Université
d'Abomey- Calavi (UAC)
Facu
lté des S
ciences Agronom (FSA)
iques
Dépar
ction Vé
tement d
e Produ (PV)
gétale
ETHNICITE, TAXONOMI
E LOCAL E ET DI ST RIBUTI
ON GEO GRAPHIQ UE
DE QUATRE ESPECES DE LEGU
M ES-FEUI LLES TR ADITION
NELS (LF T) AU BENIN
: Acmella ulig inosa, Ce r atotheca
sesamoi des, Jus ti cia tenell
a et Ses a mum rad i
atum
THESE
Pour l'obtention du diplôme d
Option : Sciences
et Techniques
ome
ur Agron
'Ingénie
de Production Vég
étale
Présentée et
soutenue par Bienvenu
Sèdjro KPEKI
Le 1
7 Décembre 2008
Su
rs:
perviseu
Dr. Ir.
DANSI
Dr. Alexandre
E. AHOTON
Léonard
Composition du
Jury:
Président : Rapporteur Examinateur:
Examinateur:
E
Pro
Dr. Ir.
Dr. Ale
Dr. Ir.
f. Adam AHANCHED
Léonard AHOTON
xandre DANSI
Pierre VISSOH
S
FACU
OMY S
LTY OF
AGRON
CIENCE
Depar
tment o
f Vegetable production
Subm
itted to th
e requirem
l Engineer degree
ent of Agricultura
17th 2008
December, the
Dr. Ir. DANSI
Léonard
E. AHOTON
Dr. Alexandre
Memb Memb
er 1: Dr.
er 2: Dr.
UNIVER
SITY O
F ABOM
EY-CALAVI (B
ENIN)
THESIS
ETHNICITY, FOLK
TAXONOMY AND
GEOGRAPHICAL
DISTRIBUTION OF FOUR
TRADITIONAL LEAFY-VEGETABLES
(TLV) IN BENIN: Acmella
uliginosa, Ceratotheca
sesamoides, Justicia tenella and
Sesamum radiatum
Presented and defended by:
Bienvenu Sèdjro
KPEKI
Supervisors:
Jury:
f. Adam AHANCHEDE Ir.
Léonard AHOTON Alexandre DANSI
Ir. Pierre VISSOH
President: Pro Supervisor:
Dr.
CERTIFICATION
Je certifie que cette thèse a été
réalisée sous ma supervision par Mr. KPEKI Sèdjro Bienvenu
au Département des Sciences et Techniques de Production
Végétale (DSTPV), de la Faculté des Sciences Agronomiques
(FSA) de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC).
Le Superviseur
Dr. Ir. Léonard AHOTON
Maître-assistant, Université d'Abomey-Calavi
Dédicace
Avec amour je dédie ce modeste travail à
Ma feue mère Jacqueline DOUKPO. Tu as été
mon exemple dans la vie, tu m'as donne beaucoup d'affection et je suis triste
que tu ne sois pas là aujourd'hui pour profiter du fruit de tes
efforts.
La famille KPEKI
Remerciements
La réalisation de ce document n'aurait pas
été possible sans le concours de certaines personnes. C'est un
immense bonheur pour nous de leur témoigner notre profonde gratitude.
J'adresse ma gratitude:
V' Au Dr. Ir. Léonard AHOTON, qui malgré ses
multiples occupations à superviser ce travail. Son sens aigu de travail
bien fait, de gestion de temps et sa rigueur méthodologique force notre
admiration et Dr. Alexandre DANSI dont la riche expérience dans le
domaine m'a servi tout au long de ce travail. Je remercie les deux pour leurs
critiques constructives, leurs conseils et pour toutes les inspirations dont
ils ont fait l'objet de ma part.
V' A monsieur Zoulkifouli ADEOTI dont l'assistance technique
et pédagogique ainsi que les soutiens fraternels m'ont été
d'un grand secours. Il a été un maillon indispensable à
toutes les étapes de réalisation de cette oeuvre. Qu'il trouve
ici l'expression de ma profonde gratitude.
V' Aux paysans des différents villages
prospectés pour nous avoir facilité le déroulement de
l'enquête.
V' A mon cher père Jean KPEKI
V' A tous mes grands frères et soeurs ainsi que leurs
petites familles respectives pour leurs soutiens financiers et moraux.
Particulièrement je remercie Agnès KPEKI épouse KPOVIESSI
sans qui ce travail n'aurait pas été rendu à temps et
Barnabé AVOCEFFOHOUN pour son assistance.
V' A mes deux petites soeurs Rosine et Carole
V' A tous les enseignants du département des sciences et
Techniques de Production
Végétale (FSA/UAC) pour la qualité de
l'enseignement qu'ils nous ont donné.
V' Aux amis : SOSSA Julien, SOSSA Ferdinand, FANOU Landry,
AGBOSSOU Evans, DOSSOU Serge, KAKPO Alphonse et tous ceux qui d'une
façon ou d'une autre ont contribué à la rédaction
de ce mémoire.
V' A mes cousins Olivier DOUKPO et Sévérin DOUKPO
pour tous leurs soutiens. V' Aux autorités de l'UAC pour avoir
accepté financer ce travail.
V' Au Dieu qui m'a donne le courage et la clairvoyance à
chaque étape de ce travail et
dans les moments les plus difficiles.
Résumé
Les légumes-feuilles traditionnels (LFT) ont fait
l'objet de très peu de recherches en Afrique subsaharienne et
particulièrement au Bénin, bien qu'ils soient d'importants
compléments alimentaires et sources de revenus pour un grand nombre de
populations rurales. Le présent travail est une étude
ethnobotanique de quatre (4) espèces de LFT d'importance nationale et
régionale notamment : Acmella uliginosa (L.) R.K.Jansen,
Ceratotheca sesamoides Endl., Justicia tenella Lam. et
Sesamum radiatum Thonn. ex Hornem. Cette étude est une
enquête sur les savoirs traditionnels, les utilisations faites de ces LFT
dans les différents groupes ethniques et leurs appellations locales.
Elle concerne également l'écologie et la distribution
géographique de ces LFT. Pour ce fait, des enquêtes
ethnobotaniques ont été menées chez 31 groupes ethniques
dans 56 villages répartis sur toute l'étendue du territoire
national, en vue d'une vulgarisation de ces LFT. Les informations obtenues
auprès des populations ont été complétées
par des observations directes sur le terrain et l'ensemble des données
recueillies ont été catégorisées suivant les
espèces, les ethnies, les zones agro-écologiques, etc.
Pour la nomenclature locale, un total de 105 noms locaux ont
été recensés pour les quatre espèces de LFT
répartis comme suit : 37 pour Sesamum radiatum, 35 pour
Ceratotheca sesamoides, 18 pour Justicia tenella et 15 pour
Acmella uliginosa. Les phénomènes de synonymie,
d'homonymie, d'un même nom utilisé par plusieurs ethnies pour une
même espèce et de noms inexpliqués ont été
observés dans la nomenclature locale de ces légumes. Sesamum
radiatum se trouve être l'espèce ayant une grande aire de
répartition car elle est retrouvée sur toute l'étendue du
territoire alors que Acmella uliginosa est retrouvé seulement
dans l'Atacora.
En ce qui concerne l'utilisation des légumes, deux
formes d'utilisation ont été observées : celle alimentaire
et celle médicinale. Vu l'importance de ces légumes-feuilles
traditionnels, leur domestication et leur vulgarisation sont donc
nécessaires afin de les préserver pour les
générations futures.
Mots clés : légumes-feuilles
traditionnels, enquête ethnobotanique, nomenclature locale, distribution
géographique, écologie, Bénin
Abstract
Although they are important food complements and incomes
sources for many farming populations, the Traditional Leafy Vegetables (TLV)
made the object of few researches in sub-saharan Africa. This work is an
ethnobotanic survey of four (4) important species: Ceratotheca sesamoides,
Justicia tenella, Acmella uliginosa and Sesamum radiatum. This study is an
investigation of on the traditional knowledge, uses of TLV in the different
ethnic groups and their local appellations. It also concerns the ecology and
the geographical distribution of these TLV. In view of a popularization of
these TLV, a formal survey was conducted with the sample of 31 ethnic groups in
56 villages throughout the country. Information received with the populations
has been completed by direct observations on the land. The set of the data have
been categorized according to the species, the ethnic groups and the
agro-ecological zones.
For the folk nomenclature, 105 local names have been counted
for the four species of TLV. 37 for Sesamum radiatum, 35 for
Ceratotheca sesamoides, 18 for Justicia tenella and 15 for
Acmella uliginosa were identified. Synonymy, homonymy, a same name
used by several ethnic groups for same species and unexplained names, phenomena
have been observed in the folk nomenclature of these vegetables. Sesamum
radiatum is the specie who has a large geographical distribution.
Two shapes have been observed for the use of these vegetables:
the food use and the medicinal use. Seen the importance of these TLV, their
domestication and their popularization are necessary in order to preserve them
for the future generations.
Key words: Traditional Leafy Vegetables,
ethnobotanic survey, folk nomenclature, geographical distribution, ecology,
Benin.
Table des matières
CERTIFICATION i
Dédicace ii
Remerciements iii
Résumé iv
Abstract v
Table des matières vi
Liste des tableaux viii
Liste des figures viii
Liste des Photos viii
Liste des cartes viii
Liste des annexes ix
Liste des sigles et abréviations x
Chapitre 1 : Introduction 1
Chapitre 2 : Synthèse bibliographique. 4
2.1. Définition des concepts 4
2.2. Généralités sur les
légumes-feuilles traditionnels 5
2.2.1. Importance des LFT 5
2.2.1.1. Importance agronomique. 5
2.2.1.2. Importance nutritionnelle 6
2.2.1.3. Importance socio-économique 9
2.2.1.4. Importance culturelle 11
2.2.1.5. Importance médicinale 12
2.2.2. Les recherches effectuées sur les
légumes-feuilles traditionnels 13
2.2.3. Connaissance sur les quatre espèces de LFT
ciblées 15
2.2.3.1. Acmella uliginosa 15
2.2.3.2. Ceratotheca sesamoides 16
2.2.3.3. Justicia tenella 18
2.2.3.4. Sesamum radiatum 20
Chapitre 3 : Présentation du milieu d'étude 23
3.1. Situation géographique 23
3.2. Données physiques 23
3.2.1. Relief et climat: 23
3.2.2. Réseau hydrographique 26
3.2.4. Sols et Végétation 27
3.2.4.1. Sols 27
3.2.3.2. Végétation 28
3.2.4. Zones agro écologiques 30
3.3. Diversité ethnique 33
Chapitre 4 : Matériels et Méthodes 35
4.1. Matériels 35
4.1.1. Matériel végétal 35
4.1.2. Matériel de terrain 35
4.1.3. Autres matériels 35
4.2. Méthode 35
4.2.1. Recherche documentaire 36
4.2.2. Phase d'enquête 36
4.2.2.1. Choix des villages 36
4.2.2.2. Collecte des données 38
4.2.3. Dépouillement de l'enquête 39
4.2.4. Analyse des données 40
Chapitre 5 : Résultats et discussions 41
5.1. Nomenclature locale des espèces 41
5.1.1. Eléments de nomenclature 41
5.1.1.1. Acmella uliginosa 41
5.1.1.2. Ceratotheca sesamoides 42
5.1.1.3. Justicia tenella 43
5.1.1.4. Sesamum radiatum 44
5.1.2. Les noms inexpliqués 45
5.1.3. La synonymie : Les noms synonymes 46
5.1.4. L'homonymie : Différentes espèces
appelées par le même nom 46
5.1.5. Même nom utilisé pour la même
espèce à travers différentes ethnies 46
5.1.7. Les noms déformés. 47
5.1.8. Utilisation de l'aspect ??Nombre»dans la nomenclature
locale : Singulier et pluriel
47
5.2. Diversité intraspécifique et Taxonomie locale
47
5.2.1. Diversité intraspécifique 47
5.2.2. La taxonomie locale 49
5.3. Origine des espèces 51
5.4. Domestication et Statut des espèces dans les
différents groupes ethniques du Bénin 52
5.4.1. Domestication des LFT 52
5.4.2. Statut des LFT 52
5.5. Tabous, interdits et traits indésirables 53
5.6. Stratégie de conservation et mode de production 54
5.7. Utilisation des légumes-feuilles traditionnels 55
5 .7.1. Utilisation alimentaire 55
5.7.2. Utilisation médicinale 56
5.8. Zones de consommation des espèces 57
5.9. Distribution géographique et écologie des
espèces. 59
5.9.1. Distribution géographique des espèces. 59
5.9.2. Ecologie des espèces. 59
Conclusions et recommandations 65
Références bibliographiques 67
Liste des tableaux
Tableau 1 : Composition chimique de 100g de
feuilles fraîches des trois légumes feuilles traditionnelles
tropicaux 8
Tableau 2: Mode de répartition des zones
agro écologiques et leurs caractéristiques de base
31
Tableau 3 : Villages prospectés par aire
ethnique et zones agro-écologiques correspondantes
37
Tableau 4: Diversité
intraspécifique des espèces et les noms locaux des
variétés 50
Liste des figures
Figure 1: Proportion des éléments
utilisés dans la nomenclature locale de Acmella uliginosa
42
Figure 2: Proportion des éléments
utilisés dans la nomenclature locale de Ceratotheca sesamoides
43
Figure 3: Proportion des éléments
utilisés dans la nomenclature locale de Justicia tenella 44
Figure 4 : Proportion des éléments
utilisés dans la nomenclature locale de Sesamum radiatum
45
Figure 5: statut des quatre LFT 53
Liste des Photos
Photo 1 : Un pied d'Acmella uliginosa
22
Photo 2 : Un pied de Ceratotheca sesamoides
22
Photo 3 : Un pied de Justicia tenella
22
Photo 4 : Un pied de Sesamum radiatum
22
Photo 5: Un pied de Justicia tenella :
Variété à feuilles lancéolées 48
Photo 6: Un pied de Justicia
tenella:Vari été à feuilles plus arrondies 48
Photo 7: Un pied de la variété
à tige rouge de Ceratotheca sesamoides 49
Photo 8: Un pied de la variété
à tige blanche de Ceratotheca sesamoides 49
Liste des cartes
Carte 1 : Carte administrative du Bénin
24
Carte 2 : Zones agro climatiques du Bénin
34
Carte 3 : Distribution géographique et
zones de consommation de Acmella uliginosa 61
Carte 4 : Distribution géographique et
zones de consommation de Ceratotheca sesamoides 62
Carte 5 : Distribution géographique et
zones de consommation de Justicia tenella 63
Carte 6 : Distribution géographique et
zones de consommation de Sesamum radiatum 64
Liste des annexes
Annexe 1 : Questionnaire d'enquête 77
Annexe 2 : Noms locaux de Acmella uliginosa
82
Annexe 3 : Noms locaux de Ceratotheca
sesamoides 83
Annexe 4 : Noms locaux de Justicia tenella
85
Annexe 5 : Noms locaux de Sesamum radiatum
86
Liste des sigles et abréviations
CENATEL : Centre National de
Télédétection et de Surveillance du Couvert Forestier
CGIAR: Consultative Group on Intenational
Agricultural Research
ETP : Evapotranspiration Potentiel
FAST : Faculté des Sciences et
Techniques
FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
FSA : Faculté des Sciences
Agronomiques
GV : Groupement Villageois
IDH : Indice de Développement Humain
IITA: International Institute of Tropical
Agriculture
INSAE : Institut National de la Statistique et
de l'Analyse Economique
IPGRI : International Plant Genetic Ressources
Institue
LFT : Légumes-Feuilles Traditionnels
MAEP : Ministère de l'Agriculture, de
l'Elevage et de la Pêche
MEPN : Ministère de l'Environnement et de
la Protection de la Nature
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SCRP : Stratégie de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté
SNIGS : Système National
Intégré de Gestion Sanitaire
Chapitre 1 : Introduction
L'Afrique possède une grande diversité de
plantes alimentaires (Okigbo, 1977; Almekinders et Boef, 2000). Ces ressources
phytogénétiques constituent la base de la sécurité
alimentaire mondiale. Les diverses espèces locales que l'Afrique
renferme jouent un rôle primordial dans le développement
économique, social et culturel. Elles constituent la matière
première que les agriculteurs et les obtenteurs utilisent pour
améliorer la qualité et la productivité de nos cultures
(FAO, 2000 ; CGRAI, 1994). Parmi ces ressources phytogénétiques
se trouvent les légumes-feuilles traditionnels (LFT) (FAO, 2002).
Les légumes d'Afrique concernent environ 1025
espèces cultivées ou sauvages (PROSEA, 1993 ; PROTA, 2004). Sur
les 275 espèces les plus importantes d'Afrique tropicale, 207 sont
consommées pour leurs feuilles (Kahane et al., 2005). Les
légumes-feuilles font partie de l'alimentation de nombreuses familles
africaines, principalement comme accompagnement des féculents de base
(Chweya et Eyzaguirre, 1999 ; Dansi et al., 2008a). Ils
présentent de nombreux avantages, surtout en termes de
sécurité alimentaire des ménages. En effet, les
légumes sont des aliments de haute valeur nutritive, susceptibles de
contribuer à la prévention des maladies chroniques graves tels
que les maladies cardiovasculaires et certains cancers (Tirilly et
al., 1999).
Ils sont également d'importantes sources de vitamines
(surtout A, B, C), d'oligo-éléments, de protéines, de
fibres et de glucides (Stevels, 1990 ; Mnzava, 1997 ; Chweya et Eyzaguirre,
1999). Certains LFT comme Hibiscus sabdariffa L. et Ocimum
gratissimum L. possèdent des propriétés
médicinales et sont utilisés pour soigner diverses maladies
telles que le paludisme, les parasites intestinaux, les infections (Chweya,
1985; Schippers, 2002; Mnzava, 1991). Stevels (1990) en comparant les
légumes traditionnels et les légumes de types européens du
point de vu diététique a montré que les légumes
tropicaux sont plus riches en protéines, en provitamine A, en vitamine C
et en sels minéraux (fer, calcium) que les légumes de types
européens. Les légumes-feuilles traditionnels donnent une plus
grande production par unité de surface dans un délai relativement
court par rapport aux céréales. Ils sont bien adaptés
à nos conditions agro-écologiques, faciles à produire et
sont peu exigeants en intrants. Ils restent donc une alternative à la
portée des populations vulnérables (Watson et Eyzaguire.,
2002).
Par ailleurs, les légumes-feuilles jouent aussi un
rôle central dans la lutte contre la pauvreté. Souvent issus de
cueillettes ou cultivés dans des zones marginales (bas-fonds,
marécages), leur production est assurée par de petits
agriculteurs marginalisés pour lesquels simultanément ils
contribuent à l'équilibre nutritionnel et procurent par leur
vente de petits revenus
1
(Gockowski et al., 2003). Selon Diouf et al.
(2007a), les légumes-feuilles traditionnels peuvent contribuer
jusqu'à 100 % dans le revenu des ménages.
Au Bénin, un nombre important de plantes sont
consommées comme légumes. Selon Dansi et al. (2008a),
187 espèces sont consommées. Parmi les 187, 47 sont
cultivées et 140 sont encore à l'état sauvage. Dix-huit
(18) de ces légumes sont d'intérêt national et
régional. Et parmi ces 18 légumes-feuilles traditionnels se
trouvent Justicia tenella (Nees) T. Anders, Sesamum radiatum
Thonn. ex Hornem, Ceratotheca sesamoides Endl.
et Acmella uliginosa (L.) (Dansi et al., 2008b).
D'importance nationale, ils sont vendus sur les marchés
locaux. Ils proviennent essentiellement de la cueillette et des jardins de
case. Sesamum radiatum et Ceratotheca sesamoides sont
très consommés par les populations pour l'accompagnement de
nombreux féculents qui constituent l'aliment de base des populations
rurales. Bien qu'étant moins mucilagineux que les deux premiers
Justicia tenella est aussi consommé pour accompagner les
féculents. D'importance régionale, Acmella uliginosa est
consommé comme alicament. Ce légume est consommé pour ses
vertus médicinales et est très apprécié par les
populations de l'Atacora et environs se trouve exclusivement dans les jardins
de case de ces localités. Vu l'importance de ce légume sa
consommation doit être répandue dans d'autres régions
(Dansi et al., 2008a ; Denton, 2004 ; Bedigan et Adetula, 2004 ; Boch,
2004 ; Jensen et al., 2004). En considérant la pression
exercée par la cueillette et l'intérêt médicinal des
LFT, il importe de contribuer à la promotion de ces espèces. En
effet, ces espèces sont très peu étudiées et
souvent négligées par la recherche car qualifiées
d'espèces mineures. Une domestication et une vulgarisation de ces
légumes s'imposent donc. Dans le cadre de la valorisation de ces
ressources génétiques, leur passage du statut de plantes sauvages
au statut de plantes cultivées passe nécessairement par la
recherche. Ces recherches doivent consister à :
- Une étude ethnobotanique des espèces, inventorier
les zones de présence et de consommation des LFT.
- Etudier la diversité intraspécifique et la
biologie moléculaire de ces LFT.
- Etudier les possibilités de conservation des graines.
- Etudier leur biologie et les possibilités de
domestication.
- Etudier leur pathologie et inventorier leurs ravageurs.
- Etudier les effets des différentes formes de
fertilisation sur ces LFT et évaluer leurs valeurs nutritionnelles.
2
La présente étude s'occupe du premier point car
avant toute domestication, il est nécessaire de connaître les
usages alimentaires, médicinaux et autres que font les
communautés locales de ces plantes. Il est également
nécessaire de savoir leurs appellations et les savoirs traditionnels
dans les différentes ethnies rencontrées au Bénin.
L'objectif général du présent travail est
d'étudier la taxonomie locale, identifier les zones de présence
et de consommation et l'usage traditionnel que font les communautés
rurales des quatre espèces de légumes-feuilles traditionnels que
sont : Justicia tenella, Sesamum radiatum, Ceratotheca sesamoides
et Acmella uliginosa.
De façon spécifique, il s'agira de :
- Identifier de façon participative les zones de
présence et de consommation des quatre LFT ;
- Cartographier les zones de présence et de consommation
des LFT
- Recenser pour chaque espèce le ou les noms locaux et
leur signification dans chaque aire ethnique ;
- Identifier la diversité intraspécifique et la
taxonomie locale ;
- Identifier les valeurs sociales et l'utilisation
thérapeutique faites des légumes- feuilles traditionnels ;
- Formuler des recommandations concrètes pour leur
valorisation dans les zones d'étude.
Pour une bonne présentation de notre étude, le
mémoire s'articule autour des points suivants : après une revue
bibliographique, nous présenterons dans un premier temps le milieu
d'étude, ensuite la méthodologie de collecte et d'analyse des
données et enfin les résultats et la discussion. La conclusion
dégagera les traits saillants des résultats obtenus qui seront
suivis de quelques recommandations.
3
Chapitre 2 : Synthèse bibliographique.
2.1. Définition des concepts
Légumes : Les légumes
désignent les plantes (herbes, lianes, arbustes, arbres) dont les
feuilles, les tiges, les fleurs, les graines, les racines, les bulbes et les
tubercules sont utilisés dans la préparation des sauces (Westphal
et al ., 1985 ; FAO 1998 ; CTA, 2004).
Les légumes-feuilles sont les plantes
(herbes, lianes, arbustes, arbres) dont les feuilles sont utilisées dans
la préparation de sauces (Westphal et al ., 1985 ; FAO 1998 ;
Chweya et Eyzaguirre, 1999; CTA, 2004). Ils sont constitués des
légumes-feuilles modernes de types européens comme le chou
(Brassica oleracea Linn) et la laitue (Lactuca sativa Linn)
et des légumes-feuilles traditionnels comme Talinum triangulare
Jacq.
Les légumes-feuilles traditionnels
encore appelés indigènes désignent les espèces
végétales cultivées ou sauvages qui ont
évolué de façon naturelle dans un milieu (FAO, 2002). Ils
sont appelés LFT d'Afrique quand ils ont évolué de
façon naturelle en Afrique (ou qui se sont naturalisés dans
différents pays africains) et dont les feuilles sont utilisées
dans l'alimentation (Ogoye-Ndegwa et Aagaard-Hansen, 2003 ; CTA, 2004). Le
terme traditionnel qui est utilisé indique qu'ils sont utilisés
depuis longtemps (FAO, 2002).
La taxonomie : La taxinomie (ou taxonomie)
est l'étude du nom des êtres, leur classification et leur relation
(Brent, 1996).
La taxonomie est la science qui a pour objet de décrire
les organismes vivants et de les regrouper en entités appelées
taxons (familles, genres, espèces, etc.) afin de pouvoir les nommer et
les classer. C'est aussi la science des lois et règles qui
déterminent l'établissement des méthodes et
systèmes de classement (systématique) (
http://wikipédia.com).
Les paysans classent traditionnellement, nomment et groupent les espèces
des plantes qu'ils utilisent par rapport à l'introduction, l'agronomie,
l'agro-écologie, l'utilisation, aux traits technologiques et aux traits
morphologiques. Ce savoir-faire séculaire est appelé taxonomie
traditionnelle ou locale des plantes (Berlin et al., 1973; Jainchu
et al., 2001 ; Dansi et al., 2008b).
La taxonomie locale est la classification utilisée par
les paysans, elle a pour but d'exploiter et de conserver in situ la
diversité génétique (Mekbib, 2007). Les noms locaux sont
la base de la connaissance de la biodiversité (Khasbagan, 2008).
4
Ethnicité : Le concept
d'ethnicité a un certain caractère multidimensionnel dans la
mesure où il comprend des aspects comme la race, l'origine ou
l'ascendance, l'identité, la langue et la religion. Il peut englober
aussi des dimensions plus subtiles comme la culture, les arts, les coutumes et
les croyances de même que des pratiques comme l'habillement et la
préparation de la nourriture. Le concept revêt également un
caractère dynamique, étant constamment en état de
changement. Il changera par suite d'une nouvelle vague d'immigration, de
mélanges et d'intermariages, qui peuvent entraîner la formation de
nouvelles identités (
www.statcan.ca/français/concepts/index).
Dans le contexte actuel, l'ethnicité sera en rapport
avec les savoirs traditionnels de ces LFT dans chaque groupe ethnique. Il
s'agira également de l'usage que les groupes ethniques font de ces
LFT.
Ecologie : L'écologie est
l'étude des facteurs qui conditionnent le milieu, telle est la
définition initiale qui correspond encore à la tendance actuelle
de nombreux biologistes européens. Elle est l'ensemble des sciences qui
étudient les interactions des êtres vivants et de leur milieu.
L'écologie (terme crée par Enst Haeckel en 1866) est la science
qui étudie les êtres vivants en fonction du milieu dans lequel ils
vivent (Jean-Michel, 1981).
2.2. Généralités sur les
légumes-feuilles traditionnels 2.2.1. Importance des LFT
2.2.1.1. Importance agronomique.
Les légumes-feuilles traditionnels sont
bénéfiques pour des raisons écologiques, car ces plantes
augmentent la productivité des cultures, conservent le sol et
améliorent sa fertilité. Beaucoup de plantes traditionnelles,
telles que la citrouille, la patate douce et les haricots, sont
cultivées en association avec le maïs ou d'autres cultures
céréalières pour servir de barrière
écologique aux maladies (FAO, 2002). Quand on utilise les légumes
traditionnels comme cultures de couverture, ils aident aussi à
empêcher l'érosion du sol, à réduire
l'évaporation et à étouffer les mauvaises herbes.
Cultivés comme engrais vert et enfouis dans la terre lors du labour, les
légumes-feuilles traditionnels augmentent la teneur en matières
organiques du sol et améliorent sa structure (FAO, 2002). Bien
adaptés à nos conditions agro-écologiques, faciles
à produire et peu exigeants aux intrants, ils restent une alternative
à la portée des populations vulnérables. Ils donnent une
plus grande production par unité de surface dans un délai
relativement court par rapport aux céréales (Watson et Eyzaguire,
2002). De plus ils sont
5
très peu sensibles aux maladies et aux problèmes
causés par les insectes (George et al., 2002). Les
légumes-feuilles traditionnels tolèrent plus les stress biotiques
et abiotiques que les légumes-feuilles de types européens
(Chweya, 1999). Contrairement aux légumes fruits tels que la tomate les
légumes-feuilles résistent mieux aux fortes pluies et demandent
moins d'eau d'irrigation (Kayane et al., 2005). Du point de vue de la
restitution de la fertilité des sols, en enfouissant à nouveau la
matière organique des légumes-feuilles dans le sol après
la récolte, ils améliorent mieux la teneur nutritive du sol. Il
est démontré par le fait que les légumes plantés
sur un sol dans lequel la matière organique avait été
enfouie donnaient un meilleur rendement que les mêmes légumes
plantés sur un sol dans lequel aucune matière organique n'avait
été enfouie (Tim, 2005).
2.2.1.2. Importance nutritionnelle
Les légumes-feuilles traditionnels font partie de ces
espèces africaines de grande diversité et à usages
multiples. Ainsi, ils jouent un rôle extrêmement important dans la
sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté en
Afrique (Attere, 1999). Les légumes-feuilles jouent un rôle
important dans les régimes alimentaires de toutes les populations du
monde, particulièrement en Afrique, en Asie et en Océanie,
où ils assurent la partie essentielle des besoins nutritionnels et
médicinaux (Batawila et al., 2005). Les légumes
traditionnels ou locaux africains sont de plus en plus connus pour leur
importance dans la contribution à la sécurité alimentaire
de millions d'africains dans les zones rurales et urbaines (Rubaihayo, 2002).
Ils sont des aliments à haute valeur nutritive ; ils contiennent des
carotènes (provitamine A), divers vitamines B (thiamine, riboflavine,
niacine), de l'acide folique et des folates, de la vitamine C, des
minéraux et des protéines (Stevels, 1990 ; Patrick, 2005). Ils
peuvent donc apporter de nombreux minéraux nécessaires au bon
fonctionnement de l'organisme. Les minéraux les plus importants qu'on y
retrouve sont : le calcium, le fer, et le phosphore. Ils apparaissent
aujourd'hui comme des alliés dans la lutte contre la «faim
cachée », c'est-à-dire les carences en micronutriments comme
la vitamine A et les minéraux dont le fer, qui prévient
l'anémie (Dansi et al., 2008a). Dans les pays subsahariens
où les populations souffrent d'anémies fréquentes
causées par le paludisme, l'apport de fer est très important et
recommandé. En effet, 100g de légumes-feuilles fournissent
journellement 4 à 7mg de fer suffisant pour un enfant et constitue un
apport non négligeable pour un adulte (Diouf et al., 1999). En
général, la consommation de 100 grammes de
légumes-feuilles suffit pour satisfaire les besoins en vitamine A d'un
jeune enfant et est d'une contribution considérable à l'apport
recommandé
6
pour un adulte. Une quantité de 100 grammes couvre
largement les besoins en vitamine C des personnes de tous les groupes
d'âges et est même suffisante en tenant compte d'une perte de 50%
pendant la préparation (Stevels, 1990). Les légumes-feuilles,
qu'ils soient sauvages ou cultivés, issus de lianes, de tubercules ou
d'arbres, apportent aussi aux populations qui n'ont à leur disposition
que peu de viande ou de poisson, des protéines indispensables surtout
aux femmes enceintes ou allaitantes et aux enfants en bas âge ou en
période de croissance (Tirilly et al., 1999). Les
légumes-feuilles renferment aussi en quantité importante de
l'amidon et des polymères de glucose constituant de bonnes sources
énergétiques. Ils sont particulièrement riches en
carbohydrates et fibres qui ont un effet laxatif doux (Davidson et Passmore,
1972). Ils contiennent aussi très peu de lipides. Toutefois,
l'alimentation végétale à base de légumes- feuilles
apporte à l'organisme une quantité indispensable de lipides. Les
lipides jouent un rôle essentiel dans la constitution des membranes
cellulaires (Grubben, 1975). Stevels en 1990 compare les légumes
traditionnels et les légumes de types européens et affirme
après les analyses diététiques que le plus souvent les
légumes tropicaux sont plus riches en protéines, en provitamine
A, en vitamine C et en sels minéraux (fer, calcium) que les
légumes de types européens. Sur la même lancée,
Baily en 2003 montre que les légumes traditionnels (ou indigènes,
par opposition aux légumes exotiques des pays tempérés)
sont généralement plus riches en éléments
minéraux, vitamines et facteurs nutritionnels, sans présenter de
facteurs anti-nutritionnels rédhibitoires. Les légumes-feuilles
tropicaux apportent 10 à 100 fois plus de micro-nutriments que la
salade, le chou ou le poireau. Les études réalisées par
Okigbo (1990) montrent que dans les zones de savane sèche,
l'insuffisance de légumes-feuilles dans l'alimentation des populations
est l'une des causes du déficit en vitamine A.
Les diverses composantes biochimiques à savoir : les
protéines bien équilibrées, les lipides riches en acides
gras poly-insaturés, les glucides riches en fibres et les nombreuses
vitamines favorisent les effets positifs des légumes-feuilles sur
l'organisme (Grubben, 1975).
Par ailleurs, la valeur nutritionnelle d'un légume
varie selon l'espèce ou le cultivar. Il est donc très important
d'établir la détermination exacte de l'espèce ou du
cultivar considéré. La teneur en protéine varie fortement.
Les légumes-feuilles ordinaires contiennent le plus souvent 1 à
2% de protéine, mais plusieurs contiennent de 4 à 10% (Stevels,
1990).
Les LFT interviennent dans la protection contre le cancer, la
baisse du mauvais cholestérol sanguin et la réduction de la
glycémie chez les diabétiques (Seck, 2008).
Les espèces comme Sesamum radiatum, Ceratotheca
sesamoides, Justicia tenella et Acmella uliginosa sont
très riches en éléments nutritifs et sont
appréciés par les populations rurales.
7
L'espèce Acmella uliginosa possède des
propriétés gustatives (l'aspect piquant) très
appréciées par les populations (Dansi et al., 2008a ;
Prota, 2004). Le tableau n°1 présente les résultats des
analyses biochimiques effectuées sur 3 espèces de
légumes-feuilles traditionnels cultivées ou sauvages (Prota
2004).
Tableau 1 : Composition chimique de 100g
de feuilles fraîches des trois légumes feuilles traditionnelles
tropicaux.
|
Sesamum radiatum
|
Justicia tenella
|
Ceratotheca sesamoides
|
Eau
|
85,5g
|
86,8 g
|
81 g
|
Energie
|
188 kJ (45 kcal)
|
138 kJ (33 kcal)
|
226 kJ (54 kcal)
|
Protéines
|
3,4 g
|
3,3 g
|
4,2 g
|
Lipides
|
0,7 g
|
0,4 g
|
0,5 g
|
Glucides
|
8,6 g
|
6,2 g
|
11,0 g
|
Calcium
|
77mg
|
510 mg
|
300 mg
|
Potassium
|
203mg
|
70 mg
|
86 mg
|
Fer
|
-
|
-
|
3,2 mg
|
Fibres
|
2,4 g
|
1,7 g
|
-
|
Thiamine
|
-
|
-
|
-
|
Riboflavine
|
0,3 mg
|
-
|
-
|
Acide ascorbique
|
-
|
-
|
28 mg
|
(Boch, 2004 ; Bedigan & Adetula, 2004 ; Denton, 2004)
Par ailleurs, aucune donnée n'est disponible sur la
composition nutritionnelle d'Acmella uliginosa. Les feuilles et les
capitules crus d'Acmella ont une saveur piquante, et quand ils sont
mâchés, ils engourdissent les muqueuses de la bouche et provoquent
la salivation. Cette sensation pourrait être attribuée à la
fraction alkylamide (Bosch, 2004).
Cependant, des études ont révélé
que des légumes-feuilles traditionnels contiennent une importante
quantité d'acides cyanhydriques, d'acides oxaliques, d'alcaloïdes,
de saponines, des cardénolides, des flavonoïdes et des
polyphénols qui présentent des risques pour la santé des
consommateurs (Srivastava et Krishnan, 1959 ; Oke, 1968 ; Schmidt, 1971 ;
Grubben, 1975 ; Wolters, 1992 ; Orech et al., 2005). C'est pourquoi,
les légumes-feuilles doivent être cuits avant la consommation. En
effet, la consommation de légumes-feuilles non cuits peut avoir quelques
inconvénients sur le fonctionnement de l'organisme. Par exemple, la
présence d'acide oxalique dans les légumes-feuilles empêche
l'absorption des ions calcium (Grubben,
8
1975). Heureusement la pré-cuisson suivie
d'élimination de l'eau de cuisson débarrasse en partie ou
totalement les légumes-feuilles de leurs substances nocives (Grubbeen,
1975 ; Westphal et al., 1985 ; Sorensen et al., 1994 ; Babik
et al., 1996).
2.2.1.3. Importance socio-économique
- Au niveau des zones rurales
Dans les zones rurales, les légumes-feuilles
traditionnels sont soit cultivés, soit sauvages. Près de 90% de
la production ou de la cueillette sont destinés à
l'autoconsommation et le reste est vendu aussi bien dans les marchés
locaux que dans les marchés environnants. Le niveau de consommation
annuelle des légumes-feuilles au Bénin est de 6 kg par personne
en 1975 (Grubben, 1975) et de 12kg par personne en 1995 (Mbaye et Moustier,
2000). Au Sénégal, ils contribuent au budget familial de certains
agriculteurs à hauteur de 50 à 85%. En Afrique subsaharienne, ces
plantes alimentent les marchés locaux mais aussi régionaux
(AssogbaKomlan et al., 2007).
Les prix des légumes-feuilles subissent de très
fortes variations saisonnières. Au cours de la saison sèche, les
femmes se regroupent parfois pour cultiver les légumes-feuilles dans les
bas- fonds (Adjatin, 2006). Selon Grubben (1971), la période
sèche comprise entre deux saisons pluvieuses constitue le moment
où les cultures de contre saison sont très rentables. Dès
les premières pluies, les producteurs abandonnent la culture des
légumes dans les bas-fonds à d'autres fins agricoles. Ils
regagnent leurs champs respectifs et s'adonnent aux cultures vivrières y
compris les légumes-feuilles. En saison pluvieuse, les prix des
légumes-feuilles frais baissent considérablement sur le
marché (Matlhare et al., 1999).
Le commerce des légumes-feuilles dans les zones rurales
n'est pas très florissant compte tenu des difficultés que
rencontrent les producteurs. Sur les marchés locaux, la demande en
légumes-feuilles est faible vu que chaque ménage tend à
assurer plus ou moins ses propres besoins en légumes-feuilles (Maundu
et al., 1999). Les routes qui mènent vers les marchés
sont souvent non praticables pendant la saison pluvieuse qui coïncide avec
la période d'abondance des légumes-feuilles. Une autre contrainte
majeure est la difficulté de conservation post-récolte. Les
légumes-feuilles sont hautement périssables et leur non
écoulement entraîne des manques à gagner et de lourdes
pertes financières.
Malgré les nombreuses difficultés
énumérées ci-dessus, leur commerce constitue une
source de revenu monétaire non négligeable pour les
ménages (Hessou, 1995 ; Mbaye et al., 2000). La
commercialisation des légumes-feuilles est exclusivement
réservée aux femmes mais les
9
revenus issus de leur vente sont destinés aux besoins
de toute la famille (Maundu et al., 1999 ; Vihotogbé, 2001 ;
Adjatin, 2006 ). Les légumes locaux constituent davantage une source
particulière de revenus pour les pays sub-sahariens du fait qu'ils
coûtent souvent plus chers sur le marché (Batawila et
al., 2005)
- Au niveau des zones urbaines
L'agriculture périurbaine est une activité
souvent informelle, génératrice de revenus et d'emplois,
pratiquée par les couches vulnérables des régions urbaines
et périurbaines (Assobga-Komlan, 2007). Dans les grandes villes, le
maraîchage est générateur d'emplois et de revenu et
résout d'énormes problèmes de chômage et
d'insécurité alimentaire auxquels sont confrontées les
populations (Moustier et De bon, 2005). Les enquêtes
socio-économiques conduites par PADAF en 2003 montrent qu'au sud
Bénin, environ 85000 emplois directs et indirects ont été
crées dans le secteur du maraîchage en 2002. Dans la ville de
Cotonou, le revenu net global de l'ensemble des maraîchers est de l'ordre
de 30 millions de FCFA par an en dehors de leur propre consommation
(Assobga-Komlan, 2007). Selon Diouf et al. (2007a) les
légumes-feuilles traditionnels peuvent contribuer jusqu'à 100%
dans le revenu des ménages. Assogba-Komlan (2002) estime que le revenu
des maraîchers peut atteindre 16,395 millions de FCFA par hectare soit
4,31 milliards pour les 236 hectares exploités en 2002. Les
enquêtes socio-économiques conduites à Brazzaville (Congo)
évaluent à deux cent mille (200.000) FCFA le revenu mensuel moyen
d'un maraîcher (Torreille, 1989). Au Sénégal, les
légumes-feuilles traditionnels contribuent au budget familial de
certains agriculteurs à hauteur de 50 à 80% (Assogba-Komlan
et al., 2007).
Des études effectuées par Margiotta (1997)
montrent également que les activités de maraîchages
permettent de nourrir les familles toute l'année vu que la
période d'approvisionnement des légumes-feuilles est plus longue
pour l'agriculture urbaine (9 mois sur 12). En Côte-d'Ivoire, la
persistance du maraîchage urbain et périurbain s'explique par le
fait que c'est une activité de service pour de nombreux ménages
(Yappi, 1999). Il permet aux ménages les plus défavorisés
de s'alimenter en légumes frais et d'améliorer la valeur des
repas en protéines et en vitamines tout en réalisant des
économies (Moustier et Pagès, 1997 ; Jacobi et al., 2000
; Mougeot, 2000 ; Diouf et al., 2007a).
Les activités maraîchères résolvent
donc d'énormes problèmes de chômage et
d'insécurité alimentaire auxquels sont confrontés les
populations (Moustier et De bon, 2005).
Toute activité économique présente des
atouts et des contraintes. Quels sont alors ceux liés aux cultures
maraîchères dans les zones urbaines et périurbaines ?
10
- Atouts et contraintes du maraîchage urbain et
périurbain
Le maraîchage urbain et périurbain présente
des atouts et contraintes qu'il convient ici de souligner. De la production
à la commercialisation ces atouts et contraintes diffèrent.
· Au niveau de la production
- Atouts : Ils ici sont en rapport avec le
flux des intrants et le savoir-faire. Il s'agit essentiellement de
l'accès aux intrants, aux déchets urbains et à l'appui
technique. La production maraîchère dispose d'une diversité
des sources de revenus et du capital (fonctionnaires, expatrié,
commerçants, etc.) non moins négligeable qui constitue aussi un
atout.
- Contraintes : La précarité
de l'accès au foncier, le manque de reconnaissance institutionnelle, les
risques de pollution du sol, de l'aire et de l'eau constituent les risques de
production. La production du maraîchage est aussi handicapée par
une pression parasitaire et des menaces qui planent sur la fertilité des
sols. Que ça soit en zone urbaine ou périurbaine sur toute la
chaîne de production, les produits du maraîchage sont
menacés par le vol et la divagation.
· Au niveau de la commercialisation
Toute production est faite pour la commercialisation ou la
consommation ou plus souvent les deux. Dans notre cadre (atouts et
contraintes), nous allons parler de la commercialisation.
- Atouts : Les atouts de la
commercialisation des produits maraîchers sont en rapport avec la
proximité du marché. Les maraîchers des villes sont par
exemple situés à proximité des marchés si bien que
le transport et l'écoulement de la production ne constituent plus de
soucis majeurs (Grubben, 1971 ; Moustier et Pagès, 1997). Les
grossistes viennent eux- mêmes s'approvisionner dans les jardins. Cette
proximité du marché engendre un faible coût de transport
des produits et un accès facile aux informations commerciales. On note
aussi l'existence d'une relation de confiance entre les producteurs.
- Contraintes : Les problèmes ici
demeurent, le caractère périssable et instable de l'offre, la
forte élasticité de la demande (légumes
tempérés), les risques sanitaires et la dispersion des
entreprises.
2.2.1.4. Importance culturelle
L'importance culturelle des légumes-feuilles
traditionnels n'est plus à démontrer en Afrique ; les
dernières recherches le confirment (Modi et al., 2006). Parmi
les cultures maraîchères produites au Bénin, ce sont les
légumes-feuilles qui sont les plus consommés (62,5% des 11
produits maraîchèrs) et les
légumes-feuilles traditionnels en constituent la grande part (89 %). Ces
légumes-feuilles traditionnels rentrent dans l'alimentation quotidienne
de presque tous les Béninois (Hessou, 1995). Les populations ont recours
aux légumes-feuilles traditionnels non seulement pour assurer leur
survie mais aussi à des fins culturelles. Sur le plan culturel, il
existe des interdits, des rituels ou certaines anecdotes liées à
la consommation de certains légumes-feuilles. Batawila (2005) rapporte
que chez les Mossi au Togo, des rituels précèdent la consommation
des feuilles de Adansonia digitata. Selon les Kabyè de la
région Nord- Togo, les feuilles de Bombax costatum et de
Ceratotheca sesamoides anéantissent les pouvoirs mystiques et
ne doivent pas être consommées par les hommes qui en
possèdent. Dans l'aire culturelle Watchi au sud-est du Togo, les adeptes
du fétiche Tchabaga ne consomment pas du Corchus aestuans L.
tandis qu'au Bénin, Lactuca taraxacifolia est formellement
interdit aux adeptes du fétiche Sakpata (Dieu de la terre). Au nord du
Bénin, Ceratotheca sesamoides est interdit aux hommes qui ont
des pouvoirs surnaturels (Dansi et al., 2008b). Selon les sages, ce
légume réduit la puissance des pouvoirs occultes. Sa consommation
est aussi interdite aux chasseurs qui utilisent les flèches. Il les
rendrait maladroits en réduisant leur acuité visuelle (Dansi et
al., 2008a).
2.2.1.5. Importance médicinale
D'après les estimations, 80% de la population mondiale
dépend principalement de la médecine traditionnelle pour le
traitement des maladies (Cunningham, 1993). La dépendance
vis-à-vis de remèdes dérivés de plantes
indigènes est particulièrement marquée dans les pays en
développement, où la médecine occidentale souvent est
absente ou simplement trop coûteuse (Okafor et Ham, 1999).
Beaucoup de légumes-feuilles ont des vertus
médicinales et peuvent servi d'alicament. En effet, leur consommation,
à travers la sauce, pourrait permettre de prévenir ou de traiter
beaucoup de maladies ainsi que des insuffisances nutritionnelles. Par exemple
les feuilles de Moringa oleifera sont efficaces contre
l'anémie, le diabète et l'hypertension artérielle ;
l'infusion des feuilles de bissap (Hibiscus sabdariffa) peut
être utilisée en lutte préventive contre le paludisme. Les
feuilles de Cerathotece sesamoides, Adansania digitata, Corchorus tridens,
Cassia tora, Hibiscus sabdariffa et Vigna unguiculata sont
utilisées contre la constipation (Diouf et al., 1999). Le jus
des feuilles de Jacquemontia tamnifolia est absorbé comme
antidote pour traiter les morsures de serpents et l'infusion de ses feuilles
est utilisés pour soigner les plaies (Grubben et al., 1975). Au
Congo, les jeunes feuilles de Corchorus
12
olitorius sont utilisées contre les troubles
cardiaques (Grubben et al., 1975). La macération des feuilles
de Ceratotheca sesamoides facilite l'accouchement et traite la
conjonctivite (Dansi et al., 2008a). Une infusion froide des feuilles
de Sesamum radiatum facilite la délivrance chez la femme
enceinte (Dansi et al., 2008a). Au Kenya, les feuilles de Basella
alba sont utilisées pour traiter les maux de ventre et la
constipation après l'accouchement. Les feuilles de Talinum
triangulare sont utilisées pour soigner la rougeole au Cameroun
(Grubben et al., 1975).
Au nord-ouest du Bénin, les enquêtes
réalisées par Dansi et al. (2008a) ont
révélé que :
- La sauce à base de Acmella uliginosa constitue
un bon vermifuge et un antibiotique. Elle
permet aussi d'éliminer les caillots de sang
après l'accouchement et stimule la sécrétion
de lait maternel chez la nourrice ;
- La sauce à base de Vernonia amygdalina Delile
permet de lutter contre la constipation et les vers parasites ;
- La sauce de Hybanthus enneaspermus (L.) F. Muell
facilite la sortie du foetus lors d'un accouchement ;
- La consommation régulière de la sauce des
feuilles de Adansonia digitata régularise les battements du
coeur, lutte contre la fatigue (donne du souffle) et régularise le cycle
menstruel des femmes ;
- La sauce de Cissus populnea Guill et Perr. est
aphrodisiaque ;
- La consommation régulière de la sauce de
Moringa oleifera Lam. permet de prévenir ou
de traiter l'anémie, le paludisme, le diabète,
l'hypertension et les courbatures ; - La sauce de Cassia occidentalis
(L.) permet de traiter le paludisme et l'ictère ; - La sauce de
Ocimum gratissimum (L.) (légume aromatique) est antibiotique et
permet de
lutter contre les vers intestinaux ;
- Les feuilles de Grewia lasiodiscus K. Schum
préparées sous forme de sauce traite la diarrhée ;
- La sauce de Hibiscus sabdariffa (L.),
régulièrement consommée par les populations constitue l'un
des moyens de lutte contre le paludisme, le rhume et est aussi aphrodisiaque
alors que celle de Hibiscus asper Hook. F. traite l'indigestion.
2.2.2. Les recherches effectuées sur les
légumes-feuilles traditionnels
Des études ethnobotaniques sur les
légumes-feuilles traditionnels ont été
réalisées dans certains pays africains (Botswana, Cameroun,
Kenya, Sénégal, Togo, Zimbabwe) dans le
13
cadre d'un projet initié par l'IPGRI (Chweya &
Eyzaguire, 1999). Les résultats de ces études ont montré
que l'Afrique est le réservoir d'une forte diversité de
légumes-feuilles traditionnels. En effet, plus d'un millier
d'espèces végétales sont utilisées à des
fins alimentaires (Maundu et al., 1993). Mais le nombre de
légumes-feuilles locaux consommés habituellement varie d'un pays
à un autre. Au Botswana et au Cameroun, 62 et 67 espèces de
légumes feuilles ont été respectivement identifiés
(Matlhare et al., 1999 ; Poubom et al., 1999) . Au
Sénégal, plus de 1500 espèces ont été
dénombrées mais seulement 38 sont régulièrement
consommées (Diouf et al., 1999). Au Zimbabwe et au Kenya,
respectivement 36 et 220 espèces de légumes-feuilles ont
été dénombrées (Ngwerume et Mvere, 1999 ; Maundu et
al., 1999). Les travaux réalisés par Batawila (2005)
montrent que la végétation togolaise est riche en plantes
légumières. En dehors des espèces cultivées, 105
espèces légumières regroupées en 82 genres et 45
familles sont cueillies dans les différentes formations
végétales, les champs et les jardins de case localisés
dans les différentes aires ethnoculturelles du Togo.
Au Bénin, les différents travaux
effectués sur les feuilles traditionnelles concernent surtout les
espèces cultivées sur les sites maraîchers. Grubben (1975)
a montré l'existence d'une diversité intra spécifique au
sein des amarantes cultivées dans le sud Bénin. Assogba komlan
(2002) signale la présence d'éléments antinutritionnels
tels que les nitrates, les résidus de pesticides, les métaux
lourds et des glucosides cyanogènes dans les feuilles de la grande
morelle (Solanum macrocarpon L.) et celles d'autres
légumes du types européens comme le chou (Brassica oleracea
L.) cultivés sur les sites maraîchers de Cotonou.
Dans le cadre du projet «Health Vegetable throught participary integrated
Pest Management in urbain and périurbain gardens of Bénin »,
l'Institut International de l'Agriculture Tropicale (IITA), après avoir
identifié les ravageurs et les maladies des légumes auxquels sont
confrontés les maraîchers, a mis au point des stratégies de
lutte biologique contre ceux-ci comme alternatives aux pesticides chimiques.
Des bio pesticides tels que des virus ou des champignons
enthomopatogènes ont été mis au point pour lutter contre
l'espèce Plutella xylostella qui est un parasite du chou (Atcha
et al ., 2005). Assogba komlan (2007) montre que les pratiques
actuelles sur les légumes-feuilles participent non seulement à
détériorer leur qualité nutritionnelle mais aussi à
la dégradation de l'environnement.
Les espèces des légumes-feuilles traditionnels
utilisés au Bénin ont fait l'objet de peu de recherches et
sont peu connues. Des enquêtes ethnobotaniques récemment
effectuées dans le nord ouest (Adjatin, 2006) ont permis d'identifier
61 espèces dont 21 cultivées et 40
14
sauvages. Au Bénin, un nombre remarquable de LFT est
consommé. Dansi et al. (2008a) ont rapporté un total de
187 espèces de légumes-feuilles traditionnels dont 47
cultivés et 140 sauvages.
2.2.3. Connaissance sur les quatre espèces de LFT
ciblées
2.2.3.1. Acmella uliginosa
- Systématique et description
De la famille des Asteracea (compositea) Acmella
uliginosa est une plante herbacée annuelle à tiges
érigées (voir photo 1). En langue française on l'appelle
drède mafane ou cresson de Para. La plante a des feuilles simples
opposées. Le pétiole mesure 2 à 6,5cm de longueur ; le
limbe est largement ovale à deltoïde et a une surface de 5 à
11cm X 4 à 8cm, à base tronquée brièvement
atténuée, apex aigu brièvement acuminé, bord
denté. L'inflorescence est un capitule discoïde de 2,5cm X 1,5cm.
Le fruit est un akène de 2 à 2,5mm X 1mm avec un pappus
constitué de 2 soies (Bosch, 2004). Acmella uliginosa
possède une corolle quadrimère. La plante est une herbe (Adjatin,
2006).
- Origine et répartition géographique
Acmella est un genre pantropical comprenant environ
30 espèces, dont deux indigènes en Afrique tropicale et deux
autres introduites. Acmella uliginosa est connu à l'état
sauvage. On pense qu'il a été domestiqué à partir
d'Acmella alba (L'Héri), espèce indigène du
Pérou et du Brésil. Il a certainement été
cultivé depuis très longtemps, et s'est répandu dans
toutes les régions tropicales. On le cultive par endroits dans toute
l'Afrique. Il a été signalé des échappées de
plantes de Acmella uliginosa avec une naturalisation en Afrique de
l'Est. Probablement introduit dans les îles de l'Océan Indien par
les portugais, il a ensuite été diffusé en Afrique de
l'Est par des ouvriers indiens, lorsque ceux-ci sont venus participer à
la construction des chemins de fer vers 1900 (Bosch, 2004). Au Bénin, on
le retrouve dans la région septentrionale plus précisément
dans l'Atacora (Dansi et al., 2008a).
- Ecologie
Quand il n'est pas cultivé Acmella uliginosa se
trouve parmi les mauvaises herbes. Les populations naturalisées se
trouvent généralement dans les endroits humides comme
les marécages et en bordure de lacs. Comme plante ornementale, il se
multiplie par graine ou par boutures, prélevées sur les
plantes dans la phase végétative. Pour la germination,
une 15
température d'au moins 21°C est nécessaire
(Bosch, 2004). Il demande des arrosages fréquents pour les cultures en
jardins de case. Selon Dansi et al. (2008a), on retrouve
l'espèce dans les zones arides et semi-arides du Bénin. Ce
légume est cultivé dans les champs et jardins de case de presque
tous les ménages M'bermin (Adjatin., 2006). Il est disponible en saison
pluvieuse (Dansi et al., 2008a).
- Usages
Dans les îles de l'océan Indien (Comores,
Madagascar, Réunion, Maurice) ainsi qu'en Inde, l'usage principal des
feuilles d'Acmella uliginosa est la consommation sous forme de
légume cuit à la vapeur. Au Brésil et en Inde, les
feuilles crues sont utilisées pour rehausser le goût des salades,
des soupes et des plats de viande (Bosch, 2004). On le cultive largement comme
plante ornementale pour ses capitules colorés attrayants. L'usage
médicinal le plus commun et le plus répandu est le traitement du
mal de dents et des infections de la gorge et des gencives. Dans le monde
entier, on utilise les capitules soit frais soit séchés et
réduits en poudre, mais l'usage des racines et des feuilles a
également été recommandé. On recommande en outre
cette plante pour soigner la dysenterie les rhumatismes ainsi que pour
renforcer le système immunitaire (Bosch, 2004). Elle est aussi
utilisée contre les parasites du sang, surtout contre la malaria de
manière préventive que curative. Au Bénin, l'espèce
est utilisée comme épinard (Dansi et al., 2008a). Il est
un légume-feuille très nutritif, antihelmintique, antibiotique et
galactogène utilisé comme alicament. Sa consommation
régulière permet de lutter contre les vers intestinaux, de
prévenir et de traiter les infestions éventuelles qui surviennent
après l'accouchement, de déclencher et de stimuler la
sécrétion de lait maternel (Adjatin, 2006).
2.2.3.2. Ceratotheca sesamoides
- Systématique et description
Ceratotheca sesamoides est une des cinq
espèces que comprend le genre Ceratotheca. Elles sont de la
famille des Pedaliaceae. L'espèce Ceratotheca
sesamoides comporte deux synonymes qui sont : Ceratotheca
melanosperma Hochst. ex Bernh. (1842) et Sesamum
heudelotii Stapf (1906). On l'appelle communément en
français « Faux sésame ». (Voir photo 2)
Ceratotheca sesamoides est une plante herbacée
annuelle atteignant 100 à 120 cm de haut, parfois à rhizome
ligneux, à tiges pubescentes, prostrées, ascendantes ou
érigées. Les feuilles sont opposées ou presque
opposées, simples, stipules absentes, pétiole atteignant 6cm de
long
16
chez les feuilles inférieures, très court chez
les feuilles supérieures ; avec un limbe lancéolé-
deltoïde à ovale-triangulaire ou étroitement ovale, de 1,5-8
cm X 0,5-4,5 cm, tronqué, largement cunéiforme ou
légèrement hasté à la base, aigu à l'apex,
le limbe grossièrement denté au moins vers la base, pubescent et
densément glanduleux en dessous, faiblement glanduleux en dessus,
palmatinervé à la base. Les fleurs sont solitaires à
l'aisselle des feuilles, bisexuées, zygomorphes, pentamères ;
pédicelle de 3-8mm de long ; calice à lobes étroitement
triangulaires atteignant 7mm de long, soudés à la base ; corolle
en forme d'entonnoir, de 1,5-4 cm de long, légèrement pubescente,
rose, lilas, mauve ou violette, gorge et lobe inférieur souvent
crème avec des lignes sombres, lobe inférieur largement ovale et
plus long que les autres lobes. Le fruit de l`espèce est une capsule
oblongue-quadrangulaire, longue de 1-2 cm, comprimée latéralement
avec de minces cornes latérales atteignant 3,5mm de long, à
déhiscence loculicide, contenant de nombreuses graines. Les graines sont
à contour largement obovale, comprimées latéralement, de
2,5-4mm X 2-2,5mm, à tégument lisse mais radialement rugueux au
bord, d'ordinaire noir à maturité. La plantule est à
germination épigée ; hypocotyle de 1,5-4,5cm de long ;
cotylédons largement elliptiques, atteignant 1 cm de long, entiers,
foliacés.
- Origine et répartition géographique
Ceratotheca sesamoides est indigène en
Afrique et se trouve à l'état sauvage dans la plupart des pays au
sud du Sahara. Il est cultivé par endroits. On retrouve l'espèce
au Bénin et est disponible en saison pluvieuse. Il n'est pas
cultivé, on la retrouve donc à l'état sauvage (Dansi
et al., 2008a).
- Ecologie
Ceratotheca sesamoides présente un grand
spectre d'adaptabilité et de flexibilité environnementale. Il
apparaît comme un adventice dans des friches ; particulièrement
sur des sols sableux bien drainés et dans des sites bien exposés
au soleil. Il tolère bien la chaleur et la sécheresse. Dans des
conditions naturelles, il se trouve dans les savanes herbeuses et
arborées sur sols sableux, rarement dans des endroits rocailleux. Selon
Dansi et al. (2008a), il est disponible au Bénin en saison
pluvieuse. Le faux sésame est essentiellement une adventice
protégée. Mais localement, comme dans le nord de l'Ouganda, il
est cultivé dans les champs en association avec le gombo, l'aubergine,
le niébé, l'amarante, le sorgho, la patate douce ou le
sésame. Les graines sont semées à la volée au
début de la saison pluvieuse. Usages
17
Les feuilles et les fleurs du faux sésame sont
consommées comme légume. Hachées, les feuilles sont
employées dans des sauces. Par ailleurs, elles sont pilées et
mélangées à de la farine d'arachide, du sel, un peu d'eau
chaude et cuites pendant quelques minutes. Le mélange est
consommé comme sauce pour accompagner la bouillie ; l'eau peut
être remplacée par du lait chaud. On peut incorporer de la cendre
pour attendrir les feuilles et en diminuer l'amertume. On peut aussi ajouter
des oignons et des tomates. Les graines sont broyées pour former une
pâte, qui est consommée avec du haricot ou du manioc. Elles sont
aussi écrasées pour en extraire une huile, qui convient
parfaitement aux salades. L'ajout de jus de feuilles de faux sésame
à la pulpe bouillante des graines de Vitellaria paradoxa
C.F.Gaertn., lors de la confection du beurre de karité, facilite la
séparation de la matière grasse. Une décoction de la
plante est employée contre la diarrhée. Les feuilles
trempées dans l'eau donnent un liquide gluant qui est instillé
dans l'oeil goutte à goutte dans le traitement de la conjonctivite. Le
mucilage est employé à l'occasion comme émollient et
lubrifiant (Bedigian & Adetula, 2004). Une macération de feuilles
facilite la délivrance chez la femme et chez les animaux (Bedigian &
Adetula, 2004 ; Adjatin, 2006). Les feuilles sont chauffées, moulues,
mélangées à de la cendre et frottées sur les
ganglions lymphatiques cervicaux enflammés. Les feuilles moulues avec le
rhizome d'Anchomanes difformis (Blume) Engl. font l'objet
d'applications locales dans les cas de lèpre. Le faux sésame est
encore signalé comme aphrodisiaque, et utilisé contre la
jaunisse, les morsures de serpent et les maladies de peau (Bedigian &
Adetula, 2004). La plante est consommée par les chameaux, les bovins,
les chèvres et les moutons. Il est utilisé comme légume au
Bénin (Dansi et al., 2008a). Utilisée comme gluant,
l'espèce est très appréciée par la population du
département de l'Atacora. Les feuilles du légume
séchées sont très faciles à conservées
(Dansi et al., 2008a). L'espèce n'est pas utilisée par
tout le monde car elle anéantie les pouvoirs surnaturels donc n'est pas
conseillée aux hommes qui ont des pouvoirs surnaturels (Dansi et
al., 2008a).
2.2.3.3. Justicia tenella
- Systématique et description
Justicia tenella est de la famille des
Acanthaceae en français on l'appelle Justicia ou tettu ainsi
qu'en anglais.
Tettu est une plante herbacée annuelle ou
pérenne atteignant 2 m de haut. Il a une tige anguleuse, glabre
à pubescente dont la partie basale souvent enflée porte des
racines aériennes (voir photo 3). Les feuilles sont opposées
décussées, simples, presque glabres à densément
18
pubescentes ; pétiole jusqu'à 6cm de long ;
limbe linéaire ou étroitement lancéolé à
ovale, obovale ou elliptique, de 1-11cm X 0,5-5cm, base atténuée
à tronquée, apex obtus à acuminé, bord entier
à crénelé. L'inflorescence est un épi axillaire ou
terminal congestionné, ne portant que quelques fleurs, à
bractées étroites. Les fleurs sont bisexuées, sessiles,
zygomorphes, pentamères, habituellement pourpres, parfois blanches ;
calice atteignant 1 cm de long, à tube court et lobes plus longs ;
corolle tubulaire, atteignant 2,5cm de long, à 2 lèvres,
lèvre inférieure longue, large et trilobée, lèvre
supérieure étroite et bilobée ; étamines 2,
cachées dans la lèvre supérieure de la corolle ; ovaire
supère, biloculaire, style long et fin, stigmate à 2 lobes
inégaux. Les fruits sont des capsules ovoïdes à
ellipsoïdes d'environ 10mm X 3mm, de couleur jaune-brune à blanche,
à déhiscence explosive, contenant 4 graines, d'environ 2mm de
long chacune, tuberculées. Plantule à germination
épigée (Denton, 2004).
- Origine et répartition géographique
Justicia tenella est présent à
l'état sauvage depuis le Sénégal et la Gambie
jusqu'à l'Erythrée, l'Ethiopie et la Somalie. Mais il ne
dépasse pas la R.D. du Congo, le Kenya et l'Ouganda vers le sud. Il est
cultivé dans les jardins familiaux en Afrique de l'Ouest et centrale, en
particulier en Guinée, en Sierra Leone, au Ghana, au Togo, au
Bénin, au Nigeria, au Cameroun et en R.D. du Congo (Denton, 2004 ; Dansi
et al., 2008a).
- Ecologie
Justicia tenella est présent dans un grand
nombre d'habitats différents, du niveau de la mer jusqu'à 2600 m
d'altitude. Il est aussi présent dans les forêts pluviales humides
et les savanes sèches. On le rencontre également sur des terrains
vagues et des terres cultivées, sur des tas d'ordures, dans des savanes
herbeuses et des lisières de forêt. On peut le rencontrer sur des
sols sableux et limoneux, mais il lui faut un sol riche en humus avec un
léger ombrage pour une croissance optimale. Il pousse bien avec une
pluviométrie annuelle variant de 1000-2000 mm, des températures
diurnes de 25-35°C et nocturnes de 20-27°C. Il ne tolère pas
les températures basses (Denton, 2004).
- Usages
En Afrique tropicale, les feuilles tendres et
légèrement gluantes de Justicia tenella sont des
légumes-feuilles appréciés ; on les cuit également
en soupes ou en ragoûts. Dans la préparation de soupes, on y
ajoute parfois des feuilles de patate douce. Dans l'ouest du Cameroun, les
feuilles de Justicia tenella sont ajoutées à la soupe
d'arachide. Parfois, Justicia tenella est également
utilisé comme plante fourragère et cultivée comme
plante
19
ornementale. Les feuilles sont utilisées pour le
traitement des blessures et, mélangées avec de l'huile et du sel,
elles sont consommées pour traiter les troubles cardiaques (Denton,
2004). Au Ghana et au Togo, une décoction de feuilles est
administrée aux enfants pour le traitement de l'indigestion (Denton,
2004). Au Bénin, dans la partie nord-ouest, les feuilles de Justicia
tenella sont très appréciées par la population pour
le goût de la sauce à base de ses feuilles (Dansi et al.,
2008a).
2.2.3.4. Sesamum radiatum
- Systématique et description
Le genre Sesamum comprend environ 20 espèces,
elles sont de la famille des Pedaliacae. Sesamum radiatum est
appelé communément en anglais « Black benniseed ».
Plante herbacée annuelle érigée
atteignant 120 à 150cm de haut, Sesamum radiatum a une tige
simple ou ramifiée, pubescente glanduleuse (Bedigian, 2004). Sesamum
radiatum est une herbe très haute et bien dressée
contrairement au Ceratotheca sesamoides (Dansi et al.,
2008a). Les feuilles sont opposées à la base de la plante,
devenant alternes vers le sommet et les extrémités des rameaux ;
pétiole long de 1 à 2cm pour les feuilles de la base,
pratiquement nul pour les feuilles du sommet. Limbe ovale
lancéolé de 3 à 11cm de long et 1,5 à 4cm de large,
sommet acuminé ; marge des feuilles basales sinuée-dentée,
celle des feuilles terminales souvent entières, mais toujours scabre
(voir photo 4). Pilosité mixte comme sur la tige ; poils dressés
pluricellulaires plus denses sur la face supérieure du limbe, poils
glanduleux pluriloculaires épars sur la face supérieure et
très denses sur la face inférieure, lui donnant un reflet
blanchâtre (Merlier et Montegut, 1982). Fleurs solitaires à
l'aisselle des feuilles, bisexuées, zygomorphes, pentamères,
munies de 2 bractées à la base, chacune d'elles portant une
glande sessile axillaire. Le pédicelle mesure de 2 à 5 mm de long
; calice à lobes étroitement triangulaires atteignant 7 mm de
longueur, soudés à la base. La corolle est obliquement
campanulée, de 2,5-5 cm de long, pubescente, rose à
violacée, quelquefois blanche, le lobe inférieur
légèrement plus long que les autres. Les étamines au
nombre de 4, sont insérées près de la base du tube de la
corolle. L'ovaire supère, biloculaire, est divisé presque
jusqu'à l'apex par une fausse cloison et porte un stigmate
bilobé, le style est long et mince (Bedigian, 2004). Les fruits en
capsules de 6cm à 8cm de large, 2cm de long, à section
transversale quadrangulaire sont à angles très arrondis. Les
graines sont noires, plates, à contour obovale avec une surface
ornée de tries rayonnantes de 1,5 à 2mm de large et de 2 à
3mm de long (Merlier et Montegut, 1982). La graine a une germination
épigée ; hypocotyle
20
de 1-2 cm de long ; cotylédons largement elliptiques,
atteignant 1 cm de long, entiers, foliacés (Bedigian, 2004).
- Origine et répartition géographique
Sesamum radiatum est originaire d'Afrique tropicale,
devenue pantropicale par dispersion, parfois cultivée (Merlier et
Montegut, 1982). Il se trouve à l'état sauvage en Afrique
centrale et occidentale, où il est également cultivé
à petite échelle. Il ne se trouve pas en Afrique orientale et
australe (sauf dans le nord de l'Angola), mais il est quelquefois
cultivé en Asie tropicale (Bedigian, 2004). On le retrouve aussi au
Bénin précisément dans la zone nord-ouest sous la forme
cultivée (Dansi et al., 2008a).
- Ecologie
Espèce annuelle, pouvant dépasser 1m de hauteur,
sans autres exigences écologiques que la chaleur et l'ensoleillement et
peut-être aussi les sols aérés (Merlier et Montegut, 1982).
L'espèce s'adapte à une grande variété d'habitats,
mais se trouve le plus communément en savane. Elle occupe des lieux
ouverts où peu d'autres plantes herbacées poussent. Elle se
trouve sur des sites nutritionnellement pauvres, croissant dans des endroits
sableux, rocailleux ou graveleux. C'est aussi un adventice qui apparaît
dans des champs auparavant cultivés. Elle tolère bien la chaleur
et la sécheresse et continue à croître et à fleurir
pendant la saison sèche (Bedigian, 2004).
- Usages
L'espèce est produite uniquement pour ses feuilles
(Dansi et al., 2008a). Les feuilles fraîches de Sesamum
radiatum constituent un légume-feuille apprécié. Les
jeunes pousses sont coupées finement et employées dans des soupes
ou des sauces consommées avec de la pâte de maïs ou du sorgho
(Adjatin, 2006). Les feuilles cuites ont une texture gluante. Quelquefois,
Sesamum radiatum est cultivé pour ses graines. Celles-ci se
consomment entières, grillées ou écrasées en
pâte. Il est possible d'extraire une huile comestible des graines, mais
cette pratique est rare, quoique les graines puissent servir
d'adultérant à celles du sésame (Sesamum
indicum). Sesamum radiatum a plusieurs usages médicinaux
et cosmétiques. Une infusion froide de feuilles se boit pour faciliter
l'accouchement. Une infusion de feuilles est employée comme shampoing et
pour tuer les poux de la tête (Bedigian, 2004). Une pâte à
base des graines pilées, de beurre de karité et d'autres
ingrédients est appliquée en traitement du prolapsus du rectum
(Bedigian, 2004). Le filtrat de feuilles écrasées se boit pour
lutter contre la métrorragie et une macération de feuilles est
utilisée en bains dans le même but. Une
21
macération de tiges feuillées fraîches
est absorbée comme antidote des piqûres de scorpion ;
appliquée en externe, elle soigne les foulures (Bedigian, 2004). Au
Bénin, l'espèce est connue comme légume (sauce gluante).
L'infusion de ses feuilles facilite l'accouchement. La sauce gluante de
Sesamum radiatum accompagne mieux l'igname pilée et le
pâte (maïs, sorgho, mil) (Dansi et al., 2008a)
Photo 1 : Un pied de Acmella uliginosa
Photo 2 : Un pied de Ceratotheca sesamoides
Photo 3 : Un pied de Justicia
tenella Photo 4 : Un pied de Sesamum radiatum
22
Chapitre 3 : Présentation du milieu
d'étude
Notre étude a été faite dans tout le
Bénin. Après la présentation de sa situation
géographique, nous nous sommes appesanties beaucoup plus sa
végétation, son climat, sol et son peuplement.
3.1. Situation géographique
La République du Bénin est située dans
la zone intertropicale entre l'équateur et le tropique du Cancer. Elle
fait partie de la sous-région ouest-africaine. Son territoire couvre une
superficie de 114.763 km2 (MEPN, 2008). La République du
Bénin est limitée au Nord par le fleuve Niger, frontière
naturelle avec la République du Niger, au Nord-Ouest par le
Burkina-Faso, à l'ouest par le Togo, à l'Est par le Nigeria et au
Sud par l'Océan Atlantique du Golfe de Guinée auquel il fait
front sur 124 km, et s'allonge du Nord au Sud sur une distance d'environ 672
km. La largeur maximale du pays qui s'étend entre les hautes montagnes
de la partie septentrionale de la ville de Natitingou jusqu'au Borgou atteint
324 km.
Administrativement, le Bénin compte douze
départements divisés en 77 Communes (anciennes
sous-Préfectures), dont trois à statut particulier (Cotonou,
Porto-Novo et Parakou). Ces Communes sont subdivisées en 569
arrondissements composés des villages et de quartiers de villes (Carte
1) (MEPN, 2008).
3.2. Données physiques
3.2.1. Relief et climat:
- Relief
Le Bénin offre un relief peu accidenté. L'ensemble
est constitué par quatre formations principales :
· La plaine côtière, basse, sableuse, souvent
marécageuse et jalonnée de lacs et lagunes ;
· Les plateaux sédimentaires (sols ferralitiques)
dont les plus importants sont ceux du bas Bénin ;
· Ensuite nous avons la pénéplaine
cristalline qui occupe la plus grande partie du territoire national avec de
nombreuses collines ;
· Enfin la chaîne de l'Atacora, la seule
région élevée, est située dans le nord-ouest du
pays et se prolonge au Togo, au Ghana et au Niger, dominant la plaine du Gourma
(MEPN, 2008).
23
Carte 1 : carte administrative du BENIN
Source: PANA-BENIN/MEPN (2008)
24
Thèse pour l'obtention du diplôme
d'Ingénieur Agronome
- Climat
Le climat du Bénin est caractérisé par la
faiblesse relative des précipitations annuelles qui tournent autour de
1.200 mm (MAMA, 1998). On y distingue :
· au sud un climat subéquatorial à 4 saisons
(deux saisons de pluies et deux saisons sèches intercalées);
· au nord un climat soudanien à deux saisons (une
humide et une sèche).
Ces deux zones sont séparées au centre par un
régime de transition soudano-guinéen.
La combinaison de ces différentes saisons donne naissance
à trois zones climatiques étalées du sud au nord.
· Une zone subéquatoriale à quatre saisons
allant de la côte à la latitude de Dan au nord d'Abomey. Celle-ci
connaît en moyenne 250 jours de pluies réparties en deux : la
première, la plus longue allant de mars à fin juillet et la
seconde de septembre à mi- novembre. Elles sont séparées
par 2 saisons sèches;
· Une zone soudano-guinéenne à 2 saisons
au centre du pays avec 200 jours de pluies concentrées sur la
période allant d'avril à octobre. Elle s'étend de la
latitude de Bohicon à celle de Savè;
· Une troisième zone de type soudanien avec en
moyenne 145 jours de pluies. Elle s'étend de la latitude de Parakou
à tout le nord du pays. Dans cette partie du Bénin, les pluies
tombent entre mai et septembre. Ce type de climat présente une tendance
sahélienne vers l'entité nord du pays tandis que la chaîne
de l'Atacora se signale par l'importance de ces totaux
pluviométriques.
La répartition spatio-temporelle des
précipitations montre que :
· le sud-ouest du Bénin ainsi que
l'extrême-nord accusent des déficits pluviométriques
marqués. Les bilans d'eau (P-ETP) font état de 9 mois secs, les
rendant de ce fait peu propices à la production agricole ;
· le passage, certaines années (1968, 1979, 1988)
du régime bimodal courant au régime unimodal pour certaines
stations du sud-Bénin perturbe les calendriers agricoles des paysans
;
· l'isohyète (1000 mm) définit dans le
sud-ouest comme dans le nord, la limite d'empreinte de sécheresse;
· c'est entre la 8ème et la 10ème
parallèle que les bilans climatiques sont les plus favorables au
développement agricole.
25
Dans l'ensemble, ces conditions climatiques ne contraignent
pas à une irrigation des cultures vivrières malgré les
forts déficits hydriques partiellement enregistrés dans le
sud-ouest et l'extrême-nord.
3.2.2. Réseau hydrographique
Il comprend 3.048 km de cours d'eau et 333 km2 de
plans d'eau (lacs et lagunes) localisés dans la région Sud du
pays (MEPN, 2008). Ce réseau est tributaire de trois bassins notamment :
le bassin du Niger, le bassin de la Pendjari et le bassin côtier.
- Le bassin du Niger
Le Niger, l'un des plus grands fleuves du continent africain
(4 206 km), sert de frontière entre la République du Bénin
et celle du Niger sur 120km. Son bassin comprend trois rivières qui sont
le Mékrou (410 km), l'Alibori (338 km) et la Sota (250km) (
www.gorv.org).
- Le bassin de la Pendjari
Quant au bassin de la Pendjari à l'ouest (380 km), il
prend sa source dans la chaîne de l'Atacora en République du
Bénin, coule vers le nord-ouest et se dirige vers le sud-ouest où
il prend le nom Oti en République du Togo avant de se jeter dans le
fleuve Volta au Ghana. Tous ces cours d'eau, en dehors du Niger, ont un
régime tropical avec une crue pendant la saison pluvieuse
(juillet-octobre).
- Le bassin côtier
Le bassin côtier comprend trois fleuves que sont:
l'Ouémé, le Couffo et le Mono. L'Ouémé, qui est le
plus grand fleuve du pays (510 km), reçoit deux affluents importants :
l'Okpara (200 km) sur la rive gauche et le Zou (150 km) sur la rive droite. Il
subit les influences des climats soudanien et subéquatorial, mais son
régime est plutôt tropical. L'influence subéquatoriale est
faible et n'existe que sur un petit parcours à l'approche de
l'embouchure. Il draine le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo qui lui
servent de relais vers la mer. Le Couffo est un petit fleuve côtier de
190 km qui prend sa source au mont Djami au Togo. Il apporte ses eaux et ses
alluvions dans le lac Ahémé. Enfin, plus à l'ouest, le
Mono (350 km) constitue la frontière entre la République du
Bénin et celle du Togo sur les 100 derniers kilomètres de son
cours. Il prend sa source au mont Alédjo au Togo et se jette dans la
lagune de Grand-Popo qui lui sert de relais vers la mer.
026
3.2.4. Sols et Végétation
3.2.4.1. Sols
Ils sont d'une grande variété tant du point de
vue de leur nature que de leur fertilité et de leur répartition
géographique. D'une manière générale, on distingue
plusieurs sortes de sols correspondant à peu près aux
différentes unités morphologiques :
- Les sols faiblement ferralitiques de la terre de barre sont
largement répartis dans les départements du sud et la partie
méridionale du Zou. Sur le plan zonal, ils correspondent au plateau
Adja, au plateau d'Allada, au Zou-Sud et à la palmeraie de Porto-Novo
qui ont fait l'objet d'une intense exploitation dans le cadre économique
du palmier à huile ;
- Les sols faiblement ferralitiques indurés sont
localisés à Djougou ; ils s'appuient sur le massif de l'Atacora
au nord et forment une bande nord-sud qui s'étend de Kouandé
à Bassila le long de la frontière togolaise ;
- Les sols ferrugineux tropicaux sont les plus répandus
avec plus de neuf millions d'hectares, soit 82% de la superficie totale du
pays. C'est actuellement la zone à forte potentialité agricole
couvrant le Zou-Nord, le Borgou-Sud, le Borgou-centre et le sud de l'Atacora
;
- Les sols sableux des cordons littoraux longent la côte
sur une largeur de 2 à 5 km ;
- Les sols minéraux bruts, qui sont des sols peu
évolués caractérisent le massif de
l'Atacora où l'érosion, très
accentuée, constitue un important facteur de risque
d'insécurité alimentaire pour les populations qui y
vivent.
Ces sols couvrent les sous-préfectures de
Boukoumbé, Cobly, Tanguiéta, Natitingou et plus à l'est,
Kouandé et la partie orientale de Kérou.
- Les sols hydromorphes se localisent dans le delta de
l'Ouémé, en bordure du Niger, dans la Pendjari et dans les
vallées du Mono et du Couffo. De bon niveau de fertilité
chimique, ils présentent une texture lourde et une faible
perméabilité qui les rendent difficiles à mettre en oeuvre
;
- Les vertisols ou terres noires qui sont des sols à
argiles gonflantes. Ils se répartissent en vertisols hydromorphes et
vertisols lithomorphes. Leur profil présente une structure
particulière. On les retrouve dans le sud (dépression de la Lama)
;
- Les sols à mul qui sont les sols bruns eutrophes
(à humus évolué); ils se localisent en bordure du Niger,
de l'Alibori à Djougou et à Savalou.
27
3.2.3.2. Végétation
Le Bénin n'est pas un pays forestier comme certains
pays côtiers voisins tels que le Nigeria, le Ghana et la Côte
d'ivoire. Cependant, 65 % du territoire sont couverts par une
végétation arbustive ou arborée, fortement
altérée et dégradée. Seulement 200.000 ha peuvent
être considérés comme des formations climatiques sur les
2,7 millions d'hectares (24 % de l'ensemble du territoire). La flore du
Bénin est assez diversifiée. Mais, malheureusement le couvert
forestier s'amenuise dangereusement d'année en année. Le pays
regorge 2807 espèces de plantes (Akoègninou et al.,
2006). La végétation se repartie en de divers types :
- Les galeries forestières
Les galeries forestières sont rencontrées sur
tout le territoire national, le long des principaux cours d'eau
(Ouémé, Mono, Couffo, Mékrou, Alibori, Sota, Pendjari) et
leurs nombreux affluents. Elles couvrent une superficie de 272804 ha soit 2,37
% du territoire du pays.
Les espèces forestières rencontrées
varient très peu des régions du Sud vers le Nord. Ce sont :
Vitex spp., Ficus spp., Elaeis guineensis, Cola spp., Mitragyna inermis,
Anogeissus leicarpus, Diospyros mespiliformis, Celtis intergrifolia, Khaya
senegalensis, Syzizium guineensis (CENATEL, 2002).
- Les forêts denses sémi-décidues et
décidues.
Elles couvrent une superficie de 120335 ha soit 1,05 %. Les
formations de forêts denses se retrouvent soit en îlots très
protégés sous forme de forêts sacrées, soit en plage
plus ou moins grande au sein des formations de savanes et de forêts
claires surtout dans les régions de Bassila et de Bori (N'dali). Parfois
les forêts denses à Anogneisus ou à
Inoberlinia sont rencontrées.
Les espèces végétales qui dominent les
forêts denses sont : Isoberlina doka, Afzelia africana Kaya
senegalensis, Anogeisus leicarpus, Pterocarpus erinaceus, Cola spp., Chloropho
ra excelsa, Antiaris africana, Celtis spp. (CENATEL, 2002).
- Les forêts claires et savanes boisées
Les forêts claires et les savanes boisées se
rencontrent sur l'ensemble du territoire national. Elles sont
particulièrement abondantes dans les régions Sud du Parc Pendjari
des forêts classées d'Alibori supérieur,
Ouémé supérieur, Wari Maro, Monts Kouffé, Trois
rivières et
28
dans les régions du Sud-Est Savè et de Binassi.
Elles ont une superficie de 1931968 ha soit 16,83 % de la superficie du
pays.
Les espèces forestières rencontrées sont
Isoberlinia doka, Afzelia africana, Khaya senegalensis, Danielia oliveri,
Anogeissus leiocarpus, Pterocarpus erinaceus (CENATEL, 2002).
- Les savanes arborées et arbustives et
herbeuses.
Ce sont les formations végétales les plus rependues
du pays et restent dominantes. Elles couvrent 4150488 ha soit 36,14 %.
Les espèces végétales rencontrées
dans l'extrême Nord (Karimama et Malanville) sont dominées par
Zyziphus mauritania, Combretum spp., Balamiten aezyptiaca, Acacia spp.
etc. les autres espèces rencontrées sur le territoire sont
Butyrospermum paradoxum, Parkia biglobosa, Danielia oliveri, Terminalia
spp., Detarium microcarpum Pericopsis laxiflora, Burkea africana, Borasus
aethiopum, Tamarindus indica (CENATEL, 2002).
- Les savanes arborées et arbustives saxicoles
Les savanes arborées et arbustives saxicoles sont des
formations de savanes rencontrées sur les montagnes, les collines et
même les affleurements rocheux. Elles sont abondantes dans les
départements de l'Atacora et de la Donga, les régions de
Sendé (Malanville) et de Dunkassa (Kalalé), Savalou, Lougou
(Segbana) et Agbassa. Elles occupent une superficie de 220770 ha soit 1,92 % du
territoire national.
Les espèces dominantes rencontrées sont :
Burkea africana, Pterocarpus erinaceus, Detarium microcarpum, Afzelia
africana,, Erythrophleum africana, Adansonia digitata (CENATEL, 2002).
- Les reliques de forêt et savane en zones
saisonnièrement inondées
Elles sont rencontrées dans les vallées du Mono, de
l'Ouémé, de la Pendjari et du Niger. Leur superficie est de
125003 ha soit 1,09 %.
Les espèces végétales rencontrées
dans ces formations végétales sont : Mitragyna spp., Acacia
sieberiana, Terminalia spp., Borasus aethéopium, Triplochiton
scleroxylon, Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, tamarindus india
(CENATEL, 2002).
29
- Les savanes à emprise agricole
Elles couvrent une superficie de 1986613 ha soit 17,30 % et sont
rencontrées sur l'ensemble du territoire.
Ce sont des zones d'aménagement récentes où
l'on rencontre une mosaïque de cultures et de savanes. Elles font
généralement suite aux mosaïques de cultures et de
jachères.
Les espèces végétales rencontrées
sont celles des formations de savane avec dans les champs des espèces
utiles comme Parkia biglobosa, Butyrospermum paradoxum Tamarindus indica,
Isoberlinia doka (CENATEL, 2002).
- Les formations marécageuses
Elles rassemblent les formations raphiales, les prairies, les
forêts et savanes des zones marécageuses. Les formations
marécageuses sont rencontrées dans les régions du sud du
Bénin (basse vallée de l'Ouémé, plaine
cotière, sud de la vallée du Couffo), etc. Elles couvrent 82799
ha soit 0,72 % du territoire.
Les espèces végétales rencontrées
dans les formations marécageuses sont : Tipha australia, Raphia sp,
Rizophora racemosa, Avicenia africana (CENATEL, 2002).
Par ailleurs, le Bénin renferme deux (2) parcs
nationaux au Nord: PENDJARI (275.000 ha) et «w» (502.000ha). Ces
parcs sont bordés de réserves cynégétiques qui font
l'objet d'expériences de gestion participative. Malgré leurs
statuts, les espaces protégés sont soumis à la concurrence
agricole et pastorale ainsi qu'à la pression du braconnage et de
l'exploitation des bois. D'après les travaux de plusieurs chercheurs
Akoègninou et al. (2006); Adomou et al. (2006) Dansi
et al. (2008b), les ressources phytogénétiques
constituent les éléments majeurs des grands
écosystèmes du pays, répartis suivant les
différents domaines climatiques.
3.2.4. Zones agro écologiques
L'ensemble des conditions exposées ci-dessus a permis
d'identifier sur le territoire de la République du Bénin, huit
(8) zones agro écologiques regroupant chacune des communes subissant les
mêmes contraintes physiques, biologiques et sociales et dans lesquelles
les populations développent des stratégies adaptatives
spécifiques.
30
Tableau 2: Mode de répartition des
zones agro écologiques et leurs caractéristiques de base.
Zone
|
Communes couvertes
|
Superficie (km2)
|
Climat
|
La pluviométrie annuelle
|
Activités économiques majeures
des populations vulnérables
|
Zone I : Extrême Nord-
Bénin
|
Karimama et Malanville
|
9.057
|
Soudano- sahélien à une seule saison de
pluies.
|
700 à 900 mm/an
|
Culture de mil, sorgho, coton, le maïs, le
riz, oignon, pomme de terre et les cultures
maraîchères le long du fleuve Niger ; Elevage bovin
et pêche
|
Zone II : Zone cotonnière du
Nord- Bénin
|
Sègbana, Gogounou, Banikoara,
Kandi, Kérou
|
20.930
|
Soudanien avec une
saison pluvieuse
|
800 à 1.200 mm/an
|
Culture de sorgho, Maïs, igname, coton
|
Zone III : Zone vivrière
du Sud Borgou
|
N'Dali, Nikki, Kalalé,
Sinendé, Pehunco, Bembèrèkè
et Kouandé
|
23.442
|
Soudanien avec une
saison pluvieuse
|
900 à 1.300 mm/an
|
Culture d'igname, de coton, de maïs et d'anacarde
|
Zone IV : Zone Ouest Atacora
|
Cobly,
Ouaké, Boukoumbé, Tanguiéta, Natitingou,
Djougou, Toucountouna, Copargo
|
16.936
|
Soudanien tirant beaucoup plus vers
le sahérien
|
800 à 1.300 mm/an
|
Les plantes les plus cultivées sont
les céréales au nord de la zone, complétées
par l'igname dans la partie Sud
|
Zone V : Zone cotonnière du
Centre Bénin
|
Bassila, Parakou, Tchaourou, Ouessè, Bantè,
Savè, Glazoué, Kétou, Djidja, Dassa
et Aplahoué Savalou
|
32.163
|
Soudano- guinéenne
à deux
saisons pluvieuses au Sud et
une au
|
1.100 à 1.400 mm/an
|
Céréales, tubercules et légumineuses et
coton sont produits deux fois
au cours de l'année
|
31
|
|
|
Nord
|
|
|
Zone VI : Zone des terres
de barre
|
Abomey-Calavi, Allada, Kpomassè, Tori-Bossito,
Zè, Djakotomé,
Dogbo, Klouékanmey, Houéyogbé
, Toviklin, Adjarra,
Ifangni, Missérété, Avrankou, Porto- Novo,
Sakété, Abomey, Agbangnizoun, Bohicon,
Covè, Zakpota et Zagnanado
|
6.391
|
Soudano- guinéen avec deux
saisons pluvieuses
|
800 à 1.200 mm/an à l'Ouest et
1.000 à 1.400 mm/an à l'Est
|
Maïs en tête de rotation,
manioc, niébé et arachide sont les
principales spéculations. Dans cette zone le régime des
pluies est souvent perturbé entraînant des changements dans
les cycles de production annuels
|
Zone VII : Zone de dépression
|
Adja-Ouèrè, Pobè, Toffo, Lalo
et Zogbodomey
|
2.564
|
Soudano- guinéen à
deux
saisons pluvieuses au Sud et
une au
Nord
|
1.100 à 1.400 mm/an
|
Maïs associé au manioc, au niébé,
à la tomate, au piment, etc. constituent la base
du système de production
|
Zone VIII :
Zone des pêcheries
|
Athiémé, de Grand- Popo, de
Bopa, Comé, Lokossa, Ouidah, So-
Ava, Sèmè-Podji, Aguégués,
Dangbo, Adjohoun, Bonou, Ouinhi et Cotonou
|
3.280
|
Soudano- guinéen
à deux saisons pluvieuses
|
1.000 à 1.400 mm/an
|
Principalement la pêche, ensuite le maïs en
tête de rotation, le manioc, le niébé et les cultures
maraîchères. La très faible disponibilité des
terres y limite l'extension de l'agriculture
|
Source : MEPN (2008).
La carte 2 présente le mode de répartition des
zones agro-écologiques
32
3.3. Diversité ethnique
Le pays est divisé en 12 départements (carte 1)
et habité par 29 groupes ethniques (Adam & Boco, 1993). Le
Bénin peut être divisé du point de vue ethnique en trois
parties : le sud, le centre et le nord.
Le sud qui est la partie la plus concentrée comporte dix
groupes ethniques à savoir : Adja, Cotafon, Holly,
Ouémègbé, Péda, Saxwè, Tori, Watchi, Xwla et
Yorouba.
Le nord, la partie septentrionale du pays est partagé
par quatorze groupes : Ani, Bariba, Berba, Foodo, Boko, Dendi, Ditamari,
Gourmantché, Kotokoli, Lokpa, M'bermin, Natimba, Peulh et Wama. Le sud
et le nord sont les parties les plus diversifiées et occupent une
superficie importante.
Au centre on retrouve cinq groupes ethniques qui sont :
Ifè, Fon, Idatcha, Mahi, Tchabè.
Dans la grande diversité des ethnies du Bénin,
les plus importantes du point de vue population sont : Fon (24,2 % de la
population du pays), Yorouba (8 %), Bariba (7,9 %), Goun (5,5 %), Ayizo (3,9
%), Nago (3 %), Guin (2,1 %) et Ditamari, (2 %).
33
Carte 2 : Zones agro climatiques du Bénin
Source: PANA-BENIN/MEPN (2008)
34
Chapitre 4 : Matériel et Méthodes
4.1. Matériel
4.1.1. Matériel végétal
Le matériel végétal est constitué
des échantillons des quatre espèces de légumes-feuilles
à savoir : Acmella uliginosa, Ceratotheca sesamoides, Justicia
tenella et Sesamum radiatum obtenus sur les marchés,
jardins de case ou champs.
4.1.2. Matériel de terrain
Le matériel de terrain est constitué d'une carte
ethnique et d'une carte administrative du Bénin, des photographies des
quatre espèces de LFT et d'un questionnaire (Annexe 1). Il comporte des
questions ouvertes et des questions fermées qui sont posées
à l'enquêté et dont les réponses sont notées
ou cochées sur la fiche par l'enquêteur.
Comme grands points de cette fiche d'enquête nous avons:
- L'identification de la localité (nom du village,
arrondissement, commune) ; - L'indentification des ethnies constituant la
population ;
- La nomenclature locale, l'utilisation, l'écologie, la
diversité intra-spécifique et la taxonomie locale de chacune des
quatre espèces.
4.1.3. Autres matériels
- Des enveloppes kaki pour la collecte des semences ;
- Des sachets de pépinière pour la collecte de
jeunes plants ;
- Des coupe-coupes pour frayer les chemins dans les champs
difficiles d'accès ; - Des étiquettes et des marqueurs pour la
numérotation des échantillons.
4.2. Méthodes
Le travail a été conduit suivant trois axes :
- le premier est une recherche documentaire ;
- le deuxième est la phase de l'enquête proprement
dite ; - le troisième est la phase de dépouillement et
d'analyse.
35
4.2.1. Recherche documentaire
Une recherche documentaire a été
effectuée dans le but de cerner les contours de notre thème de
recherche, de connaître les aspects du sujet déjà
abordés, de faire un bilan des acquis dans le domaine et de
réunir des données sur le milieu d'étude. Elle a
consisté en une consultation des documents disponibles dans les
bibliothèques et centre de documentation de la Faculté des
Sciences Agronomiques (FSA) et de certaines institutions telles que l'Institut
National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE), du
Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), de
l'unité de recherche sur les ressources phytogénétiques de
la Faculté des Sciences et Techniques (FAST), etc.
En plus des sources d'informations mentionnées plus haut,
les documents en ligne sur internet ont été également
exploités.
4.2.2. Phase d'enquête
La démarche méthodologique adoptée dans
cette étude est basée sur des enquêtes ethnobotaniques
complétées par des observations directes sur le terrain.
4.2.2.1. Choix des villages
Le choix des villages est basé sur deux critères
afin d'aborder tous les concepts de notre recherche. Ce choix est basé
sur :
- Les groupes ethniques du Bénin.
Les savoirs traditionnels et l'utilisation des
légumes-feuilles traditionnels diffèrent d'une ethnie à
une autre (Adjatin, 2006). De même, la consommation des
légumes-feuilles traditionnels chez presque toutes les ethnies est un
fait de l'héritage. Mais il existe des cas où l'habitude
alimentaire est acquise par brassage culturel (Batawila, 2005).
- L'importance et la répartition des villages dans l'aire
ethnique.
La diversité génétique retrouvée dans
un milieu occupé par une ethnie est fonction de la ou des zones
agro-écologiques qu'elle couvre (Adam et Boko, 1993).
Par aire ethnique, un à cinq villages ont
été sélectionnés pour les enquêtes
ethnobotaniques. Ainsi, un nombre total de 58 localités ont
été visitées dans le cadre de notre recherche. Le tableau
suivant montre les différentes ethnies enquêtées, les
localités choisies pour l'enquête et la ou les zones
agro-écologiques que couvre chaque ethnie.
36
Tableau 3 : Villages prospectés
par aire ethnique et zones agro-écologiques correspondantes.
Aire
|
Nombre de
|
Villages
|
Zones agro-
|
ethnique
|
villages prospectés
|
|
écologiques
|
Ayizô
|
4
|
Kpanhoun, Sèdjè-Dénou, Koundokpoé,
Agbôdjèdo
|
VI,
|
Ani
|
1
|
Bodi
|
V
|
Mahi
|
4
|
Agramèdodji, Lahotan, Agonli Houégbo, Kpankou
|
V
|
Ifê
|
2
|
Konkondji, Galata
|
V
|
Bariba
|
5
|
Badékparou, Kassakpéré, Toumè,
Sinanwangourou, Sonoumon
|
III, V, II
|
Tchabè
|
1
|
Okounfo
|
V
|
Idatcha
|
2
|
Magoumi, Gomè Ifada
|
V
|
Nago
|
3
|
Konkondji, Ita-akadi, Ikpinlè
|
V, VI, VII
|
Ditamari
|
2
|
Koupagou (Boukoumbé) Pam-pam (PERMA)
|
IV,
|
Lamba
|
1
|
Korontière
|
IV
|
Lokpa
|
3
|
Kamadô, Foumbia, Borondy
|
IV
|
Foodo Yaum
|
1
3
|
Sèmèrè,
Wassa, Bellefoungoun, Déwa
|
IV
|
Kotokoli
|
1
|
Akaradé
|
V
|
Peulh
|
1
|
Gaa Yakassu
|
III
|
Boko
|
1
|
Bensékou
|
II
|
Dendi
|
3
|
Gouroubéri, Monkasa, Djougou barrage
|
IV, I
|
Germa
|
1
|
Monkassa
|
I
|
Gindé
|
1
|
Nouagou
|
IV
|
Berba
|
2
|
Souomou Tiélé
|
IV
|
Wama
|
3
|
Tchakalakou, Cotiakou, Péporiyakou
|
IV
|
Ghoun
|
1
|
Zoungbomè
|
VI
|
Adja
|
2
|
Lokossouhoué, Djagbahoué
|
V
|
Mina
|
1
|
Lokossouhoué
|
V
|
Kotafon
|
1
|
Wèdèmè
|
VI
|
Sahouè
|
2
|
Nonvikôdji, Madémahoué
|
VIII
|
Natimba
|
1
|
Tayacou
|
IV
|
Mokolé
|
1
|
Koutakourkou
|
II
|
Wémè
|
2
|
Gboa, Dangbo
|
VIII
|
Holly
|
1
|
Odomèta
|
V
|
Fon
|
3
|
Folly, Kpankou, Agonli Houégbo
|
VI, V
|
37
4.2.2.2. Collecte des données
La collecte des données a été faite
à travers des entretiens de groupe et des entretiens individuels. Elle
est faite sur la base d'un questionnaire établi en s'inspirant du
modèle utilisé dans le projet régional sur la
biodiversité des légumes-feuilles traditionnels du type africain
élaboré et exécuté par l'Institut International des
Ressources phytogénétiques (Chweya et Eyzaguirre, 1999). Dans
chaque village retenu, un choix préférentiel a été
porté sur les femmes car se sont-elles qui s'occupent en majeur partie
des activités liées aux légumes- feuilles traditionnels.
Cependant, les hommes n'ont pas été exclus. Pour avoir des
informations sur les savoirs traditionnels, nous avons essentiellement
interrogé les personnes âgées. Dans chaque localité
les organisations des femmes ou les Groupements Villageois (GV) ont
été impliqués pour faciliter l'organisation des
réunions et la collecte des données. Les données ont
été collectées avec l'aide d'un interprète
recruté dans chaque village. Dans la plupart des cas, ce sont les
secrétaires de groupement villageois (GV) et les présidentes des
associations de femmes qui ont servi de guide et d'interprète.
V' Enquête de groupe.
L'enquête ici a été des entretiens
semi-structurés avec des groupes d'individus (hommes et femmes) dont la
taille minimale est de huit (8) personnes. Plusiueurs groupes sont
enquêntés par village pour la triangulation des informations. Ici,
les personnes âgées sont préférées car elles
ont de nombreuses connaissances sur les légumes-feuilles traditionnels,
en l'occurrence sur les méthodes anciennes ou nouvelles de
préparation, les vertus médicinales et si possible leurs
origines.
A l'arrivée dans chaque village, par
l'intermédiaire du délégué, du secrétaire ou
président du GV, un rassemblement est organisé.
L'assemblée est constituée en majorité de femmes et de
personnes âgées.
Après le rassemblement, un exposé clair des
objectifs de l'étude, avec la présentation des
échantillons des quatre espèces de légumes-feuilles
traditionnels disposés au sol et au milieu du cercle formé par le
groupe, la phase de questionnaire commence. Sur chacune des quatre
espèces et à l'aide du guide d'entretien, les informations
suivantes sont collectées1 :
- Le ou les noms locaux et leur signalisation (si possible) ;
- Origine de l'espèce ;
1 Voir annexe 1pour le questionnaire
38
- Statut (sauvage, domestiqué ou cultivé, les deux)
;
- Ecologie (type de sol, climat etc.) ;
- Diversité morphologique intraspécifique ;
- Taxonomie locale. Critères d'indentification des
variétés lorsqu'elles existent et leur fréquence ;
- Traits distinctifs des différentes
variétés (s'il y a diversité) ;
- Mode de multiplication ;
- La culture (pratiques culturales) de la plante si elle est
domestiquée ;
- Conservation post-récolte ;
- Vertus médicinales ;
- Importance culturelle ;
- Tabous et interdits.
y' Visites de terrain et des marchés
Pour que les interlocuteurs identifient les espèces, en
plus des photos de ces espèces amenées sur le terrain, il
faudrait avoir ces plantes en mains. C'est pour cette raison qu'à
l'arrivée une visite du marché (si le jour est un jour du
marché) de la localité est faite. Cette opportunité
était saisie pour recueillir quelques informations sur ces plantes.
Les enquêtes ont été
complétées par des observations directes suivies de discussions
avec les paysans dans les jardins de case, les champs à proximité
des maisons et dans les jachères où les LFT sont cultivés
ou cueillis.
Afin de comparer les écotypes des espèces
retrouvées dans chaque localité, des échantillons (des
jeunes plants et semences) sont collectés sur le terrain et
installés sur un site d'expérimentation à l'IITA.
4.2.3. Dépouillement de
l'enquête
Le dépouillement s'est effectué manuellement
avec la création d'une base de données dans le logiciel Excel.
Cette base de données renferme les points de la fiche d'enquête.
Certaines de ces données ont été codées pour
faciliter leur saisie et leur analyse.
39
4.2.4. Analyse des données
Les données collectées sont essentiellement
qualitatives. Elles sont analysées par village, par espèce et
ensuite par groupe ethnique à l'aide de la statistique descriptive. Les
résultats sont présentés sous forme de tableaux et de
graphiques construits avec le logiciel Excel.
Afin de voir la répartition des espèces, des
cartes de répartition et de consommation de chacune des espèces
ont été réalisées avec le logiciel ArcView GIS 3.3.
Les cartes ont été réalisées à l'aide des
informations recueillies sur le terrain complétées par celles
obtenues par Dansi et al. (2008a) et celles de l'herbier national. Les
différentes cartes obtenues ont été superposées
aves les cartes climatique, pédologique, agro-climatologique et de
végétation du Bénin afin d'en déduire
l'écologie des espèces1. La cohérence des
informations relatives aux savoirs traditionnels a été
vérifiée selon la technique de confrontation des données
de EL RHAFFARI et al. (2002). Une information sera
considérée comme cohérente lorsqu'elle est
rapportée au moins deux fois dans deux localités
différentes de la même ethnie et par des informateurs
différents. Elle sera dite divergente si des discordances sont
notées.
1 Les cartes supperposées sont toutes à
la même échelle
40
Chapitre 5 : Résultats et discussions
5.1. Nomenclature locale des espèces
Les paysans classent traditionnellement, nomment et groupent
les espèces des plantes qu'ils utilisent par rapport à
l'introduction, l'écologie, la morphologie, et les traits technologiques
(Dansi et al., 2008b). Les noms vernaculaires des quatre LFT varient
d'une ethnie à une autre. Chaque ethnie dispose d'une série de
noms qui permet de désigner les quatre espèces de
légumes-feuilles traditionnels qui ont fait l'objet de notre
étude.
Pour les quatre LFT, un nombre total de cent cinq (105) noms
locaux a été recensé chez trente un (31) groupes ethniques
enquêtés. Sesamum radiatum vient en tête comme
espèce ayant une grande diversité de noms locaux avec trente sept
(37) noms locaux, suivi de Ceratotheca sesamoides avec trente cinq
noms (35) et Justicia tenella dix huit (18). Acmella
uliginosa est en dernière position avec quinze (15) noms
vernaculaires (voir Annexes 2, 3, 4 et 5).
5.1.1. Eléments de nomenclature
La nomenclature locale quelle que soit l'ethnie se base sur
des éléments. Parfois, des noms sont donnés à la
plante sans rapport avec les éléments usuels. Les
éléments de nomenclature sont pour la plupart : le goût, la
morphologie, la provenance, l`aspect de la sauce, l'habitat naturel, le statut
de l'espèce, la couleur des feuilles et autres.
5.1.1.1. Acmella uliginosa
Pour cette espèce, on note seulement deux
éléments de nomenclature qui sont : le goût et l'origine de
l'espèce. Le goût est l'élément le plus
utilisé, en l'occurrence le goût piquant de la feuille comme les
racines de l'espèce Fagara zanthoxyloides. Environ 73,33 % des
noms locaux de Acmella uliginosa recensés sont en rapport avec
l'élément goût (figure 1). Dans certaines ethnies, le nom
local de Fagara zanthoxyloides lui est attribué tout
simplement. C'est l'exemple de l'ethnie Foodo où le nom Kouloumawou
désigne les deux espèces. Chez d'autres, le nom de
l'espèce Fagara zanthoxyloides est accompagné d'un
qualificatif pour designer la ressemblance du goût, c'est l'exemple de
l'ethnie Berba où on a le nom Bourdiérikè. La
décomposition de ce nom local donne Bourbou qui est le nom local de
Fagara zanthoxyloides ; Diérikè qui veut dire piquant.
Le nom local complet signifie alors ??piquant comme Fagara
zanthoxyloides».
41
adjectif pour désigner le caractère «
piquant ou la
l'ethnie Wama ou
donne ?? Yori» qui
Environ 26,67 % des noms locaux
sont en rapport avec le second
caractère qui est la
provenance (figure 1). Cet él
ément est utilisé pour
désigner la provenance de la plante.
La provenance est souvent
accompagnée d'un
ressemblance à l'espèce
Fagara zanthoxyloides. C'est
l'exemple de Acmella uliginosa est appelé
Yoritampoobou. La
décomposition de ce nom
veut dire Yoruba et
??Tampoobou» qui est le nom
local de Fagara zanthoxyloides. Donc
le nom local veut dire Fagara zanthoxyloides des
Yaruba. C'est aussi
l'exemple de l'ethnie Bariba où il est
appelé Yowaboum'kpé. La
décomposition donne
Youwabou qui est l'ethnie Ditamari et
kpé qui veut dire «sauce».
Yowaboum'kpé signifie
donc la sauce des Ditamari. Voir
annexe 2 pour les noms
locaux d'Acmella uligin
osa
%
0
00
0
26,67
73,33
Goût
Proven ance Habitat Aspect Couleu r
Morphologie Statut
Autres
Noms- inexpliqués
Figure 1: Proportion liginosa
u
|
des éléments utilisés
|
dans la nomenclature
|
locale de
|
Acmella
|
5.1.1.2. Ceratotheca sesamoides
Une gamme variée
d'élément est utilisée dans la
nomenclature locale de cette
espèce (Figure 2). L'aspect de la
sauce aux feuilles de
Ceratotheca sesamoides est
l'élément le plus
utilisé en l'occurrence le
caractère gluant.
Cinquante et un virgule
quarante deux pour cent
(51,42 %) des noms sont en
rapport avec cet
élément. Chez certaines
ethnies, elle est
accompagnée d'un adjectif
décrivant la morphologie ou
l'habitat de la plante. C'est deux
éléments viennent en
troisième position avec un pourcentage
de 5,71 % chacun. L'élément
« morphologie » est en
relation avec le
caractère rempant de la
plante. Le nom donné à la
plante en kotokoli illustre
42
Thèse p our l'obtention du diplôm e
d'IngénieurAgronom e
bien cela. Le nom local,
Nouzoti-adénin par lequel la
population appelle l 'espèce signifie : le gluant
rempant (Nouzoti : rempant;
Adénin : gluant). Le critère
habitat e st en relation avec
l'écologie de la plante.
Comme exemple nous avon s le nom local :
Kpèn'dihanglan'gou qui veut dire
«le gluant des cuirasse«
donné par l'ethnie Gam-gam à l'espèce.
nomenc
L'élément «statut»
est aussi utilisé pour cette
espèce et ceci en
comparaison avec Sesamum
radiatum. L'un est cultivé et
l'autre sauvage dans la
majorité des groupes
Ethniques. Cet élément est
utilisé dans 20 % des noms locaux
recensés pour l'espèce. ??
Taalèhounnoum» est le nom
utilisé par le groupe ethnique Lopka
et qui veut dire : le gluant
de la brousse (Taalè : brousse ;
Hounnoum : gluant) est un exemple
illustratif. Un élément aussi
utilisé pour la lature locale de l'espè
ce est l'élément
??couleur de la feuille».
Comme exemple, nous avons le
nom local en Berba ?? Toohounpoua
qui veut dire : le gluant
blanc. Voir annexe 3 pour
les noms locaux de Cera totheca
sesamoides.
Goût Provenance
Habitat Aspect
Couleur Morphologie
Statut
Autres
Noms- inexpliqués
%
5,71
2,86
5,71
0 0
11,43
2,86
20
51,42
Figure 2: Proportion des
élément s utilisés dan s la nomenclature loc ale de
Cera totheca s esamoides
5.1.1.3. Justicia tenella
L`élé ment
??goût» se trouve ici
l'élément le plus utilisé
dans la nomenclature locale de
Justicia tenella chez les
ethnies enquêté es (Figure 3).
Il est utilisé pour vingt 22,22 % des
noms obtenus pour l'espèce. Le
caractère goût ici est en
rapport avec l'aspect
succulent de la sauce à base de la
feuille de Justicia tenella. Comme
exemple, nous avons le nom
Kourôkountonnou donné par
plusieurs ethnies (Bariba, Boh,
Peulh) à la plante et qui
signifie : «La femme n'est pas un homme ». Comme
pour dire que les femmes ne sont pas
43
Thèse p our l'obtention du diplôm e
d'IngénieurAgronom e
sérieuses. Ce nom lui aurait
été donné parce que,
les femmes après
avoir préparé la sauce,
d'habitude mangeraient toute
la sauce avant l'arrivée de
leur mari. Le nom
Dimounihountchoro utilisé par le
groupe ethnique Wama qui
veut dire « mange et ne donne
pas à mon mari » est toujours en
rapport avec le goût parce que
parait-il que quand une femme
prépare la sauce et donne
cette sauce à un homme, il la trouve
tellement douce que l'homme finit par la
prendre en mariage.
Le second
élément utilisé est la
provenance. Seize virgule
soixante sept pour cent
(16,67 %) des noms obtenus pour
l'espèce sont en rapport
avec cet élément.
Comme exemple nous avons le
nom ??saligaman» en sahouè
qui veut dire : le légume des
Ahoussa (Saliga : ahoussa; man :
légume). On a ensuite
les éléments habitat, couleur
et morphologie de la plante.
Voir annexe 4 pour les noms locaux de
Justicia tenella.
%
11,11 0 11,11
5,56
11,11
0
22,22
22,22
16,
67
Goût
Provenance
Habitat Aspect Couleur Morphologie
Statut Autres Noms-inexpliqués
Figure 3: Proportion des
éléments utilisés dans la nomenclature locale de
Justicia tenella
5.1.1.4. Sesamum radiatum
Essentiellement trois
éléments sont utilisés dans la
nomenclature locale du faux sésame (Figure 4). Le
caractère ??aspect
gluant de la sauce» vient
en première position avec un
pourcentage de 35,14 %.
Ensuite, 21,64 % des noms
locaux donnés à Sesamum
radiatum sont à la base de
l'élément ??provenance de
la plante». Des fois, les deux
éléments sont combinés.
Tankantoohoun veut dire en
Berba le gluant des Wama
(Tankanba :Wama; Toohoun :gluant). Le
statut (cultivé ou sauvage) de l'espèce
dans le groupe ethnique est aussi
utilisé :
??Nôbôtaman»donné
par le groupe ethnique Wama
qui veut dire : le gluant qu'on cultive
44
Thèse p our l'obtention du diplôm e
d'IngénieurAgronom e
(B ôta : cultivé ; Nôma :
gluant), donc dans cette
aire ethnique Sesamum
radiatum est cultivé. Voir annexe 5
pour les noms locaux de
Sesamum radiatum.
Goût
Provenance
Habitat
Aspect
Couleur
Morpholog ie
Statut
Autres Noms-inexpliqués
%
13,52
00
0
24,32
21,62
5,4
35,14
0
Figure 4: Proportion des
éléments utilisés dans la nomenclature locale de S
esamum r adia tum
5.1.2. L es noms inexpliqués
est difficile de savoir la
signification des noms à moins qu'ils
plante ou un aspect explicite
comme les aspects cités
plus haut 5). Les noms locaux des
espèces sont simplement
adoptés et
liquée pour
aux plant es est inexples
quatre espèces
La signification de certains noms
donnés de LFT. Selon les paysans, il indiquent la
provenance de la (voir le s Annexes 2, 3, 4
et maintenus de génération en
génération et aussi de
communauté s en commu nautés au cours de la
dissémination de l'espèce.
Dansi et al. (2008b) sont parvenus à de telle
conclusion dans l'étude de la
biodiversité des LFT au
Bénin.
Aucun des noms locaux
donnés à Acmella
uliginosa n'est inexplicable.
Cela s'explique par le fait
que l'aspect piquant des
feuilles de l'espèce est très
remarquable et cet aspect
est facilement utilisé pour
nommer l'espèce. Il y a aussi la
provenance de l'espèce qui
est utilisée dans la formation des
noms donnés à l'espèce.
De même, certains des
noms locaux des autres espèces sont
inexplicables. Environ
22,22% pour Justicia
tenella, 11,43% pour
Ceratotheca sesamoides 24,32
% pour Sesamum
radiatum (voir figures 2, 3 et 4). Cela
s'explique par le fait que les espèce
s ont été introduites dans le
milieu sans changement
d'appellation ou que les
noms donnés à ces
légumes sont exogènes
au milieu. Des situations
analogues sont
45
Thèse p our l'obtention du diplôm e
d'IngénieurAgronom e
constatées par Dansi et al. (2008b) pour les LFT
au Bénin, le riz (Appa Rao et al., 2002) et pour le sorgho
(Mekbib, 2007).
5.1.3. La synonymie : Les noms synonymes
Toutes les quatre espèces étudiées ont
plusieurs noms (Annexes 2, 3, 4 et 5). Les noms varient d'une ethnie à
une autre. Ainsi, Justicia tenella est appelé Gnonwonko en
Bariba et Kpissebaha en Yaum, Sesamum radiatum Agbôhoun en
Ayizô et Gooloo en Tchabè. Il en est de même pour les deux
autres espèces de LFT.
On note aussi une variation de noms au sein du groupe ethnique
pour la même espèce. C'est le cas des Bariba qui appellent
Ceratotheca sesamoides Wari, Wôri ou Warigbégui.
Justicia tenella est appelé Tipêwadoanti, Tinoukounti et
Tikounsôôti en Ditamari. Des changements d'appellation des
mêmes espèces sont enregistrés par Dansi et al.
(2008a, 2008b, 2008c, 1999, 1997) sur les légumes LFT et les ignames au
Bénin. Les mêmes constats sont aussi faits sur le fonio
(Adoukonou-Sagbadja et al., 2006). C'est un phénomène
qui ne permet pas d'apprécier efficacement la diversité
génétique des LFT.
5.1.4. L'homonymie : Différentes espèces
appelées par le même nom
Parfois, on constate que plusieurs espèces sont
appelées par le même nom. Cela s'observe chez Sesamum
radiatum et Ceratotheca sesamoides qui sont deux espèces
apparentées. Les deux espèces sont appelées par exemple
Agbô en Mahi. Cela est dû à plusieurs raisons : l'usage des
deux espèces est presque le même, les deux espèces se
ressemblent morphologiquement1. Ces mêmes faits sont
constatés par Dansi et al. (2008b).
5.1.5. Même nom utilisé pour la même
espèce à travers différentes ethnies
Pour les cinquante huit (58) localités visitées,
trente sept (37) noms ont été recensés pour Sesamum
radiatum, or il est présent dans plus de cinquante (50)
localités. Cela implique une utilisation du même nom local par
plusieurs groupes ethniques (Annexes 2, 3, 4 et 5). Comme exemple nous avons le
nom local «Agbô« utilisé par les ethnies : Fon, Mahi,
Wémè, sahouè, Kotafon et Goun pour désigner
Sesamum radiatum. Nous avons aussi le nom local «Dossi«
utilisé par les Bariba et les Mokolé pour la même
espèce (Sesamum radiatum). Cela s'observe aussi au niveau des
autres espèces. Ainsi Justicia tenella est appelé
Djagou-djagou par les
1 Les deux espèces sont apparentées :
elles sont toutes deux de la même famille, la famille des
Pedaliaceae.
46
ethnies : Idatcha, Ifê et Tchabè ; Acmella
uliginosa est appelé kalwôou par les Lokpa et les Lamba.
Ceratotheca sesamoides est appelé Koummankoun en Ifê et
Nagot. Le nom local «Agbô« est le nom le plus utilisé.
Six ethnies font référence à ce nom pour designer
l'espèce (Sesamum radiatum), c'est toute la partie sud du pays
qui connaît l'espèce sous ce nom.
5.1.7. Les noms déformés.
Certains noms obtenus lors de notre enquête ont des
prononciations qui se ressemblent, cela est dû à une
déformation du nom original. Ainsi, nous avons les noms locaux :
Agbô, Agbon, Agbôè, Agbôhoun et
Agbôtè-té utilisés par différentes ethnies
pour se référer au Sesamum radiatum (Annexe 5). Dans ce
champ sémantique, la racine se trouve au niveau de Agbô car ce nom
est utilisé par un nombre plus élevé d'ethnies. Nous avons
aussi les noms : Dossi, Dossé, Dohi, Dossila, Dossi guia et
Dossiihô utilisés pour désigner la même espèce
(Sesamum radiatum). La racine ici est Dossi car ce nom est
également plus utilisé (plus connu). De même,
Woriihô, Warigué, Warigbégui, Wôri et Wari sont
utilisés pour faire référence à Ceratotheca
sesamoides. Certains noms déformés se trouvent en annexe
3
5.1.8. Utilisation de l'aspect ??Nombre»dans la
nomenclature locale : Singulier et
pluriel
Parfois, le nom du légume-feuille traditionnel est
fonction de sa quantité. Ce phénomène s'observe chez
l'ethnie Gnidé. Acmella uliginosa en Gnidé a
différents noms selon la quantité, il est appelé
«Oubouhonou« quand il s'agit d'une petite quantité et Ibouhou
dans le cas contraire. En Gnidé toujours, Koussolamsôgou
désigne une petite quantité de Sesamum radiatum et
Tissalômsôté le contraire. Le même
phénomène a été observé par Dansi et
al. (2008a), chez l'ethnie M'bermin où un tas d'Acmella
uliginosa est appelé ibouoni et quelques feuilles de la plante
oubouonou.
5.2. Diversité intraspécifique et Taxonomie
locale
5.2.1. Diversité intraspécifique
Les résultats de l'enquête ont montré
qu'il n'existe pas une grande diversité intraspécifique chez les
espèces de légumes-feuilles traditionnels concernés par
cette étude. Dans toutes les zones où Acmella Uliginosa
a été retrouvé il n'existe qu'une seule
variété de l'espèce. Par contre, chez les trois autres
espèces (Ceratotheca sesamoides, Sesamum radiatum et
Justicia tenella) on a noté dans certaines zones l'existence de
deux variétés. Le tableau 4 présente par
47
espèce de LFT, les localités où existe une
diversité intraspécifique, le nombre de variétés,
les noms locaux et les traits distinctifs des variétés.
D'après les résultats consignés dans le
tableau n°4, il ressort qu'il existe deux variétés de
Justicia tenella. Les échantillons récoltés et
installés sur le site de l'IITA1 ont permis de distinguer
morphologiquement deux variétés:
- Une variété ayant des feuilles plus petites et
lancéolées (voir photo 5)
- Une deuxième variété ayant des feuilles
plus grandes et un peu plus arrondies (voir photo 6).
Photo 5: Un pied de Justicia tenella : Photo 6: Un pied
de Justicia tenella:
Variété à feuilles lancéolées
Variété à feuilles plus arrondies
Il nous a été confirmé à
Korontière dans la commune de Boukoumbé, l'existence d'une
variété à tige rouge de Ceratotheca sesamoides.
Cette variété n'est pas consommée par les populations car
disent-elles, cette variété est une variété
??malade». Les photos 7 et 8 montrent bien la différence de couleur
des tiges entre la variété dite ??malade» et la
seconde variété.
1 IITA : International Institute of Tropical
Agriculture
48
Photo 7: Un pied de Ceratotheca sesamoides
: Photo 8: Un pied de Ceratotheca
Variété à tige rouge sesamoides :
Variété tige blanche
Une caractérisation moléculaire des
différentes accessions des espèces est donc nécessaire
pour confirmer ou infirmer les propos des paysans et la différence
morphologique constatée après culture des échantillons
ramenés du terrain.
5.2.2. La taxonomie locale
La taxonomie locale s'occupe de la nomenclature
intraspécifique. Elle est donc pratiquée quand on note une
diversité intraspécifique.
Dans le cas de cette étude une taxonomie locale est
observée au niveau des espèces Justicia tenella,
Sesamum radiatum et Ceratotheca sesamoides. Les paysans pour
les différentes variétés, ajoutent au nom local de
l'espèce un adjectif qui indique la différence entre les
variétés. Cette différence peut être du point de vue
morphologique, forme, épaisseur ou couleur des feuilles, statut ou tout
autre mot pouvant différencier les variétés. Dans la
région de Galata où nous avons rencontré deux
variétés de Justicia tenella, les paysans distinguent
les deux variétés en ajoutant au nom de l'espèce
«Djagou-djagou« l'adjectif «Akô« qui veut dire
mâle. Le mâle ici est le sauvage et a les feuilles plus
épaisses et plus foncées que la variété
cultivée. Il en n'est de même chez les Bariba de N'Dali qui
distinguent kourôkountonnou et kourôkountonnou gbéga et
gbéga qui veut dire sauvage.
Les variétés de Ceratotheca sesamoides
sont différenciées notamment par un adjectif qui indique la
différence de forme ou de couleur. Ainsi chez les Foodo de
Sèmèrè nous avons
49
kassankpokpo et kassankpokpo onlè (onlè veut dire
érigé), donc ici il y a la variété rampante et la
variété en érigée.
Tableau 4 : Diversité
intraspécifique des espèces et les noms locaux des
variétés.
Localités (Ethnie)
|
Nombre de
variétés
|
Noms locaux
|
Traits distinctifs
|
Justicia tenella
|
Galata (Ifê)
|
2
|
- Djagou-djagou
- Djagou-djagou Akô
|
Le mâle (Akô= mâle) a les feuilles plus petites
et plus foncées
|
Badékparou (Bariba) Kassakpéré
(Bariba)
|
2
|
-kourôkountonnou -
kourôkountonnou Douabou
|
Le mâle (Douabou= mâle) est poilu et les tiges sont
plus fines
|
Toumè (Bariba) Sonoumon
(Bariba)
|
2
|
kourôkountonnou et
kourôkountonnou gbéga=
sauvage
|
Le sauvage (Gbéga=sauvage) a les
feuilles plus foncées et plus petites
|
Péporiyakou (Wama)
|
2
|
-Mountoun Coumborisari -
Mountoun
|
Le mâle (Coumborisari= mâle) a les feuilles plus
foncées, lancéolées
|
Pam-pam (Ditamari)
|
2
|
-Tikounsôôti -
Dikpasôôti=sauce de la brousse
|
Les feuilles de Dikpasôôti sont plus
foncées
|
Ceratotheca sesamoides
|
Korontière (Lamba)
|
2
|
Même nom pour les deux : Asso wourou
|
Une variété a un port rempant et l'autre un port
érigé
|
Sèmèrè (Foodo)
|
2
|
-kassankpokpo -
kassankpokpo onlè:
|
Une variété érigée (onlè=
touffe) et
l'autre rempant
|
Wassa (Yaum)
|
2
|
Même nom pour les deux : Nôgô
|
Une variété a un port rempant et l'autre un port
érigé
|
Sonoumon (Bariba)
|
2
|
Même nom pour les deux :
Warigué ou Gnankassoun'wari
|
Une variété a un port rempant et l'autre un port
érigé
|
Bodi (Ani)
|
2
|
Même nom pour les deux :
Goufounin
|
Une variété a un port rempant et l'autre un port
érigé
|
Koutakourkou (Mokolé)
|
2
|
Même nom pour les deux : Issé
|
Une variété a un port rempant et l'autre un port
érigé
|
Monkassa (Dendi)
|
2
|
Même nom pour les deux :
Yoodo ou Féiyoutô
|
Une variété a un port rempant et l'autre un port
érigé
|
Nouagou (Gam-
gam)
|
2
|
-Kouhampiégou -
Hakoulahoungou
|
Kouhampiégou : érigé
Hakoulahoungou : rempant
|
50
Souomou (Berba)
|
2
|
-Toopouôguè -
Toossibouhoun
|
Toopouôguè : érigé Toossibouhoun :
rempant
|
Péporiyakou (Wama)
|
2
|
-Nonpodé -Taanonman
|
Taanonman : tige blanche et feuilles plus larges
Nonpodé : tige foncée et feuille plus petites
|
Sesamum radiatum
|
Sèmèrè (Foodo)
|
2
|
-Koumalo éguélissè -
Djidja-koumolo
|
Koumalo éguélissè : érigé
Djidja-
koumolo : rempant:
|
Akaradé (Kotokoli)
|
2
|
Les deux ont même nom : Djom- djom ou
N'zoticoudouté
|
Une variété érigée et l'autre
rempant
|
Gouroubéri (Dendi)
|
2
|
Les deux ont même nom :
Anansara-foïto
|
Une variété érigée et l'autre
rempant
|
Djagbahoué (Adja)
|
2
|
-Agbon assitô (femelle) -Agbon assoutô
(mâle)
|
La femelle a les feuilles plus larges
|
Djougou barrage
(Dendi)
|
2
|
Les deux ont même nom :
Féiyôtô
|
Une à les feuilles plus large et plus foncées
|
Source : Données de l'enquête
Août à Septembre 2008
5.3. Origine des espèces
Toutes les espèces sont d'origine africaine sauf
Acmella uliginosa qui est originaire du Brésil et du
Pérou (Bedigan et Adetula 2004). L'espèce a été
probablement introduite dans les îles de l'océan Indien par les
Portugais, elle aurait été ensuite diffusée en Afrique par
des ouvriers indiens, lorsque ceux-ci sont venus participer à la
construction des chemins de fer vers 1900 (Bosch, 2004). Au Bénin, elle
aurait été introduite à partir du Nord-Togo et du
Nord-Nigeria. L'ethnie Ditamari est l'une des ethnies ayant contribué
à son introduction, d'après le dit des paysans. Certains noms
locaux de l'espèce indiquent sa provenance : les Bariba l'appellent :
Yowaboum'kpé qui veut dire le piment des Ditamari et les Wama,
Yoritampoobou ce qui signifie Fagara zanthoxyloides des Yoruba,
etc.
Sesamum radiatum est d'origine africaine. L'origine
de l'espèce est inconnue dans les groupes ethniques
enquêtés. Il en est de même pour Ceratotheca
sesamoides qui est d'ailleurs à l'état sauvage dans tous les
endroits où il est retrouvé. Justicia tenella est
originaire de l'Afrique. On le retrouve à l'état sauvage et aussi
cultivé en Afrique de l'Ouest (Denton, 2004). Elle aurait
été introduite au Bénin à partir du Togo
précisément dans la partie nord de ce pays. L'ethnie Ahoussa est
l'une des premières ethnies ayant pris connaissance de la plante. C'est
à partir du nord que l'espèce a commencé par se
répandre dans le pays ; certains
51
noms locaux de l'espèce confirment cela. Il s'agit par
exemple du nom sahouè «Saligaman« qui signifie : le
légume des Ahoussa.
5.4. Domestication et Statut des espèces dans les
différents groupes ethniques du Bénin
5.4.1. Domestication des LFT
La domestication est un savoir-faire des communautés
rurales qui permet d'apprivoiser et de cultiver des espèces sauvages
utiles. Une fois cultivées, ces espèces sont constamment
disponibles et utilisées de façon durable (Adjatin, 2006).
L'enquête a permis de constater que les populations ont commencé
par domestiquer certains de ces LFT. C'est le cas d'Acmella uliginosa
qui est une espèce domestiquée dans tous les endroits il est
retrouvé essentiellement chez les Wama et les Ditamari.
Les espèces domestiquées : Acmella
uliginosa, Sesamum radiatum et Justicia tenella sont
cultivés dans les jardins de case sans soins particuliers. Les jardins
de case encore appelés jardins familiaux représentent un
modèle traditionnel de conservation des ressources
phytogénétiques (Midmore et al., 1991 ; Bennett-Lartey
et al., 2002). Sesamum radiatum et Justicia tenella
dans certaines zones sont cultivés dans les champs en association avec
d'autres cultures. Cela s'observe surtout au centre du pays chez les Ifê,
Tchabê et Idatcha.
5.4.2. Statut des LFT
Le statut des espèces varie d'un groupe ethnique
à un autre et en fonction des zones agroécologiques. Certaines
espèces sont retrouvées à l'état sauvage et
d'autres à l'état cultivé ; parfois le statut d'une
même espèce change d'une région à une autre.
D'autres espèces sont retrouvées sous une seule
forme sur toute l'étendue du territoire ; Acmella uliginosa en
est une. Il est retrouvé sous la forme cultivée dans toutes les
localités enquêtées. Cela peut s'expliquer par le fait que
l'espèce a été récemment introduite dans le pays.
Ceratotheca sesamoides est la deuxième espèce
retrouvée sous une seule forme. Il est à l'état sauvage
dans les localités où il est trouvé et ceci parce que
l'espèce est autochtone au Bénin et ne fait pas encore l'objet de
culture intensive. Le seul endroit où il est cultivé
(Aglamèdodji dans la commune de Savalou), il nous a été
rapporté qu'il a été introduit récemment dans la
localité. Ce milieu n'étant pas son milieu naturel, sa culture
s'avère donc nécessaire pour son maintien.
52
Les autres espèces Sesamum radiatum et
Justicia tenella sont soit sauvages soit cultivées dans des
proportions différentes dans les milieux (figure 5). Justicia
tenella est cultivé dans 86% des milieux où il a
été retrouvé. Le milieu dans lequel il est à
l'état sauvage est la zone agroécologique V1.
Sesamum radiatum est une espèce cultivée au nord et dans
la partie sud- ouest du pays. Sa forme sauvage est essentiellement
retrouvée dans la partie sud du pays. Les milieux dans lesquels ces deux
espèces sont retrouvées sous les deux formes, nous y constatons
l'existence d'une diversité intraspécifique. Comme exemple, nous
avons le village Péporiyakou où Justicia tenella est
cultivé et sauvage. La forme sauvage ici est la forme mâle.
Sesamum radiatum
Ceratotheca sesamoides
Acmella uliginosa
Espèces
Justicia tenella
100,00
90,00
80,00
70,00
60,00
50,00
40,00
30,00
20,00
10,00
-
Cultivé Sauvage
Figure 5: statut des quatre LFT
5.5. Tabous, interdits et traits
indésirables
Certains tabous et interdits ont été
recensés au cours de notre enquête. Ces tabous et interdits
concernent surtout Ceratotheca sesamoides et Sesamum
radiatum. Acmella uliginosa et Justicia tenella sont
deux espèces qui n'ont pratiquement pas d'interdits ou tabous. Ce sont
également des espèces qui sont très
appréciées par les populations, elles n'ont donc pratiquement pas
de traits indésirables. Cela s'explique par le fait que la sauce
à base des feuilles de Justicia tenella est très
succulente et celle à base de Acmella uliginosa est
médicinale.
Par ailleurs, la sauce de Ceratotheca sesamoides ou
de Sesamum radiatum donne le vertige à certaines personnes.
Pour certains Fon et Mahi, la sauce de Sesamum radiatum n'est pas trop
consommée à cause de son odeur légèrement
répugnante. Pour ces mêmes ethnies, ce légume est interdit
aux adeptes de vodoun. Or, cette population renferme une proportion très
élevée
1 Zone agroécologique V : Zone
cotonnière du centre Bénin
53
d'adeptes de vodoun entraînant de ce fait un bas niveau
de consommation de ce légume dans la zone. Ce légume est interdit
dans certains groupes ethniques comme : Kotafon et Sahouè.
Ceratotheca sesamoides est une plante qui au nord est interdite aux
personnes qui ont des pouvoirs surnaturels. Selon les vieux, les feuilles
réduiraient la puissance des pouvoirs occultes. Sa consommation est
aussi interdite aux chasseurs car elles les rendraient maladroits en
réduisant leur acuité visuelle. La sauce de Ceratotheca
sesamoides est aussi une sauce qui n'est pas conseillée aux
personnes qui ont des problèmes d'estomac ou qui sont sous traitement.
C'est un légume qui est aussi interdit aux adeptes de fétiches
(Sakpata, Hèviosso, etc.) et il ne se prépare pas avec de la
viande fraîche.
5.6. Stratégie de conservation et mode de
production
Pour disposer des légumes toute l'année, les
paysans procèdent à la conservation d'une manière ou d'une
autre des légumes-feuilles traditionnels. Le mode de conservation varie
d'une espèce à une autre.
Pour Acmella uliginosa et Justicia tenella
qui sont des espèces se reproduisant par graines ou par multiplication
végétative, les paysans pratiquent plusieurs modes de production
de feuilles : la production à partir des jeunes plantes issues de semis
direct des graines en pépinière et celle venant des jeunes pieds
issus du démariage ou du bouturage. Le développement de rejets
à partir des pieds coupés est aussi une source de production de
feuilles. Sesamum radiatum est une plante qui se multiplie uniquement
par graines la production des feuilles est faite à partir des jeunes
plantes issues de semis direct des graines en pépinière et le
développement des rejets à partir des pieds coupés. En ce
qui concerne Ceratotheca sesamoides, une production est assurée
à travers la récolte des feuilles dans la brousse.
L'espèce se reproduit par graines. Les souches aussi reprennent
après la première pluie même s'il y a passage d'un feu de
brousse. Cela fait que les feuilles de Ceratotheca sesamoides sont
disponibles toute l'année. Ses feuilles sont consommées en
période de soudure (en saison sèche).
Les graines des espèces cultivées sont
conservées pour assurer la multiplication de l'espèce en saison
pluvieuse. Ces graines sont conservées soit dans des calebasses soit
dans des gourdes, soit attachées dans des morceaux de tissus, soit sur
les plantes coupées et attachés aux bois de charpente de la
cuisine. Il a été rapporté que les calebasses et les
gourdes sont en train d'être abandonnées en faveur des sachets.
54
Par ailleurs, on note une particularité de conservation
des graines de Justicia tenella, vu la petitesse des graines, les
paysans conservent in situ les graines sur les tiges. Les graines sont
laissées sur des pieds in situ, s'éclatent et germent
après les premières pluies.
5.7. Utilisation des légumes-feuilles
traditionnels
5 .7.1. Utilisation alimentaire
C'est la première utilisation des
légumes-feuilles traditionnels. Le mode de préparation varie
selon l'espèce de LFT et parfois selon l'ethnie. Ceratotheca
sesamoides et Sesamum radiatum ont les mêmes modes de
préparation. De jeunes feuilles (en quantité suffisante)
débarrassées des pétioles sont découpées en
petites tranches et, sans pré-cuisson, sont directement versées
dans l'eau (additionnée d'un peu de potasse) avec les condiments
nécessaires pour être cuites sous un feu doux et en faire une
sauce. Les feuilles de Sesamum radiatum ne sont pas lavées
avant cuisson. Le lavage diminue l'aspect gluant de la sauce ont,
rapporté les paysans. Quelque fois, une poudre issue des feuilles des
deux espèces séchées et broyées (pour les besoins
de la conservation) est ajoutée à une eau bouillante et
assaisonnée pour obtenir une sauce. Cette poudre peut être aussi
ajoutée à une sauce préparée et déjà
cuite, même déjà enlevée du feu. C'est ce dernier
mode de cuisson qui est à la base des noms locaux données
à l'espèce Ceratotheca sesamoides par les ethnies
Ifê et Dendi qui veut dire : la sauce qu'on prépare par
terre.1 La sauce à base des feuilles de Ceratotheca
sesamoides est consommée en période de non
disponibilité des feuilles Sesamum radiatum. La sauce à
base des feuilles Sesamum radiatum est donc plus
préférée que la sauce à base des feuilles
Ceratotheca sesamoides.
La préparation de Acmella uliginosa
nécessite une pré-cuisson des feuilles. Des jeunes feuilles sont
donc débarrassées des pétioles, découpées en
de petites tranches et pré-cuites dans de l'eau. Une fois cuites, les
feuilles sont pressées entre les paumes de la main pour en faire des
boules. L'eau de cuisson est alors éliminée. Cette
pré-cuisson permet d'éliminer les substances toxiques et de
diminuer l'aspect piquant des feuilles. Les feuilles pré-cuites sont
ensuite introduites dans une sauce.
La préparation de Justicia tenella
nécessite une rapide pré-cuisson ou non. Les feuilles ne tardent
pas sur le feu. Les feuilles pré-cuites ou non sont donc introduites
dans une sauce. C'est à cause de sa rapidité de cuisson que les
Holi lui ont donné le nom Lôwôlôkpè qui veut
dire : c'est dans la main qu'elle tarde. Mise à part ce mode de
préparation qui lui permet
1 Dendi : Gandafoï ; Ifê :
Koummonkoun-Ilê
55
d'être classé parmi les épinards,
Justicia tenella peut être aussi bouilli, avec de la potasse,
rincé avec de l'eau et assaisonné pour donner une sauce
moyennement gluante.
Outre l'alimentation humaine, les espèces sont aussi
utilisées pour l'alimentation des animaux. Ceratotheca
sesamoides est utilisé pour l'alimentation des lapins, d'où
le nom Lamba « Asso wourou« qui veut dire : le légume du
lapin. Les feuilles sont beaucoup appréciées par les lapins. Les
feuilles de Sesamum radiatum sont beaucoup appréciées
par les éléphants. Le nom Lokpa, Touhounnoum1 illustre
bien cela.
5.7.2. Utilisation médicinale
Les populations du milieu rural ont recours aux plantes
médicinales pour traiter les affections courantes (diarrhée,
dysenterie, contispation, coliques, paludisme, plaies, insuffisance de lait
maternel, hypertension artérielle, etc.) (Adjatin, 2006). Au cours de
notre enquête nous avons constaté que les quatre espèces de
légumes-feuilles traditionnels sont utilisées pour le traitement
certaines maladies.
Acmella uliginosa est un légume-feuille
très nutritif, antihelmintique, antibiotique, galactogène et
utilisé comme alicament. Selon les populations, sa consommation
régulière permet de lutter contre les vers intestinaux, de
prévenir et de traiter les infections éventuelles qui surviennent
après l'accouchement. La sauce à base de cette espèce
permet d'éliminer les caillots de sang après l'accouchement et
stimule la sécrétion du lait maternel chez la nourrice. C'est
cette propriété galactogène qui est beaucoup
appréciée chez les femmes Ditamari qui dispersent l'espèce
en l'amenant dans d'autres ethnies. Chez les Kotokoli, l'espèce est
essentiellement consommée par les femmes qui viennent d'accoucher. La
sauce à base des feuilles d'Acmella uliginosa est
systématiquement préparée à la femme après
l'accouchement.
Les feuilles de Ceratotheca sesamoides
séchées et réduites en poudre sont utilisées contre
la contispation et guérissent l'angine. Une macération des
feuilles de la même espèce facilite l'accouchement et traite la
conjonctivite. Une infusion froide des feuilles de Sesamum radiatum
facilite également la délivrance chez la femme enceinte. Le nom
local donné par l'ethnie Nagot à l'espèce est en rapport
avec cet aspect, le nom : Abiwèrè qui veut dire «accouche
facilement«. L'espèce est plus connue au sud du pays sous cet
aspect. Chez certaines ethnies du sud : les Ayizô, les Goun etc. elle est
uniquement connue pour ses vertus
1 Touhounnoum = légume le
l'éléphant
56
médicinales et non comme légume-feuille. Les
feuilles de l'espèce sont aussi utilisées pour traiter le
diabète et les maux de ventre.
5.8. Zones de consommation des espèces
Après une description des modes d'utilisation de ces
légumes-feuilles traditionnels une série de questions vient
à l'esprit. Ces interrogations ont rapport essentiellement avec les
groupes ethniques consommant ces légumes-feuilles traditionnels et leur
distribution géographique et les milieux dans lesquels ces
légumes sont consommés. Après analyse des informations
reçues sur le terrain et la réalisation des cartes de
consommation et de distribution géographique de ces différentes
espèces, il en ressort que les zones de consommation des espèces
diffèrent d'une espèce à une autre (voir cartes 3, 4, 5 et
6)
- Acmella uliginosa
Bien qu'étant l'espèce la moins connue sur le
plan national, Acmella uliginosa est consommé dans toutes les
régions où il est retrouvé. Il est principalement
consommé pour ces vertus médicinales. Il est retrouvé
essentiellement dans le département de l'Atocara et y est hautement
consommé (voir carte 3). Les résultats des enquêtes
réalisées par Dansi et al. (2008c) sont en accord avec
les nôtres. L'ethnie Ditamari est l'ethnie qui consomme le plus
l'espèce. C'est une des ethnies qui ont contribué à son
introduction au Bénin. A cause de ces valeurs médicinales et
nutritionnelles il est consommé par presque toutes les ethnies du
département de l'Atacora notamment celles : Wama, Lamba, Gam-gam, Yaum,
Lokpa, Ani et Ditamari.
Grâce aux brassages culturels et à l'immigration,
la consommation se repend dans les régions avoisinantes mais
l'espèce n'est pas encore bien connue par les populations de ces
régions. C'est ainsi qu'un faible niveau de consommation est
constaté chez les Bariba de Kassakpéré et de Sonoumon.
Dans ces deux milieux il nous a été rapporté que
l'espèce est récemment introduite par des femmes de l'ethnie
Ditamari qui se sont mariées aux hommes de la région. Vu ses
nombreuses vertus médicinales et les appréciations faites par les
ethnies ayant pris connaissances de ce LFT, il importe de procéder
à une vulgarisation de la consommation de ce légume.
- Ceratotheca sesamoides
Espèce retrouvée essentiellement à
l'état sauvage, Ceratotheca sesamoides est
consommé dans les régions septentrionales et centrales du
Bénin (voir carte 4). Il est fortement
57
consommé par presque toutes les ethnies de ces
régions. Ces ethnies sont entre autres : Idachta, Tchabè,
Ifê, Mahi, Berba, Bariba, Peulh, Gam-gam, Dendi, Germa, Lokpa, Lamba,
Ani, Kotokoli, Ditamari, Mokolé. Dans ces groupes ethniques, il y a des
clans qui n'en consomment pas ; ce sont essentiellement ceux qui sont adeptes
de vodoun. Il est beaucoup consommé en saison sèche en
remplacement de Sesamum radiatum qui devient difficile à
trouver dans cette période.
Au sud, Ceratotheca sesamoides est connu comme une
mauvaise herbe. Sa zone de consommation couvre le nord jusqu'à la
latitude de Savè.
- Justicia tenella
Comme l'espèce précédente, Justicia
tenella est aussi consommé au centre et au nord du pays, mais avec
une couverture plus réduite. Sa zone de consommation va de la latitude
de Kandi jusqu'à celle de Savè. Il est hautement consommé
dans la région de l'Atacora et le centre du Bénin (voir carte 5).
Il est très apprécié par la population.
Outre les groupes ethniques du nord et du centre, il est aussi
consommé par l'ethnie Holly de la région de Kétou. Chez
cette ethnie l'habitude alimentaire est acquise à partir du Nigeria. On
retrouve aussi une zone de faible consommation dans la région de
Comè. L'introduction dans cette localité a été
faite par l'ethnie Haoussa1.
- Sesamum radiatum
Il se trouve être l'espèce la plus connue des
quatre espèces de LFT, donc la plus consommée. Il est hautement
consommé du nord jusqu' après la région de Savè
(voir carte 6). C'est un légume très aimé par la
population des régions où il est consommé. C'est une
espèce qui, quelle que soit la zone a une utilité. Cette
utilité peut être alimentaire ou médicinale. Ainsi au sud,
il n'est pas consommé mais est connu comme plante médicinale.
Somme toute, les quatre LFT sont surtout consommés dans
les zones septentrionales et centrales du Bénin, avec une
particularité chez Acmella uliginosa qui est fondamentalement
consommé dans la région de l'Atacora.
Toutefois, il est important de souligner l'existence des zones
particulières de consommation de ces LFT. Ces zones sont essentiellement
les grandes villes comme : Cotonou, AbomeyCalavi, Lokossa, etc. Cela est
dû à la migration des populations et le maintien de leur habitude
alimentaire. C'est ainsi que des feuilles de Justicia tenella et
d'Acmella uliginosa sont parfois retrouvées sur le
marché de Dantokpa et certains marchés du Sud Bénin.
1 D'où le nom local « Saligaman » donné
à la plante qui signifie : le légume des haoussa.
58
5.9. Distribution géographique et écologie
des espèces. 5.9.1. Distribution géographique des
espèces.
Les résultats de nos enquêtes combinés
à ceux de Dansi et al., (2008c) et ceux de l'herbier national
ont permis de réaliser les cartes de distribution de chacune des
espèces. Ces cartes montrent des distributions géographiques qui
diffèrent d'une espèce à une autre.
Ceratotheca sesamoides et Sesamum radiatum
sont deux espèces qui se retrouvent sur toute l'étendue du
territoire. Ce sont les deux espèces les plus rependues des quatre. Mais
il faut noter une particularité chez Ceratotheca sesamoides, il
est retrouvé sur toute l'étendue du territoire mais avec une
concentration plus forte au centre et dans la zone de l'Atacora (voir cartes
4)
Justicia tenella est la troisième
espèce la plus rependue, il est retrouvé de la latitude de Kandi
jusqu'au sud du pays avec une distribution plus concentrée au centre et
au nord du pays. Après la latitude de Savè jusqu'au sud et, il
devient rare. Il est seulement retrouvé dans quatre localités du
sud du pays (voir carte 5). Cela peu s'expliquer par sa récente
introduction dans le milieu.
Acmella uliginosa est l'espèce la moins
rependue. Elle est retrouvée essentiellement dans la région de
l'Atacora. On le retrouve dans la région se trouvant entre Bassila et
Tanguiéta. On constate une dispersion de l'espèce vers Parakou et
environs (voir carte 6).
5.9.2. Ecologie des espèces.
La distribution géographique des espèces est
fonction de leur affinité aux diverses conditions écologiques des
milieux. Une superposition des différentes cartes de distribution des
espèces avec les différentes cartes du Bénin que sont : la
carte pédologique, la carte climatique, la carte de
végétation et la carte agro-écologique du Bénin,
nous a permis de dégager l'écologie des espèces.
- Acmella uliginosa
Ainsi la zone de distribution de Acmella uliginosa
est la zone couverte par les zones agroécologiques III, IV et V. Les
observations faites sur le terrain ne nous permettent pas de dire avec
précision l'écologie de la plante. Car il n'est pas
retrouvé de façon naturelle, il est cultivé dans les
jardins de case. Toutefois nous pouvons affirmer que Acmella uliginosa
est une plante hydrophile, demandant beaucoup d'arrosage. La
pluviométrie des zones où il a été
59
retrouvé va jusqu'à 1.400 mm/an. Ces
résultats sont en accord avec ceux de Bosch (2004) qui dit que
l'espèce se trouve généralement dans les endroits humides
comme les marécages et la bordure des lacs. La plante se retrouve sur
les sols de types ferrugineux tropicaux. Selon Bosch (2004), pour la
germination des graines, une température d'au moins 21°C est
nécessaire.
- Ceratotheca sesamoides
Ceratotheca sesamoides présente un grand
spectre d'adaptabilité et de flexibilité environnementale. Il est
présent dans presque tout le bénin. Dans les conditions
naturelles, il pousse sur des endroits exposés au soleil et toutes
sortes de sols avec une préférence aux sols latéritiques,
sols caillouteux et les cuirasses. En ce qui concerne les types de sols, des
résultats contraires ont été trouvés par Bedigan et
Adetula (2004). Selon ces auteurs, il se trouve rarement dans des endroits
rocailleux. Des recherches plus approfondies dans ce sens sont donc
nécessaires pour infirmer ou confirmer nos résultats.
L'espèce tolère bien la chaleur et la sécheresse car est
retrouvée au nord même dans la saison sèche.
- Justicia tenella
Quant à Justicia tenella, il supporte une
gamme très variée de types de sols. Notamment les sols de types
ferrugineux, de terre de barre (sur continental terminal). Il est à
noter que les sols de types ferrugineux sont à caractéristiques
très variables. Selon Denton (2004) on peut le rencontrer sur des sols
sableux et limoneux, mais il lui faut un sol riche en humus avec un
léger ombrage pour une croissance optimale. Il pousse bien avec une
pluviométrie annuelle variant de 1000-2000 mm, des températures
diurnes de 25-35°C et nocturnes de 20-27°C ; il ne tolère pas
les températures basses. Ceci est confirmé par les
résultats de nos recherches car il est retrouvé dans les jardins
de case et zones humides. Ainsi, l'espèce bénéficie d'une
quantité importante d'eau et de l'ombrage. Au cours de nos recherches
nous avons constaté une absence de l'espèce sur les sols
alluviaux.
- Sesamum radiatum
Sesamum radiatum s'adapte à une grande
variété d'habitats donc une gamme très variée
d'environnement. Il est retrouvé sur toute l'entendue du territoire.
L'espèce se trouve sur les sols pauvres comme riches, dans les zones de
bases températures comme les zones de hautes températures. Il
pousse sur les milieux ouverts où peu d'autres plantes herbacées
poussent. C'est donc une plante héliophile. Selon Bedigan (2004), il se
trouve sur des sites
60
nutritionnellement pauvres, croissant dans des endroits sableux,
rocailleux ou graveleux. Il tolère bien la chaleur et la
sécheresse et continue à croître et à fleurir
pendant la saison sèche.
Carte 3 : Distribution géographique et
zones de consommation de Acmella uliginosa
61
Thèse pour l'obtention du diplôme
d'Ingénieur Agronome
Carte 4 : Distribution géographique et
zones de consommation de Ceratotheca sesamoides
62
Thèse pour l'obtention du diplôme
d'Ingénieur Agronome
Carte 5 : Distribution géographique et
zones de consommation de Justicia tenella
63
Thèse pour l'obtention du diplôme
d'Ingénieur Agronome
Carte 6 : Distribution géographique et
zones de consommation de Sesamum radiatum
64
Conclusions et recommandations
Cette étude qui a été conduite dans tout
le Bénin nous a permis de recueillir de plus amples informations sur ces
quatre espèces de légumes-feuilles traditionnels. Les
résultats montrent que ces espèces de LFT sont présentes
et connues au Bénin.
La distribution géographique des différentes
espèces diffère d'une espèce à une autre.
Acmella uliginosa se trouve être l'espèce la moins connue sur
l'étendue du territoire, il est présent dans la région de
l'Atacora et est très utile pour la population de cette région.
Il est suivi de Justicia tenella qui n'est retrouvé que dans la
région de Malanville à Kandi. Viennent en fin les deux autres :
Sesamum radiatum et Ceratotheca sesamoides qui sont
présents un peu partout au Bénin.
La nomenclature locale des espèces dans les
régions où elles sont retrouvées diffère d'une
ethnie à une autre et parfois dans la même ethnie. Un total de
cent cinq (105) noms locaux ont été recensés pour les
quatre espèces. Trente sept (37) noms pour Sesamum radiatum, 35
pour Ceratotheca sesamoides, 18 pour Justicia tenella et pour
Acmella uliginosa 15 noms vernaculaires. La diversité de noms
locaux des espèces est fonction de leur distribution. Dans cette
nomenclature locale, plusieurs phénomènes ont été
constatés il s'agit notamment des phénomènes : de
synonymie, d'homonymie d'un nom même utilisé pour plusieurs
espèces et des noms inexpliqués. Pour les noms qui ont une
signification, la nomenclature se base sur un caractère facilement
exprimable. Les populations de ces ethnies font de ces espèces
différents usages.
Les espèces ont une utilité quelle que soit la
zone, sauf Ceratotheca sesamoides qui au sud n'a aucune utilité
pour les populations autochtones. Acmella uliginosa bien
qu'étant consommé par une petite population par rapport aux
autres espèces est très apprécié par les
populations. Outre sa fonction alimentaire il possède de vertus
médicinales, ce qui fait que les populations le consomment comme
alicament. Vu ses nombreuses vertus sa consommation doit être
vulgarisée pour le bien être des populations. Sesamum
radiatum au nord et au centre est connu comme gluant et aussi comme plante
médicinale. Mais dans certaines régions du sud, il n'est connu
que pour ces vertus médicinales.
Parmi les quatre espèces, se sont Sesamum
radiatum et Ceratotheca sesamoides qui ont des interdits.
Justicia tenella et Acmella uliginosa n'ont aucun interdit.
Ils sont consommés par tout le monde.
En ce qui concerne la diversité intraspécifique,
aucune diversité n'est remarquée chez Acmella uliginosa.
Pour les trois autres espèces, une grande diversité n'a pas
été observée. Une
65
moyenne de deux variétés par espèce a
été observée. Des recherches plus approfondies dans ce
sens sont nécessaires pour confirmer où infirmer nos
résultats. Les études ultérieures dans ce sens
consisteront à la collecte et la caractérisation
agromorphologique et moléculaire de la diversité des
écotypes locaux de ces légumes.
Au terme de la présente étude, nous recommandons
:
A l'endroit des populations ayant connaissance de ces
plantes
- L'utilisation judicieuse des différentes espèces
afin d'éviter leur extinction.
- La domestication des espèces en cours de domestication
à savoir : Justicia tenella,
Acmella uliginosa et Sesamum radiatum et celle
de l'espèce qui se trouve encore à
l'état sauvage.
- La contribution à la dispersion des espèces dans
les milieux où elles ne s'y trouvent pas et à la vulgarisation de
leurs utilités.
A l'endroit des chercheurs
- La poursuite des études afin de maîtriser tous les
aspects de : la diversité, la physiologie, la pathologie etc. des
légumes-feuilles traditionnels dans le but de leur domestication.
A l'endroit des décideurs
- L'incitation des Organisations Non-Gouvernementales (ONG)
à contribuer la sensibilisation des populations sur l'importance et la
domestication de ces légumes-feuilles traditionnels.
- La mise en place des programmes de conservation in
situ et ex situ de ces ressources
phytogénétiques.
66
Références bibliographiques
1. Adam S. et Boko M., 1993.
Le Bénin. Les éditions du Flamboyant /EDICEF, 96 p.
2. Adjatin A., 2006. Contribution à
l'étude de la biodiversité des légumes-feuilles
traditionnels consommés dans le département de l'Atacora-
Bénin. 55p. + annexes
3. Adomou A.C., Sinsin B. et van der Maesen L.J.G.,
2006. Phytosociological and chorological approaches to
Phytogeography: a study at meso-scale in Benin. Syst. Geog. Pl., 76 (2),
155-178.
4. Adoukonou-Sagbadja H., Dansi A., Vodouhe R. et
Akpagana K., 2006. Indigenous knowledge and traditional conservation
of Fonio millet (Digitaria exilis Stapf, Digitaria iburua
Stapf) in Togo. Biodiversity and Conservation, 15,
2379-2395.
5. Akoègninou A. , van der Burg W.J., et van der
Maesen L.J.G., 2006. Flore Analytique du Bénin.
Backhuys Publishers, Wageningen, 1034 p.
6. Almekinders C. et de Boef W., 2000.
Encouraging diversity. The conservation and development of plant genetic
resources. Intermediate Technology Publication, London, (UK).
7. Appa Rao S., Bounphanousay C., Schiller J.M.,
Alcantra A.P. et Jackson M.T., 2002. Naming of
traditional rice varieties by farmers in the Lao PDR. In Genetic Resources
and Crop Evolution, 49, 83-88.
8. Assogba-Komlan F. et Azagba J. 2002.
Etude du comportement au champ de quelques cultivars d'oignon de jours courts
à Kargui. Acte de l'Atelier Scientifique Parakou 13 et 14 Mars 2001
; pages 126-129.
9. Assogba-Komlan F., Boko A., Ahlé V. et Azon
M., 2003. Qualité sanitaire des feuilles produites à
partir de quelques déchets organiques dans la région de
Cotonou. Cotonou, (BENIN)
10. Assogba-Komlan F., Anihouvi P., Achigan E.,
Sikirou R., Boko A., Adje C., Ahle V., Vodouhe R. et Assa A.,
2007. Pratiques culturales et teneur en éléments
anti nutritionnels (nitrates et pesticides) du Solanum macrocarpum au sud du
Bénin. In African Journal of Food Agriculture Nutrition and
Development Vol.7 N°4 2007 21 p.
67
11. Atcha C., James J., Godonou I., Baimey H.
2005. Healthy vegetables through participary IPM in periurbain
areas of Benin. Summary of activities and achievements, 2003-2005.
International Institute of Tropical Agriculture (IITA- Benin). 49p.
12. Attere F., 1999. Note introductive de
l'Atelier sur les légumes feuilles traditionnels.
In: Biodiversity of traditional leafy vegetables in Africa.
J.A. CHWEYA and P. EYZAGUIRE (eds.), International Plant Genetic Resources
Institute (IPGRI) Via delle sette Chiese 14200145, Rome, Italie, p. 111-150.
13. Babik I., Rumpel J. et Elkner K. 1996.
The influence of nitrogen fertilization on yield, quality and senescence of
Tropical Agriculture (IITA-Benin). 2-4
14. Bailey J.M., 2003. Aliments du Pacifique
: Les feuilles vertes que nous mangeons. Version française du
manuel de la CPS n°31, 2000. Service de publication du Secrétariat
général de la Communauté du Pacifique (CPS), Graphoprint,
Nouméa. 97 p.
15. Batawila K., Akpavi S., Wala K., Kanda M.,
Vodouhe R. et Akpagana1 K., 2005. Diversité et gestion des
légumes de cueillette au Togo. In African journal of food
agriculture nutrition and development. 21p.
16. Bedigian D. et Adetula O.A., 2004.
Ceratotheca sesamoides Endl. [Internet] Fiche de Protabase. Grubben,
G.J.H. & Denton, O.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa
/ Ressources végétales de l'Afrique tropicale), Wageningen, Pays
Bas. <
http://database.prota.org/recherche.htm>.
Consulté le 14/05/2008.
17. Bedigian D., 2004. Sesamum
radiatum Thonn. ex Hornem. [Internet] Fiche de Protabase. Grubben, G.J.H.
& Denton, O.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa /
Ressources végétales de l'Afrique tropicale), Wageningen, Pays
Bas. <
http://database.prota.org/recherche.htm>.
Consulté le 14/05/2008.
18. Bennett-Lartey S. O., Markwei C. M., Ayernor G.
S., Asante I. K., Abbiw D. K., Achirinah V. et Ekpe P., 2002.
Contribution of home garden to in situ conservation of plant genetic
resources in framing systems in Ghana- A report of Home Garden surveys in
Ghana. October 1998- August 2001. Submitter to the Internaional Plant
Genetic Resources Institute, Rome, Italy.
68
19. Berlin B., Breedlove D. et Raven P.H.,
1973. General principles of classification and nomenclature in
folk biology. American anthropologist, 74, 2
14-242
20. Bosch C.H., 2004. Acmella oleracea
(L.) R.K.Jansen In: Grubben, G.J.H. & Denton, O.A. (Editeurs). PROTA 2:
Vegetables/Légumes. [CD-Rom]. PROTA, Wageningen, Pays Bas.
21. Brent W., 1996. Taxonomie ou Comprendre
le Nom des Plantes. Du site web
www.jcbonsai.free.fr
consulté le 15/05/2008.
22. CENATEL., 2002. Rapport final. Base de
données géorefférnecées sur l'utilisation agricole
des terres au BENIN, Cotonou 20p.
23. CGIAR, 1994. Le
programme du GCRAI sur les ressources phytogénétiques. Les hommes
et les plantes : programme pour le développement. 12 p.
24. Chweya J.A. et Eyzaguirre P., 1999. The
biodiversity of traditional leafy vegetables. IPGRI, Rome, 182 p.
25. Chweya J.A., 1985. Identification and
nutritional importance of indigenous green leafy vegetables in Kenya. Acta
Hort., 153, 99-108.
26. Clément J. M., 1981. Larousse
Agricole. 435-436
27. CTA, 2004. Légumes Africains
Indigènes. Présentation des espèces cultivées.
Pays-Bas. Du site web : www.cta.int consulté le 14/05/2008
28. Cunningham A.B., 1993.
African medicinal plants: Setting priorities at the interface between
conservation and primary healthcare. In: People and Plants Working
Paper. UNESCO.
29. Dansi A., Zoundjihékpon J., Mignouna H.D.
et Quin M., 1997. Collecte d'ignames cultivées du complexe
Dioscorea cayenensis - rotundata au Bénin. Plant Genetic Resources
Newsletter, 112, 8 1-85.
30. Dansi A., Mignouna H.D., Zoundjihekpon J.,
Sangare A., Asiedu R. et Quin F.M., 1999. Morphological diversity,
cultivar groups and possible descent in the cultivated yams (Dioscorea
cayenensis-Dioscorea rotundata complex) of Benin Republic. Genetic
Resources and Crop Evolution, 46, 371-388.
69
31. Dansi A., Adjatin A., Adoukonou-Sagbadja H.,
Faladé V., Yedomonhan H., Odou D.et Dossou B., 2008a.
Traditional leafy vegetables and their use in the Benin Republic. Genetic
Resources and Crop Evolution, Springer-Verlag. (Sous Presse)
32. Dansi A., Adjatin A., Adoukonou-Sagbadja H.,
Faladé V., Adomou A. C., Yedomonhan H., Akpagana K. et de Foucault B.,
2008b. Traditional leafy vegetables in Benin: folk nomenclature,
species under threat and domestication (Sous Presse).
33. Dansi A., Adjatin A., Vodouhè R.,
Adéoti K., Adoukonou-Sagbadja H., Faladé V., Yédonou H.,
Akoègninou A. et Akpagana K., 2008c. Biodiversité
des légumes-feuilles traditionnels consommés au
Bénin. 187p. (Sous presse).
34. Davidson S. et Passmore R. 1972. Human
nutrition and dietetics. Sec. Ed., Edinburgh, London.
35. Denton, O.A., 2004. Justicia
ladanoides Lam. [Internet] Fiche de Protabase. Grubben, G.J.H. et Denton,
O.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources
végétales de l'Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <
http://database.prota.org/recherche.htm>.
Consulté le 14/05/2008.
36. Diouf M., Diop M., Lo C., Drame K. A., Sene E.,
Ba C.O.,Gueye M.et Faye B., 1999. Prospection de légumes
feuilles traditionnels de type africain au Sénégal. In
Biodiversity of traditional leafy vegetables in Africa. Editors J.A CHWEYA
and P. EYZAGUIRE, International Plant Genetic Institute (IPGRI) Via delle sette
Chiese 14200145 Rome Italie. Pp111-150.
37. Diouf M., Gueye M., Fayé B., Dieme O., Lo
C., Gningue D., Ba C. O., Ba T. B., Niang Y., Ba M., Tamba A.et Mbaye A. A.,
2004. Moringa oleifera Lam (ou nebedaay en ouoloff) un
légume feuille d'avenir au Sénégal : utilisation et
stratégies de consrvation In Proceeding of regional workshop on
Plant genetic resources for food and security in west and central Africa,
1-9.
38. Diouf M., Lo C., Gueye M. et Mbengue N. B.,
2007a. Sélection participative de nouveaux cultivars de quatre
(4) espèces de légumes-feuilles (Hibiscus sabdariffa L.,
Amaranthus L. spp, Vigna unguiculata (L.) WALP et Moringa
oleifera Lam) au Sénégal. In African journal of food
agriculture nutrition and development. Vol. 7 N°3 17p.
70
39. Diouf M., Bouba N., Mbengue N. Et Kante A.,
2007b. Caractérisation des accessions de 4 espèces de
légumes-feuilles traditionnels (Hibiscus sabdariffa L.,
Vigna unguiculata (L.) WALP, Amaranthus L. spp et Moringa
oleifera LAM) au Sénégal. In African journal of food
agriculture nutrition and development. Vol. 7 N°3 1 6pages.
40. Dumont R. et Vernier P., 2000.
Domestication of yams (Dioscorea cayenensisrotundata) within the
Bariba ethnic group in Benin. Outlook on Agriculture, 29,
137-142.
41. El Rhaffari L.; Zaid A.; Hammani K. et Benlyas
M., 2002. Traitement de la leishmaniose cutanée par la
phytothérapie au Tafilalet. Revue Biologie & Santé,
Vol 1, n°4.
42. F.A.O., 1998.
Traditional food plants. Food and Nutrition Paper, 42. FAO, Rome (Italy).
43. F.A.O., 2000. Un traité mondial
pour la sécurité alimentaire et l'agriculture durable, Rome
(Italy).
44. F.A.O., 2002. Elargir la base des
ressources alimentaires grâce aux plantes indigènes. Rome
(Italy).
45. George K., Bachmann J. et Thomas R., 2002.
Laitues et légumes-feuilles de spécialité : production
biologique. 13 p.
46. Gockowski J., Mbazo'o J., Mbah G. et Moulende T.F.,
2003. African traditional leafy vegetables and urban and peri-urban
poor. Food Policy, 28 (3), 22 1-235.
47. Grubben G. J. H., 1971.
Expérimentation pour le développement de
l'horticulture au sud-Dahomey. Rapport technique., 3ème
phase, projet FAO/CMCF Dah.4, partie horticole, Min. Dev. Rural, Dahomey.
48. Grubben G. J. H., 1975. La culture
de l'Amarante, légumes-feuilles tropical, avec référence
spéciale au Sud-Dahomey. Mededelingen Landbouwhogeschool
Wageningen. 75-6. Landbouwhogeschool, Netherlands. 223p.
49. Hessou D.J., 1995. Appui à
l'intensification et à la production des cultures
maraîchères et fruitières. Etude des stratégies
à développer sur le plan nutritionnel. FAO/TCP/BEN/4553 (A),
MDR, Bénin, 1995.
71
50. INSAE, 2003. Troisième
Recensement général de la population et de l'habitat 2002
(RGPH3). INSAE. Cotonou (Bénin).
51. Jacobi P. Amend J. et Kiango S., 2000.
Urban agriculture in Dar es Salaam: providing an indispensable part of the
diet. In Bakker N. et al., Growing cities, growing food:
urban agriculture on the policy agenda, a reader on urban agriculture.
Feldafing, Allemagne, pp.: 257-283.
52. Jean-Michel. 1981. Dictionnaire
agricole. 435p.
53. Jainchu X., Yongping Y., Yingdong P., George W.A.
et Eyzaguirre P.B., 2001. Genetic diversity in Taro Colocasia
esculenta Schott (Araceae) in China: An ethnobotanical and genetic
approach. Economic Botany, 55,14-31.
54. Jansen Van Rensburg WS, Venter SL, Netshiluvhi
TR, Ven Der Heever E, Vorster HJ et JA de Ronde. 2004. Role of
indigenous leafy vegetales in combatting hunger and malnutrition. South
Afr. 70 (1): 52-59.
55. Kahane R., Temple L., Brat P., De Bon H.,
2005. Les légumes feuilles des pays tropicaux:
diversité, richesse économique et valeur santé dans un
contexte très fragile. Colloque Angers ; Les légumes : un
patrimoine à transmettre et à valoriser. 7-9 septembres.
9p.
56. Khasbaga S., 2008. Indigenous
knowledge for plant species diversity: a case study of wild plants' folk names
used by the Mongolians in Ejina desert area, Inner Mongolia, P. R. China in
Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, 4:2. 6 p.
57. MAMA V. J., 1998. Rapport du
Bénin. La Gestion de l'Information sur les Sols et les Eaux pour la
Sécurité Alimentaire au Bénin. 45p.
58. Margiotta M., 1997.
Développement de la production maraîchèredans les
périmètres urbains et périurbains de Nouakchott,
Mauritanie, Ministère du Développement Rural et de
l'Environnement (Serra-Léone).
59. Matlhare T., Tshamekang E., Taylore F. W., Oagile
O. et Modise D. M., 1999. The biodiversity of
traditional leafy vegetabe in Botswna. In Chewya J. A. and P. B. Eyzaguirre
eds.: Biodiversity of traditional leafy vegetales, pp.: 9-22.
72
60. Maundu P. M., Njiro E. I., Chweya J. A., Imungi
J. K. et Seme E. N. 1999. The biodiversity of Traditional leafy
vegetable in Kenya. In Chewya J. A. and P. B. Eyzaguirre eds.:
Biodiversity of traditional leafy vegetales, pp.: 5 1-84.
61. Mbaye A. et Moustier P., 2000.
Market-oriented urban agricultural production in Dakar. In Bakker N.
et al., Growing cities, growing food: urban agriculture on the policy
agenda, a reader on urban agriculture, Feldafing, Allemangne, pp.: 235-257
62. Mekbib F., 2007.Infra-specific folk
taxonomy in sorghum (Sorghum bicolor (L.) Moench) in Ethiopia: folk
nomenclature, classification, and criteria. Journal of Ethnobiology and
Ethnomedicine, 38p.
63. MEPN, 2008. Convention cadre des
Nations Unies sur le changement climatique. Programme d'Action
National d'adaptation aux changements climatiques du Bénin
(PANA-BENIN) 81p.
64. Merlier H. et Montegut J., 1982.
Adventice Tropicales. Flore aux stades plantule et adulte de 123
espèces africaines ou pantropicales. 398-399.
65. Midmore D. J., Nines V. et
Venkataraman R. 1991. Household gardening project in Asia: past
experienceand future directions. A VDRC Technical Bulletin, 19p.
66. Mignouna H.D. et Dansi A., 2003. Yam
(Dioscorea sp.) domestication by the Nago and Fon ethnic
groups in Benin. Genetic Resources and Crop Evolution, 50
(5), 5 19-528.
67. Mnzava N.A., 1991. Vegetable crop
diversification and the place of traditional species in the tropics. Paper
given at Worksshop on traditional leafy vegetable, Nairobi, August
1991
68. Mnzava N.A., 1997. Comparing nutritional
values of exotic and indigenous vegetables. In: African Indigenous
vegetables. R. Schippers & L. Budd (eds), ODA, UK, 70-75.
69. Modi M., Modi AT et Hendriks P., 2006.
Potential role for wild vegetablesin household food security: A preliminary
case study in Kwazulu-Natal, South Africa. In African journal of food
agriculture nutrition and development. Vol. 6 N°1 13 p.
73
70. Mougeot L. J. A., 2000. Urban
agriculture: definition, presence, potential and risks. In Bakker N.
and al., Growing cities, growing food: urban agriculture on the policy agenda,
a reader on urban agriculture. Feldafing, Allemagne.
71. Moustier P et Pagès J.,
1997. Le périurbain en Afrique : une agriculture en
marge ? Economie rurale, 241 : 48-55.
72. Moustier P. et De Bon H., 2005.
Fonction d'alimentation et multifonctionnalité des agricultures
périurbaine des villes du Sud. Les Cahiers de
fonctionnalité, 8 : 9-16
73. Ngwerume F. C. et Mvere B., 1999. The
biodiversity of traditional leafy vegetable in Zimbabwe. In Chewya, J. A. et
P.B. Eyzaguire eds., Biodiversity of traditional leafy vegetables,
pp.: 155-171
74. Ogoye-Ndegwa C. et Aagaard-Hansen J.
2003. Traditional gathering of wild vegetables among the Luo
of western Kenya a nutritional anthropology project. In J. Ecolo. Food
andbNutri., 69-89
75. Okafor Jonathan et Ham Rebecca,
1999. Identification, utilisation et conservation des plantes
médicinales dans le sud-est du Nigeria. In Thèmes de la
biodiversité africaine le programme d'appui à la
biodiversité. p.8
76. Oke O. L., 1968. Chemical changes in some
Nigerian Vegetables during growth. Exp ltl. Agric., 4: 345-349.
77. Okigbo B. N., 1990. Vegetables in
Tropipical Africa. A paper presented at A VRDC Consultation Meeting,
Arusha, Tanzania.
78. Okigbo B.N., 1977.
Neglected plants of horticultural and nutritional importance in traditional
farming systems of tropical Africa. Acta Hort., 53,
13 1-150
79. Orech F. O. Akenga T., Ochora J., Fris H. and
Aagaard-Hansen J. 2005. Potential toxicity of some
traditional leafy vegetables consumed in Nyang 'oma Division, Western Kenya.
African Journal of Food and Nutritional Science, 5 (1): 13
80. Patrick M., 2005. Les legumes-feuilles
traditionnels du site web :
www.tilz.tearfun.org.
Comsulté le 15/05/2008
74
81. Poubom C. F., A. Messia et Callistus F.,1999.
The biodiversity of traditional leafy vegetable. In Chewya J. A. et P.
B. Eyzaguire, eds., Cameroon, pp.: 23-49
82. PROSEA, 1993. Plant Resources Of South
East Asia. Volume 8: Vegetables. Siemonsma J.S. et Kasem Piluek (eds).
Pudoc Scientific Publishers, Wageningen. 412 p.
83. PROTA, 2004. Ressources
végétales de l'Afrique Tropicale. Volume 2: Légumes.
Grubben G.J.H. et O. A. Denton (eds). Fondation PROTA/ Backhuys publishers/
CTA, Wageningen. 737p.
84. Rubaihayo E.B., 2002. The
Contribution of Indigenous Vegetables to Household Food Security. IK Notes
44, May 2002. Retrieved November 26, 2004 du site Web:
http://www.worldbank.org/afr/ik/index.htm
85. Schimdt D. R., 1971. Comparative jields and
composition of eight tropical leafy vegetables, grown at two soil fertility
levels. Agron. J., 63: 546-550.
86. Schippers R.R., 2002. African
Indigenous Vegetables: an Overview of the Cultivated Species 2002-Revised
version on CD-ROM. Natural Resources International Limited, Aylesford, UK.
87. Seck M., 2008. Légumes-feuilles
traditionnels : Des compléments alimentaires irremplaçables.
In Walfagrif l'Aurore, Sénégal. Du site web :
http://www.walf.sn/
88. Sorensen J. N., Johansen A. S. et Poulsen N.,
1994. Influence of growth conditions on
the value of crisphead lettuce : 1. Marketable and nutrition
quality as affected bye nitrogen
supply, cultivar and plant age. In plant Foods for Human
Nutrition Dordrecht, 46 (1):1-
11.
89. Srivastava S. K. et Krishnan P. S., 1959.
Oxalate content of plant tissus. Role of oxalic acid in higher plants. J.
Sci. Industr. Res., 18c: 146-148.
90. Stevels J.M.C., 1990. Légumes
traditionnels du Cameroun: une étude agrobotanique. Agricultural
University, Wageningen, the Netherlands Papers N° 90.
91. Tim H., 2005. Innovations Locales :
Utilisation de Légumes Traditionnels pour Améliorer la
Qualité des Sols. Notes CA 79, Avril 2005 du site web:
http://www.worldbank.org/afr/ik/index.htm
75
92. Tirilly Y. et Bourgeois C. M., 1999.
Technologies des légumes. 558p.
93. Toreilles J. C., 1989.
Itinéraires techniques de saison sèches et stratégies
des maraîchers de Brazzaville, Congo. CNEARC/EITARC, Montpellier,
France, 102p.
94. Vihotogbé R., 2001.
Diversité biologique et potentialités socioéconomiques des
ressources alimentaires forestières végétales RAFVs
(Produits Forestiers non ligneuxPFNLs) de la forêt de POBE et de ses
zones connexes. Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur
Agronome : Cotonou/ FSA/UAC. 1O2p.
95. Watson J. W. et Eyzaguire P. B.,
2002. Home gardens and in situ conservation of plant genetic
resources in farming systems. Proceeding of the second International Home
Gardens Workshop 17 -19 July 2001 Witzenhausen Federal Repubkic of Germany. 184
p.
96. Westphal E., Embrechts J., Ferweerda J. D., van
Gils-Meeus H. A. E., Mustsaers H. J. W. et Wesphal-Stevels J.M.C.,
1985. Cultures vivrières tropicales avec
références spéciales au Cameroun. PUDOC, Wageningen,
the Netherlands.
97. Wolters M. G. E., 1992. Prediction
of the biovailability of minerals and trace elements in
foods: the influence of dietary fibre, phytic acid and
other food components on in vitro
availability of calcium, magnesium, iron, copper and
zinc. PhD Dissertation, Wagningen
Agricultural University, the Netherlands.
98. Yappi A. S., 1999. Agriculture intra
urbain en Côte d'Ivoire : les cultures et les acteurs. In Moustier
P. and al. Ed., Agriculture périurbaine en Afrique subsaharienne. CIRAD,
Montpellier, France.
76
Annexe 1
Guide d'entretien
N° de la fiche : Nom de l'espèce
concernée : Date : Commune : Localité :
Ethnie : ..Taille du groupe :
Questions :
1. Nomenclature locale -Connaissez vous
cette plante ?
- Si oui, donnez ces noms locaux.
-Donnez la signification de chacun des noms ?
..............................
..........................................................................................
-Connaissez vous l'origine de la plante ?
.........................................................................................................................
-Sous quelle le retrouve t-ont :
Sauvage Cultivé /domestiqué les deux
|
|
2. Ecologie
- Sur quels types de sols le retrouve t-on (sol noir, sol rouge,
bas fond etc....)?
-Quelle est sa période de disponibilité ?
Saison pluvieuse , Saison sèche toute l'année
-Tolérance à l'humidité
Bonne Moyenne faible
-Tolérance à la sécheresse
Bonne Moyenne faible
3. Usages
3.1 Consommation
- Consommez-vous cette plante comme
légume ? Oui Non
--Si oui, quelles sont les parties
consommées ?
- Comment le procurez-vous (Cueillette, achat,
maraîchage) ? - Quand consommez-vous ce légume
?
-Qui peut consommer ce légume ? Pourquoi
?
-Qui ne doit pas le consommez ? Pourquoi ?
-Quand ne doit-on pas le consommez ? Pourquoi
?
3.2 Autres utilisations
- Quelles autres utilisations faites-vous de ce légume
(vertus médicinales)
- Citez les parties utilisées de la plante
4. Diversité intra spécifique
- Connaissez-vous d'autres
variétés de ce légume ? Oui Non -Combien de
variétés connaissez-vous ?
-Donnez les noms vernaculaires de ces variétés et
leur signification ?
- Comment différenciez-vous les espèces les unes
des autres ?
Feuilles Tige Pétioles
Forme forme longueur
Couleur couleur couleur
Longueur taille
Largeur diamètre
Bordures
Autres caractères distinctifs :
- Quels sont les traits communs :
5 Production et conservation des semences
- Comment obtenez-vous les semences ?
-Comment les conservez vous (décrire le mode de
conservation pratiqué) ?
-Quels sont les matériels utilisés pour la
conservation (pagne, papier, sachet, marmite, gourde, à
côté du foyer, etc..)
-Combien de temps dure la conservation de vos semences ?
-A quel moment décidez vous de les faire germer ?
6. Culture
- Faites vous d'abord des pépinières ? Oui Non
- Si oui, quelle quantité de semences utilisez-vous et
quelle est la taille de votre pépinière?
A quel moment faites-vous la pépinière ? .
-La pépinière dure combien de temps ?
- Comment se fait la transplantation (Préciser
l'écart entre les plants) ?
- Apportez-vous de l'engrais aux plantes ? Oui Non
- si oui quels types d'engrais et quelles doses 7
-Combien de temps avant la première récolte
(semaines ou mois) 7
- Combien de fois faites vous la récolte 7
Fiche individuelle
7. Degré de connaissance de la plante (Enquête
individuelle sur 30 paysans si existence de diversité
intraspécifique).
Etat de connaissance des variétés par les
paysans
Noms des variétés
|
Entendu
|
Vu
|
Cultivé
|
Test d'identification des variétés par les
paysans
Variétés existantes Réaction du paysan
Critères utilisés par le paysan
Légende réaction du paysan :
Ne connaît pas : N S'est trompé : T A bien
identifier : I
Annexe 2 : Noms locaux de Acmella
uliginosa
Noms locaux
|
Ethnies
|
Décomposition si possible
|
signification
|
Caractères utilisés
|
Yowaboum'kpé
|
Bariba
|
youwabou= Ditamari; kpé= sauce
|
La sauce des ditamaris
|
Origine
|
Boupèbouô
|
Ditamari
|
Boubouô= piment; Tipê=le blanc
|
Le piment du blanc
|
Goût
|
kalwôou
|
Lamba, Lokpa
|
-
|
Kalwôou=Fagara zanthoxyloides
|
Goût
|
Anansaarakalwahou
|
Lokpa
|
Anansaara=l'homme blanc; kalwahou= Fagara zanthoxyloides
|
Fagara zanthoxyloides du blanc
|
Goût
|
Kouloumawou
|
Foodo
|
-
|
kouloumawou= Fagara
zanthoxyloides
|
Goût
|
Sàànankpawôgô
|
Yaum
|
sàànan= le civilisé; kpawôgô=
racines de Fagara
|
Racine de Faga ra zanthoxyloides du
civilisé
|
Goût
|
Tanwou- wouroussouguia
|
Bariba
|
Tanwou= racine de Fagara;
wouroussouguia= à feuilles
|
Racine de Faga ra zanthoxyloides à feuilles
|
Goût
|
Yèyèka
|
Kotokoli
|
Yèyè= piquant; ka= Petit
|
Le petit piquant
|
Goût
|
Otoumkalowè
|
Ani
|
Okolowè= racine de Fagara; Otoun=doux
|
Le doux de Fagara zanthoxyloides
|
Goût
|
Gatammigatè
|
Peulh
|
Gatam= Rote; Migate= Je rote
|
Rote et moi aussi je rote
|
Goût
|
Lakombouhonoun
|
Gnindé
|
Boubouô= piment; Bèdèkombè=
Ditamari
|
Le piment des Ditamaris
|
Origine
|
Bourdiérikè
|
Berba
|
Bourbou= Fagara; Diérikè=piquant;
|
Le piquant comme Fagara
zanthoxyloides
|
Goût
|
Kpékpérabourbou
|
Berba
|
kpékpéra=Pilapila ; Bourbou= Fagara;
|
Fagara zanthoxyloides des Pilapila
|
Origine
|
Yoritampoobou
|
wama
|
Yori=Yoruba; Tampoobou=Fagara zanthoxyloides
|
Fagara zanthoxyloides des Yoruba
|
Origine
|
Fou Karoua
|
Dendi
|
Karoua= Fagara zanthoxyloides
|
Fagara zanthoxyloides
|
Goût
|
Annexe 3 : Noms locaux de Ceratotheca
sesamoides
Noms locaux
|
Ethnies
|
Décomposition si possible
|
Signification
|
Caractères utilisés
|
Agbô
|
Mahi, Idatcha
|
-
|
-
|
-
|
Koummankoun
|
Ifê, Nagot
|
koum= prépare; man= je vais
|
Prépare et moi aussi je vais préparer
|
Statut
|
Koummonkoun-Ilê
|
Ifê
|
koummonkoun=gluant; Ilê= la terre
|
Le gluant de la terre, le gluant qu'on prépare à
terre
|
Aspect
|
Wôri
|
Bariba
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Wari
|
Bariba
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Warigbégui
|
Bariba
|
Wari= gluant; gbégui= de la brousse
|
Le gluant de la brousse
|
Statut
|
Idjabô
|
Tchabè
|
|
Gluant
|
Aspect
|
Siwadoanwé
|
Ditamari
|
|
le gluant de la brousse
|
Statut
|
Asso wourou
|
Lamba
|
Asso= lapin; wourou= gluant
|
Le gluant que le lapin mange
|
Alimentation animale
|
Taalèhounnoum
|
Lokpa
|
Taalè= brousse; Hounnoum= gluant
|
Le gluant de la brousse
|
Statut
|
Kassankpokpo
|
Foodo
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Nôn:la sauce
préparée; Nôgô: jeune plant; Noir:
pluriel
|
Yaum
|
-
|
Nôn= action d'ajouter quelques choses pour changer la
goût
|
Aspect
|
Warigué
|
Bariba
|
Wari= gluant; Gué=vrai;
|
Le vrai gluant
|
Aspect
|
Gnankassoun'wari
|
Bariba
|
Wari= gluant, Gnankassou=brousse
|
Le gluant de la brousse
|
Statut
|
Nouzoti-adénin
|
Kotokoli
|
Nouzoti= rempant; Adénin=gluant
|
Le gluant rempant
|
Morphologie
|
Goufounin
|
Ani
|
Gou= la feuille; Founin= gluant
|
Feuilles gluantes
|
Aspect
|
Woriihô
|
Peulh
|
-
|
-
|
-
|
Dogbaanan
|
Boko
|
Do=sauce; gbaanan= cuirasse
|
La sauce des cuirasses
|
Habitat
|
Issé
|
Mokolé
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Gandafoï
|
Dendi
|
Ganda= la terre; Foï= sauce;
|
La sauce de la terre
|
Aspect
|
Foïto
|
Dendi
|
To= gluant Foï= sauce;
|
Sauce gluante
|
Aspect
|
Yoodo
|
Dendi
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Féiyoutô
|
Germa
|
Féi= sauce; youtô= gluant
|
Sauce gluante
|
Aspect
|
Koufoihangou (en
|
Gam-
|
Kouhangou=gluant;
|
Le gluant de la
|
Statut
|
kouténi)
|
gam
|
Foi=forêt;
|
forêt
|
|
Kpèn'dihanglan'gou
|
Gam- gam
|
Kpén'di=cuirasse; Kouhangou=gluant;
|
Le gluant des cuirasses
|
Habitat
|
Tohoun
|
Berba
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Taanonman
|
Wama
|
Taa=qui s'étale; nonman= le gluant
|
Le gluant qui s'étale
|
Morphologie
|
Toohounpoua
|
Berba
|
Toohoun=gluant; poua=Blanc
|
Le gluant blanc
|
Couleur
|
Koiritoohoun
|
Berba
|
Toohoun=gluant; Koiri= de la brousse
|
Le gluant de la brousse
|
Statut
|
Hangaladie
|
Natimba
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Nôma
|
Wama
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Tàgoundé
|
Wama
|
-
|
-
|
-
|
Nôpoéa
|
Wama
|
-
|
-
|
-
|
Diparkotikounti
|
Ditamari
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Nôrou
|
Yaum
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Annexe 4 : Noms locaux de Justicia
tenella
Noms locaux
|
Ethnies
|
Décomposition si possible
|
Signification
|
Caractère utilisé
|
Djagou-djagou
|
Idatcha, Ifê,
Tchabè
|
Djê=mange; Agou=igname pilé
|
Qui sert à manger l'igname pilée
|
Goût
|
Gnonwonko
|
Bariba
|
Gnon= 1ère fille; wonko=noire
|
La première fille noire
|
Couleur
|
Kourôkountonnou
|
Bariba, Boh,
Peulh
|
Kourô=la femme; Tonnou= Homme; Koum=n'est pas
|
La femme ne vaut rien
|
Goût
|
Bôwénou
|
Bariba
|
-
|
-
|
-
|
Tipêwadoanti
|
Ditamari
|
Tipê= le blanc; wadoanté=gluant;
|
Le gluant du blanc
|
Origine
|
Tinoukounti
|
Ditamari
|
Tikoun= sauce; nouti= le civilisé
|
La sauce du civilisé
|
Origine
|
Tikounsôôti
|
Ditamari
|
Sôôti= noir; Tikoun= sauce;
|
La sauce noire
|
Couleur
|
Tchakou-tchakou
|
Lamba
|
-
|
-
|
-
|
Trétoussi
|
Lokpa
|
Tré=termite; Toussi= sauce
|
La sauce des termites
|
Habitat
|
Agbadoudou
|
Kotokoli, Foodo
|
Agba= stéril; Doudou=mangé
|
Le stérile qu'on mange (nom en kotokoli)
|
Morphologie
|
Kpisse-baha
|
Yaum
|
-
|
-
|
-
|
Atchéli-k'man
|
Ani
|
Atchélé????????; k'man=saurse
|
Sauce de la l'arbre Atchéli. On le retrouve souvent sous
l'arbre
|
Habitat
|
Kourôkoumtounm
|
Mokolé
|
Kourô=la femme; Tounm=jus; Koum=n'est pas
|
La femme n'est pas du jus (bonne)
|
Goût
|
Dimouni- hountchoro
|
Wama
|
Dimouni=mange et ne donne pas;
Hountchoro= mon mari;
|
mange et ne donne pas à mon mari
|
Goût
|
Parbatoukpékpéya
|
Wama
|
Perba=jeunes; Tou= oreils ;
Kpékpéya=dure
|
les dures oreilles des jeunes.
|
Morphologie
|
Lôwôlôkpè
|
Holi
|
lôwô= dans la main; lôkpè= que ça
tarde
|
C'est dans la main que ça tarde: la préparation est
rapide
|
Rapidité de cuisson
|
Saligaman
|
Sahouè
|
Saliga= ahoussa; man= légume
|
Le légume des Ahoussa
|
Origine
|
Tokpéré
|
Sahouè
|
-
|
-
|
-
|
Annexe 5 : Noms locaux de Sesamum
radiatum
Noms locaux
|
Ethnies
|
Décomposition si possible
|
Signification
|
Caractère utilisé
|
Agbô
|
Fon,
Mahi, Wémè, sahouè, Kotafon, Goun
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Agbôè
|
Ayizô
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Agbon
|
Adja
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Agbôhoun
|
Ayigô
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Agbôtè-té
|
Idatcha
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Koummankoun akô
|
Ifê, Nagot
|
koum=prepare; man= je vais; akô= mâle
|
Prépare et je prépare aussi
|
Statut
|
Dossi
|
Bariba, Mokolé
|
-
|
-
|
-
|
Dohi
|
Bariba
|
-
|
-
|
-
|
Tébonou
|
Bariba
|
Tébo=houe; Non=Limite
|
Limite de la lame de la houe: n'est pas sarclé
|
Habitat
|
Dossé
|
Tchabè
|
-
|
-
|
-
|
Gooloo
|
Tchabè
|
-
|
-
|
-
|
Titamanwadoanti
|
Ditamari
|
Touwadonti=gluant
|
Le gluant du ditamari
|
Origine
|
Sôôka wourou
|
Lamba
|
Sôôka= Sesamum indicum ; Wourou= gluant
|
Le gluant qui ressemble au Sesamum indicum
|
Aspect
|
Touhounnoum
|
Lokpa
|
Tou= éléphant; Hounnoum= sauce
|
La sauce de l'éléphant :
l'éléphant mange
ses feuilles
|
Alimentation animale
|
Koum alo-odoussè
|
Foodo
|
koumalo=gluant; odoussè= qu'on plante
|
Le gluant qu'on cultive
|
Origine
|
Nommanwoun
|
Yaum
|
-
|
-
|
-
|
Dossi guia
|
Bariba
|
Guia= la vrai
|
Le vraie dossi
|
Statut
|
Djom-djom
|
Kotokoli
|
-
|
-
|
-
|
N'zoticoudouté
|
Kotokoli
|
-
|
Le gluant cultivé
|
Origine
|
Goussénéfounin
|
Ani
|
Founin= gluant; séné=potasse
|
Le gluant qu'on prépare avec la potasse
|
Aspect
|
Dossiihô
|
Peulh
|
-
|
-
|
-
|
Boyrudum
|
Peulh
|
-
|
Le gluant qu'on cultive
|
Statut
|
Gbôérudum
|
peulh
|
-
|
-
|
-
|
Dossila
|
Boko
|
Do=sauce; la=feuille; si=noire
|
La sauce de la feuille noire
|
Aspect
|
Anansara-foïto
|
Dendi
|
Anansara=le blanc; Foïto=sauce
|
La sauce du blanc
|
Origine
|
Lakouta
|
Dendi
|
-
|
-
|
-
|
Ningbô
|
Fon, Mahi
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Kounanhangou
|
Gam- gam
Gnidé
|
Kouhangou= gluant; Banandè= Kabiè,
|
Le gluant des Kabiè
|
Origine
|
Koussolamsôgou
|
Gam- gam
Gnidé
|
Sôgou=noir, Kouhangou= gluant
|
Gluant noir
|
Aspect
|
Tankantoohoun
|
Berba
|
Tankanba= Wama; Toohoun=gluant
|
Le gluant des wamas
|
Origine
|
Nonbotaman
|
Wama
|
-
|
Le gluant qu'on cultive
|
Statut
|
Abi-wèrè
|
Nagot
|
Abi=accouche; wèrè=facilement
|
Accouche facilement
|
Usage
|
Hangaladie
|
Natimba
|
-
|
Gluant
|
Aspect
|
Nôma
|
Wama
|
-
|
gluant
|
Aspect
|
Nôbôtaman
|
Wama
|
Bôta= cultivé ; Nôma= gluant
|
le gluant cultivé
|
Statut
|
Tiadonti
|
Ditamari
|
|
Sauce de la brousse
|
Origine
|
Féiyôtô
|
Dendi
|
Féi=sauce; Yôtô=gluant
|
Sauce gluante
|
Aspect
|
|