UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
ECOLE INTER - ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE
VETERINAIRES (E.I.S.M.V.)
ANNEE 2008
N°43
INTERRELATIONS ENTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES
PRODUCTIONS ANIMALES
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
THESE
Présentée et
soutenue publiquement le 29 juillet 2008 devant la
Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odonto-Stomatologie de
Dakar pour obtenir le grade de DOCTEUR VETERINAIRE
(DIPLÔME D'ETAT)
Par
Aimable UWIZEYE
Jury
Né le 22 Décembre 1981 à GITESI
(RWANDA)
Président : M. Moussa Fafa
CISSE
Professeur à la
faculté de Médecine, de Pharmacie et
d'Odonto-Stomatologie de Dakar
Directeur et Rapporteur : M. Germain
Jérôme SAWADOGO
de Thèse Professeur à
l'E.I.S.M.V. de Dakar
Membres : M. Yalacé Yamba
KABORET
Professeur à l'E.I.S.M.V. de Dakar
M. Serge Niangoran BAKOU
Maître de conférences agrégé
à l'E.I.S.M.V. de Dakar
______
COMITE DE DIRECTION
______
LE DIRECTEUR
Professeur Louis Joseph PANGUI
LES COORDONNATEURS
Professeur Justin Ayayi AKAKPO
Coordonnateur Recherche /
Développement
Professeur Malang SEYDI
Coordonnateur des Stages et
de la Formation Post-Universitaires
Professeur Moussa ASSANE
Coordonnateur des Etudes
Année Universitaire 2007 -
2008
PERSONNEL ENSEIGNANT
PERSONNEL ENSEIGNANT EISMV
PERSONNEL VACATAIRE (PREVU)
PERSONNEL EN MISSION (PREVU)
PERSONNEL ENSEIGNANT CPEV
A. DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES
ET PRODUCTIONS ANIMALES
CHEF DE DEPARTEMENT : Ayao MISSOHOU,
Professeur
S E R V I C E S
1. ANATOMIE-HISTOLOGIE-EMBRYOLOGIE
Serge Niangoran BAKOU Maître de conférences
agrégé
Gualbert Simon NTEME ELLA Assistant
Camel LAGNIKA Docteur Vétérinaire
Vacataire
Paul Fabrice SHE Moniteur
2. CHIRURGIE -REPRODUCTION
Papa El Hassane DIOP Professeur
Alain Richi KAMGA WALADJO Assistant
Mlle Bilkiss V.M ASSANI Docteur Vétérinaire
Vacataire
Mr Fabrice Juliot MOUGANG Moniteur
3. ECONOMIE RURALE ET GESTION
Cheikh LY Professeur
Dr Adrien MANKOR Assistant
Mr Claude Michel WOMBOU TOUKAM Moniteur
4.
PHYSIOLOGIE-PHARMACODYNAMIE-THERAPEUTIQUE
Moussa ASSANE Professeur
Rock Allister LAPO Assistant
Mlle Clarisse INGABIRE Monitrice
5. PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET MEDICALES
Germain Jérôme SAWADOGO Professeur
Nongasida YAMÉOGO Assistant
Justin KOUAMO Docteur Vétérinaire
Vacataire
Mr Sylvain HABIMANA Moniteur
6. ZOOTECHNIE-ALIMENTATION
Ayao MISSOHOU Professeur
Dr Simplice AYSSIWEDE Assistant
Mr Sosthène HABUMUREMYI Docteur
Vétérinaire Vacataire
Mr Francklin Noël JAOVELO Moniteur
B. DEPARTEMENT DE SANTE PUBLIQUE ET
ENVIRONNEMENT
CHEF DE DEPARTEMENT = Rianatou BADA ALAMBEDJI,
Professeur
S E R V I C E S
1. HYGIENE ET INDUSTRIE DES DENREES
ALIMENTAIRES
D'ORIGINE ANIMALE (HIDAOA)
Malang SEYDI Professeur
Mlle Bellancille MUSABYEMARIYA Assistante
Serigne Khalifa Babacar SYLLA Assistant
David RAKANSOU Moniteur
Mr Gérard Guéboul DIOP Moniteur
2. MICROBIOLOGIE-IMMUNOLOGIE-PATHOLOGIE
INFECTIEUSE
Justin Ayayi AKAKPO Professeur
Mme Rianatou BADA ALAMBEDJI Professeur
Dr Philippe KONE Assistant
Raoul BAKARI AFNABI Docteur Vétérinaire
Vacataire
Abdel-Aziz ARADA IZZEDINE Docteur Vétérinaire
Vacataire
3. PARASITOLOGIE-MALADIES PARASITAIRES-ZOOLOGIE
APPLIQUEE
Louis Joseph PANGUI Professeur
Oubri Bassa GBATI Maître - Assistant
Koffi Benoît AMOUSSOU Docteur
Vétérinaire Vacataire
Dieudonné A. DOSSOU Moniteur
4. PATHOLOGIE MEDICALE-ANATOMIE PATHOLOGIQUE-
CLINIQUE AMBULANTE
Yalacé Yamba KABORET Professeur
Yacouba KANE Maître - Assistant
Mme Mireille KADJA WONOU Assistante
Hubert VILLON Assistant
Medoune BADIANE Docteur Vétérinaire
(SOVETA)
Omar FALL Docteur Vétérinaire
(WAYEMBAM)
Alpha SOW Docteur Vétérinaire
(PASTAGRI)
Abdoulaye SOW Docteur Vétérinaire
(FOIRAIL des petits Ruminants)
Ibrahima WADE Docteur Vétérinaire
Vacataire
Charles Benoît DIENG Docteur
Vétérinaire Vacataire
Arouna NJAYOU NGAPAGNA Docteur Vétérinaire
Vacataire
François Xavier NDUNGUTSE Docteur
Vétérinaire Vacataire
5. PHARMACIE-TOXICOLOGIE
Dr Félix Cyprien BIAOU Maître-Assistant
(en disponibilité)
Dr Gilbert Komlan AKODA Assistant
Assiongbon TEKO AGBO Chargé de recherche
Egide ISHIMWE Moniteur
Fara Hanta RATALATA RALAIVAO Monitrice
C. DEPARTEMENT COMMUNICATION
CHEF DE DEPARTEMENT : Professeur Yalacé
Yamba KABORET
S E R V I C E S
1. BIBLIOTHEQUE
Mme Mariam DIOUF Documentaliste
2. SERVICE AUDIO-VISUEL
Bouré SARR Technicien
3. OBSERVATOIRE DES METIERS DE L'ÉLEVAGE
(O.M.E.)
Christian Enonkpon DOVONOU Moniteur
D. SCOLARITE
El Hadji Mamadou DIENG Vacataire
Mlle Naomie KENMOGNE Docteur Vétérinaire
Vacataire
Aimable UWIZEYE Moniteur
PERSONNEL VACATAIRE
(Prévu)
1. BIOPHYSIQUE
Mamadou MBODJ Maître-assistant
Boucar NDONG Assistant
Faculté de Médecine et de Pharmacie UCAD
2. BOTANIQUE
Dr Kandioura NOBA Maître de Conférences
(Cours)
Dr Mame Samba MBAYE Assistant (TP)
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
3. AGRO-PEDOLOGIE
Fary DIOME Maître -Assistant
Institut de Science de la Terre (I.S.T.)
4. ZOOTECHNIE
Abdoulaye DIENG Docteur Ingénieur
Directeur ENSA-THIES
Léonard Elie AKPO Maître de
Conférences
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
Alpha SOW Docteur vétérinaire vacataire
5. H I D A O A :
z NORMALISATION ET ASSURANCE QUALITE
Mme Mame Sine MBODJ NDIAYE Chef de la division
Agroalimentaire
de l'Association Sénégalaise de
Normalisation ( A.A .S .N.)
z ASSURANCE QUALITE- ANALYSE DES RISQUES DANS LES
REGLEMENTATIONS
Abdoulaye DIAWARA Direction
Ousseynou Niang DIALLO de l'Elevage du
Sénégal
6. ECONOMIE
Oussouby TOURE Sociologue
PERSONNEL EN MISSION
(Prévu)
1. ANATOMIE
Mohamed OUSSAT Professeur
Institut Agronomique et Vétérinaire
Hassan II (Rabat) Maroc
2. TOXICOLOGIE CLINIQUE
Abdoulaziz EL HRAIKI Professeur
Institut Agronomique et Vétérinaire
Hassan II (Rabat) Maroc
3. PATHOLOGIE MEDICALE
Marc KPODEKON Maître de Conférences
Agrégé
Université d'ABOMEY-CALAVI
(Bénin)
4. PARASITOLOGIE
Sahidou SALIFOU Maître de Conférences
Agrégé
Université d'ABOMEY-CALAVI
(Bénin)
5. BIOCHIMIE
Georges Anicet OUEDRAOGO Maître de Conférences
Agrégé Université de BOBO-DIOULASSO
(Burkina Faso)
6. H.I.D.A.O.A
Youssouf KONE Maître de
Conférences
Université de NOUAKCHOTT
(Mauritanie)
7. REPRODUCTION
Hamidou BOLY Professeur
Université de BOBO-DIOULASSO
(Burkina Faso)
8. ZOOTECHNIE
Abdoulaye GOURO Professeur
CIRDES BOBO-DIOULASSO
(Burkina Faso)
PERSONNEL ENSEIGNANT CPEV
MATHEMATIQUES
Abdoulaye MBAYE Assistant
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
2. PHYSIQUE
Issakha YOUM Maître de Conférences
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
z Travaux Pratiques
André FICKOU Maître-Assistant
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
3. CHIMIE ORGANIQUE
Abdoulaye SAMB Professeur
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
4. CHIMIE PHYSIQUE
Abdoulaye DIOP Maître de Conférences
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
z Travaux Pratiques de CHIMIE
Momar NDIAYE Assistant
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
5. BIOLOGIE VEGETALE
Dr Aboubacry KANE Maître-Assistant
(Cours)
Dr Ngansomana BA Assistant Vacataire (
TP)
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
6. BIOLOGIE CELLULAIRE
Serge Niangoran BAKOU Maître de conférences
agrégé
EISMV - DAKAR
7. EMBRYOLOGIE ET ZOOLOGIE
Karamokho DIARRA Maître de Conférences
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
8. PHYSIOLOGIE ANIMALE
Moussa ASSANE Professeur
EISMV - DAKAR
9. ANATOMIE COMPAREE DES VERTEBRES
Cheikh Tidiane BA Professeur
Faculté des Sciences et Techniques
UCAD
10. BIOLOGIE ANIMALE (Travaux
Pratiques)
Serge Niangoran BAKOU Maître de conférences
agrégé
EISMV - DAKAR
Oubri Bassa GBATI Maître - Assistant
EISMV - DAKAR
Gualbert Simon NTEME ELLA Assistant
EISMV - DAKAR
11. GEOLOGIE
z FORMATIONS SEDIMENTAIRES
Raphaël SARR Maître de Conférences
Faculté des Sciences et Techniques UCAD
z HYDROGEOLOGIE
Abdoulaye FAYE Maître de Conférences
Faculté des Sciences et Techniques UCAD
12. CPEV
z Travaux Pratiques
Mlle Naomie KENMOGNE Docteur Vétérinaire
Vacataire
Aimable UWIZEYE Moniteur
,
AU DIEU TOUT PUISSANT,
Seigneur ta grâce et ta force m'ont toujours
accompagné, Ton esprit de sagesse et de science m'éclaire tout au
long de ma vie.
A mon Père Jean Damascène B.,
et ma chère Mère Pélagie N., Pour votre
amour, votre soutien, vos encouragements, votre confiance, et tous vos
sacrifices qui m'ont permis d'aller au bout de mes rêves. Merci d'avoir
cru en moi. Aujourd'hui est le reflet du fruit de tous vos efforts. Je vous
aime.
A mon grand frère, Jean Pierre
MWIZERWA, nos fous rires, nos désaccords. Que ton courage te
guide dans tout ce que tu réalises. Que notre fraternité reste
aussi unie dans la joie et dans les peines.
A mes petits frères, Jean Claude
KWIZERA et Roger Pacifique NISHIMWE ; Quel joie
d'avoir partagé des bons moments ensembles. Vous êtes très
chers pour moi et je vous adore beaucoup. Que notre fraternité reste
aussi unie.
A ma grand-mère paternelle, Chaque jour je pense
à toi. Que Dieu te protège.
A mon oncle Juvénal, très petit
tu m'as appris à jouer au football, tes blagues et tes contes qui ne
finissaient pas m'ont beaucoup manqué. Que ce travail marque ma
reconnaissance.
A mes tantes et oncles, Merci pour tout.
A mes cousins (Jean de Dieu, Léopord)
et cousines (Pacifique, Verdianne, Alphonsine, Eugénie,
Claire)
A toute ma famille, à tous ceux qui sont plus là
mais qui seraient fiers de mon travail.
Au fratri Sixte HAKIZIMANA, depuis longtemps,
nous avons fait route ensemble, Sur ton chemin vers le sacerdoce, je te
souhaite beaucoup de bonheur.
A Yves d'Amour, mon compagnon d'enfance, je garderai toujours
ces bons souvenirs d'enfance, notre amitié qui a grandi depuis que nous
avons 7 ans, Bien de choses à toi.
A Mlle Ange ISHIMWE, merci pour ta patience
et ton affection.
A la Famille du Docteur Daniel NYAMWASA, vous
avez été toujours là pour moi. Merci pour votre soutien et
pour vos conseils.
A la Famille Thomas MUNYUZANGABO, vous m'avez
montré une famille exemplaire. Chaque fois que je vous fréquente
je suis comblé. Merci.
Au Docteur Elisée KAMANZI, Merci pour
ton soutien et ta compagnie, Que nos ambitions partagées
grandissent !
A Richard NIWENSHUTI, merci pour ta
franchise, tes confidences, ton soutien, ton amitié et pour ton courage.
A Moïse SIMBA INTARE, merci pour
tout.
A Monseigneur Michel NSENGUMUREMYI, pour vos
conseils et vos enseignements,
A Mlle Halimatou ADAMOU HAROUNA, à
notre relation si particulière, à ta franchise, à ton
soutien sans limite, à ton amitié. Pour le stress partagé
à l'EISMV depuis le CPEV. Merci pour ta loyauté.
A Mlle Solange UWISANZE, Merci pour ta
compagnie.
Au Mr Innocent NIZEYIMANA., Bien de choses
à ta famille.
Au Docteur Natacha MUMPOREZE,
Au Docteur Olivier KAMANA, pour ton
amitié,
Au Docteur landry Ndriko MAYIGANE,
Au Docteur Roger RUKUNDO,
A la famille du Docteur Jean Félix
KINANI,
A la famille Béatrice, merci pour
votre accueil au Sénégal,
A mes amis du Petit Séminaire (Yves, Jean
François, Jean Bosco, Jean Aimé, Egide, Makuza, Abbé
Wilson, Abbé Grégoire) et à tous ceux que je me
réserve de ne pas citer.
A Second Fidens, JMV, Ephrem pour notre
première revue « PANORAMA » .
A Son Excellence Pierre HAZETTE, Parrain de
la 35e Promotion, votre générosité et votre
qualité d'éducateur « l'oued des dattes et l'oued du
savoir » nous ont marqué, recevez nos hommages respectueux.
A mes compatriotes de la 35e promotion. Merci pour
tous les moments passés ensembles.
A mes camarades de la 35e Promotion Pierre HAZETTE,
vous avez vu que la volonté, le courage et la détermination sont
des bons outils pour la réussite. Merci pour tous les moments
partagés et pour l'amitié qui s'est installée. Bonne
chance à tous.
Aux Docteurs Xavier Boutros, Jean Paul BITEGA,
François, Emmanuel, Olivier, Fidèle, Blaise. Merci pour
votre amitié.
A Fidèle GAHAMANYI,
A mes collègues de travail à la scolarité
de l'EISMV (Dr Naomi, Mr Dieng, Mlle Diagne Mamy). Cette
année passée ensemble m'a appris beaucoup, Merci.
A mes amis de Dakar (Marie Fausta, Yvonne, Jean de
Dieu, Richard, Manzi, Rosine, Clarisse, Fabrice, Muganga, Jean Claude, Manu
Ragabo, Coumba, Daouda, Christian,...) et à vous que je me
réserve de ne pas citer de peur de ne pas finir.
A tout les membres de LAFAM, pour votre vision pour la femme
africaine.
A mes amis du Rwanda (Diogène, Maurice,
Pierrine, Josée, Solange, Alice, Christine, Régine,
Chantal).
A l'Amicale des Etudiants Vétérinaires Rwandais
à Dakar (AEVR)
A l'Association des Etudiants Rwandais au
Sénégal (AERS),
A toute la communauté rwandaise du
Sénégal,
A l'Association des Scouts du Rwanda (ASR), en suivant les pas
de Baden Powell, j'ai appris à aimer les plantes et les animaux et
voilà que je deviens médecin vétérinaire, quelle
passion !
A tous les gens pour qui je compte à l'école, et
à ces 6 années inoubliables passées à l'EISMV,
placées sous le signe de l'insouciance, du travail et de la fête.
A toutes ces révisions de devoirs dans les amphis qui
me faisaient mal à la tête, à tous ces lendemains d'oral
qui m'entraînaient dans un stress terrible,
A toutes ces vacances passées au
Sénégal ; aux plages de Dakar.
A tout ce qui fait la magie des années estudiantines
Au Rwanda, pays des milles collines, terre plein de souvenirs,
qui m'a vu naître et m'a permis de suivre cette formation
vétérinaire.
Au Sénégal, pays d'accueil, pour ta Teranga.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à exprimer notre immense gratitude à
l'endroit de tous ceux qui ont oeuvré de près ou de loin à
l'accomplissement de ce travail :
Au gouvernement rwandais, pour avoir permis de réaliser
mon rêve,
Mr Emmanuel MUVUNYI, Director of Student
Financing Agency for Rwanda (SFAR)
Professeur Louis Joseph PANGUI, Directeur de
l'EISMV
Professeur Germain Jérôme
SAWADOGO, Pour avoir accepté et dirigé ce travail,
Professeur Moussa ASSANE, Coordinateur des
Etudes de l'EISMV,
Feu Docteur Nongasida YAMEOGO, vous nous avez
quitté très tôt, je garderai toujours votre image de
travailleur. Que Dieu vous accueille dans son paradis
Mr Aliou NACRO, Agent comptable de l'EISMV
Docteur Justin KOUAMO
Docteur Mouiche Mouliom Moctar Mouhamed
Dr Sylvain HABIMANA, Mr Henri
Magloire BOUYOGUENO, Mme Abba
SENE
Tous les enseignants de l'EISMV
Tous mes encadreurs de stage (au Sénégal, au
Rwanda et en Belgique)
Mme Mariam DIOUF
Tout le personnel de l'EISMV
Mr Ousmane SOW, Mr CISSE, Mr
Doudou KA, Chauffeurs à l'EISMV
Tous ceux que je n'ai pas cités, et qui de près
ou de loin nous ont soutenus et contribués à rendre
agréable notre passage au Sénégal.
A NOS MAITRES ET JUGES
A notre Maître et Président du jury,
Monsieur Moussa Fafa CISSE
Professeur à la Faculté de Médecine, de
Pharmacie et d'Odonto-Stomatologie de Dakar ; C'est un grand
privilège que vous nous faites en présidant notre jury de
thèse. Votre abord facile et la spontanéité avec laquelle
vous avez répondu à notre sollicitation nous ont
profondément marqués.
Soyez rassuré, honorable président, de notre
sincère reconnaissance.
A notre Maître, Directeur et Rapporteur de
thèse, Monsieur Germain Jérôme SAWADOGO,
Professeur à l'E.I.S.M.V. de Dakar,
Malgré vos multiples occupations, vous avez suivi et
encadré ce travail avec rigueur et disponibilité. Nul n'est
besoin de souligner ici vos qualités humaines et scientifiques. Nous
avons découvert en vous un maître exemplaire. Veuillez trouver ici
l'expression sincère de notre profonde gratitude et de toute l'estime
que nous vous portons.
A notre Maître et Juge, Monsieur Yalacé
Yamba KABORET
Professeur à l'E.I.S.M.V. de Dakar,
Nous ne pouvons pas trouver les mots justes pour vous exprimer
notre reconnaissance. Tout au long de notre passage à l'E.I.S.M.V., nous
avons été marqués par votre disponibilité, votre
rigueur scientifique et vos qualités humaines.
Soyez rassurés de notre grande considération.
A notre Maître et Juge, Monsieur Serge Niangoran
BAKOU
Professeur à l'E.I.S.M.V. de Dakar,
Vous nous avez fait l'honneur d'accepter de juger ce travail
malgré vos multiples occupations. Tout au long de notre passage à
l'E.I.S.M.V., nous avons été marqué par votre sympathie,
votre disponibilité, votre rigueur scientifique, vos qualités
humaines et votre amour du travail bien fait.
Veuillez trouver dans ce travail toute notre profonde
gratitude.
« Par délibération la
Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odonto - Stomatologie et
l'Ecole Inter - Etats des Sciences et Médecine
Vétérinaires de Dakar ont décidé que les opinions
émises dans les dissertations qui leur seront présentées,
doivent être considérées comme propres à leurs
auteurs et qu'elles n'entendent donner aucune approbation ni
improbation. »
LISTE DES
ABREVIATIONS
°C : Degré
Célcius
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations
Unies sur les Changements Climatiques
ENSO : El Ninõ/South Oscillation
EPICA : European Project for Ice Coring in
Antarctica
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture
FNUAP : Fond des Nations Unies pour la
Population
GES : Gaz à Effet de Serre
GIEC : Groupe d'experts Intergouvernemental
sur l'Evolution du Climat
IFEN : Institut
Français de l'environnement
INRA : Institut National de Recherche
Agricole
IPCC : Intergovernmental Panel on Climate
Change
ITH : Indice de Température -
Humidité
LEAD : Livestock
Environment And Development
MEA : Millenium Ecosystem Assessment
MENV : Ministère du
Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du
Québec
NASA : National Aeronautics and Space
Administration (« Administration Nationale de l'Aéronautique
et de l'Espace »)
NOAA : National Oceanic and Atmospheric
Administration
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
PRG : Potentiel de
Réchauffement Global
SV : Matière solide volatile
UNEP : United Nations Environment
Programme
WBGU : German Advisory Council on Global
Change
WMO : World Meteorelogic Organisation
WRI : World Resources
Institute
WWF : World Wide Fund
LISTE DES FIGURES ET ILLUSTRATIONS
Figure 1: Changements de la
température terrestre selon l'âge de la carotte glaciaire
7
Figure 2: (a) Variations de
la température à la surface de la Terre au cours des 140
dernières années et (b) au cours du dernier millénaire
14
Figure 3: Projections des
conditions climatiques extrêmes
18
Figure 4:
Evolution des concentrations des gaz à effet de serre par rapport
à 1750
19
Figure 5:
Mécanisme de l'effet de serre
22
Figure 6:
Forçage radiatif en 2000 par rapport en 1750
23
Figure 7:
Sélection des effets clés en Afrique
36
Figure 8:
Répartition des émissions humaines de gaz à effet de serre
par gaz en 2004, en milliards de tonnes équivalent carbone.
45
Figure 9:
Indicateurs de l'influence de l'Homme sur l'atmosphère pendant
l'ère industrielle
46
Figure 10
: Sources agricoles du méthane
48
Figure 11
: Formation du méthane au cours de la digestion chez les ruminants
49
Figure 12
: Produits terminaux de digestion microbienne des glucides chez le
ruminant.
51
Figure 13
: Sources agricoles de protoxyde d'Azote (N2O)
62
Figure 14
: Source et puits agricoles du gaz carbonique
65
Figure 15
: Emissions annuelles de gaz à effet de serre par secteur
67
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo 1:
Sommet du mont KILIMANDJARO prise le 17 février 1993
12
Photo 2:
Sommet du Mont KILIMANDJARO prise le 21 février 2000
13
Photo 3 :
Effets du réchauffement climatique : la fonte des glaces aux pôles
(ici, en Antarctique) et l'extension des terres soumises à la
sécheresse (ici, en Thaïlande).
17
Photo 4:
Sécheresse au Sahel
40
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I: Concentrations
atmosphériques en volume, durée de séjour et potentiel de
réchauffement global (PRG) des principaux gaz à effet de
serre
20
Tableau II:
Sensibilité de certaines régions asiatiques aux changements
climatiques.
28
Tableau III: Estimation de
la production annuelle de méthane par différentes espèces
animales.
47
Tableau IV: Production du
méthane par les animaux en Chine
53
Tableau V: Coefficients
d'émissions annuelles de CH4 pour le bétail et le
fumier
56
Tableau VI: Comparaison des
quantités du gaz méthane émis par les élevages
intensif et extensif
57
Tableau VII: Gaz à
effet de serre produits dans les bâtiments d'élevage
66
Tableau VIII: Effet de la
chaleur sur les vaches laitières
79
Tableau IX: Influence du
climat tropical sur la production de lait des vaches Holstein
79
Tableau X: Cas de la
production des bovins
95
Tableau XI: Cas des
productions porcine et avicole (production intensive)
97
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
1
PREMIERE PARTIE:
GENERALITES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
3
CHAPITRE I : HISTORIQUE ET SITUATION ACTUELLE
DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
4
1.1. HISTORIQUE
4
1.1.1. Variabilité du climat
4
1.1.2. Périodes de
glaciations
5
1.1.3. Facteurs physiques
influençant la variabilité du climat
8
1.1.3.1. Insolation
8
1.1.3.2. Paramètres de
Milankoviæ
8
1.1.3.3. Albédo
9
1.1.3.4 Phénomène El
Niño/Oscillation Australe (ENSO)
10
1.2. SITUATION ACTUELLE DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
11
1.2.1. Variation globale des
températures terrestres
11
1.2.1.1. Variation de la température
à la surface de la Terre
11
1.2.1.2. Variation de la température
de l'atmosphère
15
1.3. AUTRES EFFETS DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
15
1.4. PHÉNOMÈNE DE L'EFFET DE
SERRE
18
1.4.1. Gaz à effet de serre
18
1.4.2. Rayonnement du corps noir
21
1.4.3. Mécanisme de l'effet de
serre
21
CHAPITRE II. CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES SUR L'ENVIRONNEMENT, VULNERABILITE ET ADAPTATION
25
2.1. NOTION DE SENSIBILITÉ, DE
CAPACITÉ D'ADAPTATION ET DE VULNÉRABILITÉ
26
2.2. CONSÉQUENCES DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES PAR ZONE GÉOGRAPHIQUE
27
2.2.1. Asie
27
2.2.1.1. Mesures d'adaptation
29
2.2.2. Australie et Nouvelle
Zélande
30
2.2.2.1. Mesures d'adaptation
31
2.2.3. En Europe
31
2.2.3.1. Mesures d'adaptation
32
2.2.4. Amérique du Sud
33
2.2.5. Amérique du Nord
34
2.2.6. Afrique
35
2.2.6.1. Sécheresse et pastoralisme
au Sahel
39
DEUXIEME PARTIE :
INTERRELATIONS ENTRE CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES
PRODUCTIONS ANIMALES
43
CHAPITRE I. EMISSIONS DES GAZ À EFFET DE
SERRE ET L'ELEVAGE
44
1.1. SOURCES DE GAZ À EFFET DE SERRE
(GES) DANS LES ÉLEVAGES
44
1.2. MÉTHANE (CH4)
46
1.2.1. Digestion des polygastriques et
la production du méthane
48
1.2.1.1. Facteurs influençant la
production du méthane
49
1.2.1.2. Influence du régime
alimentaire sur la production du méthane
52
1.2.1.3. Elimination du méthane dans
l'atmosphère
53
1.2.1.4. Les relations
stoechiométriques
53
1.2.2. Emissions du méthane par
les déjections
55
1.2.3. Méthode de calcul de la
production du méthane chez les animaux
55
1.2.3.1. Comparaison d'émissions du
méthane chez les bovins élevés en système intensif
et extensif.
56
1.2.4. Moyens disponibles pour la
réduction de la production du méthane
57
1.2.4.1. Augmentation de la
productivité animale
57
1.2.4.2. Antibiotiques ionophores
58
1.2.4.3. Acides gras à longue
chaîne
59
1.2.4.4. Autres méthodes
59
1.3. PROTOXYDE D'AZOTE (N2O)
61
1.3.1. Digestion chez les monogastriques
et production de l'ammoniac
62
1.3.2. Mesures de réduction des
émissions de l'ammoniac
63
1.3.2.1. Utilisations des additifs
63
1.3.2.1.1. Acides organiques
63
1.3.2.1.2. Utilisation des produits
enzymatiques
64
1.3.2.1.3. Utilisation des bactéries
vivantes
64
1.4. DIOXYDE DE CARBONE (CO2)
64
1.5. VAPEURS D'EAU
66
1.6. SOURCES AGRICOLES DE GAZ À EFFET
DE SERRE PAR SECTEUR
66
1.7. ELEVAGE INDUSTRIEL ET
L'ENVIRONNEMENT
67
1.7.1. Elevage des vaches
laitières
67
1.7.2. Production porcine
68
CHAPITRE II. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
LES PRODUCTIONS ANIMALES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
71
2.1. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES D'ÉLEVAGE DES BOVINS
71
2.1.1. Système extensif
72
2.1.1.1. Augmentation de la mortalité
des animaux
74
2.1.1.2. Concurrence entre éleveur et
animaux
74
2.1.1.3. Dégradation des
réserves naturelles
75
2.1.1.4. Conflits entre éleveurs et
agriculteurs
75
2.1.1.5 Redistribution géographique
des maladies transmises par les vecteurs
76
2.1.2. Système semi intensif
77
2.1.3. Système intensif
77
2.1.3.1. Production des vaches
laitières
77
2.2. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
LA PRODUCTION PORCINE
81
2.2.1. Effets de la chaleur sur les
performances des porcs
82
2.2.1.1. Truie en lactation
82
2.2.1.2. Truie en gestation
83
2.2.1.3. Verrat
84
2.2.1.4. Porc en croissance
84
2.2.2. Méthodes permettant
d'atténuer les effets de la chaleur
85
2.2.2.1. Modifications de la conduite
d'élevage
85
2.2.2.2. Sélection d'animaux
adaptés au climat
85
2.3. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
LA PRODUCTION AVICOLE
87
2.3.1. Augmentation de la
fréquence cardiaque
87
2.3.2. Augmentation du rythme
respiratoire
88
2.3.3. Activités physiques des
animaux
89
2.3.4. Ingéré
énergétique
89
2.3.5. Conséquences de la chaleur
sur les performances zootechniques des volailles
89
2.3.6. Solutions pratiques pour lutter
contre la chaleur
90
2.3.6.1. Moyens zootechniques
90
2.3.6.2. Moyens médicamenteux
92
2.4. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
LES PRODUCTIONS HALIEUTIQUES
94
2.5. ETUDE COMPARATIVE DES DIFFÉRENTS
SYSTÈMES DE PRODUCTION FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
95
2.6. PERSPECTIVES DE RECHERCHE EN
AFRIQUE
98
CONCLUSION GENERALE
100
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
103
INTRODUCTION
Les changements climatiques mondiaux se passent à des
taux beaucoup plus rapides que ce qui avait été prédit
précédemment [IPCC, 2007]. La température
moyenne à la surface de la terre a augmenté de 0,6°C au
20e siècle [IPCC, 2001a]. Les
activités humaines surtout le développement industriel depuis le
19e siècle, ont contribué à l'augmentation de
la concentration des gaz à effet de serre (GES) tels que le dioxyde de
carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde
d'Azote (N2O) ainsi que des aérosols qui amplifient la hausse
des températures terrestres actuelles.
En effet, le 4e rapport du Groupe d'experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) a affirmé sans
équivoque que l'origine anthropique du réchauffement climatique
actuel est un fait bien établi [IPCC, 2007].
Cependant, les animaux d'élevage émettent une
quantité considérable des GES à travers la digestion des
grands ruminants ou le compostage des déjections d'élevage
[BLAXTER et CLAPPERTON, 1965]. Ainsi, ils jouent un rôle
important dans l'amplification de ce phénomène. Chaque
année, les ruminants émettent 15% de la production de gaz
méthane dégagée dans l'atmosphère [IPCC,
2001b].
Par ailleurs, les écosystèmes seront
menacés par la variation des régimes des précipitations,
de l'avancée de la sécheresse et des changements dans
l'utilisation des sols. Les élevages seront affectés
également par les conséquences du réchauffement climatique
à cause de la raréfaction des pâturages dans les zones
arides et semi-arides, par la crise alimentaire mondiale avec la hausse des
prix des céréales même si les prévisions de
changement climatique par région ne montrent pas systématiquement
l'apparition de conditions plus arides, entraînant de plus grands stress
hydriques pour les plantes et les animaux [DIETZ et al.,
2004].
Les changements climatiques sont un grand défit
à relever par la race humaine. Cependant, certaines régions sont
plus vulnérables que d'autres. A long terme, toute la planète est
exposée. Ses conséquences sont d'ores et déjà
graves et ne font que croître. Les plus importantes sont
l'élévation de la température terrestre, l'augmentation
des niveaux des océans, la fonte des glaciers et de la banquise,
l'augmentation de la puissance des tempêtes tropicales, les changements
des saisons.
Le Rapport mondial sur le développement humain du
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) prévient
que le monde devrait faire porter toute son attention sur l'incidence des
changements climatiques sur le développement ; lesquels risquent de
causer des revers sans précédent en matière de
réduction de la pauvreté, de nutrition, de santé et
d'éducation [PNUD, 2007].
Par ailleurs, il est important en tant que
vétérinaire de faire une étude de synthèse pour
monter l'impact des changements climatiques sur les productions animales et
sans nul doute, ce travail servira toute la composante de l'élevage
surtout en Afrique.
L'objectif principal de notre étude est de rassembler
et de synthétiser les connaissances actuelles sur les interrelations
entre les changements climatiques et les productions animales.
De façon spécifique, il s'agit de :
- Faire l'état de lieu du rôle des productions
animales dans le réchauffement de la planète,
- Faire l'état de lieu de l'impact des changements
climatiques sur les productions animales,
- Dégager quelques perspectives de recherche en
Afrique.
Ce travail basé sur une synthèse bibliographique
comprend deux parties :
· Les généralités sur les
changements climatiques ;
· Les interrelations entre les changements climatiques et
les productions animales.
PREMIERE PARTIE
GENERALITES SUR LES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
CHAPITRE I :
HISTORIQUE ET SITUATION ACTUELLE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
1.1. HISTORIQUE
Selon le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution
du Climat (GIEC), les changements climatiques sont des variations
statistiquement significatives de l'état moyen du climat ou de sa
variabilité, persistant pendant une période prolongée
(généralement des décennies ou plus). Les changements
climatiques peuvent être dus à des processus internes naturels ou
à des forçages externes, ou encore à la persistance de
variations anthropiques de la composition de l'atmosphère ou de
l'utilisation des sols [IPCC, 2001a].
La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC), dans son article premier, par contre, définit les
changements climatiques comme "des changements qui sont attribués
directement ou indirectement à une activité humaine
altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent
s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au
cours de périodes comparables". La CCNUCC fait donc une distinction
entre "les changements climatiques" attribuables à l'activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère et la
"variabilité du climat" imputable à des causes naturelles.
[CCNUCC, 1998]. Le dernier et Quatrième rapport du GIEC
affirme que la probabilité que le réchauffement climatique soit
d'origine humaine est de plus de 90% [IPCC, 2007].
1.1.1. Variabilité du climat
Depuis des milliers d'années, la Terre a
été soumise à des fluctuations climatiques. Pour
apprécier ces variations antérieures, les scientifiques utilisent
les indices indirects.
En effet, l'un des indices est l'appréciation de
l'épaisseur des cernes de croissance des arbres qui augmentent en cas de
forte chaleur, par les indicateurs dendrochimiques et dendrométriques
[BECKER et al., 1989]. Les indicateurs
dendrochimiques permettent d'identifier les causes d'évolution et de
fluctuations de la productivité des forêts par l'analyse des
éléments minéraux dans les cernes (15N,
13C et 18O). Les indicateurs dendrométriques (la
croissance) et de propriétés du bois s'intéressent
à la densité du bois, à la composition biochimique en
lignine et de la cellulose [GUEHL et al. 2004].
L'étude des pollens (palynologie) contenus dans les
carottes sédimentaires de milieux humides permet de reconstituer les
zones de végétation passées en fonction des exigences
climatiques propres aux espèces. Les noyaux de glace polaire constituent
les seules archives qui, sur les mêmes échantillons, donnent
accès à des informations à la fois sur la modification du
climat de notre planète et de la composition de l'atmosphère.
L'analyse des carottes de glace joue un rôle essentiel
dans la compréhension des différents mécanismes
impliqués dans l'évolution naturelle du climat au cours des
derniers grands cycles de périodes glaciaires et interglaciaires
[EPICA, 2004]. D'autres indices sont souvent utilisés,
nous pouvons citer les indices provenant des coraux, des océans et des
lacustres.
1.1.2. Périodes de
glaciations
Le climat global de la Terre a de tout temps connu des
modifications, suivant différents cycles climatiques de
réchauffement puis de refroidissement, qui diffèrent par leur
durée (de quelques milliers à plusieurs millions
d'années), mais aussi par leur amplitude.
Ainsi, pour étudier les climats récents de
l'ère quaternaire (de -1,8 millions d'années à
aujourd'hui), les carottages de glace en Antarctique sont
prélevées, ce qui permet de descendre, jusqu'à plus de 3
500 mètres de profondeur. Ceci permet aussi de ramener à la
surface des glaces vieilles de plusieurs centaines de milliers d'années.
Les scientifiques ont aussi prélevé des carottes de glace sur les
montagnes de haute altitude telles que les Andes au Pérou et en Bolivie,
le Mont Kilimadjaro en Tanzanie, et les Himalayas en Asie [RIENBEEK,
2005]. Ces carottes de glace ont fourni les moyennes annuelles de la
température terrestre, des précipitations, de la composition de
l'atmosphère, des activités volcaniques et les vents. La
composition isotopique de l'oxygène de la glace permet de reconstituer
les températures atmosphériques depuis une période qui
remonte jusqu'à -750 000 ans [RIEBEEK, 2005].
La carotte de glace antarctique de Vostok, incorporant les 420
000 dernières années de l'histoire de la terre, montre une
remarquable corrélation entre le climat et les gaz à effet de
serre au cours des quatre cycles glaciaires et interglaciaires (naturellement
récurrents à des intervalles d'environ 100 000 ans)
[PETIT et al. 1999]. Par ailleurs, trois
kilomètres de carottes de glace ont été extraits du site
de Dôme C en Antarctique, ce qui a permis aux chercheurs de
révéler les secrets du climat des 740 000 dernières
années, représentant à ce jour la plus ancienne
reconstitution climatique jamais obtenue [EPICA, 2004].
Cela confirme que les périodes d'accumulation de
CO2 ont vraisemblablement contribué au réchauffement
de la planète avec des transitions majeures à la surface du
globe. Les résultats montrent également que les activités
humaines ont entraîné des concentrations actuelles de CO2
et CH4, qui sont sans précédent au cours des 650
000 dernières années de l'histoire de la terre
[SIEGENTHALER et al., 2005].
Les climatologues s'accordent sur le fait que la Terre a
traversé plusieurs cycles de réchauffement et de refroidissement
planétaire durant les 400 000 dernières années. Plusieurs
cycles de 100 000 ans environ se sont répétés au cours de
cette période. Ces cycles commencent par un réchauffement brutal
suivi d'une période chaude de 10 000 à 20 000 ans environ,
appelée période interglaciaire. Cette période est suivie
par un refroidissement progressif et l'installation d'une ère glaciaire.
À la fin de la glaciation, un réchauffement brutal amorce un
nouveau cycle. La Terre est actuellement dans une période interglaciaire
et ce, depuis plus de 10 000 ans [PETIT et al.,
1999]. La figure 1 montre les variations des températures
terrestres durant les quatre dernières périodes glaciaires selon
les données issues des carottes glaciaires de l'EPICA et de Vostok. Nous
remarquons chaque fois une période interglaciaire qui dure à peu
près 10 000 ans ou les températures baissent
légèrement.
Figure
1: Changements de la température terrestre selon
l'âge de la carotte glaciaire
Source : [ROHDE, 2006b]
Les variations du climat sont corrélées avec
celles de l'insolation, des paramètres de Milankoviæ, de
l'albédo, des cycles solaires et des concentrations dans
l'atmosphère des gaz à effet de serre.
1.1.3. Facteurs physiques
influençant la variabilité du climat
1.1.3.1.
Insolation
L'insolation est, au sens météorologique du
terme, l'exposition d'un objet au rayonnement solaire direct. Cette exposition
est correctement révélée par la présence d'ombres
portées nettement dessinées. On considère alors que la
production de telles ombres est possible lorsque l'éclairement de
l'objet par le soleil a une valeur au moins égale à 120
watts/m2, ce qui permet de déterminer à chaque instant
s'il y a ou non insolation.
1.1.3.2. Paramètres
de Milankoviæ
Les paramètres de Milankoviæ ou cycles de
Milankoviæ correspondent à trois phénomènes
astronomiques affectant certaines planètes au moins du système
solaire : l'excentricité, l'obliquité et la
précession. La terminologie de « paramètres de
Milankovitch » est surtout utilisée dans le cadre de la
théorie astronomique des paléoclimats [HAYS et
al., 1976].
· Excentricité :
La Terre décrit dans l'espace une ellipse dont le
Soleil occupe l'un des foyers, mais cette ellipse se déforme (d'un
aplatissement maximum de 7%) et se déplace dans l'espace (comme si elle
oscillait de gauche à droite). En effet, au cours du temps, la distance
Terre/Soleil varie entre 129 000 000 et 187 100 000 km.
Actuellement, la distance Terre/Soleil admise est de 149 597
870,691 km, soit un aplatissement de 1,67%. L'excentricité est l'un
des facteurs les plus importants dans les changements climatiques naturels
puisque la Terre au périhélie peut recevoir de 20 à 30%
d'énergie (émise par le Soleil) de plus qu'à
l'aphélie.
· Obliquité :
L'inclinaison terrestre varie entre 21,8° et 24,4°.
Actuellement, elle est de 23°26,5'. Cette obliquité est due elle
aussi aux interactions gravitationnelles que la Terre subit de la part des
planètes. La périodicité de ce phénomène est
essentiellement de 41 000 ans. Cette variation est faible : par
comparaison, l'obliquité martienne varie entre 20° et 60°. En
fait, c'est la présence de la lune qui agit sur le bourrelet
équatorial de la terre et lui donne la rapide précession
d'Hipparque de 26 000 ans, et de ce fait, la Lune place la Terre pour son
obliquité actuelle dans une zone de faible perturbation [LASKAR
et ROBUTEL, 1993]. Néanmoins, les faibles variations de cette
obliquité ont de larges conséquences sur l'insolation à la
latitude de 65°, que l'on considère comme le critère le plus
fiable de fonte des inlandsis. L'obliquité possède une influence
sur les saisons. En effet, si la Terre est dans une période de forte
inclinaison par rapport au Soleil, alors les saisons seront très
marquées (différences importantes entre été et
hiver) et à l'inverse une faible inclinaison homogénéise
les saisons (peu de différences entre l'été et
l'hiver).
· Précession :
La Terre ne tourne pas sur elle-même comme un ballon
parfaitement sphérique mais plutôt comme une toupie car elle est
soumise à la précession. Cette précession provient du fait
que les attractions du Soleil et de la Lune ne sont pas uniformes sur Terre
à cause du bourrelet équatorial de la Terre. Ceci a deux
conséquences différentes. La première n'a aucune influence
sur les changements climatiques. Plus intéressant, la précession
des équinoxes n'influence pas directement les changements de
température; en fait la précession est responsable de la date du
changement de saisons (printemps/été par exemple). Il faut savoir
que les saisons sont délimitées par la ligne des solstices et la
ligne des équinoxes.
1.1.3.3.
Albédo
L'albédo se définit comme étant le
rapport de l'énergie solaire réfléchie par une surface sur
l'énergie solaire incidente. Il est exprimé par une
échelle graduée de 0 à 1, avec 0 correspondant au noir,
pour un corps avec aucune réflexion, et 1 au miroir parfait, pour un
corps qui diffuse dans toutes les directions et sans absorption de tout le
rayonnement électromagnétique visible qu'il reçoit. Ainsi,
il est l'un des indicateurs prévenant de la température de la
surface de la terre. C'est un "baromètre" des variations climatiques qui
influe sur la connaissance de l'amplitude de l'effet de serre en opposant une
rétroaction positive sur la température en surface et des
océans, en fonction de la variation du volume des glaces.
L'efficacité de la réflexion par la surface
terrestre, dépend de la nature de cette surface. Une forêt renvoie
ainsi 5% à 15% seulement de la lumière reçue, alors que la
mer en réfléchit 30 à 40%, et qu'une étendue
neigeuse peut renvoyer jusqu'à 95% du rayonnement incident : ces
surfaces ont des « albédos » différents.
Globalement, la Terre renvoie ainsi vers l'espace 30% de l'énergie
solaire. Le refroidissement d'origine astronomique entraîne une extension
des glaces continentales, de l'inlandsis, des glaciers, et donc une
augmentation de l'albédo ; la planète
réfléchit davantage le rayonnement solaire, en absorbe moins, ce
qui amplifie son refroidissement. Le réchauffement a des effets
inverses. Ce qui pose problème aujourd'hui, le réchauffement de
la planète fait fondre la calotte polaire.
1.1.3.4
Phénomène El Niño/Oscillation Australe (ENSO)
A l'origine, El Niño, est un courant marin chaud qui
réchauffe périodiquement les eaux du littoral de l'Equateur et du
Pérou. Les eaux froides (de 18 à 20°C) sont
remplacées par des eaux beaucoup plus chaudes de 26°C environ
[LAING, 1991]. Ce réchauffement des eaux tue dans un
premier temps, tous les poissons, ce qui entraîne de nombreuses famines
dans les pays littoraux vivant essentiellement de la pêche. Puis dans un
second temps, le phénomène est la cause d'un bouleversement
climatique entraînant une grande sécheresse dans le nord de
l'Amérique du Sud et en particulier au Brésil.
Parallèlement à cette sécheresse, des pluies diluviennes
s'abattent sur la côte ouest d'Amérique du sud.
Les habitants appellent ce phénomène El
Niño (l'enfant Jésus) à cause de son apparition aux
environs de Noël. Le phénomène El Niño fait encore
l'objet de nombreuses recherches dans le but de découvrir les causes de
ce phénomène marin. Certains scientifiques parlent de la
responsabilité des taches solaires, d'autres de l'effet de serre.
Ce phénomène est caractérisé par
deux signes de variations des courants marins. Le premier signe d'apparition du
phénomène est un renforcement considérable des vents du
sud est. Ces vents entraînent une accumulation d'eaux chaudes dans le
pacifique ouest. Une élévation du niveau des eaux se fait alors
sentir. Mais dès que les vents faiblissent les eaux « chaudes
» ; les eaux du Pacifique ouest envahissent celle du pacifique est,
c'est alors le début du phénomène El Niño. Sa
durée est en général d'environ 18 mois.
Les 18 mois passés des eaux froides se propagent vers
l'ouest, c'est alors la fin du phénomène. Les eaux chaudes
favorisent l'évaporation ce qui entraînera des pluies diluviennes
et des sécheresses sur tout le continent sud Africain et même sur
l'Australie. Le phénomène El Niño est d'ampleur mondiale
modifiant la répartition des précipitations sur toute la surface
du globe. Il est considéré comme une catastrophe climatique,
alors qu'il ne détruit rien directement.
1.2. SITUATION ACTUELLE
DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
1.2.1. Variation globale
des températures terrestres
1.2.1.1. Variation de la
température à la surface de la Terre
De nombreuses observations indiquent que le climat de la
planète a changé au cours du XXème
siècle. La température moyenne globale à la surface (la
moyenne de la température de l'air près de la surface du sol et
de la température à la surface de la mer) a augmenté
depuis 1861, de 0,8°C. Au XXème siècle, cette
augmentation a été de 0,6°C #177; 0,2°C [IPCC,
2001a]. La couverture neigeuse et les étendues glaciaires se
sont réduites et le niveau de la mer s'est élevé de 10
à 20 cm [IPCC, 2007].
Les données obtenues par satellite montrent qu'il est
très probable que la couverture neigeuse ait diminué d'environ
10% depuis la fin des années 60, et des observations au sol indiquent
qu'il est très probable qu'il y ait eu une réduction d'environ
deux semaines de la durée annuelle du gel des lacs et des cours d'eau
sous les latitudes moyennes et élevées de
l'hémisphère Nord [IPCC, 2001a, NASA, 2005].
Dans les régions autres que polaires, le recul des
glaciers de montagne a été un phénomène largement
répandu au XXème siècle. Depuis les
années 50, la surface de glace de mer au printemps et en
été, dans l'hémisphère Nord, a diminué
d'environ 10 à 15%. Il est probable qu'il y ait eu ces dernières
décennies une réduction d'environ 40% de l'épaisseur de
glace dans l'océan Arctique de la fin de l'été au
début de l'automne, ainsi qu'une réduction nettement plus lente
de l'épaisseur des glaces de mer en hiver. Le Kilimandjaro a perdu 82%
de son glacier et celui-ci devrait disparaître en 2020 [IPCC,
2001b].
Le cas particulier des glaces du Kilimandjaro, qui a
été controversé [MOTE et KASER, 2007], a
été remis en question dans le quatrième rapport du
GIEC (2007) et est un bon exemple de la
complexité du réchauffement climatique et de la circonspection
nécessaire dans l'analyse des données du Kilimandjaro (Photo
1).
Photo 1:
Sommet du mont KILIMANDJARO prise le 17 février
1993
Photo
2: Sommet du Mont KILIMANDJARO prise le 21 février
2000
Photo 1 et 2 : Le changement de
l'accumulation des neiges au sommet du mont Kilimandjaro.
Source : [NASA, 2005]
Cette augmentation de la température s'est produite
essentiellement de 1910 à 1945 et de 1976 à 2000. Elle a
été plus importante la nuit et à l'intérieur des
terres. Globalement, durant les 100 dernières années, il est
très probable que les années 90 aient été la
décennie la plus chaude [CASTY et al., 2005]
et 1998 l'année la plus chaude depuis que l'on tient des relevés,
c'est-à-dire depuis 1861 [IPCC, 2001a]. Les
précipitations hivernales au nord des Alpes ont crû de 10 à
30% [SCHMIDLI et al., 2002 ; SCHMIDLI et al.,
2005], le nombre de jours particulièrement froids a
diminué au fil du XXème siècle [JUNGO
et al., 2001] et la durée et l'intensité des
périodes de canicule ont augmenté [DELLA-MARTA et
al., 2007].
La figure 3 montre que ce soit au cours des 140 ou des 100
dernières années, l'augmentation de la température moyenne
globale de surface a été, selon les meilleures estimations, de
0,6 #177; 0,2 °C.
Figure 2:
(a) Variations de la température à la surface de
la Terre au cours des 140 dernières années et (b) au cours du
dernier millénaire
Source: [IPCC, 2001a]
Il est impossible de prouver, aujourd'hui, que ces
modifications constatées au plan régional sont dues à la
présence humaine, car la variabilité naturelle du climat
(particulièrement l'influence de l'oscillation Nord-Atlantique) joue un
rôle important [WANNER et al., 2001].
L'état actuel des connaissances rend cependant un tel lien plausible.
1.2.1.2. Variation de la
température de l'atmosphère
Depuis la fin des années 50 (c'est-à-dire la
période au cours de laquelle l'on a commencé à faire des
observations plus précises avec des ballons-sondes), la
température globale a augmenté en général dans des
proportions à peu près identiques (soit 0,1°C tous les 10
ans) dans les 8000 mètres les plus bas de l'atmosphère qu'en
surface.
Depuis le début des relevés par satellite, en
1979, les mesures par ballons-sondes et par satellite ont toutes montré
que la température moyenne globale dans les 8000 mètres les plus
bas de l'atmosphère a augmenté de 0,05 #177; 0,10°C, mais
aussi que la température moyenne globale à la surface s'est
accrue de manière nettement plus importante, à savoir de 0,15
#177; 0,05°C, tous les 10 ans. La différence entre les taux de
réchauffement est statistiquement significative. Elle a
été avant tout observée dans les régions tropicales
et sub-tropicales [IPCC, 2001a].
Les facteurs tels que l'appauvrissement de la couche d'ozone
stratosphérique, les aérosols atmosphériques et le
phénomène El Niño n'ont pas exercé les mêmes
influences sur les 8000 mètres les plus bas de l'atmosphère qu'en
surface. Il est par conséquent physiquement plausible qu'il puisse y
avoir des disparités dans l'évolution des températures sur
une brève période (par exemple 20 ans). De plus, les techniques
de l'échantillonnage spatial peuvent elles aussi expliquer en partie
certaines des différences observées dans ces évolutions,
mais pas toutes [IPCC, 2001a].
1.3. AUTRES EFFETS DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Il est très probable qu'au XXème
siècle les précipitations se soient accrues de 0,5 à 1%
tous les 10 ans sous la plupart des latitudes moyennes et élevées
des continents de l'hémisphère Nord et il est probable que les
pluies se soient accrues de 0,2 à 0,3% dans les zones terrestres
tropicales (10° Nord à 10° Sud) [IPCC,
2001a]. Sous les tropiques, ces augmentations n'ont pas
été évidentes ces dernières décennies. Il
est également probable que les pluies aient diminué dans la
plupart des zones terrestres sub-tropicales de l'hémisphère Nord
(10° Nord à 30° Nord) au cours du XXème
siècle, et ce, d'environ 0,3% tous les 10 ans. Contrairement à ce
qui s'est passé dans l'hémisphère Nord, aucun changement
systématique comparable n'a été détecté dans
les moyennes générales pour les différentes latitudes dans
l'hémisphère Sud. Les données disponibles ne sont pas
suffisantes pour déterminer les tendances des précipitations sur
les océans [IPCC, 2001a].
Au cours de la seconde moitié du
XXème siècle, il est probable que sous les latitudes
moyennes et élevées de l'hémisphère Nord, la
fréquence des événements de précipitations
importantes ait augmenté de 2 à 4%. Cette augmentation peut
être due à plusieurs causes, par exemple les changements de
l'humidité atmosphérique, l'activité orageuse et les
phénomènes dépressionnaires à grande
échelle.
Il est probable qu'il y ait eu au XXème
siècle une augmentation de 2% de la couverture nuageuse sur les zones
terrestres des latitudes moyennes et élevées. Dans la plupart de
ces zones, cette tendance correspond bien à la diminution des
écarts de température journaliers, telle qu'elle a
été observée. Il est très probable que depuis 1950
il y ait eu une diminution de la fréquence des températures
extrêmement basses ainsi qu'une augmentation, plus modeste, de la
fréquence des températures extrêmement
élevées [IPCC, 2001a].
Les épisodes de réchauffement du
phénomène El Niño/oscillation australe (ENSO) (qui affecte
régulièrement les variations régionales des
précipitations et des températures dans la plupart des zones
tropicales et sub-tropicales et dans certaines zones de moyenne latitude) ont
été plus fréquents, plus persistants et plus intenses
depuis le milieu des années 70 qu'au cours des 100 dernières
années [IPCC, 2001a].
Au XXème siècle (1900 à 1995),
l'on a assisté à une augmentation relativement faible des
surfaces émergées globales ayant connu une grave
sécheresse ou au contraire des précipitations catastrophiques.
Dans de nombreuses régions, ces changements sont dominés par la
variabilité interdécennale et multidécennale du climat,
tels que la tendance de l'ENSO à provoquer un plus grand nombre
d'événements de réchauffement. Dans plusieurs
régions, par exemple certaines parties de l'Asie et de l'Afrique, les
observations ont montré que la fréquence et l'intensité
des sécheresses ont augmenté [IPCC, 2001b].
Photo 3 :
Effets du réchauffement climatique : la fonte des glaces
aux pôles (ici, en Antarctique) et l'extension des terres soumises
à la sécheresse (ici, en Thaïlande).
Source : [GAZSI, 2008]
Dans d'autres régions, comme en Amérique du Nord
et du Centre, la fréquence des ouragans, des pluies torrentielles et des
cyclones violents a beaucoup augmenté (figure 3).
Sécheresse Ouragans Pluies
torrentielles Recul de glaciaire
Figure 3:
Projections des conditions climatiques extrêmes
Source : [SCHUBERT et al.,
2007]
Le réchauffement climatique actuel est dû
à l'amplification de phénomène de l'effet de serre suite
à une augmentation de la concentration des gaz à effet de serre
dans l'atmosphère.
1.4.
PHÉNOMÈNE DE L'EFFET DE SERRE
L'effet de serre est un processus naturel de
réchauffement de l'atmosphère qui intervient dans le bilan
radiatif de la Terre. Ce phénomène se produit dans
l'atmosphère depuis des milliards d'années par suite de la
présence de gaz à effet de serre (GES) d'origine naturelle :
vapeur d'eau, CO2, ozone, méthane et oxyde nitreux. Il s'agit
d'un élément indispensable à la vie sur la Terre.
1.4.1. Gaz à effet
de serre
Les GES sont des gaz qui contribuent par leurs
propriétés physiques à l'effet de serre. L'augmentation de
leur concentration dans l'atmosphère terrestre est à l'origine du
réchauffement climatique. Les principaux gaz à effet de serre non
artificiels sont la vapeur d'eau (H2O), le dioxyde de carbone
(CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d'azote
(N2O) et l'ozone (O3). Ils représentent 1% de
l'atmosphère et sont responsables de l'élévation de la
température de quelques 30°C. Les gaz à effet de serre
industriels incluent des gaz fluorés comme les chlorofluorocarbures
(CFC) et HCFC-22 comme le fréon, le perfluorométhane
(CF4) l'hexafluorure de soufre (SF6) inscrits à
l'annexe 1, du protocole de KYOTO [CCNUCC, 1998]. La figure 4
montre l'évolution de la concentration des gaz à effet de serre
supplémentaire par rapport à la référence des
années 1750. Il est mesuré en ppm (parties par million)
équivalent CO2. Les concentrations des gaz à effet de
serre ont augmenté de 170 ppm en 2000 par rapport en 1750 [BA,
2005].
Figure 4:
Evolution des concentrations des gaz à effet de serre
par rapport à 1750
Source : [IPCC, 2001a]
Tableau I:
Concentrations atmosphériques en volume, durée de séjour
et potentiel de réchauffement global (PRG) des principaux gaz à
effet de serre
gaz à effet de serre
|
Formule
|
concentration préindustrielle
|
concentration actuelle
|
durée de séjour (ans)
|
PRG à 100 ans
|
vapeur d'eau
|
H2O
|
3%o
|
3%o
|
< 1
|
s.o.
|
dioxyde de carbone
|
CO2
|
278 ppm
|
383 ppm
|
200 (variable)
|
1
|
Méthane
|
CH4
|
0,7 ppm
|
1,7 ppm1(*)
|
12 #177; 3
|
23
|
Protoxyde d'azote
|
N2O
|
0,275 ppm
|
0,311 ppm
|
120
|
310
|
Dichlorodifluorométhane (CFC-12)
|
CCl2F2
|
0
|
0,503 ppb
|
102
|
6 200 - 7 100
|
Chlorodifluorométhane (HCFC-22)
|
CHClF2
|
0
|
0,105 ppb2(*)
|
12,1
|
1 300 - 1 400
|
tétrafluorure de carbone
|
CF4
|
0
|
0,070 ppb
|
50 000
|
6 500
|
hexafluorure de soufre
|
SF6
|
0
|
0,032 ppb
|
3 200
|
23 900
|
Source: [WRI, 2005; PRG: IPCC, 2001a;
CO2: NOAA, 2006]
Le tableau 1 montre les concentrations atmosphériques
en volume, durée de séjour et le potentiel de
réchauffement global (PRG) des principaux gaz à effet de serre.
Le Potentiel de réchauffement global (PRG) mesure combien une masse
donnée d'un gaz à effet de serre est estimé pouvoir
contribuer au réchauffement global. C'est une échelle relative
comparant le gaz en question à une masse identique de dioxyde de carbone
(lequel possède, par définition, un PRG de 1). Un PRG est
calculé en fonction d'un intervalle de temps précis et il est
important de mentionner la longueur de cet intervalle lorsque le PRG est
cité, sans quoi sa valeur est dénuée de sens.
Le PRG est défini, selon le GIEC
(1990), comme étant le rapport entre, d'une part, le
forçage radiatif intégré en fonction du temps d'une
émission instantanée de 1 kg du gaz étudié (x), et
d'autre part, celui d'un 1 kg du gaz de référence :
Dans cette formule :
· TH est l'horizon temporel au cours duquel le calcul est
considéré ;
· est l'efficacité radiative, causée par
l'augmentation d'une unité du gaz dans l'atmosphère (en W
m-2 kg-1) ;
· est la dégradation en fonction du temps du gaz en question
suite à son émission instantanée à t=0.
· Le dénominateur contient les valeurs
correspondantes pour le gaz de référence (r), en l'occurrence
ici, le CO2.
· L'efficacité radiative pour un gaz donné,
ou, n'est pas nécessairement constante dans le temps.
1.4.2. Rayonnement du
corps noir
Tout corps chauffé émet un rayonnement. Celui-ci
peut être visible, comme lorsqu'un morceau de fer est chauffé
à blanc, ou invisible, comme dans le cas de notre propre corps qui est
à une température de 37°C. Certaines caméras
permettent de voir "dans le noir" les individus car elles sont sensibles
à la lumière infra-rouge (dont la longueur d'onde est comprise
entre 0.8 um et 1 um) ; cette lumière correspond
précisément au rayonnement émis par des corps
chauffés à des températures allant de quelques
degrés à quelques dizaines de degrés. La Terre,
chauffée par le Soleil, émet précisément un
rayonnement infra-rouge, qui permet renvoyer vers l'espace une partie de
l'énergie reçue du Soleil.
1.4.3. Mécanisme de
l'effet de serre
Les éléments les plus abondants de notre
atmosphère, oxygène et azote (99% des gaz atmosphériques
à eux deux), sont transparents au rayonnement infra-rouge émis
par la Terre. En revanche, d'autres gaz atmosphériques, moins abondants,
l'absorbent et le réémettent dans toutes les directions, y
compris vers la surface terrestre ; ceci contribue à
« piéger » de l'énergie dans
l'atmosphère (figure 5).
Figure 5:
Mécanisme de l'effet de serre
Source : [ROHDE, 2006a]
Lorsque le rayonnement solaire atteint l'atmosphère
terrestre, une partie (environ 28,3 %) est directement
réfléchie (renvoyée vers l'espace), par l'air, les nuages
blancs et la surface claire de la Terre (en particulier les régions
blanches et glacées comme l'Arctique et l'Antarctique). Les rayons
incidents qui n'ont pas été réfléchis vers l'espace
sont absorbés par l'atmosphère (20,7 %) et/ou la surface
terrestre (51 %).
Cette dernière partie du rayonnement absorbée
par la surface du sol lui apporte de la chaleur (énergie), qu'elle
restitue à son tour, le jour comme la nuit, en direction de
l'atmosphère sous forme de rayons infrarouges. C'est le
« rayonnement du corps noir ». Ce rayonnement est alors
absorbé en partie par les gaz à effet de serre, ce qui
réchauffe l'atmosphère. Puis dans un troisième temps,
cette chaleur est réémise dans toutes les directions, notamment
vers la Terre. C'est ce rayonnement qui retourne vers la Terre qui constitue
l'effet de serre, il est à l'origine d'un apport supplémentaire
de chaleur à la surface terrestre. Sans ce phénomène, la
température moyenne sur Terre chuterait d'abord à
-18 °C. Puis, la glace s'étendant sur le globe,
l'albédo terrestre augmenterait et la température se
stabiliserait vraisemblablement à -100°C.
En moyenne, l'énergie venue de l'espace et reçue
par la Terre, et l'énergie de la Terre émise vers l'espace sont
quasiment égales. Si ce n'était pas le cas, la température
de surface de la Terre augmenterait sans cesse ou diminuerait sans cesse. En
effet, si les échanges moyens d'énergie avec l'espace ne sont pas
équilibrés, il y aura un stockage ou un déstockage
d'énergie par la Terre. Ce déséquilibre provoque alors un
changement de température de l'atmosphère. Le forçage
radiatif dû aux augmentations des gaz à effet de serre entre 1750
et 2000 est estimé, avec un bon niveau de confiance, à environ
2,5 W/m2 : 1,5 W/m2 dû au CO2 ; 0,5
W/m2 dû au CH4 ; 0,3 W/m2 dû aux
gaz halocarbonés ; et 0,2 W/m2 dû au N2O.
Les autres effets sont nettement moins bien connus.
La figure 6 illustre le forçage radiatif des
différents gaz à effet de serre. Les rectangles
représentent les valeurs les plus probables, les tirets la zone
d'incertitude. Si le forçage radiatif de l'effet de serre est bien
connu, le rôle des aérosols et de l'ozone troposphérique
reste mal apprécié.
Figure 6:
Forçage radiatif en 2000 par rapport en 1750
Source : [IPCC, 2001a]
Toute modification du bilan radiatif de la Terre, notamment
par suite de l'augmentation des gaz à effet de serre ou des
aérosols, influera sur le cycle hydrologique et les circulations
atmosphériques et océaniques à l'échelle du globe.
Cela ne manquera pas d'avoir des répercussions sur les conditions
météorologiques ainsi que sur les régimes régionaux
de la température et des précipitations [IPCC,
2001a].
En résumé, les changements climatiques actuels
sont des variations du climat dues à la modification de la composition
atmosphérique mondiale à l'origine de l'amplification du
phénomène de l'effet de serre. Certains facteurs physiques
(insolation, albédo, paramètres de Milankoviæ,
phénomène el Niño) passés en revue, jouent un
rôle naturel dans la fluctuation des températures terrestres, mais
le rôle des gaz à effet de serre dont le gaz carbonique
atmosphérique est le plus important. Ainsi nous a-t-il paru
intéressant de faire une synthèse générale des
conséquences des changements climatiques sur l'environnement, que nous
nous proposons de développer dans le second chapitre.
CHAPITRE II. CONSEQUENCES
DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR L'ENVIRONNEMENT, VULNERABILITE ET
ADAPTATION
Les changements climatiques anthropiques sont récemment
devenus un fait bien établi et leur impact sur l'environnement est
d'ores et déjà observable [STEINFELD et al.,
2006]. Selon différents scénarios d'émission, la
température moyenne mondiale devrait augmenter d'environ 0,2°C par
décennie au cours des deux prochaines décennies [IPCC,
2001a]. Les études antérieures prévoyaient un
réchauffement de 0,15 à 0,3°C par décennie entre 1990
et 2005 [IPCC, 1990].
Même si les concentrations de tous les gaz à
effet de serre et aérosols étaient restées à leurs
niveaux de l'an 2000, un réchauffement supplémentaire d'environ
0,1°C par décennie serait à prévoir, en raison
principalement de la période nécessaire aux océans pour
libérer la chaleur qu'ils ont accumulée. Si les émissions
de gaz à effet de serre devaient se poursuivre à leur rythme
actuel ou augmenter, elles aggraveraient le phénomène de
réchauffement et engendreraient au cours du XXIème
siècle de nombreux autres changements dans le système climatique
de la planète, changements qui seraient très probablement plus
importants que ceux observés au cours du XXème
siècle. De plus, le réchauffement tend à réduire la
capacité d'absorption de CO2 atmosphérique par les
terres et les océans, et donc à augmenter la quantité
d'émissions d'origine humaine demeurant dans l'atmosphère
[IPCC, 2001b].
En effet, les estimations les plus fiables de
réchauffement de l'air à la surface de la Terre entre 1980 et
2090 prévoient une variation de température allant de 1.8°C
(probablement entre 1.1°C et 2.9°C) à 4.0°C (probablement
entre 2.4°C et 6.4°C). Les incertitudes proviennent des
différences de modèles et de scénarios de consommation
d'énergie utilisés [IPCC, 2007].
Après avoir défini les notions de la
sensibilité, de la capacité d'adaptation et de la
vulnérabilité, nous allons monter les conséquences des
changements climatiques par zone géographique en s'attardant sur les
points les plus sensibles.
2.1. NOTION DE
SENSIBILITÉ, DE CAPACITÉ D'ADAPTATION ET DE
VULNÉRABILITÉ
· Sensibilité :
C'est la proportion dans laquelle un système est
influencé, favorablement ou défavorablement, par des stimuli
liés au climat. Ces stimuli englobent tous les
éléments liés aux changements climatiques, dont les
caractéristiques climatiques moyennes, la variabilité du climat,
la fréquence et l'ampleur des extrêmes. Les effets peuvent
être directs (par exemple une modification des rendements agricoles due
à un changement de la valeur moyenne, de l'amplitude ou de la
variabilité de la température) ou indirects (par exemple des
dommages causés par la fréquence accrue des inondations de zones
côtières dues à l'élévation du niveau de la
mer).
· Capacité d'adaptation
C'est la capacité d'un système de s'adapter aux
changements climatiques (notamment à la variabilité du climat et
aux phénomènes extrêmes), de façon à
atténuer les dommages potentiels, à tirer parti des
possibilités offertes et à faire face aux conséquences.
· Vulnérabilité :
Elle peut être définie comme étant le
potentiel de perte associé aux populations humaines et à ce
qu'elles considèrent comme précieux [MITCHELL,
2001]. Dans le contexte de phénomènes naturels
dangereux, la vulnérabilité inclut les notions
corrélées d'exposition, de résistance et de
résilience. En d'autres termes, la vulnérabilité se
définit comme la capacité à la fois de subir un
phénomène dangereux, d'en réduire les effets et de se
remettre des pertes subies. Les populations associant une forte exposition au
risque, un faible niveau de résistance et une faible résilience
sont les plus vulnérables face aux phénomènes dangereux.
Selon le GIEC, (2001b) la
vulnérabilité est la mesure dans laquelle un système est
sensible - ou incapable de faire face - aux effets défavorables des
changements climatiques, y compris la variabilité du climat et les
phénomènes extrêmes. La vulnérabilité est
fonction de la nature, de l'ampleur et du rythme de la variation du climat
à laquelle le système considéré est exposé,
de la sensibilité de ce système et de sa capacité
d'adaptation.
2.2. CONSÉQUENCES
DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES PAR ZONE GÉOGRAPHIQUE
2.2.1. Asie
Les changements climatiques imposeront un stress important sur
les ressources dans toute la région. L'Asie compte plus de 60% de la
population mondiale; ses ressources naturelles subissent déjà de
fortes contraintes et la résistance aux changements climatiques dans la
plupart des secteurs est faible. De nombreux pays dépendent d'un point
de vue socio-économique de ressources comme l'eau, les forêts, les
prairies, les pâturages et la pêche. L'ampleur des modifications
des variables climatiques pourrait varier de façon importante d'une sous
région et d'un pays à l'autre. La sensibilité aux
changements climatiques de quelques secteurs vulnérables et les effets
de ces limites sont présentés dans le tableau II.
L'insécurité alimentaire semble être la
principale préoccupation de l'Asie. Les récoltes et l'aquaculture
seraient menacées par les stress thermiques et hydriques,
l'élévation du niveau de la mer, l'augmentation des inondations
et les vents forts associés aux cyclones tropicaux intenses.
En général, on prévoit que les zones
situées sous des latitudes moyennes et élevées
connaîtront une augmentation de la production agricole; les
récoltes dans les latitudes basses diminueront dans l'ensemble. La
durée plus longue de la saison estivale devrait entraîner un
déplacement vers le nord des limites de l'agro-écosystème
en Asie boréale et favoriser une augmentation générale de
la productivité agricole.
Tableau II:
Sensibilité de certaines régions asiatiques aux changements
climatiques.
Changements dans
les éléments climatiques
et élévation
du niveau de la mer
|
Région
vulnérable
|
Principaux
changements
|
Impacts
|
Primaires
|
Secondaires
|
0,5-2°C
(élévation du niveau de la mer 10-45 cm)
|
Sundarbans du
Bangladesh
|
- inondations, environ 15 % (~ 750 km2)
- augmentation de la salinité des sols
|
perte d'espèces
végétales
- perte d'espèces
fauniques
|
-perte économique
- accentuation de
l'insécurité et des
pertes d'emplois
|
4°C
(pluviosité + 10 %)
|
Pergélisols sibériens
|
- réduction du
pergélisol continu
-déplacement de la limite sud du
pergélisol sibérien
d'environ 100 à
200 km vers le nord
|
- modification de la
solidité des roches
- changement de
capacité de support
- changement de
compressibilité des
roches gelées
-érosion thermique
|
- effets sur le secteur
de la construction
- effets sur le secteur
minier
-effets sur le développement
agricole
|
>3°C
(pluviosité > + 20 %)
|
Ressources en eau du
Kazakhstan
|
- modification de
l'écoulement
|
-augmentation des
inondations
hivernales
-baisse des débits
estivaux
|
- risques pour la
vie et les biens
- stress hydrique
estival
|
~2°C
(pluviosité -5 à 10 %;
élévation du niveau de
la mer 45 cm)
|
Basses terres du
Bangladesh
|
- augmentation
d'environ 23-29 %
de l'étendue
des inondations
|
- modification de
catégorie de
profondeur des
inondations
- modification de
configuration des
récoltes de riz pendant
la mousson
|
- risque pour la
vie et les biens
- augmentation
des problèmes
sanitaires
- réduction des
récoltes de riz
|
Source : [IPCC, 2001b]
La variabilité et les changements climatiques
affecteront le calendrier des récoltes ainsi que la durée de la
période de croissance des cultures [GIEC, 1998]. En
Chine, le rendement de certaines cultures importantes devrait baisser en raison
des changements climatiques. De grandes pénuries d'eau, associées
au stress thermique, auront des effets néfastes sur le blé, et
encore plus sur la productivité du riz en Inde, malgré
l'incidence positive de l'augmentation du CO2. Les maladies des
cultures comme la gale du blé, la piriculariose et la rouille du riz,
pourraient être plus répandues dans les régions
tempérées et tropicales de l'Asie si le climat devenait plus
chaud et plus humide.
2.2.1.1. Mesures
d'adaptation
Les mesures d'adaptation qui visent à réduire
les effets néfastes de la variabilité climatique pourraient
inclure le changement du calendrier des récoltes afin de profiter de la
période des pluies et d'éviter les phénomènes
météorologiques extrêmes (typhons, vents forts, etc.)
pendant la saison de croissance [IPCC, 2001b].
L'Asie domine l'aquaculture mondiale et produit 80% de tous
les poissons, crevettes, crustacés et coquillages d'élevage. De
nombreux stocks sauvages subissent du stress en raison de la surexploitation,
de la pêche au chalut dans les habitats des fonds marins, du
développement du littoral et de la pollution causée par les
activités terrestres. De plus, la productivité marine est
très affectée par les déplacements du plancton, comme les
mouvements saisonniers des sardines dans la Mer du Japon, en réaction
aux changements climatiques causés pendant les épisodes ENSO.
Les ondes de tempêtes et les conditions cycloniques
frappent régulièrement le littoral et ajoutent des
sédiments aux eaux côtières. La conservation et la gestion
durable de la pêche intérieure et en mer sont nécessaires
à l'échelle régionale afin que les ressources aquatiques
vivantes puissent continuer à satisfaire leurs besoins nutritionnels aux
niveaux régional et national. Les changements climatiques pourraient
accentuer les menaces que font actuellement peser sur la diversité
biologique la modification de l'affectation et de la couverture des terres
ainsi que la pression démographique. Les risques touchant la grande
diversité d'espèces en Asie s'accentuent [NAKICENOVIC et
al., 2000].
2.2.2. Australie et
Nouvelle Zélande
La région Australie/Nouvelle-Zélande couvre les
tropiques jusqu'aux latitudes moyennes et possède des climats et des
écosystèmes variés, à savoir des déserts,
des forêts pluviales, des récifs coralliens et des zones alpines.
Le climat est vivement influencé par les océans environnants.
L'Australie sera très vulnérable à l'assèchement
prévu pour la plus grande partie du pays dans les 50- 100 prochaines
années parce que de grandes zones agricoles sont actuellement fortement
affectées par des sécheresses périodiques. Il existe
déjà des terres arides et semi-arides étendues.
La Nouvelle-Zélande, qui est un pays plus montagneux et
dont le climat est généralement plus tempéré et
maritime, pourrait mieux résister aux changements climatiques que
l'Australie, bien qu'une vulnérabilité considérable
demeure.
Les phénomènes extrêmes ont actuellement
une incidence majeure; les changements touchant ces phénomènes
devraient dominer les effets des changements climatiques. Les périodes
de retour des pluies abondantes, des inondations et des ondes de tempête,
d'une ampleur donnée et dans des sites particuliers, seraient
modifiées par des augmentations possibles de l'intensité des
cyclones tropicaux et des pluies abondantes ainsi que des changements de
fréquence des cyclones liés à des lieux
spécifiques. Les scénarios des changements climatiques qui sont
basés sur des modèles couplés océan -
atmosphère récents indiquent que de grandes régions
d'Australie connaîtront une diminution importante des
précipitations au cours du XXIème siècle. Le
phénomène ENSO entraîne des inondations et des
sécheresses prolongées, particulièrement à
l'intérieur de l'Australie et dans certaines parties de la
Nouvelle-Zélande. La région serait sensible à une
évolution vers un état moyen ressemblant davantage à El
Niño [GIEC, 1998].
Les changements climatiques s'ajouteront aux stress actuels
touchant l'utilisation durable des terres et la conservation de la
diversité biologique terrestre et aquatique. Ces stress comprennent
l'invasion d'espèces exotiques animales et végétales, la
dégradation et le morcellement des écosystèmes naturels
par le développement urbain et agricole, la salinisation des terres
arides (Australie), la suppression de la couverture forestière
(Australie et Nouvelle-Zélande) et la concurrence pour les rares
ressources en eau [GIEC, 1998].
2.2.2.1. Mesures
d'adaptation
Les principales options d'adaptation comprennent
notamment :
· l'amélioration de l'efficacité de
l'utilisation de l'eau et de bons mécanismes d'échange pour
l'eau;
· des politiques d'utilisation des terres plus
appropriées;
· la fourniture de prévisions saisonnières
et d'informations climatiques aux utilisateurs des terres pour les aider
à gérer la variabilité et les changements climatiques;
· de meilleurs cultivars;
· la révision des normes techniques et du zonage
pour le développement de l'infrastructure;
· et enfin l'amélioration des services de
santé et de sécurité biologique [IPCC,
2001b].
2.2.3. En
Europe
Les conditions météorologiques actuelles
affectent les systèmes naturels, sociaux et économiques
européens sous des aspects qui révèlent des
sensibilités et des vulnérabilités aux changements
climatiques.
Les changements climatiques pourraient aggraver ces effets. La
vulnérabilité aux changements climatiques en Europe
diffère de façon importante d'une sous-région à
l'autre. L'Europe méridionale et l'Europe arctique sont plus
vulnérables que d'autres parties de l'Europe. Certaines zones plus
marginales ou moins riches s'adapteront moins facilement, ce qui entraîne
des conséquences importantes sur le plan de l'équité
[IPCC, 2001b].
Les écosystèmes naturels changeront en raison
des hausses de températures et de concentrations atmosphériques
de CO2. Le pergélisol diminuera, les arbres et les arbustes
envahiront la toundra du nord; et les feuillus pourraient gagner du terrain
dans les zones de conifères actuelles. La productivité primaire
nette des écosystèmes va sans doute augmenter (en raison du
dépôt d'azote), mais la hausse de la décomposition
provoquée par les élévations de températures
pourrait empêcher tout stockage supplémentaire de carbone. La
diversité des réserves naturelles est menacée par les
changements rapides. Les pertes d'habitats importants (terres humides, Toundra
et habitats isolés) pourraient mettre en péril certaines
espèces (y compris des espèces rares/endémiques et des
oiseaux migrateurs). Des déplacements d'animaux dus à la
modification du milieu naturel sont prévus dans les
écosystèmes marins, aquatiques et terrestres. Les rendements
agricoles vont augmenter dans la plupart des cultures en raison de la hausse
des concentrations de CO2 dans l'atmosphère. Les changements
climatiques affectant la productivité aquicole et le secteur de la
pêche entraîneront des déplacements fauniques touchant les
poissons marins et d'eau douce et la diversité biologique des
crustacés et coquillages. Ces changements seront aggravés par des
niveaux d'exploitation non durables et par des modifications de l'environnement
[GIEC, 1998].
Un ensemble de risques menacent la santé humaine
à cause de l'exposition accrue aux vagues de chaleur (accentuées
par la pollution atmosphérique dans les villes), à certaines
maladies à transmission vectorielle et aux inondations
côtières ou fluviales [IPCC, 2001b].
2.2.3.1. Mesures
d'adaptation
Le potentiel d'adaptation des systèmes
socio-économiques en Europe est relativement élevé
grâce à la situation économique [PNB élevé et
croissance stable], à la stabilité de la population (qui à
la capacité de se déplacer à l'intérieur d'une
même région) et aux systèmes de soutien politiques,
institutionnels et technologiques bien développés. Il est
toutefois généralement bas dans le cas des systèmes
naturels [IPCC, 2001b].
2.2.4. Amérique du
Sud
La variabilité climatique a été amplement
observée partout en Amérique latine à une échelle
de temps très étendue (intrasaisonnière à long
terme). Dans de nombreuses sous-régions, cette variabilité est
habituellement associée à des phénomènes qui
produisent déjà des effets avec d'importantes conséquences
socioéconomiques et environnementales qui pourraient être
accentuées par le réchauffement mondial et les changements
climatiques et météorologiques associés. Les variations de
précipitations ont un effet important sur l'écoulement et les
débits fluviaux, qui sont affectés simultanément par la
fonte des glaciers et de la neige. Ces variations et leurs manifestations
dépendent de la sous-région géographique examinée.
En Amérique latine, les températures varient aussi d'une
sous-région à l'autre.
Bien que celles-ci peuvent dépendre de l'origine et de
la qualité des données ainsi que des périodes de
relevés utilisées pour les études et les analyses,
certaines pourraient être attribuées à une condition de
changement climatique.
Le phénomène ENSO est responsable d'une grande
partie de la variabilité climatique aux échelles interannuelles
en Amérique latine. La région est vulnérable à El
Niño, avec des effets qui varient dans tout le continent. Par exemple,
El Niño est associé aux conditions sèches qui
sévissent dans le nord-est du Brésil, le nord de l'Amazonie,
l'Altiplano péruvien et bolivien et la côte pacifique de
l'Amérique centrale. Au Mexique, les sécheresses les plus graves
des dernières décennies ont eu lieu pendant les années El
Niño, tandis que le sud du Brésil et le nord-ouest du
Pérou ont connu des conditions anormalement humides. El Niño est
associée à de fortes précipitations et à des
inondations en Colombie, mais aussi à la sécheresse dans le sud
du Brésil. Si les phénomènes El Niño devaient
s'intensifier, l'Amérique latine serait exposée plus souvent
à ces conditions [GIEC, 1998].
Il est bien établi que l'Amérique latine
représente l'une des plus importantes concentrations de diversité
biologique du globe et que l'incidence des changements climatiques va sans
doute augmenter le risque de réduction de cette diversité
biologique. La diminution du nombre de grenouilles et de petits
mammifères en Amérique centrale peut être associée
à des changements climatiques régionaux. Ce qui reste de la
forêt amazonienne est menacé par la combinaison de perturbations
d'origine humaine, l'augmentation de la fréquence et de l'ampleur des
incendies, et les baisses de précipitations dues à des pertes par
évapotranspiration, au réchauffement du globe et à El
Niño. En Méso-Amérique, les forêts néo
tropicales à sécheresse saisonnière devraient être
considérées comme très menacées [IPCC,
2001b].
2.2.5. Amérique du
Nord
L'Amérique du Nord sera soumise à des effets
climatiques à la fois bénéfiques et néfastes. Les
répercussions variées sur les écosystèmes et les
établissements humains accentueront les différences
sous-régionales au niveau de la production de ressources sensibles au
climat ainsi que de la vulnérabilité aux événements
extrême.
On observera des opportunités et des défis
à l'adaptation, comportant fréquemment de multiples stress.
Certaines stratégies d'adaptation novatrices sont mises à
l'épreuve en réaction aux défis actuels liés au
climat (banques de l'eau, par exemple), mais on a peu étudié
comment ces stratégies pourraient être mises en oeuvre alors que
les climats régionaux continuent à se modifier. La modification
des régimes de températures, de précipitations, de
vecteurs de maladies et de disponibilité des ressources en eau
nécessitera des mesures d'adaptation, notamment des investissements dans
l'infrastructure de protection contre les tempêtes et d'approvisionnement
en eau, ainsi que dans les services de santé communautaires.
Les changements climatiques et l'élévation du
niveau de la mer affecteront les modifications de composition des
espèces et la concurrence. On estime qu'une plante menacée sur
trois est une plante endémique insulaire tandis que 23% des
espèces d'oiseaux vivant dans les îles sont menacées
[IPCC, 2001b].
2.2.6. Afrique
L'Afrique est très vulnérable aux changements
climatiques [GIEC, 1998]. Cette vulnérabilité
n'est pas due seulement aux changements climatiques. C'est une combinaison des
facteurs socio-économiques et d'autres facteurs environnementaux qui
interagissent avec les changements climatiques [NKOMO et al.,
2006]. Le continent abrite en 2002 quelque 832 millions d'habitants,
contre un peu plus de 812 millions un an auparavant. Soit une augmentation de
près de 20 millions de personnes qui équivaut au taux
d'accroissement le plus élevé de la planète : 2,3 %,
contre 1,3 % pour l'Asie et 1,4 % pour l'Amérique Latine [FNUAP,
2002]. Elle abrite également plus de 214 millions de bovins,
438 millions d'ovins et de caprins, 16 millions de porcs, 1 milliards de
volailles [DORINA, 2002], et une très grande
biodiversité avec de nombreux animaux sauvages. Ce qui fait que
l'Afrique reste préoccuper par l'incidence liée aux ressources en
eau, à la production alimentaire, à la santé humaine,
à la désertification et aux zones côtières,
particulièrement en rapport avec les évènements
extrêmes tels que les inondations, la sécheresse,... . Une
synergie entre les changements de l'utilisation des terres et
l'évolution du climat accentuera la désertification
[GIEC, 1998].
Cependant, les ressources en eau présentent une grande
vulnérabilité qui touche l'approvisionnement pour les besoins de
l'agriculture et de l'élevage. En Afrique de l'Ouest subsaharienne, il y
a eu des réductions de débits fluviaux dans les deux
dernières décennies. On observe aussi la dégradation de la
qualité de l'eau. Ceux-ci représentent des menaces importantes
pour la sécurité des ressources hydriques dans de nombreuses
parties du continent. Le réchauffement climatique de la planète
devrait probablement accentuer les pénuries dans les régions
subhumides [IPCC, 2001b].
Perte complète ou déplacement du biome des
Succulentes du Karoo prévue en vertu des changements climatiques et
nombreuses pertes d'espèces dans d'autres biomes
L'intensité des événements extrêmes a
augmenté de façon significative au-dessus de l'Afrique du Sud;
les modifications du biome favoriseront l'horticulture au détriment des
plantations forestières; les zones à risque de paludisme
devraient s'étendre vers le Sud
Les inondations de 1999 ont sévèrement
touché la population et l'infrastructure côtières, avec
notamment des incidences à long terme sur l'économie et le
développement; l'adaptation et le rétablissement sont
coûteux et bien trop chers pour les pays africains
Les effets à long terme de la sécheresse sur les
économies nationales dans la région
SADC
La pêche marine côtière sera sans doute
affectée par les changements de courant du Bangwuela
Les expériences de modélisation climatique
régionale indiquent que la déforestation en Afrique centrale aura
des effets sur le climat du Sud éloigné
(téléconnexion)
Proportion élevée de population concentrée
dans les zones côtières de l'Afrique australe, notamment dans les
villes de Lagos et de Banjul, par conséquent particulièrement
vulnérable à l'élévation du niveau de la mer
La variabilité de la pluviosité est modulée
par la dynamique de la végétation, les propriétés
de la surface dans le Sahel; preuves empiriques relatives aux changements chez
les espèces
L'oscillation nord-atlantique est un facteur clé de la
vulnérabilité climatique internationale : elle a notamment des
incidences sur l'industrie de la pêche
Egypte/Le Caire/Le Nil : zones côtières
menacées par l'élévation du niveau de la mer; le bassin
fluvial du Nil est sensible au climat, conséquences régionales
possibles
La Corne de l'Afrique est très affectée par les
sécheresses répétitives
L'agriculture commerciale importante est adaptée aux
pluies bimodales; des modifications de la configuration des pluies auront des
conséquences d'une portée considérable
La région des Grands lacs et des réservoirs en
Afrique de l'Est réagit à la variabilité climatique par
des changements de stockage prononcés
D'autre part, la zone équatoriale et les régions
côtières de l'est et du sud sont humides. Le reste du territoire
est semi-aride ou aride. L'effet du réchauffement de la planète
consistera en une réduction de l'humidité du sol dans les zones
subhumides et en une diminution de l'écoulement. La figure 7 montre
l'impact des changements climatiques en Afrique et par zone
géographique.
Figure 7:
Sélection des effets clés en Afrique
Source : [IPCC, 2001b]
La sécurité alimentaire sera menacée
surtout avec l'augmentation des phénomènes extrêmes et des
décalages spatio-temporels. La baisse de l'humidité dans le sol
et la déforestation constitueront une pression supplémentaire qui
risque de provoquer une forte baisse de production des céréales
et des fourrages entraînant un manque d'aliments pour le bétail.
La pêche dans les eaux intérieures et en mer procure une part
importante des protéines consommées dans de nombreux pays. En
raison du stress hydrique et de la dégradation des terres, la
pêche intérieure sera plus sensible aux sécheresses
épisodiques et à la destruction de l'habitat [ZINYOWERA,
2001].
Les réductions irréversibles de la
diversité biologique pourraient être
accélérées par les changements climatiques. On s'attend
à ce que les changements climatiques entraînent des
déplacements importants de biomes riches en diversité biologique,
et de nombreuses pertes d'espèces dans d'autres biomes. Les changements
dans la fréquence, l'intensité et l'ampleur des incendies du
couvert végétal et les modifications d'habitat imputables aux
changements d'affectation des terres pourraient enrayer les processus naturels
d'adaptation et provoquer des extinctions.
L'augmentation des précipitations pourrait provoquer de
plus fréquentes apparitions de la fièvre de la vallée du
Rift [ZINYOWERA, 2001] et de plusieurs maladies à
transmission vectorielle (Trypanosomose, Peste equine,...).
Les modifications des configurations spatio-temporelles des
températures, des précipitations, des rayonnements solaires et
des vents attribuables à l'évolution du climat accentueront la
désertification. Cette dernière représente une grande
menace pour la gestion durable des ressources dans les régions arides,
semi-arides et subhumides sèches de l'Afrique, et met en péril la
sécurité alimentaire et des approvisionnements en eau.
Pour certains auteurs, au cours des dernières
années, l'attention du public a été attirée sur la
possibilité que les futures guerres soient disputées pour les
ressources naturelles de plus en plus rares [KLARE, 2001 ; RENNER,
2002]. Le Pentagone dans son rapport [SCHWARTZ et RANDALL,
2003] suggère que le réchauffement climatique pourrait
s'avérer comme un plus grand risque pour le monde comme le terrorisme et
pourrait conduire à des sécheresses catastrophiques, des famines
et des émeutes.
En Afrique, le potentiel des crises politiques et de la
pression de migration sera intensifié comme le résultat des
interactions entre l'augmentation de la sécheresse et de la
raréfaction de l'eau, la forte croissance des populations, une chute des
potentiels de l'agriculture et enfin une faible capacité politique de
résistance à ces problèmes.
Dans la zone sahélienne, les changements climatiques
vont augmenter le stress environnemental et les conflits sociaux (augmentation
de la sécheresse et de la raréfaction des ressources en eau),
dans les régions déjà instables comme la Somalie et le
Tchad ou en guerre civile comme le Soudan et le Niger.
En Afrique australe, les changements climatiques pourraient en
outre affaiblir le potentiel économique de cette région qui
abrite des pays déjà les plus pauvres du monde. Dans la plupart
des cas, ils pourront aussi aggraver les conditions de sécurité
humaine.
Cette évaluation de la vulnérabilité aux
changements climatiques est marquée par des incertitudes. La
diversité des climats africains, l'importante variabilité des
précipitations et le réseau d'observation très
dispersé rendent les prévisions des futurs changements
climatiques difficiles aux niveaux sous-régional et local. L'exposition
et la vulnérabilité aux changements climatiques sont bien
établies. La sensibilité aux variations climatiques est aussi
établie mais incomplète. Toutefois, l'incertitude touchant les
conditions futures signifie qu'il y a un très faible niveau de confiance
dans les coûts prévus des changements climatiques. Cette
évaluation peut créer un cadre permettant aux Etats de commencer
à concevoir des méthodes d'estimation de ces coûts, en
fonction de leur situation propre [ZINYOWERA, 2001 ; HULME et
al., 2001 ; NKOMO et al., 2006].
2.2.6.1. Sécheresse
et pastoralisme au Sahel
Entre le début des années 1970 et le milieu des
années 1990, le Sahel africain a connu l'un des plus dramatiques
changements climatiques observés partout dans le monde au
XXème siècle, avec la baisse des précipitations
en moyenne par plus de 20% [HULME et al., 2001].
Cette période de dessèchement du climat a été
associé à un certain nombre de très graves
sécheresses, au cours de laquelle des centaines de milliers de personnes
et des millions d'animaux sont morts [GLANTZ, 1976, 1996].
Depuis le début des années 1970, il y a eu un
long débat sur les causes de la dessiccation du Sahel. Les
théories de CHARNEY stipulent que la dégradation
des terres et la désertification sont causées par l'utilisation
inadéquate des sols [CHARNEY et al., 1975,
1977]. Cependant, alors que l'érosion des sols et la
surexploitation des ressources sont, sans aucun doute, des problèmes
dans certains domaines, les éléments de preuve pour l'origine
anthropogénique de la dégradation des sols conduisant à la
sécheresse dans toute la région du Sahel sont absents. Il est
maintenant bien établi que, plutôt que d'être une
conséquence de l'abus de la terre par les humains et les animaux, de la
fin du XXème siècle ; la dessiccation
sahélienne est le résultat de la variabilité du climat
tirée par l'évolution de la température de surface
mondiale.
Au cours du dernier glaciaire, quand
l'Hémisphère nord était nettement plus froid que
l'hémisphère Sud en raison de l'énorme croissance de
l'Inlandsis, le désert du Sahara était beaucoup plus vaste et
plus aride qu'aujourd'hui [TALBOT, 1983].
Après la fin de la dernière ère
glaciaire, le chauffage intense d'été de
l'hémisphère nord (causée par les changements de
l'inclinaison de la Terre sur son axe) a intensifié la mousson
africaine, transformant le Sahara dans un paysage de lacs, de savanes
boisées et ouvertes autour de 10 000 années avant le
présent [SZABO et al., 1995]. Après une
période caractérisée par des conditions
généralement plus sèches, et ponctuée par de graves
crises et des brusques arides, les précipitations de mousson se sont
finalement effondrées dans la plupart des zones autour du Sahara il y a
5 000 ans. Cette transition s'est produite plus tôt dans la partie
orientale du Sahara, et dans certaines régions, les
précipitations hivernales ont persisté dans les régions
des hauts plateaux après l'effondrement de la mousson [BROOKS et
al., 2005 ; BROOKS, 2006].
Photo 4:
Sécheresse au Sahel
Source : [CORREAU, 2007]
Des données sur l'environnement, appuyé par des
études de modélisation informatique mondiale et le climat
régional, donnent à penser que l'effondrement de la mousson
subsaharienne a eu lieu dans un ou deux brusques épisodes liés
à l'évolution rapide des systèmes de
végétation [CLAUSSEN et al., 2003; BROOKS,
2006]. Comme le chauffage fort solaire que dans un premier temps
conduit à l'intensification des moussons après la fin de la
dernière ère glaciaire, il a diminué en raison de nouveaux
changements dans l'inclinaison de la Terre au soleil. Il semble que le
système de la mousson a pu être soutenu par des
rétroactions impliquant le recyclage de l'humidité par la
végétation. La mousson a été
particulièrement sensible aux chocs climatiques, telles que celles
associés au quasi-périodique des épisodes de froid en
provenance de l'océan Atlantique Nord. Ces épisodes sont survenus
tous les uns ou deux mille ans, depuis la fin de la dernière ère
glaciaire, et sont associées à l'aridité dans tout
l'hémisphère nord sub-tropicale [BOND et al., 1997;
BROOKS, 2006]. L'un de ces événements se sont produits
il y a 8 000 ans environ, conduisant à une période
d'aridité dans le Sahara et ailleurs, qui a duré plusieurs
siècles. Avant le système de la mousson
récupérée en raison du chauffage solaire fort de
l'été de l'Afrique du nord qui portait encore à l'heure
actuelle. L'événement du refroidissement de l'Atlantique s'est
produit il y a 6 000 ans environ, et a coïncidé avec une
évolution vers l'aridité dans la ceinture de la mousson de
l'hémisphère nord [BROOKS, 2006].
Aujourd'hui, les systèmes pastoraux africains ont leurs
origines dans la préhistoire du Sahara, où ils ont
émergé comme un moyen de mobiliser des ressources alimentaires
dans un séchage et de plus en plus variable et avec un climat
imprévisible. Les plus anciennes preuves de la domestication du
bétail viennent de l'Est du Sahara où le dessèchement
climatique avance plus rapidement [NICOLL, 2004]. Comme les
conditions plus sèches se sont répandues dans le Sahara central
entre environ 7 000 et 6 000 ans, a permis l'élevage des bovins.
L'augmentation de l'aridité est soupçonnée d'avoir
joué un rôle clé en encourageant l'intégration de la
garde des troupeaux de bovins et de la chasse dans les systèmes
d'alimentation.
Comme les précipitations ont diminué dans le
temps et dans l'espace, les ressources végétales sont devenues
plus variables, et les animaux seraient devenus rares. Le pastoralisme des
bovins permettaient à la population de suivre de plus en plus l'eau
insaisissable et les pâturages, l'augmentation de la flexibilité
grâce à une meilleure capacité à répondre
à une rapide évolution et de plus en plus imprévisible
[MARSHALL et HILDEBRAND, 2002].
En conclusion, il apparaît que les changements
climatiques actuels ne peuvent pas être expliqués seulement par la
variabilité naturelle du climat. Le rôle des activités
humaines a été bien démontré surtout par rapport
à l'augmentation atmosphérique de la concentration des gaz
à effet de serre depuis l'ère industrielle au
XIXème siècle. Leurs conséquences imposeront un
stress important à toute la planète selon la
vulnérabilité et la sensibilité de chaque région.
Les capacités d'adaptation restent toujours incertaines même si,
selon les différents scénarios, certaines régions
s'adapteront mieux que les autres.
A la lumière de ces notions, il nous paraît
important d'aborder dans la seconde partie de ce travail, les interrelations
entre les changements climatiques actuelles et les productions animales, et
nous nous attarderons sur l'impact que constituent les changements climatiques
sur les élevages.
DEUXIEME
PARTIE :
INTERRELATIONS ENTRE
CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES PRODUCTIONS ANIMALES
CHAPITRE I. EMISSIONS DES
GAZ À EFFET DE SERRE ET L'ELEVAGE
L'élevage a un impact substantiel sur les ressources
mondiales en eau, les terres et la biodiversité et contribue
significativement aux changements climatiques. Directement et indirectement,
à travers les pâturages et la production de l'aliment
bétail, le secteur de l'élevage occupe environ 30% de la surface
terrestre non couverte de glaces. Dans de nombreuses situations, le
bétail est une source majeure de pollution d'origine terrestre,
émettant des éléments nutritifs et de matières
organiques, d'agents pathogènes et de résidus de
médicaments dans les rivières, les lacs et les eaux
côtières [STEINFELD et al., 2006].
En effet, les animaux et leurs déchets émettent
des gaz, dont certains contribuent aux changements climatiques. Les changements
d'utilisation des terres causés par la demande importante des
céréales pour l'alimentation du bétail et de
pâturage sont les conséquences du réchauffement global. Le
bétail provoque la dégradation des terres de pâturage et
contribue largement à réduire les habitats naturels. Le
« Livestock Envirnoment And Development »
(LEAD) : Elévage, Environnement et développement [DE
HAAN, et al., 1997] dans sa dernière évaluation
de l'environnement et du développement du bétail a insisté
sur la perspective du secteur de l'élevage et analysé les
interactions entre élevage et environnement.
1.1. SOURCES DE GAZ
À EFFET DE SERRE (GES) DANS LES ÉLEVAGES
La part du secteur de l'élevage dans le processus des
changements climatiques n'est pas encore bien connue. Bien que les productions
animales contribuent aux changements climatiques par l'émission des gaz
à effet de serre dans l'atmosphère. Elles provoquent
également la pollution des nappes phréatiques, la
dégradation des écosystèmes et restent une atteinte contre
la biodiversité.
Les fluctuations et les changements du climat futur, en
particulier l'effet de la chaleur croissante et de gaz à effet de serre,
pourraient en outre conduire à la catastrophe par les inondations et la
sécheresse. Le dioxyde de carbone, le méthane et l'oxyde d'azote
sont les principaux gaz à effet de serre résultants.
Les élevages ont également d'importants moyens
de créer l'effet de serre dans le monde, car ils libèrent aussi
des grandes quantités de gaz, comme le méthane et l'ammoniac
provoquant la pollution de l'air. Par conséquent, il est très
important de surveiller les gaz nocifs de l'élevage des animaux en
production [LOU YUJIE ZHAOLI, 2002].
L'agriculture avec environ 16% des émissions totales,
produit moins de gaz à effet de serre que plusieurs autres secteurs tels
que les secteurs du transport et de l'industrie. L'agriculture ne produit
qu'une fraction insignifiante (<1%) du CO2. En revanche, elle est
responsable de plus de 50 % du N2O et de 30 % du CH4
produits [HOULE, 2002].
L'impact direct de réchauffement climatique est le plus
élevé pour le CO2 tout simplement parce que sa
concentration et les quantités émises sont beaucoup plus
élevées que les autres gaz. La figure 8 montre la
répartition des émissions humaines de gaz à effet de serre
par gaz en 2004 alors que la figure 9 montre l'évolution des
concentrations des GES dans l'atmosphère depuis les années 1000
jusqu'en 2000.
Figure 8:
Répartition des émissions humaines de gaz à
effet de serre par gaz en 2004, en milliards de tonnes équivalent
carbone.
Source : [IPCC, 2007]
Figure 9:
Indicateurs de l'influence de l'Homme sur l'atmosphère
pendant l'ère industrielle
Source : [IPCC, 2001a]
1.2. MÉTHANE
(CH4)
Le méthane est le deuxième plus important gaz
à effet de serre. Une fois émis, le méthane reste dans
l'atmosphère pendant environ 9-15 ans. Le méthane a une
efficacité 23 fois plus grande que celles du CO2 pour
intercepter la radiation infrarouge sur une période de 100 ans. Les
concentrations du méthane de l'atmosphère ont augmenté de
près de 150% depuis l'époque préindustrielle, bien que le
taux d'accroissement a diminué récemment [IPCC,
2001a]. Il est produit par la décomposition biologique de la
matière organique et par la réduction du CO2 sous des
conditions hautement anaérobies, c'est-à-dire l'absence
d'oxygène. Les autres sources sont les sites d'enfouissement, le gaz
naturel et le pétrole, les activités agricoles, les mines de
charbon, la combustion fixe et mobile, le traitement des eaux usées et
de certains procédés industriels. En élevage, on retrouve
ces conditions dans le système digestif des ruminants par les
fermentations entériques et dans les structures d'entreposage des
fumiers (surtout les fosses à lisier), qui sont respectivement
responsables de 55 % et 45 % des émissions agricoles de CH4.
Le GIEC [2001b] a estimé qu'un peu
plus de la moitié du méthane produit est d'origine humaine. La
quantité du méthane produit actuellement est de 320 millions de
Tonnes CH4/an soit environ 240 millions de tonnes de carbone
[VAN AARDENNE et al., 2001], et cette proportion
augmente continuellement à la vitesse de 1% chaque année
[LOU YUJIE ZHAOLI, 2002]. Cette quantité est comparable
au total de sources de gaz naturels [OLIVIER et al.,
2002].
La production de CH4 d'origine fermentaire est le
résultat de la dégradation anaérobie de la biomasse
végétale ingérée, et ce, par les microorganismes
présents dans le tube digestif. Tous les animaux d'élevage
produisent donc du CH4 et du CO2. Cependant, les
ruminants (boeuf, mouton, chèvre) excrètent des quantités
plus importantes de ces gaz que les monogastriques (porc, cheval et volaille)
comme l'illustre le tableau III.
Tableau III: Estimation
de la production annuelle de méthane par différentes
espèces animales.
Espèce
|
Production de méthane
(kg/an)
|
Ruminant
Vache laitière
Bovin en croissance
Mouton et chèvre
Non ruminant
Cheval
Porc
Volaille
|
90
65
8
18
1
< 0,1
|
Source : Sauvant (1993).
La figure 10 illustre les sources agricoles du méthane,
les pourcentages sont issus de l'inventaire canadien des gaz à effet de
serre en 2000 [Houle, 2002].
Figure 10 :
Sources agricoles du méthane
Source : [Houle, 2002]
1.2.1. Digestion des
polygastriques et la production du méthane
Le méthane est un produit ordinaire de la digestion des
ruminants. Le méthane dans le rumen est produit par de nombreux types de
bactéries grâce à la réaction de réduction du
dioxyde de carbone et d'hydrogène. Il a une stabilité chimique et
est émise en dehors de la bouche à travers l'éructation.
Il est très difficile d'être digérée par
l'organisme. En règle générale, 2% ~ 12% de
l'énergie totale assimilés par les ruminants est perdue sous
forme de méthane [LOU YUJIE ZHAOLI, 2002].
Le mécanisme de production du méthane illustre
par la figure 11, montre le rôle des bactéries
méthanogènes et les interventions nécessaires visant
à baisser la formation de ce gaz.
Les micro-organismes
impliqués dans la
digestion du fourrage
Figure 11 :
Formation du méthane au cours de la digestion chez les
ruminants
Source : [JOBLIN, 1999]
1.2.1.1. Facteurs
influençant la production du méthane
La production de méthane est liée au contenu du
rumen et au type de régime alimentaire riche glucides et en AGV (acides
gras volatils). Les aliments du bétail, à l'exception des
concentrés protéiques, contiennent environ 70 à 75 % de
glucides surtout sous forme d'amidon, de cellulose et d'hémicellulose.
Les glucides fournissent donc en moyenne près des 3/4 de
l'énergie alimentaire des animaux de ferme. À ce titre, les
glucides constituent la base des régimes alimentaires destinés
aux animaux domestiques.
Chez les ruminants, la digestion des glucides s'effectue
principalement par l'action des microorganismes anaérobiques du rumen.
Le rumen contient plus de 60 espèces de bactéries à une
concentration totale de 109-1010 bactéries (microflore) par millilitre.
Le fluide ruminal contient beaucoup moins de protozoaires (microfaune), soit
environ 106 protozoaires par millilitre, mais ces derniers étant plus
gros que les bactéries, ils composent environ la moitié de la
masse des microorganismes du rumen.
Les bactériens à méthane y sont en
abondance notamment les bactéries ciliées. Les ciliées
favorisent la production du méthane. Les protozoaires produisent de leur
part une importante quantité de méthane dans le rumen. Le rapport
entre les deux est une symbiose facultative. La fonction coopérative des
bactéries ciliées et des protozoaires contrôle la
production et l'élimination du méthane [LOU YUJIE ZHAOLI,
2002].
En effet, la digestion des glucides alimentaires s'effectue en
deux étapes. Les osides (glucides complexes) sont d'abord
dégradés en oses (glucides simples) puis les oses sont
utilisés (fermentés) par les microorganismes. Les oses
libérés sont rapidement absorbés par les bactéries,
de sorte qu'ils sont rarement détectés dans le rumen. Les oses
sont métabolisés par les bactéries afin de produire de
l'ATP nécessaire à leur métabolisme (entretien, croissance
et division). Le métabolisme des microorganismes étant
anaérobie, le pyruvate ne peut pas emprunter le cycle de Krebs et les
produits terminaux de la digestion sont principalement les acides gras volatils
(l'acétate, le propionate et le butyrate), les gaz (le CO2,
l'hydrogène, et le CH4) et l'eau (Figure 12).
Le pyruvate est un intermédiaire important, mais n'est
généralement pas retrouvé en concentration importante dans
le fluide ruminal. L'acétate constitue en moyenne 65% des acides gras
volatils produits, le propionate près de 20 % et le butyrate environ
10%. Avec un régime riche en concentrés, la proportion
d'acétate diminue tandis que la proportion de propionate augmente
[CHOUINARD, 2002].
Figure 12 :
Produits terminaux de digestion microbienne des glucides chez le
ruminant.
Source : [CHOUINARD, 2002]
Le taux de fermentation des glucides d'origine
végétale est variable, étant donné leur grande
diversité de sucres simples et des liaisons chimiques. Les liaisons
glycosidiques de type â (ex.: cellulose) sont plus stables que celles de
type á (ex. : amidon). Donc, l'hydrolyse enzymatique d'une liaison de
type â représente un coût énergétique plus
élevé que celle de type á. L'amidon serait donc plus
facilement fermentescible que la cellulose. Les glucides solubles peuvent
être fermentés en quelques minutes tandis que les glucides de
structure sont dégradés à un taux qui varie selon la
source et la pureté du substrat. En ordre décroissant de vitesse
de fermentation, les glucides peuvent être classés de la
façon suivante [CHOUINARD, 2002]:
Sucres solubles > Fructosanes > Amidon > Pectines
> Hémicelluloses > Cellulose
L'ensemble des réactions présentées
à la figure 12 montre que la production d'acétate est
reliée à la production de CH4, alors que celle du
propionate est reliée à la production de CO2. Il
existerait également une relation inverse entre la production de
propionate et celle de CH4. Il existe une corrélation
négative entre la production de l'acide propionique et celle du
méthane, alors que la corrélation est positive avec l'acide
acétique et le ratio acétate/propionate [LOU YUJIE
ZHAOLI, 2002]. Finalement, d'autres travaux ont montré que les
concentrations de CH4 et de CO2 évoluaient en sens
inverse au cours de la journée; les concentrations de l'un étant
maximales dans le contenu ruminal au moment où les concentrations de
l'autre sont minimales [VERMOREL, 1995].
Il est très possible que le type des glucides
influence l'élimination du méthane par le biais de son influence
sur le pH et la flore microbienne du rumen. Si la proportion de
concentrés de céréales représente 80% de
l'alimentation, 3% ~ 4% de l'énergie du fourrage peut être
transformée en énergie sous forme de méthane et sera
éliminé à l'extérieur, si les animaux sont
complètement alimenté avec des fibres grossiers, plus de 10% de
l'énergie peut être émise sous forme de méthane. La
production de méthane n'est pas fonction du sexe, de l'âge ni de
la souche des animaux.
1.2.1.2. Influence du
régime alimentaire sur la production du méthane
À partir des résultats de plusieurs
études menées chez le bovin et le mouton, BLAXTER et
CLAPPERTON (1965) ont montré que les pertes
d'énergie sous forme de CH4 augmentaient avec la
digestibilité du régime. Cet accroissement dépend
toutefois des caractéristiques des ingrédients du régime.
Par exemple, le broyage des fourrages diminue leur temps de séjour dans
le rumen, ce qui réduit la digestibilité des parois
végétales et la production de CH4. BLAXTER et
CLAPPERTON (1965) ont également montré que la proportion
de l'énergie brute perdue sous forme de CH4 était
réduite avec l'augmentation de la prise alimentaire, c'est-à-dire
du niveau de production et de la vitesse de passage des particules dans les
compartiments du système digestif.
BEEVER (1993), quant
à lui, a comparé le bilan de fermentation d'une ration riche en
fourrages à celui d'une ration riche en aliments concentrés. Les
relations stoechiométriques pour ces deux régimes
s'établissaient comme suit:
· Fourrages : 1 mole CHO = 1,34 acétate + 0,45
propionate + 0,11 butyrate +0,61 CH4 + 4,62 ATP (énergie)
· Concentrés : 1 mole CHO = 0,90 acétate +
0,70 propionate + 0,20 butyrate +0,38 CH4 + 4,38 ATP
(énergie)
Ces équations montrent que l'addition d'aliments
concentrés dans la ration oriente les conditions ruminales vers une
fermentation amylolytique au détriment de la fermentation
cellulolytique. Ce phénomène entraîne une diminution de la
digestibilité des parois ainsi que des pertes d'énergie sous
forme de CH4 [CHOUINARD, 2002].
1.2.1.3. Elimination du
méthane dans l'atmosphère
En Chine par exemple, les émissions de méthane
produit à partir des animaux domestiques et de leurs déchets
sont: en 1988, 6.314 millions de tonnes de méthane, dont 89% proviennent
de ruminants, soit 5,67 millions de tonnes ; en 1990, a été
produit 6.61 millions de tonnes, 89,4% d'entre elles proviennent de ruminants,
étant 5.91 millions de tonnes. La production moyenne chaque année
augmente à la vitesse de 2,34% [LOU YUJIE ZHAOLI,
2002]. La production de méthane libérée par les
vaches occupe la majeure partie de celle émanant des ruminants (tableau
IV). La fermentation de l'urine et des excréments du bétail est
également une source de méthane.
Tableau
IV: Production du méthane par les animaux en
Chine
Animaux
|
Production du méthane (%)
|
Bovins (vaches laitières)
|
74
|
Buffles d'eau
|
8
|
Moutons et chameaux
|
1
|
Mules et Chevaux
|
2
|
Porcs
|
1
|
Ruminants sauvages
|
5
|
1.2.1.4. Les relations
stoechiométriques
VERMOREL (1995) a
présenté un exemple de relation stoechiométrique (se
rapportant aux proportions de combinaison des éléments)
correspondant à la fermentation dans le réticulo-rumen d'une
ration de 20 kg de matières sèches, soient environ 18 kg de
matières organiques ingérées par une vache de 600 kg en
lactation. De cette ration, 8,1 kg de matières organiques seront
dégradés dans le complexe réticulo-rumen, ce qui
correspond à environ 50 moles d'équivalents anhydro-glucose
(CHO). Le bilan de cette dégradation est le suivant :
50 CHO
59
acétate + 23 propionate + 9 butyrate + 53 CO2 + 24
CH4 + 230 ATP + chaleur
Cette relation peut aussi être exprimée en termes
d'énergie :
34,02 Mcal
12,33 Mcal +
8,44 Mcal + 4,72 Mcal + 0 Mcal + 5,08 Mcal + 1,68 Mcal +1,77Mcal
La production de CO2 ne représente donc pas
une perte d'énergie pour la vache. Par contre, les pertes sous forme de
CH4 représentent environ 15% de l'énergie des
équivalents anhydro-glucose fermentés, soit 10,5% de
l'énergie digestible ou 6,7% de l'énergie brute de la ration
ingérée. D'un point de vue productivité, une
réduction de l'émission de CH4 pourrait
représenter un gain d'efficacité alimentaire, à condition
toutefois que l'énergie ainsi épargnée soit rendue
disponible à l'animal.
Au plan nutritionnel, la relation peut s'inscrire ainsi :
50 CHO
3,54 kg
acétate + 1,70 kg propionate + 0,79 kg butyrate + 1187 litres
CO2 + 538 litres CH4 + 2,5 kg de biomasse microbienne +
chaleur
Il existe plusieurs façons de mesurer les
quantités de CH4 produit par le bétail. Une de ces
méthodes consiste à placer l'animal dans un espace clos (chambre
respiratoire) et à mesurer la quantité de CH4 qui
s'accumule dans cet espace. Il est aussi possible de quantifier les
émissions de CH4 produit par des bovins qui se trouvent dans
une étable en mesurant la concentration de CH4 dans l'air qui
s'échappe par les conduits d'aération [KINSMAN et
al, 1995]. Cette méthode évalue
simultanément les quantités de CH4 produit par tous
les animaux, y compris par leurs déjections. Un monogastrique produit
moins de 10% du méthane émis par un polygastrique. À titre
d'exemple, un porc de 80 kg produit 1 kg de méthane par année par
fermentation entérique [IPCC, 1997]. Cependant, cette
production est fonction de l'énergie digestible des aliments.
1.2.2. Emissions du
méthane par les déjections
Les émissions de CH4 des déjections
sont fortement influencées par le type d'animal, la quantité de
matière solide volatile, la disponibilité d'oxygène
(aérobie ou anaérobie), la température, le pH et la
durée d'entreposage. À titre d'exemple et se basant sur les
conditions prévalant pour l'entreposage des déjections dans un
climat froid de l'Amérique du Nord et dans un réservoir à
lisier, nous pouvons faire un calcul semblable à celui
déjà fait pour le CO2 [IPCC, 1997] :
· La production de méthane des déjections
d'une vache laitière de 600 kg sera:
6 kg de SV/jour x 0,16 kg de CH4/kg de SV x
365 jours/année x 0,39 = 136,6 kg de
CH4/année.
· La production de méthane des déjections
d'un porc de 80 kg sera :
0,68 x 0,30 x 365 x 0,39 = 29 kg de
CH4/année.
Si nous avions considéré la production de
méthane par des déjections sous forme solide, nous aurions obtenu
des quantités négligeables de CH4.
1.2.3. Méthode de
calcul de la production du méthane chez les animaux
Les émissions de méthane sont calculées
en multipliant les populations d'animaux par leur coefficient
d'émission. Les coefficients d'émission par défaut du
GIEC pour les climats froids ont été
utilisés. Pour les différentes catégories de veaux, le
facteur moyen du GIEC pour ces derniers est utilisé.
Les coefficients d'émission sont présentés dans le tableau
V [GIEC, 1997].
Tableau
V: Coefficients d'émissions annuelles de
CH4 pour le bétail et le fumier
Type d'animal
|
Fermentation entérique (kg
CH4/tête/an)
|
Traitement du fumier (kg
CH4/tête/an)
|
Bovins laitiers
|
|
|
Vaches laitières
|
118
|
21,383
|
Taures>1 an
|
56
|
21,383
|
Taureaux>1 an
|
75
|
21,383
|
Génisses< 1 an
|
47
|
21,383
|
Veaux lourds de lait
|
45.5
|
2,054
|
Petits veaux d'abattage
|
0
|
2,054
|
Bovins
|
|
|
Vaches de boucherie
|
69
|
2,054
|
Taures>1 an
|
56
|
2,054
|
Génisses de remplacement
|
47
|
2,054
|
Bouvillons>1 an
|
45.5
|
2,054
|
Taureaux>1 an
|
75
|
2,054
|
Bovins de semi-finition
|
45,5
|
2,054
|
Veaux
|
45,5
|
2,054
|
Porcins
|
|
|
Porcs
|
1,5
|
15
|
Autres animaux d'élevage
|
|
|
Bisons
|
55
|
1
|
Moutons
|
8
|
0,19
|
Chèvres
|
5
|
0,12
|
Chevaux
|
18
|
1,39
|
Volaille
|
|
|
Poulets, poules, dindes
|
|
0,079
|
Source : [GIEC, 1997]
1.2.3.1. Comparaison
d'émissions du méthane chez les bovins élevés en
système intensif et extensif.
Supposons, par exemple, un élevage moderne intensif de
100 vaches laitières et un troupeau de vaches locales africaines de 100
têtes en transhumance.
D'après le tableau V, une vache laitière de 600
kg en moyenne produit respectivement 118 kg et 21.383 kg de méthane par
an issus de la fermentation entérique et du traitement du fumier, soit
un total de 139,383 kg par vache.
Par contre, si une vache locale pèse 250 kg en moyenne,
elle produit environ 50 kg (calculé) de méthane par an issus de
la fermentation entérique uniquement. En Afrique, l'émission du
méthane par le fumier est presque nulle car ce dernier n'est pas
traité mais aussi les animaux dispersés leurs déjections
tout au long du parcours et se dessèchent sans processus de
fermentation.
Tableau VI: Comparaison
des quantités du gaz méthane émis par les élevages
intensif et extensif
|
Elevage intensif
|
Elevage extensif
|
Nombre d'animaux
|
100
|
100
|
Quantité de méthane produite
(kg)
|
13 938.3
|
5000
|
Productivité laitière
|
Très importante
|
Très faible
|
Le tableau VI montre qu'à nombre égal, les
vaches laitières produisent 2,7 fois de CH4 que les vaches
locales africaines. Pour produire la même quantité de
méthane, il faudrait un troupeau de 278 vaches locales.
Ces résultats illustrent le rôle majeur des
vaches laitières hautes productrices de lait dans l'émission des
gaz à effet de serre. Dans le contexte actuel, il serait difficile de
dissocier l'augmentation de la productivité laitière et la
réduction des émissions du méthane, car on remarque une
corrélation positive entre ces deux facteurs.
1.2.4. Moyens disponibles
pour la réduction de la production du méthane
1.2.4.1. Augmentation de
la productivité animale
Différentes méthodes sont envisageables pour
réduire la production de CH4 par les ruminants domestiques.
Selon SAUVANT (1993), la stratégie la plus efficace
semble être l'augmentation de la productivité animale qui permet,
à production égale, de réduire la taille du cheptel ou la
durée des périodes d'élevage. À ce sujet, il cite
l'exemple théorique d'une ferme laitière avec une production
visée de 2 400 hectolitres (hl) de lait par an. Cet objectif peut
être atteint avec un troupeau de 60 vaches produisant 4 000 kg de lait
par an. Dans ces conditions, chaque vache libère annuellement 109 kg de
CH4, ce qui représente 6 570 kg ou 9 200 m3 de
CH4 pour l'ensemble du troupeau. Le même objectif de
production peut également être atteint avec un troupeau de 24
vaches produisant 10 000 kg de lait par an. Dans ce cas, chaque vache
libère 146 kg de CH4, mais au total, l'ensemble du troupeau
produirait seulement 3 504 kg ou 4 900 m3 de CH4 pour une
année complète.
Comme il a été mentionné, l'augmentation
du niveau de prise alimentaire et de la quantité d'aliments
concentrés ajoutée à la ration chez les animaux plus
productifs a pour effet de réduire la proportion de l'énergie
perdue sous forme de CH4. Cependant, l'augmentation de la
quantité d'aliments consommés entraîne
nécessairement une élévation de l'émission totale
de CH4 par l'animal. Cet exemple fait donc ressortir l'importance,
d'un point de vue environnemental, de calculer la quantité de
CH4 émise par unité de produit et non par animal ou
par unité de fourrage ou d'énergie ingérée.
1.2.4.2. Antibiotiques
ionophores
Les antibiotiques ionophores font partie des nombreux additifs
alimentaires utilisés en production bovine [VAN NEVEL,
1991]. Le Monensin ou la salinomycine est l'un des ionophores les plus
utilisés. Des études ont montré que ce dernier inhibe
significativement la production de CH4 dans le rumen [SAUER
et al., 1998] avec une action sélective sur les
microorganismes [RUSSEL et STROBEL, 1989]. Cette inhibition
est le résultat indirect d'une diminution de la production d'ions
hydrogènes. Les substances ionophores améliorent
l'efficacité alimentaire en stimulant ou non la croissance des animaux
et en réduisant simultanément l'ingestion ; ces changements
s'accompagnent, au niveau des fermentations ruminales, d'une diminution du
rapport /C3 et d'une diminution des productions de méthane et de lactate
[VAN NEVEL ET DEMEYER, 1988]. Cependant, une certaine
adaptation des microorganismes méthanogènes aux ionophores a
déjà été rapportée dans la
littérature. En effet, une reprise totale de la production de
CH4 a été observée après deux semaines
de traitement aux ionophores chez des bovins recevant une ration riche en
concentrés [RUMPLER et al., 1986].
Malgré de bons résultats, les antibiotiques sont
interdits dans l'alimentation animale actuellement à cause de leurs
résidus et le développement des bactéries
résistantes.
1.2.4.3. Acides gras
à longue chaîne
Des matières grasses peuvent être ajoutées
à la ration des ruminants dans le but d'augmenter l'apport en
énergie. Dans le rumen, ces matières grasses réduisent la
digestibilité des autres constituants de la ration, en particulier les
glucides structuraux. Plus spécifiquement, les acides gras alimentaires
empêchent l'attachement des bactéries cellulolytiques sur les
particules d'aliment, ce qui réduit leur efficacité. Les acides
gras polyinsaturés pourraient également exercer un effet toxique
directement sur les populations bactériennes. Ces inhibitions
s'accompagnent ainsi d'un accroissement du pourcentage d'acide propionique dans
le contenu ruminal et d'une réduction des émissions de
CH4 [BAUCHART, 1981].
L'ajout d'acides gras polyinsaturés (acide
linoléique que l'on retrouve par exemple dans l'huile de lin) diminue la
production de méthane de 30 à 50%, et cela sans modifier la
production de lait ou de viande [MASSON, 2008]. À titre
d'exemple, une étude réalisée chez le mouton a
montré qu'une augmentation d'un point du pourcentage de matières
grasses ajoutées aux rations s'accompagnait d'une diminution de 2,6% de
la production de CH4 [GIGER-RIVERDIN et al.,
1992]. Il faut toutefois veiller à ce que l'effet inhibiteur
sur la digestibilité de la ration n'affecte pas de façon trop
importante l'efficacité alimentaire des animaux.
1.2.4.4. Autres
méthodes
D'autres méthodes ont été ou sont
présentement à l'étude dans le but de réduire la
méthanogénèse dans le rumen. Ces technologies impliquent
l'utilisation d'analogues halogénés du CH4 ainsi que
des interventions biotechnologiques comme la défaunation du rumen ou
l'implantation de bactéries capables de réaliser activement
l'acétogénèse réductrice aux dépens de la
méthanogénèse. Ces technologies engendrent toutefois des
effets secondaires indésirables tels une réduction de la
dégradabilité de la fibre, une adaptation des microorganismes et
la possibilité d'accumulation de résidus dans la viande, le lait
ou l'environnement [DEMEYER ET FIEVEZ, 2000].
WALLACE (2008) a obtenu des résultats
satisfaisants après des essais d'utilisation de l'acide fumarique chez
les agneaux. L'idée est d'utiliser l'acide fumarique
(C2H2(CO2H)2),qui va fixer
l'hydrogène dans le rumen avant les bactéries productrices de
méthane. Les quantités à intégrer à la
ration des animaux sont importantes, d'où un problème de
coût et un risque d'acidose qui a été résolu en
encapsulant la molécule. Et la démarche est payante :
comparé au lot témoin d'agneaux, le produit en capsulé
distribué à hauteur de 10 % de l'ingéré a
entraîné une diminution de 75 % de la production de CH4
et une augmentation de l'efficacité alimentaire de 20 % (gain de poids
par kilo ingéré). En effet, l'énergie du méthane
est retenue dans le corps de l'animal qui enregistre une croissance
supérieure de 10%. Pour chaque kg d'aliment consommé, le poids
vif de l'animal augmente de 10% [WALLACE, 2008].
De nombreuses molécules bactéricides qui ciblent
les bactéries captant l'hydrogène pour produire du méthane
sont en cours d'étude à travers le monde. Extraits d'ail, de
piment, de yucca et de cannelle, de rhubarbe et de bourdaine, sérum de
luzerne peuvent diminuer significativement la méthanogenèse. Mais
s'agissant d'essais menés dans des conditions éloignées de
la pratique, leur application semble encore prématurée.
Au total, les tentatives pour réduire la production de
CH4 par les ruminants en utilisant des inhibiteurs de la
méthanogénèse comme les acides gras à chaîne
longue, les analogues halogénés du CH4, les
antibiotiques et les interventions biotechnologiques comme la
défaunation du rumen ou l'acétogénèse
réductrice ont donné des résultats intéressants
à l'échelle expérimentale. Mais, une série d'effets
secondaires et d'interactions ont été observés, ce qui
fait qu'aucune méthode ne semble applicable en pratique pour le moment.
Il est également important d'évaluer la portée des
diminutions obtenues. Le CH4 contribue à environ 16% de
l'effet de serre [DEMEYER ET FIEVEZ, 2000] et les ruminants
produisent environ 15% de ce gaz à l'échelle de la
biosphère [SAUVANT, 1993]. Leur contribution à
l'effet de serre est donc au total d'environ 2,5%. En diminuant de 20% la
production de CH4 par les ruminants d'élevage, il serait
possible d'obtenir une réduction de l'effet de serre de l'ordre de
0,50%. Cette baisse représenterait un défi de taille sur le plan
nutritionnel puisqu'il faudrait obtenir une réponse satisfaisante chez
tous les animaux, peu importe la race, l'alimentation, l'environnement, le
stade de croissance, etc. Cette baisse impliquerait également que les
technologies développées soient adoptées par tous les
éleveurs avec comme motivation principale une réduction de la
pollution d'origine agricole.
1.3. PROTOXYDE D'AZOTE
(N2O)
Il n'y a pas de production significative d'oxyde nitreux
(N2O) dans les bâtiments d'élevage. Le N2O
est un gaz à effet de serre très puissant. En effet,
l'émission d'un kg de N2O dans l'atmosphère augmente
l'effet de serre d'une valeur comparable à l'émission de 310 kg
de CO2 [IPCC, 2001b]. Les
activités agricoles produisent plus de la moitié (50 à 80
%) de tout le N2O émis par les activités humaines. En
agriculture, le N2O est produit lors de deux transformations
biologiques de l'azote minéral: la nitrification qui transforme l'azote
ammoniacal (NH4+) en nitrate (NO3-)
et la dénitrification qui réduit le nitrate en azote
moléculaire (N2). Deux phénomènes sont
impliqués à savoir les réactions microbiennes entre les
engrais azotés et le sol, surtout dans les sols humides et les
réactions microbiennes entre le fumier solide et l'air libre. Toutefois,
il a une très longue durée de vie atmosphérique 114 ans.
La capacité des déjections animales à
produire l'oxyde nitreux est fonction de leur teneur en azote. Elles perdent
une quantité importante d'azote sous forme d'ammoniac en entreposage.
DOURMAD et al. (1999) considèrent en effet que
les pertes d'azote par volatilisation sous forme d'ammoniac sont d'environ 25 %
dans le bâtiment et de 5 à 10 % à l'extérieur, en
fonction des conditions et de la durée d'entreposage. La gestion
efficace de l'azote sur les fermes devient donc un élément
important pour diminuer l'émission de N2O [STEINFELD,
2006].
Le GIEC (1997) propose une
méthode pour estimer les quantités de N2O produites
par les déjections sous diverses formes d'entreposage. En se basant sur
la méthode de calcul suivante, une vache laitière de 600 kg avec
gestion liquide des déjections dans un climat froid d'Amérique du
Nord produit environ :
· 0,27 kg d'azote excrété par jour, soit
98,55 kg par année x un facteur d'émission sous ces conditions de
0,001 x 1,57 kg de N2O/kg de N = 0,155 kg de
N2O/année.
Un porc de 80 kg qui excrète 15,2 kg d'azote par
année produit environ :
· 15,2 x 1,57 x 0,001 = 0,024 kg de
N2O/année.
La figure 13 illustre les différentes sources agricoles
du protoxyde d'Azote, nous remarquons que la part de l'élevage est de
26% selon l'inventaire des gaz à effet de serre du Canada
[HOULE, 2002].
Figure 13 :
Sources agricoles de protoxyde d'Azote (N2O)
Source : [HOULE, 2002]
1.3.1. Digestion chez les
monogastriques et production de l'ammoniac
Un poulet excrète quotidien environ 100g soit 36 kg par
an, un porc excrète 6 kg quotidien soit 2,5 tonnes par an. L'azote
fécal des monogastriques est composée de protéines
somatiques. Quand les protéines indigestes dans l'intestin grêle
sont transmises dans le gros intestin, une partie d'entre elles est
dégradée en acides aminés et de l'ammoniac par les
bactéries intestinales. L'azote fécal donne la première
place à l'azote organique, atteignant plus de 80%. Dans des conditions
normales, les substances contenant de l'azote dans les excréments et
l'urine des animaux d'élevage et de la volaille sont toutes non
protéiques, principalement l'urée, l'ureidohydantoine, des bases
puriques, acide hippurique, ammoniac, etc. Dans l'urine de porc, la proportion
d'azote uréique et de l'azote ammoniacal est respectivement de 26,60% et
0,79%. Grâce à la désamination, l'excédent d'acides
aminés dans le corps des monogastriques est transformé en
ammoniac, qui est transformé en urée par le biais du cycle de
l'ornithine dans le foie. L'azote urinaire est excrété sous forme
d'urée. L'ammoniac libéré par les excréments de
porcs provient de l'urée dans l'urine.
1.3.2. Mesures de
réduction des émissions de l'ammoniac
Les émissions agricoles de NH3 dans les
fermes peuvent être réduites grâce à
différentes méthodes qui, en général, consistent
à absorber le NH3 dans de l'eau ou dans un acide, à
prévenir l'excrétion excessive de l'Azote par les animaux ou
à réduire au minimum l'exposition à l'air des sources de
NH3.
En effet, la réduction au minimum des excrétions
d'azote par les animaux dans le fumier constitue la manière la plus
simple de diminuer les émissions de NH3 par les
déjections animales.
1.3.2.1. Utilisations des
additifs
1.3.2.1.1. Acides
organiques
Il contient principalement l'acide fumarique, l'acide citrique
et l'acide lactique, etc. Les additifs à base d'acides organiques
peuvent modifier la flore intestinale, baisser le pH des aliments et promouvoir
l'activité de la pepsine. Leur acidité peut ralentir la vitesse
de vidange de l'estomac et rallonger le temps de l'escale de protéines
dans l'estomac, qui sont bénéfiques pour la digestion des
protéines. L'amélioration du métabolisme des nutriments
permet de réduire l'excrétion d'azote, ce qui diminue la
production d'ammoniac.
1.3.2.1.2. Utilisation des
produits enzymatiques
Les enzymes permettent d'augmenter la disponibilité des
acides aminés dans les fourrages. Les protéinases peuvent
libérer à forte teneur les protéines et les acides
aminés existant dans le fourrage pour réduire les
déjections fécales de l'azote.
1.3.2.1.3. Utilisation des
bactéries vivantes
L'utilisation des bactéries favorisant la conversion de
l'acide urique (un précurseur de l'urée) en nitrate dans
l'alimentation permet de réduire les émissions de l'ammoniac.
Cela est bénéfique à la santé des animaux, et
atténue l'odeur des excréments malodorants et purifie
l'environnement autour des élevages. LOU YUJIE ZHAOLI
(2002) a montré que, lorsque 0,1% des probiotiques a
été ajouté dans le régime alimentaire de 35
à 85 jours chez les porcs, la densité de l'ammoniac a
été diminué de 32,5% (p <0,05).
1.4. DIOXYDE DE CARBONE
(CO2)
Le CO2 est produit par l'utilisation des
combustibles fossiles (pétrole). Le reste est imputable, pour
l'essentiel, aux modifications de l'utilisation des sols, et plus
particulièrement au déboisement. Le gaz carbonique additionnel
libéré par les activités humaines est responsable de 55%
de l'accroissement de l'effet de serre.
Il est de loin le gaz à effet de serre le plus
abondant. L'activité agricole ne contribue que très peu à
ces émissions car la consommation énergétique des fermes
est relativement faible par rapport aux autres activités de la
société. L'émission de CO2 d'origine digestive
s'ajoute à la production de CO2 d'origine métabolique
(respiration de l'animal) [CHOUINARD, 2002]. Les surfaces
agricoles, tout comme les forêts, jouent cependant un rôle
très actif dans les échanges de CO2 entre
l'atmosphère et la biosphère. Le rôle essentiel de la
matière organique dans le fonctionnement des sols agricoles est bien
connu. Maintenant on peut ajouter le potentiel de séquestration du
CO2 dans les sols dans la colonne des bénéfices tels
qu'illustrent par la figure 14.
Figure 14 :
Source et puits agricoles du gaz carbonique
Source : [HOULE, 2002]
En effet, toute augmentation de la matière organique
des sols contribue à réduire le CO2
atmosphérique. La concentration atmosphérique de dioxyde de
carbone (CO2) a augmenté de 31% depuis 1750 [IPCC,
2001a]. La concentration actuelle de CO2 n'avait encore
jamais été atteinte au cours des 420 000 dernières
années et probablement pas non plus au cours des 20 millions
d'années précédentes. Le taux d'augmentation actuel est
sans précédent depuis au moins 20 000 ans. Aujourd'hui, les
océans et les terres absorbent environ la moitié des
émissions anthropiques de CO2. Sur terre, l'absorption de
CO2 anthropique dépasse très probablement le volume
des émissions de CO2 dues au déboisement pendant les
années 90.
Le taux d'augmentation de la concentration de CO2
dans l'atmosphère a été d'environ 1,5 ppm (0,4%) par an
ces 20 dernières années. Pendant les années 90,
l'augmentation d'une année sur l'autre a varié de 0,9 ppm (0,2
pour cent) à 2,8 ppm (0,8%). Une grande partie de cette
variabilité est due à l'effet de la variabilité du climat
(par exemple, le phénomène El Niño) sur l'absorption et
l'émission de CO2 par les terres et les océans.
1.5. VAPEURS
D'EAU
La vapeur d'eau est l'élément qui contribue le
plus à l'effet de serre naturel, sa présence dans la nature n'est
pas directement touchée par l'activité humaine. Elle est à
l'origine de 55% de l'effet de serre. Néanmoins, la vapeur d'eau a une
incidence sur les changements climatiques du fait d'une importante
« réaction positive ». Les modèles de
scénarii de la GIEC (2001b)
prévoient qu'un léger réchauffement de la planète
entraînerait une augmentation des concentrations totales de vapeur d'eau,
qui viendraient aggraver l'effet de serre.
Voici un tableau comparatif (VII) des émissions de gaz
à effet de serre aux bâtiments d'élevage pour une vache
laitière de 600 kg et pour un porc de 80 kg sous gestion liquide des
déjections.
Tableau
VII: Gaz à effet de serre produits dans les
bâtiments d'élevage
|
Vache laitière de 600 kg
|
Porc de 80 kg
|
|
(kg)
|
(kg équivalents de CO2)
|
(kg)
|
(kg équivalents de CO2)
|
CO2
CH4
N2O
Total
d'équivalents de
CO2 (tonnes)
|
3 405
255
0,155
|
3 405
5 355
48
8,8
|
664
30
0.024
|
664
630
7,5
1,3
|
Source : [Chouinard, 2002
1.6. Sources agricoles de
gaz à effet de serre par secteur
L'agriculture est une source significative de GES, les trois
principales sources étant les ruminants, le fumier et les fertilisants
(azote). Ainsi, les productions animales sont responsables de 15,9% des
émissions de GES, les productions végétales y contribuent
pour 10% alors que la combustion fossile en fournit 11,3%. Les productions
agricoles émettent 40% des émissions du CH4 ainsi que
60% d'émissions de N2O (Figure 15).
Figure 15 :
Emissions annuelles de gaz à effet de serre par
secteur
Source: [Rohde, 2007]
1.7. Elevage industriel et
l'environnement
1.7.1. Elevage des vaches
laitières
Une des caractéristiques fondamentales de
l'élevage bovin par rapport aux autres élevages (porcs et
volailles) est sa très forte liaison au sol et le caractère local
de cette liaison. Les rejets sont en grande partie, recyclés,
directement ou après stockage, sur les sols qui ont servi à
produire la majorité de la nourriture. Ceci fonctionne globalement comme
un cycle interne à l'exploitation avec relativement peu d'intrants
extérieurs, c'est-à-dire peu de déplacements
d'éléments d'un lieu à un autre (exploitation,
région, pays) [CHATELLIER et VÉRITÉ,
2003].
Cependant, les relations entre l'élevage bovin dans le
système intensif et l'environnement sont fortement influencées
par le type de production (vaches laitières, vaches allaitantes, veaux
de boucherie, veaux de batterie, broutards, taurillons, boeufs, génisses
d'élevage, génisses à viande,...), le niveau
d'intensification des superficies fourragères et la productivité
des facteurs de production [VISSAC, 2002]. L'impact de
l'élevage bovin dans le système extensif sur l'environnement en
matière de l'émission des GES, par contre, sont moins
importantes ; les animaux parcourent de longue distance pour s'alimenter,
leurs déjections sont éparpillées sur le parcours.
L'analyse de l'impact environnemental des systèmes
bovins est d'autant plus difficile à conduire que les exploitations
bovines sont souvent multi-produits (combinaisons élevage bovin /
grandes cultures / hors-sol, etc.) et que les systèmes productifs sont
fortement diversifiés d'une région à l'autre (bovins
allaitants élevés de manière extensive, ateliers
d'engraissement de veaux de boucherie ou de taurillons proches du hors-sol,
laitiers spécialisés, lait-taurillon ...). Cette diversité
se manifeste également au travers du milieu exploité, des
méthodes de production [CHATELLIER et al.,
1997], du degré de spécialisation des exploitations
et du mode d'alimentation des animaux (pâturage, fourrage, foin, ensilage
d'herbe, ensilage de maïs, céréales, aliments
concentrés).
L'impact de l'élevage bovin sur l'environnement est
donc contrasté en fonction de ces différentes situations et,
selon les cas, il apparaît globalement positif ou négatif. En
élevage bovin, les risques de pollution sont associés surtout
à la masse d'azote (N) et de phosphore (P) mise en jeu aux plans
agronomique et zootechnique. La production de méthane - qui est un gaz
à effet de serre - est par contre une spécificité des
herbivores. Le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat
[IPCC, 1997] considère qu'une vache laitière de
600 kg dans la partie froide de l'Amérique du Nord produit 118 kg/an de
méthane entérique. Enfin, l'impact de l'élevage bovin sur
le territoire (paysage, habitats,...) est nécessairement important du
fait de l'ampleur des surfaces concernées.
1.7.2. Production
porcine
La production porcine s'est retrouvée au coeur de
nombreux débats, notamment en ce qui a trait à la taille des
cheptels, la gestion du lisier et son impact sur l'environnement, la
spécialisation des entreprises, les odeurs incommodantes. Depuis,
le grand défi auquel doit faire face la production
porcine consiste à remplir les engagements découlant des trois
grands axes du développement durable, à savoir la prise en compte
des risques environnementaux, ainsi que l'acceptabilité sociale de la
production, et ce, tout en restant économiquement viable.
Les chercheurs de l'INRA (2004) ont
utilisé la méthode dite « d'Analyse de Cycle de
Vie » pour analyser et comparer l'impact environnemental des
systèmes de production de la viande porcine :
· «bonnes pratiques agricoles» correspondent
à un élevage porcin conventionnel respectant les règles
spécifiées par l'agriculture raisonnée, en matière
de fertilisation ;
· «agriculture biologique» respecte les
règles françaises de production animale biologique et les
règles européennes de productions biologiques des
cultures ;
· «Porc Fermier Label Rouge nourri avec des
céréales seulement».
Cette approche s'appuie sur un inventaire des émissions
et des ressources utilisées à plusieurs étapes de la vie
du produit ; depuis la fabrication des intrants nécessaires
à la production des aliments des porcs, jusqu'à la conduite de
l'élevage proprement dit sur l'exploitation.
Les impacts environnementaux identifiés sont :
· eutrophisation qui correspond à la
dégradation de la qualité des écosystèmes
aquatiques et terrestres par apport excessif de nutriments ;
· changement climatique ;
· acidification par les polluants acidifiants qui ont
une large gamme d'impacts sur le sol, les eaux, les écosystèmes
et les bâtiments. ;
· acidification par les polluants dans les sols ;
· utilisation d'énergie ;
· utilisation de surface agricole et l'utilisation de
pesticides [INRA, 2004].
Les résultats montrent que si l'on considère
l'ensemble des critères environnementaux, aucun des scénarios de
production porcine étudiés ne se dégage comme étant
optimal en matière de protection de l'environnement, chacun faisant
apparaître des points faibles.
Au total, il ressort de ces notions que l'élevage joue
un rôle important dans l'amplification du réchauffement climatique
par l'émission des GES (méthane, protoxyde d'azote, gaz
carbonique). Les bovins surtout les vaches laitières
élèvent de façon intensive produisent la grande
quantité de méthane émise dans l'atmosphère. Le
protoxyde d'azote est issu essentiellement des déjections des animaux.
Ces émissions potentialisent les effets des changements climatiques dont
les conséquences sur les productions animaux sont importantes. Le second
chapitre est consacré à l'impact des changements climatiques sur
les productions animales.
CHAPITRE II. IMPACT DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES PRODUCTIONS ANIMALES ET PERSPECTIVES DE
RECHERCHE
2.1. IMPACT DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES
D'ÉLEVAGE DES BOVINS
Les élevages africains sont susceptibles d'être
affectés à plus large échelle par les questions
économiques et commerciales liés aux changements climatiques.
L'impact des changements climatiques sur les systèmes d'élevage
présente de nombreux effets tels que la productivité et la
qualité du fourrage, le stress thermique et l'accroissement de la
demande en eau. Le réchauffement climatique pourrait également se
traduire par l'augmentation des parasites externes qu'internes et des maladies
professionnelles (Trypanosomose, Helminthoses, Tuberculose, Fièvre de la
Vallée du Rift,...) et ainsi avoir une incidence sur la santé du
bétail.
Toutefois, les systèmes d'élevage ont une
importante sensibilité à des facteurs climatiques en termes de
production d'aliments et de ses variations et, par conséquent, sur la
gestion des pâturages, la qualité de l'alimentation, l'exposition
à la chaleur et au froid, et enfin, l'impact des insectes ravageurs et
les maladies animales.
En Afrique, la majorité du bétail est
rassemblée en troupeaux dans les régions habitées par les
nomades, mais une bonne partie est gardée dans des enclos sur les
fermes. Les animaux domestiques, notamment les bovins, seront aussi
touchés par les changements climatiques. Le stress de chaleur pose aussi
un problème dans les régions plus chaudes. Les effets directs sur
les animaux domestiques des changements dans la fréquence, la
quantité et l'intensité des précipitations et dans la
disponibilité de l'eau sont incertains. Toutefois, l'aggravation des
sécheresses pourrait avoir de graves effets sur la disponibilité
de la nourriture et de l'eau, comme ce fut le cas dans le sud de l'Afrique
pendant les sécheresses des années 80 et 90 [GIEC,
1996].
2.1.1. Système
extensif
Ce système d'élevage dans lequel plus de 90% de
matières sèches pour nourrir les animaux proviennent des
parcours, des pâturages, des cultures fourragères annuelles. En
termes de production totale, les systèmes de pâturage offrent
seulement 9% de la production mondiale de viande [SERE et STEINFELD,
1996]. Le broutage des animaux est fréquemment associé
à un surpâturage, la dégradation des sols et la
déforestation. Mais il y a aussi des effets positifs de ce
système de pâturage sur l'environnement et cet élevage est
la seule source de revenus pour plus de 20 millions de familles pastorales. Ce
système extensif traditionnel se caractérise par une faible
production avec peu d'entrées et de sorties.
Les systèmes de pâturage sont décrits pour
chacune des régions suivantes:
v Arides,
v Semi-arides,
v Sub-humides et humides,
v Tempérée et tropicale
sub-tempérée par altitude.
L'impact sur l'environnement dépend de la
capacité de l'élevage de transhumance à trouver des
aliments pour animaux (mobile), dépendent des pâturages
communautaires locales (sédentaires) ou d'avoir accès à
suffisamment d'aliments pour animaux dans les limites de la ferme
(élevage et prairies).
Dans la zone sahélienne, les changements climatiques
auront un impact négatif sur ce type d'élevage dans ces
régions arides et semi-arides où les animaux manqueront les
réserves alimentaires suite aux modifications des moyennes des
précipitions. Il y a un risque qu'il ait une augmentation significative
de l'aridité d'où une expansion des zones touchées par la
sécheresse. Dans de telles conditions biophysiques, la densité de
la population est relativement élevée et elle exerce une pression
surtout sur l'utilisation des terres disponibles dans de nombreux endroits, ce
qui a déjà conduit à un surpâturage, à la
dégradation importante des sols et à la désertification.
La couverture végétale a été dégradée
ou détruite, ce qui a augmenté l'albédo. La
dégradation ou l'absence de la couverture végétale
réduit l'évaporation, conduisant ainsi à une
réduction de la vapeur d'eau dans l'atmosphère et, par
conséquent, à la baisse de précipitations
[SCHLESINGER et al, 1990].
Selon le GIEC (2007), les
simulations prévoient que la température augmentera de
2,6-5,4°C (soit une moyenne de 3,6°C) à la fin du
siècle. Les conséquences dans la zone sahélienne ne
prévoient pas un changement important dans le régime des
précipitations. Toutefois, dans l'Ouest du Sahara, en particulier, les
conséquences sont contradictoires, d'une part certains anticipent sur
l'augmentation de la sécheresse et de la dessiccation de la
région tandis que d'autres prévoient l'augmentation de
l'humidité et l'avance de la végétation dans le Sahara
[IPCC, 2007]. L'augmentation prévue de la
température annuelle provoquée par le changement climatique
conjugué à l'amélioration de la variabilité des
précipitations amène à espérer qu'à
l'avenir, le couvert végétal pourrait se réduire encore,
la régénération ou la création d'une nouvelle
végétation sera plus difficile, l'érosion des sols et la
désertification vont augmenter [MEA, 2005]. D'autres
pertes potentielles de terres arables sont prévues non seulement pour la
zone du Sahel, mais pour toute la région au sud du Sahara, ce qui se
traduit par une détérioration de la situation de la production
alimentaire dans de nombreux pays d'ici 2080 [IPCC, 2007].
Tous ces facteurs pousseront les éleveurs à
migrer vers les zones les plus humides et agricoles à la recherche des
pâturages fraîches pour leurs animaux. La conséquence
majeure sera l'augmentation de la mortalité des animaux, la concurrence
entre l'éleveur et les animaux, la dégradation des forêts
naturelles, les insécurités liées aux conflits entre les
éleveurs et les agriculteurs, les famines et l'augmentation de la
pauvreté, et enfin la redistribution géographique des maladies
transmises par les vecteurs.
2.1.1.1. Augmentation de
la mortalité des animaux
Suite à la raréfaction des pâturages, des
ressources en fourrages et la diminution des ressources en eau, les animaux
souffriront beaucoup de malnutrition et de la déshydratation. Ils seront
confrontés à des épuisements physiques suite à un
mouvement de transhumance accéléré. Le rendement en
viandes et la production laitière seront tellement faibles. Cela a
été observé dans le temps lors des grands mouvements de
migration de la population Peuls en Afrique de l'Ouest dans les années
1933 et 1958. Pour le nouveau terroir conquis, le nombre d'animaux augmente
surtout les bovins, les moutons et les chèvres [BERNUS, 1984].
L'augmentation des précipitations réduira
l'étendue des pâturages du bétail sur le parcours ;
surtout que les prairies pourraient devenir des forêts. Il y aura aussi
une prévalence des maladies animales ce qui conduirait à la
réduction du bétail [NKOMO et al.,
2006].
Les précipitations provoquent également des
catastrophes se soldant par une grande mortalité des animaux. En effet,
durant le sinistre intervenu en janvier 2002 dans la zone sylvo-pastorale du
Sénégal, la principale cause des mortalités
observées est un ensemble de facteurs climatiques (pluies, vent, froid).
La pluie qui a mouillé le pelage pendant 72 heures accompagnée
des phénomènes de conduction, des vents violents a entraîne
la mort des animaux (moutons, chèvres, bovins) par hypothermie
(diminution de la fluidité sanguine) et par conséquent
l'arrêt cardiaque [EKOGA MVE, 2003]. Cela montre que les
pluies hors saison peuvent être dangereuses pour la production bovine en
système extensif.
2.1.1.2. Concurrence entre
éleveur et animaux
La concurrence entre éleveur et animal domestique se
manifeste particulièrement en période de disette par un
prélèvement excessif de lait, la mortalité des agneaux et
cabris de moins d'un an atteint 30 à 35 %, et celle des veaux 22
à 54 %. L'homme et son bétail se trouvent également
concurrents pour l'exploitation des ressources végétales : les
graines sauvages récoltées pour la consommation constituent de
bons pâturages et les ramassages collectifs, fournissant un
complément alimentaire important, sont menacés par les
troupeaux.
2.1.1.3.
Dégradation des réserves naturelles
Suite aux mouvements de nomadisme, les éleveurs et
leurs animaux risquent de s'implanter dans des réserves naturelles et
protégées. La déforestation et les feux de brousse
pèsent avec de lourdes conséquences sur le climat. La
déforestation occasionne un quart des émissions mondiales de gaz
à effet de serre, soit plus que le secteur des transports [WWF,
2007].
2.1.1.4. Conflits entre
éleveurs et agriculteurs
La vulnérabilité du Sahel aux changements
climatiques est amplifiée considérablement par les crises
socio-économiques. Les populations de cette région vivent dans la
pauvreté [PNUD, 2007]. Ces conflits sont nombreux et
plus fréquents dans les zones où les ressources disponibles
(cultures et/ou pâturages) sont faibles par rapport à la
demande.
Dans certains pays, l'autorité a défini des
conditions ou principes d'exploitation permettant une gestion rigoureuse des
aires de culture et de pâturages tout en limitant la fréquence des
conflits. Actuellement, avec la diminution des terres cultivables
consécutives aux différentes sécheresses ; les
conflits sont remarquables en zone sahélienne.
De nombreux exemples montrent que la dégradation de
l'environnement a, par le passé, déjà contribué
à l'instabilité de la région, en particulier en donnant
lieu à des différends sur l'utilisation des ressources toujours
plus rares. Le principal problème, c'est la désertification par
la surexploitation. Ce problème est amplifié par la
sécheresse. Peu d'informations sont disponibles pour savoir si le
changement climatique a été un moteur important de la
dégradation des années 1980 et 90, contribuant aux conflits
présents dans la région. Quelques voix, cependant,
décrivent les changements climatiques comme la principale cause du
conflit du Darfour (Soudan) [GORE, 2006; FARIS 2007; MAMDANI 2007; MOON
2007; UNEP, 2007]. Par contre, KEVANE et
GRAY (2007) ont démontré que le
conflit du Darfour n'est pas lié à une crise climatique bien
qu'il soit potentialisé par l'augmentation de la sécheresse.
2.1.1.5 Redistribution
géographique des maladies transmises par les vecteurs
Les changements climatiques actuels auront des
conséquences importantes sur la santé tant humaine qu'animale
même si leur impact reste difficile à évaluer, notamment en
rapport avec les modifications de la distribution spatiale de certains vecteurs
de maladies infectieuses [REITER, 2007].
Les ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes agricoles
seront aussi touchés par les changements climatiques, mais peu de
recherches quantitatives ont été entreprises à ce sujet en
Afrique. Les changements peut-être les plus importants pourraient se
produire dans la répartition des populations de mouches
tsé-tsé et des vecteurs de maladies humaines (comme la malaria,
qui est transportée par des moustiques). Les infestations de mouches
tsé-tsé plafonnent souvent là où le bétail
peut être tenu à l'écart des secteurs où
l'agriculture à grande échelle est en expansion [HULME,
1996].
En effet, l'apparition des maladies animales telles que
l'Influenza aviaire, la fièvre catarrhale du mouton, la dingue, la
fièvre hémorragique Ebola, la West Nile et leur redistribution
dans d'autres zones géographiques que leurs zones habituelles semblent
être liée au phénomène actuel du
réchauffement planétaire. Au Sénégal, la
borréliose ou fièvre récurrente à tique
(ornithodoros sp.) s'est propagée vers le Sud du pays sous l'effet de la
sécheresse qui permet à ce vecteur de coloniser de nouvelles
zones de savane.
2.1.2. Système semi
intensif
Ce système consiste à faire un pâturage
artificiel plus la stabulation des animaux. Ce système n'est pas
très secoué par les changements climatiques. Avec une bonne
gestion des fourrages les animaux seront bien adaptés. On rencontre ce
système en Afrique centrale et australe mais la raréfaction des
ressources en eau pourra entraver la production. Les effets des changements
climatiques seront les mêmes que chez les animaux en système
intensif. Ce dernier dépend de l'amélioration locale des
techniques d'élevage et de la race. Il est pratiqué pour le veau
d'engraissement [DE WIT, 2006].
2.1.3. Système
intensif
2.1.3.1. Production des
vaches laitières
Les vaches laitières à haute production
d'origine tempérée ne peuvent pas extérioriser tout leur
potentiel laitier à cause du stress dû à la chaleur et aux
aliments de faible qualité. La raison essentielle est que plus la
production est élevée plus l'effet négatif de la chaleur
est important. Au moins 40% de l'énergie absorbée doit être
libérée hors de l'organisme sous forme de chaleur
[ORSKOV, 2001]. Dans un milieu chaud et humide, la perte de
chaleur en excès des vaches tempérées est limitée
à cause du faible pourcentage de la surface de la peau par rapport au
poids. C'est pourquoi, la vache doit diminuer l'absorption des aliments pour
résister à la chaleur dans les milieux chauds et humides. De
plus, la qualité des aliments, surtout des aliments grossiers est
souvent faible. Grâce à la longue sélection des vaches
tempérées à haute production nourries avec des aliments
riches, la capacité de leur appareil digestif (évaluée
selon le pourcentage du poids de l'organisme) est beaucoup plus petite (environ
33%) que celle des vaches tropicales. Donc, même quand il fait frais,
elles ne peuvent pas consommer suffisamment d'aliments tropicaux.
La production de lait diminue à cause de la faible
qualité et de la quantité insuffisante des aliments
absorbés. Tous les animaux ont une gamme de températures
ambiantes qualifiée de zone neutre. C'est la gamme de
températures qui est propice à la santé et à la
performance. La partie supérieure de la température critique est
le point où les effets du stress de chaleur commencent à toucher
l'animal. Il y a un certain nombre de facteurs environnementaux qui contribuent
au stress dû à la chaleur. Il s'agit notamment de haute la
température, l'humidité et de l'énergie rayonnante
(lumière du soleil). La chaleur peut être définie
simplement comme le point où la vache ne peut pas dissiper une
quantité suffisante de la chaleur du corps pour maintenir
l'équilibre thermique [NGUYEN XUAN TRACH, 2003].
Les conditions environnementales qui provoquent un stress
thermique peuvent être calculées en utilisant l'indice de
température - humidité (ITH). Il y a un certain nombre
d'équations qui ont été utilisées pour calculer
l'ITH.
Ces équations comprennent généralement la
température et l'humidité pour calculer l'ITH.
L'une des équations est:
ITH = Index de Température - Humidité =
T bulbe sec + (0,36 T point de rosée) + 42,2 °C
Le stress dû à la chaleur commence à se
produire chez les vaches laitières quand l'ITH est supérieur
à 72. Le tableau VIII présente quelques-uns des signes que
manifestent les vaches lorsque l'ITH augmente. Notez que ces légers
changements varient le métabolisme et la production de lait de vaches
avec de potentiels cas de décès [CHASE,
2006].
Tableau VIII: Effet de
la chaleur sur les vaches laitières
ITH
|
Niveau de stress
|
Commentaires
|
< 72
|
pas
|
|
72 -79
|
Léger
|
Les vaches laitières se règlent en recherchant
l'ombre, l'augmentation de fréquence respiratoire et dilatation des
vaisseaux sanguins. L'effet sur la production de lait sera minime.
|
80 -89
|
Modéré
|
La production de salive et la fréquence respiratoire
seront augmentées. L'ingestion d'aliments peut être
diminuée et la consommation d'eau va augmenter. Il y aura une
augmentation de la température corporelle. La production de lait et la
reproduction seront diminuées.
|
90 -98
|
Sévère
|
Les vaches vont devenir très inconfortables en raison
de la forte température du corps, la respiration rapide (essoufflement)
et de la production excessive de salive. La production de lait et la
reproduction seront nettement diminuées.
|
> 98
|
Dangereux
|
Un potentiel décès des vaches peut survenir.
|
Source : [CHASE,
2006]
L'influence de la chaleur sur la productivité
laitière des vaches Holstein a été démontrée
dans les lieux d'élevage différents. Nous remarquons que la
productivité laitière baisse si l'IHT augmente.
Tableau IX: Influence
du climat tropical sur la production de lait des vaches
Holstein
Lieu d'élevage
|
Indice d'humidité (ITH)
|
Productivité (kg/vache/jour)
|
Missouri
|
54
|
23
|
Mexique
|
73
|
9
|
Égypte
|
69
|
9
|
Guyana
|
77
|
6
|
Source : JOHNSON, 1991
CHASE (2006) rapporte que les effets de la
chaleur sur les bovins (les vaches laitières) sont les
suivants :
· élévation de la température
corporelle > à 38°C (101°F);
· augmentation de la fréquence respiratoire >
à 70-80 mouvements par minute;
· augmentation des besoins énergétiques
d'entretien des vaches laitières permet d'activer les mécanismes
pour tenter de dissiper les excès de chaleur et de maintenir la
température corporelle constante. L'augmentation de la fréquence
respiratoire est un exemple. Le maintien besoins énergétiques
pourrait augmenter de 20-30% chez les animaux sous stress thermique. Cela
diminue l'apport d'énergie disponible pour les fonctions productives
telles que la production de lait. Le flux sanguin vers la peau va augmenter
pour tenter de dissiper la chaleur. Dans le même temps, le flux sanguin
vers le coeur de l'organisme diminue.
· utilisation des nutriments dans les aliments - une
augmentation de la perte de sodium et de potassium est
généralement associée à un stress thermique. Cela
est dû à des pertes associées à l'augmentation des
mouvements respiratoire. Cela peut déplacer l'équilibre
acido-basique et entraîner une alcalose métabolique. Il peut aussi
y avoir une diminution de l'efficacité de l'utilisation des
éléments nutritifs.
· ingestion de matières sèches est en
baisse chez les vaches laitières soumises à un stress thermique.
Cette dépression de l'ingestion des matières sèches peut
être soit à court ou à long terme selon la longueur et la
durée de la contrainte thermique. Des diminutions de 10 à 20%
sont courantes dans les troupeaux laitiers commerciaux.
· production de lait est normalement en diminution pour
les vaches sous le stress thermique. Cette diminution peut être soit
transitoire ou à plus long terme en fonction de la durée et la
sévérité de la contrainte thermique. Ces diminutions de la
production de lait peuvent varier de 10 à plus de 25%.Si le stress
thermique réduit la production de lait en début de lactation des
vaches laitières, la production laitière potentielle pour
l'allaitement sera diminué. Les vaches laitières en fin de
lactation peuvent récupérer lentement des effets du stress
thermique.
· reproduction - Il a également été
signalé que le stress dû à la chaleur diminue les
performances de reproduction chez la vache laitière. Il y a un certain
nombre de changements dans les performances de reproduction qui ont
été rapportées. Les effets sur la reproduction peuvent
être prolongés. Ceux-ci comprennent:
o durée et l'intensité de la période de
l'oestrus diminuent,
o diminution de la fécondité,
o diminution de la croissance, la taille et le
développement des follicules ovariens,
o augmentation des risques de mortalité embryonnaire
précoce,
o diminution de la croissance du foetus et de la taille du
poumon.
2.2. IMPACT DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA PRODUCTION PORCINE
La production mondiale de viande de porc continue d'augmenter,
parallèlement à la consommation, et cet accroissement
nécessaire concerne surtout des pays en développement. Une des
principales conséquences de cette évolution est une
intensification des systèmes de production dans ces régions, avec
la généralisation de l'importation de lignées commerciales
très productives en provenance d'Europe ou d'Amérique du Nord.
Dans la plupart des cas, ces lignées ont été
sélectionnées dans un environnement optimal permettant de
maximiser les performances en minimisant l'effet de l'environnement climatique
sur l'expression du potentiel de production des animaux.
Dans les régions tempérées, malgré
une amélioration des caractéristiques des bâtiments
d'élevage (isolation, ventilation), l'augmentation de la
température ambiante au cours de certaines périodes de
l'année entraîne une perte économique importante pour
l'éleveur. Dans un travail de modélisation, ST-PIERRE
et al., (2003) estimaient cette
perte à environ 310 millions de dollars par an pour la filière
porcine américaine.
Lorsque la contrainte climatique est forte, l'optimisation des
performances des porcs nécessite d'adopter des conduites alimentaires
particulières (aliments concentrés en énergie ou à
faible extra-chaleur) ou d'investir dans des systèmes de refroidissement
coûteux (cooling, brumisation) difficilement transposables
économiquement ou techniquement dans la plupart des régions
tropicales.
2.2.1. Effets de la
chaleur sur les performances des porcs
2.2.1.1. Truie en
lactation
La truie est particulièrement sensible à
l'augmentation brusque de la température ambiante à la mise bas.
D'ALLAIRE et al., (1996)
rapportent une mortalité des truies cinq à six fois plus
importante dès lors que la température de la maternité
dépasse 33°C au moment de la mise bas d'après une
enquête portant sur plus de 30 000 truies. La truie en lactation est
particulièrement sensible aux températures ambiantes
élevées, ce qui est dû à niveau d'ingestion
élevé pour satisfaire les besoins nutritionnels associés
à sa production laitière [RENAUDEAU et al,
2004]. QUINIOU et NOBLET
(1999) montrent qu'au dessus 25°C la truie a la seule
option de réduire sa consommation d'aliment pour maintenir son
homéothermie. La réduction de la consommation due à la
chaleur accentue le déficit nutritionnel de la truie. En dessous de
25°C, la mobilisation des réserves corporelles permet de maintenir
la croissance des porcelets et la production de lait en compensant la
réduction de la consommation. Au-dessus de 25°C, la mobilisation
des réserves n'est plus suffisante pour compenser la baisse de
l'appétit et la production laitière et la vitesse de croissance
des porcelets diminuent [QUINIOU et NOBLET, 1999]. En plus de
son effet sur la consommation alimentaire, il semble que la température
ambiante ait également un effet direct sur le métabolisme de la
glande mammaire via une redistribution du flux sanguin vers la peau au
détriment de la mamelle [BLACK et al 1993].
Cependant, des mesures du débit artériel et des
prélèvements mammaires montrent que cette vasodilatation
sous-cutanée ne se ferait pas au détriment du fonctionnement de
la mamelle chez les truies multipares [RENAUDEAU et al
2003]. La création de lignées hyperprolifiques dans
les races Large White et Landrace puis l'arrivée des lignées
sino-européennes ont eu comme conséquence une augmentation de la
production laitière et des besoins nutritionnels des truies en
lactation. Cet accroissement du potentiel de production s'est accompagné
d'une augmentation (moins importante) de la consommation d'aliment et de la
production de chaleur métabolique. Nous pouvons donc supposer que
l'amélioration de la prolificité des truies s'est traduite par
une sélection indirecte d'animaux plus sensibles à la chaleur.
2.2.1.2. Truie en
gestation
L'exposition à la chaleur a peu de conséquence
sur leur métabolisme du fait du faible niveau d'alimentation des truies
en gestation (rationnées à 1,3 - 1,5 fois leur besoin
d'entretien. Elle a en revanche des effets marqués sur la fonction de
reproduction. D'importantes variations saisonnières des performances de
reproduction (intervalle sevrage-oestrus, taux de conception, mortalité
embryonnaire) sont rapportées en climat tempéré
[PELTONIEMI et al., 2000] et tropical [KABUGA
et ANNOR, 1991]. Ces problèmes peuvent avoir plusieurs
origines. L'allongement de l'intervalle entre le sevrage et l'oestrus
dépend principalement de l'amplitude de la mobilisation des
réserves et donc de l'adéquation entre le niveau d'ingestion et
les besoins nutritionnels pour la production laitière. Sur ce point, les
truies primipares semblent beaucoup plus sensibles que les truies multipares
[QUESNEL et PRUNIER, 1995].
Cependant, l'augmentation de la durée
d'éclairement au cours de la saison estivale est aussi un facteur
expliquant les retards dans le retour en oestrus en été
[PRUNIER et al., 1996]. La réduction de la
fécondité et l'augmentation de la mortalité embryonnaire
en saison estivale semblent être la conséquence directe d'une
forte température dans le mois suivant la saillie [ENNE et
GREPPI, 1993], mais également des effets du climat sur les
performances du verrat.
2.2.1.3.
Verrat
Des travaux menés en milieu tempéré
[GUILLOUET et al, 1999] ou tropical
[STEINBACH, 1976] montrent que les performances de
reproduction des verrats varient en fonction de la saison. Mais, comme pour la
truie gestante, l'effet d'une température élevée sur le
métabolisme du verrat est sans doute faible compte tenu de sa
température critique inférieure élevée (environ
20°C,) KEMP et al., 1989], en relation avec son
niveau alimentaire proche de celui de l'entretien. La température aurait
un effet direct sur la spermatogenèse via une modification de la
synthèse de testostérone [WETTMANN et BAZER,
1985]. Cette altération de la spermatogenèse
entraîne une diminution de la mobilité et une augmentation des
anomalies morphologiques des spermatozoïdes ; le volume d'éjaculat
ne semble pas affecté [WETTMANN et al.,
1979].
Par ailleurs, le taux de conception est significativement
réduit chez les truies inséminées avec de la semence
provenant de verrats préalablement exposés à une
température élevée [WETTMANN et al.,
1979]. Une partie de la réduction du taux de conception
des truies en saison chaude pourrait donc être attribuée à
une diminution de la fertilité des verrats.
2.2.1.4. Porc en
croissance
Les effets du climat, et en particulier des
températures ambiantes élevées, sur les performances du
porc en croissance alimenté à volonté sont bien
décrits dans la bibliographie [RINALDO et LE DIVIDICH, 1991,
QUINIOU et al., 2000b]. Comme pour la truie en lactation, la
réduction de l'appétit est une des principales
conséquences de l'augmentation de la température. En moyenne,
cette réduction de la consommation est de 40 à 80 g/jour par
°C pour des températures maintenues artificiellement constantes
entre 20 et 30°C [COLLIN, 2000] et de 16 à 56
g/jour par °C chez des porcs élevés dans un bâtiment
semi-ouvert en région tropicale [RINALDO et al.,
2000].
2.2.2. Méthodes
permettant d'atténuer les effets de la chaleur
2.2.2.1. Modifications de
la conduite d'élevage
En effet, on peut envisager de concentrer l'aliment et/ou de
réduire son extra-chaleur. Il a été testé chez le
porc en croissance élevé au chaud : l'indice de consommation est
amélioré, mais les effets sur la consommation d'énergie
et la vitesse de croissance sont négligeables [STAHLY et
CROMWELL, 1979 ; LE BELLEGO et al 2002a]. Des techniques
permettant de rafraîchir les animaux ou l'ambiance des bâtiments
d'élevage peuvent atténuer les effets de la température.
L'utilisation de goutte à goutte sur la tête ou les épaules
des animaux augmente les pertes de chaleur par la voie latente.
2.2.2.2. Sélection
d'animaux adaptés au climat
Cette approche consiste à produire des animaux dont les
performances ne sont pas ou sont peu réduites par une température
élevée. Il s'agit donc de modifier le seuil de sensibilité
à la chaleur et/ou d'améliorer l'efficacité de la
thermorégulation (i.e. réduction de la thermogenèse et/ou
augmentation de la thermolyse). Deux grands types d'adaptation peuvent
être considérés : l'adaptation non génétique
ou acclimatation, et l'adaptation génétique.
L'acclimatation représente la capacité de
l'animal à ajuster son métabolisme ou son comportement au cours
du temps pour mieux tolérer une température élevée.
Ces ajustements font appel à des réponses coordonnées
à différents niveaux d'organisation (structurale, organique,
cellulaire et moléculaire) et provoquent des modifications de
l'expression de certains gènes, d'activités enzymatiques, de
taille d'organe, de dépôt de tissus ou de consommation
d'énergie [COLLIER et al., 2002].
L'adaptation à la chaleur est un processus de type
biphasique. Dans un premier temps, l'adaptation se caractérise par une
stimulation rapide par le système nerveux autonome des effecteurs
permettant d'augmenter la dissipation de la chaleur (glandes sudoripares,
vaisseaux sous-cutanés...). Dans un second temps, la production de
chaleur est réduite en augmentant l'efficacité du fonctionnement
des organes et/ou en diminuant la prise alimentaire.
La chaleur est l'un des principaux facteurs environnementaux
affectant les performances de croissance et de reproduction du porc. Ses effets
dépendent du stade physiologique de l'animal, de l'hygrométrie
ambiante et, plus généralement, de la conduite d'élevage.
En réponse à un stress thermique de longue durée, les
porcs réagissent en diminuant ou déviant leur métabolisme
énergétique et en augmentant les échanges de chaleur avec
leur environnement. Pour atténuer les effets de la chaleur sur les
performances des porcs, la solution la plus simple et la plus rapide consiste
à modifier l'environnement thermique autour des animaux.
D'autres solutions basées sur l'utilisation d'aliment
à faible extra-chaleur peuvent également être
appliquées. Cependant ces méthodes sont coûteuses et
souvent mal adaptées aux conditions d'élevage tropicales, surtout
lorsque l'on cherche à valoriser des matières premières
locales, riches en fibres. Une alternative serait de pouvoir disposer d'animaux
thermotolérants. Cette approche nécessite au préalable de
comprendre les mécanismes physiologiques impliqués dans
l'adaptation à la chaleur et la nature des antagonismes entre les
caractères d'adaptation et de production. Cette première
étape doit contribuer au choix des objectifs et des critères de
sélection. Bien que peu de résultats soient disponibles dans la
bibliographie concernant le porc, des indicateurs de la sensibilité
à la chaleur, de la thermogenèse ou de la thermolyse pourraient
être de bons critères à sélectionner pour
l'obtention d'une lignée adaptée à la chaleur [96]
[RENAUDEAU et al., 2003]
2.3. IMPACT DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA PRODUCTION AVICOLE
Comme tous les homéothermes, les oiseaux ont besoin
pour vivre, de maintenir leur température interne constante. Cette
dernière évolue en fonction de la température ambiante
vécue par l'animal de sorte que des températures
élevées de 35-40°C se traduisent presque
irrémédiablement par une hyperthermie souvent mortelle. Pour que
la température corporelle des volailles soit maintenue constante, la
chaleur qu'elles produisent par les activités physiques et des
réactions biochimiques dans l'organisme, doit être
éliminée. Classiquement, cette perte de chaleur totale est
divisée en deux parties : d'une part la chaleur sensible
représentée par 70% des calories évacuées et
d'autre part la chaleur latente de 30% dite liée qui est
éliminée par la respiration.
Par exemple, les températures ambiantes optimales pour
la phase de finition des poulets de chair (4-6 semaines) se situent entre 20 et
25 °C [MCNAUGHTON, 1982 ; YAHAV, 1998]. Une
augmentation de la température ambiante de 20 à 35 °C peut
réduire la vitesse de croissance de 20 à 25% [YAHAV et
al., 1996] et un « coup de chaleur » brutal
à plus de 36 °C peut tuer près de la moitié de
poulets en moins de 3 heures [TEETER et al.,
1985].
Les génotypes de volailles maigres ou gras ne
présentent pas de différence significative de production de
chaleur à jeun [MAC LEOD et GERAERT, 1988] et
l'excès de gras pourrait entraver la thermolyse.
Avec l'augmentation de température ambiante, les
volailles réduisent leur thermogenèse et augmente leur
thermolyse. Les réactions spécifiques des oiseaux
intéressent les rythmes cardiaque et respiratoire,
l'ingéré énergétique et l'activité
physique.
2.3.1. Augmentation de la
fréquence cardiaque
À partir d'une température ambiante de
23°C, la volaille diminue sa production de chaleur c'est-à-dire la
thermogenèse, en réduisant la consommation alimentaire et en
limitant ses déplacements.
Mais dès qu'on atteint 26°C de température
ambiante, il y a élévation de la température corporelle de
41,5° à 42,5°C ce qui entraîne à la fois une
augmentation du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire qui se
stabilisent respectivement à 350 cycles et 50 inspirations par
minute.
L'augmentation de la fréquence cardiaque s'accompagne
de la dilatation des vaisseaux sanguins périphériques avec
augmentation de la circulation sanguine au niveau de la crête, des
barbillons, de la trachée et surtout de la peau dont le flux sanguin est
multiplié par 7. Les organes internes ne sont pas irrigués, or ce
sont eux qui transforment l'aliment pour la satisfaction des besoins de
production. Il y a donc une réduction de l'absorption intestinale
d'où baisse de la digestibilité alimentaire.
Mais entre temps, cette vasodilatation permet
d'accroître la perte de chaleur par la peau et l'accroissement de la
consommation de l'eau d'où le gonflement de la crête et des
barbillons. Ce réflexe physiologique améliore les
déperditions de chaleur au niveau de ces organes.
2.3.2. Augmentation du
rythme respiratoire
À partir de 29°C avec une hygrométrie
élevée la température corporelle atteint 44°C.
L'augmentation du rythme cardiaque ne suffit plus à baisser la
fièvre vécue par le poulet.
Un deuxième phénomène se met en place,
c'est l'augmentation de la fréquence respiratoire qui atteint 140
à 170 inspirations par minute voire 300 inspirations par minute
[ZHOU et YAMAMOTO, 1997] quand la température
dépasse plus 36°C [PEREZ et al., 2006].
L'animal maintient le bec ouvert, on dit qu'il halète : c'est
l'hyperventilation pulmonaire ou halètement encore appelé effet
Panting.
Cela conduit à la modification de l'équilibre
acido-basique sanguin et une alcalose dite respiratoire [MARDER et
ARAD, 1989] avec des pertes urinaires de bicarbonate de calcium.
En phase finale la température interne du poulet
atteint 46-47°C, son rythme cardiaque passe de 500 à 600 cycles par
minute et la fréquence respiratoire atteint sa limite à 200
inspirations par minute. L'animal meurt alors d'hyperthermie, alcalose
respiratoire, arrêt cardiaque ou par arrêt respiratoire.
2.3.3. Activités
physiques des animaux
Parallèlement à l'hyperventilation
(évaporation pulmonaire), les oiseaux en hyperthermie maintiennent les
ailes écartées et les plumes ébouriffées pour
dissiper un maximum de calories. Leurs déplacements sont limités
au strict minimum. Ils recherchent seulement les endroits ventilés et
« ombragés » dans le bâtiment. Si la
température ambiante ne baisse pas, arrive la phase de coma au cours de
laquelle les animaux cessent toute activité. Ils
« plantent » le bec dans la litière et restent en
prostration thermique.
2.3.4.
Ingéré énergétique
La volaille baisse son ingéré
énergétique. Cette modification de comportement est la preuve que
les volailles s'adaptent très vite à un excès de chaleur.
Cette réduction de l'ingéré s'explique par une baisse des
besoins d'entretien mais surtout, les oiseaux réduisent leur
ingéré en énergie pour maintenir leur température
interne compatible avec la vie et ce d'autant que l'extra-chaleur
consécutive à l'ingestion des aliments est augmentée sous
des climats chauds.
La baisse de la consommation alimentaire atteint 5% par
degré supplémentaire au-delà de 30°C surtout aux
heures les plus chaudes de la journée [BOUVAREL,
1997].
2.3.5. Conséquences
de la chaleur sur les performances zootechniques des volailles
Chez les poulets de chair, la chaleur excessive surtout
pendant la période de finition des poulets, se traduit souvent un
désastre économique car elle entraîne des mortalités
importantes. Durant la croissance et l'engraissement, la réduction de la
consommation alimentaire engendrée par l'excès de chaleur
entraîne une baisse des performances de croissance avec toutes fois des
variations liées aux souches.
Ainsi, d'après GERAERT
(1993), les poulets « gras » ont une
croissance plus significativement ralentie que les poulets
« maigres » face à la chaleur et pour une
réduction identique des consommations alimentaires. Mais la
réduction de l'ingéré alimentaire n'est que partiellement
responsable du net ralentissement de la croissance.
2.3.6. Solutions pratiques
pour lutter contre la chaleur
2.3.6.1. Moyens
zootechniques
En élevage des volailles, il est possible par des
actions efficaces de limiter les effets négatifs des excès de
chaleur sur les volailles. Les actions peuvent être conduites
principalement dans quatre directions : la conception et la
réalisation des bâtiments d'élevage, le choix judicieux des
souches à produire, l'adaptation de l'alimentation aux conditions des
zones chaudes et les techniques d'élevage.
Les bâtiments d'élevage doivent être bien
conçus et réalisés pour aider à atténuer les
conséquences de la chaleur sur les volailles. Les bâtiments
largement ouverts facilitent la circulation de l'air.
Le choix des souches est une bonne mesure, car les poulets
à croissance lente supportent mieux la chaleur que les poulets à
croissance rapide. Il est souhaitable de choisir les animaux cou-nu qui sont
particulièrement résistants à la chaleur.
Concernant l'alimentation, il est bon de rappeler que
l'ingestion, la digestion et l'utilisation métaboliques des aliments ont
un effet thermogénique. Il a été démontré
que l'un des moyens pour atténuer l'effet néfaste des
températures élevées est l'alimentation calcique
séparée [MONGIN et SAUVEUR, 1975 ; PICARD et
al., 1986 ; UZU, 1989].
L'alimentation calcique séparée consiste
à offrir séparément à la poule un régime
appauvri en calcium en plus d'une source de calcium sous forme de particules
reconnaissables telles que des coquilles d'huîtres pilées ou des
granulées, permettant ainsi à la poule d'ajuster elle-même
sa consommation calcique en fonction de ses besoins [BANGA-MBOKO,
2003]
Les autres perspectives d'améliorations sont nombreuses
et variées, nous pouvons citer l'alimentation libre choix avec une
alimentation dite « séparée » qui consiste
à recourir à des céréales qui sont servies aux
animaux avec à côte une mangeoire contenant un composé
minéral vitaminisé et azoté.
Selon JAOVELO (2007), l'utilisation d'une
supplémentation alimentaire en Volihot (mélangé
de vitamines et d'oligo-élements anti-oxydants) améliore les
performances des poulets de chair en période de stress thermique. En
effet, les oiseaux traités par le Volihot sur toute la
durée de l'élevage ont vu leur croissance améliorée
(soit 949g à 4 semaines d'âge). Il a montré
également une diminution du taux de mortalité et une
amélioration de la consommation et l'efficacité alimentaire. Les
mêmes résultats ont été obtenus par NDAM
(2007) après l'utilisation d'un autre produit soluble dans
l'eau, le Volilyt+ composé du bicarbonate de sodium, du
chlorure de potassium, de la vitamine C et de la vitamine E.
L'emplacement de la fraction glucidique de l'aliment par des
graisses alimentaires, pour réduire la production d'extra chaleur ;
car les lipides ont un meilleur rendement que les glucides.
La dilution énergétique des aliments en
utilisant par exemple des sons de céréales. La teneur en
protéines brutes de l'aliment dont il faut éviter
d'accroître le niveau. L'eau de boisson est à distribuer à
volonté et de bonne qualité, pour compenser les pertes d'eau par
déshydratation sous l'effet de la chaleur.
Les techniques d'élevage permettent de prévenir
des mortalités par hyperthermie. En effet, une adaptation précoce
des volailles à la chaleur les aide à mieux supporter en
finition, tout accroissement de la température ambiante.
Selon De BASILIO et PICARD
(2002), la capacité de survie des poulets à un
coup de chaleur est augmentée par une acclimatation par l'exposition
à une température élevée de 36 à 40°C
[DE BASILIO et al, 2003] pendant 24 h à
l'âge de 5 jours, sans diminuer significativement la mortalité
lors d'un coup de chaleur à la 6ème semaine
[ARJONA et al., 1988].
Des études ont révélé que les
rythmes d'éclairage pouvaient avoir une influence sur la
résistance à la chaleur ; par exemple, une alternance
régulière de 7 heures d'éclairement avec 7 heures
d'obscurité permet d'augmenter le gain de poids lors de l'exposition au
chaud [TEETER et al., 1989]. La réduction de
la densité est aussi préconisée ainsi que la
quantité de la litière. Enfin, l'ajout des tonicardiaques
(aspirine, vitamine C,...) dans l'eau de boisson permet d'atténuer les
effets néfastes de la chaleur.
2.3.6.2. Moyens
médicamenteux
· Vitamine C
Son utilisation dans la lutte contre la chaleur donne des
résultats non significatifs entre le lot témoin qui ne
reçoit pas la vitamine C et le les lots traités à la
vitamine C, sur le plan de l'ingéré alimentaire. Par contre, on
note une amélioration du GMQ chez les oiseaux traités par rapport
au lot témoin, et une amélioration de l'indice de consommation
qui passe de 2,3 pour le lot témoin à 1,8 pour les lots
traités [KASSIM et NORZIHA, 1995].
L'utilisation de la vitamine C pendant un stress thermique
limite l'augmentation de la température corporelle chez le poulet de
chair.
· Vitamine E et D3
Les besoins en vitamine E augmente pendant le stress thermique
[CHEVILLE, 1977] ; la vitamine E joue un rôle
d'antioxydant physiologique par inactivation des radicaux libres, et contribue
au maintien de l'intégrité des cellules endothéliales. Le
stress thermique interfère avec la conversion de la vitamine D3 sous sa
forme active, étape importante pour le métabolisme du calcium
[SCOTT, 1966].
· Sels
Les sels trouvent leur utilisation dans la lutte contre
l'alcalose, en particulier, le bicarbonate de calcium et le chlorure
d'ammonium, [TEETER et SMITH., 1986]. Le principe consiste
à administrer dans l'eau de boisson certains sels de manière
à limiter l'augmentation de pH sanguin pendant la lutte contre le chaud,
et à accroître la quantité d'eau ingérée
puisque l'on modifie également la pression osmotique plasmatique. La
lutte contre l'alcalose et un abreuvement suffisant favorisent la croissance et
diminuent la mortalité. L'utilisation en association du bicarbonate de
sodium avec le chlorure d'ammonium donne des résultats satisfaisants
lorsque les doses sont respectées comme le soulignent certains auteurs
[BOTTJE et HARRISON, 1985].
· Anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS)
Le mécanisme d'action des AINS réside dans une
interférence avec la synthèse des prostaglandines, facteurs
intervenant entre autres au niveau des centres de thermorégulation pour
entraîner une hyperthermie.
L'aspirine (acide acétylsalicylique)
peut être utilisée seule ou associée à la vitamine C
(acide ascorbique) dans la lutte contre la chaleur. Mais KAFRI et
CHERRY (1984) ; STILBORN et al., (1987) ont
montré qu'il n'y a pas de différence significative entre les
sujets traités et les témoins.
La Flunixine donne des résultats plus
nets lorsqu'il est administré à des doses
variant de 1 à 10 mg/l d'eau pendant 3 jours avant l'exposition à
la chaleur. Ainsi on note une diminution de la mortalité, la
température centrale augmente moins et le gain de poids est
partiellement restauré. La consommation d'eau augmente aussi très
nettement (de 100 à 300 ml de plus) ce qui expliquerait sans doute son
effet supérieur à celui de l'aspirine BIRRENKOTT et
OLIVIER (1981) ; EDENS et CAMPBELL (1985).
2.4. IMPACT DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES PRODUCTIONS HALIEUTIQUES
La pêche dans les eaux intérieures et en mer
procure une part importante des protéines consommées dans de
nombreux pays. Mais, peu de recherches ont été achevées
sur les impacts des changements climatiques sur la pêche en eau douce et
de l'aquaculture. La pêche maritime dans le monde, par contre, est
menacée par la surexploitation. Selon les données de la
FAO (2006) plus de 7 millions de tonnes sont
exploités chaque année en Afrique. Les changements climatiques
seront un stress supplémentaire [HOBDAY et MATEAR,
2005] à cette surexploitation des poissons. Les variables les
plus impliquées sont les changements de la température des
océans, les courants marins, le phénomène El Niño
(ENOS), les vents, l'acidification de l'eau et les changements des
précipitations.
Globalement, les futurs impacts des changements climatiques
sont susceptibles d'être plus élevés pour les
espèces endémiques tempérées que pour les
espèces tropicales [FRANCIS, 1994, 1996]. Ces impacts
seront aussi observés sur les espèces démersales
côtières et les espèces pélagiques [HOBDAY
et MATEAR, 2005]. Les variations de la température de la
surface de la mer ou les courants sont susceptibles d'affecter la distribution
de plusieurs espèces pélagiques commerciales comme le thon.
En conclusion, les changements climatiques affectent
négativement la croissance et la productivité des animaux
d'élevage. Leurs impacts sont considérables et il serait
important pour les éleveurs d'appliquer les moyens de lutte contre le
stress thermique efficaces même si nombreux d'entre eux les trouvent
moins rentables.
2.5. ETUDE COMPARATIVE DES
DIFFÉRENTS SYSTÈMES DE PRODUCTION FACE AUX CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
Tableau
X: Cas de la production des bovins
AVANTAGES
|
|
Système intensif
|
Système semi-intensif
|
Système extensif
|
Zootechnique /
Sanitaire
|
- Animaux d'élevage amélioré
- bâtiments bien adaptés
- bonne condition d'élevage
- un bon rationnement
- utilisation des biotechnologies
- Maîtrise des pathologies
|
- pâturage artificiel
- stabulation incomplète
- complémentation des animaux à la ferme
- amélioration de la production (lait et viande)
- introduction de la biotechnologie (Insémination
artificielle)
- amélioration de la santé des animaux (soins
vétérinaires)
Amélioration des techniques de l'élevage
|
- élevage de races locales pures et résistantes
aux maladies (trypanosomoses chez la race NDAMA)
|
Economique
|
- haute productivité
- élevage très rentable
|
- Source de revenus pour les ménages
- productivité moyenne
|
- source de revenus pour plus de 20 millions de familles
pastorales
|
Ecologique / changement climatique
|
- pas de dégradation des sols et de
déforestation
|
- faible dégradation des sols
- définition et amélioration des parcours
- faible pollution de l'environnement
|
- bien adapté aux zones arides africaines
- faible production des gaz à effet de serre
(N2O, CH4)
|
INCONVENIENTS FACE AUX CC*
|
Zootechnique /
Sanitaire
|
- Les vaches laitières très sensibles à
la chaleur
- baisse de la production du lait et du métabolisme
(baisse de l'ingéré énergétique)
- baisse des performances
|
- métissage incontrôlé des animaux surtout
en Insémination artificielle paysanne
- faible adaptation des métis aux conditions arides
|
- Surpâturage
- transhumance et divagation
- alimentation sans complémentation
|
Economique
|
- baisse de productivité due au stress thermique
- taxe sur la gestion des déjections
- manque d'aliments (céréales)
|
- stabulation coûte chère aux éleveurs
traditionnaires
- peu de moyens pour s'approvisionner en concentré
|
- faible productivité
- forte mortalité des animaux en cas
d'événements extrêmes (cyclones, pluies
torrentielles,...)
|
Ecologique /
changement climatique
|
- production intensive des gaz à effet de serre
(CH4 : 90 kg/vache/an)
- pollution de l'eau par les déchets (Azote et le
phosphore) et les résidus des médicaments
|
- production des gaz à effet de serre
considérable
|
- dégradation des sols
- déforestation
- augmentation de la sécheresse
(désertification)
- manque d'eau
- migration
- augmentation de la mortalité des animaux
- concurrence entre éleveurs et les animaux
- insécurité
- famine et pauvreté
- redistribution des maladies vectorielles (trypanosomoses,
...)
|
*CC : Changements climatiques
D'après le tableau X, l'élevage extensif
beaucoup pratiqué en Afrique serait mieux adapté aux changements
climatiques même si son impact sur l'environnement est non
négligeable. Le système intensif offre une marge
économique considérable de part sa grande productivité en
lait et en viande, il reste la base de l'économie de nombreux pays.
En Afrique, il serait mieux d'intégrer le
système semi-intensif, car il offre plusieurs avantages notamment en
matière de l'amélioration de la race par l'insémination
artificielle et une bonne alimentation par la complémentation en
concentrés. La productivité est aussi élevée par
rapport à l'élevage extensif où les animaux sont
usés par les parcours longs durant la transhumance pour la recherche des
points d'eau et des pâturages.
Mais, les vaches laitières élevées en
système intensif produisent une grande quantité de gaz à
effet de serre mais plusieurs mesures de limiter cette pollution
atmosphérique ont été envisagées.
Tableau
XI: Cas des productions porcine et avicole
AVANTAGES
|
|
Porcs
|
Volaille
|
Zootechnique /
Sanitaire
|
- Forte productivité
- haute performance (fertilité,
fécondité,...)
- sélection des animaux adaptés à la
chaleur
|
- souches adaptés à la chaleur (cou-nu, poules
naines)
- aliments avec des tonicardiaques (vitamines,
aspirine,...)
- favoriser la souche locale plus résistante
|
Economique
|
- Productivité élevée (viandes)
-
|
- production sur une courte période (35 à 50
jours pour les poulets de chair)
- production des oeufs de consommation à moindre
coût
|
Ecologique / changement climatique
|
- fertilisation des sols par le lisier
-
|
- production quasi nulle des gaz à effet de serre
|
INCONVENIENTS EN CAS DE CC*
|
Zootechnique /
Sanitaire
|
-Truie : Sensible à la chaleur à la mise
bas avec une réduction de la consommation alimentaire
- Baisse des performances
- réduction de la fécondité
- augmentation des pathologies
|
- Volailles très sensibles à la chaleur
- baisse des performances
|
Economique
|
- perte par mortalité des animaux
|
- perte des animaux par mortalité cardiaque en cas de
coup de chaleur
|
Ecologique /
changement climatique
|
- Pollution de l'environnement
- Les odeurs de voisinages
- Eutrophisation
- l'acidification par les polluants
- l'utilisation d'énergie
- Production importante de N2O et du
CH4
|
- pollution de l'environnement par les déjections
(N2O)
|
*CC : Changements climatiques
2.6. PERSPECTIVES DE RECHERCHE EN AFRIQUE
Les interrelations entre les changements climatiques et les
productions animales montrent :
- d'une part, la contribution des élevages dans la
potentialisation du réchauffement climatique par leurs émissions
de gaz à effet de serre notamment le méthane (CH4), le
gaz carbonique (CO2) et le protoxyde d'Azote (N2O) ;
- d'autre part, l'impact des changements climatiques sur les
élevages est étroitement lié à la
sensibilité et à la vulnérabilité des
systèmes d'élevage. Le stress thermique reste l'effet le plus
important.
Vu les recherches précédemment
réalisées, il est souhaitable de poursuivre les recherches et de
les renforcer à tous les niveaux en Afrique.
Chez les bovins, il serait important de :
· montrer les impacts des élevages traditionnels
sur l'environnement dans les zones tropicales,
· faire une étude de l'impact du
réchauffement climatique sur les élevages intensifs dans les
zones tropicales sèches,
· faire une étude comparée de l'effet de la
chaleur sur les vaches locales en comparaison avec les vaches métisses
issues de l'IA et des vaches exotiques pures,
· faire une étude pour quantifier la pollution due
aux déjections des élevages sur l'environnement (eaux des nappes
phréatiques),
· faire des études avancées sur de
nombreuses molécules bactéricides qui ciblent les
bactéries captant l'hydrogène pour produire du méthane
comme les extraits d'ail, de piment, de yucca et de cannelle, de rhubarbe et de
bourdaine, sérum de luzerne peuvent diminuer significativement la
méthanogenèse.
Chez les porcs, il serait important de :
Ø faire une étude sur l'impact de la production
intensive des porcs sur l'environnement en zone tropicale humide, semi-humide
et sèche,
Ø faire une étude sur la gestion des
déjections des élevages porcins et l'impact des composés
azotés (nitrates, nitrites) sur l'environnement,
Ø étudier les mesures d'adaptation des porcs aux
conditions arides et sèches en milieu chaud et humide.
Chez les volailles, il serait important de :
Ø faire des études sur l'utilisation des
additifs alimentaires (vitamines, tonicardiaques,...) pour la lutter contre la
chaleur chez les poules pondeuses et les poulets de chair,
Ø faire des études pour la sélection des
souches mieux adaptées aux conditions tropicales,
Toutefois, le autre point important est lié à la
santé publique et à l'épidémiologie. Il faudrait
faire des études sur les nouvelles répartitions des maladies
animales en zone tropicale et tempérée (infectieuses,
parasitaires, zoonotique) et surtout alerter les autorités en cas de
nouvelles menaces, pour mieux protéger les hommes et les animaux. Un
accent particulier devrait être mis sur la prévention des zoonoses
et des maladies professionnelles.
A l'avenir, les autorités devraient mettre en place les
stratégies d'adaptation et des mesures de mitigation à tous les
niveaux pour s'adapter aux changements climatiques et à faciliter un
large éventail de réponses afin de limiter leurs impacts
négatifs.
CONCLUSION
GENERALE
Les changements climatiques sont dus à des variations
des températures terrestres en surface qu'en atmosphère. Leur
impact sur les élevages conduit à la baisse de performances des
animaux et fragilise leur santé. La variabilité naturelle du
climat est soumise à différents facteurs tels que l'insolation,
albédo, paramètres de Milankovic et le phénomène El
niño/ Oscillation australe (ENSO).
L'objectif principal de notre étude est de rassembler
et de synthétiser les connaissances actuelles sur les interrelations
entre les changements climatiques et les productions animales.
De façon spécifique, il s'agit de faire
l'état de lieu du rôle de l'élevage dans le
réchauffement de la Terre et de l'impact des changements climatiques sur
les productions animales ; et de dégager ensuite quelques
perspectives de recherche en Afrique.
Au cours du siècle dernier, l'augmentation moyenne des
températures terrestres à la surface des sols et au niveau des
océans a été de 0,6°C #177; 0,2°C, les
températures atmosphériques quant à elles, ont
augmenté de 0,05 #177; 0,10 °C dans les 8000 m les plus bas, et de
0,15 #177; 0,05 °C vers la surface. Les conséquences des
changements climatiques sont la modification du régime des
précipitations associée aux pluies torrentielles, inondations,
augmentation du niveau des océans, fonte des glaciers, ouragans,
cyclones tropicales, sécheresse, dégradation des ressources
naturelles, disparition de certains biomes, etc.
Aucun continent ne sera épargné par le processus
des changements climatiques mais la vulnérabilité et la
sensibilité diffère d'une zone géographique à une
autre. Le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC)
a proposé plusieurs scénarios d'adaptation par continent.
Ces variations des températures sont imputables
à l'origine humaine. En effet, depuis l'installation des industries
lourdes au 19e siècle, les concentrations des gaz à
effet de serre naturels tels que le gaz carbonique (CO2), le
méthane (CH4), le protoxyde d'Azote (N2O) ainsi
que les gaz à effet de serre industriels incluant des gaz fluorés
inscrits à l'annexe 1 du protocole de KYOTO, ont augmenté
considérablement. Cela amplifie le phénomène de l'effet de
serre et augmente le forçage radiatif. Ces gaz à effet de serre
proviennent de plusieurs secteurs notamment l'industrie du pétrole, le
transport, les centrales énergétiques, l'élimination et le
traitement des déchets, la combustion de biomasse, l'exploitation des
terres et la production agricole.
Le secteur de l'élevage est une source de pollution
d'origine terrestre, émettant des éléments nutritifs, de
matières organiques, d'agents pathogènes et de résidus de
médicaments dans les rivières, les lacs et les eaux
côtières. Il contribue au réchauffement climatique par
l'émission des gaz à effet de serre et est responsable de
l'émission de 1% de CO2, et respectivement de 50 et 30% du
protoxyde d'Azote et du méthane. L'élevage intensif des bovins
produit de très grandes quantités de ces deux derniers gaz ainsi
que la production porcine. Les bovins de race locale élevés en
système extensif polluent moins l'atmosphère, mais leur impact
sur l'environnement est non négligeable notamment en rapport avec la
dégradation des sols, la déforestation, l'augmentation de la
sécheresse, etc. Cependant, ce système présente un
inconvénient majeur lié à sa faible productivité
par rapport au système intensif exploitant les bovins de races exotiques
à forte production de lait et de viande.
Plusieurs solutions visant à réduire
l'émission des gaz ont été proposées. Dans les
élevages bovins, pour la réduction des émissions du
méthane, il a été proposé d'augmenter la
productivité animale tout en réduisant le nombre d'animaux et
d'utiliser les additifs alimentaires (antibiotiques ionophores, les acides gras
à longues chaînes) ; tandis que pour la réduction du
protoxyde d'azote, certains auteurs ont proposés l'utilisation des
additifs (acides organiques, les enzymes et les bactéries vivantes)
surtout en élevage porcin. Toutes ces mesures ne concernent pas la prise
en charge des déjections issues des élevages.
L'impact des changements climatiques sur les productions
animales risque d'affecter les économies et le commerce international.
Les auteurs ont montré une importante sensibilité des
élevages à des facteurs climatiques notamment en termes de
productions des aliments et leurs variations, l'exposition à la chaleur
et au froid. Les animaux seront soumis au stress thermique d'où les
mesures doivent être prises pour l'adaptation des systèmes
d'élevage en zone chaude. Ce qui augmentera, par conséquent, les
coûts de production provoquant la hausse des prix des denrées
alimentaires d'origine animale.
Les voies d'avenir en médecine
vétérinaire africain résident d'une part dans la poursuite
des recherches sur les impacts sanitaires des changements climatiques sur les
animaux, pour prévenir les éleveurs et les autres acteurs de
l'élevage des risques à venir, et d'autre part, dans la
proposition des mesures d'adaptation afin de faciliter un large éventail
de réponses.
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SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR
« Fidèlement attaché
aux directives de Claude BOURGELAT, fondateur de l'enseignement
vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes
maîtres et mes aînés :
d'avoir en tous moments et en tous lieux le souci de la
dignité et de l'honneur de la profession
vétérinaire ;
d'observer en toutes circonstances les principes de
correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon
pays ;
de prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune
consiste moins dans le bien que l'on a, que dans celui que l'on peut
faire ;
de ne point mettre à trop haut prix le savoir que je
dois à la générosité de ma patrie et à la
sollicitude de tous ceux qui m'ont permis de réaliser ma vocation.
« Que toute confiance me soit retirée
s'il advient que je me parjure. »
LE (LA) CANDIDAT (E)
VU
LE PROFESSEUR RESPONSABLE
DE L'ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE
VETERINAIRES DE DAKAR
VU
LE DIRECTEUR
DE L'ECOLE INTER-ETATS
DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE
DAKAR
LE PRESIDENT
DU JURY
VU
LE DOYEN
DE LA FACULTE DE MEDECINE
ET DE PHARMACIE
DE L'UNVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
DE DAKAR
VU ET PERMIS D'IMPRIMER____________________
DAKAR, LE__________________________________
LE RECTEUR, PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE
DE L'UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
DE DAKAR
* 1 Parties pour million
* 2 Parties pour billion