Paragraphe 2 : Les
effets des crises énergétiques
Depuis l'année 2002 jusqu'en juin 2008, le cours du
baril de pétrole a connu une tendance à la hausse. Comme
l'indique le graphique 12, le prix du baril est passé de 28 dollars
US en moyenne en 2000 à 74 dollars US en 2007 et à 137 dollars US
sur les six premiers mois de l'année 2008. Entre 2002 et novembre 2007,
le prix de cette matière première a été
multipliée par plus de cinq (5), soit une hausse de plus de
400% sur la période.
Graphique n°12 : Evolution du cours
du baril de pétrole et du dollar US entre 2000 et 2008
Source : Construit par l'auteur
à partir des données du tableau 15 en annexe 1
A- Les origines de la
crise énergétique
Sur la période d'étude, cette
hausse s'expliquerait notamment par le dynamisme de l'économie chinoise
et l'émergence de pays nouvellement industrialisés qui tendent
à augmenter leur consommation d'énergie ainsi que
l'amélioration des conditions économiques dans certaines
régions du monde (Chine, Inde, Brésil, Russie, etc.), en
particulier aux Etats-Unis. La baisse des taux d'intérêt
réel et la dépréciation du dollar américain ont
également contribué à la flambée du cours du baril
de pétrole. Le cours du pétrole a été
influencé par les réactions spéculatives en relation avec
les perturbations potentielles au niveau de l'offre dues aux
évènements en Irak et au Proche-Orient d'une part, et aux crises
institutionnelles qui ont prévalu en Russie et au Venezuela d'autre
part. La baisse concertée de la production de pétrole par les
membres de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP),
occasionnerait également l'augmentation du cours du baril de
pétrole.
B- Les conséquences
de la crise énergétique sur l'économie
burkinabè
Les conséquences de cette hausse sont encore
prononcées pour un petit pays économiquement parlant comme le
Burkina Faso, où la consommation en hydrocarbures dépend
exclusivement de l'extérieur. La conséquence immédiate
d'une hausse du cours du baril est l'augmentation des prix au niveau national.
Ainsi, les secteurs du transport, de l'agriculture, des travaux publics sont
également touchés par des hausses toutes considérables,
induites par les prix élevés du baril de pétrole et de
l'énergie qui se répercutent directement sur le coût des
intrants. Cette situation contribue à freiner davantage le
développement du secteur industriel. Ce secteur qui devrait transformer
les matières premières locales afin de créer une valeur
ajoutée plus importante se trouve affecté négativement.
Une autre conséquence est l'augmentation du taux de chômage et la
paupérisation de la population compte tenu du fait qu'elle doit
débourser plus d'argent pour se procurer une même quantité
d'hydrocarbures.
Face à cette hausse des prix, le gouvernement est
intervenu pour maintenir le prix de ces hydrocarbures afin de soulager le
portefeuille du consommateur. A titre d'exemple, de juin 2007 à juin
2008, le prix du baril a augmenté de 91,3%, alors que les prix à
la pompe ont augmenté de 10%. Comme l'indique le graphique suivant on
constate, pour cela, une hausse des subventions aux hydrocarbures par l'Etat.
Ces subventions sont passées de 7,5 milliards de FCFA en 2001 à
40 milliards de FCFA en 2008.
Graphique n°13 : Evolution des subventions
aux hydrocarbures par l'Etat du Burkina Faso et le cours du baril de
pétrole entre 2001 et 2008
Source : Construit par l'auteur
à partir des données du tableau 6 en annexe 1
La baisse de la production des entreprises conjuguée
à la baisse de la demande intérieure due à la hausse des
prix des biens et services conduit au ralentissement de la croissance de
l'économie nationale. En effet, en 2006, l'impact négatif de la
hausse des cours des hydrocarbures sur la croissance serait de 1,42 point de
pourcentage contre respectivement 0,29 et 0,89 point en 2004 et 2005. Soit une
baisse moyenne de 0,87 points entre 2004 et 2006 (BCEAO, 2007).
Tableau n°5 : Impact de la hausse du
cours des hydrocarbures sur la croissance économique du Burkina Faso
entre 2004 et 2006
Années
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2004
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2005
|
2006
|
Moyenne
|
Variations (en %)
|
- 0,29
|
- 0,89
|
- 1,42
|
- 0,87
|
Source : BCEAO, 2007
L'analyse de ce qui précède montre que la
hausse du prix du baril de pétrole a un impact négatif sur la
croissance nationale en occasionnant une récession de la richesse
nationale.
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