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