La prévention, la gestion et le règlement des conflits armes en Afrique de l'ouest( Télécharger le fichier original )par Salamane YAMEOGO Université de Ouagadougou - Maà®trise en Droit Public 2004 |
Paragraphe II : Les voies de gestion et de règlement des conflitsarmés
68. Les voies de gestion et de règlement englobent des opérations de maintien et de rétablissement de la paix. Elles touchent également aux opérations de consolidation de la paix. Le rétablissement de la paix vise à rapprocher des parties hostiles, essentiellement par des moyens pacifiques tels que ceux prévus au chapitre VI de la Charte des Nations Unies89(*). Le maintien de la paix consiste à établir une présence de forces sur le terrain. Quant à la consolidation, c'est une action menée en vue de définir et d'étayer les structures propres à raffermir la paix afin d'éviter une reprise des hostilités. Ces actions sont réalisées par la C.E.D.E.A.O. (A) mais aussi avec ses partenaires (B). A. Les stratégies de gestion et de règlement de la C.E.D.E.A.O. 69. L'Ouest- africain a prévu tout un dispositif de mesures pour régir la gestion et le règlement des conflits. La gestion prend en compte les volets armé et humanitaire qui sont le plus souvent effectués en même temps. Les opérations de maintien de la paix de la C.E.D.E.A.O. sont faites par l'envoi de l'ECOMOG et des acteurs civils sur le terrain. De telles interventions ont été menées au Libéria, en Sierra Léone, en Guinée Bissau et en Côte d'Ivoire. Concernant ce dernier, diverses mesures ont été prises depuis le début de la crise le 19 septembre 2002. Avec la poursuite des combats après que les tentatives de règlement ont échoué, une force de la C.E.D.E.A.O. appelée ECOFORCE a été déployée dans le pays89(*). Cette force travaillant en étroite collaboration avec les troupes françaises installées dans cet Etat a contribué tant bien que mal à préserver la stabilité. Des missions humanitaires y ont été menées. Dans la logique du règlement du conflit ivoirien, la diplomatie politique a été d'un grand apport. Par exemple, la médiation togolaise en octobre 2002 et les négociations de l'organisation avec ses partenaires ont aboutit le 24 janvier 2003 à la signature des Accords de Linas Marcoussis90(*). Plusieurs autres efforts ont été consentis dans le règlement de cette crise dont le dernier sommet d'Accra III91(*). 70. Dans le cadre de la consolidation de la paix, des actions ont été réalisées au Libéria, en Guinée Bissau et en Sierra Leone. Dans ce pays, la fin du conflit a été marquée par les opérations de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants92(*). Il arrive que dans la gestion et le règlement des conflits, la C.E.D.E.A.O. bénéficie du concours de ses partenaires. B. La C.E.D.E.A.O. et ses partenaires dans la gestion et le règlement des conflits 71. Selon le Secrétaire Exécutif de la C.E.D.E.A.O., c'est dans le domaine de la gestion et du règlement des conflits que le besoin de collaboration entre la C.E.D.E.A.O. et les Nations Unies notamment le Conseil de Sécurité se fait le plus clairement sentir. On peut citer à cet égard, les manoeuvres communes de ces deux institutions dans la crise ivoirienne où les Accords de Linas Marcoussis ont été entérinés par la C.C.E.G. de l'organisation et par le Conseil de Sécurité dans sa Résolution 1464 du 4 février 2003 ; résolution qui a approuvé l'envoi de la force ouest-africaine. Elle a été renforcée par l'envoi en mars-avril 2004 d'environ 6442 casques bleus et par la nomination d'un représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies. Dans cette coopération, la Belgique, les Pays Bas, le Royaume Uni et les USA ont fourni une aide en matière de transport, de logistique ainsi que des moyens financiers. Le dernier sommet de l'U.A., tenu du 6 au 8 juillet 2004 participe de ces relations93(*). 72. Concernant les rapports entre la C.E.D.E.A.O. et les organisations de la société civile, un renforcement est à remarquer avec le Réseau Ouest-Africain pour la Construction de la Paix (WANEP)93(*). Tous ces éléments témoignent de l'engagement de la communauté et de ses alliés pour la gestion et le règlement des conflits. Toutefois, de tels rapports connaissent parfois des écueils. * 89 A la mi-mars 2003, 1288 hommes en tout avaient été envoyés sur les lieux. * 90 Cet accord comporte trois clauses importantes : d'abord la constitution d'un gouvernement d'unité nationale dirigé par un premier ministre neutre et formé de délégués par toutes les parties au conflit ;ensuite l'amendement des lois relatives aux conditions de nationalité et enfin le désarmement des forces rebelles sous la surveillance des forces françaises et de la C.E.D.E.A.O. ; Accord de Linas Marcoussis, www.usip.org. * 91 V. Jeune Afrique l'Intelligent n°2271/ juillet- août 2004. * 92 Dans cette même logique, une rencontre entre la Banque Mondiale et le P.N.U.D. les 13 et 14 novembre 2002 a permis de dresser un plan de redressement de l'économie du pays. En outre, un tribunal spécial a été crée, une commission Vérité * et Réconciliation mise en place pour préparer la réconciliation nationale. En mars 2003, sept (7) personnes ont été inculpées par le tribunal spécial pour crime de guerre. 98 Francis KPATINDE, « Les secrets d'Addis », Jeune Afrique l'Intelligent, n°2270 du 11 au 17 juillet 2004. 99www.wanep.org. |
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