SECTION II :
VALIDATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DES RATIOS
PRUDENTIELS SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER
La banque est, par nature, un
système complexe présentant la spécificité
d'intégrer plusieurs fonctions. Le processus de production recouvre
notamment deux fonctions : une activité de production d'actifs
financiers et une activité de services endogènes.
L'activité de production correspond à la double fonction
d'intermédiation et de transformation selon l'approche de Gurley et Shaw
(1960). Elle est donc assimilable à une opération
financière réalisée par la banque pour le compte de son
client. L'activité de service consiste en une prestation offerte par la
banque à sa clientèle. La part croissante des commissions dans le
produit net bancaire révèle l'importance accrue de cette
activité. La nature intégrée du processus de production
bancaire rend difficile sa modélisation dans la mesure où les
concepts d'input et d'output ne sont pas clairement
identifiés. Une importante littérature économique sur la
banque a tenté d'identifier ces concepts Le système de production
bancaire se caractérise donc par une production à cibles
multiples (Row, 1994). À ce titre, il ne peut pas être
assimilé à un système de production relationnel
ou à un système de production technique ni à
un système de production à ressource client technique.
Ce qui limite l'assimilation du système de production bancaire à
ceux de la partie inférieure du tableau dressant la typologie des
systèmes de production de services. Le système de production
bancaire est donc complexe et incertain. La productivité est
captée ici par le niveau de développement financier mesuré
par le ratio crédit intérieur au secteur privé sur le
produit intérieur brut.
Les éléments qui précèdent
décrivent le cadre réglementaire de l'activité des
établissements bancaires au Cameroun ; l'organisation et le
fonctionnement du Crédit accordé à l'économie
camerounaise. La dynamique de ces facteurs qui s'inscrit elle-même dans
le contexte global d'après restructuration du secteur bancaire
camerounais, induit dans le fond non seulement une nouvelle perception de
l'activité du système bancaire et des autorités publiques.
Mais davantage, elle fait ressortir les limites d'un processus de
restructuration bancaire au Cameroun et éclaire sur les
préalables ou conditionnalités d'une intermédiation
bancaire au service de l'économie camerounaise. C'est l'analyse en
profondeur de ces implications financières sous-jacentes mais
significatives qui constitue l'objet de cette section.
I - APPROCHE METHODOLOGIQUE ET
ANALYSE DES RESULTATS
L'analyse de l'assise financière des
établissements bancaires illustre la difficulté de recourir
à des ratios pleinement satisfaisants. Ils ignorent notamment
l'importance des opérations de hors-bilan et ne différencient pas
les opérations en fonction des risques réels qu'elles
incorporent. Il existe donc un écart malheureux entre les meilleurs
ratios d'appréciation en théorie, comme les ratios de
solvabilité, de liquidité et ceux dont l'utilisation est
matériellement aisée. Les banques sont dans une situation
sensiblement plus favorable au regard des ratios calculés en
pondérant les risques (ratio de couverture des risques et ratio de
liquidité).Ils se situent en moyenne au-dessus de la norme et devraient
atteindre l'objectif fixé pour le millénaire dans le délai
requis. Pour calculer le développement bancaire, nous nous sommes
inspirés du travail de Demetriades et Law (2005) qui l'ont
évalué à partir de trois indicateurs. Il s'agit des «
crédits domestiques accordés au secteur privé », des
« crédits domestiques octroyés par le secteur bancaire
» et des « passifs liquides ». Tous ces indicateurs sont
exprimés en pourcentage du PIB. Pour calculer l'indicateur du
développement bancaire, nous avons opté pour les crédits
domestiques accordés au secteur privé. La source de ces trois
indicateurs est le World Development Indicators, les rapports
d'activités COBAC et les rapports BEAC.
1- Les variables du
modèle
Les indicateurs sont établis à partir des
données comptables du système bancaire camerounais, inscrites
dans les rapports annuels de la COBAC. Notre étude s'intéresse
aux données trimestrielles ceci pour mieux avoir une vision plus nette
de la participation de ces indicateurs au développement
économique du pays. Les indicateurs retenus sont les suivants.
- Le total des actifs (total bilan) mesurant ainsi les fonds
propres du système bancaire (tof).
- Le total des dépôts et des crédits
mesurant ainsi la capacité du système bancaire à financer
l'économie et détecter son degré de participation au
développement économique (dcf).
- Le produit net bancaire du système bancaire mesurant
l'ensemble des marges sur opérations permettant de capter la marge
d'intérêt du secteur bancaire (pnf).
- Le produit net bancaire sur le total des frais
généraux et des dotations aux amortissements mesurant ainsi la
marge de participation du secteur bancaire dans l'économie
(pfm).
- Le ratio de couverture des risques mesurant la hauteur de
participation du système bancaire au développement
économique, en évitant les risques de crédit
(sof).
- Le ratio de liquidité mesurant l'ensemble des
crédits inférieurs à un mois qui doit être
supérieur aux ressources de la même durée
(lif).
Le niveau du développement financier est
mesuré par le ratio de crédit intérieur au secteur
privé sur le produit intérieur bancaire (Crp),
détectant ainsi la capacité du système financier à
offrir un éventail d'actifs financiers qui stimuleraient
l'épargne, un éventail de marchés financiers qui
affecteraient l'épargne à l'investissement selon les
règles de la concurrence.
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