Ministère de l'Enseignement Supérieur REPUBLIQUE DE
COTE D'IVOIRE
Et de la Recherche Scientifique
Union-Discipline-Travail
UNIVERSITE DE COCODY
U.F.R. Sciences de l'Homme et de Année
Académique 2006-2007
La Société (SHS)
Département Histoire
MEMOIRE DE MAÎTRISE HISTOIRE
CONTEMPORAINE
Theme
LE CHEMIN DE FER DANS
L'ECONOMIE IVOIRIENNE
1960-1980
Email :
broukonan@yahoo.fr
PRESENTE PAR : SOUS LA DIRECTION DE :
M.BROU Konan Alain DR. SETTIE Louis Edouard
0
DEDICACE
Nous dédions de prime abord ce travail à Dieu tout
puissant qui ne nous a jamais abandonné dans nos moments les plus
difficiles.
Aux parents qui n'ont cessé de nous donner les moyens
nécessaires pour arriver à ce stade dans nos études
supérieures.
A Brou Kouakou Raoul qui a quitté très tôt le
monde des vivants.
Enfin à toutes nos connaissances pour leur soutien moral,
qu'ils trouvent ici l'expression de notre gratitude.
2
REMERCIEMENTS
Le mémoire de Maîtrise au département
d'Histoire de l'Université d'Abidjan Cocody est un travail de recherche
qui intervient en principe au bout de quatre (04) années dans nos
études universitaires.
Nous ne pouvons en aucun cas, entamer ce travail sans exprimer
nos sincères reconnaissances à tous ceux, qui de près ou
de loin ont oeuvré pour faciliter notre formation et la réussite
de ce travail en particulier à :
Monsieur Louis Edouard SETTIE, Maître-assistant au
département d'Histoire à l'U.F.R des Sciences de l'Homme et de la
Société (S H S) de l'Université de Cocody qui nous a
toujours écouté, prodigué de sages conseils et nous a
orienté tout au long de notre travail.
Nous lui exprimons toute notre reconnaissance pour sa
disponibilité sans faille qui nous a permis de réaliser ce
travail.
A tous les enseignants du département d'Histoire et le
personnel pour les conseils avisés et la qualité de
l'enseignement.
Nos remerciements vont aussi à l'endroit du Directeur
Général de la S.I.T.A.R.A.I.L et à son
personnel, plus particulièrement à messieurs OUEDRAOGO du service
juridique et BERTHE responsable des archives, sans oublier madame TRAORE
Céline qui nous ont permis de travailler dans des conditions optimales
dans leurs fonds d'archives, pour la réalisation de ce
mémoire.
Enfin sommes nous aussi reconnaissant envers, Monsieur KOUADIO
Raymond et son épouse N'GUESSAN Thérèse pour leur soutien
total.
Monsieur KOUASSI Emmanuel qui nous a toujours soutenu jusqu'ici.
Monsieur. BETTY Effinistand et KOUADIO Roger pour leur soutien financier.
Et à tous ceux que nous n'avons pas pu citer.
« Que le très haut vous soutienne dans
toutes vos entreprises
SIGLES ET ABREVIATIONS
A.O.F : Afrique Occidentale Française
|
A.N.C.I : Archives Nationales de
Côte-d'Ivoire
|
B.I.C : Bénéfices Industriels et
Commerciaux
|
C.E.E : Communauté Economique
Européenne
|
C.I.D.T : Compagnie Ivoirienne pour le
Développement du Textile
|
C.O.T.I.V.O : Cotonnière Ivoirienne
|
F.E.D : Fond Européen pour le
Développement
|
F.N.I : Fond National d'Investissement
|
I.G.T : Institut de Géographie
Tropicale
|
P.A.A : Port Autonome Abidjan
|
P.D.C.I : Parti Démocratique de
Côte-d'Ivoire
|
P.I.B : Produit Intérieur Brut
|
R.A.N : Régie Abidjan Niger
|
R.D.A : Rassemblement Démocratique
Africain
|
S.I.T.A.B : Société Ivoirienne
pour le Développement du Tabac
|
S.I.T.A.R.A.I.L : Société
Internationale de Transport par Rail
|
S.O.C.I.T.A.S : Société Ivoirienne
de Textiles Artificiels et Synthétiques
|
S.O.D.E.R.I.Z : Société
d'état pour le Développement de la Riziculture
|
S.O.D.E.C.I : Société de
Distribution d'Eau de Côte-d'Ivoire
|
S.O.F.I.T.I.S : Société de
Filature et Tissage
|
T.V.A : Taxe sur les Valeurs Ajoutées
|
U.T.E.X.I : Union Industrielle de Textile de
Côte-d'Ivoire
|
SOMMAIRE
4
Pages
Introduction 5
Première partie : APERCU GENERAL SUR LE CHEMIN DE
FER EN
1960 . 12
Chapitre I : Présentation du réseau ferroviaire
13
A- : Les activités du chemin de fer en 1960 13
B- : Evolution des activités à partir de 1960
21
Chapitre II : La place et le rôle du chemin de fer dans
l'économie ivoirien
1960-1980 ..38
A- : La place du réseau ferroviaire 38
B- : Le rôle du chemin de fer 58
Deuxième
partie : LE CHEMIN DE FER DANS LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE DE LA COTE-D'IVOIRE 66
Chapitre I : Les impacts du chemin de fer sur le
développement
économique .67
A- : Sur les zones traversées .67
B- : Sur l'économie de la Côte-d'Ivoire 78
Chapitre II : Les limites du transport ferroviaire de
1960-1980 .95
A- : Les limites du réseau 95
B- : Les solutions 100
Conclusion 112
Annexes 118
Table des tableaux et graphiques .125
Sources et bibliographie 127
Tables des matières 133
INTRODUCTION
Dans le cadre de notre mémoire de maîtrise, le
choix du sujet~ Le chemin de fer dans l'économie
ivoirienne de 1960-1980" n'est pas fortuit.
En effet, si nous avons décidé de travailler sur
ce thème, c'est parce que nous croyons que le chemin de fer en
Côte-d'Ivoire a une histoire qui mérite que l'on s'imprègne
dans le vaste mouvement de développement des infrastructures
économiques de notre pays entamé à
l'indépendance.
Beaucoup de chose a été dite et écrite
sur ce thème cependant, nous pensons sincèrement que
l'étendue de la question à traiter nous laisse assez
d'opportunités afin de montrer l'importance qu'a occupé ce moyen
de transport et de communication dans l'économie ivoirienne à
partir de 1960.
Il faut savoir que depuis sa mise en place par le
colonisateur, le chemin de fer n'a cessé d'apporter sa petite pierre
à l'édifice dans la construction d'une Côte-d'Ivoire
moderne et développée.
C'est dans cette optique que montrer la place et le rôle
du chemin de fer dans l'économie ivoirienne de 1960-1980, reviendrait
à démontrer que ce moyen de transport et de communication devait
être un outil indispensable pour l'écoulement des richesses
naturelles et productions agricoles de la Côte- d'Ivoire mais aussi pour
le transport des personnes.
Cette préoccupation expliquait pourquoi l'Etat
dès les indépendances va accorder une certaine importance
à la voie ferrée dans sa politique de développement de
notre pays.
Par ailleurs, persuader que l'histoire a pour but
d'éclairer et d'expliquer le passé, il nous a paru non seulement
intéressant mais utile de nous pencher sur ce que le chemin de fer a
fait dans notre économie.
Ainsi, il apparaît nécessaire voir indispensable
pour nous de mener une étude sur le réseau ferroviaire ivoirien
et le travail qu'il a abattu pour permettre à la Côte-d'Ivoire
d'atteindre ce niveau de développement.
6
Au total, si notre choix s'est porté sur ce sujet,
c'est parce qu'il nous interpelle sur l'importance des infrastructures
économiques en général et le chemin de fer en particulier
en tant que puissant moyen de développement d'une nation. Donner une
définition du chemin de fer parait un peu complexe mais nous allons nous
efforcer de le définir de la manière la plus simple afin de mieux
le cerner.
En effet, si nous nous referons au Grand Larousse c'est un
« moyen de transport dont les véhicules roulent sur une voie
ferrée constituée de rail ».1
Et comme tel, ce moyen de transport et de communication va
être à l'instar des autres moyens de transport utilisé par
les autorités de la Côte- d'Ivoire pour parvenir à un
développement harmonieux de la nation ivoirienne.
Parlant du chemin de fer, s'il y a lieu de le localiser
géographiquement, il serait important de signifier qu'il débute
au sud de la Côte-d'Ivoire plus précisément à
Abidjan.En effet, la voie ferrée assure la communication de
l'intérieur de la Côte- d'Ivoire et de la Haute-Volta avec la
mer.
Il part comme nous l'avons indiqué d'Abidjan, traverse
la forêt dense, dessert Agboville au Km 182 qui est le centre producteur
du café et du cacao, puis Dimbokro où commence la savane, plus au
nord Bouaké centre commercial très important est atteint au Km
316 pour prendre fin à Ouagadougou en Haute-Volta.
Il faut dire que son histoire coïncide pratiquement avec
celle de la colonie de Côte-d'Ivoire dans la mesure où sa
construction ne débute que onze ans après que le territoire ne
soit décrété " colonie française
" le 10 Mars 1893.
Ceci étant, il convient de noter que la construction
des chemins de fer en Afrique est étroitement liée à
l'âge d'or du chemin de fer en Europe.Dans le cas de la
Côte-d'Ivoire, cette construction est influencée par la mise en
valeur du territoire par le colonisateur qui voyait en ce moyen de transport et
de
1 Grand Larousse, Paris, Larousse 1987, p
613
communication un instrument efficace pour l'acheminement des
produits d'importation et d'exportation.
C'est fort de ce constat qu'il convient de souligner que durant
des années, rien n'a trop changé dans les rôles à
lui assigner.
Dès lors, de 1960-1980, le chemin de fer va offrir
à l'Etat ivoirien de réelles possibilités pour son
développement économique et social.
Dans notre souci de rester en phase avec la période de
notre étude, il faut noter que ces deux dates sont des tournants
décisifs dans l'histoire de la Côted'Ivoire. La période
chronologique 1960-1980 décrivant 20 années de gestion à
l'ivoirienne va être riche en actes politiques, économiques,
sociaux et culturels dont les conséquences socio-économiques
furent très importants tant pour la Côte-d'Ivoire mais aussi pour
ses voisins.
Il s'opère dans l'ensemble de l'Afrique Occidentale
Française (AOF) et particulièrement en Côte-d'Ivoire un
vaste processus de décolonisation des territoires.Cette date 1960 marque
la fin de la présence française dans la plupart des colonies
d'Afrique noire en général et en Côte-d'Ivoire tout
singulièrement.
De ce fait, le pays devient maître de son destin et doit
dès cet instant penser à son développement
économique, social, politique et culturel.
Dès lors, les autorités ivoiriennes vont miser
sur le chemin de fer afin que celui-ci participe à sa manière, au
développement de cette jeune nation en construction.
Quant à 1980, elle marque un coup d'arrêt aux
années glorieuses de la Côted'Ivoire.En effet cette date est le
point de départ d'une crise économique sans
précédent que va traverser le pays.
En somme, la période de notre étude à
savoir 1960-1980 est une période qui nous plonge d'abord dans le temps
du miracle ivoirien pour enfin déboucher sur une crise économique
qui a entre autres ses origines dans les différents chocs
pétroliers de 1973 et 1979 sans oublier les sécheresses que le
pays a connu.
8
Le chemin de fer dans l'économie ivoirienne n'est pas
un sujet nouveau pour les chercheurs en général et les chercheurs
ivoiriens en particulier. En effet, il y a beaucoup d'écrits sur le
thème c'est pourquoi dans la recherche et l'étude de ce sujet,
nous nous sommes intéressé de prime abord au fond d'archives des
Archives Nationales de la Côte-d'Ivoire (ANCI) et de la Sitarail qui nous
ont été d'un apport très précieux dans la
compréhension de notre sujet mais aussi la manière de
l'aborder.
Les différents rapports du trafic de la Régie
Abidjan Niger (RAN) de 1960-1980 nous ont permis d'avoir les informations sur
le service des voyageurs et des marchandises, les recettes accumulées et
les investissements pour améliorer le réseau.
Après ces fonds d'archives, c'est autour des
instruments de travail, L'Encyclopedia universalis, corpus 3, Paris
1984, 1238 p, le Grand Larousse, Paris, Larousse 1987, p 613, et
l'Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan, IGT, Université
d'Abidjan 1979 nous ont été aussi d'un apport très
appréciable dans la définition du thème et de son
appréciation du point de vue général.
Par ailleurs, la recherche d'information nous a conduit à
des ouvrages généraux, à des mémoires,
thèses et à des revues.
Au niveau des ouvrages généraux, notons l'oeuvre
écrite sous la direction de Catherine Coquery-Vidrovitch
intitulée l'Afrique occidentale au temps des français,
colonisateurs et colonisés 1860-1960, Paris, la Découverte
1992, 460 p retrace 100 ans de présence française en Afrique.
Elle nous a permis de voir les investissements français
dans les colonies en matière d'infrastructures.
L'Encyclopédie générale de la
Côte-d'Ivoire, tome 3, la vie de la nation, Abidjan, NEA 1978, 1187 p
présente une Côte-d'Ivoire en pleine expansion sans oublier le
chemin de fer qui nous intéresse.
Henri Bourgoin et Philippe Guilhaume, Côte-d'Ivoire
économie et société, France, Stock 1979 333 p donne
des apperçu de la société ivoirienne
dans toute sa composante avec en toile de fond le chemin de fer
en tant qu'infrastructure de développement.
L'Etat et le processus de développement en
Côte-d'Ivoire de Louis Edouard Settie nous a permis de nous plonger
dans les actions de l'Etat pour la mise en place d'une nation prospère
et développée. Il évoque aussi le chemin de fer, ses
problèmes et ses actions sur l'économie.
De 1960 jusqu'en 1980, le pays était dirigé par
le PDCI-RDA, ainsi donc, les différents congrès à savoir
le IVème et le VIème congrès nous ont permis d'avoir
l'état des lieux du développement de la Côte-d'Ivoire. Le
chemin de fer a été abordé parce qu'il fallait penser
à sa modernisation.
Par ailleurs les différents plans quinquennaux nous ont
été aussi d'un apport très appréciable car ils nous
ont permis de comprendre l'évolution économique de la
Côte-d'Ivoire et les différents secteurs d'activité qui ont
bénéficiés de financement de la part de l'Etat
ivoirien.
En dehors de ces ouvrages, nous nous sommes
intéressé au mémoire de Maîtrise de Coulibaly
Namlamban intitulé la place des infrastructures de communication dans
la politique française des investissements 1946-1960 fait à
l'Université d'Abidjan en 1985, nous a permis d'aborder plus
aisément notre thème même si la période qu'il traite
n'est pas en rapport avec notre fourchette chronologique.
La thèse de Maestri Edmond : Le chemin de fer en
Côte-d'Ivoire, histoire, problèmes techniques, influences
sociales, économiques et culturelles, Aix en Provence, thèse
de 3eme cycle d'histoire nous a été utile pour comprendre
l'influence que peut avoir un moyen de transport et de communication sur
l'économie d'une nation.
Pour finir, les revues que nous avons pu consulter avaient pour
but de nous permettre de mieux connaître le chemin de fer.
10
Ainsi, les revues générales des chemins de fer :
Le rail et le monde, l'Afrique subsaharienne, nous ont ouvert la voie
pour appréhender le fonctionnement des chemins de fer en Afrique.
La Voie n°9 et la Voie édition
spéciale de la régie du chemin de fer Abidjan- Niger sont des
revues qui font le point des activités de la RAN.
C'est en ce sens qu'après consultation de tous ces
documents sommes nous amené à nous poser la question de savoir
quels ont été la place et le rôle du chemin de fer dans
l'économie ivoirienne de 1960-1980 et quel a été son
impact sur cette économie.
Ce qui convient de noter ici c'est que tous ces documents nous
ont permis d'avoir des informations utiles capitales sur le chemin de fer en
Côte-d'Ivoire de 1960-1980, sa création, sa place, son rôle,
les différentes activités et bien entendu son impact sur notre
économie.
Cependant, comme tout travail de recherche, nous avons
été confrontés à des difficultés de tous
ordres pour rassembler et consulter une documentation fiable traitant de notre
thème parce que dans la plupart des documents le chemin de fer en
Côte-d'Ivoire de 1960-1980 est traité superficiellement, or pour
un mémoire de maîtrise, il nous fallait des documents avec des
informations fiables.
Par ailleurs, le retard dans l'obtention d'une autorisation de
recherche pour les fonds d'archives de la Sitarail a retardé notre
progression dans le travail.Aux archives nationales, l'autorité
exacerbée des forces de défenses à l'entrée de la
primature a des fois ralentit notre volonté de recherche.
Cependant, après analyse de ces documents et des
informations qui s'y rapportent nous nous proposons d'organiser notre travail
en deux grandes parties subdivisées en deux chapitres chacune. Tout ceci
se fera dans le cadre d'un plan thématique afin de mieux
apprécier les différentes parties du sujet.
Ainsi dans la première partie, il sera question pour
nous d'évoquer l'aperçu général du chemin de fer en
1960 avec en toile de fond la présentation du réseau ferroviaire
qui prend en compte les activités du chemin de fer en 1960,
son évolution de 1960-1980, sa place par rapport aux
autres moyens de transport et de communication et enfin son rôle dans le
développement de la Côted'Ivoire.
Dans la seconde partie, il sera question du chemin de fer dans
le développement économique de la Côte-d'Ivoire à
travers son impact sur les zones traversées, sur l'économie
ivoirienne et enfin ses limites et les résultats des solutions qui lui
ont été apportées.
12
PREMIERE PARTIE :
APERCU GENERAL SUR LE CHEMIN DE FER EN
1960
En 1960, un vent nouveau souffle sur les territoires de
l'Afrique Occidentale Française (AOF) en général et sur la
Côte-d'Ivoire en particulier. Il s'agit des indépendances qui
arrivent comme un soulagement pour notre pays qui était sous l'emprise
du colonisateur français depuis 1893.
Dès lors, après la joie de la libération
passée, il fallait penser maintenant à construire un Etat moderne
doté d'une économie forte. Les nouvelles autorités
ivoiriennes vont miser sur tous les moyens nécessaires dont le chemin de
fer pour essayer de hisser la Côte-d'Ivoire sur les sillons du
développement.
Dès cet instant, il apparaît impérieux
pour nous de présenter ce moyens de transport et de communication du
point de vue de ses activités, de son évolution à partir
de 1960 jusqu'en 1980 sans oublier d'aborder la place et le rôle qu'il se
prépare à jouer dans l'économie de la Côte-d'ivoire
durant la période de notre étude.
Chapitre I : PRESENTATION DU RESEAU FERROVIAIRE
A l'indépendance, le chemin de fer participe
déjà au développement de la Côte-d'Ivoire. Ainsi, il
importe pour nous d'évoquer brièvement son histoire, les
activités du réseau et leurs évolutions.
A- : Les activités du chemin de fer en 1960
1- Rappel historique
A la fin du XIXeme siècle, les premiers efforts de
l'administration coloniale pour exploiter les richesses de la
Côte-d'Ivoire coïncident avec l'âge d'or du chemin de fer en
Europe. C'est tout naturellement que le rail apparût comme le mode de
transport le mieux adapté à la mise en valeur des richesses du
pays.
Envisagé dès 1893 par « le capitaine
Marchand »2 la réalisation d'un chemin de fer
destiné à atteindre le Niger fit en 1898 l'objet d'une
première étude confiée à « la mission
Houdaille qui devait en même temps déterminer l'emplacement du
port de la Côte-d'Ivoire »3.
L'idée maîtresse était alors de relier
Grand-Bassam à Kong important
centre caravanier de l'époque suivant la vallée de
la comoé. L'étude de celui-cieffectué par le
capitaine Crosson-Duplesses, permit d'entreprendre la
construction du
début de la ligne en 1904. Malgré les interruptions dues à
des
difficultés de toutes sortes et surtout la première guerre
et la deuxième guerre, la
ligne avança tant bien que mal.
Pour mieux apprécier l'évolution des travaux,
referons-nous à ce tableau 1
2 La Régie Abidjan Niger n°27,
Abidjan, SEDU 1978, p15
3 id La Regie Abidjan- Niger n° 27 op-cit
p15
14
Tableau 1
Etapes de la construction du Rail en
Côte-d'Ivoire
Désignation des sections
|
Longueur Km
|
Date d'exécution
|
Abidjan- Agboville
|
82
|
1903-1906
|
Agboville- Dimbokro
|
99
|
1906-1910
|
Dimbokro- Bouaké
|
135
|
1910-1912
|
Bouaké- Katiola
|
55
|
1919-1923
|
Katiola- Tafiré
|
117
|
1924-1928
|
Tafiré- Ferkessedougou
|
70
|
1929
|
Ferkessedougou- Bobo-Dioulasso
|
228
|
1929-1932
|
Abidjan- Wharf de Port- Bouet
|
11
|
1930-1931
|
Source : SEMI- BI- ZAN, La politique coloniale des travaux
publics en Côte-d'Ivoire, thèse 3eme cycle 1973, p186
En effet, débuté le 12 Janvier 1904, la ligne
qui devait finalement atteindre Ouagadougou au kilomètre 1145 va
traverser le sud de la Côte-d'Ivoire en passant par le centre pour enfin
aboutir au nord du pays.
Exploité d'abord directement par l'administration
coloniale, puis confié à la Régie des chemins de fer de
l'AOF (voir sigles et abréviations), le réseau obtint enfin son
autonomie de gestion. Et le « 1er Avril 1959, fut
créée la Régie Nationale des chemins de fer Abidjan Niger
(RAN) »4 qui exploite les voies ferrées
implantées en Côte-d'Ivoire et en Haute-Volta pour le compte de
ces deux pays.
4 Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume,
Côte-d'Ivoire, économie et société p110
2- Les services proposés
Au lendemain des indépendances, le souci premier des
autorités ivoiriennes est de construire maintenant une
Côte-d'Ivoire moderne tournée résolument vers le
développement.
En effet, en 1960 la Côte-d'Ivoire acquiert son
indépendance héritant des vestiges de la colonisation. Mais force
est de constater que ces vestiges quoique utiles ne peuvent garantir un
développement judicieux et harmonieux de cette jeune nation en
construction. Dès lors, l'Etat de Côte-d'Ivoire va chercher les
voies et moyens pour mettre en place sa politique de développement.
C'est dans cette optique que pour le déplacement des
personnes et des biens à l'intérieur comme à
l'extérieur du pays, les moyens de transport et de communication
(routes, voie ferrée, transport aérien, voies lagunaires et
maritimes) seront très vite sollicités pour le faire.
Le chemin de fer héritage de la colonisation et quoique
vétuste va s'affirmer dès l'abord comme un atout fondamentale
dans la mise en place de cette politique de développement.
Par ailleurs, notons que l'une « des bases les plus
importantes de toute activité dans un pays reste l'infrastructure
économique »5. C'est en cela que le réseau
ferroviaire en 1960 va s'atteler à être un des facteurs essentiels
du développement de la Côte-d'Ivoire par les services qu'il se
propose d'offrir.
Nous savons que la Côte-d'Ivoire est un pays agricole
doté d'un port en eau profonde qu'il fallait approvisionner en produits
d'exportation.
De même, la colonisation a fait que le pays entretient
des relations avec les pays sahéliens ; relations basées sur le
déplacement des populations et d'importants échanges commerciaux
dans la mesure où par l'entremise du chemin de fer, le port
approvisionne ces pays du nord en produits de toutes sortes et sert aussi de
support pour l'exportation de leurs productions agricoles.
5 Louis Edouard Settie, l'Etat et le processus de
développement en Côte d'Ivoire 1960-1980, Abidjan ipnetp 1997,
p25
16
Toutes ces situations vont faire que les activités du
chemin de fer en 1960 seront intenses. Et comme nous l'avons
évoqué plus haut, le chemin de fer est un moyen de transport et
de communication qui propose de transporter des voyageurs du sud au nord et
vice-versa ; il va bien s'y prendre en ce début des indépendances
car le service voyageurs du réseau est en constante évolution au
fil des mois d'exploitation.
Que ça soit le trafic international de voyageurs parce
que faisant partie intégrante du trafic où le trafic à
l'intérieur de la Côte-d'Ivoire, ce sont des milliers de personnes
qui utilisent le train pour leurs différents déplacements. Cet
accroissement du trafic voyageur répond aux soucis des autorités
ivoiriennes de permettre à bon nombre de personnes de se déplacer
librement sans les contraintes d'une cherté du prix du transport.
C'est en ce sens que dès les indépendances, des
mesures seront prises pour les voyageurs et les marchandises consistant
à appliquer sur les itinéraires reliant les grands centres et les
centres importants des prix fermes et moins élevés que ceux
donnés par les trafics habituellement applicables pour permettre un
trafic voyageur et marchandise intense.
En effet, à défaut de proposer des
matériels de pointe pour le trafic, l'application de prix à la
portée de toutes les couches de la population a entraîné un
engouement de la part des voyageurs à emprunter le rail pour leur
déplacement.
Par ailleurs, à l'indépendance le chemin de fer
bien que vétuste présentait de meilleurs atouts pour le transport
des voyageurs. C'est fort de tous ces constats que les résultats de
quelques mois d'exploitations ne laisseront personne indifférent.
Déjà en Août 1960, le chemin de fer va transporter 115.076
voyageurs soit 16 millions de voyageurs-kilomètres contre
« 107.689 voyageurs, soit 14 millions de voyageurs-
kilomètre »6 en 1959.
6 Régie du chemin de fer Abidjan Niger,
Rapport trafic de la RAN 1960
18
L'on note une augmentation en nombre voyageurs de 6,42 % et en
trafic de 13,35 % durant le mois d'Août sur les années
comparées de 1959 et 1960.
Les activités du chemin de fer du point de vue du
trafic voyageur étaient en constante progression et ceci pour le bonheur
des autorités ivoiriennes qui voient en ce moyen de transport et de
communication un atout indispensable pour le développement du pays.
Ainsi en Décembre 1960, le rail va transporter 142.000 voyageurs soit 20
millions de voyageurs-kilomètres contre 134.000 voyageurs en 1959.
L'analyse de ces chiffres nous montre une hausse des
activités du réseau ferroviaire pour le transport des voyageurs
car le nombre voyageur a augmenté de 5,50 % et de 21,89 % du point de
vue du trafic.
Par ailleurs, lorsqu'on essaie d'analyser les résultats
cumulés des activités au niveau du trafic voyageurs sur les huit
(08) premiers mois (Janvier à Août), nous constatons une
augmentation en nombre voyageurs de 5,53 % et en trafic de 9,48 % par rapport
à la même période de 1959.
Ce sont « 1.015.806 voyageurs soit 149 millions
voyageurs-kilomètres »7
contre 135 millions voyageurs-kilomètres en 1959. En
d'autre terme, les activités du chemin de fer en 1960 du point de vue
des voyageurs étaient en nette croissance durant toute
l'année.
Ainsi, lorsqu'il s'agit de nous focaliser sur le trafic
voyageur sur toute l'année, les résultats sont très
rassurants et portent à croire que la voie ferrée est un moyen de
transport et de communication apprécié par les populations pour
se déplacer à l'intérieur comme à
l'extérieur de la Côte-d'Ivoire.
Les résultats sur l'année complète de 1960
comparés à ceux de 1959 se présentent comme suit : de
Janvier 1960 à Décembre 1960, ce sont 1.508.890 Voyageurs qui ont
empruntés le train soit 216 millions de voyageurs-kilomètres
contre 195 millions de voyageurs-kilomètres pour la même
période de 1959.
7 id.Regie du chemin de fer Abidjan Niger, Rapport
trafic de le RAN op-cit
Le constat est que sur toute l'année, l'on note une
augmentation des activités du chemin de fer à travers son trafic
voyageur qui a connu une hausse de 7,12 % en nombre voyageurs et 12,55 % en
trafic.
Au total, le trafic voyageur du réseau ferroviaire est
en nette croissance faisant du chemin de fer un moyen de transport et de
communication indispensable pour l'économie ivoirienne.
Il en est de même pour le trafic marchandises de la voie
ferrée qui connaît lui aussi une croissance exponentielle.
En effet, nous savons que depuis sa mise en service, le chemin
de fer devait servir à transporter les marchandises lourdes du sud au
nord et vice-versa. Et ce rôle n'a pas beaucoup changé en 1960 car
les autorités ivoiriennes vont miser sur la voie ferrée pour
transporter les produits de l'agriculture vers le Port d'Abidjan, mais aussi
approvisionner les pays sahéliens qui n'ont pas de
débouché sur la mer.
Ainsi donc, en Avril 1960 déjà le trafic
marchandises est en nette augmentation par rapport aux chiffres du même
mois de 1959.
Cette augmentation est de 13,70 % et porte surtout sur les
transports de ciment (4.774 tonnes en 1960 contre 2.609 tonnes en 1959), des
graines de coton, d'arachides, de sésames et autres
oléagineux.
A partir d'Août de cette même année,
c'est-à-dire quatre mois après, le trafic marchandises continu sa
croissance et nous allons enregistrer 40.051 tonnes de marchandises
chargées soit 15 millions tonnes-kilomètre en trafic en 1960
contre 32.475 tonnes de marchandises chargées soit 13 millions
tonnes-kilomètre en trafic en 1959.
Le résultat est que le trafic marchandises a connu une
augmentation de 18,90 % en tonnes chargées et de 12,66 % en
tonnes-kilomètre sur les quatre mois d'étude.
Le trafic international étant un des piliers du
réseau ferroviaire en Côted'Ivoire, son accroissement va
automatiquement se refléter sur la croissance des
activités du Chemin de fer dans la mesure où le
Mali, la Haute-Volta, et le Niger ont besoin de se ravitailler en produits de
toutes sortes, vue l'accroissement de leurs populations et le niveau de vie
qu'elles aspirent.
Dès lors, l'analyse des chiffres de Décembre
1960 au niveau du trafic nous laisse croire que le chemin de fer en 1960
était le moyen de transport et de communication le plus utilisé
pour évacuer les marchandises dans les deux sens. Nous avons
enregistré une augmentation du trafic de 62,75 % en tonnes
chargées et 65,97 % en trafic par rapport à Décembre
1959.
Au total, lorsqu'on essaie de comparer les huit (08) premiers
mois du trafic de marchandises de 1960 par rapport à la même
période de 1959, nous constatons que de Janvier 1960 à Août
de cette même année, le trafic se présentait comme suit :
au niveau des tonnes marchandises chargées, nous avons enregistré
358.742 tonnes soit 132 millions de tonnes-kilomètre.
C'est en cela que nous avons noté une
légère augmentation de 2,14 % en tonnes chargées et 4,89 %
en trafic. Ces chiffres il faut le dire montrent la vitalité du trafic
du chemin de fer qui continue de prendre du volume durant notre période
d'étude c'est-à-dire 1960.
Cet accroissement du volume des activités du
réseau ferroviaire est dû au développement de la
Côte-d'Ivoire et de ses voisins immédiats ou lointain du nord dont
la Haute-Volta avec qui notre pays a des liens économiques très
forts de part le Port d'Abidjan.
Tous ces échanges commerciaux qui naissent, prennent
forme et se développent, agissent immédiatement sur le trafic
marchandises du chemin de fer car les résultats des douze (12) mois
d'exploitation vont attester nos dires.
De Janvier à fin Décembre 1960, le trafic
marchandises du rail a connu une progression très satisfaisante qui
augure des lendemains meilleurs.
Au niveau des tonnes chargées, nous enregistrons
567.568 tonnes soit 219 millions de tonnes-kilomètre contre 190 millions
de tonnes- kilomètre pour la même période de 1959.
20
C'est une augmentation de 13,03 % en tonnes chargées et
15,08 % en trafic qui est constatée.
En 1960, les échanges commerciaux à
l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte-d'Ivoire
sont concentrés sur un ensemble de produits qui circulent sur le
réseau.
A propos des marchandises transportées, il faut noter
que celles-ci d'une manière générale se composent dans le
sens nord-sud de « bois, arachides, karité, palmistes, coton,
banane, café, riz »8 .
Dans le sens inverse, ce sont des marchandises
constituées d'épiceries, conserves, farine, boissons, sel et
surtout le ciment et le combustible liquide car les pays comme le Mali, la
Haute-Volta et le Niger sont aussi en construction donc ils ont
énormément besoin de matériaux de construction mais aussi
des hydrocarbures.
Par ailleurs, il convient de noter qu'il existe un
déséquilibre dans le trafic car il est souvent en faveur des
marchandises en partance du sud vers le nord et provenant plus
précisément de l'Europe dans la mesure où par le bais du
chemin de fer, L'Etat profite pour ravitailler les villes de l'intérieur
du pays qui sont embranchées sur le réseau et les pays
sahéliens.
En somme, en 1960 le chemin de fer en Côte-d'Ivoire
était déjà incontournable du point de vue du volume de ses
activités.
En effet, comme moyen de transport et de communication, il
était utilisédès 1960 pour le transport des voyageurs et
des marchandises du sud au nord et
vice-versa.
Ainsi tout au long de l'année 1960 les activités
du réseau croissaient en volume faisant du chemin de fer un outil
indispensable dans le développement économique du pays.
8 Louis Edouard Settie, l'Etat et le processus de
développement en Côte-d'Ivoire 1960-1980 op-cit p28
Par ailleurs toutes sortes de produits circulent sur le
réseau à cause des liens économiques unissant la
Côte-d'Ivoire aux pays sahéliens en général et la
Haute-Volta en particulier. Ce qui nous amène à nous
intéresser à son rythme de croissance de 1960-1980
B- : Evolution des activités de 1960-1980
1- Le trafic des voyageurs
En Côte-d'Ivoire à partir de 1960, l'Etat accorde
une certaine confiance au chemin de fer qui de par la
généralisation des besoins de déplacement de toutes les
couches de la population va se charger de transporter encore les populations et
les marchandises.
Il faut noter que depuis les indépendances, la voie
ferrée s'est posée véritablement comme un outil
indispensable dans le transport des personnes et des marchandises sur tout le
long du tracé.
C'est fort de tout ceci que son trafic va prendre de la valeur
de 1960-1980 avec les besoins des déplacements et de l'accroissement des
démographies en Côte-d'Ivoire mais aussi dans les pays
sahéliens.
Dès lors, nous allons constater une progression
à des proportions intéressantes du trafic voyageur qui passe de
70 millions de voyageurskilomètres en 1957 à environ 470 millions
de voyageurs-kilomètres en 1964. Ainsi, avec la situation de monopole
qu'il semble exercer, les activités la voie ferrée connaissent
une évolution remarquable même si par moment nous assisterons
à une baisse du trafic.
Exploitant 1173 kilomètre et disposant de 1163 wagons,
le chemin de fer va transporter en 1964 «
2.202.369 voyageurs soit 469 millions de
voyageurskilomètres »9 contre 373
millions de voyageurs-kilomètres en 1963.
9 Régie du chemin de fer Abidjan Niger,
Compte rendu de gestion 1964, Abidjan 1964 p19
22
Le constat que nous faisons ici est qu'il y a une augmentation
du trafic car au niveau du nombre de voyageurs le taux d'accroissement est de
17,13 % et pour les voyageurs-kilomètres nous notons un taux de
croissance de 25,66 % depuis 1960.
A vrai dire, la première décennie de la
Côte-d'Ivoire 1960-1970 a été très prolifique pour
le chemin de fer qui a vu son trafic voyageur évolué de
façon exponentielle.
Et à ce titre, soulignons qu'en 1965 le trafic
connaît une évolution ; il est passé de 1.524.333 voyageurs
en 1960 à 2.354.371 voyageurs soit 506 millions de
voyageurs-kilomètres.
Ce qui dénote que depuis 1960, le chemin de fer au
travers de son service voyageurs connaît une croissance rapide due
essentiellement au développement économique de la
Côte-d'Ivoire et des pays limitrophes qui lui sont liés et
desservis par la voie ferrée.
Cette croissance est due aussi aux importants échanges
commerciaux entre ces Etats qui nécessitent les déplacements,
donc le trafic international.
Au milieu des années 60, le chemin de fer connaît
une modernisation des structures et des infrastructures pour d'une part lutter
contre la concurrence de plus en plus rude des autres moyens de transport et de
communication surtout la route (avec des autocars rapides, spacieux et
confortables sans oublier les gros camions qui servent à transporter les
marchandises) et d'autre part permettre à la voie d'accroître son
volume d'activité.
Ces investissements ont plus que portés des fruits dans
la mesure où le trafic voyageurs connaîtra encore une nette
évolution et va progresser durant des années de 20 % en
voyageurs-kilomètres en 1970 et de 12,04 % dans la seule période
de 1971.
En tout état de cause, il convient de remarquer que le
chemin de fer par l'entremise de son service voyageur se positionne
réellement comme un sérieux
24
atout dans la politique de développement de la
Côte-d'Ivoire. Et pour mieux nous imprégner de cette
évolution, referons nous à ce tableau 2.
Tableau 2
Evolution trafic voyageur de la RAN de
1960-1971
Années
|
Nombre (millier)
|
Voyageurs/Km (millions)
|
Kilomètre/voyageurs
|
1960
|
1524
|
249
|
163
|
1965
|
2354
|
432
|
183
|
1970
|
2576
|
621
|
241
|
1971
|
2546
|
716
|
270
|
Source : Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan, institut
de géographie tropicale, université d'Abidjan 1979
Au vu de ces chiffres, notre première impression est
d'affirmer que le trafic voyageur est en nette progression et s'accroît
d'année en année même si en 1971 une baisse est
enregistrée pour le nombre des voyageurs.
Ce qui est important de souligner aussi est que les voyages
entrent dans l'habitude des populations qui parcourent maintenant de longues
distances quittant leur zone d'origine pour aller découvrir d'autre
régions pour des raisons multiples ( recherche d'emploi, de bien
être social, visite de famille).
Cet engouement pour les voyages est aussi suscité par
les améliorations que le réseau a connu surtout dans le milieu
des années 60 (accueil, trains rapides, régularité du
trafic et des meilleures qualités de prix).
A ce titre, l'amélioration des services que propose le
chemin de fer à ses clients a abouti à l'achat de trains rapides
comme le Bélier qui relie Abidjan Bouaké en 06 heures à
partir de 1975.
Ce qui est intéressant de noter ici encore est que
cette envie de voyager est perceptible avec l'accroissement des
kilomètres parcourus par un voyageur qui passe de 163 kilomètres
en 1960 à 270 kilomètres en 1971.
Par ailleurs, avec la modernisation du matériel et des
services qu'il propose, le chemin de fer va connaître un trafic
florissant (voir graphique annexe 3) même si des baisses du trafic seront
constatées.
En effet, durant la période 1970-1980 la barre des un
milliard de voyageurskilomètres sera franchie avec succès (voir
tableau 3).
Tableau 3
Trafic voyageur de la RAN (1971-1980) en
millions
Année
|
1971
|
1973
|
1975
|
1977
|
1980
|
Voyageurs/Kilomètre
|
666,9
|
757,8
|
861,1
|
978,5
|
1.185,4
|
Source : La voie Régie du chemin de fer Abidjan Niger
n°9, Abidjan, ici 1977 p5
L'analyse de ce tableau nous montre combien de fois
l'amélioration de la voie et du matériel de traction avait fait
du bien au chemin de fer.
En effet, avec la vive concurrence de la route et des autres
moyens de transport et de communication, le trafic voyageur de la voie
ferrée était toujours en nette croissance.
Ainsi, de 666,9 millions de voyageurs-kilomètres en
1971, ce trafic a connu un évolution constante pour aboutir en 1980
à 1.185,4 millions de voyageurskilomètres.
Au total, l'évolution du volume d'activité du
réseau ferroviaire est en rapport direct avec l'évolution
économique de la Côte-d'Ivoire.
Cette évolution du point de vue du nombre des voyageurs
qui empruntent la voie ferrée est en adéquation avec les recettes
du trafic ferroviaire qui évoluent elles aussi (voir tableau 4).
Tableau 4
Evolution des recettes voyageurs de la RAN de
1961-1980
Année
|
1961
|
1965
|
1970
|
1980
|
Recettes
|
783.235.105
|
1.214.581.427
|
1.561.064.526
|
2.795.630.000
|
Voyageurs F.cfa
|
|
|
|
|
Source : Régie Abidjan Niger, Documents financiers et
statistiques 1961-1970, Abidjan 1971, p10
Les chiffres de ce tableau nous indiquent que
l'évolution du trafic voyageur est constante et les recettes
engrangées dans ce trafic sont toujours en nette croissance depuis 1960.
De 780 millions de F.cfa en 1960, il est passé à 1 milliard 214
millions de F.cfa en 1965 pour enfin franchir le cap des deux (02) milliards de
F.cfa en 1980.
A vrai dire, le chemin de fer de par ses recettes
apparaît comme un atout indispensable qui a la primauté pour le
transport des voyageurs à l'intérieur comme à
l'extérieur de la Côte-d'Ivoire. Et si l'on note une nette
évolution de ses recettes, c'est parce que le service du trafic
international du réseau ferroviaire est très intense.
En effet, l'un des faits marquants qui nous interpelle aussi
est que le trafic international apparaît comme un élément
majeur dans le trafic puisqu'il se situe au environ de 58 % du trafic total
voyageur du chemin de fer.
Sur les 700 millions de voyageurs-kilomètres
enregistrés en 1971, nous avons noté à la montée
349 millions de voyageurs-kilomètres dont 202,9 millions pour le trafic
international et 120,8 millions de voyageurs-kilomètres pour le trafic
intérieur de la Côte-d'Ivoire.
A la descente, le même constat se présente ;
ainsi nous avons 351,9 millions de voyageurs-kilomètres dont 211
millions pour le trafic international contre 112,9 millions pour le trafic
ivoirien.
26
Ce constat s'explique du fait que de 1960-1980, la
Côte-d'Ivoire connaît une prospérité sans pareille
qui attire les populations du nord de la Côte-d'Ivoire à la
recherche de conditions de vie meilleure.
Ainsi, Abidjan, Bouaké, Agboville qui rassemblent
presque toutes les conditions pour l'obtention d'un travail bien
rémunéré voient affluer les populations.
En somme, l'évolution du trafic voyageur du chemin de fer
de 1960-1980 a toujours été en nette croissance malgré
quelques années de perturbation.
De 1960-1975, le trafic voyageur du réseau ferroviaire
s'est accru en moyenne de 10,9 % l'an tandis que le nombre de
voyageurs-kilomètres a presque triplé au cours de la même
période. Il convient cependant de noter une baisse de niveau du trafic
voyageur en 1962,1967 et 1969.
Néanmoins, les recettes du trafic ont presque
quintuplé sur la période 1961- 1975 dues au développement
de l'économie ivoirienne, le besoin des déplacements et la
modernisation apportée au réseau ferroviaire ; c'est donc tout
naturel que la voie ferrée obtienne ces résultats qu'elle nous a
présenté à cette période de notre étude.
La conséquence directe de cette évolution des
activités est que les recettes aussi ont subi une courbe ascendante
permettant à la Côte-d'Ivoire de miser sur le rail dans son
développement économique.
Le chemin de fer est un moyen de transport et de communication
qui vend des services. Ainsi, en dehors du trafic des voyageurs, il compte
aussi un trafic des marchandises.
2- Le trafic des marchandises
Au même titre que le trafic des voyageurs, le trafic des
marchandises a connu lui aussi une évolution dans le temps et dans
l'espace.
Dans le temps parce que de 1960-1980, ce trafic est en nette
progression même si des perturbations sont notées en 1974 et 1975
pour des causes que nous évoquerons plus tard. Dans l'espace parce que
le tracé du chemin de fer permet à la Côte-d'Ivoire d'avoir
des clients au nord du pays à savoir le Mali, la Haute-Volta et le
Niger.
A vrai dire, le trafic marchandises n'est pas focalisé
uniquement à l'intérieur de la Côte-d'Ivoire et ce service
constitue une activité essentielle pour le rail et de par sa nature le
réseau est très sensible aux fluctuations
Dés les indépendances, le pays avait toujours
besoin qu'on transporte les marchandises et les produits agricoles en direction
d'Abidjan mais aussi des pays sahéliens qui sont des partenaires
économiques de notre pays sans débouché sur la mer.
Ainsi, le transport des marchandises va s'accroître
dû aux importants courants d'échanges commerciaux à
l'intérieur de la Côte-d'Ivoire comme à l'extérieur
avec ses voisins.
A ce titre, signalons que le chemin de fer de par son service
des marchandises va connaître un développement satisfaisant de
1963-1973 avec un taux de « croissance moyen de 9 % par »
10
Au lendemain des indépendances, la voie ferrée
se positionne déjà comme étant le moyen de transport et de
communication le mieux outillé pour le trafic marchandises dans la
mesure où le transport des marchandises lourdes sur de longues distances
est une de ses spécialités depuis de très longues
années.
Donc à cette période, le réseau va faire un
trafic de 567.568 tonnes de marchandises chargées soit 216 millions de
tonnes-kilomètre.
10 Régie Abidjan -Niger, Abidjan, SEDU
1978, p69
28
En 1961, nous allons enregistrer 753.522 tonnes de
marchandises chargées soit 340 millions de tonnes-kilometre, d'où
une augmentation du volume des activités de « 34,20 % en tonnes
chargées et 57,41 % en trafic »11.
Par ailleurs, lorsqu'on se penche sur les services
proposés par le trafic marchandises (bagages, courrier postale etc.),
nous nous rendons compte automatiquement que tous ces services sont en nette
progression ; en 1961 le trafic marchandises détail est de 7.973.315
tonnes-kilomètre, en 1963, le trafic wagon atteint les dix (10) millions
de tonnes- kilomètre.
A partir de 1965, le trafic marchandises continu sa croissance
vertigineuse dans le domaine du trafic wagon et des services et ce sont 715.609
tonnes de marchandises qui seront transportées à cette
période.
Cette croissance est toujours perceptible en 1970 avec 755.660
tonnes de marchandises chargées soit 404 millions de
tonnes-kilomètre.
Cependant, il faut noter une baisse du trafic de 1974-1975
comme nous l'avons évoqué plus haut due à un
fléchissement du caractère conjoncturel.
Mais aussi en raison notamment de la crise économique
mondiale des années 1973, de la cessation progressive des transports
d'aliments de secours pour les pays sahéliens et de la perte d'une
importante part du trafic malien due à la fermeture provisoire de la
frontière entre le Mali et la Haute-Volta ; conséquence de la
guerre qui les a opposée à cette époque.
Cependant depuis 1976, le trafic marchandise a repris de plus
bel et il enregistre une nouvelle évolution et le cap des «
500.000 tonnes-kilometre a été passé »12.
(Voir tableau 5)
11 Régie du chemin de fer Abidjan Niger,
Rapport trafic de la RAN 1961
12 Régie Abidjan Niger, Abidjan, sedu,
op-cit p69
Tableau 5
Trafic marchandise de la RAN 1960-1976
Année
|
1960
|
1964
|
1968
|
1972
|
1974
|
1975
|
1976
|
Marchandises/ tonne/Km (millions)
|
210,4
|
312,9
|
345,3
|
481
|
528
|
443
|
558
|
Source : Côte-d'Ivoire de A à Z, Abidjan, NEA
1977, p30
Lorsque nous analysons les données de ce tableau, le
constat que l'on peut faire est que le monopole de fait dont joui le chemin de
fer à partir de 1960 par rapport aux autres moyens de transport et de
communication pour le transport des marchandises se transcrit directement sur
l'accroissement du volume des activités du trafic marchandises du
réseau.
En effet, de 1960-1968, la croissance est
régulière et à partir de 1970 avec la modernisation de la
voie et du matériel de traction, l'évolution du trafic devient
encore plus dense même si la route récupère une partie du
trafic
Cependant de 1974-1975, une baisse sensible est
enregistrée dans le trafic à cause des problèmes politique
du Mali et de la Haute-Volta qui sont de gros clients de la Côte-d'ivoire
; néanmoins le trafic reprend de fort belle manière en 1976 pour
poursuivre sa croissance jusqu'en 1980.
Avant de continuer notre analyse, il convient de marquer un
coup d'arrêt pour évoquer les différentiels produits qui
entrent dans le trafic du nord au sud et vice -versa et pour le faire, qui
mieux que ce tableau ci-dessous pour nous les montrer.
Tableau 6
30
Principales marchandises transportées en
1964
A l'exportation
|
Milliers de tonnes
|
Millions tonnes/Km
|
|
|
|
11
|
6,3
|
Coton
|
|
|
|
23
|
15,4
|
Arachide
|
|
|
|
13
|
10
|
Palmistes et oléagineux
|
|
|
|
34
|
6,4
|
Café cacao
|
|
|
|
40
|
4
|
Bois grumes
|
|
|
|
10
|
0,7
|
Banane
|
|
|
Local
|
|
|
Cola
|
21,5
|
11
|
Animaux
|
13,8
|
10,5
|
Pierre-sable enrochement
|
75
|
4,2
|
Riz-mil-mais
|
15
|
8,7
|
A l'importation
|
|
|
Epicerie-boissons
|
55
|
30,5
|
Matériaux de construction
|
16,5
|
11,2
|
Ciment
|
55
|
40
|
Combustibles liquides
|
103
|
71
|
Sel
|
12
|
9,5
|
tissu
|
03
|
2,1
|
Source : République de Côte-d'Ivoire, Etude des
transports en Côte-d'Ivoire, volume 7, le transport aérien,
France, Edirap 1970, p60
Le constat qu'on peut faire au regard de ce tableau est que la
plus part des produits transportés à l'exportation à
partir de 1960 sont des produits agricoles et le bois en grumes.
A cet effet, le bois en grumes (40.000), le café et le
cacao (34.000) tonnes sont les produits les plus transportés, il ne faut
pas négliger l'arachide (23.000 tonnes), le coton, les palmistes et
oléagineux et la banane ; les zones de production sont parfois
situées sur le tracé de la voie ferrée.
Au plan local, nous enregistrons un trafic essentiellement
basé sur les produits comme la cola et surtout les pierres, le sable et
les enrochements avec un tonnage de 75.000 tonnes.
Quant aux produits destinés à l'importation, ce
sont les matériaux de construction (16,500 tonnes), épicerie et
boissons (55.000 tonnes), et surtout le ciment et les combustibles liquides
(103.000 tonnes) qui occupent une place de choix dans le trafic à cause
de la demande qui est très importante de la part des pays
sahéliens.
Il faut noter que cette diversité et cette
densité des marchandises transportées par le chemin de fer
croissaient en volume au fil des années et cette progression est
perceptible du point de vue des marchandises globales transportées.
Par ailleurs d'autres marchandises vont apparaître sur
le réseau avec le temps grâce à la politique de
diversification des cultures en Côte-d'Ivoire comme à
l'extérieur du pays et le constat le plus marquant est l'accroissement
du volume des marchandises transportées à l'exportation et
à l'importation.
Ainsi, à partir de 1970 comme produits à
l'importation nous avons les produits pétroliers (112.565 tonnes), les
marchandises divers (102.784 tonnes), le ciment (55.333 tonnes) et à
l'exportation nous notons des produits comme le coton balles (33529 tonnes) qui
prend de l'importance dans le trafic à cause des excellentes
récoltes au Mali et en Haute-Volta sans oublier la
Côte-d'Ivoire
32
dont l'industrie cotonnière sera la plus performante
d'Afrique de l'ouest, le café (17.376 tonnes) et les bovins (28.709
tonnes).
L'évolution du volume du trafic marchandises est
très sensible car il est de 45 % de 1950-1971, le trafic en
tonnes-kilomètre a presque quintuplé pendant la période de
notre étude.
Tous ces résultats témoignent comme nous l'avons
évoqué plus haut de la vocation du rail pour les transports des
marchandises sur de longues distances.
En plus de l'amélioration du réseau et
l'acquisition de nouveaux matériels en 1970, la voie connaît une
évolution rapide de ses activités du point de vue des produits
transportées, mais aussi du trafic en général qui en 1975
atteint « 516 millions de tonnes-kilomètre de marchandises
transportées »13 et en 1980, ce
sont « 658 millions de tonnes-kilomètre de marchandises qui
seront transportées »14
Par ailleurs, signalons que le trafic du chemin de fer est
nettement plus important dans le sens sud nord et dépasse le cadre
national.
C'est dans cette optique que nous évoquons le trafic
vers Mali qui a connu une évolution depuis 1960 à cause de
l'éclatement de la fédération du Mali et ce pays s'est
tourné résolument vers la Côte-d'Ivoire pour ses
approvisionnements à cause des difficultés relationnelles avec le
Sénégal.
De même, nous soulignons un important trafic au sud du
pays et cela se traduit par le trafic au niveau des sections qui est
très intense entre AbidjanDimbokro (335.000 tonnes dont 81.000 tonnes
pour le Mali), entre DimbokroBouake (322.000 tonnes dont 81.000 tonnes pour le
Mali).
Ce trafic est très important au sud parce que les
wagons en partance d'Abidjan contiennent des marchandises divers pour alimenter
les villes de l'intérieur mais aussi celles des pays
sahéliens.
13 Régie Abidjan Niger, Documents financiers
et statistiques op-cit p10
14 id Régie Abidjan Niger, op-cit p10
En d'autre terme, c'est le trafic international avec
l'arrière pays sahélien qui prend de la valeur car ce trafic
représente la moyenne partie du trafic du chemin de fer qui est en
perpétuelle évolution (84 % pour les tonnesmarchandises en 1977
quand le trafic intérieur présente 13 % en
tonneskilomètre).
Une partie des importations et des exportations du Mali passe
par Abidjan via Ouangolodougou au nord de la Côte-d'Ivoire, il a
été de 21.000 tonnes de marchandises en 1974 même si
après cette date les difficultés de toutes sortes n'ont plus
permis d'avoir des chiffres sur le trafic en direction de ce pays.
Le trafic en provenance et à destination du Niger
était de 30.000 tonnes environ en 1977 avec un trafic plus important
constaté en 1974 lorsque le sahel avait subi la grande
sécheresse
Le trafic international avec la Haute-Volta a progressé
de 26,1 % en 1971 dans le sens Abidjan-Ouagadougou avec 236,3 millions de
tonneskilomètre contre 181,3 millions de tonnes-kilomètre
1970.
Au total, le trafic voltaïque a progressé de 25,7
% en tonnes-kilomètre de 1960-1980, signe que le trafic marchandises du
chemin de fer a évolué tout au long de la période de notre
étude avec lui les recettes engrangées dans ce trafic (voir
tableau 7)
34
Tableau 7
Trafic marchandise de la RAN 1960-1975
Années
|
Tonnes (milliers)
|
Tonnes-kilomètre
|
Recettes (milliards)
|
1960
|
56.1467
|
216
|
2.464.465
|
1965
|
715.608
|
331
|
1.987.383
|
1970
|
755.660
|
404
|
2.362.206
|
1975
|
750.250
|
440
|
3.014.840
|
1980
|
815.500
|
658
|
3.847.784
|
L'évolution du trafic est impressionnante à
partir de 1960 jusqu'en 1974 mais nous allons enregistrer une baisse du trafic
de 1974 à 1975 du point de vue des tonnes transportées à
cause des problèmes évoqués plus haut.
Cependant, nous notons une croissance au niveau des
tonnes-kilomètre à cause des trafics sections qui sont
très importants d'Abidjan à Bouaké.
Le trafic reprend en volume en 1976 pour atteindre les 800.000
tonnes en 1980 et cette évolution est due en partie au trafic
international qui a pris du volume après la normalisation des relations
entre la Haute-Volta et le Mali.
Les recettes tirées de ce trafic connaissent elles
aussi une évolution sensible même si une baisse significative est
enregistrée en 1965. De 1961 à 1971 les recettes ont
augmenté de 41,37 %, soit un taux d'accroissement moyen de 3 % l'an.
L'accroissement du volume du trafic avec les pays du nord de
la Côted'Ivoire concoure au développement de notre pays dans la
mesure où 62 % des marchandises embarquées sont à
destination du Mali, du Niger et surtout de la Haute-Volta.
A titre d'exemple notons qu'à l'arrivée des
wagons à Abidjan, si l'on retire les 95.000 tonnes de roches
chargées à l'Aké-befiat près d'Azaguié, 44 %
des produits viennent des Etats du nord ; a vrai dire ce sont 55 % du trafic
qui échappent aux limites du pays.
Le trafic international occupe une part
prépondérante dans le trafic de la voie ferrée, cependant
à l'intérieur du pays, le trafic est non négligeable et
connaît une hausse de 1979 à 1980 où le trafic se
présentait comme suit : 195.426 tonnes de marchandises chargées
soit 67 millions de tonnes-kilomètre.
L'on note cette croissance du volume des activités par
rapport aux années antérieures à cause des modernisations
apportées au réseau, ce qui a fait que la
régularité a quelque peu freiné la concurrence très
rude de la route dans le transport de certains produits.
Pour le trafic international, les données sont plus
qu'acceptables dans la mesure où le trafic de la Côte-d'Ivoire en
direction de la Haute-Volta à cette même période est de
376.344 tonnes de marchandises chargées soit 371 millions de
tonnes-kilomètre.
C'est un cas de figure qui intervient à cause des
meilleurs moyens mis en oeuvre pour évacuer le trafic portuaire à
partir des années 70 permettant d'enregistrer une hausse de 27,5 % en
tonnes chargées et 19 % en tonneskilomètre.
Dans le sens Haute-Volta-Côte-d'Ivoire, nous constatons
154.794 tonnes de marchandises ont été chargées soit 147
millions de tonnes-kilomètre. C'est une hausse du trafic de 31,4 % en
tonnes chargées et 65 % en tonnes-kilomètre.
Par ailleurs, signalons que le trafic sud nord est beaucoup
plus important et le transport des hydrocarbures occupe une place
prépondérante dans ce trafic (voir tableau 8).
Tableau 8
36
Trafic RAN des produits pétroliers
Année
|
Tonnes (milliers)
|
Tonnes-kilometre (millions)
|
1963
|
102.802
|
71.277.968
|
1965
|
106.403
|
73.265.185
|
1967
|
100.256
|
68.285.529
|
1968
|
94.256
|
65.677.991
|
Source : Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan, IGT,
Université d'Abidjan 1979
Cette prépondérance des hydrocarbures s'explique
du fait que la Haute-Volta, le Mali et le Niger prennent leurs hydrocarbures
à partir d'Abidjan. De ce fait, 64 % des hydrocarbures embarquées
à Abidjan seront transportées en Haute-Volta.
Par ailleurs, si nous constatons une baisse dans le trafic,
c'est parce que celui-ci subi le poids des fluctuations dans les
échanges commerciaux.
Ainsi, la quantité baisse soit parce que le pays
demandeur diminue sa consommation, soit parce que le prix du baril est en
hausse sur le marché international et cet état de fait est
très régulier lorsque les pays du monde entier ont souffert des
conséquences des chocs pétroliers de 1973 et 1979.
Au total, l'évolution des activités du chemin de
fer en Côte-d'Ivoire est très perceptible du point de vue des
trafics voyageurs et marchandises car nous avons enregistré durant toute
la période de notre étude une évolution avec un accent
particulier mis sur le trafic international qui est une des composantes de
l'accroissement du volume des activités du réseau.
De même, signalons que le trafic croit dans le temps et
dans l'espace même si des baisses sont enregistrées durant la
période d'étude à cause des
problèmes de fluctuations et des problèmes
politiques dans certains pays sahéliens qui sont des principaux clients
de la Côte-d'Ivoire
L'importance du trafic international est aussi visible dans la
mesure où il est plus important que le trafic intérieur à
cause du rapport de la voie avec le Port d'Abidjan qui approvisionne les pays
sahéliens.
C'est fort de tous ces constats que dès les
indépendances, le chemin de fer va se positionner comme étant le
moyen de transport et de communication qui aura un quasi-monopole dans le
transport des voyageurs et des marchandises par rapport aux autres moyens de
transport.
Cependant, il va subir une concurrence farouche de la part de
ceux-ci ; néanmoins, cela ne l'empêchera pas de jouer pleinement
son rôle dans le développement de la Côte-d'Ivoire.
38
Chapitre II : LA PLACE ET LE ROLE DU CHEMIN DE FER
DANS
L'ECONOMIE IVOIRIENNE 1960-1980
La Côte-d'Ivoire devient un Etat indépendant en 1960
et il faut penser à son développement économique, social,
politique et culturel.
Dès lors, les nouvelles autorités ivoiriennes
voient le chemin de fer comme un des moyens pour atteindre ce
développement.
En effet, ils font appel à tous les moyens de transport
et de communication en général et au chemin de fer en particulier
à qui une priorité sera accordée pour l'acheminement des
produits d'importation, d'exportation et des voyageurs du nord au sud de la
Côte-d'Ivoire et vice-versa sans oublier les Etats du nord du pays
embranchés.
Cependant durant des années et singulièrement
à partir des années 70, l'Etat de Côte-d'Ivoire jugera
utile de faire aussi appel à d'autres moyens de transport et de
communication pour pallier aux insuffisances de la voie ferrée afin de
bien amorcer son développement, d'où la concurrence qui va
naître entre ces différents moyens de transport et de
communication dans le transport des voyageurs et de certains produits.
A- : La place du réseau ferroviaire
1- Par rapport aux transports terrestres et
aériens
C'est dans les décennies 60 et 70 que le chemin de fer a
connu sa plus grande gloire à cause des faiblesses des transports
terrestres et aériens.
En effet, pour toute jeune nation en voie de
développement, le problème des transports se pose avec
ambiguïté ; cependant au niveau de la Côte-d'Ivoire, le
chemin de fer semble vouloir résoudre ce problème qui reste tout
de même encore posé malgré les efforts des autorités
ivoiriennes en raison du mauvais état de nos routes et de l'existence
précaire des aérodromes.
Ces situations désastreuses sont dues aux
intempéries et les moyens peu divers dont disposent les populations pour
assurer leur déplacement et c'est dans cette optique q'au lendemain des
indépendances, l'Etat de Côte-d'Ivoire accorde une priorité
au chemin de fer pour transporter les voyageurs et les marchandises par rapport
aux routes et à l'avion.
La Côte-d'Ivoire veut se doter d'une économie
forte et moderne, la circulation des biens et des personnes, le transport des
marchandises et les diffusions des informations à l'intérieur
comme à l'extérieur des frontières du pays
s'avèrent nécessaire.
Dès lors, la voie ferrée va apparaître
comme le moyen de transport et de communication le plus outillé et le
plus développé par rapport aux autres pour accomplir ces
missions.
En effet, cette situation de fait s'explique parce qu'en 1960
déjà, le chemin de fer qui a été fortement
utilisé pour la mise en valeur du pays par le colonisateur
possédait les atouts pour le transport des voyageurs et des marchandises
lourdes dans les deux sens.
Même si des routes existent et que le transport
aérien n'est pas négligé, néanmoins l'on a
accordé beaucoup plus d'importance au chemin de fer dans la mesure
où il constitue un moyen de masse et permet des économies
appréciables sur l'acheminement de pondéreux sur de longues
distances.
A cette période, le chemin de fer était le seul
moyen de transport et de communication pouvant transporter milles personnes et
plus et à des vitesses convenables.
Au regard de tous ces faits, la voie ferrée ne peut
qu'avoir l'assentiment des autorités ivoiriennes qui lui accordent un
quasi-monopole pour le transport des voyageurs et des marchandises.
40
Malgré la présence des routes parce qu'à
partir 1960, le réseau routier de la Côte-d'Ivoire était le
plus « développé d'Afrique de l'Ouest
»15 et des quelques aérodromes, le chemin de fer
est le mode de transport qui a transporté le plus de passagers
« 219,4 millions de voyageurs-kilomètres
»16 et des marchandises « 210,4 millions de
tonnes-marchandises »17.
A cette période, le trafic de l'aéroport
était estimé à 67.000 passagers, ce qui n'est pas
comparable aux 1.508.890 voyageurs transportés par le rail.
Ce quasi-monopole de fait est très visible car le
chemin de fer apparaît comme l'épine dorsale du pays, le lien
privilégié par excellence entre la Côted'Ivoire et la
Haute-Volta, entre la Haute-Volta, le centre, le nord de la Côted'Ivoire
et le Port d'Abidjan.
De ce fait, la voie ferrée se positionnait comme un outil
indispensable pour l'économie ivoirienne pour s'ouvrir à d'autres
économies.
En d'autre terme, le chemin de fer va jouir d'un monopole par
rapport aux autre moyens de transport et de communication que sont la route et
l'avion car il montrait son efficacité sur les longues distances.
Il est plus performant que le plus gros camion en ce qui
concerne la possibilité de transporter un nombre important de
marchandises et de rouler pendant longtemps.
Par ailleurs, le réseau ferroviaire du point de vue des
quantités de marchandises qu'il transporte (312,9 millions de
tonnes-kilomètre) en 1964 est le mode de transport le plus rentable dans
presque tous les cas pour les nouvelles autorités ivoiriennes.
Autrement dit, le rail est un moyen de transport et de
communication peut coûteux et le mieux adapté pour le
déplacement de grosses marchandises à
15 Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, op-cit, p113
16 La Côte-d'Ivoire de A à Z,
Abidjan, NEA 1977, p30
17 id, La Côte-d'Ivoire de A à Z,
op-cit, p30
destination ou en provenance des pays enclavés comme la
Haute-Volta, le Mali et le Niger à cette période.
Au lendemain des indépendances, si l'Etat de
Côte-d'Ivoire accorde sa confiance au chemin de fer c'est que ce moyen de
transport et de communication avaient de nombreuses obligations qui lui
étaient imposées.
Ainsi, pour les voyageurs d'une part, le réseau
ferroviaire va conserver avec le temps une position très
compétitive avec des trains rapides (la Gazelles et le Bélier)
sur les moyennes distances (500 à 600 Km).
Il y a aussi l'avantage de la régularité car les
usagers ont toujours l'assurance que le train sera au quai ; tel n'est pas le
cas d'un camion.
Pour les marchandises d'autre part, le rail représente
un avantage économique considérable par rapport aux transports
terrestres et aériens pour les distances assez importantes. Ces
avantages sont beaucoup remarquables lorsque les clients aux deux
extrémités sont embranchés.
De même, les installations sont loin d'être
saturées et elles pourraient si le besoin se fait sentir voir leur
capacité sensiblement accroître. C'est le cas à partir de
1969 où un grand mouvement de modernisation du réseau sera
entrepris pour lui permettre d'être encore plus performant. (Voir
graphique 1)
Graphique 1 :
Voyageurs/Km Marchandises/Km
1200
1000
800
600
400
200
0
1960 1964 1968 1972 1974 1975 1976
Trafic Ran voyageurs et marchandises
42
Lorsqu'on essaie d'analyser les données de ce graphique,
ce qui convient de signaler est que le chemin de fer du point de vue de
l'évolution du trafic voyageurs et marchandises dés les
indépendances jusqu'en 1976 montre bien que le réseau ferroviaire
jouissait encore d'un certain monopole dans la politique de
développement de la Côte-d'Ivoire pour transport des voyageurs et
des marchandises sur certaines distances.
Et cette situation est perceptible dans le transport d'un
certain nombre de produits sur les longues distances même si à
partir des années 70 la concurrence de la route et du transport
aérien se fait beaucoup sentir.
Par ailleurs, il est important de souligner que le trafic
voyageurs et marchandises en 1970 était toujours en nette croissance ;
mais le problème qui se pose est que les voyageurs commencent à
utiliser beaucoup plus la route et l'avion pour se déplacer à
l'intérieur et à l'extérieur de la Côte-d'Ivoire.
Tel est aussi le cas du trafic marchandises qui voit une
partie des produits de commerce qui passe par la route et la baisse du trafic
en 1975 est aussi due à une fluctuation qui est très courant dans
le transport des marchandises.
La priorité du chemin de fer par rapport aux transports
terrestres et aériens se justifie aussi par le fait que ceux-ci avaient
des difficultés et n'étaient pas assez développés
au début des indépendances.
En effet, lorsque nous prenons le cas de la route, l'on
constate des coupures faute d'ouvrages sur les rivières ou du fait de
l'insuffisance des hauteurs de remblais et de plateformes surtout en
hivernage.
En 1960, le parc automobile n'était pas assez
considérable « 310 autocars, 8300 camionnettes de 2 tonnes
»18 soit un total de 35580 engins pour une charge utile de
52.400 tonnes, c'est un bon résultat mais qui parait insuffisant par
rapport au 210,4 millions de tonnes marchandises transportées par le
rail.
18 Communauté Economique Européenne :
les transports en Côte-d'Ivoire, études
préliminaires, Paris, sedes 1969, p55
De même, la mauvaise qualité des routes et des
pistes d'atterrissages constituent un frein au développement des
transports par route et par avion d'oül'augmentation du prix
des trafics, constituant un handicap pour les opérateurs
économiques.
Au cours des années 60, lorsque nous jetons un regard sur
le tarif moyen des modes de transport, le constat que nous faisons est que le
chemin de fer offre des prix intéressants pour le transport des
voyageurs et des marchandises même si la route propose autant (voir
tableau 9).
Tableau 9
Tarif moyen des modes de
transport
Mode de transport
|
Fret francs/t-km
|
Passagers francs/v-km
|
Avion
|
185
|
29
|
Chemin de fer
|
18
|
5,50 (1ere classe) 4,50 (2ème classe)
|
Route
|
8 à 20
|
2,50 à 5,00
|
Source : République de Côte-d'Ivoire, Etude des
transports en Côte- d'Ivoire, volume 7, le transport aérien,
France, Edirap 1970
Lorsque nous faisons une étude approfondie de ce
tableau, nous remarquons que le chemin de fer en plus de parcourir de longues
distances à des vitesses raisonnables offre au niveau des prix moyens
beaucoup d'avantage plus que l'avion et la route même si la route
présente des prix qui varient selon le trajet.
44
Cependant, il ne faut pas ignorer que si le transport doit se
faire sur de très longues distances, l'avantage reviendrait sans aucun
doute à la voie ferrée.
En d'autre terme, le chemin de fer transporte en
quantité et en qualité à des prix étudiés
par rapport à la route et à titre d'exemple signalons que le
mauvais état des routes demeure un sérieux handicap pour
l'économie ivoirienne.
Durant les saisons des pluies en 1962, la route
Abengourou-Bongouanou coupée pendant trois (03) mois a fait que la
région s'est retrouvée pendant des semaines dans une situation
critique du point de vue économique (pénurie d'essence, sucre et
autres marchandises toutes aussi importantes).
A vrai dire, ces interruptions dans le trafic sont d'autant
plus gênantes que certaines productions ivoiriennes sont
périssables (banane), d'où des pertes très
considérables aux chargeurs et aux planteurs.
Par rapport aux voies terrestres et aériens, le
monopole du chemin de fer était plus perceptible dans la mesure
où les aérodromes étaient sous équipés, les
véhicules ne pouvaient transporter que peu de charges et du point de vue
confort, beaucoup reste à faire.
Par contre, la voie ferrée présentait plus de
caractéristiques favorable pour un trafic évolutive plus que la
route et la voie aérienne du point de vue de la quantité des
produits à transporter, le prix et le temps du transport sans oublier la
distance à parcourir.
Au total, le chemin de fer jouissait d'un monopole par rapport
à la route et à l'avion à cause de plusieurs facteurs que
sont la régularité des trains de marchandises et voyageurs, leur
capacité à transporter des marchandises et des voyageurs en grand
nombre et sur de longues distances.
Cependant, au milieu des années 60 jusqu'en 1980, le
chemin de fer sera confronté à une concurrence rude de la part de
la route et du transport aérien.
Cet état de fait, naît au fil des années mais
connaîtra une évolution nette à partir des années 70
lorsque l'Etat de Côte-d'Ivoire met l'accent sur ces moyens
de transport et de communication pour pallier aux insuffisances
du chemin de fer.
En effet, comme nous pouvons le constater, même si son
volume d'activité continuait de croître, il faut néanmoins
souligner que le chemin de fer en Côte- d'Ivoire qui est à l'image
des chemins d'Afrique de l'ouest connaît de sérieux
problèmes pour être beaucoup plus efficace même si des
modernisations ont été effectuées.
Dés lors, les autorités ivoiriennes pour mieux
appréhender le développement du pays au plan économique et
social font appel aux transports terrestres et aériens car le chemin de
fer avec ses insuffisances ne peut à lui seul accompagner la
Côte-d'Ivoire indépendante sur le chemin du
développement.
Ainsi, avec le développement des routes et des
aérodromes, le quasi-monopole de la voie ferrée prend un coup sur
un certain nombre d'itinéraires pour le transport des voyageurs et des
marchandises.
Comme la concurrence est un excellent stimulant pour aboutir
à la meilleure satisfaction de l'usager, l'Etat ivoirien dans sa
politique de développement continue de l'économie ivoirienne va
améliorer les infrastructures pour assurée la desserte
générale du territoire.
Ainsi donc, de prime abord la concurrence de la route devient
de plus en plus grande avec des cars de transport passagers assez spacieux et
des gros camions de marchandises.
Aussi est elle considérée comme une des
conditions essentielles « de tout transport donc de
toute vie économique »19 du fait que la voie
ferrée n'assure qu'un trajet nord-sud et vice-versa et que les fleuves
ne se prêtent pas trop à la navigation.
19 Côte-d'Ivoire, vingt ans, Abidjan,
fraternité hebdo 1980, p115
46
Dés lors l'Etat fait du développement routier
une de ses priorités en investissant près de « deux
cents milliards de francs CFA »20 pour le renforcement et
le bitumage de 1976-1980 contre treize milliards de 1960-1964. En d'autre
terme, les travaux routiers ont absorbé près de quatre (04)
milliards par an pour leur développement et leur amélioration, et
de ce fait, la route acquiert alors de l'importance dans l'économie
ivoirienne dans les zones où le chemin de fer est absent.
Elle devient même le moyen de transport et de
communication incontournable pour le transport de voyageurs et de marchandises
sur les petites distances.
En 1970, le pays pouvait compter maintenant sur 35.000 Km de
routes (voir annexe1) dont 6300 Km de routes à grande circulation, 700
Km de routes d'intérêt général, 2100 Km de routes
d'intérêt local et 550 Km de route de voie urbaine.
Cet état de fait est très significatif dans la
mesure où en 1960, lorsqu'on enviait la Côte-d'Ivoire pour son
réseau routier dense, ce n'était que 25.650Km de routes.
Cette évolution du réseau routier se
concrétise en 1980 avec 45.636Km de routes dont 3.136 Km de routes
bitumées, 11.200 Km de routes villageoises et 31.300 Km de routes en
terre.
Au total, le réseau routier de la Côte-d'Ivoire
se développe fortement avec une évolution qualitative
accélérée à partir de 1975 et une vue des routes
bitumées de 1975-1980 montre que l'Etat de Côte-d'Ivoire a fait de
la route un moyen de développement économique au même titre
que le chemin de fer (voir tableau 10).
20 Id, Côte-d'Ivoire, vingt ans, op-cit,
p115
Tableau 10
Routes bitumées de 1975 à
1980
ROUTES
|
DISTANCES KM
|
Yabayo-Gagnoa
|
79
|
San-pedro-Issia
|
216
|
Abidjan-Agboville et bretelle Adzopée
|
871
|
Katiola-Ferkessedougou-Korhogo
|
230
|
Bouaflé-M'bahiakro
|
86
|
Source : Côte-d'Ivoire, vingt ans, Abidjan,
Fraternité Hebdo 1980, p 115
Ce qui est intéressant de noter après analyse de
ce tableau, c'est que la politique adoptée depuis 1970 par les nouvelles
autorités ivoiriennes en matière d'infrastructures
routières vise d'une part à développer les grandes axes
internationaux et ceux reliant les principaux pôles économiques du
pays, d'autre part à désenclaver toutes les régions afin
de faciliter leur mise en valeur rationnelle par l'exploitation de toutes les
ressources disponibles.
C'est dans cette optique que la voie San-pedro-Issia longue de
216Km est la bienvenue pour combler le vide laissé par le chemin de fer
dans le grand ouest afin de drainer les marchandises vers le Port de
San-pedro.
Par ailleurs, le transport terrestre prend de l'importance
à coté de la voie ferrée et cela est très
significatif avec le parc automobile qui évolue sensiblement (voir
tableau 11).
48
Tableau 11
Le parc automobile de 1973-1979
|
31/12/1973
|
31/12/1975
|
31/12/1977
|
31/12/1979
|
Motocyclettes
|
3455
|
4106
|
5136
|
6410
|
Voitures particulières
|
59579
|
75868
|
98208
|
109715
|
Autocars 22 places et plus
|
2726
|
3948
|
5306
|
6006
|
Camionnettes
|
14090
|
17970
|
23544
|
26041
|
Camions
|
10780
|
13792
|
20536
|
22358
|
Véhicules spécialisés
|
361
|
536
|
693
|
765
|
Tracteurs routiers agricoles
|
4093
|
5210
|
6065
|
6568
|
Remorques routiers et agricoles
|
180
|
211
|
243
|
286
|
Semi-remorques routiers et agricoles
|
2486
|
2895
|
3250
|
3652
|
TOTAL
|
97750
|
124486
|
162281
|
181801
|
Source : Côte-d'Ivoire, vingt ans, Abidjan,
Fraternité Hebdo 1980, p 116
Cette évolution est remarquable et nous constatons dans
ce tableau que le transport routier est devenu un mode de transport et de
communication courant qui est à l'abri de la concurrence sur une
quantité d'itinéraires secondaires ; en plus, il a toujours
l'avantage sur le chemin de fer lorsqu'il s'agit de transporter des
marchandises sur les courtes distances ou pour des chargements unitaires peu
importants.
Par ailleurs, le transport routier concurrence très
fortement le chemin de fer et trouve son importance dans la mise en valeur
progressive des régions de plus en plus éloignées de la
voie ferrée et d'Abidjan.
Et de ce fait « la pénétration dans les
zones forestières ou de savanes nouvelles sont rigoureusement
liées au développement des routes »21, et si
le chemin de fer est un puissant facteur de développement alors la route
l'est aussi en ce sens que qu'une route qui traverse une zone rurale fait de
cette zone un pôle d'attraction pour les échanges commerciaux.
Au total, notons que de 1960 à 1979, le
développement spectaculaire et progressif des routes aura permis un
accroissement du parc ivoirien. Cette croissance a été beaucoup
plus au niveau des camionnettes, camions et des voitures
particulières.
En 1969, les camions et les camionnettes occupaient 31 % du
parc et cette situation s'explique du fait que ces engins jouent le rôle
que le chemin de fer ne peut jouer dans les zones où le rail fait
défaut.
Ils étaient plus rentables pour le transport des
produits comme le café, le cacao, la banane et bien d'autres produits de
la région en direction du Port d'Abidjan.
Même si la voie ferrée de part sa modernisation
durant les années continue de transporter d'énormes
quantités de marchandises et un nombre croissant de voyageurs,
cependant, il est clair que le développement et l'amélioration
des transports terrestres et aériens ont détourné une
partie des trafics de la voie ferrée.
Dans cette même vaine, le transport aérien
presque qu'inexistant en 1960, viendra lui aussi concurrencer le monopole de
fait du chemin de fer.
Il est arrivé pour résoudre le problème
de développement des régions éloignées d'où
la question du nécessaire équilibre entre l'expansion
extrêmement rapide de celui-ci et l'évolution économique
des régions périphériques.
21 Communauté Economique Européenne,
op-cit, p 15
50
En effet, préoccupé par l'aménagement des
régions éloignées de la capitale, les autorités
ivoiriennes font un effort constant pour améliorer les liaisons entre
Abidjan et les villes éloignées ou les localités du sud
ouest mal desservie par la route et le chemin de fer inexistant (voir
annexe1).
Au lendemain des indépendance, on ne peut pas trop
parler d'un trafic aérien car le transport aérien n'était
pas assez développé : 8180 passagers en 1961 et 1962, il faut
cependant noter que le développement et l'amélioration des
aérodromes dans les différentes zones du pays vont permettre un
accroissement du trafic.
Ainsi donc, à partir de 1968, le trafic voyageur
atteignait « 141169 passagers locaux et 21667
passagers en transit »22 il est en forte croissance entre
Abidjan et les villes les plus éloignées (Odienné,
San-pedro et bien d'autres).
Le petit problème est que le trafic est par contre en
régression sur la ligne Abidjan- Bouaké à la suite de
l'amélioration des routes, mais aussi parce que cette route est une
route internationale où le trafic est très dense.
En outre, cette évolution du transport aérien se
vérifie avec l'accroissement des aérodromes.
En effet avec une dizaine d'aérodromes au début
des indépendances, le pays va en compter une cinquantaine qui vont
permettre au trafic aérien de pallier aux insuffisances du réseau
ferroviaire et de la route dans certaines régions peu ou mal desservies
surtout en saison des pluies quand certaines routes sont impraticables.
Pour couronner le tout, un programme d'aménagement et
d'équipement des aérodromes à été entrepris
par l'Etat de Côte-d'Ivoire qui a aboutit à l'amélioration
et l'équipement des aérodromes existants soit pour les
22 République de Côte-d'Ivoire, Etude
des transports en Côte-d'Ivoire, volume 7, le transport
aérien, France, Edirap 1970, p 12
besoins militaires, ou pour permettre la desserte commerciale
des centres économiques de ce pays.
Par ailleurs, l'Etat a procédé à
l'extension et à l'amélioration des aérodromes
déjà utilisés (Abidjan) par les lignes aériennes
nationales et internationales. C'est en ce sens que le montant total investit
s'élève à près de « quatre milliards de
francs CFA de 1960 à 1969 »23.
Le résultat de tous ces efforts est l'accroissement du
trafic et à titre d'exemple l'aéroport d'Abidjan qui va
monopoliser l'essentiel du trafic car doté depuis « mai 1969
d'une aérogare spacieuse »24 équipée
des installations modernes.
A partir de 1978, un plan de modernisation et de
développement a permis le renforcement des aires de manoeuvres,
l'aménagement de nouveaux postes de stationnement et biens d'autres
choses.
Par ailleurs, l'on enregistre « la construction d'une
nouvelle aérogare passagers et d'une nouvelle
aérogare de fret »25. Dés lors, l'on
constate un accroissement du trafic de l'aéroport (67.000 passagers en
1960 et 500.000 passagers en 1976).
Au regard de tout ceci, l'on peut affirmer que le chemin de
fer en Côted'Ivoire a connu réellement une concurrence de la part
du transport aérien sur les lignes intérieures et
extérieures de la Côte-d'Ivoire.
Vu l'importance qui lui a été accordée
par les autorités ivoiriennes, le transport aérien a
évolué et cela est très perceptible avec le trafic
à l'aéroport d'Abidjan (voir tableau 12) pour enfin être un
concurrent sérieux au monopole de la voie ferrée.
23 La côte d'ivoire de 1960 à 1970, dix
ans, op-cit p70
24 Henri Bourgoin, Philippe guilhaume,
Côte-d'Ivoire, économie et société, op-cit, p
121
25 Id Henri Bourgoin, Philippe guilhaume, op-cit p
121
52
Tableau 12
Evolution trafic à l'Aéroport
d'Abidjan
Années
|
Passagers (arrivé
et départ)
|
Fret/tonnes (Arrivé et
départ)
|
Poste en tonne (arrivé et
départ)
|
1960
|
74431
|
3091
|
329
|
1965
|
108990
|
3850
|
605
|
1970
|
214310
|
10269
|
582
|
1975
|
397696
|
14755
|
818
|
1979
|
624387
|
28999
|
1074
|
1980
|
854363
|
32054
|
770
|
TOTAL
|
2207177
|
93018
|
4178
|
Source : Louis Edouard SETTIE, l'Etat et le processus de
développement en Côte-d'Ivoire 1960-1980, Abidjan, Ipnetp
1997, p 189
Le constat que nous faisons en voyant ce tableau est que le
trafic s'accroît dans le temps et dans l'espace du point de vue du
transport des voyageurs.
Au niveau des marchandises, l'avion ne peut concurrencer en
aucune manière le train dans la mesure où dans ce domaine, le
rail est encore plus performant.
Nous avons parlé d'une évolution dans l'espace
parce que la Côted'Ivoire reçoit des passagers venant de
l'intérieur du pays mais aussi de l'extérieur.
Dans le temps car de 1960 à 1980, les passagers
à l'arrivée et au départ sont en nombre croissant.
Au total, grâce au trafic aérien,
l'économie ivoirienne s'ouvre aux autres pays de la sous région
mais aussi du monde. Le trafic passagers à l'intérieur de la
Côte-d'Ivoire est très croissant et en 1978 nous avons
enregistré au niveau des vols nationaux « 95.787 passagers
à l'arrivée et 99.716 au départ
»26.
En 1979, ce sont 164.857 passagers à l'arrivée
et 165.215 passagers au départ qui sont enregistrés et en 1980
nous noterons « 322.131 passagers à l'arrivée et 233.210
au départ »27.
Ce qui convient de retenir ici est que le transport
aérien presque inexistant au lendemain des indépendances a pris
de l'importance au fil des années pour enfin bouleverser le monopole du
chemin de fer dans le trafic intérieur des voyageurs.
En somme, le chemin de fer jouissait d'un quasi-monopole par
rapport aux transports terrestres et aériens au lendemain des
indépendances à cause des nombreux avantages qu'il procurait dans
le transport des voyageurs et des marchandises.
Cependant, dans le développement économique du
pays, l'Etat ne pouvait se fier uniquement au rail vu ses nombreux
problèmes pour amorcer son développement.
Dés lors, la route et la voie aérienne
deviennent des priorités, leur développement et leur
amélioration aura permis à la Côte-d'Ivoire de
désenclaver un certain nombre de région du pays.
26 Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan, IGT,
Université d'Abidjan 1979
27 Id Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan,
IGT, Université d'Abidjan 1979
54
Ainsi, l'évolution du trafic routier et aérien
dans le milieu des années 60 jusqu'en 1980 va contribuer à
bouleverser le monopole de la voie ferrée sur les petites et certaines
grandes distances sans oublier le transport des passagers à
l'intérieur de la Côte-d'Ivoire.
En dehors de la route et de l'avion, comment le chemin de fer se
comporte par rapport aux voies lagunaires et maritimes.
2- Par rapport aux voies lagunaires et
maritimes
En 1960, lorsque la Côte-d'Ivoire acquiert son
indépendance, tous les moyens de transport et de communication sont
sollicités pour concourir au développement de la
Côte-d'Ivoire en permettant d'acheminer les produits agricoles et les
voyageurs vers les destinations souhaitées.
C'est dans cette optique que les voies lagunaires, fluviales
et maritimes vont devenir des espaces pour le trafic marchandises et
voyageurs.
Cependant, la question de leur importance par rapport au
chemin de fer reste posée car en 1960, l'Etat accorde une
priorité à la voie ferrée pour le transport des voyageurs
et surtout des marchandises en direction du Port d'Abidjan.
Comme nous l'avons déjà évoqué
plus haut, l'existence des voies lagunaires, fluviales et maritimes n'a pas
trop empêché le chemin de fer d'exercer un monopole et
d'être un moyen de masse qui permet des économies
appréciables dans l'acheminement de pondéreux sur de longues
distances.
Dans le domaine du trafic voyageur, les pirogues ne peuvent
rivaliser avec le chemin de fer qui conserve avec le temps une position
très compétitive avec des trains rapides sur les longues et
moyennes distances.
Il faut aussi noter qu'ici la régularité, la
capacité du rail à transporter des marchandises et des voyageurs
en grand nombre et sur de longues distances sont des facteurs très
important dans le trafic car il faut charger les bateaux en
partance pour l'Europe et le continent américain dans
des conditions optimales et dans des délais acceptables.
Par ailleurs, si la concurrence existe entre le chemin de fer
et ces moyens de transport et de communication dans le trafic,
néanmoins, il importe de signifier que la quantité de
marchandises et le nombre croissant de voyageurs que transporte la voie
ferrée lui donne un quasi-monopole sur ces autres moyens de transport et
de communication et cette primauté qui lui est accordée est due
aux difficultés de tous ordres que rencontre le transport par voie
d'eau.
En effet, les fleuves et les lagunes n'offrent pas très
souvent des possibilités de transport à cause des rapides qui
existent ce qui fait que les voies lagunaires et fluviales sont peu
praticables.
A l'indépendance, le transport par voie d'eau ne
représente q'une part relativement faible en tonne/kilomètre dans
l'ensemble des transports terrestres de marchandises.
Pour illustrer cet état de fait, signalons que les
voies lagunaires et fluviales n'ont transporté en 1962 que « 60
millions de tonne-kilomètre de marchandises contre 330 millions pour le
chemin de fer »28
Le constat est claire, les lagunes et les fleuves ne peuvent
bouleverser le monopole du chemin de fer à partir de 1960.Quant au
transport par la mer c'est le fait des grands bateaux qui au départ
venaient accoster dans les différents wharfs du pays.
Mais dans les années 50 avec l'ouverture du canal de
Vridi et la construction du Port d'Abidjan en 1955, les voies lagunaires et
maritimes deviennent des concurrents sérieux du chemin fer.
Cependant, le trafic maritime de la Côte-d'Ivoire est
beaucoup tourné vers les pays occidentaux et le trafic avec le
Côte-d'Ivoire et les pays du sahel se fait en adéquation avec la
voie ferrée.
28 Communauté Economique Européenne,
op-cit P13
56
Dés lors, on ne peut trop parler de concurrence mais
d'une complémentarité dans la mesure où si la croissance
du volume d'activité du Port d'Abidjan est toujours excédentaire
c'est parce que le chemin de fer contribue pour beaucoup à
l'acheminement des produits d'importation et d'exportation de la
Côte-d'Ivoire et des pays limitrophes.
Au milieu des années 60, les voies lagunaires et
fluviales prennent de l'importance dans le transport des marchandises en
direction du Port d'Abidjan. Ainsi, dix (10) ans après 1960, on peut
parler d'un trafic fluvial et lagunaire sans trop se tromper car les lagunes
vont constituer des voies de transport particulièrement
économiques pour le pays dans la mesure où elles servent pour le
transport du bois et des marchandises et assurent le transport des passagers
même si nous n'avons pas de chiffres pour le démontrer.
En effet, ces voies d'eau vont bouleverser le quasi-monopole
du chemin fer parce qu'elles sont très bon marché en ce qui
concerne le transport du bois et surtout le bois flottable assemblé en
radeau qui sont acheminés le plus souvent vers Abidjan à des prix
compris entre « 2,50 francs ou 3 francs le tonnekilomètre
seulement »29 ; et ce prix est très favorable par
rapport au prix que propose le chemin de fer qui est de 19 francs par les
wagons.
Par ailleurs, une partie importante du transport des
marchandises en basse Côte-d'Ivoire se fait par la voie d'eau (lagunes,
canaux, fleuves et rivières) et cela grâce à la
configuration particulière de la côte qui permet d'effectuer par
voie d`eau une partie du transport marchandises du pays.
En d'autre terme, le long de la côte et les lagunes
fournissent une voie de transport économique pour les échanges et
constituent un moyen d'évacuation économique pour acheminer les
produits vers le Port d'Abidjan.
Le trafic va connaître une nette progression pour atteindre
en 1966 à près de 750.000 tonnes, ce qui n'est pas
négligeable.
29 Communauté Economique Européenne,
Les transports en Côte d'Ivoire, op-ct p 13
De même, les voies d'eau vont participer pour beaucoup
aux communications entre les agglomérations situées en bordure
des systèmes fluvio-lagunaires et les principaux points de départ
sont Abidjan, Grand-lahou, Grand-bassam et Adiaké.
Le trafic en grume constitue le plus important du trafic et le
bois flottable représente le plus gros tonnage « 335.248 tonnes
en 1971 »30
En d'autre terme, la lagune naturelle qui s'étend le
long de la côte (300 km) est un atout de développement au
même titre que la route, l'avion et le chemin de fer et cet état
de fait est notable avec le trafic sur ces voies d'eau qui croit au fil des
années.
Il est de « 524.000 tonnes en 1963, 749.000 tonnes en
1966 dont 167.000 tonnes de Manganèse, 405.000 tonnes en 1971
»31.
C'est l'année de l'arrêt de l'exploitation des
mines de Manganèse de Kikegou et le trafic va connaître une baisse
passant de 414.000 tonnes en 1973 à 317.000 tonnes en 1974 et l'on note
aussi la baisse de l'exploitation du bois.
Au regard de ces chiffres, nous retenons que le chemin de fer ne
peut concurrencer la voie lagunaire dans le transport du bois.
De même, le trafic passager n'est pas bien connu et
même si c'était le cas le chemin de fer est le mieux
indiqué pour un trafic voyageurs intense.
En somme, qu'il s'agisse du réseau routier,
d'infrastructures portuaires, ferroviaires ou aéronautiques, l'effort
accompli en vingt (20) ans en matière de travaux public traduit de
façon constante le souci du gouvernement ivoirien de relier le plus
complètement possible toutes les régions du pays et faciliter les
échanges de toute nature entre la Côte-d'Ivoire et les autres
nations.
Si de prime abord la priorité a été
accordée au chemin de fer, ce quasi-monopole de fait se comprend parce
qu'il était dès les indépendance le mieux
30 Communauté Economique Européenne,
op-cit p62
31 Direction générale des ports
autonomes d'Abidjan et de San-pedro, le Port d'Abidjan, hier, aujourd'hui,
demain et perspectives de San-pedro, Abidjan, Eble 1975, p 57
58
développer et plus apte à transporter les
voyageurs et les marchandises lourdes à l'intérieur de la
Côte-d'Ivoire comme à l'extérieur.
Ainsi, de 1960 jusqu'au milieu des années 60, le voie
ferrée se positionne comme l'un des premiers atouts de l'Etat ivoirien
pour les trafics marchandises et voyageurs.
Cependant, à partir de cette date jusqu'en 1980, l'Etat
met un accent particulier sur les autres moyens de transport et de
communication qui deviendront du coup des concurrents sérieux au
monopole de la voie ferrée.
Néanmoins, cela n'a rien altéré la
volonté du chemin de fer de jouer un rôle primordial dans le
développement économique et social de la Côte-d'Ivoire.
B : Le rôle du chemin de fer en
Côte-d'Ivoire
A l'indépendance du pays, la priorité des
autorités ivoiriennes est de parvenir à un développement
harmonieux et judicieux du pays.
C'est dans cette optique que le chemin de fer va jouer des
rôles économiques qui seront capitaux et s'averont indispensable
à tout point de vue.
En effet, la voie ferrée doit pouvoir acheminer les
produits d'importation et d'exportation, être un puissant pourvoyeur
d'emplois et enfin contribuée à améliorer les conditions
de vie des populations.
1- Acheminement des voyageurs et des
marchandises
Le chemin de fer en Côte-d'Ivoire avait un rôle
important à jouer dans l'économie ivoirienne et cela passe par le
transport des voyageurs et de marchandises dans la mesure où les moyens
de transport et de communication constituent sans aucun doute un enjeu majeur
dans les pays en développement dans leur politique du bien être
des populations.
Dès lors, lorsque tous les paramètres qui les
entourent sont bien ficelés, ces moyens de transport et de communication
peuvent pleinement jouer leurs rôles dans le transport des voyageurs et
l'acheminement des produits
d'importation et d'exportation et ces situations n'ont pas
beaucoup changé depuis les indépendances.
En effet depuis sa création, le colonisateur se servait de
ce moyen de transport et de communication pour pouvoir exploiter les richesses
de la colonie.
Ainsi donc, il intervient dans l'évacuation des
produits du nord au sud et les produits manufacturés du sud au nord.
Il était utilisé pour orienter surtout
« la main d'oeuvre mossi de la Haute-Volta
»32 vers le sud de la Côte-d'Ivoire
pour l'exploitation des terres favorables aux cultures et la construction des
infrastructures.
En 1960, lorsque la Côte-d'Ivoire obtient son
indépendance, ce rôle va s'imposer aux nouvelles autorités
comme une nécessité dans la mesure où la base de
l'économie ivoirienne étant l'agriculture, il fallait acheminer
les produits de cette agriculture vers un point d'exportation qu'est le Port
d'Abidjan.
Par ailleurs, notons que le chemin de fer est un outil qui
joue un rôle primordial dans notre économie et son
évolution se fait par rapport à l'évolution
économique de la Côte-d'Ivoire. Sa naissance est un fait qui est
étroitement lié à celle du Port d'Abidjan.
Ainsi, il a pris et continu de prendre une part très
active au vaste mouvement de développement des activités
économiques dont le but est d'encourager l'éveil
économique amorcé ça et là dans les nombreux
secteurs de l'économie nationale.
En effet, il convient de souligner que le lien qui lie ce
moyen de transport et de communication et le Port d'Abidjan dénote de la
volonté des autorités ivoiriennes de permettre à la voie
ferrée de transporter le maximum de marchandises en direction du Port
d'Abidjan afin que le développement économique de la
Côte-d'Ivoire soit un fait avéré.
32 Catherine coquery-vidrovitch, Henri Moniot,
l'Afrique noire de 1800 à nos jours, France, puf 1993, p 211
60
De même, tout en résolvant le problème du
transport des voyageurs et celui des marchandises, le chemin de fer entend
continuer à assurer la redistribution des produits importés sur
l'ensemble du territoire ivoirien en même temps qu'il permet la descente
vers le Port d'Abidjan des produits locaux destinés à
l'exportation.
Par la même occasion, son rôle est de faciliter
l'écoulement et l'acheminement des produits importés vers la
Haute-Volta, la Mali et le Niger ; la voie ferrée assure
également le transport vers le Port d'Abidjan les produits maliens
voltaïques et nigériens à destination de l'Europe.
A vrai dire, le rôle premier du chemin de fer en
Côte-d'Ivoire est d'acheminer les voyageurs et les marchandises à
l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte-d'Ivoire
et il peut se targuer d'avoir bien accompli cette mission dans la mesure
où de 1960 à 1970 l'économie ivoirienne était un
model dans le monde entier de par sa prospérité.
Le transport des produits agricoles étant une des
composantes des activités du réseau ferroviaire « le
transport du bois et de la banane d'Azaguié, les ignames de Korhogo et
de Bouaké, du coton du nord et du centre du pays et de la Haute-Volta,
les denrées alimentaires destinées à la
consommation locale »33est
quotidiennement assuré par le chemin de fer.
Par ailleurs, si tant est vrai que la démographie est
un facteur de l'émancipation économique surtout dans des pays
comme les nôtres où l'on a besoin des hommes valides pour
travailler, l'on conviendra avec nous que le chemin de fer est primordial en ce
sens qu'il sert de trait d'union entre deux Etats qui conjuguent leurs efforts
pour lutter contre le sous-développement en favorisant la libre
circulation des personnes.
En effet, le rail en Côte-d'Ivoire de part son
rôle d'outil de transport des voyageurs est un atout indispensable pour
l'économie de notre pays basée sur
33 La voie de la régie Abidjan-Niger
n°9, Abidjan, ICI 1971, p4
l'agriculture car il permet de convoyer les travailleurs pour
la mise en valeurs des richesses du pays.
Au total, le transport des voyageurs et l'acheminement des
produits d'importation et d'exportation du nord au sud et vice-versa a toujours
été un rôle assigné au chemin de fer.
Cependant, en dehors de ce rôle, la voie ferrée
doit être un puissant pourvoyeur d'emplois pour tous ceux qui vivent en
Côte-d'Ivoire en général et les populations ivoiriennes en
particulier.
2- Un puissant pourvoyeur d'emplois
A ce stade de notre étude, lorsque nous évoquons
le chemin de fer en tant que pourvoyeur d'emplois, il faut le voir comme un
levier pour la création d'emplois directs ou indirects dans plusieurs
domaines d'activités.
En effet que ça soit le réseau en lui
même, les unités industrielles ou les activités rurales, le
chemin de fer crée tout autour de lui un nombre croissant d'emplois.
Lorsque nous évoquons le réseau en lui
même, notons que de par son effectif d'abord et par la masse salariale
qu'elle distribue annuellement, la voie ferrée ivoirienne est une grande
entité pourvoyeuse d'emplois. Ainsi en 1977, l'on enregistre plus de
5195 agents qui travaillent sur le réseau tout entier.
Par ailleurs, dans les régions traversées par le
rail, naît de petits métiers, de petites activités ; c'est
en ce sens qu'en milieu rural, les populations en particuliers les femmes et
les jeunes mènent en connexion avec la circulation des trains des petits
métiers qui les font vivre en valorisant les produits locaux.
Le rôle en tant que pourvoyeur d'emplois est encore
très perceptible lorsque nous constatons un accroissement des commerces
et partant de là des commerçants et des vendeurs dans les
différentes gares.
En d'autre terme, le train fait naître les
échanges et le développement d'un commerce florissant, alors il
devient un outil de transport et de
62
communication totalement intégré qui de par sa
spécificité fait vivre de milliers de personnes.
Le constat que nous pouvons encore faire c'est l'existence de
commerçants comme nous l'avons évoqué mais vivant de
l'économie informelle qui se greffe autour des gares ce qui permet aux
femmes de campagnes d'emprunter le chemin de fer pour aller vendre leurs
produits dans les agglomérations voisines.
En outre, l'on constat la recrudescence des métiers de
potiers, forgerons, tisserands, bijoutiers et sculpteurs qui prennent de
l'importance dans les villes comme Bouaké, Katiola où leur nombre
varie entre 5 et 100 sans oublier que la vie des populations est rythmée
désormais par la voie ferrée.
Dans le domaine de l'industrie, la création des
unités industrielles a permis des liaisons industries artisanats et les
tisserands traditionnels en grand nombre achètent l'essentiel de leurs
fibres à Bouaké et à Dimbokro.
Par ailleurs, le développement des cultures
industrielles dans les zones traversées par le chemin de fer va
accroître le nombre de producteurs et de la main-d'oeuvre.
Toujours dans le domaine de l'industrie, c'est 44.701
ivoiriens qui travaillent dans le textile dans les années 70 «
soit 71% sur un total de 63.005 »34.
Si l'absence de chiffres ne nous permet pas de donner
exactement le nombre de travailleurs dans l'industrie textile des zones
traversées par le chemin de fer, néanmoins nous sommes sur d'une
chose c'est que la voie ferrée qui a aussi motivé la
création de ces unités industrielles a été à
la base de la création des emplois.
34 Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, op-cit, p 87
Ainsi, dans la zone d'influence de Bouaké ce sont
« 4500 emplois crées de 1975 à 1980
»35 et la zone du bipole Ferkessedougou- Korhogo, ce sont
« 2000 emplois qui ont été crées
»36.
De 1980 à 1985 nous avons enregistré 8000 emplois
crées et la zone Ferkessedougou-Korhogo (5000 emplois).
A vrai dire, la création de tous ces emplois entre dans
la politique agricole que l'Etat met en place qui prévoyait de
créer dans les régions intérieures de vastes complexes
agro-industriels visant à fixer et à développer ces
régions.
Ainsi donc, l'industrie du tabac avec la SITAB (voir sigles et
abréviations) dont l'industrie de Bouaké qui ne cesse de
s'étendre emploie « 500 personnes qui fabriquent en 1976, 140
millions de paquets de cigarettes et 70 millions de cigares soit 90%
des besoins locaux »37.
Au total, le chemin de fer est un puissant pourvoyeur d'emplois
dans tous les secteurs d'activités qui lui sont liés.
Par la même occasion, il joue aussi un rôle
particulier celui d'améliorer les conditions de vie des populations.
3- Un moyen d'amélioration des conditions de
vie
L'amélioration générale des conditions de
vie du monde rural « apparaît comme une option fondamentale de
la politique ivoirienne depuis les indépendance »38
C'est fort de tous ces constats que le chemin de fer va jouer
le rôle en tant qu'agent d'amélioration des conditions de vie
sociale en permettant aux populations de recevoir certaines
commodités.
35 Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, op-cit p 95
36 Id Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, op-cit p
95
37 Ibidem Henri Bourgoin, Philippe, Guilhaume, op-ct
p93
38 Id Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, op-cit p
228
64
Par ailleurs, c'est un outil de transport et de communication
qui apporte la paix, la santé et l'accès à une culture
différente et un mode de vie plus approprié au monde moderne.
En d'autre terme, le réseau ferroviaire en plus de
drainer les produits agricoles vers le port, de transporter des voyageurs et
des marchandises, de créer des emplois, améliore le quotidien des
populations qui avec le développement des villes, c'est les
infrastructures sanitaires et éducatives qui prennent forme.
A titre exemple, prenons le cas des travailleurs de la RAN qui
gère le réseau ferroviaire ivoirien.
Pour tous les agents qui travaillent sur le réseau, la
direction avait toujours le souci de les mettre dans des conditions optimales
de travail afin qu'ils soient encore plus performants.
Dès lors, en plus de la formation qu'ils
reçoivent leur permettant d'obtenir de nombreuses promotions
professionnelles, ils ont la gratuité des soins médicaux, ils
reçoivent des prises en charges selon les grades des employés,
des frais d'hospitalisation dans les formations sanitaires nationales et
privées. Le chemin de fer propose même des logements (750) qu'il
met à la disposition de son personnel à des prix
dérisoires.
Tous ces actes entrent dans le souci de la direction de la RAN
d'améliorer les conditions de vie des travailleurs.
De même, grâce à la voie ferrée les
populations sont en rapport avec de nouveaux modes culturels, consomment de
nouveaux produits qui apparaissent avec le développement des
échanges.
Dans le domaine de la santé, même si beaucoup
restait à faire, nous constatons néanmoins une
amélioration des conditions sanitaires des populations avec le
développement et l'accroissement des dispensaires et les
hôpitaux.
La médecine moderne entre dans les moeurs des
populations pour l'éradication de certaines maladies comme le ver de
guinée, la rougeole et la varicelle.
Les populations ont accès à l'instruction par la
création des écoles, l'électricité remplace les
lampes tempêtes, l'eau potable, le téléphone, le
télex et bien d'autres choses sont maintenant à la portée
des populations grâce au chemin de fer qui amène l'Etat à
mettre en place ces infrastructures.
En somme, à partir de 1960 lorsque le chemin de fer
connaissait son heure de gloire dans le développement de la
Côte-d'Ivoire, cela répondait à des objectifs bien
précis ; ainsi, l'Etat lui confie un certain nombre de rôle
à jouer.
Par ailleurs, il se devait d'être un outil qui permet de
créer des emplois car le pays ne pouvait aspirer à un
développement harmonieux avec d'innombrables populations sous les bras
sans emplois.
Enfin, le chemin de fer devait jouer le rôle d'agent qui
améliore les conditions de vie des populations et tous ces aspects de la
question ont trouvé réponse dans la mesure où de par ses
activités à savoir le service des voyageurs et des marchandises,
le chemin de fer a permis à la Côte-d'Ivoire d'atteindre un
développement économique qui était cité en exemple
de 1960 jusqu'à la veille de 1980.
Cette situation a été possible parce que ce
moyen de transport et de communication a opéré sans trop de
contraintes en ce sens que dès 1960, il occupait un quasi-monopole dans
le transport des passagers et des marchandises.
Cependant au milieu des années 60, le
développement des autres moyens de transport et de communication
(routes, avions, voies lagunaires et maritimes) viendront concurrencer la voie
ferrée pour le bien de l'économie ivoirienne.
Dès lors, il serait intéressant pour nous
d'évoquer maintenant l'impact du chemin de fer sur l'économie
ivoirienne.
66
DEUXIEME PARTIE :
LE CHEMIN DE FER DANS LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE DE LA COTE-D'IVOIRE
A partir de 1960, quand l'Etat accorde une certaine
priorité au chemin de fer, c'est pour permettre à ce moyen de
transport et de communication de jouer sa partition dans le
développement économique de notre pays.
C'est dans ce contexte que de par son trafic voyageurs et
marchandises, la voie ferrée en Côte-d'Ivoire va entreprendre de
donner une image positive à l'économie ivoirienne à sa
manière.
Ainsi donc, au travers de son rôle qu'il joue et continu
de jouer, nous allons essayer de percevoir son impact sur l'économie de
la Côte-d'Ivoire mais aussi ses limites dans cette économie.
Chapitre I : LES IMPACTS DU CHEMIN DE
FER SUR LE DEVELOP- PEMENT ECONOMIQUE
Ces impacts vont se mesurer de prime abord sur le
développement des zones traversées puis sur l'économie
proprement parlée à travers le produit intérieur brut et
le développement du Port d'Abidjan.
A- : Sur les zones traversées
1- Evolution des villes traversées
Nous savons que la création d'une route est une source
de développement pour les populations ; et si tel est le cas nous osons
affirmer que la mise en place du chemin de fer en 1904 est aussi une source de
développement en Côte-d'Ivoire.
En effet, du point de vue du tracé de la ligne, ce sont
les régions en général et les villes en particulier
traversées par le chemin de fer qui deviennent du coup des zones
d'attraction qui attirent les populations d'où la naissance des
échanges florissants entre ces différentes populations.
En 1960, l'un des soucis majeurs des autorités
ivoiriennes est de parvenir à développer toutes les
régions du pays sans exception.
Alors, le chemin de fer de par son tracé va avoir un
impact très positif sur les différentes régions qu'il
traverse mais surtout sur les villes dans la mesure où nous constatons
que la voie ferrée sera à la base de la création et du
développement de certaines villes du pays qui vont prendre de
l'importance durant toute la période de notre étude.
En effet, du fait qu'il est un moyen de transport et de
communication avec le reste du monde, le chemin de fer va permettre à
ces villes de sortir de leur enclavement total et du
sous-développement.
68
Par ailleurs, il n'est secret pour personne que la plus petite
des gares où le train fait une halte, le hameau le plus
désolé devient très rapidement un pôle
économique pour toutes les agglomérations qui lui sont
voisines.
Et c'est le cas des villes comme Agboville, Dimbokro,
Bouaké, Katiola, Ferkessedougou et Ouangolodougou qui sont des
pôles économiques incontournables dans les différentes
régions.
Le chemin de fer en Côte-d'Ivoire crée la vie,
suscite l'activité et constitue un pôle de développement
qui prend de l'importance avec le développement de la voie ferrée
et l'accroissement du volume des activités du réseau.
Par la même occasion, notons que sur le chemin de fer
l'on assiste à l'implantation de villages qui avec le temps deviennent
des villes aux activités prospères et cet état de fait
pousse l'Etat à créer rapidement un réseau
d'hôpitaux ou de dispensaires afin de soigner les populations de ces
villes qui augmentent sans cesse.
Progressivement, les paysages et le rythme de vie dans ces
villes traversées par le chemin de fer sont transformés et le
secteur tertiaire (commerce, banque et assurances) et la construction urbaine
poussent autour de l'unité de transport ou près du point de
transport.
De même, l'on enregistre dans ces différentes
villes précitées la création des écoles pour
l'instruction de la population. Et elles sont surtout installées le long
des voies de transport et de communication.
A titre d'exemple, notons que de 1967 à 1968, nous
avons enregistré à Bouaké 25 écoles primaires
publiques et 03 écoles privées, 06 écoles à Katiola
, 05 à Ferkessedougou dont 02 privées et à Agboville nous
avons comptabilisé 19 écoles dont 04 privées.
Au second degré, Bouaké est bien fourni avec 11
Etablissements dont 06 privées pour le 1er cycle et 02
Etablissements publics au second cycle et l'on rencontre aussi ces
établissements dans les autres villes qui existent sur le tracé
du chemin de fer.
Au total, dans toutes ces villes, l'infrastructure existe pour
le bien être des populations qui voient leur niveau de vie changer au fil
des années. Elles connaissent une amélioration des conditions de
vie dans la mesure où de nouveaux modes de vie se présentent
à elles.
La conséquence directe de l'implantation de ces
infrastructures scolaires est l'évolution des taux de scolarisation dans
ces villes et dans la région.
Ainsi donc, nous allons enregistrer 75 % comme taux de
scolarisation à Agboville. Quand à Bouaké, Ferkessedougou
et Katiola c'est un taux de 30 à 50 % qui a été
enregistré et si beaucoup reste à faire pour combler ce retard de
scolarisation dans les villes du nord de la Côte-d'ivoire par rapport
à Abidjan 75 % et Agboville, il faut néanmoins souligner que la
création de certaines écoles a été le fait du
chemin de fer qui a incité les autorités à le faire pour
répondre aux nouvelles exigences des populations.
Ce taux de scolarisation inférieur à celui
d'Agboville et d'Abidjan est dû au fait que les populations des villes du
nord migrent beaucoup au sud et elles étaient encore un peu retissantes
sur les bords à laisser les enfants fréquenter les écoles
et surtout les filles.
Par la même occasion, les besoins de sources
d'énergies nouvelles se font sentir et l'électricité entre
dans les habitudes des ménages d'une part et d'autre part pour permettre
aux unités industrielles qui seront mise en place de fonctionner
correctement, C'est le cas à Bouaké, Agboville, Dimbokro, et
Ferkessedougou.
70
Ainsi donc, en 1970, Bouaké « recevait
12.559.411KW en haute tension et 8.653.924 KW en basse tension
»39. La production d'énergie est assurée
à Agboville par un groupe électrogène, Dimbokro et
Ferkessedougou qui sont des centres importants de la région sont des
zones de distribution d'électricité.
Par ailleurs, la voie ferrée a permis
l'évolution de ces différentes villes dans la mesure où
celles-ci vont voir naître des unités industrielles qui auront
effectivement un impact très positif sur leur développement car
ces complexes industriels vont acheter les matières premières
dans ces régions qui comptent pour 50 % dans leurs productions (coton,
riz, tabac, sucre et bois).
Aussi, assiste t-on à un développement de ces
matières premières dans ces régions d'où
l'accroissement du nombre de producteurs et de main d'oeuvre et le commerce
local se développe dans ces villes car fournisseurs à l'industrie
de 55% du matériel et mobilier de bureau.
Sur le chemin de fer, notons par la même occasion que
les villes traversées par le réseau connaissent des trafics par
section intense. En 1971, le trafic de section marchandises vers le nord est de
350.000 tonnes entre Abidjan, Agboville et Dimbokro.
De Dimbokro à Bouaké, c'est 322.000 tonnes de
marchandises qui sont transportées et enfin de Bouaké à
Ouangolodougou, nous enregistrons 24.000 tonnes de marchandises.
Au vu de ces chiffres, le chemin de fer a réellement un
impact très positif sur le développement des zones et des villes
traversées à travers l'évolution de ces villes et de ces
régions.
L'évolution d'une ville se vérifie aussi par
l'importance de sa population, les populations dans les campagnes qui avaient
besoin de conditions de vie optimales et de travail bien
rémunéré vont se ruer sur les villes situées sur le
chemin de fer.
39 Atlas de Côte-d'Ivoire, op-cit
Ainsi donc, nous remarquons une évolution très
nette des populations dans les villes sur les rails et pour mieux
apprécier cet état de fait, referons nous à ce tableau
13.
Tableau 13
Evolution population des villes sur le
chemin de fer
Villes
|
1965
|
1970
|
Agboville
|
73.000 habitants
|
93.000 habitants
|
Dimbokro
|
50.000 habitants
|
57.000 habitants
|
Bouaké
|
134.000 habitants
|
169.0000 habitants
|
Katiola
|
37.000 habitants
|
42.000 habitants
|
Ferkessedougou
|
30.100 habitants
|
33.500 habitants
|
Source : Atlas Côte-d'Ivoire, Abidjan,
Université de Côte-d'Ivoire 1979
Les chiffres de ce tableau nous montrent une croissance
significative de la population dans toutes les villes traversées par le
chemin de fer et une part belle revient aux villes du sud la
Côte-d'Ivoire comme Agboville, le centre du pays avec Bouaké et
Dimbokro ne sont pas en reste.
Cette situation est perceptible parce que ces villes
reçoivent beaucoup les populations et même celles du nord de la
Côte-d'Ivoire et des pays limitrophes.
En effet, la primauté est accordée à
Bouaké puis Agboville et Dimbokro parce que ces trois villes
présentent des aspects de villes modernes après Abidjan qui
attirent les populations en proie à des conditions de vie meilleure que
semblent proposer ces villes.
72
Bouaké enregistre 169.000 habitants en 1970 parce que
c'est la deuxième ville importante après Abidjan du point de vue
des activités. C'est la capitale du centre de la Côte-d'Ivoire et
elle concentre presque toutes les unités industrielles qu'on trouve
à abidjan.
En plus, la ville de Bouaké connaît un commerce
florissant et elle concentre toutes les commodités pour une
amélioration des conditions de vie (écoles, hôpital,
banques, postes et etc.).
Quant à Agboville, son accroissement du point de vue de
la population est très significatif et s'explique du fait que c'est une
ville du sud du pays et une forte zone de production de café, cacao et
de bois, les piliers de l'économie de la Côte-d'Ivoire.
Nous savons aussi que depuis la période coloniale le
sud de la Côted'Ivoire attire les populations de toutes sortes à
la recherche d'emplois.
En outre, la remarquable progression de la consommation
d'électricité dans ces villes évoquées plus haut
donne une image assez appréciable de la vitalité des
activités économiques qui prennent forme dans ces villes.
Cette évolution des villes traversées par le
réseau ferroviaire est encore perceptible avec l'accroissement du nombre
des postes, du téléphone et du telex, ainsi en 1979, on compte 25
villes ayant plus de 100 postes principales, téléphones et telex
compris dont Bouaké, Dimbokro, Agboville et Ferkessedougou.
Par ailleurs, signalons que Bouaké à cette
période comptait 1258 postes principales et 1942 postes
supplémentaires pour un total de 3200 ; Dimbokro en avait 559 au total,
Agboville 348, Katiola 233 et Ferkessedougou 156.
Au regard de tous ces acquis, ce qui importe de dire ici est
que les populations de ces villes avec ces outils modernes de communication
s'ouvrent au monde.
L'eau étant une source vitale, il fallait doter ces
villes au population grandissante d'adduction d'eau potable et l'Etat de
Côte-d'Ivoire fera de ce
projet un fait réel par la création de forages
et par la connexion de ces villes au réseau de distribution d'eau de la
Société de Distribution d'Eau de Côte-d'Ivoire (SODECI).
Au total, le chemin de fer a eu un impact positif sur les
villes traversées par la voie ferrée.
En effet, nous avons constaté cette évolution
à travers l'accroissement de la population de ces villes, l'acquisition
des écoles, des hôpitaux, du réseau électrique et du
réseau d'adduction d'eau potable pour luter efficacement contre
l'onchocercose, le ver de guinée et la bilharziose.
Cependant, en dehors de tous ces aspects, notons que le chemin
de fer va avoir encore comme impact la création des unités
industrielles sur le réseau.
2- Développement des unités
industrielles
La volonté de transformer les matières
premières locales en s'orientant vers des activités industrielles
exportatrices ont conduit les nouvelles autorités ivoiriennes à
créer des industries dans les différentes régions de la
Côte-d'Ivoire.
Le constat que nous faisons de la création des
unités industrielles répond d'une part de la volonté de
l'Etat de Côte-d'Ivoire de faire de l'industrialisation un des piliers
pour le développement économique de notre pays.
D'autre part, nous constatons la construction de certaines
unités sur le tracé du chemin de fer parce que ce moyen de
transport et de communication devait participer à l'évacuation
des productions industrielles mais aussi être en avant poste pour le
développement des zones traversées.
C'est à cet effet que dans les différentes
villes traversées par la voie ferrée, nous enregistrons la
création des unités industrielles de toutes sortes.
Ainsi donc, dans le domaine du riz, « la SODERIZ, se
charge de décortiquer le riz produit dans la région
»40.
40 Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, op-ct p 90
74
Quant à la production de sucre, ce sont les
unités industrielles de Ferké I (1974), Ferké II (1978) et
celle de Katiola (1979) qui vont permettre à leur manière
à la Côte-d'Ivoire de couvrir ses propres besoins mais encore
d'alimenter une exportation importante à l'aube des années
1980.
La mise en place de tous ces complexes sucriers a permis une
production industrielle de sucre de « 45.0000 tonnes en 1976 et de
60.000 tonnes en 1977 »41.
Dans cette même vaine, signalons que Ferké I
produira à elle seule 33.000 tonnes de sucre au cours de l'année
1977-1978 et 42.000 tonnes de 1978- 1979.
En d'autre terme, le chemin de fer aura permis à la
Côte-d'Ivoire de compter sur des unités industrielles qui
permettent de transformer les produits locaux de la région
traversée.
Par ailleurs, la production de cigarettes, de cigares, de fil
de coton, de béton préfabriqué et de matériels de
construction est constatée dans des villes traversées par le
rail.
C'est fort de tous ces constats que la ville de Bouaké
s'affirme comme une ville industrielle après Abidjan car nous remarquons
la présence d'unités industrielles pour décortiquer le riz
et la production de boissons gazeuses.
La conséquence directe de la création de toutes
ces unités de productions industrielles est que les autorités
ivoiriennes veulent miser aussi sur un tissu industriel indispensable pour une
économie qui se veut forte.
Dès lors, ces villes vont voir naître des
complexes industriels pour la manufacture du tabac, la fabrication de sisal, la
filature, le tissage et l'engrenage de coton.
41 Atlas de Côte-d'Ivoire, op-cit
Nous notons aussi la présence des industries du bois et
des briqueries ; en outre, le souci de mettre en place un tissu industriel
réel au cours des années 70 va pousser l'Etat ivoirien à
créer des grandes unités de production surtout dans le domaine du
textile et qui auront pour vocation de « transformer les produits
ivoiriens afin de les valoriser plus et de passer au stade de
l'exportation »42.
C'est le cas de l'UTEXI en 1975 à Dimbokro, COTIVO en
1976 à Agboville ; dès lors, les industries du textile et de
l'habillement déjà les plus importantes de tous les Etats de
l'Afrique francophone vont se tailler une place de choix dans
l'industrialisation du pays.
A ce titre, cinq (05) unités d'engrenage de coton
traiteront la production ivoirienne de 65.000 tonnes en 1976 et sept (07)
entreprises dont les Etablissements Robert Gonfreville à Bouaké
font de la filature, de l'impression et de la confection.
Toujours à Bouaké, la SOCITAS
créée en 1969 fait de la filature et de la teinture des fibres
synthétiques avec des unités comme celles de Dimbokro et
Agboville.
Au total, malgré le fort accroissement de la demande
nationale et une situation incertaine du marché mondial, «
l'industrie textile ivoirienne se prépare une place de choix parmi les
exportateurs »43.
Ainsi donc, ces unités industrielles qui naissent sur
le réseau ferroviaire vont intervenir pour une bonne part dans le
développement des villes dans lesquelles elles sont implantées
mais très largement dans l'économie de la Côted'Ivoire.
En somme, les activités des unités industrielles
ont un impact très positif sur le développement économique
de la Côte-d'Ivoire en ce sens que le
42 Louis Edouard Settié, l'Etat et le
processus de développement en Côte-d'Ivoire 1960-1980 op-cit p
205
43 Henri Bourgoin Philippe Guilhaume, op-cit p94
76
développement et la transformation des produits locaux
destinés à l'exportation ont permis l'accroissement « du
volume des exportations de la Côte-d'Ivoire »44.
Il ne s'agit pour nous de traiter le thème de
l'industrie dans toute sa généralité mais nous voulons
faire comprendre que les unités industrielles implantées sur le
tracé du réseau ferroviaire chargées de la transformation
des produits locaux et de leur exportation, occupent une part importante dans
les recettes d'exportation des produits industriels de la
Côte-d'Ivoire.
En 1970, la part des exportations industrielles par rapport au
total des exportations ivoiriennes est de 32 milliards soit 24 % et de 131
milliards en 1977. Le chiffre d'affaire des unités industrielles montre
bien que l'Etat de Côte-d'Ivoire ne s'est pas trompé lorsqu'il a
décidé de mettre en place ces industries dans sa politique de
développement des villes et des régions traversées et
partant de là de l'accroissement de l'économie ivoirienne.
C'est dans ce contexte que la société de
production du tabac SITAB fait un chiffre d'affaire de 165 millions en 1960,
216 millions en 1965, 166 millions en 1970 et 171 millions en 1975.
Ce qui est intéressant à noter est que le
chiffre d'affaire de ces unités industrielles croit avec le volume
d'activité du chemin de fer même si de temps à autre nous
enregistrons des baisses dues à plusieurs facteurs (aléas
climatiques, baisse de la production et concurrence extérieure).
Néanmoins, nous ne devons pas oublier que ces
unités industrielles interviennent pour une part importante dans le
développement des zones traversées, ce pourquoi à
Bouaké nous allons enregistrer des unités industrielles avec des
production allant de 05 à 50 millions pour atteindre le milliard.
Le développement économique d'une nation n'est
possible que si l'Etat dispose de fond nécessaire pour financer les
différents projets de développement qu'il décide de mettre
en place.
44 Louis Edouard Settié, op-ct p202
78
Ainsi, la création des complexes agro-industriels dans
les différentes villes traversées par la voie ferrée ,
répondait à des objectifs bien précis qui étaient
de développer les zones traversées d'une part et d'autre part
permettre à la Côte-d'Ivoire de pouvoir compter sur un tissu
industriel fort.
En Effet pour un Etat moderne comme le nôtre, les
sources de financement ne doivent pas provenir uniquement que des produits
agricoles et des aides extérieures car un pays qui aspire à un
développement solide doit pouvoir miser sur une industrialisation pour
la transformation des produits locaux pour les rendre encore plus
compétitifs.
Par ailleurs, ces industries doivent être aussi des
sources de financement de projet de développement pour notre pays et
c'est dans cette optique q'au travers des impôts BIC (voir sigles et
abréviations) et du fond national d'investissement, les entreprises se
devaient de contribuer à l'équipement de la Côte-d'Ivoire
en collectant ces impôts et taxes pour l'Etat ivoirien.
De même, l'Etat perçoit aussi des revenus de
l'activité industrielle pour le développement et la modernisation
des infrastructures économique et social sur tout le territoire
national.
Ainsi en 1961, les impôts et les frais perçus sur
l'industrie textile en général s'élevaient à
« 173,3 millions de francs CFA
»45.
Et en 1971, les revenus de l'Etat obtenus sur la
fiscalité industrielle s'élevaient à 12.276 millions de
francs CFA.
Au total, le création des unités industrielles
dans les zones traversées par le chemin de fer répondait d'une
part aux objectifs de l'Etat de Côte-d'Ivoire de faire de ce pays un pays
industriel afin de transformer les produits locaux pour les rendre encore plus
compétitif sur le marché.
45 Chevassu Jean, Valette Alain, les revenus
distribués par les activités industrielles en
Côte-d'Ivoire, Abidjan, ORSTOM 1975, p24
D'autre part, la mise en place de ces unités devait
concourir à développer ces zones traversées par les rails
à travers les différents avantages que celles-ci procurent aux
populations.
Aujourd'hui, s'il y a lieu de faire un bilan, nous pouvons
affirmer sans trop nous tromper que les unités industrielles dont la
création a aussi été suscité par le tracé du
chemin de fer ont participé à leur manière au
développement économique de la Côte-d'Ivoire et des zones
traversées.
Tous ces constats si intéressants nous amène
à nous pencher sur l'apport du chemin de fer au développement
économique.
B- : Sur l'économie de la Côte-d'Ivoire
Nous allons aborder cette partie de notre travail sur l'impact
de la voie ferrée sur l'économie ivoirienne en nous penchant sur
son impact par rapport à la production intérieure brute (PIB) et
par rapport au développement du Port d'Abidjan.
1- Par rapport au produit intérieur brut
(PIB)
En 1960, l'Etat de Côte-d'Ivoire accorde sa confiance
à tous les moyens de transport et de communication et surtout au chemin
de fer dans le développement économique de notre pays parce qu'il
présentait des atouts pour permettre aux autorités ivoiriennes
d'entrevoir ce développement.
Nul doute que la décennie 1960-1970 reste dans
l'histoire de notre pays comme celle du démarrage de notre croissance,
celle au cours de laquelle « une politique bien conçue
et vigoureusement conduite »46 a permis d'amorcé le
processus d'expansion continue que connaît notre économie moderne
et cela sous l'impulsion de ces moyens de transport et de communication.
46 République de Côte-d'Ivoire
Ministère du plan, Plan quinquennal de développement
économique, social et culturel 1971-1975, Abidjan, R.Royer 1971,
P7
En effet, les infrastructures économiques englobent un
ensemble de secteurs qui quelque soit les indicateurs retenus tiennent une
place importante dans l'économie d'un pays.
Ainsi donc, si elles ne sont pas le moteur de
l'activité économique, elles en sont le véhicule et de ce
fait, nous osons affirmer que l'expansion économique de la
Côte-d'Ivoire à partir des années 60, n'a pu se faire sans
que le système des transports en général et le chemin de
fer en particulier n'ait été largement associé.
En d'autre terme, les infrastructures économiques
conditionnent dans une large mesure au développement économique
des Etats en ce sens que dans le cas de la Côte-d'Ivoire de 1960-1980, la
progression économique de notre pays a été dominée
par le développement rapide des exportations et des importations et cela
grâce à des moyens de transport et de communication assez
performants.
Au total, l'économie moderne que veut embrasser la
Côte-d'Ivoire en 1960 ne peut se concevoir sans d'importants
échanges basés sur de moyens puissants, variés et rapides,
dès lors, tout développement économique repose donc sur le
développement des infrastructures capable de le rendre durable.
En un mot, le développement économique de la
Côte-d'Ivoire de 1960 à 1980 n'a pu se faire sans l'apport
inestimable des moyens de transport et de communication et surtout la voie
ferrée qui a permis de transporter les voyageurs et les marchandises du
sud au nord et vice -versa.
Le développement économique d'un pays se mesure
par rapport à la production intérieure brute (PIB) de celui-ci et
dans le cas de la Côte-d'Ivoire, au moment des années glorieuses
nombreux sont les facteurs qui auront contribué à la croissance
de cette production brute.
C'est dans cette optique que les moyens de transports et de
communication et surtout le chemin de fer vont jouer une part très
active dans ce domaine.
80
Cependant, pour mieux nous faire comprendre, il convient pour
nous de signaler que le manque de chiffres spécifiques sur l'apport du
chemin de fer dans le produit intérieur brut de la Côte-d'Ivoire,
nous amènera à travailler avec les chiffres de tous les
transports dont les chemin de fer qui fait partie du secteur tertiaire de
l'économie ivoirienne.
En effet, dès les indépendances jusqu'en 1970,
la Côte-d'Ivoire aura connu une expansion moyenne de 11 % par an en
francs croissant qui a fait que son produit intérieur brut est
passé de « 130,5 milliards à 370 milliards de francs CFA
».47
Il faut souligner que cette croissance de la production
intérieure brute était basée en 1960 sur le secteur
primaire à savoir l'agriculture, la forêt et la pêche qui
occupait une part très importante dans le développement
économique de la Côte-d'Ivoire à hauteur de 46,8 %.
Cependant, le secondaire avec l'industrie et surtout le
tertiaire vont prendre de l'importance dans cette économie car avec des
taux annuels de croissance de 15,7 et 13,1 % en 1960, ils sont passés de
15,20 à 22,30 % pour le premier et de 38 à 45 % pour le tertiaire
dont le transport qui nous concerne tout particulièrement.
Toute cette situation dénote que le transport occupe
une part très active dans le développement économique de
notre pays et à ce sujet, le chemin de fer de part son rôle et de
l'accroissement du volume de ses activités est un acteur principal de
cette évolution du taux annuel de croissance que nous connaissons.
En d'autre terme, le secteur primaire au lendemain des
indépendances c'est-à-dire à partir de 1960, pointait
à « 52 % du PIB quand le tertiaire se
positionnait avec 40 % »48 et
cela s'explique par le fait que le café, le cacao et le bois
étaient exploité en grande quantité et les prix
pratiqués apportaient
47 République de Côte-d'Ivoire,
Ministère du plan, Plan quinquennal de développement
économique, social et culturel, op-cit p7
48 République de Côte-d'ivoire, Etude
des transports en Côte-d'Ivoire, volume3, le transport ferroviaire,
Abidjan, SETEC 1970, p86
d'énormes devises à l'Etat de
Côte-d'Ivoire qui utilisait ces moyens engrangés pour construire
le pays.
Par contre, le secteur secondaire avec l'industrie
était encore embryonnaire et le tertiaire n'était pas lui aussi
développé car le transport, le commerce et les services
n'étaient que les vestiges de la colonisation et ne pouvaient être
très efficace.
Mais le secteur secondaire et surtout le secteur tertiaire qui
nous intéresse tout particulièrement vont très vite
prendre de l'importance dans la mesure où ils vont prendre du volume
avec la volonté de l'Etat ivoirien de faire de l'industrialisation une
des bases de notre économie et le développement des transports,
du commerce et des services.
Ainsi, le tertiaire sera en nette évolution tout au
long de notre période d'étude par rapport au secteur primaire
dans la production intérieure brute de la Côte-d'Ivoire.
Au fait, le PIB du secteur primaire va connaître une
croissance moins rapide que celle du tertiaire et cette baisse des parts du PIB
du secteur primaire se chiffre comme suit : 32,5 % en 1969, elles passent
à 30,9 % en 1970, 25,5 % en 1975 et 22,6 % en 1980 par rapport aux
résultats de 1960 qui donnaient 47 % comme part du secteur primaire dans
le produit intérieur brut de la Côted'Ivoire.
Nous expliquons cette situation par le fait qu'avec le
développement de la Côte-d'Ivoire, les transports, le commerce et
les services connaissent une évolution particulière qui supplante
le secteur primaire qui connaît quelques problèmes avec la crise
économique qui frappe de plein fouet notre économie
tournée résolument vers l'agriculture.
Par ailleurs, nous savons que le commerce extérieur de
la Côte-d'Ivoire connaît un taux de croissance très
appréciable dans le temps à cause des innombrables richesses de
ce pays et de la qualité des infrastructures économiques que sont
le Port d'Abidjan, les routes, l'aéroport d'Abidjan et le
82
chemin de fer qui permettent de desservir à tout moment
les destinations souhaitées.
La croissance du secteur tertiaire est par contre continue et
elle est très forte avec une croissance très spectaculaire sur la
dernière décennie à savoir sur l'ensemble 1960-1970 et
présentera un résultat de 47,2 % sur l'ensemble de la production
intérieure brute de notre pays.
Au total, l'allure presque léonine de cette croissance
tient en grande partie aux droits et taxes perçus sur les biens
importés inclus dans la production du commerce, or nous avons conscience
que le chemin de fer de part ses liens très étroits avec le Port
d'Abidjan est un outil indispensable pour le ravitaillement des pays comme la
Haute-Volta, le Mali et le Niger.
Ainsi, en 1978 la voie ferrée a payé des droits
de douane à hauteur de « 38.665.953 de francs CFA
»49et des impôts et taxes de près
de « 271.201.220
»50.
Au regard de ces chiffres nous pouvons affirmer que le chemin
de fer contribue pour une part importante dans l'accroissement du produit
intérieur du secteur tertiaire dans l'économie ivoirienne et ces
impôts et taxes vont continuer à croître pour se chiffrer
à 490.341.939 francs CFA en 1980.
Le transport en général et le transport
ferroviaire en particulier est incontournable dans l'accroissement de la
production intérieure brute du secteur tertiaire en
Côte-d'Ivoire.
Ce secteur connaît une augmentation de son taux de 7,70
% de 1965 à 1966, de 6,4 % de 1966 à 1967 et de 18,4 % de 1967
à 1968 et en terme de montant, le PIB est passé de «
234,6 milliards en 1965 à 326,5 milliards de francs CFA en 1968
»51.
49 Régie des chemins de fer abidjan-niger,
Rapport annuel 1978, Abidjan 1978, p80
50 Id Régie des chemins de fer abidjan-niger
op-cit p80
51 République de Côte-d'Ivoire,
Ministère du plan, les comptes de la nation 1968, Abidjan,
Imprimerie Nationale 1968, p14
En d'autre terme, nous enregistrons une augmentation de la
production intérieure brute de la Côte-d'Ivoire avec une
importance relative des secteurs d'activité et le secteur tertiaire tout
particulièrement qui se présente en terme chiffré comme
suit : voir tableau 14.
Tableau 14
Part du secteur tertiaire dans le PIB de la
Côte-d'Ivoire
Années
|
1965
|
1968
|
1969
|
1970
|
PIB (millions)
|
109.534
|
160.294
|
226.809
|
330.689
|
PIB (%)
|
45,6
|
45,3
|
44,2
|
43,5
|
PIB (total) en millions
|
238.665
|
354.239
|
513.272
|
758.123
|
Ta bleau realisé à partir des ciffres extraient des
differents rapports des trafics de la RAN.
Au regard des chiffres de ce tableau, notre première
impression est que la part du secteur tertiaire dans la production
intérieure brute de la Côte-d'Ivoire est croissante au fil des
années et cela est très perceptible avec les valeurs qui figurent
dans ce tableau.
De 109.534 millions en 1965, nous tournons autour de 340
millions en 1970, néanmoins nous notons une légère baisse
des pourcentages qui n'entrave en rien la croissance du volume total du produit
intérieur brut qui tourne autour des 800 millions en 1980.
Par ailleurs, la valeur ajoutée du secteur tertiaire avec
en toile de fond le transport propose 20,543 millions en 1968 et enfin 34,341
millions en 1970.
En outre, les moyens de transport et de communication de part
le rôle qu ils jouent ont été incontournables dans
l'évolution de la production intérieure brute de la
Côte-d'Ivoire.
84
Et face à cette situation, les transports ont vu leur
production s'accroître de 11,8% de 1969 à 1970 passant en terme de
montant de 47,6 milliards à 52,2 milliards de franc s CFA.
L'évolution de la production du secteur tertiaire en
général et du transport en particulier est très
remarquable dans la mesure où de 1960 à 1980, la progression des
parts du transport dans le produit intérieur du pays porte à
croire que les moyens de transport et de communication conditionnent
réellement le développement d'une nation.
En terme de résultat, signalons que le transport et les
services vont participer au taux annuel de croissance de l'économie
ivoirienne à hauteur de 8,1 % de 1970 à 1975 et de 8,5 % 1975
à 1980.
Au total, il faut reconnaître que dans le secteur
tertiaire, le commerce occupe une place importante du point de vue des
participations au produit intérieur brut sans nullement ignorer les
transports et les services.
C'est en cela que les moyens de transport et de communication
vont toujours conserver leur importance dans le produit intérieur brut
car ils participent pour beaucoup à l'accroissement du volume du
commerce par le transport des acteurs du commerce et des produits qui entrent
dans le commerce et tel est aussi le cas dans le domaine de l'industrie.
De même, le secteur tertiaire est très
présent dans le PIB dans la décennie 70 à 80 et en
déjà 1974, il représente 40% du produit intérieur
brut de la Côted'Ivoire.
Cette forte croissance constatée du PIB de la
Côte-d'Ivoire à partir de 1970, est le faite de ces trois secteurs
d'activité à savoir le primaire, le secondaire dont l'industrie
et le tertiaire dont le transport comme l'un des éléments
clé.
Du point de vue des contributions, le primaire a
participé à hauteur de 115 milliards de francs CFA dans le PIB,
81 milliards pour le secondaire et 175 milliards pour le tertiaire.
En d'autre terme, ces chiffres viennent confirmer nos dires
sur le fait que le secteur tertiaire dont le transport est devenu indissociable
à l'économie ivoirienne dans la mesure où la
Côte-d'Ivoire et ces voisins des pays limitrophes du nord ont besoin que
les moyens de transport et de communication et surtout le chemin de fer soit
toujours à la hauteur pour permettre aux voyageurs et aux marchandises
d'être acheminées dans des conditions optimales.
En somme, de part la croissance des contributions du secteur
tertiaire au produit intérieur brut de la Côte-d'Ivoire, c'est les
transports en général et le chemin de fer en particulier qui est
honoré.
En effet, à travers l'analyse des données que
nous avons eu à notre possession, les transports apparaissent comme des
atouts indiscutables dans la politique de développement de la
Côte-d'Ivoire.
C'est fort de tout ce constat que de part ses rapports
étroits avec le Port d'Abidjan, nous sommes en droit de nous pencher sur
l'apport de ce moyen de transport et de communication qu'est le chemin de fer
dans développement des activités du Port d'Abidjan.
2- Par rapport au développement du Port
d'Abidjan
La mise en place d'une économie forte suppose avoir des
infrastructures économiques de pointe qui peuvent répondre aux
exigences des échanges commerciaux qui naissent et se développent
entre la Côte-d'Ivoire et ses voisins du nord du pays que sont le Mali,
la Haute-volta et le Niger.
C'est dans cette optique que le Port Autonome d'Abidjan de
part ses liens étroits avec la voie ferrée deviendra tout
naturellement un atout incontournable dans le développement
économique de la Côte-d'Ivoire.
A vrai dire, de part ses relations avec le port, le chemin de
fer ivoirien va avoir un impact sur l'économie de notre pays.
Durant la période coloniale, des wharfs ont permis
à la Côte-d'Ivoire de participer au commerce international
jusqu'à ce que la création d'un chemin de
86
fer devant relier la Côte-d'Ivoire au Niger à partir
de 1904 soit le point de départ de la volonté du colonisateur de
construire un port en Côte-d'Ivoire.
En effet, la réalisation d'un chemin de fer
destiné comme nous avons évoqué à atteindre le
Niger a précipité la volonté du colonisateur de
créer un port en Côte-d'Ivoire et c'est la mission Hondaille qui
devrait en même temps déterminer l'emplacement de ce port.
Cependant, l'idée même d'ouvrir la lagune en face
de l'emplacement d'Abidjan revient à l'Amiral Bouet-villaumez qui au
siècle dernier compris l'importance de percer un canal pour construit un
port et cette idée devient un fait avéré en juillet
1950.
Dès lors, cet acte va permettre maintenant aux
paquebots et cargos de gros tonnage de mouiller dans la lagune Ebrié et
« cinq (5) ans plus tard, le 1er juillet 1955 l'inauguration du port
de commerce sortait le pays de son isolement »52
Pour un pays côtier comme le notre, la création
d'un véritable port en eau profonde relié aux moyens de transport
et de communication comme le chemin de fer était devenu indispensable de
part la croissance rapide des échanges.
C'est dans cette optique que les activités du chemin de
fer étroitement liée au Port d'Abidjan vont avoir un impact
très positif sur les activités de celui-ci et partant de
là sur l'économie ivoirienne.
En effet, à l'indépendance de la
Côte-d'Ivoire, il fallait continuer à exporter les richesses du
pays à travers le monde, le Port Autonome d'Abidjan (PAA) qui part
l'entremise du canal de vridi est visité par les gros bateaux va se
charger de le faire en évacuant les richesses de la Côte-d'Ivoire
et des pays limitrophes.
Même si les routes le font assez bien, force est de
reconnaître que le chemin de fer de par sa spécificité de
moyen de transport et de communication qui est très efficace pour le
transport des marchandises lourdes et transportées
52 Henry Bourgoin, Philippe Guillaume,
Côte-d'Ivoire. Economie et société Paris stock 1979,
p117
sur de longue distance, va s'affirmer comme le partenaire
privilège du Port d'Abidjan pour l'approvisionnement des bateaux qui
attendent sur le quai.
Par ailleurs, nous savons que le port par son trafic de plus
en plus croissant depuis 1960 est «le poumon de l'économie
ivoirienne» car c'est au travers de ce moyen que le café, le
cacao et le bois qui apportent d'énormes devises à l'Etat sont
convoyées vers les autres continents.
En d'autre terme, cet infrastructure économique est
l'une des clefs de la prospérité économique de la
Côte-d'Ivoire dans la mesure où il occupe une éminente
fonction nationale mais aussi internationale dans celle de port de transit
international au profit des pays enclavés tels que la Haute-Volta, le
Mali, et le Niger.
Personne n'ignore que le Port Autonome d'Abidjan est
très desservi par la route, néanmoins, la voie ferrée de
la régie Abidjan Niger (RAN) de par ses relations très anciennes
avec le port et avec l'excellente exploitation du réseau ferroviaire,
toutes les marchandises débarquées au Port d'Abidjan sont
acheminées vers les centres ou les pays destinataires avec
rapidité et dans de très bonnes conditions de transport.
Dès lors, cette situation de fait entraîne une
confiance des opérateurs économiques à l'endroit du port
qui du coup voit son volume d'activité accroître et un chiffre
d'affaire toujours excédentaire.
A titre d'exemple, il est important de noter que cette marque
de confiance a fait du Port d'Abidjan « le port le plus important
d'Afrique de l'ouest surplombant celui de Dakar au début des
années 70 »53.Cette place a été
acquise grâce à sa modernisation et à la qualité de
ses services proposés.
En 1960, avec l'accroissement du trafic du chemin de fer, le
Port d'Abidjan connaît une expansion rapide de son trafic du point de vue
des
53 Direction général des ports d'Abidjan
et San-pedro, le Port d'Abidjan, hier, aujourd'hui, demain et perspectives
de San-pedro, op-cit, p40
88
tonnages d'entées et de sorties ils sont passés
par exemple de « 1,6 millions de tonnes en 1960 à 3,4 millions
de tonnes en 1963 »54.
Par ailleurs, la capacité du chemin à être
plus attractifs et concurrentiels va être d'une importance capitale pour
le Port d'Abidjan dans la mesure ou pour pouvoir contenir le flot de production
à l'exportation comme à l'importation, il se doit maintenant de
se renforcer en matériel de point pour supporter le poids des
échanges.
En d'autre terme, le trafic maritime ne cessant de se
développer les installations qui risquaient de devenir prochainement
très insuffisantes feront l'objet d'un effort de financement important
devant permettre de développer le terminal à contenaire de Vridi,
l'extension des installations et réaliser « un terminal
sucrier, un poste cimentier et un céréalier
».55
Tous ces investissements ont eu un impact très positif
dans la mesure où le trafic maritime est devenu intense et depuis 1970,
Abidjan est devenu le plus grand port de l'ouest africain et depuis 1973, le
premier port à contenaire de la côte occidentale.
De même, l'accroissement des échanges liés
au rapport très étroit avec le chemin de fer a un impact
très positif sur l'économie ivoirienne étant donné
que le pays pouvait compter sur son port dont le volume des activités
était toujours en perpétuelle croissance.
En 1968, l'on a enregistré un trafic 4.745.000 tonnes
dont 1.969.000 tonnes à l'entrée et 2.776.000 tonnes sorties. En
1975, le constat est le même, ce sont 4.880.000 tonnes de marchandises
qui sont transportées dont 2.640.000 tonnes de marchandises diverses. En
1976, le trafic a atteint 9.000.000 de tonnes.
Au total, le Port Autonome d'Abidjan par l'entremise des
moyens de transport et de communication en général et du chemin
de fer tout
54 République de Côte-d'Ivoire, Etude
des transports en Côte-d'Ivoire, volume 6, les ports maritimes et les
transports lagunaires, France, Edirap 1979 p2
55 Henry Bourgoin. Philippe Guillaume, op-cit p117
singulièrement est devenu un outil indispensable depuis
les indépendances pour les autorités ivoiriennes pour hisser le
pays sur les sillons du développement.
De 1960 à 1970, le miracle ivoirien est un fait
avéré parce que d'une part les relations étroites entre la
voie ferrée et le Port d'Abidjan auront permis à la
Côte-d'ivoire d'exporter ses produits agricoles dont les devises vont
permettre de doter ce pays d'équipements nécessaire à son
développement.
Le développement du port est à l'image du pays,
les entrées sont constituées par les produits pétroliers
et les produits manufacturés destinés à la
Côte-d'Ivoire et aux pays limitrophes du nord de notre pays, les ciments
et les charpentes métalliques qui entrent dans la construction de maison
moderne vue l'accroissement du niveau de vie des populations.
Par ailleurs, les entrées sont aussi constituées
d'engrais, des papiers cartons pour la production industrielle, le sel, les
voitures particulières et les camions pour le transport des voyageurs et
des marchandises sur toute l'étendue du territoire et à
l'extérieur de celui-ci.
Quant aux sorties, elles portent essentiellement sur les bois
en grumes, le café, le cacao, les bois travaillés, les bananes,
les huiles, le coton et bien d'autres produits.
En fait, par l'entremise du chemin de fer, le Port d'Abidjan
s'affirme comme le lieu par excellence où les produits agricoles de la
Côte-d'Ivoire et des pays limitrophes transitent pour être
exportés.
Le trafic international étant un des
éléments clé dans les activités du chemin de fer,
ce moyen de transport et de communication va servir de pont entre le Port
d'Abidjan et les pays sahéliens dans leur approvisionnent en produits de
toutes sortes.
Le trafic qui est devenu très intense à partir de
1960 s'est beaucoup accru dans les années 70 (voir tableau 15).
90
Tableau 15
Port transit avec l'arrière pays sahéliens
(milliers de tonnes)
|
Mali
|
Haute-volta
|
Niger
|
import
|
export
|
total
|
import
|
export
|
total
|
import
|
export
|
total
|
1971
|
49250
|
25190
|
75040
|
101250
|
35600
|
136850
|
1810
|
117
|
1927
|
1972
|
49229
|
25560
|
74789
|
101240
|
35580
|
136820
|
1806
|
116
|
1922
|
1973
|
96056
|
36100
|
132156
|
119550
|
37200
|
156750
|
2270
|
176
|
2946
|
1974
|
163140
|
20650
|
183790
|
103104
|
32700
|
135840
|
6740
|
968
|
7708
|
1975
|
78600
|
21790
|
100390
|
65300
|
17080
|
82380
|
1049
|
240
|
10657
|
1976
|
86350
|
68610
|
154960
|
98260
|
68730
|
166990
|
14480
|
4610
|
19090
|
Source : Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume,
Côte-d'Ivoire économie et société, Paris,
Stock 1979, p118
Le constat que nous faisons lorsqu'on analyse ce tableau est
que le Port Autonome d'Abidjan est un partenaire incontournable pour le bien
être des pays sahéliens.
De ce fait, le trafic qui naît entre le Port et ces pays
est beaucoup favorisé par les moyens de transport et de communication et
surtout le chemin de fer qui va jouer parfaitement son rôle dans
l'approvisionnement de ces pays du nord de la Côte-d'Ivoire.
Par ailleurs, il convient de signaler que le trafic avec le
Mali, la Haute-Volta et le Niger a pris véritablement du volume à
partir des années 70 à cause de la modernisation du port d'une
part et des installations du chemin de fer d'autre part.
Ce qui convient de noter encore est que dans ce trafic, les
importations sont plus importantes que les exportations car les pays comme la
Haute-Volta, le
Mali et le Niger ont de forts besoins en marchandises de
toutes sortes parce que ces Etats sont toujours en construction
perpétuelle et ils ont besoin de technologies avancées venant des
pays occidentaux pour essayer de combler le retard en matière
d'équipements.
Quant aux exportations, il faut reconnaître que ces pays
n'ont pas grande chose à exporter, ce sont les produits de l'agriculture
dont le coton qui prennent une part belle au trafic.
De ce fait, c'est le ciment, les matériaux de
construction, les marchandises diverses et surtout les hydrocarbures qui
constituent le plus gros du trafic du Mali et surtout la Haute-volta qui
apparaissent comme les plus gros clients du chemin de fer et du Port Autonome
d'Abidjan dans le trafic avec l'arrière pays sahélien.
De même, dans l'analyse des chiffres, nous avons
constaté une baisse du trafic avec les trois pays à partir de
1972 et 1975.Il faut noter que cette baisse est le fait aussi de la
première crise pétrolière qui a secouée les
économies du monde entier.
Et sachant que le gros du trafic de ces pays concerne les
hydrocarbures c'est fort probable que le trafic ait pris un coup.
Par ailleurs, le trafic a marqué un coup d'arrêt
dans son évolution à cause des problèmes politiques
(guerre) entre le Mali et la Haute-Volta qui a nécessité la
fermeture des frontières. Comme conséquences directes, il y a la
baisse du trafic du chemin de fer et du Port d'Abidjan en direction de ces
trois pays.
Par la même occasion, il est important de souligner que
la route va concurrencer durement la voie ferrée dans les années
70, dès lors le trafic vers le Mali sur le chemin de fer sera
perturbé car une partie importante du trafic emprunte la route via
Ouangolodougou ce qui va amener les autorités ivoiriennes à
préconiser le prolongement du rail en direction de ce pays pour lutter
efficacement contre cette concurrence.
92
Après tous ces problèmes évoqués,
le trafic reprend de plus belle et connaît une croissance très
satisfaisante.
Au total, l'impact du chemin de fer sur l'économie par
rapport au développement du Port d'Abidjan est perceptible dans la
mesure où la voie ferrée va se positionner comme un partenaire
indissociable du trafic du port avec ses clients du nord de la
Côte-d'Ivoire ainsi que ceux des pays occidentaux.
Ainsi donc, des recettes importantes vont être
engrangées par le port à travers les exportations de certains
produits que sont le café, le cacao et autres (voir graphique 2)
Graphique 2
Recettes de quelques produits de base
exportés
(milliards)
250 200
|
|
|
|
150 100 50 0
|
|
1960 1965 1976 1977
|
|
|
|
Café vert cacao fèves Bois grumes Coton masse
|
|
|
Comme l'indique les données de ce graphique, les
principales ressources à l'exportation restent les trois grands produits
de bases que sont le café, le cacao et le bois en grumes qui apportent
à l'Etat de Côte-d'Ivoire d'énormes devises qui sont
perceptible avec les recettes engrangées dans l'exportation de ces
produits.
Nous remarquons que les recettes du café sont plus
importantes que celles du cacao à cause des problèmes de
gelées qu'a connu le Brésil et qui ont détruit une partie
de la récolte, puis les difficultés politiques de l'Angola ont
entraîné un resserrement de l'offre sur les marchés
mondiaux provoquant une flambée des cours et entraînant une
demande accrue du café ivoirien.
En dehors de ces produits, l'Etat va se tourner vers d'autres
produits dans sa politique de diversification de nos produits d'exportation
pour lutter contre la domination sans faille du binôme café cacao
dans notre économie.
C'est ainsi que le coton prend du volume au nord, les
palmistes qui rapportent 6,3 milliards en 1976, le riz et le sucre.
De même, les recettes tirées du trafic avec
l'arrière pays sahéliens connaissent une évolution
sensible, avec le Mali, elles sont de 2,3 milliards en 1972 pour atteindre 12,5
milliards cinq ans plus tard.
Quant à la Haute-Volta, elles s'élèvent
à 2,4 milliards en 1972 pour enfin franchir le cap des 11milliards en
1977.
La remarque qu'on fait est que le trafic avec le Mali procure
un peu plus de devises qu'avec la Haute-Volta tout simplement parce qu'une
partie du trafic Mali se fait par la route et nous savons que la route du point
de vue des prix unitaires pratique un prix assez élevé que le
chemin de fer sur lequel tout le trafic vers la Haute-Volta se fait.
Ainsi donc, les bénéfices de ces trafics vont
permettre de développer la Côte-d'ivoire dans la mesure où
ils serviront à financer des projets de développement (routes,
assainissement et distribution d'eau).
En somme, le chemin de fer a un impact positif sur
l'économie ivoirienne par rapport à ses relations très
étroites avec le Port d'Abidjan et en tant que moyen de transport et de
communication, il va servir de pont entre notre pays et les pays
sahéliens dans leur volonté de se ravitailler au Port d'Abidjan
en produits de toutes sortes.
Ainsi donc, à travers les produits qu'il transporte
à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, la voie
concoure au développement des activités du port qui prennent du
volume, dès lors, le port va se présenter comme
« le poumon de l'économie» du pays
à travers les énormes devises q'il fait entrer dans les caisses
de l'Etat de Côte-d'Ivoire.
94
En d'autre terme, si nous avons pu parlé d'un miracle
dans l'économie ivoirienne de 1960-1980, cela a été
possible grâce aussi aux moyens de transport et de communication comme le
chemin de fer qui a joué un rôle prépondérant dans
le transport des voyageurs et surtout des marchandises du Port d'Abidjan vers
des destinations diverses.
Quelque soit la concurrence de la route, des voies lagunaires
et maritimes et le transport aérien, la voie ferrée n'a jamais
failli un instant à sa mission qui est de contribuer à sa
manière à l'accroissement de l'économie ivoirienne.
Cependant, force est de constater que ce moyen de transport et
de communication est confronté à de nombreuses difficultés
qu'il convient d'évoquer afin que leur résolution puisse
permettre au chemin de fer d'être encore plus performant pour le bonheur
de l'économie ivoirienne.
Chapitre II : LES LIMITES DU TRANSPORT FERROVIAIRE
DE
1960- 1980
De 1960 jusqu'en 1980, le chemin de fer en Côte-d'Ivoire
a joué sa partition dans le développement économique et
social du pays.
En effet, avec un volume des trafics qui a connu une
croissance au fil des années, l'Etat de Côte-d'Ivoire avait les
moyens pour réaliser les différents projets de
développement.
Cependant, force est de constater que si des résultats
significatifs ont été enregistrés du point de vue de son
impact sur les zones traversées et l'économie ivoirienne, il faut
néanmoins reconnaître qu'il est confronté à
d'énormes difficultés du point de vue matériel et
technique qu'il convient de résoudre le plus rapidement possible afin de
lui permettre d'être encore plus compétitif pour le
développement de la Côte-d'Ivoire.
A- : Les limites du réseau ferroviaire
1- La vétusté de la ligne et du
matériel
Le réseau ferroviaire en Côte-d'Ivoire qui est
née de la colonisation est à l'image de la quasi-totalité
de l'infrastructure ferroviaire de l'Afrique de l'ouest.
Construit au début du 20ème
siècle, presque toutes les voies au lendemain des indépendances
étaient vétustes du fait de leur âge, du manque
d'entretient et de l'inadaptation de la conception aux conditions d'une
exploitation ferroviaire efficace et moderne.
En effet, même si des investissements ont
été fait durant des années pour son amélioration,
il faut cependant reconnaître que le chemin de fer aurait pu être
encore plus performant si la voie était plus
développée.
Le réseau connaît des problèmes
d'infrastructures, il est resté dès lors vétuste et
hétérogène et n'offrent pas souvent des
caractéristiques d'une voie exploitable selon les normes et les
techniques d'un trafic économique.
96
La voie est caractérisée par « une
tracé accidentée avec des rampes maxima de
250/100 »56 , un rayon minimum de courbes de 180
mètres ; ce sont des rails légers de « 25 kilogrammes au
mètre avec un travelage faible de 1,328 traverses par mètre
»57.
Il est évident que de telles caractéristiques
qui convenaient à l'époque de la construction du réseau ne
pouvaient plus répondre à un moment donné aux exigences
d'un trafic commercial intense que connaît la voie ferrée.
Par ailleurs, nous savons que le chemin de fer est un moyen de
transport et de communication qui vend des services mais un problème va
se poser dans le domaine du trafic des voyageurs.
En effet, la longueur des sections à voie unique entre
les gares limitent strictement le nombre de trains qu'il est possible de faire
circuler chaque jour et cela est évidemment une gène pour
l'assouplissement des horaires et par conséquent la commodité des
déplacements, d'où saturation du réseau.
Avec une voie métrique et unique de 25kg/m comme nous
l'avions déjà souligné plus haut et qui est
généralement non ballasté, le chemin de fer en
Côte-d'Ivoire jouait son rôle dans l'économie avec un
certain nombre de difficultés.
Du point de vue du matériel, notons qu'en 1963, le
réseau comptait « 28 locomotives, 21 locotracteurs et 16
autorails diéselisés de traction »58.
De même, le matériel remorqué était
composé de 945 wagons marchandises et de 97 wagons voyageurs.
Tous ces éléments demeurent non
négligeables car ils ont permis dans un premier temps à la
Côte-d'Ivoire et au chemin de fer d'honorer leur engagement
vis-à-vis des clients pour le bien de l'économie ivoirienne.
56 La voie de la Régie Abidjan-Niger,
op-cit P9
57 Id La voie de la Régie Abidjan Niger, op-cit
p9
58 Louis Edouard Settie, L'Etat et le processus de
développement en Côte-d'Ivoire 1960-1980 op-cit p27
Cependant, nous affirmons que si la voie était plus
développée avec des matériels de traction et de
remorquages plus performants, le rail en Côted'Ivoire pouvait
réaliser des résultats encore plus satisfaisants plus que ce
qu'il a déjà accompli dans l'économie ivoirienne.
Par la même occasion, avec un total de 1175 km dont 625
km pour la Côted'Ivoire, le chemin de fer qui traverse tout le pays agit
comme un outil indissociable à notre économie vu les
énormes services qu'il procure.
Mais le problème de la vétusté de la
ligne et du matériel se présentait comme une épine pour
une utilisation adéquate de ce moyen de transport et de
communication.
Par ailleurs, l'écartement de 0,91m qui est un
écartement dit de 0,91Decauville se présente comme un obstacle en
ce sens que c'est un chemin de fer à voie métrique qui exige
très peu de superstructure et conçu pour un transport pas trop
lourd.
Ainsi les caractéristiques de la voie limitent la
vitesse, le nombre et le poids des trains qui l'utilisent. De ce fait, dans le
trafic des marchandises et des voyageurs, il fallait respecter ces
prescriptions afin d'éviter des accidents comme le déraillement
des trains.
Au total, la vétusté de la ligne et du
matériel qui est l'héritage de la colonisation a constitué
un frein pour le chemin de fer afin de jouer pleinement son rôle en tant
que moyen de développement économique.
En dehors de cette vétusté de la ligne et du
matériel, notons aussi que la non orientation de la ligne demeure aussi
un problème.
98
2- La trajectoire unique de la ligne
En Côte-d'Ivoire, notre succès économique
repose sur notre agriculture et cette idée est perçue dans le
discours d'investiture du 30 Avril 1959 du chef de l'Etat ivoirien, Feu le
président Félix Houphouët BOIGNY lorsqu'il affirmait
« la Côte-d'Ivoire demeurera un pays à vocation agricole
»59.
Il faut comprendre par là qu'aux quatre coins du pays,
les cultures industrielles et vivrières sont produites et il faut les
transporter pour les convoyer vers les grands centres comme Abidjan afin de les
commercialiser où les exporter pour le bonheur de l'économie
ivoirienne basée sur l'agriculture.
Si des routes ont été construites,
développées et améliorées pour le faire dans
certaines régions, néanmoins force est de reconnaître
qu'avec un chemin de fer performant, le transport serait plus rapide et
régulier.
Par ailleurs, le besoin de se déplacer étant
entré dans l'habitude des populations ivoiriennes alors les
infrastructures de communication comme le chemin de fer se doivent d'être
à la disposition des populations.
Cependant, le problème de la voie ferrée en
Côte-d'Ivoire ne permet pas à un certain nombre de personne de
bénéficier de ses services.
En effet, « sa finalité première, c'est
le transport des produits lourds de la Haute volta, du Mali et du Niger vers
Abidjan et également les marchandises lourdes d'Abidjan vers ces pays
»60
De ce fait, il n'y a eu aucun embranchement en direction
d'autres régions à l'intérieur de la Côte-d'Ivoire.
Il ne fait que la traversée du nord au sud et vice-versa comme nous
l'avons évoqué.
En d'autre terme, la trajectoire unique du chemin de fer
ivoirien limite fortement sa rentabilité dans la mesure où des
régions comme l'ouest et l'est du pays qui sont de très fortes
régions agricoles pouvaient accroître encore le
59 Le Démocrate, édition spéciale
7 décembre 1993-7 décembre 1994, « pourquoi il faut
croire en Bédié », Abidjan, SI I 1993, p60
60 Louis Edouard Settié, op-cit p48
volume d'activité de la voie ferré. L'ouest du
pays avec la construction du Port de San-pedro, offre d'énormes
possibilités pour l'exploitation d'un trafic ferroviaire intense.
Quant à l'est qui est une forte zone de production de
cacao, peut être un atout essentiel dans l'accroissement du volume du
trafic marchandises de la Régie Abidjan-Niger.
En effet, cette zone qui concentre le plus grand nombre de son
trafic sur la route est un manque à gagner énorme pour le chemin
de fer dans la mesure où un tonnage important de cacao circule sur les
routes de cette région. Routes qui ont pris l'appellation de
«routes du cacao» à cause des quantités énormes
de cacao qui empruntent ces voies pour le Port d'Abidjan.
En d'autre terme, l'ouverture d'autres voies en direction
d'autres régions du pays contribuerait à désenclaver plus
les régions et à développer celles-ci par le transport des
marchandises et des voyageurs en direction du port et des autres villes de ces
régions.
Cette non orientation de la ligne est encore très
perceptible dans le trafic avec le Mali dans la mesure où la route
participe pour beaucoup dans le trafic des marchandises de ce pays car le
chemin de fer n'a pas d'embranchement dans le nord ouest.
De même, les problèmes entre le Mali et le
Burkina dans les années 70 a perturbé le trafic vers le Mali car
une partie des marchandises de ce pays passe par le pays des «hommes
intègres» ce qui a constitué une perte pour le réseau
ferroviaire et partant de là pour l'économie ivoirienne.
En somme, la voie ferrée ivoirienne a bel et bien eu un
impact positif sur le développement économique et social de la
Côte-d'Ivoire du point de vue de l'évolution des activités
du réseau et des recettes engrangée de 1960 à 1980.
Il serait difficile pour nous d'affirmer que ce moyen de
transport et de communication n'a pas joué sa partition dans le
développement économique de la Côte-d'Ivoire.
100
Cependant, la vétusté de la ligne et des
matériels et sa trajectoire unique ont été de tout temps
un handicap sérieux au bon fonctionnement de la voie ferrée en
Côte-d'Ivoire.
Dès lors, pour lui permettre d'être encore plus
efficace, l'Etat, la direction de la Régie Abidjan-Niger qui gère
le réseau ferroviaire ivoirien et les partenaires au
développement vont s'engager à trouver des solutions à ces
différents problèmes.
Ainsi donc, si des projets ont été
réalisés permettant l'accroissement des trafics du chemin de fer,
il faut reconnaître que beaucoup reste à faire.
B- : Les solutions
Cela passe de prime abord par la modernisation des
installations et du matériel afin de transporter plus de voyageurs et de
marchandises.
Il faut aussi envisager l'ouverture d'autres voies en
direction d'autres régions du pays pour rendre ce moyen de transport et
de communication plus compétitif.
1- La modernisation de la voie et du
matériel
Le développement économique rapide de notre pays
depuis 1960 a mis en lumière l'impérieuse nécessité
« d'adapter les moyens de transports ferroviaire aux besoins nouveaux
crées par l'augmentation du pouvoir d'achat des populations
»61.
Et cette situation s'imposait à la Côte-d'Ivoire
et au chemin de fer car la voie ne pouvait rester en aucune manière
vétuste durant toute la période de notre étude.
61 La Voie de la RAN n°9, op-cit p7
En effet, vu l'accroissement du volume des activités
« 1.214.581.427 voyageurs et 1.987.383.145 tonnes de
marchandises en 1965 »62, les autorités ivoiriennes
et la direction de la RAN ont l'obligation de moderniser la voie et le
matériel.
Cette modernisation passe par l'amélioration des
caractéristiques pour avoir une voie homogène d'Abidjan à
Ouagadougou pouvant permettre une exploitation plus fluide, rentable et sans
rupture des charges favorisant un accroissement du débit de la ligne.
En d'autre terme, la modernisation consistera à
réviser totalement et intégralement si possible le tracé
de la ligne pour ramener les caractéristiques à des valeurs plus
favorables permettant l'augmentation des charges et de la vitesse des
trains.
Aussi, faut il remplacer les rails légers de plus de 60
ans et arrivés à l'extrême limite d'usure par des rails
lourds.
Ainsi donc, la RAN avec ses différents partenaires au
développement vont prévoir des importants programmes
d'investissement de 50 milliards entre 1975 et 1980 pour «
l'acquisition de matériels roulants pour plus d'accroissement du volume
des trafics au plan national et international »63.
En tout état de cause, le remplacement de tout
l'armement de la voie s'impose dans la mesure où étant
vétuste et ayant dépassé la limite d'usure, il faut les
remplacer par un armement plus lourd entièrement soudé
adapté au poids par essieu des nouveaux matériels appelés
à circuler sur le réseau en permettant de réduire les
nombreux incidents enregistrés sur la voie (déraillement et
collusions).
62 Chemin de fer Abidjan-Niger, Rapport trafic de
la RAN 1965
63 Henri Bourgoin, Philippe Guilhaume, op-cit p112
102
Dès lors, l'Etat de Côte-d'Ivoire va investir
près de 37 milliards de francs CFA pour cette modernisation des
infrastructures. A ce effet, il fallait penser à remplacer les anciennes
voies à écartement de 1mètre par des voies pouvant
être portées à 1,067m soit A'6», «
des rampes maximales 100/00, des rayons de courbes maximales de 500 m
»64.
Les largeurs de la plateforme doivent avoir en remblais (5m),
en déblais 4,5 m) sans oublier que l'on a prévu aussi des rails
de poids techniques de 36,407 kg/m et soudés de gare à gare.
Les voies de garage doivent être équipées
de rails de 36,497 kg/m et il faut continuer à poursuivre le ballastage
de la voie.
Toutes ces opérations ont conduit à la
modernisation de certaines voies comme celle de Dimbokro et Tafiré (400
km), le dédoublement d'autres voies s'impose.
En 1968, nous avons enregistré la reconstruction de la
ligne Agboville et Dimbokro et le démarrage d'un vaste programme de
reconstruction et de modernisation qui va aboutir très certainement
à l'amélioration de certaines voies du réseau
ferroviaire.
Ainsi, de Décembre 1969 à Juillet 1973, il y a
eu la reconstruction de 105 km entre Agboville et Dimbokro, du 23 Septembre
1974 au 24 Juillet 1978, reconstruction total de 140 km de voie entre Dimbokro
et Bouaké.
En 1978, des travaux de reconstruction du réseau se
poursuivaient entre Bouaké et Pretionana et cette reconstruction est
envisagée jusqu'en 1981.
C'est en ce sens que pour être encore plus
compétitif, le chemin de fer en Côte-d'Ivoire se devait comme nous
l'avons annoncé moderniser son matériel de traction et de
remorquage.
64 La Voie de la régie Abidjan-Niger,
n°9, op-cit p10
Ainsi donc, en 1976, 13 motrices de 950 CV et de 35 voitures
en acier oxydable ont été acquises, des rames composées de
02 motrices, de 07 voitures pouvant transporter 600 voyageurs réduiront
le trajet Abidjan-Ouagadougou de 6 heures en 1977, des locomotives de 1800 CV
devraient être livrées.
En d'autre terme, l'évolution économique de la
Côte-d'Ivoire doit se faire en adéquation avec les moyens de
transport et de communication très efficaces.
Si des investissements énormes ont été
consentis pour construire, développer ou améliorer des routes et
des aérodromes, le chemin de fer a lui aussi été sujet
d'un intérêt tout particulier de la part des autorités
ivoiriennes des partenaires au développement que sont le Fond
Européen pour le développement et la Communauté Economique
Européenne sans oublier les différentes banques qui fond accorder
des prêts énormes à la RAN.
Ainsi donc, ces investissements vont permettre au chemin de
fer de constater une nette évolution et surtout une amélioration
constante de son matériel de traction et de remorquage.
Et cela se devait d'être fait dans la mesure où
le développement spectaculaire de la Côte-d'Ivoire et ses
répercutions sur celui des pays limitrophes dont singulièrement
la Haute-Volta est le souci inébranlable des responsables de la
Régie Abidjan-Niger ;
De ce fait, en 1980 le parc matériel se compose comme
suit : « 49 locomotives dont 22 locomotives BB 1800
CV »65,19 locomotives CC 2200 CV, 36 locotracteurs et 35
autorails.
Nous avons comptabilisé à cette période
aussi 1824 voitures et wagons dont 189 voitures, 1635 wagons marchandises dont
842 wagons couverts, 156 plateformes, 240 tombereaux, 51 tremis, 168 citernes,
5 voitures frigo, 82 portes conteneurs pour le transport des hydrocarbures et
des marchandises
65 Louis Edouard Settié, op-cit p188
104
manufacturées et enfin 20 porte-autos à deux
niveaux, 5 porte-autos à un niveau et 71 véhicules de service.
Tous ces acquis entrent dans la politique de
développement et d'amélioration de la voie ferrée qui a
débuté depuis les indépendances mais qui a connu de
l'engouement à partir de 1969.
De 945 wagons en 1963, nous sommes passé à 1635
wagons, ce qui dénote que l'accroissement des trafics qui a
nécessité l'acquisition de matériels neufs a porté
ses fruits pour le bonheur des usagers du chemin du fer.
En somme, la Régie Abidjan-Niger était en pleine
mutation pour un accroissement des possibilités de transport dans le
domaine des trains lourds de marchandises.
Par ailleurs, nous avons constaté une réduction
importante des charges d'entretien pour l'obtention de matériel plus
moderne, la création des possibilités de longs parcours sans
relais pour un meilleur service, et le projet d'ouverture d'autres voies pour
pallier aux insuffisance du réseau.
2- Ouverture d'autres voies et amélioration des
services
Avec l'évolution du volume d'activité du chemin
de fer et les énormes potentialités agricoles du pays, les
nouvelles autorités ivoiriennes ne pouvaient se focaliser uniquement sur
la seule voie ferroviaire qui traverse le pays du sud au nord et vice-versa
(voir annexe2) pour appréhender le désenclavement et le
développement de certaines régions du pays.
Si des routes et des aérodromes permettent de desservir
ces régions néanmoins, il parait fort utile voir indispensable
pour la Côte-d'Ivoire d'envisager l'ouverture d'autres voies afin de
permettre au chemin de fer d'être encore plus compétitif dans le
transport des voyageurs et des marchandises à travers presque toute la
Côte-d'Ivoire et dans la sous région face à la concurrence
très rude des autres moyens de transports et de communication.
Pour les activités au niveau d'Abidjan, une extension
est prévue pour la desserte de la zone industrielle Yopougon-Banco qui
sera d'un apport appréciable dans le transport des marchandises vers le
port pour l'exportation.
Cette ouverture était devenue une
nécessité pour la direction du chemin de fer d'où un avant
projet d'une voie ferrée de « 365 km de San-pedro au Mont
Klahoyo près de Man »66.
Au fait, la construction de la ligne San-pedro-Man longue de 350
km aura pour objectif l'évacuation du minerai de fer du Mont Klahoyo.
En d'autre terme, la mise en service de cette voie liée
à l'exploitation du gisement de fer de la région facilitera
l'intégration régionale du sud ouest et accentuera la vocation
industrielle de San-pedro débouché de toute la région.
Cette ligne si elle est prolongée ultérieurement jusqu' à
Odienné va permettre « l'évacuation du minerai de Nickel
dans cette zone du pays »67.
Par ailleurs, il est prévu une jonction de la voie qui
est envisagée entre Dimbokro, Yamoussoukro et Man et cette bretelle
desservira aussi Issia et Daloa.
Le trafic international étant d'une importance capitale
pour la Côte-d'Ivoire, la prolongation de la ligne San-pedro-Man vers
Odienné pourra « augmenter et améliorer
le trafic vers le Mali »68.
Au total, la nécessité d'ouverture d'autres
voies en direction d'autres régions du pays s'imposait à la
direction de la RAN d'une part et à l'Etat de Côte-d'Ivoire car le
développement économique et social doit se faire sur tout le
territoire national et avec tous les moyens possibles.
De même en tant que moyen de transport et de communication
il ne pouvait en aucune manière rester sans se moderniser.
66 La Côte-d'Ivoire de A à Z,
op-ct p30
67 La Côte-d'Ivoire, vingt ans, op-ct
p24
68 La Côte-d'Ivoire de A à Z,
op-cit p70
106
Ainsi donc pour le bien des voyageurs, du personnel et la
qualité des marchandises, qui sont livrées, une
amélioration des services devient une priorité.
En effet, le chemin de fer est un moyen de transport et de
communication qui vend des services. Et comme tel, les services qu'il propose
se doivent d'être à la hauteur des attentes de la
clientèle.
Si depuis les indépendances, il y a eu des
satisfactions, néanmoins, le réseau ferroviaire devait maintenant
s'adapter au développement rapide du pays. Dès lors, il devait
revoir en qualité les services de transport des voyageurs et des
marchandises afin de répondre d'une part aux exigences des clients et
d'autre part aux normes d'un trafic moderne.
Ceci étant, pour résoudre les difficultés
auxquelles la voie ferrée était confrontée, l'Etat
ivoirien prévoyait de rendre le chemin de fer encore plus apte à
jouer pleinement son rôle dans l'économie ivoirienne.
Ainsi donc, pour le service des voyageurs, et des
marchandises, il faut toute chose améliorer la qualité du
service, être toujours à l'écoute du client.
A vrai dire, il faut être des partenaires fiables,
respectueux des délais de livraison. Etre capable de donner aux clients
des maximums d'informations sur la disponibilité des wagons et
locomotives, les retards et les annulations.
L'amélioration des accueils réservés aux
voyageurs dans la gare et dans les trains fut une politique adoptée. Par
ailleurs il fut aussi prévu une politique de tarifs incitatifs dans les
années 70 afin de permettre au chemin de fer de résister à
la forte concurrence des autres moyens de transport et de communication dans le
transport des voyageurs et des tonnes de marchandises à
l'intérieur du pays mais aussi à l'extérieur de la
Côte-d'Ivoire.
Pour mieux garantir la sécurité des trains,
l'amélioration des réseaux de télécommunication est
d'une importance pour le bien du chemin de fer car pour un moyen de transport
et de communication qui vend ses services, les
réservations doivent se faire le plus rapidement
possible afin que l'acheminement de celles-ci se fassent correctement.
Ainsi donc, il faut équiper les différentes
gares de technologies modernes de pointe comme le téléphone, le
telex, le fax et même des ordinateurs qui seront relier entre eux afin de
faciliter les liaisons entre les gares.
Par la même occasion, cette nécessité
s'impose pour assurer la fluidité du trafic grâce à une
grande surveillance des convois dans leurs parcours. Le chemin de fer adopte un
système de radio-integrée sol train qui sera opérationnel
en 1978. Il y a aussi « le remplacement des fils
téléphonique par un câble coaxial de 48
circuits »69sur lesquels 12 ont été
loués aux administrateurs des postes et
télécommunications.
L'on note aussi l'installation des instruments de
transmissions, de communication et des équipements de
télégraphie harmonique et enfin l'installation des signalisations
lumineuse pour faciliter des commandes à distance.
Voyager sur de longues distances d'une manière
confortable est une priorité pour l'Etat ivoirien et le chemin de fer
qui mettent au service des voyageurs depuis 1975 « de nouvelles rames
auto-motrices rapides la Gazelle et le Bélier »70
Elles assureront la desserte Abidjan-Ouagadougou en 20 heures
et AbidjanBouake en 05 heures. Cet état des faits a fait croître
comme nous l'avons indiqué plus en haut une forte progression du trafic
des voyageurs.
En effet, le Bélier circule tous les jours de la
semaine entre Abidjan et Bouaké. C'est à la fois un train
d'affaire pour les populations de Bouaké qui peuvent dans la même
journée faire un allée retour sur ce réseau. Quand
à la Gazelle qui est un train rapide international de la RAN dessert
cinq (05) fois par semaine le centre, le nord de la Côte-d'Ivoire et la
Haute-Volta.
69 La voie de la régie Abidjan Niger
numéro spécial, p 15
70 République de Côte-d'Ivoire Etude
du transport en Côte-d'Ivoire, volume 7 op-cit p24
108
Cette amélioration des services était devenue
plus qu'une priorité dans la mesure où il fallait penser à
reconstruire les bâtiments des gares importantes afin de s'adapter aux
normes modernes de ventes des services que proposait la voie ferrée.
Ainsi, les gares de Bouaké, Dimbokro, Ferkessédougou ou Abidjan
ont été reconstruites.
Le développement de l'animation touristique et
culturelle fait l'objet d'un intérêt pour le chemin de fer
ivoirien car voyager à bord d'un train du sud au nord et vice-versa
permet de découvrir les voyages, les populations, et leurs cultures. La
création de ce service sera porteuse d'espoir.
Gérer un moyen de transport et de communication comme
le chemin de fer, l'on doit avoir à son service des hommes et des femmes
performants, des méthodes de gestion les mieux élaborée
afin que les résultats de l'exploitation soient judicieux et
harmonieux.
C'est dans ce contexte que la RAN qui gère le chemin de
fer ivoirien a prévu la promotion des hommes et des femmes par un
programme de formation et de perfectionnement des agents afin que ceux-ci
soient à la hauteur des nouvelles exigences dans le domaine des
transports par rail.
Par ailleurs, en raison de la rapidité de la croissance
des trafics, du chiffre d'affaire et des investissements, l'amélioration
des méthodes de gestion s'impose au chemin de fer dans la mesure
où sa gestion rigoureuse a permis d'une part à l'Etat de
Côte-d'Ivoire de miser sur les résultats plus satisfaisant du
réseau ferroviaire afin de réaliser les projets de
développement.
Et d'autre part éviter au chemin de fer de plonger dans
une crise de gestion profonde qui peut provoquer sa faillite.
Construire ou améliorer les buffets hôtels dans
les différentes grandes villes traversées par le chemin de fer
devient une priorité afin de permettre d'une part aux passagers et aux
personnels de la société en escale de manger et de se reposer
dans des infrastructures hôtelières adéquates (Ranhotel
Bouaké, cercle
des rails Abidjan) et d'autre part diversifier les
activités du réseau dans le but d'accroître ses revenus.
En d'autre terme, le chemin de fer ivoirien avait besoin
d'améliorer ses services pour répondre aux nouvelles exigences
d'un trafic ferroviaire moderne.
Dans la politique de développement de la
Côte-d'Ivoire, la nécessité d'harmoniser les
différents modes de transport notamment le rail et la route était
un souci permanent pour nos autorités.
C'est dans cette optique qu'il était prévu
l'aménagement d'un centre de transfert rail/route en vue de leur
utilisation optimale et permettre un rendement meilleur de ces infrastructures
de transport et de communication.
Si cette initiative se concrétise, c'est le trafic vers
le Mali qui va encore s'accroître et la construction ou la
réfection d'un certain nombre de route aboutissant à Dimbokro et
à Agboville fut indéniablement favorable au chemin de fer.
Au total, si l'on a enregistré des résultats
satisfaisants dès les indépendances dans le trafic du chemin de
fer cela veut dire que les investissements consentis ont porté fruit.
3- Les résultats
Les solutions apportées aux problèmes du chemin
de fer ont été d'une importance capitale dans la mesure où
elles ont contribué à l'évolution de ses
activités.
En effet, même certains problèmes n'ont pas
encore trouvés des solutions, néanmoins force est de
reconnaître que la modernisation de la voie et du matériel, le
dédoublement de certaines voies, l'achat de matériel neufs,
l'adoption de nouvelles méthodes de gestion, l'amélioration des
services entamés en 1963 et poursuivit jusqu'en 1980 ont eux des
résultats très probants dans le volume des trafics du chemin de
fer ivoirien.
110
Le trafic des voyageurs était toujours en nette
croissance (2576 milles voyageurs transportés en 1970 soit 621milions de
voyageurs par kilomètre) est un exemple ; dans le domaine des
marchandises, on enregistre en 1975 « 316 millions de
tonnes par kilomètre » 71 de marchandises
transportées ce qui est plus de trois fois supérieur à la
quantité transportée en 1960.
Pour mieux apprécier ces résultats
enregistrés après ces énormes investissements, il serait
très intéressant de nous référer à ce
tableau 16 qui presente les realisations et les previsions de la RAN .
Tableau 16
Réalisations et prévisions de le RAN de
1970 à 1985
Voyageur Marchandise
Année
|
Voyageurs/ Km
millions
|
Recettes millions
|
Tonnes/Km millions
|
Recettes millions
|
Recette total
|
1970
|
626
|
1.561.065
|
404
|
2.362.206
|
3.923.271
|
1975
|
837
|
2.089.057
|
516
|
3.014.840
|
5.103.897
|
1980
|
1.120
|
2.795.630
|
658
|
3.847.784
|
6.643.514
|
1981
|
1.188
|
2.963.367
|
691
|
4.040.174
|
7.003.541
|
1983
|
1.334
|
3.329.640
|
792
|
4.454.291
|
7.783.931
|
1985
|
1.500
|
3.741.183
|
840
|
4.910.856
|
8.652.039
|
Source : Régie Abidjan-Niger, Documents Financiers et
Statistiques 1961 à 1971, Abidjan 1971
71 Régie Abidjan-Niger, Documents financiers
et statistiques 1961 à 1970, op-cit, P16
Au regard des chiffes de ce tableau, notre première
observation porte sur l'évolution du trafic voyageurs et marchandises de
la RAN qui gère le chemin de fer ivoirien de 1970 à 1980.
Cette évolution est due essentiellement à
l'acquisition de nouveaux trains rapides de voyageurs (le Bélier),
l'amélioration des services dans les gares et les trains ainsi que
l'amélioration des voies.
Par ailleurs, nous constatons que les recettes du chemin de
fer ont subi une évolution très nette à cette même
période.
Pour les prévisions du trafic de 1980 à 1985, le
constat est le même, nous notons une croissance du volume des voyageurs
par kilomètre et des tonnes par kilomètre même si on
constate une légère hausse dans les prévision de 1981
1milliard 188 millions de voyageurs par kilomètre par rapport à
1980.
La conclusion que l'on peut tirer ici est que la crise
économique qui frappe le pays semble ne pas avoir trop de
répercussions sur le chemin de fer dans la mesure où si ces
prévisions sont respectées, ce sont les recettes qui vont
continuer à accroître.
En un mot, les solutions apportées par l'Etat et par la
direction de la Régie Abidjan-Niger ont été très
utiles car le chemin de fer ivoirien est plus que présent dans
l'économie de la Côte-d'Ivoire, par le transport des voyageurs et
des marchandises.
Du point de vue des taxes (TVA : taxes sur les valeurs
ajoutées) que l'Etat prélève sur les importations et les
exportations, le chemin de fer apparaît en tout état de cause
comme un atout indispensable dans notre économie parce qu'il engrange
des sommes considérables pour l'Etat ivoirien.
Par ailleurs, le renouvellement du réseau a eu pour
résultat direct aussi l'accroissement du fond national d'investissement
qui intervient comme son nom l'indique dans le financement des projets
d'équipement de la Côte-d'Ivoire. Au total, les solutions
apportées aux limites du chemin de fer ivoirien ont permis au
réseau ferroviaire de s'équiper et d'être encore plus
performant
CONCLUSION
112
Le développement économique et social de la
Côte-d'Ivoire dès les indépendances a
nécessité l'apport de tous les moyens de transports et de
communication et surtout du chemin de fer.
En effet en 1960, le souci majeur des autorités
ivoiriennes est de parvenir à construire un Etat moderne et
développé ce pourquoi, il fallait miser sur tous les moyens
possibles pour y parvenir.
C'est fort de ce constat que quoique vétuste dès
les indépendances, le chemin de fer va commencer à jouer sa
partition dans le développement de notre pays dans la mesure où
l'Etat a assigné, aux infrastructures de transport et de communication
en général et au chemin de fer tout singulièrement, une
place à conserver et un rôle spécifique, à savoir la
mission d'assurer à des coûts réduits l'évacuation
des produits d'importation et d'exportation à l'intérieur comme
à l'extérieur du pays.
Les résultats vont très vite se faire sentir sur
l'économie ivoirienne en ce sens que les différents services que
propose la voie ferrée connaissent un accroissement de leurs
activités.
Par ailleurs, lorsque nous nous focalisons sur
l'évolution des activités du réseau de 1960-1980, le
constat est très intéressant en ce sens que le chemin de fer
connaît toujours un accroissement net du volume du trafic voyageurs et
marchandises même si de temps à autre, nous assistons à une
baisse du volume des activités surtout en 1973 et 1975 à cause
des difficultés de tous ordres.
Difficultés qui ont pour noms le choc pétrolier
de 1973 qui ébranle toutes les économies du monde entier et la
guerre qui a opposé la Haute-Volta et le Mali, deux gros clients du
réseau en 1975.
Cependant, ces problèmes n'ont en rien alterné
l'élan du chemin de fer de contribuer à sa manière au
développement de la Côte-d'Ivoire.
De même, dans la politique du gouvernement de miser sur les
moyens de transport et de communication pour le déplacement des
personnes et
114
l'acheminement des marchandises, le chemin de fer va occuper
une place de choix dans le coeur des populations.
En effet, à partir de 1960, la voie ferrée jouit
d'un quasi-monopole de fait dans le transport des marchandises et des voyageurs
par rapport aux transports terrestres et aériens parce que dès
les indépendances, il parait être plus outillé et plus apte
à accomplir cette mission que les autres moyens de transport et de
communication.
Ceci parce qu'il a la possibilité de rouler longtemps
et de transporter des marchandises lourdes en grande quantité sur de
longues distances et à des prix défiants toute concurrence. Tel
est aussi le cas avec le transport par voie d'eau qui ne pouvait en aucune
manière égaler les performances du réseau ferroviaire.
Cependant, force est de reconnaître que les
difficultés que va rencontrer la voie ferrée et la volonté
des autorités ivoiriennes de miser aussi sur les autres moyens de
transport et de communication va permettre de voir le monopole du chemin de fer
être concurrencé sur un ensemble de services proposés.
En d'autres termes, la création et le
développement du transport par la route (gros camions, autocars spacieux
et confortables), des aérodromes et des voies lagunaires viennent
à point nommé pour permettre de désenclaver les
différentes régions du pays.
Néanmoins, cette concurrence des autres moyens de
transport et de communication n'entravera en rien la capacité du chemin
de fer de jouer un rôle tout particulier dans le développement de
la Côte-d'Ivoire. Ce rôle va se résumer à acheminer
les voyageurs et les marchandises vers les destinations souhaitées mais
situées sur le tracé de la ligne.
Ainsi donc, de 1960-1980, le chemin de fer de par ses services
voyageurs et marchandises va transporter un nombre impressionnant de voyageurs
et marchandises à l'intérieur de la Côte-d'Ivoire et
surtout à l'extérieur à cause des liens commerciaux qui
lient le pays à ses voisins du nord.
Par ailleurs, le rail intervient comme un puissant pourvoyeur
d'emplois car la où passe le chemin de fer, des emplois de toutes sortes
se créent pour le bien des populations locales.
Au total, le réseau ferroviaire devient en
Côte-d'Ivoire un outil qui permet d'améliorer les conditions de
vie des populations car le train draine avec lui des avantages que les
populations de ces localités vont acquérir (écoles,
hôpitaux et autres) qui sont mis en place par l'Etat ivoirien et qui
leurs permettent d'élever leur niveau de vie.
La mise en service du réseau ferroviaire a
été faite dans le but de drainer les richesses de notre pays vers
les lieux d'exportation par le passé, mais en 1960 les autorités
ivoiriennes vont quant à elles utiliser ce moyen de transport et de
communication pour le développement économique et social de la
Côted'Ivoire.
Au travers de ses différents rôles, le chemin de
fer va s'imposer et avoir un impact très positif sur notre
économie et cela passe de prime abord par le développement des
zones traversées où les villes connaissent une évolution
manifeste par l'accroissement des populations qui sont à la recherche
d'un travail et de conditions de vie meilleure.
De même, nous enregistrerons dans ces villes la
présence des services (banques, assurances, commerce, postes etc.) sans
oublier l'électricité qui entre dans les habitudes des
populations.
Par la même occasion, la voie ferrée sera
indispensable dans la volonté de l'Etat ivoirien de mettre en place des
unités industrielles afin de faire de la Côted'Ivoire un Etat
industriel. Cela va se concrétiser en acte avec la création d'un
certain nombre de complexes industriels qui auront pour objectif de transformer
les produits locaux et le chemin de fer se chargera de les évacuer vers
les différents points d'exportation.
Les résultats ont été très
intéressants car ces zones vont connaître un développement
sans faille (Bouaké deuxième ville importante du pays
après
116
Abidjan) et ces industries vont permettre à notre pays de
miser maintenant sur un tissu industriel pour son développement.
Quant à l'impact du réseau ferroviaire sur notre
économie, nous allons le juger par rapport à son apport au
produit intérieur brut (PIB) de la Côte-d'Ivoire.
Faisant partie intégrante du secteur tertiaire et du
transport en particulier, son impact sur le PIB sera très positif dans
la mesure où occupant la troisième place en terme de
participation au PIB en 1960, le tertiaire en général et le
transport en particulier dont le chemin de fer va s'accroître pour
participer à près de 48 % dans la production intérieure
brute de la Côte-d'Ivoire tout au long de notre période
d'étude.
Par ailleurs, l'impact du chemin de fer se vérifie
aussi sur le développement des activités du port et de par ses
liens très étroits avec les installations portuaires, le chemin
de fer sera de prime abord un pont entre le port et les pays comme le Mali, la
Haute-Volta et le Niger qui s'approvisionnent dans notre pays en marchandises
diverses (hydrocarbures, ciment, matériaux de construction...).
Nous savons que les principaux produits d'exportation de la
Cote d'Ivoire et des pays sahéliens proviennent de l'agriculture, donc
le réseau ferroviaire va se charger de convoyer ses produits vers le
Port d'Abidjan pour être exportées de part le monde entier.
Bien que le chemin de fer ait contribué à donner
une image positive à l'économie ivoirienne, néanmoins il
existe des zones d'ombre dans son fonctionnement qui ne lui ont permis
d'être plus efficace.
En effet, la construction qui date depuis la colonisation est
vétuste et ne permet pas de faire un trafic intense. De même, le
matériel de traction et de remorquage ne répondait pas souvent
aux attentes des autorités.
Quant au tracé de la ligne qui part du Sud au Nord et
vice -versa ne permet pas d'exploiter convenablement les potentialités
d'un chemin de fer dans la mesure où il y a des régions du pays
qui du point de vue de leur importance dans
la production agricole ont besoin d'être visitées
par le réseau ferroviaire pour évacuer plus facilement leurs
productions quand la route et l'avion font défaut.
Mais très vite, des solutions vont être
envisagées par l'Etat ivoirien, la direction de la régie
Abidjan-Niger et les partenaires au développement pour permettre
à la voie ferrée d'être encore plus opérationnelle
que par le passé.
C'est dans cette optique que la voie va être
modernisée pour l'adapter à un trafic moderne et pouvant
supporter des charges plus lourdes. Pour le matériel, la voie a acquis
de nouveaux matériels de traction de remorquage qui vont lui permettre
de répondre aux exigences d'un trafic ferroviaire plus intense.
Enfin, pour un moyen de transport et de communication qui vend
des services, il faut de tout temps améliorer les services afin de
permettre aux clients de voyager dans des conditions optimales.C'est pourquoi,
nous avons enregistré la venue sur le réseau de trains modernes,
rapides et confortables comme le «Bélier» à partir
de1975.
Par la même occasion, il fallait doter le chemin de fer
d'installation adéquates pour permettre aux travailleurs d'être
dans de meilleures conditions de travail afin que les résultats soient
positifs, d'où la construction buffets hôtels et de la
reconstruction de certaines gares (Abidjan-Bouaké).
Il fallait doter la voie de matériel de protection, de
matériels informatiques et téléphoniques de pointe pour
relier les différentes gares.
Au total, les solutions qui lui seront apportées ont
permis au réseau d'avoir des résultats encore spectaculaires
jusqu'en 1980.
Cependant, avec la crise économique qui secoue notre
pays, sommes nous inquiet du fait que le chemin de fer subisse les
conséquences de cette crise économique.
ANNEXES
118
Annexe 1 : Infrastructure des transports
121
Annexe 2 : Esquisse de structuration à
long terme de l'espace national
Annexe 3 : Une vue du matériel de
traction de la RAN
123
Annexe 4 : Graphique évolution du trafic
voyageur de 1964-1979
Annexe 5 : Graphique évolution du trafic
marchandises de 1964-1979
125
Annexe 6 : Chargement des trains de la RAN
LISTE DES TABLEAUX
ET GRAPHIQUES
127
TABLE DES TABLEAUX
|
|
Tableau 1 : Etapes de la construction du Rail en
Côte-d'Ivoire
|
..14
|
Tableau 2 : Evolution trafic voyageurs de la RAN de 1960-1971
|
..23
|
Tableau 3 : Trafic voyageurs de la RAN de 1971-1980
|
..24
|
Tableau 4 : Evolution des recettes voyageurs de la RAN de
1961-1980
|
25
|
Tableau 5 : Trafic marchandises de la RAN de 1960-1976
|
29
|
Tableau 6 : Principales marchandises transportées en 1964
|
30
|
Tableau 7 : Trafic marchandises de la RAN 1960-1975
|
.34
|
Tableau 8 : Trafic RAN des produits pétroliers
|
..36
|
Tableau 9 : Tarif moyen de modes de transport
|
..43
|
Tableau 10 : Routes bitumées de 1975-1980
|
47
|
Tableau 11 : Le parc automobile de 1973-1979
|
..48
|
Tableau 12 : Evolution trafic à l'aéroport
d'Abidjan
|
52
|
Tableau 13 : Evolution population des villes sur le chemin de fer
|
..71
|
Tableau 14 : Part du secteur tertiaire dans le PIB de la
Côte-d'Ivoire
|
.83
|
Tableau 15 : Port transit avec l'arrière pays
sahélien
|
90
|
Tableau 16 : Réalisations et prévisions de la RAN
de 1970-1985
|
.110
|
TABLE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Trafic RAN voyageurs et marchandises 1960-1976
41
Graphique 2 : Recettes de quelques produits de base
exportés (milliards) 92
SOURCES ET
BIBLIOGRAPHIE
129
I. SOURCES IMPRIMEES
Chemin de fer Abidjan-Niger, Documents financiers et
statistiques
1961-1970, Abidjan 1971, 28 p Chemin de fer
Abidjan-Niger, RAN, Abidjan, Sedu1978, 87 p Chemin de fer Abidjan-Niger,
Rapport trafic de la RAN 1960 Chemin de fer Abidjan-Niger, Rapport
trafic de la RAN 1961 Chemin de fer Abidjan-Niger, Rapport trafic de la
RAN 1962 Chemin de fer Abidjan-Niger, Rapport trafic de la RAN 1965
Chemin de fer Abidjan-Niger, Rapport trafic de la RAN 1966 Chemin
de fer Abidjan-Niger, Rapport trafic de la RAN 1977 Chemin de fer
Abidjan-Niger, Rapport trafic de la RAN 1979 République de
Côte-d'Ivoire, Etude des transports en Côte-d'Ivoire, volume
3,
le transport ferroviaire, Abidjan, SETEC 1970,
86p
II. BIBLIOGRAPHIE
> Instruments de travail
Atlas de Côte-d'Ivoire, Abidjan, IGT,
Université d'Abidjan 1979 Encyclopedia Universalis, corpus3,
Paris 1984, 1238 p
Grand Larousse en 5 volumes, volume1, Paris, Larousse
1987, 640 p
> Ouvrages généraux
Bourgoin (H), Guilhaume (P), Côte-d'Ivoire, Economie et
société,
Paris, Stock 1979, 335p
Chevassu (J), Valette (A), Les industries agro-alimentaires,
les indus- tries chimiques et assimilées, Abidjan, Orstom 1974, 112
p
Chevassu (J), Valette (A), Les Revenus distribués par
les activités indus- dustrielles en Côte-d'Ivoire, Abidjan,
Orstom, 1975, 68 p
Communauté Economique Européenne, Les Transports
en Côte-d'Ivoire, Etude
Préliminaire, Paris, Sedes 1969
Côte-d'Ivoire, Vingt ans, Abidjan, Fraternité
Hebdo 1980, 180 p
Coquery-Vidrovitch (C), S/D, L'Afrique occidentale au temps
des français colo- nisateurs et colonisés 1860-1960,
Paris,
la Découverte 1992, 460 p
Coquery-Vidrovitch (C), Moniot (H), L'Afrique noire, 1800
à nos jours,
France, Puf 1993, 499p
Direction générale des Ports Autonomes d'Abidjan
et San-pedro, Le Port d'Abi-
djan, hier, aujourd'hui, demain et perspectives
de San-pedro, Abidjan, Eblé 1975, 223 p
Encyclopédie générale de la Côte-d'Ivoire, tome3,
La vie de la Nation, Abidjan
NEA 1978, 1187 p
IVème Congrès du PDCI-RDA, 23-25 septembre
1965, Abidjan 1965
VIème Congrès du PDCI-RDA, 15-16 octobre
1975, Abidjan, Offset SII 1976, 315 p
La Côte-d'Ivoire de A à Z, Abidjan, NEA 1977,
128 p
La Côte-d'Ivoire de 1960-1970, « Dix ans de
progrès», Abidjan, Ivoire scribe
1970, 182 p
Ministère de l'information, Les deux premières
décennies de l'indépendance
Ivoirienne 1960-1980, Abidjan, SII 1989, 144 p
Ministère de l'information, La Côte-d'Ivoire d'hier à
demain, Paris, édition
Minuit 1979, 376 p
Ministère du plan, Inventaire économique de la
Côte-d'Ivoire 1947-1956, Paris
131
Paul Dupont 1958, 187 p
République de Côte-d'Ivoire, Etude des transports
en Côte-d'Ivoire, volume 6,
«Les Ports maritimes et le transport lagunaire»,
France, Edirap 1979, 75 p
République de Côte-d'Ivoire, Etude des Transports
en Côte-d'Ivoire, volume 7, Le transport aérien, France,
Edirap 1970, 65 p
République de Côte-d'Ivoire, Ministère du
plan, Perspectives décennales de dé- Veloppement
économique, social et culturel 1960- 1970, Monaco, Paul Bory 1967,
249 p
République de Côte-d'Ivoire, Ministère du
plan, Plan quinquennal de dévelop- Pement économique, social
et culturel 1971-1975, Paris, R.Royer 1971, 52p
République de Côte-d'Ivoire, Ministère du
plan, Plan quinquennal de dévelop- Pement économique, social
et culturel 1976-1980, Abidjan, NEA 1977, Volume I 177p, Volume II 449P
Volume III 671p
Samir Amin, Le développement du capitalisme en
Côte-d'Ivoire, Paris, édition
Minuit 1979, 376 p
Settie Louis Edouard, L'Etat et le processus de
développement en Côte-d'Ivoire 1960-1980, Abidjan, Ipnetp1997,
278 p
Topor d'Almeida Hellène, L'Afrique au XXéme
siècle, Paris, Armand Colin 1994 363 p
III. MEMOIRES ET THESES
Namlamban Coulibaly, La place des infrastructures de communi-
Cation dans la politique française des inves- tissements 1946-1960,
mémoire de maîtrise Abidjan, Université nationale de
Côte-d'Ivoire 1985, 248 p
Maestri Edmond, Le chemin de fer en Côte-d'Ivoire,
histoire, problèmes Techniques, influences sociales, économique
et Culturelles, Aix-en- Provence, Université de
Provence 1976, volume1, 444 p, thèse 3éme cycle
Semi-Bi-Zan, La politique colonial des travaux publics en
Côte-d'Ivoire 1930-1940, Paris, Université de Paris VII 1973,
387 p Thèse 3ème cycle d'Histoire
VI. REVUES
Afrique industrie, Infrastructure «Les chemins de fer en
Afrique» n°80, 1er Avril
1973, Paris, Euxos 1973, 50 p
La Voie de la Régie du chemin de fer Abidjan-Niger,
n°9, Abidjan, ICI 1971 24 p
La Voie d la Régie du chemin de fer Abidjan-Niger,
numéro spécial, Abidjan,
Sedu 1977, 64 p
Le Démocrate, édition spéciale, 7
décembre 1993- 7 décembre 1994, «Pourquoi Il faut croire en
Bédié» Abidjan, SII 1993, 90 p
133
Ministère de l'information, Les voies de communication
dans l'infrastructure Ivoirienne, Abidjan, Offset, 126 p
Revue générale des chemins de fer, Afrique
subsaharienne, Paris, Dunob 1995, 119 p
Revue générale des chemins de fer, Le rail et le
monde«Restructurer pour
Mieux gérer», n°12, Paris, Dunob 1992,
55 p
TABLE DES MATIERES
135
Pages
Dédicace I
Remerciements II
Sigles et abréviatons III
Sommaire IV
Introduction .5
Première partie : APERCU GENERAL SUR LE CHEMIN DE
FER
|
12
|
Chapitre I : PRESENTATION DU RESEAU FERROVIAIRE
|
.13
|
A- : Les activités du chemin de fer en 1960
|
13
|
1- : Historique
|
.13
|
2- : Les services proposés
|
15
|
|
B- : Evolution des activités de 1960-1980
|
21
|
1- : Le trafic voyageurs
|
21
|
2- : le trafic marchandises
|
27
|
|
Chapitre II : LA PLACE ET LE ROLE DU CHEMIN DE FER
DANS
|
|
L'ECONOMIE IVOIRIENNE DE 1960-1980
|
.38
|
A- : La place du réseau ferroviaire
|
.38
|
1- : Par rapport aux transports terrestres et aériens
|
.38
|
2- : Par rapport aux voies lagunaires et maritimes
|
54
|
|
B- : Le rôle du chemin de fer
|
58
|
1- : Acheminement des voyageurs et des marchandises
|
58
|
2- : Puissant pourvoyeur d'emplois
|
61
|
3- : Amélioration des conditions de vie des populations
|
63
|
|
Deuxième partie : LE CHEMIN DE FER DANS LE
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA COTE-D'IVOIRE .66
Chapitre I : LES IMPACTS DU CHEMIN DE FER SUR LE DEVELOP-
PEMENT ECONOMIQUE 67
|
A- : Sur les zones traversées
|
.67
|
1- : Evolution des villes traversées
|
67
|
2- : Développement des unités industrielles
|
.73
|
|
B- : Sur l'économie de la Côte-d'Ivoire
|
.78
|
1 : Par rapport au produit intérieur brut (PIB)
|
78
|
2 : Par rapport au développement du port
|
.86
|
Chapitre II : Les limites du transport ferroviaire
A- : Les limites du réseau ferroviaire
1- : La vétusté de la ligne et du matériel
2- : La trajectoire unique de la ligne
|
..95
..95 95 .98
|
B- : Les solutions
|
.100
|
1- : Modernisation de la voie et du matériel
|
100
|
2- : Ouverture d'autres voies et amélioration des
services
|
...104
|
3- : Les résultats
|
109
|
|
Conclusion
|
112
|
Annexes
|
.118
|
Table des tableaux et graphiques
|
125
|
Sources et bibliographie
|
127
|
Table des matières
|
133
|