UNIVERSITÉ KONGO
U.K.
FACULTÉ DE MÉDECINE
LES COMPLICATIONS DE L'ADÉNOMECTOMIE
TRANSVESICALE A L'HÔPITAL SAINT-LUC DE KISANTU
Par :
David TSHIBANGU KALALA
Mémoire présenté et défendu
en vue de l'obtention du titre de Docteur en Médecine
Directeur : Prof. Dr. Simon LUFUMA LWA NKANDI
Lecteurs: Prof.Dr MPUTU YAMBA et Prof.Dr BIANDA
NTOMBO
- 2003 -
RESUME DU TRAVAIL
Revue documentaire descriptive de 32 malades
âgés de 45 à 79 ans traités à l'Hôpital
Saint-Luc de Kisantu au cours de la période de 1996 à 2000 pour
l'Hypertrophie Bénigne de la Prostate selon la technique de Hryntschiak
par des équipes hétéroclites qui se sont
succédées, composées tour à tour des
médecins généralistes, des médecins assistants
seniors en Chirurgie et enfin d'un jeune spécialiste en
Chirurgie.
Des 32 patients traités selon cette technique,
il a été relevé 14 cas de suites simples et 18 cas de
complications postopératoires. Parmi ces 18 cas de complications, 7 cas
sont décédés et 11 cas ont été guéris
après reprise. Mais sur l'ensemble de l'échantillon, la
guérison fut déclarée dans 18 cas et l'amélioration
symptomatique de la gêne dysurique préopératoire a
été constatée dans 7 cas. Nous avons ainsi compté
14 cas d'hémorragie postopératoire, 12 cas d'infection de la
plaie opératoire, 9 cas de sepsis à bacilles Gram négatif,
2 cas de Dysurie postopératoire et 1 cas d'incontinence
urinaire.
Toutes ces complications, après analyse, sont
liées à l'insuffisance de qualification des opérateurs,
à l'insuffisance d'expérience et aux erreurs dans les techniques
de nursing. Les cas de décès ont été
rencontrés surtout chez les malades âgés de plus de 67 ans
portant en outre d'autres affections associées, parmi lesquelles l'HTA,
l'arythmie cardiaque, l'asthme bronchique et le diabète
sucré.
Notre souhait est de parvenir à la
réduction de ces taux élevés de complications par un
training intensif de l'équipe chirurgicale actuelle et par un recyclage
des unités de nursing en recherchant la stabilisation des effectifs du
secteur chirurgical.
I. PROBLEMATIQUE
Les complications de l'adénomectomie
transvésicale sont des manifestations et/ou affections liées
à l'ablation chirurgicale d'un adénome prostatique par voie
transvésicale (=sus-pubienne) et rencontrées par le chirurgien au
cours de l'intervention et dans les suites opératoires. Ces
complications peuvent être tantôt simples mais
détériorer parfois la qualité de la vie du malade ;
tantôt graves et mettre en jeu le pronostic vital.
L'hypertrophie bénigne de la prostate
(=adénome prostatique) est une affection courante. Son évolution
est émaillée des complications d'observation fréquente
dans notre milieu où le malade consulte tardivement. Si plusieurs modes
de traitement existent pour la cure de cette affection, le traitement
chirurgical demeure de loin le plus efficace quoique son indication ne soit pas
la règle dans tous les cas.
Nous avons retenu pour notre travail
l'adénomectomie transvésicale selon Hryntschak
réalisée dans un hôpital de milieu rural, l'hôpital
Saint-Luc de Kisantu dont l'ambition est de pratiquer la chirurgie
générale et non uniquement l'urologie comme dans certains
services du pays spécialisés en la matière.
Notre but est d'étudier dans une période
de 4 ans, de Janvier 1996 à Décembre 1999 les complications
postopératoires observées dans le service de chirurgie de
l'hôpital Saint-Luc. Nous avons voulu évaluer ces complications
dans leur fréquence et leur importance selon cette technique dans un
service de chirurgie, dans la mesure du possible en confrontation chez les
malades opérés avec certains facteurs favorisants ou les
affections associées observés.
II. QUELQUES NOTIONS THEORIQUES
1. Anatomie zonale de la prostate
Depuis les années 1980, la description anatomique
de la prostate est celle de Mac Neal selon la figure 1
ci-après :
Figure 1. Anatomie zonale de la prostate. Tirée de
Fourcade & Tahan, EMéd Chir « Hypertrophie bénigne
de la prostate », 2000; page 2
Cette figure montre le repère le plus important
- le veru montanum et les quatre zones échographiques de la prostate
décrites par Mac Neal dont la zone de transition qui forme 5%
du tissu prostatique et elle est séparée des zones centrales et
périphériques par une barrière fibreuse appelée
« plan de clivage » anatomique qui permet
l'énucléation chirurgicale de l'HBP. C'est la zone de croissance
de l'HBP qui génère également 20% des cancers
prostatiques.
2. Définition d'HBP
L'HBP est une prolifération bénigne
épithélio-stromale du tissu prostatique de la zone
transitionnelle. Elle se manifeste par des symptômes aspécifiques
de dysfonctionnement du bas appareil urinaire.
3. Diagnostic clinique d'HBP
Le diagnostic d'HBP se pose par l'examen de la prostate
au Toucher rectal comme l'indique la figure 2 :
Fig 2B
Fig 2A
Figure 2. Examen clinique de la prostate par le toucher rectal.
Fig 2A : Malade en décubitus dorsal. Fig
2B : Malade debout, penché en avant.
Tiré de notre référence 7, page
35.
La figure 2 montre les deux positions possibles
à donner au malade pour l'examen de sa prostate : le
décubitus dorsal (A) et le génu pectoral (B). La
découverte d'une prostate ferme ou élastique,
régulière, lisse, ayant perdu son sillon médian, bombant
dans le rectum, affirme à elle seule le diagnostic d'HBP, quelle que
soit la symptomatologie associée.
4. Indications chirurgicales en cas
d'HBP.
· Une HBP non améliorée par le
traitement médical.
· Une HBP compliquée de rétention
urinaire, hématurie ou infections urinaires récidivantes,
lithiase ou diverticulose vésicales et/ou insuffisance
rénale.
5. Techniques d'adénomectomie
prostatique
Il y en a plusieurs selon la figure 3
ci-après :
Figure 3. Abord chirurgical de la prostate. Tiré
de : « Hypertrophie bénigne de la
prostate » (Référence 15, page 123).
6. La technique d'adénomectomie
transvésicale
C'est un procédé qui comporte plusieurs
étapes et beaucoup de variantes propres à divers urologues dont
Hryntschak. Toutes ces variantes aboutissent à la mise en place d'une
sonde vésicale à demeure pour une durée
variable.
La figure 4 illustre les temps forts de
l'adénomectomie qui sont : l'incision chirurgicale,
l'énucléation de l'adénome en bloc, les sutures
pariéto-
cutanées et la mise en place d'une sonde
vésicale.
Figure 4. Enucléation de l'adénome
prostatique par voie transvésicale. Tiré de
« Hypertrophie bénigne de le prostate »
(Référence 15, page 126)
III. INTERET DU SUJET
III.1. OBSERVATIONS :
La chirurgie est une issue inévitable en cas
d'HBP compliquée. Nous devons connaître ses COMPLICATIONS
dans nos milieux.
La population des personnes âgées est en
croissance dans le monde (8). C'est le groupe à risque pour l'HBP qui
devient un problème de santé publique.
La mortalité postopératoire de
l'adénomectomie prostatique est quasi-nulle en pays
développés grâce aux progrès techniques.
L'adénomectomie transvésicale est une
technique spécialisée de chirurgie d'application courante
à l'HSLK où la mortalité liée à la prise en
charge de l'HBP est fréquente et ses complications
postopératoires non encore étudiées.
I.2. OBJECTIFS DE L'ETUDE
3.1. Objectif
général
Faire l'état de lieux des complications
d'adénomectomie transvésicale à l'hôpital Saint-Luc
de Kisantu endéans 4 ans d'expérience.
3.2. Objectifs spécifiques
Au terme de cette étude, nous
voulons ;
1. Décrire les caractéristiques des
opérés d'HBP à l'HSLK selon les suites opératoires
observées;
2. Déterminer la fréquence des
complications d'adénomectomie transvésicale à
l'HSLK;
3. Déterminer l'évolution
définitive des opérés d'adénomectomie
prostatique au cours de 4 ans à l'HSLK;
CHAPITRE II. MALADES ET METHODES
1. MALADES
32 malades âgés de 45 à 79 ans
sont étudiés. Ils avaient subi une adénomectomie
transvésicale complète selon la technique de T. HRYNTSCHAK
à l'hôpital Saint Luc de Kisantu. La période d'étude
considérée va du 1e janvier 1996 au 31 décembre
1999 pour un délai de suivi postopératoire de 12 mois. Les
malades ont été opérés sur base du diagnostic
clinique d'HBP et aucun résultat d'analyse histopathologique des
biopsies prostatiques n'a été ramené.
La collecte des données s'est effectuée
au premier semestre de l'an 2001. Les résultats d'examens
complémentaires sont insuffisants dans la plupart des cas pour une
étude scientifique.
2. METHODES
2.1. Nature de
l'étude :
C'est une revue documentaire
descriptive
2.2. Critères de
sélection
Les éléments ci-après ont
été retenus comme indispensables à l'exploitation du
dossier :
a. l'adénomectomie transvésicale
réalisée entre le 1er janvier 1996 et le 31
décembre 1999 ;
b. un protocole opératoire dûment
rempli ;
c. les mentions de la prise en charge jusqu'à
12 mois postopératoires au maximum ;
d. les données anamnestiques et
cliniques ;
Sur cette base, les complications ci-dessous ont
été retenues pour notre étude :
2.3. Types des complications
· Hématurie
· Infection de la plaie
opératoire
· Infection urinaire
· Fistule vésicocutanée
· Incontinence urinaire
· Sepsis
· Mortalité
postopératoire
2.4. Facteurs associés
· Age
· Groupe sanguin ABO
· Hypertension artérielle
· Arythmie cardiaque
· Asthme bronchique
· Diabète sucré
· Crase sanguine préopératoire
2.5. Equipes chirurgicales
· La qualification du chirurgien : les
malades ont été opérés progressivement par les
médecins généralistes, puis les assistants seniors en
chirurgie et enfin un chirurgien débutant affecté à
l'hôpital de 1988 à 2000.
· L'homogénéité de
l'équipe chirurgicale : est nulle car les malades ont
été opérés par différentes équipes de
niveaux académiques et expérience variables.
2.6. Analyse statistique des
données
Nous avons choisi d'utiliser la Distribution du KHI-
CARRE (X2) comme test des hypothèses relatives à la
fréquence des complications postopératoires : en fonction de
l'âge des patients, de leur groupe sanguin, de l'hypertension
artérielle, de l'arythmie cardiaque, de l'asthme bronchique et /ou
diabète préexistants.
L'ensemble des données ont été
traitées par le LOGICIEL SPSS 11.0 qui nous a permis d'obtenir plusieurs
tables croisées comparant les différents paramètres
préopératoires et postopératoires.
L'âge des opérés a
été subdivisé en quartiles que nous exploitons dans la
description des suites des opérés.
RESULTATS
1. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION
ETUDIEE
1.1. Age des opérés
L'âge moyen de ces opérés est
estimé à 64,83 ans.
La figure 5 montre la fréquence des
adénomectomies transvésicales par rapport à l'âge
des patients. Des faibles pics de fréquence sont observés
à 60, 64 et 70 ans et un plateau de fréquence entre 45 - 52 ans,
65 - 68 ans et 75 - 79 ans. Mais la variation d'âge des
opérés de 45 à 79 ans est superposable aux intervalles
d'âge classiques pour l'HBP. En effet, les études de Chicharro
Molero ont laissé des traces en cette matière, comme rapporte
Fourcade (8) « Pour tenter d'approcher
l'épidémiologie avec une définition plus clinique de
l'HBP, Chicharro a conjugué un score IPSS > 7, un débit
maximal < 15 ml/seconde et un volume prostatique supérieur à
30 Cm3 comme définition de l'HBP. Il retrouve alors, chez les
Espagnols, une prévalence d'HBP clinique de 4,5% entre 41 et 50 ans et
8,7% à partir de 70 ans ». Ainsi, cet intervalle d'âge
est allé de 41 ans jusqu'au-dessus de 70 ans chez les Espagnols dans le
cadre d'une étude de prévalences. Ainsi, sans vouloir
étudier la prévalence ni cette définition d'HBP propre
à lui, conformément à la définition d'HBP au TR
(page 5) et à notre objectif de décrire les
caractéristiques des opérés, nous avons trouvé
cette tranche d'âge de 45 à 79 ans.
Par contre, l'âge moyen de nos opérés
estimé à 64,83 ans est inférieur à
celui qui a été publié par les auteurs d'ANAES (18),
c'est-à-dire 67 ans. Ils n'ont pas précisé, comme nous, la
technique d'adénomectomie pour laquelle cette moyenne s'applique. Par
ailleurs, Nanninga (in 15) avait étudié 4 séries de 142
malades en 1972 et avait constaté une augmentation de l'âge moyen
des opérés d'HBP au cours des années successives de 1942
à 1970. Cet âge moyen était passé de 67 ans (pour
les années 1952-1961) à 72 ans (pour les années 1966-1970)
en passant par 69 ans (pour la période de 1961 à 1965). Les
déterminants de cette variation de prédilection de la chirurgie
d'HBP ne nous sont pas donnés par les extraits de son étude.
Mais, notre étude étant une première à l'HSLK, nous
espérons qu'au cours de prochaines séries d'étude, de 32
opérés (pour la période de 2000 à 2004 par
exemple), l'âge moyen des opérés d'HBP sera
différent de 64,83 ans et que des études analytiques
parallèles nous permettront de comprendre les raisons de la future
variation.
1.2. Les facteurs associés à la
chirurgie d'HBP à l'HSLK
Tableau I :
Fréquence des facteurs associés à l'adénomectomie
transvésicale selon les suites opératoires et
l'évolution finale des opérés
Facteurs associés
|
Catégorie
|
Suites simples
|
Complications
|
TOTAL DE FACTEURS
|
Survivant
|
Décédés
|
Nombre
|
%
|
Age (ans)
|
45-60
|
4
|
2
|
2
|
8
|
25%
|
61-66
|
4
|
4
|
0
|
8
|
25%
|
67-70
|
3
|
3
|
2
|
8
|
25%
|
71-79
|
3
|
2
|
3
|
8
|
25%
|
Groupe sanguin ABO
|
O
|
6
|
5
|
5
|
16
|
50%
|
A
|
4
|
3
|
1
|
8
|
25%
|
B
|
4
|
3
|
1
|
8
|
25%
|
AB
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0%
|
HTA
|
-
|
1
|
3
|
5
|
9
|
28,1
|
Arythmie cardiaque
|
-
|
1
|
2
|
3
|
6
|
18,8
|
Asthme bronchique
|
-
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3,1%
|
Diabète sucré
|
-
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3,1%
|
Crase sanguine
préopératoire
|
Normale
|
14
|
11
|
7
|
32
|
100%
|
Perturbée
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0%
|
TOTAL DE SUITES
|
-
|
14
|
11
|
7
|
32
|
100%
|
Selon le Tableau I, lu horizontalement et
verticalement :
- La majorité de opérés survivants aux
complications d'adénomectomie transvésicale (8) ont eu un
âge compris entre 45 et 66 ans, c.à.d. inférieur à
67 ans tandis que la fréquence du décès
postopératoire est plus élevée chez les
opérés de 67 à 79 ans. Bien que l'âge moyen de nos
opérés soit inférieur à celui publié par les
auteurs d'ANAES (18) et Nanninga (15), la mortalité observée chez
nous, elle, s'élève au-delà de leur moyenne commune
d'âge (67 ans).
- La moitié des opérés (50%)
étaient du groupe sanguin O. Il n'y a eu aucun opéré du
groupe sanguin AB (0%) mais les proportions des groupes A et B sont
égales (25%). Mais, ce facteur n'étant pas encore
étudié en rapport avec la chirurgie d'HBP dans la
littérature consultée, nous n'avons d'autre explication que la
prédominance du groupe sanguin O (45%) et la faible fréquence du
groupe sanguin AB (autour de 5%) dans la population générale
selon certains auteurs.
- D'un côté, l'hypertension artérielle est
un facteur associé à l'adénomectomie transvésicale
dans 28,1% avec développement des complications postopératoires
chez la quasi-totalité des hypertendus (8 cas sur 9). Elle a
prédominé chez la plupart des opérés
décédés (5 cas sur 7). Et de l'autre côté, la
plupart d'opérés avec antécédents d'arythmie
cardiaque (5 cas sur 6) observée dans 18,8% d'adénomectomies
transvésicales ont développé des complications
postopératoires. Le décès postopératoire y est
constaté dans la moitié des cas (50% des opérés
décédés). Cependant, Nanninga (in 15) avait
étudié globalement - sans les dissocier - les maladies
cardiovasculaires et trouvé des fréquences croissantes dans le
temps, allant de 23 à 51% sans en évaluer l'implication dans la
mortalité postopératoire. Il avait évalué cette
mortalité à part dans ses 4 séries d'étude de 142
malades chacune.
- Le diabète sucré et l'asthme bronchique sont
associés à fréquence égale (3,1%) à
l'adénomectomie transvésicale. Le décès
postopératoire en découle dans tous les cas. Mais Nanninga leur
notait une fréquence stable à 9% pour ses 3 dernières
séries d'étude. Cette différence peut s'expliquer par la
plus grande fréquence de ces affections dans les pays occidentaux
d'Europe où Nanninga a travaillé.
- Aucun trouble de la crase sanguine
préopératoire n'a été constaté dans cette
série, comme en témoigne les résultats de l'étude
de cette crase au Tableau II.
1.3. Etude de la crase sanguine
préopératoire
Deux examens de routine avaient été
réalisés chez ces patients avant l'intervention
chirurgicale : le temps de saignement et le temps de coagulation.
ü Temps de saignement : Ce temps a
varié entre 1'30'' et 4'30''.
ü Temps de coagulation : Il a varié
entre 2' et 6'30'selon le tableau ci-après :
Tableau II :
Fréquence du temps de coagulation chez les
opérés
Durée (en minutes)
|
Nombre des cas
|
Fréquence (%)
|
Non significative en clinique (<5minutes)
|
25
|
78,1%
|
Normale (5 - 8 minutes)
|
7
|
21,9 %
|
Allongée (8 - 10 minutes)
|
0
|
0 %
|
Anormale (>10 minutes)
|
0
|
0%
|
TOTAL
|
32
|
100%
|
Selon le tableau II, le temps de coagulation
préopératoire de la grande majorité de ces
opérés (78,1 %) n'avait aucune signification clinique (< 5
minutes). L'état de la crase sanguine préopératoire de
ces opérés ne permettait pas de suspecter un risque
hémorragique majeur. Mais l'hématurie est demeurée la
première complication de la série (Tableau III).
Pourtant, Saad Khoury (in 15) affirmait que cette
« hématurie reste une des complications majeures de la
chirurgie prostatique. Elle peut être prévenue dans certains cas
par une étude soignée de la crase
préopératoire ».
2. DESCRIPTION DES COMPLICATIONS
RENCONTREES
2.1. FREQUENCE DES COMPLICATIONS
Tableau III :
Fréquence des complications de l'adénomectomie
transvésicale chez 32 opérés à l'HSLK, de 1996
à 1999.
Complication
|
Nombre des cas
|
Fréquence (%)
|
Hématurie
|
14
|
43,8
|
Infection de la plaie opératoire
|
12
|
37,5
|
Infection urinaire postopératoire
|
9
|
28,1
|
Fistule vésicocutanée
|
9
|
28,1
|
Sepsis
|
2
|
6,3
|
Incontinence urinaire
|
1
|
3,1
|
Le Tableau III montre la prédominance de
l'hématurie (43,8%) et des infections de la plaie opératoire
(37,5%) comme complications postopératoires. Saad Khoury et Fourcade ont
rapporté la même tendance pour l'hématurie chez les
Français mais aucun auteur n'a rapporté une si grande
fréquence d'infections de la plaie opératoire, ni des fistules
vésicocutanées et des infections urinaires qui sont chez nous
égales à 28,1%. Le sepsis est aussi survenu chez 2
opérés (6,3%), complétant la liste des complications
infectieuses. Cette différence s'explique fondamentalement par
l'inexpérience des opérateurs et le manquement aux règles
d'asepsie, comme tous les auteurs consultés en font état.
L'incontinence urinaire est la plus rare des complications
d'adénomectomie transvésicale à l'HSLK (3,1%). C'est ici
que nos résultats sont parfaitement conformes à ceux des auteurs
classiques.
2.2. CLASSIFICATION DES COMPLICATIONS
RENCONTREES
Selon leur délai d'apparition en période
postopératoire nous avons à décrire trois types de
complications.
1. Complication postopératoire
immédiate (J1-5PO)
- Hématurie (34,4%)
2. Complications postopératoires
précoces (J6-16PO)
- Infection de la plaie opératoire
(37,5%)
- Infection urinaire (28,1%)
- Hématurie (9,4%)
- Sepsis à germes Gram négatif
(6,3%)
3. Complication postopératoire tardive
(>J16PO)
- Fistule vésicocutanée (28,1%)
- Incontinence urinaire (3,1%)
3. LA MORTALITE POSTOPERATOIRE
La mortalité postopératoire
a été évaluée à 21,9% (7 cas) dans
cette série. Cette fréquence est donc de loin supérieure
à celle trouvée par Fourcade et Tahan (<1%) et Sabiston (1
à 5%). Cet écart s'explique par la fréquence des
complications dans tous ces cas décédés (contrastant avec
l'absence de mortalité chez les opérés à suites
simples) et les facteurs associés déjà
évoqués tels que l'HTA, l'âge supérieur à 67
ans et le sepsis précoce à Germes Gram négatif. A cela, il
faut ajouter l'imprécision du diagnostic pré mortem
immédiat.
L'âge moyen de ces
décédés est estimé à 68,29 ans avec des
extrêmes entre 52 et 79 ans.
4. APERÇU DE L'EVOLUTION DEFINITIVE DES
OPERES.
A. RESULTATS DU TRAITEMENT CHIRURGICAL D'HBP A
L'HSLK
Tableau IV. Fréquence des
résultats de l'adénomectomie transvésicale en fonction
du type de l'évolution postopératoire.
Résultat
|
Guérison
|
Amélioration
|
Décès
|
Total
|
Suites simples
|
10
|
4
|
0
|
14
|
Complications
|
8
|
3
|
7
|
18
|
Total
|
18
|
7
|
7
|
32
|
D'après le tableau IV : Les complications
postopératoires d'adénomectomie transvésicale à
l'HSLK ont été observées dans 18 cas (56,3%) et les suites
simples rapportées dans 14 cas (43,7%). Ainsi, si Philippe Guitart et
François Aubert rapportaient chez les Français que
« les complications de la chirurgie sont rares » et Thierry
Flam déclarait que les suites opératoires sont habituellement
simples » ; cela n'est valable que dans les cliniques
urologiques spécialisées où ces constats ont
été faits.
B. DISTRIBUTION DES FREQUENCES DES SUITES
OPERATOIRES AUX QUATRE ANS D'EXPERIENCE DE L'HSLK
Figure 6 : Distribution des
fréquences des suites opératoires d'adénomectomie
transvésicale aux 4 ans d'expérience de l'HSLK
Selon la figure 6 :
· Au cours de l'année 1998, contrairement à
l'année 1997, ont été rapportées les
fréquences les plus élevées :
1. des adénomectomies transvésicales à
l'HSLK (15 cas sur 32 ou 46,8%).
2. des complications d'adénomectomies
transvésicales (10 cas sur 15 ou 66,7%). Mais la fréquence des
suites opératoires simples a été la plus faible de la
série (4 cas sur 15 adénomectomies ou 26,7%)
· Au cours de l'année 1997 ont été
rapportées :
1. la fréquence la plus faible des
adénomectomies transvésicales à l'HSLK (3 cas sur 32 ou
9,4%).
2. la fréquence la plus élevée des
complications d'adénomectomies transvésicales (2 cas sur 3
adénomectomies ou 66,7%) ainsi que du décès
postopératoire y afférent (1 cas sur 3 adénomectomies ou
33,3%).
3. la fréquence la plus élevée des
suites opératoires simples (5 cas sur 8 adénomectomies ou 62,5%)
a été observée en 1999, suivie de la fréquence de
1996 (3 cas sur 6 adénomectomies ou 50%).
C. LA COMPOSITION DES EQUIPES CHIRURGICALES PAR
ANNEE
Les divers opérateurs d'HBP à l'HSLK sont
regroupés selon leur qualification de la manière suivante au
cours de ces quatre ans d'expérience :
Ø En 1996 :
|
- Chirurgien principal :
|
Assistant senior de chirurgie générale aux
Cliniques Universitaires de Kinshasa ;
|
|
- Premier assistant :
|
Médecin généraliste ;
|
|
- Deuxième assistant
(instrumentiste) :
|
Infirmier A2 ;
|
|
- Surveillance postopératoire :
|
Chirurgien principal, Médecin
généraliste, Infirmiers de tout niveau.
|
Ø En 1997 :
|
- Chirurgien principal :
|
Médecin généraliste ;
|
|
- Premier assistant :
|
Infirmier A2 ;
|
|
- Deuxième assistant :
|
Infirmer (ère) A2 ;
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- Surveillance postopératoire :
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Equipes similaires.
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Ø En 1998 et 1999 :
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- Chirurgien principal :
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Chirurgien généraliste ;
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- Premier assistant :
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Médecin généraliste ;
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- Deuxième assistant :
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Infirmier(ère) A2 ;
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- Surveillance postopératoire :
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Equipes similaires.
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-
CONCLUSION
Les complications d'adénomectomie
transvésicale sont fréquentes à l'hôpital Saint-Luc
de Kisantu : il s'agit surtout des hématuries, de l'infection
urinaire, de l'infection de la plaie opératoire, des fistules
vésicocutanées, le sepsis précoce à Germes Gram
négatif et rarement de l'incontinence urinaire. Leur apparition et
l'évolution postopératoire qui en découle dépendent
tant de l'expérience de l'opérateur, de l'âge des
opérés que des facteurs de terrain associés à la
chirurgie d'HBP et de leur caractère associatif aggravant le pronostic
vital. Les suites opératoires simples sont moins fréquentes que
l'évolution compliquée. La fréquence de la
mortalité postopératoire est encore plus élevée et
multifactorielle, la cause immédiate du décès
n'étant pas toujours facile à établir fermement. Les
facteurs de morbidité et de mortalité déjà
isolés dans la littérature sont rencontrés dans la
majorité des cas comme étant associés à cette
chirurgie de l'hypertrophie bénigne de la prostate dans nos milieux.
Nous espérons que les recherches
ultérieures analytiques ou descriptives témoigneront d'un
progrès manifeste dans la chirurgie d'HBP à l'hôpital
Saint-Luc devenu un Centre Hospitalo-universitaire de Kisantu avec en son sein
des Urologues en exercice.
RECOMMANDATIONS
L'adénomectomie transvésicale
étant une technique de chirurgie spécialisée mais
d'application courante à l'HSLK, et vu que ses complications
postopératoires prédominent sur l'évolution de ces malades
opérés par des équipes chirurgicales
hétérogènes avec mortalité postopératoire
élevée ; nous formulons les recommandations
ci-après :
1. A la direction de l'HSLK :
· Exiger la qualification de l'opérateur
d'HBP avant toute programmation d'adénomectomie
prostatique ;
· Engager un chirurgien permanent au grand
intérêt des malades, au mieux un urologue pour la prise en charge
chirurgicale des sujets atteints d'HBP ;
· Veiller à la bonne tenue des dossiers
des opérés, particulièrement à une bonne gestion
des résultats des examens complémentaires.
2. Au chirurgien opérateur d'HBP à
l'HSLK :
· Exiger toujours l'analyse histopathologique des
biopsies prostatiques peropératoires pour la confirmation du diagnostic
d'HBP ;
· Veiller à la rigueur d'asepsie au cours
de l'adénomectomie ;
· Veiller au bon remplissage des dossiers pour la
recherche scientifique
· Transférer les malades à haut
risque de décès postopératoire (âge = 67 ans, HTA,
Arythmie cardiaque) en centres spécialisés
d'urologie.
3. Au personnel infirmier du service de chirurgie
de l'HSLK :
· Respecter la rigueur d'asepsie dans les
manoeuvres de sondage vésical et les pansements des plaies
opératoires d'HBP comme mesure préventive d'infection urinaire et
des plaies cutanées ;
4. Au décanat de la Faculté de
Médecine de l'Université Kongo:
· Aider l'HSLK à devenir un centre
hospitalo-universitaire ayant en son sein un service spécialisé
d'urologie.
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