Régimes de change et croissance économique: Une étude comparative entre Haà¯ti et la république dominicaine (1970-2004)( Télécharger le fichier original )par Richard Casimir Université de Quisquéya - Maitrise 2006 |
2.1.3 - Analyse de la situation macroéconomique pendant le régime de change flexibleFigure 4 : Evolution du PIB réel haïtien entre 1991 et 2004
Sources : Simulation effectuée par l'auteur à partir des données des statistiques financières internationales Cette période a été caractérisée sur le plan économique par l'application des mesures de libéralisation, par la fluctuation effective du taux de change et sur le plan politique par le coup d'Etat contre le président de la République, Mr. Jean Bertrand Aristide, occasionnant un embargo commercial contre le pays. Le coup d'Etat de 1991 a eu des conséquences néfastes sur la vie économique. Subséquemment, on a constaté que les trois années d'embargo (1991-1994) se révèlent une période de grande dépression. Les conséquences immédiates de cette dépression sont la paupérisation, l'accentuation des disparités, le développement d'économies illégales et la violence. La production agricole a affiché des performances maigres. Les usines de sucres fonctionnant à un coût trop élevé, deviennent déficitaires et réduisent leur production. La production de riz est passée de 140000 TM en 1980 à 129900 TM en 1991, puis a atteint 76000 TM en 2003. On peut expliquer cela par la combinaison de plusieurs facteurs : la politiques de libéralisation des échanges, la fluctuation du taux de change et les évènements socio-politiques. D'autres parts, La hausse du taux de change qui, normalement devrait augmenter la compétitivité des entreprises locales, a eu l'effet inverse. Puisque les décideurs politiques de 1986 ont décidé de libéraliser les échanges internationaux, les producteurs haïtiens n'ont pas pu tenir tête avec la compétition. Les produits importés étant vendus à un prix dérisoire, ont provoqué la baisse de la demande des produits locaux. Ceci a découragé certains producteurs, qui ont abandonné cette activité et d'autres qui ont réduit leur offre. La contribution du secteur primaire au PIB est passée de 15,59 % en 2002 à 15,69 % en 2003. La contribution du secteur agricole qui était de 27 % au cours de l'exercice 1999 est tombée à 25,69 % au cours de l'exercice 2003 (BRH, 2003). Les industries de sous-traitance et du secteur artisanal qui ont amorcé un redressement à partir de 1996, ont poursuivi sur cette lancée en 1998 en contribuant pour 20% à la formation du PIB. Cette augmentation a occasionné la hausse des exportations totales au cours de cette période. Cependant, le regain d'activité de ce secteur n'a pas été soutenu car son poids dans le PIB est tombé à 8.2% en 2003. Il est important de noter qu'au retour à l'ordre constitutionnel en octobre 1994, le gouvernement a mis en place un plan d'urgence de réhabilitation économique (PURE). Ce plan visait à rétablir la stabilité macroéconomique, à restaurer l'appareil administratif et à répondre aux besoins les plus pressants dans les secteurs de la santé, de la nutrition, de l'hygiène et des infrastructures. Une réforme tarifaire préparatoire à la mise en oeuvre du programme d'ajustement structurel de 1996-99 a été mise en oeuvre en 1995. Il s'agissait d'éliminer les distorsions à l'expansion du commerce, plus particulièrement d'éliminer les mesures non tarifaires, d'éliminer les taxes sur les exportations ainsi que les licences d'importation. Mais, les conditions difficiles de mise en oeuvre et de poursuite du programme d'ajustement structurel de 1996-99 n'ont pas permis d'atteindre les résultats escomptés (Fièvre, (2002). Parallèlement à la réforme tarifaire, les autorités travaillaient à la définition d'une stratégie à moyen terme qui devait répondre aux impératifs pressants de redressement et de développement économique. Ces efforts ont été soutenus par la communauté internationale, et notamment par le FMI dans le cadre d'un accord de confirmation. Suite à ces mesures des signes de reprise ont été observés. En effet, le PIB réel s'est accru de 4.5% en 1994/9528(*). Le secteur primaire n'a contribué à la formation du PIB que pour 19.3% et se place ainsi à la troisième position derrière le secteur secondaire qui, soutenu par la branche bâtiments / travaux publics a contribué pour 32.5% à la croissance. Pour sa part le secteur tertiaire a été le plus performant avec 48.2% de participation à la croissance en 1995-96. Le taux de hausse des prix à la consommation a été, sur glissement annuel, ramené de 40% en (93/94) à 30% en (94/95). Pour sa part le taux de change s'est maintenu dans une fourchette de 13 à 16 gourdes pour un dollar américain ; et les réserves29(*) internationales nettes de la banque centrale se sont accrues de 116 millions de dollars US, ce qui est équivalent à 3.5 mois d'importations. Cependant après la croissance de 4.5% en 1994/95, le produit intérieur brut (base 75/76) a subi une décélération de 1.6 point en 1995/96 et a continué sa décroissance durant toute la période sous étude, pour atteindre la croissance négative en 2004. La croissance résultant des efforts consentis par les autorités se révèle bien trop faible jusqu'ici pour combler la perte d'environ 25% de la dimension des activités économiques enregistrée durant la période d'embargo. L'économie haïtienne est devenue de plus en plus une économie de services dominée surtout par des services marchands. Les changements survenus dans la structure du PIB d'une part, l'insuffisance et le manque de compétitivité de la production locale face à une demande de biens et de services de plus élevée d'autre part, ont fait du secteur primaire le secteur le plus important en terme relatif. * 28 D'après un rapport du FMI, septembre 1996 * 29 Voir le graphe des réserves internationales à la figure 15 en annexe |
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