L'équation
peut s'écrire comme suit.
(2)
1- Résultats
empiriques et interprétations
L'évolution du rendement sur les actifs (en
pourcentage de l'actif) et de ses déterminants potentiels est
représentée comme suit. La rentabilité des actifs
(ROA), comme première variable managériale, est
affectée positivement par les charges générales du
système bancaire (fgf) de notre étude. Ce
résultat suggère que les profits des banques peuvent être
positivement affectés par les dépenses de structure. Suivant nos
estimations, une hausse des frais généraux d'un point de
pourcentage des actifs entraînerait à long terme une
appréciation du rendement de 67,68 point de pourcentage des actifs. En
fait, les coefficients d'exploitation du secteur bancaire dans son ensemble, ne
dépassent pas les bornes de 70%; normes considérées
acceptables en matière de gestion des firmes bancaires. Cette
constatation sera confirmée lors de l'analyse empirique de l'effet
positif des dépenses d'exploitation sur la marge globale bancaire,
indiquant ainsi que les établissements bancaires camerounais
maîtrisent leurs dépenses.
Selon nos résultats empiriques, les fonds
propres (kxf), comme deuxième variable managériale, ont
un effet positif sur la rentabilité des actifs. A long terme, toute
augmentation des capitaux propres d'un point de pourcentage des actifs conduira
à une hausse de la rentabilité bancaire d'environ 1,58 point de
pourcentage des actifs. Théoriquement, les banques les mieux
capitalisées accèdent facilement aux fonds de financement sur le
marché parce qu'elles sont moins risquées et plus solvables. En
fait, la réglementation prudentielle impose aux banques un niveau
minimum de couverture des emplois par des ressources stables. Autrement dit,
les banques camerounaises devront mieux s'outiller pour contrôler ses
fonds et gérer avec sérieux les capitaux propres
enregistrés.
Les résultats de notre modèle empirique
montrent que le volume des crédits distribués (crf)
n'est pas favorable à la profitabilité des banques. A long terme,
une hausse des crédits bancaires d'un point de pourcentage des actifs
induirait une régression de la profitabilité des banques
d'environ 2,82 point de pourcentage des actifs. Cette variable
managériale constitue certes une source importante des profits à
l'ère de l'intermédiation comme à celle de la
libéralisation financière mais sans réglementation
stricte, elle est vouée à un risque systémique.
L'étude empirique de l'impact de
l'environnement macro-financier sur la rentabilité des actifs bancaires
au Cameroun a également induit des résultats mitigés
à long terme. Suivant nos estimations, la taille du secteur bancaire
(atb) n'est pas favorable à l'augmentation des profits
bancaires, suggérant qu'en général, les économies
d'échelle ne sont pas favorables à l'amélioration de la
profitabilité des banques. Comme on peut le comprendre, une hausse de
l'actif consolidé des banques camerounaises d'un point de pourcentage du
PIB entraînerait à long terme une baisse du résultat net
bancaire d'environ 4,31 point de pourcentage des actifs.
Puisque les banques camerounaises regorgent de
liquidités sous-exploitées dans un contexte où les
demandes de crédits sont assujetties à des garanties
draconiennes, les possibilités d'amélioration de la
rentabilité globale ne seront que limitées. Une banque est
capable d'élargir sa part de marché si ses produits sont
différenciés de ceux de ses concurrents. Mais, ce rapport positif
entre la part de marché et la profitabilité peut faire
défaut si la demande de marché est peu proportionnelle à
la taille de la banque, ce qui est le cas du marché de crédit au
Cameroun pour la période étudiée. Suite à cette
réalité, la politique de la concurrence au sein du secteur
bancaire n'aurait probablement aucun effet stimulant sur les profits. Ceci
expliquerait le fait que les mouvements de concentration (coc) sont
plus bénéfiques à l'amélioration des profits des
banques camerounaises. L'occupation de la part majeure du marché
bancaire par un nombre restreint d'acteurs bancaires a donc un effet stimulant
sur les profits bancaires au Cameroun. En effet, selon nos estimations
empiriques, une intensification de la concentration d'un point de pourcentage
du total des actifs du système bancaire entraînerait à long
terme une amélioration de la profitabilité des banques d'environ
0,045 point de pourcentage des actifs.
En ce qui concerne les variables
macro-économiques, la croissance économique et l'inflation
semblent affecter positivement le rendement sur actifs du système
bancaire. La croissance économique (lpb) du pays a
d'importantes incidences positives, à long terme, sur la performance des
secteurs d'activités, y compris le secteur bancaire. A court terme, une
croissance du PIB réel par tête de 10% induirait une
réduction de la profitabilité bancaire de 6,90 point de
pourcentage des actifs à court terme, pour la simple raison que les
banques se comporteront comme satisfaite et se livrer à des situations
catastrophiques. Il semble que les banques camerounaises ont profité de
la restructuration de l'économie nationale par des politiques de
réformes structurelles du secteur et l'introduction de nouvelles
techniques et technologies en vue d'améliorer les niveaux de
bancarisation qui sont encore à des niveaux faibles. L'impact positif de
l'inflation (inf) va dans le sens de nos hypothèses de
départ. Une hausse du taux d'inflation d'un point de pourcentage
entraînerait une amélioration du rendement bancaire de 0,0034
point de pourcentage des actifs à long terme. L'augmentation du niveau
général des prix a permis aux établissements bancaires de
réaliser des profits substantiels malgré la situation
économique critique du pays. Les tensions inflationnistes produisent une
extension et une surévaluation des charges bancaires, mais ce sont les
déposants et les emprunteurs qui supportent de telles charges en dernier
ressort. L'inflation entraîne plus de charges d'investissement mais
également des taux de crédit élevés et donc plus de
revenus d'intérêt et de profits.
Enfin, concernant les variables réglementaires,
la tendance excessive des banques camerounaises à assurer leur
solvabilité à long terme, reléguant ainsi au second plan
la réalisation de meilleures performances à court terme serait la
raison de la réduction de 0,022 point de pourcentage. Les
réglementations encourageant le contrôle des banques par le
secteur privé, c'est-à-dire celles qui exigent le recours des
banques à des auditeurs externes agréés et des agences de
notation internationales, qui obligent les banques à divulguer leurs
procédures de gestion du risque et leurs engagements hors bilan et
à produire des états financiers consolidés, sont
supposées réduire le risque et améliorer la performance
des banques. L'indice de la réglementation du capital est
négativement relié à l'évolution du capital et du
risque et n'a pas d'effet sur la marge d'intérêt nette. Ce qui
montre qu'au Cameroun, une réglementation stricte du capital conduit les
banques à réduire leurs risques et semble donc atteindre ses
objectifs. L'existence d'un système de supervision très stricte
et rigoureux est supposée contraindre le comportement de la banque en
matière de prise de risque. Le respect du ratio de liquidité a un
impact positif mais non significatif sur la rentabilité du
système bancaire qui suggère que les banques parviennent à
couvrir la totalité de leurs dettes.
2- Implications de politique
économique
Notre étude analytique et empirique sur les
ratios prudentiels comme déterminant majeur de la rentabilité
bancaire au Cameroun nous a permis de déduire une série de
résultats empiriques tantôt corroborant tantôt contredisant
les prédictions de la théorie économique et
financière en la matière. L'impact positif des fonds propres sur
la rentabilité des actifs serait probablement dû à la
tendance excessive des banques camerounaises à assurer leur
solvabilité à court terme, reléguant ainsi au second plan
la réalisation de meilleures performances à long terme.
D'ailleurs, nombreuses sont les études qui ont remarqué que les
ratios de solvabilité bancaires locaux varient
généralement aux alentours de 10% et sont supérieurs
à ceux observés dans les pays industrialisés. Par
ailleurs, même si les crédits à long terme réduisent
la rentabilité au Cameroun, les niveaux élevés des ratios
de liquidité qui dépassent, pour la majorité des cas, les
frontières de 120%, expliqueraient le fait que les établissements
bancaires ne profitent pas de la surliquidité du marché. Les
banques hésitent à distribuer des crédits par crainte de
ne pas recouvrer les fonds distribués et tomber ainsi dans la crise de
liquidité. La nature des dépôts à majorité de
courte durée oblige les banques à ne pas prendre le risque de
s'engager dans des financements à moyen et à long terme et
à assurer des fonds de garantie afin de pouvoir faire face à
d'éventuelles faillites. En plus, la demande faible du marché
camerounais, due essentiellement au faible pouvoir d'achat des ménages,
image de l'insolvabilité, accentue le risque pour ces institutions et
limite la politique du crédit.
Une telle politique limitée est également
associée à une faible couverture du territoire national. Les
niveaux encore élevés des taux de crédit accentuent ce
phénomène. Cette réalité peut être
ajoutée à un faible encouragement de l'épargne, dû
à des taux d'intérêt sur les dépôts encore
faibles et, jusqu'à une date récente, à des frais de
dossier plus ou moins élevés. Il serait opportun de
s'intéresser plus à la réalisation des résultats
à court terme et de réduire l'impact des politiques de
solvabilité excessive par la recherche de ressources plus stables et
l'encouragement des épargnes à longue durée,
l'exploitation de l'épargne existante et la distribution des
crédits pour l'amélioration du niveau des investissements.
L'engagement des banques dans le financement du secteur
immobilier devrait coexister avec une politique de garantie car la
flambée des cours des produits de ce secteur, résultat des
comportements de spéculation est sensée produire des effets
néfastes sur l'activité de ces établissements et
même sur l'économie en général.
En définitive, le ratio de couverture des risques
et le ratio de liquidité sont considérés comme pilier de
la rentabilité des actifs bancaires au Cameroun car ils limitent
certains excès des banques dans la recherche du profit. Ils
réduisent les risques de insolvabilité et d'illiquidité. A
long terme, ils contribuent à l'évolution de la
rentabilité du système bancaire, bien que seul le ratio de
solvabilité ait une significativité même négative
sur la rentabilité des actifs, car les banques voulant se
protéger, réduisent leur profitabilité à long
terme. Il en ressort que les restrictions sur les activités bancaires
sont négativement liées au niveau du capital et positivement
liées au niveau des ressources disponibles et qu'elles ont un effet
positif sur la marge d'intérêt et la rentabilité des actifs
bancaires. Ce résultat se justifie par le fait que lorsqu'elles sont
autorisées à conduire une grande variété
d'activités, les banques prennent des risques excessifs. De plus,
l'exercice d'un large éventail d'activités financières et
la non séparation entre les activités commerciales et celles
d'investissement peuvent entraîner la formation d'entités
extrêmement complexes et de grande taille à même de
réduire la concurrence et l'efficience du secteur financier. Les banques
exposées à un risque élevé pourraient choisir des
marges d'intérêts plus élevées.
Parallèlement, les banques peu rentables sont tentées d'octroyer
des crédits plus aléatoires et de s'engager dans des
activités plus incertaines pour défendre leurs
rentabilités et respecter les règles prudentielles
imposées par les autorités monétaires. Les banques
disposant d'un ratio de couverture des risques peuvent être
incitées à augmenter leur capital et à réduire leur
niveau de risque afin d'éviter d'être pénalisées.
Toutefois, les banques sous -capitalisées peuvent être
tentées de prendre des risques excessifs dans l'espoir d'avoir des
rendements élevés qui peuvent les aider à augmenter leur
capital.
CONCLUSION
L'objectif de ce chapitre était
de monter le degré de participation de la réglementation
prudentielle dans la détermination de la rentabilité des actifs
bancaires au Cameroun. Pour y parvenir, nous avons procédé d'une
part à une analyse de la reconstruction et des résultats du
système bancaire et d'autre part à une vérification
empirique en utilisant un modèle de régression linéaire
avec des données sur 28 trimestres sur le système bancaire. Notre
base de données provient des rapports annuels de la COBAC pour une
période allant de 2001 à 2007.
Il ressort de cette analyse que la réglementation
est un soutien incontournable pour l'amélioration des résultats
bancaires, dans la mesure où celle-ci permet de protéger les
déposants et leurs épargnes. On note que le ratio de couverture
des risques influence de façon négative et significative la
rentabilité des actifs pour la simple raison qu'il pousse les banques
à prendre beaucoup de risques en les exposant à la faillite. Ces
risques prisent poussent les banques dans la recherche absolue du profit. Le
ratio de liquidité quant à elle à un effet positif mais
non significatif sur la rentabilité des actifs, du fait de
présence continue des ressources. Ceci soulève le fameux
problème de la surliquidité des banques et leur refus d'octroyer
des crédits. Il faudrait désormais plus se pencher sur la
réglementation de la liquidité qui nécessite beaucoup
d'attention. En outre, la politique de la maîtrise des normes
internationales en matière de solvabilité et de liquidité,
sous l'impulsion des autorités supranationales, a provoqué des
effets négatifs sur la rentabilité bancaire. La surcapitalisation
des banques camerounaises et le défaut de transformation ont
entraîné une situation de surliquidité qui n'a
profité de ce fait ni à la rentabilité globale ni aux
marges d'intérêt bancaires.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Dans cette partie, nous avons étudié la
contribution de la réglementation prudentielle dans le
rétablissement de la rentabilité bancaire au Cameroun durant la
période 2001-2007, et ce, en appliquant de façon trimestrielle,
à l'ensemble du système bancaire, un modèle de
régression multiple s'inscrivant dans la lignée des travaux de
Bourva (1979). Après avoir présenté l'apport de la
réglementation prudentielle dans la résolution de la crise
bancaire des années 80 au Cameroun, nous avons procédé
à l'étude de l'impact du dispositif prudentiel sur la
rentabilité bancaire au Cameroun. Il en ressort que la
réglementation de l'activité bancaire apparaît efficace
dans l'amélioration de la rentabilité bancaire. Plus les
restrictions sur les activités sont fortes, plus le risque est
réduit et plus la rentabilité des actifs est
élevée.
Nos résultats corroborent les conclusions de Ben
Naceur (2003) et Ghazi (2006) qui affirment que la réglementation
prudentielle a réussi à améliorer le niveau de
rentabilité des banques. De plus, l'évolution des fonds propres
et des ressources a été accompagnée par une baisse du
risque de crédit et une augmentation de la marge d'intérêt
ainsi que la rentabilité des actifs. Cependant, il convient de signaler
que cette partie se base uniquement sur la rentabilité de actifs en
négligeant la marge d'intérêt comme mesure de la
rentabilité. La prise en compte d'un tel arbitrage est toutefois,
difficile, et ce, en raison de l'indisponibilité des données.
Nos résultats soutiennent le premier pilier de
Bâle II à savoir la réglementation des fonds propres et
montrent que le renforcement du pouvoir des autorités de supervision n'a
pas d'effet sur la rentabilité nette et que les réglementations
exigeant une grande transparence de l'information et incitant le secteur
privé à contrôler les banques, génèrent des
effets indésirables sur le comportement des banques en matière de
prise de risque au Cameroun. La discipline de marché qui constitue un
facteur essentiel pour la stabilité bancaire, est faible au Cameroun et
demeure sous l'influence de la réglementation bancaire.
Pour contourner le problème d'aléa moral
engendré par un système d'assurance des dépôts
à taux fixe et afin d'éliminer les effets pervers de la
réglementation du capital ou de celle du portefeuille de la banque et
dépasser leurs limites dans la maîtrise du risque, il a
été suggéré que les exigences sur les fonds propres
devaient tenir compte non seulement de la valeur des actifs mais aussi du
niveau du risque qui s'y attache (Ikori, 2009). La réglementation
prudentielle ne devrait pas se focaliser uniquement sur le ratio de
solvabilité des banques, mais aussi accordée un peu d'attention
à la réglementation sur la liquidité.
DEUXIEME PARTIE
REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UN MOYEN
DE RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITE
BANCAIRE AU CAMEROUN
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
L'analyse de la productivité se heurte à
de multiples difficultés dans le secteur des services et, plus
particulièrement, dans le domaine bancaire. Cela tient pour une grande
part à l'impossibilité d'isoler physiquement la production de
certaines prestations ou l'exercice de certaines fonctions ou encore à
l'existence de produits « liés » dont la mise en oeuvre est
indissociable (Demartini, 2004). De ce fait, les superviseurs devront
poursuivre les réformes réglementaires entreprises dans le
secteur bancaire et assurer en même temps la promotion des
investissements, de manière à obtenir une croissance forte et
durable (Fouda, 2009).La productivité en général est la
relation entre le niveau de la production et la quantité des facteurs
qui l'ont permis. Malgré ces difficultés d'approche tant
conceptuelles que pratiques, la productivité mérite la plus
grande attention, dans la mesure où elle constitue un des facteurs
clé de la concurrence dans le secteur bancaire. Cette
productivité est vue sur le plan de développement financier, qui
est estimé par le volume de crédits distribués. L'un des
objectifs majeur de la réglementation est de permettre le financement de
l'économie. Qu'en est-il ?
La question centrale ici est de savoir si l'application
des mesures prudentielles s'est réellement traduite par une reprise de
la productivité bancaire au Cameroun ? Cette deuxième partie
vise à montrer comment les caractéristiques des banques et
l'environnement financier affectent la productivité des banques
camerounaises. Singulièrement, le but principal de cette partie est
d'examiner de façon approfondie la relation entre la productivité
et les caractéristiques du système bancaire. L'hypothèse
sous-jacente est que la réglementation prudentielle affecte positivement
la productivité bancaire au Cameroun.
Pour ce faire, nous avons présenté cette
partie en deux chapitres. Le chapitre 3 a pour titre :
Réglementation et l'expérience de développement financier
au Cameroun. Le but est d'évaluer la contribution du dispositif
réglementaire à résoudre de manière optimale les
problèmes d'offre de crédits. Le chapitre 4 a pour titre :
Le dispositif prudentiel : un moyen de consolider le financement de
l'économie au Cameroun. Le but est de mesurer l'impact des ratios
prudentiels dans l'intensification du niveau de développement financier,
dans le souci de rendre le système bancaire stable. La méthode la
plus appropriée pour traiter ce genre de problème est la
méthode de régression multiple. Les résultats tant
statistiques qu'économétriques sont proposés.
|