République du Cameroun
Republic of Cameroon
Paix- Travail- Patrie
Peace- Work- Fatherland
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
FACULTE DES SCIENCES
FACULTY OF ECONOMICS
ECONOMIQUES ET DE GESTION
AND MANAGEMENT
BP. 1365 YAOUNDE
P.O.Box 1365 YAOUNDE
TEL/.Fax (237) 22 21 34 41
TEL/.Fax (237) 22 21 34 41
Nouveau Programme de Troisième Cycle
Interuniversitaire (N.P.T.C.I)
REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
ET PERFORMANCES DU SYSTEME BANCAIRE AU CAMEROUN
Deuxième Promotion
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A)/MASTER
en Sciences Economiques
Option :
Macroéconomie Appliquée
Spécialité : Economie Monétaire, Bancaire et
Financière
Par : NANA KUINDJA
RODRIGUE
Maîtrise ès Sciences Economiques
Option : Monnaie- Banque-
Finance
Sous la Direction de :
PR. AVOM DESIRE
Agrégé des Facultés des
Sciences Economiques
Année académique :
2009-2010
AVERTISSEMENT
« L'université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions contenues dans
ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
étant propres à leur auteur ».
DEDICACE
A Jésus-Christ notre Seigneur sans qui tous nos
efforts sont voués à l'échec.
A mes parents
A mes frères et soeurs, retrouvez ici toute ma
reconnaissance, mon attachement et le témoignage de mon amour pour
vous.
« Par le biais de ce travail
scientifique, recevez toute notre gratitude en réplique à tous
les sacrifices consentis à mon égard ».
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire a
bénéficié de la contribution de nombreuses personnes
auxquelles nous tenons à exprimer notre sincère gratitude.
Au Professeur AVOM DESIRE qui a bien
voulu diriger ce travail et qui a guidé nos premiers pas sur les
sentiers de la recherche. Merci professeur pour votre disponibilité, vos
remarques et vos conseils ; toutes choses qui nous permettraient
éventuellement de poursuivre avec sérénité la
délicate activité de recherche.
Au Professeur KOBOU GEORGES, Doyen de la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l'université de
Yaoundé II-SOA pour ses nombreux conseils.
Au Directeur du Nouveau Programme de Troisième Cycle
Interuniversitaire (NPTCI) et à la Coordonnatrice
Professeur KAMGNIA BERNADETTE.
Aux Docteurs MOHAMADOU BOBBO, NGOMSI AUGUSTIN,
FOMBA BENJAMIN qui se sont toujours montrés disponible pour
répondre à nos multiples sollicitations.
A Monsieur FOUOPI CONSTANT et Monsieur
SOH SYRIE GALEX pour leurs multiples critiques et
suggestions.
A tous nos camarades du Nouveau Programme de
Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI) deuxième promotion
(2009-2010). Nous tenons à leur affirmer ici l'appréciation que
nous avons porté à certains de nos échanges qui nous ont
souvent permis de sortir des zones d'ombre lorsque notre esprit s'y
confinait.
Nous ne saurions terminer sans rendre hommage à tous
ceux qui de près ou de loin ont facilité l'aboutissement de ce
travail. Certes, ils ne sont pas nommément cités ici, mais ils se
reconnaîtront aisément
Par-dessus tout, nous rendons grâce à
« DIEU TOUT PUISSANT » sans qui rien de
ceci n'aurait été possible.
LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AMITY: Amity Bank of Cameroon
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BICEC: Banque Internationale du Cameroun pour
l'Epargne et le Crédit
CBC: Commercial Bank of Cameroon
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CITI-C: Citibank Cameroun
CLC: Crédit Lyonnais du Cameroun
CNC : Conseil National du Crédit
COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale
ECOBANK: Ecobank Cameroun
EMF: Etablissements de Microfinance
FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
FIRST BANK: Afriland First Bank
FMI : Fonds Monétaire International
PIB : Produit Intérieur Brut
PME: Petite et Moyenne Entreprise
SCBC: Standard Chartered Bank of Cameroon
SGBC: Sociétés
Générales des Banques du Cameroun
SNI: Société National
d'Investissement
SRC: Société de Recouvrement
des Créances du Cameroun
UBC: Union Bank of Cameroon Limited
LISTE DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX
GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution du taux de croissance et de
l'inflation......................................41
Graphique 2 : Evolution de la situation des banques au
Cameroun de 2000 à 2008.................43
Graphique 3 : Evolution du PNB au Cameroun de 2000
à 2008............................... ......45
Graphique 4 : Evolution de la rentabilité au
Cameroun de 2000 à 2008..............................45
Graphique 5 : Concentration des dépôts en
part de marché en % cumulé...........................65
Graphique 6 : Concentration des crédits en part de
marché en % cumulé..........................67
TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution des sorties de billets de la zone
BEAC de 1985 à 1993 (milliards cfa)...18
Tableau 2 : Evolution des dépôts de la zone
BEAC de 1980 à 1989 (milliards cfa)...............20
Tableau 3 : Processus d'évolution de la crise
bancaire au Cameroun...............................24
Tableau 4 : Part de marché des dépôts
2008........................................................... 64
Tableau 5 : Part de marché des crédits
2008............................................................66
Tableau 6 : Evolution du nombre de banques et
d'agences..........................................67
Tableau 7 : Evolution du réseau bancaire
camerounais...............................................68
Tableau 8 : Répartition du capital social des
banques en activités au Cameroun..................71
Tableau 9 : Réseau bancaire et population du
Cameroun de 2001 à 2008..........................74
Tableau 10 : Répartition du capital des banques au
Cameroun de 2001, 2002, 2005.............75
Tableau 11 : Activité et performances
microéconomiques des banques au Cameroun............77
Tableau 12 : Evolution du crédit à
l'économie et charges bancaires (millions cfa) et de la marge
d'intermédiation bancaire
financière en % au Cameroun de 2001 à 2008..........78
Tableau 13 : Evolution du nombre d'établissements
de microfinance (EMF), de l'activité des
EMF et des clients au Cameroun de 2000
à 2008......................................80
Tableau 14 : Situation du paysage bancaire camerounais en
2006..................................87
SOMMAIRE
DEDICACE
............................................................................................................ii
REMERCIEMENTS......................................................................................................iii
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS...........................................................................iv
LISTE DES GRAPHIQUES ET
TABLEAUX....................................................................v
INTRODUCTION
GENERALE.....................................................................................1
PREMIERE PARTIE : REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE : UN MOYEN DE RESTAURER LA RENTABILITE BANCAIRE AU
CAMEROUN..................................................................12
CHAPITRE I : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
ET RESOLUTION DE LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN
...................................................................................14
Section I : CRISE BANCAIRE AU
CAMEROUN..........................................................15
Section II : PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE AU
CAMEROUN..29
CHAPITRE II : LE DISPOSITIF PRUDENTIEL
COMME PILIER DE LA RENTABILITE DES ACTIFS BANCAIRES AU CAMEROUN
......................................................................39
Section I : RECONSTRUCTION ET RESULTATS DU SYSTEME
BANCAIRE AU CAMEROUN..40 Section II : RATIOS PRUDENTIELS ET
RENTABILITE DES ACTIFS BANCAIRES : UN TEST
EMPIRIQUE.........................................................................................................50
DEUXIEME PARTIE : REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE : UN MOYEN DE RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITE BANCAIRE
AUCAMEROUN............................60
CHAPITRE III : LA REGLEMENTATION ET
L'EXPERIENCE DE DEVELOPEMENT FINANCIER AU
CAMEROUN.................................................................................62
Section I : LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE
L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU
CAMEROUN........................................................................................................63
Section II : DES RESULTATS DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT
FINANCIER...73
CHAPITRE IV : LE DISPOSITIF
PRUDENTIEL : UN MOYEN DE CONSOLIDER LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU
CAMEROUN......................................................83
Section I : LA SOLIDITE DU SYSTEME BANCAIRE ET
FINANCEMENT DE L'ECONOMIE...84 Section II : VALIDATION EMPIRIQUE DE
L'EFFET DES RATIOS PRUDENTIELS SUR LE DEVELOPPEMENT
FINANCIER................................................................................93
CONCLUSION GENERALE ET
ENSEIGNEMENTS.......................................................104
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES........................................................................108
ANNEXES..........................................................................................................116
TABLES DES
MATIERES ......................................................................................118
RESUME
Sur la base d'une analyse des failles
majeures de la régulation des institutions financières
révélées par la crise financière de 2007-2008
(Scialom, 2010), ce travail se propose d'étudier l'effet de la
réglementation prudentielle sur les performances du système
bancaire au Cameroun. Plus spcéfiquement, il s'agit d'évaluer en
quoi le dispositif prudentiel améliore la rentabilité bancaire au
Cameroun d'une part ; et d'autre part d'analyser l'impact de ce dispositif
prudentiel sur la productivité bancaire au Cameroun. A cet effet, nous
adoptons un modèle de régression multiple pour l'ensemble du
système bancaire durant la période 2001-2007 suivant les travaux
menés par Kahane (1977). Nos résultats indiquent l'existence
d'une relation positive entre le respect des normes prudentielles et la
performance durant la période étudiée et montrent
l'efficacité de la réglementation prudentielle dans la mesure
où elle a permis d'accroître la solidité et la
stabilité du système bancaire camerounais. En effet, l'imposition
d'exigences réglementaires a entraîné une montée de
la profitabilité des banques et consolider le financement de
l'économie au Cameroun. Cependant, si de nos jours le secteur bancaire a
retrouvé sa solvabilité, il importe de renforcer le dispositif de
surveillance au moyen d'une régulation indépendante.
Mots clés : Réglementation
prudentielle ; Rentabilité ; Productivité ;
Régulation indépendante
ABSTRACT
On a net basis analysis to the regulation fault
imperative some financial institution revealed by the financial crisis of
2007-2008 (Scialom, 2010), this work proposes to study the effect of prudential
regulation on the performance of the banking system in Cameroon. More
spcéfiquement it comes to assessing how the prudential improves bank
profitability in Cameroon on the one hand, and secondly to analyze the impact
of prudential banking on productivity in Cameroon. To this end, we adopt a
multiple regression model for the entire banking system during the period
2001-2007 follower working led by Kahane (1977). Our results indicate the
existence of a positive relationship between compliance with prudential
standards and performance during the review period and show the effectiveness
of prudential regulation to the extent that it has increased strength and
stability of the system Cameroonian banking. Indeed, the imposition of
regulatory requirements has resulted in increased profitability of banks and
consolidate the financing of the economy in Cameroon. However, if today the
banking sector has regained its solvency, it is important to strengthen the
monitoring device through independent regulation.
Keywords: Prudential regulation;
Profitability; Productivity; Independent regulation
INTRODUCTION GENERALE
L'objectif affiché du comité de
Bâle en 1988 était de mettre en place des contraintes
réglementaires visant à préserver la stabilité
financière du système bancaire et à limiter les risques
pris par les banques notamment le risque de crédit pour protéger
les déposants. Du fait de la montée des risques dans le secteur
bancaire liée en partie au recours conséquent à cette
période aux innovations financières (tels que les
dérivés de crédit), le Comité de Bâle1(*) s'est doté de nouveaux
instruments de contrôle bancaire, à savoir le coefficient de fonds
propres et de ressources permanentes ; le nouveau coefficient de
liquidité ; le ratio Cooke2(*) du nom du président du Comité de
l'époque. Ces ratios, qui portent sur la structure des bilans bancaires,
ont été conçus dans le cadre d'une réglementation
prudentielle (Nguyen, 1993) : leur vocation est de protéger les
déposants et d'éviter les faillites bancaires (Scialom, 2006).
Ils cherchent à contraindre les banques à maintenir un certain
niveau de fonds propres en fonction de la qualité des actifs composant
le portefeuille de la banque. En effet, en fonction de la nature de l'actif
bancaire, une certaine pondération lui est assignée afin de
prendre en considération dans le calcul des fonds propres
réglementaires le risque inhérent à cet actif (Bouaiss,
2006). De ce fait, les dirigeants de la planète s'attellent à
l'élaboration d'une réglementation bancaire plus stricte pour
l'ensemble du système bancaire (Soupmo, 2009).
La réglementation prudentielle désigne
l'ensemble des mesures légales prises par les autorités
nationales (Banques centrales, Organes de réglementation et de
contrôle, etc....) ou des instances internationales (Banque des
règlements internationaux, le Comité de Bâle, etc....) et
imposées aux différentes institutions bancaires et
financières, et dont la finalité est d'assurer le maintien de la
stabilité de la sphère bancaire et financière, en
améliorant sa résistance aux différents chocs d'une part,
et en protégeant l'épargnant d'autre part (Aglietta et Boissieu,
2004). Elle vise d'une manière générale, à
influencer le comportement des banques et des établissements de
crédits dans le sens d'une meilleure gestion des risques individuels
qu'ils encourent (Artus, 1990), en les soumettant à des mesures
structurelles (barrières à l'entrée) et prudentielles
(ratios de solvabilité et de liquidité), de contrôle
externe et à l'organisation d'un contrôle interne efficace (Avom,
2004). Depuis le début des années 1980, un assez large consensus
est apparu au niveau international sur la nécessité du
contrôle des établissements bancaires. Ce consensus résulte
de plusieurs faits majeurs qui ont particulièrement marqué le
fonctionnement des systèmes bancaires et financiers nationaux et
internationaux, dont deux sont d'une importance majeure et pertinente pour
l'analyse de ce travail. Il y a, d'une part, l'idée que les
conséquences d'une crise du système financier et bancaire
dépassent le plus souvent la sphère financière pour
s'étendre rapidement à l'économie réelle (Fouda et
Touna Mama, 1996). De ce point de vue, les Etats-Unis ont fourni un exemple
dramatique de ce que pouvait coûter à l'économie toute
entière (et notamment aux contribuables), la faillite et l'effondrement
d'une partie du système financier et bancaire (Dawatripont et Tirole,
1993).
Il y a, d'autre part, et surtout la défaillance
des organes chargés d'assurer le contrôle des normes prudentielles
et réglementaires en vigueur. Les exemples des crises récentes
des systèmes financiers et bancaires des pays émergents
témoignent à cet effet, de façon éloquente, du
laxisme quant au contrôle et à la prévention des
établissements bancaires contre de tels risques (Jaeger, 1996). Les
opérations fusions-acquisitions spectaculaires enregistrées
depuis des années 1990 dans de nombreux secteurs (Coutinet,
Sagot-Duvauroux, 2003), y compris le secteur bancaire conduisant à la
création de grands groupes financiers multispécialisés, et
à vocation mondiale témoignent de la volonté des
institutions bancaires et financières de se préserver contre de
tels risques (Plihon, 1999). Cependant, ces opérations créent de
nouveaux risques et imposent par conséquent une adaptation permanente de
la réglementation. Dans le même temps, les autorités de
surveillance ont manifesté leur désir de voir les banques adopter
une véritable gestion globale de bilan et une politique de tarification
qui rémunère justement les risques pris (Venard, 1993). Toutes
ces mesures sont censées réduire le risque systémique qui
pèse sur le système de moyen de paiement et
l'intermédiation financière et, de ce fait, font l'objet d'une
couverture médiatique importante (Scialom, 2007). Paradoxalement, si on
se penche de façon un peu plus précise sur les résultats
de la recherche économique en matière de réglementation
prudentielle, on s'aperçoit que ce type d'intervention n'est pas aussi
efficace que l'attention des régulateurs le laisserait penser.
C'est dans cette perspective, qu'une nouvelle
réglementation prudentielle internationale connue sous le nom d'accords
de Bâle II, est entrée en vigueur en 2006. Celle-ci va s'articuler
autour de trois piliers fondamentaux (Basel Committee on Banking Supervision,
1999). Le premier pilier se rapporte au ratio de solvabilité Mc Donough.
Il réaffirme l'idée présente dans le ratio Cooke, selon
laquelle la capitalisation est le principal moyen permettant d'atteindre la
stabilité financière. Le deuxième pilier renforce la
surveillance. Il confirme l'exigence minimale de fonds propres de 8%. Bien
plus, le contrôleur a désormais la possibilité d'exiger un
niveau de fonds propres plus important, compte tenu des risques potentiels et
l'allocation de capital. Le troisième pilier introduit la discipline de
marché comme élément de régulation, avec une
exigence faite aux banques de fournir aux actionnaires et aux opérateurs
du marché, toutes les informations permettant une évaluation du
niveau de fonds propres. Il convient de noter cependant que la
réglementation définie dans les accords de Bâle II, n'est
pas applicable comme telle dans les pays en développement compte tenu de
la structure de leur système financier (Figuet et Lahet, 2006).
L'intérêt de cette réglementation est qu'elle contraint les
banques à détenir un certain niveau de capital pour faire face
aux risques qu'elles prennent. L'évolution de la réglementation
bancaire au travers des accords de Bâle II ouvre la voie aux banques pour
élargir et enrichir leur culture du risque, et rattraper le monde
industriel bien en avance sur ces questions de gestion des risques. Ceci
étant une opportunité formidable de s'approprier cette culture
(Ospital, 2006).
Les pays de la CEMAC (Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale) en général et le Cameroun en
particulier, n'ont pas échappé à ce grand mouvement. A la
suite de la crise économique et bancaire, des réformes visant
à mieux réguler le système bancaire ont été
mises en oeuvre (Groupe ESF, 1990). Ces réformes ont porté le
plus souvent sur le système bancaire camerounais,
considéré et à raison comme le plus important en nombre
d'agences et en taux d'activité (Tamba et Tchamambé, 1995 ;
Avom et Eyeffa, 2007). Ainsi, l'intérêt porté par ces pays
pour la réglementation est apparu clairement au cours des années
1990, avec par exemple sur le plan institutionnel, la création de la
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) en 1992 et qui s'est
substituée aux organes nationaux de régulation. L'entrée
en fonction de cette commission sous-régionale a été
complétée quelques mois plus tard par l'Harmonisation de la
Réglementation Bancaire en Afrique Centrale. Le rôle
assigné à cette structure supranationale est d'assurer la
supervision et le contrôle bancaire3(*) pour l'ensemble des six pays qui composent la nouvelle
communauté. Sa mise en fonction malgré les
difficultés4(*) a
sans doute participé à la relative stabilité actuelle du
système bancaire5(*).
Le Cameroun, tout comme la plupart des pays de la Zone
Franc, était caractérisé jusqu'à la fin des
années 80 par un secteur financier dominé par les banques
à capitaux publics, une politique monétaire essentiellement
interventionniste, et surtout le non-respect de la réglementation
prudentielle. Cette situation a eu de nombreuses conséquences, notamment
des services financiers de mauvaise qualité, la faible profondeur
financière, la sous-capitalisation des banques, l'accumulation des
actifs non performants, le manque de transparence, un financement
orienté vers le gouvernement, etc.(Joseph, 2002). Les problèmes
bancaires ont donné lieu à de nombreuses faillites (Fouda, 1999).
Comme dans la plupart des pays en développement, ces problèmes
ont souvent été le résultat de décisions peu
judicieuses en matière de crédits et d'une gestion
inappropriée du crédit risqué, à l'instar de la
surexposition à certains types de risques, et ils ont engendrés
des pertes considérables. Au cours des années 90, les banques se
sont peu engagées dans le financement de l'économie. De
même, on note une peur de risque systémique et une
incapacité des déposants à surveiller les banques.
Aujourd'hui, les banques se sont considérablement
universalisées, réorganisées, informatisées,
diversifiées et sont actuellement en train de s'internationaliser,
donnant ainsi naissance à des firmes qu'il faut certainement examiner
avec un regard neuf. Les profondes réformes qu'ont connues les
différents métiers bancaires sont à l'origine de nombreux
débats touchant à l'activité de cette industrie.
L'importance du cadre réglementaire et des effets externes sur le reste
de l'économie sont les résultats de la libéralisation du
secteur financier, et particulièrement le secteur bancaire, de
l'augmentation de l'offre à travers de nouvelles formes de financement,
de l'introduction des technologies de l'information et de la communication
(TIC) et de la tendance récente à l'accès de nouveaux
concurrents étrangers au marché financier national. Dans le cadre
de ces restructurations, mesurer l'activité des banques en tant
qu'acteurs de premier plan de la croissance économique, comprendre leurs
comportements et l'impact de ceux-ci sur les variations de la performance des
institutions bancaires ainsi que ses répercussions sur l'ensemble de
l'économie nationale est d'une importance capitale.
La vague des réformes engagées dans les
années 90 avec notamment l'instauration d'une réglementation
prudentielle, occupe une place primordiale au sein du système bancaire
camerounais. Face à l'internationalisation des économies et
l'intensification de la concurrence, il est impératif de renforcer sa
compétitivité. Avec la libéralisation financière
engagée, les banques ont entamé la recherche de nouvelles sources
de revenu tout en développant de nouveaux métiers afin de
diversifier leurs ressources. Ainsi, les produits bancaires se sont
multipliés. Tout était une question de vitesse et de taille avec
l'objectif de se démarquer par les services offerts et de gagner des
parts de marché conséquentes. En effet, avec la montée des
innovations financières imprégnées par un environnement de
plus en plus concurrentiel, de nouveaux critères de performances se sont
imposés. En conséquence, pour appréhender
l'efficacité du secteur, l'analyse des performances
réalisées à travers les outils traditionnels de l'analyse
financière, sont devenues insuffisantes. Le recours à de nouveaux
indicateurs de performance s'impose avec acuité. Il y a lieu de
reconnaître qu'il se pose bien un problème d'évaluation de
la performance du système bancaire camerounais après sa
restructuration. Les banques ne parviennent pas à satisfaire les
énormes besoins de financement de l'économie et n'offrent pas
tous les services financiers demandés par les populations. Les banques
performantes contrôlent mieux leurs dépenses, gèrent mieux
leurs risques, participent au financement de l'économie et anticipent
mieux les évolutions de l'environnement économique afin d'adopter
leurs stratégies futures en conséquence. Dès lors, la
question que l'on peut se poser de prime abord est celle de savoir Si
cette réglementation prudentielle s'est-elle réellement traduite
par une amélioration des performances du système bancaire au
Cameroun ? En d'autres termes, quelles sont les
conséquences de la réglementation prudentielle sur le
comportement du système bancaire au Cameroun en matière de
rentabilité et de productivité ?
Ce travail est fondé sur la discussion
théorique qui a lieu depuis le début des années 1980 et
qui a conduit notamment le comité de Bâle à adopter le
ratio de Cooke. Cette littérature théorique, axée sur le
comportement des banques en matière de gestion bancaire sous la
contrainte d'une réglementation, a été le socle à
partir duquel ont été initiés de nombreux travaux
empiriques, dont l'étude nous permet de proposer une modélisation
du problème de recherche. Ces arguments plaident en faveur de la
réglementation bancaire dans la CEMAC.
Les premiers travaux théoriques traitant des
effets éventuels d'une réglementation sur le comportement des
banques datent de Kahane (1977). L'auteur étudie l'impact sur la
performance des banques d'une réglementation du capital contraignant le
levier financier et la composition du portefeuille d'actifs. Il arrive à
la conclusion que contraindre la composition du portefeuille d'actifs ou exiger
un niveau minimum de fonds propres constituent deux moyens
réglementaires, qui, utilisés indépendamment l'un de
l'autre, conduisent à des effets non souhaités comme
l'accroissement de la probabilité de faire faillite ou du moins à
un accroissement de la prise de risque de la banque. La solution selon cet
auteur viendrait de la combinaison de ces deux pratiques réglementaires.
De même, il étudie l'effet d'une accentuation de la contrainte
réglementaire. Il constate qu'une exigence en fonds propres plus
élevée conduit la banque à remanier la composition de son
portefeuille d'actifs par unité de capital qui se caractérise par
la détention d'actifs plus risqués. La conclusion est que
l'accroissement de l'exigence en fonds propres se solde par la recomposition
d'un portefeuille nouvellement constituée ayant des attributs contraires
à ceux qui étaient souhaités par la réglementation.
Une banque fortement averse au risque détiendra un portefeuille d'actifs
faiblement risqués comparé au risque de ces contreparties. Ainsi,
la réaction des banques peu averses au risque à l'accroissement
de l'exigence en fonds propres est d'investir de manière importante dans
des actifs plus risqués qui vont plus que compenser les effets de
l'accroissement de l'exigence réglementaire, ce qui accroît la
probabilité de faillite. A contrario, si la banque est suffisamment
averse au risque, la tendance à investir dans des actifs plus
risqués va être plus faible comparée aux
conséquences de l'élévation du niveau d'exigence
réglementaire. Dans ce cas, la probabilité de faillite
diminue.
L'argument que les ratios prudentiels conduisent
exclusivement à un accroissement de la performance de la banque
mesurée par la rentabilité a été fortement
nuancé par de nombreux auteurs qui intègrent, quant à eux,
dans les ratios qu'ils étudient une pondération en risque des
actifs bancaires. Selon Kim et Santomero (1988), il est admis dans la
littérature (Buser et al., 1981, Benston et al., 1986,) que les banques
choisissent des portefeuilles avec un niveau de risque plus élevé
en raison du système de l'assurance des dépôts. Les travaux
de Furlong et Keeley (1989, 1990) trouvent une même relation
négative entre la réglementation et la rentabilité que
ceux de Dothan et Williams (1980) qui supposent que les banques maximisent la
valeur de l'option de l'assurance des dépôts en réduisant
le niveau de capital et en augmentant le niveau de risque. Rochet (1992)
démontre que si l'objectif des banques commerciales est de maximiser la
valeur de marché de leurs profits futurs, la réglementation ne
peut pas les empêcher de choisir certains types de portefeuilles dont
ceux les plus risqués. Aussi, Blum (1999) démontre que dans une
perspective dynamique, les contraintes réglementaires peuvent conduire
à une augmentation de la productivité en matière
d'activités de la banque. Il démontre qu'un des effets d'une
telle réglementation consiste à réduire les profits de la
banque, ce qui contraint celle-ci à limiter le risque de défaut
encouru. Ces risques de course aux guichets légitiment à eux
seuls l'existence de la réglementation bancaire, dans la mesure
où, ils entraînent un coup social très élevé
en générant en même temps des effets externes majeurs sur
l'ensemble de l'économie. Diamond (1984) montre qu'en diversifiant ses
prêts en investissements risqués, la banque parvient à
réduire les risques auxquels sont exposés les fonds
confiés par les déposants. A ces arguments, on peut ajouter aussi
des externalités des faillites bancaires. C'est dans cette perspective
que la prévention du risque systémique peut réduire le
rôle du régulateur à jouer le principe du « too
big to fail » : c'est-à-dire à se
préoccuper davantage du sort des grands établissements au
détriment de ceux de moindre taille, dans la mesure où les
premiers pourraient entraîner dans leur chute le secteur financier tout
entier, en particulier lorsque celui-ci est très concentré. Le
renforcement de la politique de crédit élève les profits
bancaires. En revanche, on constate une quasi-unanimité des
économistes sur l'impact positif des crédits bancaires et de la
taille de la banque sur la rentabilité des actifs, corroborant ainsi les
prédictions de la théorie économique. La
réglementation modifie la relation d'agence entre les actionnaires et
les dirigeants, créant ainsi une asymétrie d'information6(*) additionnelle (Macey et O'hara,
2003), et accentuant de ce fait les problèmes de « passager
clandestin7(*) »
(Barth et al., 1999 ; La Porta et al., 2002 ; Caprio et Levine,
2003 ; Barth et al., 2004 ; Levine, 2004).
Le but de l'opération était donc de
résoudre les difficultés du système bancaire et de
prévenir les risques de fragilisation ultérieure, permettant
ainsi aux banques de financer l'économie. Mais Fouda (2009) parle de
bilan mitigé avec un système bancaire rentable et plein de
paradoxe concernant le développement financier.
La littérature empirique cherchant à
tester le comportement des banques dans le but d'améliorer leur
rentabilité et leur productivité en présence d'une
réglementation est fortement inspirée des travaux
théoriques présentés ci-dessus. Cette littérature
est ambivalente et ne permet pas de conclure sur le signe (positif ou
négatif) de la relation entre la réglementation et la performance
des banques.
Une des études majeures est initiée par
Shrieves et Dahl (1992) et constitue le point d'ancrage dans la plupart des
travaux empiriques suivants. Dans cet article, les deux auteurs proposent une
modélisation de la relation entre le niveau de fonds propres et le
niveau de production bancaire qui a permit d'appréhender l'effet de
simultanéité caractérisant cette relation. En effet, ils
mettent en évidence une relation positive statistiquement significative
entre la variation du niveau des ratios prudentiels et la variation du niveau
de capital de la banque. Ce résultat montre l'efficacité de la
réglementation à influencer les décisions concernant le
niveau de capital et le comportement de la banque. Ainsi, les contraintes
réglementaires permettent de limiter les faillites des banques comme le
prouvent aussi Altunbas et al., (2004) portant sur les pays de l'Europe des 15.
De même, Editz et al., (1998) démontrent que les autorités
de régulation anglaises exercent une pression efficace sur le niveau de
capital des banques. Dans cette étude, les banques augmentent leur
différent ratio en recourant à des augmentations de capital
plutôt qu'à des actifs risqués. De manière plus
nuancée, Rime (2001) conclut pour les banques suisses que la pression
réglementaire les conduit à accroître leur niveau de fonds
propres sans pour autant affecter leur marge d'intérêt.
Par ailleurs, Jacques et Nigro (1997) trouvent une
relation négative entre le niveau de capital et le niveau de
résultat de la banque. Ils arrivent à cette conclusion en arguant
que la réglementation permet d'accroître la rentabilité des
banques et réduire la capacité de productivité des banques
commerciales américaines étudiées. De même, Van Roy
(2003) note aussi des différences de comportement selon les pays et en
particulier que la réglementation est inefficace pour accroître
les ratios des banques « sous-capitalisées »
françaises et italiennes. Enfin, Heid et al., (2004) constatent pour les
banques allemandes tout juste bien capitalisées, ont une certaine
tendance a accroître leur matelas de sécurité (un niveau de
fonds propres correspondant tout juste à la norme réglementaire
de 8%) en augmentant leur niveau de fonds propres tout en baissant
simultanément leur profitabilité. En revanche, pour les banques
« sur-capitalisées », ils trouvent une relation
positive entre le niveau de rentabilité et le niveau de capital qui
s'explique par le fait que ces banques maintiennent leur matelas de
sécurité en augmentant leur niveau de rendement lorsque le niveau
de capital augmente. En effet, la littérature récente s'efforce
de faire le lien entre la réglementation telle qu'elle est
appréhendée par le Comité de Bâle et les aspects de
gouvernance inhérents à l'organisation interne de la banque. Pour
mieux comprendre cette littérature, Booth et al. (2002) puis Jeitschko
et Jeung (2005) expliquant les effets de la réglementation à
partir du cadre théorique de la gouvernance montrent que la
rentabilité et la productivité de la banque peuvent être
aussi bien négativement que positivement liées au niveau de
capital. La présence de l'Etat dans l'actionnariat des banques, va
notamment favoriser le laxisme dans la gestion et développer un
comportement opportuniste qui s'est particulièrement manifesté
sous la forme de l'aléa de moralité. Ceci doublée de la
myopie au désastre et apparue sous la forme de nombreuses dettes
bancaires qui bénéficiaient d'une garantie implicite de l'Etat.
Les banques interprétaient la présence de l'Etat dans leur
capital social, comme une assurance contre le risque et sous évaluaient
le défaut de remboursement des débiteurs. Barth et al. (2002)
étendent cette analyse en comparant l'impact des différents
systèmes de surveillance sur la rentabilité des banques. Dans
l'ensemble, l'impact de la structure de surveillance est faible. Un surveillant
unique accroît la performance des banques.
Ainsi, pour mesurer la taille du secteur bancaire dans
l'économie, l'indicateur le plus approprié en raison de sa
simplicité est le ratio « M2/PIB » qui traduit la
profondeur financière d'un pays. Dans les travaux de Chouchane-Verder
A., (2004), par exemple, c'est le modèle du Financial Deepening
(approfondissement financier) de McKinnon (1973) et Shaw (1973) qui est
considéré. Selon ce modèle, le développement
financier se définit comme un système financier
libéré de toute intervention étatique. Autrement dit,
seuls les mécanismes de marchés sont susceptibles d'assurer
l'efficacité du système financier. Dans ces travaux, l'impact de
la libéralisation financière est donc examiné à
partir d'un indice de développement financier, dont l'originalité
réside dans le fait que celui-ci prend en compte selon les coefficients
de pondération variables plusieurs indicateurs (masse monétaire
M2 sur PIB, quasi-monnaie sur PIB, crédit au secteur privé sur
PIB, réserves bancaires sur M2, base monétaire sur M2). Il
apparaît que les indicateurs quantifiables utilisés sont
cohérents avec le modèle. La productivité du
système bancaire au Cameroun est vue ici sous l'aspect de la
transformation des dépôts en crédits dans le but de
financer l'économie.
Cette question posée présente
pour le Cameroun un intérêt à trois niveaux :
- Au niveau théorique : Il s'agit de porter
l'analyse au-delà des mesures de la performance bancaire au Cameroun. La
présente étude cherche plutôt à capter l'effet des
normes prudentielles sur la rentabilité et la productivité
bancaire. L'apport fondamental ici est d'une part l'introduction des variables
réglementaires et d'autre part l'influence des variables
macro-financières et macroéconomiques dans l'élaboration
des mesures de la réglementation bancaire.
- Au niveau méthodologique : Il s'agit à
partir d'une approche économétrique (modèle s'appuyant sur
une régression multiple) et statistique (analyse des tableaux et des
graphiques) ; de tester les hypothèses ci-dessus.
L'originalité à ce niveau est l'utilisation d'un modèle
économétrique emprunté à Samy Ben Naceur (2003)
s'inspirant de la fonction linéaire de Short (1979) pour l'estimation de
la fonction de la rentabilité du système bancaire et la
formulation linéaire suivant l'intuition de Gurley et Shaw (1960) pour
la mesure de la productivité du système bancaire. Cette
conception enrichit l'approche statique utilisée par Demartini (2004)
qui consiste à étudier de façon trimestrielle le
comportement des normes réglementaires sur la performance.
- Au niveau de la politique économique : Enfin, ce
travail apporte des compléments aux actions entreprises parles
autorités pour combler tout écart pouvant exister dans la
compréhension de l'influence mesures prudentielles sur les performances
du système bancaire, et sur l'économie camerounaise qui subit les
offres de la crise financière actuelle.
Au regard de la problématique retenue, la
présente étude se charge d'évaluer la contribution de la
réglementation prudentielle sur les performances du système
bancaire camerounais ces dernières années, à l'heure
où le processus de réforme des normes prudentielles est fortement
engagé. Plus spécifiquement, il est question de mesurer comment
la réglementation prudentielle affecte la rentabilité du
système bancaire (rentabilité des actifs) d'une part, et d'autre
part d'analyser en quoi les normes réglementaires influencent la
productivité du système bancaire (niveau du développement
financier) au Cameroun.
Pour atteindre les objectifs ci-dessus, l'étude
retient comme hypothèse principale : La réglementation
prudentielle des années 90 à un impact positif sur les
performances du système bancaire au Cameroun. Cette hypothèse est
éclatée en deux hypothèses spécifiques à
savoir : la réglementation prudentielle a un effet positif sur la
rentabilité bancaire au Cameroun et la réglementation
prudentielle a une influence positive sur la productivité bancaire au
Cameroun.
Toutes ces hypothèses seront testées par
une méthodologie qui prendra deux formes et utilisera principalement
deux outils empiriques (statistiques et économétrique). Le test
de stationnarité des variables est effectué à travers le
test de Dickey-fuller. Ce qui permettra de procéder à
l'estimation des paramètres par la méthode des moindres
carrés ordinaires en vérifiant les hypothèses
fondamentales du modèle linéaire de régression multiple.
Notamment, les hypothèses concernant la distribution des erreurs,
concernant les variables explicatives, l'absence de colinéarité
des variables exogènes. Les tests de significativité de
Student et de Fischer seront analysés. Pour y arriver, il
est utilisé le logiciel STATA O9. Cette analyse donne une idée
sur l'évolution de la rentabilité et la productivité
suivant chaque trimestre au Cameroun ceci pour avoir une connaissance
précise pour l'économie camerounaise.
Pour mettre en relief l'effet du cadre
réglementaire et institutionnel camerounais sur les performances du
système bancaire, deux parties sont développées : La
première analyse la contribution du dispositif réglementaire
à la réinstallation de la rentabilité bancaire au
Cameroun. Elle a pour titre : La réglementation prudentielle :
un moyen de restaurer la rentabilité bancaire au Cameroun. Le but est de
mesurer de quelle façon la réglementation prudentielle affecte la
rentabilité du système bancaire (rentabilité des actifs)
au Cameroun. La deuxième partie montre l'apport du système
réglementaire au développement de la productivité bancaire
au Cameroun. Elle a pour titre : La réglementation
prudentielle : un moyen de renforcement de la productivité bancaire
au Cameroun. Le but est d'évaluer de quelle manière les normes
réglementaires influencent la productivité du système
bancaire (niveau du développement financier) au Cameroun.
PREMIERE PARTIE
REGLEMENTATION PRUDENTIELLE :
UN
MOYEN DE RESTAURER LA RENTABILITE
BANCAIRE AU CAMEROUN
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
Les banques au Cameroun favorisent l'activité
économique de diverses manières. De multiples études
telles que (Levine, 1996) montrent que l'efficacité des
intermédiaires financiers peut aussi influencer la croissance
économique. De plus certaines études établissent une
relation entre la rentabilité des banques et les taux
d'intérêts. Qu'en est-il des banques camerounaises ? Sont-elles
des institutions financières efficaces et bien structurées qui,
en l'absence de réglementation, peuvent dominer le paysage financier ?
Une meilleure compréhension des politiques bancaires nécessite
une connaissance approfondie des déterminants de rentabilité
bancaire. Si l'étude de l'influence de certains indicateurs sur les
résultats bancaires occupe depuis longtemps une place importante dans la
littérature économique et financière, un nouvel
éclairage de la question est nécessaire. D'une façon
générale, il devient impératif d'appréhender les
conséquences des variations de ces indicateurs sur les résultats
des intermédiaires financiers au sein du pays.
La question centrale ici est de savoir si l'application
des mesures prudentielles s'est réellement traduite par une
amélioration de la rentabilité bancaire au Cameroun ? Cette
première partie vise à montrer comment les
caractéristiques des banques et l'environnement financier affectent la
rentabilité des banques camerounaises. Singulièrement, le but
principal de cette partie est d'examiner de façon approfondie la
relation entre la rentabilité et les caractéristiques du
système bancaire. Il s'agit de montrer que parmi les indicateurs
potentiels de rentabilité, la réglementation prudentielle
apparaît la plus pertinente pour rétablir la rentabilité
bancaire au Cameroun. L'hypothèse sous-jacente est que la
réglementation prudentielle influence positivement la rentabilité
bancaire au Cameroun.
Pour y parvenir, la présentation est faite en
deux chapitres. Le chapitre 1 a pour titre : Réglementation
prudentielle et résolution de la crise bancaire au Cameroun. Le but est
d'évaluer la contribution du dispositif réglementaire à
résoudre de manière optimale les problèmes nés de
la crise du système bancaire de la fin des années 80. Le chapitre
2 a pour titre : Le dispositif prudentiel comme pilier de la
rentabilité des actifs bancaires au Cameroun. Le but est de mesurer
l'impact des ratios prudentiels dans la détermination de la
rentabilité des actifs (ROA) dans le souci de rendre le système
bancaire stable. La méthode la plus appropriée pour traiter ce
genre de problème est la méthode de régression multiple.
Les résultats tant statistiques qu'économétriques sont
proposés.
CHAPITRE I : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
ET
RESOLUTION DE LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN
REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
AU CAMEROUN.
INTRODUCTION
Le Cameroun a connu à la fin des années
80 une crise économique qui a touché tous les secteurs publics et
privés, surtout le secteur bancaire. La crise bancaire camerounaise
comprenait trois composantes fondamentales : la crise de
solvabilité, la crise de liquidité et la crise de
rentabilité. Depuis le début des années 90, le Cameroun
s'est engagé dans la voie de la restructuration et de la
libéralisation de son système bancaire en appliquant le plan
d'ajustement structurel (P.A.S) des institutions financières
internationales.
La restructuration impose la plupart du temps une
réglementation prudentielle. Par nécessiter, la restructuration
du système bancaire s'est avérée indispensable pour
enrayer la crise bancaire de la fin des années 80 qui entravait le
retour à la croissance économique du Cameroun (Abega, 1995). Elle
n'était pas suffisante et il a fallu adjoindre la libéralisation
bancaire pour espérer les résultats favorables et un retour
rapide à la croissance économique. La restructuration du
système bancaire avec sa libéralisation est une posologie des
institutions financières internationales (le Fonds Monétaire
International et la Banque Mondiale) pour entraver les conséquences
néfastes de la crise bancaire camerounaise et pour faire diminuer la
probabilité de faillites bancaires (Bekolo Ebe, 1991). Après une
vingtaine d'années d'application, il est intéressant de se poser
la question de l'efficacité de ce remède financier.
La réglementation prudentielle
préconisée par les institutions financières
internationales peut-elle améliorer les résultats bancaires et
contribuer à ramener la croissance économique ? De
manière précise, l'application et le respect des
différents ratios prudentiels a-t-elle résolu de manière
optimale les problèmes nés de la crise du système bancaire
de la fin de années 80 et fait disparaître dans le système
bancaire les stigmates de la crise bancaire de la fin des années
80 ?
Les institutions internationales ont affirmé
que cette posologie allait améliorer de façon optimale la
stabilité du système bancaire. Par sa gravité et sa
violence, la crise bancaire de la fin des années 80 mérite des
interrogations car elle est multidimensionnelle, conjuguant en fait trois
crises : la crise de solvabilité, la crise de liquidité et
la crise de rentabilité. L'application du plan d'ajustement structurel a
produit certains résultats positifs mais il a aussi
entraîné ou fait surgir d'autres problèmes. Il a connu
également des échecs par rapport aux objectifs initiaux à
atteindre. Quelles sont les perspectives de la réglementation
prudentielle et les modifications que l'on peut apporter pour l'adapter
à l'environnement économique actuel marqué par la
globalisation financière et la mondialisation des
économies ? Pour y parvenir, la section I présente la crise
bancaire au Cameroun à la fin des années 80 et la section II
étudie les perspectives de la réglementation prudentielle en vue
de résoudre le problème de la crise.
SECTION I : LA CRISE
BANCAIRE AU CAMEROUN
Depuis l'indépendance en 1960, le Cameroun a
connu une croissance économique régulière jusqu'au milieu
des années 80. A la fin des années 80, le Cameroun a subi une
crise bancaire dont les causes sont multidimensionnelles (Touna Mama, 1996).
Dans cette section, il est présenté les causes de la crise. Ces
causes multidimensionnelles (Groupe ESF, 1990), peuvent se répartir en
deux groupes : les causes exogènes et les causes endogènes
au système bancaire. Pour les causes exogènes, elles sont les
causes historiques, les causes institutionnelles, les causes
politico-administratives et les causes conjoncturelles. En ce qui concerne les
causes endogènes, elles sont en général dues à une
politique hasardeuse de distribution du crédit et à la gestion
incontrôlée et risquée des banques (Sandretto et Tiani,
1993). A la suite de ces causes, la crise bancaire s'est
caractérisée par une série de faillites bancaires et
d'importantes banques liquidées par les pouvoirs publics.
I - LES CAUSES DE LA CRISE
BANCAIRE AU CAMEROUN
La crise bancaire au Cameroun fait suite à de
multiples causes à la fois exogènes et endogène qui ont
provoqué des faillites de plus en plus importantes dans le
système bancaire camerounais.
1- Les causes
exogènes de la crise bancaire
Les causes exogènes peuvent se définir
comme les causes dont les décisions ne dépendent pas directement
des employés du secteur bancaire. Nous savons que certaines
décisions prises hors du secteur bancaire (par exemple, l'administration
publique) peuvent avoir une influence directe ou indirecte sur le
système bancaire. De plus les causes lointaines à la crise comme
les causes historiques sont aussi considérées comme des causes
exogènes. Les développements suivants présentent de
manière succincte les causes historiques, les causes politico-
administratives, les causes conjoncturelles et les causes institutionnelles
considérées dans la crise bancaire camerounaise de la fin des
années 80 comme des causes exogènes.
1.1- Les causes
historiques
Les causes historiques sont
liées à la colonisation. En effet, l'implantation des banques au
Cameroun date du début du 19ème siècle avec la
colonisation allemande. Les banques allemandes ont constitué des
réseaux de comptoirs commerciaux opérant des transferts de fonds
vers la métropole. La clientèle des banques coloniales
était constituée des sociétés industrielles
étrangères et des sociétés multinationales
régissant dans les colonies qui avaient comme vocation l'exploitation
des ressources naturelles (les matières premières et les cultures
de rente) pour ravitailler les industries de la métropole. En d'autres
termes, la relation entre le Cameroun et les anciens pays colonisateurs
(l'Allemagne, l'Angleterre et la France) a été pendant certaines
années une relation d'exploitation des ressources pour leur
développement.
L'économie camerounaise durant la colonisation a
été centrée à l'exportation et au commerce des
matières premières et des cultures de rente. En fait, les
populations ont toujours été exclues du secteur bancaire
colonial. Elles étaient confinées dans une économie
traditionnelle basée sur le troc et exclue du système bancaire
colonial à savoir elles n'avaient pas de pouvoir d'achat
monétaire quantifiable. En somme, l'implantation originelle des banques
au Cameroun s'est ainsi opérée dans le cadre de la politique de
colonisation ou de consolidation du pouvoir politico financier de la
métropole. Les banques coloniales ont joué ainsi le rôle de
relais de l'idéologie coloniale en refusant toute intrusion de la
population camerounaise dans l'économie coloniale.
La fin de la première guerre mondiale a
placé le Cameroun sous mandat français par la
société des nations (SDN) et sous une autre forme d'exploitation
bancaire coloniale avec la zone franc. En fait, la France a conçu
d'autres mécanismes de domination monétaire (Gérardin,
1989). La France, détentrice du pouvoir politique, s'est aussi
appropriée le pouvoir monétaire, celui de créer de la
monnaie fiduciaire. La monnaie n'était pas destinée à la
mise en oeuvre des forces productives mais elle avait plutôt le
rôle de favoriser l'exploitation par la métropole des ressources
utiles et de faire tourner les usines de la métropole. En d'autres
termes, elle jouait à la colonie le rôle de réserve de
matières premières et de débouchés pour les
produits finis. La dépendance est un phénomène
pluridimensionnel car elle présente au niveau financier plusieurs types
de stratégies d'exploitation. Par exemple, la dépendance
financière française est une situation où un groupe de
pays est conditionné par l'évolution d'un autre pays. La zone
franc (Martin, 1986) est une application de ce système de la
dépendance financière. Le développement économique
des pays francophones est ainsi conditionné par le probable
développement économique de la France.
1.2- Les causes
institutionnelles
L'appartenance à la zone
franc impliquait le respect d'un certain nombre de règles qui
s'appuyaient sur la garantie de convertibilité, la parité fixe et
la transférabilité des capitaux. La garantie de
convertibilité stipulait que la France doit fournir au Cameroun des
devises dont il a besoin, mais en revanche le Cameroun devait déposer
65% de ses avoirs extérieurs dans son compte d'opérations
auprès du Trésor français. La rétention des avoirs
du Cameroun dans le compte d'opérations par le Trésor
français l'a certainement privé des moyens de développer
son industrie ou son économie. En d'autres termes, si le Cameroun avait
ses propres devises, il pouvait facilement financer ses banques en vue de
soutenir ses investissements. De plus, l'ampleur de la crise de
liquidité de la fin des années 80 aurait été
sûrement moindre. Cette garantie n'était qu'une centralisation des
devises dans le compte d'opérations pour le développement de la
métropole. En plus, le processus de compte d'opérations
appliqué dans la zone franc a diminué la marge des manoeuvres des
autorités monétaires pour la définition d'une politique
cohérente de crédit.
La règle de la parité fixe entre le franc
français et le franc CFA a été toujours
présenté comme une garantie du système financier pour le
Cameroun. Les dévaluations successives ont mis en défaut cette
règle de garantie et renchéri les importations d'autres pays
autres que la France. Le Cameroun a connu des révisions à la
baisse de la parité du franc CFA par rapport au franc français en
août 1969 (12,50%), en octobre 1981 (3%), en juin 1982 (5,75%), en mars
1983 (2,5%), et en juin 1988 (50%). Elles ont porté un coup dur à
l'économie camerounaise. L'alourdissement de coût des importations
a entraîné des sorties massives de fonds qui ont aggravé
l'illiquidité des banques. Les dévaluations successives ont
produit des dépréciations des avoirs en devises détenus
par les banques centrales et libellés en franc français.
Toute mutation de la parité du franc
français par rapport aux devises étrangères s'est
répercutée sur le franc CFA. En plus des dévaluations,
ces diverses mutations ont entraîné ou accentué des
décaissements importants du Cameroun pour assurer le remboursement de sa
dette extérieure. La libre transférabilité des devises
entre la France et le Cameroun a entraîné également une
fuite facile des capitaux vers les banques étrangères où
les taux d'intérêt étaient plus attrayants. Dans les
années 80, la fuite des capitaux s'est intensifiée avec
l'instauration de la politique libérale et à cause de certains
évènements politiques et de certaines décisions de la
banque centrale (putsch manqué de 1984, l'arrêt du rachat des
billets émis par la BEAC en circulation hors zone franc, etc....). Ceci
s'illustre par la présentation dans le tableau 1 de l'évolution
des sorties des billets de la zone BEAC de 1985 à 1993.
Tableau 1. Evolution des sorties de billets de la
zone BEAC de 1985 à 1993 (milliards de francs CFA)
Années
|
Exportations
|
Rachat des billets
auprès de la
Banque de France
|
Pourcentage
|
1985
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993
|
173,44
189,94
237,35
292,28 239,54 231,44 244,20 312,13 146,87
|
73,09 91,23 141,92 203,96 151,48 137,31 137,20 185,73 110,32
|
42,00% 48,00% 60,00% 70,00% 63,00% 59,00% 56,18% 59,50%
75,11%
|
(Source : documentation BEAC)
La libre transférabilité des capitaux
entre la zone franc et la France a incité les opérateurs
économiques à effectuer des placements de capitaux dans les
banques étrangères où les taux d'intérêts
étaient plus élevés ou attrayants. Ce principe de libre
transférabilité a privé les banques camerounaises de
ressources d'épargne qui leur auraient permis de résister
probablement à la crise de liquidité. La zone BEAC a souffert de
la sortie de plus en plus de billets dans les années 80. En 1985, la
BEAC a racheté ces billets pour une valeur de 175 milliards de francs
CFA. En 1988, ce rachat a atteint près de 295 milliards de francs CFA.
Notons que la grande partie de cette sortie de billets BEAC s'est
effectuée vers la France.
1.3- Les causes
politico-administratives
Les causes politico-administratives sont liées
à une politique économique d'inspiration keynésienne et
à l'implication de l'Etat dans le secteur bancaire ou l'extension de la
tutelle de l'Etat dans les institutions financières. La politique
keynésienne consacrait un rôle important de l'Etat dans la
sphère économique. La législation camerounaise née
de l'indépendance a obligé les institutions à
réserver à l'Etat ou aux organismes publics une part importante
de leur capital. Cette obligation s'est matérialisée non
seulement par la forte participation de l'Etat dans le capital des banques et
la création des banques publiques ou de développement, mais aussi
par son influence dans les prises des décisions dans des divers conseils
d'administration des institutions financières et des nominations par
l'Etat des représentants dans la gestion des banques. Cette influence a
permis à l'Etat de faire mettre en place une politique d'encadrement du
crédit bénéficiant aux entreprises publiques. En effet,
Certaines entreprises publiques ont eu des crédits auprès des
banques à la faveur des pressions politiques. Nous avons constaté
que les encours de crédits distribués aux entreprises publiques
ont triplé de 1976 à 1986. Cette distribution
généreuse et incontrôlée des crédits a
bénéficié à beaucoup de personnes et
engendré un enrichissement de certains citoyens camerounais dits
« protégés du pouvoir en place »8(*). Elle a fait naître des
hommes d'affaires occasionnels qui ne savaient pas comment gérer les
fonds empruntés. Par manque d'expérience, ils ont dirigé
ces fonds vers des activités spéculatives : l'import-export
et l'immobilier. En fait, ces pratiques interventionnistes ont enfoncé
davantage les banques dans une crise d'illiquidité. En somme, les
pouvoirs politico-administratifs ont aussi participé aux faillites
bancaires de la fin des années 80 qui ont entraîné la
liquidation de la plupart des banques importantes au Cameroun.
1.4- Les causes
conjoncturelles
Les causes conjoncturelles sont liées à
l'environnement économique des années 80
caractérisé par une baisse des recettes d'exportations suite
à une diminution des prix des matières premières et des
cultures de rente (cacao, café, coton, etc...) sur les marchés
mondiaux. La chute des recettes d'exportations a entraîné une
baisse des dépôts ou de l'épargne auprès des banques
et une chute des recettes budgétaires.
Le tableau 2 présente l'évolution des
dépôts bancaires de la zone BEAC. Les dépôts
bancaires ont connu un accroissement remarquable entre 1980 et 1986 en passant
de 445 milliards de francs CFA à 1270 milliards de francs CFA soit une
hausse de près de 295%. Les dépôts nationaux pour la
même période sont passés de 350 milliards de francs CFA
à 1120 milliards de francs CFA, soit un accroissement de près de
302%. Par contre, à partir de 1986, la baisse des recettes
d'exportations a provoqué la chute des dépôts bancaires. De
1986 à 1989, les dépôts bancaires de la zone BEAC sont
passés de 1270 milliards de francs CFA à 890 milliards de francs
CFA, soit une réduction de près de 30%. Les dépôts
nationaux sont passés dans la même période de 1120
milliards de francs CFA à 750 milliards de francs CFA soit une baisse de
33%. L'accroissement des recettes des années 70 et du début des
années 80 avait incité les banques commerciales à essayer
d'étendre leur réseau dans les zones pastorales et agricoles.
Tableau 2. Evolution des dépôts
bancaires de la zone BEAC de 1980 à 1989 (milliards de francs
CFA)
Déposants
|
1980
|
1982
|
1984
|
1985
|
1986
|
1988
|
1989
|
-Déposants nationaux
.Déposants publics et parapublics
.Déposants privés
-Déposants étrangers
. Organismes internationaux
. Etrangers africains
. Etrangers non-africains
|
351,1
195
156,1
94 5,9 7,5 80,6
|
634,1
317,6
316,5
123,1 2,5 10,9 109,7
|
903,5
482
421,5
141 11,6 21,9 108
|
1053,8
585,3
468,5
151
6,8 21,1
123,1
|
1119,9
602,7
516,3
148,3 7,7 22,5 118,1
|
911,7
457,2
454,5
135,9 9,5 25,6 100,8
|
752,9
298,3
457,1
134,8 7,9 21,1 105,8
|
Total des dépôts bancaires
|
445,1
|
757,2
|
1045
|
1204,8
|
1267,3
|
1047,6
|
890,2
|
(Source : bulletin BEAC, N°193 juin-juillet
1992)
Des agences et des guichets périodiques ont
été créés dans ces zones pour assurer la collecte
de l'épargne. Les dirigeants des banques n'ont pas su développer
des options stratégiques adéquates leur permettant de fructifier
les dépôts enregistrés pendant la période de la
conjoncture favorable. La baisse des dépôts a fait ressortir la
précarité de la liquidité des banques et la
fragilité des diverses stratégies de développement des
banques.
Dans les secteurs publics et parapublics, la tendance
des dépôts s'est également inversée. En fait, les
dépôts ont régressé de 1986 à 1989 de 603
milliards de francs CFA à 305 milliards de CFA, soit une baisse de
près de 50%. L'Etat ne pouvait plus assurer ses engagements
auprès de ses fournisseurs qui s'étaient endettés dans les
banques pour les travaux publics. Ces prêts sont devenus des
créances douteuses et irrévocables. Les diverses entreprises ont
ainsi renoncé aux projets d'investissements et réduit leur
personnel à cause de la contraction des offres de marché public.
De plus, la hausse des taux d'intérêts au niveau mondial a accru
les services de la dette. Ces ingrédients rassemblés ont
aggravé les crises de solvabilité et de l'illiquidité
observées au Cameroun à la fin des années 80.
La crise bancaire camerounaise peut se résumer
en trois phases : la phase de fragilisation du système bancaire, la
phase des fluctuations des trésoreries et la phase de l'effondrement du
système bancaire. Ces phases ne sont que l'aboutissement d'une longue
évolution car la première phase a débuté en 1973
avec la camerounisation9(*)
des banques et l'essoufflement du système bancaire post-colonial. Les
réformes bancaires de 1973 avaient pour objectif d'impulser le
développement des entreprises par des investissements nouveaux et de
promouvoir le développement économique et social.
La deuxième phase a été
matérialisée par les subventions de l'Etat avec les ressources
financières pétrolières aux banques. Non seulement les
banques ont accumulé des pertes dues aux divers crédits non
remboursés, elles se sont autorisées aussi des erreurs de
gestion. Les ressources financières pétrolières
injectées par l'Etat dans les banques leur ont permis une
réorientation de leurs activités vers les marchés
financiers internationaux offrant des rémunérations plus
élevées pour combler leurs déficits. Les profits ainsi
réalisés ont été malheureusement insuffisants pour
enrayer l'insolvabilité des banques. La situation de liquidité
dans laquelle les banques réussissaient à se maintenir
n'était que précaire.
En 1987, la baisse forte et simultanée des
cours des produits d'exportations : le pétrole, le café, le
cacao, etc... a déclenché la troisième phase ou
l'effondrement des banques ou du système bancaire. La compression des
recettes de l'Etat a entraîné des faillites bancaires et une
panique des agents. Les retraits des banques sont devenus massifs tandis que
les organismes publics avaient diminué leurs dépôts dans
les diverses banques. La confiance chancelante envers le système
bancaire a été mise à rude épreuve. La plupart des
banques étaient incapables de faire face à cette ruée
contagieuse entraînant l'effondrement du système bancaire.
2- Les causes
endogènes de la crise bancaire
Les causes endogènes de la crise bancaire
sont liées aux quatre grandes fonctions des banques : la fonction
de financement, la fonction de gestion des moyens de paiement, la fonction de
mutualisation des risques et la fonction de courtage. Les banques sont apparues
défaillantes par rapport à ces quatre fonctions. Ces diverses
causes endogènes peuvent être regroupées en quatre points.
La surbancarisation, la politique hasardeuse du crédit, la mauvaise
gestion des banques et l'absence d'innovations en produits bancaires.
L'échec éclatant des banques de développement est dû
à d'autres causes supplémentaires : la
déspécialisation des banques de développement, le manque
de contrôle et de suivi des crédits accordés, le
détournement des missions primaires, etc...
2.1- La surbancarisation
des zones urbaines et la
sousbancarisation des zones
rurales
Après l'indépendance, le
nombre de banques au Cameroun s'est accru. Les banques commerciales se sont
multipliées pour se disputer un marché bancaire encore trop
étroit. Non seulement, il y a eu d'autres banques d'origine
française, les banques anglo-saxonnes sont également venues
s'ajouter à un marché local déjà étroit.
L'Etat a aussi crée ses banques de développement. Cette
surbancarisation a entraîné une concurrence rude entre les banques
qui proposaient presque les mêmes produits financiers. Elle a aussi
entraîné une diminution des marges bénéficiaires des
banques. Notons que cette surbancarisation a eu lieu seulement dans les zones
urbaines, les zones rurales étaient restées
sous-bancarisées. Cette politique de bancarisation à deux
vitesses du Cameroun a entraîné une absence de politique bancaire
cohérente nationale et un certain désordre dans l'exercice des
activités bancaires.
2.2- La politique
hasardeuse de crédit
La plupart des crédits
octroyés n'étaient pas précédés par une
étude approfondie de la solvabilité des
bénéficiaires. Les documents des établissements financiers
font apparaître trois types de risques auxquels étaient
confrontés les banques camerounaises : le risque de
solvabilité, le risque d'illiquidité et le risque des taux
d'intérêt. Le risque de solvabilité n'était pas
assez couvert avec les études peu approfondies menées pour la
capacité de remboursement des crédits par les
bénéficiaires. Les banques camerounaises ont connu une
illiquidité croissante depuis le début des années 80 car
elles ne disposaient plus de ressources suffisantes pour faire face au retrait
des déposants à cause du manque de confiance du public au
système bancaire. La situation conjoncturelle internationale a
placé les banques face au risque de variabilité des taux
d'intérêt. En effet, il était devenu difficile aux banques
de prévoir leurs marges bénéficiaires pour les
crédits distribués (Borio, 2009).
Les divers crédits accordés concernaient
les secteurs immobiliers et commerciaux et non les investissements productifs
industriels. De plus, ces crédits étaient concentrés sur
quelques catégories sociales, notamment les cadres du secteur public et
privé. Ces cadres obtenaient parfois ces crédits sous la pression
de l'Etat sans qu'on ne se soucie de leur solvabilité. Ces
débiteurs insolvables ont crée dans les banques de nombreuses
créances douteuses. Sous la pression de l'Etat, les banques
camerounaises ont essayé de prolonger leurs concours à des
entreprises en difficulté ou même en cessation de paiement mais
jugées stratégiques par l'Etat. Cette politique hasardeuse des
crédits a entraîné la crise de solvabilité des
banques à cause du non- recouvrement des crédits
distribués (Borio and Zhu, 2008).
2.3- La mauvaise gestion
des banques
Les choix de gestion des dirigeants
des banques au Cameroun à la fin des années 70 se sont
révélés catastrophiques pour leur fonctionnement normal.
La plupart des banques camerounaises se sont engagées dans des
programmes immobiliers coûteux de prestige : la construction des
sièges sociaux de prestige, la multiplication des agences dans les
villes, etc... Les frais généraux et les charges d'exploitation
n'ont cessé d'augmenter entraînant la non rentabilité de
certaines banques. De plus, les frais de personnel ont alourdi également
les charges des banques avec des salaires très élevés par
rapport à ceux du personnel des entreprises. Les banques camerounaises
disposaient aussi des effectifs pléthoriques.
Les banques de développement ont
été créées grâce au concours financiers des
organismes bilatéraux et multilatéraux. Elles avaient pour
mission de soutenir la croissance économique en accordant des
prêts à des taux préférentiels à des secteurs
jugés prioritaires comme par exemple : l'agriculture, l'habitat
social, etc... Les banques de développement se sont consacrées
à tort à d'autres missions autres que leurs missions originelles
pour essayer de diversifier leurs produits financiers. Elles ont essayé
d'investir dans d'autres secteurs qui se sont révélés par
la suite très risqués. A cause des diverses pressions et à
des pratiques non recommandées, la gestion des banques de
développement restée incontrôlée est devenue
catastrophique.
L'analyse des bilans des diverses banques
camerounaises a fait ressortir trois types de risques (risque de crédit,
risque d'illiquidité, risque de taux) de l'activité bancaire dont
les dirigeants devaient éviter pour une gestion harmonieuse des
établissements financiers. Le traitement des comptes bancaires a fait
ressortir de nombreuses erreurs commises pour masquer l'état de
délabrement des banques. La Société d'Ingénierie
Bancaire Internationale a révélé que 236 milliards de
créances saines ont été transformées en
créances douteuses. Toutes ces créances douteuses estimées
à 490 milliards de francs CFA sont dues à l'action d'un personnel
non qualifié et peu compétent qui exerçait dans les
banques (Borio and Lowe, 2002).
L'absence des structures de contrôle de gestion
des établissements de crédits a favorisé également
un certain nombre de dérapages au niveau du non respect des
règles prudentielles. Le non respect de certains ratios (le ratio de
solvabilité, etc...) a compromis la liquidité et la
solvabilité des établissements financiers car par exemple, le
ratio de solvabilité10(*) rassure souvent les déposants de la certitude
d'entrer en possession de ses fonds à tout moment.
2.4- L'absence d'innovation
en produits bancaires adaptés
La plupart des produits bancaires
« nouveaux » à l'instar de crédit
équipement, crédit immobilier, bon de caisse, dépôts
à terme, n'étaient que des transpositions des produits existants
dans les pays industrialisés. Ces produits ont été souvent
introduits au Cameroun sans une étude approfondie pour leur
adaptabilité. Les banques camerounaises s'efforçaient tout juste
de changer le nom du produit bancaire européen et de le proposer
à la clientèle. Malheureusement, ils ont été
souvent rejetés car ils ne répondaient pas aux besoins de la
clientèle. Par rapport aux difficultés des années 80, les
banques camerounaises n'ont pas pu mettre sur le marché bancaire des
produits bancaires adaptés. Ce manque de produits bancaires
répondant aux besoins de la clientèle a largement
pénalisé les dépôts. Malgré toutes ces
difficultés, les banques n'ont pas pu mettre en oeuvre des produits
bancaires dynamiques pour mobiliser les ressources disponibles contre la crise
bancaire. Le tableau 3 illustre le processus d'évolution de la crise
bancaire de 1973 à 1987. On observe que les banques n'ont pas su jouer
leur rôle d'intermédiaire financier
Tableau 3. Processus d'évolution de la crise
bancaire au Cameroun
1973 - 1982
|
1982 - 1987
|
Après 1987
|
Crise de solvabilité
|
Crise de solvabilité
+
Crise de rentabilité
|
Crise de solvabilité
+
Crise de rentabilité
+
Crise de liquidité
|
(Source : documentation BEAC)
La crise de solvabilité était surtout due
à la politique hasardeuse et incontrôlée de distribution
des crédits souvent sous la pression de l'Etat. La norme prudentielle du
ratio de solvabilité étant fixée à 5%. La crise de
rentabilité était due au fait que les banques se soient
lancées dans des programmes immobiliers coûteux : la
construction des sièges prestigieux, des agences et le recrutement d'un
personnel pléthorique et non formé. De plus, le manque de
confiance au système bancaire a entraîné brusquement la
ruée (ou la course) aux guichets de la clientèle pour retirer
leurs dépôts. En effet, cette crise de rentabilité peut
aussi se mesurer par l'évolution des impôts versés à
l'Etat par le secteur bancaire qui a connu une réduction de plus de 70%
à la fin des années 80. La libre transférabilité
des capitaux a entraîné aussi une fuite de capitaux. La forte
détérioration des capitaux propres est due à
l'accumulation des créances douteuses. De plus, les clients des banques
ont décidé de retirer leurs dépôts avec la perte de
confiance au système bancaire. Les banques n'ont pas été
capables de répondre à la demande imprévisible des
retraits des déposants amenant certaines banques à liquider une
partie de leurs actifs. Les pertes enregistrées par les ventes d'actifs
ont été sérieuses pour certaines banques. Les
défaillances de certaines banques ont entraîné une certaine
panique et pousser d'autres déposants à se précipiter dans
les banques pour tenter de sauver une partie de leurs avoirs. Le ratio de
liquidité des banques étant fixé à 70% en 1989, on
peut, par exemple, relever que la CAMBANK ne disposait que de 7,5 milliards de
francs d'actifs liquides sur un passif exigible de 38,64 milliards de francs
CFA, soit 19%. Les ratios de liquidité de PARIBAS-Cameroun, de la SCB et
de la BCD étaient respectivement de : 69,8%, 79% et 84%
(Documentation BEAC).
A la suite de ces causes, la crise bancaire s'est
caractérisée par une série de faillites bancaires et
d'importantes banques liquidées par les pouvoirs publics.
II - LES FAILLITES BANCAIRES AU
CAMEROUN
La crise bancaire de la fin des années 80 a
été caractérisée par une série de faillites
bancaires dues aux différentes causes énumérées
ci-dessus. D'importantes banques ont fait faillites et ont été
liquidées par les pouvoirs publics. En guise d'exemple, nous
avons : la Société Camerounaise de Banque (SCB), la Banque
Internationale pour l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC), la Cameroun Bank
Limited, la Banque de paris et des Pays-Bas du Cameroun (PARIBAS-CAM),
etc...Les succursales des grandes banques anglo-saxonnes se sont
retirées de la sphère financière nationale. On peut citer:
la Chase Bank of Cameroon, la Boston Bank of Cameroon et la Bank of America
Cameroon. Les organismes financiers de développement comme la Banque
Camerounaise de Développement (BCD) et le Fonds National de
Développement Rural (FONADER) ont fermés. La
Société Camerounaise de Banque (SCB) et la Cameroon Bank Limited
(CAMBANK) ont été les premières banques commerciales
à faire faillite en 1988, suivies de la Banque Internationale pour
l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC) et la Bank of Commerce and
Crédit Cameroon en 1991 et de la Banque Internationale pour le Commerce
et l'Industrie du Cameroun (BICIC) et du Crédit Agricole du Cameroun en
1995.
1- Effet de contagion des
faillites bancaires
Hormis les causes exogènes et les causes
endogènes, le ralentissement de l'activité économique
générale découlant de la baisse des recettes d'exportation
des matières premières et des problèmes dans le
fonctionnement des secteurs publics et privés n'ont fait qu'aggraver les
conséquences de la crise bancaire camerounaise. En 1981, on a
constaté une décroissance du produit intérieur brut qui
s'est accentuée en 1986 malgré le léger relèvement
de 1985. Le produit intérieur a atteint son niveau le plus bas en
1988.
L'étude du comportement des clients des diverses
banques a fait ressortir un effet de contagion (Goodhart, 1983). Lors de la
crise bancaire de la fin des années 80, on a observé une course
aux guichets pour le retrait en masse des fonds par les divers
déposants. Cette ruée vers les guichets des diverses banques a
ressemblé à un mouvement de panique bancaire car les divers
retraits se sont effectués sans distinction (toutes les classes
sociales) et dans un temps assez court. Cette panique a été de
longue durée car elle a entraîné des problèmes dans
certaines banques solvables et menacé d'effondrement tout le
système bancaire camerounais. La menace était due essentiellement
au fait que ceux qui retiraient leurs fonds ne les déposaient pas dans
les banques saines ou solvables du Cameroun, mais dans les banques à
l'étranger (dans les pays européens plus
précisément en France et en Suisse).
Le problème du contrôle de la meilleure
gestion de la banque révèle des difficultés de traitement
des informations pour les accords de crédits, car la dette d'une banque
est souvent répartie au sein d'un grand nombre de petits
déposants parfois peu informés ou compétents.
L'hétérogénéité des emprunteurs potentiels
pose le problème de la sélection car pour les divers clients, les
risques ne sont pas les mêmes. Les emprunteurs présentent à
la banque des projets différents (risques divers et rentabilité
différente) et une meilleure sélection ne peut s'opérer
que sur la base des infirmations objectives ou fiables. Les banques ont
développé des méthodes ou des outils statistiques
sophistiqués (scoring, économétrie non linéaire,
etc...) pour évaluer la probabilité de défaillance d'un
emprunteur à partir de quelques variables fondamentales, des analyses
attentives des situations financières et des études sur des
perspectives sectorielles correspondante. L'aléa moral concerne
principalement le problème du comportement de l'emprunteur après
l'obtention du crédit ou de la signature du contrat de crédit. En
effet, l'emprunteur peut moduler la mise en place réel de son projet
d'investissement ou ne même plus réalisé l'objet du
crédit obtenu. Il peut aussi détourner au détriment du
créancier les résultats du crédit ou prendre les
décisions plus ou moins conformes avec le respect de ses engagements
initiaux. La réussite de tout projet d'investissement financé par
une banque nécessite pour cela une part de contrôle du
créancier pour réduire l'aléa moral ou les actions
cachées. L'effet de l'information dans l'activité bancaire peut
également être source de difficultés ou de faillites
bancaires. La ruée contagieuse du comportement des déposants lors
de la crise bancaire de la fin des années 80 a été due en
partie à la circulation et au traitement des informations. Le
système d'acquisition et de propagation des informations de
« bouche à oreille » est très
développé au Cameroun mais reste peu fiable pour la transmission
des informations.
2- Les risques de
faillites bancaires au Cameroun
Les risques de faillites bancaires font partie du
paysage quotidien des activités de tout système bancaire. Le
risque bancaire présente un caractère endogène
c'est-à-dire l'exercice de la banque est une activité
risquée dans laquelle les catastrophes sont possibles avec des
conséquences graves potentielles (Chiappori et Yanelle, 1996). Aucune
banque n'est exempte du risque dans son fonctionnement car toute
décision de crédit est fonction de la rentabilité
ex-anté (ou prévisionnelle) de l'opération. Cette
rentabilité ex-anté est souvent différente de la
rentabilité ex-post à cause des problèmes
d'asymétrie des informations. En d'autres termes, l'activité
bancaire a un rôle risqué d'intermédiation à cause
des asymétries d'informations (informations incomplètes et/ou
imparfaites) caractérisant le marché du crédit.
Les risques bancaires sont multiples (Allen et Gale,
1994) ; ainsi dans la théorie, il est difficile de faire une
typologie précise. Nous pouvons distinguer comme risques pour
l'activité bancaire : le risque de dévalorisation, le risque
de solvabilité, le risque de liquidité, le risque de taux
d'intérêt, le risque systémique, etc.
L'insolvabilité d'une banque peut venir aussi
mettre en péril la solvabilité de ses contreparties dans les
divers échanges. Une banque est non solvable quand elle n'arrive plus
à faire face à ses engagements. Le risque de solvabilité
d'une banque relève plus de sa mauvaise gestion et de suivi d'une
politique hasardeuse et non adaptée à l'environnement
économique. En d'autres termes, il est lié au fonctionnement
interne de la banque. Le taux d'intérêt peut être
fixé par les pouvoirs publics et par la banque centrale ou tout autre
organisme habilité. En effet, les divers changements de taux
d'intérêt peuvent entraîner des pertes financières
sur les rémunérations des divers prêts ou crédits
accordés. Il en est de même du taux de change sur les devises
détenues par les banques. Ces instabilités de taux peuvent
être préjudiciables ou entraîner des faillites pour les
banques ayant pris trop de risque dans leur gestion. Le risque de taux peut
entraîner également une dévalorisation de l'actif des
banques.
Le risque opérationnel est lié au
fonctionnement interne des banques. Il résulte du manque de dissociation
nette entre les diverses fonctions d'une banque et fait ressortir les
problèmes des systèmes de gestion interne des informations de la
banque. Ce manque de dissociation n'est que le résultat d'une mauvaise
organisation des activités des banques.
Le risque systémique concerne toute la
sphère bancaire. Il s'agit d'un défaut d'une banque qui provoque
la défaillance d'autres banques. Ce risque est matérialisé
par une réaction en chaîne ou un effet de contagion (Fouda, 1999),
aussi appelé effet domino, entraînant une faillite
généralisée du système bancaire. Le risque
systémique est un risque de diffusion de défaut aux
contreparties. En fait, il pousse les banques à s'observer ou/et
à accepter une structure de surveillance des activités bancaires
(Aglietta, 1996). Cette surveillance mutuelle ou ce contrôle exige une
certaine transparence dans la gestion et le fonctionnement des banques. La
crise du secteur bancaire camerounais des années 80 présentait
cet effet de contagion entre les diverses banques accentué par la
concentration de toutes les banques dans les grandes villes. Le risque
systémique est responsable en grande partie de la création de la
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC).
Les risques internes sont liés au
fonctionnement du système bancaire actuel et des produits bancaires.
Certains produits, bien que se soient des modèles de produits
européens ou américains, ne sont pas adaptés. On essaie
parfois de les adapter et parfois de les mettre sur le marché bancaire
sans aucune modification en prétextant des problèmes de
coût d'étude ou d'autres coûts. L'adaptation se
résume parfois juste au changement du nom du produit bancaire.
Les risques externes sont liés à
l'environnement économique national et international et au
système financier national. L'information joue également un grand
rôle au niveau des échanges entre les diverses banques, mais ces
échanges nécessitent une certaine réglementation
garantissant une certaine transparence des diverses opérations. Il faut
également prévoir une structure de contrôle pour ces
échanges d'informations entre les diverses banques. Les échanges
d'informations interbancaires ne sont pas assez développés au
Cameroun car le marché bancaire camerounais semble encore être le
« chacun pour soi » pour la gestion des informations et des
risques bancaires. Les dernières faillites bancaires (Crédit
Agricole, Banque Unie du Crédit, FONADER, etc...) plaident pour une
réglementation bancaire tenant compte de la mesure des risques
bancaires.
Diverses stratégies peuvent être prises par
les banques pour réduire les divers risques. Pour les risques de
dévalorisation, on peut utiliser la stratégie de couverture du
risque à savoir la réalisation des contrats fixes ou
opérationnels et/ou l'agrégation d'un grand nombre de petits
risques indépendants. Le risque de rentabilité peut être
réduit avec le mécanisme de l'assurance-dépôt car
les conséquences de la crise de rentabilité s'apparentent
à des bulles spéculatives. L'assurance-dépôt permet
d'éviter la course aux guichets dans la mesure où les divers
avoirs ne sont pas menacés par une éventuelle faillite. Si la
faillite de la banque présente un effet de contagion ou domino assez
important, alors l'Etat peut intervenir dans la sphère bancaire pour
éviter d'autres faillites (Aglietta et Moutot, 1993) qui pourraient
déstabiliser tout le système bancaire. Il existe certes des
stratégies pour diminuer les risques de faillites bancaires, de
surcroît la probabilité de faillite bancaire mais on ne saurait
l'annuler car le risque est endogène à l'activité
bancaire. Pour remédier à cette crise, des règles et lois
régissant l'activité bancaire sont adoptées. De nombreuses
attentes sont placées en elles.
SECTION II- PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE AU CAMEROUN
La réglementation bancaire du Cameroun avait pour
objectif primaire l'assainissement financier du système bancaire. Cet
assainissement devrait se faire au travers d'une nouvelle structure bancaire
rationnelle. La réglementation prudentielle a été
complétée par une réforme du dispositif informationnel qui
contient une définition de la comptabilisation des opérations en
fonction des acteurs. Dans cette section, il est question d'une part de
présenter les sources et les objectifs de la réglementation et
d'exposer les attentes de cette mesure d'autre part.
I - PRINCIPES ET OBJECTIFS DE
LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
La réglementation prudentielle du système
bancaire camerounais repose sur trois textes publiés en 1990 et
régie par une disposition communautaire de la COBAC portant sur
l'organisation de la profession bancaire abrogeant certaines dispositions
antérieures. Les textes de la réglementation bancaire ont des
objectifs suivants : la redéfinition des établissements de
crédit, la fixation du capital minimum et la définition des
conditions et des modalités des agréments des dirigeants des
banques.
1- La redéfinition
des établissements de crédit
Dans la réglementation bancaire, les
établissements de crédit ont été classés en
six catégories.
- les établissements financiers de promotion de
la consommation. Ils ont pour rôle principal de consentir des
facilités aux ménages pour leurs besoins courants et pour
l'acquisition des biens semi-durables.
- les établissements financiers de promotion des
investissements. Ils financent les immobilisations des entreprises
amortissables sur une longue période.
- les établissements de factoring. Ils
rachètent les créances en vue de leurs recouvrements.
- les établissements de recouvrement. Ils se
chargent de recouvrer les créances pour les tiers.
- les établissements de crédit-bail. Ils
sont chargés des locations des biens d'équipement, d'outillages,
d'immeubles ou de leasing industriel et commercial avec l'option d'achat.
2- La fixation du capital
minimum
Le capital social minimum des établissements de
crédits a été fixé comme suit : Pour les
banques : 1 milliard de FCFA. Pour les établissements financiers de
promotion de la consommation : 250 millions FCFA. Pour les
établissements financiers de promotion des investissements : 500
millions de FCFA. Pour les établissements financiers de factoring :
500 millions de FCFA. Pour les établissements financiers de
recouvrement : 250 millions de FCFA. Pour les établissements de
crédit-bail : 500 millions de FCFA et pour les
sociétés financières d'investissement et de
participation : 500 millions de FCFA.
3- Conditions et
modalités de l'exercice bancaire
Dans la réglementation bancaire, l'interdiction a
été faite aux banques de prendre des participations dans des
entreprises. De plus, les banques ne peuvent pas détenir directement ou
indirectement dans une même entreprise autre qu'une autre banque, un
établissement financier ou une société immobilière,
une participation de plus de 20% de leur capital propre. La banque centrale est
chargée de fixer le pourcentage des fonds propres effectifs des banques.
Le montant des fonds propres d'une banque ne doit pas être
dépassé par le montant global du concours pouvant être
consenti aux personnes participant à sa direction, à son
administration, à sa gérance ou à son fonctionnement.
Conformément à la pratique antérieure, les crédits
garantis par nantissement des marchés publics ou des produits à
l'exportation ne sont pas pris en considération dans l'application de
cette disposition de la réglementation bancaire. Les
établissements financiers et les banques sont tenus de notifier à
la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) tout concours à un
seul dirigeant, actionnaire ou personne participant à leur
gérance, contrôle ou fonctionnement dont l'encours atteint au
moins 5% de leurs fonds propres effectifs.
Le montant global des immobilisations hors
exploitation et participation dans les sociétés
immobilières dont les banques et les établissements financiers
peuvent être propriétaires, demeure limité au maximum
à 20% de leur propre capital. Les immobilisations nécessaires
à l'exploitation des banques et des établissements financiers, au
logement du personnel et au fonctionnement des oeuvres sociales restent exclues
du champ d'application de cette disposition.
De cette réglementation, il a
été imposé une règle de couverture des risques qui
définit un ratio minimum à respecter par les banques
appelé « ratio de fonds propres sur risques ». Ce
ratio est un rapport avec au numérateur le montant des fonds propres de
la banque ou de l'établissement financier, et au dénominateur des
risques nets encourus qui a été fixé provisionnement
à 4%. Il est appelé à évoluer pour se rapprocher de
la norme moyenne internationale en matière de solvabilité. Dans
le calcul du ratio, le montant total des fonds propres est constitué par
l'addition des éléments suivants du passif des bilans des banques
ou des établissements financiers : le capital, le report
créditeur, les dotations non remboursables et non affectées, les
réserves, les provisions ayant un caractère de réserve et
les résultats non bénéficiaires de l'exercice à
hauteur de 15% après déduction du capital non versé, des
résultats déficitaires, des reports débiteurs, des pertes
en instance d'approbation ou d'affectation, des frais et des valeurs
incorporels et éventuellement de toute provision exigée par la
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). La détermination des
risques nets se fait selon les critères suivants : la
qualité ou la catégorie de la contrepartie et les coefficients de
pondération. La réglementation bancaire camerounaise distingue
quatre catégories de contreparties : l'administration centrale et
ses divers services, les banques centrales et les banques, les
établissements financiers et les institutions financières, les
institutions internationales non financières et les agents
économiques (non financiers).
4- Le contrôle et la
sécurisation des activités bancaires
Jusqu'en 1990, le Conseil National du Crédit
était la seule structure éditant les conditions relatives aux
normes des crédits accordés par les banques. Cette structure
avait non seulement le pouvoir de contrôle mais aussi celui de prendre
des sanctions contre les banques qui ne respectaient pas les règles. Il
a échoué car on a constaté une distribution
désordonnée des crédits qui sont devenus des
créances douteuses. Les contrôles n'étaient pas
effectifs.
La réglementation bancaire intègre la
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) créée en
octobre 1990. Cet organe veille au bon fonctionnement du système
bancaire. La COBAC exerce plusieurs fonctions : la fonction de
surveillance et de contrôle des banques, la fonction d'édition des
règles concernant : les participations, la comptabilité
bancaire, etc..., la fonction répressive ou de prise des sanctions pour
les banques n'ayant pas respecté les règles établies et la
fonction d'harmonisation des réglementations bancaires des Etats de
l'Afrique Centrale.
La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC),
née de la réforme de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale
(BEAC), a un rôle de contrôle et de sécurisation des
activités bancaires. En d'autres termes, elle doit contribuer à
améliorer la sécurité générale du
système bancaire. Créée par les conventions des Etats
membres du 16 octobre 1990 et du 17 janvier 1992, la Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale (COBAC) veille au respect de l'application par les
établissements bancaires assujettis des dispositions législatives
et réglementaires et à la supervision bancaire en Afrique
centrale. Elle sanctionne aussi les établissements financiers fautifs
pour des manquements constatés.
Plusieurs modifications ont été faites
touchant aux instruments, aux règles de contrôle du secteur
bancaire et à la définition de certains agrégats.
Jusqu'à la fin des années 80, la création de monnaie
était déterminée par le Comité Monétaire
National en se basant sur des côtes globales de crédits.
Actuellement, la création de la liquidité repose sur la
programmation monétaire qui tient compte des besoins de
l'économie, de la politique budgétaire, des perspectives de la
croissance et de certaines contraintes extérieures. L'objectif de cette
modification de la politique monétaire est de mieux maîtriser la
création de la monnaie par le système bancaire. Au niveau de la
structure des taux, la nouvelle politique monétaire se base sur un taux
ordinaire fixé au niveau de la banque centrale (la BEAC). La
multiplicité des taux antérieurs (taux débiteurs, taux
privilégiés, etc...) a été abandonnée ou
simplifiée pour un taux unique qui sert de taux directeur pour les
banques (Dewatripont ant Tirole, 1993).
De plus, la rationalisation devait être obtenue
par l'édition des règles, des conditions et des modalités
permettant un meilleur fonctionnement et une meilleure gestion des
activités bancaires. La réglementation a ainsi défini des
rôles clairs pour chaque établissement financier et a
élargi la structure bancaire adaptée au nouvel environnement
économique national et international. Le dispositif réglementaire
du Cameroun s'inscrit donc dans le cadre d'une politique de
déréglementation et d'assainissement du système bancaire
car la libéralisation bancaire est une partie intégrante de la
nouvelle réglementation bancaire au Cameroun. En plus, cette
réglementation avait également pour objectif de mobiliser
l'épargne pour les crédits d'investissement nécessaires
à la relance économique du Cameroun. Pour la mobilisation de
l'épargne, la réglementation bancaire a prévu la
création d'un marché des capitaux ou d'une bourse de valeurs.
Nous savons que le marché des capitaux a souvent comme avantages de
mettre à la disposition des investisseurs des financements moins
risqués et de permettre l'innovation et la diversification des produits
financiers (Vénas et al. 1996). L'accumulation accrue de
l'épargne a pour rôle de relancer les investissements avec une
amélioration de la productivité de ces derniers pour la
croissance économique. Fort de tout cela, cette réglementation
présente des limites avec des attentes qui sont les siennes.
II - LIMITES ET PERSPECTIVES DE
LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
La réglementation prudentielle présente
des limites c'est-à-dire que la posologie des organisations
financières internationales (Fonds Monétaire International et
Banque Mondiale) présente des avantages et des inconvénients ou
pose encore des problèmes non résolus dans la
société camerounaise.
1- Les limites de la
réglementation prudentielle au Cameroun
La réglementation prudentielle du
système bancaire camerounais présente un certain nombre de
limites empêchant son efficacité totale dans sa mise en oeuvre.
Elle a placé le capital social minimum d'une banque à un milliard
de franc CFA, mais ce planché reste très élevé pour
des investisseurs qui voudraient créer des petites banques. De plus, la
COBAC (Commission Bancaire pour l'Afrique Centrale) impose un ratio de
solvabilité de 5%, à savoir les capitaux propres de la banque
doivent représenter au moins 5% de ses engagements. Ce capital minimum
et le respect du ratio de solvabilité place la barre assez haute pour
les initiatives individuelles ou en groupes limités de création
d'un petit établissement financier ou de crédit. La
réglementation bancaire n'a pas prévu un cadre commun minimum ou
édité au moins quelques directives communes sur les diverses
restructurations internes des banques ou sur les réformes bancaires
(Guidoux, 2004). En effet, chaque banque est allée de sa propre petite
idée pour un programme de réformes en fonction de son niveau de
délabrement. Bien que l'ordonnance n° 96/03 du 24 juin 1996 ait
essayé de combler cette lacune, elle est arrivée un peu
tardivement par rapport à l'urgence de la restructuration du
système bancaire du début des années 90.
La réglementation bancaire présente non
seulement des carences ou des lacunes internes mais elle laisse aussi
apparaître un manque de coordination entre ses diverses dispositions. On
a du mal à identifier clairement les rôles dévoués
aux structures nationales créées et ceux des supranationales
(Lacoue-Labarthe, 2004). De plus, il apparaît un manque de coordination
entre ces divers rôles, à savoir les sphères de
compétences ou les limites de structures financières nationales
par rapport aux structures financières étrangères. Par
exemple, la COBAC censée assurer la surveillance des
établissements de crédit, a couvert par un certain laxisme les
activités de la BIAO-Meridien Bank. De plus, il y a certaines structures
qui ont exercé des activités bancaires de manière
clandestine. A titre d'exemple, on peut citer la Banque Unie de Crédit
en 1994. La procédure de prise des sanctions dans la
réglementation semble ne pas être assez bien définie. Elle
présente des carences entraînant un certain laxisme. Par exemple,
le pouvoir de scellée n'est pas donné à la COBAC pour
sanctionner durement les structures clandestines.
La réglementation bancaire a prévu la
création ou la naissance d'autres types d'établissements
financiers, mais leurs conditions de mise en oeuvre ne sont pas clairement
définies et même spécifiées (Nouy, 2004). Il en est
de même pour leur fonctionnement dans une sphère financière
sans marché financier ou des capitaux. Le marché monétaire
prévu dans les textes de la BEAC, ayant démarré en 1994,
présente toujours des blocages relevant de la crise de confiance ou de
la méfiance entre la Banque Centrale et les établissements de
crédit. Au niveau réglementaire, des carences existent dans les
textes pour des garanties juridiques (Brossard et Chetioui, 2003) permettant de
rétablir la confiance perdue entre les divers auteurs du marché
monétaire.
L'application des réformes prévues
par la réglementation bancaire a posé des problèmes
pratiques à cause de l'absence d'une période transitoire
clairement définie car les diverses mesures semblaient être
inadaptées et inacceptables par rapport à la situation des
banques (Daoud, 2004). Au niveau de la conduite des réformes, des
lacunes apparaissaient également dans les textes. En d'autres termes, la
réglementation n'avait aucune disposition commune relative aux
restructurations bancaires. Pendant que certaines institutions bancaires
commençaient par des recapitalisations, d'autres procédaient
d'abord aux allégements des effectifs pour réduire leurs frais
généraux (Rochet, 2004). Les dispositions réglementaires
communes auraient permis aux banques de se concerter pour conduire au mieux les
diverses réformes bancaires (Simon, 2004).
Nous savons que par la libéralisation bancaire,
la réglementation bancaire a pour objectif principal d'augmenter
l'accumulation de l'épargne pour des crédits d'investissement. La
productivité de ces investissements servira à relancer
l'activité ou la croissance économique (Venet, 1995). Les zones
rurales regorgent néanmoins d'une masse non négligeable de
liquidités pouvant constituer une partie de l'épargne (Koulibaly,
1992). De plus, l'ouverture et la gestion d'un compte d'épargne dans une
banque sont souvent soumises à des conditions drastiques
s'écartant des moeurs et des habitudes de la clientèle. Toutes
ces conditions écartent beaucoup d'agents économiques
(commerçants, salariés, etc...) qui se retournent vers le secteur
informel présentant des conditions plus souples et adaptées
(Philon, 2006).
La réglementation bancaire actuelle dans sa
logique de libéralisation bancaire a préconisé un
désengagement de l'Etat de la sphère bancaire au profit du
marché (Yilmaz, 1995), mais l'influence de l'Etat camerounais dans la
sphère financière reste toujours perceptible avec ses
participations actuelles dans les banques (exemple : le Crédit
foncier, etc.).
La libéralisation bancaire nécessite la
création d'un marché financier où s'exercera la
concurrence entre les établissements de crédits avec une
innovation et une diversification des produits financiers et un
perfectionnement des instruments financiers existants. Le Cameroun ne dispose
pas actuellement d'un marché financier ou d'une bourse de valeurs. Ce
manquement reste préjudiciable à la mise en place effective de la
libéralisation bancaire qui ne produit pas actuellement tous les
résultats attendus. Elle semble avoir divisé la
société camerounaise en deux parties : les nantis et les
misérables (Bekolo, 1989 ; Servet, 1990). Cette dichotomie
entraîne actuellement des problèmes sociaux (l'exode rural,
l'insécurité, le grand banditisme, la corruption, le
chômage, la misère, etc...). En fait, ces problèmes sociaux
présentent une autre face de la libéralisation bancaire avec un
coût social observé actuellement au Cameroun.
La réglementation prudentielle n'a pas produit
tous les résultats escomptés. Nous avons constaté qu'il y
a eu d'autres faillites bancaires après les réformes bancaires de
1990, par exemples le Crédit Agricole en 1995, la BIAO-Meridien Bank en
1998 et Amity Bank en 2009. Près d'une dizaine d'années
après, certaines banques présentent toujours des portefeuilles
financiers dégradés et n'arrivent pas à respecter toutes
les règles prudentielles (Couppey et Madies, 1996)
édictées par la commission Bancaire de l'Afrique Centrale
(COBAC). En pratique, certaines banques camerounaises ne parviennent pas encore
à respecter les normes de couverture des risques à cause d'une
accumulation permanente des besoins en capitaux propres. L'intérêt
de cette règle est pourtant d'empêcher aux banques d'utiliser en
désordre les dépôts de la clientèle. Pour limiter
les frais généraux, la COBAC a exigé le respect du ratio
des immobilisations ou de l'achat des matériels et des mobiliers, etc...
Beaucoup d'efforts sont fait par les banques camerounaises mais il existe
encore certaines banques qui ne respectent pas cette norme à cause des
frais d'exploitation encore élevés. Certaines banques ayant
investi pour la construction de luxueux sièges, n'arrivent pas à
limiter leurs financements de l'amortissement des investissements
entamés et de l'entretien des diverses immobilisations. Les charges
brutes d'exploitation et les frais généraux restent encore en
général très élevés pour les banques
camerounaises. Par souci de protéger les dépôts de la
clientèle et de faire qu'il y ait une saine gestion des ressources
financières, les banques doivent aussi respecter les ratios de
liquidité générale et de transformation à long
terme. Presque toutes les banques camerounaises font des efforts pour respecter
le ratio de liquidité générale mais celui de la
transformation à long terme reste encore délaissé. Notons
néanmoins que l'insolvabilité du secteur bancaire a grandement
régressé depuis une dizaine d'années. La
réglementation bancaire du Cameroun n'intègre pas les
spécificités bancaires dues aux asymétries d'information
(Mishkin, 1991). L'intégration des asymétries d'information de la
réglementation bancaire permettra de réduire un peu plus les
risques de faillite ou la probabilité de faillites bancaires (Scialom,
2010).
2- Perspectives de la
réglementation prudentielle actuelle
Une banque est une activité risquée
différente des entreprises industrielles car elle présente de
nombreuses spécificités. Les ressources financières d'une
banque sont apportées par les actionnaires qui ont un goût pour le
risque et les déposants qui préfèrent une gestion plus
prudente. Cette différence de comportement parfois
interprétée comme complémentaire ou contraire est
liée à la forme des revenus des deux types d'apporteurs de fonds.
Les diverses spécificités bancaires font de la
réglementation prudentielle une source constante de réflexion sur
le fonctionnement normal des banques. Les approches traditionnelles de la
réglementation bancaire : la théorie de la
préférence des états et la théorie des choix de
portefeuille ne tiennent pas compte des diverses spécificités
bancaires. De plus, dans beaucoup d'autres approches, la
spécificité bancaire est prise comme une donnée. Les
hypothèses de base de ces diverses théories de la
réglementation prudentielle sont moins réalistes. En guise
d'exemple, la théorie de la préférence des états
suppose l'existence d'un système complet de marchés financiers,
à savoir la possibilité d'avoir n'importe quel produit bancaire
aux divers états de la nature possibles. Par rapport à la
réalité, cette hypothèse semble très forte et elle
a posé d'énormes problèmes avant la crise bancaire de la
fin des années 80 (Aglietta and Scialom, 2003).
Il existe diverses formes de spécificités
bancaires. Le renouveau de la théorie de l'intermédiation
bancaire doit beaucoup à l'économie de l'information car les
asymétries d'information permettent de comprendre l'émergence des
intermédiaires bancaires. L'étendue des relations des diverses
banques nouées avec les agents repose sur une information
asymétrique. L'économie de l'information a permis de faire
évoluer la théorie de l'intermédiation bancaire en
soulignant les spécificités bancaires en termes de collecte, de
production et de stockage d'informations privées. En effet, il n'y a que
quelques spécificités bancaires liées à la gestion
qui ont été pris en compte avec la création de la
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). De manière interne,
la réglementation bancaire appliquant les mêmes normes de
manière indifférenciée à toutes les banques
à savoir le respect des mêmes ratios et coefficients
prédéfinis pose le problème d'efficacité et
d'incitation des divers acteurs (actionnaires, déposants et dirigeants)
d'une institution bancaire.
La réglementation prudentielle actuelle ne
tient pas en compte des spécificités liées à
l'asymétrie des informations. De plus, elle ne tient pas en compte de la
relation d'agence qui lie les actionnaires, les déposants aux dirigeants
des banques. Les dirigeants des banques ne sont pas optimalement motivés
par une meilleure gestion de leurs institutions bancaires. Il y a certes le
contrôle et la surveillance de leurs actions avec la commission bancaire
mais ils ne sont pas suffisamment motivés pour la prise d'initiatives et
de décisions pour une gestion optimale de leurs banques. Les dirigeants
des banques sont parfaitement informés sur l'usage fait des ressources
financières des actionnaires et des déposants mais les
informations possédées par les actionnaires et les
déposants sur la qualité des prêts accordés par les
dirigeants de la banque sont minimes et s'enrichissent au fur et à
mesure que le temps s'écoule. Il y a non seulement le problème
d'évolution de la structure d'information mais celui de l'aléa
moral. Il se pose aussi le problème de la délégation
d'autorité des bailleurs de fonds aux dirigeants des banques et de celui
de la construction d'un instrument efficace d'allocation des droits de
contrôle des actionnaires et des déposants sur les dirigeants des
banques. Les diverses fonctions de contrôle et de surveillance dans la
réglementation actuelle sont assurées par la Commission Bancaire
qui est un organisme externe d'intervention recevant une partie des
informations. L'insuffisance des informations reçues par la Commission
Bancaire ne permet qu'une surveillance limitée et un contrôle
partiel du fonctionnement du système bancaire. La réglementation
actuelle pose beaucoup de problèmes au niveau de l'intégration
des spécificités propres aux activités bancaires et ne
permet pas d'atteindre tous les objectifs escomptés.
La réglementation actuelle devrait changer de
base et se reposer sur la réglementation prudentielle optimale qui tient
compte de quelques spécificités bancaires liées à
l'asymétrie des informations. L'intégration des
spécificités bancaires permet de maîtriser un peu plus le
risque bancaire. La maîtrise de ce risque permet de réduire la
probabilité de faillites bancaires. L'accroissement de la transparence
des informations avec l'intégration des spécificités
liées à l'asymétrie informationnelle permet de
réduire l'effet de contagion11(*), précisément la ruée vers les
guichets ou la panique bancaire. Les agents seront suffisamment informés
de la situation financière et du fonctionnement de leur banque (Aglietta
and Scialom, 2009).
L'attrait vers les entreprises performantes est non
seulement un motif d'encouragement de leurs dirigeants au travail, mais aussi
pour les entreprises un facteur de stimulation pour améliorer leur
productivité et leur rentabilité.
CONCLUSION
L'objet de ce chapitre était de mettre en
valeur le rôle que peut jouer la réglementation prudentielle dans
le processus de résolution de la crise bancaire des années 80 et
notamment la crise de rentabilité. Nous avons procédé
d'une part au compte rendu de la crise bancaire des années 80 au
Cameroun et d'autre part, à la recherche des perspectives de la
réglementation prudentielle pour la résolution de la crise. En
somme, l'application et le respect des différents ratios prudentiels a
résolu de manière optimale les problèmes nés de la
crise du système bancaire de la fin des années 80. Mais il se
pose également le problème du type de réglementation
à promouvoir. Depuis la fin des années 80, la
réglementation prudentielle s'est focalisée sur le ratio de
solvabilité des banques (et des assurances avec Solvency 2) avec
très peu d'attention accordée à d'autres types de
réglementation comme par exemple la réglementation sur la
liquidité des intermédiaires financiers. Or, la crise
financière de 2007-08 a amplement montré que la frontière
entre illiquidité et insolvabilité était très
perméable dans les systèmes financiers contemporains. La
règlementation de la solvabilité des établissements peut
de moins en moins être pensée indépendamment d'une
réglementation de leur liquidité. Pour autant, la
régulation de la liquidité bancaire est une question difficile en
raison de la complexité du concept de liquidité pour une banque.
La difficulté d'une bonne mesure de la liquidité d'un
intermédiaire financier tient à ce que celle-ci dépend des
deux cotés du bilan.
CHAPITRE II : LE DISPOSITIF
PRUDENTIEL COMME
PILIER DE LA RENTABILITE DES
ACTIFS BANCAIRES
AU CAMEROUN
RENTABILITE DES
ACTIFS BANCAIRES AU CAMEROUN.
.
INTRODUCTION
Au Cameroun, comme ailleurs, la banque n'existe
plus aujourd'hui au sens où on l'entendait il y a à peine plus de
vingt ans. Les banques se sont considérablement universalisées,
réorganisées, informatisées, diversifiées et sont
actuellement en train de s'internationaliser, donnant ainsi naissance à
des firmes qu'il faut aujourd'hui examiner avec un regard neuf. Les profondes
mutations qu'ont connues les différents métiers bancaires sont
à l'origine de nombreux débats touchant à
l'activité de cette industrie.
Dans le cadre de ces restructurations, mesurer
l'activité des banques en tant qu'acteurs de premier plan de la
croissance économique, comprendre leurs comportements et l'impact de
ceux-ci sur les variations de la rentabilité des institutions bancaires
ainsi que ses répercussions sur l'ensemble de l'économie
nationale est d'une importance capitale. Nous analysons l'influence des ratios
prudentiels sur la rentabilité du système bancaire au Cameroun
sur la période 2001-2007 en menant une régression multiple de
façon trimestrielle. La rentabilité des banques est
mesurée ici en recourant au rendement des actifs (ROA). Les facteurs
explicatifs de la rentabilité des actifs ont été
sélectionnés en ligne avec les prédictions de la
théorie économique et des études empiriques conduites pour
d'autres pays industrialisés et en voie de développement. Ils
englobent aussi bien les facteurs organisationnels (managériaux), les
facteurs macroéconomiques (exogènes), les facteurs
macro-financiers que des facteurs réglementaires. L'étude vise
à combler le vide dans ce domaine largement inexploré dans le cas
camerounais comme dans le cas général des économies en
voie de développement.
Une meilleure compréhension des politiques
bancaires nécessite en fait une connaissance approfondie des
conséquences des normes réglementaires sur la rentabilité
des actifs bancaires, un objectif primordial que le présent
mémoire vise à atteindre. Comment le ratio de couverture des
risques et le ratio de liquidité affectent-ils la rentabilité des
actifs des banques au Cameroun ? Pour y répondre, nous
procéderons dans la section I à l'exposition de la
réfection du système et à la détermination des
résultats qui ont suivi. Dans la section II, nous effectuerons un test
empirique de l'apport des ratios prudentiels sur la rentabilité des
actifs.
SECTION I- RECONSTRUCTION
ET RESULTATS DU SYSTEME
BANCAIRE
AU CAMEROUN
Dans la littérature économique et
financière, deux indicateurs clés ont été
avancés pour mesurer la rentabilité bancaire. Il s'agit de la
profitabilité des actifs et de la marge d'intérêt. Nous
opterons pour la rentabilité des actifs (ROA) qui donne mieux la mesure
de la performance des banques au Cameroun. Néanmoins, le consensus est
loin d'être pleinement réuni autour de l'impact de certaines
variables sur la rentabilité des actifs bancaires telle qu'elle est
mesurée. Alors que l'effet prédit de certains facteurs a
trouvé une certaine unanimité au sein du cercle des
économistes, des controverses demeurent au niveau de l'impact attendu
d'autres variables sur la rentabilité des actifs bancaires au
Cameroun.
Les divers déterminants de la
rentabilité des actifs bancaires sont scindés en variables
organisationnelles, macroéconomiques, macro-financières et
réglementaires tout en interrogeant leurs effets escomptés en
conformité avec les prédictions de la théorie
économique et les estimations issues des études empiriques
conduites dans les pays développés et ceux en voie de
développement.
Il est important de présenter dans un premier
temps le système bancaire camerounais après la restructuration
pour permettre de mieux comprendre le phénomène de
rentabilité et de proposer éventuellement à des mesures
correctrices adéquates pour améliorer leur contribution à
la croissance économique à la lumière de la
réglementation bancaire en vigueur.
I - LE SYSTEME BANCAIRE
CAMEROUNAIS APRES LA RESTRUCTURATION
A la fin des années 80, le secteur bancaire de la
CEMAC en général et celui du Cameroun en particulier a
été secoué par une crise sans précédent
(Madji, 1997). Cette crise, qui a fait suite à une période
d'euphorie économique favorisée par l'accroissement des recettes
tirées des exportations des matières premières dont le
pétrole brut, s'est soldée par l'ébranlement de l'ensemble
du système bancaire de la Communauté. Pour y faire face, les
Autorités de la CEMAC ont non seulement décidé de la
création d'une Commission Bancaire régionale, la Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), dotée de pleins pouvoirs pour
contrôler les banques mais ont également mis en place des plans de
restructuration de leur système bancaire respectif. Dans le cadre de ces
plans, les Etats qui avaient pris l'engagement de libéraliser le secteur
bancaire ont cédé les actifs sains au secteur privé et mis
en liquidation les banques jugées non viables. Si aujourd'hui, les
banques camerounaises sont globalement solvables, liquides et rentables, il
convient néanmoins de s'interroger sur la réalisation des
objectifs contenus dans les plans de restructuration mis en oeuvre dans les
Etats entre 1985 et 2008. Pour ce faire, il importe de s'attarder tout d'abord
sur l'évolution du cadre macroéconomique du Cameroun au cours de
cette période avant d'observer l'évolution du système
bancaire du pays et de mesurer sa contribution au financement de
l'économie.
1- Evolution
macroéconomique
Nous présentons ci-après les
évolutions des quelques indicateurs macroéconomiques au Cameroun
entre 1990 et 2008.
1.1- La croissance et
l'inflation
Globalement, le taux de croissance est resté
négatif de 1990 à 1993 alors qu'il est positif et autour de 4% de
1995 à 2008. Même si la croissance a plongé en 2005 en
raison des effets de la crise financière, elle connaît au cours de
cette période une montée en charge avec un pic en 2007 dû
à l'augmentation simultanée de la production
pétrolière et du cours du baril de pétrole brut. Le
graphique 1 illustre l'évolution du taux de croissance et de
l'inflation.
L'inflation se situe à un niveau
modéré, en dessous de 4% durant toute la période
excepté en 1995 où elle atteint un taux de 9,1% suite à la
dévaluation du FCFA
Graphique 1 : Evolution du taux de
croissance et de l'inflation de 1995 à 2008
(Source : rapport FMI et Banque
Mondiale)
1.2- Balance des
paiements
Les comptes extérieurs reflètent les
effets des évolutions des recettes d'exportation, de l'endettement
extérieur excessif du pays, de la spécialisation du Cameroun dans
l'exportation des matières premières à très faible
valeur ajoutée et l'importation des produits manufacturés. Ainsi,
le solde courant de la balance des paiements ressort structurellement
négatif au cours de toute la période sous-revue. A partir de
2004, il se produit un retournement de tendance lorsque le solde courant
devient positif. Cette tendance a été confirmée en 2005 et
2006, attestant ainsi les effets positifs des efforts consentis par le Cameroun
pour l'assainissement des finances publiques et des allègements de la
dette dont a bénéficié le pays ces dernières
années. Le taux d'endettement qui avait dépassé le pic de
140% est revenu à des niveaux significativement acceptables, autour de
40% du PIB. Cependant, le solde courant est redevenu légèrement
négatif en 2008, retrouvant ainsi sa tendance structurelle en raison du
recul du solde de la balance commerciale, alors que le solde déficitaire
de la balance des services et des revenus s'est encore creusé.
1.3- Finances
publiques
L'évolution des finances publiques camerounaise
montre de 1993 à 1999 un solde global négatif. Il apparaît
positif entre 2000 et 2008, en relation avec l'accroissement significatif des
recettes budgétaires, d'origine pétrolière notamment et
d'une baisse continue des dépenses courantes couronnant ainsi les
efforts d'assainissement consentis par le Cameroun au cours des deux
dernières décennies. Cette embellie dans les finances publiques
s'est traduite par un désengagement du pays vis-à-vis aussi bien
du financement extérieur qu'intérieur, surtout du secteur
bancaire.
1.4- Monnaie et
Crédit
Sur le plan monétaire, les différentes
grandeurs décrivent une amélioration progressive et soutenue. Les
avoirs extérieurs nets, négatifs au début de la
période sous-revue, se sont sensiblement accrus à compter de 2000
et ont poursuivi leur ascension jusqu'en 2007. Les crédits
intérieurs nets ont fortement chuté à compter de 2005 en
rapport avec l'amélioration de la position nette du gouvernement
même si les crédits à l'économie ont repris leur
croissance mais à un rythme moins soutenu. En effet, le Cameroun a, dans
son effort d'assainissement, réduit à la fin de la période
sous-revue son endettement vis-à-vis du système monétaire
alors que les banques ont fait preuve de plus de vigilance dans l'octroi des
crédits au secteur privé. En contrepartie, la masse
monétaire qui elle aussi avait baissé en 1993 n'a cessé de
progresser entre 1994 et 2007. La couverture de la monnaie paraît bien
assurée, se situant au dessus de 80% en 2007 après être
passée sous la barre de 20% de 1987 à 1993. Cependant, si les
efforts d'assainissement des comptes se sont traduits par une progression du
taux des dépôts par rapport au PIB, la proportion des
crédits à l'économie a plutôt brusquement
chuté à partir de 2003, donnant ainsi des arguments à tous
ceux qui relèvent la frilosité des banques de la
Communauté dans le financement de l'économie.
2- Incidence sur la
situation financière des banques au Cameroun
Le système bancaire Camerounais est marqué
par une amélioration de la situation financière et une
consolidation continue de la rentabilité. Toutefois, il demeure
très concentré et sous-capitalisé en dépit du
renforcement de ses performances.
2.1- Situation
financière
La situation financière des banques camerounaises
apparaît saine. Caractérisée par une baisse tendancielle du
total du bilan, des crédits bruts et des dépôts de 1987
à 1993, elle s'est relevée depuis 1994 et est plus manifeste
à compter de 2000 et se poursuit jusqu'en 2008. Le total de bilan
cumulé de l'ensemble des 10 banques commerciales de notre
échantillon a fortement progressé grâce à la hausse
des dépôts de la clientèle et dans une moindre mesure des
crédits nets à la clientèle. La situation des banques est
représentée par le graphique 2.
Graphique 2 : Evolution de la situation des
banques au Cameroun de 2000 à 2008 (millions)
(Source : rapport BEAC de 2000 à 2008)
Les créances douteuses sont restées
tendanciellement stables mettant visiblement en lumière la question de
la qualité du portefeuille et celle du déclassement volontaire
des créances par les banques. Cependant, les banques ont poursuivi tout
au long de cette période leur politique de renforcement du
provisionnement des créances douteuses. Les capitaux permanents se sont
progressivement accrus et plus vite que les immobilisations nettes. Toutefois,
ils ne sont parvenus à couvrir les valeurs immobilisées nettes
que depuis 1996 dégageant ainsi un excédent positif sur le reste
de la période.
Au regard des évolutions décrites
ci-dessus, il ressort que les banques camerounaises extériorisent une
capacité de financement alors qu'elles étaient pratiquement
toutes en besoin de financement avant la mise en oeuvre des plans de
restructuration. En effet, longtemps en situation de besoin de financement,
expression d'une trésorerie tendue, les banques au Cameroun n'ont
cessé de consolider au fil des années leur capacité de
financement. Le renforcement de la trésorerie bancaire s'est
accéléré à compter de 2000 et se raffermit chaque
année comme le montre le graphique ci-dessus. Cette trésorerie
est placée essentiellement auprès de la banque centrale et des
correspondants ou gardée sous forme d'encaisses oisives. On peut donc
penser qu'à travers le renforcement de la trésorerie, l'un des
objectifs de rétablir la liquidité du système a
été atteint. Les banques camerounaises sont redevenues
globalement liquides.
2.2- Rentabilité
Le compte des résultats fait apparaître
une amélioration du Produit net bancaire alors qu'il a stagné
jusqu'en 1994. Les opérations avec la clientèle et les
opérations diverses contribuent essentiellement, à sa formation.
Ces deux principales composantes du produit net bancaire sont relativement
stables même si certaines banques réalisent des opérations
diverses supérieures aux opérations avec la clientèle.
Les frais généraux en revanche semblent
contenus bien qu'ils soient en ascension à partir de 2002. En
contrepartie, il se dégage un résultat brut positif et en
ascension graduelle. Cette tendance haussière est la résultante
de l'effet conjugué de l'augmentation des charges du personnel et des
autres frais généraux. Le graphique 3 nous présente
l'évolution du produit net bancaire (PNB) suivant le produit
intérieur brut (PIB) et les frais généraux. On observe une
rentabilité croissante au fil des années. Les banques
améliorent leur rendement et deviennent de plus en plus solvables.
Graphique 3 : Evolution du PNB au
Cameroun de 2000 à 2008 (millions de FCFA)
(Source : rapport BEAC de 2000 à 2008)
En contrepartie, le résultat brut d'exploitation
s'est renforcé au fil des années. Après déduction
des comptes de prévoyance (dotations aux amortissements et provisions),
il ressort un résultat net positif globalement et en augmentation comme
le montre le graphique 4.
Graphique 4 : Evolution de la
rentabilité au Cameroun de 2000 à 2008 (millions Fcfa)
(Source : rapport BEAC de 2000 à 2008)
Le coefficient net d'exploitation s'est fortement
amélioré dévoilant ainsi un redressement de la gestion des
établissements de crédit. La rentabilité semble en
apparence bonne dans le secteur après la restructuration du
système.
2.3- Respect des normes
prudentielles
Sur le plan du respect de la réglementation
prudentielle, particulièrement celui des normes basées sur les
fonds propres, les progrès sont sensiblement perceptibles depuis la
création de la Commission Bancaire à qui incombe la charge de la
surveillance du système bancaire dans les Etats de la CEMAC. Le nombre
de banques au Cameroun en conformité avec la réglementation
prudentielle s'est davantage conforté comparativement au début
des années 90 où pratiquement aucune banque du pays ne la
respectait. En matière de solvabilité,
84% des banques extériorisent un ratio de couverture
des risques pondérés par les fonds propres nets supérieur
ou égal au minimum de 8 %.
Dans le cadre des normes de division des risques, 83% des
banques parviennent à respecter la limite globale en maintenant en
dessous de l'octuple des fonds propres nets, la somme des risques
pondérés supérieurs à 15 % desdits fonds propres
mais seules 37% d'entre elles se conforment à la limite individuelle en
n'entretenant pas de risques pondérés encourus sur un même
bénéficiaire excédant 45 % des fonds propres nets (la
norme édictée par le Comité de Bâle est fixée
à 25%).
S'agissant de la couverture des immobilisations par les
ressources permanentes, 70% des banques camerounaises réalisent un ratio
supérieur ou égal au minimum de 100 %. Par ailleurs, 75% des
banques sont en conformité avec la norme relative aux engagements sur
les apparentés.
En ce qui concerne le rapport de liquidité, les
disponibilités à vue ou à moins d'un mois sont
supérieures ou égales au minimum réglementaire de 100 %
des exigibilités de même terme pour 97% d'entre elles. Quant au
respect du coefficient de transformation à long terme, il est
respecté par 83% des banques camerounaises.
Si les normes prudentielles semblent de plus en plus
honorées par les banques camerounaises, il n'en demeure pas moins
qu'elles soient encore vulnérables comme en témoignent
l'insuffisance chronique en fonds propres consécutive à leur
sous-capitalisation, le coût élevé des services bancaires
et leur forte concentration. Seules 13% des banques ont des fonds propres
suffisants pour le respect de l'ensemble des normes prudentielles assises sur
les fonds propres. La structure du marché favorise cette situation.
La réalisation de ces objectifs des plans de
restructuration bancaire ne doit pas occulter les difficultés
réelles des banques du Cameroun à financer des économies
très peu diversifiées. Les excédents de liquidités
non utilisées, la forte concentration bancaire et le coût
élevé des services bancaires révèlent à n'en
point douter une absence d'efficacité du système.
II - LES CONTOURS THEORIQUES
DE LA RENTABILITE DES ACTIFS
Le secteur financier est essentiel pour assurer une
économie saine et vigoureuse répondant aux besoins et aspirations
des principaux acteurs économiques. Il remplit un large éventail
de fonctions importantes pour l'économie. Les exigences des acteurs
économiques ont conduit à de nombreuses mutations au niveau des
prestations.
La rentabilité d'une banque représente son
aptitude à dégager de son exploitation des gains suffisants,
après déduction des coûts nécessaires à cette
exploitation, pour poursuivre durablement son activité. Elle est issue
du processus de transformation au sens large (telles que sur les contreparties,
les taux d'intérêt, les devises ou les échéances)
mis en oeuvre par les banques commerciales dans le cadre de leur fonction
d'intermédiation.
1- Mesure de la
rentabilité des actifs
Les autorités bancaires
utilisent plusieurs instruments d'appréciation de la rentabilité.
Il est utilisé dans cette étude l'approche qui comprend
l'ensemble des ratios d'exploitation calculés afin de mettre en
évidence les structures d'exploitation. Il est retenu le coefficient de
rendement (return on assets, ROA) qui exprime de
façon assez globale le rendement des actifs.
L'inconvénient de sa référence au total de bilan est
qu'elle ne fait aucune différence entre les actifs
malgré les risques non convergents. Il a l'avantage de mieux exprimer la
rentabilité économique des banques pour un apport dans le
financement de l'économie.
En janvier 1993 les banques doivent respecter un ratio
de 8% entre le total de leurs actifs (pondérés par le risque de
non recouvrement des créances) et leur fonds propres. Il s'agit d'un
ratio de solvabilité qui contraint les banques à réduire
leur crédit et/ou à augmenter leur fonds propres. Un nouveau
ratio prudentiel est en cours d'adoption : il s'agit du ratio Mac Donough. Le
rendement des actifs est égal au résultat net sur le total des
actifs.
2- Les déterminants
de la rentabilité des actifs
Les facteurs organisationnels susceptibles d'expliquer la
rentabilité des banques sont constitués des charges
d'exploitation bancaire, des crédits bancaires et des capitaux propres.
Quant aux facteurs macro-financiers, ils incluent la taille du secteur
bancaire, la concentration bancaire. Deux variables exogènes d'ordre
macro-économique ont été sélectionnés comme
déterminants potentiels de la rentabilité des actifs. Il s'agit
de la croissance économique et du taux d'inflation. Finalement, les
variables réglementaires notamment le ratio de solvabilité (ratio
de couverture des risques) et le ratio de liquidité sont retenus.
La théorie économique et les études
empiriques existantes divergent souvent sur l'impact de certains facteurs
organisationnels sur la rentabilité des actifs. Alors que la
théorie économique insiste sur l'effet négatif des frais
d'exploitation bancaire sur la profitabilité, certaines études
empiriques soutiennent plutôt que l'impact peut être positif dans
la mesure où les frais d'exploitation boostent la productivité
des banques et par là leur rentabilité (Ben Naceur, 2003) et,
dans le souci de la maximisation du profit, les banques tendent à
engager des dépenses d'exploitation additionnelles, justifiant ainsi la
variation dans le même sens entre les frais bancaires
généraux et la rentabilité des actifs (Bashir, 2000 ; Ben
Naceur, 2003). D'autres auteurs (voir par exemple, Anghbazo, 1997 ; Guru et al,
2002) estiment que la réalisation de profits ne peut se faire sans
engager des dépenses, mais les banques doivent éviter d'engager
des dépenses oisives. Les divergences entre les constructions
théoriques et les investigations empiriques sont également
constatées au niveau de l'impact des capitaux propres sur la
rentabilité des actifs bancaires. Plusieurs études empiriques ont
révélé que les capitaux propres exercent un effet
stimulant sur la profitabilité des banques (Bashir, 2000 ; Abreu et
Mendes, 2002 ; Ben Naceur, 2003) mais l'excès du ratio de capital est
considéré comme nuisible à la rentabilité des
actifs puisque, en élevant ce ratio, les banques tendent à
réaliser une fructification minime des capitaux disponibles. Concernant
le ratio de couverture des risques et le ratio de liquidité, il n'existe
pas d'unanimité quand t'a leur efficacité à
améliorer la rentabilité des actifs bancaires.
Le renforcement de la politique de crédit
élève les profits bancaires. Autrement dit, plus la banque
octroie des crédits, plus les revenus augmentent et donc les profits
(Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003). Néanmoins, la politique de
crédit peut parfois entraver la profitabilité bancaire, en
particulier lorsqu'une politique expansionniste de crédit est
incompatible avec la stratégie poursuivie en matière de recherche
de ressources financières (Bashir, 2000). Dès lors, le
renforcement de la politique de crédit devrait être conduit en
symbiose avec une stratégie efficiente de drainage de ressources
additionnelles. En conséquence, la maîtrise de la politique de
dépôts devrait normalement aider le système bancaire
à augmenter ses profits (Moulyneux et Thornton, 1992 ; Bourke, 1989 ;
Ben Naceur, 2003). Abreu et Mendes (2002), par exemple, ont estimé que
la profitabilité et le ratio des emplois mesuré par le rapport
crédits/dépôts entretiennent une relation
positive, confirmant ainsi la complémentarité entre les
politiques de crédits et de dépôts bancaires. En ce qui
concerne la taille du secteur bancaire, en effectuant des régressions
linéaires générales et en exprimant les profits en
fonction d'un ensemble de facteurs internes et externes, certains auteurs
(Bourke, 1989 ; Moulyneux et Thornton, 1992) ont obtenu une relation positive
et statistiquement significative entre la taille et la rentabilité des
actifs. D'autres auteurs (voir par exemple, Rouabah, 2006) estiment cependant
que la taille n'est pas une source d'économie des coûts, soutenant
ainsi que les grandes banques sont sujettes à des inefficacités
d'échelle.
Les divergences entre la théorie et l'empirisme
existent également au niveau de l'impact de certaines variables
macro-financières sur la rentabilité des actifs. Si
l'émergence des marchés de capitaux dans les pays en voie de
développement renforce l'activité bancaire comme l'ont soutenu
des études empiriques récentes (Bashir, 2000), quant à la
concentration bancaire et à la taille du secteur bancaire, leur impact
estimé sur la rentabilité des actifs bancaires est
généralement positif, ce qui valide empiriquement la
théorie économique (Ben Naceur, 2003 ; Rouabah, 2006 ; Beckman,
2007). Le financement de l'économie par le secteur bancaire
reflète la capacité du système à satisfaire les
besoins des acteurs économiques. La taille du secteur est alors
sensée profiter aux différents intervenants (Demerguç-Kunt
et Huizinga, 2001 ; Ben Naceur, 2003). De même, traditionnellement, les
stratégies de concentration et leurs développements sont
justifiés par la réalisation des économies
d'échelle. L'introduction de cette variable a empiriquement
prouvé une relation positive avec le rendement des actifs (Short,
1979 ; Bourke, 1989 ; Moulyneux et Thornton, 1992 ; Demerguç-Kunt
et Huizinga, 2001).
L'estimation de l'impact des variables
macro-économiques, notamment la croissance économique et
l'inflation, a souvent trouvé un terrain d'entente entre les
économistes. Plusieurs auteurs confirment à l'unanimité
l'existence d'une relation positive entre la croissance économique et la
croissance des profits bancaires (Bashir, 2000 ; Rouabah, 2006; Beckmann,
2007). A leur avis, la richesse nationale profite à toute
l'activité économique du pays, affecte positivement
l'évolution du secteur bancaire et incite les banques à innover
et à rénover leurs techniques et technologies de gestion.
Concernant l'impact de la variation du niveau général des prix,
les travaux de Moulyneux et Thornton (1992), Guru et al (2002), Abreu et Mendes
(2002) ont apporté des éclaircissements sur les liens
susceptibles d'exister entre le rendement sur actifs et l'inflation. Leurs
résultats empiriques font apparaître une relation positive qui
laisse penser que la progression de l'inflation sera favorable à
l'accroissement des profits bancaires.
En mars 1993, la COBAC a mis en place des normes
prudentielles lui permettant de mieux apprécier la liquidité et
la solvabilité des établissements de crédit placés
sous son contrôle. Elle s'est également dotée d'un
système de cotation des banques (SYSCO) axé sur le respect des
normes établies. La solvabilité d'une banque est sa
capacité à faire face à ses engagements vis-à-vis
de ses créanciers au moyen de ses ressources propres. Il existe cinq
normes permettant de contrôler la solvabilité des banques. Nous
retiendrons uniquement Le ratio de couverture de risques qui oblige
les établissements de crédit de justifier en permanence que leurs
fonds propres nets couvrent au moins 8% de l'ensemble de leurs concours y
compris ceux aux Etats. Cette variable favorise un encadrement adéquat
aux banques et réduit la prise de risque. Elle protège le profit
bancaire d'un éventuel risque et est destinée à
sécuriser l'ensemble du système bancaire, ainsi que
l'amélioration de la performance des banques. La liquidité d'une
banque mesure sa capacité à faire face à ses engagements a
vue ou à très court terme. Deux normes ont été
établies afin de contrôler la liquidité des banques. Nous
retiendrons uniquement Le ratio de liquidité qui
contraint les établissements de crédit à
justifier en permanence qu'elles disposent de ressources immédiatement
disponibles et susceptibles de couvrir la totalité de leurs dettes
à échoir dans un mois au plus.
Il ressort de cette section que la restructuration a
rendu globalement les banques solvables et rentables. La section II nous
donnera l'apport des ratios prudentiels.
SECTION II- RATIOS
PRUDENTIELS ET RENTABILITE DES ACTIFS
BANCAIRES : UN TEST
EMPIRIQUE
Le survol de la littérature théorique
et empirique sur les déterminants de la rentabilité bancaire,
mesurée par le rendement sur actifs, permet de formuler certaines
hypothèses à propos des liens de causalités possibles
entre la rentabilité des banques et ses facteurs explicatifs
fondamentaux.
I - METHODOLOGIE DE RECHERCHE
ET DEMARCHE ECONOMETRIQUE
Les prémisses
sont exposées pour chaque variable retenue suivant une méthode
linéaire.
1- Méthodologie de
recherche
Au niveau des variables endogènes,
organisationnelles ou managériales, les contraintes associées
à l'efficience de la gestion au sein de la firme bancaire supposent la
maîtrise des coûts à un niveau optimum. Nous supposons alors
que plus les charges d'exploitation bancaire augmentent plus la
rentabilité se dégrade et, de ce fait, une meilleure gestion des
charges peut aboutir à des niveaux très élevés de
la performance bancaire. Cependant, des frais de gestion élevés
associés à des niveaux de rentabilité proportionnellement
plus élevés sont souhaitables en matière de gestion
bancaire. Les spécialistes du contrôle de gestion bancaire
supposent un niveau du coefficient d'exploitation de l'ordre de 70% en tant que
norme maximale qu'il ne faut pas dépasser pour avoir de meilleurs
résultats. Par ailleurs, pour faire face à l'incertitude de
faillite, la théorie financière propose de préserver des
fonds de garantie sous forme de capitaux propres. Les banques les mieux
capitalisées sont censées être capables d'assurer des fonds
de prévention afin d'éviter tout risque de l'incertain. En effet,
les banques préfèrent, de façon endogène, conserver
plus de capitaux pour percevoir des crédits additionnels. Le ratio du
capital est supposé alors avoir un effet positif sur la performance
bancaire. Nous supposons également l'existence d'une relation positive
et statistiquement significative entre la distribution des crédits et la
rentabilité des banques. La lutte contre le risque de faillite coexiste
avec l'incitation à augmenter le risque de l'aléa moral. Les
crédits bancaires sont offerts à des clients à
solvabilité incertaine. La relation d'agence suppose alors la
constitution des provisions et le support d'une montée des
créances douteuses. Cependant, les crédits restent la principale
source du résultat bancaire. Ils permettent d'augmenter les revenus et
donc les profits et les marges d'intérêt. Toutefois,
l'écart entre les emplois et les ressources bancaires peut inverser
l'hypothèse suivant laquelle la montée des crédits
distribués améliore la rentabilité bancaire.
L'accentuation de la distribution des crédits devrait probablement
être complétée par une politique de recherche des
ressources. Par ailleurs, les mouvements de regroupement et de
fusion-acquisition poursuivies par certaines banques camerounaises sont
susceptibles d'élargir leurs parts de marché et donc leurs
profits.
Concernant les variables de la structure
macro-financières, au niveau de la taille du secteur bancaire, plus le
secteur est puissant, plus il affirme sa domination de la carte
économique. Le large financement de l'économie reflète la
capacité du système à satisfaire les besoins des acteurs
économiques. La taille du secteur est censée profiter aux
différents intervenants et suppose alors une association positive avec
la profitabilité de la banque. Cependant, l'élargissement du
secteur suppose plus de concurrents et une recherche croissante de la
réalisation des tailles d'efficience, ce qui peut affecter
négativement les revenus d'intérêt. De ce fait, moins le
marché est concurrentiel, plus les profits évoluent. Concernant
la concentration bancaire, elle est associée à des faibles taux
de dépôts et à des taux de crédit
élevés, ce qui pourrait probablement limiter l'extension des
marges d'intérêts.
Du côté des variables
macro-économiques, la croissance économique, du fait de son effet
stimulant sur la richesse nationale, est supposée ici favorable à
l'amélioration de la rentabilité des banques. La croissance
économique, en s'intensifiant, permet de canaliser des ressources
financières en provenance des ménages et des entreprises et
développe ainsi les transactions avec les institutions bancaires. La
richesse accumulée grâce à la croissance économique
incite à consommer, à épargner et à investir
davantage, et conséquemment à augmenter les profits et les marges
d'intérêt bancaires. L'inflation quant à elle, est
associée à l'extension et à la surévaluation des
charges bancaires, mais le gonflement de ces dernières est souvent
récupéré sur les déposants et les emprunteurs.
L'inflation entraîne plus de charges d'investissement mais
également des taux de crédit élevés, et donc plus
de revenus d'intérêt et de profits. Cette hypothèse laisse
penser qu'une réduction considérable et rapide des taux
d'inflation pourrait probablement induire une baisse des revenus en affectant
la liquidité et la solvabilité des institutions
financières. La liquidité imposée aux banques on suppose
favorable pour améliorer leur rentabilité. De même, un
niveau de fonds propres est demandé aux banques pour couvrir la richesse
en cas de risque bancaire. Ceci on le suppose contribue à
améliorer la rentabilité bancaire.
Au sujet des variables réglementaires, le ratio de
couverture des risques oblige les établissements de crédit de
justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent au moins 8% de
l'ensemble de leurs concours y compris ceux aux Etats. Nous supposons
l'existence d'une relation négative et statistiquement significative
entre le respect de ce ratio et la rentabilité des banques. L'imposition
des restrictions sur les activités bancaires affecte négativement
les banques. Concernant le ratio de liquidité, il contraint les
établissements de crédit à justifier en permanence
qu'elles disposent de ressources immédiatement disponibles et
susceptibles de couvrir la totalité de leurs dettes à
échoir dans un mois au plus. Du fait de son effet stimulant sur le
rendement, est supposé ici favorable à l'amélioration de
la rentabilité des banques. Ce respect pouvant réduire les
risques bancaires.
1.2- Démarche
économétrique
À partir des études sur la
rentabilité d'un certain nombre de systèmes bancaires des pays
à système financier développé et des pays
émergents, notre étude est essentiellement focalisé sur
l'analyse empirique de l'impact des normes réglementaires sur les
performances du système bancaire camerounais au lieu des banques prisent
isolement. Pour tenter de répondre à cette préoccupation,
nous avons procédé à la collecte de données
statistiques concernant les résultats agrégés du
système bancaire du pays. La période couverte va de 2001 à
2007 avec des données secondaires évaluées en trimestres,
du fait de leur variation régulière. Ces données
trimestrielles sont obtenues à partir des rapports annuels de la COBAC
pour le système bancaire camerounais pris de façon
générale.
La démarche économétrique que nous
avons épousée est celle de la régression multiple
(modèle linéaire général) qui capte facilement les
effets temporels lorsque T est petit (n=1à28) et donne avec
précision le comportement de chaque variable au cours d'un temps bien
court.
Conformément aux développements
précédents sur la littérature théorique et
empirique, la rentabilité des actifs bancaire est mesurée par le
ROA. Les variables retenues sont.
- les charges d'exploitation bancaire (fgf)
- les crédits bancaires
(crf)
- les capitaux propres (kxf) - la
croissance économique (lpb) -
l'inflation (inf)
- la taille du secteur bancaire (atb)
- la concentration bancaire
(coc)
- le ratio de couverture des risques (sof)
- le ratio de liquidité
(lif)
Pour l'estimation de la fonction de la
rentabilité du système bancaire au Cameroun, nous adoptons la
même démarche et les mêmes spécifications
économétriques que Samy Ben Naceur (2003) s'inspirant de la
fonction linéaire de Short (1979). Ce choix s'explique principalement
par la quasi-ressemblance des deux économies en matière du
degré de prédominance économique du secteur bancaire. Il y
a lieu de noter cependant que contrairement à Ben Naceur (2003), dont le
modèle estimé est basé sur des données à
dimension annuelle, les résultats de notre analyse sont issus de
l'estimation d'équations sur des données à
fréquence trimestrielle. Le modèle utilisé ici pour
estimer le degré d'influence des déterminants
sélectionnés sur la rentabilité bancaire au Cameroun peut
être présenté sous la forme suivante:
(1)
Avec une
constante et åt le terme d'erreur
Le test de stationnarité de Dickey-fuller montre la
stationnarité des variables. MacKinnon approximate p-value
for Z(t) = 0.0024 qui est inférieur à 5%. On accepte
l'hypothèse d'absence de racine unitaire et donc les variables sont
stationnaires. On peut ainsi procéder à l'estimation des moindres
carrés ordinaires (MCO). Le test de normalité des erreurs
démontrent que les erreurs suivent une loi normale et sont
homocédastiques. R² = 0,9935 ce qui implique que 99,35% des
variations de la rentabilité des actifs sont expliquées par le
modèle. Le modèle est globalement significatif car la valeur de
Prob > F = 0.0000 est inférieure à 5%. (Confère annexe
1)
II - RESULTATS ET IMPLICATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
L'équation
peut s'écrire comme suit.
(2)
1- Résultats
empiriques et interprétations
L'évolution du rendement sur les actifs (en
pourcentage de l'actif) et de ses déterminants potentiels est
représentée comme suit. La rentabilité des actifs
(ROA), comme première variable managériale, est
affectée positivement par les charges générales du
système bancaire (fgf) de notre étude. Ce
résultat suggère que les profits des banques peuvent être
positivement affectés par les dépenses de structure. Suivant nos
estimations, une hausse des frais généraux d'un point de
pourcentage des actifs entraînerait à long terme une
appréciation du rendement de 67,68 point de pourcentage des actifs. En
fait, les coefficients d'exploitation du secteur bancaire dans son ensemble, ne
dépassent pas les bornes de 70%; normes considérées
acceptables en matière de gestion des firmes bancaires. Cette
constatation sera confirmée lors de l'analyse empirique de l'effet
positif des dépenses d'exploitation sur la marge globale bancaire,
indiquant ainsi que les établissements bancaires camerounais
maîtrisent leurs dépenses.
Selon nos résultats empiriques, les fonds
propres (kxf), comme deuxième variable managériale, ont
un effet positif sur la rentabilité des actifs. A long terme, toute
augmentation des capitaux propres d'un point de pourcentage des actifs conduira
à une hausse de la rentabilité bancaire d'environ 1,58 point de
pourcentage des actifs. Théoriquement, les banques les mieux
capitalisées accèdent facilement aux fonds de financement sur le
marché parce qu'elles sont moins risquées et plus solvables. En
fait, la réglementation prudentielle impose aux banques un niveau
minimum de couverture des emplois par des ressources stables. Autrement dit,
les banques camerounaises devront mieux s'outiller pour contrôler ses
fonds et gérer avec sérieux les capitaux propres
enregistrés.
Les résultats de notre modèle empirique
montrent que le volume des crédits distribués (crf)
n'est pas favorable à la profitabilité des banques. A long terme,
une hausse des crédits bancaires d'un point de pourcentage des actifs
induirait une régression de la profitabilité des banques
d'environ 2,82 point de pourcentage des actifs. Cette variable
managériale constitue certes une source importante des profits à
l'ère de l'intermédiation comme à celle de la
libéralisation financière mais sans réglementation
stricte, elle est vouée à un risque systémique.
L'étude empirique de l'impact de
l'environnement macro-financier sur la rentabilité des actifs bancaires
au Cameroun a également induit des résultats mitigés
à long terme. Suivant nos estimations, la taille du secteur bancaire
(atb) n'est pas favorable à l'augmentation des profits
bancaires, suggérant qu'en général, les économies
d'échelle ne sont pas favorables à l'amélioration de la
profitabilité des banques. Comme on peut le comprendre, une hausse de
l'actif consolidé des banques camerounaises d'un point de pourcentage du
PIB entraînerait à long terme une baisse du résultat net
bancaire d'environ 4,31 point de pourcentage des actifs.
Puisque les banques camerounaises regorgent de
liquidités sous-exploitées dans un contexte où les
demandes de crédits sont assujetties à des garanties
draconiennes, les possibilités d'amélioration de la
rentabilité globale ne seront que limitées. Une banque est
capable d'élargir sa part de marché si ses produits sont
différenciés de ceux de ses concurrents. Mais, ce rapport positif
entre la part de marché et la profitabilité peut faire
défaut si la demande de marché est peu proportionnelle à
la taille de la banque, ce qui est le cas du marché de crédit au
Cameroun pour la période étudiée. Suite à cette
réalité, la politique de la concurrence au sein du secteur
bancaire n'aurait probablement aucun effet stimulant sur les profits. Ceci
expliquerait le fait que les mouvements de concentration (coc) sont
plus bénéfiques à l'amélioration des profits des
banques camerounaises. L'occupation de la part majeure du marché
bancaire par un nombre restreint d'acteurs bancaires a donc un effet stimulant
sur les profits bancaires au Cameroun. En effet, selon nos estimations
empiriques, une intensification de la concentration d'un point de pourcentage
du total des actifs du système bancaire entraînerait à long
terme une amélioration de la profitabilité des banques d'environ
0,045 point de pourcentage des actifs.
En ce qui concerne les variables
macro-économiques, la croissance économique et l'inflation
semblent affecter positivement le rendement sur actifs du système
bancaire. La croissance économique (lpb) du pays a
d'importantes incidences positives, à long terme, sur la performance des
secteurs d'activités, y compris le secteur bancaire. A court terme, une
croissance du PIB réel par tête de 10% induirait une
réduction de la profitabilité bancaire de 6,90 point de
pourcentage des actifs à court terme, pour la simple raison que les
banques se comporteront comme satisfaite et se livrer à des situations
catastrophiques. Il semble que les banques camerounaises ont profité de
la restructuration de l'économie nationale par des politiques de
réformes structurelles du secteur et l'introduction de nouvelles
techniques et technologies en vue d'améliorer les niveaux de
bancarisation qui sont encore à des niveaux faibles. L'impact positif de
l'inflation (inf) va dans le sens de nos hypothèses de
départ. Une hausse du taux d'inflation d'un point de pourcentage
entraînerait une amélioration du rendement bancaire de 0,0034
point de pourcentage des actifs à long terme. L'augmentation du niveau
général des prix a permis aux établissements bancaires de
réaliser des profits substantiels malgré la situation
économique critique du pays. Les tensions inflationnistes produisent une
extension et une surévaluation des charges bancaires, mais ce sont les
déposants et les emprunteurs qui supportent de telles charges en dernier
ressort. L'inflation entraîne plus de charges d'investissement mais
également des taux de crédit élevés et donc plus de
revenus d'intérêt et de profits.
Enfin, concernant les variables réglementaires,
la tendance excessive des banques camerounaises à assurer leur
solvabilité à long terme, reléguant ainsi au second plan
la réalisation de meilleures performances à court terme serait la
raison de la réduction de 0,022 point de pourcentage. Les
réglementations encourageant le contrôle des banques par le
secteur privé, c'est-à-dire celles qui exigent le recours des
banques à des auditeurs externes agréés et des agences de
notation internationales, qui obligent les banques à divulguer leurs
procédures de gestion du risque et leurs engagements hors bilan et
à produire des états financiers consolidés, sont
supposées réduire le risque et améliorer la performance
des banques. L'indice de la réglementation du capital est
négativement relié à l'évolution du capital et du
risque et n'a pas d'effet sur la marge d'intérêt nette. Ce qui
montre qu'au Cameroun, une réglementation stricte du capital conduit les
banques à réduire leurs risques et semble donc atteindre ses
objectifs. L'existence d'un système de supervision très stricte
et rigoureux est supposée contraindre le comportement de la banque en
matière de prise de risque. Le respect du ratio de liquidité a un
impact positif mais non significatif sur la rentabilité du
système bancaire qui suggère que les banques parviennent à
couvrir la totalité de leurs dettes.
2- Implications de politique
économique
Notre étude analytique et empirique sur les
ratios prudentiels comme déterminant majeur de la rentabilité
bancaire au Cameroun nous a permis de déduire une série de
résultats empiriques tantôt corroborant tantôt contredisant
les prédictions de la théorie économique et
financière en la matière. L'impact positif des fonds propres sur
la rentabilité des actifs serait probablement dû à la
tendance excessive des banques camerounaises à assurer leur
solvabilité à court terme, reléguant ainsi au second plan
la réalisation de meilleures performances à long terme.
D'ailleurs, nombreuses sont les études qui ont remarqué que les
ratios de solvabilité bancaires locaux varient
généralement aux alentours de 10% et sont supérieurs
à ceux observés dans les pays industrialisés. Par
ailleurs, même si les crédits à long terme réduisent
la rentabilité au Cameroun, les niveaux élevés des ratios
de liquidité qui dépassent, pour la majorité des cas, les
frontières de 120%, expliqueraient le fait que les établissements
bancaires ne profitent pas de la surliquidité du marché. Les
banques hésitent à distribuer des crédits par crainte de
ne pas recouvrer les fonds distribués et tomber ainsi dans la crise de
liquidité. La nature des dépôts à majorité de
courte durée oblige les banques à ne pas prendre le risque de
s'engager dans des financements à moyen et à long terme et
à assurer des fonds de garantie afin de pouvoir faire face à
d'éventuelles faillites. En plus, la demande faible du marché
camerounais, due essentiellement au faible pouvoir d'achat des ménages,
image de l'insolvabilité, accentue le risque pour ces institutions et
limite la politique du crédit.
Une telle politique limitée est également
associée à une faible couverture du territoire national. Les
niveaux encore élevés des taux de crédit accentuent ce
phénomène. Cette réalité peut être
ajoutée à un faible encouragement de l'épargne, dû
à des taux d'intérêt sur les dépôts encore
faibles et, jusqu'à une date récente, à des frais de
dossier plus ou moins élevés. Il serait opportun de
s'intéresser plus à la réalisation des résultats
à court terme et de réduire l'impact des politiques de
solvabilité excessive par la recherche de ressources plus stables et
l'encouragement des épargnes à longue durée,
l'exploitation de l'épargne existante et la distribution des
crédits pour l'amélioration du niveau des investissements.
L'engagement des banques dans le financement du secteur
immobilier devrait coexister avec une politique de garantie car la
flambée des cours des produits de ce secteur, résultat des
comportements de spéculation est sensée produire des effets
néfastes sur l'activité de ces établissements et
même sur l'économie en général.
En définitive, le ratio de couverture des risques
et le ratio de liquidité sont considérés comme pilier de
la rentabilité des actifs bancaires au Cameroun car ils limitent
certains excès des banques dans la recherche du profit. Ils
réduisent les risques de insolvabilité et d'illiquidité. A
long terme, ils contribuent à l'évolution de la
rentabilité du système bancaire, bien que seul le ratio de
solvabilité ait une significativité même négative
sur la rentabilité des actifs, car les banques voulant se
protéger, réduisent leur profitabilité à long
terme. Il en ressort que les restrictions sur les activités bancaires
sont négativement liées au niveau du capital et positivement
liées au niveau des ressources disponibles et qu'elles ont un effet
positif sur la marge d'intérêt et la rentabilité des actifs
bancaires. Ce résultat se justifie par le fait que lorsqu'elles sont
autorisées à conduire une grande variété
d'activités, les banques prennent des risques excessifs. De plus,
l'exercice d'un large éventail d'activités financières et
la non séparation entre les activités commerciales et celles
d'investissement peuvent entraîner la formation d'entités
extrêmement complexes et de grande taille à même de
réduire la concurrence et l'efficience du secteur financier. Les banques
exposées à un risque élevé pourraient choisir des
marges d'intérêts plus élevées.
Parallèlement, les banques peu rentables sont tentées d'octroyer
des crédits plus aléatoires et de s'engager dans des
activités plus incertaines pour défendre leurs
rentabilités et respecter les règles prudentielles
imposées par les autorités monétaires. Les banques
disposant d'un ratio de couverture des risques peuvent être
incitées à augmenter leur capital et à réduire leur
niveau de risque afin d'éviter d'être pénalisées.
Toutefois, les banques sous -capitalisées peuvent être
tentées de prendre des risques excessifs dans l'espoir d'avoir des
rendements élevés qui peuvent les aider à augmenter leur
capital.
CONCLUSION
L'objectif de ce chapitre était
de monter le degré de participation de la réglementation
prudentielle dans la détermination de la rentabilité des actifs
bancaires au Cameroun. Pour y parvenir, nous avons procédé d'une
part à une analyse de la reconstruction et des résultats du
système bancaire et d'autre part à une vérification
empirique en utilisant un modèle de régression linéaire
avec des données sur 28 trimestres sur le système bancaire. Notre
base de données provient des rapports annuels de la COBAC pour une
période allant de 2001 à 2007.
Il ressort de cette analyse que la réglementation
est un soutien incontournable pour l'amélioration des résultats
bancaires, dans la mesure où celle-ci permet de protéger les
déposants et leurs épargnes. On note que le ratio de couverture
des risques influence de façon négative et significative la
rentabilité des actifs pour la simple raison qu'il pousse les banques
à prendre beaucoup de risques en les exposant à la faillite. Ces
risques prisent poussent les banques dans la recherche absolue du profit. Le
ratio de liquidité quant à elle à un effet positif mais
non significatif sur la rentabilité des actifs, du fait de
présence continue des ressources. Ceci soulève le fameux
problème de la surliquidité des banques et leur refus d'octroyer
des crédits. Il faudrait désormais plus se pencher sur la
réglementation de la liquidité qui nécessite beaucoup
d'attention. En outre, la politique de la maîtrise des normes
internationales en matière de solvabilité et de liquidité,
sous l'impulsion des autorités supranationales, a provoqué des
effets négatifs sur la rentabilité bancaire. La surcapitalisation
des banques camerounaises et le défaut de transformation ont
entraîné une situation de surliquidité qui n'a
profité de ce fait ni à la rentabilité globale ni aux
marges d'intérêt bancaires.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Dans cette partie, nous avons étudié la
contribution de la réglementation prudentielle dans le
rétablissement de la rentabilité bancaire au Cameroun durant la
période 2001-2007, et ce, en appliquant de façon trimestrielle,
à l'ensemble du système bancaire, un modèle de
régression multiple s'inscrivant dans la lignée des travaux de
Bourva (1979). Après avoir présenté l'apport de la
réglementation prudentielle dans la résolution de la crise
bancaire des années 80 au Cameroun, nous avons procédé
à l'étude de l'impact du dispositif prudentiel sur la
rentabilité bancaire au Cameroun. Il en ressort que la
réglementation de l'activité bancaire apparaît efficace
dans l'amélioration de la rentabilité bancaire. Plus les
restrictions sur les activités sont fortes, plus le risque est
réduit et plus la rentabilité des actifs est
élevée.
Nos résultats corroborent les conclusions de Ben
Naceur (2003) et Ghazi (2006) qui affirment que la réglementation
prudentielle a réussi à améliorer le niveau de
rentabilité des banques. De plus, l'évolution des fonds propres
et des ressources a été accompagnée par une baisse du
risque de crédit et une augmentation de la marge d'intérêt
ainsi que la rentabilité des actifs. Cependant, il convient de signaler
que cette partie se base uniquement sur la rentabilité de actifs en
négligeant la marge d'intérêt comme mesure de la
rentabilité. La prise en compte d'un tel arbitrage est toutefois,
difficile, et ce, en raison de l'indisponibilité des données.
Nos résultats soutiennent le premier pilier de
Bâle II à savoir la réglementation des fonds propres et
montrent que le renforcement du pouvoir des autorités de supervision n'a
pas d'effet sur la rentabilité nette et que les réglementations
exigeant une grande transparence de l'information et incitant le secteur
privé à contrôler les banques, génèrent des
effets indésirables sur le comportement des banques en matière de
prise de risque au Cameroun. La discipline de marché qui constitue un
facteur essentiel pour la stabilité bancaire, est faible au Cameroun et
demeure sous l'influence de la réglementation bancaire.
Pour contourner le problème d'aléa moral
engendré par un système d'assurance des dépôts
à taux fixe et afin d'éliminer les effets pervers de la
réglementation du capital ou de celle du portefeuille de la banque et
dépasser leurs limites dans la maîtrise du risque, il a
été suggéré que les exigences sur les fonds propres
devaient tenir compte non seulement de la valeur des actifs mais aussi du
niveau du risque qui s'y attache (Ikori, 2009). La réglementation
prudentielle ne devrait pas se focaliser uniquement sur le ratio de
solvabilité des banques, mais aussi accordée un peu d'attention
à la réglementation sur la liquidité.
DEUXIEME PARTIE
REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UN MOYEN
DE RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITE
BANCAIRE AU CAMEROUN
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
L'analyse de la productivité se heurte à
de multiples difficultés dans le secteur des services et, plus
particulièrement, dans le domaine bancaire. Cela tient pour une grande
part à l'impossibilité d'isoler physiquement la production de
certaines prestations ou l'exercice de certaines fonctions ou encore à
l'existence de produits « liés » dont la mise en oeuvre est
indissociable (Demartini, 2004). De ce fait, les superviseurs devront
poursuivre les réformes réglementaires entreprises dans le
secteur bancaire et assurer en même temps la promotion des
investissements, de manière à obtenir une croissance forte et
durable (Fouda, 2009).La productivité en général est la
relation entre le niveau de la production et la quantité des facteurs
qui l'ont permis. Malgré ces difficultés d'approche tant
conceptuelles que pratiques, la productivité mérite la plus
grande attention, dans la mesure où elle constitue un des facteurs
clé de la concurrence dans le secteur bancaire. Cette
productivité est vue sur le plan de développement financier, qui
est estimé par le volume de crédits distribués. L'un des
objectifs majeur de la réglementation est de permettre le financement de
l'économie. Qu'en est-il ?
La question centrale ici est de savoir si l'application
des mesures prudentielles s'est réellement traduite par une reprise de
la productivité bancaire au Cameroun ? Cette deuxième partie
vise à montrer comment les caractéristiques des banques et
l'environnement financier affectent la productivité des banques
camerounaises. Singulièrement, le but principal de cette partie est
d'examiner de façon approfondie la relation entre la productivité
et les caractéristiques du système bancaire. L'hypothèse
sous-jacente est que la réglementation prudentielle affecte positivement
la productivité bancaire au Cameroun.
Pour ce faire, nous avons présenté cette
partie en deux chapitres. Le chapitre 3 a pour titre :
Réglementation et l'expérience de développement financier
au Cameroun. Le but est d'évaluer la contribution du dispositif
réglementaire à résoudre de manière optimale les
problèmes d'offre de crédits. Le chapitre 4 a pour titre :
Le dispositif prudentiel : un moyen de consolider le financement de
l'économie au Cameroun. Le but est de mesurer l'impact des ratios
prudentiels dans l'intensification du niveau de développement financier,
dans le souci de rendre le système bancaire stable. La méthode la
plus appropriée pour traiter ce genre de problème est la
méthode de régression multiple. Les résultats tant
statistiques qu'économétriques sont proposés.
CHAPITRE III : LA REGLEMENTATION ET
L'EXPERIENCE DE
DEVELOPPEMENT FINANCIER
AU CAMEROUN
INTRODUCTION
La présentation officielle du système
financier camerounais distingue quatre types d'institutions
financières : la Banque Centrale (Banque des Etats de l'Afrique
Centrale), les Banques créatrices de monnaie, les autres institutions
bancaires, et les institutions financières non bancaires. Elle
intègre aussi toutes les institutions qui participent au financement de
l'économie, comme les compagnies d'assurance et de réassurance,
les établissements de crédit-bail, les sociétés
financières et de participation, etc. Mais dans les faits, le
fonctionnement du système financier se réduit au système
bancaire, où les actifs bancaires représentent environ 10% du PIB
et 75% du total des actifs du système financier à la fin de l'an
2006 (FMI, 2007). A la suite de la crise des systèmes bancaires, le
système financier a fait l'objet d'importante réglementation,
notamment aux niveaux institutionnels et bancaires. L'objectif
déclaré de la politique de crédit en cette période
était le financement du développement. C'est pourquoi, des
niveaux plus élevés de crédits ont été
observés. Seulement, ces crédits étaient octroyés
par « clientélisme »12(*) et parfois même sans garanties, et
destinés plus aux secteurs de transport, transit, commerce et services,
activités agricoles (Fouda, 2009). La crise ayant profondément
touché les banques, l'objectif prioritaire pour les autorités est
devenu l'assainissement de l'environnement financier. Le système
financier camerounais, malgré la réglementation ne s'est pas
adopté aux grands défis de la mondialisation. Il est donc
resté peu dynamique et en déphasage avec les besoins de
l'économie. La réglementation prudentielle vise à
établir une confiance de type institutionnel.
Les capacités des banques se réduisent et
l'on peut se demander quel lien existe-t-il entre la réglementation
prudentielle et le niveau de développement financier ? Pour y
parvenir, la Section I expose les caractéristiques actuelles de
l'intermédiation bancaire au Cameroun et la Section II relate les
résultas déterminants pour le développement financier.
SECTION I- LES
CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE
L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU CAMEROUN
.
A la suite de la réglementation, il devait
s'opérer des regroupements, des fusions et alliances stratégiques
importantes, permettant non seulement de renforcer la fonction
d'intermédiation, mais aussi d'accroître les marges et taux de
profitabilité. Aussi, le nombre de banques du système bancaire
est passé à 11 au 31 décembre 2008 contre 12 dans les
années précédent immédiatement la
dévaluation. Ainsi que le relève Avom (2004), le système
bancaire compte également huit établissements de crédit
auxquels il convient d'ajouter les sociétés d'assurance dont le
rôle dans le financement de l'économie va considérablement
se développer dans les prochaines années, car elles se
présenteront comme des concurrentes sérieuses des
établissements de crédit, notamment dans la collecte de
l'épargne. A côté de ce secteur officiel, il se
développe la microfinance, dont la progression a été
remarquable au cours de la dernière décennie malgré sa
disparité (Lelart, 2002).
A cet effet, le système bancaire et financier
camerounais présente actuellement plusieurs caractéristiques
dont, trois paraissent pertinentes pour qu'elles soient évoquées
pour notre propos. Il s'agit d'abord de sa forte concentration, ensuite de la
très forte présence du capital privé dans le capital
social des banques, dont une part importante est d'origine
étrangère (internationalisation), et enfin de la faiblesse de
profondeur et d'innovations financières.
I - UN SYSTEME BANCAIRE
CONCENTRE ET INTERNATIONALISE
Les caractéristiques
premières du système bancaire camerounais sont la concentration
(dans les grandes métropoles) et l'internationalisation
(intégration financière).
1- Un système
bancaire concentré
L'analyse de la concentration dans l'industrie bancaire
permet de mettre en évidence les inégalités de taille
entre établissements de crédit, mais également des
tendances oligopolistiques qui se manifestent au sein de ce secteur. Au
Cameroun, la concentration s'est traduite par deux mesures. D'une part, une
concentration géographique ; celle-ci se caractérise par la
réduction du nombre de banques (fusion-acquisition et fermeture) et
d'autre part, une concentration économique ; il s'agit à ce
niveau d'une concentration de l'activité bancaire en termes de
dépôts / crédits et de part de marché.
1.1- Evaluation de la
concentration économique
La diversité des produits ne permettent pas la
définition d'une incidence composite de concentration dans le cas des
banques, la concentration sera évaluée d'une part par les parts
de marché, puis par le nombre de banques et d'agences.
1.1.1- La concentration
par les parts de marché
Il sera évalué ici la concentration des
dépôts et la concentration des crédits. A chaque fois, il
sera dressé un tableau des parts de marché pour faire le calcul
du taux de concentration pour l'année 2008. Il existe de nombreux
indicateurs de concentration. Pour notre étude, il sera utilisé,
l'indice de Hirchman-Herfindhal. Il est égal à la somme des
carrés des parts de marché de toutes les firmes de la branche ou
de l'industrie. Formellement, cet indice s'écrit comme suit
H = (q i/Q) ² = S i² Où qi
représente la production de la firme i et Q la production
totale de l'industrie. Il peut dès lors être
évalué ces différentes concentrations.
1.1.1.1- La concentration des dépôts
bancaires
La concentration des établissements de
crédits peut être évaluée à partir de
l'activité de dépôts. Le tableau 4 ci-après permet
de calculer le degré de concentration en 2008.
Tableau 4. Part de marché des
dépôts 2008
Banques
|
Montant en millions
de FCFA
|
Part en %
simple
|
Part en % cumulé
|
SGBC
|
250780
|
22,92
|
22,92
|
BICEC
|
220301
|
20,14
|
43,06
|
SCBCL
|
161757
|
14,80
|
57,85
|
AFB
|
136257
|
12,46
|
70,31
|
SCBK
|
107814
|
9,86
|
80,16
|
CBC
|
95390
|
8,72
|
88,88
|
CITIBANK
|
45270
|
4,14
|
93,02
|
AMITY BANK
|
25440
|
2,33
|
95,35
|
ECO BANK
|
36221
|
3,31
|
98,66
|
UNION BANK
|
14674
|
1,34
|
100
|
TOTAL
|
1093301
|
100
|
/
|
(Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2008)
Le tableau 4 souligne une forte concentration des
dépôts. En effet, sur les dix banques en activité de notre
échantillon, deux à savoir, la SGBC et la BICEC contrôlent
43,06% des dépôts, alors que la moitié du système
bancaire, constitué des cinq premières banques à savoir,
la SGBC, la SCB-CL, la BICEC, la CCEI et la Standard, contrôle à
elle seule 80,16% des dépôts. A partir de ces résultats, il
peut être calculé l'indice H de concentration. Soit
H = (0,2292² + 0,2014² + 0,1480² +
0,1246² + 0,0986² + 0,0872² + 0,0414² + 0,0233² +
0,0331² + 0,0134²) = 0,15
En comparant cet indice à celui qui traduit
l'égalité de tailles, qui est égal ici à 1/10, soit
0,1. Il est clair que ces indices sont différents ; ce qui traduit
alors les inégalités de tailles dans cette industrie. Puisque
lorsque les firmes sont de tailles identiques, ces deux indices devraient
être égaux. Cette inégalité de tailles traduit bien
la concentration de l'industrie bancaire. Le Graphique 5 ci-après
illustre cette situation.
Graphique 5- Concentration des dépôts
en part de marché en % cumulé
Concentration des dépôts en 2008
Banques
(Source : Fichiers Garbis Iradian,
FMI, 2008)
1.1.1.2- La concentration
des crédits bancaires
La concentration des établissements de
crédits peut être évaluée à partir de
l'activité de prêt. Le tableau 5 ci-après permet de
calculer le degré de concentration en 2008.
Tableau 5 : Part de marché de
crédits 2008
Banques
|
Montant en millions
de FCFA
|
Part en %
simple
|
Part en %
cumulé
|
SGBC
|
186575
|
22,00
|
22,00
|
BICEC
|
175177
|
20,67
|
42,67
|
SCBCL
|
116007
|
13,68
|
56,35
|
SCBK
|
102093
|
12,04
|
68,39
|
CBC
|
87265
|
10,29
|
78,68
|
AFB
|
79788
|
9,4
|
88,08
|
CITIBANK
|
34042
|
4,01
|
92,09
|
ECOBANK
|
30698
|
3,62
|
95,71
|
AMITYBANK
|
25998
|
3,07
|
98,78
|
UNONBANK
|
10244
|
1,21
|
100
|
TOTAL
|
847887
|
100
|
/
|
(Source : Fichiers Garbis
Iradian, FMI, 2008)
Le tableau 5 souligne une forte concentration des
établissements de crédit. Les deux premières banques
à savoir la SGBC et la BICEC, contrôlent à elles seules
42,67%. Bien plus, en ajoutant la SCB-CL, la Standard Charttered Bank et, la
CBC, la moitié du système bancaire distribue 78,68% de
crédit. Il convient de remarquer que la Société
Générale et la BICEC contrôlent le marché de
crédit à hauteur de 42,67%. Il peut donc être
calculé l'indice H soit :
H = (0,22² + 0,2067² + 0,1368² +
0,1204² + 0,1029² + 0,094² + 0,0401² + 0,0362² +
0,0307² + 0,0121²) = 0,14
En comparant cet indice à celui qui
traduit l'égalité de tailles, qui est égal ici à
1/10 soit 0,1. Il y a bien inégalité de tailles, puisque ces deux
indices sont différents. Le graphique 6 ci-après permet
également d'illustrer ce phénomène.
Graphique 6. Concentration des crédits en
part de marché en % cumulé
(Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI,
2008)
1.1.2- La concentration
par le nombre de banques et d'agences
Le degré de concentration bancaire peut
également être mesuré par le nombre de banques et
d'agences. Plus ce nombre sera ralenti, plus la concentration sera
élevée. Cet aspect peut être apprécié
à partir du tableau 6 ci-après relatant le nombre de banques et
d'agences pour la période 2001 à 2008. La concentration se fait
exclusivement dans les grandes villes du pays.
Tableau 6 : Evolution du nombre
de banques et d'agences
Années
|
Nombre de banques
|
Nombre d'agences
|
2001
|
10
|
86
|
2002
|
10
|
88
|
2003
|
10
|
90
|
2004
|
10
|
96
|
2005
|
10
|
103
|
2006
|
11
|
118
|
2007
|
12
|
128
|
2008
|
12
|
129
|
(Source : Rapport annuel du
Conseil National du Crédit)
La lecture de ce tableau 6 montre bien la
concentration du système bancaire. En effet, sur l'ensemble de la
période étudiée, on observe non seulement qu'il y a un
petit nombre de banques en activité, ce nombre qui tourne autour de 10
banques avec une augmentation plus importante en 2008, mais également,
de période en période, on constate aussi une augmentation des
agences. On assistera à l'entrée de deux nouvelles banques dans
le système bancaire.
1.2- Evaluation de la
concentration géographique
Les pays en développement sont
caractérisés par un dualisme économique qui ne cesse
d'influencer les niveaux de structure tant industrielle que sociale. Au
Cameroun, à côté d'un secteur moderne qui, regorge des
activités commerciales et industrielles modernes, il existe un vaste
secteur traditionnel. Ces deux secteurs d'activité sont localisés
dans les zones bien spécifiques. Alors que le secteur moderne se
localise dans les agglomérations urbaines, telles que Yaoundé,
Douala, Bafoussam ; le secteur traditionnel pour sa part, se situe dans
les zones rurales. Cette structuration de l'économie camerounaise,
expliquerait alors la concentration géographique du réseau
bancaire. En effet, le secteur traditionnel manifeste une certaine aversion
vis-à-vis des structures bancaires, et la structure des
dépôts en subit donc des effets. Seul le secteur moderne influence
de façon significative l'importance des dépôts et la
structure des banques. Ce différentiel d'aversion de ces
différents secteurs vis-à-vis des banques influence
l'implantation des banques qui choisissent des grandes agglomérations au
détriment des campagnes. Ainsi, la plupart des banques sont
installées dans les grandes villes notamment Douala, Yaoundé,
Bafoussam, et quelques chefs lieux de régions. Ce
phénomène peut être visualisé à travers ce
tableau 7 ci-après qui retrace le réseau bancaire camerounais.
Tableau 7 :
évolution du réseau bancaire camerounais
Ville
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Douala
|
17
|
16
|
27
|
47
|
9
|
8
|
14
|
24
|
Yaoundé
|
13
|
12
|
20
|
39
|
7
|
6
|
16
|
26
|
Bafoussam
|
5
|
9
|
7
|
10
|
6
|
5
|
8
|
9
|
Total
|
35
|
37
|
54
|
96
|
22
|
19
|
38
|
59
|
Autres
|
42
|
48
|
113
|
90
|
56
|
40
|
52
|
61
|
Total
|
87
|
85
|
167
|
186
|
78
|
59
|
90
|
120
|
(Source : Rapports annuels du
conseil national du crédit)
La lecture de ce tableau 7 souligne bien l'importance du
phénomène de concentration géographique du réseau
bancaire autour des grandes agglomérations urbaines au Cameroun. En
effet, il est à remarquer que sur l'ensemble de la période, les
trois métropoles que sont Douala, Yaoundé et Bafoussam, ont la
plus grande part des agences par rapport aux autres régions. Sur
l'ensemble de la période étudiée, ces trois villes ont
à elles seules, d'année en année, en moyenne 35% du nombre
total d'agences. Ce phénomène s'est surtout accentué en
2004 où ces trois villes ont à elles seules plus de 51% des
agences existantes. Il peut être attribué à cette situation
de la multiplication des guichets périodiques du milieu des
années 2001. Cette concentration géographique se traduit par le
développement des comportements d'épargne informelle dans les
zones rurales.
Aussi, des 129 agences bancaire que compte le
système bancaire en 2008, un peu plus de 80% sont regroupées dans
les villes de Douala et Yaoundé. Ainsi, des 21 agences que compte la
société générale des banques du Cameroun (SGBC),
quinze sont situées dans les villes de Yaoundé (six) et Douala
(neuf), et 6 dans le reste du Cameroun.
En somme, l'industrie bancaire est fortement
concentrée sur l'ensemble de la période. Sur le plan
géographique, les agences des banques sont plus installées dans
les trois villes. Sur le plan économique, l'activité bancaire est
contrôlée par cinq banques en raison de 85% pour les
dépôts et 72% pour les crédits.
2- Un système
bancaire internationalisé
Une des conséquences de la globalisation des
marchés est l'intégration financière. Cette globalisation
a entraîné un vaste marché financier mondial dont les
parties sont solidaires et indépendantes. La finance s'étant
globalisée, le mouvement va se répercuter dans les
systèmes bancaires. C'est dans cette optique que le système
bancaire camerounais s'est également internationalisé. Cette
internationalisation peut s'apprécier à travers deux
critères principaux. Il y a d'une part l'implantation bancaire
étrangère au Cameroun, et d'autre part, le développement
de l'activité bancaire à l'étranger.
2.1- L'implantation
bancaire étrangère au Cameroun
La présence des banques étrangères
au Cameroun est très ancienne et remonte à la période
coloniale. Les premières banques à s'installer étaient la
Banque d'Afrique Occidentale (BAO) et la Banque Commerciale Africaine (BCA).
Les banques étaient pour la plupart françaises, et leur
rôle était de prendre en main le développement des
échanges commerciaux avec la métropole. C'est du
développement de ces échanges que dépendra le rythme
d'installation des banques qui n'étaient que des filiales des banques
étrangères. Au moment où le Cameroun accède
à la reconnaissance internationale, on s'attendait à ce que cette
logique soit infléchit ou alors totalement renversé ; mais
il n'en a rien été parce que la structure de l'économie
des colonies n'avait pas elle-même changée. Dans la période
d'euphorie qui a suivi les indépendances notamment à partir du
milieu des années 1970, avec le boom des prix des matières
premières (pétrole, cacao, café), les banques
américaines, italiennes, espagnoles, vont également s'implanter.
Une majorité se retirera progressivement par la suite au moment
où le Cameroun entre dans une phase de récession à partir
du milieu des années 1980.
Aujourd'hui, après les restructurations et
les réformes qu'il a connu depuis le début des années 1990
et le retour de la croissance qui a suivi, on observe un léger mouvement
de retour des banques étrangères vers le Cameroun à
travers une prise de participation dans le capital social de plusieurs banques
en activités.
2.2- L'implantation des
banques camerounaises à l'étranger
Pour ce qui concerne l'implantation des banques
Camerounaises à l'étranger deux banques sont concernés par
ce mouvement .Il s'agit d'Afriland First Bank13(*) et de la Commercial Bank of
Cameroon. La première est la plus dynamique dans cette stratégie
.Elle a en effet ouvert à la fin des années 1990 deux agences
bancaires en Guinée équatoriale et en France, puis en 2002 une
succursale dans le port Congolais de Pointe Noire ainsi qu'à Sao
Tomé et Principe. Cette stratégie s'est poursuivie en 2003 par
une prise de participation dans le capital de la banque omnifinance en
Côte d'Ivoire. Bien plus, de nouveaux partenariats ont été
mis en place dans trois pays d'Afrique. Il s'agit de la Banque du
Développement du Tchad, de la Société Marocaine de
Dépôts et de Crédits et enfin de la First Bank of South
Africa. Ainsi, après la France, puis la Chine plusieurs autres
partenariats lui assurent une représentation en Amérique et en
Europe occidental. La deuxième est beaucoup plus timide et est
présente en RCA, au Tchad, Sao-Tomé et la Guinée
Equatoriale et à travers l'ouverture d'une agence.
Au total, l'internationalisation à travers la
libéralisation financière se traduit par une présence
moins importante de l'Etat dans le capital social des banques (contrairement
à la période précédente la crise ou sa
participation excédait 35%). Dans l'ensemble du système bancaire,
l'Etat n'est présent que dans trois banques donc la BICEC où
l'Etat est représenté à hauteur de 80% dans le
capital ; c'est la participation la plus importante.
Les données du tableau 8 ci-après
amène deux observations importantes. Elles permettent d'apprécier
l'important recul de l'Etat dans le capital social des banques et la forte
présence du capital privé national et étranger. Il
apparaît que l'Etat14(*) représente désormais et en moyenne
20,31% contre 31,20% pour les privés nationaux et 46,49% pour les
privés étrangers.
Tableau 8 : Répartition du capital
social des banques en activités au Cameroun en %
Banques
|
Amity Bank
|
Bicec
|
CBC
|
City Bank
|
Cl Bank
|
Eco Bank
|
SGBC
|
HCB Bank
|
STD Bank
|
Afriland Bank
|
Etat
|
0
|
80
|
0
|
0
|
35
|
0
|
25,6
|
0
|
0
|
0
|
Privé N
|
53,28
|
20
|
100
|
0
|
0
|
0
|
16,3
|
100
|
0
|
75
|
Privé E
|
46,8
|
0
|
0
|
10
|
65
|
100
|
58,3
|
0
|
100
|
25
|
(Source : Rapport d'activité COBAC 2002)
N= Nationaux E= Etrangers
II - INSUFFISANCE DE PROFONDEUR
ET D'INNOVATIONS FINANCIERES
On assiste à une faible profondeur
financière et un manque d'innovations financières.
1- La faible profondeur
financière
Le terme profondeur financière renvoie
généralement à la taille du secteur financier. Ainsi,
l'appréciation du secteur bancaire dans une économie se fait
à travers le ratio M2 / PIB en raison de sa simplicité, et sans
qu'il soit l'indicateur le plus approprié15(*). Ce ratio mesure le
pourcentage de la masse monétaire dans la richesse totale dans
l'économie. L'interprétation de ce ratio est cependant
biaisée par l'importance de la thésaurisation. En effet, dans la
plupart des pays sous développés, une partie non
négligeable de la quantité de monnaie en circulation
échappe au circuit bancaire.
Le système bancaire camerounais malgré
la restructuration est demeuré « frileux » et
très peu développé du fait notamment de la
répression financière, et du renforcement du dualisme financier.
Cette faiblesse de la taille, peut être appréciée en
observant l'évolution du ratio M2 / PIB qui est resté
relativement stable et faible entre 2001 et 2008. Il y a cependant, une
légère participation des banques suite à un léger
choc d'une hausse défavorable des prix des matières
premières qui est resté très peu perceptible, à
cause de l'ampleur de la crise dans laquelle se trouvait l'économie
camerounaise. Cela peut s'expliquer par l'émergence de la microfinance
qui s'est institutionnalisée et réduisant par là
même la thésaurisation.
Mais paradoxalement, le Cameroun reste encore un peu en
marge de l'évolution des systèmes financiers internationaux, car
l'intermédiation financière donne l'impression au Cameroun de
ramer en contre courant, pour rechercher la petite taille et limiter le
développement des opérations (Bekolo-Ebe, 1998).
2- Le manque des
innovations financières
Une autre caractéristique actuelle du
système bancaire camerounais est le manque d'innovations
financières. Il se traduit par une quasi-absence des services
financiers. Alors que partout ailleurs, et notamment dans les pays occidentaux
et européens, se développe l'innovation financière, dont
le rythme tend à s'accélérer avec comme corollaire,
l'expansion et la densification des marchés et pour conséquence,
une plus grande capacité à répondre aux besoins et
à offrir des opportunités d'investissement (Bekolo-Ebe, 2002).
L'intermédiation financière au Cameroun se caractérise par
une pauvreté des instruments, souvent d'ailleurs inadaptés aux
besoins, tant pour l'épargnant que pour l'emprunteur. Et lorsque ces
instruments financiers existent, ils sont très peu diversifiés et
de qualité médiocre. Les conditions pour y accéder sont
extrêmement malthusiennes et l'assurance de financement du fait de la
fidélité des relations est pratiquement nulle (Bekolo-Ebe, 1998).
La faiblesse de l'innovation explique ainsi pour une large part les
difficultés des entreprises à trouver les financements
adaptés au cycle de production, et la tendance des agents à agir
en marge du système. C'est pourquoi les marchés y sont aussi peu
développés, et l'intermédiation informelle y prend une
telle ampleur, posant ainsi à l'intermédiation financière
un problème d'adaptation.
Le système bancaire demeure fragmenté et
élitiste, avec une exclusion du financement bancaire, d'une frange
importante de la population, qui, pour résoudre ses besoins, recourt
à la microfinance. En plus, il manque de souplesse, des démarches
administratives sont toujours longues et fastidieuses pour l'ouverture des
comptes, la réalisation des opérations de dépôts et
de demande de crédits (compte tenu des conditions exigées) (Avom,
2004). Bien plus, les rares services disponibles ne sont pas accessibles
à tous les clients. Par exemple, l'existence des cartes bancaires et des
guichets de distribution automatique de billet devenus depuis de nombreuses
années des services ordinaires dans les pays développés et
certains pays du Sud du Sahara comme l'Afrique du Sud et les pays d'Afrique du
Nord demeure paradoxalement un grand luxe. Ainsi que l'a relevé Avom
(2004), la SGBC et la BICEC ont été les premières à
expérimenter le service de paiement par carte bancaire. Plus
récemment, Afriland First Bank vient de mettre à la disposition
du public un porte monnaie électronique (i-card) qui permet de
réaliser les paiements sur l'ensemble du territoire, dans les surfaces
disposant d'un terminal agrée. Elles ont mis à la disposition de
leurs clients des cartes de retrait. Cependant, les distributeurs
associés à ce service n'ont pas un fonctionnement permanant. Ils
sont régulièrement en panne et de nombreux
désagréments sont régulièrement signalés. La
monnaie demeure le seul actif financier le plus utilisé. Le
chèque dont l'obtention nécessite une procédure longue
(plus d'un mois) n'est pas totalement accepté comme moyen de
mobilisation de la monnaie et de paiement. Au total, la banque apparaît
dans plusieurs décennies après l'indépendance et ce
malgré de nombreuses restructurations et réformes, culturellement
en déphasage avec les réalités économiques et
sociales. Les taux d'intermédiation bancaire c'est-à-dire le
rapport entre le nombre de population pour un guichet de banque reste faible et
se situe à environ un guichet pour 149153 habitants (COBAC, 2006), c'est
ce qui explique par ailleurs sa très forte concentration. Aussi,
l'émergence de la microfinance qui est plus adaptée aux besoins
des populations en majorité pauvre, trouve là son explication. De
ce fait, quelles sont les conséquences immédiates pour le
développement financier au Cameroun.
SECTION II- DES RESULTATS
DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER
Malgré une situation satisfaisante du
système financier, celui-ci est peu à même de financer le
développement. Face à la bonne santé du système
financier, la question se pose de savoir quels sont les facteurs explicatifs du
faible niveau de financement du développement (Hugon, 2007). Trois
principaux résultats peuvent être présentés en guise
d'illustration : l'assainissement du système bancaire, l'expansion
du secteur de la microfinance et l'émergence des marchés
financiers et monétaire. Avant d'examiner ces résultats, il
importe de rappeler que le développement financier est à notre
sens un processus de transformation du système financier garantissant
une utilisation rationnelle des ressources. C'est à ce titre que
l'assainissement des systèmes bancaires constitue un résultat
important, car la viabilité des banques et leur stabilité sont
des conditions indispensables au développement de
l'intermédiation financière (Anderson et Tarp, 2003). Il en est
de même de l'expansion de la microfinance, ainsi que l'émergence
des marchés des capitaux. Il s'agit d'innovations financières qui
participent à la diversification des modalités de financement,
ainsi que du développement des institutions et des instruments
financiers.
I - UN SYSTEME BANCAIRE
ASSAINI
Aujourd'hui, le système bancaire et financier
est globalement assaini au Cameroun. Il bénéficie d'une plus
grande crédibilité, en particulier vis-à-vis des
épargnants, qui sont par nature très sensibles aux
problèmes d'illiquidité et d'insolvabilité. Le
système financier est composé des banques commerciales, des
établissements financiers, des compagnies d'assurance, des
marchés boursiers embryonnaires, et des établissements de
microfinance.
1- Un secteur bancaire
surliquide et rentable
En 2006 et 2007, le secteur bancaire au Cameroun,
globalement rentable, était en situation de surliquidité du fait
notamment des dépôts à vue et des revenus liés aux
cours du pétrole. Les taux de profit du secteur sont estimés
entre 15% et 20%. Les banques réalisent leurs marges grâce aux
commissions prélevées sur les services et moins sur les
crédits, exception faite du crédit documentaire. De ce fait, on
observe des comportements de collusion entre les opérateurs.
Mais comme le système bancaire détient
l'essentiel des actifs financiers, la bonne santé du système
financier peut être illustrée à partir de la situation des
banques. En raison du problème de disponibilité des
données, nous considérons uniquement les dix banques commerciales
en activités au Cameroun en 2004. Durant la période
d'étude 2001 à 2008, le réseau des banques en
activité au Cameroun se répartit de façon inégale
comme le montre le tableau 9 suivant introduisant le nombre de personnes par
guichet.
Tableau 9 : Réseau bancaire et
population du Cameroun de 2001 à 2008
Années
|
Nombre de
banques
|
Nombre de
guichets
|
Capital social
(en millions CFA)
|
Population
(en millions)
|
Nombre de
personnes par guichet
|
2001
|
10
|
86
|
36218
|
12,7
|
109151
|
2002
|
10
|
88
|
46918
|
13,4
|
118145
|
2003
|
10
|
90
|
47180
|
14,8
|
121348
|
2004
|
10
|
96
|
48413
|
15,3
|
121832
|
2005
|
10
|
103
|
53633
|
16,5
|
138146
|
2006
|
11
|
118
|
62320
|
17,6
|
149153
|
2007
|
12
|
128
|
62320
|
18,2
|
155913
|
2008
|
12
|
128
|
84651
|
19,1
|
169167
|
(Source : construit à partir des données de
la COBAC, rapports annuels 2001 à 2008, et de la
BEAC, service de la programmation
monétaire)
Le nombre de banques agréées et en
activité au Cameroun s'élève en moyenne à 10 et le
nombre de guichets bancaires en moyenne à 105. On constate une
amélioration chaque année du nombre de personnes par guichets. Le
système bancaire s'adapte à l'évolution des populations
pour une satisfaction totale de la clientèle. Au cours de cette
période d'étude, le capital social du système va croissant
du fait simplement de la reprise de confiance faite par la population à
leur banque.
De plus, on constate que pour un système
bancaire performant, une solution pourrait ainsi consister pour les
autorités monétaires camerounaises non seulement à
créer les conditions d'une limitation du nombre de banques et une
augmentation de leur taille, mais encore celle d'une insertion des tontines,
principale composante du secteur financier informel. Celles-ci joueraient alors
le rôle de relais entre les banques et les agents économiques
à faible revenu qui sont pour le moment exclus des circuits formels de
financement (Ezé-Ezé, 2001). La structure de l'actionnariat est
largement dominée par le secteur privé (tableau 10).
Tableau 10 : Répartition du
capital des banques au Cameroun de 2001, 2002, 2003 et 2005
Années
|
Capital social (millions de CFA)
|
Part du secteur public (%)
Etat Parapublic Total public
|
Part du secteur privé (%)
Nationaux Etrangers Total privé
|
2001
2002
2003
2005
|
36218
46918
47180
53633
|
10,51 0,77 11,28
10,51 0,77 11,28
10,51 0,00 10,51
9,8 0,0 9,8
|
34,16 54,56 88,72
36,23 52,49 88,72
34,47 55,02 89,49
33,30 56,90 90,20
|
(Source : construit à partir des données
de la COBAC, Rapport annuel 2001, 2002, 2003, 2005)
La part du capital des banques détenue par le
secteur privé entre 2001 et 2005 est passée de 88,72% à
90,20%. Le désengagement de l'Etat du secteur financier est bien
illustré au 31 décembre 2005 passant de 11,28% à 9,8%. A
cette date, les pouvoirs publics détiennent seulement 10,51% du capital
social cumulé des banques et ne sont plus l'actionnaire principal que de
3 banques sur les 10 en activités. Par ailleurs, on constate que d'une
manière générale, les banques présentent
aujourd'hui une bonne structure financière. En effet, d'après le
système de cotation développé par la COBAC (système
SYSCO) en vue d'apprécier la situation financière des banques, 2
banques présentent une situation financière solide (cote 1)
à fin 2008, contre 0 en 2001 ; 7 ont une situation
financière bonne (cote 2) contre 6 en 2001. Il n'existe que 2 banques
qui ont une situation financière fragile (cote 3) et 1 autre une
situation financière critique (cote 4). En bref, à la fin de 2008
tout au moins, plus de 75% des banques en activités n'inspirent pas de
confiance.
2- L'encadrement bancaire
de la Banque des Etats d'Afrique Centrale et
de la Commission Bancaire
de l'Afrique Centrale
La Banque de Etats d'Afrique
Centrale (BEAC) joue un rôle central dans l'encadrement bancaire au
Cameroun. Elle définie la politique monétaire dans un objectif de
lutte contre l'inflation et de respect des fondamentaux garantissant la valeur
du Franc CFA. La question pour la BEAC est d'éviter une surabondance des
liquidités qu'il faudrait rémunérer.
La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC)
a joué un rôle essentiel dans l'assainissement du secteur bancaire
au Cameroun. Elle exerce également un rôle important de
réglementation et de régulation de la microfinance. A cette fin,
une série de normes prudentielles ont été
édictées et un plan comptable commun est en cours de
définition. La bonne santé des banques est illustrée par
le respect des normes prudentielles imposées par la COBAC. Le ratio de
solvabilité de base du réseau bancaire est de l'ordre de 267% en
moyenne en 2008. Les fonds propres nets corrigés du réseau
s'élève à 232 milliards contre 183 milliards en 2001, soit
un ratio de solvabilité de 16,43%. Les fonds propres comptables de
l'ensemble des banques, estimés à partir des
éléments des bilans s'élèvent à 375
milliards en 2008 et à 309 milliards en 2001, soit un taux de
progression de 18,67%. En outre, le ratio moyen de couverture des risques par
les fonds propres est au-dessus du minimum réglementaire de 8%. Sur les
10 banques que compte le Cameroun en 2006, 2 seulement présentent un
ratio de couverture des risques par les fonds propres inférieur au
minimum réglementaire de 8%, et 4 banques ont un ratio compris entre 8%
et 15%. En revanche, 3 présentent un ratio supérieur à
20%. Dans le même ordre d'idées, le ratio de
liquidité16(*)
moyen de l'ensemble des banques s'élève à 293,5%. Une
seule banque a présenté pour cette année un coefficient de
liquidité inférieur au minimum requis. De plus, le coefficient de
fonds propres et de ressources permanentes s'élève en moyenne
à 92,64% au 31 décembre 2008. Il est largement supérieur
au minimum de 50% imposé par la COBAC. En outre, le risque de
crédit est faible traduisant ainsi une qualité suffisante de la
réglementation. Le poids de l'ensemble des actifs douteux bruts
connaît une baisse régulière, il passe de 7,46% à
5,58% entre 2001 et 2008. Dans le même temps, le taux de provision des
banques17(*) passe de
91,43% à 95,13%. Cette évolution traduit sans aucun doute une
amélioration de la qualité apparente des actifs bancaires. Au
respect des normes s'ajoute le fait que l'activité des banques, est elle
aussi en expansion (tableau 11), avec des taux variables pour chacune.
Tableau 11 : Activité et performances
microéconomiques des banques au Cameroun (millions)
Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Produit net bancaire
Produits accessoires
Charges de personnel
Autres frais généraux
Dépôts publics
Dépôts privés
Comptes débiteurs
Créances douteuses
|
87809
3427
20776
26064
189797
761217
295182
109978
|
106970 1787 23108 31961
210421
933270
271411
121873
|
112398
2342 25877 33768
154070
912595
267560
120814
|
122418 2819 28143 36013
127453 973607
260731 99677
|
125567 3618 29217 39564
120754
1073826
243014
104123
|
132402 3266 32361 41531
172379 1173978
212977
116163
|
139055 3545 34411 45841
239929 1272893
223294 120998
|
163131 5617 37367 51449
251848 1438959
506031
142578
|
(Source : Rapports annuels COBAC de 2001 à
2008)
En l'absence d'un marché financier
développé, les banques commerciales sont les principaux vecteurs
de la mobilisation de l'épargne, d'abord à cause de leur
réseau assez étendu, ensuite parce qu'à travers leurs
opérations normales de crédits, elles peuvent activer
l'épargne oisive où elle se trouve, enfin parce que les actifs
bancaires qui constituent les éléments de l'offre de monnaie sont
hautement liquides et sont ainsi attractifs pour les épargnants.
Plusieurs facteurs expliquent cette performance. Les banques ont
diversifié leur offre de services et ont adopté des pratiques
visant à accroître les commissions qu'elles perçoivent.
Elles ont accru leur marge sur opérations diverses, à travers par
exemple l'augmentation sans préavis des frais de tenue de compte,
l'imposition d'agios sur les comptes créditeurs (ces agios sont
officiellement annulés depuis 2008/2009), le prélèvement
des frais divers sans contrepartie en termes de service effectif, etc. En
outre, les produits de trésorerie se sont accrus, notamment sous l'effet
de la surliquidité, de l'amélioration de la gestion de la
trésorerie bancaire et des conditions souvent favorables de placement
des excédents de trésorerie auprès des correspondants
étrangers. Le rationnement du crédit sera appliqué par les
banques. Le tableau 12 nous présente l'évolution du crédit
à l'économie camerounaise durant la période 2001-2008.
Tableau 12 : Evolution du crédit
à l'économie et charges bancaires (millions) et de la marge
d'intermédiation bancaire
financière en % au Cameroun de 2001 à 2008
Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Crédit
-long terme
-moyen terme
-court terme
Marge en %
d'intérêt
-Charge sur opé-ration trésorerie
-Charge sur opé-
ration clientèle
-Charge sur opé-
ration diverse
|
2506 136536
158272
10,18
2657
24345
924
|
2886
175929
195742
8,43
1607
28917
2412
|
2656
187675
214569
8,14
2021
30204
8981
|
2721 249091 227348
7,95
2188
31600
4301
|
9142
321984 260956
7,89
3041
32313
5965
|
12952 332511 303140
7,9
2948
33845
5356
|
20183
356527 304833
7,22
3072
32280
7282
|
30257
420751
361363
7,03
1770
29961
9160
|
(Source : Rapports annuels des activités BEAC 2001
à 2008)
De façon générale, on assiste au
Cameroun à une prépondérance des financements courts, la
marge sur les opérations de trésorerie a augmenté. En
clair, il apparaît que le système bancaire a retrouvé la
solvabilité et la rentabilité, c'est-à-dire une situation
financière nécessaire au développement financier. Nous
allons voir qu'il a également enregistré une diversification de
l'offre de services financiers avec l'expansion du secteur de la microfinance
et en dehors de tout cela la création des marchés financier et
monétaire en fonctionnement de façon embryonnaire.
II - UN SECTEUR DE LA
MICROFINANCE EN EXPANSION ET DES MARCHES FINANCIERS ET MONETAIRES EN
FONCTIONNEMENT
Le secteur de la microfinance prend une extension
remarquable ainsi que la création bien que lente des marchés
financiers au Cameroun.
1- Un secteur de la
microfinance en expansion
Face au dysfonctionnement du
système financier officiel, on note un rôle important de la
finance informelle : institutions communautaires reposant sur des
communautés d'appartenance (clans, lignages, religions, etc.) ;
organisations tontinières ou associations de crédit rotatif
reposant sur des communautés d'adhésion, prêteurs et
banques privées non officielles (Hugon, 1996). Ces circuits sont
caractérisés par plusieurs traits : prédominance des
transactions en espèces, faiblesse ou absence des enregistrements et des
réglementations, échelle restreinte des opérations,
échanges d'actifs hors des cadres juridiques, rôle des relations
personnelles et des solidarités communautaires d'appartenance ou
d'adhésion (Lelart, 2005). L' « argent chaud »
créateur de liens l'emporte sur l' « argent
froid » non créateur d'obligations (Bédart, 1986). Ces
circuits informels permettent de différer la consommation et de
réaliser une épargne forcée. Les taux de recouvrement sont
élevés ; la proximité sociale et culturelle favorise
la confiance ; la grande simplicité et la flexibilité des
procédures et les innovations permettent d'adapter les produits
financiers aux besoins. Il importe également d'en voir les
limites : la personnalisation des relations réduit l'étendue
de ces circuits, l'essentiel des financements concerne les dépenses
sociales et une consommation différée et non les investissements
à risque, les taux d'intérêt pratiqués sont
très élevés (souvent plus de 100% par an).
A côté de la finance informelle, la
microfinance joue un rôle économique et social croissant bien que
moins important. Elle résulte le plus souvent d'appuis extérieurs
(bailleurs de fonds, etc.) tout en s'appuyant sur les dynamiques
endogènes. Il s'agit principalement des coopératives
d'épargne et de crédit, de crédit solidaire sur le
modèle de la Grameen Bank de caisse villageoises et des mutuelles, des
sociétés de financement ou encore des banques populaires avec
système de cautionnement mutuel. La microfinance est
caractérisée par un taux élevé de recouvrement des
crédits en zones rurales et périurbaines. Ce taux baisse
considérablement dans les zones urbaines, en particulier dans les
agglomérations de Douala et Yaoundé. Il est en
général pratiqué un taux d'intérêt minimum de
5% annuel pour assurer la viabilité financière des organisations
de microfinance. En revanche, les dépôts et les crédits de
la microfinance représentent seulement 5% de la valeur des
activités bancaires (Enquête CEREG 2009). L'essentiel de la
dynamique est spontané. Le secteur de la microfinance tend à
s'intégrer davantage au secteur bancaire grâce au placement
réciproque des liquidités. Il finance très peu le petit
investissement à risque et touche les moins pauvres parmi les pauvres.
Plusieurs banques commerciales s'appuient ainsi sur le réseau d'EMF dans
lequel elles ont pris une participation. A contrario, les systèmes
encore informels notamment tontiniers continuent de jouer un rôle
stratégique, mais les taux débiteurs sont très
élevés (généralement plus de 60% par an). Ils
financent principalement de la consommation différée et des
actions sociales (Hugon, 2006).
La croissance fulgurante des établissements est
allée de pair avec le nombre de clients ou de personnes
bénéficiant des services de la microfinance. Le tableau 13
illustre cette évolution.
Tableau 13 : Evolution du nombre d'EMF, de
l'activité des EMF et des clients au
Cameroun entre
2000 et 2006
Années
|
2000 2003 2004
2006
|
-Nombre d'établissements de microfinance
-Nombre de clients en fin 2006
-Dépôts (en millions)
-Crédits (en millions)
|
490 601 652 655
200000 230000 290000 849030
35786 - -
162427
25256 - -
104173
|
(Source : Rapport annuel sur la zone franc 2007 et
rapports annuels COBAC)
Au 31 décembre 2006, le nombre
d'établissements de microfinance (EMF) ayant obtenu l'agrément de
la COBAC au Cameroun s'élevait à 655 en plus des
établissements ayant leurs dossiers d'agrément en cours d'examen.
Le nombre de clients est passé de 200000 à 849030 membres. Cette
augmentation exponentielle est allée elle-même de pair avec celle
du nombre de guichets qui, en fin 2006 s'est élevé à 1052,
contre 956 en 2000. Le Cameroun a ainsi connu une augmentation du taux global
de bancarisation. L'expansion des établissements s'est
accompagnée à son tour de celle de l'activité. Les
dépôts dans les EMF sont passés de 35 milliards à
162 milliards de francs CFA environ entre 2000 et 2007, les crédits de
25 à 104 milliards. Les EMF ont développé également
d'autres services financiers. Les EMF au Cameroun par exemple (COFINEST,
EXPRESS UNION, FIRST TRUST, etc.) ont développé le service de
transfert d'argent. Pour cela, ils utilisent des procédés
purement locaux soit des procédés qui existent à
l'échelon international (Western Union, Money Gram, etc.), à
travers des relations de partenariat nouées avec les banques classiques
locales. Ce service est devenu une activité importante. Le volume global
moyen de fonds transférés mensuellement se situant en
majorité dans les villes de Douala et Yaoundé.
Cette expansion s'explique par plusieurs facteurs.
D'une part, l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire et
la volonté manifestée par les pouvoirs publics d'assainir le
secteur ont introduit des missions d'enquête et d'évaluation,
ainsi qu'une procédure d'octroi d'agréments. D'autre part, le
caractère favorable de l'environnement macroéconomique du
Cameroun a permis au secteur de bénéficier du contexte de
surliquidité du système bancaire. Les EMF ont en effet
exploité l'attentisme des banques pour accroître les volumes de
dépôts collectés et de crédits aux particuliers.
Leur part de dépôts et de crédits est toutefois
restée faible, comparée à celles des banques classiques
(Haldane et Piergiorgio, 2009).
Un développement durable de la microfinance au
Cameroun implique un appui important en termes financiers et d'assistance
technique, notamment de la part des bailleurs de fonds. Il existe
déjà certains mécanismes d'appui de la part des bailleurs
de fonds. Au Cameroun, l'Agence française de développement a
ainsi accordé un concours de 1,5 million d'euros à l'agence pour
le crédit à l'entreprise privée, pour le financement des
petites entreprises en milieu urbain. Le poids important des transferts
financiers est visible et théoriquement libre. Ils font en plus l'objet
d'une taxe de 15% (7,5% pour les entreprises françaises) assise en
principe sur les bénéfices mais calculée en
réalité sur le chiffre d'affaires, ce qui incite fortement
à développer des circuits parallèles de transferts
(Financial Service Authority, 2009).
En dehors de ce qui précède, la
réglementation a permis également de créer des
marchés financier et monétaire, qui sont actuellement en
fonctionnement.
2- Des marchés
financier et monétaire en fonctionnement
Les marchés financiers
(Douala Stock Exchange et la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique
centrale à Libreville) sont pour l'instant embryonnaires et connaissent
des problèmes d'organisation et de démarrage. Des
possibilités d'extension sont toutefois importantes à travers la
titrisation de la dette et de développement d'un marché d'actions
liées aux privatisations et aux expansions d'entreprises (Renversez in
Forum pour l'Afrique et al., 2006). Aujourd'hui la priorité est
donnée à une meilleure organisation de ces places. A plus long
terme, se posera la question de l'intégration des deux bourses qui, en
dehors des questions d'ordre symbolique liées à la
souveraineté nationale, devrait être possible notamment du fait du
caractère non territorialisé de nombreuses opérations
financières. La Douala Stock Exchange (DSE) a été
créée en novembre 2001, au niveau national du Cameroun. En raison
de la carence de titres, les opérations de cotation à la DES
n'ont démarré qu'au courant du premier semestre de l'année
2006. La capitalisation boursière du marché des actions reste
encore faible, et est évalué au 26 septembre 2007 à
3,034160 milliards de FCFA.
Le marché monétaire fonctionne au sein
de la CEMAC de manière satisfaisante, et a été mis en
place en juillet 1994 même s'il demeure moyennement actif. Son
compartiment interbancaire a enregistré entre 2000 et 2006 des volumes
d'opérations variant de 18,45 à 32,2 milliards de CFA. Il
concerne les appels d'offres de la BEAC et le marché interbancaire. On
observe une croissance récente avec un niveau de 27,7 milliards de CFA
en avril 2006 contre 12,9 milliards en avril 2005. La BEAC intervient par le
biais des taux d'intérêt directeurs (TIAO de 5,2%) et par les
coefficients de réserve. Les taux débiteurs minima sont de 15%
alors que les taux créditeurs minima sont de 4,25%
(PricewaterhouseCoopers, 2007). Malgré les difficultés, les
bourses de valeurs créées permettront à terme :
1°) de faciliter la collecte de l'épargne longue et de l'orienter
vers des investissements productifs, et cela à un coût plus faible
comparé au financement bancaire ; 2°) de favoriser le
renforcement des fonds propres des entreprises et des banques, notamment par le
mécanisme de l'appel public à l'épargne ; 3°) De
développer le système financier et de le mettre au diapason de
l'évolution mondiale des marchés de capitaux dans les pays
émergents, comme cela est déjà le cas dans certains pays
africains (Tunisie, Botswana, Nigeria, pays de l'UEMOA, Ghana).
En définitive, il apparaît que la
réglementation bancaire a produit des changements positifs du point de
vue du développement financier. En effet, Gurley et Shaw (1960) ont
souligné le rôle du système financier dans l'emploi
efficient de l'épargne à partir des obstacles financiers à
la croissance réelle. Selon eux, le système financier de
l'économie élémentaire est inefficient car il ne comprend
ni actif financier pour encourager l'épargne ni marché financier
pour affecter l'épargne d'une manière compétitive à
l'investissement18(*).
CONCLUSION
L'objet de ce chapitre était de
déterminer la relation qui existe entre la réglementation et le
développement financier. En somme, l'application et le respect des
différents ratios prudentiels ouvre la voie à l'offre de
crédits et garanti un contrôle harmonieux entre le prêteur
et l'emprunteur. Mais il se pose également le problème du type de
réglementation à promouvoir. Les autorités
monétaires ont entamé, depuis les deux dernières
décennies, des programmes de mise à niveau et de restructuration
du système financier, visant ainsi à créer les conditions
idéales à l'essor et au développement du secteur pour une
participation plus active, et un rôle plus important dans
l'économie. Ces réformes ont été menées
suivant différents degrés et à grande échelle. Le
développement financier relatif demeure en retard par rapport à
celui d'autres pays du monde. Selon les experts qui s'intéressent
à la situation financière du Cameroun, un facteur empêche
le secteur financier de jouer pleinement le rôle de catalyseur de la
croissance économique. Il s'agit de la qualité de l'environnement
institutionnel et légal, qui n'est pas en synergie avec les
progrès enregistrés dans le secteur financier. L'impact des
ratios prudentiels sur le développement financier sera analysé.
Le développement financier s'accompagne de nombreuses limites et de
paradoxes.
CHAPITRE IV : LE DISPOSITIF
PRUDENTIEL : UN MOYEN
DE CONSOLIDER LE FINANCEMENT DE
L'ECONOMIE
AU CAMEROUN
INTRODUCTION
Le cadre réglementaire prudentielle
camerounais sur les banques commerciales a évolué aujourd'hui et
se hisse comme une nécessité pour les banques dans leur
activité de financer l'économie. Justifier la
nécessité du cadre réglementaire de la sphère
bancaire est d'une part, de démontrer son importance dans le
fonctionnement des banques, d'autre part, permet de mettre en évidence
dès le départ la corrélation entre les normes
réglementaires et l'activité de crédit au sein de
l'industrie bancaire. L'analyse se propose de ressortir ainsi l'effet du cadre
réglementaire camerounais sur l'activité de financement du
développement. Autrement dit, elle explique l'évolution des
crédits à l'économie au regard des
péripéties de la réglementation prudentielle au Cameroun.
Pour aboutir à cette explication, l'étude procède à
une appréciation critique du cadre réglementaire camerounais afin
de faire ressortir les effets pervers des lacunes (limites) desdits ratios sur
l'activité d'octroie de crédits. Les normes réglementaires
ont-elles joué effectivement leur rôle dans le financement de
l'économie.
Pour atteindre cet objectif, une démarche en
deux étapes est adoptée : elle présente dans la
Section I, la solidité du système bancaire et le financement de
l'économie ; puis procède, dans la Section II à la
validation empirique de l'influence des ratios prudentiels sur le
développement financier. La prise de conscience de l'importance d'un
système financier résilient et performant dans l'appui et le
soutien aux efforts de croissance, a fait que le Cameroun essaye de l'exploiter
au mieux, en prenant soin d'opter pour les stratégies et les politiques
qui leur semblent les plus efficaces. Cette prise de conscience repose sur
l'hypothèse selon laquelle, le secteur financier peut, en se
développant, entraîner un développement du secteur
réel. Encore faut-il s'entendre sur ce qu'est le développement
financier en lui-même et savoir comment la réglementation
prudentielle arrive à avoir une influence sur le développement et
la croissance. Le niveau de développement financier est mesuré
ici par le ratio des crédits domestiques fournis par le secteur bancaire
par rapport au PIB et qui donne une indication sur le degré selon lequel
le secteur bancaire formel joue un rôle dans le financement de
l'économie au Cameroun.
SECTION I : LA
SOLIDITE DU SYSTEME BANCAIRE ET
FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU CAMEROUN
La solidité du système bancaire
camerounais s'apprécie à travers le respect des normes
prudentielles édictées par la COBAC. Le système bancaire
et financier d'une économie est aujourd'hui, un élément
majeur de la stratégie de développement économique. Cette
idée a été développée dans la
littérature économique par des auteurs comme Gurley et Shaw
(1967), Mckinnon (1973). Explicitement ou implicitement, ces auteurs
soutiennent l'idée qu'un système financier efficient du fait
notamment de la diversité de ces activités, impulse le
développement économique tout en l'orientant. Si cette
corrélation est admise, encore faudrait-il pouvoir circonscrire le
concept de système financier, tout comme son rôle dans le
processus de développement. Nous donnerons en premier lieu une
définition et le rôle du système bancaire dans
l'économie et en deuxième lieu nous aborderons la question de
surliquidité des banques et la faiblesse du financement bancaire au
Cameroun.
I - DEFINITION ET ROLE DU
SYSTEME BANCAIRE DANS UNE ECONOMIE
Nous définirons d'abord le système
financier et ensuite son rôle dans l'économie.
1- Système
financier : Une tentative de définition
Selon Peyrard (2001), le
système financier s'entend, au sens large, comme :
« l'ensemble des institutions, des marchés, des
règles et pratiques du système monétaire et financier
international que les pouvoirs publics, les entreprises et les particuliers
suivent dans leurs activités économiques et
financières ». Cette définition, si elle a le
mérite d'offrir une vision large de la notion sous revue, ne traduit pas
totalement la perception du système financier retenue dans le cadre de
cette étude. Ainsi, notre vision du système financier s'inscrit
dans la lignée de la définition proposée par Stiglitz
(1997), lorsqu'il affirme que : « le système
financier est une partie de l'économie qui comprend toutes les
institutions participantes au transfert de l'épargne des
épargnants (ménages et entreprises) vers les emprunteurs, ainsi
qu'au transfert, au partage et à l'assurance des
risques ». Le système financier peut être vu comme
étant l'ensemble des structures publiques ou privées bancaires ou
financières qui participent à la collecte et/ou allocation des
ressources monétaires ou financières entre les agents
économiques à excédent de capitaux (épargnants) et
ceux à déficit de capitaux (emprunteurs).
Dans cette perspective, le système bancaire peut
être défini comme : « [...] un ensemble
hiérarchisé d'organismes assurant de façon
indépendante la fonction d'intermédiation financière et
qui se caractérisent par le pouvoir de création
monétaire »(Fouda, 2005). Il se compose de la Banque
Centrale et des banques de second rang encore appelées banques
commerciales. Il fonctionne avec l'aide des organes de réglementation,
de contrôle et de représentation de la profession. Le
système bancaire intervient de façon directe ou indirecte au
processus de création ou de circulation de la monnaie et de
l'épargne ou simplement dans la circulation de la monnaie et
l'épargne (Fouda, 2005).
2- Rôle du
système bancaire dans l'économie
Le rôle du système bancaire dans
l'activité économique peut être diversement
appréhendé. Toutefois, sa contribution au niveau de la croissance
économique et partant du développement d'un pays a fait l'objet
d'une attention particulière. Ainsi, Schumpeter (1912), soulignait
déjà la grande importance des banques dans le fonctionnement du
système économique, et leur apport bénéfique
à la croissance à travers le financement de l'innovation.
Bencivenga et Smith (1991) montrent qu'une bonne gestion du risque de
liquidité par le secteur bancaire permet d'augmenter la part de
l'épargne allouée aux placements davantage productifs tout en
gardant un niveau d'épargne constant. Ces auteurs établissaient
par là et de façon théorique une relation positive entre
le secteur bancaire et la croissance économique. D'une manière
générale, les travaux théoriques présentés
par Crâne et Merton (1995) identifient six fonctions qui à leur
sens mettent en exergues le rôle du système bancaire dans une
économie.
2.1- Système
bancaire comme moyen de règlement
Le système bancaire est un mécanisme de
règlement des transactions dans la mesure où il constitue un
moyen d'échange essentiel au bon fonctionnement d'une économie
basée par exemple sur la spécialisation des tâches. En
effet, si la monnaie est l'unité de valeur commune, les formes sous lesquelles elle est
échangée se sont multipliées : numéraire,
chèque, carte de crédit, carte de débit, transfert
électronique de fonds, dépôts directs et retraits
pré-autorisés.
2.2- Système
bancaire : un système d'agrégation de l'épargne
Le système bancaire est un moyen
d'agrégation d'épargne dans la mesure où la
nécessité d'agrégation de l'épargne prend origine
dans le besoin qu'expriment les entreprises d'opérer en une taille qui
minimise leurs coûts de transaction. De ce fait, on peut
considérer l'agrégation de l'épargne comme une fonction
très importante du système bancaire. D'ailleurs, cette
agrégation bénéficie tant aux fournisseurs qu'aux
utilisateurs de capitaux (Danielson et al., 2009).
2.3- Système
bancaire : un procédé de transfert de ressources
Le système bancaire est un procédé
de transfert des ressources intersectoriel, inter-temporel et inter-regional.
Cette fonction permet aux particuliers (ménages) de compenser les
différences entre leur profil de revenus issus du travail et leur profil
de consommation durant leur vie. Au plan macroéconomique, il est
à noter que tous les secteurs économiques ne font pas tous face
aux mêmes opportunités. En effet, certains font face à des
déclins, alors que d'autres sont en pleine croissance. Il est donc
important que via le système bancaire, les ressources sous forme de
dettes ou de capital actions se déplacent vers les entreprises ou les
régions les plus performantes (Adrian and Brunnermeier, 2009 ;
Avgouleas et al., 2010).
2.4- Système
bancaire comme système de gestion de risques
Le système bancaire est un mécanisme de
gestion des risques car il permet via les actifs disponibles (polices
d'assurances, produits dérivés, etc...) de
réduire les risques. En outre, il permet aussi à ceux qui sont
prêts à supporter plus de risques d'augmenter leur
espérance de revenu. La diversification des risques et/ou la
redistribution du risque résiduel attestent ainsi le rôle de
gestion de risque par le système bancaire (Cihak and Erlend, 2009).
2.5- Système
bancaire : un réducteur des coûts lié à
l'asymétrie d'information
Le système bancaire réducteur des
asymétries d'information dans la mesure où il offre aux agents
économiques des moyens pour minimiser les coûts reliés
à l'asymétrie d'information. Une de ces fonctions importantes
réside dans le fait qu'il met à la disposition des agents
économiques des instruments permettant de réduire l'impact des
ces difficultés (Lall, 2009).
A l'analyse de ces arguments, il ressort que le
rôle du système bancaire est de faciliter notamment la
mobilisation des ressources bloquées dans le secteur traditionnel de
l'économie, et les transférer au secteur moderne qui peut
promouvoir la croissance en assurant leur affectation aux projets les plus
performants. Telle serait donc la contribution de tout système financier
et bancaire au processus de développement. Le système bancaire
camerounais ne s'accommode pas moins de cette logique. Comprendre alors les
canaux d'actions concourant à cette contribution passe
nécessairement par la présentation des acteurs qui l'impulsent au
Cameroun. L'actionnariat bancaire camerounais reste dominé par les
holdings financiers et autres établissements de crédits
privés nationaux et internationaux. Le Cameroun ne reste pas en marge de
cette tendance. En effet, la structure de l'actionnariat de son réseau
est à prépondérance privée. Ainsi, l'Etat
camerounais ne détient que 9,8% en agrégé de
l`actionnariat contre 98,2% pour les investisseurs. Par
ailleurs, le tableau 14 relate le réseau bancaire qui reste
relativement dominé par la présence de succursales de banques
étrangères.
Tableau 14 : Situation du paysage
bancaire camerounais en 2006
Banques
|
Sigles
|
Date de création
|
Capital social
(million de CFA)
|
Nombre de
guichets
|
Amity Bank Cameroon PLC
|
Amity
|
1990
|
7400
|
9
|
Banque Internationale du Cameroun pour l'épargne et le
crédit.
|
BICEC
|
1962
|
3000
|
27
|
Afriland First Bank Cameroon
|
First Bank
|
1988
|
6300
|
13
|
Commercial Bank of Cameroon
|
CBC Bank
|
1998
|
7000
|
9
|
Citibank N.A Cameroon
|
CITI-C
|
2001
|
5684
|
2
|
Ecobank Cameroun
|
EcoBank
|
2000
|
5000
|
10
|
Crédit agricole
|
CA/SCB
|
1962
|
6000
|
15
|
Société Générale des Banques du
Cameroun
|
SGBC
|
1963
|
6250
|
18
|
Standard chartered bank Cameroon
|
SCBC
|
1986
|
7000
|
2
|
Union Bank of Cameroon PLC
|
UBC PLC
|
1999
|
5000
|
5
|
National financial credit bank
|
NFC Bank
|
2006
|
5686
|
8
|
(Source: Rapport annuel
COBAC 2006)
Concernant son activité de financement de
l'économie, elle s'effectue de manière intéressante. Le
total de la situation cumulée de l'ensemble des banques en
activité s'est situé en effet à 1931 milliards en 2006, en
hausse de 11,76%, soit un rythme de croissance proche de celui de 2005
(+11,61%). Ainsi, par exemple, le total
agrégé des bilans des banques camerounaises au 30 septembre 2007,
s'est établi à 1898 milliards de FCFA ; il a
progressé de 13% par rapport au 30 septembre 2006. Les
dépôts collectés se sont élevés à 1701
milliards FCFA (89,6% du total du bilan). Les crédits bruts à la
clientèle sont de 1024 milliards de FCFA en 2007 ; soit en
expansion de 8,2% par rapport à septembre 2006. Les créances en
souffrance s'élèvent à 140 milliards de FCFA. Elles
représentent 13,7% des crédits bruts contre 12,3% douze mois
auparavant. La couverture des crédits par les dépôts
s'établit à 184,9% (contre 177,7% en septembre 2006). Ainsi, les
opérations avec la clientèle dégagent un excèdent
de ressources de 803 milliards de FCFA. On relevait un excédent de 652
milliards FCFA en septembre 2006. Les banques camerounaises dégageaient
un déficit des capitaux permanents de 4 milliards de FCFA par rapport
aux valeurs immobilisées en 2005. A la fin septembre 2006, ce
déficit s'élevait à 9 milliards de FCFA. L'excédent
de trésorerie se situe à 823 milliards FCFA en 2006 (43,4% du
total du bilan). Il a enregistré une fluctuation de plus de 26,0% par
rapport à la situation prévalant douze mois plus tôt.
II - LA SURLIQUIDITE DES
BANQUES ET FAIBLESSE DU FINANCEMENT BANCAIRE AU CAMEROUN
De nombreux spécialistes savent depuis
quelques années que les banques du Cameroun et plus
généralement les banques de la zone CEMAC sont en situation de
surliquidité. Cette situation résulte des effets conjugués
des plans de restructuration bancaire et du changement de politique
monétaire suite à la crise financière des décennies
quatre vingt et quatre vingt-dix. Inscrits dans un contexte de
libéralisation financière, ces reformes avaient deux objectifs :
d'une part restaurer la liquidité du système bancaire et d'autre
part permettre un meilleur financement de l'économie nationale (Hugon,
1999). Si les banques sont redevenues plus liquides, elles n'ont pas pour
autant accordé plus de crédit à l'économie. Cette
tendance, loin d'être spécifique au Cameroun, concerne aussi les
autres pays de la zone Fcfa (Rochet, 2008).
1- La surliquidité des Banques au
Cameroun
Au cours de ces dernières
années, l'embellie de l'économie camerounaise a eu un impact
direct sur la croissance de la liquidité des banques. En effet,
l'accroissement des recettes d'exportations pétrolières suite
à la flambée des cours mondiaux de pétrole, s'est traduit
par une augmentation de la masse monétaire dans le monde en
général et au Cameroun en particulier. Ce surplus de monnaie a eu
comme conséquence un accroissement des réserves bancaires,
conduisant ainsi à la surliquidité des banques (Fouda, 2005). Il
y'a lieu de souligner également comme cause de la surliquidité,
l'amélioration de la gestion bancaire suite au processus de
restructuration ayant assaini le secteur. En effet, les banques sortant d'un
long processus d'assainissement sont devenues prudentes dans la prise du
risque, ce qui a contribué à une contraction du volume des
crédits distribués.
Face à cette situation, on s'attendrait à
ce que les banques s'impliquent davantage dans le financement de
l'économie, disposant suffisamment de ressources. Très
curieusement, les banques se plaisent dans cette situation de
surliquidité et ne financent que très peu l'économie. En
effet, au cours de la décennie passée (1994-2004), la croissance
des crédits au Cameroun n'a pas suivi celle des dépôts. Les
dépôts se sont accrus de 128,2 % tandis que les crédits
à l'économie n'ont connu qu'une augmentation de 56 %. Les banques
préfèrent orienter leurs ressources vers des emplois de
trésorerie moins risqués que les crédits.
Fort de ce constat, il y'a lieu de s'interroger sur la
qualité de la gestion des ressources bancaires au Cameroun. En effet,
une présomption d'inefficacité des banques dans la transformation
de leurs ressources en crédits demeure ainsi palpable. La seule
façon d'en avoir le coeur net est donc d'évaluer empiriquement
les niveaux de performance des banques dans la transformation de leurs
ressources en crédits. Cette évaluation nécessitant
l'application de méthodes appropriées, la méthode de
Régression multiple est retenue dans le cadre de cette étude pour
évaluer les niveaux relatifs de développement financier du
système bancaire camerounais. Mais avant de nous lancer dans cette
évaluation, il serait judicieux de présenter la question du
financement de l'économie camerounaise.
2- La question du financement de l'économie
camerounaise
La littérature économique distingue deux
définitions de la liquidité : une définition
étroite appelée « liquidité de financement » et
une définition plus large qui renvoie beaucoup plus à la «
liquidité des marchés ».
Au sens étroit, la notion de liquidité
recouvre les espèces ou les actifs susceptibles d'être convertis
rapidement en espèces et détenus à cet effet pour
satisfaire les demandes de retraits de fonds à court terme
émanant des contreparties, ou pour couvrir leurs opérations. Dans
cette approche, la liquidité est principalement liée à
l'activité de transformation traditionnellement pratiquée par les
banques.
Au sens large, la liquidité correspond à
la capacité des banques à liquider un actif non
monétaire, par exemple un titre d'investissement acquis à
l'origine pour être détenu jusqu'à
l'échéance, dans le cadre d'une opération de refinancement
en monnaie banque centrale. La liquidité des marchés est au coeur
des préoccupations de stabilité financière des banques
centrales. L'absence de liquidité des marchés peut non seulement
engendrer une inefficience des marchés, mais sa disparition soudaine sur
un marché peut aussi dégénérer en crise
systémique (Fouda, 2005).
Dans le premier cas, on est présence d'un
système bancaire qui refuse de prêter aux entreprises nationales
et préfère détenir des actifs liquides mais à
faible rendement auprès de la banque centrale. Dans le deuxième
cas, le Cameroun comme tous les pays de la CEMAC préfèrent
financer l'économie française au dépend de leur propre
économie à travers le mécanisme du « compte
d'opérations ». Cette situation, n'étant pas une anomalie
passagère, soulève plusieurs interrogations (Garsuault et Priami,
1997). Premièrement ne traduirait-elle pas une profonde
défaillance de l'ensemble des mécanismes monétaires ?
Deuxièmement, la solution adoptée actuellement qui consiste
à mettre en place des Fonds pour les Générations Futures
(FGF) ne remet-elle pas en question le principe même de solidarité
à la base de la zone FCFA ? Troisièmement, dans ce contexte,
quelles sont les différentes options qui s'offrent au Cameroun pour le
financement de son économie ?
2.1- L'importance de la liquidité
bancaire
Pour comprendre l'importance de la liquidité
bancaire, il est nécessaire de faire une distinction entre
l'intermédiation monétaire et l'intermédiation non
monétaire. Dans le cadre de l'intermédiation non
monétaire, une institution financière se sert de ses emprunts
à son passif pour accorder des financements à son actif
(Stiglitz, 1999). En revanche, dans l'intermédiation monétaire,
le financement est accordé par endettement de la banque à
l'égard du bénéficiaire. La dette à vue de la
banque circule comme monnaie et est acceptée par tous comme moyen de
paiement. Cette dette est exigible et doit par conséquent être
couverte. Si la banque n'a pas de ressources suffisantes pour faire face
à ces conversions, elle devra se refinancer après, alors que
l'intermédiaire non monétaire doit emprunter avant. L'une des
principales fonctions de la banque est d'apporter à ses clients une
garantie de liquidité. Elle le fait en s'exposant elle-même
à un risque d'illiquidité dû au désajustement des
échéances de son passif et de son actif (Bourva, 1979).
Il existe plusieurs mécanismes que la banque peut
utiliser pour s'assurer contre un tel risque. Le premier consiste à
détenir un certain volume d'actifs liquides jouant le rôle de
stock régulateur. Ce stock de liquidité constitue pour la banque
un coussin de sécurité lui procurant une assurance contre un choc
de liquidité. Un coussin de sécurité suffisamment large
réduit la probabilité d'une menace de viabilité de la
banque via un excès de demande de liquidité. Le second
mécanisme consiste pour les banques à s'assurer mutuellement sur
le marché interbancaire. Cette co-assurance, pour être efficace,
suppose que les chocs de liquidité ne soient pas parfaitement
corrélés. Par ailleurs, les banques doivent détenir un
certain montant d'actifs liquides pour se secourir mutuellement dans le cas de
chocs spécifiques touchant certaines institutions. Bien sûr, en
présence de problèmes d'asymétries d'information et de
passager clandestin, ce mécanisme d'assurance interbancaire est
inefficace et c'est la banque centrale, agissant dans le cadre de
préteur en dernier ressort, qui doit fournir la liquidité aux
banques illiquides mais solvables. Dans le cadre de la CEMAC, le
règlement de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC)
R-93/06 relatif à la liquidité des établissements de
crédit impose à l'article 5 que les établissements
assujettis doivent, à tout moment, présenter un rapport de
liquidité au moins égal à 100 %.
En revanche, en situation d'excédent permanent de
liquidité bancaire, la banque centrale peut, dans le cadre de la
politique monétaire instaurer les réserves obligatoires. Ainsi,
l'article 20 des Statuts de la BEAC prévoit que le Conseil
d'Administration peut prendre toutes les dispositions pour imposer aux
établissements de crédit la constitution de réserves
obligatoires. Le recours aux réserves obligatoires vise à
contraindre le système bancaire au refinancement lorsque les facteurs
autonomes de la liquidité bancaire engendrent un excédent de
monnaie centrale (Okah-Atenga, 2005). Les réserves obligatoires, par
leur action structurelle, sont un complément à la politique de
refinancement. C'est en application de cet article que le 1er septembre 2001,
le Gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, agissant par
délégation du Conseil d'Administration, a décidé de
soumettre les banques de la Zone d'Emission à la constitution de
réserves obligatoires. Dans le cadre de la mise en oeuvre de cette
mesure, les banques commerciales agréées par la COBAC sont
contraintes de conserver une partie des dépôts collectés
auprès de leur clientèle dans des comptes
rémunérés dits « comptes de réserves
obligatoires » tenus par la BEAC. L'assiette des réserves
obligatoires minimales comprend : les dépôts à vue,
à savoir les soldes créditeurs des comptes créditeurs
à vue (résidents et non-résidents) et les
dépôts à terme et d'épargne, à savoir les
comptes de dépôts à régime spécial et les
comptes de dépôts à terme (résidents et
non-résidents).
Les chiffres des dépôts à prendre en
compte pour le calcul du niveau réglementaire des réserves
obligatoires sont ceux relatifs aux encours des dépôts aux dates
des 10, 20 et 30 (ou 31) du mois de référence. Malgré
l'instauration des réserves obligatoires, les banques camerounaises sont
en situation de liquidité persistante.
2.2- Les déterminants de la surliquidité
bancaire
La surliquidité bancaire est
commune à plusieurs pays à travers le monde. Elle survient
lorsque la somme du compte courant et des réserves libres des
institutions de crédit auprès de la banque centrale excède
de manière persistante le niveau des réserves obligatoires.
Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer
l'excédent de liquidité dans la zone CEMAC en
générale et au Cameroun en particulier. Nous notons le recyclage
des excédents des ressources pétrolières19(*) ; l'entrée des
devises suite aux privatisations des entreprises publiques ; le risque
élevé que représentent les prêts pour les banques,
en raison des difficultés juridiques que soulève le recouvrement
effectif des créances en cas de défaut ; les inefficiences
importantes du système bancaire au niveau régional, qui freinent
la transmission de fonds des banques très liquides de certains pays
membres aux banques d'autres pays dans lesquels la demande de crédit est
relativement forte ; le manque de concurrence entre les banques, en particulier
au niveau régional ; la faiblesse de la demande de crédit d'un
certain nombre de gros emprunteurs habituels, en particulier dans le secteur
axé sur l'exportation, qui ont connu une amélioration
substantielle de leur liquidité ainsi qu'un meilleur accès au
crédit extérieur après la dévaluation de 1994.
Le paradoxe de la surliquidité se manifeste par
une concomitance entre une surliquidité persistante et une insuffisance
de financement du secteur réel. C'est le cas actuellement de la zone
CEMAC. En effet, l'économie réelle de la zone CEMAC est en manque
de moyens de financement externe, alors que le secteur bancaire dispose de
liquidités excédentaires qu'il ne parvient pas à employer.
Par sa persistance, le paradoxe de la surliquidité bancaire de la zone
CEMAC dépasse un simple phénomène conjoncturel, laissant
à penser que le problème de financement est celui de
l'intermédiation financière et qu'il puise sa source dans
l'histoire institutionnelle de la zone FCFA. Les tentatives d'explications de
ce paradoxe avancées jusqu'à présent ne tiennent pas
compte de cet aspect fondamental. Elles sont principalement de trois ordres. La
première tiendrait à la non coïncidence dans les
temporalités de l'offre et de la demande. En effet, les banques de la
zone CEMAC disposent essentiellement de ressources à court terme, alors
que le secteur non financier recherche principalement le financement à
plus long terme. Traumatisé par une très forte incertitude
inhérente à la crise de la fin de la décennie quatre
vingt, le système financier de la zone CEMAC s'avère actuellement
incapable d'assurer une transformation effective des ressources.
Dans la deuxième explication, ce paradoxe serait
lié à la conjoncture économique. Ainsi, lorsque la
conjoncture économique est favorable, les perspectives de
rentabilité des entreprises s'améliorent. Ceci se traduit d'une
part par une plus forte bancabilité des projets et une augmentation de
la rémunération des ménages. La capacité
d'épargne de l'économie augmente et vient augmenter les
dépôts bancaires. Ce mécanisme peut durer jusqu'au
tarissement des projets bancables. Si par ailleurs les ménages ne
sollicitent pas de crédit, les dépôts bancaires se
transforment en surliquidité. A cet instant, la banque a le choix entre
un placement rémunéré auprès de la banque centrale
ou une constitution de réserves obligatoires.
Enfin ce paradoxe découlerait à la fois de
la dimension spatiale des déséquilibres de financement et de
l'absence d'un véritable marché interbancaire dans la zone CEMAC.
Jusqu'à présent, il n'existe pas de marché financier dans
la zone CEMAC. Les prêts entre les banques se font en blanc (Soh, 2003).
L'absence de support (garantie) ne permet pas la couverture des risques
supportés par les banques sur le marché interbancaire.
D'autres explications plus anecdotiques ont
été proposées : le faible taux de bancarisation de la
population20(*), la
prédominance de la monnaie fiduciaire, l'inadaptation de l'environnement
juridique, l'importance du secteur informel. Même si ces faisceaux
d'explications semblent fondés en ce qui concerne les banques
commerciales, il convient de constater qu'ils n'abordent pas la cause profonde
du paradoxe de surliquidité dans la zone CEMAC. En effet, la
surliquidité touche non seulement les banques commerciales de la zone
CEMAC, mais aussi la BEAC. Par conséquent, une analyse de ce paradoxe
qui ne prend pas en compte la situation de surliquidité de la BEAC
demeure partielle. Pour saisir l'intégralité de ce
phénomène, il est nécessaire de revenir sur le concept la
libéralisation financière de la décennie quatre vingt dix
et son inscription dans un régime de répression
monétaire.
Dans ce contexte de surliquidité, les banques
exploitent-elles optimalement les ressources mises à leur disposition ?
Autrement dit les banques sont elles techniquement efficaces dans la
transformation de leurs ressources en crédits ?
SECTION II :
VALIDATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DES RATIOS
PRUDENTIELS SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER
La banque est, par nature, un
système complexe présentant la spécificité
d'intégrer plusieurs fonctions. Le processus de production recouvre
notamment deux fonctions : une activité de production d'actifs
financiers et une activité de services endogènes.
L'activité de production correspond à la double fonction
d'intermédiation et de transformation selon l'approche de Gurley et Shaw
(1960). Elle est donc assimilable à une opération
financière réalisée par la banque pour le compte de son
client. L'activité de service consiste en une prestation offerte par la
banque à sa clientèle. La part croissante des commissions dans le
produit net bancaire révèle l'importance accrue de cette
activité. La nature intégrée du processus de production
bancaire rend difficile sa modélisation dans la mesure où les
concepts d'input et d'output ne sont pas clairement
identifiés. Une importante littérature économique sur la
banque a tenté d'identifier ces concepts Le système de production
bancaire se caractérise donc par une production à cibles
multiples (Row, 1994). À ce titre, il ne peut pas être
assimilé à un système de production relationnel
ou à un système de production technique ni à
un système de production à ressource client technique.
Ce qui limite l'assimilation du système de production bancaire à
ceux de la partie inférieure du tableau dressant la typologie des
systèmes de production de services. Le système de production
bancaire est donc complexe et incertain. La productivité est
captée ici par le niveau de développement financier mesuré
par le ratio crédit intérieur au secteur privé sur le
produit intérieur brut.
Les éléments qui précèdent
décrivent le cadre réglementaire de l'activité des
établissements bancaires au Cameroun ; l'organisation et le
fonctionnement du Crédit accordé à l'économie
camerounaise. La dynamique de ces facteurs qui s'inscrit elle-même dans
le contexte global d'après restructuration du secteur bancaire
camerounais, induit dans le fond non seulement une nouvelle perception de
l'activité du système bancaire et des autorités publiques.
Mais davantage, elle fait ressortir les limites d'un processus de
restructuration bancaire au Cameroun et éclaire sur les
préalables ou conditionnalités d'une intermédiation
bancaire au service de l'économie camerounaise. C'est l'analyse en
profondeur de ces implications financières sous-jacentes mais
significatives qui constitue l'objet de cette section.
I - APPROCHE METHODOLOGIQUE ET
ANALYSE DES RESULTATS
L'analyse de l'assise financière des
établissements bancaires illustre la difficulté de recourir
à des ratios pleinement satisfaisants. Ils ignorent notamment
l'importance des opérations de hors-bilan et ne différencient pas
les opérations en fonction des risques réels qu'elles
incorporent. Il existe donc un écart malheureux entre les meilleurs
ratios d'appréciation en théorie, comme les ratios de
solvabilité, de liquidité et ceux dont l'utilisation est
matériellement aisée. Les banques sont dans une situation
sensiblement plus favorable au regard des ratios calculés en
pondérant les risques (ratio de couverture des risques et ratio de
liquidité).Ils se situent en moyenne au-dessus de la norme et devraient
atteindre l'objectif fixé pour le millénaire dans le délai
requis. Pour calculer le développement bancaire, nous nous sommes
inspirés du travail de Demetriades et Law (2005) qui l'ont
évalué à partir de trois indicateurs. Il s'agit des «
crédits domestiques accordés au secteur privé », des
« crédits domestiques octroyés par le secteur bancaire
» et des « passifs liquides ». Tous ces indicateurs sont
exprimés en pourcentage du PIB. Pour calculer l'indicateur du
développement bancaire, nous avons opté pour les crédits
domestiques accordés au secteur privé. La source de ces trois
indicateurs est le World Development Indicators, les rapports
d'activités COBAC et les rapports BEAC.
1- Les variables du
modèle
Les indicateurs sont établis à partir des
données comptables du système bancaire camerounais, inscrites
dans les rapports annuels de la COBAC. Notre étude s'intéresse
aux données trimestrielles ceci pour mieux avoir une vision plus nette
de la participation de ces indicateurs au développement
économique du pays. Les indicateurs retenus sont les suivants.
- Le total des actifs (total bilan) mesurant ainsi les fonds
propres du système bancaire (tof).
- Le total des dépôts et des crédits
mesurant ainsi la capacité du système bancaire à financer
l'économie et détecter son degré de participation au
développement économique (dcf).
- Le produit net bancaire du système bancaire mesurant
l'ensemble des marges sur opérations permettant de capter la marge
d'intérêt du secteur bancaire (pnf).
- Le produit net bancaire sur le total des frais
généraux et des dotations aux amortissements mesurant ainsi la
marge de participation du secteur bancaire dans l'économie
(pfm).
- Le ratio de couverture des risques mesurant la hauteur de
participation du système bancaire au développement
économique, en évitant les risques de crédit
(sof).
- Le ratio de liquidité mesurant l'ensemble des
crédits inférieurs à un mois qui doit être
supérieur aux ressources de la même durée
(lif).
Le niveau du développement financier est
mesuré par le ratio de crédit intérieur au secteur
privé sur le produit intérieur bancaire (Crp),
détectant ainsi la capacité du système financier à
offrir un éventail d'actifs financiers qui stimuleraient
l'épargne, un éventail de marchés financiers qui
affecteraient l'épargne à l'investissement selon les
règles de la concurrence.
2- Spécification du
modèle
L'objectif de cette de section est de tester ce
rôle direct et indirect du dispositif prudentiel sur le
développement financier de l'ensemble du système bancaire
camerounais sur la période
2001-2007 et ceci de façon trimestrielle. Comme nous
l'avons déjà expliqué, nous avons choisi de
représenter le développement du secteur financier seulement par
le développement du secteur bancaire. Ce choix s'explique par
l'importance relative et la part prépondérante du secteur
bancaire par rapport aux marchés des capitaux dans le fonctionnement de
tout le secteur financier camerounais. Il s'explique aussi par la rareté
des études empiriques faites sur le développement du secteur
bancaire et son incidence sur la croissance économique. L'autre raison
qui a motivé la prise en considération du secteur bancaire est
liée à la volonté d'isoler le rôle de la
régulation bancaire sur le secteur bancaire en particulier. Nous
obtenons 28 observations et nous employons le modèle de
régression multiple pour la simple raison qu'il évalue mieux
l'évolution d'un phénomène influencé par des
variables externes.
2.1- Présentation
du modèle à estimer
La modélisation appropriée utilisée
dans la littérature est la fonction linéaire. Short (1979)
conclût que les fonctions linéaires modélisent aussi bien
que d'autres types de fonctions. Nous adopterons donc la formulation
linéaire suivant l'intuition de Gurley et Shaw (1960) sur le
développement financier captant mieux les changements enregistrés
par le système financier, comparée à la vision introduite
par Goldsmith (1969) à travers les indicateurs de développement
financier. La variable expliquée est le niveau du développement
financier (Crp).
(3)
Avec une constante, t le terme d'erreur.
Le test d'hétéroscédasticité
des erreurs confirme l'absence de problème
d'hétéroscédasticité dans les données. Les
erreurs suivent la loi normale et sont non corrélées.
Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for
heteroskedasticity Ho: Constant variance Variables: fitted values of
crepib chi2(1) = 0.03 Prob > chi2 = 0.8738
En plus selon Gurley et Shaw (1960), il n'y a pas de
preuve d'existence ni de corrélations inter-temporelles des erreurs ni
de différences significatives dans les termes de constantes par
trimestres. La probabilité ici est supérieure à 5%. Le
test d'autocorrélation des erreurs de Durbin-Waston, confirme
également la non corrélation des erreurs à 1%.
Cet estimation est faite à base du Logiciel Stata
9.1 Nous générons les variables en calculant les statistiques
descriptives relatives aux différentes variables et nous obtenons les
résultats suivants en annexe 2 (Confère annexe 2).
Ce résultat montre que notre modèle est
globalement significatif (F. Statistique = 37.85). R2 et
R2 ajusté sont les coefficients de détermination
du modèle, ils nous renseignent respectivement sur la part de la
variabilité de la variable endogène expliquée par la
variabilité des variables exogènes et sur la qualité de
l'ajustement. Selon les estimations ci-dessus nous remarquons que : 91,53% du
niveau de développement financier est expliqué par le
modèle (les variables explicatives). Les variables pnf, pfm, sof ont une
influence significative à 5% sur la variable Crp car leurs
probabilités critiques (P>|t|) associées sont
inférieures à 5% (ou t>1,96). Les variables tof, dcf, lif ont
une influence non significative à 5% sur la variable Crp car leurs
probabilités critiques (P>|t|) associées sont
supérieures à 5%. L'équation peut
s'écrire :
(4)
2.2- Estimation et
interprétation des résultats
L'estimation des paramètres par la
méthode des moindres carrés ordinaires donne les résultats
suivants. Si le total du bilan augmente de 1% alors le niveau de
développement financier diminue de 0,485% parce que les banques
hésitent de financer les investissements. Quand le produit net bancaire
augmente de 1% alors le niveau de développement financier diminue de
6,283% car les banques fixent des taux très élevés ne
permettant pas aux investisseurs de faire des prêts. On assiste à
une augmentation du financement de l'économie de 0,58% lorsque les
banques constatent un accroissement de leurs agios ceci du fait de la
différence entre les taux d'intérêt. Les banques constatent
un intérêt de financer l'économie de 838309,2% quand elles
peuvent se prendre en charges.
Le respect du ratio de liquidité par les banques
augmente de 158,261% le niveau de développement financier du pays;
à ce niveau, le respect du ratio de liquidité sécurise
mieux le financement de l'économie. Le respect du ratio de couverture
des risques augmente de 53255,01% le niveau de développement financier
du pays ; ici le respect du ratio de couverture des risques protège
le système bancaire dans leur tache d'octroie de crédits à
l'économie. A la lumière des résultats obtenus, nous
remarquons que le modèle retenu est significatif à 10%. Ceci
explique que malgré la rude concurrence, et l'évolution sans
relâche de l'environnement économique, le système bancaire
camerounais reste performant. Le respect des normes prudentielles est un
secteur susceptible d'exercer une influence positive sur le
développement du secteur financier, en encourageant les innovations
financières et en facilitant la finalisation des transactions
financières aussi bien à l'intérieur qu'à
l'extérieur des frontières d'un pays.
Pour les coefficients de la variable de la
régulation bancaire, nous pouvons constater qu'ils sont
significativement positifs, bien qu'à des seuils de confiance
différents, pour l'équation estimée. Ceci nous enseigne
qu'une politique de contrôle et de réglementation de
l'activité bancaire, qualifiée par le concept de « rigueur
bancaire », peut être bénéfique et favorable au
développement bancaire au cameroun. Ce résultat ne va pas de
pair avec les affirmations des théories «
libéralisationnistes » de l'activité financière,
puisque selon les adeptes de ces théories, une ouverture à la
concurrence dans le secteur bancaire ne pourra être que
bénéfique pour ce secteur, y compris dans les pays en
développement. Or, l'épisode des crises financières
vécues par un bon nombre de pays en développement durant les
années qui ont juste suivi leur adoption de politiques d'ouverture
à la libéralisation aussi bien interne qu'externe, montre le
contraire. La récente crise financière que connaît la
totalité des pays développés est aussi due, en partie, au
relâchement de la rigueur bancaire et au laxisme du contrôle et de
la régulation.
En effet, ces politiques ont déclenché une
instabilité financière et une fragilisation du système
bancaire, en raison d'un manque de supervision et de rigueur bancaire produit,
entre autres, par l'ouverture à la concurrence bancaire sans filets de
sécurité, pour mieux faciliter ce passage. Ces turbulences
financières ont provoqué, à leur tour, une série de
crises systémiques qui ont touché d'autres places
financières dans d'autres pays émergents. Rappelons aussi que
pour la construction de l'indicateur de la régulation bancaire, nous
pouvons utilisé d'autres variables. Il s'agit du degré d'exigence
d'entrée de nouvelles banques sur le marché bancaire, de l'indice
du capital réglementaire, du degré de restrictions sur
l'activité bancaire, de l'indice de surveillance autonome des banques et
du pouvoir officiel de supervision bancaire. Cela signifie qu'aujourd'hui, le
suivi d'une politique de restrictions à l'entrée de nouvelles
banques étrangères et l'imposition de restrictions sur
l'activité bancaire seraient favorables au développement
bancaire.
Ceci corrobore les affirmations théoriques de
Patrick (1966), qui considère que la réglementation prudentielle
exerce un effet positif sur le développement financier, ne serait-ce
qu'en raison du fait que l'augmentation du revenu s'accompagne d'une
augmentation de l'épargne et donc d'acquisitions d'actifs financiers.
Les travaux de la théorie endogène ont appuyé cette
idée de double causalité. Le partage des risques que permet
l'intermédiation financière, et qui favorise l'investissement
dans de nouvelles technologies, comporte des coûts et implique
lui-même un certain niveau de produit par tête. Nous pouvons aussi
expliquer les coefficients significativement positifs du PIB par tête par
le fait que le secteur bancaire bénéficie, au même titre
que les autres secteurs, du développement économique.
II - LES LIMITES ET LES
PARADOXES DU DEVELEPPEMENT FINANCIER AU CAMEROUN
Les changements survenus dans le système
financier camerounais après les réformes réglementaires
n'apportent pas un véritable développement financier, car ils
sont loin d'avoir résolu l'épineux problème de financement
du développement. D'une part, la réglementation n'a pas pu
éradiquer certains dysfonctionnements des systèmes financiers,
lesquels constituent de véritables obstacles au financement de
l'économie. D'autre part, on observe après l'instauration de la
réglementation des phénomènes aberrants sur le plan
économique, comme la surliquidité bancaire et le type
d'innovations financières introduites. En premier lieu, nous
présenterons les dysfonctionnements du système financier
notamment. En second lieu des recommandations de politique économique
seront exposées.
1- Les dysfonctionnements du
système financier camerounais
Nous verrons pourquoi le financement du
développement reste un problème non résolu, et nous
montrerons que la surliquidité bancaire et les innovations
financières introduites dans le système financier constituent des
paradoxes.
1.1- Le financement du
développement : un problème non résolu
La réglementation n'a apporté de
changements perceptibles ni par rapport au problème de l'accès
aux services financiers ni par rapport à celui du climat des
affaires.
En ce qui concerne le maintien de l'exclusion de
l'accès aux services financiers, l'offre de service de financement en
particulier n'a pas enregistré de progrès significatif, en raison
du durcissement des conditions de la collecte de l'épargne et de
l'accès au crédit. On constate que le dispositif de collecte de
ressources a gardé tous ses principaux handicaps : à
l'instar de la concentration du réseau bancaire, du niveau
élevé des coûts de transaction, etc. Le rationnement du
crédit demeure une des caractéristiques majeures du
marché. Certains clients des banques ne peuvent pas obtenir des
crédits autant qu'ils le souhaitent, alors même qu'ils sont
disposés à supporter des taux d'intérêt
élevés. Cette exclusion se fait à travers plusieurs
obstacles, dont les plus visibles sont les conditions qui leur sont
imposées. Les banques exigent par exemple la possession d'un compte
bancaire, ce qui n'est pas le cas de certaine catégorie d'agents.
Les banques se trouvent ainsi au centre d'un conflit, que
l'on peut définir par l'incompatibilité qui existe d'une part
entre le souci de solvabilité et de rentabilité de la
clientèle, et d'autre part l'intérêt économique
général, censé être déterminé par le
financement des investissements. L'exclusion de l'accès au crédit
est plus accentuée pour les crédits d'investissement ou de
financement du développement. En effet, la part des crédits
à court terme est plus forte que celles des crédits
d'investissement (moyen et long terme). Les banques prélèvent au
titre des services d'intermédiation une marge permettant de couvrir
leurs coûts opératoires (frais généraux,
amortissements et provisions) et dégager un profit destiner à la
rémunération des capitaux propres.
En ce qui concerne le mauvais climat des affaires, il
importe de relever que la réglementation n'a pas changé
l'environnement institutionnel. Il en est ainsi par exemple de la politique
monétaire et financière. Le climat des affaires s'est fortement
dégradé. Cela résulte du fait que les lois et
réglementations sont peu favorables au développement de
l'accès au crédit, et en particulier les systèmes
judiciaires.
Le maintien de l'exclusion de l'accès aux services
financiers et l'existence d'un mauvais climat des affaires au Cameroun
constituent deux limites importantes de la réglementation prudentielle.
A cela s'ajoutent les paradoxes qui caractérisent actuellement les
systèmes financiers.
1.2- Le paradoxe de la
surliquidité bancaire et les innovations financières
La surliquidité bancaire et les innovations
observées constituent deux grands paradoxes que l'on peut opposer aux
changements apportés par la réglementation prudentielle.
En ce qui concerne la surliquidité bancaire, le
point de départ de son paradoxe se trouve dans le concept
d'économie d'endettement, introduit par Hicks (1974) afin de distinguer
les types de systèmes financiers. L'économie d'endettement et
l'économie des marchés de capitaux. Ce problème
apparaît dès lors que l'on se trouve dans une situation où
les banques détiennent par dévers elles un volume de
liquidités oisives largement au-dessus de ce qui peut être
considéré comme optimale (surliquidité bancaire).
Concernant les innovations financières,
contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, à savoir qu'elles
soient polarisées sur l'offre de capitaux compte tenu des
problèmes liés au financement du développement, celles-ci
mettent davantage sur l'offre de services générateurs de
commissions. Or il est de notoriété publique que l'accès
au crédit constitue la pomme de discorde des banques et du secteur
privé. Sur le plan institutionnel, la réglementation mise en
place soumet les établissements de microfinance à des contraintes
presque identiques à celles qui sont imposées aux banques
classiques.
2- Les recommandations de politique
économique
Depuis les travaux de Gurley et Shaw (1960), il est
reconnu que le niveau d'évolution du secteur financier influence
positivement le taux de croissance à long terme de l'économie. A
cet effet, afin que le système financier camerounais puise jouer son
rôle dans le processus de financement de l'économie via une
allocation efficiente des crédits et conserver à long terme sa
rentabilité, cette étude suscite un certain nombre de
recommandations. Celles-ci vont du parachèvement de la restructuration
du système financier, à l'assainissement complet de
l'environnement macroéconomique.
2.1- L'achèvement
de la restructuration du système financier
La restructuration bancaire comme le relève Touna
Mama (2002) doit déboucher sur une politique plus agressive de collecte
de l'épargne et une politique plus audacieuse de distribution de
crédit. Il ne saurait y avoir de politique de crédit fiable sans
système bancaire sain et jouissant de la confiance du public. Or, il est
étonnant que les banques restructurées comme Amity bank soient
peu après, obligés de fermer malgré la surveillance de la
COBAC. Si les banques commerciales persistent dans la politique de distribution
des crédits qui consiste à privilégier essentiellement le
court terme au détriment des moyens et longs termes, alors, il faut
absolument créer des banques spécialisées dans le
financement du développement.
La nécessité d'accélérer le
processus de mise en place des premières cotations au niveau de la
bourse des valeurs mobilières de Douala demeure pressante. Du reste, il
est essentiel, dans les structures financières de recréer au
Cameroun de se rappeler que la priorité c'est le développement et
une intégration dans le mouvement de la globalisation est
nécessaire.
Adapter le système financier à la
mondialisation, car l'une des conséquences de la mondialisation
constitue en n'en point douter la formation des banques de grande taille via de
fusions, absorption, acquisition, alliance stratégique ; afin de
bénéficier des économies d'échelles et de
dimension.
2.2- L'assainissement de
l'environnement macroéconomique
L'assainissement de l'environnement
macroéconomique revient en dernière analyse à purifier non
seulement l'environnement institutionnel, en réglant le problème
des lenteurs judiciaires, du chèques sans provision, du secret bancaire,
de la corruption ; mais aussi l'environnement sociopolitique. C'est ainsi
que l'Etat doit orienter son action vers l'amélioration du cadre
juridique en rendant plus efficace les recours en justice.
En outre, les missions de la COBAC, à savoir
assurer le contrôle des banques et des établissements de
crédits doivent être renforcées. Aussi, la COBAC devrait
jouir d'un pouvoir coercitif de manière à ne plus se
référer en dernier ressort aux autorités nationales pour
exercer son pouvoir disciplinaire. Renforcer la réglementation bancaire
au Cameroun sera une priorité. La réglementation COBAC devrait
donc avoir plus de souplesse pour s'appliquer spécifiquement à
chaque type d'institutions bancaires. Une façon simple de garantir cette
souplesse consisterait à établir une procédure
réglementaire flexible dans laquelle le type et le degré de
réglementation dépendent du risque associé aux
activités du système bancaire. La réglementation actuelle
devrait changer de base et reposer sur la réglementation prudentielle
optimale qui tient mieux compte des spécificités liées aux
asymétries d'informations qui jalonnent l'activité des
banques.
CONCLUSION
L'objectif de ce chapitre était
de monter le degré de participation de la réglementation
prudentielle dans la consolidation du financement de l'économie au
Cameroun. Pour y parvenir, nous avons procédé d'une part à
une analyse de la solidité du système bancaire et financement de
l'économie au Cameroun et d'autre part à une validation empirique
en utilisant un modèle de régression linéaire avec des
données sur 28 trimestres sur l'ensemble du système bancaire.
Modèle linéaire spécifié par Short (1979). Notre
base de données provient des rapports annuels de la COBAC pour une
période allant de 2001 à 2007.
Il ressort de cette analyse que la réglementation
est un soutien incontournable pour le raffermissement du financement de
l'économie au Cameroun, dans la mesure qu'une politique de
contrôle et de réglementation de l'activité bancaire,
qualifiée par le concept de « rigueur bancaire », peut
être bénéfique et favorable au développement
bancaire du Cameroun. On note que les différents ratios retenus
influencent de façon positive le financement de l'économie au
Cameroun. On assiste plutôt à un rationnement du crédit et
un refus total d'octroyer le crédit. On note un financement du
développement non résolu, un manque d'innovations
financières et une surliquidité exagérée du
système bancaire. Pour y remédier, les nouvelles
réglementations devront avoir une dimension macro-prudentielle
marquée c'est-à-dire ne plus être uniquement
orientées vers l'objectif de préservation de la
solvabilité des établissements individuels mais vers des
objectifs de stabilité globale du système financier.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Dans cette partie, nous avons étudié la
contribution de la réglementation prudentielle dans le renforcement de
la productivité bancaire au Cameroun durant la période 2001-2007,
et ce, en appliquant de façon trimestrielle, à l'ensemble du
système bancaire, un modèle de régression multiple
s'inscrivant dans la lignée des travaux de Patrick H. (1996).
Après avoir présenté la relation qui existe entre le
dispositif prudentiel et le développement financier, nous avons
procédé à une étude empirique de l'effet des ratios
prudentiels sur le niveau de crédits domestiques accordé au
secteur privé. Il en ressort que la réglementation de
l'activité bancaire apparaît efficace dans la recrudescence de la
productivité bancaire.
Nos résultats corroborent les conclusions de
Demetriades et Law (2005) qui affirment que la réglementation
prudentielle a réussi à perfectionner le niveau de
développement financier des banques. Toujours dans le souci de tester la
validité de la politique financière proposée qui s'appuie
sur le rôle de la réglementation prudentielle et la supervision
bancaire, nous avons étudié dans un deuxième temps, la
relation entre la régulation financière et le
développement bancaire. La dernière crise des subprimes
a montré l'importance de la régulation financière
dans la prévention des crises. Cette crise est la conséquence
directe de la politique de libéralisation financière
prônée par les institutions financières internationales,
qui se traduit par un laxisme et un relâchement du contrôle
bancaire. Les graves conséquences de cette crise ont fait que les
décideurs politiques et économiques avouent, désormais, la
nécessité d'une surveillance bancaire stricte, même parmi
ceux qui défendaient le contraire avant l'éclatement de la crise.
Les résultats trouvés pour les politiques de stabilisation
monétaire corroborent le regain d'intérêt dont jouit la
régulation financière. En effet, nous avons trouvé que les
variables représentant la régulation financière exerce un
impact positif et significatif sur le développement bancaire.
L'influence positive de la régulation financière sur le
développement bancaire, et par conséquent sur la croissance
économique, valide la portée de la politique financière
défendue dans cette étude. Une politique qui accorde une place de
choix à la réglementation et la supervision financière.
Nonobstant, nous assistons à un paradoxe imminent
dans le financement de l'économie. Les banques sont surliquides et
refusent de prêter. Comme proposition, la réglementation
prudentielle devrait se fonder non sur une information privée,
construite et fournie par l'institution régulée, mais sur une
information publique, vérifiable et non manipulable ; leçon
que l'on peut tirer de la crise de l'auto-régulation de 2007-2008.
CONCLUSION GENERALE ET ENSEIGNEMENTS
L'objectif de cette étude
était d'évaluer la contribution de la réglementation
prudentielle dans l'amélioration des performances du système
bancaire au Cameroun durant la période 2001-2007. Pour ce faire, nous
avons estimé grâce à la méthode de Régression
multiple (modèle linéaire), et ce de façon trimestrielle,
des mesures de performance bancaire sous l'hypothèse que la
réglementation prudentielle contribue positivement à
l'amélioration des performances bancaire. Nous avons fait ressortir
à travers l'estimation de ce modèle l'influence de certains
ratios de la gestion bancaire sur les mesures de performance bancaire (Abega,
1998). Les préoccupations placées au centre de notre travail
étaient doubles :
- Premièrement, il s'agissait de mesurer comment
la réglementation prudentielle affecte la rentabilité du
système bancaire (rentabilité des actifs). Nous avons retenu
comme hypothèse que la réglementation prudentielle a un effet
positif sur la rentabilité bancaire au Cameroun.
- Deuxièmement, il s'agissait d'évaluer en
quoi la réglementation prudentielle améliore la
productivité du système bancaire (niveau de développement
financier). Nous avons retenu comme hypothèse que la
réglementation prudentielle influence positivement la
productivité bancaire au Cameroun.
En ce qui concerne la première
préoccupation, il en ressort que la réglementation de
l'activité bancaire apparaît efficace dans l'amélioration
de la rentabilité bancaire. Plus les restrictions sur les
activités bancaires sont fortes, plus le risque est réduit et
plus la rentabilité des actifs est élevée. Nos
résultats corroborent les conclusions de Ben Naceur (2003) et Ghazi
(2006) qui affirment que la réglementation prudentielle a réussi
à améliorer le niveau de rentabilité des banques. De plus,
l'évolution des fonds propres et des ressources a été
accompagnée par une baisse du risque de crédit et une
augmentation de la marge d'intérêt ainsi que la rentabilité
des actifs. La réglementation prudentielle ne devrait pas se focaliser
uniquement sur le ratio de solvabilité des banques, mais aussi
accordée un peu d'attention à la réglementation sur la
liquidité.
En ce qui concerne la deuxième
préoccupation, il en ressort que la réglementation de
l'activité bancaire apparaît efficace dans la recrudescence de la
productivité bancaire. Nos résultats corroborent les conclusions
de Demetriades et Law (2005) qui affirment que la réglementation
prudentielle a réussi à perfectionner le niveau de
développement financier des banques. Nonobstant, nous assistons à
un paradoxe imminent dans le financement de l'économie. Les banques sont
surliquides et refusent de prêter. Comme proposition, la
réglementation prudentielle devrait se fonder non sur une information
privée, construite et fournie par l'institution régulée,
mais sur une information publique, vérifiable et non manipulable ;
leçon que l'on peut tirer de la crise de l'auto-régulation de
2007-2008.
Si l'évolution financière et bancaire
depuis 2004 semble plus stable, la situation de la quasi-totalité des
banques ne laisse transparaître aucun risque immédiat de
fragilité, il faut cependant craindre des dérapages, les
créances douteuses étant toujours importantes dans un climat de
surliquidité bancaire. Afin que les erreurs du passé ne se
reproduisent plus, l'amélioration du fonctionnement des banques et le
maintien d'un secteur bancaire apte au financement de l'économie passent
par une régulation indépendante, stricte, permanente, et
rigoureusement respectée. En définitive, le bilan du dispositif
réglementaire engagé au Cameroun demeure mitigé. Si
celui-ci a engendré des changements positifs du point de vue de la
rentabilité des actifs et du développement financier, leur impact
est néanmoins marqué par de nombreuses limites. Le
problème de financement du développement reste posé. Il
ressort de cette étude que malgré le processus de restructuration
mis en oeuvre par les autorités monétaires pour assainir le
secteur bancaire dans la CEMAC en général et au Cameroun en
particulier, la plupart des banques éprouvent encore des
difficultés à transformer leurs ressources en crédits. La
production de crédits bancaires au Cameroun reste encore
inférieure à ce qui est techniquement possible. La vocation
fondamentale des banques étant le financement de l'activité
économique à travers des prêts aux agents
économiques qui manifestent le besoin, beaucoup d'efforts restent encore
à faire dans la sous-région en général et au
Cameroun en particulier. Il convient également d'encourager la mise en
place de nouveaux instruments de financement pour les PME, à l'instar du
crédit-bail, des comptes courants d'associés, des prêts
participatifs, etc.
En s'appuyant sur toutes ces conclusions, quelques
enseignements provisoires s'avèrent importants. Les inflexions
défendues dans ce travail ne constituent pas une panacée. La
relation dialectique entre régulateurs et régulés va
évidemment se perpétuer mais l'intérêt des
propositions présentées est qu'elles font système et
véhiculent une conception holiste du cadre de régulation
financière. En 1er lieu, les instruments de
régulation financière ne peuvent plus être conçus
indépendamment les uns des autres, ils doivent être
pensés dans leur complémentarité et
à l'aune des objectifs que l'on fixe à la régulation
financière. Ainsi, les principes structurant la politique prudentielle
doivent selon nous répondre aux objectifs de préservation de la
stabilité financière globale, de réduction de
l'aléa moral et de maîtrise des problèmes
d'incohérence temporelle dans la gestion des crises
d'insolvabilité des institution financières systémiques et
de minimisation des risques de capture du régulateur par l'industrie
régulée. Ces objectifs ne sont pas contradictoires mutuellement
bien au contraire.
En 2e lieu, renforcer le processus de
privatisation du capital et de la qualité de la gestion dudit capital
en imposant des exigences réglementaires sur ce capital.
En 3e lieu, améliorer le climat
des affaires au Cameroun, car pour prêter, les banques doivent
avoir l'assurance qu'en cas de non exécution des obligations
contractuelles, elles seront à mesure d'obtenir réparation. Si
à l'expérience cela n'est pas le cas, elles seront peu
disposées à arbitrer en faveur du risque.
En 4e lieu, accroître les
crédits bancaires surtout à moyen et long terme, car
renforcement de la politique de crédit élève les profits
bancaires. Autrement dit, plus la banque octroie des crédits, plus les
revenus augmentent et donc les profits. L'idée serait de limiter la
dépendance aux financements de marché de court terme sensibles
aux variations de taux d'intérêt, très volatiles et
vulnérables aux modifications de la confiance des investisseurs. Cette
voie se heurte néanmoins à un paradoxe bien connu dans le domaine
de la réglementation bancaire qui concerne tant la réglementation
en capital qu'en liquidité.
En 5e lieu, promouvoir le renforcement
des institutions du pays, car le développement financier du
Cameroun, passe donc, par une série de réformes
économiques, mais surtout par des réformes institutionnelles et
politiques. Il serait, donc, intéressant d'effectuer une analyse
coûts-avantages pour voir s'il est plus convenable d'entamer une
série de réformes d'ordre institutionnelle afin d'être
prêt à affronter la mondialisation financière dans les
meilleures conditions. A moins qu'il soit plus avantageux de renoncer à
ces réformes sous prétextes que les avantages de l'ouverture sont
moindres que les coûts à supporter. Une analyse faisant appel
à la théorie des jeux pourrait être un outil adéquat
pour résoudre ce dilemme.
En 6e lieu, créer un nouveau
cadre de gestion des défaillances des institutions
systémiques, qui devrait s'accompagner d'un ensemble de mesures
incitant ces institutions à réduire leur taille et leur
complexité et opacité, de manière à faciliter la
gestion de leur défaillance. Cela peut passer par un calibrage des
contraintes prudentielles renforçant celles-ci à mesure que les
institutions accroissent leur taille et leur complexité. En clair, il
faudrait resserrer les exigences en capital avec l'accroissement de la
complexité et de la taille des institutions, en particulier quand le
« living will » indique que les délais de
restructuration, de démantèlement ou de fermeture de la banque
sont particulièrement longs, des primes sur l'assurance
dépôt plus fortes pour les institutions financières larges
et complexes, une régulation de la liquidité plus stricte,
éventuellement un ratio de levier simple plus pénalisant à
mesure que la taille et la complexité de l'institution financière
s'accroît etc..
En clair, il faut que le renflouement des banques
systémiques ne soit pas la seule option s'imposant aux pouvoirs publics,
que toutes les institutions puissent faire faillite mais pas les fonctions
essentielles assumées par ces institutions. Les living wills devraient
contribuer à rendre opérationnel cette lutte contre le syndrome
du « too big to fail ».
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ANNEXE 1
Résultats de l'estimation en
régression multiple de l'équation du rendement sur actifs
(ROA)
regress roa fgactf kxactf crdactf logpib inf actfpib conc
liqactf solactf, ro
Source | SS df MS
Number of obs = 28
|
-------------+------------------------------
F( 9, 18) = 304.51
|
Model | .359443845 9 .039938205
Prob > F = 0.0000
|
Residual | .002360783 18 .000131155
R-squared = 0.9935
|
-------------+------------------------------
Adj R-squared = 0.9902
|
Total | .361804628 27 .013400171
Root MSE = .01145
|
|
roa | Coef. Std. Err.
t P>|t| [95% Conf. Interval]
|
fgf | 67.68602*** 2.921187 23.17
0.000 61.54883 73.82321
|
kxf | 1.585367 .8352483
1.90 0.074 -.169425 3.340158
|
crf | -2.825423* .2263888
-12.48 0.000 -3.301048 -2.349798
|
lpb | -.6905859* .1862541
-3.71 0.002 -1.081891 -.2992806
|
inf | .0034689 .0021613
1.61 0.126 -.0010717 .0080096
|
atb | -4.31e-07 * 1.62e-07
-2.66 0.016 -7.72e-07 -9.05e-08
|
coc | .0456332 .0929024
0.49 0.629 -.1495475 .2408139
|
lif | .0003528 .0002232
1.58 0.131 -.000116 .0008216
|
sof | -.0227483** .0083393
-2.73 0.014 -.0402686 -.005228
|
_cons | 1.611407 .2431508
6.63 0.000 1.100566 2.122248
|
(* Significativité à 1%; **
Significativité à 5%; *** Significativité à 10%)
* sktest residu Skewness/Kurtosis tests for
Normality test de normalité des
erreurs
------- joint
------
Variable | Pr(Skewness) Pr(Kurtosis) adj chi2(2)
Prob>chi2 Si Prob>chi2 est supérieur à 5%
-------------+-------------------------------------------------------
les erreurs suivent la loi normale
residu | 0.616 0.271
1.58 0.4531
*. archlm lags(1)
test
d'hétéroscédasticité des erreurs
LM test for autoregressive conditional heteroskedasticity
(ARCH) Si Prob > chi2 est supérieur à 5%
---------------------------------------------------------------------------
les erreurs ne suivent pas un
lags(p) | chi2 df
Prob > chi2 modèle ARCH(1) alors les
erreurs
-------------+-------------------------------------------------------------
sont homoscédastiques.
1 | 2.883 1
0.0895
---------------------------------------------------------------------------
H0: no ARCH effects vs. H1: ARCH(p)
disturbance
*Durbin's alternative test for autocorrelation
test de Durbin Waston
---------------------------------------------------------------------------
Durbin-waston d-statistic (10, 28)
lags(p) | chi2 df
Prob > chi2 = 1,308486
-------------+-------------------------------------------------------------
Si Prob > chi2 est supérieur à 5%
1 | 1.561 1
0.2115 les erreurs sont non
corrélées
---------------------------------------------------------------------------
durbina, lags (1)
H0: no serial correlation
ANNEXE 2
Résultats de l'estimation en
régression multiple de l'équation du niveau de
développement
reg crepib totactf pnbactf dcractf pnbfram
liqactf solactf , ro
Source | SS df MS
Number of obs = 28
|
-------------+------------------------------
F( 6, 21) = 37.85
|
Model | 1.3219e+11 6 2.2031e+10
Prob > F = 0.0000
|
Residual | 1.2225e+10 21 582120463
R-squared = 0.9153
|
-------------+------------------------------
Adj R-squared = 0.8912
|
Total | 1.4441e+11 27 5.3486e+09
Root MSE = 24127
|
|
Crp | Coef. Std. Err.
t P>|t| [95% Conf. Interval]
|
tof | - .4852303 .3715571
-1.31 0.206 -1.257926 .2874649
|
pnf | -6.283707** 1.995696
-3.15 0.005 -10.43398 -2.133429
|
dcf | .5846545 .3584506
1.63 0.118 -.1607844 1.330093
|
pfm | 838309.2* 239182.9
3.50 0.002 340901.1 1335717
|
lif | 158.2614 398.1302
0.40 0.695 -669.6956 986.2185
|
sof | 53255.01*** 6511.958
8.18 0.000 39712.65 66797.36
|
_cons | -1405964 422878.1 -3.32
0.003 -2285388 -526541.
|
(* Significativité à 1%; **
Significativité à 5%; *** Significativité à 10%)
*sktest residu Skewness/Kurtosis tests for
Normality test de normalité des
erreurs
------- joint
------
Variable | Pr(Skewness) Pr(Kurtosis) adj chi2(2)
Prob>chi2 Si Prob>chi2 est supérieur à 5%
-------------+-------------------------------------------------------
les erreurs suivent la loi normale
residu | 0.396 0.107 3.65
0.1611
*. Hettest Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test
for heteroskedasticity
Ho: Constant variance
test
d'hétéroscédasticité des erreurs
Variables: fitted values of crepib
Si Prob > chi2 est supérieur à 5%
chi2(1) = 0.03
les erreurs sont homoscédastiques
Prob > chi2 = 0.8738
*Durbin's alternative test for autocorrelation
test de Durbin Waston
---------------------------------------------------------------------------
Durbin-waston d-statistic (10, 28)
lags(p) | chi2 df
Prob > chi2 = 1,064825
-------------+-------------------------------------------------------------
Si Prob > chi2 est supérieur à 5%
1 | 2.774 1
0.345 les erreurs sont non
corrélées
---------------------------------------------------------------------------
durbina, lags (1)
H0: no serial correlation
TABLE DE MATIERES
AVERTISSEMENT..................................................................................................i
DEDICACE............................................................................................................ii
REMERCIEMENTS................................................................................................iii
LISTES DES SIGLES ET
ABREVIATIONS..................................................................iv
LISTES DES GRAPHIQUES ET
TABLEAUX.................................................................v
SOMMAIRE.........................................................................................................vi
RESUME.............................................................................................................vii
INTRODUCTION
GENERALE..................................................................................1
PREMIERE PARTIE : REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE : UN MOYEN DE
RESTAURER LA RENTABILITE BANCAIRE
AU CAMEROUN.......................12
INTRODUCTION DE LA PREMIERE
PARTIE............................................................13
CHAPITRE I : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE ET
RESOLUTION DE LA CRISE
BANCAIRE AU
CAMEROUN............................................................14
SECTION I : LA CRISE BANCAIRE AU
CAMEROUN...............................................
23
I - LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE AU
CAMEROUN..........................................
23
1- Les causes exogènes de la crise
bancaire
23
1.1- Les causes historiques
24
1.2- Les causes institutionnelles
25
1.3- Les causes
politico-administratives
26
1.4- Les causes conjoncturelles
27
2- Les causes endogènes de la crise
bancaire
29
2.1- La surbancarisation des zones urbaines
et la
sousbancarisation des zones rurales
30
2.2- La politique hasardeuse de
crédit
30
2.3- La mauvaise gestion des banques
31
2.4- L'absence d'innovation en produits
bancaires adaptés
32
II - LES FAILLITES BANCAIRES AU
CAMEROUN......................................................
33
1- Effet de contagion des faillites
bancaires
34
2- Les risques de faillites bancaires au
Cameroun
35
SECTION II: PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION
PRUDENTIELLE
AU
CAMEROUN..................................................................................29
I - PRINCIPES ET OBJECTIFS DE LA
REGLEMENTATION PRUDENTIELLE..................
37
1- La redéfinition des
établissements de crédit
38
2- La fixation du capital minimum
38
3- Conditions et modalités de
l'exercice bancaire
38
4- Le contrôle et la
sécurisation des activités bancaires
39
II - LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA
REGLEMENTATION PRUDENTIELLE..............
41
1- Les limites de la réglementation
prudentielle au Cameroun
41
2- Perspectives de la réglementation
prudentielle actuelle
44
CHAPITRE II: LE DISPOSITIF PRUDENTIEL COMME PILIER DE
LA RENTABILITE
DES ACTIFS BANCAIRES AU
CAMEROUN..........................................39
SECTION I- RECONSTRUCTION ET RESULTATS
DU SYSTEME
BANCAIRE
AU CAMEROUN...............................................................
48
I - LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS APRES
LA RESTRUCTURATION..............
48
1- Evolution macroéconomique
49
1.1- La croissance et l'inflation
49
1.2- Balance des paiements
50
1.3- Finances publiques
50
1.4- Monnaie et Crédit
50
2- Incidence sur la situation
financière des banques au Cameroun
51
2.1- Situation financière
51
2.2- Rentabilité
52
2.3- Respect des normes prudentielles
54
II - LES CONTOURS THEORIQUES DE LA
RENTABILITE DES ACTIFS........................
55
1- Mesure de la rentabilité des
actifs
55
2- Les déterminants de la
rentabilité des actifs
55
SECTION II- RATIOS PRUDENTIELS ET
RENTABILITE DES ACTIFS
BANCAIRES : UN TEST
EMPIRIQUE..................................................
58
I - METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET DEMARCHE
ECONOMETRIQUE.................
58
1- Méthodologie de recherche
58
2- Démarche
économétrique
60
II- RESULTATS ET IMPLICATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE...........................54
1- Résultats empiriques et
interprétations
62
2- Implications de politique
économique.......................................................................56
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE...............................................................59
DEUXIEME PARTIE: REGLEMENTATION PRUDENTIELLE: UN MOYEN
DE
RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITE
BANCAIRE AU CAMEROUN.........60
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME
PARTIE...........................................................61
CHAPITRE III: LA REGLEMENTATION ET L'EXPERIENCE DE
DEVELOPPEMENT
FINANCIER AU
CAMEROUN...........................................................62
SECTION I- LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES
DE
L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU
CAMEROUN..................................
71
I - UN SYSTEME BANCAIRE CONCENTRE ET
INTERNATIONALISE...........................
71
1- Un système bancaire
concentré
71
1.1- Evaluation de la concentration
économique
72
1.1.1- La concentration par les parts de
marché
72
1.1.1.1- La concentration des
dépôts
bancaires...............................................................64
1.1.1.2- La concentration des
crédits bancaires
73
1.1.2- La concentration par le nombre de
banques et d'agences
75
1.2- Evaluation de la concentration
géographique
76
2- Un système bancaire
internationalisé
77
2.1- L'implantation bancaire
étrangère au Cameroun
77
2.2- L'implantation des banques
camerounaises à l'étranger
78
II - INSUFFISANCE DE PROFONDEUR ET
D'INNOVATIONS FINANCIERES..................
79
1- La faible profondeur
financière
79
2- Le manque des innovations
financières
80
SECTION II- DES RESULTATS DETERMINANTS POUR
LE DEVELOPPEMENT
FINANCIER.........................................................................................................
81
I - UN SYSTEME BANCAIRE
ASSAINI......................................................................
82
1- Un secteur bancaire surliquide et
rentable
82
2- L'encadrement bancaire de la Banque des
Etats d'Afrique Centrale et
de la Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale
84
II - UN SECTEUR DE LA MICROFINANCE EN
EXPANSION ET DES MARCHES FINANCIERS ET MONETAIRES EN
FONCTIONNEMENT...........................................
86
1- Un secteur de la microfinance en
expansion
86
2- Des marchés financier et
monétaire en fonctionnement
89
CHAPITRE IV: LE DISPOSITIF PRUDENTIEL: UN MOYEN DE
CONSOLIDER LE
FINANCEMENT DE
L'ECONOMIE AU CAMEROUN............................83
SECTION I : LA SOLIDITE DU SYSTEME
BANCAIRE ET
FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU
CAMEROUN..............................................................................
92
I - DEFINITION ET ROLE DU SYSTEME BANCAIRE
DANS UNE ECONOMIE.................
92
1- Système financier : Une
tentative de définition
92
2- Rôle du système bancaire
dans l'économie
93
2.1- Système bancaire comme moyen de
règlement
93
2.2- Système bancaire : un
système d'agrégation de l'épargne
93
2.3- Système bancaire : un
procédé de transfert de ressources
94
2.4- Système bancaire comme
système de gestion de risques
94
2.5- Système bancaire : un
réducteur des coûts lié à l'asymétrie
d'information
94
II - LA SURLIQUIDITE DES BANQUES ET
FAIBLESSE DU FINANCEMENT BANCAIRE AU
CAMEROUN........................................................................................................
96
1- LA SURLIQUIDITÉ DES BANQUES AU
CAMEROUN............................................................88
2- LA QUESTION DU FINANCEMENT DE L'ECONOMIE
CAMEROUNAISE.....................................89
2.1- L'IMPORTANCE DE LA LIQUIDITÉ
BANCAIRE..............................................................90
2.2- LES DÉTERMINANTS DE LA SURLIQUIDITÉ
BANCAIRE...................................................91
SECTION II : VALIDATION EMPIRIQUE DE
L'EFFET DES RATIOS
PRUDENTIELS SUR LE DEVELOPPEMENT
FINANCIER............................................
101
I - APPROCHE METHODOLOGIQUE ET ANALYSE DES
RESULTATS...........................
102
1- Les variables du modèle
103
2- Spécification du
modèle
103
2.1- Présentation du modèle
à estimer
104
2.2- Estimation et interprétation
des résultats
105
II - LES LIMITES ET LES PARADOXES DU
DEVELEPPEMENT FINANCIER AU
CAMEROUN........................................................................................................
107
1-Les dysfonctionnements du système
financier camerounais.............................................
107
1.1- Le financement du
développement : un problème non résolu
107
1.2- Le paradoxe de la surliquidité
bancaire et les innovations financières
108
2- Recommandations de politique
économique..............................................................101
2.1- L'achèvement de la
restructuration du système financier
109
2.2- L'assainissement de l'environnement
macroéconomique
109
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE.............................................................103
CONCLUSION GENERALE ET
ENSEIGNEMENTS...................................................104
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES.....................................................................108
ANNEXES..........................................................................................................116
TABLES DE
MATIERES.......................................................................................118
* 1 Le Comité de
Bâle était composé des autorités de
régulation représentants les pays du G12.
* 2 Rapport entre les
engagements et les fonds propres que les banques commerciales ayant une
activité internationale doivent respecter depuis 1993. (Aujourd'hui
appelé ratio Mac Donough).
* 3 Il est intéressant
de signaler qu'un nouveau débat est en cours. Il rentre dans un cadre
plus général de la gouvernance en insistant sur le
caractère indépendant de l'institution en charge de son
contrôle (Das, Quintyn et Taylor, 2002).
* 4 Les règles
prudentielles nouvellement définies n'ont pas été
appliquées avec diligence, et les contradictions sont
régulièrement apparues dans leur mise en oeuvre. Au Cameroun,
nous pouvons citer les affaires IBAC (International Bank of Africa) et celle du
Crédit Agricole du Cameroun.
* 5 Il faut cependant noter
que, la surliquidité actuelle du système bancaire ne s'explique
pas exclusivement par les bienfaits certes réels de son contrôle,
mais aussi à un phénomène conjoncturel lié à
la dévaluation et surtout à l'extrême prudence des
banquiers à financer les activités productives.
* 6 Inégal
accès à l'information entre signatures d'un contrat :
à l'origine de l'antisélection et du risque moral.
* 7 Agent économique
usant d'un bien en général collectif et ne payant pas sa
quote-part qui est alors supportée par les autres usagers. En anglais
« Free Rider ».
* 8On les appelle au Cameroun
des feymens.
* 9 Cette camerounisation des
banques est une partie du slogan politique « le développement
autocentré »
* 10 Le ratio de
solvabilité était fixé à 75% dans les années
70 et au début des années 80.
* 11 L'effet de contagion
est dû aussi à l'asymétrie de l'information. Pour Goodhart,
lorsqu'une institution bancaire ayant une bonne réputation et à
qui la société accorde une grande importance fait faillite,
d'autres institutions bancaires servant dans le même domaine sont elles
aussi en danger à cause de l'asymétrie informationnelle.
* 12 Se sont des
crédits de faveur octroyés sans garanties et dont on sait que le
remboursement ne sera pas effectué.
* 13 Ancienne caisse commune
d'épargne et d'investissement (CCEI) qui devient Afriland First Bank en
2002.
* 14 Il est important de
signaler que cette présence demeure importante dans les autres pays de
la CEMAC en raison du retard pris dans le processus de libéralisation et
de privatisation. Par exemple, au Congo, l'Etat est présent dans trois
banques sur quatre en activité, avec une part moyenne de 84,30% (COBAC,
1999).
* 15 D'autres indicateurs
sont utilisés pour mesurer la profondeur financière. On peut
citer M1 / PIB, (M2 - M1) / PIB, M3 / PIB.
* 16 Le minimum requis est
de 100%, cela signifie que les disponibilités à vue ou à
moins d'un mois d'une banque doivent pouvoir couvrir en totalité ses
exigences de même terme.
* 17 Celui-ci est
égal à l'encours des provisions pour dépréciation
des comptes de la clientèle rapporté à l'encours bruts des
créances douteuses.
* 18 L'efficience du
système financier renvoie à une efficacité allocative et
une efficacité productive (Akyûz, 1994), c'est-à-dire
à une capacité à faire monter les niveaux de
l'épargne, de l'investissement et à répartir
l'épargne rare de manière optimale entre différentes
possibilités d'investissement.
* 19 Ceci doit d'ailleurs
être relativisé. En effet, d'après un rapport du CENUCED en
2005, les pays de la zone CEMAC ne conservent pas plus de 35% des revenus
d'exportation du pétrole. Par exemple au Tchad, ce revenu n'est que de
6,4% alors qu'au Congo cette part est de 34,4%. A titre de comparaison, le
Koweit, l'Iran et l'Algérie conservent respectivement 98,5%, 83,3% et
72,7%.
* 20 Le taux de
bancarisation moyen est de 4% en Afrique centrale. Au Cameroun, moins de 10% de
la population est bancarisée.