C.2.3 L'ORGANISATION SOCIOECONOMIQUE
Les populations du delta du Saloum sont à dominance
rurales et pratiquent une économie de subsistance de type agraire dans
leur majorité, avec des systèmes d'exploitation et de mise en
valeur basés sur des techniques souvent élaborées mais
reposant sur la force humaine (NOUIDEMONA, 2004).
Dans les villages les carrés familiaux sont des grandes
concessions, placées chacune sous l'autorité d'un patriarche ou
d'un aîné plus âgé en cas de décès des
parents (NOUIDEMONA, 2004). Mais à chaque ethnie
correspond une organisation sociale spécifique. Les rôles sur la
gestion des ressources sont attribués en fonction du genre. Ainsi, la
cueillette des produits de la mangrove (bois, arches, huîtres etc.), la
transformation des produits halieutiques, et le jardinage sont
réservés aux femmes tandis que la pêche, l'élevage
et l'agriculture sont destinés pour la plupart des cas aux hommes
(ISE 29ème Promotion, 2007).
Les principales activités de ces populations sont la
pêche, l'agriculture et l'élevage. Les populations des îles
pratiquent une pêche commerciale de subsistance. L'agriculture et
l'agroforesterie sont pratiquées dans les îles et sur la partie
continentale de la Réserve de Biosphère. Parmi les
spéculations on note des cultures de subsistance comme le mil et le riz
et des cultures de rente comme l'arachide ainsi que des cultures
fruitières dont l'anacardier (Anacardium occidentale) est
l'espèce la plus utilisée (UICN, 1999).
Dans cette zone l'élevage est du type extensif.
Cependant, le bétail est exposé à l'agression des mouches
(tsé-tsé) au niveau des îles. Les forêts
classées de Fathala, Sangakho, Keur Sambel et Djilor,
représentent dans la partie Est de la Réserve d'importantes zones
de pâturage pour le bétail.
D.2.4 PRESENTATION DU VILLAGE DJIRNDA
Le village de Djirnda chef lieu de la communauté rurale
de Djirnda fait partie des îles du Saloum et peuplé principalement
des sérères côtoyés par des marchands
guinéens qui travaillent sur les produits halieutiques localement
appelés « sousou » du nom de leur ethnie. C'est marchands
constituent les principaux acteurs étrangers de l'économie du
village et sa deuxième source de devise étrangère
après les travailleurs immigrés ressortissants du village se
trouvant en Europe notamment Espagne et France. L'immigration est
considérée comme une forme réponse donc d'adaptation des
villageois aux différents défis environnementaux comme la perte
de la productivité des sols, la diminution des ressources halieutiques
et la baisse de la pluviométrie que connaît le village.
L'observation des activités menées dans le
village révèle que la pêche, la cueillette des fruits de
mer et la transformation des produits halieutiques constitue les principales
activités génératrices de revenus. L'élevage est
encore pratiqué mais de manière artisanale alors que
l'agriculture est abandonnée depuis quelques décennies pour cause
d'augmentation de la salinité des sols due à la remontée
du sel par capillarité sous l'effet de la sécheresse. La
pêche est pratiquée par les hommes tandis que la cueillette et la
transformation des produits halieutiques sont réservées aux
femmes qui se sont organisées en association (Association des Femmes
Transformatrices pour le Reboisement de la Mangrove : AFTRM) qui gère
aussi la finance du village par la création d'une caisse
d'épargne et de crédit. Certaines activités subsidiaires
comme l'apiculture et le ramassage de bois de mangrove sont aussi
pratiquées mais avec des acteurs mixtes.
La connaissance du rôle important que joue la mangrove
dans la chaîne trophique côtière serait à l'origine
de la prise de conscience de la population en générale et des
femmes en particulier. La discussion avec les femmes a d'ailleurs
confirmé cette hypothèse. Créée dans le
début de l'année 2003 dans l'idée de permettre aux femmes
du village de s'unir afin d'augmenter la rentabilité de leurs
activités, l'AFTRM a reçu le soutien de l'UICN et d'autres
organismes comme JICA/JAFTA et PAGEMAS en termes de formation aux techniques de
reboisement et de transformation des produits halieutiques, en apiculture en
ostréiculture et au micro finance. L'objectif principal de cette
association en termes de reboisement selon les femmes, c'est de remplir toutes
les tannes humides de la zone en reboisant chaque année, c'est dans
cette optique qu'à partir du mois d'août de chaque année,
les femmes du village se réunissent pour reboiser la mangrove.
En termes de prise de décision, l'AFTRM exerce un
pouvoir certain sur la cueillette des fruits de mer et les plantations de
mangrove mais n'a aucun pouvoir sur la gestion des autres formes de ressources
qui revient au Comité de Plage (CP) et le conseil communautaire.
Chargé de faire respecter le plan de gestion des ressources du village,
le CP se trouve souvent confronté à de sérieux
problèmes de leadership et d'autorité conduisant de fois à
l'impunité des sujets pris en flagrant délit de non respect des
termes du plan de gestion des ressources du village.
Cependant, la population de Djirnda n'a pas bonne connaissance
des changements climatiques ni de ses effets à part l'avancée de
la mer et ignore l'existence du marché de carbone et le Mécanisme
pour un Développement Propre (MDP) mais, manifeste malgré tout le
vif désir d'en savoir plus.
Tableau 1 : Tableau d'implication des acteurs dans la
gestion des ressources.
RESSOURCES
|
ACTEURS
|
AFTRM
|
CP
|
Formation naturelle de Mangrove
|
Non
|
Oui
|
Reboisement mangrove
|
Oui
|
Non
|
Fruits de mer
|
Oui
|
Non
|
Autres
|
Non
|
Oui
|
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Figure10 15 : Séchage de poissons au
soleil. Figure 16 : Four traditionnel le fumage de poissons.
Figure 17 : Bois de mangrove. Figure 18 : Bovin du
village de Djirnda au pâturage.
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