UNIVERSITÉ SAINT-JOSEPH
Faculté de gestion et de management
Campus des sciences sociales
LA DÉCISION
D'INVESTISSEMENT
EN AVENIR INCERTAIN
DIPLÔME D'ÉTUDES SUPÉRIEURES
SPÉCIALISÉES
OPTION: GESTION DES ACTIFS
FINANCIERS
Mémoire préparé
par:
Fadi Paul YAZIGI
Sous la direction de:
M. Joseph HAKIMIAN
Beyrouth2005
Remerciements
Au bout de cette année de DESS en gestion des actifs
financiers mes remerciements vont bien sûr à tous les enseignants
auxquels je dois le précieux bagage que j'ai acquis durant cette
formation qui fut un véritable enrichissement tant au niveau
académique et professionnel, que personnel. De même, mes meilleurs
sentiments vont à l'université Saint-Joseph qui m'a accueilli
durant une année dans ses locaux et au doyen de la faculté de
gestion M. Georges Aoun.
Je tiens spécialement à remercier M. Joseph
Hakimian, qui m'a directement supervisé durant la
réalisation de ce mémoire. Ses remarques pertinentes et ses
conseils m'ont permis d'avancer sur une voie sûre et d'améliorer
le présent rapport.
Problématique
«Parmi les modèles et méthodes
utilisés pour la prise de décision d'investissement n'existe-t-il
pas un moyen de rompre avec les pertes ou bien de les éviter en cas d'un
engagement d'investissement non pertinent dans un avenir incertain où
les résultats attendues pourront se produire à l'encontre de nos
prévisions? N'existe-t-il pas un moyen de ne pas perdre des
opportunités d'investissement futures? N'est-il pas possible de
considérer le risque ou bien l'incertitude comme étant source de
valeur et non pas source de nuisance pour l'investisseur?»
Ce mémoire répond à ces questions qui
forment une problématique dans le cadre d'une décision
d'investissement en avenir incertain et présente les modèles
optionnels face aux modèles traditionelles.
Sommaire
Avant-propos 06
Introduction 09
SECTION I
LES ÉVÉNEMENTS
PROBABILISABLES
1. Le risque, la rentabilité et la
diversification 15
1.1. Le risque financier 15
1.1.1. Mesurer le risque 15
1.1.2. Les composantes du risque 17
1.2. La rentabilité: La rémunération du
risque 17
1.2.1. Rendement et rentabilité 17
1.2.2. Le couple rentabilité risque 18
1.2.3. Les attitudes face au risque 20
1.3. La diversification 21
1.3.1. La diversification et son utilité 21
1.3.2. Le risque spécifique et le risque
systématique 23
1.3.3. Le mécanisme de la diversification 25
1.3.4. Rentabilité, variance et écart-type d'un
portefeuille 27
1.3.5. Les aspects de la diversification 30
1.3.5.1. Diversification des placements 30
1.3.5.2. Diversification des échéances 30
1.3.5.3. Diversification géographique 30
1.3.5.4. Diversification plus poussée 31
1.3.5.4.1. La diversification sectorielle 31
1.3.5.4.2. La diversification des degrés de capitalisation
31
1.3.6. Les limites de la diversification 31
1.3.7. Conclusion 33
2. Le modèle d'évaluation des actifs
financiers (MEDAF) 34
2.1. Les hypothèses du MEDAF 34
2.2. Construction de la frontière efficiente 34
2.3. Présentation du MEDAF 36
2.4. Le modèle de droite de marché (The Capital
Market Line) 38
2.5. Application du MEDAF au choix des investisseurs 40
2.6. La démonstration intuitive du MEDAF 41
2.7. Les critiques du MEDAF et ses différentes versions
44
3. Le coût du capital et décision
d'investissement 46
3.1. Le coût de la dette (cost of debt) 46
3.2. Le coût des fonds propres (cost of Equity) 48
3.2.1. Le modèle de Gordon Shapiro 48
3.2.2. Utilisation du MEDAF 49
3.3. Le coût moyen pondéré du capital (WACC)
50
3.4. La structure optimale du capital 52
4. Options réelles et décision
d'investissement en avenir incertain 55
4.1. Introduction 55
4.2. Analogie conceptuelle entre les options réelles et
les options
financières 56
4.2.1. Définition d'une option réelle 56
4.2.2. Des options financières aux options réelles
57
4.2.3. Les limites de l'analogie 61
4.3. L'ambition affichée de la technique des options
réelles 63
4.3.1. combler les inconvénients des méthodes de
valorisation financière traditionnelles 63
4.3.2. Nature des erreurs engendrées par l'utilisation des
méthodes traditionnelles 65
4.4. Les différentes catégories d'options
réelles 66
4.4.1. L'option de reporter 66
4.4.2. L'option d'abandonner 68
4.4.3. L'option de renoncer à l'investissement en cours
69
4.4.4. Les options de modifier l'intensité de
l'exploitation 70
4.4.5. Les options d'échange 70
4.4.6. Les options de croissance 71
4.4.7. Les options interactives 73
4.5. Un instrument facile a créer mais difficile à
valoriser 74
4.5.1. Les conditions d'existence 74
4.5.1.1. L'incertitude 74
4.5.1.2. La flexibilité 75
4.5.1.3. L'irréversibilité 76
4.5.2. Les déterminants de la valeur des options
réelles 78
4.5.3. Les principes sous-tendant la valorisation d'une option
réelle 79
4.6. Limites, pratiques et contradictions 81
4.5.1. Les options réelles à l'épreuve de la
pratique 81
4.5.2. Les obstacles liés à la détermination
des valeurs des
paramètres 82
4.5.2.1. La valeur de l'actif sous-jacent 82
4.5.2.2. La volatilité de l'actif sous-jacent 84
4.5.2.3. Le prix d'exercice 84
4.5.2.4. La date d'exercice 84
4.5.3. Les contradictions internes 85
4.5.3.1. Un programme qui ne tient pas toutes ses promesses
85
4.5.3.2. Objectivité et subjectivité implicite
86
4.6. conclusion 86
5. L'arbre de décision et choix
d'investissement 92
5.1. Introduction 00000 92
5.2. Construction d'un arbre de décision sur deux
périodes 00000092
5.3. Construction d'un arbre de décision sur trois
périodes 0000 095
SECTION II
LES ÉVÉNEMENTS NON
PROBABILISABLES
1. La décision dans le risque
00000 100
2. La décision d'investissement en avenir
incertain 00000 101
2.1. Les critères théoriques du choix
d'investissement 00000 101
2.1.1. Le critère de Wald (ou critère du
Maximin) 00000 102
2.1.2. Le critère de Hurwicz (le critère du
Maximax) 00000 102
2.1.3. Le critère de Savage 00000 104
2.1.4. Le critère de Laplace 00000 105
2.1.5. Conclusion: Quelle méthode ou critère
choisir? 00000 105
2.2. Le contexte hostile 00000 106
2.3. La décision séquentielle 00000 108
SECTION III
CAS PRATIQUES
1. Choix entre trois projets d'investissement
00000 110
2. Options réelles: L'option de retarder un
investissement 00000 121
3. Coût du capital, incertitude sur la
durée de vie et désinvestissement 124
4. Prise de décision d'investissement au
Liban: "Le monde
de l'architecture"
00000 132
Conclusion 00000
145
Bibliographie 00000
147
Avant-propos
Ce mémoire illustre les choix d'investissement en
avenir incertain. En effet un investissement est un pari sur l'avenir.
L'objectif n'est pas seulement de décrire les méthodes
utilisables, mais également de montrer que la décision
d'investissement en avenir incertain recouvre de nombreuses dimensions
difficiles à appréhender par le biais des modèles
classiques. Dès lors qu'il existe des aléas sur les cash-flows
futurs, le risque attaché à un projet devient un
élément majeur de la décision d'investissement.
Ce mémoire est divisé en trois grandes
sections, la première section présente les modèles
utilisés pour la prise de décision d'investissement dans un
avenir incertain mais prévisible grâce à l'existence d'une
distribution de probabilités par opposition à la deuxième
section où l'incertitude correspond à un futur totalement
imprévisible (échappement au calcul). La troisième section
est réservée aux cas d'application qui tentent de clarifier
l'approche théorique des modèles de prise de décision
d'investissement.
La première section est
exposée en cinq parties. La première partie recouvre le
risque et la rentabilité et montre la relation étroite entre ces
deux notions de base. De même elle présente le mécanisme de
la diversification comme moyen de diminuer le risque en conservant
l'espérance de rentabilité. La deuxième partie
développe le modèle de MEDAF destiné à
évaluer le risque spécifique attaché à un projet.
La troisième partie de ce mémoire concerne la
détermination du coût du capital dans une entreprise et les
conditions pour que ce coût soit le taux d'actualisation d'un projet.
La quatrième partie introduit la notion d'option réelle
par opposition aux options financières, elle montre que l'objectif
principal de l'analyse par les options réelles est de prendre en
considération la flexibilité dont peuvent disposer les dirigeants
lorsqu'ils prennent des décisions d'investissement en situation
d'incertitude, elle intègre le caractère dynamique de la
décision d'investissement et répond ainsi à l'une des
principales limites de l'analyse traditionnelle des projets d'investissement.
La cinquième partie s'intéresse enfin aux choix
d'investissement séquentielles où la décision finale
dépend d'une ou de plusieurs décisions primaires et
présente l'arbre de décision en tant qu'un moyen d'aide à
la prise des décisions d'investissement.
Dans la deuxième section et vu que le
future est totalement imprévisible suite à l'absence d'une
distribution de probabilité, cinq critères sont utilisés
pour faciliter la prise de décision: Le critère de
Laplace, Le critère de Wald ou du Maximin, Le critère de Savage,
dit encore minimax regret, Le critère de Hurwicz. Cette section est
présentée sous la forme d'une application numérique pour
clarifier les critères utilisés pour la prise de décision
d'investissement en avenir incertain.
Afin de montrer que les méthodes, modèles et
critères utilisés pour la prise de décision
d'investissement ne relèvent pas tout simplement d'une théorie
loin d'être facile à mettre en oeuvre, trois cas d'application
numérique sont exposés dans le cadre de la
troisième section où l'équilibre entre la
théorie et la pratique est claire.
Pour conclure ce mémoire ne prétend pas
présenter une étude exhaustive à propos des modèles
et méthodes utilisés dans la prise de décision
d'investissement mais il présente les modèles et méthodes
les plus connus et les plus utilisés dans le domaine.
Introduction
Les responsables financiers de l'entreprise sont
régulièrement confrontés aux deux grandes décisions
financières à long terme que sont les choix
d'investissement et les choix de financement. La décision
d'investissement est seule créatrice de richesse: Elle permet une
amélioration des résultats et un accroissement de la valeur de
l'entreprise. La décision de financement assure la répartition de
la richesse ainsi créée entre les différents pourvoyeurs
de capitaux que sont les prêteurs et les actionnaires.
Ce mémoire s'intéresse exclusivement à la décision
d'investissement en avenir incertain et aux différentes méthodes
et modèles de prise d'une décision.
Je vais essayer, dans cette introduction, de définir
et clarifier quelques concepts primordiaux, avant d'entamer ce mémoire.
Tout d'abord je vais définir la notion de base qui est
l'investissement:
Au sens étroit l'investissement c'est l'acquisition de
biens de production en vue de l'exploitation d'une entreprise et de
dégager un revenu ou augmentation de la capacité de production.
Au sens large l'investissement c'est l'acquisition d'un capital en vue d'en
percevoir ou d'en consommer le revenu. Dans un sens particulier et familier
l'investissement est synonyme de placement, de mise en réserve d'un bien
de consommation durable en vue de sa revente ou de sa consommation
ultérieure. Au sens de la comptabilité nationale,
l'investissement comprend le renouvellement des équipements et
l'augmentation apportée au patrimoine d'un agent ce qui correspond
à la Formation Brute du Capital Fixe (F.B.C.F). L'investissement dans
tous les cas, s'oppose à la consommation immédiate
c'est-à-dire à la satisfaction des besoins par destruction des
biens et des services.
La définition large précédente permet de
considérer comme investissement:
· L'achat d'un logement (investissement non productif
dans la comptabilité nationale),
· l'éducation (investissement intellectuel qui
permet d'avoir un revenu d'autant plus élevé que la formation est
appréciée et qu'elle exige d'importants sacrifices),
· l'acquisition de moyens de production par une
entreprise,
· les dépenses d'infrastructure de transport par
les administrations publiques (investissement collectif),
· les dépenses de Recherche et
Développement (investissement intellectuel également),
· l'acquisition d'un fonds de commerce, de brevets et de
licences (investissements incorporels).
Les principales classifications de l'investissement sont:
· Investissement productif (équipement
des entreprises) et investissement non productif (logement,
équipements sociaux et collectifs).
· Investissements matériels ou
physiques ou corporels et investissements
immatériels ou incorporels. Ces derniers comprennent
les dépenses de recherche, la publicité et les investissements en
capital humain.
· Investissements dont la dépense est
localisée en une seule époque de même que le produit de
l'investissement (point input - point output), investissement dont la
dépense est continue, mais le produit localisé en un point
(continuous input - point output), et l'investissement ponctuel avec des
produits continus (point input - continuous output).
· Investissements de remplacement,
d'expansion et stratégiques.
· Investissement privé et investissement
public.
· Investissement direct (acquisition de biens
d'équipement) et investissement indirect ou de portefeuille
(prise de participation).
· Investissement autochtone (issu du pays
même où l'investissement s'effectue) et investissement
étranger. Notons que l'investissement étranger dans les
pays en voie de développement (PVD) est appelé aide ou aide
étrangère.
· Investissement de capacité synonyme de
capacité d'expansion (croissance des capacités de production) et
investissement de substitution (ou investissement de
productivité assez proche d'investissement de modernisation).
· Investissement autonome, indépendant du
revenu national ou du chiffre d'affaire et investissement induit,
déterminé par le niveau de la demande.
Du point de vue empirique et micro-économique, la
décision d'investissement s'explique par des motifs et des contraintes
divers: La recherche du profit, la possibilité d'autofinancement, le
prestige, l'accroissement du pouvoir de l'entreprise, les possibilités
d'accès au marché financier, le caractère peu
onéreux du crédit, l'effet d'imitation etc. Mais les
modèles théoriques privilégient le seul motif de
rentabilité, en tenant compte du coût
d'opportunité (ce que rapporterait le placement du montant de
l'investissement dans une autre opération substituable) et de la
préférence pour le présent (actualisation).
Le financement des investissements peut être
direct ou indirect: Le financement direct comprend
l'autofinancement, l'augmentation de capital par émission d'actions
nouvelles et le lancement d'un emprunt obligataire. Le financement indirect se
fait par le recours au crédit bancaire ou au crédit-bail
d'institutions spécialisées. Généralement le
financement indirect d'un investissement de longue durée est de nature
non monétaire, c'est-à-dire qu'il n'entraîne pas de
création de monnaie, sauf éventuellement pour le financement des
investissements publics non couverts par l'impôt et les emprunts
obligataires et qui oblige à recourir à un financement par
endettement auprès de la Banque Centrale.
Le financement des investissements
Financement
Direct
Interne
Autofinancement
Augmentation
Du Capital
Externe
Emprunt obligataire
Indirect
Crédits bancaires
Crédits-bail d'institutions
spécialisées
Au plan macro-économique l'investissement en tant que
formateur du capital fixe détermine profondément les structures
et l'évolution de la conjoncture. La répartition des
activités sur le territoire, la répartition entre
investissements productifs et investissements non productifs,
la répartition entre investissements de capacité et
investissement de substitution etc. conditionnent la nature du
développement, le climat social et la conjoncture économique d'un
pays. À long terme il semblerait que l'effet de l'investissement en
équipement matériel soit moins important que celui de
l'éducation ou du progrès technique. Mais si l'on admet que les
deux facteurs constituent les résultats d'investissements intellectuels,
on retrouve l'idée que l'investissement est capital ce qui explique
pourquoi il joue un rôle important dans la politique
économique des États.
Suite à la définition de la notion
d'investissement je vais, à présent, définir la notion
d'entrepreneur vu l'importance de cette dernière dans
l'introduction de ce mémoire. En effet l'entrepreneur
désigne une personne ou un groupe de personnes qui assume les risques de
créer et de gérer une entreprise en mettant en oeuvre les divers
facteurs de production - ressources naturelles, ressources humaines ou travail,
capital - en vue de produire et de vendre sur un marché des biens et des
services. L'assomption des risques conduit à distinguer dans certains
cas l'entrepreneur du chef d'entreprise, qui peut être un salarié,
et du capitaliste qui n'est qu'un bailleur de fonds.
Les risques de la fonction d'entreprise sont nombreux:
Apparition de nouveaux concurrents, demande plus faible que prévue,
rupture d'approvisionnement, coûts des facteurs plus
élevés, changement de la politique économique et d'autres
variables de l'environnement. Si certains de ces risques peuvent être
couverts par des assurances, d'autres demeurent attachés à la
fonction d'entreprise. Pour la théorie économique classique et
néo-classique, l'assomption du risque est la justification du profit
conçue comme la rémunération de l'entrepreneur,
c'est-à-dire de sa fonction d'entreprise. Pour ces mêmes courants,
l'entrepreneur ou plus généralement la tendance à
entreprendre constitue l'agent principal du dynamisme
économique.
Troisièmement c'est la notion du risque que
je vais définir. Le risque est un phénomène
aléatoire correspondant à une situation où le futur n'est
prévisible qu'avec des probabilités par opposition à
l'incertitude qui correspond à un futur totalement imprévisible
(échappant au calcul) et à la certitude qui permet une
prédiction c'est-à-dire une prévision affectée
d'une probabilité égale à 1. Dans la théorie
classique et néo-classique, l'assomption du risque est
présentée comme la justification du profit de l'entrepreneur et
de l'intérêt du capitaliste. Les risques économiques
des entreprises peuvent faire l'objet d'une assurance: Assurance pour risques
de change, assurance pour risque politique, etc. La décision d'investir
est rationnelle lorsque les profits attendus varient dans le même sens
que les risques. Plus les risques sont élevés plus les profits
doivent être importants.
Quatrièmement c'est la notion d'incertitude
qu'on va définir. L'incertitude c'est la situation
caractéristique d'un futur non prévisible. Elle se distingue du
risque qui concerne une connaissance du futur représentable par une
distribution de probabilités.
L'incertitude rend difficile la décision dans le
présent. La théorie de la décision en avenir incertain a
cependant progressé, grâce à la théorie des jeux,
pour faciliter la prise de la meilleure décision. Issue du
développement des mathématiques appliquées, la
théorie des jeux due à J. Von Neumann et O.
Morgenstern, est un instrument de recherche qui permet l'analyse des
décisions (stratégies) et des comportements des joueurs ou agents
économiques, dont les intérêts peuvent être
divergents, mais des jeux coopératifs peuvent être
envisagés. Dans la version la plus simple, un jeu à deux joueurs
est représenté par une matrice des gains. Celle-ci comporte, en
lignes, les décisions possibles pour un joueur A et, en
colonnes, les décisions possibles pour un joueur B.
L'intersection d'une ligne et d'une colonne donne la somme positive ou
négative du gain de A ou de la perte de
B. La décision, qu'il convient de prendre,
dépendra du critère de choix retenu. S'il est possible
d'énumérer ou de recenser tous les avenirs possibles
c'est-à-dire les différents états de la nature
susceptibles de se produire à la suite de la décision, mais sans
qu'on puisse attribuer une probabilité à ces situations futures,
la théorie des jeux indique alors qu'on peut employer l'un des cinq
critères de choix suivants pour faciliter la prise de
décision:
· Le critère de Laplace: Pour chaque
décision on calcule la moyenne arithmétique des gains
envisagés et on retient la décision qui présente la plus
forte moyenne. Ceci revient à la maximisation de l'espérance
mathématique avec une probabilité égale pour tous les
états de la nature.
· Le critère de Wald ou du Maximin:
Solution de prudence maximum. Pour chaque décision, on retient
l'état de la nature qui donne le gain le plus petit (minimum). Puis
devant ces minima, le joueur choisit la décision pour laquelle le
minimum est le plus élevé. Il maximise le minimum d'où le
nom maximin.
· Le critère du Minimax s'applique au
payeur: Il s'agit dans les états de la nature, de retenir pour
chaque décision, ceux qui entraînent un paiement maximum. Puis de
choisir la décision pour laquelle le maximum à payer est le
minimum le joueur minimise le maximum de ses pertes.
· Le critère de Savage, dit encore minimax
regret: Il consiste à établir un tableau des manques
à gagner attachés à chaque décision par rapport
à la décision la plus favorable pour chaque état de la
nature. La décision à prendre est celle qui minimise le regret
maximum.
· Le critère de Hurwicz: À chaque
décision correspond une moyenne pondérée des
conséquences extrêmes. La décision avantageuse est celle
qui maximise cette moyenne.
Lorsque l'estimation de probabilités est
réalisable, la meilleure décision est celle pour laquelle
l'espérance mathématique du gain est la plus
élevée. C'est la solution ou principe de Bernouilli. Cependant
Daniel Bernouilli indique qu'il n'y a pas de symétrie entre les
évaluations en termes monétaires et les évaluations en
termes d'utilité. C'est le paradoxe de Bernouilli appelé encore
paradoxe se saint-Petersbourg: Un billet qui a une chance sur deux de
gagner 20 mille ducats (ancienne monnaie d'or) et une chance sur deux de ne
rien gagner, a une valeur mathématique de 10 mille ducats, mais il sera
cédé pour 9 mille ducats ou encore moins si son
propriétaire redoute au plus haut point de ne rien gagner. Neuf mille
ducats certains ont une plus grande utilité que 20 mille ducats
aléatoires. Cet exemple illustre le veux proverbe: Un
«tiens» vaut mieux que deux «tu l'aura».
Enfin c'est la notion de la politique
économique pratiquée par le pays, où la
décision d'investissement va être prise, qui doit
intéresser les investisseurs ou bien les responsables financiers qui
désirent prendre une décision concernant tout investissement, que
se soit un investissement lié à l'activité d'une
entreprise ou bien un investissement financier. En effet la politique
économique c'est l'action consciente de la puissance publique se
traduisant par la définition d'objectifs économiques et
sociaux et la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour les
atteindre.
Les différents objectifs et les différents
moyens utilisés permettent de définir un grand nombre de
politiques économiques. On distingue trois grandes classifications:
· Selon l'objectif: Politiques conjoncturelles
et politiques de développement,
· Selon les moyens: Politiques
budgétaires, politiques monétaires,
· Selon l'idéologie: Politiques
libérales, politiques interventionnistes.
Il existe plusieurs types de politiques
économiques:
· Politique de régulation: Au sens
restreint, la politique de régulation concerne le maintien des
équilibres: Réduction de l'inflation, maintien de
l'équilibre de la balance des paiements, stabilité de la monnaie,
recherche du plein emploi, etc. Au sens large, la politique de
régulation désigne l'ensemble des actions visant à
conserver le système économique en place (limitation des tensions
sociales, politique anti-crise, etc.).
· Politique de déflation (ou refroidissement
ou stabilisation): La politique de stabilisation est une politique
économique visant à limiter la hausse des prix par des moyens
classiques tels les prélèvements fiscaux, une limitation de la
progression des salaires, un contrôle de la masse monétaire, etc.
Ce qui aboutit souvent à une réduction de l'activité
économique.
· Politique de relance: La relance vise à
stimuler la production et à réduire le chômage; elle
utilise le déficit budgétaire, stimule l'investissement, les
salaires et la consommation, facilite le crédit. On distingue la
relance par la consommation et la relance par
l'investissement.
· Politique de restructuration de l'appareil
industriel: La politique industrielle désigne une politique
économique visant à soutenir l'activité industrielle. La
politique de restructuration cherche à adapter l'appareil industriel. La
politique des créneaux cherche à concentrer les moyens
disponibles sur les secteurs ou sous-secteurs pour lesquels le pays est plus
compétitif. Une filière est une chaîne d'activités
complémentaires liées par des opérations d'achat et de
vente. La politique de filière consiste à choisir une ou des
filières prioritaires et à favoriser la maîtrise par les
firmes nationales de toutes les étapes de ces filières.
· Politique du «stop and go»»:
Politique classique en Grande-Bretagne dans les années 1950-1970, elle
est caractérisée par une suite de politiques de relance puis de
déflation qui s'enchaînent selon un mécanisme classique
reflétant la structure de l'appareil de production.
· SECTION I
LES éVÉNEMENTS PROBABILISABLES
1. Le risque, la rentabilité et la
diversification
La rentabilité et le risque sont les
deux notions essentielles qui permettent de caractériser un actif, la
connaissance de l'un étant indispensable pour porter un jugement sur
l'autre. Ainsi que le montre la théorie financière, les gains en
termes de rentabilité ne sont souvent que la contrepartie d'un
accroissement du risque. Si la définition de la rentabilité ne
pose pas problème, il est montré que l'appréciation du
risque peut se faire à partir de plusieurs indicateurs mesurant le
risque total et le risque systématique d'un titre,
chacun ayant une interprétation bien définie. Par suite, la
construction d'un portefeuille en fait intervenir une troisième notion
qui est la diversification du portefeuille permettant de réduire son
risque. Afin de ne pas compliquer le calcul, les exemples numériques de
cette partie ne feront intervenir que deux actifs dans la composition des
portefeuilles. Bien évidemment, le raisonnement peut facilement
être étendu à des portefeuilles de plus de deux titres
comme c'est généralement le cas dans la réalité.
1.1. Le risque financier
1.1.1. Mesurer le risque
La valeur d'un actif financier est fonction de ses revenus
futurs: Pour un immeuble, il s'agira des loyers et du prix de revente,
pour une action, des dividendes et du prix de cession. De même
la valeur d'un projet d'investissement est fonction de ses flux futurs. Si le
principe est simple à comprendre, il est plus difficile d'établir
les flux prévisionnels de revenus. Si ces derniers étaient connus
à l'avance de manière précise et immuable, la
décision d'achat se prendrait en avenir certain. Mais si cela n'est pas
le cas, la décision se fera dans un contexte risqué et incertain.
Il s'agit alors d'anticiper les différents événements
pouvant survenir et leur attacher une probabilité de
réalisation.
Prenons un exemple: Soient deux projets d'investissement
A et B qui rapportent respectivement les flux
suivants selon la réalisation de l'événement 1
(E1) ou l'événement 2
(E2):
Comment choisir entre ces deux projets dont les flux de
revenu sont différents selon que l'événement se
réalise ou non? Supposons que l'événement
1 ait une chance sur deux d'arriver
(probabilité=0,5=50%), il en est de même pour
l'événement 2. Nous pouvons donc calculer
l'espérance mathématique des flux futurs de chacun des projets
(moyenne pondérée par les probabilités de
réalisation):
E(A)=(0,5×75)+(0,5×125)=100
E(B)=(0,5×50)+(0,5×150)=100
Les deux projets A et B ont
une espérance mathématique de flux futur identique; en achetant
A ou B, il est en moyenne possible de gagner
la même chose. Mais ceci est totalement illusoire, car aucun des deux
projets ne rapportera en réalité 100. Nous nous apercevons que si
le projet B peut rapporter plus que le projet
A, il peut aussi rapporter moins. Un individu qui aime le
risque préférera B à A
(dans le cas où B rapporte plus que
A). Nous comprenons intuitivement que le risque se mesure
par l'amplitude des résultats futurs attendus en d'autres termes
la rentabilité est fonction croissante du risque.
Techniquement, le risque se chiffre par une mesure statistique,
l'écart type, noté ó. Ce dernier mesure les
écarts des rentabilités par rapport leur moyenne. Moins il est
élevé, plus les valeurs sont resserrées autour de la
moyenne et plus grandes seront les chances de voir se réaliser une
valeur proche de cette moyenne (et inversement). Ainsi, sur le graphique
ci-après le projet X est moins risqué que le
projet Y.
Une comparaison de deux projets
par rapport au risque
Probabilités
Flux
Y
X
Moyenne
Dans notre exemple précédent,
ó(A)=25 et
ó(B)=50. Le projet B est plus
risqué que le projet A, et ce bien qu'en moyenne il
dégage les mêmes flux.
1.1.2. Les composantes du risque
Le risque recouvre donc une situation où les flux de
revenus d'un actif, physique ou financier, peuvent être affectés
par la réalisation d'événements, dont la
probabilité de survenance sera calculée.
En finance, trois catégories de risque sont
distinguées.
· La première est constituée par le
risque de prix: Quelle est la possibilité pour une valeur
mobilière de ne pas procurer les revenus envisagés? Il s'agit non
seulement de la réalisation du revenu nominal, mais aussi du
pouvoir d'achat de ce revenu. Ainsi, envisager des niveaux
différents de chiffre d'affaires, de charges et de
bénéfices constitue une illustration du risque de prix d'une
action, au même titre qu'envisager de fortes variations de taux
d'intérêt pour une obligation. Les différentes inconnues
concernant le prix de revente d'un actif sont constitutives de son risque de
prix.
· La deuxième composante du risque est un
risque de signature: Il recouvre l'incapacité de
l'émetteur de l'actif financier de payer la rémunération
ou d'assurer le remboursement (cas des dettes). La faillite d'une entreprise
est la réalisation de ce risque de signature.
· Enfin, le troisième niveau de risque est
lié à la liquidité de l'actif:
Plus le marché d'un actif est liquide et plus il sera aisé de le
vendre, et inversement. Acquérir des actifs financiers dont le
marché est faiblement liquide est un facteur d'accroissement du risque,
car pour pouvoir le vendre il faudra peut-être accepter une forte baisse
de son prix ou attendre longtemps.
1.2. La rentabilité: La
rémunération du risque
1.2.1. Rendement et rentabilité
Détenir un actif financier, c'est renoncer à
une consommation immédiate. Cette renonciation et le report, plus tard
dans le temps, d'une consommation sont compensés par la perception d'une
rémunération, prix du temps. Cette dernière est
composée des revenues distribués à chaque période
et de la plus ou moins-value réalisée à la revente.
Rapporter le revenu périodique d'un actif à son prix
(dividende/cours de l'action ou intérêt /cours
de l'obligation) revient à mesurer le rendement
(yield en anglais) de l'actif. Par contre, calculer
le taux qui égalise le prix d'achat d'un actif à la somme de ses
revenus périodiques et à la plus ou moins-value
dégagée revient à calculer sa rentabilité
(return en anglais). Sur une période, la
rentabilité est égale à:
[(Prix de vente-Prix d'achat)+Revenu de la
période]/Prix d'achat
x
Sur plusieurs périodes (x par
exemple), le taux de rentabilité est le taux t qui
égalise l'équation suivante:
n=1
Prix d'achat=?(revenus
périodiques)n/(1+t)n+Prix de
vente/(1+t)x
I
Nous allons nous placer dans un avenir incertain,
cela signifie que les revenus périodiques
Fn dégagés ainsi que le prix de
vente PV sont incertains. Dans ce contexte
l'investisseur parle d'une rentabilité espérée
définie en tant que la moyenne des rentabilités possibles
pondérées par leurs probabilités d'occurrence. En d'autres
termes c'est l'espérance mathématique des rentabilités
possibles qui se représente comme suit:
i=1
E(r)=?ri×pi
avec
E(r) c'est la rentabilité
espérée des rentabilités possibles,
ri c'est la rentabilité du
titre pour l'état de la nature i,
pi c'est la probabilité de de
l'état de la nature i,
i représente l'état de la nature
allant de 1 à I.
1.2.2. Le couple rentabilité-risque
Dans le cadre de la théorie financière
traditionnelle, l'investisseur est rationnel. Cela signifie qu'il est
capable de:
· hiérarchiser des possibilités
d'actions et leurs résultats,
· choisir entre les différentes
possibilités d'action,
· maximiser son utilité.
Il est donc admis que l'investisseur rationnel va chercher
à maximiser sa rémunération, mais il ne le fera pas
à n'importe quel niveau de risque. Les exigences de
rémunération des investisseurs seront d'autant plus fortes que
les possibilités d'encaisser des revenus annuels et de
récupérer le capital investi sont plus faibles.
Ainsi, toute augmentation du risque (accroissement de
l'amplitude des rémunérations envisageables) devra se traduire
par une augmentation de la rentabilité attendue. Par suite, il y aura
amélioration de la performance financière dès
qu'à rentabilité identique le niveau de risque diminue ou
qu'à même niveau de risque la rentabilité augmente. Par
contre, la performance financière diminue si l'augmentation du
niveau de risque est plus forte que celle de la rentabilité et si la
rentabilité diminue à risque identique.
La relation entre rentabilité et
risque
Rf
Risque (écart-type)
Espérance de
Rentabilité
Cela permet de décider entre deux projets
d'investissement qui ne rapportent pas en moyenne les mêmes flux et qui
ne sont pas de risque identique. Il est alors possible de calculer, pour chaque
projet, un coefficient de variation (CV).
CV=écart type/espérance
mathématique
Le projet ayant le coefficient de variation le plus
faible est le moins risqué, comme le montre l'exemple suivant, les
évènements 1 et 2 ayant chacun
une chance sur deux de se réaliser (probabilité de
réalisation du projet C est égale à la
probabilité de réalisation du projet D):
|
C
|
D
|
Événement 1
|
100
|
50
|
Événement 2
|
300
|
450
|
Espérance de flux
|
200=(100×0,5+300×0,5)
|
250=(50×0,5+450×0,5)
|
Écart type
|
100
|
200
|
CV
|
0,5
|
0,8
|
Le projet D, bien qu'offrant une
espérance de rémunération plus forte
E(D)>E(C), est nettement plus risqué que
C et sa performance est de ce fait inférieure. Il
existe un actif qui a une espérance de rentabilité
Rf pour un risque nul. Cela représente la
rémunération attendue d'un actif sans risque
(risk free rate en anglais), c'est celle d'un actif
n'ayant ni risque de prix, ni risque de signature, ni risque de
liquidité. Il est généralement admis que les bons du
trésor ou les obligations d'État peuvent constituer cet actif
sans risque. Il est donc clair que tout autre émetteur que l'État
devra systématiquement offrir une rémunération
supérieure à l'actif sans risque. Cela explique l'importance
qu'ont, aux yeux des opérateurs financiers, les taux
d'intérêt versés par l'État.
1.2.3. Les attitudes face au risque
Le concept de risque est donc un facteur clé
de la décision financière. Celle-ci sera fonction du degré
d'acceptation ou d'aversion au risque propre à chaque individu. Pour les
financiers, l'attitude face au risque d'un agent est liée à son
attitude vis-à-vis de sa richesse et de son patrimoine. Dans quelle
mesure, l'augmentation de la richesse procure-t-elle plus ou moins
d'utilité?
La relation entre richesse et
utilité
Richesse
Aversion au risque
Engouement
Pour le risque
Utilité
Neutralité
par rapport
au risque
Quand l'utilité marginale est
décroissante vis-à-vis de la richesse, cela révèle
une aversion au risque puisque cela veut dire que perdre 1 Euro crée
plus de désagrément que d'en gagner un. Il est communément
admis que les investisseurs font preuve d'aversion au risque:
Cela les conduit à demander une augmentation de la
rémunération chaque fois qu'ils perçoivent une
augmentation du risque. Mais leur aversion au risque peut être
différente. Ainsi, sur le graphique ci-après, l'investisseur
A est celui qui est le plus opposé au risque (forte
aversion) puisque par rapport à B et C
il existe une augmentation bien plus forte de la rémunération
pour le même accroissement du risque.
Plusieurs degrés d'aversion par rapport au
risque
A
B
C
Risque
(écart-type)
Espérance de rentabilité
L'investisseur C est par contre celui qui a
le moins de répugnance vis-à-vis du risque.
Cette conception de la performance financière
est, en termes de rentabilité et de risque, une composante importante de
l'évaluation des actifs financiers et de la constitution des
portefeuilles boursiers.
1.3. La diversification
1.3.1. La diversification et son
utilité
Selon l'adage populaire, il convient de «ne pas
mettre tous ses oeufs dans le même panier», la diversification
procède de cette logique. C'est en effet un moyen bien connu de diminuer
le risque tout en conservant l'espérance de rentabilité.
Cependant tout le risque ne peut être éliminé par la
diversification.
La diversification est la répartition des placements
entre de nombreux titres, secteurs, pays, etc. Une stratégie de
diversification suppose la détention d'une gamme de placements
répartie entre les trois grandes catégories d'actif (actifs
matériels, actifs immatériels et actifs financiers) pour la
constitution d'un portefeuille de placement très sûr, des
placements à revenu fixe et des titres de croissance. De cette
façon, si le rendement d'une catégorie de titres devait laisser
à désirer, les placements dans les autres catégories
pourraient compenser en partie. La diversification représente donc un
excellent moyen de réduire les risques et de protéger
l'investisseur contre la volatilité dans une catégorie d'actif ou
un secteur en particulier.
Dans la théorie moderne du portefeuille, la
diversification du risque est considérée comme le facteur
déterminant de sa réduction: La distribution des placements entre
une multitude de titres permet de disperser le risque, de manière
à ce que le risque global d'un portefeuille soit nettement
inférieur au risque des différents titres. En effet, il
apparaît moins risqué de répartir son investissement sur
plusieurs valeurs que d'investir la totalité de ses avoirs sur un
même titre. Certes, il est très tentant d'effectuer un placement
unique pour bénéficier pleinement d'un placement réussi,
mais si le placement se révèle infructueux, c'est
l'intégralité du capital qui est menacée.
Les fluctuations du prix des actions d'une
société peuvent provenir soit de l'évolution du
marché dans son ensemble, soit d'une information spécifique
à l'entreprise et indépendante du marché. Cette
dernière source de risque, appelée «risque
spécifique», peut être substantielle, mais elle a l'avantage
de pouvoir être éliminée dans un portefeuille bien
construit (par une bonne diversification). La diversification repose sur le
fait qu'un choc sur une société qui n'affecte pas les autres
titres est dilué dans la masse du portefeuille.
Un portefeuille dont la richesse est répartie
également sur une vingtaine de titres fluctue en moyenne beaucoup moins
que chaque titre pris séparément. La diversification du
portefeuille est certes une bonne manière de diminuer un risque: Celui
de miser tout sur une seule valeur et de se tromper. Pour autant, faut-il un
très grand nombre de valeurs? D'un point de vue
théorique: Il est démontré qu'une très bonne
diversification de portefeuille est assurée à partir d'une
vingtaine de valeurs, et qu'en fin de compte, il n'apporte quasiment rien d'en
rajouter tellement au-delà. D'un point de vue pratique:
Il faut ramener ce nombre théorique idéal à la dimension
du portefeuille. Les frais de transaction (courtages, impôt de bourse,
TVA, etc.) et les droits de garde imposeront l'investisseur de ce fait un
montant minime par ligne en deçà duquel les coûts seront
très importants. Cependant, la diminution du nombre de
lignes augmente rapidement le risque de non diversification ce qui se traduira
par une volatilité accrue du portefeuille.
Les spécialistes financiers ont démontré
mathématiquement l'intérêt de la diversification.
Ils ont établi de manière irréfutable que la
multiplication des supports permet de diminuer le risque sans perte de
rendement sur le long terme. L'apport de Harry Markowitz dans
le domaine est considérable.
Considérons les deux actifs X et
Y (dans le cas d'un portefeuille P
formé de deux actif seulement) avec leur espérance de
rentabilité et leur écart type présentés dans le
tableau suivant:
Actifs
|
Espérance de rentabilité
|
Écart type
|
X
|
E(RX)
|
óX
|
Y
|
E(RY)
|
óY
|
Considérons que á est le poids
de l'actif X dans le portefeuille P et
(1-á) le poids de l'actif Y dans le
portefeuille. Nous aurons par suite les formules suivantes:
·
RP=áRX+(1-á)RY
·
E(RP)=E[áRX+(1-á)RY]=áE(RX)+(1-á)E(RY)
·
V(RP)=á2V(RX)+(1-á)2V(RY)+2á(1-á)Cov(RX,RY)
·
óP=V(RP)
·
XY=Cov(RX,RY)/V(RX)×V(RY)1Cov(RX,RY)V(RX)×V(RY)
óP[áóX+(1-á)óY]
1.3.2. Le risque spécifique et le risque
systématique
Il faut différencier le risque total d'un actif de son
risque systématique même s'il existe une relation entre ces deux
notions.
· Le risque total d'une action est mesuré par la
variance ou l'écart type de ses rentabilités.
On parle alors de volatilité du titre pour faire référence
à l'ampleur des variations des rentabilités autour de sa moyenne.
Plus cet indicateur est élevé, plus le titre est
considéré comme risqué.
· Le risque systématique est strictement
lié au risque du marché financier. Celui-ci enregistre les
conséquences des grands événements
macro-économiques et politiques: croissance,
inflation, tensions politiques. Le risque non diversifiable
est égal au rapport de la covariance des rentabilités du titre
avec celles du marché et de la variance des rentabilités du
marché, soit:
âi=Cov(ri,rm)/Var(rm)
Cette notion exprime le risque inhérent à
chaque titre, qui est donc expliqué par les mouvements du marché
et qui ne peut être réduit par la diversification. Ainsi, lorsque
le marché est orienté à la hausse, la plupart des titres
sont aussi orientés à la hausse mais plus ou moins selon leur
sensibilité, mesurée par le bêta, aux mouvements du
marché. Dans un marché en hausse de 10 % par exemple, un titre
avec un bêta de 1 a tendance à suivre la hausse du marché
dans la même proportion, c'est-à-dire 10%. Un titre avec un
bêta de 0,5 a, en revanche, tendance à avoir des fluctuations plus
faibles de moitié et son espérance de rentabilité
supplémentaire dans notre exemple n'est que de 5%. Suivant la même
logique, un titre avec un bêta de 1,5 amplifie les fluctuations du
marché et sa rentabilité espérée augmente alors de
15%. Le risque systématique est donc la première composante du
risque total d'un titre mesuré par la variance de ses
rentabilités.
· La seconde composante du risque total d'un titre est le
risque spécifique qui découle des
caractéristiques propres du titre; dans le cas d'une action émise
par une entreprise, il sera directement soumis aux caractéristiques
propres de cette dernière. Le risque spécifique ou diversifiable
«capte» l'influence d'événements propres au titre. Ce
dernier n'est pas rémunéré par le marché du fait
qu'il peut être éliminé dans un portefeuille
diversifié.
Le risque total d'une valeur i,
mesuré par sa variance V(Ri), à
travers le modèle de marché
(Ri=æi+âiRM+ui)
se réduit donc à deux composantes (la variable
æi n'ayant pas de variance puisqu'il s'agit
d'une constante):
V(Ri)=â2i×V(RM)+V(ui)
Risque total de i=Risque systématique+Risque
spécifique
Qu'est-ce que le modèle de
marché? Ce modèle relativement simple a été
proposé par Sharpe en 1963. Il consiste à affirmer que
la rentabilité d'un titre est fonction linéaire de la
rentabilité du marché. En termes mathématiques, la
relation est la suivante:
Ri=æi+âiRM+ui,
avec
Ri la rentabilité de
l'actif risqué i,
æi représente ce que
rapporterait l'actif risqué i si le rendement du
marché était nul. æi
est une constante caractéristique de l'actif risqué
i,
âi est un coefficient de
volatilité mesurant si l'actif risqué i amplifie
(âi>0) ou amortit (âi<0) les variations
du rendement du portefeuille de marché RM, en d'autres termes
c'est le risque systématique ou non diversifiable,
RM C'est la rentabilité du
marché,
ui est une variable
aléatoire représentant le terme d'erreur de la droite de
régression, c'est-à-dire la mesure des écarts entre la
valeur donnée par le modèle et celle constatée dans la
réalité, en d'autres termes c'est la rentabilité
résiduelle.
Si ce modèle a l'avantage d'être simple
d'utilisation, il souffre en revanche du fait d'être purement empirique
et de n'avoir aucune justification théorique, ce qui n'est pas le cas du
Modèle d'évaluation des actifs financiers (MEDAF)
présenté dans la deuxième partie de ce mémoire.
La théorie financière du portefeuille montre
que la logique de constitution d'un portefeuille doit être
l'élimination des risques spécifiques. Ainsi, le portefeuille de
marché, composé de l'ensemble des actifs existants, n'a pas de
risque spécifique: Il est parfaitement et totalement
diversifié. Dans la réalité, le choix de plusieurs
valeurs pour constituer un portefeuille, appelé
«diversification», doit conduire à réduire le risque
spécifique et par suite à réduire le risque total.
Risque spécifique et risque
systématique
Risque systématique
Non diversifiable
Nombre de valeurs
dans le portefeuille
Risque total
du portefeuille
Risque spécifique
Diversifiable
Risque du portefeuille P
óR(P)
óR(M)
Il est clair que la diversification ne joue que si les
valeurs choisies ont des risques spécifiques opposés.
Actuellement, la plupart des experts sont d'accord pour dire qu'un portefeuille
composé d'une vingtaine de valeurs, correctement diversifiées,
permet d'éliminer le risque spécifique, qui sera dit
«risque diversifiable», et de
rémunérer que le risque systématique, dit
«non diversifiable». Attention, investir tout son
portefeuille dans le même secteur économique peut accroître
le nombre de valeurs mais ne permet pas de diminuer le risque
spécifique. Ainsi, la théorie de portefeuille propose:
· Un guide de comportement de constitution des
portefeuilles boursiers;
· Une règle simple d'évaluation des
portefeuilles: Seul le risque de marché ou bien le risque
systématique doit être rémunéré tandis que le
risque spécifique doit être éliminé par une
diversification judicieuse;
· Une explication des comportement des SICAV
(Sociétés d'investissement à capital variable) et autres
FCP (Fonds communs de placement), qui, grâce à leur savoir-faire
et à une diversification rationnelle, sont à même de
réduire les risques spécifiques et offrir des
rémunérations proches de celle du portefeuille de
marché.
1.3.3. Le mécanisme de la
diversification
La diversification consiste à réduire le risque
par la constitution d'un portefeuille dont le risque est inférieur
à la somme des risques de chacun des composantes de ce portefeuille:
Soient deux projets d'investissement; le premier consiste à acheter une
action A et le deuxième consiste à acheter une
action B de prix identique. On dispose d'une estimation de la
VAN pour les deux projets dans les quatre états du monde futurs, ainsi
que celle de leurs probabilités:
États du monde
|
Probabilité
|
Action A
VAN estimée (K€)
|
Action B
VAN estimée (K€)
|
Très bon
|
10 %
|
150
|
-50
|
Acceptable
|
20 %
|
100
|
-00
|
Maussade
|
30 %
|
050
|
-50
|
Mauvais
|
40 %
|
000
|
100
|
L'espérance de gain est de 50 K€ pour les deux
actions:
mA=(0,1×150)+(0,2×100)+(0,3×50)+(0,4×0)=50K€
mB=(0,1×-50)+(0,2×0)+(0,3×50)+(0,4×100)=50K€
L'écart type est également le même pour les
deux actions, soit 50 K€.
óA=[0,1(150-50)2+0,2(100-50)2+0,3(50-50)2+0,4(0-50)2]1/2=50K€
óB=[0,1(-50-50)2+0,2(0-50)2+0,3(50-50)2+0,4(100-50)2]1/2=50K€
Pour l'investisseur, l'action A est
équivalente à l'action B. Bien que le risque et
la rentabilité estimés soient identiques, la diversification,
dans cet exemple très particulier, peut réduire la dispersion
à zéro, sans changer l'espérance de gain (50 K€): En
effet, à partir des actions A et B, il
est possible de constituer un portefeuille C tel que
C=0,5×A+0,5×B. La VAN de C est
calculée à partir des VAN de A et
B, en utilisant la propriété d'additivité
des VAN (VAN(A+B)=VAN(A)+VAN(B)).
États du monde
|
Probabilité
|
Portefeuille C
VAN estimée (K€)
|
Très bon
|
10 %
|
0,5×150+0,5×-50=50
|
Acceptable
|
20 %
|
0,5×100+0,5×-00=50
|
Maussade
|
30 %
|
0,5×050+0,5×-50=50
|
Mauvais
|
40 %
|
0,5×000+0,5×100=50
|
mC=(0,1×50)+(0,2×50)+(0,3×50)+(0,4×50)=50K€
óC=[0,1(50-50)2+0,2(50-50)2+0,3(50-50)2+0,4(50-50)2]1/2=0K€
L'écart type du portefeuille C est
égal à zéro. Il n'y a plus d'aléas sur la VAN,
égale à 50 K€ quels que soient les états du monde
futurs. De manière générale, la diversification permet
seulement de réduire le risque. La mesure de la réduction
fait appel aux concepts de covariance et de coefficient de
corrélation.
· La covariance est un indicateur de la
variance simultanée de deux variables autour de leur moyenne. Elle se
définit de la manière suivante lorsque les deux variables se
réfèrent aux mêmes états du monde:
T
t=1
Cov(A,B)=?pt[rAt-E(rA)]×[rBt-E(rB)]
avec
pt probabilité
d'occurrence des rentabilités,
rAt la rentabilité du titre
A en t,
rBt la rentabilité du titre
B en t,
E(rA) la moyenne arithmétique
des rentabilités du titre A,
E(rB) la moyenne arithmétique
des rentabilités du titre B.
Dans le cas où une variable augmente
systématiquement (dans chaque état) quand l'autre diminue, la
covariance est négative. Par ailleurs, plus la covariance est
élevée en valeur absolue, plus l'intensité du lien est
forte. Le regroupement de deux projets dont la covariance est
négative et forte en valeur absolue permet une réduction maximale
du risque.
· Le coefficient de corrélation
mesure la dépendance relative entre les deux variables:
ñ(A,B)=Cov(A,B)/óAóB
Il est donc sans dimension et toujours compris entre
-1 et +1. Une corrélation positive
parfaite (ñ=1) n'apporte qu'une réduction
limitée du risque par diversification. En revanche, plus le coefficient
de corrélation se rapproche de -1, plus la diminution
du risque est importante car les deux projets varient en sens opposé.
Lorsque les deux variables sont indépendantes, le coefficient de
corrélation est nul (ñ=0). En reprenant les
données de l'exemple précédent, la réduction du
risque obtenue grâce au projet C est totale car le
coefficient de corrélation est égal à
-1:
ñ(A,B)=-2500/(50×50)=-1
1.3.4. Rentabilité, variance et
écart-type d'un portefeuille
La rentabilité d'un portefeuille est simplement la
moyenne pondérée des rentabilités de chacun des titres qui
le composent. Au cas où deux actions composent le portefeuille, la
rentabilité de ce dernier devient:
rP=arA+(1-a)rB
avec
a la pondération de l'action
A,
rA la rentabilité de
l'action A,
rB la rentabilité de
l'action B,
rP la rentabilité du
portefeuille P.
Dans le cas où plusieurs actions composent le
portefeuille, cette formule se généralise facilement et la
rentabilité du portefeuille devient:
I
i=1
rP=?ai×ri
avec
i le nombre de titres en portefeuille,
ai la pondération du titre
i,
ri la rentabilité du titre
i.
La somme des pondérations doit être égale
à 1 et les pondérations dans le cas le plus général
peuvent être positives ou négatives. Une pondération
négative signifie que le titre est vendu à découvert,
c'est-à-dire que le gérant vend le titre sans le posséder,
ce qui lui permet de spéculer à la baisse. Bien sûr, il
devra plus tard acheter le titre pour dénouer sa position.
L'intérêt de cette opération est aussi de procurer des
liquidités afin de pouvoir investir plus de 100% du portefeuille dans
d'autres titres.
La variance du portefeuille dépend à la fois de
la variance de chacun des titres qui le composent mais aussi de leurs
covariances. La démonstration est relativement simple lorsque l'on
suppose un portefeuille P composé de deux actions A et B. Dans ce cas la
variance s'écrit:
Var(rP)=E(rP-E(rP))2
En remplaçant la rentabilité du portefeuille et
son espérance par leur expression, la variance devient:
Var(rP)=E[(arA+(1-a)rB)-E(arA+(1-a)rB)]2
En réarrangeant les termes :
Var(rP)=E[a(rA-E(rA))+(1-a)(rB-E(rB))]2
Soit encore, après développement:
Var(rP)=a2E(rA-E(rA))2+(1-a)2E(rB-E(rB))2+2a(1-a)E(rA-E(rA))E(rB-E(rB))
Cette expression comporte à la fois des variances et
covariances et peut s'écrire plus simplement:
Var(rP)=a2Var(rA)+(1-a)2Var(rB)+2a(1-a)Cov(rA,rB)
Ainsi, la variance du portefeuille n'est pas simplement une
moyenne pondérée de la variance de chacun des titres, mais une
expression plus complexe qui prend en compte la fluctuation relative des titres
les uns par rapport au autres à travers les termes de
covariance. Dans le cas de deux actions, il n'existe que deux termes
de covariance identiques, mais il est aisé de généraliser
cette expression pour un portefeuille de plusieurs titres. Pour
n titres, il existe n termes de
variance et (n2-n) termes de covariance.
Il devient plus simple dans ce cas d'utiliser le calcul matriciel (ce calcul
sera présenté par suite au paragraphe 1.3.6.)
La contribution d'un titre à la rentabilité
d'un portefeuille est immédiate à mesurer. Puisque la
rentabilité du portefeuille est une moyenne pondérée de
celles des titres qui le composent, la contribution d'un titre
A est a × rA avec
a, sa pondération dans le portefeuille. La
contribution d'un titre au risque d'un portefeuille est plus
compliquée à évaluer du faite de sa covariance avec les
autres actifs. Pour la calculer, il faut repartir de la définition de la
variance du portefeuille que l'on peut réécrire de la
façon suivante:
Var(rP)=a[aVar(rA)+(1-a)Cov(rA,rB)]+(1-a)[(1-a)Var(rB)+aCov(rA,rB)]
Par suite, rappelons quelques propriétés de la
covariance:
·
Cov(Ri,Ri)=Var(Ri)
·
Cov(áRi+âRj,Rk)=áCov(Ri,Rk)+âCov(Rj,Rk)
Ainsi et en utilisant ces propriétés de la
covariance, l'équation de la variance du portefeuille P
devient:
Var(rP)=aCov[rA,arA+(1-a)rB]+(1-a)Cov[rB,arA+(1-a)rB]
Cette équation peut s'écrire plus simplement en
faisant apparaître la rentabilité du portefeuille:
Var(rP)=aCov(rA,rP)+(1-a)Cov(rB,rP)
Si le risque du portefeuille est mesuré par
lécart-type des rentabilités, alors:
ó(rP)=aCov(rA,rP)/ó(rP)+(1-a)Cov(rB,rP)/ó(rP)
Les deux termes du membre de droite font ainsi
apparaître distinctement la contribution de chacun des titres au risque
du portefeuille, qui est bien sûr fonction des pondérations.
Enfin, l'écart type du portefeuille P
est simple à calculer et ce n'est autre que la racine carrée de
la variance de celui-ci:
óP=Var(RP)
1.3.5. Les aspects de la diversification
Tous les conseillers financiers s'entendent pour
suggérer une triple diversification de base qui sont: la diversification
des placements, la diversification des échéances et la
diversification géographique.
1.3.5.1. Diversification des placements
La diversification des placements consiste à inclure
dans le portefeuille des liquidités, des titres à revenu fixe
(comme l'épargne à terme ou les obligations) et des titres de
croissance (actions ou parts de fonds d'actions); ainsi, l'investisseur
bénéficiera de la complémentarité dynamique de
placements qui se distinguent les uns des autres par leurs
caractéristiques de rendement et par leur comportement.
Ainsi, la composition générale d'un
portefeuille est définie par un pourcentage d'actions, d'obligations,
d'obligations monétaires et de produits dérivés plus
spéculatifs (Or, Warrants). Il y a d'autant moins de formule magique
pour composer un portefeuille que l'environnement économique influe
sensiblement sur l'intérêt relatif des différents
placements. Plus on souhaite un degré de risque faible, plus le
portefeuille doit faire la part belle aux obligations et aux produits
monétaires. Au contraire plus on souhaite avoir un profil agressif plus
on doit investir dans les actions.
1.3.5.2. Diversification des
échéances
Pour investir à court, à
moyen et à long terme; par exemple, si on a 10 000
€ à investir en épargne à terme, on peut
répartir cette somme en parts égales sur cinq ans: 2 000 €
dans un titre portant échéance de un an, 2 000 € dans un
titre sur deux ans et ainsi de suite; de cette façon, on
bénéficiera chaque année de liquidités provenant
d'un titre parvenu à échéance, qu'on pourra
réinvestir pour cinq ans pour profiter, le cas échéant,
d'une augmentation des taux. En renouvelant pour des termes de cinq ans
à chacune des échéances, on bénéficiera du
meilleur taux.
1.3.5.3. Diversification
géographique
Le développement et l'internationalisation des
marchés financiers permettent la constitution de portefeuilles
géographiquement diversifiés. Et ce, d'autant plus que la
réorganisation des nouvelles technologies et le développement de
l'information financière rendent la diversification internationale de
plus en plus facile à réaliser. Ainsi, l'investisseur profitera
de la croissance de l'économie, quel que soit le continent ou le pays
où elle se manifeste avec le plus de vigueur.
On pourrait, par exemple, choisir d'investir 40% aux
États-Unis, 30% en Europe et 20% au Japon.
1.3.5.4. Diversification plus
poussée
Et pour que l'investisseur mette toutes les chances de son
côté, il est possible d'aller encore plus loin. À la triple
diversification de base, peuvent se greffer:
1.3.5.4.1. La diversification sectorielle
La diversification sectorielle a pour objectif de
réduire le risque conjoncturel du portefeuille, partant du principe
selon lequel les divers secteurs d'activités réagissent
différemment aux phases des cycles économiques. Un portefeuille
correctement diversifié est donc moins sensible aux variations de chaque
secteur d'activité.
1.3.5.4.2. La diversification des degrés de
capitalisation
Lorsqu' on investit sur le marché boursier, que ce
soit directement ou au moyen de fonds de placement, il peut se
révéler avantageux de choisir aussi bien des titres de
sociétés en pleine croissance (petite et moyenne capitalisation)
que des titres d'entreprises de renom (grande capitalisation); car, dans un
contexte économique donné, ces titres n'ont pas toujours les
mêmes comportements.
1.3.6. Les limites de la diversification
En dehors d'une corrélation négative parfaite
(ñ=-1), la diversification ne peut prétendre
supprimer tous les aléas de la conjoncture, qui influent sur la
rentabilité.
Dans le cas d'un portefeuille constitué de deux titres
dont les rendements et les parts dans le portefeuille sont respectivement
Ri et ái
(i=1,2). La rentabilité du portefeuille peut être calculée
de la façon suivante:
RP=R1á1+R2á2.
La variance totale du rendement du portefeuille est:
Var(RP)=á12Var(R1)+á22Var(R2)+2á1á2Cov(R1,R2)
Généralisée à un portefeuille de
I titres, la variance totale devient:
I
I J
i=1
i=1 j=1 (j?i)
Var(RP)=?ái2Var(Ri)+??áiájCov(Ri,Rj)
Les composantes de la variance du portefeuille sont des
éléments de la matrice des variances covariances.
Cov(R1,Ri) ....
Cov(R1,Rj) ....
Cov(R1,RI)
Cov(Ri,R1) ...
Cov(Rj,R1) ...
Cov(RI,R1) ....
Var(Ri) ....
Cov(Ri,Rj) ....
Cov(Ri,RI)
Cov(Rj,Ri) ....
Var(Rj) ....
Cov(Rj,RI)
Cov(RI,Ri) ....
Cov(RI,Rj) ....
Var(RI)
Var(R1) ... ....
1
i
j
I
1
i
j
I
Du fait de la symétrie de la matrice des variances
covariances, c'est-à-dire:
Cov(Ri,Rj)=Cov(Rj,Ri),
il n'existe que I(I-1)/2=(I2-I)/2
éléments différents de covariance et
I éléments de variance.
I
Pour ces I titres, on peut définir
respectivement:
· i=1
I J
La variance moyenne:
Varm=1/I?Var(Ri)
· i=1 j=1 ( j?i)
La covariance moyenne:
Covm=1/I(I-1)??Cov(Ri,Rj)
I J
I
Lorsque la part de chaque titre dans le portefeuille est
identique (ái=1/I, quel que soit
i),on a :
i=1 j=1 ( j?i)
i=1
Var(RP)=1/I2?Var(Ri)+1/I2??Cov(Ri,Rj)
D'où:
Var(RP)=1/I2[IVarm]+1/I2[I(I-1)Covm]=[1/I]Varm+[(I-1)/I]Covm
Lorsque I tend vers l'infini (portefeuille
infiniment diversifié), la variance du portefeuille converge vers la
covariance moyenne des titres qui le composent (Markowitz, 1959).
Exemple: Décroissance du risque
d'un portefeuille selon le nombre d'actifs
Soit un portefeuille dont les caractéristiques sont les
suivantes:
· Variance moyenne des actifs: Varm=100
· Covariance moyenne des actifs: Covm=50
avec
ü n=5 on a:
Var(RP)=100/5+(5-1)/5×50=60,
ü n=10 on a:
Var(RP)=100/10+(10-1)/10×50=55,
ü n=30 on a:
Var(RP)=100/30+(30-1)/30×50=51,67.
Dans un contexte international où les économies
ont tendance à être relativement synchrones, la covariance moyenne
ne peut atteindre une valeur nulle, y compris avec un portefeuille
international. Il existe donc un risque irréductible que la
diversification ne peut éliminer. Il est communément
appelé risque systématique, ou non diversifiable, par opposition
au risque diversifiable ou spécifique. Il convient donc de distinguer
ces deux types de risques pour tout actif.
Seul le risque diversifiable peut être
supprimé par diversification car il ne concerne que le risque
attaché à un titre. D'après les études empiriques
qui ont été réalisées sur le marché
français, un portefeuille d'une vingtaine de titres permettrait de
réduire le risque spécifique de plus de 95%.
1.3.7. Conclusion
Les marchés boursiers peuvent fluctuer très
rapidement, provoquant des mouvements de panique lors d'une chute brutale. Vous
vous demandez alors peut-être s'il y a lieu de convertir votre actif en
espèces ou quasi-espèces. Si vous pensez mieux dormir,
peut-être devriez-vous le faire. Cependant, plutôt que de quitter
précipitamment le marché boursier, il serait plus avisé de
tenir le cap. Même les spécialistes ne savent pas toujours
prédire la direction des marchés. Si vous recherchez des gains
à long terme: Préservez la diversification de votre
portefeuille.
La diversification n'est bien sûr d'aucun secours si
tous les titres s'effondrent ensemble. L'histoire nous prouve que les krachs
sont possibles, mais leur apparition est trop rare pour correspondre à
une régularité statistique quantifiable. Les études les
plus récentes des cours boursiers exhibent néanmoins une
fâcheuse régularité: Les prix des actions ont tendance
à chuter ensemble dans les marchés baissiers. La diversification
ne fonctionne donc bien qu'en période calme. Elle ne peut pas
gérer les critiques majeurs.
2. Le modèle d'évaluation des
actifs financiers (MEDAF)
Le modèle d'évaluation des actifs financiers
(MEDAF) a été développé par Sharpe dans un
article de 1964 pour lequel, en partie, il a reçu le prix Nobel
d'économie en 1990. Il s'agit d'une spécification de la relation
existante sur le marché et à l'équilibre entre le
risque d'un titre et sa rentabilité.
Le MEDAF montre que seul le risque non diversifiable (risque
systématique) doit être rémunéré. Ce
modèle reposait à l'origine sur un certain nombre
d'hypothèses, dont certaines étaient peu vraisemblables, comme
l'absence de coût de transaction et de fiscalité, la
possibilité d'emprunter et de prêter des montants
illimités, l'absence d'asymétries d'information, etc. Des
développements récents ont permis de les relaxer assez largement,
donnant ainsi une grande robustesse au modèle.
2.1. Les hypothèses du MEDAF
Les hypothèses essentielles du MEDAF sont les
suivantes:
· Les investisseurs composent leurs portefeuilles en ne
se préoccupant que de l'espérance et de la
variance des rentabilités de ceux-ci;
· Les investisseurs ne sont jamais
«rassasiés», c'est-à-dire que toutes choses
égales par ailleurs, ils préfèrent toujours le
portefeuille qui procure la rentabilité la plus élevée;
· Les investisseurs sont averses au risque
Quatre hypothèses sont relatives à la
perfection des marchés de capitaux:
· Il existe une infinité d'acheteurs et de
vendeurs et aucun n'a d'influence sur les prix;
· Il n'y a pas de coûts de transaction et les
actifs sont parfaitement divisibles;
· Il n'existe pas de fiscalité des gains en
capital et des dividendes;
· Il existe un taux sans risque unique pour les
prêteurs et emprunteurs.
De plus, la démonstration de la version
standard du MEDAF nécessite deux hypothèses
complémentaires:
· La période d'investissement est supposée
être la même pour tous les investisseurs et les décisions
sont prises au même moment;
· Tous les investisseurs ont les mêmes
anticipations quant à la performance future des titres
risqués.
2.2. Construction de la frontière
efficiente
Comme la diversification réduit le risque, les
investisseurs ont intérêt à constituer des portefeuilles
à partir des actifs disponibles sur le marché financier. Face
à lui un investisseur a le choix entre de multiples portefeuilles
combinant non seulement les actifs risqués entre eux, mais leur
proportion même. Les possibilités sont extrêmement
nombreuses. Pour choisir le portefeuille qui est le plus adapté à
son aversion au risque, l'investisseur doit théoriquement étudier
toutes les combinaisons possibles. Cet ensemble des possibles peut se
représenter sur un graphique:
La construction de la frontière
efficiente
A
B
C
E(B)
E(C)
E(A)
Espérance de la
rentabilité
Ecart type de
la rentabilité
ó
óC
óB=óA
Frontière efficiente
*
*
*
*
*
*
*
*
*
* * * * * * * * * * * * * *
* * *
* * * * *
* * * * * * * *
* * * * * * *
* * * * * * * * * * *
* * * * * * * * * * *
* * * * * * * * * *
*
*
*
*
*
*
*
Le portefeuille A présenté sur
le graphique ci-dessus est l'un de ces portefeuilles, obtenu par
diversification. Certains portefeuilles sont préférables à
d'autres, les investisseurs étant rationnels
préféreront ceux qui, pour une même variance,
présentent une espérance de gain supérieure. Ainsi, le
choix du portefeuille A n'est pas pertinent pour un
investisseur. Le portefeuille B présente en effet une
espérance de rentabilité supérieure pour un risque
équivalent. Markowitz a montré qu'on peut construire une
«frontière efficiente», regroupant l'ensemble de ces
portefeuilles dits «efficients».
Tous les portefeuilles situés sur la frontière
efficiente sont préférables à des portefeuilles de
même risque, situés par construction au dessous de cette
frontière. Cependant, les investisseurs n'ont pas la même aversion
au risque et peuvent donc choisir des portefeuilles différents. De
même sur le graphique ci-dessus, le portefeuille C sera
préféré à B, pour un investisseur
présentant une aversion au risque élevée.
Les portefeuilles C et B ne
peuvent voir leur performance améliorée: Ils sont dits
efficaces. Tous les portefeuilles efficaces; c'est-à-dire
à risque donné, il n'y a pas de rendement plus
élevé et à rendement donné, il n'y a pas de risque
plus faible; constituent la frontière d'efficience (en gras sur
le graphique). Un investisseur rationnel ne peut faire autrement que de choisir
un portefeuille sur la frontière d'efficience. Quant au choix entre
C et B, il dépendra de l'aversion au
risque de l'investisseur et de sa fonction d'utilité.
2.3. Présentation du MEDAF
Le modèle d'évaluation des actifs financiers
(MEDAF) repose sur l'introduction d'un actif sans risque,
c'est-à-dire un actif dont la variance est théoriquement nulle,
de rentabilité certaine Rf et qui est
généralement assimilé, dans les pays
développés, à un titre émis par l'tat.
La construction de la droite de
marché
M
Frontière d'efficience
La droite du marché
Q
Espérance
de rentabilité
Ecart type de la rentabilité
ó
óM
óQ
Rf
E(RM)
E(RQ)
S
En construisant un ensemble de nouveaux portefeuilles
combinant cet actif sans risque avec un autre actif risqué
Q, on obtient une droite de pente
[E(RQ)-Rf ]/óQ. Les
portefeuilles se situant sur cette droite
RfQ sont sous-optimaux parce
qu'ils présentent pour un risque identique, une espérance de
rentabilité moindre que ceux appartenant à la frontière
efficiente. En revanche, si on trace la droite
RfM, appelée droite de
marché, on se rend compte que tous les portefeuilles qui s'y
trouvent sont plus intéressants que ceux de la frontière
efficiente parce que plus rentables, pour un même risque. Le
portefeuille M est le point de tangence entre la droite de
marché RfM et la
frontière efficiente. Via le portefeuille de marché
M, il est possible d'améliorer l'utilité de
l'investissement (rendement/risque) en constituent un portefeuille hybride
à partir de l'actif sans risque de rentabilité
Rf et le portefeuille de marché
M.
Dès lors, tous les investisseurs ont
intérêt à se placer sur cette droite
RfM et à détenir une
fraction plus ou moins grande de l'actif sans risque en fonction de leur propre
aversion au risque (maximisation de leur utilité sous contrainte de la
droite de marché). Les portefeuilles situés à droite du
point M appartiennent à des individus investissant plus
que leur épargne en s'endettant au taux sans risque et en utilisant cet
emprunt pour acheter le portefeuille M qui est l'ensemble de
tous les actifs risqués du marché. Leur objectif est de
bénéficier de l'écart existant entre le taux de leur
emprunt et le rendement de leurs placements, espéré
supérieur. Une telle attitude est matérialisée par le
portefeuille S.
Tandis que les portefeuilles situés à gauche de
M intègrent à la fois l'actif sans risque et le
portefeuille M, d'où un risque inférieur
à celui de M. La droite
RfMS devient ainsi une
nouvelle frontière efficiente. Elle représente toutes
les possibilités de portefeuilles efficients. Un investisseur rationnel
se situera automatiquement sur elle, et ce en fonction de son aversion au
risque.
Selon le MEDAF, le taux de rentabilité requis par un
investisseur pour détenir un actif A
[E(RA)] doit être égal au
taux sans risque Rf plus une prime
rémunérant seulement le risque non diversifiable (risque
systématique). En effet, il n'y a aucune raison que le risque
spécifique qui peut être éliminé par diversification
soit rémunéré. La prime de risque dépend alors
du coefficient âA qui mesure le risque propre
à l'actif A. Le taux de rentabilité requis pour
détenir l'actif A se définit alors de la
manière suivante:
E(RA)=Rf+âA[E(RM)-Rf]
avec
RA la rentabilité de
l'actif A,
RM la rentabilité du
marché,
Rf le taux sans
risque,
âA il est égale
à Cov(RA,RM)/Var(RM)
qui est une mesure du risque non diversifiable (risque systématique) de
l'actif A,
E(RM) est l'espérance de
rentabilité du portefeuille de marché,
[E(RM)-Rf] est la
prime de risque du marché,
âA[E(RM)-Rf]
est la prime de risque globale de l'actif A.
Le calcul du â permet aux
investisseurs de quantifier l'effet d'une variation de 1% du marché sur
le rendement d'un actif. Un actif dont le â est
supérieur à 1 est plus sensible que la moyenne du marché.
Ainsi, un actif dont le â est égal
à 2 est deux fois plus risqué qu'un portefeuille
diversifié de â égal à
1.
Selon le MEDAF, la décision d'investissement consiste
à déterminer la proportion des fonds qui doit être investie
dans des actifs risqués. Si un investisseur décide d'investir 10
000 € dans des titres sans risque, le â
du portefeuille ainsi constitué se situe entre celui du
portefeuille de marché âM=1 et celui
des actifs sans risque âf=0.
â de l'investissement =
(0,5×âM)+(0,5×âf)=(0,5×1)+(0,5×0)=0,5.
2.4. Le modèle de droite de marché (the
capital market line)
La droite RfMS
est donc la frontière d'efficience, représentant les
portefeuilles efficaces qui acceptent toute possibilité de
prêt ou d'emprunt. Quant au portefeuille
M, il présente des caractéristiques
particulières. Il est le point de tangence entre la droite
RfS, frontière d'efficience des
portefeuilles mixtes, et la frontière d'efficience des portefeuilles
composés uniquement d'actifs risqués. Tous les investisseurs
étant rationnels, ils investiront obligatoirement dans ce portefeuille
M d'actifs risqués, dont ils pourront réduire le
risque en investissant une part de leur épargne dans l'actif sans risque
(droite RfM), ou au contraire accroître le
rendement (et le risque) en empruntant pour investir plus dans
M (droite MS). Si tous les investisseurs
achètent M et qu'ils possèdent tous les actifs
risqués, le portefeuille M regroupe tous les actifs
risqués du marché dans la proportion de leur capitalisation
(nombre de titres multipliés par le cours) sur la capitalisation totale
du marché (somme des capitalisations des titres). C'est pour cela que le
portefeuille M est appelé le portefeuille du
marché.
Le portefeuille de marché est ainsi à
l'origine d'un des plus grands théorèmes de la finance et de la
décision d'investissement: Le théorème de
séparation énoncé par J. Tobin en 1958. Ce
théorème montre que les investisseurs n'ont qu'à
s'intéresser, en fonction de leur utilité, à la
quantité d'argent qu'ils vont emprunter ou prêter (investissement
dans l'actif sans risque), ils n'ont pas à s'intéresser à
la nature des actifs risqués qu'ils vont acheter puisqu'ils ne peuvent
pas faire autrement, vu leur rationalité, qu'investir dans le
portefeuille de marché M, caractérisé par
son espérance de rendement E(RM) et son
risque óM.
La droite RfMS
est appelée la droite de marché (capital market line).
Son équation permet de mesurer le rendement attendu d'un
portefeuille efficace selon son risque
(óP):
E(RP)=Rf+[(E(RM)-Rf)/óM]×óP
Ainsi, l'espérance de rendement d'un investissement
dans un portefeuille efficace se décompose entre trois
éléments.
· La rémunération de l'actif sans risque
Rf est le véritable prix du temps et de la
renonciation à la consommation. Ainsi, aucun placement risqué ne
peut rémunérer moins que l'actif sans risque, d'où la
très forte attention portée par les marchés aux taux
pratiqués par l'tat.
· (E(RM)-Rf)
représente l'accroissement de rentabilité quand un investisseur
accepte de prendre des risques et d'investir dans le portefeuille de
marché M. C'est la prime absolue de risque du
marché. Plus elle est élevée, et plus le risque est
rémunéré. Plus elle se rapproche de zéro, et moins
le risque est rémunéré. Nulle ou négative, elle est
le signe d'une prochaine correction forte du marché financier. En effet,
les investisseurs, voyant que le risque n'est plus
rémunéré, vont vendre massivement leurs actifs
risqués, entraînant une chute des cours qui ne sera stoppée
que quand elle sera suffisante pour que les investisseurs puissent
espérer que E(RM)>Rf. Cela
s'est passé lors du krach d'octobre 1987.
· La pente de la droite de marché
((E(RM)-Rf)/óM) mesure
le prix d'une unité de risque et óP
le niveau de risque du portefeuille P: Plus il sera
élevé et plus l'espérance de rendement exigée sera
forte.
Le modèle de droite de marché qui
repose sur le MEDAF a plusieurs utilisations en gestion de portefeuille. C'est
tout d'abord un modèle d'allocation d'actifs.
· En premier lieu, l'écart entre la
rentabilité moyenne du marché E(RM)
qui est attendue et le taux de rémunération d'un actif sans
risque Rf permet à l'investisseur de prendre
une première décision, celle d'investir sur le marché des
actions ou d'investir dans l'actif sans risque.
· Ensuite, selon la rémunération pour le
risque du marché des actions, mesurée par la pente de la droite
de marché
((E(RM)-Rf)/óM), un
investisseur sera plus ou moins enclin à investir dans les titres les
plus risqués.
· Le troisième intérêt du
modèle est de faire apparaître la surévaluation ou
la sous-évaluation des titres cotés. Pour un titre dont
on connaît le risque, il est possible de définir sa
rentabilité «à l'équilibre», c'est-à-dire
lorsqu'il est correctement évalué. La confrontation de la
rentabilité anticipée avec la rentabilité
à l'équilibre permet de dire si le titre est
surévalué ou sous-évalué. Ainsi
le modèle permet de répondre à trois des quatre questions
fondamentales que se pose tout gérant d'actions.
· La quatrième question à laquelle le
modèle n'apporte pas de réponse est la date optimale d'achat
ou de vente des titres. Cette question est celle du «timing» qui
est une préoccupation importante des gérants de portefeuilles.
2.5. Application du MEDAF au choix des
investisseurs
Le modèle d'équilibre des actifs financiers
(MEDAF) détermine le taux requis pour détenir un actif dont le
risque est mesuré par son coefficient de sensibilité
â. Le principe du MEDAF peut être appliqué
au choix des investissements. Si l'investissement est intégralement
financé par fonds propres, l'investisseur doit rémunérer
son capital en fonction du risque du projet, obtenu en calculant un
â spécifique à partir de la relation du
MEDAF.
Le taux de rentabilité requis pour le projet
dépend du prix du risque non diversifiable. Ce taux correspond au
taux d'actualisation du projet servant à calculer la VAN en
actualisant l'espérance des cash-flows.
Soit A un projet d'investissement et
M le portefeuille de marché. Le tableau ci-dessous
présente selon les états du monde considérés, les
cash-flows espérés en t=1 pour un investissement de 100 k€
en t=0:
Etats du monde
|
Probabilité
|
Cash-flows du projet A (t=1)
|
Cash-flows du portefeuille de marché
M
(t=1)
|
Très bon
|
10 %
|
-2050
|
-1650
|
Acceptable
|
30 %
|
-1400
|
-0500
|
Médiocre
|
40 %
|
-0500
|
0-000
|
Mauvais
|
20 %
|
-1500
|
-1000
|
On peut alors déterminer:
o E(RA)=125k€.
o E(RM)=115k€.
o Var(RA)=1 542 625.
o Var(RM)=534 025.
o Cov(RA,RM)=833 875.
o
âA=Cov(RA,RM)/Var(RM)=1,56.
Pour un investissement de 100 k€, le projet
présente une espérance de cash-flows égale à 125
k€ et le marché une espérance égale à 115
k€ (soit une rentabilité espérée de 15%). Pour un
taux sans risque sur la période Rf de 10% et
un projet entièrement financé par fonds propres. Le taux
d'actualisation à retenir pour le projet A est,
d'après la relation du MEDAF:
E(RA)=Rf+âA[E(RM)-Rf]=0,10+1,56[0,15-0,10]=0,178=17,8%
La VAN du projet est alors égale à
l'espérance de cash-flows actualisée au taux risqué:
VAN=[125/(1+0,178)]-100=6,11k€
Il est extrêmement difficile d'appréhender ainsi
le taux d'actualisation spécifique à un projet
donné. Cela supposerait une connaissance des différents
cash-flows associés au projet A et au portefeuille de
marché M pour chaque état de la nature. D'autre
part, le risque d'un projet peut changer au cours du temps. Certains projets
sont en effet moins risqués au début qu'à la fin, ou
inversement. Ainsi pour le creusement d'un tunnel, la première
étape est très risquée, les aléas liés au
percement étant très importants. En revanche, une fois l'ouvrage
terminé, le niveau de risque diminue, même si l'exploitation
commerciale n'en est pas exempte. Dès lors, il devient extrêmement
difficile de déterminer un â spécifique au
projet du fait de sa variabilité au cours du temps.
Un projet est rarement financé exclusivement par fonds
propres. Quand un projet est financé en partie par emprunt, le taux
d'actualisation à retenir pour le projet ne dépend pas que du
coût des fonds propres et il convient alors de calculer un coût
moyen du capital, représentatif du coût d'opportunité des
fonds.
2.6. La démonstration intuitive du
MEDAF
Dans un repère, avec la Rentabilité en
ordonnée et le Bêta en abscisse, l'ensemble de tous les
portefeuilles possibles doivent être alignés sur une droite,
appelée la droite du marché, et d'être en
situation d'équilibre.
En effet, si un portefeuille est situé au-dessus de la
droite, cela signifie qu'il offre une rentabilité supérieure
à celle du portefeuille qui se situe sur la droite pour le même
niveau du risque. Dès lors, un arbitrage permettra de ramener la
rentabilité de ce portefeuille sur la droite et de reprendre la
situation d'équilibre. À l'inverse, si un portefeuille se situe
en dessous de la droite, sa rentabilité n'est pas suffisante et
l'arbitrage inverse permettra de corriger cette anomalie. Pour clarifier
l'idée; soient les trois portefeuille X,
Y et M dont les caractéristiques sont
données par le tableau suivant et représentées par le
graphique qui suit:
Portefeuille
|
Rentabilité anticipée
|
Bêta
|
M
|
13%
|
1,0
|
Y
|
15%
|
1,2
|
X
|
16%
|
1,1
|
M
La droite du marché
1
13%
Bêta
Rentabilité
X
Y
Rf
Frontière efficiente
1,1
1,2
15%
16%
La rentabilité anticipée du portefeuille X
est supérieure à la rentabilité d'équilibre donc il
est sous-évalué. Son achat va faire augmenter les cours
jusqu'à ce que sa renatbilité soit à son niveau
d'équilibre.
La situation présentée n'est pas une situation
d'équilibre car le portefeuille X offre la rentabilité la plus
élevée pour un risque compris entre celui de M et celui de Y. Il
est donc possible de faire un arbitrage qui consiste à acheter le
portefeuille X en vendant les portefeuilles M et Y. Pour que cette
opération soit un arbitrage, il faut que la position soit sans risque,
c'est-à-dire que le Bêta du portefeuille acheté soit le
même que le Bêta du portefeuille vendu. Par exemple il est possible
d'investir 100 € dans X en vendant 100 € d'un portefeuille P
composé pour 50 % du portefeuille M et 50 % du portefeuille Y. Dans ce
cas, il s'agit bien d'un arbitrage car la position ainsi prise est
autofinancée et le risque est nul puisque le bêta du portefeuille
X est de 1,1, qui est aussi le bêta de la combinaison du portefeuille P
[(1,2×0,5)+(1,0×0,5)]=1,1. Le profit de cette
opération est la différence de rentabilité entre le
portefeuille X et le portefeuille P, soit 2%
[16%-(13%×0,5+15%×0,5)]. À l'inverse, si un
portefeuille se situe en dessous de la droite, sa rentabilité n'est pas
suffisante et l'arbitrage inverse permettra de corriger cette anomalie.
Il s'ensuit donc logiquement qu'à l'équilibre,
tous les portefeuilles sont alignés sur une même droite
(droite de marché) dans l'espace rentabilité-bêta.
Nous connaissons un des points de cette droite qui est le portefeuille de
marché M. Il a la particularité d'avoir un
bêta de 1 par définition. En prenant comme
deuxième point son intersection avec l'axe des ordonnées, on peut
écrire son équation qui permet de définir la
rentabilité de n'importe quel titre:
E(Ri)=a+b×âi
[1]
Nous connaissons deux actifs qui se situent sur la droite:
L'actif sans risque et le portefeuille de marché. L'actif sans risque a
la particularité d'avoir un bêta nul et, par conséquent, on
peut écrire: Rf=a+b×0=a.
En ce qui concerne le portefeuille de marché, il a la
particularité d'avoir un bêta de 1 et, par conséquent, on
peut écrire: E(Rm)=a+b×1, d'où
l'expression de b=E(Rm)+a.
En remplaçant a et b
par leur valeur dans l'équation de la droite [1], on obtient la relation
du MEDAF:
E(Ri)=Rf+âi(E(Rm)-Rf)
L'équation du MEDAF est proche de celle du
modèle de marché mais les rentabilités des titres sont
différentes selon les deux modèles. Pour qu'il y ait
identité, il que ces relations soient vérifiées
simultanément, c'est-à-dire que:
Rf+âi(E(Rm)-Rf)=ái+âiE(Rm)
Or cette égalité est vraie pour le cas
particulier où:
ái=rf(1-âi)
L'alpha du titre est donc une fonction inverse du bêta.
Il semble que cette relation soit en partie vérifiée
empiriquement.
Il faut aussi noter que si les rentabilités attendues
selon les deux modèles différent, la variation des
rentabilités attendue pour une variation du marché donnée
est en revanche identique puisque la définition du bêta est la
même dans les deux équations.
La rentabilité de tout actif risqué ou
portefeuille s'écrit nécessairement sous la forme
E(Ri)=a+bâi. S'il n'existe pas
d'actif sans risque, il est toujours possible de prolonger la droite d'un
côté ou de l'autre du portefeuille de marché et elle coupe
nécessairement l'axe des ordonnées en un point qui a la
particularité d'avoir un bêta nul. La rentabilité de ce
portefeuille notée E(Rz) est donc:
E(Rz)=a+b×0=a.
Par ailleurs le portefeuille de marché
représentatif de tous les actifs disponibles a la particularité
d'avoir un bêta égal à 1. Donc:
E(Rm)=a+b×1 et par conséquent:
b=[E(Rm)-a].
En remplaçant b d'abord et
a ensuite par leurs expressions dans l'équation de la
droite représentative de la rentabilité de tous les actifs
risqués, celle-ci devient:
E(Ri)=E(Rz)+âi(E(Rm)-E(Rz))
Ainsi, même lorsqu'il n'existe pas d'actif sans risque
disponible sur le marché, la relation du MEDAF reste
vérifiée puisqu'il est possible de lui substituer un portefeuille
de bêta nul. Il s'agit de la version zéro bêta du MEDAF (Le
modèle zero-bêta est un modèle d'équilibre ne
faisant pas intervenir l'actif sans risque).
2.7. Les critiques du MEDAF et ses différentes
versions
Lorsque le MEDAF est estimé, la rentabilité
d'un titre ou portefeuille n'est jamais totalement expliquée par le
modèle et, dans ce cas, la rentabilité non expliquée ou
résiduelle est matérialisée par un terme
ái. Le terme
ái est interprété comme
anormal car il capte la rentabilité qui n'est pas prédite par le
modèle. Or l'estimation du modèle, qui repose sur des
hypothèses strictes, reste difficile et rend l'interprétation des
résultats elle-même difficile. Roll, dans un des articles, de
1977, les plus célèbres de la littérature
financière, a remis en cause beaucoup d'utilisations du modèle et
ses conclusions sont les suivantes:
· Le seul test réel du MEDAF est de savoir si oui
ou non le portefeuille de marché est efficient en termes de
moyenne-variance. En effet, si le portefeuille est efficient alors la relation
est forcément respectée;
· La rentabilité du «vrai» indice de
marché n'est pas utilisée dans les tests empiriques du MEDAF et
est impossible à mesurer. Un indice de marché, selon le MEDAF,
devrait en effet contenir tous les actifs disponibles dans l'économie,
c'est-à-dire l'immobilier, les matières premières, le
capital humain, etc., et non pas seulement quelques actifs boursiers. La
théorie n'est testable que si un tel indice est disponible, ce qui n'est
pas le cas actuellement et ce qui est difficilement imaginable. Or,
Roll a montré que la valeur du bêta d'un titre ou d'un
portefeuille peut être différente selon le choix fait concernant
l'indice et ce, même si les indices sont étroitement
corrélés;
· En conséquence, tous les tests du modèle
ne sont que des tests joints de deux hypothèses: la validité du
modèle et la qualité de l'estimation du portefeuille de
marché.
La version standard du MEDAF est due à
Sharpe, Treynor et Linter. Cependant les
développements ultérieurs ont été nombreux et ont
permis de modérer certaines hypothèses du modèle.
Parmi les extensions les plus célèbres, figure
celle de Black (1972). Il a montré qu'en l'absence d'actif sans
risque, il est possible de trouver un portefeuille Z de
bêta nul et qui présente la variance la plus faible pour remplacer
l'actif sans risque et obtenir ainsi une droite similaire à celle du
MEDAF standard.
Une deuxième extension du MEDAF a aussi connu un
certain succès. Il s'agit du MEDAF-Consommation (CCAPM
en anglais) de Breeden (1979) qui est une version multi
périodique. L'intérêt de ce modèle est de faire
intervenir le taux de croissance de la consommation au lieu de la
rentabilité du marché comme explicatif des rentabilités
des titres.
3. Le coût du capital et décision
d'investissement
Pour se financer, l'entreprise se procure des ressources
auprès des actionnaires et des créanciers. Les actionnaires
possèdent les titres de propriété qui leur
confèrent le droit de vote à l'assemblée
générale. Ils sont rémunérés par le
versement d'un dividende et par les plus-values
éventuelles. Ils s'attendent à obtenir une
rémunération pour le risque qu'ils ont accepté d'assumer
en achetant les actions de l'entreprise. Plus le risque est grand, plus la
prime exigée est forte.
L'entreprise s'endette également auprès des
créanciers bancaires (financement indirect) ou obligataires
(financement direct). Dans le premier cas, l'entreprise contracte un
emprunt auprès d'une banque qui accepte de lui prêter après
avoir évalué le risque du projet, pris un certain nombre de
garanties et vérifier le respect de divers ratios d'analyse
financière. Dans le deuxième cas, l'entreprise s'adresse
directement au marché financier. Les investisseurs décident
d'acheter les obligations émises après avoir pris connaissance de
la notation de l'entreprise (rating) et des caractéristiques de
l'émission (rémunération proposée, durée de
vie, etc.)
Cette diversité des financements mobilisables pose la
question du choix d'une structure financière et du lien entre les choix
de financement et les choix d'investissement. Dans une optique
Modigliani-Miller, le problème est évacué en
considérant la neutralité de la structure financière sur
les choix d'investissement.
Un projet d'investissement crée de la richesse si sa
valeur actuelle nette (VAN) est positive, c'est-à-dire s'il
rémunère les ressources utilisées au taux d'actualisation
choisi et dégage un surplus. Ce taux correspond au coût
d'opportunité du capital de l'entreprise, c'est-à-dire au
coût moyen de ses ressources. Nous montrerons comment une entreprise
doit calculer ce coût à partir d'une moyenne
pondérée du coût de la dette et des fonds propres, ce qui
suppose différentes hypothèses relatives à la structure
optimale du capital.
3.1. Le coût de la dette (Cost of
debt)
T
Les modalités d'endettement d'une entreprise sont
très variées. Son coût dépend de nombreux
paramètres comme la qualité de l'entreprise, le
risque du projet, la situation conjoncturelle sur le marché
des capitaux, la structure à terme des taux
d'intérêt, etc. En l'absence d'impôt et de frais
liés à l'obtention des fonds, le coût d'une source de
financement est le taux actuariel, résultant de
l'égalité entre le montant emprunté et la somme des
valeurs actualisées des décaissements nets qui seront
effectués dans le temps. Ce taux actuariel (r)
correspond au Taux Interne de Rentabilité brut du
prêteur:
t =1
M=?[Vt/(1+r)t]
avec
M est le montant emprunté,
Vt sont les versements
réalisés par l'entreprise au temps t (Intérêts
It et Remboursements
Ct),
T est l'échéance du dernier
remboursement effectué.
Le coût de la dette de l'entreprise doit
également intégrer les dépenses spécifiques
liées à l'obtention des fonds et à la
déductibilité fiscale des frais financiers. Pour un emprunt
donné, le coût de la dette (c) pour l'entreprise
est inférieur au rendement des fonds investis par le prêteur et
correspond au taux actuariel dans l'équation:
T
M-F=?[It(1-)+Ct]/(1+c)t
t =1
avec
M est le montant emprunté,
F est le montant des frais liés à
l'obtention des fonds (rémunération du montage financier),
est le taux d'imposition sur les
sociétés, anticipé sur la période,
Ct est le flux de
remboursement au temps t du capital emprunté
(M),
It est le paiement des
intérêts en t.
Cette approche est néanmoins approximative dans la
mesure où certains paramètres comme le taux d'imposition des
sociétés ou l'assurance de faire des bénéfices sur
lesquels imputer des déductions fiscales ne peuvent être connus
véritablement qu'ex post.
Exemple: Calcul du coût de la dette
d'une entreprise quelconque.
L'entreprise «Tricorp» a emprunté 5
millions d'euros au taux de 10%. L'emprunt d'une
durée de 5 ans est remboursé
par annuités constantes. Les frais d'émission représentent
2% du montant total emprunté. Le taux d'imposition
prévu pour la période est de 34%.
L'annuité constante que l'entreprise doit verser à la banque est:
A=5 000 000×[0,1/(1-(1,1)-5)]=1 318
987,40€. On en déduit le tableau d'amortissement et les
décaissements nets d'impôts:
Année
|
Capital
(année t)
|
Intérêt (10%)
|
Remb. du capital
|
Annuité
ou
Décaiss. brut
|
Capital (année t+1)
|
Economies
fiscales
|
Décaiss. nets d'impôts
|
1
|
5 000 000,00
|
500 000,00
|
818 987,40
|
1 318 987,40
|
4 181 012,60
|
170 000,00
|
1 148 987,40
|
2
|
4 181 012,60
|
418 101,26
|
900 886,14
|
1 318 987,40
|
3 280 126,45
|
142 154,43
|
1 176 832,98
|
3
|
3 280 126,45
|
328 012,65
|
990 974,76
|
1 318 987,40
|
2 289 151,69
|
111 524,30
|
1 207 463,10
|
4
|
2 289 151,69
|
228 915,17
|
1 090 072,23
|
1 318 987,40
|
1 199 079,46
|
77 831,16
|
1 207 463,10
|
5
|
1 199 079,46
|
119 907,95
|
1 199 079,46
|
1 318 987,40
|
0
|
40 768,70
|
1 278 218,70
|
L'entreprise ayant payé initialement en frais
2% du montant emprunté, n'a encaissé que:
5 000 000×(1-0,02)=4 900 000 €
Le coût de rendement pour l'entreprise résulte de
l'équation suivante:
1 148 987,40/(1+c)1+1 176
832,98/(1+c)2+1 207 463,10/(1+c)3+1 241
156,25/(1+c)4+1 278 218,70/(1+c)5 = 4 900 000
€
D'où une valeur de c égale
à 7,34%
3.2. Le coût des fonds propres (cost of
Equity)
Le coût des fonds propres pour une entreprise est le
taux de rentabilité attendu par les actionnaires. Ces derniers
anticipent en effet une certaine rémunération fonction des
dividendes futurs et de la plus-value réalisée. Nous
présentons deux méthodes permettant de déterminer le
coût des fonds propres.
3.2.1. le modèle de Gordon Shapiro
Dans le modèle de Gordon Shapiro, l'actionnaire
détient l'action pour une durée de temps infini et le dividende
(Dt) distribué à chaque période, croît
à un taux constant (g) à partir du dividende initial
D0 (Dt=D0(1+g)t). Avec un taux
i de rentabilité exigé par les actionnaires, la
valeur V0 de l'action est égale à la valeur actuelle
de la somme des dividendes distribués à chaque période:
V0=D0/(1+i)+D0(1+g)/(1+i)2+D0(1+g)2/(1+i)3+
+D0(1+g)T/(1+i)T+1
1-(1+g)T(1+i)-T
D0
(1+i)
1-(1+g)(1+i)-1
V0= ×
1-(1+g)T(1+i)-T
i-g
V0=D0×
Si ce taux de rendement attendu des fonds propres est
supérieur au taux de croissance g attendu des
dividendes, on trouve si T tend vers l'infini et si
i est supérieur à g.
V0=D0/i-g et
i=D0/V0+g
L'hypothèse (i>g) est
vraisemblable car si g était très
élevé, le dividende devrait augmenter chaque année d'un
pourcentage important, pour une durée de temps infinie, ce qui est
difficile à concevoir.
Exemple: Calcul du taux de
rentabilité attendu par les actionnaires.
Soit la société «Tricorp» qui
distribue un dividende de 15 € chaque année. On
pense que le dividende va croître dans les prochaines années d'un
taux g égal à 1%. Si l'action
est cotée actuellement 100 €. Le taux de
rentabilité attendu des actionnaires est:
i=D0/V0+g=15/100+0,01=16%
3.2.2. Utilisation du MEDAF
Le MEDAF permet de calculer le taux de rentabilité
attendu d'un actif. Ce taux (E(RA)) doit être
égal au taux sans risque augmenté d'une prime de risque:
E(RA)=Rf+âA[E(RM)-Rf]
avec
E(RA) espérance de
rentabilité du titre A,
Rf
rentabilité de l'actif sans risque,
âA
=Cov(RA,RM)/Var(RM), c'est le risque
systématique de l'actif
E(RM) espérance de
rentabilité du marché,
E(RM)-Rf prime de
risque du marché,
âA[E(RM)-Rf]
prime de risque global du titre A
Le modèle d'évaluation des actifs financiers
(MEDAF) nous permet donc de calculer le coût des fonds propres
pour une entreprise qui est donc le taux de rentabilité exigé par
les actionnaires. Par suite le coût des fonds propres devient:
KFP=Rf+â[E(RM)-Rf]
Exemple: Calcul du coût des fonds
propres à l'aide du MEDAF
On suppose la rentabilité de l'actif sans risque
Rf de 10%, l'espérance de
rentabilité du marché RM de
15% et le â de la société
«Tricorp» de 1,3. La rentabilité attendue des
actionnaires de la société «Tricorp» est alors:
0,10+1,3[0,15-0,10]=16,5%
3.3. Le coût moyen pondéré du
capital (CMPC)
Le coût moyen pondéré du capital (CMPC),
en anglais «Weighted Average Cost of Capital (WACC)», correspond pour
une entreprise donnée au coût moyen de ses ressources. Cette
méthode, couramment utilisée par les entreprises, est
également l'une des plus simples à mettre en oeuvre. Il suffit de
faire la moyenne du coût de la dette (net de la fiscalité) et du
coût des fonds propres en pondérant chacune de ces ressources,
mesurées à partir des valeurs du marché, en fonction de
leur importance respective (pour simplifier le modèle on
considère que la firme se finance seulement par la dette et par
l'augmentation de son capital propre):
CMPC=KFPFP/V+KD[1-]D/V
avec
KFP coût des fonds propres
(FP),
KD coût de la
dette (D),
FP valeur du marché des fonds
propres,
D valeur du marché de la dette,
V valeur de l'entreprise=FP+D (valeur de
marché des ressources utilisées)
le taux d'imposition sur les
sociétés.
Exemple: Calcul du CMPC
La société «Tricorp» a un coût
des fonds propres (KFP) et un coût de la dette (KD)
après impôt respectivement de 16% et 7,34%. En valeur de
marché, les actions «Tricorp» représentent une somme
équivalente à celle des dettes. Le CMPC de «Tricorp»
est donc:
(50%×0,16)+(50%×0,0734)=0,1167=11,67%
Le CMPC est le taux d'actualisation que l'entreprise doit
utiliser. C'est en effet le coût d'opportunité des fonds de
l'entreprise puisque c'est au taux du CMPC qu'elle rémunère en
moyenne chaque euro emprunté.
Le CMPC est-il toujours le bon taux d'actualisation?
En effet, pourquoi retenir le CMPC si le projet d'investissement est
financé par emprunt dont le coût est généralement
moins élevé que celui des fonds propres, compte tenu de la
déductibilité des frais financiers? Un tel raisonnement
néglige le fait que l'augmentation de la dette augmente le risque
financier. Le recours à la dette comme moyen de financement a une
influence directe sur le coût moyen pondéré du capital, en
augmentant le coût des fonds propres. En effet, il existe une relation
entre le â d'une firme endettée (Levered
Bêta) et le â d'une firme non
endettée (Unlevered Bêta):
âL=âU×(1+(1-)D/FP)
avec
FP valeur de marché des fonds
propres,
D valeur de marché de la dette,
le taux d'imposition sur les
sociétés,
âL C'est le risque
systématique de la firme endettée (Levered Bêta),
âU C'est le risque
systématique de la firme non endettée (Unlevered Bêta).
Par suite, à chaque fois que le niveau de la dette
D augmente cela implique: Une augmentation du
â de la firme endettée qui représente le
risque systématique de celle-ci et par suite une augmentation du
coût des fonds propres KFP qui est fonction
croissante du â de la firme endettée. Les
actionnaires exigent en effet un rendement croissant avec le niveau
d'endettement de la firme. C'est également vrai pour les
créanciers de l'entreprise car plus l'entreprise est endettée,
plus le risque de faillite augmente. C'est pourquoi, si le projet est
financé par dette sans que cela ne modifie la structure
financière de l'entreprise, le taux d'actualisation à retenir est
le CMPC.
Par ailleurs, si le projet est financé par un emprunt
à taux bonifié, nous suggérons de considérer qu'il
s'agit d'une subvention déguisée se traduisant par des
annuités de remboursement inférieures et de
réintégrer la somme correspondant aux économies
réalisées dans le calcul des cash-flows du projet. On continue
alors à utiliser le CMPC comme taux d'actualisation des flux du
projet.
Coût du capital et niveau
d'endettement
KFP
CMPC
KD[1-]
D/V
Coût du capital
CMPC*
Ratio
d'endettement
En utilisant le CMPC comme taux d'actualisation, on suppose
implicitement qu'il y a indépendance entre les choix d'investissement et
les choix de financement. Le choix des investissements s'effectue donc sans
prendre en compte les modalités de financement du projet (dettes ou
fonds propres). Cependant, le CMPC ne peut être utilisé comme taux
d'actualisation que si les trois conditions suivantes sont réunies:
· Le projet présente un niveau de risque
comparable à celui de la firme. Dans le cas contraire, il faut
considérer le risque propre au projet et déterminer un taux
d'actualisation spécifique. Ce taux n'est pas facile à
définir, car il est nécessaire d'anticiper les
probabilités relatives aux différents états du monde et
les cash-flows associés correspondants. L'utilisation du MEDAF pour
déterminer le coefficient â spécifique au projet est alors
un préalable au calcul du taux de rentabilité requis par les
actionnaires.
Dans le cas où ce calcul du â
spécifique au projet s'avère difficile à
déterminer, en raison des difficultés présentées
plus haut, l'entreprise peut définir des taux d'actualisation relatifs
aux diverses catégories de projets en intégrant sa propre
perception du risque, d'autant plus grand que l'entreprise s'éloigne de
son métier d'origine. Ainsi, elle pourrait fixer les taux suivants selon
les projets envisagés:
Projets envisagés
|
Taux d'actualisation (en %)
|
Opérations spéculatives
|
20
|
Lancement de nouveaux produits
|
16
|
Développement de projets «classique»
|
12 (coût du capital de l'entreprise)
|
Diminution du coût de production à l'aide d'une
technologie maîtrisée
|
8
|
Une société diversifiée devra donc
utiliser plusieurs taux d'actualisation pour ses différentes
activités. Cette approche pratique est très souvent
employée par les entreprises.
· La taille du projet ne modifie pas
fondamentalement la structure financière de la firme. Le poids
relatif de chacune des sources de financement dans le passif de l'entreprise ne
doit pas être modifié. Dans le cas contraire, le CMPC est
déterminé à partir de la nouvelle structure
financière de la firme, cette dernière intégrant le
financement du projet d'investissement.
· Il n'y a pas de rationnement du capital.
Au voisinage de la contrainte de rationnement, tout projet retenu
limite les possibilités ultérieures d'endettement (perte d'option
d'emprunt) et change le CMPC
Dans la pratique, il est souvent difficile
de déterminer avec précision le CMPC. L'existence notamment, dans
l'ensemble de ressources, de titres hybrides comme les obligations convertibles
dont la nature (dettes ou fonds propres) n'est pas facile à cerner
empêche une détermination précise du coût des
ressources de l'entreprise. Par ailleurs, les sociétés non
cotées ne pouvant calculer directement le CMPC, devront raisonner par
analogie avec des sociétés opérant dans le même
secteur. Dans la pratique, les PME se contentent d'une valeur
approximative pour leur coût moyen pondéré du capital
(CMPC).
3.4. La structure optimale du capital
La courbe de coût du capital du graphique
précédent laissait présager l'existence d'une structure
optimale du capital, définie à partir du ratio d'endettement pour
lequel le coût moyen pondéré du capital est minimal
(CMPC*). Tant que le ratio d'endettement n'atteint pas
CMPC*, l'ensemble réduit son coût du capital en
accroissant son endettement relatif. Mais cet effet positif atteint une limite
lorsqu'il est compensé par l'effet négatif de l'augmentation du
coût des fonds propres, liée précisément à
l'accroissement du risque financier perçu par les actionnaires (risque
de faillite croissant avec le niveau d'endettement). Cela se traduit par une
zone relativement plate pour la courbe de coût du capital. Celle-ci peut
être plus restreinte lorsque l'entreprise subit des contraintes de
financements, ce qui est plus souvent le cas des petites et moyennes
entreprises (PME).
La question de l'existence d'une structure optimale du
capital n'est pas nouvelle. En 1958, les travaux de Modigliani et
Miller montrent qu'en l'absence d'imposition, la structure du capital
est neutre et n'influe pas sur la valeur de la firme. En revanche, lorsque la
fiscalité est prise en compte, les entreprises ont intérêt
à s'endetter le plus possible, réalisant ainsi des
économies fiscales maximales sur la dette. En introduisant les
coûts de faillite attachés à un montant de dette
élevé, l'endettement augmente la probabilité de faillite,
ce qui est coûteux pour l'entreprise. Chaque entreprise se doit de
déterminer la structure optimale de son capital en fonction de ses
coûts de faillite. Cela étant, on considère qu'il y a
séparabilité des décisions de financement et
d'investissement lorsque tous les projets sont financés de
manière à conserver approximativement la structure
financière optimale.
Des travaux plus récents intégrant les derniers
développements de la théorie financière, ont reposé
le problème de la structure optimale du capital. Pour Jensen et
Meckling (1976), les actionnaires, les créanciers et les
dirigeants ne poursuivent pas les mêmes objectifs. Les actionnaires
cherchent à maximiser la valeur de leurs actions et les
créanciers à se garantir contre une défaillance de
l'entreprise qui entraînerait une perte de leurs créances. Les
dirigeants désirent profiter de leur position pour
bénéficier de salaires élevés ou d'avantages en
nature. Comment résoudre les problèmes de coordination entre ces
agents? La théorie de l'agence définit des mécanismes
incitatifs rationnels pour assurer une coordination cohérente. Les
coûts d'agence qui en résultent modifient le coût des
différents financements disponibles et la structure optimale du
capital.
Pour Leyland et Pyle (1977), seuls les
entreprises en bonne santé sont en mesure de rembourser des montants de
dettes élevés. Les managers qui détiennent une information
privilégiée et qui croient au développement de leur firme
acceptent un endettement élevé. Ils signalent ainsi aux
marchés financiers un bon potentiel de développement.
Myers (1977) montre sous certaines hypothèses, qu'un niveau
d'endettement élevé peut conduire au sous-investissement. Pour
Myers et Majluf (1984), dans le cadre d'asymétrie
d'informations entre les marchés financiers et les managers, une
entreprise peut avoir intérêt à sous-investir si elle doit
pour cela recourir à une augmentation de capital, signal d'une
survalorisation de la firme.
4. Options réelles et décision
d'investissement en avenir incertain
4.1. Introduction
À la différence d'une option financière,
dont l'actif sous-jacent est un actif financier, l'option réelle est
générée par les caractéristiques d'un projet
d'investissement. L'option réelle permet à son détenteur
de décider d'une action ou de ne pas la faire, pendant une
période déterminée, et à un prix d'exercice
fixé. La décision interviendra en fonction de la valeur prise
à l'échéance de l'option par une variable aléatoire
caractérisant l'investissement (par exemple la somme des flux futurs
actualisés). L'option réelle peut être de type
européen (la décision doit être prise à une date
future) ou de type américain (la décision doit être prise
au plus tard à cette date). Un projet d'investissement présente
souvent un ensemble d'options réelles. L'absence de prise en compte de
ces options peut amener à des décisions d'investissement
erronées.
L'objectif principal de l'analyse par les options
réelles est de prendre en considération la flexibilité
dont peuvent disposer les dirigeants lorsqu'ils prennent des décisions
d'investissement en situation d'incertitude. La flexibilité revêt
bien des formes: Elle peut correspondre à la possibilité de
retarder un investissement, de l'abandonner, de réduire sa taille ou de
l'augmenter, de passer d'un système de production à l'autre, etc.
L'idée centrale des options réelles est d'intégrer le
caractère dynamique de la décision d'investissement et de
répondre ainsi à l'une des principales limites de l'analyse
traditionnelle des projets d'investissement qui, parce qu'elle n'intègre
pas ces éléments, présente le risque de sous-estimer la
valeur des projets.
La notion d'option réelle est apparue à la fin
des années 1970, suite en particulier aux travaux de Black et
Scholes (1973) d'une part et de Merton (1973) d'autre part,
qui apportèrent le premier modèle permettant de valoriser une
option financière. Myers (1977) utilisa ces travaux pour
établir une analogie entre une opportunité de croissance et une
option sur action, et pour proposer une méthode de valorisation de cette
option réelle. Depuis, la notion d'option réelle connaît un
succès croissant. Elle est aujourd'hui appliquée à des
domaines aussi variés que l'évaluation de projets d'exploitation
miniers, de projets de recherche et développement, d'entreprises de
biotechnologies, etc. Investissements qui présentent a priori
bien peu de points communs. Ce succès est vraisemblablement
lié à la conjonction de deux éléments:
· En premier lieu, les entreprises sont
confrontées à un environnement plus incertain dans lequel la
possibilité de réagir promptement et efficacement à une
modification de l'environnement acquiert une dimension nouvelle.
· En second lieu, l'augmentation de la capacité de
calcul des ordinateurs permet de valoriser des options plus complexes que ne
l'étaient celles du modèle de Black et Scholes,
plus proches de celles rencontrées dans le cas des options
réelles.
Le caractère universel de la notion d'option
réelle, fort bien illustré par le foisonnement actuel de travaux
consacrés à ce sujet, soulève un certain nombre de
questions relatives à la portée pratique de cette
notion. Les options réelles peuvent-elles être appliquées
dans tous les domaines ou certaines conditions doivent-elles être
réunies pour que cette application ait un sens? Que faut-il attendre de
la notion d'option réelle: Une méthode fiable de valorisation,
comme le mot option pourrait le laisser espérer ou, plus simplement, un
outil de réflexion visant à compléter la conception
traditionnelle de l'investissement? C'est à ces questions que cette
partie tente de répondre.
4.2. Analogie conceptuelle entre les options
réelles et les options financières
Les options réelles sont issues de la
transposition de la méthode de valorisation des options
financières à la sphère réelle. Bien que de
nombreux manuels se contentent de ce constat pour définir les options
réelles, cette définition n'est pas suffisante pour comprendre
les fondements du concept d'options réelles. La comparaison approfondie
entre la technique des options financières et celle des options
réelles permet de faire émerger progressivement une
définition plus complète.
4.2.1. Définition d'une option
réelle
Les options réelles ont une définition proche
de celle généralement retenue pour les options
financières. Tout comme ces dernières, elles peuvent être
distinguées en fonction de leur nature: Il existe des options d'achat
(call) et des options de vente (put). De plus, elles peuvent
également être définies par leur caractère
asymétrique.
Les options réelles d'achat donnent à
leur détenteur le droit d'entreprendre un investissement, à un
coût fixé à l'avance (le prix d'exercice), à ou
avant une date déterminée (l'échéance). Par
exemple, posséder un gisement non exploité peut être
assimilé à la détention d'une option réelle
d'achat. L'actif réel sur lequel l'option consiste est le gisement. Le
droit associé à l'option est celui d'exploiter ce gisement. C'est
une option d'achat, car l'exploitation permet de s'approprier des revenus de
l'actif réel. Son prix d'exercice est le coût à consentir
pour initier la production. Le détenteur de l'option peut enfin
décider la mise en exploitation à tout moment tant qu'il en a
l'autorisation (soit parce qu'il est le propriétaire, soit parce qu'il a
acheté une concession sur le gisement).
Les options réelles de vente offrent quant
à elles la possibilité d'abandonner un investissement ou de le
revendre à un prix déterminé à l'avance, à
ou avant une date déterminée. Une entreprise détenant un
parc informatique possède par exemple une option de vente portant sur un
ensemble d'ordinateurs. L'option se traduit par la possibilité qu'a
l'entreprise, à tout moment, de revendre ce parc sur le marché
secondaire, en admettant bien sûr que les ordinateurs ne soient pas
obsolètes. Dans ce cas, le prix d'exercice s'identifie à la
valeur que représente le parc informatique pour l'entreprise, et cette
valeur doit être comparée au prix de revente sur le marché.
Tout comme les options financières, les options
réelles sont des actifs dérivés et asymétriques:
· Une option est un produit dérivé
parce que sa valeur dépend de celle d'un autre actif,
généralement qualifié d'actif support. Dans le
domaine des options réelles, l'actif support est un projet
d'investissement. Dans l'exemple du gisement évoqué plus haut, la
valeur de l'opportunité d'exploiter dépend fortement de la valeur
des réserves souterraines.
· Une option est de plus un actif
asymétrique car elle confère à son acheteur le
droit, mais non l'obligation, de l'exercer. Ainsi, un détenteur d'option
réelle a le droit d'entreprendre l'investissement ou d'y renoncer. Le
caractère asymétrique de l'option provient de ce qu'elle donne la
possibilité de bénéficier des évolutions favorables
sans avoir à supporter les situations défavorables. Le
détenteur de gisement peut ainsi choisir d'exploiter si la demande pour
ce minerai est forte, ou au contraire renoncer à la commercialisation si
d'autres gisements de meilleure qualité, à coût
d'exploitation réduit, ont été découverts
entre-temps.
4.2.2. Des options financières aux options
réelles
Rappelons en un mot que l'option
financière est un contrat entre deux parties par lequel l'une
(le vendeur) accorde à l'autre (l'acheteur) le droit mais non
l'obligation de lui acheter (option d'achat) ou de lui vendre (option de vente)
un actif financier, l'actif sous-jacent, moyennant le versement d'une prime
correspondante au prix de l'option. L'achat ou la vente de l'actif sous-jacent
se fait à un prix déterminé (le prix d'exercice) durant
une période correspondante à la période d'exercice pour
les options dites américaines ou à une date précise
correspondante à la date d'exercice d'échéance pour les
options européennes.
Il existe de nombreux types d'actifs sous-jacents. La
présentation des déterminants se limite ici au cas des options
d'achat pour lesquelles l'actif sous-jacent est une action. Donc, les
déterminants d'une option financière d'achat dont l'actif
sous-jacent est une action sont:
· La prime, c'est-à-dire le prix de
l'option d'achat;
· La valeur de l'actif sous-jacent,
c'est-à-dire le cours de l'action;
· Le prix d'exercice;
· La volatilité de l'action;
· La durée de vie de l'option qui
correspond à la date ou la période d'exercice;
· Le taux d'intérêt sans risque;
· Les dividendes versées le cas
échéant.
Les deux méthodes les plus répandues de
valorisation d'options financières sont la méthode
binomiale élaborée par Cox, Ross et
Rubinstein (1979) et la méthode de Black et Scholes
(1973). La première utilise l'hypothèse de
neutralité par rapport au risque et est construite en temps discret,
la seconde est fondée sur la construction d'un portefeuille
répliqué et est construite en temps continu.
Le tableau suivant établit une comparaison entre la
philosophie sous-jacente aux options financière et celle sous-jacente
aux options réelles. La première différence essentielle,
qui est rarement mentionnée telle quelle dans la littérature, est
relative au fait que, dans l'approche réelle, contrairement à ce
que le qualificatif suggère, et de façon paradoxale, l'option est
fictive alors que dans celle financière, elle est réelle.
Dans la sphère financière, la technique des
options permet de couvrir le risque d'un sous-jacent que l'on détient
réellement. Dans la sphère réelle, la technique des
options constitue un outil d'aide à la décision: Il s'agit pour
le décideur de savoir s'il effectue des investissements productifs ou
non. L'alternative qui se présente à lui est la suivante: Il doit
décider d'effectuer un investissement qui comporte une dimension
optionnelle ou ne pas investir et donc perdre l'opportunité de
réaliser cet investissement et les options qui lui sont
rattachées. L'analyse comparative entre les options réelles et
financières nous amène à définir plus
précisément les options réelles comme un moyen de se
couvrir contre une perte d'opportunité.
Les options réelles désignent la valorisation
explicite d'opportunités liées à la modification d'une
décision due à l'évolution des circonstances. Comme la
valorisation des options financières, celle des options réelles
impose d'intégrer dans le processus l'opportunité dont
l'entreprise dispose demain pour prendre des décisions suite à
des circonstances ou des informations nouvelles. Pour évaluer un projet
d'investissement productif de façon complète, il faut tenir
compte du portefeuille d'options réelles attaché à ce
projet. Autrement dit un projet d'investissement productif est vu comme un
projet engendrant des flux financiers et donc décrit par ces flux. Mais
il est défini également par un ensemble d'options qui pourront
être exercées dans le futur. Celles-ci sont les leviers de
commande du décideur et doivent être valorisées car elles
sont source de valeur.
Des options financières d'achat aux
options réelles d'investissement
|
|
|
|
|
Approche financière
|
Approche réelle
|
Objectif
|
Technique de couverture de risque
Outil de spéculation
|
Aide à la décision
Valorisation d'opportun-ité des investissements
|
Méthode
|
Option d'achat sur un investissement financier (action)
Pas de problèmes d'ide-ntification
|
Option d'achat sur un investissement productif
Identification à travers la réflexion et
l'analyse
|
Nature de la transaction
|
Contractuelle
|
Non contractuelle
|
Personnes concernées
|
Le vendeur: celui qui reçoit la
prime
L'acheteur: Celui qui paie la prime et a le
droit d'exercer l'option financ-ière
|
Le vendeur «fictif»: l'entrepreneur
qui a besoin d'être financée et qui gère l'entreprise.
L'acheteur «fictif»: Le financier
interne ou externe à l'entreprise
|
Risque pour le vendeur
|
Illimité
Il correspond à la perte financière dont le
montant est équivalent à la différence entre la valeur de
l'actif sous-jacent et celle du prix d'exercice.
|
Illimité
Il correspond au préjudice lié au fait de
renoncer au projet devant être financé
|
Risque pour l'acheteur
|
Limité
Il correspond à la perte financière dont le
montant est équivalent à la prime versée lors de la
conclusion du contrat
|
Limité
Il correspond à la perte financière dont le
montant est équivalent aux capitaux investis pour avoir accès aux
opportunités d'investiss-ement
|
De plus, alors que l'identification des options
financières ne pose pas des problèmes de méthodes
particulières, ce n'est pas le cas pour les options réelles qui
doivent, quant à elles, être identifiées à travers
la réflexion et l'analyse.
Les autres différences entre les deux approches sont
relatives à la nature de la transaction: Alors que les options
financières sont définies dans un contrat, ce dernier
matérialisant l'option, ce n'est pas le cas des options réelles
pour lesquelles la dimension contractuelle est absente de la transaction.
Dès lors, ni le prix d'exercice, ni le coût d'exercice ne sont
déterminés contractuellement.
Enfin, dans la sphère réelles comme
financière, le risque encouru est limité pour l'acheteur et
illimité pour le vendeur, mais ce risque est de nature
différente. L'acheteur d'une option réelle est
incarné par la figure du financier, qui peut être interne à
l'entreprise ou externe à celle-ci. Le risque lié à la
détention de l'option réelle d'investissement correspond à
la perte financière dont le montant est équivalent aux capitaux
investis pour avoir accès aux opportunités d'investissement. Le
vendeur de l'option réelle d'investissement est le gestionnaire
ou le dirigeant de l'entreprise qui a besoin d'être financée. Le
risque qu'il encourt correspond au préjudice lié au fait de
renoncer au projet devant être financé.
Le tableau suivant présente le parallèle entre
les déterminants d'une option financière et ceux d'une option
réelle.
Comparaison des déterminants d'une
option d'achat financière à ceux d'une option de croissance
réelle
|
Approche financière
|
Approche réelle
|
Prix de l'actif sous-jacent (cours de l'action qui varie avec le
temps)
|
Valeur actuelle nette des cash flows futures = ce que
rapportera en moyenne l'investissement productif
|
Prix d'exercice de l'option
|
Coût de l'acquisition des actifs du projet
|
Echéance à maturité de l'option pour une
option américaine
Date d'exercice pour une option européenne
|
Période pendant laquelle la décision peut
être retardée: durée pendant laquelle l'opportunité
d'investissement existe (option américaine)
Date d'exercice pour une option européenne
|
Taux d'intérêt sans risque
|
Valeur temps de l'argent
|
Volatilité de l'actif sous-jacent
|
Incertitude sur les flux de liquidités
générés par l'investissement productif
|
Prime ou prix de l'option versée dès le
début du contrat
|
Prime fixée de manière non contractuelle,
correspondent au versement de capital qui donne le droit d'exercer les options
réelles, autrement dit, de saisir les opportunités
d'investissement dans le futur.
|
Tout d'abord l'actif sous-jacent est d'une autre nature
différente. En effet, dans le cas des options financières, il
s'agit d'une action cotée sur le marché financier tandis que,
dans le cas des options réelles, il s'agit d'un projet d'une entreprise.
L'exercice d'une option financière correspond à un investissement
financier tandis que celui d'une option réelle correspond à un
investissement productif.
Dans la sphère financière, la valeur de
l'actif sous-jacent est donné par le marché financier tandis
que, dans la sphère réelle, elle est estimée en pratique
par celle d'une entreprise cotée (ou d'un groupe d'entreprises)
jugée similaire dont le cours reflète la valeur de ce que
rapporte le projet. Le prix d'exercice correspond au coût
d'acquisition des actifs du projet et est une fonction décroissante de
la valeur de l'option réelle: Plus le projet est coûteux, moins
l'option réelle a de la valeur. La volatilité de l'actif
sous-jacent mesure l'incertitude sur les flux de liquidité
générés par l'investissement productif et est une fonction
croissante de la valeur de l'option réelle. Dans le cas d'une option
réelle américaine, la date d'exercice correspond
à la période pendant laquelle la décision peut être
retardée, autrement dit la durée pendant laquelle
l'opportunité d'investissement existe. Pour une option réelle de
type européen, la date d'exercice correspond à la date
fixée d'exercice de l'option, c'est-à-dire à la date
précise de l'investissement productif. L'échéance
d'exercice, c'est-à-dire la durée qui sépare l'achat
de l'option de son exercice, est une fonction croissante de la valeur de
l'option. En effet, plus l'échéance est éloignée
dans le temps, plus la probabilité d'exercer l'option dans le temps est
élevée. Il en est de même pour sa valeur.
4.2.3. Les limites de l'analogie
Si l'analogie entre les options réelles et les options
financières est séduisante, elle n'en est pas moins
limitée: L'asymétrie ne joue pas le même rôle dans
les deux cas, et les actifs support des options sont fondamentalement
différents.
Du point de vue de l'asymétrie, les options
réelles présentent une particularité, liée à
la nature des transactions qui leur sont associées. En effet,
contrairement à ce qui se produit dans le cas des options
financières, un acheteur d'option réelle ne fait
généralement pas face à un vendeur. L'exemple du parc
informatique (paragraphe 4.2.1.) illustre ce phénomène.
L'entreprise détenant ces ordinateurs possède une option
réelle de vente. Cette opportunité de revendre le parc sur le
marché secondaire n'a pas été acquise en tant que telle:
Les ordinateurs ont vraisemblablement été achetés à
l'état neuf, comme outils de travail, la perspective de les revendre
ensuite n'intervenant que de façon marginale dans la décision.
Et, à moins que le fournisseur ne se soit engagé à
reprendre ultérieurement le parc à un prix fixé d'avance,
les ordinateurs seront revendus sur le marché secondaire sans que
quiconque se trouve dans l'obligation de prendre réception de ces
produits. Ainsi, dans le domaine des options réelles, les acteurs
considérés sont en grande majorité les détenteurs
(acheteurs) d'options. La stratégie de tels opérateurs est peu
risquée: Dans le pire des cas, la valeur de l'option est nulle à
sa date d'expiration, et son détenteur perd ce qu'il a
dépensé pour l'obtenir. Si en revanche la situation se
révèle être favorable, le profit de l'opérateur peut
être illimité.
Le caractère asymétrique des options
réelles ne doit donc rien à l'existence de situations
différentes pour l'acheteur et le vendeur d'option. Un tel constat
soulève deux questions: La première de ces questions est
relative à la valeur d'une option pour laquelle il n'existe pas de
marché (lieu théorique où se rencontrent l'offre et la
demande), la deuxième est liée au processus de
création des options réelles. Si le détenteur d'une telle
option ne l'a pas acquise, il a fallu qu'il la crée, grâce par
exemple à un investissement antérieur réalisé dans
un tout autre but. Ce dernier peut avoir pour conséquence la
détention d'une ressource naturelle non exploitée, la
possibilité d'utiliser une licence, un brevet, une marque, des
compétences organisationnelles, un savoir-faire technologique, une
position de domination par les coûts, etc.
L'analogie entre une option réelle et une option
financière présente une seconde limite, tenant à la nature
de l'actif support considéré. Dans le cas des options
réelles, cet actif n'est pas un titre financier mais un projet
d'investissement, considéré de façon plus ou moins
extensive: Ce projet peut s'identifier au développement ou à
l'abandon d'une activité spécifique (pour un constructeur
automobile par exemple, la conception d'un nouveau modèle de voiture),
il peut au contraire représenter les activités de la firme dans
leur ensemble (la commercialisation de véhicules destinés aux
particuliers et aux entreprises) ou bien se situer à un niveau
intermédiaire entre ces deux extrêmes (la conception d'une gamme
de véhicules spécialement adaptés à un terrain
spécifique, tels que la neige ou le sable).
Or, les actifs financiers sont caractérisés par
leur fongibilité. À condition que les mêmes droits soient
associés aux deux titres, l'action d'une société ne se
distingue en rien d'une autre action de la même société. En
revanche, deux actifs réels ne sont jamais totalement comparables, et
ceci n'est pas sans implication:
· En premier lieu, il existe le plus souvent un
marché secondaire permettant d'échanger facilement les titres
financiers sans subir des coûts de transaction prohibitifs. Tel est
rarement le cas pour les actifs réels.
· En deuxième lieu, si les
caractéristiques d'un actif financier peuvent être connues
simplement, ces informations sont beaucoup plus difficiles à obtenir
pour un actif réel. Par conséquent, les modalités de la
transaction sont susceptibles d'être affectées par la
présence d'asymétries d'information.
· En troisième lieu, la valeur d'un actif
réel peut partiellement au moins provenir de son apport aux
activités existantes de la firme, de l'exploitation de synergies
industrielles, de la présence de complémentarités entre
différents projets. La valeur d'un produit de beauté (sels de
bains, lait pour le corps, etc.) peut par exemple provenir, en grande partie,
de ce qu'il complète la gamme associée à un parfum
renommé. La prise en considération de tels éléments
revêt une bien moindre importance dans le domaine financier.
L'analogie entre les options réelles et les options
financières, qui augure a priori une quantification, n'est donc
pas exempte de limites, dues principalement à la nature de l'actif
support considéré. Ces limites ne retirent pas pour autant toute
pertinence au concept.
4.3. L'ambition affichée de la technique des
options réelles
Les partisans de l'approche en terme d'options réelles
considèrent que ces dernières fournissent un cadre analytique
«révolutionnaire», en mesure de surmonter les échecs de
l'analyse traditionnelle dans la prise en compte de l'incertitude et
de la flexibilité associées aux investissements. Leur
démarche est inductive: Ils identifient les limites des méthodes
traditionnelles de valorisation et justifient leur démarche en
soulignant que celles fondées sur le principe d'actualisation ne
reflètent pas un certain nombre de caractéristiques
fondamentales, qui sont pourtant à prendre en compte au moment d'une
décision d'investissement productif; à partir de ce constat, ils
construisent les options réelles afin de résoudre ces
problèmes.
4.3.1. Combler les inconvénients des
méthodes de valorisation financière traditionnelles
Les méthodes de valorisation financière
traditionnelles ont un apport limité. En effet elles ne prennent pas en
compte le fait que les dépenses d'investissement productif sont
irréversibles. Or l'irréversibilité fait de
l'investissement un processus explicitement dynamique où le choix de la
date opportune pour le réaliser est aussi important que celui du niveau
correct d'investissement. En effet investir est contraignant pour l'avenir,
puisqu'en cas d'erreur sur les perspectives, il faudra supporter le coût
des surcapacités. En revanche, attendre peut apporter des informations
utiles.
L'originalité des options réelles est de
considérer cet «attentisme» comme un comportement susceptible
d'être optimal face à l'irréversibilité et
l'incertitude. Ainsi l'argument soutenu par les défenseurs de cette
approche est qu'un investissement productif n'est pas dans tous les cas
à effectuer «maintenant ou jamais». Selon eux, les
méthodes de valorisation traditionnelles ne prennent pas en compte
l'étalement dans le temps de l'opportunité d'une décision
d'investissement productif: En effet, la règle de décision par la
valeur actuelle nette (VAN) compare deux situations investir aujourd'hui ou
ne jamais investir et considère que la décision
d'investissement repose sur une suite continue de flux. En proposant des
montants de flux de profits générés, le gestionnaire fait
l'hypothèse que le projet débute à une date fixe, au
moment du calcul. Aucune contingence n'est prise en compte: La firme ne peut
pas faire de choix différents de ceux de l'investissement initial.
Or de nombreuses recherches montrent que la capacité
de retarder un investissement irréversible influence de façon
importante la décision d'investir et invalide par conséquent la
règle de décision de la VAN. Son point de vue statique ne prend
pas en compte d'éventuelles interventions des dirigeants à des
dates ultérieures. Quant à l'approche en terme d'options
réelles, elle prend en compte la flexibilité des projets
grâce à l'intégration, par les acteurs économiques,
des contingences liées aux investissements productifs. Ainsi, les
options réelles sont un outil ayant une flexibilité que la VAN
n'a pas. Celle-ci est d'autant plus importante pour les investissements
innovants que la prise de décision d'investir engendre des coûts
irrécouvrables (les dépenses d'investissement productif en actifs
immatériels peuvent être en partie des fonds perdus quand elles
sont spécifiques à un type d'industrie ou à une firme.
Dès lors, un mauvais investissement productif est une perte sèche
car il n'est pas recouvrable (sunk costs)).
En pratique, la VAN n'est pas utilisée comme elle le
devrait. En effet, la loi d'investissement associée à ce
critère n'est pas souvent respectée: Soit les entreprises exigent
une VAN très largement positive pour investir, soit elles calculent la
VAN en retenant un taux d'actualisation supérieur au taux
théorique. Ou encore, toutes celles appartenant à un même
secteur utilisent un taux identique, bien que le coût de leurs ressources
ne soit pas le même, et bien que l'investissement ne les expose pas au
risque de façon identique. Ces pratiques peuvent se
révéler dommageables car lorsque le critère de la VAN est
utilisé, la mesure de la richesse créée par un
investissement est extrêmement sensible au taux d'actualisation
retenu.
La majorité de ces pratiques révèlent
une forte aversion au risque de la part des opérateurs, et/ou une
difficulté à estimer le coût moyen pondéré du
capital (WACC) associé à un projet. De ce point de vue, la notion
d'option réelle est utile, car elle incite à une perception plus
positive du risque (un détenteur d'option a des possibilités de
pertes limitées, tandis que ses gains éventuels sont
illimités), et elle propose l'utilisation d'un taux d'actualisation
simple à déterminer: Le taux d'intérêt sans
risque. Malheureusement, cela ne signifie pas pour autant que l'analyse
optionnelle résolve toutes les difficultés. À la limite,
elle pourrait même être accusée d'en introduire de
nouvelles, tant le concept d'option réelle est multiforme.
De plus, les partisans de l'approche en terme d'options
réelles considèrent que les méthodes de valorisation
traditionnelles ont l'inconvénient de traiter l'incertitude comme une
source de nuisance. En effet, dans la mesure où les investissements
risqués sont supposés engendrer un rendement important, le taux
d'actualisation dans le calcul de la VAN actualisée est lui aussi
conséquent. Comme ce dernier est fonction décroissante de la
valeur de l'investissement, le risque est pénalisant. Autrement dit
l'incertitude concernant les flux de cash-flows générés
par l'investissement productif est jugée négativement. Les
partisans de l'approche en terme d'options réelles considèrent au
contraire que le potentiel de croissance incertain peut générer
de la valeur.
Comparaison entre l'approche fondamentale
traditionnelle et celle par les options réelles
|
|
|
|
|
Approche
fondamentale
|
Approche
optionnelle
|
Règle de décision
|
Rigide et statique
|
Flexible
|
Prise en compte de l'incertitude
probabilisable
|
Oui
|
Oui
|
Prise en compte de l'incertitude non
probabilisable
|
Non
|
Oui
|
Vision de l'incertitude
|
Négative
|
Positive
|
Fondement de
l'hétérogénéité des agents
|
Goût du risque
Accès à l'information
|
Compétence
|
Enfin, cette méthode entend s'affranchir de toute
conception subjective du risque présente dans les méthodes de
valorisation financière traditionnelles. Elle prétend être
capable d'une parfaite objectivité dans la mesure où, pour chaque
noeud de décision, un nouveau comparatif de risque par
l'intermédiaire d'un titre comparable sert d'appui pour
déterminer le taux d'actualisation, ce dernier variant avec la valeur de
l'actif sous-jacent.
4.3.2. Nature des erreurs engendrées par
l'utilisation des méthodes traditionnelles
Les défenseurs de l'approche en terme d'options
réelles identifient deux types d'erreurs liées à
l'utilisation de la méthode de la valeur actualisée nette (VAN)
comme critère de décision pour investir:
· D'une part, ils considèrent qu'elle peut
conduire à ne pas investir dans un investissement rentable à
cause d'une sous-évaluation du projet due à l'occultation de sa
flexibilité et de sa valeur stratégique. Autrement dit les
options attachées dans le cadre de la VAN à cet investissement
productif ne sont pas prises en compte. Ainsi l'application de la VAN à
Apple Computer en 1995-1996 aurait amené l'entreprise à
abandonner les investissements productifs liés aux ordinateurs
personnels. L'analyse en terme d'options réelles l'aurait, quant
à elle, conduite à poursuivre l'activité, dans la mesure
où elle considère cette période de perte comme «le
prix à payer pour maintenir en activité une entreprise qui est
susceptible de faire d'importants profits dans le futur». Les faits
révèlent la pertinence de la méthode des options
réelles.
· D'autre part. L'application de la VAN peut conduire,
selon eux, à investir de façon irréversible dans un projet
peu rentable: Les modèles classiques peuvent surévaluer un
projet, ce qui entraîne une perte de flexibilité pour l'entreprise
et grève les possibilités de développements
parallèles.
En définitive, selon ses défenseurs, la
technique des options réelles ambitionne de proposer des outils
analytiques formalisés, permettant d'établir une règle de
décision flexible s'affranchissant de toute conception subjective et
où l'incertitude concernant les flux de trésorerie
engendrés par l'investissement est source de richesse
4.4. les différentes catégories
d'options réelles
La littérature distingue
généralement sept catégories d'options réelles. Ce
paragraphe a pour objectif de les présenter et de montrer ce qui les
distingue les unes des autres, qu'il s'agisse de la nature de ces options, de
leur impact sur la décision d'investissement, ou de l'influence
prépondérante d'un déterminant spécifique sur leur
valeur. Ces options sont classées par degré de complexité
croissante.
4.4.1. L'option de reporter
L'option réelle de reporter l'investissement
«option to delay» est sans doute celle la plus fréquemment
invoquée. Dans ce cas, la flexibilité est uniquement due à
la possibilité, pour l'investisseur, d'attendre avant de s'engager.
L'investissement est reporté dans l'espoir d'obtenir
ultérieurement des informations pertinentes quant à la mise en
oeuvre du projet, et concernant par exemple les coûts, les prix, ou les
conditions du marché. Contrairement à la théorie
traditionnelle de l'investissement, l'option de reporter prend en
considération la capacité d'apprentissage des investisseurs.
L'option de reporter est une option d'achat. Lorsqu'il exerce
son droit, le détenteur de cette option s'approprie la valeur actuelle
nette du projet d'investissement servant de support à l'actif
dérivé. Inversement, l'opérateur qui reporte son
investissement suppose implicitement que le bénéfice
retiré de l'attente (la possibilité d'obtenir des informations
nouvelles) est supérieur à son coût. Ce dernier a diverses
origines. Premièrement, l'investisseur renonce aux revenus
retirés d'un investissement immédiat.
Deuxièmement, il subit le coût d'opportunité
associé à la détention de l'option.
Troisièmement, attendre expose au risque de laisser une
opportunité s'échapper: De nouvelles sociétés
peuvent s'introduire sur le marché, de nouvelles technologies peuvent
être développées, etc. Ce dernier
élément permet de souligner que la valeur de cette option varie
selon la structure de l'industrie. Elle est une fonction de l'éventuelle
présence de barrières à l'entrée et à la
sortie.
La définition même de cette option permet de
comprendre que celle-ci sera particulièrement importante dans les
industries caractérisées par une réelle possibilité
d'attendre, comme celle des ressources naturelles, de l'immobilier, de
l'agriculture, et de la production de bois. Mais cette définition
suscite également deux questions: Combien de temps faut-il attendre? Et
que faut-il attendre?
La théorie financière apporte une
réponse à ces questions. Elle enseigne en effet qu'une option
d'achat américaine (une telle option peut être exercée
à tout moment précédant son échéance) ayant
pour support un actif ne versant pas de dividendes ne doit pas être
exercée avant son expiration. Dès lors, si l'on considère
qu'une option de reporter s'apparente à un call
américain (à condition, bien sûr, que
l'opérateur ait le choix d'investir quand il le souhaite), et qu'un
gisement non exploité, un champ ou une forêt en friche ne
procurent aucun revenu, de nouvelles questions surgissent: Que faire lorsque la
date d'expiration de l'option n'existe pas, parce que la durée de vie de
cette dernière est infinie? Faut-il renoncer à exploiter un
champ, un gisement, une forêt, existant pour certains depuis la nuit des
temps et susceptibles d'exister longtemps encore?
Pour répondre à ces questions, il est possible
de considérer que la possibilité d'exploiter l'actif support est
limitée dans le temps, comme c'est le cas lorsque l'investisseur
éventuel n'est pas le propriétaire du terrain ou du champ. Il
faut alors détenir une autorisation d'exploitation, et celle-ci n'est
pas permanente. Cependant, une telle réponse n'est pas vraiment
satisfaisante. Elle manque en effet de généralité (quelle
décision le propriétaire de l'actif doit-il prendre?). De plus,
le renouvellement d'une concession peut tout à fait être
considéré comme un coût d'investissement
supplémentaire. Enfin, cette réponse incite de façon
mécanique à attendre l'expiration des droits d'exploitation pour
investir.
Une réponse plus satisfaisante est apportée si
l'on considère que l'actif support, de la même façon qu'une
action, verse un revenu s'apparentant à un dividende, mais ne se
concrétisant pas par un versement monétaire ( Dans le domaine des
matières premières, le revenu associé à la
détention de stocks est par exemple appelé convenience
yield, ou rendement d'opportunité, et le concept d'option
réelle est un moyen, parmi d'autres, de souligner l'importance d'une
telle variable pour la valorisation de cette catégorie d'actifs
réels). Dans ce cas, la théorie financière explique que
l'attente n'est pas l'attitude optimale. Le critère de décision
de l'investissement n'est pas représenté par une durée
spécifique. Ce qui importe, c'est la valeur critique du support à
partir de laquelle il devient optimal d'investir. L'investisseur doit observer
l'évolution de la valeur de l'actif support, jusqu'à ce que cette
valeur parvienne au seuil voulu. Tant que ce dernier n'est pas atteint, mieux
vaut rester passif.
En raisonnant ainsi, une réponse est également
apportée à la deuxième question formulée
précédemment: Ce qu'il faut attendre, c'est une information
décisive quant à la valeur de l'actif support. Cette information
est simple à définir dans le domaine financier: Elle est
synthétisée dans les prix des titres. De plus, elle est abondante
et de bonne qualité. Tel n'est cependant pas toujours le cas dans le
domaine des actifs réels. L'information peut être de
qualité discutable, en particulier si elle est sujette à diverses
interprétations et si elle émane simultanément de sources
diverses (les informations relatives à un secteur industriel
dépendent par exemple de nombreuses variables, telles que
l'évolution de la demande, les performances des concurrents, la
conjoncture économique d'ensemble, etc.).
Lorsque l'information relative à la valeur d'un actif
réel ne peut être obtenue simplement, la valeur de l'option de
reporter est donc difficile à établir. De plus, l'étude de
cette option ne permet pas d'aboutir à des recommandations limpides en
termes de décisions d'investissement. Elle peut en effet conduire soit
à reporter, soit au contraire à accélérer la
réalisation d'un projet. L'investissement réalisé par un
concurrent peut par exemple augmenter la valeur de l'option d'attendre, du fait
des externalités informationnelles susceptibles d'être
retirées d'une telle action. Au contraire, une firme redoutant
l'entrée d'un nouveau concurrent sur son marché peut être
conduite à accélérer son investissement pour renforcer sa
position stratégique. Autre exemple, une forte probabilité de
hausse future des prix incite à l'investissement immédiat,
puisque la probabilité d'un mauvais résultat est
réduite.
Malgré ces limites, l'option de reporter
présente un avantage: Elle conduit à souligner qu'une valeur
temps est bien souvent associée aux projets d'investissement. De plus,
elle met en évidence le fait qu'il est peu réaliste de
négliger certaines opportunités, même si leur valeur n'est
pas très clairement quantifiée. Enfin, d'un point de vue plus
strictement financier, elle confirme l'idée selon laquelle la
détention d'un actif réel, même s'il n'est pas
exploité, permet de bénéficier d'un revenu. Faute
d'intégrer cet élément dans l'analyse, la démarche
optionnelle peut fort bien aboutir à une impasse.
4.4.2. L'option d'abandonner
Cette option est associée à la
possibilité de renoncer définitivement à un investissement
et, éventuellement, de le revendre sur le marché secondaire.
C'est une option de vente.
Exercer le droit conféré par l'option
d'abandonner permet, soit de recueillir les revenus issus d'une revente du
projet, soit d'annuler les coûts associés à son maintien.
Il est donc particulièrement intéressant de prendre en
considération cette option dans deux cas.
· Premièrement, lorsque la
spécificité de l'actif considéré est faible, sa
revente dans des conditions avantageuses est envisageable, et l'option
d'abandonner peut difficilement être ignorée.
· Deuxièmement, lorsque le projet exige
de continuelles mises de fonds pour être maintenu en état de
fonctionnement (c'est le cas par exemple des industries soumises à de
stricts impératifs de sécurité, telles que les
transports), les économies résultant de l'abandon peuvent
être substantielles.
Inversement, conserver un projet, c'est révéler
l'attrait qu'il possède aux yeux de son détenteur. Cet attrait
peut être matérialisé par des recettes ou correspondre
à des éléments plus difficiles à quantifier mais
néanmoins susceptibles d'atteindre une grande valeur, tels que le savoir
faire technologique ou les compétences organisationnelles.
La démarche optionnelle, en soulignant l'existence de
l'option d'abandonner, permet de souligner que ce choix s'offre en permanence
et suscite une réflexion sur les conséquences possibles d'un tel
acte. Dans le cadre de l'analyse traditionnelle, l'abandon d'un projet est
plutôt considéré comme une fatalité, se manifestant
une fois que le terme de la durée de vie d'un projet est atteint.
4.4.3. L'option de renoncer à l'investissement
en cours
L'option de renoncer à l'investissement en cours de
réalisation «time to build option» relève d'un
raisonnement similaire à celui développé pour l'option
d'abandonner, mais elle insiste sur le fait que bien souvent, un investissement
est effectué en procédant par étapes successives. Dans ce
contexte, la flexibilité résulte de l'alternative qui se
présente à chaque étape: Renoncer à poursuivre le
développement du projet si de nouvelles informations défavorables
se révèlent ou consentir aux dépenses permettant de passer
à l'étape suivante dans le cas inverse.
Le champ d'application de cette option est
particulièrement vaste. Il couvre en effet tous les domaines où
les investissements sont séquentiels, tels ceux réalisés
dans les industries intensives en recherche et développement, et celles
caractérisées par une forte intensité capitalistique,
comme la pharmacie et l'aéronautique. Cette option concerne
également les projets à grande échelle.
L'option de renoncer à un investissement en cours est
une option de vente. La décision de l'exercer ou non dépend de
facteurs similaires à ceux évoqués au paragraphe
précédent. L'option de renoncer à l'investissement en
cours est exercée lorsque l'investissement requis pour parvenir à
l'étape suivante est supérieur à la valeur accordée
à la poursuite du projet. Dans ce cas, mieux vaut considérer une
autre allocation pour les fonds initialement affectés au
développement du projet. En revanche, ne pas exercer cette option
revient à manifester un intérêt soutenu et des
anticipations positives quant à l'évolution future de
l'investissement entrepris antérieurement.
L'option de renoncer à l'investissement en cours est
beaucoup plus complexe que la précédente. En effet, si chaque
étape du projet peut être considérée comme une
option sur l'étape suivante, cela signifie que l'étape suivante
est elle-même une option sur l'étape à venir. Une forme
imparfaite de construction en abîme peut être ainsi aisément
mise en évidence. Faut-il souligner que si son champ d'application est
très large, les possibilités de valorisation d'une telle option
apparaissent en revanche comme assez restreintes?
4.4.4. Les options de modifier l'intensité de
l'exploitation
Les options de modifier l'intensité de l'exploitation
«options to alter operating scale» recouvrent la
possibilité d'augmenter, de réduire ou de fermer temporairement
une exploitation. Elles consistent donc à passer d'un état de
production à l'autre, ce changement étant soit continu (dans le
cas d'une montée en puissance de l'intensité d'utilisation des
capacités) soit discret (dans le cas d'une fermeture temporaire de
certaines unités de production). La valeur de ces options est
élevée dans toutes les industries caractérisées par
une demande ou une offre cyclique, telles que les ressources naturelles, la
mode, certains biens de consommation.
La flexibilité peut être liée à un
outil de production offrant une possibilité d'adaptation face aux
évolutions de l'environnement. Dans ce cas, le coût à
consentir pour bénéficier de la flexibilité est celui de
l'investissement dans des capacités de production sophistiquées.
L'arbitrage entre le coût et les bénéfices de la
flexibilité doit souvent être réalisé dès la
construction de l'outil de production. Le coût peut être lié
aux dépenses initiales entreprises pour profiter de technologies plus
performantes, aux coûts d'ajustement supportés lors du passage
d'un état de production à l'autre ou au fait de renoncer à
bénéficier d'économies d'échelle. La
flexibilité peut également être créée
à partir de relations établies avec des partenaires commerciaux,
permettant par exemple de recourir à la sous-traitance pour ajuster la
production aux fluctuations de la demande.
4.4.5. Les options d'échange
Les options d'échange «option to switch
use» résident dans la possibilité de modifier les
produits finis ou les facteurs de production. La flexibilité est dans ce
cas apportée par le processus de production.
La valeur de l'option d'échange associée aux
facteurs de production est élevée pour toutes les
industries qui recourent à des inputs ayant un substitut proche. C'est
le cas, en particulier, dans le domaine des matières premières.
Une centrale électrique ayant la possibilité de fonctionner soit
avec du gaz naturel soit avec du charbon offre une série d'options
d'échange. Le choix de recourir à l'un ou l'autre
dépend des fluctuations relatives de leur prix. Compte tenu de leur
caractère substituable, ces fluctuations sont relativement
corrélées. Des écarts de prix peuvent cependant se
manifester momentanément et être exploités par les
détenteurs d'options d'échange, qui utilisent dans ce cas la
matière première la moins coûteuse.
Les options d'échange de produits finis sont
quant à elles importantes dans les industries
caractérisées soit par une demande saisonnière
(agriculture), soit par une demande fortement segmentée (jouets,
composants de machines, automobiles):
· La possibilité d'utiliser la terre pour cultiver
différents fruits et légumes selon la période de
l'année est une option d'échange de produits finis offerte au
jardinier.
· La conception et l'instauration d'une chaîne de
montage permettant de produire plusieurs types de voitures différentes
est une série d'options d'échange créée par un
constructeur automobile.
Comme dans le contexte de la modification de
l'intensité de production, le coût de passage d'un facteur de
production à l'autre ou d'un produit fini à l'autre est un
élément déterminant de la valeur d'un projet. Chaque
possibilité de changement d'état représentant une option,
un projet s'identifie alors à une somme d'options ayant chacune une
échéance différente, et une difficulté peut surgir
si les coûts d'ajustement de la production diffèrent en fonction
de l'état dans lequel on se trouve (il peut être par exemple plus
coûteux de passer du gaz au charbon que du charbon au gaz). La valeur
d'une option d'échange donnée dépend dans ce cas des
options précédemment exercées ou abandonnées. La
valorisation est d'autant plus délicate que le nombre d'options est
important, et la complexité croît naturellement avec les
alternatives.
4.4.6. Les options de croissance
Le champ d'application des options de croissance
«growth options» est extrêmement vaste. Elles
s'intéressent en effet à la stratégie de
développement de la firme et regroupent de ce fait plusieurs options
réelles.
· En premier lieu, elles proviennent de ce
qu'une entreprise a très souvent la possibilité de renoncer
à une activité ou au contraire d'en développer une
nouvelle. De ce point de vue, la notion d'option de croissance s'apparente
à celle de l'abandon en cours de réalisation, car le processus
d'investissement comporte plusieurs stades successifs. Chaque étape
correspond cependant à un projet et non à une partie de celui-ci,
et chaque projet constitue le maillon d'une chaîne permettant à la
firme de se situer sur un sentier de croissance ou d'améliorer sa
position stratégique dans l'industrie.
· En deuxième lieu, les options de
croissance reflètent la possibilité pour une entreprise de
choisir entre plusieurs projets concurrents, mutuellement exclusifs.
Sur ce point, elles se rapprochent des options d'échange.
· En troisième lieu, si elles prennent en
considération la capacité de fermer temporairement une ou
plusieurs unités de production, les options de croissance peuvent
être enfin apparentées aux options de modifier l'intensité
de l'exploitation.
Dans la mesure où la décision d'investissement
est considérée à long terme, et dans tous ses aspects, la
théorie des options réelles offre ici plutôt un cadre
conceptuel qu'un instrument de valorisation et de décision. Dans ce
contexte, la réflexion peut par exemple porter sur la taille optimale de
la firme ou de certaines de ses entités. Faut-il entreprendre
immédiatement un investissement de grande capacité, permettant de
bénéficier d'économies d'échelle mais pouvant se
révéler coûteux si la demande a été mal
évaluée ou initier une séquence d'investissements plus
réduits permettant d'exercer ou d'abandonner des options de croissance?
La réflexion peut également porter sur la nature des relations
contractuelles à entretenir avec les partenaires commerciaux. Faut-il
établir une relation contractuelle forte et durable ou
privilégier la sous-traitance, qui donne la possibilité d'adapter
le niveau de la production aux fluctuations de la demande? Elle peut aussi
s'intéresser à la possibilité de créer ou de
s'approprier des rentes, momentanément au moins, le temps que dure un
brevet par exemple. Elle peut enfin conduire à s'engager dans des
projets dont la valeur nette présente est négative, mais qui ont
une valeur optionnelle positive car ils peuvent servir de tremplin pour
développer des productions futures à moindre coût, de
meilleure qualité, ou même de nouveaux produits.
En effet les entreprises mettent souvent en avant «la
stratégie» pour engager des projets à VAN négative.
La mobilisation de l'outil analytique qu'est l'option réelle permet de
faire émerger la dimension rationnel de ce comportement: Les
investissements comportent des options de croissance (des options d'achat sur
d'autres projets se situant dans la continuité du projet initial) dont
la valeur financière doit s'ajouter à la VAN du projet initial.
Dans l'évaluation d'un projet d'investissement, leur valorisation
revient à prendre en compte le fait que ce dernier peut conditionner des
investissements ultérieurs. La décision de ne pas investir
signifie alors que certaines opportunités futures seront perdues.
Autrement dit les investisseurs productifs d'aujourd'hui peuvent être
à l'origine des opportunités de demain. Ainsi quand une
société investit dans un brevet, elle se crée des
opportunités de croissance liées au développement
d'une technologie. D'une façon générale, les options de
croissance constituent une part significative de la valeur des entreprises car
elles résultent d'avantages compétitifs tels que la connaissance
technologique, les brevets, le savoir-faire. L'option de croissance peut se
définir comme une option d'achat dont le prix d'exercice correspond au
coût de l'investissement optionnel.
4.4.7. Les options interactives
La prise en considération d'options interactives
«multiple interacting options» suppose d'effectuer un pas
supplémentaire vers le caractère universel de l'application des
options réelles, en reconnaissant explicitement que la décision
d'investissement recouvre la possibilité d'exercer, simultanément
ou non, plusieurs options de différentes catégories. Soit ces
options sont insérées au sein d'un même projet
(l'exploitation d'une mine de cuivre comporte par exemple à la fois une
option de reporter, une option de fermer temporairement, une option de renoncer
à l'investissement en cours, une option d'abandon, etc.), soit elles
appartiennent à plusieurs projets (la recherche en vue de tester la
résistance des matériaux est une option d'abandonner
l'investissement en cours dont la valeur affecte celle de tous les projets
associés aux différentes marques commercialisées par un
constructeur automobile). De même, ces options réelles peuvent
être la propriété d'une seule firme (le propriétaire
de la mine de cuivre) ou au contraire se répartir entre plusieurs
concurrents (c'est le cas pour les produits non protégés par une
licence ou un brevet - les vêtements de mode et les innovations
financières par exemple - ou qui sont facilement substituables).
Ces options sont qualifiées d'interactives car elles
peuvent exercer une influence les unes sur les autres. Dans ce contexte
émergent deux questions. La première est relative à
l'additivité de la valeur. La réunion de plusieurs options
réelles constitue-t-elle un actif de valeur égale à la
somme des valeurs individuelles? Childs, Ott et
Triantis (1998) apportent des réponses à ce
problème en proposant un modèle qui intègre l'effet de
l'interdépendance entre différents projets sur les
décisions d'investissement. Les relations entre les projets se
manifestent sous diverses formes: Ils peuvent être mutuellement
exclusifs ou au contraire complémentaires. Les auteurs
montrent que les valeurs des options s'additionnent en général
lorsque les options sont de nature différente (une option d'achat est
plutôt exercée dans un contexte de hausse des prix, tandis qu'une
option de vente est exercée plus souvent en cas de baisse), lorsque
leurs dates d'exercice sont rapprochées, et lorsqu'elles sont
profondément en dehors de la monnaie (out of the money). La seconde
question porte sur la valeur additionnelle de chaque option.
Trigeorgis (1993) montre que celle-ci est une fonction inverse du
nombre d'options. La présentation des options réelles les plus
fréquemment invoquées dans la littérature illustre
aisément le caractère multiforme de ce concept. Son principal
attrait est de montrer que, à la limite, chaque projet peut être
considéré comme un «gisement d'options». Cependant, la
complexité de certaines options réelles est parfois telle que
leur valorisation semble relever du défi. Et leur caractère
polymorphe peut laisser rêveur: La théorie des options
réelles, parce qu'elle semble a priori susceptible d'être
appliquée dans bien des circonstances, ne risque-t-elle pas de perdre
toute utilité?
4.5. Un instrument facile à créer mais
difficile à valoriser
Le caractère multiforme des options
réelles et l'étendue apparente de leur domaine d'application
soulèvent essentiellement deux questions: Y a-t-il ou non des conditions
à respecter pour que les options réelles puissent être
employées? Ces actifs peuvent-ils être quantifiés, ou
doivent-ils plutôt être considérés comme des outils
de réflexion? C'est à ces questions qu'est consacrée cette
partie.
4.5.1. Les conditions d'existence des options
réelles
Les options réelles, concept utile mais polymorphe,
peuvent-elles être appliquées dans tous les domaines? Une
réponse peut être apportée en s'interrogeant sur les
conditions à réunir pour qu'une option réelle existe. Ces
conditions sont l'incertitude, la flexibilité et
l'irréversibilité.
4.5.1.1. L'incertitude
Les options réelles partagent avec les options
financières la condition première de leur existence:
L'incertitude. Celle-ci n'est cependant pas de même nature dans
les deux cas.
L'incertitude associée à une option
financière présente deux caractéristiques:
· En premier lieu, elle peut être
intégrée dans l'analyse assez simplement car elle est
représentée par la probabilité d'occurrence
d'événements dont la nature est supposée être
connue à l'avance. En général, ces
événements sont des prix, évoluant dans un
intervalle de variation relativement réduit.
· En second lieu, l'incertitude est
exogène: L'investisseur, considéré
individuellement, n'a pas d'influence sur la formation des prix des actifs
financiers. Et l'environnement (le marché financier) n'est pas
altéré par l'exercice d'une option.
En revanche, l'incertitude associée aux options
réelles, peut se manifester sous des formes variées. De
plus, elle n'est pas toujours exogène:
· L'incertitude peut tout d'abord être liée
à l'environnement dans lequel les entreprises évoluent.
Des fluctuations imprévisibles de la demande, des
modifications de la production des concurrents appartenant au même
secteur ou des variations inattendues des taux
d'intérêt sont autant d'événements susceptibles
d'augmenter ou de réduire la valeur anticipée de
l'investissement. Dans ce contexte, l'incertitude est entièrement subie
par l'investisseur.
· Cependant, tel n'est pas toujours le cas. Il est en
effet possible que l'investisseur puisse agir afin de résoudre,
partiellement ou totalement, l'incertitude à laquelle il est
exposé. Ceci correspond souvent aux situations dans lesquelles cette
dernière est majoritairement associée au projet
d'investissement lui-même, lorsque par exemple les résultats
d'exploitation et le prix du produit fini ne peuvent être prévus
de façon précise, ou encore lorsqu'il est impossible de
déterminer à l'avance le montant des dépenses initiales
d'investissement. L'incertitude n'est alors plus nécessairement
exogène: La réalisation d'une première étape de
l'investissement peut en effet apporter des informations précieuses pour
la poursuite du projet; quant à l'aléa associé aux
dépenses initiales d'investissement, il disparaît dès que
le projet débute.
Si les options réelles et les options
financières partagent l'une des conditions de leur existence,
l'incertitude, celle-ci ne se caractérise donc pas de la même
façon dans les deux cas: Dans le premier, elle est
conçue de façon extensive, et les actes de l'investisseur peuvent
la modifier. Dans le second, elle est en grande partie
résumée dans l'évolution des prix des titres financiers,
et l'investisseur n'a aucun moyen d'action.
4.5.1.2. La flexibilité
La deuxième condition d'existence des options
réelles est la flexibilité. Celle-ci représente la
possibilité offerte à l'investisseur d'exercer son option
réelle (investir dans un projet, ou consentir aux dépenses
correspondant à la première étape du projet, etc.) ou de
l'abandonner. C'est la flexibilité qui confère à l'option
réelle son caractère asymétrique: La flexibilité a
soit une valeur positive, qui vient augmenter la valeur actuelle nette du
projet, soit une valeur nulle.
Dans le cas des options financières, la
flexibilité s'identifie à la possibilité de
transférer, en contrepartie d'un versement monétaire, un droit de
propriété sur l'actif support. Dans le cas des options
réelles, elle est plus difficile à analyser, pour deux
raisons:
· Premièrement, elle peut prendre des formes
extrêmement disparates. Dans son expression la plus simple, elle se
résume à la possibilité d'attendre avant d'investir, comme
dans le cas de l'option de reporter. Mais elle peut également
apparaître sous un aspect plus complexe, et être liée, par
exemple, à la possibilité de choisir entre plusieurs
équipements pour produire ou entre plusieurs matières
premières.
· Deuxièmement, ces différents aspects de
la flexibilité peuvent se manifester simultanément. Le cas de
l'exploitant minier illustre bien ce type de situation. Cet opérateur
peut en effet être confronté à la fois à la
possibilité de fermer temporairement, à celle de diminuer
l'intensité d'exploitation, ou d'abandonner, ou encore de revendre la
mine, etc.
La particularité des options réelles tient
à ce que la flexibilité puisse tout aussi bien résulter
d'un état de fait, d'actions passées, qu'être consciemment
créée par l'investisseur. Cette flexibilité a un
coût, en contrepartie duquel un opérateur acquiert le droit de
bénéficier d'une évolution favorable dans les
résultats futurs d'un projet, sans subir une éventuelle
évolution défavorable. Le coût de la flexibilité
présente deux caractéristiques: En premier lieu, son niveau peut
être extrêmement variable. En second lieu, il peut se manifester de
façon plus ou moins concrète selon le contexte. En effet, il peut
aussi bien être matérialisé par un versement
monétaire (c'est le cas, par exemple, lorsqu'un producteur consent des
coûts d'équipement supplémentaires pour se donner la
possibilité d'utiliser plus tard, non pas un seul facteur de production
mais plusieurs) que se présenter sous la forme d'un coût
d'opportunité (c'est le cas, par exemple, lorsqu'un opérateur
conserve une terre en friche pour éventuellement l'exploiter
ultérieurement).
La prime d'une option réelle, c'est donc la
flexibilité dont dispose son détenteur pour entreprendre ou non
un investissement. Elle tire toute sa valeur de l'incertitude dans laquelle se
situe l'investisseur.
4.5.1.3. L'irréversibilité
La dernière condition pour qu'une option réelle
ait une valeur réside dans le caractère irréversible de
l'investissement. L'irréversibilité est définie par Henry
(1974) de la façon suivante: «Une décision est
considérée irréversible si elle réduit
significativement et pour une longue durée la variété des
choix possibles dans le futur». Cette phrase permet de
préciser, dès ce stade, que l'irréversibilité (tout
comme la flexibilité), doit son importance à l'existence d'une
situation d'incertitude.
Dans le cas des options financières,
l'irréversibilité se concrétise par le versement d'une
prime. Cette dernière est en effet définitivement acquise au
vendeur, quoi qu'il advienne par la suite. Par contre, les marchés
financiers étant généralement caractérisés
par une liquidité satisfaisante, il est le plus souvent relativement
simple d'échanger l'actif financier servant de support à
l'option. De ce fait, le caractère irréversible de l'exercice
d'une option financière est relativement peu prononcé.
Par analogie, il semblerait naturel que dans le contexte des
options réelles, l'irréversibilité provienne du
fait que l'acheteur de l'option accepte de payer pour l'acquérir. Ce
serait cependant oublier d'une part, qu'il n'existe pas de vendeur d'option
réelle et d'autre part, que la prime (la valeur de la
flexibilité) ne donne pas forcément lieu à un
versement monétaire, parce que les options réelles ne sont pas
toujours créées consciemment ou volontairement. L'accent est donc
plutôt porté sur le caractère irréversible de
l'exercice de l'option, et donc sur l'irréversibilité de
l'investissement lui même. Appliquée à l'investissement,
l'irréversibilité se réfère aux conséquences
de l'absence de marché secondaire pour les actifs réels. Une fois
prise la décision d'investir, il est en effet difficile de revenir en
arrière sans perdre au moins une partie des dépenses
consenties.
L'irréversibilité d'un projet industriel est
essentiellement liée à la structure de l'industrie.
L'investissement peut constituer une dépense irréversible sous
forme de coût d'entrée et/ou de coût de sortie. Les premiers
se manifestent par exemple dans les secteurs caractérisés par la
présence d'économie d'échelle. Pour entrer dans ce
secteur, un nouveau concurrent devra mettre en oeuvre, dès le
départ, des capacités de production comparables à celles
des firmes en place. L'initiation de l'activité de production sera plus
coûteuse du fait de l'existence de concurrents. Quant aux coûts de
sortie, ils proviennent de ce qu'un projet peut être difficile à
revendre ou à utiliser dans un contexte différent de celui pour
lequel il avait été initialement conçu. La décision
d'investissement est d'autant plus affectée par
l'irréversibilité que la somme des dépenses initiales
à consentir est élevée, et que les coûts fixes
représentent une part importante des coûts totaux. Dans ce dernier
cas en effet, l'arrêt de la production ne permet pas d'éliminer
tous les coûts associés à l'investissement.
L'étude des conditions d'existence des options
réelles conduit à formuler un certain nombre de remarques.
· En premier lieu, malgré l'intense
développement qu'elle a connu et malgré la grande
diversité des situations auxquelles elle peut sembler se prêter,
l'analyse par les options réelles ne peut être appliquée
à toutes les situations. Elle ne couvre que les décisions prises
en situation d'incertitude, dans lesquelles l'opérateur dispose de
flexibilité. Or, même réduite à sa plus simple
expression, à savoir la possibilité d'attendre avant de
s'engager, la flexibilité n'est pas toujours présente.
· En deuxième lieu, l'incertitude joue un
rôle bien particulier dans le domaine des options réelles, et
ouvre une voie de recherche absente de la théorie des options
financières, à savoir l'étude de l'impact, sur la valeur
des options, de la possibilité qu'ont les firmes d'agir sur
l'incertitude à laquelle elles sont confrontées.
· En troisième lieu, la flexibilité n'est
pas toujours explicitement valorisée, et l'un des avantages de l'analyse
par les options réelles est de mettre l'accent sur son existence, et sur
les opportunités d'actions qu'elle offre.
· En quatrième lieu,
l'irréversibilité augmente la valeur optionnelle des
investissements. Elle affecte le prix à payer pour
bénéficier de la flexibilité.
4.5.2. les déterminants de la valeur des
options réelles
La valeur d'une option financière
reflète son caractère asymétrique: À la date
d'exercice, cette valeur est soit nulle, soit positive. Plus
précisément, elle dépend de cinq facteurs: La valeur de
l'actif support, le prix d'exercice, la volatilité de l'actif support,
l'échéance de l'option, et le niveau des taux
d'intérêt. À condition de les adapter, ces cinq
déterminants sont également susceptibles d'être
utilisés pour montrer de quels éléments dépend la
valeur d'une option réelle.
· Dans le contexte des options réelles, le
prix de l'actif support est celui d'un actif réel. Ce prix
est déterminé sur le marché secondaire, ou il est
calculé en faisant la somme des flux nets futurs actualisés
associés au projet.
· Le prix d'exercice d'une option réelle
d'achat correspond aux dépenses à consentir pour
bénéficier ou bien pour s'approprier des flux futurs
associés au projet. Pour une option de vente, il correspond au profit
retiré de l'abandon ou de la revente de l'actif réel. Ce profit
peut s'identifier au prix de revente du projet sur le marché secondaire
ou à l'économie des frais associés à sa
détention et à sa maintenance. Ainsi, contrairement à ce
qui se produit dans le domaine financier, l'exercice de l'option de vente ne se
matérialise pas nécessairement par un versement
monétaire.
Par ailleurs, pour le call comme pour le
put, l'éventuel versement monétaire n'est pas
nécessairement unique: Les dépenses d'investissement ou le profit
du désinvestissement peuvent s'étaler dans le temps.
Enfin, le prix d'exercice n'est pas forcément connu de façon
précise. Il est par exemple susceptible d'évoluer sous l'effet du
progrès technologique.
· Le troisième facteur explicatif est la
volatilité de l'actif support (la valeur de l'option réelle
d'échange dépendait non seulement de la volatilité de
l'actif support, mais également de la volatilité du prix
d'exercice). Celle-ci représente l'incertitude concernant les flux
futurs que l'investissement va générer. La valeur d'une option
réelle est une fonction croissante de cette incertitude: Une forte
incertitude quant à l'évolution du support implique en effet une
probabilité élevée pour que la valeur de l'actif
réel soit très éloignée du prix d'exercice à
la date d'échéance. Or, le détenteur d'option ne peut
que bénéficier d'une telle situation. En effet, si cette
évolution lui est favorable, il exercera l'option et recevra un gain,
d'autant plus important que l'actif aura fortement varié. Dans le cas
contraire, il abandonnera l'option et ses pertes resteront limitées.
Dans le domaine des options réelles, l'incertitude est donc
perçue comme un phénomène positif. Sur ce point,
l'analyse optionnelle se démarque totalement de l'analyse traditionnelle
des choix d'investissement. Dans le cadre de cette dernière, une plus
forte incertitude sur le niveau des flux futurs associés à un
projet a bien souvent pour conséquence pratique d'augmenter le taux
d'actualisation et donc de diminuer la valeur du projet. Elle peut conduire
à renoncer à l'investissement. Dans le cadre des options
réelles, le projet est plutôt reporté
qu'abandonné.
· Le quatrième déterminant est
l'échéance, c'est-à-dire la date à
laquelle l'opportunité d'investissement disparaît. Cette date peut
correspondre à l'expiration de droits d'exploitation sur une concession
minière, à la modification des préférences des
consommateurs, à l'apparition d'un progrès technique rendant le
projet d'investissement obsolète, à l'émergence de
nouveaux concurrents menaçant la situation d'une firme sur un
marché, etc. Par rapport à l'échéance d'une option
financière, celle d'une option réelle présente deux
caractéristiques: Elle n'est pas toujours connue, et peut atteindre
des durées très élevées. Or, plus
l'échéance est éloignée, plus grande est
l'incertitude quant à l'évolution future du support.
· Le cinquième et dernier déterminant est
le niveau et la volatilité du taux d'intérêt. En
repoussant l'investissement, le détenteur d'une option réelle
d'achat conserve la disponibilité des fonds qu'il désire
consacrer à cet investissement jusqu'à la date d'exercice.
Plus le taux d'intérêt est élevé, plus la valeur
de l'option d'achat est forte. Inversement, en repoussant la date de
désinvestissement, l'acheteur de l'option réelle de vente renonce
à un encaissement ou à une économie immédiats.
Plus le taux d'intérêt est élevé, plus la valeur
de l'option de vente est faible.
L'analogie entre les options réelles et les
options financières peut être menée relativement
loin. En effet, au-delà de la seule définition des options, les
déterminants de la valeur d'une option financière semblent
pouvoir être utiles, au prix d'une adaptation assez modeste, à la
compréhension des facteurs explicatifs de la valeur des options
réelles. Si elle prenait fin à ce niveau, une telle analogie
serait cependant insuffisante, car ces facteurs agissent rarement
isolément. Pour prendre en considération ce
phénomène, il faut franchir une étape
supplémentaire, celle de la valorisation. À ce stade, de
réelles difficultés surgissent, et même si le terme
«options réelles» peut a priori laisser
espérer que les méthodes quantitatives récemment apparues
dans le domaine financier peuvent être appliquées à celui
des actifs réels, la valorisation des options réelles reste un
champ relativement peu exploré.
4.5.3. Les principes sous-tendant la valorisation
d'une option réelle
Les principes sous-tendant la valorisation des options
réelles peuvent s'inspirer de ceux utilisés dans le cas
des options financières, à conditions toutefois de le faire avec
beaucoup de précautions. En effet, les hypothèses sur lesquelles
repose la valorisation des options financières ne sont pas vraiment
respectées dans le domaine des options réelles et la
démarche permettant d'aboutir à leur valorisation est
délicate à mettre en oeuvre.
Pour valoriser une option financière, un certain
nombre d'hypothèses sont posées. Celles-ci se
réfèrent en particulier au type de marché sur
lequel cet actif est échangé et à la nature des
transactions réalisées: Le marché est supposé
parfait, c'est-à-dire exempt de toutes frictions, que celles-ci
se présentent sous forme de coûts de transactions, de taxes ou
d'impôts; aucune contrainte institutionnelle ne vient par ailleurs
restreindre les ventes à découvert; les taux de prêt et
d'emprunt sont égaux; tous les actifs sont parfaitement divisibles et
chaque individu accède sans coût à toute l'information
relative aux prix et aux caractéristiques des titres; les actifs sont
échangés en continu, de telle sorte que les opérateurs
peuvent en permanence rééquilibrer leur portefeuille et enfin il
n'y a pas d'opportunité d'arbitrage.
La transposition d'un tel cadre théorique dans le
domaine des options réelles n'est pas immédiate. Il est difficile
en effet d'affirmer que l'hypothèse des marchés parfaits reste
parfaitement adéquate.
· En premier lieu, la conception de la structure du
marché qui en découle ne peut être considérée
comme réaliste lorsque l'analyse est centrée sur les actifs
réels. Plus encore, l'imperfection du marché peut être
vue comme une condition nécessaire à l'apparition et à
l'exploitation d'opportunités d'investissement. Ainsi que le
souligne Myers (1977), certaines options réelles se manifestant
sous forme d'opportunités de croissance doivent leur existence à
celle de pouvoirs de marché, de rentes ou de quasi rentes dans le
domaine des actifs réels. A la limite, il n'y a pas
d'opportunités d'investissement offrant une valeur nette présente
(VAN) positive si les marchés des produits et des facteurs sont
parfaitement compétitifs et en situation d'équilibre continu.
Triantis et Hodder (1990) prennent d'ailleurs explicitement
en considération cet élément, et étudient les
options réelles dans un contexte de marché imparfait, voire de
nature oligopolistique.
· En second lieu, au-delà de la structure du
marché lui-même, l'hypothèse des marchés parfaits
n'est pas respectée, dans le domaine des options réelles, parce
qu'elle suppose une parfaite divisibilité des actifs. Or, une partie au
moins de la valeur d'un actif réel est bien souvent due à sa
complémentarité avec d'autres activités.
Au-delà des hypothèses sur lesquelles elle
repose, la méthode adoptée pour valoriser une option
financière doit être utilisée avec précaution dans
le cas des options réelles. En effet, les actifs réels ne font
pas l'objet de transactions aussi fournies que les titres financiers.
Des difficultés surgissent dès la
première étape de la valorisation, consistant à
déterminer la principale source d'incertitude affectant le prix de
l'option réelle. Rien ne permet en effet de penser, a priori,
que cette source d'incertitude s'identifie aux seules fluctuations de la valeur
de l'actif support. Elle peut par exemple être de nature purement
technique ou dépendre des stratégies des concurrents. Et quand
bien même la valeur de l'actif support constituerait l'incertitude
majeure, de nouveaux obstacles apparaissent. Comment modéliser le
comportement dynamique de ce prix? La valorisation externe de l'actif support
par le marché, implicite dans le cas des options financières,
peut se révéler tout simplement impossible avec des actifs
réels ou lorsque l'actif considéré est spécifique
et n'a de valeur que pour la firme qui le détient. Dans le meilleur des
cas, s'il existe effectivement un marché pour cet actif réel, il
est fort probable que celui-ci est étroit et imparfait et que la
transaction sera effectuée dans des conditions d'incomplétude et
d'asymétrie d'information. Pour cette raison, le raisonnement
d'arbitrage qui constitue la seconde étape de la valorisation et qui
repose sur l'existence d'actifs échangés en l'absence
d'opportunité d'arbitrage doit être mené avec
précaution. En particulier, il est fort probable que la valorisation ne
peut être réalisée dans un univers neutre au risque ou que
plusieurs probabilités risque-neutre coexistent. Quand bien même
un modèle de valorisation satisfaisant serait élaboré, le
problème de l'estimation des paramètres de ce modèle
resterait entier.
L'étude des principes de valorisation des options
montre ainsi que cette dernière ne peut raisonnablement être
envisagée que dans des conditions relativement restrictives: Une
structure de marché compétitive dans laquelle l'incertitude joue
de façon exogène, un marché suffisamment liquide pour
l'actif support, et la prise en considération d'une option réelle
simple.
Fort heureusement pour les options réelles, les
hypothèses élaborées pour valoriser des options
financières sont elles aussi des hypothèses. L'écart entre
le cadre théorique et la réalité observée est sans
doute moins important dans le domaine financier, mais il existe
néanmoins. Par conséquent, nombreux sont les travaux ayant pour
objet de se dégager des contraintes théoriques et de se
rapprocher de la réalité empirique. Ces travaux constituent
autant de champs d'exploration pour les options réelles.
4.6. Limites, pratiques et contradictions
4.6.1. Les options réelles à
l'épreuve de la pratique
La formalisation mathématique génère un
paradoxe dans la mise en oeuvre des options réelles. Celle-ci
confère une certaine légitimité à la
méthode, mais simultanément constitue un frein à sa
diffusion car elle est un obstacle à sa mise en oeuvre pratique.
Premièrement, la complexité mathématique
rebute ses utilisateurs éventuels de la méthode. Dans les faits,
il s'avère que cette méthode de valorisation n'est pas un outil
très répandu. Aucun des investisseurs français
interviewés n'utilise la méthode des options réelles lors
de la sélection des investissements. Une étude sur les
critères d'investissement utilisés par les entreprises
américaines montre que la mobilisation des techniques des options
réelles est très rare. Les raisons pour lesquelles elles sont peu
utilisées sont nombreuses:
· Tout d'abord, la méthode reste difficile
à mobiliser à cause de son degré de complexité
technique qui ne la rend pas pour l'heure généralisable.
· Pour certains, l'écart entre l'enthousiasme de
la sphère académique et le relatif échec dans le monde des
entreprises s'expliquerait par le fait que l'accent ait davantage
été mis sur les aspects techniques plutôt que sur la
philosophie même de la méthode qui est une façon de
penser.
· Pour d'autres, il y a un manque de lien clair et
satisfaisant entre les formulations théoriques et les applications
pratiques. Précisément, l'application de la méthode des
options réelles aux entreprises de la nouvelle économie n'en est
qu'à ces premiers pas.
Deuxièmement, les exemples d'utilisation sont loin
d'être probants. La critique la plus radicale consiste à
considérer que l'approche en terme d'options réelles est un pur
artifice. Son application peut ainsi relever de la simple justification
mathématique.
4.6.2. Les obstacles liés à la
détermination des valeurs des paramètres
Dans les options financières, la
détermination des valeurs des paramètres n'est pas
problématique. En effet soit elles sont fixées contractuellement,
soit elles sont données ou estimées aisément. En revanche,
dans le cadre des options réelles, l'investisseur rencontre des
difficultés pour déterminer la valeur des paramètres.
4.6.2.1. La valeur de l'actif sous-jacent
L'actif sous-jacent qu'est le projet de l'entreprise a des
caractéristiques particulières. Tout d'abord, sa valeur n'est pas
publique, contrairement à l'action d'une option financière. De
plus, la détermination de la valeur d'un projet est loin d'être
simple dans la mesure où il s'agit d'estimer des actifs
immatériels. Dans la pratique, la valeur de l'actif sous-jacent est
estimée par la construction d'un portefeuille répliqué
à partir d'entreprises cotées jugées similaires. Ceci est
à l'origine de biais. Ce biais correspond au risque de base qui
résulte de la différence des caractéristiques
réelles entre l'actif sous-jacent et les actifs servant à la
réplique. De plus, dès lors que l'hypothèse
d'efficience du marché financier est abandonnée, la
pratique de réplique de portefeuille dans le cas des options
réelles peut créer un biais supplémentaire dans la mesure
où les entreprises cotées servant de référence
peuvent faire l'objet de surévaluation ou de sous-évaluation. En
effet, les entreprises servant de référence sont cotées
sur les marchés spécialisés dans les valeurs de
croissance. De plus, la plupart des entreprises qui s'y trouvent contiennent
également des options réelles et peuvent donc difficilement
servir de référence.
Le biais engendré par la transposition du
modèle de Black et Scholes conduit un certain nombre
d'économistes à proposer de nouvelles spécifications aux
différents modèles dans le souci de mieux «coller à
la réalité ». Dans la littérature, l'idée est
répandue selon laquelle le prix du projet de l'entreprise peut
difficilement être considéré comme continu. En
effet, l'incertitude relative à ce dernier évolue avec le temps.
Par exemple, la survenue de découvertes technologiques ou la disparition
de concurrents directs peut provoquer une hausse brutale de l'actif sous-jacent
tandis que des blocages technologiques ou la survenue d'un concurrent peuvent,
au contraire, faire chuter brusquement sa valeur. Willner (1995)
propose un modèle où l'actif sous-jacent est discontinu
et marqué par des sauts ascendants lors de découvertes et
descendants lors de l'entrée de nouveaux concurrents. Même si de
tels modèles ont le mérite de s'inscrire dans une démarche
plus réaliste, il n'en reste pas moins que leur sophistication exige, de
la part de ceux qui les utilisent, l'émission d'hypothèses
supplémentaires pour déterminer les nouveaux paramètres.
Dans le modèle de Willner, par exemple, les agents doivent
déterminer le nombre moyen de sauts et la valeur moyenne de ces derniers
afin d'établir la valeur finale de l'actif sous-jacent. Toute
avancée mue par le souci de réalisme conduit à de
nouvelles sophistications et soulève de nouveaux problèmes, en
renforçant par exemple celui de la détermination des
paramètres. Ainsi les derniers modèles de valorisation des
options réelles ne favorisent pas le calcul mais en revanche constituent
une avancée conceptuelle.
De plus, la littérature récente qui se penche
sur le problème de l'application des options réelles
considère qu'il est nécessaire de prendre en compte
l'environnement spécifique dans lequel réside l'entreprise. La
nature et l'intensité de la concurrence sont des éléments
essentiels à la détermination de la valeur de l'actif
sous-jacent. En effet, contrairement aux options financières, la valeur
des options sur les actifs réels dépend du comportement des
autres firmes. Pour une entreprise donnée, la valeur des options de
croissance inhérentes à un projet de R&D donné
dépend directement du comportement des autres entreprises ayant ce
même projet, de l'intensité de la concurrence du secteur. Alors
que dans le cas des options financières le détenteur d'option a
l'exclusivité de l'exercice de cette dernière, ce n'est pas le
cas dans le cadre des options réelles. Lorsque la concurrence
s'intensifie, la valeur de l'option diminue, car elle dépend du
degré d'exclusivité de l'actif sous-jacent. Dans les cas
extrêmes, l'entrée de concurrents peut faire tendre la valeur des
options jusqu'à une valeur nulle. Certains qualifient cette
entrée de concurrents d'événement catastrophique
(catastrophic event).
4.6.2.2. La volatilité de l'actif
sous-jacent
Les caractéristiques de l'actif sous-jacent font
également obstacles à la détermination de sa
volatilité. Alors que dans le cas des options financières, la
volatilité, mesurée par l'écart type des rendements des
investissements financiers quand il s'agit d'actions, est observable
immédiatement, elle doit être déterminée dans le cas
des options réelles et cette détermination est
problématique. La littérature des options réelles
suggère au décideur différentes façons de la
calculer:
· s'appuyer sur la volatilité d'un indice de
marché financier pour évaluer la volatilité propre de
l'investissement productif (Luehrman, 1998) ;
· estimer la volatilité grâce à un
historique de données de projets proches de firmes cotées
(Nichols 1994) ;
· simuler la volatilité avec la méthode de
type Monte-Carlo ;
· se baser sur son propre jugement (Lint et Pennings,
1998).
Dans la pratique, c'est la seconde méthode qui est la
plus utilisée. Les limites d'une telle méthode sont les
mêmes que celles relatives à la méthode analogique de
valorisation. De plus, sa pertinence exige que le marché financier qui
sert de référent soit efficient.
Le biais engendré par la méthode de calcul de
la volatilité de l'actif sous-jacent est renforcé pour les
entreprises de la nouvelle économie, dans la mesure où les
marchés financiers sont les marchés spécialisés
dans les valeurs de croissance. Ces derniers se caractérisent par une
volatilité élevée et qui a toute chance de varier pendant
la durée d'exercice, ceci invalidant l'hypothèse de constance de
la volatilité des modèles de valorisation. De plus, l'historique
des entreprises cotées est relativement court.
4.6.2.3. Le prix d'exercice
Le prix d'exercice des options réelles n'est pas
spécifié en pratique, puisqu'il n'y a pas de contrat.
4.6.2.4. La date d'exercice
La fixation de la date d'exercice et de la période de
maturité pose des problèmes dans le cas des options
réelles. Le plus souvent, elle est incertaine et est influencée
par des facteurs exogènes comme la concurrence, l'existence de
barrières à l'entrée. Ankum et Smit
(1993) étudient les différentes stratégies
d'échéancier (timing) concernant les investissements
dans une perspective de théorie des jeux et en considérant des
structures de marché différentes - monopole, duopole et
concurrence pure et parfaite - ce qui souligne l'importance de l'environnement
compétitif. Selon Lint et Pennings (1998), la date
d'exercice est donnée dans seulement deux cas: Lorsque la date de
lancement d'un produit a des implications importantes sur le niveau de la part
de marché futur et lorsque l'hésitation conduit à
d'importantes pertes, notamment lorsque l'avantage est donné au
first mover. Dans les autres cas, l'option est
déclenchée dès lors que la valeur actuelle nette
augmentée VANA du projet dépasse un certain seuil fixé
a priori.
Tout ceci révèle l'ampleur des problèmes
posés par la transposition de la technique des options
financières à la sphère non financière. Alors que
les paramètres de l'option financière se fixent aisément,
ceux de l'option réelle sont difficiles à déterminer.
En définitive, l'efficacité de la
méthode des options réelles est mise en cause par la relative
difficulté à fixer les paramètres. Les conséquences
de cet obstacle ne sont pas négligeables, au contraire, elles
constituent une limite importante à la portée de cette
méthode. On peut aussi montrer que les estimations des paramètres
sont très sensibles à une variation modeste. Schwartz et
Moon (2000) montrent que les paramètres nécessaires
à l'application de la méthode de valorisation peuvent avoir un
impact important sur le résultat, dans le cas des entreprises à
fort potentiel de croissance. Par exemple, faire varier de 3% à 3,3% la
volatilité du taux de croissance des revenus de la société
Amazon entraîne une augmentation de la valeur de la
société de 5,5 à 6,6 milliards de $. Boucher
(2003) simule le prix d'une option par la méthode de Black et
Scholes et montre l'extrême sensibilité du prix de
l'option à la valeur des paramètres: Une hausse de 10 % des
cash-flows anticipés augmente la valeur de l'option de plus de 33% et
une hausse de 10% de la volatilité espérée des cash-flows
accroît la valeur de l'option de 22,51%.
4.6.3. Les contradictions internes
Dans le monde de l'incertitude radicale, il n'existe pas
d'outils standard et usuels de traitement de l'incertitude à l'instar
des probabilités dans le monde du risque. En effet l'incertitude
radicale a pour origine un défaut de connaissance. Ainsi, les outils
classiques font défaut. La méthode des options réelles
intègre bien cette idée mais, dans la mesure où elle
affiche la volonté de constituer une aide à la
décision et donc de proposer une règle de décision
simple, qui suppose un résultat chiffré, elle a recours à
des méthodes standards de traitement du risque qui sont donc plus ou
moins adaptées au contexte d'incertitude radicale. Ainsi, le recours aux
méthodes de valorisation suppose que le décideur détermine
des probabilités d'occurrence pour les différents
événements. Cette contrainte apparaît clairement avec
l'arbre de décision de la méthode de valorisation binomiale. En
définitive, l'ambiguïté de la méthode réside
dans le fait qu'elle part du principe selon lequel on ne sait que peu de chose
mais affiche, simultanément, la volonté de décider de
façon optimale.
4.6.3.1. Un programme qui ne tient pas toutes ses
promesses
Les partisans de l'approche en terme d'options
réelles présentent cette méthode comme
révolutionnaire par rapport aux analyses de valorisation
traditionnelles. En réalité, le caractère novateur de
l'approche est à relativiser: D'une part, parce que la critique des
méthodes traditionnelles n'est pas complètement justifiée
et, d'autre part, parce que la rupture n'est pas totale.
La critique formulée par les partisans de l'approche
en terme d'options réelles à l'égard des méthodes
traditionnelles n'est pas toujours justifiée. En particulier, ils
prétendent que les méthodes traditionnelles ne prennent pas en
compte l'irréversibilité des investissements. Ce
reproche est peu fondé dans la mesure où les méthodes
d'actualisation peuvent le faire. En effet, le calcul de la valeur actuelle
nette VAN peut être réalisé à différents
moments. Un analyste financier peut anticiper des investissements
futurs liés à l'investissement initial en
augmentant les flux de trésorerie futurs et ensuite en les actualisant.
Ainsi la VAN peut acquérir une dimension dynamique. Le
caractère révolutionnaire des options réelles fondé
sur les critiques des méthodes traditionnelles est par certains
côtés surévalué. Comme nous l'avons souligné,
les partisans de la méthode prétendent effectuer une
véritable coupure avec l'actualisation et
l'optimisation. Or la méthode de l'actualisation est
elle-même utilisée au sein du processus de valorisation de
l'option, lors du calcul de la valeur actuelle de l'actif sous-jacent et de la
valeur actuelle du prix d'exercice. De plus, l'approche par les options
réelles ne rompt pas, comme elle le prétend, avec l'optimisation
pour la remplacer par l'«adaptation», la technique élabore un
critère de décision qui intègre celui de la VAN et
procède bel et bien à un exercice d'optimisation. Dès
lors, on préférera à la notion d'«adaptation»,
celle plus adéquate d'«optimisation élargie».
4.6.3.2. Objectivité et subjectivité
implicite
Les options réelles reposent sur une remise en cause
du taux d'actualisation, essentiellement parce que celui-ci serait subjectif et
dépendrait du goût du risque de chacun. Les partisans de cette
approche considèrent la subjectivité comme une nuisance et
affichent la volonté d'être objectifs. Pourtant, la
méthode, en se présentant simultanément comme
mathématisée et intuitive, reconnaît de façon
implicite sa dimension subjective. Ainsi, selon ses défenseurs, la
méthode des options réelles offre au-delà d'une palette
d'outils une «façon de penser»: «Although real
options are analytically robust, we believe they are best understood as a way
of thinking» (Mauboussin, 1999).
L'application de la technique des options réelles
serait un art. Dans le contexte d'incertitude radicale dans lequel les acteurs
évoluent, il est illusoire de vouloir s'affranchir totalement de la
subjectivité.
En définitive, cette méthode tente de maintenir
- de façon plus ou moins convaincante - une tension entre deux
pôles. D'un côté, la démarche affiche son ambition de
calculer et de formaliser; d'un autre côté, elle entend maintenir
l'intuition et la spécificité de l'entreprise, ce qui exclut
l'application de méthodes standard. Ses défenseurs veulent
proposer «une carte des mondes possibles», non chiffrée et
aidant à la décision, parallèlement, ils sont
tentés par la théorie de la décision optimale, qui
mobilise le calcul. Ce chapitre a montré l'existence d'une tension entre
deux dimensions: L'une réaliste où la subjectivité est
admise et l'autre normative, où les agents agissent exclusivement en
toute objectivité.
4.7. conclusion
En termes de décisions d'investissement, la
théorie des options réelles présente au moins deux
avantages.
· Premièrement, cette démarche incite les
opérateurs à modifier leur comportement par rapport à
l'incertitude en prenant en considération ses avantages
éventuels: La possibilité de résultats fortement positifs
associés à des projets risqués.
· Deuxièmement, la théorie des options
réelles conduit à valoriser la flexibilité et à
identifier des opportunités qui ne l'étaient pas auparavant.
L'étude des différentes options réelles
mentionnées dans la littérature permet de montrer que sous
réserve de se situer en situation d'incertitude, et dans la mesure
où la flexibilité peut provenir à la fois de la structure
du marché, de l'outil de production, et des compétences
techniques et organisationnelles, l'analyse par les options réelles
semble bien pouvoir prétendre à une application dans tous les
domaines, dans toutes les situations. Mais le caractère
universel des options réelles risque d'être remis en
question si l'analyse se donne pour objectif de quantifier la valeur de ces
options.
Les principales difficultés liées à la
transposition de la théorie des options au domaine des actifs
réels résident en effet dans la quantification et
même dans l'identification des options. L'identification peut
s'avérer délicate car de nombreux projets comportent plusieurs
options, et l'éventuelle sélection de celle(s) qui sont les plus
importantes n'est pas nécessairement simple. Par ailleurs, la valeur
additionnelle apportée par une nouvelle option n'est pas connue. Quant
à la quantification, elle se heurte à plusieurs obstacles:
· En premier lieu, les options réelles peuvent
être partagées entre plusieurs opérateurs. La question de
savoir comment cette valeur se distribue entre les différents
détenteurs n'est pas élucidée.
· En second lieu, la valorisation peut être
difficile parce que le raisonnement d'arbitrage sur lequel elle repose ne peut
être mené à bien. Ceci peut être lié au fait
que l'actif réel sous-jacent n'est pas négociable, provenir de
l'absence (ou de l'ambiguïté) des données nécessaires
à l'élaboration des paramètres du modèle de
valorisation.
· Enfin, ces options peuvent en elles-mêmes
être suffisamment complexes pour que leur valorisation constitue un
véritable défi sur le plan mathématique.
Pour ces différentes raisons, dans bien des
cas, il est certainement préférable de considérer
les options réelles comme un outil de réflexion plutôt
qu'une méthode fiable de valorisation.
Enfin, je vais clôturer cette partie en reproduisant
quelques citations de la presse d'affaires qui illustrent la portée de
la théorie d'options réelle dans le cadre pratique et qui
montrent à quel point cette théorie est utilisée par les
dirigeants des grandes entreprises:
· (Business Finance, mars 2002): Les secteurs
énergétiques et pharmaceutiques utilisent depuis longtemps les
options pour évaluer les projets de R&D ou les concessions
pétrolières. D'après Brice Hill, contrôleur à
la division des serveurs d'Intel: «Les options réelles
déterminent le prix d'une opportunité», et les
entreprises peuvent se servir de ces évaluations pour décider
combien dépenser pour créer une option sur ce genre
d'opportunité. Toujours d'après Hill, «Auparavant tout
montant pouvait convenir pour la création d'une option
stratégique. Maintenant, si une option a une certaine valeur, 50
millions de dollars par exemple, c'est le montant maximum qu'une entreprise
peut accepter de dépenser pour créer cette option».
· (Business Week, 7 juin 1999): L'analyse des
options réelles récompense la flexibilité et c'est ce qui
la rend plus intéressante que l'outil de prise de décision
standard que nous avons aujourd'hui, la «valeur actuelle nette». La
VAN calcule la valeur d'un projet en prédisant ses retombées, en
les ajustant au risque et en soustrayant les dépenses d'investissement.
Cependant, en résumant toutes les possibilités du futur dans un
seul scénario, la VAN ne tient pas compte de la capacité des
dirigeants de réagir à des circonstances, par exemple,
dépenser un peu au départ, voir comment les choses se
déroulent et ensuite, soit annuler, soit s'engager à fond.
· (Financial times, 5 mai 2000): L'approche des
option réelles souligne le fait que les investissements créent
souvent des opportunités qu'une entreprise peut ou non
exploiter par la suite, par conséquent, l'approche des options
réelles met en évidence la valeur éventuelle
d'investissements faits préalablement. Par exemple, alors qu'un
investissement donné de R&D peut avoir une valeur présente
nette très faible ou même négative, il peut aussi servir de
plate-forme à des investissements futurs. Il existe d'autres
similarités entre les options réelles et les options
financières. Par exemple, la valeur des deux sortes d'options augmente
avec l'incertitude. De plus, en offrant la discrétion aux gestionnaires
(les droits, mais non les obligations) les options financières et
réelles peuvent aider les entreprises à limiter leur risque
baissier tout en donnant accès aux opportunités à la
hausse futures. Toutefois, à la différence des options
financiers, les options réelles existent grâce aux
opportunités créées par les investissements
stratégiques de l'entreprise. Puisque leurs actifs sous-jacents ne sont
pas échangés sur les marchés liquides, les options
réelles présentent aussi des défis d'évaluation
uniques.
· (Business Finance, mars 2002): Les options
réelles assoient la réflexion et la prise de décisions
stratégiques sur une analyse financière concrète.
«Quand les entreprises font des investissements stratégiques, elles
le font souvent sur un simple signe d'acquiescement du PDG, sans aucune analyse
financière», dit John McCormack, premier
vice-président et chef de la section Énergie chez Stern
Stewart & Co., une firme de conseil en gestion à New York.
«Mais vos investissements exigent des choix dans le future» les
options réelles peuvent servir de guide. Le modèle permet aussi
de recalculer la valeur d'un investissement au fur et à mesure que
progresse sa réalisation, et de comprendre ce qui doit arriver avant que
l'on puisse passer à la prochaine étape du
développement.
· (Forbes magazine, 29 mai 2000): C'est en
exploitant les actifs cachés que vous réussirez.
Négligez-les et vous aurez une collection de vieux irritants. À
quel genre d'actifs est-ce que je fais référence? Par exemple,
les opportunités non exploitées d'ajouter une nouvelle ligne de
production, la possibilité de se développer outre-mer ou de
s'engager dans le commerce électronique, des actifs cachés qui
n'apparaissent pas sur les rapports financiers d'une entreprise et qui n'ont
pas encore contribué à faire des profits. Lorsque vous achetez
une entreprise, vous obtiendrez sûrement ces options gratuitement. Je les
nomme «options réelles», une analogie aux options
financières transigées à Chicago. Il y a cependant une
grande différence. Les options financières gardent leur valeur
lorsqu'elles sont détenues par des investisseurs passifs. Mais,
posséder une entreprise n'est pas un exercice passif. Le
propriétaire a un travail concret à accomplir, il doit fournir la
gouvernance, gérer du capital et aider l'entreprise à atteindre
son potentiel.
· (CFO Europe, juillet 1999): L'analyse des
options réelles est fondée sur l'observation, faite il y a plus
de 20 ans, qu'une entreprise qui évalue un actif existant ou un
investissement potentiel est à peu près dans la même
situation que le détenteur d'une option financière sur le prix
d'une action ou sur le prix d'une marchandise. Le détenteur d'une option
d'achat sur le prix du pétrole, par exemple, peut exercer cette option
si le prix monte au-dessus d'un niveau arrêté à l'avance,
mais il n'est pas obligé de le faire si le prix baisse. De même,
le propriétaire d'un champ de pétrole marginalement profitable a
le droit de l'exploiter si le prix du pétrole augmente, mais il n'est
pas obligé de le faire sinon. Cette observation mène à
croire que la valeur future d'un tel investissement peut être
évaluée par analogie aux options financières, plutôt
qu'en actualisant simplement les flux monétaires espérés
dans le futur. Plus particulièrement, l'évaluation des options
tient compte des risques et des bénéfices de l'incertitude
future, ce que les modèles traditionnels de valeur actualisée ne
font pas.
· (The Economist, 12 août 1999): Pour
évaluer des projets potentiels, il faut presque invariablement avoir
recours à une théorie de la finance corporative appelée
«Modèle d'évaluation des actifs financiers» (MEDAF ou
CAPM). En général, les gens de terrain n'aiment pas ce
modèle pour la simple raison qu'il ignore la valeur des vrais
gestionnaires. Ils accepteront donc peut-être certains travaux
universitaires récents. Dans la tour d'ivoire, on veut délaisser
le CAPM pour une théorie rivale, dénommé
«théorie des options réelles», dans laquelle les
gestionnaires sont plus importants. Le défaut fondamental du CAPM est
qu'il sous-entend implicitement que lorsqu'une entreprise achète des
nouveaux actifs, elle les détient passivement pour la durée du
projet. Mais les entreprises n'agissent pas ainsi. Les gestionnaires sont
plutôt embauchés dans le but de réagir aux
événements qui se déroulent. De toute évidence,
cette flexibilité doit valoir quelque chose. Les options sur les actifs
«réels» (les paris de poker également) se conduisent
plutôt comme des options sir des actifs financiers (options de vente ou
d'achat sur des actions ou des devises). Les similarités sont telles
qu'elles peuvent, au moins en théorie, être évaluées
selon la même méthodologie. Il y a bien sûr un
problème: Simple complexité. L'évaluation des options
financières est d'une complexité inouïe, mais
l'évaluation des options réelles est encore plus difficile. Leur
durée, à la différence des options financières, est
généralement illimitée et mal définie. La
volonté des actifs sous-jacents peut-être difficile à
mesurer ou à estimer, surtout si on ne sait pas bien d'où elle
provient; si par exemple l'actif reste à découvrir ou à
inventer. Comment peut-on définir la classe de risque à utiliser
comme référence dans le cas d'un nouveau médicament pour
une maladie rare? Il peut également y avoir des variables
supplémentaires à envisager, tel que le bénéfice
stratégique d'éliminer un rival.
Comme l'illustre bien ces citations, la méthodologie
des options réelles apparaît comme un outil potentiel puissant
pour les dirigeants. Cependant, ce potentiel ne sera atteint que par les
preneurs de décisions qui combinent «l'état d'esprit options
réelles» avec des compétences techniques poussées et
un bon système d'information. La mise en place d'une approche options
réelles constitue une entreprise à la fois prometteuse et
difficile. Il est tout à fait dans l'esprit options réelles que
de terminer par une citation qui fait réfléchir et qui date
d'avant la débâcle d'Enron:
· (Business Week, 7 juin 1999): Le PDG d'Enron
Jeffrey K. Skilling attribue à l'esprit options réelles
la transformation d'Enron d'une entreprise américaine d'exploitation de
pipelines en une société mondiale de négoce faisant le
commerce des denrées telles le gaz, l'électricité, l'eau
et depuis peu, les bandes hertziennes des télécoms.
Les options réelles ne prétendent pas, et ne
peuvent pas, être un substitut aux valeurs et à la morale
d'entreprise. Une meilleure appréciation des risque et
opportunités ne protégera jamais une entreprise contre tous les
dangers et risques d'affaires, ni contre la tentation des comportements
frauduleux.
5. L'arbre de décision et choix
d'investissement
5.1. Introduction
Jusqu'à présent, les investissements
étaient réalisés à la date initiale, même si
des cash-flows d'investissement pouvaient apparaître
ultérieurement. Dans la réalité, il est souvent
préférable de fractionner volontairement un projet dont les
investissements seront réalisés en plusieurs étapes. Les
choix des projets nécessitent alors l'évaluation de la meilleure
variante parmi les diverses décisions possibles qui affectent chaque
projet aux différentes étapes. Cette vision dynamique d'un projet
est représentée à l'aide d'un arbre de décision
et le critère de choix devient la maximisation de l'espérance
mathématique de la VAN sur l'ensemble de l'arbre.
L'arbre de décision permet de traiter des
investissements pour lesquels la décision immédiate dépend
d'un ou de plusieurs investissements futurs, ou de façon plus
générale des investissements séquentiels. Le cas le plus
fréquemment présenté de recours aux arbres de
décision est celui de l'option d'expansion: Vaut-il mieux construire une
usine, qui pourra, si le marché est bien orienté dans les
périodes suivantes, être complétée par une usine
supplémentaire ou investir immédiatement dans une usine de grande
capacité?
5.2. La construction d'un arbre de décision sur
deux périodes
Soit, par exemple, l'entreprise «Champin», qui
envisage une nouvelle implantation suite à un succès
remporté par l'un de ses produit. La poursuite de la croissance de ses
ventes dépend cependant des conditions économiques. La
première année, il y a 65% de chances que la demande soit
élevée; dans ce cas, il y a 75% de chances qu'elle le reste les
années suivantes. Par contre, si la demande initiale est faible (35% de
chances), elle reste faible par la suite dans 60% des cas. La firme
étudie deux possibilités:
· La première solution consiste en la construction
d'une usine de grande capacité qui demande un investissement initial de
750 K€. La capacité de production serait largement suffisante pour
faire face à la demande des 10 années à venir.
· La seconde solution réside dans le choix d'une
usine de petite capacité ne coûtant que 250 K€. Celle-ci ne
permettrait toutefois pas de répondre à la demande si les
conditions économiques sont très bonnes. Les dirigeants estiment
toutefois que, si la demande est forte, ils ont la possibilité de
construire une extension à la fin de la première année
pour 180 K€.
On considère l'investissement sur deux
périodes; à la seconde période sont associés les
flux générés par l'investissement de la deuxième
à la dixième année, en valeurs actuelles. Le taux
d'actualisation est de 7%.
Flux pour l'année 1(en
K€)
|
Demande forte
|
Demande faible
|
Grande usine
|
800
|
-150
|
Petite usine
|
230
|
20
|
Les flux sont les suivants (en K€):
Flux pour les années 2 à 10 (somme en
valeur actuelle à la date 2)
|
Demande Forte/forte
|
Demande Forte/faible
|
Demande Faible/forte
|
Demande Faible/faible
|
Grande usine
|
1700
|
150
|
1100
|
-1000
|
Petite (sans extension)
|
740
|
400
|
680
|
30
|
Petite (avec extension)
|
1400
|
210
|
-
|
-
|
Pour la construction de l'arbre correspondant à la
décision à prendre par l'entreprise et la détermination du
choix optimal pour elle, il convient de comparer les VAN des deux
décisions d'investissement:
· Adopter immédiatement l'usine de grande
capacité,
· Choisir la petite usine avec la possibilité de
l'étendre si les conditions d'exploitation sont bonnes. C'est la VAN la
plus grande des deux solutions (extension/non extension) qui est retenue dans
ce cas.
L'arbre de décision est représentée comme
suit:
Construction d'un arbre de décision sur deux
périodes
1400
20
P=0,35
Sans extension
P=0,65
P=0,40
251659776
800
P=0,65
P=0,35
-150
30
680
400
740
210
-1000
1100
1700
Date 2
Date 1
Date 0
P=0,75
150
P=0,25
Investissement
grande usine
-750
P=0,40
P=0,60
Extension:-180
P=0,75
Investissement petite usine
-250
P=0,25
230
0
P=0,75
P=0,25
P=0,60
Calculons, à présent, la VAN de l'usine de
grande capacité (le taux d'actualisation correspondent est de
7%):
· L'investissement initial est de 750
· L'espérance de flux de la deuxième
période est:
0,75×1700+0,25×150=1312,5 si la
demande initiale est forte
0,40×1100-0,60×1000=-160 si la
demande initiale est faible
· Ainsi, si la demande initiale est forte, les
flux de trésorerie espérés sont:
en première période: 800
en deuxième période: 1312,5
· Si la demande initiale est faible, les flux de
trésorerie espérés sont:
en première période: -150
en deuxième période: -160
D'où:
E(VAN)grande
usine=-750+0,65[800(1,07)-1+1312,5(1,07)-2]+0,35[-150(1,07)-1-160(1,07)-2]=383,16
Cette VAN doit être comparée à celle de la
petite usine.
Plaçons- nous à la date 1.
Si la demande en première période est forte,
l'entreprise a-t-elle intérêt à procéder à
l'extension?
Si oui, la VAN est, à cette date:
E (VAN)extension à la date
1=-180+(0,75×1400+0,25×210)×(1,07)-1=850,37
Si l'extension n'est pas entreprise, il n'y a pas de sortie de
fonds à la date 1, et on obtient:
E(VAN)non-extension à la date
1=(0,75×740+0,25×400)×(1,07)-1=612,15
Ainsi, l'entreprise a intérêt à
entreprendre l'extension à la date 1 si la demande est forte.
Il reste à calculer la VAN à la date 0 de la
petite usine, assortie d'une extension si la demande est forte en
première période.
· L'investissement initial est de 250
· L'espérance de flux à la date 2 si la
demande est forte est ainsi de :
230+850,37=1080,37
· L'espérance de flux à la date 2 si la
demande est faible est:
0,4×680+0,6×30=290
D'où :
E(VAN)petite
usine=-250+0,65×1080,37(1,07)-1+[20(1,07)-1+290(1,07)-2]=501,5
Ainsi, l'espérance de VAN de la petite usine avec
extension est supérieure à celle de la grande usine. C'est donc
la petite usine qu'il faut retenir.
Le choix de la petite usine comporte une option
d'extension. En l'absence de cette option, la VAN de la petite usine
n'aurait été que de 356,79. C'est la grande usine qui
créait dans ce cas le plus de valeur.
5.3. Construction d'un arbre de décision sur
trois périodes
L'entreprise «Ecotine» est amenée à
choisir entre deux projets d'investissement. Le premier X implique un seul
investissement de 80 K€ à la date 0 tandis que le projet Y est un
projet flexible: Il comporte un investissement de 40 K€ à
la date 0, suivi, si l'état de la nature est favorable durant la
période immédiatement précédente, d'un
investissement complémentaire de 40 K€ qui peut intervenir soit
à la date 1 soit à la date 2 (une seule fois). On
considère l'investissement sur cinq périodes; les flux de la
troisième période correspondent aux flux
générés de la troisième à la
cinquième année, en valeurs actuelles. Ces flux comportent, le
cas échéant, la valeur résiduelle des immobilisations
acquises.
Pour chaque période, deux états de la nature
sont considérés: Le premier favorable, le second
défavorable. Le tableau suivant reprend les
probabilités associées aux états de la nature pour les
trois périodes.
Probabilités associées aux
différents états de la nature
|
|
|
|
Année 1
|
favorable 0,6
|
défavorable 0,4
|
Année 2
|
Favorable 0,7
|
Défavorable 0,3
|
Favorable 0,45
|
Défavorable 0,55
|
Année 3
|
Favorable 0,8 défavorable 0,2
|
Favorable 0,5 défavorable 0,5
|
Favorable 0,6 défavorable 0,4
|
Favorable 0,3 défavorable 0,7
|
Les flux nets de trésoreries sont données dans
le tableau suivant (F=état de la nature favorable;
f=état de la nature défavorable, le chiffre
indiquant l'année correspondante).
Les flux nets de trésorerie (en
K€)
|
|
|
|
|
|
Année 1
|
|
F
|
f
|
|
Projet X
|
|
30
|
20
|
|
Projet Y
|
|
19
|
11
|
|
Année 2
|
F1-F2
|
F1-f2
|
f1-F2
|
f1-f2
|
Projet X
|
40
|
25
|
22
|
15
|
Projet Y (non extension à la date 1)
|
30
|
15
|
20
|
10
|
Projet Y (extension à la date 1)
|
50
|
25
|
|
|
Année 3
|
F1-F2-F3
|
F1-F2-f3
|
F1-f2-F3
|
F1-f2-f3
|
Projet X
|
180
|
120
|
80
|
70
|
Projet Y (extension à la date 1)
|
190
|
130
|
70
|
60
|
Projet Y (extension à la date 1)
|
160
|
130
|
|
|
ProjetY (non extension ni en 1 ni en 2)
|
80
|
60
|
|
|
|
f1-F2-F3
|
f1-F2-f3
|
f1-f2-F3
|
f1-f2-f3
|
Projet X
|
60
|
50
|
45
|
20
|
Projet Y
|
70
|
50
|
15
|
-30
|
La présentation de l'arbre de décision
correspondant à la décision à prendre par l'entreprise est
comme suit:
Construction d'un arbre de décision sur
trois périodes
180 p=0.8
120 p=0.2
80 p=0.5
70 p=0.5
60 p=0.6
50 p=0.4
45 p=0.3
20 p=0.7
190 p=0.8
130 p=0.2
70 p=0.5
60 p=0.5
160 p=0.8
130 p=0.2
80 p=0.8
60 p=0.2
45 p=0.5
30 p=0.5
70 p=0.6
50 p=0.4
15 p=0.3
-30 p=0.7
p=0.70 40
p=0.30
25
p=0.45 22
p=0.55
15
P=0.7 50
P=0.30 25
Investissement
date 2
p=0.70 -40
30 non
p=0.30
15
P=0.45
20
P=0.55 10
30
p=0.6
p=0.40
20
Projet X:
-80
Projet Y:
-40
Investissement
Date 1 -40
p=0.60
19
11
p=0.40
Date 0 Date
1 Date 2
Date 3
251705856 Il s'agit à ce moment de calculer les
espérances de VAN de chacune des solutions en retenant un taux
d'actualisation de 8%.
· Calcul de la VAN du projet X:
o L'investissement initial est de 80,
o L'espérance de flux de la troisième
période est:
0,80×180+0,20×120=168 si
l'état de la nature est favorable aux dates 1 et 2.
0,50×80+0,50×70=75 si l'état
de la nature est favorable à la date 1, mais non à la date 2.
0,60×60+0,40×50=56 si l'état
de la nature est favorable à la date 2, mais non à la date 1
0,30×60+0,70×50=27,5 si
l'état de la nature est défavorable aux dates 1 et 2.
o L'espérance de flux de la deuxième
période est:
0,7[40+168(1,08)-1]+0,3[25+75(1,08)-1]=165,22
si l'état de la nature est favorable à la date 1.
o
0,45[22+56(1,08)-1]+0,55[15+27,5(1,08)-1]=55,49
si l'état de la nature est défavorable à la date
1.
o L'espérance de flux de la première
période est:
0,60[30+165,22(1,08)-1]+0,4[20+55,49(1,08)-1]=138,34
D'où:
E(VAN)projet
X=-80+138,34(1,08)-1=48,09
Il convient ensuite de comparer ce résultat à
l'espérance de VAN du projet Y. Il faut tout d'abord envisager
l'extension du projet à la date 2 si elle n'a pas été
réalisée à la date 1.
Si l'extension est réalisée à la date 2,
sa VAN est:
E(VAN)extension date
2=-40+(0,8×160+0,2×130)(1,08)-1=102,59
Si l'entreprise décide de ne pas réaliser
l'extension à la date 2, on obtient à cette date:
E(VAN)non-extension date
2=-0+(0,8×80+0,2×60)(1,08)-1=70,37
Ainsi si l'extension n'a pas été
réalisée à la date 1, l'entreprise a intérêt
à la faire à la date 2: La VAN dégagée est de
102,59 au lieu de 70,37 en l'absence d'extension. L'entreprise a-t-elle
intérêt à procéder à l'extension à la
date 1 plutôt qu'à la date 2? Si oui, elle dégage une VAN
de :
E(VAN)extension
date1=-40+0,7[50(50(1,08)-1+(0,8×190+0,2×130)(1,08)-2]
+0,3[25(1,08)-1+(0,5×70+0,5×60)(1,08)-2]=122,89
Si non, l'extension sera réalisée à la
date 2 et la VAN s'établit à:
E(VAN)non extension date
1=-0+0,7(30+102,59)(1,08)-1+0,3[15(1,08)-1
+(0,5×45+0,5×30)(1,08)-1]=99,75
Ainsi l'entreprise a intérêt à
procéder à l'extension à la date 1 plutôt
qu'à la date 2. Il reste à calculer la VAN à la date 0 du
projet Y avec extension à la date 1, et à la date comparer
à celle du projet X.
En présence d'un état de la nature favorable
lors de la première période, l'extension est
réalisée, et les résultats précédents sont
requis. Lorsque par contre l'état de la nature défavorable
intervient en première période les espérances de flux sont
les suivants:
o troisième période
0,6×70+0,40×50= 62 si l'état
de la nature est favorable à la date 2
0,30×15-0,70×30=-16,5 si
l'état de la nature est défavorable à la date 2.
o deuxième période
0,45[20+62(1,08)-1]+0,55[10-16,5(1,08)-1]=31,93
D'où:
E(VAN)projet
Y=-40+0,6(19+85,13)(1,08)-1+0,4[11(1,08)-1+31,93(1,08)-2]=53,85.
Ainsi, l'espérance de VAN dégagée par le
projet Y avec extension à la date 1 s'élève à
53,85. Elle est supérieure à celle du projet X (48,09). C'est
donc le projet Y qui, toutes choses égales par ailleurs, doit être
adopté. Par ailleurs, c'est un projet flexible, dans la mesure où
il prévoit la possibilité d'une option d'extension lorsque la
situation est favorable uniquement.
SECTION II
LES ÉVÈNEMENTS NON
PROBABILISABLES
1. La décision d'investissement dans le
risque
Une situation est appelée risquée lorsque
l'information nécessaire à la prise de décision n'est pas
suffisante et claire.
Toutefois il y a toujours une possibilité d'estimer
les principales données à partir d'une étude statistique
ou bien à partir des données établies par des
spécialistes.
Prenons l'exemple d'une entreprise ayant cinq
stratégies possibles Si et qu'elle doit
choisir entre l'une et l'autre de ces stratégies selon différents
événements éventuels Ei. La
matrice de gain (En millions de dollars américains) de
l'entreprise est la suivante:
Evènements
Stratégies
|
Expansion
E1
|
Stabilité
E2
|
Récession
E3
|
Dépression
E4
|
S1
|
6
|
6
|
6
|
4
|
S2
|
25
|
7
|
7
|
-15
|
S3
|
20
|
20
|
7
|
-1
|
S4
|
19
|
16
|
9
|
-2
|
S5
|
20
|
15
|
15
|
-3
|
Pour prendre une décision concernant la
stratégie la plus adéquate à mettre en oeuvre dans une
situation risquée et à partir de ces données de la matrice
de gain, les décideurs fixent d'une manière subjective
les probabilités de chaque événement.
Supposons que le preneur de décision estime
qu'il y a:
· 20% de chance pour qu'il y ait Expansion,
donc: pE1=0,20,
· 65% de chance pour qu'il y ait
Stabilité, donc: pE2=0,65,
· 10% de chance pour qu'il y ait
Récession, donc: pE3=0,10,
· 5% de chance pour qu'il y ait
Dépression, donc: pE4=0,05.
À noter qu'il faut que:
pE1+pE2+pE3+pE4=1
La moyenne de gain estimée pour chaque
stratégie n'est autre que l'espérance mathématique de gain
pour chaque stratégie E(Si) qui est
égale à la somme des gains, relatifs à chaque
événement, pondérés par leur probabilité
d'occurrence:
E(S1)=(6×20%)+(6×65%)+(6×10%)+(4×5%)=5,90
E(S2)=(25×20%)+(7×65%)+(7×10%)+(-15×5%)=9,50
E(S3)=(20×20%)+(20×65%)+(7×10%)+(-1×5%)=17,65
E(S4)=(19×20%)+(16×65%)+(9×10%)+(-2×5%)=15,00
E(S5)=(20×20%)+(15×65%)+(15×10%)+(-3×5%)=15,10
Le critère de décision consiste à
maximiser la valeur prévue dans le cas d'une matrice de gain ou
inversement à minimiser la valeur des coûts dans le cas d'une
matrice de coût ou de perte. Dans notre exemple ici on doit choisir la
stratégie S3 qui assure le gain le plus
élevé (si c'était une matrice de coût il fallait
choisir S1).
2. La décision d'investissement en avenir
incertain
Dans une situation d'incertitude, l'information est
totalement absente, les probabilités sûres ou presque sûres
aussi et il est presque impossible de déterminer à partir de
là les espérances mathématiques acceptables; en d'autres
termes il s'agit de prendre des décisions concernant des
événements sur lesquels on n'a pas d'informations. Pour faire
face à une telle situation, certaines méthodes ou critères
théoriques et objectives peuvent être mises en place
à partir des conséquences des décisions prévues.
2.1. les critères de choix en avenir
incertain
Grâce à la théorie des jeux la
théorie de décision en avenir incertain a progressé pour
faciliter la prise de la meilleure décision. Ainsi la théorie des
jeux indique qu'on peut employer l'un des quatre critères les plus
connus pour faciliter la prise de décision. Ces critères sont les
suivants: Le critère de Wald, le critère de Hurwicz, le
critère de Savage et le Laplace.
Soit une entreprise ayant Pn
politiques de production à suivre pour différents niveaux de
demandes éventuels Dn. Le coût
unitaire de production est de 30 USD, le prix de vente
unitaire est de 40 USD, le gain unitaire est ainsi de
10 USD et cela à une seule condition: Que la production
soit vendue entièrement, si non la production serait supérieure
à la demande et le reste (stock non vendu) représente une perte
pour l'entreprise.
La matrice de gain de l'entreprise est la suivante (en
milliers de USD):
Stratégies
|
D
P
|
2000
|
2200
|
2400
|
2500
|
2700
|
2800
|
3000
|
A1
|
2000
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
20
|
A2
|
2200
|
14
|
22
|
22
|
22
|
22
|
22
|
22
|
A3
|
2400
|
8
|
16
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
A4
|
2500
|
5
|
13
|
21
|
25
|
25
|
25
|
25
|
A5
|
2700
|
-1
|
7
|
15
|
19
|
27
|
27
|
27
|
A6
|
2800
|
-4
|
4
|
12
|
16
|
24
|
28
|
28
|
A7
|
3000
|
-10
|
-2
|
6
|
10
|
18
|
22
|
30
|
Avec 1) D: C'est le niveau de la demande
exprimé en unités,
2) P: C'est le niveau de la production
exprimé en unités,
3) Il y a 7 stratégies de production à suivre
(A1 à A7),
4) Chaque niveau de production correspond à une
stratégie de production face à une demande qui varie de 2000
unités à 3000 unités,
5) Il s'agit ici d'une matrice de gain et ça peut
être aussi une matrice de perte ou de coût,
6) Si on prend la stratégie A2 il y a un
risque que la demande soit de 2000 unités et donc une perte de 200
unités qui vont coûter 6000 USD donc notre gain net devient de:
20 000 USD-6000 USD=14 000 USD.
La question principale qui se pose est la suivante: Quelle
stratégie de production doit on choisir? La théorie des jeux va
répondre à cette question à travers chacun des
critères de décision qui suivent.
2.1.1. Le critère de Wald (ou critère du
Maximin)
Wald conseille aux décideurs
d'être très prudents et même pessimistes comme si
la nature leur était totalement hostile. Il leur conseille de choisir le
résultat (le gain) le plus faible de chaque stratégie de
production de la matrice de gain et de choisir la stratégie qui
correspond au résultat le plus élevé. Par ce fait le
décideur maximise le minimum d'où le nom de Maximin. En d'autres
termes le décideur doit maximiser ses gains minimums.
Dans notre exemple les gains minimums correspondent à
la première colonne de la matrice de gain soit: 20, 14, 8, 5,
-1, -4, -10. Parmi ces minimums de gain on doit choisir le maximum qui
est 20, donc on choisi la stratégie
A1 qui est la plus convenable selon
Wald.
2.1.2. Le critère de Hurwicz (ou critère
du Maximax)
Contrairement à Wald, Hurwicz
conseille aux décideurs d'être optimistes et de supposer
que la nature leur est totalement favorable. Sa méthode se fonde alors
sur le principe du maximum des maxima.
Pour revenir à notre exemple, on remarque que les
résultats maxima sont les suivants: 20, 22, 24, 25, 27, 28,
30 et selon cette méthode on doit choisir la stratégie
de production qui correspond au résultat maximum qui est de
30, c'est-à-dire la stratégie
A7.
Toutefois et malgré cette réponse rapide
Hurwicz propose une certaine originalité dans sa méthode
en appliquant ce qu'il appel le coefficient d'optimisme pour chaque
situation. Ce coefficient á est compris entre
0 et 1. Le raisonnement sur lequel
Hurwicz se fonde est le suivant: En prenant les résultats de la
matrice de gain tel quels sont, cela correspond à dire que chacun de ces
résultats a une même espérance mathématique ou bien
un même coefficient d'optimisme et une même
éventualité d'être réalisé, ce qui n'est pas
du tout logique.
Pour cela, Hurwicz cherche à appliquer le
coefficient d'optimisme qui est généralement
déterminé à partir des conditions de travail, de la
production, de la psychologie de l'entrepreneur (objectivité) et du
climat général dans lequel l'entreprise fonctionne.
À partir de là, Hurwicz fixe un taux
ou bien un coefficient d'optimisme déterminé soit
á=0,07=70%. Ce taux est appliqué selon la
même méthode de Hurwicz sur le résultat le plus
élevé de chaque stratégie de production. À partir
de là on calcule l'espérance mathématique de chaque
stratégie de production de la manière suivante:
E(Ai)=áM+(1-á)m
avec
E(Ai) espérance
mathématique de la stratégie de production i,
á taux d'optimisme du résultat
maximum,
1-á taux du résultat minimum,
M résultat le plus élevé
de chaque stratégie de production,
m résultat le moins
élevé de chaque stratégie de production.
E(A1)=0,7×20+0,3×20=20,00
E(A2)=0,7×22+0,3×14=19,60
E(A3)=0,7×24+0,3×8=19,20
E(A4)=0,7×25+0,3×5=19,00
E(A5)=0,7×27+0,3×(-1)=18,60
E(A6)=0,7×28+0,3×(-4)=18,40
E(A7)=0,7×30+0,3×(-10)=18,00
On doit choisir la stratégie de production qui assure
le maximum de gain c'est-à-dire la stratégie
A1.
2.1.3. Le critère de Savage
Savage fait intervenir un autre critère
appelé «critère de regret» c'est-à-dire il
essaie d'analyser les résultats après leur exécution. Pour
le faire Savage se base sur la matrice de gain, il retient pour chaque
état de la nature (niveau de demande) la décision qui assure le
meilleur gain et il soustrait de chaque colonne les autres gains effectivement
réalisés. Le regret est ainsi égal à la
différence entre le gain réalisé et le gain le plus
favorable de chaque colonne.
La matrice de regret construite à partir de
la matrice de gain de est la suivante:
Stratégies
|
D
P
|
2000
|
2200
|
2400
|
2500
|
2700
|
2800
|
3000
|
A1
|
2000
|
0
|
2
|
4
|
5
|
7
|
8
|
10
|
A2
|
2200
|
6
|
0
|
2
|
3
|
5
|
6
|
8
|
A3
|
2400
|
12
|
6
|
0
|
1
|
3
|
4
|
6
|
A4
|
2500
|
15
|
9
|
3
|
0
|
2
|
3
|
5
|
A5
|
2700
|
21
|
15
|
9
|
6
|
0
|
1
|
3
|
A6
|
2800
|
24
|
18
|
12
|
9
|
3
|
0
|
2
|
A7
|
3000
|
30
|
24
|
18
|
15
|
9
|
6
|
0
|
Savage conseille de choisir la stratégie de
production qui rend minimum le regret maximum. Ainsi et en se
référant à la matrice de regret, on a les regrets maximum
qui sont: A1=10, A2=8, A3=12,
A4=15, A5=21, A6=24,
A7=30. Donc selon cette méthode, on doit choisir la
stratégie A2=8 qui rend minimum le regret
maximum.
Parallèlement, Savage fait intervenir parfois
un autre critère appelé «critère de
satisfaction» qui est proche de la logique du regret et qui est peu
utilisé actuellement. La satisfaction est ainsi égale
à l'écart entre ce que l'on aurait pu perdre (ou gagner) si on
avait pris la décision la plus mauvaise (la plus bonne) et ce qu'on a
effectivement obtenu.
La matrice de satisfaction se construit de la façon
suivante et toujours à partir de la matrice de gain:
Stratégies
|
D
P
|
2000
|
2200
|
2400
|
2500
|
2700
|
2800
|
3000
|
A1
|
2000
|
30
|
22
|
14
|
10
|
2
|
0
|
0
|
A2
|
2200
|
24
|
24
|
16
|
12
|
4
|
2
|
2
|
A3
|
2400
|
18
|
18
|
18
|
14
|
6
|
4
|
4
|
A4
|
2500
|
15
|
15
|
15
|
15
|
7
|
5
|
5
|
A5
|
2700
|
9
|
9
|
9
|
9
|
9
|
7
|
7
|
A6
|
2800
|
6
|
6
|
6
|
6
|
6
|
8
|
8
|
A7
|
3000
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
10
|
Pour prendre une décision cette méthode nous
conseille de choisir la stratégie de production qui correspond au
maximum de satisfaction minimum c'est-à-dire la ligne d'action
A5.
2.1.4. Le critère de Laplace
C'est La Méthode la plus ancienne et la plus simple,
elle consiste à calculer la moyenne arithmétique des gains pour
chaque stratégie et de retenir la stratégie qui présente
la moyenne la plus élevée. En d'autres termes cette
stratégie consiste pratiquement à attribuer une
probabilité égale à chaque état de la nature et de
retenir la stratégie qui à la moyenne la plus
élevée. On aura ainsi:
A1=(20+20+20+20+20+20+20)/7=20,00
A
2=(14+22+22+22+22+22+22)/7=20,80
A 3=(8+16+24+24+24+24+24)/7=20,50
A 4=(5+13+21+25+25+25+25)/7=19,80
A 5=(-1+7+15+19+27+27+27)/7=17,20
A 6=(-4+4+12+16+24+28+28)/7=15,40
A 7=(-10-2+6+10+18+22+30)/7=10,50
On retient alors la stratégie
A2 qui présente la moyenne la plus
élevée.
Conclusion: Quelle méthode ou critère
choisir?
Un nouveau problème s'impose; quelle méthode
choisir? Et à partir de là, quelle stratégie on doit
suivre? Surtout que les différentes méthodes connues ont
donné chacune une réponse différente.
La réponse dépend largement de la personne
qui décide, de ses connaissances à propos du problème
et du dossier sur lequel le décideur travail, de son intuition, de son
comportement psychologique et en fin de compte de l'évolution
socio-économico-politique du pays concerné.
2.1. Le contexte hostile
Dans ce genre de contexte, la décision est
contrariée par la présence de deux ou de plusieurs adversaires
c'est-à-dire plusieurs personnes et facteurs interviennent pour former
un conflit d'intérêt. Les deux principales formes de
décision dans un contexte hostile sont:
· Le cas des deux joueurs à somme nulle
c'est-à-dire si quelqu'un gagne l'autre perd la même valeur
gagnée par le premier en fin de compte le solde de l'opération
est nul. Par exemple, les négociations salariales entre patrons et
salariés sont une forme de jeux à somme nulle, le gain des
premiers représente la perte des seconds et vice versa et donc le
résultat est nul.
· Le cas de plusieurs joueurs à somme non
nulle, dans ce cas il y a un gagnant et un perdant; il s'agit surtout de
la détermination d'un prix (d'un bien) par une entreprise sur un
marché concurrentiel.
Dans le cas de deux joueurs à somme nulle il y a des
règles que les deux joueurs ne doivent pas oublier:
· Il faut que chacun des deux joueurs connaisse
parfaitement les règles du jeu,
· Il faut que chaque joueur ait une notion exacte de la
valeur qu'il attache aux gains ou aux pertes,
· Il faut que chaque joueur pense ou bien croit que son
adversaire est très intelligent même s'il ne l'est pas,
· Il faut que chaque joueur se comporte toujours d'une
façon rationnelle.
Notons que dans tous les jeux à deux joueurs les soldes
sont presque toujours nuls.
Soient les deux entreprises A et
B qui se partagent deux marchés I et
II (Beyrouth et Tripoli). Chaque entreprise cherche à
maximiser ses ventes et à partir de là ses gains à travers
une bonne distribution du budget de publicité sur les deux
marchés. En d'autres termes chaque entreprise cherche à minimiser
les ventes et par suite les gains de son adversaire. Le marché est
supposé inélastique c'est-à-dire pour chaque augmentation
des ventes de A on aboutit à une diminution des ventes
de B.
Il y a trois groupes de stratégies pour chaque
entreprise, le tableau de stratégies se présente comme tel:
B
A
|
B1: Allouer* 1/3 au
marché I et 2/3 au marché II
|
B2: Allouer ½ à chaque
marché
|
B3: Allouer 1/3 au marché II et
2/3 au marché I
|
A1: Allouer 1/3 au marché I et 2/3
au marché II
|
14 000
|
6 000
|
- 4 000
|
A2: Allouer ½ à chaque
marché
|
3 000
|
1 000
|
- 2 000
|
A3: Allouer 1/3 au marché II et 2/3
au marché I
|
- 5 000
|
4 000
|
- 3 000
|
*Allouer des dépenses publicitaires du budget de
l'entreprise.
À noter que les 14 000, à titre d'exemple,
signifient que les ventes de l'entreprise A ont
augmenté de 14 000 et celles de l'entreprise B ont
diminué de 14 000. Alors que le résultat - 4 000 signifie que les
ventes de l'entreprise A ont diminué de 4 000 et celles
de l'entreprise B ont augmenté de 4 000. En d'autres
termes les signes positifs sont positifs pour A et
négatifs pour B. Par contre les signes négatifs
sont négatifs pour A et positifs pour
B. Essayons de trouver le meilleur choix pour chacune des deux
entreprises A et B:
· Considérons l'entreprise A:
1. Si A choisit la stratégie
A1, la meilleure stratégie pour
B serait B3 car cette
dernière implique une perte de 4000 pour A et un gain
de 4 000 pour B.
2. Si A choisit la stratégie
A2, la meilleure stratégie pour
B serait B3 car cette
dernière implique une perte de 2000 pour A et un gain
de 2 000 pour B.
3. Si A choisit la stratégie
A3, la meilleure stratégie pour
B serait B1 car cette
dernière implique une perte de 5000 pour A et un gain
de 5 000 pour B.
Restons dans le cadre de la logique de l'entreprise
A ; la meilleure solution pour A est de
choisir A2 car cette dernière
stratégie implique une perte minimale pour A et qui est
de 2 000.
· Considérons l'entreprise B:
1. Si B choisit la stratégie
B1, la meilleure stratégie pour
A serait A1 car cette
dernière implique une perte de 14 000 pour B et un gain
de 14 000 pour A.
2. Si B choisit la
stratégie B2, la meilleure
stratégie pour A serait
A1 car cette dernière implique
une perte de 6 000 pour B et un gain de 6 000 pour
A.
3. Si B choisit la
stratégie B3, la meilleure
stratégie pour A serait
A2 car cette dernière implique
une perte de 2 000 pour A et un gain de 2 000 pour
B.
Alors le choix le plus rationnel pour B
serait aussi de choisir B3. Un point d'intersection
se présente alors, c'est le point de rencontre des deux axes
A2 et B3
c'est-à-dire l'axe qui correspond au résultat - 2 000.
Pratiquement les choses peuvent se présenter sous une
autre forme et sans aucun point d'intersection, le jeu devient dans ce cas
très dangereux pour les deux entreprises en même temps et aucune
solution sûre ne se présente.
2.2. La décision
séquentielle
Parfois il y a un manque d'information, le contexte n'est pas
nécessairement hostile mais plutôt confus. On doit
décider dans une première étape si on a
intérêt à acheter de nouvelles informations ou non, la
décision finale devient ainsi double ou triple, c'est-à-dire on
est en présence d'un arbre de décision ou bien d'une
décision séquentielle dans laquelle la décision finale
dépend d'une ou de plusieurs décisions primaires.
Soit une compagnie pétrolière qui prospecte une
région déterminée pour décider de forer un puits.
Alors deux décisions se présentent pour cette compagnie:
1. Faire ou non une étude sismologique du terrain.
2. Forer ou non le puits.
Chaque réponse peut donner un résultat positif
ou négatif. Le forage coûte d'ailleurs 900 000 USD et
d'après les statistiques déjà établies sur la
région on a:
· 42 % de chance de trouver un puits sec, donc perte
totale,
· 41 % de chance de trouver un bon puits, donc un
rendement moyen égal à 1 200 000 USD,
· 17% de chance de trouver un puits excellent, donc un
rendement moyen égal à 2 500 000 USD.
L'espérance mathématique du profit brut sera:
E=(42%×0)+(41%×1 200 000)+(17%×2 500
000)=917 000 USD.
Soit un profit espéré de 17 000 USD (917 000
USD-900 000 USD) par puits foré, autrement dit la société
pétrolière peut espérer gagner sans aucune étude
sismologique 17 000 USD par puits. Si l'étude coûte 80 000 USD la
question qui se pose de nouveau est la suivante: Est-ce qu'on a
intérêt à faire l'étude, oui ou nom?
D'après les expériences passées dans la
région 200 études sismologiques ont été
effectuées mais 140 (70%) seulement ont donné des
résultats vrais et 60 (30%) ont donné des résultats faux.
Sur les 140 résultats justes il y a 42 puits secs, 70 puits bons et 28
excellents. Pour les 60 études négatives il y a eu 42 puits secs,
12 puits bons et 6 puits excellents. Les résultats portés sur un
tableau deviennent ainsi:
|
Profit brut par puits
(en USD)
|
Résultats positifs S1
|
Résultats négatifs
S2
|
Nombre observé
|
P(Pi/S1)
|
Nombre observé
|
P(Pi/S2)
|
Puits sec (P1)
|
0
|
42
|
30%
|
42
|
70%
|
Puits bon (P2)
|
1 200 000
|
70
|
50%
|
12
|
20%
|
Puits excellent (P2)
|
2 500 000
|
28
|
20%
|
6
|
10%
|
Total
|
140
|
100%
|
60
|
100%
|
· Si une étude sismologique est faite et au cas
où le résultat est positif:
o Si on ne fore pas on ne gagne rien et on ne perd rien
à part bien sûr le prix de l'étude qui est de 80 000
USD,
o Si on fore on peut espérer gagner (ou perdre):
(30%×0)+(50%×1 200
000)+(20%×2 500 000) - 900 000 = 200 000 USD.
· Si une étude sismologique est faite et au cas
où le résultat est négatif:
o Si on ne fore pas on ne gagne rien mais on ne perd rien sauf
bien sûr le prix de l'étude qui s'élève à 80
000 USD.
o Si on fore on peut espérer gagner (ou perdre):
(70%×0)+(20%×1 200
000)+(10%×2 500 00) = - 410 000 USD; donc une perte de
410 000 dollars. Dans ce cas on préfère ne pas forer dans le cas
où le résultat de l'étude serait totalement
négatif.
Encore plus, on a vu que la probabilité que
l'étude soit juste est de 70 % et qu'elle soit fausse 30 %. Le profit
espéré de chaque étude sera dans ce cas
(70%×200 000) + (30%×0) - 80 000 =
60 000 USD.
Si on fait l'étude sismologique et on fore, dans le
seul cas où le résultat de l'étude est positif le profit
net sera de: 200 000 - 60 000 = 140 000 USD.
Enfin la valeur de l'information obtenue à travers
l'étude sismologique est égale à 140 000 - 17 000 =
123 000 USD. Alors on a plein intérêt à
faire l'étude sismologique et payer 80 000 USD (largement
inférieurs que le profit espéré) pour être sûr
de gagner une somme plus importante.
SECTION III
CAS PRATIQUES
1. Choix entre trois projets
d'investissement
Une entreprise étudie trois projets d'investissement
(durée de vie 8 ans) dont les caractéristiques sont
données dans les tableaux suivants. Les flux d'investissement
(date 0) et les flux de trésorerie ultérieurs
(égaux des années 1 à 8) sont incertains.
Flux d'investissement à la date 0 (en
K€)
|
État de la nature
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Projet X
Probabilité = p
|
100
p=0,05=5%
|
120
p=0,10=10%
|
130
p=0,70=70%
|
140
p=0,15=15%
|
Projet Y
Probabilité = p
|
90
p=0,15=15%
|
115
p=0,25=25%
|
135
p=0,40=40%
|
145
p=0,20=20%
|
Projet Z
Probabilité = p
|
85
p=0,20=20%
|
120
p=0,30=30%
|
140
p=0,30=30%
|
150
p=0,20=20%
|
Flux de trésorerie nets annuels de
l'année 1 à l'année 8 (en K€)
|
État de la nature
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Probabilité
|
8%
|
18%
|
35%
|
24%
|
15%
|
Projet X
|
50
|
35
|
30
|
20
|
15
|
Projet Y
|
60
|
45
|
40
|
15
|
3
|
Projet Z
|
100
|
70
|
50
|
10
|
-25
|
A. Première partie:
1. Calcul de l'espérance des flux
d'investissement et des flux de trésorerie:
L'espérance des flux d'investissement est pour
chaque projet de:
o Projet X: E
(IX)=0,05×100+0,10×120+0,70×130+0,15×140=129
K€
o Projet Y: E
(IY)=0,15×90+0,25×115+0,40×135+0,20×145=125,25
K€
o Projet Z: E
(IZ)=0,20×85+0,30×120+0,30×140+0,20×150=125
K€
L'espérance des flux de trésorerie est
pour chaque projet de:
o Projet X: E
(FX)=0,08×50+0,18×35+0,35×30+0,24×20+0,15×15=27,85
K€
o Projet Y:
E(FY)=0,08×60+0,18×45+0,35×40+0,24×15+0,15×3=30,95
K€
o Projet Z:
E(FZ)=0,08×100+0,18×70+0,35×50+0,24×10-0,15×25=36,75
K€
2. Calcul de l'écart type des flux
d'investissement et des flux de trésorerie:
L'écart type des flux d'investissement est
pour chaque projet de:
o
ó(IX)=[0,05(100-129)2+0,10(120-129)2+0,70(130-129)2+0,15(140-129)2]1/2=8,31;
o
ó(IY)=[0,15(90-125,25)2+0,25(115-125,25)2+0,40(135-125,25)2+0,20(145-125,25)2]1/2=18,13;
o
ó(IZ)=[0,20(85-125)2+0,30(120-125)2+0,30(140-125)2+0,20(150-125)2]1/2=22,80.
L'écart type des flux de trésorerie est
pour chaque projet de:
o
ó(FX)=[0,08(50-27,85)2+0,18(35-27,85)2+0,35(30-27,85)3+0,24(20-27,85)2+0,15(15-27,85)2]1/2=9,47;
o
ó(FY)=[0,08(60-30,95)2+0,18(45-30,95)2+0,35(40-30,95)2+0,24(15-30,95)2+0,15(3-30,95)2]1/2=17,61;
o
ó(FZ)=[0,08(100-36,75)2+0,18(70-36,75)2+0,35(50-36,75)2+0,24(10-36,75)2+0,15(-25-36,75)2]1/2=36,69.
3. Calcul des coefficients de variation des flux
d'investissement et des flux de trésorerie:
Le coefficient de variation des flux d'investissement
est pour chaque projet de:
o
CV(IX)=ó(IX)/E(IX)=8,31/129=0,064
o
CV(IY)=ó(IY)/E(IY)=18,13/125,25=0,1448
o
CV(IZ)=ó(IZ)/E(IZ)=22,80/125=0,1824
Le coefficient de variation des flux de
trésorerie est pour chaque projet de:
o
CV(FX)=ó(FX)/E(FX)=9,47/27,85=0,3399
o
CV(FY)=ó(FY)/E(FY)=17,61/30,95=0,5688
o
CV(FZ)=ó(FZ)/E(FZ)=36,69/36,75=0,9983
Récapitulons tous les résultats ci-dessus dans
le tableau suivant et interprétons les:
Projet
|
E(Ii)
|
ó(Ii)
|
CV(Ii)
|
E(Fi)
|
ó(Fi)
|
CV(Fi)
|
i=X
|
129
|
8,31
|
0,064
|
27,85
|
9,47
|
0,3399
|
i=Y
|
125,25
|
18,13
|
0,1448
|
30,95
|
17,61
|
0,5688
|
i=Z
|
125
|
22,80
|
0,1824
|
36,75
|
36,69
|
0,9983
|
Les projets présentent des coefficients de variation
croissants, à la fois pour les flux d'investissement et les flux de
trésorerie de X à Z: Le projet X paraît peu risqué,
Y l'est un peu plus et Z est un projet risqué.
4. Calculons à présent
l'espérance de la valeur actuelle nette de chacun des projets pour un
taux d'actualisation de 13%, ainsi que les taux internes de rentabilité
des trois projets:
L'espérance de la valeur actuelle nette (VAN) est
calculée à partir des espérances des flux
déterminés précédemment, pour une durée de
n=8 ans et un taux d'actualisation de r=13%.
o E(VANX)
=E(FX)×((1-(1+r)-n )/r)-E(IX)
=27,85×((1-(1+0,13)-8)/0,13)-129=4,64
K€
o E(VANY)
=E(FY)×((1-(1+r)-n )/r)-E(IY)
=30,95×((1-(1+0,13)-8)/0,13)-125,25=23,27
K€
o E(VANZ)
=E(FZ)×((1-(1+r)-n )/r)-E(IZ)
=36,75×((1-(1+0,13)-8)/0,13)-125=51,35
K€
Le taux interne de rentabilité (TRI) est égal
au taux d'actualisation qui annule la valeur actuelle nette (VAN):
o
E(VANX)=E(FX)×((1-(1+t)-n
)/t)-E(IX)=0 pour le projet X
o
E(VANY)=E(FY)×((1-(1+t)-n
)/t)-E(IY)=0 pour le projet Y
o
E(VANZ)=E(FZ)×((1-(1+t)-n
)/t)-E(IZ)=0 pour le projet Z
Il s'agit ici d'une situation dans laquelle nous avons au
plus un TIR, dans la mesure où il y a un seul changement de signe dans
l'équation. La plupart des calculatrices permettent la résolution
de cette équation; les fonctions financières sont incluses dans
de nombreux logiciels, dont Excel. Si aucune de ces solutions n'est accessible,
il est toujours possible de procéder par interpolation
linéaire pour calculer la value du TRI. On choisit un taux
d'actualisation conduisant à une VAN positive, et un autre amenant une
VAN négative. Le TRI est compris entre ces deux bornes. En
procédant à une interpolation linéaire sur l'intervalle,
on en déduit le TRI.
Projet X: Calculons le taux de rentabilité
interne du projet X (TRIX) par interpolation linéaire:
Pour t= 14% on aura
E(VANX)=27,85×((1-(1+0,14)-8)/0,14)-129=0,192
Pour t=15% on aura
E(VANX)=27,85×((1-(1+0,15)-8)/0,15)-129=
-4,028
Le TIR du projet X est donc compris entre 14% et 15%.
tX=14% E(VANX)=0,192
TRIX-0,14 0-0,192
tX=TRIX E(VANX)=0
=
tX=15% E(VANX)=-4,028
0,15-0,14 -4,028-0,192
Donc: (TRIX-0,14) = 0,000455 TRIX =
0,1404 = 14,04%
Projet Y: Calculons le taux de rentabilité
interne du projet Y (TRIY) par interpolation linéaire:
Pour t=18% on aura
E(VANY)=30,95×((1-(1+0,18)-8)/0,18)-125,25=0,950
Pour t=19% on aura
E(VANY)=30,95×((1-(1+0,19)-8)/0,19)-125,25=
-2,862
Le TRI du projet Y est donc compris entre 18% et 19%.
Par suite et par interpolation linéaire:
tY=18% E(VANY)=0,950
TRIY-0,18 0-0,950
tY=TRIY E(VANY)=0
=
tY=19% E(VANY)=-2,862
0,19-0,18 -2,862-0,950
Donc: (TRIY-0,18) = 0,00249 TRIY =
0,1824 = 18,24%
Projet Z: Calculons le taux de rentabilité
interne du projet Z (TRIZ) par interpolation linéaire:
Pour t=24% on aura
E(VANZ)=36,75×((1-(1+0,24)-8)/0,24)-125=0,729
Pour t=25% on aura
E(VANZ)=36,75×((1-(1+0,25)-8)/0,25)-125=
-2,662
Le TRI est donc compris entre 24% et 25%.
Par suite et par interpolation linéaire:
tZ=24% E(VANZ)=0,729
TRIZ-0,24 0-0,729
tZ=TRIZ E(VANZ)=0
=
tZ=25% E(VANZ)=-2,662
0,25-0,24 -2,662-0,729
Donc: (TRIZ-0,24) = 0,00214 TRIZ = 0,2421
= 24,21%
|
E(VAN)
|
TRI
|
Projet X
|
4,64 K€
|
14,04%
|
Projet Y
|
23,27 K€
|
18,24%
|
Projet Z
|
51,35 K€
|
24,21%
|
Ainsi, le projet X est le moins risqué, mais
également le moins rentable, le projet Y est moyennement risqué
et moyennement rentable, tandis que le projet Z est le plus risqué et le
plus rentable.
5. Traçons maintenant les courbes des VAN en
fonction des taux d'actualisation
Courbe des VAN en fonction des taux
d'actualisation
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14
0,16 0,18 0,20 0,22 0,24 0,26 0,28 0.30
Taux d'actualisation
200
150
100
50
0
-50
VAN
X
Y
Z
B. Deuxième partie:
Supposons maintenant que la comparaison de trois projets de
risques différents à l'aide d'un même taux d'actualisation
n'est pas pertinente; le taux sans risque rf étant de 6%, on
estime les primes de risque à 5% pour le projet X, à 10% pour le
projet Y et à 15% pou le projet Z. La question qui se pose à ce
moment est la suivante: Que deviennent les valeurs actuelles nettes (VAN) des
trois projets de risque X, Y et Z?
Les espérances de VAN sont recalculées avec les
nouveaux taux d'actualisation, tenant compte des primes de risque
différenciées. Les nouveaux taux d'actualisation pour les projet
X, Y et Z deviennent de:
o tX=rf+prime de
risque=6%+5%=11%,
o tY=rf+prime de
risque=6%+10%=16%,
o tZ=rf+prime de
risque=6%+15%=21%.
Par suite les VAN des trois projets deviennent de:
o
E(VANX)=E(FX)×((1-(1+tX)-n)/tX)-E(IX)
=27,85×((1-(1+0,11)-8)/0,11)-129=14,31
K€
o
E(VANY)=E(FY)×((1-(1+tY)-n)/tY)-E(IY)
=30,95×((1-(1+0,16)-8)/0,16)-125,25=9,18
K€
o
E(VANZ)=E(FZ)×((1-(1+tZ)-n)/tZ)-E(IZ)
=36,75×((1-(1+0,21)-8)/0,21)-125=11,91
K€
La prise en compte des primes de risque conduit à un
classement différent que celui de la première partie: La
préférence va à X, puis à Z, puis à Y.
C. Troisième partie:
Le directeur de cette entreprise n'est pas très
sûr des primes de risque de la deuxième partie et il cherche
à calculer les taux lui permettant d'actualiser les flux des projets Y
et Z pour que les espérances de leur valeur actuelle nette [E(VAN)]
soient égales à celle du projet X qui est égale à
14,31 K€.
Pour le projet Y:
E(VANY)=30,95×[(1-(1+tY)-8)/tY]-125,25=14,31
K€, pour résoudre cette équation on doit
procéder par interpolation linéaire de la même façon
qu'en calculant la valeur du TRI:
Pour tY=15% VAN(Y)=
30,95×[(1-(1+0,15)-8)/0,15]-125,25=13,63
K€
Pour tY=? % VAN(Y)= 30,95×[(1-(1+
tY)-8)/tY]-125,25=14,31
K€
Pour tY=13% VAN(Y)=
30,95×[(1-(1+0,13)-8)/0,13]-125,25=23,27
K€
Donc:
(0,15-0,13)/(tY-0,13)=(13,63-23,27)/(14,31-23,27)
tY-0,13 = 0,0185 t=14,85%
Le projet Y n'est préférable à X qu'en
retenant une prime de risque inférieure à: 14,85%-6% = 8,85%
Pour le projet Z:
E(VANZ)=36,75×[(1-(1+tZ)-8)/tZ]-125=14,31
K€, de même, pour résoudre cette équation on
doit procéder par interpolation linéaire de la même
façon qu'en calculant la valeur du TRI:
Pour tZ=20%
VAN(Y)=36,75×[(1-(1+0,20)-8)/0,20]-125=16,01K€
Pour tZ=? %
VAN(Y)=36,75×[(1-(1+tZ)-8)/tZ]-125=14,31
K€
Pour tZ=21%
VAN(Y)=36,75×[(1-(1+0,21)-8)/0,21]-125=11,91
K€
Donc:
(0,21-0,20)/(tZ-0,20)=(11,91-16,01)/(14,31-16,01)
tZ-0,20=0,00414 t=20,41%
Le projet Z est préférable à X si l'on
retient une prime de risque inférieure à:
20,41%-6%=14,41%.
Il reste ainsi à préciser les niveaux de prime
de risque qui doivent être adoptés. C'est l'objet de la prochaine
partie.
D. Quatrième partie:
Pour préciser l'appréciation de la
rentabilité et du risque des projets, les dirigeants de la firme vont
effectuer une nouvelle étude qui fournit les prévisions de la
rentabilité du marché Rm et des
rentabilités des trois projets pour les cinq états de la nature
précédents.
Rentabilité des projets et du
marché
|
État de la nature
|
Probabilité
|
Rm
|
RX
|
RY
|
RZ
|
1
|
0,08
|
0,28
|
0,20
|
0,24
|
0,40
|
2
|
0,18
|
0,22
|
0,20
|
0,25
|
0,20
|
3
|
0,35
|
0,17
|
0,15
|
0,16
|
0,22
|
4
|
0,24
|
0,15
|
0,16
|
0,14
|
0,12
|
5
|
0,15
|
0,12
|
0,12
|
0,12
|
0
|
Il convient dans cette partie de calculer les bêtas
â des trois projets et déterminer le taux de rentabilité
exigé à partir du modèle d'évaluation des actifs
financiers (MEDAF). De même on va répondre aux deux questions
suivantes:
· Quels sont les projets acceptables si l'on retient ceux
dont l'espérance de rentabilité est supérieure au taux
exigé par le MEDAF?
· Quel classement des trois projets peut-on proposer?
À partir des nouvelles estimations de
rentabilité proposées, il convient de calculer les bêtas
des projets, les taux de rentabilité requis selon le MEDAF, et par suite
les comparer aux espérances de rentabilité offertes.
5
L'espérance de rentabilité du portefeuille du
marché est calculée en premier lieu:
E(Rm)=?pi×Rmi
i=1
avec
E(Rm) rentabilité
espérée du marché,
pi Probabilité de
réalisation pour l'état de la nature i,
Rmi Rentabilité du
marché pour l'état de la nature i,
i C'est l'état de la nature.
Le taux sans risque rf est de
6%.
Le risque systématique d'un projet est mesuré
par son coefficient bêta. Le bêta d'un projet est donné
par:
âs=Cov(Rs,Rm)/var(Rm)
avec
5
5
var(Rm)=?pi[Rmi-E(Rm)]2=?piRmi-[E(Rm)]2
i=1
i=1
5
et
i=1
cov(Rs,Rm)
=?pi[Rmi-E(Rm)][Rsi-E(Rs)]
5
i=1
=?pi(Rmi×Rsi)-[E(Rm)×E(Rs)]
avec
i représente l'état de la
nature,
pi la probabilité de
l'état de la nature i,
s c'est le projet X,Y ou Z,
Rs c'est la rentabilité du
projet X,Y ou Z,
Rm c'est la rentabilité de
marché,
Var(Rm) c'est la variance de la
rentabilité de marché,
cov(Rs,Rm) c'est la
covarianve entre la rentabilité de marché et la
rentabilité du projet X, Y ou Z,
âs c'est le risque
systématique, non diversifiable, du projet X, Y ou Z.
À partir de là, la relation du MEDAF nous
indique quelle est la rentabilité minimale à exiger du projet
s:
E(Rs)=Rf+âs[E(Rm)-Rf]
avec
E(Rs) Cc'est l'espérance de
rentabilité du projet X, Y ou Z
Rf C'est le taux sans risque
âs C'est le risque
systématique, non diversifiable, du projet X,Y ou Z.
E(Rm) C'est la rentabilité
espérée du marché
Procédons maintenant au calcul numérique pour
chaque projet:
Projet X:
E(Rm)
=0,08×0,28+0,18×0,22+0,35×0,17+0,24×0,15+0,15×0,12
=0,0224+0,0396+0,0595+0,0360+0,0180
=0,1755.
Var(Rm)=0,08×(0,28-0,1755)2+0,18×(0,22-0,1755)2+0,35×(0,17-0,1755)2+
0,24×(0,15-0,1755)2+0,15×(0,12-0,1755)2
=0,00087362+0,000356445+0,000010587+0,00015606+0,000462037
=0,001859.
E(RX)
=0,08×0,20+0,18×0,20+0,35×0,15+0,24×0,16+0,15×0,12
=0,016+0,036+0,0525+0,0384+0,018
=0,1609=16,09%
Cov(RX,Rm)
=0,08[0,28-0,1755][0,20-0,1609]+0,18[0,22-0,1755][0,20-=0,169]+0,35[0,17-0,1755][0,15-0,1609]+0,24[0,15-=0,1755][0,16-0,1609]+0,15[0,12-0,1755][0,12-0,1609]
=0,00032688+0,00031319+0,00002099+0,0000055+0,00034049
=0,0010071.
âX=
Cov(RX,Rm)/Var(Rm)=0,0010071/0,001859=0,5418
E(RX)MEDAF =
0,06+0,5418×(0,1755-0,06)
= 0,06+0,0626
= 0,1226
=12,26%
Selon le critère du MEDAF le projet X est acceptable
car l'espérance de taux offerte est supérieure au taux minimum
requis. Ce même calcul numérique doit être fait pour
calculer l'espérance de taux minimum requis (MEDAF) et
l'espérance de taux offerte pour les deux projets Y et Z et par suite
les comparer pour vérifier si le projet est acceptable ou non. Le
tableau suivant présente les éléments de calcul des
coefficients bêta, ainsi que de la rentabilité exigée des
trois projets étant donné leur risque.
CALCUL DES BÊTAS ET DES RENTABILITÉS
EXIGÉES
|
|
Marché
|
Projet X
|
Projet Y
|
Projet Z
|
Cov(Rs,Rm)
|
0,001859
|
0,0010071
|
0,001845
|
0,003788
|
Var(Rm)
|
0,001859
|
0,001859
|
0,001859
|
0,001859
|
âs
|
1
|
0,5418
|
0,9927
|
2,0380
|
E(Rs) MEDAF
|
17,55 %
|
12,26 %
|
17,47 %
|
29,54 %
|
E(Rs) offerte
|
17,55 %
|
16,09 %
|
17,18 %
|
17,38 %
|
Donc, selon le critère du MEDAF, les projet
Y et Z ne peuvent être acceptés
car l'espérance de taux offert est inférieure au taux requis.
Seul le projet X peut être retenu.
E. Cinquième partie:
Une société d'études financières
consultée par les dirigeants de la firme estime que les
prévisions précédentes de la rentabilité de
marché doivent être révisées comme suit:
État de la nature
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Rm
|
0,09
|
0,12
|
0,18
|
0,24
|
0,29
|
Donc, on doit déterminer les nouveaux â des
projets, les taux de rentabilité proposés et exigés. Il
convient de recalculer les paramètres de la relation du MEDAF avec ces
nouvelles estimations. Le tableau suivant récapitule les valeurs des
différentes variables.
|
Marché
|
Projet X
|
Projet Y
|
Projet Z
|
Cov(Rs,Rm)
|
0,003809
|
-0,001392
|
-0,002648
|
0,005554
|
Var(Rm)
|
0,003809
|
0,003809
|
0,003809
|
0,003809
|
âi
|
1
|
-0,3654
|
-0,6953
|
-1,4583
|
E(Rs) MEDAF
|
19,29 %
|
1,144 %
|
-3,241 %
|
-13,381 %
|
E(Rs) offert
|
19,29 %
|
16,09 %
|
17,18 %
|
17,38 %
|
Les taux de rentabilité requis selon le MEDAF sont
à présent ceux de l'avant dernière ligne du tableau
précédent. Ces taux sont faibles pour X et
négatifs pour Y et Z, en raison des
bêtas négatifs que présentent les trois projets. Les
rentabilités offertes par les trois projets sont bien supérieures
aux taux exigés: Les trois projets sont acceptables. Avec les
nouvelles estimations de la rentabilité de marché, les projets
sont contre cycliques: Ils viennent diminuer le risque
systématique de l'entreprise.
C'est la raison pour laquelle Y et
Z sont acceptables, même si leur rentabilité est
négative. Le projet le moins risqué est à présent
le projet Z, suivi du projet Y puis de
X. Le projet Z est le plus rentable (17,38%),
et le moins risqué. Dans ce contexte, c'est le projet Z
qui devrait être adopté.
F. Sixième partie: Conclusion
Pour conclure ce premier cas pratique, je vais donner mon
avis aux dirigeants de cette firme:
En adoptant un taux d'actualisation égal au coût
du capital de l'entreprise (unique pour les trois projets), le projet le plus
rentable est Z, suivi de Y puis de X. Cette approche ne tient pas compte des
différences de risque entre les projets (partie A). Toute la
difficulté réside dans l'appréciation de la prime de
risque à retenir.
Si les primes de risque sont de 5%(X), 10%(Y) et 15%(Z),
c'est le projet X qui doit être privilégié, suivi de Z et
puis de Y (partie B). L'estimation des primes de risque à partir de la
relation du MEDAF et d'autres informations sur la rentabilité des
projets conduit à préférer X puis Y, tandis que Z
dégage une VAN négative et ne peut être adopté
(partie D). Au contraire, si l'évolution de la rentabilité du
marché est inversée, alors c'est le projet Z qui est
préférable, suivi de Y puis de X (partie E)
Il est ainsi difficile de trancher. Si l'on retient
la rentabilité de marché initiale, c'est probablement le projet X
qui doit être adopté, car c'est celui qui crée le plus de
valeur pour son niveau de risque. Donc, tout le problème réside
dans l'adoption du taux de rentabilité exigé par les
investisseurs à partie duquel les projets doivent êtres
évalués et classés par ordre de
préférence.
2. Options réelles: L'option de retarder un
investissement
L'entreprise «Mabelle» dispose d'une
opportunité d'investissement qui lui semble intéressante. Le
directeur du marketing a en effet, à la suite d'une étude
approfondie, établi qu'il y avait un marché important pour les
produits H, nouveau type de produit de beauté.
La production en serait assurée par une nouvelle chaîne de
production. Cet investissement serait totalement irréversible: Aucun
autre produit ne pourrait être fabriqué, et il n'y a pas de
marché d'occasion pour ce type de chaîne de production.
Le montant de l'investissement s'élève à
5 millions d'euro (M€). La durée de vie est de 10 ans. Cet
investissement peut être entrepris à la date 0 ou à la date
1. Le marché étant encore balbutiant, les dirigeants de la firme
se demandent s'ils ont intérêt ou non à attendre un an. En
effet, à partir de l'année 1, les flux de trésorerie
s'établiront à 1,5 M€ avec une probabilité de 60% et
à 0,75 M€ avec une probabilité de 40%. Attendre un an permet
d'avoir une meilleure connaissance des flux de trésorerie. Le taux
d'actualisation est de 13%. Supposons que l'investissement est
réalisé à une date t et que les flux de trésorerie
sont encaissés de (t+1) à (t+10)
· Calculons en premier lieu la valeur actuelle
nette VAN de cet investissement s'il est entrepris à la date
0:
L'espérance de flux de trésorerie est:
E(F)=0,60×1,5+0,40×0,75=1,2
M€
Sur 10 ans, avec un taux d'actualisation de 13% et un
investissement de 5 M€, la VAN est:
VAN0=1,2×[(1-(1+0,13)-10)/0,13]-5=1,51
M€.
· Si l'on fait l'hypothèse que
l'entreprise n'investit à la date 1 qu'à condition que les flux
de trésorerie prennent la valeur la plus élevée
c'est-à-dire que l'état de la nature satisfaisant se produit et
que le flux soit de 1,5 M€. Calculons à la date 0 la valeur
actuelle nette VAN de l'investissement entrepris à la date
1:
VAN1=[(1,5×(1-(1+0,13)-10)/0,13)×0,6]=1,88
M€
La valeur actuelle nette VAN à la date 0 est de:
VAN0=VAN1×(1+r)-1=1,88×(1+0,13)-1=1,67
M€.
· Montrons à présent que
l'entreprise dispose d'une option et comparons-la à une option
financière, en plus on va déterminer la valeur de cette option
d'investissement:
La VAN en 0 de l'investissement à la date 1 (dans le
cas favorable seulement) est supérieure à la VAN en 0 de
l'investissement à la date 0. L'entreprise dispose d'une option
d'investissement qu'elle peut exercer à la date 0 ou à la date 1.
Elle a le droit d'investir ou de ne pas faire. Si sa décision est
positive, elle paie le prix d'exercice, qui est égal au montant du
capital investi. L'option a une durée de vie d'un an. L'actif
sous-jacent correspond à la valeur actuelle des flux de
trésorerie du projet. Dans notre exemple, l'option d'investir, si elle
est exercée immédiatement, vaut 1,51 M€ (valeur de l'actif
sous-jacent - prix d'exercice = VAN); il s'agit de la valeur intrinsèque
de l'option.
Mais si l'entreprise n'exerce l'option qu'à la date 1,
celle-ci vaut 1,67 M€. La valeur temporelle de l'option est de:
1,67-1,51=0,16 M€. Elle n'a donc pas intérêt à
l'exercer immédiatement.
· Si pour une même espérance de 1,2
M€, les flux s'établissaient à 1,8 M€ avec une
probabilité de 60% et à 0,3 M€ avec une probabilité
de 40%; que deviendrait la valeur de l'option de
flexibilité?
Cette évolution des flux de
trésorerie ne modifie ni l'espérance de flux, qui reste
égale à 1,2 M€, ni la VAN en 0 de l'investissement s'il est
entrepris à la date 0, égale à 1,51 M€. Par contre,
si l'investissement est retardé à la date 1, le flux de la
situation favorable dans laquelle l'entreprise investit passe à 1,8
M€.
La VAN de l'investissement à la date 1 est alors:
VAN1=[(1,8×(1-(1+0,13)-10)/0,13)-5]×0,6=2,86
M€
La valeur actuelle nette à la date 0 s'en
déduit:
VAN0=VAN1×(1+r)-1=2,86×(1+0,13)-1=2,53
M€
La valeur intrinsèque de l'option d'investir n'a pas
été modifiée, mais sa valeur totale s'est accrue; la
valeur temporelle de l'option est passée à:
2,53-1,51=1,02 M€.
Ce résultat est lié au caractère
asymétrique de toute option: Le détenteur de l'option
bénéficie des évolutions favorables de la valeur du
sous-jacent et peut abandonner le projet si l'évolution des flux est
défavorable. Il a intérêt à ce que la
volatilité des flux soit la plus grande possible, ou encore à ce
que l'écart type de la VAN soit le plus élevé. En effet,
dans ce cas, il gagne plus en présence d'une évolution favorable,
et ne perd pas plus si les conditions sont défavorables, puisqu'il
n'entreprend pas le projet dans ce cas.
· En attendant une année, les dirigeants
prennent toutefois le risque de voir arriver un concurrent plus rapide qu'eux
sur ce marché. Si le fait d'attendre entraîne une baisse de
l'espérance de flux à 1,3 M€ avec une probabilité de
50 % et 0,6 M€ avec une probabilité de 50%; à quelle date
l'investissement doit-il être entrepris?
La valeur actuelle nette VAN de l'investissement en temps 0
est inchangée.
La VAN de l'investissement à la date 1 devient:
VAN1=[(1,3×(1-(1+0,13)-10)/0,13)-5]×0,5=1,03
M€
La VAN à la date 0 s'en déduit:
VAN0=VAN1×(1+r)-1=1,03×(1+0,13)-1=0,91
M€
Dans ce cas, la valeur intrinsèque de l'option est
supérieure à sa valeur totale. L'entreprise a donc
intérêt à l'exercer immédiatement, et à
investir à la date 0.
3. Coût du capitale, incertitude sur la
durée de vie et désinvestissement
Première partie
La société «Paniton» possède
plusieurs boulangeries traditionnelles en région parisienne. Elle
recherche des opportunités de développement, mais souhaite
proposer des produits de qualité. Tout récemment, elle a appris
que la société «Moulin» servait des pains industriels,
à la grande satisfaction des clients. Ce pain industriel à la
qualité irréprochable est le produit d'une technologie introduite
en France au début des années 90, qui s'adjuge en 1998 4% de la
production nationale de pain: Le précuit surgelé. Cette
technique permet aux restaurants et autres détaillants de proposer,
quelle que soit l'affluence, du pain sortant du four. En effet, les pains sont
livrés précuits aux détaillants, qui achèvent la
cuisson dans des petits fours.
La société «Paniton» s'interroge sur
l'opportunité d'acquérir une chaîne de fabrication de
précuits surgelés. L'investissement est de 20 MF
(million de franc). La chaîne est très automatisée; un
tapis roulant permet d'amener les pains d'une étape à l'autre:
L'intervention humaine est limitée. La fabrication est
réalisée en cinq étapes:
1. Le pétrissage (durée 20 minutes),
2. Le façonnage: La pâte est
découpée en boules et aplatie,
3. La fermentation,
4. La précuisson,
5. La surgélation à moins 40
degrés celsius.
À la sortie de la chaîne, les baguettes sont
vendues autour de 1 F par unité. La capacité de production d'une
chaîne est de l'ordre de 3000 baguettes par heure. Le marché est
actuellement très porteur pour ces pains, dont la qualité est
supérieure aux produits surgelés traditionnels (pâte crue
surgelée) et devrait pouvoir absorber la production totale d'une telle
chaîne. Une étude de marché réalisée estime
toutefois qu'avec une probabilité de 20 %, seule 80% de la production
potentielle pourrait être vendue. Dans ce cas, la production serait bien
entendu réduite à cette proportion.
On considère que la chaîne de production peut
fonctionner 10 heures par jour, 6 jours par semaine, et 48 semaines par an,
soit 10×6×48=2880 heures par an. Quatre employés seraient
nécessaires (charges de personnels annuelles de 500 000 F). Les autres
charges fixes s'élèveraient à 500 000 F par an. Par
ailleurs, les matières premières requises coûteraient 0,34
F par baguette.
La durée de vie d'une chaîne de production est
au minimum de 8 ans. C'est la durée retenue pour l'amortissement. Le
tableau suivant donne des estimations de durée de vie de la
chaîne:
DURÉE DE VIE DE LA
CHAÎNE
|
Durée
|
8 ans
|
10 ans
|
12 ans
|
Probabilité cumulée
|
100%
|
80%
|
70%
|
Ce projet s'inscrit dans le secteur alimentaire. La
société «Paniton» n'est pas cotée, mais on
estime que le bêta des projets de ce secteur est de 0,9
(bêta d'exploitation). Cela correspond d'ailleurs au bêta des
actifs de l'entreprise. Le taux sans risque est de 6%
(Rf=6%), et la rentabilité du portefeuille
de marché est de 12% (Rm=12%). La
société est financée par 40% de
capitaux propres et 60% de dettes. Le
coût d'opportunité de la dette pour l'entreprise est de
8%. Le taux d'impôt sur les sociétés est
de 38%. Toutes les données du cas sont hors taxes.
· Déterminons le coût du capital de
la société. Quel est le coût des fonds propres? Quel est le
bêta des actions de la firme? Quel taux d'actualisation faut-il retenir
pour le projet d'investissement de Paniton?
Le bêta des actifs de la firme est de
0,9 (par hypothèse), égal au bêta moyen du
secteur alimentaire. La relation du MEDAF permet d'en déduire
le coût moyen du capital de la firme:
E(K)=Rf+â[E(Rm)-Rf]=0,06+0,9×0,06=11,4%
Le coût de la dette (Kd) est égal au
taux d'intérêt après impôt: 8%×(1-38%)=4,96%.
À partir de la relation du coût moyen pondéré du
capital, on peut déduire le coût des fonds propres de la firme:
CMPC=K=Ka[C/(C+D)]+Kd[D/(C+D)]
avec
C montant des capitaux propres,
D montant des dettes,
Ka coût des capitaux
propres,
Kd coût de la dette
après impôt,
CMPC coût moyen pondéré
du capital.
d'où:
Ka=K+(K-Kd)×(D/C)
Démonstration:
K=Ka[C/(C+D)]+Kd[D/(C+D)]
Ka[C/(C+D)]=K-Kd[D/(C+D)]
Ka=K[(C+D)/C]-Kd(D/C)
Ka=[(KC+KD)/C]-Kd(D/C)
Ka=K+K(D/C)-Kd(D/C)
Ka=K+(K-Kd)×(D/C).
Dans la mesure où la firme est financée pour
40% par des capitaux propres, le ratio D/C est égal à:
0,6/0,4=1,5. D'où:
Ka=0,114+(0,114-0,0496)×1,5=21,06%.
Le bêta des actions se déduit de la relation du
MEDAF:
âa=[E(Ka)-Rf]/[E(Rm)-Rf]
Démonstration:
E(Ka)=Rf+âa(E(Rm)-Rf)
âa(E(Rm)-Rf)=E(Ka)-Rf
âa=[E(Ka)-Rf]/[E(Rm)-Rf]
âa=[21,06%-6%]/[12%-6%]=2,51.
Donc: âa=2,51.
Les actionnaires supportent un risque plus important que
celui des actifs en raison de la présence des prêteurs, qui eux ne
portent qu'une petite fraction du risque. Notons que, dans ce cas, les dettes
ne sont pas sans risque. En effet, le taux de 8% correspond à une prime
de risque de 2% par rapport au taux sans risque de 6%. Le bêta des dettes
est de 0,33. En effet:
âd=[E(Kd)-Rf]/[E(Rm)-Rf]
Démonstration:
E(Kd)=Rf+âd(E(Rm)-Rf)
âd(E(Rm)-Rf)=E(Kd)-Rf
âd=[E(Kd)-Rf]/[E(Rm)-Rf]
âd=[8%-6%]/[12%-6%]=0,33.
Donc: âd=0,33.
Quel taux d'actualisation faut-il retenir pour le projet
d'investissement envisagé? C'est bien entendu le taux de
11,4% qui correspond au coût moyen du capital de la
firme. En effet, l'investissement présente un bêta de
0,9, identique à celui de la firme. Le mode de
financement de la firme a une influence sur la répartition du risque
entre les pourvoyeurs de capitaux, mais non sur le taux de rentabilité
à exiger des projets entrepris.
· Calculons les espérances de flux nets de
trésorerie pour le projet d'investissement?
Déterminons les flux de trésorerie liés
au projet. Deux cas doivent être envisagés selon que la demande
permet d'absorber la production totale ou non.
Le tableau suivant reprend les éléments de
calcul:
DÉTERMINATION DES FLUX DE
TRÉSORERIE
|
|
|
Ventes = capacité de production.
Probabilité = 0,8
|
Ventes = 80% capacité de production.
Probabilité = 0,2
|
Marge sur coût variable unitaire
|
(1-0,34) = 0,66
|
(1-0,34) = 0,66
|
Nombre d'unités vendues
|
10×6×48 × 3000
= 8 640 000
|
8 640 000 × 0,8
= 6 912 000
|
Marge sur coût variable totale
|
8 640 000 × 0,66
= 5 702 400
|
6 912 000 × 0,66
= 4 561 920
|
Charges fixes
|
1 000 000
|
1 000 000
|
Flux bruts de trésorerie =EBE
|
4 702 400
|
3 561 920
|
Dotations aux amortissements
(années 1 à 8)=A
|
20 000 000/8
= 2 500 000
|
2 500 000
|
Flux net de trésorerie=EBE×(1-T)+T×A
pour les années 1 à 8
|
4 702 400 ×0,62 + 2 500 000 × 0,38 = 3 865 488
|
3 561 920 × 0,62 + 2 500 000 × 0,38 = 3 158 390
|
Flux net de trésorerie pour les années
suivantes EBE×(1-T) (bien totalement amorti)
|
4 702 400 × 0,62
= 2 915 488
|
3 561 920 × 0,62
= 2 208 390
|
Il reste à calculer l'espérance de flux de
trésorerie:
Pour les 8 premières années, on a:
E(F)(1 à 8)=0,8×3 865
488+0,2×3 158 390=3 724 068
Pour les années de 9 à 12, l'espérance de
flux est la suivante:
E(F)(9 à 12)=0,8×2 915
488+0,2×2 208 390=2 774 068
Mais il convient de surcroît pour ces années de
prendre en compte la probabilité que la durée de vie du projet ne
soit que de 8 ans.
Ainsi, pour les années 9 et 10, la probabilité
que la chaîne soit toujours exploitée est de 0,80, tandis qu'elle
est de 0,70 pour les deux années suivantes:
E(F)(9 et 10)=0,80×2 774 068=2 219
254
E(F)(11 et 12)=0,70×2 774 068=1 941
848
La suite des flux est ainsi la suivante:
ANNÉE 0
|
ANNÉES 1 A 8
|
ANNÉES 9 ET 10
|
ANNÉES 10 ET 12
|
- 20 000 000
|
3 724 068
|
2 219 254
|
1 941 848
|
· Calculons l'espérance de VAN du projet.
Quel en est le TRI?
Le calcul de l'espérance de VAN du projet ne
présente pas de difficultés. Elle est calculée sur les
flux précédents, en reteneant un taux d'actualisation de
11,4%.
o E(VAN)=1 611 898
Démonstration:
E(VAN)=3 724
068×[(1-(1+11,4%)-8)/11,4%]+[2 219
254/(1+11,4%)9]+[2 219 254/(1+11,4%)10]+[1 941
848/(1+11,4%)11]+[1 941 848/(1+11,4%)12]-20 000 000=18
894 178+839 925+753 972+592 213+531 610-20 000 000=1 611
898.
o E(TRI)=13,27%
Démonstration:
Pour t=13% l'espérance de la VAN du projet est de: 217
700
Pour t=E(TRI) l'espérance de la VAN du projet est de:
0
Pour t=14% l'espérance de la VAN du projet est de: -580
964
Par suite et par interpolation linéaire on calcul
l'espérance du TRI:
(14-13)/(14-E(TRI))=(-580 964-217 700)/(-580 964 -0)
14-E(TRI)=0,72E(TRI)=13,27%.
Le projet présente une E(VAN) positive et une E(TRI)
supérieure au taux d'actualisation (11,4%). Ces valeurs moyennes
conduisent à l'adoption du projet, mais ne garantissent par la
rentabilité de ce dernier dans toutes les situations.
· Déterminons les VAN et les TRI minimum
et maximum que l'entreprise peut espérer pour ce projet, en
précisant leurs probabilités de réalisation. Faut-il
adopter le projet?
Le projet est rentable en moyenne; il reste toutefois
à apprécier les situations extrêmes. Il est proposé
de calculer la rentabilité minimale du projet d'une part, et sa
rentabilité maximale d'autre part.
o La rentabilité minimale intervient si la demande est
faible (probabilité de 0,2) et si la durée de vie du projet est
de 8 ans (probabilité 1).
Ainsi, avec une probabilité de:
0,2×1=0,2=20%, on aura des flux de trésorerie nets
de 3 158 390 pendant 8 ans.
La suite des flux est ainsi la suivante:
Année 0
|
Année 1 à 8
|
-20 000 000
|
3 158 390
|
E(VAN)=-3 975 807
E(TRI)=5,51%
Le projet devient dans ce cas très destructeur de
valeur.
o La rentabilité maximale intervient en présence
d'une demande forte (probabilité 80%) et d'une durée de vie de 12
ans (probabilité 70%). La probabilité en est:
0,8×0,7=0,56=56%. La suite des flux est ainsi la
suivante:
Année 0
|
Année 1 à 8
|
Année 9 à 12
|
-20 000 000
|
3 865 488
|
2 915 488
|
E(VAN)=3 392 923
E(TRI)=15,08%
Dans plus de la moitié des cas, le projet dégage
une très bonne rentabilité, tandis que le cas extrême
minimal n'intervient que dans 20% des cas. Le risque paraît ainsi
acceptable.
Deuxième partie
Au bout de 5 ans, de nombreux concurrents étant
entrés sur ce marché, «Paniton» s'interroge sur
l'opportunité de désinvestir. Elle a en effet trouvé un
acquéreur pour la chaîne au prix de 10 MF. Monsieur
«Paniton» estime que cette offre ne se reproduira pas à
l'avenir. Le désinvestissement ne peut être réalisé
qu'à cette date ou pas du tout. Par ailleurs, la durée de vie
résiduelle de la chaîne est de façon certaine de cinq ans.
On estime que, dans 70% des cas, la demande s'établirait au niveau
défavorable considéré précédemment pour les
cinq années à venir et que, dans 30% des cas, la
dégradation serait plus nette, avec une demande qui s'établirait
à 60% de la capacité de production totale.
· Avec le taux d'actualisation
précédent: 11,4%, l'entreprise a-t-elle intérêt
à désinvestir?
L'entreprise a la possibilité de désinvestir
à l'année 5, mais ne pourra plus le faire ultérieurement.
Cette précision évite d'avoir à envisager un
désinvestissement éventuellement plus favorable dans les
années ultérieures.
On compare dans ce cas les flux d'entrée de fonds
(prix net de cession) et les pertes de flux supportés.
Le prix de revente serait de 10 MF. La valeur nette comptable
de la chaîne de production est à l'année 5 de 3×2,5
MF=7,5 MF (amortie sur 8 ans au total, il reste trois années
d'amortissement).
o La plus-value dégagée serait de:
10-7,5=2,5 MF.
o L'impôt sur les plus-values serait ainsi de:
2,5×0,38=0,95 MF.
o Le prix net de cession s'élèverait à:
10-0,95=9,05 MF.
En contrepartie, l'entreprise perd les flux de
trésorerie lies au projet. Dans le cas, où la demande chute
à 60% de la capacité de production, un calcul similaire à
celui de la question précédente est mené.
Le tableau suivant donne les résultats:
FLUX DE TRÉSORERIE DANS LE CAS D'UN
DÉSINVESTISSEMENT
|
|
Années 1 à 3
|
Année 4 et 5
|
Demande=80% capacité de production
(calculé précédemment)
probabilité=0,7
|
3 158 390
|
2 208 390
|
Demande=60% capacité de production
Probabilité=0,3
|
2 451 293
|
1 501 293
|
Espérance de flux
|
0,7×3 158 390+0,3×2 451 293=2 946 261
|
0,7 ×2 208 390+0,3 ×1 501 293=1 996 261
|
Le calcul de l'espérance de VAN est
réalisé sur la suite des flux suivante:
o Année 0: +9 050 000
o de 1 à 3: -2 946 261
o de 4 à 5: - 1996 261
D'où: E(VAN)=-559 808
En moyenne, l'entreprise n'a pas intérêt
à désinvestir, car la VAN du désinvestissement est
négative.
· Si une étude supplémentaire
venait à montrer que c'est bien la situation la plus défavorable
(demande de 60% de la capacité) qui s'établirait, que deviendrait
la décision?
Si de façon certaine, la demande s'établissait
à 60% de la capacité de production, alors les flux à
considérer seraient:
o Année 0: +9 050 000
o de 1 à 3: - 2 451 293
o de 4 à 5: - 1 501 293
D'où: VAN=9 050 000-7 798 716=1 251 284
La VAN étant positive, l'entreprise a
intérêt dans ce cas à désinvestir en cédant
la chaîne de production.
· Que pensez-vous du prix offert par
l'acquéreur de la chaîne dans ces conditions de
marché?
On peut toutefois dans ce cas s'interroger sur les
motivations de l'acheteur de la chaîne. Si la demande diminue dans le
secteur, ou si la concurrence est telle que les parts de marché
s'écroulent, les prix des biens d'équipement d'occasion du
secteur devraient diminuer également.
4. Prise de décision d'investissement au
Liban: "Le monde de l'architecture"
Vu l'opportunité d'investir dans une entreprise
traitant avec les produits d'architecture, vous trouverez ci-joint une
étude complète portant sur ce projet ainsi que sur tout le
matériel nécessaire.
Ledit matériel comprend notamment une machine laser,
un plotter, des ordinateurs, etc. qui sont indispensables de nos jours dans le
domaine de l'architecture. Le magasin offre également à ses
clients une vaste palette d'accessoires nécessaires à
l'architecture: crayons, instruments de géométrie, articles pour
maquette, magazines, etc.
Les clients potentiels de ce projet se divisent en trois
catégories principales:
o Les étudiants: En architecture ou en
génie qui n'ont pas encore obtenus leur diplôme. Leur cursus
universitaire est cadencé de projets qui nécessitent un
matériel spécifique pour la réalisation de leurs
maquettes.
o Les ingénieurs et architectes: Ces clients
doivent concrétiser leurs projets sous formes physiques pour les
présenter à leurs propres clients.
o Les fabricants de gadget: Auront recours à
la machine laser pour découper et fabriquer des motifs d'une forme
donnée.
Le tableau 1 présente
l'investissement initial (initial investment) requis pour lancer le
projet. Il comprend également une liste des matières et
instruments nécessaires à ce lancement.
Le tableau 2 comprend une estimation des
revenues (sur base mensuelle et annuelle) sur une période de 5 ans. Une
croissance de 15% est prévue pour la seconde et la troisième
année tandis qu'une stagnation est prévue pour les deux
dernières. Le tableau montre exactement le revenu par machine. Figure de
même dans ce tableau les articles disponibles en stock tel que les
crayons, tables de dessins, instruments de géométrie mais
également les matières premières comme les cartons et le
bois utilisés pour la machine laser.
Le tableau 3 montre les coûts
liés à ces sources de revenus c'est-à-dire les frais
d'entretien et les matières premières (papiers, bois, encre,
etc.). Les coûts sont divisés en coûts mensuels et
annuels.
Les frais généraux, voir tableau
4, sont principalement dus au frais de location d'une boutique de 50
m2 et s'élève à 3000 dollars américains
par mois. C'est dans ce local que seront regroupés les machines
exploitées. Au loyer, s'ajoute les frais de publicité,
initialement nécessaire pour ce faire connaître auprès des
clients. Par ailleurs un seul employé suffit à gérer le
projet, la totalité du système étant automatisé,
par exemple, il suffit de fournir à la machine laser le dessin du motif
à réaliser et elle se charge du reste (auto alimentation en bois,
découpage, etc.). À tout qui précède vienne
également s'ajouter les frais de bureau (électricité,
téléphone, Internet, etc.). Le tableau montre que ces coûts
passent de 20,20% (du coût total) Durant la première année
à 17,53% pour les 3 dernières années, signe d'une gestion
efficace.
Le tableau 6 réparti ces frais, sur
les sources de revenues. Ce tableau montre le profit net par source de revenu
(machine laser, plotter, vente d'articles, etc.) durant les 5 années.
Le tableau 7 montre le taux de
dépréciation annuel ainsi que la somme correspondante pour chaque
source de revenue. Nous avons adopté une évaluation
linéaire de cette dépréciation vu que c'est la seule
méthode qui soit acceptée par le gouvernement libanais.
Le cash-flow généré sur la
période des 5 ans est présenté dans le tableau
9
Il est clair d'après le tableau 10
que le délai de récupération (Pay Back Period) de
l'investissement initial est de 187 jours preuve que les affaires sont
prospères par rapport à d'autres secteurs. En effet ce secteur
est à l'abri des crises puisque ses clients sont toujours
présents et doivent recourir à ses services. Presque 4000
étudiants en génie ou architecture qui doivent
périodiquement remettre des projets.
Le tableau 11 calcule le taux de
rentabilité exigé pour ce projet en tenant compte du taux relatif
à des entreprises similaires pour un même niveau de risque. Le
taux sans risque utilisé est celui des bons du trésor
américain. Le taux de rentabilité du marché est
calculé approximativement en se basant sur des mesures subjectives.
On calcul également le cash-flow actualisé
généré par l'entreprise pour évaluer leur valeur
actuelle. Le calcul fait intervenir le modèle d'évaluation des
actifs financiers MEDAF. En utilisant le cash-flow actualisé on calcul
le délai de récupération espéré qui s'est
avéré être de 213 jours, ce qui constitue une bonne
perspective.
D'après le tableau 13 le taux de
rentabilité sur la période d'exercice est très
élevé se qui appuie ma conclusion que ce projet est à
grand potentiel.
L'analyse la plus importante porte sur la valeur actuelle
nette VAN qui doit être positive. À noter que la VAN est la
différence entre le cash-flow actualisé sur toute la
période et l'investissement initial.
Le tableau 15 montre que le taux de
rentabilité interne TRI, est de 208% ce qui signifie que le projet aura
un retour sur investissement de 208%.
En conclusion cette étude montre que "le monde de
l'architecture" est un projet a potentiel élevé. Une grande
partie de ses clients potentiels est insensibles aux fluctuations du
marché en particulier les ingénieurs et architectes qui doivent
présenter leurs projets quelque soient les coûts en vu d'obtenir
leur diplôme. En ce qui concerne la demande générée
par les autres clients, elle est susceptible d'être affectée par
les fluctuations du marché; les effets de celles-ci demeuraient
toutefois mineurs.
Tableau 1: coût initial de
l'investissement
Les machines
|
Coût initial (en USD)
|
Machine laser
|
49 000
|
Ordinateurs
|
03 700
|
Scanners
|
00300
|
Plotter
|
15 500
|
Photocopieuse en blanc et noir
|
01 700
|
Photocopieuse colorée
|
04 200
|
Imprimante laser en blanc et noir
|
00500
|
Imprimante laser colorée
|
01 100
|
Télécopieur (Fax Machine)
|
00825
|
Binder
|
00150
|
Caisse enregistreuse
|
00400
|
Le décor intérieur du magasin
|
|
Étagères
|
01 600
|
Enseigne lumineuse
|
04 500
|
Éclairage
|
01 500
|
Matériaux de bureaux
|
01 500
|
Le stock
|
|
Stock
|
08 000
|
Coût total de l'investissement initial
|
94 475
|
Tableau 2: Les revenus totaux
Pourcentage de progression annuelle
espéré
|
|
15%
|
15%
|
0%
|
0%
|
Les revenus totaux (en USD)
|
1 ère
année
|
2 ème
année
|
3 ème
année
|
4 ème
année
|
5 ème
année
|
Revenus mensuels
|
Revenus annuels
|
Revenus mensuels
|
Revenus annuels
|
Revenus mensuels
|
Revenus annuels
|
Revenus mensuels
|
Revenus annuels
|
Revenus mensuels
|
Revenus annuels
|
Machine laser
|
06 300
|
075 600
|
007 245
|
086 940
|
008 332
|
099 984
|
008 332
|
099 984
|
008 332
|
099 984
|
Plotter
|
09 000
|
108 000
|
010 350
|
124 200
|
011 903
|
142 836
|
011 903
|
142 836
|
011 903
|
142 836
|
Photocopieuse en blanc et noir
|
00 900
|
010 800
|
001 035
|
012 420
|
001 190
|
014 280
|
001 190
|
014 280
|
001 190
|
014 280
|
Photocopieuse colorée
|
003 000
|
036 000
|
003 450
|
041 400
|
003 968
|
047 610
|
003 968
|
047 610
|
003 968
|
047 610
|
Scanners
|
000 020
|
002400
|
000 023
|
000 276
|
000 026
|
000 312
|
000026
|
000312
|
000026
|
000312
|
Imprimante laser en blanc et noir
|
003 375
|
040 500
|
003 881
|
046 572
|
004 463
|
053 556
|
004 463
|
053 556
|
004 463
|
053 556
|
Imprimante laser colorée
|
001 350
|
016 200
|
001 553
|
018 630
|
001 785
|
021 425
|
001 785
|
021 425
|
001 785
|
021 425
|
Binder
|
000 270
|
003 240
|
000 311
|
003 732
|
000 357
|
004 284
|
000 357
|
004 285
|
000 357
|
004 285
|
Stock
|
004 000
|
048 000
|
004 600
|
055 200
|
005 290
|
063 480
|
005 290
|
063 480
|
005 290
|
063 480
|
Total
|
28 215
|
338 580
|
32 448
|
389 376
|
37 314
|
447 768
|
37 314
|
447 768
|
37 314
|
447 768
|
Tableau 3: Les coût directs
totaux
Les coûts directs totaux (en
USD)
|
1 ère
année
|
2 ème
année
|
3 ème
année
|
4 ème
année
|
5 ème
année
|
Coûts mensuels
|
Coûts
annuels
|
Coûts mensuels
|
Coûts
annuels
|
Coûts mensuels
|
Coûts
annuels
|
Coûts mensuels
|
Coûts
annuels
|
Coûts mensuels
|
Coûts
annuels
|
Machine laser
|
000 107
|
001 278
|
000 107
|
001 278
|
000 107
|
001 278
|
000 107
|
001 278
|
000 107
|
001 278
|
Plotter
|
001 307
|
015 678
|
001 502
|
018 030
|
001 728
|
020 734
|
001 728
|
020 734
|
001 728
|
020 734
|
Photocopieuse en blanc et noir
|
000 359
|
004 302
|
000 412
|
004 947
|
000 474
|
005 689
|
000 474
|
005 689
|
000 474
|
005 689
|
Photocopieuse colorée
|
000 139
|
001 668
|
000 160
|
001 918
|
000 184
|
002 206
|
000 184
|
002 206
|
000 184
|
002 206
|
Scanners
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Imprimante laser en blanc et noir
|
000 140
|
001 680
|
000 161
|
001 932
|
000 185
|
002 222
|
000 185
|
002 222
|
000 185
|
002 222
|
Imprimante laser colorée
|
000 049
|
000 588
|
000 056
|
000 676
|
000 065
|
000 778
|
000 065
|
000 778
|
000 065
|
000 778
|
Binder
|
000 090
|
001 080
|
000 104
|
001 242
|
000 119
|
001 428
|
000 119
|
001 428
|
000 119
|
001 428
|
Stock
|
002 500
|
030 000
|
002 875
|
034 500
|
003 306
|
039 675
|
003 306
|
039 675
|
003 306
|
039 675
|
Total
|
4 620
|
56 274
|
5 377
|
64 523
|
6 168
|
74 010
|
6 168
|
74 010
|
6 168
|
74 010
|
Tableau 4: Frais généraux
totaux
Frais généraux totaux (en
USD)
|
1 ère
année
|
2 ème
année
|
3 ème
année
|
4 ème
année
|
5 ème
année
|
Frais mensuels
|
Frais
annuels
|
Frais mensuels
|
Frais
annuels
|
Frais mensuels
|
Frais
annuels
|
Frais mensuels
|
Frais annuels
|
Frais mensuels
|
Frais annuels
|
Loyer
|
003 000
|
036 000
|
003 000
|
036 000
|
003 000
|
036 000
|
003 000
|
036 000
|
003 000
|
036 000
|
Publicité
|
000 200
|
002 400
|
000 200
|
002 400
|
000 200
|
002 400
|
000 200
|
002 400
|
000 200
|
002 400
|
Maintenance du bureau
|
000 500
|
006 000
|
000 575
|
006900
|
000 661
|
007 935
|
000 661
|
007 935
|
000 661
|
007 935
|
Électricité
|
001 000
|
012 000
|
001 150
|
013800
|
001 323
|
015 870
|
001 323
|
015 870
|
001 323
|
015 870
|
Téléphone
|
000 100
|
001 200
|
000 115
|
001380
|
000 132
|
001 587
|
000 132
|
001 587
|
000 132
|
001 587
|
Internet
|
000 020
|
000 240
|
000 020
|
000240
|
000 020
|
000 240
|
000 020
|
000 240
|
000 020
|
000 240
|
Fournitures de bureau
|
000 080
|
000 960
|
000 092
|
001104
|
000 106
|
001 270
|
000 106
|
001 270
|
000 106
|
001 270
|
Salaries
|
000 800
|
009 600
|
001 000
|
012000
|
001 100
|
013 200
|
001 100
|
013 200
|
001 100
|
013 200
|
Total
|
5 700
|
68 400
|
6 152
|
73 824
|
6 542
|
78 502
|
6 542
|
78 502
|
6 542
|
78 502
|
Frais généraux en
pourcentage
|
20,20%
|
20,20%
|
18,96%
|
18,96%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
Tableau 5: Frais généraux
totaux
Frais généraux totaux (en
USD)
|
1 ère
année
|
2 ème
année
|
3 ème
année
|
4 ème
année
|
5 ème
année
|
Frais mensuels
|
Frais annuels
|
Frais mensuels
|
Frais annuels
|
Frais mensuels
|
Frais annuels
|
Frais mensuels
|
Frais annuels
|
Frais mensuels
|
Frais annuels
|
Machine laser
|
001 273
|
015 273
|
001 374
|
016 484
|
001 461
|
017 528
|
001 461
|
017 528
|
001 461
|
017 528
|
Plotter
|
001 818
|
021 818
|
001 962
|
023 548
|
002 087
|
025 040
|
002 087
|
025 040
|
002 087
|
025 040
|
Photocopieuse en blanc et noir
|
000 182
|
002 182
|
000 196
|
002 355
|
000 209
|
002 504
|
000 209
|
002 504
|
000 209
|
002 504
|
Photocopieuse colorée
|
000 606
|
007 273
|
000 654
|
007 849
|
000 696
|
008 347
|
000 696
|
008 347
|
000 696
|
008 347
|
Scanners
|
000 004
|
000 048
|
000 004
|
000 052
|
000 005
|
000 056
|
000 005
|
000 056
|
000 005
|
000 056
|
Imprimante laser en blanc et noir
|
000 682
|
008 182
|
000 736
|
008 831
|
000 783
|
009 390
|
000 783
|
009 390
|
000 783
|
009 390
|
Imprimante laser colorée
|
000 173
|
003 273
|
000 294
|
003 532
|
000 313
|
003 756
|
000 313
|
003 756
|
000 313
|
003 756
|
Binder
|
000 055
|
000 655
|
000 059
|
000 706
|
000 063
|
000 751
|
000 063
|
000 751
|
000 063
|
000 751
|
Stock
|
000 808
|
009 697
|
000 872
|
010 466
|
000 927
|
011 129
|
000 927
|
011 129
|
000 927
|
011 129
|
Total
|
5 700
|
68 400
|
6 152
|
73 824
|
6 542
|
78 502
|
6 542
|
78 502
|
6 542
|
78 502
|
Frais généraux en
pourcentage
|
20,20%
|
20,20%
|
18,96%
|
18,96%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
17,53%
|
Tableau 6: Les profits nets totaux
Profits nets totaux (en USD)
|
1 ère
année
|
2 ème
année
|
3 ème
année
|
4 ème
année
|
5 ème
année
|
Profits mensuels
|
Profits annuels
|
Profits mensuels
|
Profits annuels
|
Profits mensuels
|
Profits annuels
|
Profits mensuels
|
Profits annuels
|
Profits mensuels
|
Profits annuels
|
Machine laser
|
004 921
|
059 049
|
005 765
|
069 178
|
006 765
|
081 175
|
006 765
|
081 175
|
006 765
|
081 175
|
Plotter
|
005 875
|
070 504
|
006 885
|
082 622
|
008 088
|
097 055
|
008 088
|
097 055
|
008 088
|
097 055
|
Photocopieuse en blanc et noir
|
000 360
|
004 316
|
000 426
|
005 118
|
000 507
|
006 090
|
000 507
|
006 090
|
000 507
|
006 090
|
Photocopieuse colorée
|
002 255
|
027 059
|
002 636
|
031 632
|
003 088
|
037 057
|
003 088
|
037 057
|
003 088
|
037 057
|
Scanners
|
000 016
|
000 192
|
000 019
|
000 224
|
000 022
|
000 262
|
000 022
|
000 262
|
000 022
|
000 262
|
Imprimante laser en blanc et noir
|
002 553
|
030 638
|
002 984
|
035 812
|
003 496
|
041 949
|
003 496
|
041 949
|
003 496
|
041 949
|
Imprimante laser colorée
|
001 023
|
012 339
|
001 202
|
014 422
|
001 408
|
016 891
|
001 408
|
016 891
|
001 408
|
016 891
|
Binder
|
000 125
|
001 505
|
000 148
|
001 778
|
000 175
|
002 105
|
000 175
|
002 105
|
000 175
|
002 105
|
Stock
|
000 692
|
008 303
|
000 853
|
010 234
|
001 056
|
012 676
|
001 056
|
012 676
|
001 056
|
012 676
|
Total
|
17 826
|
213 906
|
20 918
|
251 020
|
24 605
|
295 260
|
24 605
|
295 260
|
24 605
|
295 260
|
Changement en pourcentage
|
|
|
|
17,35%
|
|
17,62%
|
|
0,00%
|
|
0,00%
|
Tableau 7: Calcul de la
dépréciation
Calcul de la dépréciation (en
USD)
|
Taux de dépréciation
|
1 ère
année
|
2 ème
année
|
3 ème
année
|
4ème
année
|
5 ème
année
|
Total
|
Montant annuel
|
Montant annuel
|
Montant annuel
|
Montant annuel
|
Montant annuel
|
Montant annuel
|
Machine laser
|
15%
|
007 350
|
007 350
|
007 350
|
007 350
|
007 350
|
036750
|
Ordinateurs
|
15%
|
000 555
|
000 555
|
000 555
|
000 555
|
000 555
|
002775
|
Scanners
|
15%
|
000 045
|
000 045
|
000 045
|
000 045
|
000 045
|
000225
|
Plotter
|
15%
|
002 325
|
002 325
|
002 325
|
002 325
|
002 325
|
011625
|
Photocopieuse en blanc et noir
|
15%
|
000 255
|
000 255
|
000 255
|
000 255
|
000 255
|
001275
|
Photocopieuse colorée
|
15%
|
000 630
|
000 630
|
000 630
|
000 630
|
000 630
|
003150
|
Imprimante laser en blanc et noir
|
15%
|
000 075
|
000 075
|
000 075
|
000 075
|
000 075
|
000375
|
Imprimante laser colorée
|
15%
|
000 165
|
000 165
|
000 165
|
000 165
|
000 165
|
000825
|
Télécopieur
|
15%
|
000 124
|
000 124
|
000 124
|
000 124
|
000 124
|
000619
|
Binder
|
15%
|
000 023
|
000 023
|
000 023
|
000 023
|
000 023
|
000113
|
Caisse enregistreuse
|
15%
|
000 060
|
000 060
|
000 060
|
000 060
|
000 060
|
000300
|
Étagères
|
13%
|
000 208
|
000 208
|
000 208
|
000 208
|
000 208
|
001040
|
Enseigne lumineuse
|
13%
|
000 585
|
000 585
|
000 585
|
000 585
|
000 585
|
002925
|
Éclairage
|
13%
|
000 195
|
000 195
|
000 195
|
000 195
|
000 195
|
000975
|
Matériaux de bureaux
|
13%
|
000 195
|
000 195
|
000 195
|
000 195
|
000 195
|
000975
|
Total
|
|
12 789
|
12 789
|
12 789
|
12 789
|
12 789
|
63 946
|
Tableau 8: Valeur nette comptable (en
USD)
Investissement initial total
|
94 475
|
Depréciation totale
|
63 946
|
|
|
Valeur nette comptabe (Net accounting value NAV)
après 5 ans
|
30 529
|
Tableau 9: Calcul du Cash Flow
(en USD)
|
1 ère année
|
2 ème année
|
3 ème année
|
4 ème année
|
5 ème année
|
Revenues
|
338 580,00
|
389 367,00
|
447 772,05
|
447 772,05
|
447 772,05
|
(Coût de dépréciation
espéré)
|
124 674,00
|
138 347,40
|
152 511,81
|
152 511,81
|
152 511,81
|
(Dépréciation)
|
012 789,25
|
012 789,25
|
012 789,25
|
012 789,25
|
012 789,25
|
Bénéfices avant taxes
|
201 116,75
|
238 230,35
|
282 470,99
|
282 470,99
|
282 470,99
|
(Taxes: 15%)
|
030 167,51
|
035 734,55
|
042 370,65
|
042 370,65
|
042 370,65
|
Revenu net
|
170 949,24
|
202 495,80
|
240 100,34
|
240 100,34
|
240 100,34
|
Ajouter la dépréciation
|
012 789,25
|
012 789,25
|
012 789,25
|
012 789,25
|
012 789,25
|
Cash flow net
|
183 738,49
|
215 285,05
|
252 889,59
|
252 889,59
|
252 889,59
|
Tableau 10: Délai de
récupération
Investissement inicial:
|
|
94 475 USD
|
Année
|
Cash flow annuel
|
Cash flow annuel cumulé
|
1 ère année
|
183 738,49
|
0 183 738,49
|
2 ème année
|
215 285,05
|
0 399 023,54
|
3 ème année
|
252 889,59
|
0 651 913,13
|
4 ème année
|
252 889,59
|
0 904 802,72
|
5 ème année
|
252 889,59
|
1 157 692,31
|
L'investissement initial est
récupéré en:
|
|
187,68 jours
|
Tableau 11: MEDAF (Taux de
rentabilité exigé): Modèle d'évaluation des actifs
financiers
MEDAF K=KRF+(KM-KRF)×b
KRF (Taux de rentabilité sans risque) 9,5%
KM (Taux de rentabilité du marché)
13%
b (risque systématique du projet, c'est le coefficient
bêta) qui est calculé de la façon suivante:
Les éléments du risque
|
Pondération
|
Degré de risque
|
Total
|
|
|
faible (0,5)
|
Moyen (1)
|
Élevé (1,5)
|
|
Risque économique
|
|
|
|
|
|
Facteurs macroéconomiques
|
3
|
|
|
×
|
4,5
|
Facteurs politiques
|
2
|
|
×
|
|
2
|
Risque du marché
|
|
|
|
|
|
Secteur des services papeterie
|
3
|
|
|
×
|
4,5
|
compétition
|
3
|
|
×
|
|
3
|
Risques opérationnels
|
|
|
|
|
|
Procédures légales
|
2
|
|
×
|
|
2
|
Retards inattendus
|
2
|
|
|
×
|
3
|
Facteurs naturels
|
3
|
|
×
|
|
3
|
Total
|
18
|
|
|
|
22
|
b=1,222
|
o K=13,78%
Le coefficient bêta calcule la corrélation entre
la rentabilité du projet et celle du marché qui n'est autre que
la tendance du projet vis-à-vis des autres projets du secteur et
l'ampleur de ce mouvement.
Tableau 12: Cash-flow actualisé et
délai de récupération (en USD)
Année d'exercice
|
Cash flow
|
Taux d'actualisation
|
Cash flow actualisé
|
1 er année
|
183 738,49
|
0,88
|
161 488,91
|
2 ème année
|
215 285,05
|
0,77
|
166 302,57
|
3 ème année
|
252 889,59
|
0,68
|
171 695,38
|
4 ème année
|
252 889,59
|
0,60
|
150 892,36
|
5 ème année
|
252 889,59
|
0,52
|
132 617,64
|
Total
|
|
|
782 996,86
|
L'investissement initial du projet (actualisé) est
récupéré en:
|
213,53 jours
|
Tableau 13: Taux de rentabilité
comptable
Taux de rentabilité comptable=somme des
profits annuels
|
Profits totals =
|
|
USD 1 350 706,32
|
Nombre d'années =
|
|
5
|
Profit moyen par année =
|
|
USD 0 270 141,26
|
Investissement initial moyen =
|
|
USD 0 047 237,50
|
|
>>> TRC
|
571,88%
|
Tableau 14: Valeur actuelle nette
Valeur actuelle nette (Cash-flow total
actualisé - Investissement initial):
|
|
VAN=
|
|
USD 688 521,86
|
VAN>0 donc on accepte le projet
|
|
|
Tableau 15: Taux de rentabilité
interne
TRI (taux de rentabilité interne) = = > VAN = 0
|
|
|
|
|
TRI =
|
|
205,53%
|
|
|
|
Conclusion
Le risque et l'investissement sont
indissociables. Le risque voire l'incertitude fait partie de la
définition même de l'investissement. Ce dernier consiste à
engager une dépense maintenant afin de percevoir des gains futurs. Donc
il repose sur une série d'hypothèses et non de certitudes. Les
méthodes utilisées pour décider d'investir en avenir
incertain peuvent être extrêmement simples (délai de
récupération, analyse de sensibilité) ou plus complexes
(actualisation, probabilités, arbre de décision, minimax et
maximin, modèle d'évaluation des actifs financiers MEDAF, options
réelles) pour ne citer que les plus connues. La décision
d'investissement est la plus importante des décisions financières
créatrices de richesse pour l'entreprise.
L'un des plus connus des modèles traditionnels de
choix d'investissement est la valeur actuelle nette (VAN) d'un projet. En
avenir incertain, celui-ci présente de nombreux avantages par rapport
aux autres critères. Il intègre relativement bien l'information
disponible sur tout l'horizon du projet, ce qui n'est pas le cas du
délai de récupération par exemple, à la condition
que l'investisseur soit en mesure d'appréhender avec précision le
montant des cash-flows futurs et la durée de vie du projet
(hypothèse d'un environnement relativement stable). En revanche la VAN
qui impose une vision trop statique de l'environnement omet les
avantages de la flexibilité et des gains d'information anticipés,
ce qui conduit à des biais élevés dans des environnements
turbulents. Dès lors, la VAN doit être utilisée surtout
pour des projets de taille modestes, où les cash-flows sont facilement
identifiables.
Parmi les modèles récents de choix
d'investissement, le MEDAF (modèle d'évaluation des actifs
financiers) accorde également une place centrale au risque en permettant
une comparaison entre la rentabilité d'un projet et celle des
marchés financiers tout en évaluant le risque lié au
projet lui-même. Le MADAF est aujourd'hui au coeur de la théorie
moderne des marchés financiers. Il est largement utilisé, non
seulement par les gestionnaires de portefeuille, mais dans toute la finance
moderne. Néanmoins, une certaine prudence avec les résultats du
MEDAF s'impose, car son test empirique direct est quasiment impossible: Il
s'agirait de vérifier ex post si le vrai portefeuille du
marché est efficient. Ce portefeuille n'est pourtant pas observable,
puisqu'il contient tous les actifs matériels et immatériels
(actions, monnaie, terre, capital humain, etc.).
Les méthodes les plus récentes sont
précisément celles qui placent le risque au centre de leur
problématique. L'approche par les options réelles se
présente comme une critique forte des modèles orthodoxes (dont le
symbole est la valeur actuelle nette). Une mauvaise adéquation
apparaît entre les instruments traditionnels et les quatre
caractéristiques fondamentales de l'investissement:
l'irréversibilité, l'incertitude, la
flexibilité et la programmation dans le temps
(timing). La démarche optionnelle, en laissant la
possibilité à l'investisseur le choix de retarder sa
décision, permet de résoudre, au moins partiellement, ces quatre
problèmes. La théorie traditionnelle a d'ailleurs tenté
d'intégrer cette critique en créant une valeur actuelle nette
augmentée VANA de la valeur de l'option.
Enfin l'intégration des options réelles permet
de contrer au défaut majeur des méthodes traditionnelles
où l'aspect statique réside et d'introduire l'aspect
dynamique aux choix d'investissement. Cela signifie qu'une
flexibilité est mise à la disposition des décideurs,
laquelle a le principal mérite de permettre à ces derniers de
mettre fin ou d'éviter un engagement coûteux et par contre de ne
pas perdre des opportunités d'investissement dans un avenir
incertain.
Bibliographie
o Edith Ginglinger, les décisions
d'investissement, Nathan Université, 1998.
o Pascal Grandin, la gestion de portefeuille
d'actions, Nathan Université, 1998.
o Yves Simon, Delphine Lautier, Finance internationale et
gestion des risques, Economica, 3ème édition,
2001.
o Bernard Belletante, Loïc Mahérault,
Dictionnaire de la bourse et des marchés, Hatier,
2ème édition, 2000.
o J. Brémond, A. Gélédan,
Dictionnaire économique et social, Hatier,
5ème édition augmentée, 1990.
o Jean-Marie Albertini, Ahmed Silem, Lexique
Économie, Dalloz, 5ème édition, 1995.
o Sébastien Bossu, Philippe Henrotte, Exercices de
Finance des marchés, Dunod, Paris, 2002.
o Bibliothèque Tangente, HS no17, Hasard
et probabilités (la science de l'aléa), édition Pole,
Paris, 2004.
o Jean-Pierre Lahille, Analyse Financière,
aide-mémoire, Dalloz, 1re édition, 2001.
o Walder Masiéri, Mathématique
financières, Dalloz, 2001.
o Gérard Blandin, La Bourse en 110 Exercices,
Séfi édition, 1999.
o Gérard Marie Henry, Les marchés
financiers, Armand Colin, Paris, 1999.
o Frank Bancel, Alban Richard, Les Choix d'investissement,
Méthodes traditionnelles, flexibilité et analyse
stratégique, Economica, 1995.
o Yves Simon, Techniques Financières
internationales, Economica, 1995.
o José Destours, Outils d'aide à la
décision, 2ème édition, DUNOD, Paris,
2003.
o Dubocage Emmanuelle, Les options réelles: Un
outil théorique adapté à l'évaluation des start-up
financées par le capital-risque, Document de travail du CEPN
no 2003-12,
dubocage@seg.univ-paris13.fr.
o Delphine Lautier, Les options réelles: Une
idée séduisante-Un concept utile et multiforme-Un instrument
facile à créer mais difficile à valoriser,
Université Paris IX, 1ère version: mars 2001,
Delphine.Lautier@ensmp.fr.
o Alain Coën, Raymond Théoret, Vers une vision
probabiliste, Choix d'investissement: Application à la performance du
secteur bancaire, Cahier de recherche de L'ESG: VDR 08-2004, Publié dans
la Revue Banque & Marchés 72, Septembre-octobre 2004,
http://www.uqam.ca/crq.
o Mondher Bellalah, Choix de projets, free-cash flows et
options réelles en présence de coûts d'information,
Universités du Maine et de Paris-Dauphine.
o Mondher Bellalah, Le choix des investissement et les
options réelles: Une revue de la littérature,
Universités du Maine et de Paris-Dauphine.
o Denis Bouyssou, Jean Le Foll, MEDAF et Nouveaux
Modèles de Décision dans le Risque, Version
préliminaire, Août 1996.
|