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Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun

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par Rodrigue NANA KUINDJA
Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009
  

Disponible en mode multipage

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    République du Cameroun Republic of Cameroon

    Paix- Travail- Patrie Peace- Work- Fatherland

    UNIVERSITE DE YAOUNDE II

    THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

    FACULTE DES SCIENCES FACULTY OF ECONOMICS

    ECONOMIQUES ET DE GESTION AND MANAGEMENT

    BP. 1365 YAOUNDE P.O.Box 1365 YAOUNDE

    TEL/.Fax (237) 22 21 34 41 TEL/.Fax (237) 22 21 34 41

    Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (N.P.T.C.I)

    REGLEMENTATION PRUDENTIELLE ET PERFORMANCES DU SYSTEME BANCAIRE AU CAMEROUN

    Deuxième Promotion

    Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du

    Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A)/MASTER en Sciences Economiques

    Option : Macroéconomie Appliquée

    Spécialité : Economie Monétaire, Bancaire et Financière

    Par : NANA KUINDJA RODRIGUE

    Maîtrise ès Sciences Economiques

    Option : Monnaie- Banque- Finance

    Sous la Direction de :

    PR. AVOM DESIRE

    Agrégé des Facultés des Sciences Economiques

    Année académique : 2009-2010

    AVERTISSEMENT

    « L'université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions contenues dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme étant propres à leur auteur ».

    DEDICACE

    A Jésus-Christ notre Seigneur sans qui tous nos efforts sont voués à l'échec.

    A mes parents

    A mes frères et soeurs, retrouvez ici toute ma reconnaissance, mon attachement et le témoignage de mon amour pour vous.

    « Par le biais de ce travail scientifique, recevez toute notre gratitude en réplique à tous les sacrifices consentis à mon égard ».

    REMERCIEMENTS

    La réalisation de ce mémoire a bénéficié de la contribution de nombreuses personnes auxquelles nous tenons à exprimer notre sincère gratitude.

    Au Professeur AVOM DESIRE qui a bien voulu diriger ce travail et qui a guidé nos premiers pas sur les sentiers de la recherche. Merci professeur pour votre disponibilité, vos remarques et vos conseils ; toutes choses qui nous permettraient éventuellement de poursuivre avec sérénité la délicate activité de recherche.

    Au Professeur KOBOU GEORGES, Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l'université de Yaoundé II-SOA pour ses nombreux conseils.

    Au Directeur du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI) et à la Coordonnatrice Professeur KAMGNIA BERNADETTE.

    Aux Docteurs MOHAMADOU BOBBO, NGOMSI AUGUSTIN, FOMBA BENJAMIN qui se sont toujours montrés disponible pour répondre à nos multiples sollicitations.

    A Monsieur FOUOPI CONSTANT et Monsieur SOH SYRIE GALEX pour leurs multiples critiques et suggestions.

    A tous nos camarades du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI) deuxième promotion (2009-2010). Nous tenons à leur affirmer ici l'appréciation que nous avons porté à certains de nos échanges qui nous ont souvent permis de sortir des zones d'ombre lorsque notre esprit s'y confinait.

    Nous ne saurions terminer sans rendre hommage à tous ceux qui de près ou de loin ont facilité l'aboutissement de ce travail. Certes, ils ne sont pas nommément cités ici, mais ils se reconnaîtront aisément

    Par-dessus tout, nous rendons grâce à « DIEU TOUT PUISSANT » sans qui rien de ceci n'aurait été possible.

    LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    AMITY: Amity Bank of Cameroon

    BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

    BICEC: Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit

    CBC: Commercial Bank of Cameroon

    CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

    CITI-C: Citibank Cameroun

    CLC: Crédit Lyonnais du Cameroun

    CNC : Conseil National du Crédit

    COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

    ECOBANK: Ecobank Cameroun

    EMF: Etablissements de Microfinance

    FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

    FIRST BANK: Afriland First Bank

    FMI : Fonds Monétaire International

    PIB : Produit Intérieur Brut

    PME: Petite et Moyenne Entreprise

    SCBC: Standard Chartered Bank of Cameroon

    SGBC: Sociétés Générales des Banques du Cameroun

    SNI: Société National d'Investissement

    SRC: Société de Recouvrement des Créances du Cameroun

    UBC: Union Bank of Cameroon Limited

    LISTE DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX

    GRAPHIQUES

    Graphique 1 : Evolution du taux de croissance et de l'inflation......................................41

    Graphique 2 : Evolution de la situation des banques au Cameroun de 2000 à 2008.................43

    Graphique 3 : Evolution du PNB au Cameroun de 2000 à 2008............................... ......45

    Graphique 4 : Evolution de la rentabilité au Cameroun de 2000 à 2008..............................45

    Graphique 5 : Concentration des dépôts en part de marché en % cumulé...........................65

    Graphique 6 : Concentration des crédits en part de marché en % cumulé..........................67

    TABLEAUX

    Tableau 1 : Evolution des sorties de billets de la zone BEAC de 1985 à 1993 (milliards cfa)...18

    Tableau 2 : Evolution des dépôts de la zone BEAC de 1980 à 1989 (milliards cfa)...............20

    Tableau 3 : Processus d'évolution de la crise bancaire au Cameroun...............................24

    Tableau 4 : Part de marché des dépôts 2008........................................................... 64

    Tableau 5 : Part de marché des crédits 2008............................................................66

    Tableau 6 : Evolution du nombre de banques et d'agences..........................................67

    Tableau 7 : Evolution du réseau bancaire camerounais...............................................68

    Tableau 8 : Répartition du capital social des banques en activités au Cameroun..................71

    Tableau 9 : Réseau bancaire et population du Cameroun de 2001 à 2008..........................74

    Tableau 10 : Répartition du capital des banques au Cameroun de 2001, 2002, 2005.............75

    Tableau 11 : Activité et performances microéconomiques des banques au Cameroun............77

    Tableau 12 : Evolution du crédit à l'économie et charges bancaires (millions cfa) et de la marge

    d'intermédiation bancaire financière en % au Cameroun de 2001 à 2008..........78

    Tableau 13 : Evolution du nombre d'établissements de microfinance (EMF), de l'activité des

    EMF et des clients au Cameroun de 2000 à 2008......................................80

    Tableau 14 : Situation du paysage bancaire camerounais en 2006..................................87

    SOMMAIRE

    DEDICACE ............................................................................................................ii

    REMERCIEMENTS......................................................................................................iii

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS...........................................................................iv

    LISTE DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX....................................................................v

    INTRODUCTION GENERALE.....................................................................................1

    PREMIERE PARTIE : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UN MOYEN DE RESTAURER LA RENTABILITE BANCAIRE AU CAMEROUN..................................................................12

    CHAPITRE I : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE ET RESOLUTION DE LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN ...................................................................................14

    Section I : CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN..........................................................15   Section II : PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE AU CAMEROUN..29

    CHAPITRE II : LE DISPOSITIF PRUDENTIEL COMME PILIER DE LA RENTABILITE DES ACTIFS BANCAIRES AU CAMEROUN ......................................................................39

    Section I : RECONSTRUCTION ET RESULTATS DU SYSTEME BANCAIRE AU CAMEROUN..40 Section II : RATIOS PRUDENTIELS ET RENTABILITE DES ACTIFS BANCAIRES : UN TEST EMPIRIQUE.........................................................................................................50

    DEUXIEME PARTIE : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UN MOYEN DE RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITE BANCAIRE AUCAMEROUN............................60

    CHAPITRE III : LA REGLEMENTATION ET L'EXPERIENCE DE DEVELOPEMENT FINANCIER AU CAMEROUN.................................................................................62

    Section I : LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU CAMEROUN........................................................................................................63 Section II : DES RESULTATS DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER...73

    CHAPITRE IV : LE DISPOSITIF PRUDENTIEL : UN MOYEN DE CONSOLIDER LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU CAMEROUN......................................................83

    Section I : LA SOLIDITE DU SYSTEME BANCAIRE ET FINANCEMENT DE L'ECONOMIE...84 Section II : VALIDATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DES RATIOS PRUDENTIELS SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER................................................................................93

    CONCLUSION GENERALE ET ENSEIGNEMENTS.......................................................104

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES........................................................................108

    ANNEXES..........................................................................................................116

    TABLES DES MATIERES ......................................................................................118

    RESUME

    Sur la base d'une analyse des failles majeures de la régulation des institutions financières révélées par la crise financière de 2007-2008 (Scialom, 2010), ce travail se propose d'étudier l'effet de la réglementation prudentielle sur les performances du système bancaire au Cameroun. Plus spcéfiquement, il s'agit d'évaluer en quoi le dispositif prudentiel améliore la rentabilité bancaire au Cameroun d'une part ; et d'autre part d'analyser l'impact de ce dispositif prudentiel sur la productivité bancaire au Cameroun. A cet effet, nous adoptons un modèle de régression multiple pour l'ensemble du système bancaire durant la période 2001-2007 suivant les travaux menés par Kahane (1977). Nos résultats indiquent l'existence d'une relation positive entre le respect des normes prudentielles et la performance durant la période étudiée et montrent l'efficacité de la réglementation prudentielle dans la mesure où elle a permis d'accroître la solidité et la stabilité du système bancaire camerounais. En effet, l'imposition d'exigences réglementaires a entraîné une montée de la profitabilité des banques et consolider le financement de l'économie au Cameroun. Cependant, si de nos jours le secteur bancaire a retrouvé sa solvabilité, il importe de renforcer le dispositif de surveillance au moyen d'une régulation indépendante.

    Mots clés : Réglementation prudentielle ; Rentabilité ; Productivité ; Régulation indépendante

    ABSTRACT

    On a net basis analysis to the regulation fault imperative some financial institution revealed by the financial crisis of 2007-2008 (Scialom, 2010), this work proposes to study the effect of prudential regulation on the performance of the banking system in Cameroon. More spcéfiquement it comes to assessing how the prudential improves bank profitability in Cameroon on the one hand, and secondly to analyze the impact of prudential banking on productivity in Cameroon. To this end, we adopt a multiple regression model for the entire banking system during the period 2001-2007 follower working led by Kahane (1977). Our results indicate the existence of a positive relationship between compliance with prudential standards and performance during the review period and show the effectiveness of prudential regulation to the extent that it has increased strength and stability of the system Cameroonian banking. Indeed, the imposition of regulatory requirements has resulted in increased profitability of banks and consolidate the financing of the economy in Cameroon. However, if today the banking sector has regained its solvency, it is important to strengthen the monitoring device through independent regulation.

    Keywords: Prudential regulation; Profitability; Productivity; Independent regulation

    INTRODUCTION GENERALE

    L'objectif affiché du comité de Bâle en 1988 était de mettre en place des contraintes réglementaires visant à préserver la stabilité financière du système bancaire et à limiter les risques pris par les banques notamment le risque de crédit pour protéger les déposants. Du fait de la montée des risques dans le secteur bancaire liée en partie au recours conséquent à cette période aux innovations financières (tels que les dérivés de crédit), le Comité de Bâle1(*) s'est doté de nouveaux instruments de contrôle bancaire, à savoir le coefficient de fonds propres et de ressources permanentes ; le nouveau coefficient de liquidité ; le ratio Cooke2(*) du nom du président du Comité de l'époque. Ces ratios, qui portent sur la structure des bilans bancaires, ont été conçus dans le cadre d'une réglementation prudentielle (Nguyen, 1993) : leur vocation est de protéger les déposants et d'éviter les faillites bancaires (Scialom, 2006). Ils cherchent à contraindre les banques à maintenir un certain niveau de fonds propres en fonction de la qualité des actifs composant le portefeuille de la banque. En effet, en fonction de la nature de l'actif bancaire, une certaine pondération lui est assignée afin de prendre en considération dans le calcul des fonds propres réglementaires le risque inhérent à cet actif (Bouaiss, 2006). De ce fait, les dirigeants de la planète s'attellent à l'élaboration d'une réglementation bancaire plus stricte pour l'ensemble du système bancaire (Soupmo, 2009).

    La réglementation prudentielle désigne l'ensemble des mesures légales prises par les autorités nationales (Banques centrales, Organes de réglementation et de contrôle, etc....) ou des instances internationales (Banque des règlements internationaux, le Comité de Bâle, etc....) et imposées aux différentes institutions bancaires et financières, et dont la finalité est d'assurer le maintien de la stabilité de la sphère bancaire et financière, en améliorant sa résistance aux différents chocs d'une part, et en protégeant l'épargnant d'autre part (Aglietta et Boissieu, 2004). Elle vise d'une manière générale, à influencer le comportement des banques et des établissements de crédits dans le sens d'une meilleure gestion des risques individuels qu'ils encourent (Artus, 1990), en les soumettant à des mesures structurelles (barrières à l'entrée) et prudentielles (ratios de solvabilité et de liquidité), de contrôle externe et à l'organisation d'un contrôle interne efficace (Avom, 2004). Depuis le début des années 1980, un assez large consensus est apparu au niveau international sur la nécessité du contrôle des établissements bancaires. Ce consensus résulte de plusieurs faits majeurs qui ont particulièrement marqué le fonctionnement des systèmes bancaires et financiers nationaux et internationaux, dont deux sont d'une importance majeure et pertinente pour l'analyse de ce travail. Il y a, d'une part, l'idée que les conséquences d'une crise du système financier et bancaire dépassent le plus souvent la sphère financière pour s'étendre rapidement à l'économie réelle (Fouda et Touna Mama, 1996). De ce point de vue, les Etats-Unis ont fourni un exemple dramatique de ce que pouvait coûter à l'économie toute entière (et notamment aux contribuables), la faillite et l'effondrement d'une partie du système financier et bancaire (Dawatripont et Tirole, 1993).

    Il y a, d'autre part, et surtout la défaillance des organes chargés d'assurer le contrôle des normes prudentielles et réglementaires en vigueur. Les exemples des crises récentes des systèmes financiers et bancaires des pays émergents témoignent à cet effet, de façon éloquente, du laxisme quant au contrôle et à la prévention des établissements bancaires contre de tels risques (Jaeger, 1996). Les opérations fusions-acquisitions spectaculaires enregistrées depuis des années 1990 dans de nombreux secteurs (Coutinet, Sagot-Duvauroux, 2003), y compris le secteur bancaire conduisant à la création de grands groupes financiers multispécialisés, et à vocation mondiale témoignent de la volonté des institutions bancaires et financières de se préserver contre de tels risques (Plihon, 1999). Cependant, ces opérations créent de nouveaux risques et imposent par conséquent une adaptation permanente de la réglementation. Dans le même temps, les autorités de surveillance ont manifesté leur désir de voir les banques adopter une véritable gestion globale de bilan et une politique de tarification qui rémunère justement les risques pris (Venard, 1993). Toutes ces mesures sont censées réduire le risque systémique qui pèse sur le système de moyen de paiement et l'intermédiation financière et, de ce fait, font l'objet d'une couverture médiatique importante (Scialom, 2007). Paradoxalement, si on se penche de façon un peu plus précise sur les résultats de la recherche économique en matière de réglementation prudentielle, on s'aperçoit que ce type d'intervention n'est pas aussi efficace que l'attention des régulateurs le laisserait penser.

    C'est dans cette perspective, qu'une nouvelle réglementation prudentielle internationale connue sous le nom d'accords de Bâle II, est entrée en vigueur en 2006. Celle-ci va s'articuler autour de trois piliers fondamentaux (Basel Committee on Banking Supervision, 1999). Le premier pilier se rapporte au ratio de solvabilité Mc Donough. Il réaffirme l'idée présente dans le ratio Cooke, selon laquelle la capitalisation est le principal moyen permettant d'atteindre la stabilité financière. Le deuxième pilier renforce la surveillance. Il confirme l'exigence minimale de fonds propres de 8%. Bien plus, le contrôleur a désormais la possibilité d'exiger un niveau de fonds propres plus important, compte tenu des risques potentiels et l'allocation de capital. Le troisième pilier introduit la discipline de marché comme élément de régulation, avec une exigence faite aux banques de fournir aux actionnaires et aux opérateurs du marché, toutes les informations permettant une évaluation du niveau de fonds propres. Il convient de noter cependant que la réglementation définie dans les accords de Bâle II, n'est pas applicable comme telle dans les pays en développement compte tenu de la structure de leur système financier (Figuet et Lahet, 2006). L'intérêt de cette réglementation est qu'elle contraint les banques à détenir un certain niveau de capital pour faire face aux risques qu'elles prennent. L'évolution de la réglementation bancaire au travers des accords de Bâle II ouvre la voie aux banques pour élargir et enrichir leur culture du risque, et rattraper le monde industriel bien en avance sur ces questions de gestion des risques. Ceci étant une opportunité formidable de s'approprier cette culture (Ospital, 2006).

    Les pays de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale) en général et le Cameroun en particulier, n'ont pas échappé à ce grand mouvement. A la suite de la crise économique et bancaire, des réformes visant à mieux réguler le système bancaire ont été mises en oeuvre (Groupe ESF, 1990). Ces réformes ont porté le plus souvent sur le système bancaire camerounais, considéré et à raison comme le plus important en nombre d'agences et en taux d'activité (Tamba et Tchamambé, 1995 ; Avom et Eyeffa, 2007). Ainsi, l'intérêt porté par ces pays pour la réglementation est apparu clairement au cours des années 1990, avec par exemple sur le plan institutionnel, la création de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) en 1992 et qui s'est substituée aux organes nationaux de régulation. L'entrée en fonction de cette commission sous-régionale a été complétée quelques mois plus tard par l'Harmonisation de la Réglementation Bancaire en Afrique Centrale. Le rôle assigné à cette structure supranationale est d'assurer la supervision et le contrôle bancaire3(*) pour l'ensemble des six pays qui composent la nouvelle communauté. Sa mise en fonction malgré les difficultés4(*) a sans doute participé à la relative stabilité actuelle du système bancaire5(*).

    Le Cameroun, tout comme la plupart des pays de la Zone Franc, était caractérisé jusqu'à la fin des années 80 par un secteur financier dominé par les banques à capitaux publics, une politique monétaire essentiellement interventionniste, et surtout le non-respect de la réglementation prudentielle. Cette situation a eu de nombreuses conséquences, notamment des services financiers de mauvaise qualité, la faible profondeur financière, la sous-capitalisation des banques, l'accumulation des actifs non performants, le manque de transparence, un financement orienté vers le gouvernement, etc.(Joseph, 2002). Les problèmes bancaires ont donné lieu à de nombreuses faillites (Fouda, 1999). Comme dans la plupart des pays en développement, ces problèmes ont souvent été le résultat de décisions peu judicieuses en matière de crédits et d'une gestion inappropriée du crédit risqué, à l'instar de la surexposition à certains types de risques, et ils ont engendrés des pertes considérables. Au cours des années 90, les banques se sont peu engagées dans le financement de l'économie. De même, on note une peur de risque systémique et une incapacité des déposants à surveiller les banques.

    Aujourd'hui, les banques se sont considérablement universalisées, réorganisées, informatisées, diversifiées et sont actuellement en train de s'internationaliser, donnant ainsi naissance à des firmes qu'il faut certainement examiner avec un regard neuf. Les profondes réformes qu'ont connues les différents métiers bancaires sont à l'origine de nombreux débats touchant à l'activité de cette industrie. L'importance du cadre réglementaire et des effets externes sur le reste de l'économie sont les résultats de la libéralisation du secteur financier, et particulièrement le secteur bancaire, de l'augmentation de l'offre à travers de nouvelles formes de financement, de l'introduction des technologies de l'information et de la communication (TIC) et de la tendance récente à l'accès de nouveaux concurrents étrangers au marché financier national. Dans le cadre de ces restructurations, mesurer l'activité des banques en tant qu'acteurs de premier plan de la croissance économique, comprendre leurs comportements et l'impact de ceux-ci sur les variations de la performance des institutions bancaires ainsi que ses répercussions sur l'ensemble de l'économie nationale est d'une importance capitale.

    La vague des réformes engagées dans les années 90 avec notamment l'instauration d'une réglementation prudentielle, occupe une place primordiale au sein du système bancaire camerounais. Face à l'internationalisation des économies et l'intensification de la concurrence, il est impératif de renforcer sa compétitivité. Avec la libéralisation financière engagée, les banques ont entamé la recherche de nouvelles sources de revenu tout en développant de nouveaux métiers afin de diversifier leurs ressources. Ainsi, les produits bancaires se sont multipliés. Tout était une question de vitesse et de taille avec l'objectif de se démarquer par les services offerts et de gagner des parts de marché conséquentes. En effet, avec la montée des innovations financières imprégnées par un environnement de plus en plus concurrentiel, de nouveaux critères de performances se sont imposés. En conséquence, pour appréhender l'efficacité du secteur, l'analyse des performances réalisées à travers les outils traditionnels de l'analyse financière, sont devenues insuffisantes. Le recours à de nouveaux indicateurs de performance s'impose avec acuité. Il y a lieu de reconnaître qu'il se pose bien un problème d'évaluation de la performance du système bancaire camerounais après sa restructuration. Les banques ne parviennent pas à satisfaire les énormes besoins de financement de l'économie et n'offrent pas tous les services financiers demandés par les populations. Les banques performantes contrôlent mieux leurs dépenses, gèrent mieux leurs risques, participent au financement de l'économie et anticipent mieux les évolutions de l'environnement économique afin d'adopter leurs stratégies futures en conséquence. Dès lors, la question que l'on peut se poser de prime abord est celle de savoir Si cette réglementation prudentielle s'est-elle réellement traduite par une amélioration des performances du système bancaire au Cameroun ? En d'autres termes, quelles sont les conséquences de la réglementation prudentielle sur le comportement du système bancaire au Cameroun en matière de rentabilité et de productivité ?

    Ce travail est fondé sur la discussion théorique qui a lieu depuis le début des années 1980 et qui a conduit notamment le comité de Bâle à adopter le ratio de Cooke. Cette littérature théorique, axée sur le comportement des banques en matière de gestion bancaire sous la contrainte d'une réglementation, a été le socle à partir duquel ont été initiés de nombreux travaux empiriques, dont l'étude nous permet de proposer une modélisation du problème de recherche. Ces arguments plaident en faveur de la réglementation bancaire dans la CEMAC.

    Les premiers travaux théoriques traitant des effets éventuels d'une réglementation sur le comportement des banques datent de Kahane (1977). L'auteur étudie l'impact sur la performance des banques d'une réglementation du capital contraignant le levier financier et la composition du portefeuille d'actifs. Il arrive à la conclusion que contraindre la composition du portefeuille d'actifs ou exiger un niveau minimum de fonds propres constituent deux moyens réglementaires, qui, utilisés indépendamment l'un de l'autre, conduisent à des effets non souhaités comme l'accroissement de la probabilité de faire faillite ou du moins à un accroissement de la prise de risque de la banque. La solution selon cet auteur viendrait de la combinaison de ces deux pratiques réglementaires. De même, il étudie l'effet d'une accentuation de la contrainte réglementaire. Il constate qu'une exigence en fonds propres plus élevée conduit la banque à remanier la composition de son portefeuille d'actifs par unité de capital qui se caractérise par la détention d'actifs plus risqués. La conclusion est que l'accroissement de l'exigence en fonds propres se solde par la recomposition d'un portefeuille nouvellement constituée ayant des attributs contraires à ceux qui étaient souhaités par la réglementation. Une banque fortement averse au risque détiendra un portefeuille d'actifs faiblement risqués comparé au risque de ces contreparties. Ainsi, la réaction des banques peu averses au risque à l'accroissement de l'exigence en fonds propres est d'investir de manière importante dans des actifs plus risqués qui vont plus que compenser les effets de l'accroissement de l'exigence réglementaire, ce qui accroît la probabilité de faillite. A contrario, si la banque est suffisamment averse au risque, la tendance à investir dans des actifs plus risqués va être plus faible comparée aux conséquences de l'élévation du niveau d'exigence réglementaire. Dans ce cas, la probabilité de faillite diminue.

    L'argument que les ratios prudentiels conduisent exclusivement à un accroissement de la performance de la banque mesurée par la rentabilité a été fortement nuancé par de nombreux auteurs qui intègrent, quant à eux, dans les ratios qu'ils étudient une pondération en risque des actifs bancaires. Selon Kim et Santomero (1988), il est admis dans la littérature (Buser et al., 1981, Benston et al., 1986,) que les banques choisissent des portefeuilles avec un niveau de risque plus élevé en raison du système de l'assurance des dépôts. Les travaux de Furlong et Keeley (1989, 1990) trouvent une même relation négative entre la réglementation et la rentabilité que ceux de Dothan et Williams (1980) qui supposent que les banques maximisent la valeur de l'option de l'assurance des dépôts en réduisant le niveau de capital et en augmentant le niveau de risque. Rochet (1992) démontre que si l'objectif des banques commerciales est de maximiser la valeur de marché de leurs profits futurs, la réglementation ne peut pas les empêcher de choisir certains types de portefeuilles dont ceux les plus risqués. Aussi, Blum (1999) démontre que dans une perspective dynamique, les contraintes réglementaires peuvent conduire à une augmentation de la productivité en matière d'activités de la banque. Il démontre qu'un des effets d'une telle réglementation consiste à réduire les profits de la banque, ce qui contraint celle-ci à limiter le risque de défaut encouru. Ces risques de course aux guichets légitiment à eux seuls l'existence de la réglementation bancaire, dans la mesure où, ils entraînent un coup social très élevé en générant en même temps des effets externes majeurs sur l'ensemble de l'économie. Diamond (1984) montre qu'en diversifiant ses prêts en investissements risqués, la banque parvient à réduire les risques auxquels sont exposés les fonds confiés par les déposants. A ces arguments, on peut ajouter aussi des externalités des faillites bancaires. C'est dans cette perspective que la prévention du risque systémique peut réduire le rôle du régulateur à jouer le principe du « too big to fail » : c'est-à-dire à se préoccuper davantage du sort des grands établissements au détriment de ceux de moindre taille, dans la mesure où les premiers pourraient entraîner dans leur chute le secteur financier tout entier, en particulier lorsque celui-ci est très concentré. Le renforcement de la politique de crédit élève les profits bancaires. En revanche, on constate une quasi-unanimité des économistes sur l'impact positif des crédits bancaires et de la taille de la banque sur la rentabilité des actifs, corroborant ainsi les prédictions de la théorie économique. La réglementation modifie la relation d'agence entre les actionnaires et les dirigeants, créant ainsi une asymétrie d'information6(*) additionnelle (Macey et O'hara, 2003), et accentuant de ce fait les problèmes de « passager clandestin7(*) » (Barth et al., 1999 ; La Porta et al., 2002 ; Caprio et Levine, 2003 ; Barth et al., 2004 ; Levine, 2004).

    Le but de l'opération était donc de résoudre les difficultés du système bancaire et de prévenir les risques de fragilisation ultérieure, permettant ainsi aux banques de financer l'économie. Mais Fouda (2009) parle de bilan mitigé avec un système bancaire rentable et plein de paradoxe concernant le développement financier.

    La littérature empirique cherchant à tester le comportement des banques dans le but d'améliorer leur rentabilité et leur productivité en présence d'une réglementation est fortement inspirée des travaux théoriques présentés ci-dessus. Cette littérature est ambivalente et ne permet pas de conclure sur le signe (positif ou négatif) de la relation entre la réglementation et la performance des banques.

    Une des études majeures est initiée par Shrieves et Dahl (1992) et constitue le point d'ancrage dans la plupart des travaux empiriques suivants. Dans cet article, les deux auteurs proposent une modélisation de la relation entre le niveau de fonds propres et le niveau de production bancaire qui a permit d'appréhender l'effet de simultanéité caractérisant cette relation. En effet, ils mettent en évidence une relation positive statistiquement significative entre la variation du niveau des ratios prudentiels et la variation du niveau de capital de la banque. Ce résultat montre l'efficacité de la réglementation à influencer les décisions concernant le niveau de capital et le comportement de la banque. Ainsi, les contraintes réglementaires permettent de limiter les faillites des banques comme le prouvent aussi Altunbas et al., (2004) portant sur les pays de l'Europe des 15. De même, Editz et al., (1998) démontrent que les autorités de régulation anglaises exercent une pression efficace sur le niveau de capital des banques. Dans cette étude, les banques augmentent leur différent ratio en recourant à des augmentations de capital plutôt qu'à des actifs risqués. De manière plus nuancée, Rime (2001) conclut pour les banques suisses que la pression réglementaire les conduit à accroître leur niveau de fonds propres sans pour autant affecter leur marge d'intérêt.

    Par ailleurs, Jacques et Nigro (1997) trouvent une relation négative entre le niveau de capital et le niveau de résultat de la banque. Ils arrivent à cette conclusion en arguant que la réglementation permet d'accroître la rentabilité des banques et réduire la capacité de productivité des banques commerciales américaines étudiées. De même, Van Roy (2003) note aussi des différences de comportement selon les pays et en particulier que la réglementation est inefficace pour accroître les ratios des banques « sous-capitalisées » françaises et italiennes. Enfin, Heid et al., (2004) constatent pour les banques allemandes tout juste bien capitalisées, ont une certaine tendance a accroître leur matelas de sécurité (un niveau de fonds propres correspondant tout juste à la norme réglementaire de 8%) en augmentant leur niveau de fonds propres tout en baissant simultanément leur profitabilité. En revanche, pour les banques « sur-capitalisées », ils trouvent une relation positive entre le niveau de rentabilité et le niveau de capital qui s'explique par le fait que ces banques maintiennent leur matelas de sécurité en augmentant leur niveau de rendement lorsque le niveau de capital augmente. En effet, la littérature récente s'efforce de faire le lien entre la réglementation telle qu'elle est appréhendée par le Comité de Bâle et les aspects de gouvernance inhérents à l'organisation interne de la banque. Pour mieux comprendre cette littérature, Booth et al. (2002) puis Jeitschko et Jeung (2005) expliquant les effets de la réglementation à partir du cadre théorique de la gouvernance montrent que la rentabilité et la productivité de la banque peuvent être aussi bien négativement que positivement liées au niveau de capital. La présence de l'Etat dans l'actionnariat des banques, va notamment favoriser le laxisme dans la gestion et développer un comportement opportuniste qui s'est particulièrement manifesté sous la forme de l'aléa de moralité. Ceci doublée de la myopie au désastre et apparue sous la forme de nombreuses dettes bancaires qui bénéficiaient d'une garantie implicite de l'Etat. Les banques interprétaient la présence de l'Etat dans leur capital social, comme une assurance contre le risque et sous évaluaient le défaut de remboursement des débiteurs. Barth et al. (2002) étendent cette analyse en comparant l'impact des différents systèmes de surveillance sur la rentabilité des banques. Dans l'ensemble, l'impact de la structure de surveillance est faible. Un surveillant unique accroît la performance des banques.

    Ainsi, pour mesurer la taille du secteur bancaire dans l'économie, l'indicateur le plus approprié en raison de sa simplicité est le ratio « M2/PIB » qui traduit la profondeur financière d'un pays. Dans les travaux de Chouchane-Verder A., (2004), par exemple, c'est le modèle du Financial Deepening (approfondissement financier) de McKinnon (1973) et Shaw (1973) qui est considéré. Selon ce modèle, le développement financier se définit comme un système financier libéré de toute intervention étatique. Autrement dit, seuls les mécanismes de marchés sont susceptibles d'assurer l'efficacité du système financier. Dans ces travaux, l'impact de la libéralisation financière est donc examiné à partir d'un indice de développement financier, dont l'originalité réside dans le fait que celui-ci prend en compte selon les coefficients de pondération variables plusieurs indicateurs (masse monétaire M2 sur PIB, quasi-monnaie sur PIB, crédit au secteur privé sur PIB, réserves bancaires sur M2, base monétaire sur M2). Il apparaît que les indicateurs quantifiables utilisés sont cohérents avec le modèle. La productivité du système bancaire au Cameroun est vue ici sous l'aspect de la transformation des dépôts en crédits dans le but de financer l'économie.

    Cette question posée présente pour le Cameroun un intérêt à trois niveaux :

    - Au niveau théorique : Il s'agit de porter l'analyse au-delà des mesures de la performance bancaire au Cameroun. La présente étude cherche plutôt à capter l'effet des normes prudentielles sur la rentabilité et la productivité bancaire. L'apport fondamental ici est d'une part l'introduction des variables réglementaires et d'autre part l'influence des variables macro-financières et macroéconomiques dans l'élaboration des mesures de la réglementation bancaire.

    - Au niveau méthodologique : Il s'agit à partir d'une approche économétrique (modèle s'appuyant sur une régression multiple) et statistique (analyse des tableaux et des graphiques) ; de tester les hypothèses ci-dessus. L'originalité à ce niveau est l'utilisation d'un modèle économétrique emprunté à Samy Ben Naceur (2003) s'inspirant de la fonction linéaire de Short (1979) pour l'estimation de la fonction de la rentabilité du système bancaire et la formulation linéaire suivant l'intuition de Gurley et Shaw (1960) pour la mesure de la productivité du système bancaire. Cette conception enrichit l'approche statique utilisée par Demartini (2004) qui consiste à étudier de façon trimestrielle le comportement des normes réglementaires sur la performance.

    - Au niveau de la politique économique : Enfin, ce travail apporte des compléments aux actions entreprises parles autorités pour combler tout écart pouvant exister dans la compréhension de l'influence mesures prudentielles sur les performances du système bancaire, et sur l'économie camerounaise qui subit les offres de la crise financière actuelle.

    Au regard de la problématique retenue, la présente étude se charge d'évaluer la contribution de la réglementation prudentielle sur les performances du système bancaire camerounais ces dernières années, à l'heure où le processus de réforme des normes prudentielles est fortement engagé. Plus spécifiquement, il est question de mesurer comment la réglementation prudentielle affecte la rentabilité du système bancaire (rentabilité des actifs) d'une part, et d'autre part d'analyser en quoi les normes réglementaires influencent la productivité du système bancaire (niveau du développement financier) au Cameroun.

    Pour atteindre les objectifs ci-dessus, l'étude retient comme hypothèse principale : La réglementation prudentielle des années 90 à un impact positif sur les performances du système bancaire au Cameroun. Cette hypothèse est éclatée en deux hypothèses spécifiques à savoir : la réglementation prudentielle a un effet positif sur la rentabilité bancaire au Cameroun et la réglementation prudentielle a une influence positive sur la productivité bancaire au Cameroun.

    Toutes ces hypothèses seront testées par une méthodologie qui prendra deux formes et utilisera principalement deux outils empiriques (statistiques et économétrique). Le test de stationnarité des variables est effectué à travers le test de Dickey-fuller. Ce qui permettra de procéder à l'estimation des paramètres par la méthode des moindres carrés ordinaires en vérifiant les hypothèses fondamentales du modèle linéaire de régression multiple. Notamment, les hypothèses concernant la distribution des erreurs, concernant les variables explicatives, l'absence de colinéarité des variables exogènes. Les tests de significativité de Student et de Fischer seront analysés. Pour y arriver, il est utilisé le logiciel STATA O9. Cette analyse donne une idée sur l'évolution de la rentabilité et la productivité suivant chaque trimestre au Cameroun ceci pour avoir une connaissance précise pour l'économie camerounaise.

    Pour mettre en relief l'effet du cadre réglementaire et institutionnel camerounais sur les performances du système bancaire, deux parties sont développées : La première analyse la contribution du dispositif réglementaire à la réinstallation de la rentabilité bancaire au Cameroun. Elle a pour titre : La réglementation prudentielle : un moyen de restaurer la rentabilité bancaire au Cameroun. Le but est de mesurer de quelle façon la réglementation prudentielle affecte la rentabilité du système bancaire (rentabilité des actifs) au Cameroun. La deuxième partie montre l'apport du système réglementaire au développement de la productivité bancaire au Cameroun. Elle a pour titre : La réglementation prudentielle : un moyen de renforcement de la productivité bancaire au Cameroun. Le but est d'évaluer de quelle manière les normes réglementaires influencent la productivité du système bancaire (niveau du développement financier) au Cameroun.

    PREMIERE PARTIE 

    REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UN

    MOYEN DE RESTAURER LA RENTABILITE

    BANCAIRE AU CAMEROUN

    INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

    Les banques au Cameroun favorisent l'activité économique de diverses manières. De multiples études telles que (Levine, 1996) montrent que l'efficacité des intermédiaires financiers peut aussi influencer la croissance économique. De plus certaines études établissent une relation entre la rentabilité des banques et les taux d'intérêts. Qu'en est-il des banques camerounaises ? Sont-elles des institutions financières efficaces et bien structurées qui, en l'absence de réglementation, peuvent dominer le paysage financier ? Une meilleure compréhension des politiques bancaires nécessite une connaissance approfondie des déterminants de rentabilité bancaire. Si l'étude de l'influence de certains indicateurs sur les résultats bancaires occupe depuis longtemps une place importante dans la littérature économique et financière, un nouvel éclairage de la question est nécessaire. D'une façon générale, il devient impératif d'appréhender les conséquences des variations de ces indicateurs sur les résultats des intermédiaires financiers au sein du pays.

    La question centrale ici est de savoir si l'application des mesures prudentielles s'est réellement traduite par une amélioration de la rentabilité bancaire au Cameroun ? Cette première partie vise à montrer comment les caractéristiques des banques et l'environnement financier affectent la rentabilité des banques camerounaises. Singulièrement, le but principal de cette partie est d'examiner de façon approfondie la relation entre la rentabilité et les caractéristiques du système bancaire. Il s'agit de montrer que parmi les indicateurs potentiels de rentabilité, la réglementation prudentielle apparaît la plus pertinente pour rétablir la rentabilité bancaire au Cameroun. L'hypothèse sous-jacente est que la réglementation prudentielle influence positivement la rentabilité bancaire au Cameroun.

    Pour y parvenir, la présentation est faite en deux chapitres. Le chapitre 1 a pour titre : Réglementation prudentielle et résolution de la crise bancaire au Cameroun. Le but est d'évaluer la contribution du dispositif réglementaire à résoudre de manière optimale les problèmes nés de la crise du système bancaire de la fin des années 80. Le chapitre 2 a pour titre : Le dispositif prudentiel comme pilier de la rentabilité des actifs bancaires au Cameroun. Le but est de mesurer l'impact des ratios prudentiels dans la détermination de la rentabilité des actifs (ROA) dans le souci de rendre le système bancaire stable. La méthode la plus appropriée pour traiter ce genre de problème est la méthode de régression multiple. Les résultats tant statistiques qu'économétriques sont proposés.

    CHAPITRE I : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE ET

    RESOLUTION DE LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN

    REGLEMENTATION PRUDENTIELLE AU CAMEROUN.

    INTRODUCTION

    Le Cameroun a connu à la fin des années 80 une crise économique qui a touché tous les secteurs publics et privés, surtout le secteur bancaire. La crise bancaire camerounaise comprenait trois composantes fondamentales : la crise de solvabilité, la crise de liquidité et la crise de rentabilité. Depuis le début des années 90, le Cameroun s'est engagé dans la voie de la restructuration et de la libéralisation de son système bancaire en appliquant le plan d'ajustement structurel (P.A.S) des institutions financières internationales.

    La restructuration impose la plupart du temps une réglementation prudentielle. Par nécessiter, la restructuration du système bancaire s'est avérée indispensable pour enrayer la crise bancaire de la fin des années 80 qui entravait le retour à la croissance économique du Cameroun (Abega, 1995). Elle n'était pas suffisante et il a fallu adjoindre la libéralisation bancaire pour espérer les résultats favorables et un retour rapide à la croissance économique. La restructuration du système bancaire avec sa libéralisation est une posologie des institutions financières internationales (le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale) pour entraver les conséquences néfastes de la crise bancaire camerounaise et pour faire diminuer la probabilité de faillites bancaires (Bekolo Ebe, 1991). Après une vingtaine d'années d'application, il est intéressant de se poser la question de l'efficacité de ce remède financier.

    La réglementation prudentielle préconisée par les institutions financières internationales peut-elle améliorer les résultats bancaires et contribuer à ramener la croissance économique ? De manière précise, l'application et le respect des différents ratios prudentiels a-t-elle résolu de manière optimale les problèmes nés de la crise du système bancaire de la fin de années 80 et fait disparaître dans le système bancaire les stigmates de la crise bancaire de la fin des années 80 ?

    Les institutions internationales ont affirmé que cette posologie allait améliorer de façon optimale la stabilité du système bancaire. Par sa gravité et sa violence, la crise bancaire de la fin des années 80 mérite des interrogations car elle est multidimensionnelle, conjuguant en fait trois crises : la crise de solvabilité, la crise de liquidité et la crise de rentabilité. L'application du plan d'ajustement structurel a produit certains résultats positifs mais il a aussi entraîné ou fait surgir d'autres problèmes. Il a connu également des échecs par rapport aux objectifs initiaux à atteindre. Quelles sont les perspectives de la réglementation prudentielle et les modifications que l'on peut apporter pour l'adapter à l'environnement économique actuel marqué par la globalisation financière et la mondialisation des économies ? Pour y parvenir, la section I présente la crise bancaire au Cameroun à la fin des années 80 et la section II étudie les perspectives de la réglementation prudentielle en vue de résoudre le problème de la crise.

    SECTION I : LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN

    Depuis l'indépendance en 1960, le Cameroun a connu une croissance économique régulière jusqu'au milieu des années 80. A la fin des années 80, le Cameroun a subi une crise bancaire dont les causes sont multidimensionnelles (Touna Mama, 1996). Dans cette section, il est présenté les causes de la crise. Ces causes multidimensionnelles (Groupe ESF, 1990), peuvent se répartir en deux groupes : les causes exogènes et les causes endogènes au système bancaire. Pour les causes exogènes, elles sont les causes historiques, les causes institutionnelles, les causes politico-administratives et les causes conjoncturelles. En ce qui concerne les causes endogènes, elles sont en général dues à une politique hasardeuse de distribution du crédit et à la gestion incontrôlée et risquée des banques (Sandretto et Tiani, 1993). A la suite de ces causes, la crise bancaire s'est caractérisée par une série de faillites bancaires et d'importantes banques liquidées par les pouvoirs publics.

    I - LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN

    La crise bancaire au Cameroun fait suite à de multiples causes à la fois exogènes et endogène qui ont provoqué des faillites de plus en plus importantes dans le système bancaire camerounais.

    1- Les causes exogènes de la crise bancaire

    Les causes exogènes peuvent se définir comme les causes dont les décisions ne dépendent pas directement des employés du secteur bancaire. Nous savons que certaines décisions prises hors du secteur bancaire (par exemple, l'administration publique) peuvent avoir une influence directe ou indirecte sur le système bancaire. De plus les causes lointaines à la crise comme les causes historiques sont aussi considérées comme des causes exogènes. Les développements suivants présentent de manière succincte les causes historiques, les causes politico- administratives, les causes conjoncturelles et les causes institutionnelles considérées dans la crise bancaire camerounaise de la fin des années 80 comme des causes exogènes.

    1.1- Les causes historiques

    Les causes historiques sont liées à la colonisation. En effet, l'implantation des banques au Cameroun date du début du 19ème siècle avec la colonisation allemande. Les banques allemandes ont constitué des réseaux de comptoirs commerciaux opérant des transferts de fonds vers la métropole. La clientèle des banques coloniales était constituée des sociétés industrielles étrangères et des sociétés multinationales régissant dans les colonies qui avaient comme vocation l'exploitation des ressources naturelles (les matières premières et les cultures de rente) pour ravitailler les industries de la métropole. En d'autres termes, la relation entre le Cameroun et les anciens pays colonisateurs (l'Allemagne, l'Angleterre et la France) a été pendant certaines années une relation d'exploitation des ressources pour leur développement.

    L'économie camerounaise durant la colonisation a été centrée à l'exportation et au commerce des matières premières et des cultures de rente. En fait, les populations ont toujours été exclues du secteur bancaire colonial. Elles étaient confinées dans une économie traditionnelle basée sur le troc et exclue du système bancaire colonial à savoir elles n'avaient pas de pouvoir d'achat monétaire quantifiable. En somme, l'implantation originelle des banques au Cameroun s'est ainsi opérée dans le cadre de la politique de colonisation ou de consolidation du pouvoir politico financier de la métropole. Les banques coloniales ont joué ainsi le rôle de relais de l'idéologie coloniale en refusant toute intrusion de la population camerounaise dans l'économie coloniale.

    La fin de la première guerre mondiale a placé le Cameroun sous mandat français par la société des nations (SDN) et sous une autre forme d'exploitation bancaire coloniale avec la zone franc. En fait, la France a conçu d'autres mécanismes de domination monétaire (Gérardin, 1989). La France, détentrice du pouvoir politique, s'est aussi appropriée le pouvoir monétaire, celui de créer de la monnaie fiduciaire. La monnaie n'était pas destinée à la mise en oeuvre des forces productives mais elle avait plutôt le rôle de favoriser l'exploitation par la métropole des ressources utiles et de faire tourner les usines de la métropole. En d'autres termes, elle jouait à la colonie le rôle de réserve de matières premières et de débouchés pour les produits finis. La dépendance est un phénomène pluridimensionnel car elle présente au niveau financier plusieurs types de stratégies d'exploitation. Par exemple, la dépendance financière française est une situation où un groupe de pays est conditionné par l'évolution d'un autre pays. La zone franc (Martin, 1986) est une application de ce système de la dépendance financière. Le développement économique des pays francophones est ainsi conditionné par le probable développement économique de la France.

    1.2- Les causes institutionnelles

    L'appartenance à la zone franc impliquait le respect d'un certain nombre de règles qui s'appuyaient sur la garantie de convertibilité, la parité fixe et la transférabilité des capitaux. La garantie de convertibilité stipulait que la France doit fournir au Cameroun des devises dont il a besoin, mais en revanche le Cameroun devait déposer 65% de ses avoirs extérieurs dans son compte d'opérations auprès du Trésor français. La rétention des avoirs du Cameroun dans le compte d'opérations par le Trésor français l'a certainement privé des moyens de développer son industrie ou son économie. En d'autres termes, si le Cameroun avait ses propres devises, il pouvait facilement financer ses banques en vue de soutenir ses investissements. De plus, l'ampleur de la crise de liquidité de la fin des années 80 aurait été sûrement moindre. Cette garantie n'était qu'une centralisation des devises dans le compte d'opérations pour le développement de la métropole. En plus, le processus de compte d'opérations appliqué dans la zone franc a diminué la marge des manoeuvres des autorités monétaires pour la définition d'une politique cohérente de crédit.

    La règle de la parité fixe entre le franc français et le franc CFA a été toujours présenté comme une garantie du système financier pour le Cameroun. Les dévaluations successives ont mis en défaut cette règle de garantie et renchéri les importations d'autres pays autres que la France. Le Cameroun a connu des révisions à la baisse de la parité du franc CFA par rapport au franc français en août 1969 (12,50%), en octobre 1981 (3%), en juin 1982 (5,75%), en mars 1983 (2,5%), et en juin 1988 (50%). Elles ont porté un coup dur à l'économie camerounaise. L'alourdissement de coût des importations a entraîné des sorties massives de fonds qui ont aggravé l'illiquidité des banques. Les dévaluations successives ont produit des dépréciations des avoirs en devises détenus par les banques centrales et libellés en franc français.

    Toute mutation de la parité du franc français par rapport aux devises étrangères s'est répercutée sur le franc CFA. En plus des dévaluations, ces diverses mutations ont entraîné ou accentué des décaissements importants du Cameroun pour assurer le remboursement de sa dette extérieure. La libre transférabilité des devises entre la France et le Cameroun a entraîné également une fuite facile des capitaux vers les banques étrangères où les taux d'intérêt étaient plus attrayants. Dans les années 80, la fuite des capitaux s'est intensifiée avec l'instauration de la politique libérale et à cause de certains évènements politiques et de certaines décisions de la banque centrale (putsch manqué de 1984, l'arrêt du rachat des billets émis par la BEAC en circulation hors zone franc, etc....). Ceci s'illustre par la présentation dans le tableau 1 de l'évolution des sorties des billets de la zone BEAC de 1985 à 1993.

    Tableau 1. Evolution des sorties de billets de la zone BEAC de 1985 à 1993 (milliards de francs CFA)

    Années

    Exportations

    Rachat des billets

    auprès de la

    Banque de France

    Pourcentage

    1985

    1986
    1987
    1988
    1989
    1990
    1991
    1992
    1993

    173,44

    189,94

    237,35

    292,28
    239,54
    231,44
    244,20
    312,13
    146,87

    73,09
    91,23
    141,92
    203,96
    151,48
    137,31
    137,20
    185,73
    110,32

    42,00%
    48,00%
    60,00%
    70,00%
    63,00%
    59,00%
    56,18%
    59,50%

    75,11%

    (Source : documentation BEAC)

    La libre transférabilité des capitaux entre la zone franc et la France a incité les opérateurs économiques à effectuer des placements de capitaux dans les banques étrangères où les taux d'intérêts étaient plus élevés ou attrayants. Ce principe de libre transférabilité a privé les banques camerounaises de ressources d'épargne qui leur auraient permis de résister probablement à la crise de liquidité. La zone BEAC a souffert de la sortie de plus en plus de billets dans les années 80. En 1985, la BEAC a racheté ces billets pour une valeur de 175 milliards de francs CFA. En 1988, ce rachat a atteint près de 295 milliards de francs CFA. Notons que la grande partie de cette sortie de billets BEAC s'est effectuée vers la France.

    1.3- Les causes politico-administratives

    Les causes politico-administratives sont liées à une politique économique d'inspiration keynésienne et à l'implication de l'Etat dans le secteur bancaire ou l'extension de la tutelle de l'Etat dans les institutions financières. La politique keynésienne consacrait un rôle important de l'Etat dans la sphère économique. La législation camerounaise née de l'indépendance a obligé les institutions à réserver à l'Etat ou aux organismes publics une part importante de leur capital. Cette obligation s'est matérialisée non seulement par la forte participation de l'Etat dans le capital des banques et la création des banques publiques ou de développement, mais aussi par son influence dans les prises des décisions dans des divers conseils d'administration des institutions financières et des nominations par l'Etat des représentants dans la gestion des banques. Cette influence a permis à l'Etat de faire mettre en place une politique d'encadrement du crédit bénéficiant aux entreprises publiques. En effet, Certaines entreprises publiques ont eu des crédits auprès des banques à la faveur des pressions politiques. Nous avons constaté que les encours de crédits distribués aux entreprises publiques ont triplé de 1976 à 1986. Cette distribution généreuse et incontrôlée des crédits a bénéficié à beaucoup de personnes et engendré un enrichissement de certains citoyens camerounais dits « protégés du pouvoir en place »8(*). Elle a fait naître des hommes d'affaires occasionnels qui ne savaient pas comment gérer les fonds empruntés. Par manque d'expérience, ils ont dirigé ces fonds vers des activités spéculatives : l'import-export et l'immobilier. En fait, ces pratiques interventionnistes ont enfoncé davantage les banques dans une crise d'illiquidité. En somme, les pouvoirs politico-administratifs ont aussi participé aux faillites bancaires de la fin des années 80 qui ont entraîné la liquidation de la plupart des banques importantes au Cameroun.

    1.4- Les causes conjoncturelles

    Les causes conjoncturelles sont liées à l'environnement économique des années 80 caractérisé par une baisse des recettes d'exportations suite à une diminution des prix des matières premières et des cultures de rente (cacao, café, coton, etc...) sur les marchés mondiaux. La chute des recettes d'exportations a entraîné une baisse des dépôts ou de l'épargne auprès des banques et une chute des recettes budgétaires.

    Le tableau 2 présente l'évolution des dépôts bancaires de la zone BEAC. Les dépôts bancaires ont connu un accroissement remarquable entre 1980 et 1986 en passant de 445 milliards de francs CFA à 1270 milliards de francs CFA soit une hausse de près de 295%. Les dépôts nationaux pour la même période sont passés de 350 milliards de francs CFA à 1120 milliards de francs CFA, soit un accroissement de près de 302%. Par contre, à partir de 1986, la baisse des recettes d'exportations a provoqué la chute des dépôts bancaires. De 1986 à 1989, les dépôts bancaires de la zone BEAC sont passés de 1270 milliards de francs CFA à 890 milliards de francs CFA, soit une réduction de près de 30%. Les dépôts nationaux sont passés dans la même période de 1120 milliards de francs CFA à 750 milliards de francs CFA soit une baisse de 33%. L'accroissement des recettes des années 70 et du début des années 80 avait incité les banques commerciales à essayer d'étendre leur réseau dans les zones pastorales et agricoles.

    Tableau 2. Evolution des dépôts bancaires de la zone BEAC de 1980 à 1989 (milliards de francs CFA)

    Déposants

    1980

    1982

    1984

    1985

    1986

    1988

    1989

    -Déposants nationaux

    .Déposants publics et parapublics

    .Déposants privés

    -Déposants étrangers

    . Organismes internationaux

    . Etrangers africains

    . Etrangers non-africains

    351,1

    195

    156,1


    94
    5,9
    7,5
    80,6

    634,1

    317,6

    316,5


    123,1
    2,5
    10,9
    109,7

    903,5

    482

    421,5


    141
    11,6
    21,9
    108

    1053,8

    585,3

    468,5


    151

    6,8
    21,1

    123,1

    1119,9

    602,7

    516,3


    148,3
    7,7
    22,5
    118,1

    911,7

    457,2

    454,5


    135,9
    9,5
    25,6
    100,8

    752,9

    298,3

    457,1


    134,8
    7,9
    21,1
    105,8

    Total des dépôts bancaires

    445,1

    757,2

    1045

    1204,8

    1267,3

    1047,6

    890,2

    (Source : bulletin BEAC, N°193 juin-juillet 1992)

    Des agences et des guichets périodiques ont été créés dans ces zones pour assurer la collecte de l'épargne. Les dirigeants des banques n'ont pas su développer des options stratégiques adéquates leur permettant de fructifier les dépôts enregistrés pendant la période de la conjoncture favorable. La baisse des dépôts a fait ressortir la précarité de la liquidité des banques et la fragilité des diverses stratégies de développement des banques.

    Dans les secteurs publics et parapublics, la tendance des dépôts s'est également inversée. En fait, les dépôts ont régressé de 1986 à 1989 de 603 milliards de francs CFA à 305 milliards de CFA, soit une baisse de près de 50%. L'Etat ne pouvait plus assurer ses engagements auprès de ses fournisseurs qui s'étaient endettés dans les banques pour les travaux publics. Ces prêts sont devenus des créances douteuses et irrévocables. Les diverses entreprises ont ainsi renoncé aux projets d'investissements et réduit leur personnel à cause de la contraction des offres de marché public. De plus, la hausse des taux d'intérêts au niveau mondial a accru les services de la dette. Ces ingrédients rassemblés ont aggravé les crises de solvabilité et de l'illiquidité observées au Cameroun à la fin des années 80.

    La crise bancaire camerounaise peut se résumer en trois phases : la phase de fragilisation du système bancaire, la phase des fluctuations des trésoreries et la phase de l'effondrement du système bancaire. Ces phases ne sont que l'aboutissement d'une longue évolution car la première phase a débuté en 1973 avec la camerounisation9(*) des banques et l'essoufflement du système bancaire post-colonial. Les réformes bancaires de 1973 avaient pour objectif d'impulser le développement des entreprises par des investissements nouveaux et de promouvoir le développement économique et social.

    La deuxième phase a été matérialisée par les subventions de l'Etat avec les ressources financières pétrolières aux banques. Non seulement les banques ont accumulé des pertes dues aux divers crédits non remboursés, elles se sont autorisées aussi des erreurs de gestion. Les ressources financières pétrolières injectées par l'Etat dans les banques leur ont permis une réorientation de leurs activités vers les marchés financiers internationaux offrant des rémunérations plus élevées pour combler leurs déficits. Les profits ainsi réalisés ont été malheureusement insuffisants pour enrayer l'insolvabilité des banques. La situation de liquidité dans laquelle les banques réussissaient à se maintenir n'était que précaire.

    En 1987, la baisse forte et simultanée des cours des produits d'exportations : le pétrole, le café, le cacao, etc... a déclenché la troisième phase ou l'effondrement des banques ou du système bancaire. La compression des recettes de l'Etat a entraîné des faillites bancaires et une panique des agents. Les retraits des banques sont devenus massifs tandis que les organismes publics avaient diminué leurs dépôts dans les diverses banques. La confiance chancelante envers le système bancaire a été mise à rude épreuve. La plupart des banques étaient incapables de faire face à cette ruée contagieuse entraînant l'effondrement du système bancaire.

    2- Les causes endogènes de la crise bancaire

    Les causes endogènes de la crise bancaire sont liées aux quatre grandes fonctions des banques : la fonction de financement, la fonction de gestion des moyens de paiement, la fonction de mutualisation des risques et la fonction de courtage. Les banques sont apparues défaillantes par rapport à ces quatre fonctions. Ces diverses causes endogènes peuvent être regroupées en quatre points. La surbancarisation, la politique hasardeuse du crédit, la mauvaise gestion des banques et l'absence d'innovations en produits bancaires. L'échec éclatant des banques de développement est dû à d'autres causes supplémentaires : la déspécialisation des banques de développement, le manque de contrôle et de suivi des crédits accordés, le détournement des missions primaires, etc...

    2.1- La surbancarisation des zones urbaines et la

    sousbancarisation des zones rurales

    Après l'indépendance, le nombre de banques au Cameroun s'est accru. Les banques commerciales se sont multipliées pour se disputer un marché bancaire encore trop étroit. Non seulement, il y a eu d'autres banques d'origine française, les banques anglo-saxonnes sont également venues s'ajouter à un marché local déjà étroit. L'Etat a aussi crée ses banques de développement. Cette surbancarisation a entraîné une concurrence rude entre les banques qui proposaient presque les mêmes produits financiers. Elle a aussi entraîné une diminution des marges bénéficiaires des banques. Notons que cette surbancarisation a eu lieu seulement dans les zones urbaines, les zones rurales étaient restées sous-bancarisées. Cette politique de bancarisation à deux vitesses du Cameroun a entraîné une absence de politique bancaire cohérente nationale et un certain désordre dans l'exercice des activités bancaires.

    2.2- La politique hasardeuse de crédit

    La plupart des crédits octroyés n'étaient pas précédés par une étude approfondie de la solvabilité des bénéficiaires. Les documents des établissements financiers font apparaître trois types de risques auxquels étaient confrontés les banques camerounaises : le risque de solvabilité, le risque d'illiquidité et le risque des taux d'intérêt. Le risque de solvabilité n'était pas assez couvert avec les études peu approfondies menées pour la capacité de remboursement des crédits par les bénéficiaires. Les banques camerounaises ont connu une illiquidité croissante depuis le début des années 80 car elles ne disposaient plus de ressources suffisantes pour faire face au retrait des déposants à cause du manque de confiance du public au système bancaire. La situation conjoncturelle internationale a placé les banques face au risque de variabilité des taux d'intérêt. En effet, il était devenu difficile aux banques de prévoir leurs marges bénéficiaires pour les crédits distribués (Borio, 2009).

    Les divers crédits accordés concernaient les secteurs immobiliers et commerciaux et non les investissements productifs industriels. De plus, ces crédits étaient concentrés sur quelques catégories sociales, notamment les cadres du secteur public et privé. Ces cadres obtenaient parfois ces crédits sous la pression de l'Etat sans qu'on ne se soucie de leur solvabilité. Ces débiteurs insolvables ont crée dans les banques de nombreuses créances douteuses. Sous la pression de l'Etat, les banques camerounaises ont essayé de prolonger leurs concours à des entreprises en difficulté ou même en cessation de paiement mais jugées stratégiques par l'Etat. Cette politique hasardeuse des crédits a entraîné la crise de solvabilité des banques à cause du non- recouvrement des crédits distribués (Borio and Zhu, 2008).

    2.3- La mauvaise gestion des banques

    Les choix de gestion des dirigeants des banques au Cameroun à la fin des années 70 se sont révélés catastrophiques pour leur fonctionnement normal. La plupart des banques camerounaises se sont engagées dans des programmes immobiliers coûteux de prestige : la construction des sièges sociaux de prestige, la multiplication des agences dans les villes, etc... Les frais généraux et les charges d'exploitation n'ont cessé d'augmenter entraînant la non rentabilité de certaines banques. De plus, les frais de personnel ont alourdi également les charges des banques avec des salaires très élevés par rapport à ceux du personnel des entreprises. Les banques camerounaises disposaient aussi des effectifs pléthoriques.

    Les banques de développement ont été créées grâce au concours financiers des organismes bilatéraux et multilatéraux. Elles avaient pour mission de soutenir la croissance économique en accordant des prêts à des taux préférentiels à des secteurs jugés prioritaires comme par exemple : l'agriculture, l'habitat social, etc... Les banques de développement se sont consacrées à tort à d'autres missions autres que leurs missions originelles pour essayer de diversifier leurs produits financiers. Elles ont essayé d'investir dans d'autres secteurs qui se sont révélés par la suite très risqués. A cause des diverses pressions et à des pratiques non recommandées, la gestion des banques de développement restée incontrôlée est devenue catastrophique.

    L'analyse des bilans des diverses banques camerounaises a fait ressortir trois types de risques (risque de crédit, risque d'illiquidité, risque de taux) de l'activité bancaire dont les dirigeants devaient éviter pour une gestion harmonieuse des établissements financiers. Le traitement des comptes bancaires a fait ressortir de nombreuses erreurs commises pour masquer l'état de délabrement des banques. La Société d'Ingénierie Bancaire Internationale a révélé que 236 milliards de créances saines ont été transformées en créances douteuses. Toutes ces créances douteuses estimées à 490 milliards de francs CFA sont dues à l'action d'un personnel non qualifié et peu compétent qui exerçait dans les banques (Borio and Lowe, 2002).

    L'absence des structures de contrôle de gestion des établissements de crédits a favorisé également un certain nombre de dérapages au niveau du non respect des règles prudentielles. Le non respect de certains ratios (le ratio de solvabilité, etc...) a compromis la liquidité et la solvabilité des établissements financiers car par exemple, le ratio de solvabilité10(*) rassure souvent les déposants de la certitude d'entrer en possession de ses fonds à tout moment.

    2.4- L'absence d'innovation en produits bancaires adaptés

    La plupart des produits bancaires « nouveaux » à l'instar de crédit équipement, crédit immobilier, bon de caisse, dépôts à terme, n'étaient que des transpositions des produits existants dans les pays industrialisés. Ces produits ont été souvent introduits au Cameroun sans une étude approfondie pour leur adaptabilité. Les banques camerounaises s'efforçaient tout juste de changer le nom du produit bancaire européen et de le proposer à la clientèle. Malheureusement, ils ont été souvent rejetés car ils ne répondaient pas aux besoins de la clientèle. Par rapport aux difficultés des années 80, les banques camerounaises n'ont pas pu mettre sur le marché bancaire des produits bancaires adaptés. Ce manque de produits bancaires répondant aux besoins de la clientèle a largement pénalisé les dépôts. Malgré toutes ces difficultés, les banques n'ont pas pu mettre en oeuvre des produits bancaires dynamiques pour mobiliser les ressources disponibles contre la crise bancaire. Le tableau 3 illustre le processus d'évolution de la crise bancaire de 1973 à 1987. On observe que les banques n'ont pas su jouer leur rôle d'intermédiaire financier

    Tableau 3. Processus d'évolution de la crise bancaire au Cameroun

    1973 - 1982

    1982 - 1987

    Après 1987

    Crise de solvabilité

    Crise de solvabilité

    +

    Crise de rentabilité

    Crise de solvabilité

    +

    Crise de rentabilité

    +

    Crise de liquidité

    (Source : documentation BEAC)

    La crise de solvabilité était surtout due à la politique hasardeuse et incontrôlée de distribution des crédits souvent sous la pression de l'Etat. La norme prudentielle du ratio de solvabilité étant fixée à 5%. La crise de rentabilité était due au fait que les banques se soient lancées dans des programmes immobiliers coûteux : la construction des sièges prestigieux, des agences et le recrutement d'un personnel pléthorique et non formé. De plus, le manque de confiance au système bancaire a entraîné brusquement la ruée (ou la course) aux guichets de la clientèle pour retirer leurs dépôts. En effet, cette crise de rentabilité peut aussi se mesurer par l'évolution des impôts versés à l'Etat par le secteur bancaire qui a connu une réduction de plus de 70% à la fin des années 80. La libre transférabilité des capitaux a entraîné aussi une fuite de capitaux. La forte détérioration des capitaux propres est due à l'accumulation des créances douteuses. De plus, les clients des banques ont décidé de retirer leurs dépôts avec la perte de confiance au système bancaire. Les banques n'ont pas été capables de répondre à la demande imprévisible des retraits des déposants amenant certaines banques à liquider une partie de leurs actifs. Les pertes enregistrées par les ventes d'actifs ont été sérieuses pour certaines banques. Les défaillances de certaines banques ont entraîné une certaine panique et pousser d'autres déposants à se précipiter dans les banques pour tenter de sauver une partie de leurs avoirs. Le ratio de liquidité des banques étant fixé à 70% en 1989, on peut, par exemple, relever que la CAMBANK ne disposait que de 7,5 milliards de francs d'actifs liquides sur un passif exigible de 38,64 milliards de francs CFA, soit 19%. Les ratios de liquidité de PARIBAS-Cameroun, de la SCB et de la BCD étaient respectivement de : 69,8%, 79% et 84% (Documentation BEAC).

    A la suite de ces causes, la crise bancaire s'est caractérisée par une série de faillites bancaires et d'importantes banques liquidées par les pouvoirs publics.

    II - LES FAILLITES BANCAIRES AU CAMEROUN

    La crise bancaire de la fin des années 80 a été caractérisée par une série de faillites bancaires dues aux différentes causes énumérées ci-dessus. D'importantes banques ont fait faillites et ont été liquidées par les pouvoirs publics. En guise d'exemple, nous avons : la Société Camerounaise de Banque (SCB), la Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC), la Cameroun Bank Limited, la Banque de paris et des Pays-Bas du Cameroun (PARIBAS-CAM), etc...Les succursales des grandes banques anglo-saxonnes se sont retirées de la sphère financière nationale. On peut citer: la Chase Bank of Cameroon, la Boston Bank of Cameroon et la Bank of America Cameroon. Les organismes financiers de développement comme la Banque Camerounaise de Développement (BCD) et le Fonds National de Développement Rural (FONADER) ont fermés. La Société Camerounaise de Banque (SCB) et la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) ont été les premières banques commerciales à faire faillite en 1988, suivies de la Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale du Cameroun (BIAOC) et la Bank of Commerce and Crédit Cameroon en 1991 et de la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) et du Crédit Agricole du Cameroun en 1995.

    1- Effet de contagion des faillites bancaires

    Hormis les causes exogènes et les causes endogènes, le ralentissement de l'activité économique générale découlant de la baisse des recettes d'exportation des matières premières et des problèmes dans le fonctionnement des secteurs publics et privés n'ont fait qu'aggraver les conséquences de la crise bancaire camerounaise. En 1981, on a constaté une décroissance du produit intérieur brut qui s'est accentuée en 1986 malgré le léger relèvement de 1985. Le produit intérieur a atteint son niveau le plus bas en 1988.

    L'étude du comportement des clients des diverses banques a fait ressortir un effet de contagion (Goodhart, 1983). Lors de la crise bancaire de la fin des années 80, on a observé une course aux guichets pour le retrait en masse des fonds par les divers déposants. Cette ruée vers les guichets des diverses banques a ressemblé à un mouvement de panique bancaire car les divers retraits se sont effectués sans distinction (toutes les classes sociales) et dans un temps assez court. Cette panique a été de longue durée car elle a entraîné des problèmes dans certaines banques solvables et menacé d'effondrement tout le système bancaire camerounais. La menace était due essentiellement au fait que ceux qui retiraient leurs fonds ne les déposaient pas dans les banques saines ou solvables du Cameroun, mais dans les banques à l'étranger (dans les pays européens plus précisément en France et en Suisse).

    Le problème du contrôle de la meilleure gestion de la banque révèle des difficultés de traitement des informations pour les accords de crédits, car la dette d'une banque est souvent répartie au sein d'un grand nombre de petits déposants parfois peu informés ou compétents. L'hétérogénéité des emprunteurs potentiels pose le problème de la sélection car pour les divers clients, les risques ne sont pas les mêmes. Les emprunteurs présentent à la banque des projets différents (risques divers et rentabilité différente) et une meilleure sélection ne peut s'opérer que sur la base des infirmations objectives ou fiables. Les banques ont développé des méthodes ou des outils statistiques sophistiqués (scoring, économétrie non linéaire, etc...) pour évaluer la probabilité de défaillance d'un emprunteur à partir de quelques variables fondamentales, des analyses attentives des situations financières et des études sur des perspectives sectorielles correspondante. L'aléa moral concerne principalement le problème du comportement de l'emprunteur après l'obtention du crédit ou de la signature du contrat de crédit. En effet, l'emprunteur peut moduler la mise en place réel de son projet d'investissement ou ne même plus réalisé l'objet du crédit obtenu. Il peut aussi détourner au détriment du créancier les résultats du crédit ou prendre les décisions plus ou moins conformes avec le respect de ses engagements initiaux. La réussite de tout projet d'investissement financé par une banque nécessite pour cela une part de contrôle du créancier pour réduire l'aléa moral ou les actions cachées. L'effet de l'information dans l'activité bancaire peut également être source de difficultés ou de faillites bancaires. La ruée contagieuse du comportement des déposants lors de la crise bancaire de la fin des années 80 a été due en partie à la circulation et au traitement des informations. Le système d'acquisition et de propagation des informations de « bouche à oreille » est très développé au Cameroun mais reste peu fiable pour la transmission des informations.

    2- Les risques de faillites bancaires au Cameroun

    Les risques de faillites bancaires font partie du paysage quotidien des activités de tout système bancaire. Le risque bancaire présente un caractère endogène c'est-à-dire l'exercice de la banque est une activité risquée dans laquelle les catastrophes sont possibles avec des conséquences graves potentielles (Chiappori et Yanelle, 1996). Aucune banque n'est exempte du risque dans son fonctionnement car toute décision de crédit est fonction de la rentabilité ex-anté (ou prévisionnelle) de l'opération. Cette rentabilité ex-anté est souvent différente de la rentabilité ex-post à cause des problèmes d'asymétrie des informations. En d'autres termes, l'activité bancaire a un rôle risqué d'intermédiation à cause des asymétries d'informations (informations incomplètes et/ou imparfaites) caractérisant le marché du crédit.

    Les risques bancaires sont multiples (Allen et Gale, 1994) ; ainsi dans la théorie, il est difficile de faire une typologie précise. Nous pouvons distinguer comme risques pour l'activité bancaire : le risque de dévalorisation, le risque de solvabilité, le risque de liquidité, le risque de taux d'intérêt, le risque systémique, etc.

    L'insolvabilité d'une banque peut venir aussi mettre en péril la solvabilité de ses contreparties dans les divers échanges. Une banque est non solvable quand elle n'arrive plus à faire face à ses engagements. Le risque de solvabilité d'une banque relève plus de sa mauvaise gestion et de suivi d'une politique hasardeuse et non adaptée à l'environnement économique. En d'autres termes, il est lié au fonctionnement interne de la banque. Le taux d'intérêt peut être fixé par les pouvoirs publics et par la banque centrale ou tout autre organisme habilité. En effet, les divers changements de taux d'intérêt peuvent entraîner des pertes financières sur les rémunérations des divers prêts ou crédits accordés. Il en est de même du taux de change sur les devises détenues par les banques. Ces instabilités de taux peuvent être préjudiciables ou entraîner des faillites pour les banques ayant pris trop de risque dans leur gestion. Le risque de taux peut entraîner également une dévalorisation de l'actif des banques.

    Le risque opérationnel est lié au fonctionnement interne des banques. Il résulte du manque de dissociation nette entre les diverses fonctions d'une banque et fait ressortir les problèmes des systèmes de gestion interne des informations de la banque. Ce manque de dissociation n'est que le résultat d'une mauvaise organisation des activités des banques.

    Le risque systémique concerne toute la sphère bancaire. Il s'agit d'un défaut d'une banque qui provoque la défaillance d'autres banques. Ce risque est matérialisé par une réaction en chaîne ou un effet de contagion (Fouda, 1999), aussi appelé effet domino, entraînant une faillite généralisée du système bancaire. Le risque systémique est un risque de diffusion de défaut aux contreparties. En fait, il pousse les banques à s'observer ou/et à accepter une structure de surveillance des activités bancaires (Aglietta, 1996). Cette surveillance mutuelle ou ce contrôle exige une certaine transparence dans la gestion et le fonctionnement des banques. La crise du secteur bancaire camerounais des années 80 présentait cet effet de contagion entre les diverses banques accentué par la concentration de toutes les banques dans les grandes villes. Le risque systémique est responsable en grande partie de la création de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC).

    Les risques internes sont liés au fonctionnement du système bancaire actuel et des produits bancaires. Certains produits, bien que se soient des modèles de produits européens ou américains, ne sont pas adaptés. On essaie parfois de les adapter et parfois de les mettre sur le marché bancaire sans aucune modification en prétextant des problèmes de coût d'étude ou d'autres coûts. L'adaptation se résume parfois juste au changement du nom du produit bancaire.

    Les risques externes sont liés à l'environnement économique national et international et au système financier national. L'information joue également un grand rôle au niveau des échanges entre les diverses banques, mais ces échanges nécessitent une certaine réglementation garantissant une certaine transparence des diverses opérations. Il faut également prévoir une structure de contrôle pour ces échanges d'informations entre les diverses banques. Les échanges d'informations interbancaires ne sont pas assez développés au Cameroun car le marché bancaire camerounais semble encore être le « chacun pour soi » pour la gestion des informations et des risques bancaires. Les dernières faillites bancaires (Crédit Agricole, Banque Unie du Crédit, FONADER, etc...) plaident pour une réglementation bancaire tenant compte de la mesure des risques bancaires.

    Diverses stratégies peuvent être prises par les banques pour réduire les divers risques. Pour les risques de dévalorisation, on peut utiliser la stratégie de couverture du risque à savoir la réalisation des contrats fixes ou opérationnels et/ou l'agrégation d'un grand nombre de petits risques indépendants. Le risque de rentabilité peut être réduit avec le mécanisme de l'assurance-dépôt car les conséquences de la crise de rentabilité s'apparentent à des bulles spéculatives. L'assurance-dépôt permet d'éviter la course aux guichets dans la mesure où les divers avoirs ne sont pas menacés par une éventuelle faillite. Si la faillite de la banque présente un effet de contagion ou domino assez important, alors l'Etat peut intervenir dans la sphère bancaire pour éviter d'autres faillites (Aglietta et Moutot, 1993) qui pourraient déstabiliser tout le système bancaire. Il existe certes des stratégies pour diminuer les risques de faillites bancaires, de surcroît la probabilité de faillite bancaire mais on ne saurait l'annuler car le risque est endogène à l'activité bancaire. Pour remédier à cette crise, des règles et lois régissant l'activité bancaire sont adoptées. De nombreuses attentes sont placées en elles.

    SECTION II- PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE AU CAMEROUN

    La réglementation bancaire du Cameroun avait pour objectif primaire l'assainissement financier du système bancaire. Cet assainissement devrait se faire au travers d'une nouvelle structure bancaire rationnelle. La réglementation prudentielle a été complétée par une réforme du dispositif informationnel qui contient une définition de la comptabilisation des opérations en fonction des acteurs. Dans cette section, il est question d'une part de présenter les sources et les objectifs de la réglementation et d'exposer les attentes de cette mesure d'autre part.

    I - PRINCIPES ET OBJECTIFS DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE

    La réglementation prudentielle du système bancaire camerounais repose sur trois textes publiés en 1990 et régie par une disposition communautaire de la COBAC portant sur l'organisation de la profession bancaire abrogeant certaines dispositions antérieures. Les textes de la réglementation bancaire ont des objectifs suivants : la redéfinition des établissements de crédit, la fixation du capital minimum et la définition des conditions et des modalités des agréments des dirigeants des banques.

    1- La redéfinition des établissements de crédit

    Dans la réglementation bancaire, les établissements de crédit ont été classés en six catégories.

    - les établissements financiers de promotion de la consommation. Ils ont pour rôle principal de consentir des facilités aux ménages pour leurs besoins courants et pour l'acquisition des biens semi-durables.

    - les établissements financiers de promotion des investissements. Ils financent les immobilisations des entreprises amortissables sur une longue période.

    - les établissements de factoring. Ils rachètent les créances en vue de leurs recouvrements.

    - les établissements de recouvrement. Ils se chargent de recouvrer les créances pour les tiers.

    - les établissements de crédit-bail. Ils sont chargés des locations des biens d'équipement, d'outillages, d'immeubles ou de leasing industriel et commercial avec l'option d'achat.

    2- La fixation du capital minimum

    Le capital social minimum des établissements de crédits a été fixé comme suit : Pour les banques : 1 milliard de FCFA. Pour les établissements financiers de promotion de la consommation : 250 millions FCFA. Pour les établissements financiers de promotion des investissements : 500 millions de FCFA. Pour les établissements financiers de factoring : 500 millions de FCFA. Pour les établissements financiers de recouvrement : 250 millions de FCFA. Pour les établissements de crédit-bail : 500 millions de FCFA et pour les sociétés financières d'investissement et de participation : 500 millions de FCFA.

    3- Conditions et modalités de l'exercice bancaire

    Dans la réglementation bancaire, l'interdiction a été faite aux banques de prendre des participations dans des entreprises. De plus, les banques ne peuvent pas détenir directement ou indirectement dans une même entreprise autre qu'une autre banque, un établissement financier ou une société immobilière, une participation de plus de 20% de leur capital propre. La banque centrale est chargée de fixer le pourcentage des fonds propres effectifs des banques. Le montant des fonds propres d'une banque ne doit pas être dépassé par le montant global du concours pouvant être consenti aux personnes participant à sa direction, à son administration, à sa gérance ou à son fonctionnement. Conformément à la pratique antérieure, les crédits garantis par nantissement des marchés publics ou des produits à l'exportation ne sont pas pris en considération dans l'application de cette disposition de la réglementation bancaire. Les établissements financiers et les banques sont tenus de notifier à la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) tout concours à un seul dirigeant, actionnaire ou personne participant à leur gérance, contrôle ou fonctionnement dont l'encours atteint au moins 5% de leurs fonds propres effectifs.

    Le montant global des immobilisations hors exploitation et participation dans les sociétés immobilières dont les banques et les établissements financiers peuvent être propriétaires, demeure limité au maximum à 20% de leur propre capital. Les immobilisations nécessaires à l'exploitation des banques et des établissements financiers, au logement du personnel et au fonctionnement des oeuvres sociales restent exclues du champ d'application de cette disposition.

    De cette réglementation, il a été imposé une règle de couverture des risques qui définit un ratio minimum à respecter par les banques appelé « ratio de fonds propres sur risques ». Ce ratio est un rapport avec au numérateur le montant des fonds propres de la banque ou de l'établissement financier, et au dénominateur des risques nets encourus qui a été fixé provisionnement à 4%. Il est appelé à évoluer pour se rapprocher de la norme moyenne internationale en matière de solvabilité. Dans le calcul du ratio, le montant total des fonds propres est constitué par l'addition des éléments suivants du passif des bilans des banques ou des établissements financiers : le capital, le report créditeur, les dotations non remboursables et non affectées, les réserves, les provisions ayant un caractère de réserve et les résultats non bénéficiaires de l'exercice à hauteur de 15% après déduction du capital non versé, des résultats déficitaires, des reports débiteurs, des pertes en instance d'approbation ou d'affectation, des frais et des valeurs incorporels et éventuellement de toute provision exigée par la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). La détermination des risques nets se fait selon les critères suivants : la qualité ou la catégorie de la contrepartie et les coefficients de pondération. La réglementation bancaire camerounaise distingue quatre catégories de contreparties : l'administration centrale et ses divers services, les banques centrales et les banques, les établissements financiers et les institutions financières, les institutions internationales non financières et les agents économiques (non financiers).

    4- Le contrôle et la sécurisation des activités bancaires

    Jusqu'en 1990, le Conseil National du Crédit était la seule structure éditant les conditions relatives aux normes des crédits accordés par les banques. Cette structure avait non seulement le pouvoir de contrôle mais aussi celui de prendre des sanctions contre les banques qui ne respectaient pas les règles. Il a échoué car on a constaté une distribution désordonnée des crédits qui sont devenus des créances douteuses. Les contrôles n'étaient pas effectifs.

    La réglementation bancaire intègre la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) créée en octobre 1990. Cet organe veille au bon fonctionnement du système bancaire. La COBAC exerce plusieurs fonctions : la fonction de surveillance et de contrôle des banques, la fonction d'édition des règles concernant : les participations, la comptabilité bancaire, etc..., la fonction répressive ou de prise des sanctions pour les banques n'ayant pas respecté les règles établies et la fonction d'harmonisation des réglementations bancaires des Etats de l'Afrique Centrale.

    La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), née de la réforme de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), a un rôle de contrôle et de sécurisation des activités bancaires. En d'autres termes, elle doit contribuer à améliorer la sécurité générale du système bancaire. Créée par les conventions des Etats membres du 16 octobre 1990 et du 17 janvier 1992, la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) veille au respect de l'application par les établissements bancaires assujettis des dispositions législatives et réglementaires et à la supervision bancaire en Afrique centrale. Elle sanctionne aussi les établissements financiers fautifs pour des manquements constatés.

    Plusieurs modifications ont été faites touchant aux instruments, aux règles de contrôle du secteur bancaire et à la définition de certains agrégats. Jusqu'à la fin des années 80, la création de monnaie était déterminée par le Comité Monétaire National en se basant sur des côtes globales de crédits. Actuellement, la création de la liquidité repose sur la programmation monétaire qui tient compte des besoins de l'économie, de la politique budgétaire, des perspectives de la croissance et de certaines contraintes extérieures. L'objectif de cette modification de la politique monétaire est de mieux maîtriser la création de la monnaie par le système bancaire. Au niveau de la structure des taux, la nouvelle politique monétaire se base sur un taux ordinaire fixé au niveau de la banque centrale (la BEAC). La multiplicité des taux antérieurs (taux débiteurs, taux privilégiés, etc...) a été abandonnée ou simplifiée pour un taux unique qui sert de taux directeur pour les banques (Dewatripont ant Tirole, 1993).

    De plus, la rationalisation devait être obtenue par l'édition des règles, des conditions et des modalités permettant un meilleur fonctionnement et une meilleure gestion des activités bancaires. La réglementation a ainsi défini des rôles clairs pour chaque établissement financier et a élargi la structure bancaire adaptée au nouvel environnement économique national et international. Le dispositif réglementaire du Cameroun s'inscrit donc dans le cadre d'une politique de déréglementation et d'assainissement du système bancaire car la libéralisation bancaire est une partie intégrante de la nouvelle réglementation bancaire au Cameroun. En plus, cette réglementation avait également pour objectif de mobiliser l'épargne pour les crédits d'investissement nécessaires à la relance économique du Cameroun. Pour la mobilisation de l'épargne, la réglementation bancaire a prévu la création d'un marché des capitaux ou d'une bourse de valeurs. Nous savons que le marché des capitaux a souvent comme avantages de mettre à la disposition des investisseurs des financements moins risqués et de permettre l'innovation et la diversification des produits financiers (Vénas et al. 1996). L'accumulation accrue de l'épargne a pour rôle de relancer les investissements avec une amélioration de la productivité de ces derniers pour la croissance économique. Fort de tout cela, cette réglementation présente des limites avec des attentes qui sont les siennes.

    II - LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE

    La réglementation prudentielle présente des limites c'est-à-dire que la posologie des organisations financières internationales (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale) présente des avantages et des inconvénients ou pose encore des problèmes non résolus dans la société camerounaise.

    1- Les limites de la réglementation prudentielle au Cameroun

    La réglementation prudentielle du système bancaire camerounais présente un certain nombre de limites empêchant son efficacité totale dans sa mise en oeuvre. Elle a placé le capital social minimum d'une banque à un milliard de franc CFA, mais ce planché reste très élevé pour des investisseurs qui voudraient créer des petites banques. De plus, la COBAC (Commission Bancaire pour l'Afrique Centrale) impose un ratio de solvabilité de 5%, à savoir les capitaux propres de la banque doivent représenter au moins 5% de ses engagements. Ce capital minimum et le respect du ratio de solvabilité place la barre assez haute pour les initiatives individuelles ou en groupes limités de création d'un petit établissement financier ou de crédit. La réglementation bancaire n'a pas prévu un cadre commun minimum ou édité au moins quelques directives communes sur les diverses restructurations internes des banques ou sur les réformes bancaires (Guidoux, 2004). En effet, chaque banque est allée de sa propre petite idée pour un programme de réformes en fonction de son niveau de délabrement. Bien que l'ordonnance n° 96/03 du 24 juin 1996 ait essayé de combler cette lacune, elle est arrivée un peu tardivement par rapport à l'urgence de la restructuration du système bancaire du début des années 90.

    La réglementation bancaire présente non seulement des carences ou des lacunes internes mais elle laisse aussi apparaître un manque de coordination entre ses diverses dispositions. On a du mal à identifier clairement les rôles dévoués aux structures nationales créées et ceux des supranationales (Lacoue-Labarthe, 2004). De plus, il apparaît un manque de coordination entre ces divers rôles, à savoir les sphères de compétences ou les limites de structures financières nationales par rapport aux structures financières étrangères. Par exemple, la COBAC censée assurer la surveillance des établissements de crédit, a couvert par un certain laxisme les activités de la BIAO-Meridien Bank. De plus, il y a certaines structures qui ont exercé des activités bancaires de manière clandestine. A titre d'exemple, on peut citer la Banque Unie de Crédit en 1994. La procédure de prise des sanctions dans la réglementation semble ne pas être assez bien définie. Elle présente des carences entraînant un certain laxisme. Par exemple, le pouvoir de scellée n'est pas donné à la COBAC pour sanctionner durement les structures clandestines.

    La réglementation bancaire a prévu la création ou la naissance d'autres types d'établissements financiers, mais leurs conditions de mise en oeuvre ne sont pas clairement définies et même spécifiées (Nouy, 2004). Il en est de même pour leur fonctionnement dans une sphère financière sans marché financier ou des capitaux. Le marché monétaire prévu dans les textes de la BEAC, ayant démarré en 1994, présente toujours des blocages relevant de la crise de confiance ou de la méfiance entre la Banque Centrale et les établissements de crédit. Au niveau réglementaire, des carences existent dans les textes pour des garanties juridiques (Brossard et Chetioui, 2003) permettant de rétablir la confiance perdue entre les divers auteurs du marché monétaire.

    L'application des réformes prévues par la réglementation bancaire a posé des problèmes pratiques à cause de l'absence d'une période transitoire clairement définie car les diverses mesures semblaient être inadaptées et inacceptables par rapport à la situation des banques (Daoud, 2004). Au niveau de la conduite des réformes, des lacunes apparaissaient également dans les textes. En d'autres termes, la réglementation n'avait aucune disposition commune relative aux restructurations bancaires. Pendant que certaines institutions bancaires commençaient par des recapitalisations, d'autres procédaient d'abord aux allégements des effectifs pour réduire leurs frais généraux (Rochet, 2004). Les dispositions réglementaires communes auraient permis aux banques de se concerter pour conduire au mieux les diverses réformes bancaires (Simon, 2004).

    Nous savons que par la libéralisation bancaire, la réglementation bancaire a pour objectif principal d'augmenter l'accumulation de l'épargne pour des crédits d'investissement. La productivité de ces investissements servira à relancer l'activité ou la croissance économique (Venet, 1995). Les zones rurales regorgent néanmoins d'une masse non négligeable de liquidités pouvant constituer une partie de l'épargne (Koulibaly, 1992). De plus, l'ouverture et la gestion d'un compte d'épargne dans une banque sont souvent soumises à des conditions drastiques s'écartant des moeurs et des habitudes de la clientèle. Toutes ces conditions écartent beaucoup d'agents économiques (commerçants, salariés, etc...) qui se retournent vers le secteur informel présentant des conditions plus souples et adaptées (Philon, 2006).

    La réglementation bancaire actuelle dans sa logique de libéralisation bancaire a préconisé un désengagement de l'Etat de la sphère bancaire au profit du marché (Yilmaz, 1995), mais l'influence de l'Etat camerounais dans la sphère financière reste toujours perceptible avec ses participations actuelles dans les banques (exemple : le Crédit foncier, etc.).

    La libéralisation bancaire nécessite la création d'un marché financier où s'exercera la concurrence entre les établissements de crédits avec une innovation et une diversification des produits financiers et un perfectionnement des instruments financiers existants. Le Cameroun ne dispose pas actuellement d'un marché financier ou d'une bourse de valeurs. Ce manquement reste préjudiciable à la mise en place effective de la libéralisation bancaire qui ne produit pas actuellement tous les résultats attendus. Elle semble avoir divisé la société camerounaise en deux parties : les nantis et les misérables (Bekolo, 1989 ; Servet, 1990). Cette dichotomie entraîne actuellement des problèmes sociaux (l'exode rural, l'insécurité, le grand banditisme, la corruption, le chômage, la misère, etc...). En fait, ces problèmes sociaux présentent une autre face de la libéralisation bancaire avec un coût social observé actuellement au Cameroun.

    La réglementation prudentielle n'a pas produit tous les résultats escomptés. Nous avons constaté qu'il y a eu d'autres faillites bancaires après les réformes bancaires de 1990, par exemples le Crédit Agricole en 1995, la BIAO-Meridien Bank en 1998 et Amity Bank en 2009. Près d'une dizaine d'années après, certaines banques présentent toujours des portefeuilles financiers dégradés et n'arrivent pas à respecter toutes les règles prudentielles (Couppey et Madies, 1996) édictées par la commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). En pratique, certaines banques camerounaises ne parviennent pas encore à respecter les normes de couverture des risques à cause d'une accumulation permanente des besoins en capitaux propres. L'intérêt de cette règle est pourtant d'empêcher aux banques d'utiliser en désordre les dépôts de la clientèle. Pour limiter les frais généraux, la COBAC a exigé le respect du ratio des immobilisations ou de l'achat des matériels et des mobiliers, etc... Beaucoup d'efforts sont fait par les banques camerounaises mais il existe encore certaines banques qui ne respectent pas cette norme à cause des frais d'exploitation encore élevés. Certaines banques ayant investi pour la construction de luxueux sièges, n'arrivent pas à limiter leurs financements de l'amortissement des investissements entamés et de l'entretien des diverses immobilisations. Les charges brutes d'exploitation et les frais généraux restent encore en général très élevés pour les banques camerounaises. Par souci de protéger les dépôts de la clientèle et de faire qu'il y ait une saine gestion des ressources financières, les banques doivent aussi respecter les ratios de liquidité générale et de transformation à long terme. Presque toutes les banques camerounaises font des efforts pour respecter le ratio de liquidité générale mais celui de la transformation à long terme reste encore délaissé. Notons néanmoins que l'insolvabilité du secteur bancaire a grandement régressé depuis une dizaine d'années. La réglementation bancaire du Cameroun n'intègre pas les spécificités bancaires dues aux asymétries d'information (Mishkin, 1991). L'intégration des asymétries d'information de la réglementation bancaire permettra de réduire un peu plus les risques de faillite ou la probabilité de faillites bancaires (Scialom, 2010).

    2- Perspectives de la réglementation prudentielle actuelle

    Une banque est une activité risquée différente des entreprises industrielles car elle présente de nombreuses spécificités. Les ressources financières d'une banque sont apportées par les actionnaires qui ont un goût pour le risque et les déposants qui préfèrent une gestion plus prudente. Cette différence de comportement parfois interprétée comme complémentaire ou contraire est liée à la forme des revenus des deux types d'apporteurs de fonds. Les diverses spécificités bancaires font de la réglementation prudentielle une source constante de réflexion sur le fonctionnement normal des banques. Les approches traditionnelles de la réglementation bancaire : la théorie de la préférence des états et la théorie des choix de portefeuille ne tiennent pas compte des diverses spécificités bancaires. De plus, dans beaucoup d'autres approches, la spécificité bancaire est prise comme une donnée. Les hypothèses de base de ces diverses théories de la réglementation prudentielle sont moins réalistes. En guise d'exemple, la théorie de la préférence des états suppose l'existence d'un système complet de marchés financiers, à savoir la possibilité d'avoir n'importe quel produit bancaire aux divers états de la nature possibles. Par rapport à la réalité, cette hypothèse semble très forte et elle a posé d'énormes problèmes avant la crise bancaire de la fin des années 80 (Aglietta and Scialom, 2003).

    Il existe diverses formes de spécificités bancaires. Le renouveau de la théorie de l'intermédiation bancaire doit beaucoup à l'économie de l'information car les asymétries d'information permettent de comprendre l'émergence des intermédiaires bancaires. L'étendue des relations des diverses banques nouées avec les agents repose sur une information asymétrique. L'économie de l'information a permis de faire évoluer la théorie de l'intermédiation bancaire en soulignant les spécificités bancaires en termes de collecte, de production et de stockage d'informations privées. En effet, il n'y a que quelques spécificités bancaires liées à la gestion qui ont été pris en compte avec la création de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). De manière interne, la réglementation bancaire appliquant les mêmes normes de manière indifférenciée à toutes les banques à savoir le respect des mêmes ratios et coefficients prédéfinis pose le problème d'efficacité et d'incitation des divers acteurs (actionnaires, déposants et dirigeants) d'une institution bancaire.

    La réglementation prudentielle actuelle ne tient pas en compte des spécificités liées à l'asymétrie des informations. De plus, elle ne tient pas en compte de la relation d'agence qui lie les actionnaires, les déposants aux dirigeants des banques. Les dirigeants des banques ne sont pas optimalement motivés par une meilleure gestion de leurs institutions bancaires. Il y a certes le contrôle et la surveillance de leurs actions avec la commission bancaire mais ils ne sont pas suffisamment motivés pour la prise d'initiatives et de décisions pour une gestion optimale de leurs banques. Les dirigeants des banques sont parfaitement informés sur l'usage fait des ressources financières des actionnaires et des déposants mais les informations possédées par les actionnaires et les déposants sur la qualité des prêts accordés par les dirigeants de la banque sont minimes et s'enrichissent au fur et à mesure que le temps s'écoule. Il y a non seulement le problème d'évolution de la structure d'information mais celui de l'aléa moral. Il se pose aussi le problème de la délégation d'autorité des bailleurs de fonds aux dirigeants des banques et de celui de la construction d'un instrument efficace d'allocation des droits de contrôle des actionnaires et des déposants sur les dirigeants des banques. Les diverses fonctions de contrôle et de surveillance dans la réglementation actuelle sont assurées par la Commission Bancaire qui est un organisme externe d'intervention recevant une partie des informations. L'insuffisance des informations reçues par la Commission Bancaire ne permet qu'une surveillance limitée et un contrôle partiel du fonctionnement du système bancaire. La réglementation actuelle pose beaucoup de problèmes au niveau de l'intégration des spécificités propres aux activités bancaires et ne permet pas d'atteindre tous les objectifs escomptés.

    La réglementation actuelle devrait changer de base et se reposer sur la réglementation prudentielle optimale qui tient compte de quelques spécificités bancaires liées à l'asymétrie des informations. L'intégration des spécificités bancaires permet de maîtriser un peu plus le risque bancaire. La maîtrise de ce risque permet de réduire la probabilité de faillites bancaires. L'accroissement de la transparence des informations avec l'intégration des spécificités liées à l'asymétrie informationnelle permet de réduire l'effet de contagion11(*), précisément la ruée vers les guichets ou la panique bancaire. Les agents seront suffisamment informés de la situation financière et du fonctionnement de leur banque (Aglietta and Scialom, 2009).

    L'attrait vers les entreprises performantes est non seulement un motif d'encouragement de leurs dirigeants au travail, mais aussi pour les entreprises un facteur de stimulation pour améliorer leur productivité et leur rentabilité.

    CONCLUSION

    L'objet de ce chapitre était de mettre en valeur le rôle que peut jouer la réglementation prudentielle dans le processus de résolution de la crise bancaire des années 80 et notamment la crise de rentabilité. Nous avons procédé d'une part au compte rendu de la crise bancaire des années 80 au Cameroun et d'autre part, à la recherche des perspectives de la réglementation prudentielle pour la résolution de la crise. En somme, l'application et le respect des différents ratios prudentiels a résolu de manière optimale les problèmes nés de la crise du système bancaire de la fin des années 80. Mais il se pose également le problème du type de réglementation à promouvoir. Depuis la fin des années 80, la réglementation prudentielle s'est focalisée sur le ratio de solvabilité des banques (et des assurances avec Solvency 2) avec très peu d'attention accordée à d'autres types de réglementation comme par exemple la réglementation sur la liquidité des intermédiaires financiers. Or, la crise financière de 2007-08 a amplement montré que la frontière entre illiquidité et insolvabilité était très perméable dans les systèmes financiers contemporains. La règlementation de la solvabilité des établissements peut de moins en moins être pensée indépendamment d'une réglementation de leur liquidité. Pour autant, la régulation de la liquidité bancaire est une question difficile en raison de la complexité du concept de liquidité pour une banque. La difficulté d'une bonne mesure de la liquidité d'un intermédiaire financier tient à ce que celle-ci dépend des deux cotés du bilan.

    CHAPITRE II : LE DISPOSITIF PRUDENTIEL COMME

    PILIER DE LA RENTABILITE DES ACTIFS BANCAIRES

    AU CAMEROUN

    RENTABILITE DES ACTIFS BANCAIRES AU CAMEROUN.

    .

    INTRODUCTION

    Au Cameroun, comme ailleurs, la banque n'existe plus aujourd'hui au sens où on l'entendait il y a à peine plus de vingt ans. Les banques se sont considérablement universalisées, réorganisées, informatisées, diversifiées et sont actuellement en train de s'internationaliser, donnant ainsi naissance à des firmes qu'il faut aujourd'hui examiner avec un regard neuf. Les profondes mutations qu'ont connues les différents métiers bancaires sont à l'origine de nombreux débats touchant à l'activité de cette industrie.

    Dans le cadre de ces restructurations, mesurer l'activité des banques en tant qu'acteurs de premier plan de la croissance économique, comprendre leurs comportements et l'impact de ceux-ci sur les variations de la rentabilité des institutions bancaires ainsi que ses répercussions sur l'ensemble de l'économie nationale est d'une importance capitale. Nous analysons l'influence des ratios prudentiels sur la rentabilité du système bancaire au Cameroun sur la période 2001-2007 en menant une régression multiple de façon trimestrielle. La rentabilité des banques est mesurée ici en recourant au rendement des actifs (ROA). Les facteurs explicatifs de la rentabilité des actifs ont été sélectionnés en ligne avec les prédictions de la théorie économique et des études empiriques conduites pour d'autres pays industrialisés et en voie de développement. Ils englobent aussi bien les facteurs organisationnels (managériaux), les facteurs macroéconomiques (exogènes), les facteurs macro-financiers que des facteurs réglementaires. L'étude vise à combler le vide dans ce domaine largement inexploré dans le cas camerounais comme dans le cas général des économies en voie de développement.

    Une meilleure compréhension des politiques bancaires nécessite en fait une connaissance approfondie des conséquences des normes réglementaires sur la rentabilité des actifs bancaires, un objectif primordial que le présent mémoire vise à atteindre. Comment le ratio de couverture des risques et le ratio de liquidité affectent-ils la rentabilité des actifs des banques au Cameroun ? Pour y répondre, nous procéderons dans la section I à l'exposition de la réfection du système et à la détermination des résultats qui ont suivi. Dans la section II, nous effectuerons un test empirique de l'apport des ratios prudentiels sur la rentabilité des actifs.

    SECTION I- RECONSTRUCTION ET RESULTATS DU SYSTEME

    BANCAIRE AU CAMEROUN

    Dans la littérature économique et financière, deux indicateurs clés ont été avancés pour mesurer la rentabilité bancaire. Il s'agit de la profitabilité des actifs et de la marge d'intérêt. Nous opterons pour la rentabilité des actifs (ROA) qui donne mieux la mesure de la performance des banques au Cameroun. Néanmoins, le consensus est loin d'être pleinement réuni autour de l'impact de certaines variables sur la rentabilité des actifs bancaires telle qu'elle est mesurée. Alors que l'effet prédit de certains facteurs a trouvé une certaine unanimité au sein du cercle des économistes, des controverses demeurent au niveau de l'impact attendu d'autres variables sur la rentabilité des actifs bancaires au Cameroun.

    Les divers déterminants de la rentabilité des actifs bancaires sont scindés en variables organisationnelles, macroéconomiques, macro-financières et réglementaires tout en interrogeant leurs effets escomptés en conformité avec les prédictions de la théorie économique et les estimations issues des études empiriques conduites dans les pays développés et ceux en voie de développement.

    Il est important de présenter dans un premier temps le système bancaire camerounais après la restructuration pour permettre de mieux comprendre le phénomène de rentabilité et de proposer éventuellement à des mesures correctrices adéquates pour améliorer leur contribution à la croissance économique à la lumière de la réglementation bancaire en vigueur.

    I - LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS APRES LA RESTRUCTURATION

    A la fin des années 80, le secteur bancaire de la CEMAC en général et celui du Cameroun en particulier a été secoué par une crise sans précédent (Madji, 1997). Cette crise, qui a fait suite à une période d'euphorie économique favorisée par l'accroissement des recettes tirées des exportations des matières premières dont le pétrole brut, s'est soldée par l'ébranlement de l'ensemble du système bancaire de la Communauté. Pour y faire face, les Autorités de la CEMAC ont non seulement décidé de la création d'une Commission Bancaire régionale, la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), dotée de pleins pouvoirs pour contrôler les banques mais ont également mis en place des plans de restructuration de leur système bancaire respectif. Dans le cadre de ces plans, les Etats qui avaient pris l'engagement de libéraliser le secteur bancaire ont cédé les actifs sains au secteur privé et mis en liquidation les banques jugées non viables. Si aujourd'hui, les banques camerounaises sont globalement solvables, liquides et rentables, il convient néanmoins de s'interroger sur la réalisation des objectifs contenus dans les plans de restructuration mis en oeuvre dans les Etats entre 1985 et 2008. Pour ce faire, il importe de s'attarder tout d'abord sur l'évolution du cadre macroéconomique du Cameroun au cours de cette période avant d'observer l'évolution du système bancaire du pays et de mesurer sa contribution au financement de l'économie.

    1- Evolution macroéconomique

    Nous présentons ci-après les évolutions des quelques indicateurs macroéconomiques au Cameroun entre 1990 et 2008.

    1.1- La croissance et l'inflation

    Globalement, le taux de croissance est resté négatif de 1990 à 1993 alors qu'il est positif et autour de 4% de 1995 à 2008. Même si la croissance a plongé en 2005 en raison des effets de la crise financière, elle connaît au cours de cette période une montée en charge avec un pic en 2007 dû à l'augmentation simultanée de la production pétrolière et du cours du baril de pétrole brut. Le graphique 1 illustre l'évolution du taux de croissance et de l'inflation.

    L'inflation se situe à un niveau modéré, en dessous de 4% durant toute la période excepté en 1995 où elle atteint un taux de 9,1% suite à la dévaluation du FCFA

    Graphique 1 : Evolution du taux de croissance et de l'inflation de 1995 à 2008

    (Source : rapport FMI et Banque Mondiale)

    1.2- Balance des paiements

    Les comptes extérieurs reflètent les effets des évolutions des recettes d'exportation, de l'endettement extérieur excessif du pays, de la spécialisation du Cameroun dans l'exportation des matières premières à très faible valeur ajoutée et l'importation des produits manufacturés. Ainsi, le solde courant de la balance des paiements ressort structurellement négatif au cours de toute la période sous-revue. A partir de 2004, il se produit un retournement de tendance lorsque le solde courant devient positif. Cette tendance a été confirmée en 2005 et 2006, attestant ainsi les effets positifs des efforts consentis par le Cameroun pour l'assainissement des finances publiques et des allègements de la dette dont a bénéficié le pays ces dernières années. Le taux d'endettement qui avait dépassé le pic de 140% est revenu à des niveaux significativement acceptables, autour de 40% du PIB. Cependant, le solde courant est redevenu légèrement négatif en 2008, retrouvant ainsi sa tendance structurelle en raison du recul du solde de la balance commerciale, alors que le solde déficitaire de la balance des services et des revenus s'est encore creusé.

    1.3- Finances publiques

    L'évolution des finances publiques camerounaise montre de 1993 à 1999 un solde global négatif. Il apparaît positif entre 2000 et 2008, en relation avec l'accroissement significatif des recettes budgétaires, d'origine pétrolière notamment et d'une baisse continue des dépenses courantes couronnant ainsi les efforts d'assainissement consentis par le Cameroun au cours des deux dernières décennies. Cette embellie dans les finances publiques s'est traduite par un désengagement du pays vis-à-vis aussi bien du financement extérieur qu'intérieur, surtout du secteur bancaire.

    1.4- Monnaie et Crédit

    Sur le plan monétaire, les différentes grandeurs décrivent une amélioration progressive et soutenue. Les avoirs extérieurs nets, négatifs au début de la période sous-revue, se sont sensiblement accrus à compter de 2000 et ont poursuivi leur ascension jusqu'en 2007. Les crédits intérieurs nets ont fortement chuté à compter de 2005 en rapport avec l'amélioration de la position nette du gouvernement même si les crédits à l'économie ont repris leur croissance mais à un rythme moins soutenu. En effet, le Cameroun a, dans son effort d'assainissement, réduit à la fin de la période sous-revue son endettement vis-à-vis du système monétaire alors que les banques ont fait preuve de plus de vigilance dans l'octroi des crédits au secteur privé. En contrepartie, la masse monétaire qui elle aussi avait baissé en 1993 n'a cessé de progresser entre 1994 et 2007. La couverture de la monnaie paraît bien assurée, se situant au dessus de 80% en 2007 après être passée sous la barre de 20% de 1987 à 1993. Cependant, si les efforts d'assainissement des comptes se sont traduits par une progression du taux des dépôts par rapport au PIB, la proportion des crédits à l'économie a plutôt brusquement chuté à partir de 2003, donnant ainsi des arguments à tous ceux qui relèvent la frilosité des banques de la Communauté dans le financement de l'économie.

    2- Incidence sur la situation financière des banques au Cameroun

    Le système bancaire Camerounais est marqué par une amélioration de la situation financière et une consolidation continue de la rentabilité. Toutefois, il demeure très concentré et sous-capitalisé en dépit du renforcement de ses performances.

    2.1- Situation financière

    La situation financière des banques camerounaises apparaît saine. Caractérisée par une baisse tendancielle du total du bilan, des crédits bruts et des dépôts de 1987 à 1993, elle s'est relevée depuis 1994 et est plus manifeste à compter de 2000 et se poursuit jusqu'en 2008. Le total de bilan cumulé de l'ensemble des 10 banques commerciales de notre échantillon a fortement progressé grâce à la hausse des dépôts de la clientèle et dans une moindre mesure des crédits nets à la clientèle. La situation des banques est représentée par le graphique 2.

    Graphique 2 : Evolution de la situation des banques au Cameroun de 2000 à 2008 (millions)

    (Source : rapport BEAC de 2000 à 2008)

    Les créances douteuses sont restées tendanciellement stables mettant visiblement en lumière la question de la qualité du portefeuille et celle du déclassement volontaire des créances par les banques. Cependant, les banques ont poursuivi tout au long de cette période leur politique de renforcement du provisionnement des créances douteuses. Les capitaux permanents se sont progressivement accrus et plus vite que les immobilisations nettes. Toutefois, ils ne sont parvenus à couvrir les valeurs immobilisées nettes que depuis 1996 dégageant ainsi un excédent positif sur le reste de la période.

    Au regard des évolutions décrites ci-dessus, il ressort que les banques camerounaises extériorisent une capacité de financement alors qu'elles étaient pratiquement toutes en besoin de financement avant la mise en oeuvre des plans de restructuration. En effet, longtemps en situation de besoin de financement, expression d'une trésorerie tendue, les banques au Cameroun n'ont cessé de consolider au fil des années leur capacité de financement. Le renforcement de la trésorerie bancaire s'est accéléré à compter de 2000 et se raffermit chaque année comme le montre le graphique ci-dessus. Cette trésorerie est placée essentiellement auprès de la banque centrale et des correspondants ou gardée sous forme d'encaisses oisives. On peut donc penser qu'à travers le renforcement de la trésorerie, l'un des objectifs de rétablir la liquidité du système a été atteint. Les banques camerounaises sont redevenues globalement liquides.

    2.2- Rentabilité

    Le compte des résultats fait apparaître une amélioration du Produit net bancaire alors qu'il a stagné jusqu'en 1994. Les opérations avec la clientèle et les opérations diverses contribuent essentiellement, à sa formation. Ces deux principales composantes du produit net bancaire sont relativement stables même si certaines banques réalisent des opérations diverses supérieures aux opérations avec la clientèle.

    Les frais généraux en revanche semblent contenus bien qu'ils soient en ascension à partir de 2002. En contrepartie, il se dégage un résultat brut positif et en ascension graduelle. Cette tendance haussière est la résultante de l'effet conjugué de l'augmentation des charges du personnel et des autres frais généraux. Le graphique 3 nous présente l'évolution du produit net bancaire (PNB) suivant le produit intérieur brut (PIB) et les frais généraux. On observe une rentabilité croissante au fil des années. Les banques améliorent leur rendement et deviennent de plus en plus solvables.

    Graphique 3 : Evolution du PNB au Cameroun de 2000 à 2008 (millions de FCFA)

    (Source : rapport BEAC de 2000 à 2008)

    En contrepartie, le résultat brut d'exploitation s'est renforcé au fil des années. Après déduction des comptes de prévoyance (dotations aux amortissements et provisions), il ressort un résultat net positif globalement et en augmentation comme le montre le graphique 4.

    Graphique 4 : Evolution de la rentabilité au Cameroun de 2000 à 2008 (millions Fcfa)

    (Source : rapport BEAC de 2000 à 2008)

    Le coefficient net d'exploitation s'est fortement amélioré dévoilant ainsi un redressement de la gestion des établissements de crédit. La rentabilité semble en apparence bonne dans le secteur après la restructuration du système.

    2.3- Respect des normes prudentielles

    Sur le plan du respect de la réglementation prudentielle, particulièrement celui des normes basées sur les fonds propres, les progrès sont sensiblement perceptibles depuis la création de la Commission Bancaire à qui incombe la charge de la surveillance du système bancaire dans les Etats de la CEMAC. Le nombre de banques au Cameroun en conformité avec la réglementation prudentielle s'est davantage conforté comparativement au début des années 90 où pratiquement aucune banque du pays ne la respectait. En matière de solvabilité,

    84% des banques extériorisent un ratio de couverture des risques pondérés par les fonds propres nets supérieur ou égal au minimum de 8 %.

    Dans le cadre des normes de division des risques, 83% des banques parviennent à respecter la limite globale en maintenant en dessous de l'octuple des fonds propres nets, la somme des risques pondérés supérieurs à 15 % desdits fonds propres mais seules 37% d'entre elles se conforment à la limite individuelle en n'entretenant pas de risques pondérés encourus sur un même bénéficiaire excédant 45 % des fonds propres nets (la norme édictée par le Comité de Bâle est fixée à 25%).

    S'agissant de la couverture des immobilisations par les ressources permanentes, 70% des banques camerounaises réalisent un ratio supérieur ou égal au minimum de 100 %. Par ailleurs, 75% des banques sont en conformité avec la norme relative aux engagements sur les apparentés.

    En ce qui concerne le rapport de liquidité, les disponibilités à vue ou à moins d'un mois sont supérieures ou égales au minimum réglementaire de 100 % des exigibilités de même terme pour 97% d'entre elles. Quant au respect du coefficient de transformation à long terme, il est respecté par 83% des banques camerounaises.

    Si les normes prudentielles semblent de plus en plus honorées par les banques camerounaises, il n'en demeure pas moins qu'elles soient encore vulnérables comme en témoignent l'insuffisance chronique en fonds propres consécutive à leur sous-capitalisation, le coût élevé des services bancaires et leur forte concentration. Seules 13% des banques ont des fonds propres suffisants pour le respect de l'ensemble des normes prudentielles assises sur les fonds propres. La structure du marché favorise cette situation.

    La réalisation de ces objectifs des plans de restructuration bancaire ne doit pas occulter les difficultés réelles des banques du Cameroun à financer des économies très peu diversifiées. Les excédents de liquidités non utilisées, la forte concentration bancaire et le coût élevé des services bancaires révèlent à n'en point douter une absence d'efficacité du système.

    II - LES CONTOURS THEORIQUES DE LA RENTABILITE DES ACTIFS

    Le secteur financier est essentiel pour assurer une économie saine et vigoureuse répondant aux besoins et aspirations des principaux acteurs économiques. Il remplit un large éventail de fonctions importantes pour l'économie. Les exigences des acteurs économiques ont conduit à de nombreuses mutations au niveau des prestations.

    La rentabilité d'une banque représente son aptitude à dégager de son exploitation des gains suffisants, après déduction des coûts nécessaires à cette exploitation, pour poursuivre durablement son activité. Elle est issue du processus de transformation au sens large (telles que sur les contreparties, les taux d'intérêt, les devises ou les échéances) mis en oeuvre par les banques commerciales dans le cadre de leur fonction d'intermédiation.

    1- Mesure de la rentabilité des actifs

    Les autorités bancaires utilisent plusieurs instruments d'appréciation de la rentabilité. Il est utilisé dans cette étude l'approche qui comprend l'ensemble des ratios d'exploitation calculés afin de mettre en évidence les structures d'exploitation. Il est retenu le coefficient de rendement (return on assets, ROA) qui exprime de façon assez globale le rendement des actifs. L'inconvénient de sa référence au total de bilan est qu'elle ne fait aucune différence entre les actifs malgré les risques non convergents. Il a l'avantage de mieux exprimer la rentabilité économique des banques pour un apport dans le financement de l'économie.

    En janvier 1993 les banques doivent respecter un ratio de 8% entre le total de leurs actifs (pondérés par le risque de non recouvrement des créances) et leur fonds propres. Il s'agit d'un ratio de solvabilité qui contraint les banques à réduire leur crédit et/ou à augmenter leur fonds propres. Un nouveau ratio prudentiel est en cours d'adoption : il s'agit du ratio Mac Donough. Le rendement des actifs est égal au résultat net sur le total des actifs.

    2- Les déterminants de la rentabilité des actifs

    Les facteurs organisationnels susceptibles d'expliquer la rentabilité des banques sont constitués des charges d'exploitation bancaire, des crédits bancaires et des capitaux propres. Quant aux facteurs macro-financiers, ils incluent la taille du secteur bancaire, la concentration bancaire. Deux variables exogènes d'ordre macro-économique ont été sélectionnés comme déterminants potentiels de la rentabilité des actifs. Il s'agit de la croissance économique et du taux d'inflation. Finalement, les variables réglementaires notamment le ratio de solvabilité (ratio de couverture des risques) et le ratio de liquidité sont retenus.

    La théorie économique et les études empiriques existantes divergent souvent sur l'impact de certains facteurs organisationnels sur la rentabilité des actifs. Alors que la théorie économique insiste sur l'effet négatif des frais d'exploitation bancaire sur la profitabilité, certaines études empiriques soutiennent plutôt que l'impact peut être positif dans la mesure où les frais d'exploitation boostent la productivité des banques et par là leur rentabilité (Ben Naceur, 2003) et, dans le souci de la maximisation du profit, les banques tendent à engager des dépenses d'exploitation additionnelles, justifiant ainsi la variation dans le même sens entre les frais bancaires généraux et la rentabilité des actifs (Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003). D'autres auteurs (voir par exemple, Anghbazo, 1997 ; Guru et al, 2002) estiment que la réalisation de profits ne peut se faire sans engager des dépenses, mais les banques doivent éviter d'engager des dépenses oisives. Les divergences entre les constructions théoriques et les investigations empiriques sont également constatées au niveau de l'impact des capitaux propres sur la rentabilité des actifs bancaires. Plusieurs études empiriques ont révélé que les capitaux propres exercent un effet stimulant sur la profitabilité des banques (Bashir, 2000 ; Abreu et Mendes, 2002 ; Ben Naceur, 2003) mais l'excès du ratio de capital est considéré comme nuisible à la rentabilité des actifs puisque, en élevant ce ratio, les banques tendent à réaliser une fructification minime des capitaux disponibles. Concernant le ratio de couverture des risques et le ratio de liquidité, il n'existe pas d'unanimité quand t'a leur efficacité à améliorer la rentabilité des actifs bancaires.

    Le renforcement de la politique de crédit élève les profits bancaires. Autrement dit, plus la banque octroie des crédits, plus les revenus augmentent et donc les profits (Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003). Néanmoins, la politique de crédit peut parfois entraver la profitabilité bancaire, en particulier lorsqu'une politique expansionniste de crédit est incompatible avec la stratégie poursuivie en matière de recherche de ressources financières (Bashir, 2000). Dès lors, le renforcement de la politique de crédit devrait être conduit en symbiose avec une stratégie efficiente de drainage de ressources additionnelles. En conséquence, la maîtrise de la politique de dépôts devrait normalement aider le système bancaire à augmenter ses profits (Moulyneux et Thornton, 1992 ; Bourke, 1989 ; Ben Naceur, 2003). Abreu et Mendes (2002), par exemple, ont estimé que la profitabilité et le ratio des emplois mesuré par le rapport crédits/dépôts entretiennent une relation positive, confirmant ainsi la complémentarité entre les politiques de crédits et de dépôts bancaires. En ce qui concerne la taille du secteur bancaire, en effectuant des régressions linéaires générales et en exprimant les profits en fonction d'un ensemble de facteurs internes et externes, certains auteurs (Bourke, 1989 ; Moulyneux et Thornton, 1992) ont obtenu une relation positive et statistiquement significative entre la taille et la rentabilité des actifs. D'autres auteurs (voir par exemple, Rouabah, 2006) estiment cependant que la taille n'est pas une source d'économie des coûts, soutenant ainsi que les grandes banques sont sujettes à des inefficacités d'échelle.

    Les divergences entre la théorie et l'empirisme existent également au niveau de l'impact de certaines variables macro-financières sur la rentabilité des actifs. Si l'émergence des marchés de capitaux dans les pays en voie de développement renforce l'activité bancaire comme l'ont soutenu des études empiriques récentes (Bashir, 2000), quant à la concentration bancaire et à la taille du secteur bancaire, leur impact estimé sur la rentabilité des actifs bancaires est généralement positif, ce qui valide empiriquement la théorie économique (Ben Naceur, 2003 ; Rouabah, 2006 ; Beckman, 2007). Le financement de l'économie par le secteur bancaire reflète la capacité du système à satisfaire les besoins des acteurs économiques. La taille du secteur est alors sensée profiter aux différents intervenants (Demerguç-Kunt et Huizinga, 2001 ; Ben Naceur, 2003). De même, traditionnellement, les stratégies de concentration et leurs développements sont justifiés par la réalisation des économies d'échelle. L'introduction de cette variable a empiriquement prouvé une relation positive avec le rendement des actifs (Short, 1979 ; Bourke, 1989 ; Moulyneux et Thornton, 1992 ; Demerguç-Kunt et Huizinga, 2001).

    L'estimation de l'impact des variables macro-économiques, notamment la croissance économique et l'inflation, a souvent trouvé un terrain d'entente entre les économistes. Plusieurs auteurs confirment à l'unanimité l'existence d'une relation positive entre la croissance économique et la croissance des profits bancaires (Bashir, 2000 ; Rouabah, 2006; Beckmann, 2007). A leur avis, la richesse nationale profite à toute l'activité économique du pays, affecte positivement l'évolution du secteur bancaire et incite les banques à innover et à rénover leurs techniques et technologies de gestion. Concernant l'impact de la variation du niveau général des prix, les travaux de Moulyneux et Thornton (1992), Guru et al (2002), Abreu et Mendes (2002) ont apporté des éclaircissements sur les liens susceptibles d'exister entre le rendement sur actifs et l'inflation. Leurs résultats empiriques font apparaître une relation positive qui laisse penser que la progression de l'inflation sera favorable à l'accroissement des profits bancaires.

    En mars 1993, la COBAC a mis en place des normes prudentielles lui permettant de mieux apprécier la liquidité et la solvabilité des établissements de crédit placés sous son contrôle. Elle s'est également dotée d'un système de cotation des banques (SYSCO) axé sur le respect des normes établies. La solvabilité d'une banque est sa capacité à faire face à ses engagements vis-à-vis de ses créanciers au moyen de ses ressources propres. Il existe cinq normes permettant de contrôler la solvabilité des banques. Nous retiendrons uniquement Le ratio de couverture de risques qui oblige les établissements de crédit de justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent au moins 8% de l'ensemble de leurs concours y compris ceux aux Etats. Cette variable favorise un encadrement adéquat aux banques et réduit la prise de risque. Elle protège le profit bancaire d'un éventuel risque et est destinée à sécuriser l'ensemble du système bancaire, ainsi que l'amélioration de la performance des banques. La liquidité d'une banque mesure sa capacité à faire face à ses engagements a vue ou à très court terme. Deux normes ont été établies afin de contrôler la liquidité des banques. Nous retiendrons uniquement Le ratio de liquidité qui contraint les établissements de crédit à justifier en permanence qu'elles disposent de ressources immédiatement disponibles et susceptibles de couvrir la totalité de leurs dettes à échoir dans un mois au plus.

    Il ressort de cette section que la restructuration a rendu globalement les banques solvables et rentables. La section II nous donnera l'apport des ratios prudentiels.

    SECTION II- RATIOS PRUDENTIELS ET RENTABILITE DES ACTIFS

    BANCAIRES : UN TEST EMPIRIQUE

    Le survol de la littérature théorique et empirique sur les déterminants de la rentabilité bancaire, mesurée par le rendement sur actifs, permet de formuler certaines hypothèses à propos des liens de causalités possibles entre la rentabilité des banques et ses facteurs explicatifs fondamentaux.

    I - METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET DEMARCHE ECONOMETRIQUE

    Les prémisses sont exposées pour chaque variable retenue suivant une méthode linéaire.

    1- Méthodologie de recherche

    Au niveau des variables endogènes, organisationnelles ou managériales, les contraintes associées à l'efficience de la gestion au sein de la firme bancaire supposent la maîtrise des coûts à un niveau optimum. Nous supposons alors que plus les charges d'exploitation bancaire augmentent plus la rentabilité se dégrade et, de ce fait, une meilleure gestion des charges peut aboutir à des niveaux très élevés de la performance bancaire. Cependant, des frais de gestion élevés associés à des niveaux de rentabilité proportionnellement plus élevés sont souhaitables en matière de gestion bancaire. Les spécialistes du contrôle de gestion bancaire supposent un niveau du coefficient d'exploitation de l'ordre de 70% en tant que norme maximale qu'il ne faut pas dépasser pour avoir de meilleurs résultats. Par ailleurs, pour faire face à l'incertitude de faillite, la théorie financière propose de préserver des fonds de garantie sous forme de capitaux propres. Les banques les mieux capitalisées sont censées être capables d'assurer des fonds de prévention afin d'éviter tout risque de l'incertain. En effet, les banques préfèrent, de façon endogène, conserver plus de capitaux pour percevoir des crédits additionnels. Le ratio du capital est supposé alors avoir un effet positif sur la performance bancaire. Nous supposons également l'existence d'une relation positive et statistiquement significative entre la distribution des crédits et la rentabilité des banques. La lutte contre le risque de faillite coexiste avec l'incitation à augmenter le risque de l'aléa moral. Les crédits bancaires sont offerts à des clients à solvabilité incertaine. La relation d'agence suppose alors la constitution des provisions et le support d'une montée des créances douteuses. Cependant, les crédits restent la principale source du résultat bancaire. Ils permettent d'augmenter les revenus et donc les profits et les marges d'intérêt. Toutefois, l'écart entre les emplois et les ressources bancaires peut inverser l'hypothèse suivant laquelle la montée des crédits distribués améliore la rentabilité bancaire. L'accentuation de la distribution des crédits devrait probablement être complétée par une politique de recherche des ressources. Par ailleurs, les mouvements de regroupement et de fusion-acquisition poursuivies par certaines banques camerounaises sont susceptibles d'élargir leurs parts de marché et donc leurs profits.

    Concernant les variables de la structure macro-financières, au niveau de la taille du secteur bancaire, plus le secteur est puissant, plus il affirme sa domination de la carte économique. Le large financement de l'économie reflète la capacité du système à satisfaire les besoins des acteurs économiques. La taille du secteur est censée profiter aux différents intervenants et suppose alors une association positive avec la profitabilité de la banque. Cependant, l'élargissement du secteur suppose plus de concurrents et une recherche croissante de la réalisation des tailles d'efficience, ce qui peut affecter négativement les revenus d'intérêt. De ce fait, moins le marché est concurrentiel, plus les profits évoluent. Concernant la concentration bancaire, elle est associée à des faibles taux de dépôts et à des taux de crédit élevés, ce qui pourrait probablement limiter l'extension des marges d'intérêts.

    Du côté des variables macro-économiques, la croissance économique, du fait de son effet stimulant sur la richesse nationale, est supposée ici favorable à l'amélioration de la rentabilité des banques. La croissance économique, en s'intensifiant, permet de canaliser des ressources financières en provenance des ménages et des entreprises et développe ainsi les transactions avec les institutions bancaires. La richesse accumulée grâce à la croissance économique incite à consommer, à épargner et à investir davantage, et conséquemment à augmenter les profits et les marges d'intérêt bancaires. L'inflation quant à elle, est associée à l'extension et à la surévaluation des charges bancaires, mais le gonflement de ces dernières est souvent récupéré sur les déposants et les emprunteurs. L'inflation entraîne plus de charges d'investissement mais également des taux de crédit élevés, et donc plus de revenus d'intérêt et de profits. Cette hypothèse laisse penser qu'une réduction considérable et rapide des taux d'inflation pourrait probablement induire une baisse des revenus en affectant la liquidité et la solvabilité des institutions financières. La liquidité imposée aux banques on suppose favorable pour améliorer leur rentabilité. De même, un niveau de fonds propres est demandé aux banques pour couvrir la richesse en cas de risque bancaire. Ceci on le suppose contribue à améliorer la rentabilité bancaire.

    Au sujet des variables réglementaires, le ratio de couverture des risques oblige les établissements de crédit de justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent au moins 8% de l'ensemble de leurs concours y compris ceux aux Etats. Nous supposons l'existence d'une relation négative et statistiquement significative entre le respect de ce ratio et la rentabilité des banques. L'imposition des restrictions sur les activités bancaires affecte négativement les banques. Concernant le ratio de liquidité, il contraint les établissements de crédit à justifier en permanence qu'elles disposent de ressources immédiatement disponibles et susceptibles de couvrir la totalité de leurs dettes à échoir dans un mois au plus. Du fait de son effet stimulant sur le rendement, est supposé ici favorable à l'amélioration de la rentabilité des banques. Ce respect pouvant réduire les risques bancaires.

    1.2- Démarche économétrique

    À partir des études sur la rentabilité d'un certain nombre de systèmes bancaires des pays à système financier développé et des pays émergents, notre étude est essentiellement focalisé sur l'analyse empirique de l'impact des normes réglementaires sur les performances du système bancaire camerounais au lieu des banques prisent isolement. Pour tenter de répondre à cette préoccupation, nous avons procédé à la collecte de données statistiques concernant les résultats agrégés du système bancaire du pays. La période couverte va de 2001 à 2007 avec des données secondaires évaluées en trimestres, du fait de leur variation régulière. Ces données trimestrielles sont obtenues à partir des rapports annuels de la COBAC pour le système bancaire camerounais pris de façon générale.

    La démarche économétrique que nous avons épousée est celle de la régression multiple (modèle linéaire général) qui capte facilement les effets temporels lorsque T est petit (n=1à28) et donne avec précision le comportement de chaque variable au cours d'un temps bien court.

    Conformément aux développements précédents sur la littérature théorique et empirique, la rentabilité des actifs bancaire est mesurée par le ROA. Les variables retenues sont.

    - les charges d'exploitation bancaire (fgf) - les crédits bancaires (crf)

    - les capitaux propres (kxf) - la croissance économique (lpb) - l'inflation (inf)

    - la taille du secteur bancaire (atb) - la concentration bancaire (coc)

    - le ratio de couverture des risques (sof) - le ratio de liquidité (lif)

    Pour l'estimation de la fonction de la rentabilité du système bancaire au Cameroun, nous adoptons la même démarche et les mêmes spécifications économétriques que Samy Ben Naceur (2003) s'inspirant de la fonction linéaire de Short (1979). Ce choix s'explique principalement par la quasi-ressemblance des deux économies en matière du degré de prédominance économique du secteur bancaire. Il y a lieu de noter cependant que contrairement à Ben Naceur (2003), dont le modèle estimé est basé sur des données à dimension annuelle, les résultats de notre analyse sont issus de l'estimation d'équations sur des données à fréquence trimestrielle. Le modèle utilisé ici pour estimer le degré d'influence des déterminants sélectionnés sur la rentabilité bancaire au Cameroun peut être présenté sous la forme suivante:

    (1)

    Avec une constante et åt le terme d'erreur

    Le test de stationnarité de Dickey-fuller montre la stationnarité des variables. MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.0024 qui est inférieur à 5%. On accepte l'hypothèse d'absence de racine unitaire et donc les variables sont stationnaires. On peut ainsi procéder à l'estimation des moindres carrés ordinaires (MCO). Le test de normalité des erreurs démontrent que les erreurs suivent une loi normale et sont homocédastiques. R² = 0,9935 ce qui implique que 99,35% des variations de la rentabilité des actifs sont expliquées par le modèle. Le modèle est globalement significatif car la valeur de Prob > F = 0.0000 est inférieure à 5%. (Confère annexe 1)

    II - RESULTATS ET IMPLICATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE

    L'équation peut s'écrire comme suit.

    (2)

    1- Résultats empiriques et interprétations

    L'évolution du rendement sur les actifs (en pourcentage de l'actif) et de ses déterminants potentiels est représentée comme suit. La rentabilité des actifs (ROA), comme première variable managériale, est affectée positivement par les charges générales du système bancaire (fgf) de notre étude. Ce résultat suggère que les profits des banques peuvent être positivement affectés par les dépenses de structure. Suivant nos estimations, une hausse des frais généraux d'un point de pourcentage des actifs entraînerait à long terme une appréciation du rendement de 67,68 point de pourcentage des actifs. En fait, les coefficients d'exploitation du secteur bancaire dans son ensemble, ne dépassent pas les bornes de 70%; normes considérées acceptables en matière de gestion des firmes bancaires. Cette constatation sera confirmée lors de l'analyse empirique de l'effet positif des dépenses d'exploitation sur la marge globale bancaire, indiquant ainsi que les établissements bancaires camerounais maîtrisent leurs dépenses.

    Selon nos résultats empiriques, les fonds propres (kxf), comme deuxième variable managériale, ont un effet positif sur la rentabilité des actifs. A long terme, toute augmentation des capitaux propres d'un point de pourcentage des actifs conduira à une hausse de la rentabilité bancaire d'environ 1,58 point de pourcentage des actifs. Théoriquement, les banques les mieux capitalisées accèdent facilement aux fonds de financement sur le marché parce qu'elles sont moins risquées et plus solvables. En fait, la réglementation prudentielle impose aux banques un niveau minimum de couverture des emplois par des ressources stables. Autrement dit, les banques camerounaises devront mieux s'outiller pour contrôler ses fonds et gérer avec sérieux les capitaux propres enregistrés.

    Les résultats de notre modèle empirique montrent que le volume des crédits distribués (crf) n'est pas favorable à la profitabilité des banques. A long terme, une hausse des crédits bancaires d'un point de pourcentage des actifs induirait une régression de la profitabilité des banques d'environ 2,82 point de pourcentage des actifs. Cette variable managériale constitue certes une source importante des profits à l'ère de l'intermédiation comme à celle de la libéralisation financière mais sans réglementation stricte, elle est vouée à un risque systémique.

    L'étude empirique de l'impact de l'environnement macro-financier sur la rentabilité des actifs bancaires au Cameroun a également induit des résultats mitigés à long terme. Suivant nos estimations, la taille du secteur bancaire (atb) n'est pas favorable à l'augmentation des profits bancaires, suggérant qu'en général, les économies d'échelle ne sont pas favorables à l'amélioration de la profitabilité des banques. Comme on peut le comprendre, une hausse de l'actif consolidé des banques camerounaises d'un point de pourcentage du PIB entraînerait à long terme une baisse du résultat net bancaire d'environ 4,31 point de pourcentage des actifs.

    Puisque les banques camerounaises regorgent de liquidités sous-exploitées dans un contexte où les demandes de crédits sont assujetties à des garanties draconiennes, les possibilités d'amélioration de la rentabilité globale ne seront que limitées. Une banque est capable d'élargir sa part de marché si ses produits sont différenciés de ceux de ses concurrents. Mais, ce rapport positif entre la part de marché et la profitabilité peut faire défaut si la demande de marché est peu proportionnelle à la taille de la banque, ce qui est le cas du marché de crédit au Cameroun pour la période étudiée. Suite à cette réalité, la politique de la concurrence au sein du secteur bancaire n'aurait probablement aucun effet stimulant sur les profits. Ceci expliquerait le fait que les mouvements de concentration (coc) sont plus bénéfiques à l'amélioration des profits des banques camerounaises. L'occupation de la part majeure du marché bancaire par un nombre restreint d'acteurs bancaires a donc un effet stimulant sur les profits bancaires au Cameroun. En effet, selon nos estimations empiriques, une intensification de la concentration d'un point de pourcentage du total des actifs du système bancaire entraînerait à long terme une amélioration de la profitabilité des banques d'environ 0,045 point de pourcentage des actifs.

    En ce qui concerne les variables macro-économiques, la croissance économique et l'inflation semblent affecter positivement le rendement sur actifs du système bancaire. La croissance économique (lpb) du pays a d'importantes incidences positives, à long terme, sur la performance des secteurs d'activités, y compris le secteur bancaire. A court terme, une croissance du PIB réel par tête de 10% induirait une réduction de la profitabilité bancaire de 6,90 point de pourcentage des actifs à court terme, pour la simple raison que les banques se comporteront comme satisfaite et se livrer à des situations catastrophiques. Il semble que les banques camerounaises ont profité de la restructuration de l'économie nationale par des politiques de réformes structurelles du secteur et l'introduction de nouvelles techniques et technologies en vue d'améliorer les niveaux de bancarisation qui sont encore à des niveaux faibles. L'impact positif de l'inflation (inf) va dans le sens de nos hypothèses de départ. Une hausse du taux d'inflation d'un point de pourcentage entraînerait une amélioration du rendement bancaire de 0,0034 point de pourcentage des actifs à long terme. L'augmentation du niveau général des prix a permis aux établissements bancaires de réaliser des profits substantiels malgré la situation économique critique du pays. Les tensions inflationnistes produisent une extension et une surévaluation des charges bancaires, mais ce sont les déposants et les emprunteurs qui supportent de telles charges en dernier ressort. L'inflation entraîne plus de charges d'investissement mais également des taux de crédit élevés et donc plus de revenus d'intérêt et de profits.

    Enfin, concernant les variables réglementaires, la tendance excessive des banques camerounaises à assurer leur solvabilité à long terme, reléguant ainsi au second plan la réalisation de meilleures performances à court terme serait la raison de la réduction de 0,022 point de pourcentage. Les réglementations encourageant le contrôle des banques par le secteur privé, c'est-à-dire celles qui exigent le recours des banques à des auditeurs externes agréés et des agences de notation internationales, qui obligent les banques à divulguer leurs procédures de gestion du risque et leurs engagements hors bilan et à produire des états financiers consolidés, sont supposées réduire le risque et améliorer la performance des banques. L'indice de la réglementation du capital est négativement relié à l'évolution du capital et du risque et n'a pas d'effet sur la marge d'intérêt nette. Ce qui montre qu'au Cameroun, une réglementation stricte du capital conduit les banques à réduire leurs risques et semble donc atteindre ses objectifs. L'existence d'un système de supervision très stricte et rigoureux est supposée contraindre le comportement de la banque en matière de prise de risque. Le respect du ratio de liquidité a un impact positif mais non significatif sur la rentabilité du système bancaire qui suggère que les banques parviennent à couvrir la totalité de leurs dettes.

    2- Implications de politique économique

    Notre étude analytique et empirique sur les ratios prudentiels comme déterminant majeur de la rentabilité bancaire au Cameroun nous a permis de déduire une série de résultats empiriques tantôt corroborant tantôt contredisant les prédictions de la théorie économique et financière en la matière. L'impact positif des fonds propres sur la rentabilité des actifs serait probablement dû à la tendance excessive des banques camerounaises à assurer leur solvabilité à court terme, reléguant ainsi au second plan la réalisation de meilleures performances à long terme. D'ailleurs, nombreuses sont les études qui ont remarqué que les ratios de solvabilité bancaires locaux varient généralement aux alentours de 10% et sont supérieurs à ceux observés dans les pays industrialisés. Par ailleurs, même si les crédits à long terme réduisent la rentabilité au Cameroun, les niveaux élevés des ratios de liquidité qui dépassent, pour la majorité des cas, les frontières de 120%, expliqueraient le fait que les établissements bancaires ne profitent pas de la surliquidité du marché. Les banques hésitent à distribuer des crédits par crainte de ne pas recouvrer les fonds distribués et tomber ainsi dans la crise de liquidité. La nature des dépôts à majorité de courte durée oblige les banques à ne pas prendre le risque de s'engager dans des financements à moyen et à long terme et à assurer des fonds de garantie afin de pouvoir faire face à d'éventuelles faillites. En plus, la demande faible du marché camerounais, due essentiellement au faible pouvoir d'achat des ménages, image de l'insolvabilité, accentue le risque pour ces institutions et limite la politique du crédit.

    Une telle politique limitée est également associée à une faible couverture du territoire national. Les niveaux encore élevés des taux de crédit accentuent ce phénomène. Cette réalité peut être ajoutée à un faible encouragement de l'épargne, dû à des taux d'intérêt sur les dépôts encore faibles et, jusqu'à une date récente, à des frais de dossier plus ou moins élevés. Il serait opportun de s'intéresser plus à la réalisation des résultats à court terme et de réduire l'impact des politiques de solvabilité excessive par la recherche de ressources plus stables et l'encouragement des épargnes à longue durée, l'exploitation de l'épargne existante et la distribution des crédits pour l'amélioration du niveau des investissements.

    L'engagement des banques dans le financement du secteur immobilier devrait coexister avec une politique de garantie car la flambée des cours des produits de ce secteur, résultat des comportements de spéculation est sensée produire des effets néfastes sur l'activité de ces établissements et même sur l'économie en général.

    En définitive, le ratio de couverture des risques et le ratio de liquidité sont considérés comme pilier de la rentabilité des actifs bancaires au Cameroun car ils limitent certains excès des banques dans la recherche du profit. Ils réduisent les risques de insolvabilité et d'illiquidité. A long terme, ils contribuent à l'évolution de la rentabilité du système bancaire, bien que seul le ratio de solvabilité ait une significativité même négative sur la rentabilité des actifs, car les banques voulant se protéger, réduisent leur profitabilité à long terme. Il en ressort que les restrictions sur les activités bancaires sont négativement liées au niveau du capital et positivement liées au niveau des ressources disponibles et qu'elles ont un effet positif sur la marge d'intérêt et la rentabilité des actifs bancaires. Ce résultat se justifie par le fait que lorsqu'elles sont autorisées à conduire une grande variété d'activités, les banques prennent des risques excessifs. De plus, l'exercice d'un large éventail d'activités financières et la non séparation entre les activités commerciales et celles d'investissement peuvent entraîner la formation d'entités extrêmement complexes et de grande taille à même de réduire la concurrence et l'efficience du secteur financier. Les banques exposées à un risque élevé pourraient choisir des marges d'intérêts plus élevées. Parallèlement, les banques peu rentables sont tentées d'octroyer des crédits plus aléatoires et de s'engager dans des activités plus incertaines pour défendre leurs rentabilités et respecter les règles prudentielles imposées par les autorités monétaires. Les banques disposant d'un ratio de couverture des risques peuvent être incitées à augmenter leur capital et à réduire leur niveau de risque afin d'éviter d'être pénalisées. Toutefois, les banques sous -capitalisées peuvent être tentées de prendre des risques excessifs dans l'espoir d'avoir des rendements élevés qui peuvent les aider à augmenter leur capital.

    CONCLUSION

    L'objectif de ce chapitre était de monter le degré de participation de la réglementation prudentielle dans la détermination de la rentabilité des actifs bancaires au Cameroun. Pour y parvenir, nous avons procédé d'une part à une analyse de la reconstruction et des résultats du système bancaire et d'autre part à une vérification empirique en utilisant un modèle de régression linéaire avec des données sur 28 trimestres sur le système bancaire. Notre base de données provient des rapports annuels de la COBAC pour une période allant de 2001 à 2007.

    Il ressort de cette analyse que la réglementation est un soutien incontournable pour l'amélioration des résultats bancaires, dans la mesure où celle-ci permet de protéger les déposants et leurs épargnes. On note que le ratio de couverture des risques influence de façon négative et significative la rentabilité des actifs pour la simple raison qu'il pousse les banques à prendre beaucoup de risques en les exposant à la faillite. Ces risques prisent poussent les banques dans la recherche absolue du profit. Le ratio de liquidité quant à elle à un effet positif mais non significatif sur la rentabilité des actifs, du fait de présence continue des ressources. Ceci soulève le fameux problème de la surliquidité des banques et leur refus d'octroyer des crédits. Il faudrait désormais plus se pencher sur la réglementation de la liquidité qui nécessite beaucoup d'attention. En outre, la politique de la maîtrise des normes internationales en matière de solvabilité et de liquidité, sous l'impulsion des autorités supranationales, a provoqué des effets négatifs sur la rentabilité bancaire. La surcapitalisation des banques camerounaises et le défaut de transformation ont entraîné une situation de surliquidité qui n'a profité de ce fait ni à la rentabilité globale ni aux marges d'intérêt bancaires.

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

    Dans cette partie, nous avons étudié la contribution de la réglementation prudentielle dans le rétablissement de la rentabilité bancaire au Cameroun durant la période 2001-2007, et ce, en appliquant de façon trimestrielle, à l'ensemble du système bancaire, un modèle de régression multiple s'inscrivant dans la lignée des travaux de Bourva (1979). Après avoir présenté l'apport de la réglementation prudentielle dans la résolution de la crise bancaire des années 80 au Cameroun, nous avons procédé à l'étude de l'impact du dispositif prudentiel sur la rentabilité bancaire au Cameroun. Il en ressort que la réglementation de l'activité bancaire apparaît efficace dans l'amélioration de la rentabilité bancaire. Plus les restrictions sur les activités sont fortes, plus le risque est réduit et plus la rentabilité des actifs est élevée.

    Nos résultats corroborent les conclusions de Ben Naceur (2003) et Ghazi (2006) qui affirment que la réglementation prudentielle a réussi à améliorer le niveau de rentabilité des banques. De plus, l'évolution des fonds propres et des ressources a été accompagnée par une baisse du risque de crédit et une augmentation de la marge d'intérêt ainsi que la rentabilité des actifs. Cependant, il convient de signaler que cette partie se base uniquement sur la rentabilité de actifs en négligeant la marge d'intérêt comme mesure de la rentabilité. La prise en compte d'un tel arbitrage est toutefois, difficile, et ce, en raison de l'indisponibilité des données.

    Nos résultats soutiennent le premier pilier de Bâle II à savoir la réglementation des fonds propres et montrent que le renforcement du pouvoir des autorités de supervision n'a pas d'effet sur la rentabilité nette et que les réglementations exigeant une grande transparence de l'information et incitant le secteur privé à contrôler les banques, génèrent des effets indésirables sur le comportement des banques en matière de prise de risque au Cameroun. La discipline de marché qui constitue un facteur essentiel pour la stabilité bancaire, est faible au Cameroun et demeure sous l'influence de la réglementation bancaire.

    Pour contourner le problème d'aléa moral engendré par un système d'assurance des dépôts à taux fixe et afin d'éliminer les effets pervers de la réglementation du capital ou de celle du portefeuille de la banque et dépasser leurs limites dans la maîtrise du risque, il a été suggéré que les exigences sur les fonds propres devaient tenir compte non seulement de la valeur des actifs mais aussi du niveau du risque qui s'y attache (Ikori, 2009). La réglementation prudentielle ne devrait pas se focaliser uniquement sur le ratio de solvabilité des banques, mais aussi accordée un peu d'attention à la réglementation sur la liquidité.

    DEUXIEME PARTIE 

    REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UN MOYEN

    DE RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITE

    BANCAIRE AU CAMEROUN

    INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

    L'analyse de la productivité se heurte à de multiples difficultés dans le secteur des services et, plus particulièrement, dans le domaine bancaire. Cela tient pour une grande part à l'impossibilité d'isoler physiquement la production de certaines prestations ou l'exercice de certaines fonctions ou encore à l'existence de produits « liés » dont la mise en oeuvre est indissociable (Demartini, 2004). De ce fait, les superviseurs devront poursuivre les réformes réglementaires entreprises dans le secteur bancaire et assurer en même temps la promotion des investissements, de manière à obtenir une croissance forte et durable (Fouda, 2009).La productivité en général est la relation entre le niveau de la production et la quantité des facteurs qui l'ont permis. Malgré ces difficultés d'approche tant conceptuelles que pratiques, la productivité mérite la plus grande attention, dans la mesure où elle constitue un des facteurs clé de la concurrence dans le secteur bancaire. Cette productivité est vue sur le plan de développement financier, qui est estimé par le volume de crédits distribués. L'un des objectifs majeur de la réglementation est de permettre le financement de l'économie. Qu'en est-il ?

    La question centrale ici est de savoir si l'application des mesures prudentielles s'est réellement traduite par une reprise de la productivité bancaire au Cameroun ? Cette deuxième partie vise à montrer comment les caractéristiques des banques et l'environnement financier affectent la productivité des banques camerounaises. Singulièrement, le but principal de cette partie est d'examiner de façon approfondie la relation entre la productivité et les caractéristiques du système bancaire. L'hypothèse sous-jacente est que la réglementation prudentielle affecte positivement la productivité bancaire au Cameroun.

    Pour ce faire, nous avons présenté cette partie en deux chapitres. Le chapitre 3 a pour titre : Réglementation et l'expérience de développement financier au Cameroun. Le but est d'évaluer la contribution du dispositif réglementaire à résoudre de manière optimale les problèmes d'offre de crédits. Le chapitre 4 a pour titre : Le dispositif prudentiel : un moyen de consolider le financement de l'économie au Cameroun. Le but est de mesurer l'impact des ratios prudentiels dans l'intensification du niveau de développement financier, dans le souci de rendre le système bancaire stable. La méthode la plus appropriée pour traiter ce genre de problème est la méthode de régression multiple. Les résultats tant statistiques qu'économétriques sont proposés.

    CHAPITRE III : LA REGLEMENTATION ET L'EXPERIENCE DE

    DEVELOPPEMENT FINANCIER AU CAMEROUN

    INTRODUCTION

    La présentation officielle du système financier camerounais distingue quatre types d'institutions financières : la Banque Centrale (Banque des Etats de l'Afrique Centrale), les Banques créatrices de monnaie, les autres institutions bancaires, et les institutions financières non bancaires. Elle intègre aussi toutes les institutions qui participent au financement de l'économie, comme les compagnies d'assurance et de réassurance, les établissements de crédit-bail, les sociétés financières et de participation, etc. Mais dans les faits, le fonctionnement du système financier se réduit au système bancaire, où les actifs bancaires représentent environ 10% du PIB et 75% du total des actifs du système financier à la fin de l'an 2006 (FMI, 2007). A la suite de la crise des systèmes bancaires, le système financier a fait l'objet d'importante réglementation, notamment aux niveaux institutionnels et bancaires. L'objectif déclaré de la politique de crédit en cette période était le financement du développement. C'est pourquoi, des niveaux plus élevés de crédits ont été observés. Seulement, ces crédits étaient octroyés par « clientélisme »12(*) et parfois même sans garanties, et destinés plus aux secteurs de transport, transit, commerce et services, activités agricoles (Fouda, 2009). La crise ayant profondément touché les banques, l'objectif prioritaire pour les autorités est devenu l'assainissement de l'environnement financier. Le système financier camerounais, malgré la réglementation ne s'est pas adopté aux grands défis de la mondialisation. Il est donc resté peu dynamique et en déphasage avec les besoins de l'économie. La réglementation prudentielle vise à établir une confiance de type institutionnel.

    Les capacités des banques se réduisent et l'on peut se demander quel lien existe-t-il entre la réglementation prudentielle et le niveau de développement financier ? Pour y parvenir, la Section I expose les caractéristiques actuelles de l'intermédiation bancaire au Cameroun et la Section II relate les résultas déterminants pour le développement financier.

    SECTION I- LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE

    L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU CAMEROUN

    .

    A la suite de la réglementation, il devait s'opérer des regroupements, des fusions et alliances stratégiques importantes, permettant non seulement de renforcer la fonction d'intermédiation, mais aussi d'accroître les marges et taux de profitabilité. Aussi, le nombre de banques du système bancaire est passé à 11 au 31 décembre 2008 contre 12 dans les années précédent immédiatement la dévaluation. Ainsi que le relève Avom (2004), le système bancaire compte également huit établissements de crédit auxquels il convient d'ajouter les sociétés d'assurance dont le rôle dans le financement de l'économie va considérablement se développer dans les prochaines années, car elles se présenteront comme des concurrentes sérieuses des établissements de crédit, notamment dans la collecte de l'épargne. A côté de ce secteur officiel, il se développe la microfinance, dont la progression a été remarquable au cours de la dernière décennie malgré sa disparité (Lelart, 2002).

    A cet effet, le système bancaire et financier camerounais présente actuellement plusieurs caractéristiques dont, trois paraissent pertinentes pour qu'elles soient évoquées pour notre propos. Il s'agit d'abord de sa forte concentration, ensuite de la très forte présence du capital privé dans le capital social des banques, dont une part importante est d'origine étrangère (internationalisation), et enfin de la faiblesse de profondeur et d'innovations financières.

    I - UN SYSTEME BANCAIRE CONCENTRE ET INTERNATIONALISE

    Les caractéristiques premières du système bancaire camerounais sont la concentration (dans les grandes métropoles) et l'internationalisation (intégration financière).

    1- Un système bancaire concentré

    L'analyse de la concentration dans l'industrie bancaire permet de mettre en évidence les inégalités de taille entre établissements de crédit, mais également des tendances oligopolistiques qui se manifestent au sein de ce secteur. Au Cameroun, la concentration s'est traduite par deux mesures. D'une part, une concentration géographique ; celle-ci se caractérise par la réduction du nombre de banques (fusion-acquisition et fermeture) et d'autre part, une concentration économique ; il s'agit à ce niveau d'une concentration de l'activité bancaire en termes de dépôts / crédits et de part de marché.

    1.1- Evaluation de la concentration économique

    La diversité des produits ne permettent pas la définition d'une incidence composite de concentration dans le cas des banques, la concentration sera évaluée d'une part par les parts de marché, puis par le nombre de banques et d'agences.

    1.1.1- La concentration par les parts de marché

    Il sera évalué ici la concentration des dépôts et la concentration des crédits. A chaque fois, il sera dressé un tableau des parts de marché pour faire le calcul du taux de concentration pour l'année 2008. Il existe de nombreux indicateurs de concentration. Pour notre étude, il sera utilisé, l'indice de Hirchman-Herfindhal. Il est égal à la somme des carrés des parts de marché de toutes les firmes de la branche ou de l'industrie. Formellement, cet indice s'écrit comme suit 

    H = (q i/Q) ² = S i² Où qi représente la production de la firme i et Q la production

    totale de l'industrie. Il peut dès lors être évalué ces différentes concentrations.

    1.1.1.1- La concentration des dépôts bancaires

    La concentration des établissements de crédits peut être évaluée à partir de l'activité de dépôts. Le tableau 4 ci-après permet de calculer le degré de concentration en 2008.

    Tableau 4. Part de marché des dépôts 2008

    Banques

    Montant en millions

    de FCFA

    Part en %

    simple

    Part en % cumulé

    SGBC

    250780

    22,92

    22,92

    BICEC

    220301

    20,14

    43,06

    SCBCL

    161757

    14,80

    57,85

    AFB

    136257

    12,46

    70,31

    SCBK

    107814

    9,86

    80,16

    CBC

    95390

    8,72

    88,88

    CITIBANK

    45270

    4,14

    93,02

    AMITY BANK

    25440

    2,33

    95,35

    ECO BANK

    36221

    3,31

    98,66

    UNION BANK

    14674

    1,34

    100

    TOTAL

    1093301

    100

    /

    (Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2008)

    Le tableau 4 souligne une forte concentration des dépôts. En effet, sur les dix banques en activité de notre échantillon, deux à savoir, la SGBC et la BICEC contrôlent 43,06% des dépôts, alors que la moitié du système bancaire, constitué des cinq premières banques à savoir, la SGBC, la SCB-CL, la BICEC, la CCEI et la Standard, contrôle à elle seule 80,16% des dépôts. A partir de ces résultats, il peut être calculé l'indice H de concentration. Soit

    H = (0,2292² + 0,2014² + 0,1480² + 0,1246² + 0,0986² + 0,0872² + 0,0414² + 0,0233² + 0,0331² + 0,0134²) = 0,15

    En comparant cet indice à celui qui traduit l'égalité de tailles, qui est égal ici à 1/10, soit 0,1. Il est clair que ces indices sont différents ; ce qui traduit alors les inégalités de tailles dans cette industrie. Puisque lorsque les firmes sont de tailles identiques, ces deux indices devraient être égaux. Cette inégalité de tailles traduit bien la concentration de l'industrie bancaire. Le Graphique 5 ci-après illustre cette situation.

    Graphique 5- Concentration des dépôts en part de marché en % cumulé

    Concentration des dépôts en 2008

    Banques

    (Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2008)

    1.1.1.2- La concentration des crédits bancaires

    La concentration des établissements de crédits peut être évaluée à partir de l'activité de prêt. Le tableau 5 ci-après permet de calculer le degré de concentration en 2008.

    Tableau 5 : Part de marché de crédits 2008

    Banques

    Montant en millions

    de FCFA

    Part en %

    simple

    Part en %

    cumulé

    SGBC

    186575

    22,00

    22,00

    BICEC

    175177

    20,67

    42,67

    SCBCL

    116007

    13,68

    56,35

    SCBK

    102093

    12,04

    68,39

    CBC

    87265

    10,29

    78,68

    AFB

    79788

    9,4

    88,08

    CITIBANK

    34042

    4,01

    92,09

    ECOBANK

    30698

    3,62

    95,71

    AMITYBANK

    25998

    3,07

    98,78

    UNONBANK

    10244

    1,21

    100

    TOTAL

    847887

    100

    /

    (Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2008)

    Le tableau 5 souligne une forte concentration des établissements de crédit. Les deux premières banques à savoir la SGBC et la BICEC, contrôlent à elles seules 42,67%. Bien plus, en ajoutant la SCB-CL, la Standard Charttered Bank et, la CBC, la moitié du système bancaire distribue 78,68% de crédit. Il convient de remarquer que la Société Générale et la BICEC contrôlent le marché de crédit à hauteur de 42,67%. Il peut donc être calculé l'indice H soit :

    H = (0,22² + 0,2067² + 0,1368² + 0,1204² + 0,1029² + 0,094² + 0,0401² + 0,0362² + 0,0307² + 0,0121²) = 0,14

    En comparant cet indice à celui qui traduit l'égalité de tailles, qui est égal ici à 1/10 soit 0,1. Il y a bien inégalité de tailles, puisque ces deux indices sont différents. Le graphique 6 ci-après permet également d'illustrer ce phénomène.

    Graphique 6. Concentration des crédits en part de marché en % cumulé

    (Source : Fichiers Garbis Iradian, FMI, 2008)

    1.1.2- La concentration par le nombre de banques et d'agences

    Le degré de concentration bancaire peut également être mesuré par le nombre de banques et d'agences. Plus ce nombre sera ralenti, plus la concentration sera élevée. Cet aspect peut être apprécié à partir du tableau 6 ci-après relatant le nombre de banques et d'agences pour la période 2001 à 2008. La concentration se fait exclusivement dans les grandes villes du pays.

    Tableau 6 : Evolution du nombre de banques et d'agences

    Années

    Nombre de banques

    Nombre d'agences

    2001

    10

    86

    2002

    10

    88

    2003

    10

    90

    2004

    10

    96

    2005

    10

    103

    2006

    11

    118

    2007

    12

    128

    2008

    12

    129

    (Source : Rapport annuel du Conseil National du Crédit)

    La lecture de ce tableau 6 montre bien la concentration du système bancaire. En effet, sur l'ensemble de la période étudiée, on observe non seulement qu'il y a un petit nombre de banques en activité, ce nombre qui tourne autour de 10 banques avec une augmentation plus importante en 2008, mais également, de période en période, on constate aussi une augmentation des agences. On assistera à l'entrée de deux nouvelles banques dans le système bancaire.

    1.2- Evaluation de la concentration géographique

    Les pays en développement sont caractérisés par un dualisme économique qui ne cesse d'influencer les niveaux de structure tant industrielle que sociale. Au Cameroun, à côté d'un secteur moderne qui, regorge des activités commerciales et industrielles modernes, il existe un vaste secteur traditionnel. Ces deux secteurs d'activité sont localisés dans les zones bien spécifiques. Alors que le secteur moderne se localise dans les agglomérations urbaines, telles que Yaoundé, Douala, Bafoussam ; le secteur traditionnel pour sa part, se situe dans les zones rurales. Cette structuration de l'économie camerounaise, expliquerait alors la concentration géographique du réseau bancaire. En effet, le secteur traditionnel manifeste une certaine aversion vis-à-vis des structures bancaires, et la structure des dépôts en subit donc des effets. Seul le secteur moderne influence de façon significative l'importance des dépôts et la structure des banques. Ce différentiel d'aversion de ces différents secteurs vis-à-vis des banques influence l'implantation des banques qui choisissent des grandes agglomérations au détriment des campagnes. Ainsi, la plupart des banques sont installées dans les grandes villes notamment Douala, Yaoundé, Bafoussam, et quelques chefs lieux de régions. Ce phénomène peut être visualisé à travers ce tableau 7 ci-après qui retrace le réseau bancaire camerounais.

    Tableau 7 : évolution du réseau bancaire camerounais

    Ville

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Douala

    17

    16

    27

    47

    9

    8

    14

    24

    Yaoundé

    13

    12

    20

    39

    7

    6

    16

    26

    Bafoussam

    5

    9

    7

    10

    6

    5

    8

    9

    Total

    35

    37

    54

    96

    22

    19

    38

    59

    Autres

    42

    48

    113

    90

    56

    40

    52

    61

    Total

    87

    85

    167

    186

    78

    59

    90

    120

    (Source : Rapports annuels du conseil national du crédit)

    La lecture de ce tableau 7 souligne bien l'importance du phénomène de concentration géographique du réseau bancaire autour des grandes agglomérations urbaines au Cameroun. En effet, il est à remarquer que sur l'ensemble de la période, les trois métropoles que sont Douala, Yaoundé et Bafoussam, ont la plus grande part des agences par rapport aux autres régions. Sur l'ensemble de la période étudiée, ces trois villes ont à elles seules, d'année en année, en moyenne 35% du nombre total d'agences. Ce phénomène s'est surtout accentué en 2004 où ces trois villes ont à elles seules plus de 51% des agences existantes. Il peut être attribué à cette situation de la multiplication des guichets périodiques du milieu des années 2001. Cette concentration géographique se traduit par le développement des comportements d'épargne informelle dans les zones rurales.

    Aussi, des 129 agences bancaire que compte le système bancaire en 2008, un peu plus de 80% sont regroupées dans les villes de Douala et Yaoundé. Ainsi, des 21 agences que compte la société générale des banques du Cameroun (SGBC), quinze sont situées dans les villes de Yaoundé (six) et Douala (neuf), et 6 dans le reste du Cameroun.

    En somme, l'industrie bancaire est fortement concentrée sur l'ensemble de la période. Sur le plan géographique, les agences des banques sont plus installées dans les trois villes. Sur le plan économique, l'activité bancaire est contrôlée par cinq banques en raison de 85% pour les dépôts et 72% pour les crédits.

    2- Un système bancaire internationalisé

    Une des conséquences de la globalisation des marchés est l'intégration financière. Cette globalisation a entraîné un vaste marché financier mondial dont les parties sont solidaires et indépendantes. La finance s'étant globalisée, le mouvement va se répercuter dans les systèmes bancaires. C'est dans cette optique que le système bancaire camerounais s'est également internationalisé. Cette internationalisation peut s'apprécier à travers deux critères principaux. Il y a d'une part l'implantation bancaire étrangère au Cameroun, et d'autre part, le développement de l'activité bancaire à l'étranger.

    2.1- L'implantation bancaire étrangère au Cameroun

    La présence des banques étrangères au Cameroun est très ancienne et remonte à la période coloniale. Les premières banques à s'installer étaient la Banque d'Afrique Occidentale (BAO) et la Banque Commerciale Africaine (BCA). Les banques étaient pour la plupart françaises, et leur rôle était de prendre en main le développement des échanges commerciaux avec la métropole. C'est du développement de ces échanges que dépendra le rythme d'installation des banques qui n'étaient que des filiales des banques étrangères. Au moment où le Cameroun accède à la reconnaissance internationale, on s'attendait à ce que cette logique soit infléchit ou alors totalement renversé ; mais il n'en a rien été parce que la structure de l'économie des colonies n'avait pas elle-même changée. Dans la période d'euphorie qui a suivi les indépendances notamment à partir du milieu des années 1970, avec le boom des prix des matières premières (pétrole, cacao, café), les banques américaines, italiennes, espagnoles, vont également s'implanter. Une majorité se retirera progressivement par la suite au moment où le Cameroun entre dans une phase de récession à partir du milieu des années 1980.

    Aujourd'hui, après les restructurations et les réformes qu'il a connu depuis le début des années 1990 et le retour de la croissance qui a suivi, on observe un léger mouvement de retour des banques étrangères vers le Cameroun à travers une prise de participation dans le capital social de plusieurs banques en activités.

    2.2- L'implantation des banques camerounaises à l'étranger

    Pour ce qui concerne l'implantation des banques Camerounaises à l'étranger deux banques sont concernés par ce mouvement .Il s'agit d'Afriland First Bank13(*) et de la Commercial Bank of Cameroon. La première est la plus dynamique dans cette stratégie .Elle a en effet ouvert à la fin des années 1990 deux agences bancaires en Guinée équatoriale et en France, puis en 2002 une succursale dans le port Congolais de Pointe Noire ainsi qu'à Sao Tomé et Principe. Cette stratégie s'est poursuivie en 2003 par une prise de participation dans le capital de la banque omnifinance en Côte d'Ivoire. Bien plus, de nouveaux partenariats ont été mis en place dans trois pays d'Afrique. Il s'agit de la Banque du Développement du Tchad, de la Société Marocaine de Dépôts et de Crédits et enfin de la First Bank of South Africa. Ainsi, après la France, puis la Chine plusieurs autres partenariats lui assurent une représentation en Amérique et en Europe occidental. La deuxième est beaucoup plus timide et est présente en RCA, au Tchad, Sao-Tomé et la Guinée Equatoriale et à travers l'ouverture d'une agence.

    Au total, l'internationalisation à travers la libéralisation financière se traduit par une présence moins importante de l'Etat dans le capital social des banques (contrairement à la période précédente la crise ou sa participation excédait 35%). Dans l'ensemble du système bancaire, l'Etat n'est présent que dans trois banques donc la BICEC où l'Etat est représenté à hauteur de 80% dans le capital ; c'est la participation la plus importante.

    Les données du tableau 8 ci-après amène deux observations importantes. Elles permettent d'apprécier l'important recul de l'Etat dans le capital social des banques et la forte présence du capital privé national et étranger. Il apparaît que l'Etat14(*) représente désormais et en moyenne 20,31% contre 31,20% pour les privés nationaux et 46,49% pour les privés étrangers.

    Tableau 8 : Répartition du capital social des banques en activités au Cameroun en %

    Banques

    Amity Bank

    Bicec

    CBC

    City Bank

    Cl Bank

    Eco Bank

    SGBC

    HCB Bank

    STD Bank

    Afriland Bank

    Etat

    0

    80

    0

    0

    35

    0

    25,6

    0

    0

    0

    Privé N

    53,28

    20

    100

    0

    0

    0

    16,3

    100

    0

    75

    Privé E

    46,8

    0

    0

    10

    65

    100

    58,3

    0

    100

    25

    (Source : Rapport d'activité COBAC 2002) N= Nationaux E= Etrangers

    II - INSUFFISANCE DE PROFONDEUR ET D'INNOVATIONS FINANCIERES

    On assiste à une faible profondeur financière et un manque d'innovations financières.

    1- La faible profondeur financière

    Le terme profondeur financière renvoie généralement à la taille du secteur financier. Ainsi, l'appréciation du secteur bancaire dans une économie se fait à travers le ratio M2 / PIB en raison de sa simplicité, et sans qu'il soit l'indicateur le plus approprié15(*). Ce ratio mesure le pourcentage de la masse monétaire dans la richesse totale dans l'économie. L'interprétation de ce ratio est cependant biaisée par l'importance de la thésaurisation. En effet, dans la plupart des pays sous développés, une partie non négligeable de la quantité de monnaie en circulation échappe au circuit bancaire.

    Le système bancaire camerounais malgré la restructuration est demeuré « frileux » et très peu développé du fait notamment de la répression financière, et du renforcement du dualisme financier. Cette faiblesse de la taille, peut être appréciée en observant l'évolution du ratio M2 / PIB qui est resté relativement stable et faible entre 2001 et 2008. Il y a cependant, une légère participation des banques suite à un léger choc d'une hausse défavorable des prix des matières premières qui est resté très peu perceptible, à cause de l'ampleur de la crise dans laquelle se trouvait l'économie camerounaise. Cela peut s'expliquer par l'émergence de la microfinance qui s'est institutionnalisée et réduisant par là même la thésaurisation.

    Mais paradoxalement, le Cameroun reste encore un peu en marge de l'évolution des systèmes financiers internationaux, car l'intermédiation financière donne l'impression au Cameroun de ramer en contre courant, pour rechercher la petite taille et limiter le développement des opérations (Bekolo-Ebe, 1998).

    2- Le manque des innovations financières

    Une autre caractéristique actuelle du système bancaire camerounais est le manque d'innovations financières. Il se traduit par une quasi-absence des services financiers. Alors que partout ailleurs, et notamment dans les pays occidentaux et européens, se développe l'innovation financière, dont le rythme tend à s'accélérer avec comme corollaire, l'expansion et la densification des marchés et pour conséquence, une plus grande capacité à répondre aux besoins et à offrir des opportunités d'investissement (Bekolo-Ebe, 2002). L'intermédiation financière au Cameroun se caractérise par une pauvreté des instruments, souvent d'ailleurs inadaptés aux besoins, tant pour l'épargnant que pour l'emprunteur. Et lorsque ces instruments financiers existent, ils sont très peu diversifiés et de qualité médiocre. Les conditions pour y accéder sont extrêmement malthusiennes et l'assurance de financement du fait de la fidélité des relations est pratiquement nulle (Bekolo-Ebe, 1998). La faiblesse de l'innovation explique ainsi pour une large part les difficultés des entreprises à trouver les financements adaptés au cycle de production, et la tendance des agents à agir en marge du système. C'est pourquoi les marchés y sont aussi peu développés, et l'intermédiation informelle y prend une telle ampleur, posant ainsi à l'intermédiation financière un problème d'adaptation.

    Le système bancaire demeure fragmenté et élitiste, avec une exclusion du financement bancaire, d'une frange importante de la population, qui, pour résoudre ses besoins, recourt à la microfinance. En plus, il manque de souplesse, des démarches administratives sont toujours longues et fastidieuses pour l'ouverture des comptes, la réalisation des opérations de dépôts et de demande de crédits (compte tenu des conditions exigées) (Avom, 2004). Bien plus, les rares services disponibles ne sont pas accessibles à tous les clients. Par exemple, l'existence des cartes bancaires et des guichets de distribution automatique de billet devenus depuis de nombreuses années des services ordinaires dans les pays développés et certains pays du Sud du Sahara comme l'Afrique du Sud et les pays d'Afrique du Nord demeure paradoxalement un grand luxe. Ainsi que l'a relevé Avom (2004), la SGBC et la BICEC ont été les premières à expérimenter le service de paiement par carte bancaire. Plus récemment, Afriland First Bank vient de mettre à la disposition du public un porte monnaie électronique (i-card) qui permet de réaliser les paiements sur l'ensemble du territoire, dans les surfaces disposant d'un terminal agrée. Elles ont mis à la disposition de leurs clients des cartes de retrait. Cependant, les distributeurs associés à ce service n'ont pas un fonctionnement permanant. Ils sont régulièrement en panne et de nombreux désagréments sont régulièrement signalés. La monnaie demeure le seul actif financier le plus utilisé. Le chèque dont l'obtention nécessite une procédure longue (plus d'un mois) n'est pas totalement accepté comme moyen de mobilisation de la monnaie et de paiement. Au total, la banque apparaît dans plusieurs décennies après l'indépendance et ce malgré de nombreuses restructurations et réformes, culturellement en déphasage avec les réalités économiques et sociales. Les taux d'intermédiation bancaire c'est-à-dire le rapport entre le nombre de population pour un guichet de banque reste faible et se situe à environ un guichet pour 149153 habitants (COBAC, 2006), c'est ce qui explique par ailleurs sa très forte concentration. Aussi, l'émergence de la microfinance qui est plus adaptée aux besoins des populations en majorité pauvre, trouve là son explication. De ce fait, quelles sont les conséquences immédiates pour le développement financier au Cameroun.

    SECTION II- DES RESULTATS DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER

    Malgré une situation satisfaisante du système financier, celui-ci est peu à même de financer le développement. Face à la bonne santé du système financier, la question se pose de savoir quels sont les facteurs explicatifs du faible niveau de financement du développement (Hugon, 2007). Trois principaux résultats peuvent être présentés en guise d'illustration : l'assainissement du système bancaire, l'expansion du secteur de la microfinance et l'émergence des marchés financiers et monétaire. Avant d'examiner ces résultats, il importe de rappeler que le développement financier est à notre sens un processus de transformation du système financier garantissant une utilisation rationnelle des ressources. C'est à ce titre que l'assainissement des systèmes bancaires constitue un résultat important, car la viabilité des banques et leur stabilité sont des conditions indispensables au développement de l'intermédiation financière (Anderson et Tarp, 2003). Il en est de même de l'expansion de la microfinance, ainsi que l'émergence des marchés des capitaux. Il s'agit d'innovations financières qui participent à la diversification des modalités de financement, ainsi que du développement des institutions et des instruments financiers.

    I - UN SYSTEME BANCAIRE ASSAINI

    Aujourd'hui, le système bancaire et financier est globalement assaini au Cameroun. Il bénéficie d'une plus grande crédibilité, en particulier vis-à-vis des épargnants, qui sont par nature très sensibles aux problèmes d'illiquidité et d'insolvabilité. Le système financier est composé des banques commerciales, des établissements financiers, des compagnies d'assurance, des marchés boursiers embryonnaires, et des établissements de microfinance.

    1- Un secteur bancaire surliquide et rentable

    En 2006 et 2007, le secteur bancaire au Cameroun, globalement rentable, était en situation de surliquidité du fait notamment des dépôts à vue et des revenus liés aux cours du pétrole. Les taux de profit du secteur sont estimés entre 15% et 20%. Les banques réalisent leurs marges grâce aux commissions prélevées sur les services et moins sur les crédits, exception faite du crédit documentaire. De ce fait, on observe des comportements de collusion entre les opérateurs.

    Mais comme le système bancaire détient l'essentiel des actifs financiers, la bonne santé du système financier peut être illustrée à partir de la situation des banques. En raison du problème de disponibilité des données, nous considérons uniquement les dix banques commerciales en activités au Cameroun en 2004. Durant la période d'étude 2001 à 2008, le réseau des banques en activité au Cameroun se répartit de façon inégale comme le montre le tableau 9 suivant introduisant le nombre de personnes par guichet.

    Tableau 9 : Réseau bancaire et population du Cameroun de 2001 à 2008

    Années

    Nombre de

    banques

    Nombre de

    guichets

    Capital social

    (en millions CFA)

    Population

    (en millions)

    Nombre de

    personnes par guichet

    2001

    10

    86

    36218

    12,7

    109151

    2002

    10

    88

    46918

    13,4

    118145

    2003

    10

    90

    47180

    14,8

    121348

    2004

    10

    96

    48413

    15,3

    121832

    2005

    10

    103

    53633

    16,5

    138146

    2006

    11

    118

    62320

    17,6

    149153

    2007

    12

    128

    62320

    18,2

    155913

    2008

    12

    128

    84651

    19,1

    169167

    (Source : construit à partir des données de la COBAC, rapports annuels 2001 à 2008, et de la

    BEAC, service de la programmation monétaire)

    Le nombre de banques agréées et en activité au Cameroun s'élève en moyenne à 10 et le nombre de guichets bancaires en moyenne à 105. On constate une amélioration chaque année du nombre de personnes par guichets. Le système bancaire s'adapte à l'évolution des populations pour une satisfaction totale de la clientèle. Au cours de cette période d'étude, le capital social du système va croissant du fait simplement de la reprise de confiance faite par la population à leur banque.

    De plus, on constate que pour un système bancaire performant, une solution pourrait ainsi consister pour les autorités monétaires camerounaises non seulement à créer les conditions d'une limitation du nombre de banques et une augmentation de leur taille, mais encore celle d'une insertion des tontines, principale composante du secteur financier informel. Celles-ci joueraient alors le rôle de relais entre les banques et les agents économiques à faible revenu qui sont pour le moment exclus des circuits formels de financement (Ezé-Ezé, 2001). La structure de l'actionnariat est largement dominée par le secteur privé (tableau 10).

    Tableau 10 : Répartition du capital des banques au Cameroun de 2001, 2002, 2003 et 2005

    Années

    Capital social (millions de CFA)

    Part du secteur public (%)

    Etat Parapublic Total public

    Part du secteur privé (%)

    Nationaux Etrangers Total privé

    2001

    2002

    2003

    2005

    36218

    46918

    47180

    53633

    10,51 0,77 11,28

    10,51 0,77 11,28

    10,51 0,00 10,51

    9,8 0,0 9,8

    34,16 54,56 88,72

    36,23 52,49 88,72

    34,47 55,02 89,49

    33,30 56,90 90,20

    (Source : construit à partir des données de la COBAC, Rapport annuel 2001, 2002, 2003, 2005)

    La part du capital des banques détenue par le secteur privé entre 2001 et 2005 est passée de 88,72% à 90,20%. Le désengagement de l'Etat du secteur financier est bien illustré au 31 décembre 2005 passant de 11,28% à 9,8%. A cette date, les pouvoirs publics détiennent seulement 10,51% du capital social cumulé des banques et ne sont plus l'actionnaire principal que de 3 banques sur les 10 en activités. Par ailleurs, on constate que d'une manière générale, les banques présentent aujourd'hui une bonne structure financière. En effet, d'après le système de cotation développé par la COBAC (système SYSCO) en vue d'apprécier la situation financière des banques, 2 banques présentent une situation financière solide (cote 1) à fin 2008, contre 0 en 2001 ; 7 ont une situation financière bonne (cote 2) contre 6 en 2001. Il n'existe que 2 banques qui ont une situation financière fragile (cote 3) et 1 autre une situation financière critique (cote 4). En bref, à la fin de 2008 tout au moins, plus de 75% des banques en activités n'inspirent pas de confiance.

    2- L'encadrement bancaire de la Banque des Etats d'Afrique Centrale et

    de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

    La Banque de Etats d'Afrique Centrale (BEAC) joue un rôle central dans l'encadrement bancaire au Cameroun. Elle définie la politique monétaire dans un objectif de lutte contre l'inflation et de respect des fondamentaux garantissant la valeur du Franc CFA. La question pour la BEAC est d'éviter une surabondance des liquidités qu'il faudrait rémunérer.

    La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a joué un rôle essentiel dans l'assainissement du secteur bancaire au Cameroun. Elle exerce également un rôle important de réglementation et de régulation de la microfinance. A cette fin, une série de normes prudentielles ont été édictées et un plan comptable commun est en cours de définition. La bonne santé des banques est illustrée par le respect des normes prudentielles imposées par la COBAC. Le ratio de solvabilité de base du réseau bancaire est de l'ordre de 267% en moyenne en 2008. Les fonds propres nets corrigés du réseau s'élève à 232 milliards contre 183 milliards en 2001, soit un ratio de solvabilité de 16,43%. Les fonds propres comptables de l'ensemble des banques, estimés à partir des éléments des bilans s'élèvent à 375 milliards en 2008 et à 309 milliards en 2001, soit un taux de progression de 18,67%. En outre, le ratio moyen de couverture des risques par les fonds propres est au-dessus du minimum réglementaire de 8%. Sur les 10 banques que compte le Cameroun en 2006, 2 seulement présentent un ratio de couverture des risques par les fonds propres inférieur au minimum réglementaire de 8%, et 4 banques ont un ratio compris entre 8% et 15%. En revanche, 3 présentent un ratio supérieur à 20%. Dans le même ordre d'idées, le ratio de liquidité16(*) moyen de l'ensemble des banques s'élève à 293,5%. Une seule banque a présenté pour cette année un coefficient de liquidité inférieur au minimum requis. De plus, le coefficient de fonds propres et de ressources permanentes s'élève en moyenne à 92,64% au 31 décembre 2008. Il est largement supérieur au minimum de 50% imposé par la COBAC. En outre, le risque de crédit est faible traduisant ainsi une qualité suffisante de la réglementation. Le poids de l'ensemble des actifs douteux bruts connaît une baisse régulière, il passe de 7,46% à 5,58% entre 2001 et 2008. Dans le même temps, le taux de provision des banques17(*) passe de 91,43% à 95,13%. Cette évolution traduit sans aucun doute une amélioration de la qualité apparente des actifs bancaires. Au respect des normes s'ajoute le fait que l'activité des banques, est elle aussi en expansion (tableau 11), avec des taux variables pour chacune.

    Tableau 11 : Activité et performances microéconomiques des banques au Cameroun (millions)

    Années

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Produit net bancaire

    Produits accessoires

    Charges de personnel

    Autres frais généraux

    Dépôts publics

    Dépôts privés

    Comptes débiteurs

    Créances douteuses

    87809

    3427

    20776

    26064

    189797

    761217

    295182

    109978

    106970
    1787
    23108
    31961


    210421

    933270

    271411

    121873

    112398

    2342
    25877
    33768

    154070

    912595

    267560

    120814

    122418
    2819
    28143
    36013


    127453
    973607


    260731
    99677

    125567
    3618
    29217
    39564


    120754

    1073826

    243014

    104123

    132402
    3266
    32361
    41531


    172379
    1173978

    212977

    116163

    139055
    3545
    34411
    45841


    239929
    1272893


    223294
    120998

    163131
    5617
    37367
    51449


    251848
    1438959

    506031

    142578

    (Source : Rapports annuels COBAC de 2001 à 2008)

    En l'absence d'un marché financier développé, les banques commerciales sont les principaux vecteurs de la mobilisation de l'épargne, d'abord à cause de leur réseau assez étendu, ensuite parce qu'à travers leurs opérations normales de crédits, elles peuvent activer l'épargne oisive où elle se trouve, enfin parce que les actifs bancaires qui constituent les éléments de l'offre de monnaie sont hautement liquides et sont ainsi attractifs pour les épargnants. Plusieurs facteurs expliquent cette performance. Les banques ont diversifié leur offre de services et ont adopté des pratiques visant à accroître les commissions qu'elles perçoivent. Elles ont accru leur marge sur opérations diverses, à travers par exemple l'augmentation sans préavis des frais de tenue de compte, l'imposition d'agios sur les comptes créditeurs (ces agios sont officiellement annulés depuis 2008/2009), le prélèvement des frais divers sans contrepartie en termes de service effectif, etc. En outre, les produits de trésorerie se sont accrus, notamment sous l'effet de la surliquidité, de l'amélioration de la gestion de la trésorerie bancaire et des conditions souvent favorables de placement des excédents de trésorerie auprès des correspondants étrangers. Le rationnement du crédit sera appliqué par les banques. Le tableau 12 nous présente l'évolution du crédit à l'économie camerounaise durant la période 2001-2008.

    Tableau 12 : Evolution du crédit à l'économie et charges bancaires (millions) et de la marge

    d'intermédiation bancaire financière en % au Cameroun de 2001 à 2008

    Années

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Crédit

    -long terme

    -moyen terme

    -court terme

    Marge en %

    d'intérêt

    -Charge sur opé-ration trésorerie

    -Charge sur opé-

    ration clientèle

    -Charge sur opé-

    ration diverse

    2506
    136536

    158272


    10,18

    2657

    24345

    924

    2886

    175929

    195742

    8,43

    1607

    28917

    2412

    2656

    187675

    214569

    8,14

    2021

    30204

    8981

    2721
    249091
    227348

    7,95

    2188

    31600

    4301

    9142

    321984
    260956

    7,89

    3041

    32313

    5965

    12952
    332511
    303140


    7,9

    2948

    33845

    5356

    20183

    356527
    304833

    7,22

    3072

    32280

    7282

    30257

    420751

    361363

    7,03

    1770

    29961

    9160

    (Source : Rapports annuels des activités BEAC 2001 à 2008)

    De façon générale, on assiste au Cameroun à une prépondérance des financements courts, la marge sur les opérations de trésorerie a augmenté. En clair, il apparaît que le système bancaire a retrouvé la solvabilité et la rentabilité, c'est-à-dire une situation financière nécessaire au développement financier. Nous allons voir qu'il a également enregistré une diversification de l'offre de services financiers avec l'expansion du secteur de la microfinance et en dehors de tout cela la création des marchés financier et monétaire en fonctionnement de façon embryonnaire.

    II - UN SECTEUR DE LA MICROFINANCE EN EXPANSION ET DES MARCHES FINANCIERS ET MONETAIRES EN FONCTIONNEMENT

    Le secteur de la microfinance prend une extension remarquable ainsi que la création bien que lente des marchés financiers au Cameroun.

    1- Un secteur de la microfinance en expansion

    Face au dysfonctionnement du système financier officiel, on note un rôle important de la finance informelle : institutions communautaires reposant sur des communautés d'appartenance (clans, lignages, religions, etc.) ; organisations tontinières ou associations de crédit rotatif reposant sur des communautés d'adhésion, prêteurs et banques privées non officielles (Hugon, 1996). Ces circuits sont caractérisés par plusieurs traits : prédominance des transactions en espèces, faiblesse ou absence des enregistrements et des réglementations, échelle restreinte des opérations, échanges d'actifs hors des cadres juridiques, rôle des relations personnelles et des solidarités communautaires d'appartenance ou d'adhésion (Lelart, 2005). L' « argent chaud » créateur de liens l'emporte sur l' « argent froid » non créateur d'obligations (Bédart, 1986). Ces circuits informels permettent de différer la consommation et de réaliser une épargne forcée. Les taux de recouvrement sont élevés ; la proximité sociale et culturelle favorise la confiance ; la grande simplicité et la flexibilité des procédures et les innovations permettent d'adapter les produits financiers aux besoins. Il importe également d'en voir les limites : la personnalisation des relations réduit l'étendue de ces circuits, l'essentiel des financements concerne les dépenses sociales et une consommation différée et non les investissements à risque, les taux d'intérêt pratiqués sont très élevés (souvent plus de 100% par an).

    A côté de la finance informelle, la microfinance joue un rôle économique et social croissant bien que moins important. Elle résulte le plus souvent d'appuis extérieurs (bailleurs de fonds, etc.) tout en s'appuyant sur les dynamiques endogènes. Il s'agit principalement des coopératives d'épargne et de crédit, de crédit solidaire sur le modèle de la Grameen Bank de caisse villageoises et des mutuelles, des sociétés de financement ou encore des banques populaires avec système de cautionnement mutuel. La microfinance est caractérisée par un taux élevé de recouvrement des crédits en zones rurales et périurbaines. Ce taux baisse considérablement dans les zones urbaines, en particulier dans les agglomérations de Douala et Yaoundé. Il est en général pratiqué un taux d'intérêt minimum de 5% annuel pour assurer la viabilité financière des organisations de microfinance. En revanche, les dépôts et les crédits de la microfinance représentent seulement 5% de la valeur des activités bancaires (Enquête CEREG 2009). L'essentiel de la dynamique est spontané. Le secteur de la microfinance tend à s'intégrer davantage au secteur bancaire grâce au placement réciproque des liquidités. Il finance très peu le petit investissement à risque et touche les moins pauvres parmi les pauvres. Plusieurs banques commerciales s'appuient ainsi sur le réseau d'EMF dans lequel elles ont pris une participation. A contrario, les systèmes encore informels notamment tontiniers continuent de jouer un rôle stratégique, mais les taux débiteurs sont très élevés (généralement plus de 60% par an). Ils financent principalement de la consommation différée et des actions sociales (Hugon, 2006).

    La croissance fulgurante des établissements est allée de pair avec le nombre de clients ou de personnes bénéficiant des services de la microfinance. Le tableau 13 illustre cette évolution.

    Tableau 13 : Evolution du nombre d'EMF, de l'activité des EMF et des clients au

    Cameroun entre 2000 et 2006

    Années

    2000 2003 2004 2006

    -Nombre d'établissements de microfinance

    -Nombre de clients en fin 2006

    -Dépôts (en millions)

    -Crédits (en millions)

    490 601 652 655

    200000 230000 290000 849030

    35786 - - 162427

    25256 - - 104173

    (Source : Rapport annuel sur la zone franc 2007 et rapports annuels COBAC)

    Au 31 décembre 2006, le nombre d'établissements de microfinance (EMF) ayant obtenu l'agrément de la COBAC au Cameroun s'élevait à 655 en plus des établissements ayant leurs dossiers d'agrément en cours d'examen. Le nombre de clients est passé de 200000 à 849030 membres. Cette augmentation exponentielle est allée elle-même de pair avec celle du nombre de guichets qui, en fin 2006 s'est élevé à 1052, contre 956 en 2000. Le Cameroun a ainsi connu une augmentation du taux global de bancarisation. L'expansion des établissements s'est accompagnée à son tour de celle de l'activité. Les dépôts dans les EMF sont passés de 35 milliards à 162 milliards de francs CFA environ entre 2000 et 2007, les crédits de 25 à 104 milliards. Les EMF ont développé également d'autres services financiers. Les EMF au Cameroun par exemple (COFINEST, EXPRESS UNION, FIRST TRUST, etc.) ont développé le service de transfert d'argent. Pour cela, ils utilisent des procédés purement locaux soit des procédés qui existent à l'échelon international (Western Union, Money Gram, etc.), à travers des relations de partenariat nouées avec les banques classiques locales. Ce service est devenu une activité importante. Le volume global moyen de fonds transférés mensuellement se situant en majorité dans les villes de Douala et Yaoundé.

    Cette expansion s'explique par plusieurs facteurs. D'une part, l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire et la volonté manifestée par les pouvoirs publics d'assainir le secteur ont introduit des missions d'enquête et d'évaluation, ainsi qu'une procédure d'octroi d'agréments. D'autre part, le caractère favorable de l'environnement macroéconomique du Cameroun a permis au secteur de bénéficier du contexte de surliquidité du système bancaire. Les EMF ont en effet exploité l'attentisme des banques pour accroître les volumes de dépôts collectés et de crédits aux particuliers. Leur part de dépôts et de crédits est toutefois restée faible, comparée à celles des banques classiques (Haldane et Piergiorgio, 2009).

    Un développement durable de la microfinance au Cameroun implique un appui important en termes financiers et d'assistance technique, notamment de la part des bailleurs de fonds. Il existe déjà certains mécanismes d'appui de la part des bailleurs de fonds. Au Cameroun, l'Agence française de développement a ainsi accordé un concours de 1,5 million d'euros à l'agence pour le crédit à l'entreprise privée, pour le financement des petites entreprises en milieu urbain. Le poids important des transferts financiers est visible et théoriquement libre. Ils font en plus l'objet d'une taxe de 15% (7,5% pour les entreprises françaises) assise en principe sur les bénéfices mais calculée en réalité sur le chiffre d'affaires, ce qui incite fortement à développer des circuits parallèles de transferts (Financial Service Authority, 2009).

    En dehors de ce qui précède, la réglementation a permis également de créer des marchés financier et monétaire, qui sont actuellement en fonctionnement.

    2- Des marchés financier et monétaire en fonctionnement

    Les marchés financiers (Douala Stock Exchange et la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale à Libreville) sont pour l'instant embryonnaires et connaissent des problèmes d'organisation et de démarrage. Des possibilités d'extension sont toutefois importantes à travers la titrisation de la dette et de développement d'un marché d'actions liées aux privatisations et aux expansions d'entreprises (Renversez in Forum pour l'Afrique et al., 2006). Aujourd'hui la priorité est donnée à une meilleure organisation de ces places. A plus long terme, se posera la question de l'intégration des deux bourses qui, en dehors des questions d'ordre symbolique liées à la souveraineté nationale, devrait être possible notamment du fait du caractère non territorialisé de nombreuses opérations financières. La Douala Stock Exchange (DSE) a été créée en novembre 2001, au niveau national du Cameroun. En raison de la carence de titres, les opérations de cotation à la DES n'ont démarré qu'au courant du premier semestre de l'année 2006. La capitalisation boursière du marché des actions reste encore faible, et est évalué au 26 septembre 2007 à 3,034160 milliards de FCFA.

    Le marché monétaire fonctionne au sein de la CEMAC de manière satisfaisante, et a été mis en place en juillet 1994 même s'il demeure moyennement actif. Son compartiment interbancaire a enregistré entre 2000 et 2006 des volumes d'opérations variant de 18,45 à 32,2 milliards de CFA. Il concerne les appels d'offres de la BEAC et le marché interbancaire. On observe une croissance récente avec un niveau de 27,7 milliards de CFA en avril 2006 contre 12,9 milliards en avril 2005. La BEAC intervient par le biais des taux d'intérêt directeurs (TIAO de 5,2%) et par les coefficients de réserve. Les taux débiteurs minima sont de 15% alors que les taux créditeurs minima sont de 4,25% (PricewaterhouseCoopers, 2007). Malgré les difficultés, les bourses de valeurs créées permettront à terme : 1°) de faciliter la collecte de l'épargne longue et de l'orienter vers des investissements productifs, et cela à un coût plus faible comparé au financement bancaire ; 2°) de favoriser le renforcement des fonds propres des entreprises et des banques, notamment par le mécanisme de l'appel public à l'épargne ; 3°) De développer le système financier et de le mettre au diapason de l'évolution mondiale des marchés de capitaux dans les pays émergents, comme cela est déjà le cas dans certains pays africains (Tunisie, Botswana, Nigeria, pays de l'UEMOA, Ghana).

    En définitive, il apparaît que la réglementation bancaire a produit des changements positifs du point de vue du développement financier. En effet, Gurley et Shaw (1960) ont souligné le rôle du système financier dans l'emploi efficient de l'épargne à partir des obstacles financiers à la croissance réelle. Selon eux, le système financier de l'économie élémentaire est inefficient car il ne comprend ni actif financier pour encourager l'épargne ni marché financier pour affecter l'épargne d'une manière compétitive à l'investissement18(*).

    CONCLUSION

    L'objet de ce chapitre était de déterminer la relation qui existe entre la réglementation et le développement financier. En somme, l'application et le respect des différents ratios prudentiels ouvre la voie à l'offre de crédits et garanti un contrôle harmonieux entre le prêteur et l'emprunteur. Mais il se pose également le problème du type de réglementation à promouvoir. Les autorités monétaires ont entamé, depuis les deux dernières décennies, des programmes de mise à niveau et de restructuration du système financier, visant ainsi à créer les conditions idéales à l'essor et au développement du secteur pour une participation plus active, et un rôle plus important dans l'économie. Ces réformes ont été menées suivant différents degrés et à grande échelle. Le développement financier relatif demeure en retard par rapport à celui d'autres pays du monde. Selon les experts qui s'intéressent à la situation financière du Cameroun, un facteur empêche le secteur financier de jouer pleinement le rôle de catalyseur de la croissance économique. Il s'agit de la qualité de l'environnement institutionnel et légal, qui n'est pas en synergie avec les progrès enregistrés dans le secteur financier. L'impact des ratios prudentiels sur le développement financier sera analysé. Le développement financier s'accompagne de nombreuses limites et de paradoxes.

    CHAPITRE IV : LE DISPOSITIF PRUDENTIEL : UN MOYEN

    DE CONSOLIDER LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE

    AU CAMEROUN

    INTRODUCTION

    Le cadre réglementaire prudentielle camerounais sur les banques commerciales a évolué aujourd'hui et se hisse comme une nécessité pour les banques dans leur activité de financer l'économie. Justifier la nécessité du cadre réglementaire de la sphère bancaire est d'une part, de démontrer son importance dans le fonctionnement des banques, d'autre part, permet de mettre en évidence dès le départ la corrélation entre les normes réglementaires et l'activité de crédit au sein de l'industrie bancaire. L'analyse se propose de ressortir ainsi l'effet du cadre réglementaire camerounais sur l'activité de financement du développement. Autrement dit, elle explique l'évolution des crédits à l'économie au regard des péripéties de la réglementation prudentielle au Cameroun. Pour aboutir à cette explication, l'étude procède à une appréciation critique du cadre réglementaire camerounais afin de faire ressortir les effets pervers des lacunes (limites) desdits ratios sur l'activité d'octroie de crédits. Les normes réglementaires ont-elles joué effectivement leur rôle dans le financement de l'économie.

    Pour atteindre cet objectif, une démarche en deux étapes est adoptée : elle présente dans la Section I, la solidité du système bancaire et le financement de l'économie ; puis procède, dans la Section II à la validation empirique de l'influence des ratios prudentiels sur le développement financier. La prise de conscience de l'importance d'un système financier résilient et performant dans l'appui et le soutien aux efforts de croissance, a fait que le Cameroun essaye de l'exploiter au mieux, en prenant soin d'opter pour les stratégies et les politiques qui leur semblent les plus efficaces. Cette prise de conscience repose sur l'hypothèse selon laquelle, le secteur financier peut, en se développant, entraîner un développement du secteur réel. Encore faut-il s'entendre sur ce qu'est le développement financier en lui-même et savoir comment la réglementation prudentielle arrive à avoir une influence sur le développement et la croissance. Le niveau de développement financier est mesuré ici par le ratio des crédits domestiques fournis par le secteur bancaire par rapport au PIB et qui donne une indication sur le degré selon lequel le secteur bancaire formel joue un rôle dans le financement de l'économie au Cameroun.

    SECTION I : LA SOLIDITE DU SYSTEME BANCAIRE ET

    FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU CAMEROUN

    La solidité du système bancaire camerounais s'apprécie à travers le respect des normes prudentielles édictées par la COBAC. Le système bancaire et financier d'une économie est aujourd'hui, un élément majeur de la stratégie de développement économique. Cette idée a été développée dans la littérature économique par des auteurs comme Gurley et Shaw (1967), Mckinnon (1973). Explicitement ou implicitement, ces auteurs soutiennent l'idée qu'un système financier efficient du fait notamment de la diversité de ces activités, impulse le développement économique tout en l'orientant. Si cette corrélation est admise, encore faudrait-il pouvoir circonscrire le concept de système financier, tout comme son rôle dans le processus de développement. Nous donnerons en premier lieu une définition et le rôle du système bancaire dans l'économie et en deuxième lieu nous aborderons la question de surliquidité des banques et la faiblesse du financement bancaire au Cameroun.

    I - DEFINITION ET ROLE DU SYSTEME BANCAIRE DANS UNE ECONOMIE

    Nous définirons d'abord le système financier et ensuite son rôle dans l'économie.

    1- Système financier : Une tentative de définition

    Selon Peyrard (2001), le système financier s'entend, au sens large, comme : « l'ensemble des institutions, des marchés, des règles et pratiques du système monétaire et financier international que les pouvoirs publics, les entreprises et les particuliers suivent dans leurs activités économiques et financières ». Cette définition, si elle a le mérite d'offrir une vision large de la notion sous revue, ne traduit pas totalement la perception du système financier retenue dans le cadre de cette étude. Ainsi, notre vision du système financier s'inscrit dans la lignée de la définition proposée par Stiglitz (1997), lorsqu'il affirme que : « le système financier est une partie de l'économie qui comprend toutes les institutions participantes au transfert de l'épargne des épargnants (ménages et entreprises) vers les emprunteurs, ainsi qu'au transfert, au partage et à l'assurance des risques ». Le système financier peut être vu comme étant l'ensemble des structures publiques ou privées bancaires ou financières qui participent à la collecte et/ou allocation des ressources monétaires ou financières entre les agents économiques à excédent de capitaux (épargnants) et ceux à déficit de capitaux (emprunteurs).

    Dans cette perspective, le système bancaire peut être défini comme : « [...] un ensemble hiérarchisé d'organismes assurant de façon indépendante la fonction d'intermédiation financière et qui se caractérisent par le pouvoir de création monétaire »(Fouda, 2005). Il se compose de la Banque Centrale et des banques de second rang encore appelées banques commerciales. Il fonctionne avec l'aide des organes de réglementation, de contrôle et de représentation de la profession. Le système bancaire intervient de façon directe ou indirecte au processus de création ou de circulation de la monnaie et de l'épargne ou simplement dans la circulation de la monnaie et l'épargne (Fouda, 2005).

    2- Rôle du système bancaire dans l'économie

    Le rôle du système bancaire dans l'activité économique peut être diversement appréhendé. Toutefois, sa contribution au niveau de la croissance économique et partant du développement d'un pays a fait l'objet d'une attention particulière. Ainsi, Schumpeter (1912), soulignait déjà la grande importance des banques dans le fonctionnement du système économique, et leur apport bénéfique à la croissance à travers le financement de l'innovation. Bencivenga et Smith (1991) montrent qu'une bonne gestion du risque de liquidité par le secteur bancaire permet d'augmenter la part de l'épargne allouée aux placements davantage productifs tout en gardant un niveau d'épargne constant. Ces auteurs établissaient par là et de façon théorique une relation positive entre le secteur bancaire et la croissance économique. D'une manière générale, les travaux théoriques présentés par Crâne et Merton (1995) identifient six fonctions qui à leur sens mettent en exergues le rôle du système bancaire dans une économie.

    2.1- Système bancaire comme moyen de règlement

    Le système bancaire est un mécanisme de règlement des transactions dans la mesure où il constitue un moyen d'échange essentiel au bon fonctionnement d'une économie basée par exemple sur la spécialisation des tâches. En effet, si la monnaie est l'unité de valeur commune, les formes sous lesquelles elle est échangée se sont multipliées : numéraire, chèque, carte de crédit, carte de débit, transfert électronique de fonds, dépôts directs et retraits pré-autorisés.

    2.2- Système bancaire : un système d'agrégation de l'épargne

    Le système bancaire est un moyen d'agrégation d'épargne dans la mesure où la nécessité d'agrégation de l'épargne prend origine dans le besoin qu'expriment les entreprises d'opérer en une taille qui minimise leurs coûts de transaction. De ce fait, on peut considérer l'agrégation de l'épargne comme une fonction très importante du système bancaire. D'ailleurs, cette agrégation bénéficie tant aux fournisseurs qu'aux utilisateurs de capitaux (Danielson et al., 2009).

    2.3- Système bancaire : un procédé de transfert de ressources

    Le système bancaire est un procédé de transfert des ressources intersectoriel, inter-temporel et inter-regional. Cette fonction permet aux particuliers (ménages) de compenser les différences entre leur profil de revenus issus du travail et leur profil de consommation durant leur vie. Au plan macroéconomique, il est à noter que tous les secteurs économiques ne font pas tous face aux mêmes opportunités. En effet, certains font face à des déclins, alors que d'autres sont en pleine croissance. Il est donc important que via le système bancaire, les ressources sous forme de dettes ou de capital actions se déplacent vers les entreprises ou les régions les plus performantes (Adrian and Brunnermeier, 2009 ; Avgouleas et al., 2010).

    2.4- Système bancaire comme système de gestion de risques

    Le système bancaire est un mécanisme de gestion des risques car il permet via les actifs disponibles (polices d'assurances, produits dérivés, etc...) de réduire les risques. En outre, il permet aussi à ceux qui sont prêts à supporter plus de risques d'augmenter leur espérance de revenu. La diversification des risques et/ou la redistribution du risque résiduel attestent ainsi le rôle de gestion de risque par le système bancaire (Cihak and Erlend, 2009).

    2.5- Système bancaire : un réducteur des coûts lié à l'asymétrie d'information

    Le système bancaire réducteur des asymétries d'information dans la mesure où il offre aux agents économiques des moyens pour minimiser les coûts reliés à l'asymétrie d'information. Une de ces fonctions importantes réside dans le fait qu'il met à la disposition des agents économiques des instruments permettant de réduire l'impact des ces difficultés (Lall, 2009).

    A l'analyse de ces arguments, il ressort que le rôle du système bancaire est de faciliter notamment la mobilisation des ressources bloquées dans le secteur traditionnel de l'économie, et les transférer au secteur moderne qui peut promouvoir la croissance en assurant leur affectation aux projets les plus performants. Telle serait donc la contribution de tout système financier et bancaire au processus de développement. Le système bancaire camerounais ne s'accommode pas moins de cette logique. Comprendre alors les canaux d'actions concourant à cette contribution passe nécessairement par la présentation des acteurs qui l'impulsent au Cameroun. L'actionnariat bancaire camerounais reste dominé par les holdings financiers et autres établissements de crédits privés nationaux et internationaux. Le Cameroun ne reste pas en marge de cette tendance. En effet, la structure de l'actionnariat de son réseau est à prépondérance privée. Ainsi, l'Etat camerounais ne détient que 9,8% en agrégé de l`actionnariat contre 98,2% pour les investisseurs. Par ailleurs, le tableau 14 relate le réseau bancaire qui reste relativement dominé par la présence de succursales de banques étrangères.

    Tableau 14 : Situation du paysage bancaire camerounais en 2006

    Banques

    Sigles

    Date de création

    Capital social

    (million de CFA)

    Nombre de

    guichets

    Amity Bank Cameroon PLC

    Amity

    1990

    7400

    9

    Banque Internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit.

    BICEC

    1962

    3000

    27

    Afriland First Bank Cameroon

    First Bank

    1988

    6300

    13

    Commercial Bank of Cameroon

    CBC Bank

    1998

    7000

    9

    Citibank N.A Cameroon

    CITI-C

    2001

    5684

    2

    Ecobank Cameroun

    EcoBank

    2000

    5000

    10

    Crédit agricole

    CA/SCB

    1962

    6000

    15

    Société Générale des Banques du Cameroun

    SGBC

    1963

    6250

    18

    Standard chartered bank Cameroon

    SCBC

    1986

    7000

    2

    Union Bank of Cameroon PLC

    UBC PLC

    1999

    5000

    5

    National financial credit bank

    NFC Bank

    2006

    5686

    8

    (Source: Rapport annuel COBAC 2006)

    Concernant son activité de financement de l'économie, elle s'effectue de manière intéressante. Le total de la situation cumulée de l'ensemble des banques en activité s'est situé en effet à 1931 milliards en 2006, en hausse de 11,76%, soit un rythme de croissance proche de celui de 2005 (+11,61%). Ainsi, par exemple, le total agrégé des bilans des banques camerounaises au 30 septembre 2007, s'est établi à 1898 milliards de FCFA ; il a progressé de 13% par rapport au 30 septembre 2006. Les dépôts collectés se sont élevés à 1701 milliards FCFA (89,6% du total du bilan). Les crédits bruts à la clientèle sont de 1024 milliards de FCFA en 2007 ; soit en expansion de 8,2% par rapport à septembre 2006. Les créances en souffrance s'élèvent à 140 milliards de FCFA. Elles représentent 13,7% des crédits bruts contre 12,3% douze mois auparavant. La couverture des crédits par les dépôts s'établit à 184,9% (contre 177,7% en septembre 2006). Ainsi, les opérations avec la clientèle dégagent un excèdent de ressources de 803 milliards de FCFA. On relevait un excédent de 652 milliards FCFA en septembre 2006. Les banques camerounaises dégageaient un déficit des capitaux permanents de 4 milliards de FCFA par rapport aux valeurs immobilisées en 2005. A la fin septembre 2006, ce déficit s'élevait à 9 milliards de FCFA. L'excédent de trésorerie se situe à 823 milliards FCFA en 2006 (43,4% du total du bilan). Il a enregistré une fluctuation de plus de 26,0% par rapport à la situation prévalant douze mois plus tôt.

    II - LA SURLIQUIDITE DES BANQUES ET FAIBLESSE DU FINANCEMENT BANCAIRE AU CAMEROUN

    De nombreux spécialistes savent depuis quelques années que les banques du Cameroun et plus généralement les banques de la zone CEMAC sont en situation de surliquidité. Cette situation résulte des effets conjugués des plans de restructuration bancaire et du changement de politique monétaire suite à la crise financière des décennies quatre vingt et quatre vingt-dix. Inscrits dans un contexte de libéralisation financière, ces reformes avaient deux objectifs : d'une part restaurer la liquidité du système bancaire et d'autre part permettre un meilleur financement de l'économie nationale (Hugon, 1999). Si les banques sont redevenues plus liquides, elles n'ont pas pour autant accordé plus de crédit à l'économie. Cette tendance, loin d'être spécifique au Cameroun, concerne aussi les autres pays de la zone Fcfa (Rochet, 2008).

    1- La surliquidité des Banques au Cameroun

    Au cours de ces dernières années, l'embellie de l'économie camerounaise a eu un impact direct sur la croissance de la liquidité des banques. En effet, l'accroissement des recettes d'exportations pétrolières suite à la flambée des cours mondiaux de pétrole, s'est traduit par une augmentation de la masse monétaire dans le monde en général et au Cameroun en particulier. Ce surplus de monnaie a eu comme conséquence un accroissement des réserves bancaires, conduisant ainsi à la surliquidité des banques (Fouda, 2005). Il y'a lieu de souligner également comme cause de la surliquidité, l'amélioration de la gestion bancaire suite au processus de restructuration ayant assaini le secteur. En effet, les banques sortant d'un long processus d'assainissement sont devenues prudentes dans la prise du risque, ce qui a contribué à une contraction du volume des crédits distribués.

    Face à cette situation, on s'attendrait à ce que les banques s'impliquent davantage dans le financement de l'économie, disposant suffisamment de ressources. Très curieusement, les banques se plaisent dans cette situation de surliquidité et ne financent que très peu l'économie. En effet, au cours de la décennie passée (1994-2004), la croissance des crédits au Cameroun n'a pas suivi celle des dépôts. Les dépôts se sont accrus de 128,2 % tandis que les crédits à l'économie n'ont connu qu'une augmentation de 56 %. Les banques préfèrent orienter leurs ressources vers des emplois de trésorerie moins risqués que les crédits.

    Fort de ce constat, il y'a lieu de s'interroger sur la qualité de la gestion des ressources bancaires au Cameroun. En effet, une présomption d'inefficacité des banques dans la transformation de leurs ressources en crédits demeure ainsi palpable. La seule façon d'en avoir le coeur net est donc d'évaluer empiriquement les niveaux de performance des banques dans la transformation de leurs ressources en crédits. Cette évaluation nécessitant l'application de méthodes appropriées, la méthode de Régression multiple est retenue dans le cadre de cette étude pour évaluer les niveaux relatifs de développement financier du système bancaire camerounais. Mais avant de nous lancer dans cette évaluation, il serait judicieux de présenter la question du financement de l'économie camerounaise.

    2- La question du financement de l'économie camerounaise

    La littérature économique distingue deux définitions de la liquidité : une définition étroite appelée « liquidité de financement » et une définition plus large qui renvoie beaucoup plus à la « liquidité des marchés ».

    Au sens étroit, la notion de liquidité recouvre les espèces ou les actifs susceptibles d'être convertis rapidement en espèces et détenus à cet effet pour satisfaire les demandes de retraits de fonds à court terme émanant des contreparties, ou pour couvrir leurs opérations. Dans cette approche, la liquidité est principalement liée à l'activité de transformation traditionnellement pratiquée par les banques.

    Au sens large, la liquidité correspond à la capacité des banques à liquider un actif non monétaire, par exemple un titre d'investissement acquis à l'origine pour être détenu jusqu'à l'échéance, dans le cadre d'une opération de refinancement en monnaie banque centrale. La liquidité des marchés est au coeur des préoccupations de stabilité financière des banques centrales. L'absence de liquidité des marchés peut non seulement engendrer une inefficience des marchés, mais sa disparition soudaine sur un marché peut aussi dégénérer en crise systémique (Fouda, 2005).

    Dans le premier cas, on est présence d'un système bancaire qui refuse de prêter aux entreprises nationales et préfère détenir des actifs liquides mais à faible rendement auprès de la banque centrale. Dans le deuxième cas, le Cameroun comme tous les pays de la CEMAC préfèrent financer l'économie française au dépend de leur propre économie à travers le mécanisme du « compte d'opérations ». Cette situation, n'étant pas une anomalie passagère, soulève plusieurs interrogations (Garsuault et Priami, 1997). Premièrement ne traduirait-elle pas une profonde défaillance de l'ensemble des mécanismes monétaires ? Deuxièmement, la solution adoptée actuellement qui consiste à mettre en place des Fonds pour les Générations Futures (FGF) ne remet-elle pas en question le principe même de solidarité à la base de la zone FCFA ? Troisièmement, dans ce contexte, quelles sont les différentes options qui s'offrent au Cameroun pour le financement de son économie ?

    2.1- L'importance de la liquidité bancaire

    Pour comprendre l'importance de la liquidité bancaire, il est nécessaire de faire une distinction entre l'intermédiation monétaire et l'intermédiation non monétaire. Dans le cadre de l'intermédiation non monétaire, une institution financière se sert de ses emprunts à son passif pour accorder des financements à son actif (Stiglitz, 1999). En revanche, dans l'intermédiation monétaire, le financement est accordé par endettement de la banque à l'égard du bénéficiaire. La dette à vue de la banque circule comme monnaie et est acceptée par tous comme moyen de paiement. Cette dette est exigible et doit par conséquent être couverte. Si la banque n'a pas de ressources suffisantes pour faire face à ces conversions, elle devra se refinancer après, alors que l'intermédiaire non monétaire doit emprunter avant. L'une des principales fonctions de la banque est d'apporter à ses clients une garantie de liquidité. Elle le fait en s'exposant elle-même à un risque d'illiquidité dû au désajustement des échéances de son passif et de son actif (Bourva, 1979).

    Il existe plusieurs mécanismes que la banque peut utiliser pour s'assurer contre un tel risque. Le premier consiste à détenir un certain volume d'actifs liquides jouant le rôle de stock régulateur. Ce stock de liquidité constitue pour la banque un coussin de sécurité lui procurant une assurance contre un choc de liquidité. Un coussin de sécurité suffisamment large réduit la probabilité d'une menace de viabilité de la banque via un excès de demande de liquidité. Le second mécanisme consiste pour les banques à s'assurer mutuellement sur le marché interbancaire. Cette co-assurance, pour être efficace, suppose que les chocs de liquidité ne soient pas parfaitement corrélés. Par ailleurs, les banques doivent détenir un certain montant d'actifs liquides pour se secourir mutuellement dans le cas de chocs spécifiques touchant certaines institutions. Bien sûr, en présence de problèmes d'asymétries d'information et de passager clandestin, ce mécanisme d'assurance interbancaire est inefficace et c'est la banque centrale, agissant dans le cadre de préteur en dernier ressort, qui doit fournir la liquidité aux banques illiquides mais solvables. Dans le cadre de la CEMAC, le règlement de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) R-93/06 relatif à la liquidité des établissements de crédit impose à l'article 5 que les établissements assujettis doivent, à tout moment, présenter un rapport de liquidité au moins égal à 100 %.

    En revanche, en situation d'excédent permanent de liquidité bancaire, la banque centrale peut, dans le cadre de la politique monétaire instaurer les réserves obligatoires. Ainsi, l'article 20 des Statuts de la BEAC prévoit que le Conseil d'Administration peut prendre toutes les dispositions pour imposer aux établissements de crédit la constitution de réserves obligatoires. Le recours aux réserves obligatoires vise à contraindre le système bancaire au refinancement lorsque les facteurs autonomes de la liquidité bancaire engendrent un excédent de monnaie centrale (Okah-Atenga, 2005). Les réserves obligatoires, par leur action structurelle, sont un complément à la politique de refinancement. C'est en application de cet article que le 1er septembre 2001, le Gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, agissant par délégation du Conseil d'Administration, a décidé de soumettre les banques de la Zone d'Emission à la constitution de réserves obligatoires. Dans le cadre de la mise en oeuvre de cette mesure, les banques commerciales agréées par la COBAC sont contraintes de conserver une partie des dépôts collectés auprès de leur clientèle dans des comptes rémunérés dits « comptes de réserves obligatoires » tenus par la BEAC. L'assiette des réserves obligatoires minimales comprend : les dépôts à vue, à savoir les soldes créditeurs des comptes créditeurs à vue (résidents et non-résidents) et les dépôts à terme et d'épargne, à savoir les comptes de dépôts à régime spécial et les comptes de dépôts à terme (résidents et non-résidents).

    Les chiffres des dépôts à prendre en compte pour le calcul du niveau réglementaire des réserves obligatoires sont ceux relatifs aux encours des dépôts aux dates des 10, 20 et 30 (ou 31) du mois de référence. Malgré l'instauration des réserves obligatoires, les banques camerounaises sont en situation de liquidité persistante.

    2.2- Les déterminants de la surliquidité bancaire

    La surliquidité bancaire est commune à plusieurs pays à travers le monde. Elle survient lorsque la somme du compte courant et des réserves libres des institutions de crédit auprès de la banque centrale excède de manière persistante le niveau des réserves obligatoires. Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer l'excédent de liquidité dans la zone CEMAC en générale et au Cameroun en particulier. Nous notons le recyclage des excédents des ressources pétrolières19(*) ; l'entrée des devises suite aux privatisations des entreprises publiques ; le risque élevé que représentent les prêts pour les banques, en raison des difficultés juridiques que soulève le recouvrement effectif des créances en cas de défaut ; les inefficiences importantes du système bancaire au niveau régional, qui freinent la transmission de fonds des banques très liquides de certains pays membres aux banques d'autres pays dans lesquels la demande de crédit est relativement forte ; le manque de concurrence entre les banques, en particulier au niveau régional ; la faiblesse de la demande de crédit d'un certain nombre de gros emprunteurs habituels, en particulier dans le secteur axé sur l'exportation, qui ont connu une amélioration substantielle de leur liquidité ainsi qu'un meilleur accès au crédit extérieur après la dévaluation de 1994.

    Le paradoxe de la surliquidité se manifeste par une concomitance entre une surliquidité persistante et une insuffisance de financement du secteur réel. C'est le cas actuellement de la zone CEMAC. En effet, l'économie réelle de la zone CEMAC est en manque de moyens de financement externe, alors que le secteur bancaire dispose de liquidités excédentaires qu'il ne parvient pas à employer. Par sa persistance, le paradoxe de la surliquidité bancaire de la zone CEMAC dépasse un simple phénomène conjoncturel, laissant à penser que le problème de financement est celui de l'intermédiation financière et qu'il puise sa source dans l'histoire institutionnelle de la zone FCFA. Les tentatives d'explications de ce paradoxe avancées jusqu'à présent ne tiennent pas compte de cet aspect fondamental. Elles sont principalement de trois ordres. La première tiendrait à la non coïncidence dans les temporalités de l'offre et de la demande. En effet, les banques de la zone CEMAC disposent essentiellement de ressources à court terme, alors que le secteur non financier recherche principalement le financement à plus long terme. Traumatisé par une très forte incertitude inhérente à la crise de la fin de la décennie quatre vingt, le système financier de la zone CEMAC s'avère actuellement incapable d'assurer une transformation effective des ressources.

    Dans la deuxième explication, ce paradoxe serait lié à la conjoncture économique. Ainsi, lorsque la conjoncture économique est favorable, les perspectives de rentabilité des entreprises s'améliorent. Ceci se traduit d'une part par une plus forte bancabilité des projets et une augmentation de la rémunération des ménages. La capacité d'épargne de l'économie augmente et vient augmenter les dépôts bancaires. Ce mécanisme peut durer jusqu'au tarissement des projets bancables. Si par ailleurs les ménages ne sollicitent pas de crédit, les dépôts bancaires se transforment en surliquidité. A cet instant, la banque a le choix entre un placement rémunéré auprès de la banque centrale ou une constitution de réserves obligatoires.

    Enfin ce paradoxe découlerait à la fois de la dimension spatiale des déséquilibres de financement et de l'absence d'un véritable marché interbancaire dans la zone CEMAC. Jusqu'à présent, il n'existe pas de marché financier dans la zone CEMAC. Les prêts entre les banques se font en blanc (Soh, 2003). L'absence de support (garantie) ne permet pas la couverture des risques supportés par les banques sur le marché interbancaire.

    D'autres explications plus anecdotiques ont été proposées : le faible taux de bancarisation de la population20(*), la prédominance de la monnaie fiduciaire, l'inadaptation de l'environnement juridique, l'importance du secteur informel. Même si ces faisceaux d'explications semblent fondés en ce qui concerne les banques commerciales, il convient de constater qu'ils n'abordent pas la cause profonde du paradoxe de surliquidité dans la zone CEMAC. En effet, la surliquidité touche non seulement les banques commerciales de la zone CEMAC, mais aussi la BEAC. Par conséquent, une analyse de ce paradoxe qui ne prend pas en compte la situation de surliquidité de la BEAC demeure partielle. Pour saisir l'intégralité de ce phénomène, il est nécessaire de revenir sur le concept la libéralisation financière de la décennie quatre vingt dix et son inscription dans un régime de répression monétaire.

    Dans ce contexte de surliquidité, les banques exploitent-elles optimalement les ressources mises à leur disposition ? Autrement dit les banques sont elles techniquement efficaces dans la transformation de leurs ressources en crédits ?

    SECTION II : VALIDATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DES RATIOS

    PRUDENTIELS SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER

    La banque est, par nature, un système complexe présentant la spécificité d'intégrer plusieurs fonctions. Le processus de production recouvre notamment deux fonctions : une activité de production d'actifs financiers et une activité de services endogènes. L'activité de production correspond à la double fonction d'intermédiation et de transformation selon l'approche de Gurley et Shaw (1960). Elle est donc assimilable à une opération financière réalisée par la banque pour le compte de son client. L'activité de service consiste en une prestation offerte par la banque à sa clientèle. La part croissante des commissions dans le produit net bancaire révèle l'importance accrue de cette activité. La nature intégrée du processus de production bancaire rend difficile sa modélisation dans la mesure où les concepts d'input et d'output ne sont pas clairement identifiés. Une importante littérature économique sur la banque a tenté d'identifier ces concepts Le système de production bancaire se caractérise donc par une production à cibles multiples (Row, 1994). À ce titre, il ne peut pas être assimilé à un système de production relationnel ou à un système de production technique ni à un système de production à ressource client technique. Ce qui limite l'assimilation du système de production bancaire à ceux de la partie inférieure du tableau dressant la typologie des systèmes de production de services. Le système de production bancaire est donc complexe et incertain. La productivité est captée ici par le niveau de développement financier mesuré par le ratio crédit intérieur au secteur privé sur le produit intérieur brut.

    Les éléments qui précèdent décrivent le cadre réglementaire de l'activité des établissements bancaires au Cameroun ; l'organisation et le fonctionnement du Crédit accordé à l'économie camerounaise. La dynamique de ces facteurs qui s'inscrit elle-même dans le contexte global d'après restructuration du secteur bancaire camerounais, induit dans le fond non seulement une nouvelle perception de l'activité du système bancaire et des autorités publiques. Mais davantage, elle fait ressortir les limites d'un processus de restructuration bancaire au Cameroun et éclaire sur les préalables ou conditionnalités d'une intermédiation bancaire au service de l'économie camerounaise. C'est l'analyse en profondeur de ces implications financières sous-jacentes mais significatives qui constitue l'objet de cette section.

    I - APPROCHE METHODOLOGIQUE ET ANALYSE DES RESULTATS

    L'analyse de l'assise financière des établissements bancaires illustre la difficulté de recourir à des ratios pleinement satisfaisants. Ils ignorent notamment l'importance des opérations de hors-bilan et ne différencient pas les opérations en fonction des risques réels qu'elles incorporent. Il existe donc un écart malheureux entre les meilleurs ratios d'appréciation en théorie, comme les ratios de solvabilité, de liquidité et ceux dont l'utilisation est matériellement aisée. Les banques sont dans une situation sensiblement plus favorable au regard des ratios calculés en pondérant les risques (ratio de couverture des risques et ratio de liquidité).Ils se situent en moyenne au-dessus de la norme et devraient atteindre l'objectif fixé pour le millénaire dans le délai requis. Pour calculer le développement bancaire, nous nous sommes inspirés du travail de Demetriades et Law (2005) qui l'ont évalué à partir de trois indicateurs. Il s'agit des « crédits domestiques accordés au secteur privé », des « crédits domestiques octroyés par le secteur bancaire » et des « passifs liquides ». Tous ces indicateurs sont exprimés en pourcentage du PIB. Pour calculer l'indicateur du développement bancaire, nous avons opté pour les crédits domestiques accordés au secteur privé. La source de ces trois indicateurs est le World Development Indicators, les rapports d'activités COBAC et les rapports BEAC.

    1- Les variables du modèle

    Les indicateurs sont établis à partir des données comptables du système bancaire camerounais, inscrites dans les rapports annuels de la COBAC. Notre étude s'intéresse aux données trimestrielles ceci pour mieux avoir une vision plus nette de la participation de ces indicateurs au développement économique du pays. Les indicateurs retenus sont les suivants.

    - Le total des actifs (total bilan) mesurant ainsi les fonds propres du système bancaire (tof).

    - Le total des dépôts et des crédits mesurant ainsi la capacité du système bancaire à financer l'économie et détecter son degré de participation au développement économique (dcf).

    - Le produit net bancaire du système bancaire mesurant l'ensemble des marges sur opérations permettant de capter la marge d'intérêt du secteur bancaire (pnf).

    - Le produit net bancaire sur le total des frais généraux et des dotations aux amortissements mesurant ainsi la marge de participation du secteur bancaire dans l'économie (pfm).

    - Le ratio de couverture des risques mesurant la hauteur de participation du système bancaire au développement économique, en évitant les risques de crédit (sof).

    - Le ratio de liquidité mesurant l'ensemble des crédits inférieurs à un mois qui doit être supérieur aux ressources de la même durée (lif).

    Le niveau du développement financier est mesuré par le ratio de crédit intérieur au secteur privé sur le produit intérieur bancaire (Crp), détectant ainsi la capacité du système financier à offrir un éventail d'actifs financiers qui stimuleraient l'épargne, un éventail de marchés financiers qui affecteraient l'épargne à l'investissement selon les règles de la concurrence.

    2- Spécification du modèle

    L'objectif de cette de section est de tester ce rôle direct et indirect du dispositif prudentiel sur le développement financier de l'ensemble du système bancaire camerounais sur la période

    2001-2007 et ceci de façon trimestrielle. Comme nous l'avons déjà expliqué, nous avons choisi de représenter le développement du secteur financier seulement par le développement du secteur bancaire. Ce choix s'explique par l'importance relative et la part prépondérante du secteur bancaire par rapport aux marchés des capitaux dans le fonctionnement de tout le secteur financier camerounais. Il s'explique aussi par la rareté des études empiriques faites sur le développement du secteur bancaire et son incidence sur la croissance économique. L'autre raison qui a motivé la prise en considération du secteur bancaire est liée à la volonté d'isoler le rôle de la régulation bancaire sur le secteur bancaire en particulier. Nous obtenons 28 observations et nous employons le modèle de régression multiple pour la simple raison qu'il évalue mieux l'évolution d'un phénomène influencé par des variables externes.

    2.1- Présentation du modèle à estimer

    La modélisation appropriée utilisée dans la littérature est la fonction linéaire. Short (1979) conclût que les fonctions linéaires modélisent aussi bien que d'autres types de fonctions. Nous adopterons donc la formulation linéaire suivant l'intuition de Gurley et Shaw (1960) sur le développement financier captant mieux les changements enregistrés par le système financier, comparée à la vision introduite par Goldsmith (1969) à travers les indicateurs de développement financier. La variable expliquée est le niveau du développement financier (Crp).

    (3)

    Avec une constante, t le terme d'erreur.

    Le test d'hétéroscédasticité des erreurs confirme l'absence de problème d'hétéroscédasticité dans les données. Les erreurs suivent la loi normale et sont non corrélées.

    Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity Ho: Constant variance Variables: fitted values of crepib chi2(1) = 0.03 Prob > chi2 = 0.8738

    En plus selon Gurley et Shaw (1960), il n'y a pas de preuve d'existence ni de corrélations inter-temporelles des erreurs ni de différences significatives dans les termes de constantes par trimestres. La probabilité ici est supérieure à 5%. Le test d'autocorrélation des erreurs de Durbin-Waston, confirme également la non corrélation des erreurs à 1%.

    Cet estimation est faite à base du Logiciel Stata 9.1 Nous générons les variables en calculant les statistiques descriptives relatives aux différentes variables et nous obtenons les résultats suivants en annexe 2 (Confère annexe 2).

    Ce résultat montre que notre modèle est globalement significatif (F. Statistique = 37.85). R2 et R2 ajusté sont les coefficients de détermination du modèle, ils nous renseignent respectivement sur la part de la variabilité de la variable endogène expliquée par la variabilité des variables exogènes et sur la qualité de l'ajustement. Selon les estimations ci-dessus nous remarquons que : 91,53% du niveau de développement financier est expliqué par le modèle (les variables explicatives). Les variables pnf, pfm, sof ont une influence significative à 5% sur la variable Crp car leurs probabilités critiques (P>|t|) associées sont inférieures à 5% (ou t>1,96). Les variables tof, dcf, lif ont une influence non significative à 5% sur la variable Crp car leurs probabilités critiques (P>|t|) associées sont supérieures à 5%. L'équation peut s'écrire :

    (4)

    2.2- Estimation et interprétation des résultats

    L'estimation des paramètres par la méthode des moindres carrés ordinaires donne les résultats suivants. Si le total du bilan augmente de 1% alors le niveau de développement financier diminue de 0,485% parce que les banques hésitent de financer les investissements. Quand le produit net bancaire augmente de 1% alors le niveau de développement financier diminue de 6,283% car les banques fixent des taux très élevés ne permettant pas aux investisseurs de faire des prêts. On assiste à une augmentation du financement de l'économie de 0,58% lorsque les banques constatent un accroissement de leurs agios ceci du fait de la différence entre les taux d'intérêt. Les banques constatent un intérêt de financer l'économie de 838309,2% quand elles peuvent se prendre en charges.

    Le respect du ratio de liquidité par les banques augmente de 158,261% le niveau de développement financier du pays; à ce niveau, le respect du ratio de liquidité sécurise mieux le financement de l'économie. Le respect du ratio de couverture des risques augmente de 53255,01% le niveau de développement financier du pays ; ici le respect du ratio de couverture des risques protège le système bancaire dans leur tache d'octroie de crédits à l'économie. A la lumière des résultats obtenus, nous remarquons que le modèle retenu est significatif à 10%. Ceci explique que malgré la rude concurrence, et l'évolution sans relâche de l'environnement économique, le système bancaire camerounais reste performant. Le respect des normes prudentielles est un secteur susceptible d'exercer une influence positive sur le développement du secteur financier, en encourageant les innovations financières et en facilitant la finalisation des transactions financières aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières d'un pays.

    Pour les coefficients de la variable de la régulation bancaire, nous pouvons constater qu'ils sont significativement positifs, bien qu'à des seuils de confiance différents, pour l'équation estimée. Ceci nous enseigne qu'une politique de contrôle et de réglementation de l'activité bancaire, qualifiée par le concept de « rigueur bancaire », peut être bénéfique et favorable au développement bancaire au cameroun. Ce résultat ne va pas de pair avec les affirmations des théories « libéralisationnistes » de l'activité financière, puisque selon les adeptes de ces théories, une ouverture à la concurrence dans le secteur bancaire ne pourra être que bénéfique pour ce secteur, y compris dans les pays en développement. Or, l'épisode des crises financières vécues par un bon nombre de pays en développement durant les années qui ont juste suivi leur adoption de politiques d'ouverture à la libéralisation aussi bien interne qu'externe, montre le contraire. La récente crise financière que connaît la totalité des pays développés est aussi due, en partie, au relâchement de la rigueur bancaire et au laxisme du contrôle et de la régulation.

    En effet, ces politiques ont déclenché une instabilité financière et une fragilisation du système bancaire, en raison d'un manque de supervision et de rigueur bancaire produit, entre autres, par l'ouverture à la concurrence bancaire sans filets de sécurité, pour mieux faciliter ce passage. Ces turbulences financières ont provoqué, à leur tour, une série de crises systémiques qui ont touché d'autres places financières dans d'autres pays émergents. Rappelons aussi que pour la construction de l'indicateur de la régulation bancaire, nous pouvons utilisé d'autres variables. Il s'agit du degré d'exigence d'entrée de nouvelles banques sur le marché bancaire, de l'indice du capital réglementaire, du degré de restrictions sur l'activité bancaire, de l'indice de surveillance autonome des banques et du pouvoir officiel de supervision bancaire. Cela signifie qu'aujourd'hui, le suivi d'une politique de restrictions à l'entrée de nouvelles banques étrangères et l'imposition de restrictions sur l'activité bancaire seraient favorables au développement bancaire.

    Ceci corrobore les affirmations théoriques de Patrick (1966), qui considère que la réglementation prudentielle exerce un effet positif sur le développement financier, ne serait-ce qu'en raison du fait que l'augmentation du revenu s'accompagne d'une augmentation de l'épargne et donc d'acquisitions d'actifs financiers. Les travaux de la théorie endogène ont appuyé cette idée de double causalité. Le partage des risques que permet l'intermédiation financière, et qui favorise l'investissement dans de nouvelles technologies, comporte des coûts et implique lui-même un certain niveau de produit par tête. Nous pouvons aussi expliquer les coefficients significativement positifs du PIB par tête par le fait que le secteur bancaire bénéficie, au même titre que les autres secteurs, du développement économique.

    II - LES LIMITES ET LES PARADOXES DU DEVELEPPEMENT FINANCIER AU CAMEROUN

    Les changements survenus dans le système financier camerounais après les réformes réglementaires n'apportent pas un véritable développement financier, car ils sont loin d'avoir résolu l'épineux problème de financement du développement. D'une part, la réglementation n'a pas pu éradiquer certains dysfonctionnements des systèmes financiers, lesquels constituent de véritables obstacles au financement de l'économie. D'autre part, on observe après l'instauration de la réglementation des phénomènes aberrants sur le plan économique, comme la surliquidité bancaire et le type d'innovations financières introduites. En premier lieu, nous présenterons les dysfonctionnements du système financier notamment. En second lieu des recommandations de politique économique seront exposées.

    1- Les dysfonctionnements du système financier camerounais

    Nous verrons pourquoi le financement du développement reste un problème non résolu, et nous montrerons que la surliquidité bancaire et les innovations financières introduites dans le système financier constituent des paradoxes.

    1.1- Le financement du développement : un problème non résolu

    La réglementation n'a apporté de changements perceptibles ni par rapport au problème de l'accès aux services financiers ni par rapport à celui du climat des affaires.

    En ce qui concerne le maintien de l'exclusion de l'accès aux services financiers, l'offre de service de financement en particulier n'a pas enregistré de progrès significatif, en raison du durcissement des conditions de la collecte de l'épargne et de l'accès au crédit. On constate que le dispositif de collecte de ressources a gardé tous ses principaux handicaps : à l'instar de la concentration du réseau bancaire, du niveau élevé des coûts de transaction, etc. Le rationnement du crédit demeure une des caractéristiques majeures du marché. Certains clients des banques ne peuvent pas obtenir des crédits autant qu'ils le souhaitent, alors même qu'ils sont disposés à supporter des taux d'intérêt élevés. Cette exclusion se fait à travers plusieurs obstacles, dont les plus visibles sont les conditions qui leur sont imposées. Les banques exigent par exemple la possession d'un compte bancaire, ce qui n'est pas le cas de certaine catégorie d'agents.

    Les banques se trouvent ainsi au centre d'un conflit, que l'on peut définir par l'incompatibilité qui existe d'une part entre le souci de solvabilité et de rentabilité de la clientèle, et d'autre part l'intérêt économique général, censé être déterminé par le financement des investissements. L'exclusion de l'accès au crédit est plus accentuée pour les crédits d'investissement ou de financement du développement. En effet, la part des crédits à court terme est plus forte que celles des crédits d'investissement (moyen et long terme). Les banques prélèvent au titre des services d'intermédiation une marge permettant de couvrir leurs coûts opératoires (frais généraux, amortissements et provisions) et dégager un profit destiner à la rémunération des capitaux propres.

    En ce qui concerne le mauvais climat des affaires, il importe de relever que la réglementation n'a pas changé l'environnement institutionnel. Il en est ainsi par exemple de la politique monétaire et financière. Le climat des affaires s'est fortement dégradé. Cela résulte du fait que les lois et réglementations sont peu favorables au développement de l'accès au crédit, et en particulier les systèmes judiciaires.

    Le maintien de l'exclusion de l'accès aux services financiers et l'existence d'un mauvais climat des affaires au Cameroun constituent deux limites importantes de la réglementation prudentielle. A cela s'ajoutent les paradoxes qui caractérisent actuellement les systèmes financiers.

    1.2- Le paradoxe de la surliquidité bancaire et les innovations financières

    La surliquidité bancaire et les innovations observées constituent deux grands paradoxes que l'on peut opposer aux changements apportés par la réglementation prudentielle.

    En ce qui concerne la surliquidité bancaire, le point de départ de son paradoxe se trouve dans le concept d'économie d'endettement, introduit par Hicks (1974) afin de distinguer les types de systèmes financiers. L'économie d'endettement et l'économie des marchés de capitaux. Ce problème apparaît dès lors que l'on se trouve dans une situation où les banques détiennent par dévers elles un volume de liquidités oisives largement au-dessus de ce qui peut être considéré comme optimale (surliquidité bancaire).

    Concernant les innovations financières, contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, à savoir qu'elles soient polarisées sur l'offre de capitaux compte tenu des problèmes liés au financement du développement, celles-ci mettent davantage sur l'offre de services générateurs de commissions. Or il est de notoriété publique que l'accès au crédit constitue la pomme de discorde des banques et du secteur privé. Sur le plan institutionnel, la réglementation mise en place soumet les établissements de microfinance à des contraintes presque identiques à celles qui sont imposées aux banques classiques.

    2- Les recommandations de politique économique

    Depuis les travaux de Gurley et Shaw (1960), il est reconnu que le niveau d'évolution du secteur financier influence positivement le taux de croissance à long terme de l'économie. A cet effet, afin que le système financier camerounais puise jouer son rôle dans le processus de financement de l'économie via une allocation efficiente des crédits et conserver à long terme sa rentabilité, cette étude suscite un certain nombre de recommandations. Celles-ci vont du parachèvement de la restructuration du système financier, à l'assainissement complet de l'environnement macroéconomique.

    2.1- L'achèvement de la restructuration du système financier

    La restructuration bancaire comme le relève Touna Mama (2002) doit déboucher sur une politique plus agressive de collecte de l'épargne et une politique plus audacieuse de distribution de crédit. Il ne saurait y avoir de politique de crédit fiable sans système bancaire sain et jouissant de la confiance du public. Or, il est étonnant que les banques restructurées comme Amity bank soient peu après, obligés de fermer malgré la surveillance de la COBAC. Si les banques commerciales persistent dans la politique de distribution des crédits qui consiste à privilégier essentiellement le court terme au détriment des moyens et longs termes, alors, il faut absolument créer des banques spécialisées dans le financement du développement.

    La nécessité d'accélérer le processus de mise en place des premières cotations au niveau de la bourse des valeurs mobilières de Douala demeure pressante. Du reste, il est essentiel, dans les structures financières de recréer au Cameroun de se rappeler que la priorité c'est le développement et une intégration dans le mouvement de la globalisation est nécessaire.

    Adapter le système financier à la mondialisation, car l'une des conséquences de la mondialisation constitue en n'en point douter la formation des banques de grande taille via de fusions, absorption, acquisition, alliance stratégique ; afin de bénéficier des économies d'échelles et de dimension.

    2.2- L'assainissement de l'environnement macroéconomique

    L'assainissement de l'environnement macroéconomique revient en dernière analyse à purifier non seulement l'environnement institutionnel, en réglant le problème des lenteurs judiciaires, du chèques sans provision, du secret bancaire, de la corruption ; mais aussi l'environnement sociopolitique. C'est ainsi que l'Etat doit orienter son action vers l'amélioration du cadre juridique en rendant plus efficace les recours en justice.

    En outre, les missions de la COBAC, à savoir assurer le contrôle des banques et des établissements de crédits doivent être renforcées. Aussi, la COBAC devrait jouir d'un pouvoir coercitif de manière à ne plus se référer en dernier ressort aux autorités nationales pour exercer son pouvoir disciplinaire. Renforcer la réglementation bancaire au Cameroun sera une priorité. La réglementation COBAC devrait donc avoir plus de souplesse pour s'appliquer spécifiquement à chaque type d'institutions bancaires. Une façon simple de garantir cette souplesse consisterait à établir une procédure réglementaire flexible dans laquelle le type et le degré de réglementation dépendent du risque associé aux activités du système bancaire. La réglementation actuelle devrait changer de base et reposer sur la réglementation prudentielle optimale qui tient mieux compte des spécificités liées aux asymétries d'informations qui jalonnent l'activité des banques.

    CONCLUSION

    L'objectif de ce chapitre était de monter le degré de participation de la réglementation prudentielle dans la consolidation du financement de l'économie au Cameroun. Pour y parvenir, nous avons procédé d'une part à une analyse de la solidité du système bancaire et financement de l'économie au Cameroun et d'autre part à une validation empirique en utilisant un modèle de régression linéaire avec des données sur 28 trimestres sur l'ensemble du système bancaire. Modèle linéaire spécifié par Short (1979). Notre base de données provient des rapports annuels de la COBAC pour une période allant de 2001 à 2007.

    Il ressort de cette analyse que la réglementation est un soutien incontournable pour le raffermissement du financement de l'économie au Cameroun, dans la mesure qu'une politique de contrôle et de réglementation de l'activité bancaire, qualifiée par le concept de « rigueur bancaire », peut être bénéfique et favorable au développement bancaire du Cameroun. On note que les différents ratios retenus influencent de façon positive le financement de l'économie au Cameroun. On assiste plutôt à un rationnement du crédit et un refus total d'octroyer le crédit. On note un financement du développement non résolu, un manque d'innovations financières et une surliquidité exagérée du système bancaire. Pour y remédier, les nouvelles réglementations devront avoir une dimension macro-prudentielle marquée c'est-à-dire ne plus être uniquement orientées vers l'objectif de préservation de la solvabilité des établissements individuels mais vers des objectifs de stabilité globale du système financier.

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

    Dans cette partie, nous avons étudié la contribution de la réglementation prudentielle dans le renforcement de la productivité bancaire au Cameroun durant la période 2001-2007, et ce, en appliquant de façon trimestrielle, à l'ensemble du système bancaire, un modèle de régression multiple s'inscrivant dans la lignée des travaux de Patrick H. (1996). Après avoir présenté la relation qui existe entre le dispositif prudentiel et le développement financier, nous avons procédé à une étude empirique de l'effet des ratios prudentiels sur le niveau de crédits domestiques accordé au secteur privé. Il en ressort que la réglementation de l'activité bancaire apparaît efficace dans la recrudescence de la productivité bancaire.

    Nos résultats corroborent les conclusions de Demetriades et Law (2005) qui affirment que la réglementation prudentielle a réussi à perfectionner le niveau de développement financier des banques. Toujours dans le souci de tester la validité de la politique financière proposée qui s'appuie sur le rôle de la réglementation prudentielle et la supervision bancaire, nous avons étudié dans un deuxième temps, la relation entre la régulation financière et le développement bancaire. La dernière crise des subprimes a montré l'importance de la régulation financière dans la prévention des crises. Cette crise est la conséquence directe de la politique de libéralisation financière prônée par les institutions financières internationales, qui se traduit par un laxisme et un relâchement du contrôle bancaire. Les graves conséquences de cette crise ont fait que les décideurs politiques et économiques avouent, désormais, la nécessité d'une surveillance bancaire stricte, même parmi ceux qui défendaient le contraire avant l'éclatement de la crise. Les résultats trouvés pour les politiques de stabilisation monétaire corroborent le regain d'intérêt dont jouit la régulation financière. En effet, nous avons trouvé que les variables représentant la régulation financière exerce un impact positif et significatif sur le développement bancaire. L'influence positive de la régulation financière sur le développement bancaire, et par conséquent sur la croissance économique, valide la portée de la politique financière défendue dans cette étude. Une politique qui accorde une place de choix à la réglementation et la supervision financière.

    Nonobstant, nous assistons à un paradoxe imminent dans le financement de l'économie. Les banques sont surliquides et refusent de prêter. Comme proposition, la réglementation prudentielle devrait se fonder non sur une information privée, construite et fournie par l'institution régulée, mais sur une information publique, vérifiable et non manipulable ; leçon que l'on peut tirer de la crise de l'auto-régulation de 2007-2008.

    CONCLUSION GENERALE ET ENSEIGNEMENTS

    L'objectif de cette étude était d'évaluer la contribution de la réglementation prudentielle dans l'amélioration des performances du système bancaire au Cameroun durant la période 2001-2007. Pour ce faire, nous avons estimé grâce à la méthode de Régression multiple (modèle linéaire), et ce de façon trimestrielle, des mesures de performance bancaire sous l'hypothèse que la réglementation prudentielle contribue positivement à l'amélioration des performances bancaire. Nous avons fait ressortir à travers l'estimation de ce modèle l'influence de certains ratios de la gestion bancaire sur les mesures de performance bancaire (Abega, 1998). Les préoccupations placées au centre de notre travail étaient doubles :

    - Premièrement, il s'agissait de mesurer comment la réglementation prudentielle affecte la rentabilité du système bancaire (rentabilité des actifs). Nous avons retenu comme hypothèse que la réglementation prudentielle a un effet positif sur la rentabilité bancaire au Cameroun.

    - Deuxièmement, il s'agissait d'évaluer en quoi la réglementation prudentielle améliore la productivité du système bancaire (niveau de développement financier). Nous avons retenu comme hypothèse que la réglementation prudentielle influence positivement la productivité bancaire au Cameroun.

    En ce qui concerne la première préoccupation, il en ressort que la réglementation de l'activité bancaire apparaît efficace dans l'amélioration de la rentabilité bancaire. Plus les restrictions sur les activités bancaires sont fortes, plus le risque est réduit et plus la rentabilité des actifs est élevée. Nos résultats corroborent les conclusions de Ben Naceur (2003) et Ghazi (2006) qui affirment que la réglementation prudentielle a réussi à améliorer le niveau de rentabilité des banques. De plus, l'évolution des fonds propres et des ressources a été accompagnée par une baisse du risque de crédit et une augmentation de la marge d'intérêt ainsi que la rentabilité des actifs. La réglementation prudentielle ne devrait pas se focaliser uniquement sur le ratio de solvabilité des banques, mais aussi accordée un peu d'attention à la réglementation sur la liquidité.

    En ce qui concerne la deuxième préoccupation, il en ressort que la réglementation de l'activité bancaire apparaît efficace dans la recrudescence de la productivité bancaire. Nos résultats corroborent les conclusions de Demetriades et Law (2005) qui affirment que la réglementation prudentielle a réussi à perfectionner le niveau de développement financier des banques. Nonobstant, nous assistons à un paradoxe imminent dans le financement de l'économie. Les banques sont surliquides et refusent de prêter. Comme proposition, la réglementation prudentielle devrait se fonder non sur une information privée, construite et fournie par l'institution régulée, mais sur une information publique, vérifiable et non manipulable ; leçon que l'on peut tirer de la crise de l'auto-régulation de 2007-2008.

    Si l'évolution financière et bancaire depuis 2004 semble plus stable, la situation de la quasi-totalité des banques ne laisse transparaître aucun risque immédiat de fragilité, il faut cependant craindre des dérapages, les créances douteuses étant toujours importantes dans un climat de surliquidité bancaire. Afin que les erreurs du passé ne se reproduisent plus, l'amélioration du fonctionnement des banques et le maintien d'un secteur bancaire apte au financement de l'économie passent par une régulation indépendante, stricte, permanente, et rigoureusement respectée. En définitive, le bilan du dispositif réglementaire engagé au Cameroun demeure mitigé. Si celui-ci a engendré des changements positifs du point de vue de la rentabilité des actifs et du développement financier, leur impact est néanmoins marqué par de nombreuses limites. Le problème de financement du développement reste posé. Il ressort de cette étude que malgré le processus de restructuration mis en oeuvre par les autorités monétaires pour assainir le secteur bancaire dans la CEMAC en général et au Cameroun en particulier, la plupart des banques éprouvent encore des difficultés à transformer leurs ressources en crédits. La production de crédits bancaires au Cameroun reste encore inférieure à ce qui est techniquement possible. La vocation fondamentale des banques étant le financement de l'activité économique à travers des prêts aux agents économiques qui manifestent le besoin, beaucoup d'efforts restent encore à faire dans la sous-région en général et au Cameroun en particulier. Il convient également d'encourager la mise en place de nouveaux instruments de financement pour les PME, à l'instar du crédit-bail, des comptes courants d'associés, des prêts participatifs, etc.

    En s'appuyant sur toutes ces conclusions, quelques enseignements provisoires s'avèrent importants. Les inflexions défendues dans ce travail ne constituent pas une panacée. La relation dialectique entre régulateurs et régulés va évidemment se perpétuer mais l'intérêt des propositions présentées est qu'elles font système et véhiculent une conception holiste du cadre de régulation financière. En 1er lieu, les instruments de régulation financière ne peuvent plus être conçus indépendamment les uns des autres, ils doivent être pensés dans leur complémentarité et à l'aune des objectifs que l'on fixe à la régulation financière. Ainsi, les principes structurant la politique prudentielle doivent selon nous répondre aux objectifs de préservation de la stabilité financière globale, de réduction de l'aléa moral et de maîtrise des problèmes d'incohérence temporelle dans la gestion des crises d'insolvabilité des institution financières systémiques et de minimisation des risques de capture du régulateur par l'industrie régulée. Ces objectifs ne sont pas contradictoires mutuellement bien au contraire.

    En 2e lieu, renforcer le processus de privatisation du capital et de la qualité de la gestion dudit capital en imposant des exigences réglementaires sur ce capital.

    En 3e lieu, améliorer le climat des affaires au Cameroun, car pour prêter, les banques doivent avoir l'assurance qu'en cas de non exécution des obligations contractuelles, elles seront à mesure d'obtenir réparation. Si à l'expérience cela n'est pas le cas, elles seront peu disposées à arbitrer en faveur du risque.

    En 4e lieu, accroître les crédits bancaires surtout à moyen et long terme, car renforcement de la politique de crédit élève les profits bancaires. Autrement dit, plus la banque octroie des crédits, plus les revenus augmentent et donc les profits. L'idée serait de limiter la dépendance aux financements de marché de court terme sensibles aux variations de taux d'intérêt, très volatiles et vulnérables aux modifications de la confiance des investisseurs. Cette voie se heurte néanmoins à un paradoxe bien connu dans le domaine de la réglementation bancaire qui concerne tant la réglementation en capital qu'en liquidité.

    En 5e lieu, promouvoir le renforcement des institutions du pays, car le développement financier du Cameroun, passe donc, par une série de réformes économiques, mais surtout par des réformes institutionnelles et politiques. Il serait, donc, intéressant d'effectuer une analyse coûts-avantages pour voir s'il est plus convenable d'entamer une série de réformes d'ordre institutionnelle afin d'être prêt à affronter la mondialisation financière dans les meilleures conditions. A moins qu'il soit plus avantageux de renoncer à ces réformes sous prétextes que les avantages de l'ouverture sont moindres que les coûts à supporter. Une analyse faisant appel à la théorie des jeux pourrait être un outil adéquat pour résoudre ce dilemme.

    En 6e lieu, créer un nouveau cadre de gestion des défaillances des institutions systémiques, qui devrait s'accompagner d'un ensemble de mesures incitant ces institutions à réduire leur taille et leur complexité et opacité, de manière à faciliter la gestion de leur défaillance. Cela peut passer par un calibrage des contraintes prudentielles renforçant celles-ci à mesure que les institutions accroissent leur taille et leur complexité. En clair, il faudrait resserrer les exigences en capital avec l'accroissement de la complexité et de la taille des institutions, en particulier quand le « living will » indique que les délais de restructuration, de démantèlement ou de fermeture de la banque sont particulièrement longs, des primes sur l'assurance dépôt plus fortes pour les institutions financières larges et complexes, une régulation de la liquidité plus stricte, éventuellement un ratio de levier simple plus pénalisant à mesure que la taille et la complexité de l'institution financière s'accroît etc..

    En clair, il faut que le renflouement des banques systémiques ne soit pas la seule option s'imposant aux pouvoirs publics, que toutes les institutions puissent faire faillite mais pas les fonctions essentielles assumées par ces institutions. Les living wills devraient contribuer à rendre opérationnel cette lutte contre le syndrome du « too big to fail ».

    RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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    ANNEXE 1

    Résultats de l'estimation en régression multiple de l'équation du rendement sur actifs (ROA)

    regress roa fgactf kxactf crdactf logpib inf actfpib conc liqactf solactf, ro

    Source | SS df MS Number of obs = 28

    -------------+------------------------------ F( 9, 18) = 304.51

    Model | .359443845 9 .039938205 Prob > F = 0.0000

    Residual | .002360783 18 .000131155 R-squared = 0.9935

    -------------+------------------------------ Adj R-squared = 0.9902

    Total | .361804628 27 .013400171 Root MSE = .01145

     

    roa | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]

    fgf | 67.68602*** 2.921187 23.17 0.000 61.54883 73.82321

    kxf | 1.585367 .8352483 1.90 0.074 -.169425 3.340158

    crf | -2.825423* .2263888 -12.48 0.000 -3.301048 -2.349798

    lpb | -.6905859* .1862541 -3.71 0.002 -1.081891 -.2992806

    inf | .0034689 .0021613 1.61 0.126 -.0010717 .0080096

    atb | -4.31e-07 * 1.62e-07 -2.66 0.016 -7.72e-07 -9.05e-08

    coc | .0456332 .0929024 0.49 0.629 -.1495475 .2408139

    lif | .0003528 .0002232 1.58 0.131 -.000116 .0008216

    sof | -.0227483** .0083393 -2.73 0.014 -.0402686 -.005228

    _cons | 1.611407 .2431508 6.63 0.000 1.100566 2.122248

    (* Significativité à 1%; ** Significativité à 5%; *** Significativité à 10%)

    * sktest residu Skewness/Kurtosis tests for Normality test de normalité des erreurs

    ------- joint ------

    Variable | Pr(Skewness) Pr(Kurtosis) adj chi2(2) Prob>chi2 Si Prob>chi2 est supérieur à 5%

    -------------+------------------------------------------------------- les erreurs suivent la loi normale

    residu | 0.616 0.271 1.58 0.4531

    *. archlm lags(1) test d'hétéroscédasticité des erreurs

    LM test for autoregressive conditional heteroskedasticity (ARCH) Si Prob > chi2 est supérieur à 5%

    --------------------------------------------------------------------------- les erreurs ne suivent pas un

    lags(p) | chi2 df Prob > chi2 modèle ARCH(1) alors les erreurs

    -------------+------------------------------------------------------------- sont homoscédastiques.

    1 | 2.883 1 0.0895

    ---------------------------------------------------------------------------

    H0: no ARCH effects vs. H1: ARCH(p) disturbance

    *Durbin's alternative test for autocorrelation test de Durbin Waston

    --------------------------------------------------------------------------- Durbin-waston d-statistic (10, 28)

    lags(p) | chi2 df Prob > chi2 = 1,308486

    -------------+------------------------------------------------------------- Si Prob > chi2 est supérieur à 5%

    1 | 1.561 1 0.2115 les erreurs sont non corrélées

    --------------------------------------------------------------------------- durbina, lags (1)

    H0: no serial correlation

    ANNEXE 2

    Résultats de l'estimation en régression multiple de l'équation du niveau de développement

    reg crepib totactf pnbactf dcractf pnbfram liqactf solactf , ro

    Source | SS df MS Number of obs = 28

    -------------+------------------------------ F( 6, 21) = 37.85

    Model | 1.3219e+11 6 2.2031e+10 Prob > F = 0.0000

    Residual | 1.2225e+10 21 582120463 R-squared = 0.9153

    -------------+------------------------------ Adj R-squared = 0.8912

    Total | 1.4441e+11 27 5.3486e+09 Root MSE = 24127

     

    Crp | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]

    tof | - .4852303 .3715571 -1.31 0.206 -1.257926 .2874649

    pnf | -6.283707** 1.995696 -3.15 0.005 -10.43398 -2.133429

    dcf | .5846545 .3584506 1.63 0.118 -.1607844 1.330093

    pfm | 838309.2* 239182.9 3.50 0.002 340901.1 1335717

    lif | 158.2614 398.1302 0.40 0.695 -669.6956 986.2185

    sof | 53255.01*** 6511.958 8.18 0.000 39712.65 66797.36

    _cons | -1405964 422878.1 -3.32 0.003 -2285388 -526541.

    (* Significativité à 1%; ** Significativité à 5%; *** Significativité à 10%)

    *sktest residu Skewness/Kurtosis tests for Normality test de normalité des erreurs

    ------- joint ------

    Variable | Pr(Skewness) Pr(Kurtosis) adj chi2(2) Prob>chi2 Si Prob>chi2 est supérieur à 5%

    -------------+------------------------------------------------------- les erreurs suivent la loi normale

    residu | 0.396 0.107 3.65 0.1611

    *. Hettest Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity

    Ho: Constant variance test d'hétéroscédasticité des erreurs

    Variables: fitted values of crepib Si Prob > chi2 est supérieur à 5%

    chi2(1) = 0.03 les erreurs sont homoscédastiques

    Prob > chi2 = 0.8738

    *Durbin's alternative test for autocorrelation test de Durbin Waston

    --------------------------------------------------------------------------- Durbin-waston d-statistic (10, 28)

    lags(p) | chi2 df Prob > chi2 = 1,064825

    -------------+------------------------------------------------------------- Si Prob > chi2 est supérieur à 5%

    1 | 2.774 1 0.345 les erreurs sont non corrélées

    --------------------------------------------------------------------------- durbina, lags (1)

    H0: no serial correlation

    TABLE DE MATIERES

    AVERTISSEMENT..................................................................................................i

    DEDICACE............................................................................................................ii

    REMERCIEMENTS................................................................................................iii

    LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS..................................................................iv

    LISTES DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX.................................................................v

    SOMMAIRE.........................................................................................................vi

    RESUME.............................................................................................................vii

    INTRODUCTION GENERALE..................................................................................1

    PREMIERE PARTIE : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE : UN MOYEN DE

    RESTAURER LA RENTABILITE BANCAIRE AU CAMEROUN.......................12

    INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE............................................................13

    CHAPITRE I : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE ET RESOLUTION DE LA CRISE

    BANCAIRE AU CAMEROUN............................................................14

    SECTION I : LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN............................................... 23

    I - LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE AU CAMEROUN.......................................... 23

    1- Les causes exogènes de la crise bancaire 23

    1.1- Les causes historiques 24

    1.2- Les causes institutionnelles 25

    1.3- Les causes politico-administratives 26

    1.4- Les causes conjoncturelles 27

    2- Les causes endogènes de la crise bancaire 29

    2.1- La surbancarisation des zones urbaines et la sousbancarisation des zones rurales 30

    2.2- La politique hasardeuse de crédit 30

    2.3- La mauvaise gestion des banques 31

    2.4- L'absence d'innovation en produits bancaires adaptés 32

    II - LES FAILLITES BANCAIRES AU CAMEROUN...................................................... 33

    1- Effet de contagion des faillites bancaires 34

    2- Les risques de faillites bancaires au Cameroun 35

    SECTION II: PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE

    AU CAMEROUN..................................................................................29

    I - PRINCIPES ET OBJECTIFS DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE.................. 37

    1- La redéfinition des établissements de crédit 38

    2- La fixation du capital minimum 38

    3- Conditions et modalités de l'exercice bancaire 38

    4- Le contrôle et la sécurisation des activités bancaires 39

    II - LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE.............. 41

    1- Les limites de la réglementation prudentielle au Cameroun 41

    2- Perspectives de la réglementation prudentielle actuelle 44

    CHAPITRE II: LE DISPOSITIF PRUDENTIEL COMME PILIER DE LA RENTABILITE

    DES ACTIFS BANCAIRES AU CAMEROUN..........................................39

    SECTION I- RECONSTRUCTION ET RESULTATS DU SYSTEME

    BANCAIRE AU CAMEROUN............................................................... 48

    I - LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS APRES LA RESTRUCTURATION.............. 48

    1- Evolution macroéconomique 49

    1.1- La croissance et l'inflation 49

    1.2- Balance des paiements 50

    1.3- Finances publiques 50

    1.4- Monnaie et Crédit 50

    2- Incidence sur la situation financière des banques au Cameroun 51

    2.1- Situation financière 51

    2.2- Rentabilité 52

    2.3- Respect des normes prudentielles 54

    II - LES CONTOURS THEORIQUES DE LA RENTABILITE DES ACTIFS........................ 55

    1- Mesure de la rentabilité des actifs 55

    2- Les déterminants de la rentabilité des actifs 55

    SECTION II- RATIOS PRUDENTIELS ET RENTABILITE DES ACTIFS

    BANCAIRES : UN TEST EMPIRIQUE.................................................. 58

    I - METHODOLOGIE DE RECHERCHE ET DEMARCHE ECONOMETRIQUE................. 58

    1- Méthodologie de recherche 58

    2- Démarche économétrique 60

    II- RESULTATS ET IMPLICATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE...........................54

    1- Résultats empiriques et interprétations 62

    2- Implications de politique économique.......................................................................56

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE...............................................................59

    DEUXIEME PARTIE: REGLEMENTATION PRUDENTIELLE: UN MOYEN DE

    RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITE BANCAIRE AU CAMEROUN.........60

    INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE...........................................................61

    CHAPITRE III: LA REGLEMENTATION ET L'EXPERIENCE DE DEVELOPPEMENT

    FINANCIER AU CAMEROUN...........................................................62

    SECTION I- LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE

    L'INTERMEDIATION BANCAIRE AU CAMEROUN.................................. 71

    I - UN SYSTEME BANCAIRE CONCENTRE ET INTERNATIONALISE........................... 71

    1- Un système bancaire concentré 71

    1.1- Evaluation de la concentration économique 72

    1.1.1- La concentration par les parts de marché 72

    1.1.1.1- La concentration des dépôts bancaires...............................................................64

    1.1.1.2- La concentration des crédits bancaires 73

    1.1.2- La concentration par le nombre de banques et d'agences 75

    1.2- Evaluation de la concentration géographique 76

    2- Un système bancaire internationalisé 77

    2.1- L'implantation bancaire étrangère au Cameroun 77

    2.2- L'implantation des banques camerounaises à l'étranger 78

    II - INSUFFISANCE DE PROFONDEUR ET D'INNOVATIONS FINANCIERES.................. 79

    1- La faible profondeur financière 79

    2- Le manque des innovations financières 80

    SECTION II- DES RESULTATS DETERMINANTS POUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER......................................................................................................... 81

    I - UN SYSTEME BANCAIRE ASSAINI...................................................................... 82

    1- Un secteur bancaire surliquide et rentable 82

    2- L'encadrement bancaire de la Banque des Etats d'Afrique Centrale et de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale 84

    II - UN SECTEUR DE LA MICROFINANCE EN EXPANSION ET DES MARCHES FINANCIERS ET MONETAIRES EN FONCTIONNEMENT........................................... 86

    1- Un secteur de la microfinance en expansion 86

    2- Des marchés financier et monétaire en fonctionnement 89

    CHAPITRE IV: LE DISPOSITIF PRUDENTIEL: UN MOYEN DE CONSOLIDER LE

    FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU CAMEROUN............................83

    SECTION I : LA SOLIDITE DU SYSTEME BANCAIRE ET FINANCEMENT DE L'ECONOMIE AU CAMEROUN.............................................................................. 92

    I - DEFINITION ET ROLE DU SYSTEME BANCAIRE DANS UNE ECONOMIE................. 92

    1- Système financier : Une tentative de définition 92

    2- Rôle du système bancaire dans l'économie 93

    2.1- Système bancaire comme moyen de règlement 93

    2.2- Système bancaire : un système d'agrégation de l'épargne 93

    2.3- Système bancaire : un procédé de transfert de ressources 94

    2.4- Système bancaire comme système de gestion de risques 94

    2.5- Système bancaire : un réducteur des coûts lié à l'asymétrie d'information 94

    II - LA SURLIQUIDITE DES BANQUES ET FAIBLESSE DU FINANCEMENT BANCAIRE AU CAMEROUN........................................................................................................ 96

    1- LA SURLIQUIDITÉ DES BANQUES AU CAMEROUN............................................................88

    2- LA QUESTION DU FINANCEMENT DE L'ECONOMIE CAMEROUNAISE.....................................89

    2.1- L'IMPORTANCE DE LA LIQUIDITÉ BANCAIRE..............................................................90

    2.2- LES DÉTERMINANTS DE LA SURLIQUIDITÉ BANCAIRE...................................................91

    SECTION II : VALIDATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DES RATIOS

    PRUDENTIELS SUR LE DEVELOPPEMENT FINANCIER............................................ 101

    I - APPROCHE METHODOLOGIQUE ET ANALYSE DES RESULTATS........................... 102

    1- Les variables du modèle 103

    2- Spécification du modèle 103

    2.1- Présentation du modèle à estimer 104

    2.2- Estimation et interprétation des résultats 105

    II - LES LIMITES ET LES PARADOXES DU DEVELEPPEMENT FINANCIER AU CAMEROUN........................................................................................................ 107

    1-Les dysfonctionnements du système financier camerounais............................................. 107

    1.1- Le financement du développement : un problème non résolu 107

    1.2- Le paradoxe de la surliquidité bancaire et les innovations financières 108

    2- Recommandations de politique économique..............................................................101

    2.1- L'achèvement de la restructuration du système financier 109

    2.2- L'assainissement de l'environnement macroéconomique 109

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE.............................................................103

    CONCLUSION GENERALE ET ENSEIGNEMENTS...................................................104

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.....................................................................108

    ANNEXES..........................................................................................................116

    TABLES DE MATIERES.......................................................................................118

    * 1 Le Comité de Bâle était composé des autorités de régulation représentants les pays du G12.

    * 2 Rapport entre les engagements et les fonds propres que les banques commerciales ayant une activité internationale doivent respecter depuis 1993. (Aujourd'hui appelé ratio Mac Donough).

    * 3 Il est intéressant de signaler qu'un nouveau débat est en cours. Il rentre dans un cadre plus général de la gouvernance en insistant sur le caractère indépendant de l'institution en charge de son contrôle (Das, Quintyn et Taylor, 2002).

    * 4 Les règles prudentielles nouvellement définies n'ont pas été appliquées avec diligence, et les contradictions sont régulièrement apparues dans leur mise en oeuvre. Au Cameroun, nous pouvons citer les affaires IBAC (International Bank of Africa) et celle du Crédit Agricole du Cameroun.

    * 5 Il faut cependant noter que, la surliquidité actuelle du système bancaire ne s'explique pas exclusivement par les bienfaits certes réels de son contrôle, mais aussi à un phénomène conjoncturel lié à la dévaluation et surtout à l'extrême prudence des banquiers à financer les activités productives.

    * 6 Inégal accès à l'information entre signatures d'un contrat : à l'origine de l'antisélection et du risque moral.

    * 7 Agent économique usant d'un bien en général collectif et ne payant pas sa quote-part qui est alors supportée par les autres usagers. En anglais «  Free Rider ».

    * 8On les appelle au Cameroun des feymens.

    * 9 Cette camerounisation des banques est une partie du slogan politique « le développement autocentré »

    * 10 Le ratio de solvabilité était fixé à 75% dans les années 70 et au début des années 80.

    * 11 L'effet de contagion est dû aussi à l'asymétrie de l'information. Pour Goodhart, lorsqu'une institution bancaire ayant une bonne réputation et à qui la société accorde une grande importance fait faillite, d'autres institutions bancaires servant dans le même domaine sont elles aussi en danger à cause de l'asymétrie informationnelle.

    * 12 Se sont des crédits de faveur octroyés sans garanties et dont on sait que le remboursement ne sera pas effectué.

    * 13 Ancienne caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI) qui devient Afriland First Bank en 2002.

    * 14 Il est important de signaler que cette présence demeure importante dans les autres pays de la CEMAC en raison du retard pris dans le processus de libéralisation et de privatisation. Par exemple, au Congo, l'Etat est présent dans trois banques sur quatre en activité, avec une part moyenne de 84,30% (COBAC, 1999).

    * 15 D'autres indicateurs sont utilisés pour mesurer la profondeur financière. On peut citer M1 / PIB, (M2 - M1) / PIB, M3 / PIB.

    * 16 Le minimum requis est de 100%, cela signifie que les disponibilités à vue ou à moins d'un mois d'une banque doivent pouvoir couvrir en totalité ses exigences de même terme.

    * 17 Celui-ci est égal à l'encours des provisions pour dépréciation des comptes de la clientèle rapporté à l'encours bruts des créances douteuses.

    * 18 L'efficience du système financier renvoie à une efficacité allocative et une efficacité productive (Akyûz, 1994), c'est-à-dire à une capacité à faire monter les niveaux de l'épargne, de l'investissement et à répartir l'épargne rare de manière optimale entre différentes possibilités d'investissement.

    * 19 Ceci doit d'ailleurs être relativisé. En effet, d'après un rapport du CENUCED en 2005, les pays de la zone CEMAC ne conservent pas plus de 35% des revenus d'exportation du pétrole. Par exemple au Tchad, ce revenu n'est que de 6,4% alors qu'au Congo cette part est de 34,4%. A titre de comparaison, le Koweit, l'Iran et l'Algérie conservent respectivement 98,5%, 83,3% et 72,7%.

    * 20 Le taux de bancarisation moyen est de 4% en Afrique centrale. Au Cameroun, moins de 10% de la population est bancarisée.






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