Titre IV. Résumé
Dans le cadre de la globalisation et du progrès des
technologies de l'information sans mesure commune, les instruments
législatifs et de normalisation pour la protection des données et
de la vie privée font face à de nouveaux défis auxquels il
est urgent d'apporter des réponses.
Dans le cadre de la globalisation et du progrès des
technologies de l'information sans mesure commune, les instruments
législatifs et de normalisation pour la protection des données et
de la vie privée font face à de nouveaux défis auxquels il
est urgent d'apporter des réponses.
La règlementation européenne est
considérée comme la plus protectrice de la vie privée dans
le monde mais en pratique son application dans l'Union européenne est
loin d'être satisfaisante : manque d'harmonisation, conflits de loi
applicable, disparité des mises en oeuvre et sanctions,
inapplicabilité de principes...
Bien que l'article 27 de la directive 95/46 encourage
l'autorégulation et la Co-régulation, ces moyens ont
été considérés comme des outils
complémentaires afin de rendre la règlementation plus
efficace.
Dans la majorité des pays où il n'y a aucune loi
générale de protection des DP ou de la vie privée, mais
où on trouve des lois ou des dispositions sectorielles,
l'autorégulation et en particulier la certification cherche à
combler un manque pour répondre à la demande du marché.
Récemment, entre le modèle pur du marché et
le modèle pur de règlementation par la loi, on note une triple
tendance :
Les pays ardents défenseurs de l'autorégulation
expriment la nécessité de recourir à une loi
générale de protection de la vie privée pour
l'harmonisation des pratiques (voir les Etats-Unis).
De plus, bien qu'en Europe on ait généralement
considéré que ce sujet dépendait de la seule loi, de plus
en plus de voix s'élèvent pour encourager la sensibilisation des
organisations et pour améliorer la protection des données
grâce aux actions de Co-régulation. La certification peut alors
être considérée comme la meilleure manière de mettre
en application et de compléter la législation.
Enfin la certification se développe dans les pays en cours
de transformation politique, légale et économique où
l'état de droit n'est pas encore arrivé à maturité
(Cf Amérique du Sud, Asie), sous l'influence d'alliances et d'accords de
reconnaissance mutuelle entre les systèmes de certification (voir
l'APEC).
Dans ce contexte sont apparus de nouveaux outils et concepts
à la fois en Europe et sur les continents américain, asiatique,
ou au niveau international (OIN, CEN) visant à améliorer la
protection des données. La majorité de ces outils sont
basés sur des étapes volontaires d'autorégulation ou de
Co-régulation et ont pour objectif d'encourager une gestion globale et
en continu des données tout au long du cycle de vie.
La certification semble l'un des moyens pouvant garantir la bonne
application et l'efficacité de ces outils, en certifiant la
conformité des produits ou des procédures à un cadre de
référence.
Le concept même de certification couvre une grande
disparité de schémas de qualité inégale.
Cette étude entreprise dans le cadre d'une thèse et
d'un projet professionnels se veut à la fois pratique, approfondie et
comparative tant des les systèmes qu'au sujet de la répartition
géographique.
Afin de déterminer la faisabilité d'un
schéma de certification au sujet de la protection des DP, l'analyse se
base sur le recensement des schémas, de leurs caractéristiques
et sur l'analyse du contexte légal et culturel de leur
développement.
Nous abordons ensuite l'état de maturité du
marché, en particulier les lacunes ou les barrières de nature
psychologique, politique, technologique ou économique liées au
concept de protection des DP qui pourraient empêcher le succès
d'un schéma de certification dans ce domaine.
En complément à cette étude, nous avons
effectué une enquête de terrain parmi des professionnels de la
certification en France et auprès d'organisations potentiels candidats
à un label de protection des données.
Nous croyons fermement que si nous souhaitons délivrer des
certifications aux organisations, leurs besoins et leurs attentes doivent
être prises en compte.
Sur la base de ces analyses et de toutes les données
comparatives, nous faisons quelques recommandations et suggestions qui
pourraient augmenter les chances de succès d'un schéma de
certification.
Le succès dépendra dans une certaine mesure des
caractéristiques propres au schéma :
Qualité du cadre de référence ; possible
certification par étape ; statuts du corps de certification;
'implication des DPA ; Caractère européen ou international du
certificat ; indépendance et compétence des experts ;
contrôles et sanctions efficaces ; harmonisation des évaluations
et des mises en oeuvre.
De même, le cadre de référence du
schéma devrait être conçu selon une approche holistique de
la protection des données et de la vie privée (PbD,
"Accountability", responsabilité) et permettre ainsi d'en
améliorer son efficacité. Enfin, la démarche de
certification devrait être une étape facile et rapide.
Mais la faisabilité et la viabilité d'un tel
schéma dépendront de la participation de tous les acteurs
privés et publics dans un « projet de
société » et de la capacité des institutions
politiques à soutenir une conception européenne de la protection
des données et de la vie privée, à l'image notamment du
« principe de précaution » défini à la
conférence de Rio pour la protection de l'environnement.
Les diverses méthodes d'évaluation des coûts
liés aux DP et du retour-sur-investissement lié aux mesures de
protection ont montré leurs limites.
Ces méthodes ne suffisent pas à convaincre les
décideurs de l'intérêt d'investir dans la protection des DP
qui sont plutôt tournés vers la recherche d'une satisfaction
immédiate.
En outre, un schéma de certification devrait être
accompagné d'incitations économiques ou même de
dispositions de normalisation quand cela est possible.
Pour finir, le succès sera très étroitement
lié à celui de la révision de la directive et plus
généralement à l'évolution des textes
européens, à leur application efficace et harmonieuse dans la
totalité des Etats membres.
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