REPUBLIQUE DU BENIN
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE DE
(UAC)
L'EDUCATION PHYSIQUE ET
DU SPORT
(INJEPS)
SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES
SOCIALES ET EDUCATIVES (STASE)
Option : Développement Communautaire
THEME
LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU
DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY
Présenté par :
Jérémie Mitondé ANATO
Email :
afridivin@yahoo.fr
cel : + 229 90 66 97 87
Sous la direction de :
Monsieur Bienvenu A. AKOHA
Monsieur Pascal DAKPO
Professeur de linguistique (UAC)
Docteur en STAPS
Maître de Conférences à la FLASH
Socio-anthropologue
Maître-assistant des Universités
Enseignant-chercheur à l'INJEPS/UAC
Soutenu publiquement le Mardi 14 Octobre 2008 avec
Mention Très bien
10ème Promotion
Octobre 2008
LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU
DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY
LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU
DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY
LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU
DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY
« Tant le capitalisme que le
socialisme... se sont montrés impuissants à arracher la
majorité de notre peuple de la misère... Et la question
culturelle se pose en ces termes : existe-il une autre solution, une
solution qui nous serait propre ? Ne possédons-nous pas la
tradition, l'imagination, les ressources intellectuelles et organisationnelles
pour élaborer nos propres modèles du développement, en
accord avec la vérité de ce que nous avons été, de
ce que sommes et de ce que nous voulons être, responsables devant les
sociétés civiles qui se sont développées dans nos
pays depuis la base et la
périphérie ? »
Carlos Fuentes, La socialization de la politica
desde abajo, Ventana (Nicaragua), 12 novembre 1990.
SOMMAIRE
Sommaire
ii
Dédicaces
iii
Remerciements
iv
Abréviations, Sigles et Acronymes
vi
Liste des tableaux
vii
Introduction
8
PREMIERE PARTIE: PROBLEMATISATION DE LA
RECHERCHE
1
1.1. Revue de littérature
11
1.2. Définition de concepts
15
1.3. Cadre théorique
19
1.4. Problématique
21
1.5. Hypothèse
22
1.6. Objectifs
22
DEUXIEME PARTIE :
CONTEXTE GENERAL
DE LA RECHERCHE
1
2.1.Cadre physique, géographique et
administratif
24
2.2.Cadre humain, socioculturel et
économique
25
2.3.Présentation institutionnelle
27
TROISIEME PARTIE :
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
1
3.1. Population
30
3.2. Procédures de collectes de
données
31
3.3. Choix des techniques
d'enquête
32
3.4. Déroulement de
l'enquête
33
3.5. Choix des localités des
enquêtés
34
3.6. Traitement des données
34
3.7. Difficultés
rencontrées
35
QUATRIEME PARTIE :
PRESENTATION DES RESULTATS ET
ANALYSES
1
4.1. Présentation des
résultats
37
4.2. Analyse des résultats
47
Conclusion
55
Références bibliographiques
56
Table des matières
58
DEDICACES
A
Mes chers
parents
Rosaline YENOU-ZINHOUE, Emilienne
OBINAYEDE et Albert Kpéougnon
ANATO.
Ils ont pu réaliser très tôt que le
seul moyen de faire de moi un homme libre et valable dans la
société de demain est de m'envoyer à l'école. Cet
engagement, ils l'ont respecté jusqu'à l'étape actuelle de
ma vie.
Par ce travail, je voudrais leur rendre hommage. Ils
voudront bien trouver dans cette réalisation, le fruit de leurs
efforts.
Je vous dédie ce mémoire
REMERCIEMENTS
Nous tenons sincèrement à remercier et exprimer
notre reconnaissance et notre profonde gratitude à toutes les personnes
qui ont apporté leur contribution à la réalisation de
cette oeuvre.
Nous pensons particulièrement à :
Monsieur Bienvenu AKOHA
Vous me connaissiez à peine mais malgré cela
vous avez mis vos temps de repos au profit de nos dérangements. Vos
multiples éclairages m'ont permis de vaincre mes difficultés.
Soyez assuré de notre profonde reconnaissance.
Monsieur Pascal DAKPO
Malgré vos multiples occupations, vous avez
dirigé jusqu'au bout mes travaux. Soyez cher professeur, assuré
de ma profonde reconnaissance.
Monsieur Janvier HOUNLONON et son épouse
Recevez à travers ce travail l'expression de mon
profond respect.
Mémé Anastasie BALADJA :
La réalisation de ce mémoire n'aurait
été facile sans le soutien matériel que vous avez mis
à ma disposition et l'assistance que vous m'avez apportée dans ma
vie. Soyez assuré de ma profonde gratitude.
Nos remerciements vont également à l'endroit
:
de Monsieur Pierre H. DANSOU, Directeur de
l'INJEPS et à tout le personnel administratif de l'INJEPS, à
Monsieur Adam KPENOUKOUDEHOU.
de tous les professeurs de l'INJEPS.
de tous mes camarades de la 10ème promotion
de Jeunesse et Animation pour votre sympathie et votre soutien. Ce
mémoire n'est que le début d'un périple de recherche
scientifique.
de tous mes frères et soeurs, Nonkouhoué
Estelle, Biowa Marcel Usher, Baï Sophie Mireille, Hodonou Ange-Yves, et
Dodji Judith qui n'ont ménagé aucun effort pour m'apporter leurs
soutiens sur tous les plans. Puisse cette oeuvre vous édifier et vous
montrer que le travail est le début et la fin de toute chose. Recevez
ici mes sincères considérations pour l'aboutissement du travail
qu'ensemble nous avons abattu.
de mes oncles et mes tantes Hélène, Bertin,
Dominique, Cyrille, Cécile, Marie-Claudine, Dossou Maurice et
Janvier.
De mes grands-mères pour ce que vous avez
été pour moi, recevez à travers ce travail toute ma
gratitude et ma reconnaissance.
A mon Feu grand-père pour ce qu'il a
été. Daigne ce mémoire témoigner de ce que tu
m'avais dis quelques heures avant ton décès :
« mon fils, seul le travail libère l'homme.»
A Timothée LOHOU et son épouse : votre
sens de collaboration m'a rendu un grand service à travers lequel je ne
pourrai jamais vous oublier. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi.
A mesdemoiselles Angèle BOKO-YAHA, Sandra YANDAH,
Elodie TAFETI, Olive FAGNISSE, Carine HOUNTCHEME, Rose GNANCADJA, Kassirath
LAWANI, Poliane TIKO, Espérance THON, Alida HOUNLONON, Martine
MITOKPE.
A tous mes amis : Hugues, Mansourou, Ignace,
Ange-Michel, Iboukoun, Théophile, Elisé, Valentin, Cyriaque,
Rodrigue. Merci pour votre soutien inconditionnel.
A Adeline : puisse ce mémoire te montrer une
infirme partie de ce que tu désires tant savoir et te prouver toute la
richesse de la culture Béninoise.
A Bonaventure VISSOH : ton indéfectible soutien
dans l'élaboration de ce mémoire m'a été hautement
salutaire, reçois-en mes chaleureux hommages.
A tous les étudiants de l'INJEPS et toutes les
personnes ayant participé a l'échantillonnage, merci pour votre
contribution et collaboration.
A ma bien aimée Nicole ADANDE, les mots me manquent
pour t'exprimer ma gratitude. Ta foi inébranlable en moi m'a
été d'un apport sans égal. Aujourd'hui, m'y voici et mon
voeu le plus cher est que le miséricordieux nous porte assistance afin
qu'ensemble nous puissions braver les autres défis qui se dresseront sur
notre chemin. Que ce travail soit pour toi un exemple et une joie à
partager.
Nos remerciements vont enfin à l'endroit de tous ceux
que nous n'avons pas pu citer nommément et qui, pourtant, ont
été d'un précieux concours.
ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
DGAT : Direction Générale de
l'Aménagement du Territoire
EPA : Ecole du Patrimoine Africain
FIDESPRA : Formation Internationale pour le
Développement et l'Echange de Savoir et Savoir-faire au service d'une
Promotion Rurale Autonome
Hab : Habitants
I.A.D. : International Association for Delivrance
INJEPS : Institut National de la Jeunesse, de
l'Education Physique et du Sport
INSAE : Institut
National de la Statistique et de l'Analyse Economique
JA : Jeunesse et Animation
MCAT : Ministère de la Culture de
l'Artisanat et du Tourisme
MJSL : Ministère de la Jeunesse, du Sport
et des Loisirs
ONG : Organisme Non Gouvernemental
OT : Office du Tourisme d'Abomey et
Région
PDC : Plan de Développement Communal
RGPH3 : Troisième Recensement
Général de la population et de L'Habitat
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1:
|
Répartition des populations suivant les
catégories....................
|
30
|
Tableau 2 :
|
Répartition des populations suivant
l'âge..............................
|
30
|
Tableau 3 :
|
Répartition des populations suivant le
sexe............................
|
31
|
Tableau 4 :
|
Répartition des populations suivant le niveau
d'instruction.........
|
31
|
Tableau 5 :
|
Répartition des citoyens suivant la catégorie
socioprofessionnelle.
|
32
|
Tableau 6 :
|
Répartition des citoyens suivant la situation
matrimoniale.............
|
33
|
Tableau 7:
|
Définition du vodoun selon les adeptes et les
dignitaires............
|
33
|
Tableau 8 :
|
Signification du vodoun selon les adeptes et les
dignitaires.........
|
34
|
Tableau 9 :
|
But du vodoun selon les adeptes et les
dignitaires...................
|
34
|
Tableau 10 :
|
Raisons de la pérennité du vodoun selon les
adeptes et les
dignitaires...................................................................
|
34
|
Tableau 11 :
|
Autres valeurs véhiculées par le
vodoun................................
|
35
|
Tableau 12:
|
Régulation des actes et des désirs par le
vodoun......................
|
35
|
Tableau 13 :
|
Méthodes de régulation des actes et des
désirs........................
|
36
|
Tableau 14 :
|
Indication des voies à suivre et des interdits par le
vodoun..........
|
36
|
Tableau 15 :
|
Rassemblement de foules par le
Xwétanù..............................
|
36
|
Tableau 16:
|
Importance du
Xwétanù...................................................
|
37
|
Tableau 17:
|
Raisons de l'importance du
Xwétanù...................................
|
37
|
Tableau 18 :
|
Intérêts des populations à participer aux
cérémonies.................
|
38
|
Tableau 19:
|
Satisfactions trouvées par les populations lors du
Xwétanù .........
|
38
|
Tableau 20 :
|
vodoun comme source d'inspiration en matière de
musique,
de chant et de
danse........................................................
|
39
|
Tableau 21 :
|
Activités économiques lors de ces
manifestations....................
|
39
|
Tableau 22:
|
Dépenses effectuées par les
adeptes.....................................
|
40
|
Tableau 23:
|
Synthèse de
l'étude.........................................................
|
48
|
INTRODUCTION
Ces dernières années ont vu s'animer de plus en
plus le débat sur le rôle de la culture dans le
développement social et économique. Une des raisons de ce nouvel
intérêt, c'est que les moyens investis dans le
développement tardent à donner les résultats que l'on
attend. D'où l'élaboration progressive du concept de
développement endogène, auto-centré grâce auquel
chaque pays se prend en charge en comptant sur ses propres forces et sur
l'initiative créatrice des larges masses comme cela avait
été si bien formulé dans le Discours-Programme du 30
Novembre 1972 et dans le Discours de GOHO du 30 Novembre 1974.
Le concept de développement endogène s'emploie
généralement pour caractériser la situation
économique des peuples colonisés, devenus indépendants et
tous sous développés manquant même de l'essentiel vital.
Dans cette perspective, René DUMONT en 1960 avait
essayé de démontrer que la psychologie des peuples
colonisés est celle de créatures tournées vers
l'extérieur, vers celui qui ayant apporté un bienfait une fois,
est tenu d'intervenir tout le temps pour aller au secours. Et, ajoute cet
auteur, « mentalité d'étroite dépendance et
d'infantilisme pitoyable est si profondément encrée chez les
individu, enfouie au fond de leur subconscient qu'elle s'exprime dans leurs
rêves. » Les territoires d'Afrique Noire
libérés en 1960 étaient effectivement mal partis.
Le développement endogène est ainsi né
d'une prise de conscience historique des populations colonisées de
mettre fin à leur dépendance vis-à-vis de
l'extérieur et de trouver dans leurs propres fonds, les ressources
humains et matérielles pour résoudre leurs problèmes, pour
se libérer et s'épanouir. D'où l'intérêt de
la culture.
Pour appréhender le phénomène de la
culture en Afrique, nous partirons de la définition qu'en donne KATOKE
(1978) : « la culture, c'est la totalité des
éléments constitutifs du mode de vie d'une société
donnée, lesquels sont le produit des circonstances et du milieu à
un moment et en un lieu donné...en d'autres termes, elle est une
manière de vivre adoptée par les membre de la
société face aux forces naturelles et surnaturelles qui ont une
influence sur leur existence. » 1(*)
A cet égard, il est fait le constat que dans la
société Béninoise, il y a d'une part, une
société fortement hiérarchisée et ordonnée
par les us et coutumes ; d'autre part, la société nouvelle
où de nouvelles valeurs ont bousculée les anciennes : les
femmes s'émancipent, les enfants sont plus instruits que les parents, le
technicien est plus apprécié que l'agriculteur.
Mais si la nouvelle société est aujourd'hui la
plus forte, l'ancienne n'est pas morte. Elle vit dans les campagnes, elle
s'infiltre à la ville. Ce sont les religions traditionnelles ou
`'vodoun''. Cette religion s'exprime dans le vécu quotidien par des
symboles, des gestes, des objets, des rites, des cérémonies, des
mythes, la langue, la musique, les danses et même dans la manière
de s'habiller. Des temples sont disséminés partout : le Dan, le
Sakpata, le Hêviosso etc. où chacun de ces dieux a son temple, son
clergé et ses adeptes et ses symboles : le fer pour le Dieu Gou,
l'iroko pour le Dieu dan, la jarre percée pour le Sakpata, la pierre de
foudre et autres objets pour Hêviosso. Il n'est pas inhabituel de trouver
dans une communauté, un chrétien converti menant une double
vie : membre pratiquant de l'église à laquelle il appartient
et fidèle aux croyances ancestrales. Le vodoun continue de manifester
partout sa vitalité et des rituels sont chaque fois observés lors
des différentes cérémonies organisées.
L'idée directrice de cette étude prend appui sur
les questions suivantes :
Pourquoi le vodoun perdure t-il jusqu'à nos
jours ?
Les connaissances et pratiques traditionnelles liées au
vodoun peuvent-elles encore aujourd'hui servir le
développement ?
L'objectif de ce travail consiste à explorer les
rapports qui existent entre la religion vodoun et la société
d'Abomey, particulièrement sous l'angle du développement social,
culturel et économique. C'est dans la mouvance de la thèse
développée par le sociologue allemand Max Weber (1990) à
propos du rôle des protestants dans la croissance de l'économie
américaine de la fin du XIXè siècle que veut se
situer la présente étude.
Pour y parvenir, le présent travail s'est
articulé autour de quatre points :
la première partie expose la revue de
littérature, la clarification des concepts le cadre
théorique, et la problématique de la recherche;
Une deuxième partie est consacrée au contexte
général de la recherche. Elle a permis de présenter le
cadre de notre étude ;
Une troisième partie porte sur la méthodologie
utilisée ;
Puis une quatrième partie présente les
résultats de la recherche et leur analyse.
Première partie :
PROBLEMATISATION DE LA
RECHERCHE
1.1. Revue de
littérature
Notre travail n'est pas le premier à aborder un sujet
relatif au vodoun. Après nos investigations, nous avons constaté
que biens d'auteurs, haïtiens, béninois ainsi que
brésiliens, et même l'Etat béninois se sont penchés
sur la question du vodoun à travers colloques, séminaires et
festivals.
Ainsi, du document final du festival Ouidah 92
« Retrouvailles Amérique-Afrique », on
retient Histoire du Vodoun depuis la guerre d'indépendance
jusqu'à nos jours où METRAUX (1993) montre que
« le vodoun n'est pas seulement la religion populaire, mais toute
la vie paysanne dont le développement échappe. Lorsqu'ils furent
déportés en Amérique, les esclaves noirs étaient
baptisés de force, obligés de pratiquer le christianisme. Ils
avaient tout perdu sauf la connaissance et les souvenirs des cultes africains.
Le vodoun leur servait d'abord de mémoire pour s'évader hors de
l'aliénation du travail forcé dans les champs de canne à
sucre, puis de communion spirituelle avec l'Afrique devenue paradis perdu.
Enfuis des plantations, se cachant dans les montagnes, ils parviennent à
se forger une identité commune dans le vodoun et à renforcer leur
cohésion en tant que groupe. Avec le vodoun comme mode de
résistance, les esclaves utilisent ses croyances pour sceller des pactes
de sang en vue d'exterminer les Blancs par le poison. Le vodoun a
été une force de mobilisation et aussi de
terreur. »
Des travaux de SOUFFRANT (1993) intitulés Vaudou et
développement chez Jean Price-Mars,on retient que :
« le problème du vaudou, en Haïti, des religions
traditionnelles dans les pays du Tiers-monde, est au coeur même du
problème du développement défini comme passage d'une
société traditionnelle à une société
moderne ». Cet auteur faisait comprendre qu'une
société se reflète dans le miroir de sa religion et que
tout dépend de l'utilisation qu'on fait de la religion traditionnelle
africaine comme moteur ou comme frein pour le développement
socioéconomique. Au fur et à mesure que se hausse le niveau de
développement culturel, les croyances religieuses, les manifestations,
les expressions, les justifications de la religion, chez les individus comme
chez les collectivités, changent, se transforment, se
réinterprètent.
Selon MONTILUS (1993), « le vodoun fait
vivre et aide à vivre. » Aussi, qu'avec ses danses, ses
chants, ses crises de possession, il procure à ses adeptes, un moyen de
s'évader. Il soude les cellules des communautés paysannes et fait
un lien d'unité à l'intérieur des collectivités
familiales. Pour lui, le vodoun reste le principal élément
d'intégration communautaire dans les sociétés rurales
à structures relâchées de nos jours. Cette religion se
révèle surtout un système de sécurité
efficace pour des masses populaires déshéritées. Partant
de l'époque de l'esclavage en passant par la guerre de
l'indépendance, les régimes d'après guerre, MONTILUS
montre que le vodoun dans la société haïtienne a permis
d'organiser la vie dans les campagnes et ceci, sous le modèle africain,
c'est-à-dire autour d'un grand-père, faisant fonction de chef de
famille et dans ce système, la terre était indivise, ils
travaillent en commun. Ainsi, la religion était là pour
conditionner les consciences.
L'histoire du Bénin est toujours marquée depuis
l'époque de l'esclavage, avant l'indépendance et jusqu'à
présent par le vodoun. Ainsi, cette institution religieuse vodoun
a marqué de son empreinte un large pan de la population dans la
société traditionnelle du Bénin.
ALAPINI (1993) dans son ouvrage intitulé
« le culte de vodoun et de Oricha chez les fon et les nago du
Dahomey » fait remarquer la grandeur de l'organisation animiste,
l'esprit de discipline qui l'anime et la morale parfois élevée
qui découle de la plupart de ses règlements. Pour lui, l'animisme
défend le vol sous peine de sanctions sévères et interdit
de « chercher la femme d'autrui. » La prostitution est
proscrite pendant certaines cérémonies. Le culte des morts est
très observé de même que le respect dû aux
fétiches et aux personnes âgées.
SARTRE (1993) analyse quant à lui l'impact du culte du
vodoun sur la vie quotidienne et la culture du Sud-Dahomey et plus
précisément dans l'aire aja. Dans l'un de ses articles
« les Vodun dans la vie culturelle, sociale et politique du
Sud-Dahomey », cet auteur montre que le vodoun s'explique par
une technique de domination de la nature. L'une des forces du vodoun est la
pharmacopée et les plantes aux abords des couvents sont les
témoins de la science d'herboriste dont les couvents gardent jalousement
le secret. L'art et la technique sont des attributs du vodoun. Ainsi, pour
SARTRE (1993), on ne peut valablement écrire l'histoire d'un peuple si
l'on néglige les divers vodoun qu'ils servent. Il fait également
une classification des vodoun et distingue des vodouns qui sont inter-ethniques
et qui se manifestent soit par dans les phénomènes de la nature
(Heviosso, Sakpata, Ayizan, Loko, Agè...) soit dans des êtres
historico-mystiques (Lègba, gu) et les vodoun purement ethniques qui
gravitent autour de l'ancêtre du clan (Nesuxué, Ajahuto,
Agasu...).
Dans son article intitulé « Approche
thématique de l'art béninois, de la période royale
à nos jours», DAAVO (2003) fait un bref
aperçu sur le lien de l'art béninois et la religion et fait
remarquer qu'à défaut de perpétuer la diffusion de la
culture guerrière qui a marqué l'histoire précoloniale de
leur pays, les artistes béninois ont retenu de ce passé, les
aspects sacrés et religieux. Pour lui, les spécialistes de la
décoration s'inspirent des symboles des temples vodouns, symboles
correspondant à chaque divinité, du modelage des bas-reliefs, des
toiles peintes de personnages divins. Ils s'emploient donc à dessiner
les portraits des vodouns, parfois en les combinant avec d'autres motifs. Cet
auteur fait comprendre que rares sont ceux qui, dans leur travail, ont pu se
passer des thèmes tels que le vodoun, le Fâ (croyance
divinatoire), les êtres invisibles, à côté de
l'évocation des faits de société et de l'actualité
politique. D'autres fondent toute leur création sur la divinité
Gou ou Ogoun qui, dans le panthéon fon, est la divinité qui
gouverne toute utilisation de cette matière, le fer. Ils composent leurs
sculptures avec le fer pour décrire surtout la vie sociale au
Bénin. D'autres encore projettent de temps en temps le regard critique
sur les réalités sociales et culturelles de leur environnement et
en rendent compte à travers leurs oeuvres. Ainsi, on pourrait avec de
telles approches techniques deviner aisément que leur sujet
privilégié est le vodoun.
En définitive, le culte n'a jamais cessé de se
développer. Au Brésil par exemple, pays catholique par
excellence, des millions d'êtres humains reconnaissent ouvertement
être adeptes du Candomblé. Ainsi, DOS SANTOS J. E. et DOS SANTOS
D. M. (1993) ont souligné quelques points essentiels relatifs aux
religions traditionnelles africaines qui permettent de mieux comprendre comment
et pourquoi le culte se préserve, ce qu'a été et ce qu'est
leur rôle comme source et véhicule transmission des valeurs
culturelles africaines. Selon ces auteurs, tout est interaction et s'harmonise.
Il n'existe pas non plus de séparation entre l'utile et le beau. Les
objets sacrés en tant que manifestations esthétiques,
véhiculent des forces mystiques, stimulants du processus liturgique
actifs inducteurs d'actions. Ainsi pour eux, il n'existe pas de forces
exclusivement au service du mal ou du bien.
ELLECK, K.M. (1986) quant à lui, souligne que c'est
bien la religion, le seul domaine où les cultures africaines ont
montré qu'elles étaient capables d'initiative, de souplesse, de
discernement et d'adaptation dans leurs rapports avec les cultures
étrangères. Mais il est surpris lorsqu'il songe à la
manière qui a caractérisée l'offensive des missionnaires
chrétiens, de constater que les croyances traditionnelles exercent
encore une certaine influence en Afrique noire. Il soutient à cet
égard que la religion ainsi que les traits culturels de l'Afrique noire
ont évolué.
THOMAS, L.V. & LUNEAU R. (1975) se proposent d'administrer
un démenti définitif à une monstruosité historique
d'une part, et, d'autre part, de disséquer l'influence de l'Islam et du
Christianisme sur la personnalité négro-africaine, sans
négliger les mutations inévitables qui ont conduit au fait social
que nous vivons aujourd'hui. A travers leur ouvrage, ces auteurs analysent la
structure, le caractère, la formation de la personnalité
africaine. Pour eux, ce qui importe, c'est que les religions africaines n'ont
pas été anéanties mais que l'Afrique change, plus en
surface qu'en profondeur, car son identité est restée intacte
devant tous les assauts. A défaut de partir en guerre contre les
religions révélées, venues se plaquer sur des croyances
que nul ne saurait gommer, les peuples noirs répondent à l'appel
des esprits, respectueux de l'évangélisation certes, mais qui ont
pris le parti de sauvegarder l'essentiel : la Culture.
ELANGA P. E (1986) montre que malgré les formes
d'organisation matérielle, sociale et culturelle souvent très
différentes, les sociétés traditionnelles de toute
l'Afrique noire ont encore des éléments spirituels communs qui
font la spécificité de leur culture. Pour cet auteur,
« la vie est au commencement et à la fin de tout. Elle
est partout et tout procède de la vie et tout s'arrête et
s'achève dans la vie. Ainsi, la mort n'est pas la destruction de la
personne mais un simple passage dans le monde des ancêtres, un retour
à la source. » Et poursuit-il « cette foi
et cette attitude fondamentale consistent dans la perception de la vie comme
réalité première et dernière et, cet attachement
à la vie semble être à la source de tout ce à quoi
le l'Africain voue un culte réel. »
Ainsi, pour DIOP A. (1975) dans Religion et
Civilisation, c'est la religion qui est à la base de la
civilisation africaine, qui la fortifie et qui l'anime. La civilisation est la
conscience que prend de son identité commune un ensemble de peuples,
c'est la force de part leur volonté d'appréhender l'univers
à travers la même grille intellectuelle et morale. Ainsi,
là où il y a un africain, il y a une religion. Il l'amène
dans les champs, elle est à ses côtés lorsqu'il assiste
à une fête ou qu'il participe à une cérémonie
funèbre. S'il est instruit, elle l'accompagne dans la salle d'examen,
à l'école, au parlement et même à
l'université.
Cependant, aucune de ces études ne s'est
consacrée à l'impact de la culture vodoun sur la vie quotidienne
dans la ville d'Abomey. C'est à cette tâche que la présente
étude intitulée « la culture vodoun dans la
promotion du développement social, culturel et économique
à Abomey » s'est consacrée dans le cadre de ce
mémoire.
Pour une parfaite compréhension de notre thème
et pour éviter certaines confusions, nous allons procéder
à la clarification des concepts : religion; vodoun;
xwétanù; culture, développement.
1.2. Définition de
concepts
1.2.1. La religion
La définition de ce vocable a donné lieu
à des controverses, voire des polémiques, à travers les
siècles qui jalonnent l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui
encore, aucune définition de la Religion ne fait l'unanimité.
Pour Cicéron (106-43 av. J.C.), homme politique et
orateur latin, " la religion est le respect que ressent l'individu au
profond de son être en face de tout être qui en est digne, du divin
en particulier. Ce respect se manifeste par le soin que l'on met à
participer aux rites et autres gestes traditionnels de la
société ".
Pour Lucrèce (98-55 av. J.C.), " la religion
est un système de menaces et de promesses qui cultive et
développe le fond craintif de la nature humaine, qui écrase
l'homme, contre lequel, s'il est noble et courageux, l'homme se révolte
et il triomphe grâce à la connaissance scientifique et à la
sagesse philosophique ".
Pour Emile Durkheim (1994), " une religion est un
système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des
choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites,
croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale
appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent ".
L'Anthropologie a permis de voir, plus clair. Les
anthropologues vont décrire les croyances et les pratiques religieuses
telles qu'ils les observent dans des communautés qui les vivent. La
religion contribue à faire l'unité d'un peuple dans le partage
d'une expérience et d'une explication de la vie commune. Elle fournit un
modèle de comportement, souvent une réponse aux vicissitudes de
la vie. Donc, une religion est d'abord une conception du monde, de sa
création et de son fonctionnement. Si on reste dans la même
lignée que les anthropologues, que pourrait-on dire du vodoun ?
1.2.2. Le vodoun
L'ethnologue français Alfred Métraux (1958) en
donne une définition tout en insistant sur l'aspect utilitaire de cette
religion : " C'est un ensemble de croyances et de rites d'origine
africaine qui, étroitement mêlés à des pratiques
catholiques constituent la religion de la plus grande partie de la paysannerie
et du prolétariat urbain de la République noire d'Haïti. Ses
sectateurs lui demandent ce que les hommes ont toujours attendu de la
religion : des remèdes à leurs maux, la satisfaction de
leurs besoins et l'espoir de survivre ".
Le vodoun est une religion de la nature, non point dans le
sens que la nature y serait adorée, mais parce que l'homme y est
profondément inséré ; il est un microcosme où
le monde se lit tout entier ; il a sa place précise dans une
hiérarchie de forces et d'êtres où tout est inclus :
les dieux, les animaux, les végétaux et les minéraux. Les
adeptes de la religion vodoun croient à l'existence des êtres
spirituels qui vivent quelque part dans l'Univers en étroite
intimité avec les humains dont ils dominent l'activité.
Selon Claudine Michel (1995), " le vodoun repose sur
une vision globale du monde, qu'il est un système compréhensif
qui façonne l'expérience humaine de ses adeptes dans leur
quête spirituelle et le désir de bien remplir leur mission
terrestre ".
Pour le chansonnier national Sagbohan Danialou : «
Vodun hun Kpannya Kpannya jo mi jo wa mon« c'est-à-dire
« le vodoun, c'est à notre naissance que nous avons
constaté que nos pères avaient des vodouns ».2(*) Ainsi, il n'est pas aisé
d'en donner une définition.
Nous retiendrons dans le cadre de cette étude,
l'explication que donne Courlander (1973) du vodoun : " le vodoun
est un système intégré de concepts concernant la conduite
humaine, régissant les rapports de l'humanité avec ceux qui ont
vécu jadis et avec les forces naturelles et surnaturelles de
l'univers ". On peut comprendre le vodoun comme une complexe et
mystique vision du monde dans laquelle l'homme, la nature et l'invisible sont
intimement liés. De plus, poursuit-il " le vodou ne renferme
pas seulement un ensemble de concepts spirituels, il prescrit un mode de vie,
une philosophie et un code éthique qui régulent le comportement
social ". A Abomey, il est organisé des
cérémonies vodouns dites Xwétanù. Qu'est alors que
le Xwétanù ?
1.2.3. Le
Xwétanù
Il convient de constater
qu'au Bénin, le contact entre vivants et morts est
considéré comme possible. La présence des défunts
est sans cesse rappelée par une multiplicité de rites. Ainsi,
lors de cérémonies religieuses et commémoratives, les
ancêtres sont régulièrement invoqués.
Fréquemment encore, les premières gouttes d'une boisson sont
versées par terre ou des aliments sont présentés comme
offrandes aux ancêtres.
La violation de devoirs
suscite toujours une réaction des ancêtres. Cette réaction
peut revêtir des formes très diverses: intempéries,
sécheresses, inondations, mort de bétail, maladies,
décès... Pour une personne non initiée, elle n'est pas
reconnaissable comme une manifestation de courroux. C'est par
l'intermédiaire de médiums aptes à traduire le message des
ancêtres que la cause de ces événements peut être
connue. Mais leurs courroux
peuvent être détournés par le biais de sacrifices et
d'offrandes. Les cérémonies extraordinaires permettant de calmer
les esprits offensés se déroulent. Des boissons et nourritures
sont offertes, et, éventuellement, un animal est sacrifié.
Xwétanù est une composition d'expression
fon : « xwé » qui veut dire
« année »,
« ta » « tête »
et « nù »
« chose ». xwétanù signifie de
manière littérale « la chose de la
tête de l'année». Le xwétanù
est une cérémonie qui a lieu au cours du mois de décembre.
Cette cérémonie vient pour laver des souillures de l'année
en cours et d'ouvrir les esprits pour une année nouvelle féconde.
Elle permet aux membres de la société de renouveler le sentiment
de solidarité. Les rites produisent une excitation des esprits où
disparaît tout sentiment individuel et où les gens prennent
conscience qu'ils forment une collectivité unie par les choses
sacrées. Mais quand les membres de la société se
séparent, le sentiment de solidarité baisse peu à peu et
il faut le ranimer de temps en temps par un nouveau rassemblement et par la
répétition des cérémonies grâce auxquelles le
groupe se réaffirme, raison pour laquelle le xwétanù se
tient chaque année et à la même période.
L'aspect culturel n'est pas à négliger car le
vodoun est à la fois cultuel et culturel. Le culte et le divertissement
sont indissociables dans la danse. Les indicateurs du cachet culturel sont
nombreux et se manifestent par les chants, la chorégraphie, l'humour,
les proverbes, le panégyrique, la musique... Ainsi, l'aspect le plus
connu est celui culturel. Qu'entend-on alors par culture ?
1.2.4. La culture : évolution du
concept
Au XVIIIe siècle, la philosophie des lumières
lui donne un sens voisin d'éducation, de transformation et
d'épurement des moeurs. A cette même époque le mot est
aussi employé comme synonyme de Civilisation et renvoie à des
notions comme " progrès ", " éducation ",
" évolution ".
Au XIXe siècle, le mot fait son entrée dans
l'Anthropologie. Cette discipline va chercher à mettre en
évidence une synthèse. La culture est saisie comme une
totalité et le but ultime de la recherche est de dégager le sens
fondamental qui fonde son unité et sa globalité.
E.B. Tylor (1871) définit la culture comme
" un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances
religieuses, l'art, la morale, les coutumes et toutes les autres
capacités et habitudes que l'homme acquiert en tant que membre de la
société ". Cette approche ethnologique a
influencé la sociologie.
Guy Rocher (1968) y voit " un ensemble lié de
manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées
qui, étant apprises et partagées par une pluralité de
personnes, servent d'une manière objective et symbolique, à
constituer ces personnes en une collectivité particulière et
distincte ".
Mais la question de l'originalité de la culture et les
problèmes soulevés par les mécanismes de son
évolution divise les différents courants de l'Anthropologie. Les
évolutionnistes supposent une diffusion à partir d'un foyer
primitif unique, puis un développement progressif. Les structuralistes,
de leur côté, soulignent la spécificité
irréductible de chaque culture qui interdit du même coup tout
ethnocentrisme. Désormais, la culture n'évoque plus un
progrès, un devenir ou un idéal, elle se rapporte plutôt
à une situation sociale, un état de société quel
qu'en soit le niveau de développement. D'autre part, la culture ne
s'applique plus à un individu, mais concerne une collectivité,
une société.
Margaret Mead (1953), chef de file de l'Ecole d'Anthropologie
Culturelle américaine, explique : " Par culture nous
entendons l'ensemble des formes acquises de comportement qu'un groupe
d'individus, unis par une tradition commune, transmettent à leurs
enfants (...). Ce mot désigne donc non seulement les traditions
artistiques, scientifiques, religieuses et philosophiques d'une
société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes
politiques et les mille usages qui caractérisent sa vie
quotidienne : modes de préparation et de consommation des aliments,
manière d'endormir les petits enfants, etc. ".
Privilégiant l'approche de l'anthropologique culturelle
américaine, nous nous bornerons à explorer les
éléments constitutifs de cet héritage qu'est le vodoun
pour permettre de comprendre comment le peuple d'Abomey pense le
développement. Mais que pouvons-nous comprendre du concept
développement ?
1.2.5. Le développement
« Le développement est un
mécanisme complexe qui cherche à surmonter les conditions
sociales, économiques et humaines difficiles que le colonialisme a
créée dans les pays ou communautés qui les ont
subis. »3(*)
Le développement vise à donner à ces pays ou
communautés les compétences, la technologie, l'accès
à l'information, les moyens financiers et autres ressources qui leur
permettront d'être relativement autonomes sur le plan économique,
maintenant qu'ils sont autonomes sur le plan politique.
D'obédience économiste Walt Rostow le
définit comme une série d'étapes (tradition, transition,
décollage, maturité et consommation de masse) qui
diffèrent soit par la forme d'organisation de la production et des
échanges, soit par la nature du secteur prédominant, soit par le
rythme de la croissance de l'investissement du capital. Le développement
suppose donc le passage d'une économie rurale à une
économie de forte productivité dans les secteurs primaires,
secondaires et tertiaires. Mais ce concept n'est pas resté figé
car les faits ont démontré que la croissance économique
doit être suivie de l'épanouissement de l'homme.
Ainsi, le développement est perçu comme un
mouvement par lequel la société se change au-delà de
l'aspect économique, embrasse le social et le culturel. Il implique la
société elle-même avec l'homme comme centre et objectif
ultime. D'où le développement auto-centré grâce
auquel chaque pays doit se prendre en charge en comptant sur ses propres
forces, et sur l'initiative créatrice des larges masses communautaires
comme cela avait été si bien formulé dans le
Discours-Programme du 30 Novembre 1972 et dans le Discours de Goho, du 30
Novembre 1974. Il s'agit donc pour chaque pays de trouver dans leurs propres
fonds les ressources humaines et matérielles pour résoudre leurs
problèmes, pour se libérer et s'épanouir.
En nous appuyant sur le cadre théorique de la
sociologie, nous utiliserons la notion de fait social total de Marcel Mauss
(1924) comme modèle théorique organisant cette étude.
1.3. Cadre
théorique
Marcel Mauss (1924), dans l'Essai sur le don, a
introduit la notion de Fait Social Total. Le fait social total donne pour Mauss
une signification globale de la réalité. Il est défini
dans l'espace, dans le temps, chez un individu d'une certaine
société.
Cette notion procède du souci de définir la
réalité sociale dans une expérience individuelle
étudiée selon deux axes :
- Dans une histoire individuelle, qui permet le comportement
d'êtres globaux et non divisés en aspects discontinus. C'est
à dire prendre un individu comme un tout sans risquer de donner
priorité à une caractéristique particulière
(familiale, économique, religieuse,...).
- Dans une anthropologie, en tenant simultanément
compte des aspects physiques, psychiques et sociologiques de toutes les
conduites observées.
Le fait social total a un caractère tridimensionnel :
il rend compte à la fois de :
- La dimension sociologique dans un aspect synchronique
(à un moment donné).
- La dimension historique dans un aspect diachronique (au fil
du temps).
- La dimension physio-psychologique.
C'est évidemment chez les individus que l'on peut faire
coïncider ces trois dimensions.
Comme dans toute la théorie de Mauss, la notion de fait
social total reflète le souci de relier le social et l'individuel d'une
part, le physique et le psychique d'autre part. En effet, pour lui, le Social
est projeté sur l'individuel par l'intermédiaire de
l'éducation, des besoins et des activités corporelles. Une
société exerce les enfants à sélectionner des
mouvements, des arrêts, à dompter des réflexes, etc. Tout
phénomène psychologique est un phénomène
sociologique car il a été enseigné par la
société.
Le fait social total comprend :
- Différentes modalités du social
(système juridique, système économique,...).
- Différents moments d'une histoire individuelle
(différents cycles de vie comme la naissance, l'enfance, le mariage, la
mort,...).
- Différentes formes d'expression :
a) Physiologiques : Les réflexes, les
sécrétions,...
b) Inconscientes
c) Conscientes, individuelles ou collectives.
Dans la pensée de Mauss, il existe une
complémentarité dynamique entre le psychique et le social. Ce
dynamisme provient du fait que le psychique est expliqué et explique le
symbolisme social. Mauss, convaincu de la nécessité de la
collaboration entre la Sociologie et la Psychologie, présente les
caractères communs ou spécifiques des faits sociaux comme
relevant de l'inconscient. L'inconscient serait pour lui le médiateur
entre moi et autrui.
Par la psychanalyse, nous pouvons rencontrer notre moi le plus
étranger grâce à la découverte de notre inconscient.
Par l'étude ethnologique, nous pouvons rencontrer l'autrui le plus
étranger toujours grâce à l'inconscient. Pour Mauss,
l'inconscient est un système symbolique, inné.
Dans toute sa théorie, Mauss cherche à
découvrir les zones obscures, les recoins les plus secrets de la
pensée, persuadé qu'elles ne peuvent être observées
que sur le plan social par le langage ou sur le plan physiologique.
C'est en considérant le tout ensemble, qu'il peut
percevoir l'essentiel, le mouvement, l'aspect vivant où les hommes
prennent conscience d'eux-mêmes et de leur situation vis à vis
d'autrui. Ainsi, la méthode de l'observation du fait social total
consiste en une observation concrète de la vie sociale. Elle a un double
avantage :
- Un avantage de généralité car ces faits
de fonctionnement général ont des chances d'être plus
universels que les institutions locales ;
- Un avantage de réalité : on voit les choses
sociales dans le concret, comme elles sont. L'important n'est plus de saisir
des idées ou des règles mais bien de saisir des hommes, des
groupes, et des comportements.
Cette approche semble être adaptée pour
étudier l'importance qu'accordent les populations de la ville d'Abomey
à la culture vodoun. Quelle problématique soutend cette
étude ?
1.4.
Problématique
Les Fon d'Abomey étaient l'une des plus
puissantes civilisations de l'Afrique de l'Ouest. Ce sont les Fon qui
ont fondé le royaume du Danhomå, qui a dominé une grande
partie de l'histoire du Bénin d'aujourd'hui avant la colonisation
Française. Une visite à Abomey l'ancienne capitale du royaume du
Danxomå constitue la meilleure manière d'en apprendre davantage
sur les Fon. Et elle nous apprend que la ville est très peu
marquée par l'évolution des temps modernes. Ce qui frappe
surtout, c'est la permanence de la tradition. Celle-ci est quotidiennement
illustrée par des pratiques, des comportements et des modes d'existence,
traduisant une identité culturelle dont les racines remontent à
la création de la ville. On perçoit une société
traditionnelle.
A l'entrée de chaque agglomération, on trouve
des vodouns : le tolègba. Au milieu de la cour se dressent aussi
des vodouns ou des cases représentant les ancêtres défunts.
Et jusque sous le lit se cachent certains vodouns qu'il n'est pas permis
à tout le monde de voir.
Sur la place du marché, c'est Aïzan qui
trône et à qui les marchandes apportent leurs offrandes. Ça
et là à travers la ville, se dressent des temples vodouns. Un peu
plus loin, dominant le paysage, c'est la forêt sacrée où
résident des vodouns de la cité.
Ces peuples, bien conscients que leur monde change de
façon accélérée, croient en la tradition que leur a
léguée leurs ancêtres et ils organisent leur vie suivant un
modèle qui se trouve être dans le prolongement de ce qu'avaient
coutume de faire les générations qui les ont
précédés dans le temps.
En l'honneur des divinités, il se déroule des
rituels mais également des cérémonies publiques. Aussi,
organise t-on des cérémonies annuelles ou périodiques
dites Xwétanù. Tous ces rituels et cérémonies
donnent lieu à des chants, des danses, des battements de tambours et des
spectacles qui sont souvent organisés sur la place publique et pour des
larges publics de profanes.
Ces constats sur l'omniprésence du vodoun à
Abomey à Abomey, nous conduisent à nous interroger sur le
rôle de celui-ci dans la civilisation moderne.
Cette société traditionnelle n'est-elle pas
devenue, devant les modes de vie et les moeurs actuels dans lesquels la
civilisation moderne la plonge, une raison de vivre des populations ?
Les connaissances et pratiques traditionnelles liées au
vodoun peuvent-elles encore aujourd'hui servir le
développement ?
Offrent-elles des moyens complémentaires pour le
développement ?
A ces interrogations, nous formulons l'hypothèse
suivante :
1.5.
Hypothèse
La prédominance de la religion vodoun joue un
rôle important pour la vitalité économique, sociale et
culturelle de la ville historique d'Abomey.
1.6.
Objectifs
1.6.1. Objectif
général
L'objectif de ce travail consiste à explorer les
rapports qui existent entre la religion vodoun et la société
d'Abomey.
1.6.2. Objectifs
spécifiques
L'étude vise de façon spécifiquement
à :
Identifier au sein des pratiquants du culte vodoun, la
signification du vodoun ;
Cerner l'impact social, économique et culturel de la
manifestation annuelle dite Xwétanù à
Abomey ;
Appréhender l'impact de la pratique du culte vodoun
sur leur mode de vie.
Avant
de rechercher ces objectifs, nous procèderons à la
présentation du cadre général de notre étude.
Deuxième partie :
CONTEXTE GENERAL
DE LA RECHERCHE
2.1. Cadre physique, géographique et administratif
La commune d'Abomey, capitale historique de la
République du Bénin et chef lieu du Département du Zou,
couvre une superficie de 142 km2 avec une population de 78.341
hab.4(*) (RGPH3).
Elle est limitée au Nord par la commune de Djidja, au Sud par celle
d'Agbangnizoun, à l'Est par celle de Bohicon et à l'Ouest par le
Département du Couffo. Selon le découpage administratif, la
Commune d'Abomey compte sept (7) arrondissements dont :
· trois (3) centraux à caractère urbain que
sont Djègbé, Hounli et Vidolé ;
· et quatre (4) périphériques à
caractère rural que sont Agbokpa, Détohou, Sèhoun et
Zounzonmè.
Pendant que les arrondissements périphériques
sont restés attachés à l'agriculture malgré les
problèmes de baisse de fertilités et les difficultés
d'accès à la terre, ceux urbains se sont
spécialisés dans le commerce et l'artisanat.
Situé dans son ensemble sur un relief de plateau, la
Commune d'Abomey dispose de deux unités géologiques servant de
roches mères à des types de sols bien distincts (FIDESPRA, 2000).
En effet, les parties méridionales et le centrale du terroir de la
Commune d'Abomey se trouvent sur de la terre de barre issue des
sédiments ferrallitisés du Continental Terminal pendant que la
région septentrionale de cette commune dispose de sols ferrugineux
tropicaux dérivant du socle cristallin à gneiss et granites
(FIDESPRA, 2000). Les sols sablo argileux des terres de barres ayant
été mis sous culture intensive depuis près de cinq
siècles sont tous appauvris pendant que ceux ferrugineux très peu
exploités gardent encore leur fertilité et font des
arrondissements d'Agbokpa et Détohou (dans le nord de la Commune) les
actuelles zones de colonisation agricole.
La commune d'Abomey, de part sa position géographique,
jouit d'un climat de transition entre le climat Subéquatorial de la
côte et le climat tropical humide de type Soudanoguinéen du Nord
Bénin avec une pluviométrie moyenne et annuelle 1000 mm
(FIDESPRA, 2000).
La commune d'Abomey, dispose d'un riche patrimoine culturel et
cultuel à haute valeur touristique jusque-là mal valorisé.
Outre les secteurs du tourisme et de l'agriculture, ceux du commerce (surtout
avec le marché Houndjlo) et de l'industrie pour l'exploitation des
ressources naturelles et minières constituent l'essentiel des secteurs
potentiellement pourvoyeurs de richesses individuelles et collectives à
une bonne planification des actions à y mener. Abomey partage avec la
Commune de Bohicon, une position carrefour stratégique pour les
échanges commerciaux. La Commune d'Abomey draine les flux en provenance
et en direction du Plateau Adja, et du Togo, d'Agnagnizoun et de Djidja.
Le secteur de la santé bénéficie de la
proximité de l'hôpital départemental. En matière
d'éducation et de formation technique et professionnelle, la commune a
des atouts grâce à la présence de 64 écoles
primaires, 13 écoles secondaires et des centres de formation
professionnelle (Centres diocésains, centres de promotion artisanale).
2.2.
Cadre humain, socioculturel et économique
2.2.1. Aspect
démographique
Abomey, capitale historique du royaume du Danhomå
compterait en 2002 moins d'habitants qu'à la veille de la colonisation.
La défaite du royaume a provoqué un départ massif des
populations, en partie un reflux vers les zones agricoles limitrophes avec
lesquelles les populations urbaines avaient gardé de fortes relations.
La population augmente à nouveau mais lentement, le flux migratoire des
campagnes vers la ville étant en partie contrebalancé par un flux
d'émigration vers des villes plus lointaines.
De 1992 à 2002, la population est passée de
66.595 hab. à 78.341 hab. avec un taux d'accroissement estimé
à 1,64% et une densité moyenne de 552 hab. au km2
(5(*))
(RGPH3).
La commune d'Abomey est loin d'être un milieu
homogène. En dehors des autochtones (Fon) qui sont majoritaires
(95,67%), cohabitent plusieurs autres groupes ethniques. Il s'agit notamment
des Adja, des Goun, des Idaasha, des Maxi, des Mina, des Nagot, des Bariba, des
Dendi et des Yoruba.
2.2.2. Aspect socioculturel
L'histoire a légué aux communes du Plateau
d'Abomey (Abomey, Agbangnizoun, Bohicon, Djidja, Zakpota et Zogbodomey) un
immense patrimoine historique constitué de sites, de places et de
marchés. La majorité de ces sites et places « dits
témoins de l'histoire » sont localisés sur le territoire
administratif de la commune d'Abomey (capitale de l'ancien Royaume du
Danxomå), ceci semble d'ailleurs justifier le titre de capitale
historique de la République du Bénin que porte cette commune
d'Abomey. Le répertoire de ce patrimoine culturel et cultuel de la
commune d'Abomey présente une multitude de curiosités
touristiques parmi lesquelles nous pouvons citer entre autres :
· Le site des Palais royaux publics qui couvre une
superficie de 44 ha et qui abrite Musée Historique d'Abomey
classé Patrimoine Culturel Mondial par l'UNESCO depuis 1985, les
collections abritent des sièges royaux, bas-reliefs, statuettes et
objets cultuels vaudous. L'authenticité du site est liée à
sa fonction, à son histoire et à l'évolution culturelle,
technique et sociale de la société aboméenne. Les palais
sont à la fois lieux (temples, tombes, circuits vivants... etc.) mais
aussi pratiques cultuelles et culturelles ;
· les sites des Palais royaux privés qui sont
environ une dizaine dans Abomey et constituent des lieux où les princes
héritiers apprennent l'exercice du pouvoir avant d'accéder au
trône ;
· la place Goho qui abrite aujourd'hui la statue du Roi
Béhanzin a été le lieu de rencontre entre ce souverain et
le général Dodds lors de la déportation; c'est aussi le
lieu de la proclamation du Marxisme Léninisme le 30 novembre 1974 par le
gouvernement révolutionnaire du Bénin ;
· les marchés historiques : ils sont environ cinq
dans la Commune avec chacun leur histoire et leur spécificité.
Parmi ces marchés figurent celui Houndjlo qui est le plus grand et qui a
été crée par le Roi Guézo entre 1830-1832 comme
butin d'une guerre de conquête ;
· les temples vodoun et les lieux sacrés (sources
et forêts) qui sont des lieux d'initiation, de cérémonies
rituelles annuelles et de prières. Ces places sont chacune
spécialisées.
A ces sites s'ajoutent des attractions culturelles que sont
les réalisations des galeries artistiques, des musées
privées et les rythmes musicaux de la Commune.
2.2.3. Aspect économique
Les activités économiques les plus
pratiquées dans la ville d'Abomey sont l'agriculture, le commerce,
l'artisanat, le tourisme.
L'agriculture de subsistance est pratiquée par quelques
rares personnes. L'agriculture intensive sur plusieurs siècles autour de
la ville d'Abomey a provoqué un appauvrissement très
prononcé des terres périurbaines et le déclin d'une partie
de ces marchés.
Le marché de référence et le plus
fréquenté dans la commune d'Abomey est le marché
`'Houndjlo''. Sis au centre de la ville, il est essentiellement devenu un
marché de consommation drainant les produits des zones agricoles
directement connectées et situées à moins de 50 Km
(Djidja, plateau Adja, Agbangnizoun) et des zones périurbaines. Il
s'anime tous les cinq (05) jours.
Même en ces temps de progrès technologiques et de
modernisation, l'artisanat local continue de prospérer. Les artisans
locaux fabriquent une grande gamme de produits artisanaux. Quoique le
matériel utilisé varie grandement, chaque métier a une
tradition et une histoire qui datent de plusieurs siècles.
2.3. Présentation institutionnelle
2.3.1. Institution traditionnelle
Ancienne capitale du royaume du
Danxomå, Abomey est fondée
selon la tradition en
1645. Aujourd'hui, Abomey « la
Royale » vit des souvenirs d'un passé glorieux. Sa population
constituée en majorité de Fon animistes dont une grande
partie de princes et de princesses vivant autrefois de la largesse des rois,
aujourd'hui contraints aux travaux champêtres et au fonctionnariat.
Le système politique traditionnel est encore
très vivant à Abomey. Il existe en effet une structure
traditionnelle dont la plus haute autorité est le Roi. Il est
assisté d'une cour royale constituée par des représentants
des différents membres des lignages de la communauté et des chefs
religieux. Il a pour fonction de réguler les litiges entre
différents membres de la communauté, de veiller au respect de la
coutume et à l'entente de la communauté.
Egalement, la chefferie en milieu fon est vivace.
L'autorité du chef s'étend sur les personnes et les biens. Le
chef préside les conseils de famille et décide de la sanction
à infliger à un membre dont la conduite entache l'honneur de la
communauté. Le chef ou le `'Hinnou-gan'' est le dépositaire des
reliques des ancêtres. A ce titre, il veille à l'observance
stricte des rites qui régissent la vie familiale. Il a surtout un
rôle d'éducation conformément à la tradition.
2.3.2. Institution religieuse
La notion d'un Dieu
créateur
La notion d'un Dieu créateur est très
répandue en milieu Fon d'Abomey mais est souvent voilé
par le culte de nombreuses divinités secondaires.
En effet, que ce soit chez les fon ou chez les autres ethnies
du Bénin ou d'Afrique, ce Dieu est avant tout, le créateur, la
cause première. Ce Dieu est appelé en milieu
« Mahu » «Aklounon'' ou `'gbedoto''. C'est un
esprit transcendant, pur, juste et bon.
Au dessous de ce Dieu unique, se trouvent des dieux
secondaires et proche de l'homme africain en général et du
béninois en particulier. Ce sont en effet ces dieux qui régissent
sa vie. Ils conditionnent l'existence, la régulent, l'orientent et la
forment. Ces dieux en milieu fon sont répartis en plusieurs types de
divinités.
Les dieux secondaires
Si la notion de dieu est assez uniforme et ne prête
guère à de longs développements, la nature des dieux
secondaires est beaucoup plus complexe. Ils sont des puissances qui,
convenablement libérés par des rituels exactement suivi, se
montrent très efficaces quelle que soit l'application que l'individu
veut faire de cette force.
Dans les couvents de ces divinités, c'est une
éducation traditionnelle véritablement et fortement fondée
sur des tabous et interdits que l'on reçoit. L'individu y apprend la
discipline, l'art de la discrétion et du silence, l'esprit de
fraternité et de solidarité, le respect de la hiérarchie
et de toute personne adulte, l'apprentissage de nouvelles langues.
Selon la conception générale, ces
divinités peuvent revêtir divers aspects et ont presque toujours
un caractère spécifique. Selon Robert SARTRE, on distingue des
vodouns qui sont inter-ethniques et qui se manifestent soit par dans les
phénomènes de la nature (Hèviosso, Sakpata, Ayizan, Loko,
Agè...) soit dans des êtres historico-mystiques (Lègba, Gu)
et les vodoun purement ethniques qui gravitent autour de l'ancêtre du
clan (Ninsuxué, Ajahuto, Agasu...).6(*)
Quand bien même « le vodoun est si
présent (67%), il s'y trouve également d'autres religions comme
le christianisme (23%), l'islam (3%) et d'autres religions
(7%). »7(*)
Quelle démarche méthodologique adoptée
pour vérifier l'hypothèse ?
Troisième partie :
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Notre étude fait appel à une méthodologie
combinant des concepts et des techniques sociologiques (enquêtes par
questionnaires, entretien). Elle prend en compte aussi bien les données
issues des archives documentaires disponibles que celles de seconde main
(littérature sur le sujet). Ce recueil de données concerne les
caractéristiques géographiques, économiques, sociales
ainsi que culturelles à Abomey.
Pour confronter nos hypothèses à la
réalité des faits, nos investigations ont porté sur la
population pratiquant le culte vodoun et celle ne la pratiquant pas. Nous
cherchons à identifier au sein de la population pratiquant le culte
vodoun, la signification du vodoun selon leur entendement et les influences que
peuvent avoir les manifestations annuelles du vodoun sur l'économie, le
social et le culturel. Quant aux profanes, nous recherchons l'impact que ces
pratiques ont sur leur mode de vie.
Il nous faut à présent, définir et
caractériser ceux que nous appelons profanes, prêtres et adeptes
vodouns.
3.1.
Population
3.1.1 Composante de la population
cible
Notre population d'enquête est ciblée et se
compose de :
- 15 (quinze) prêtres vodoun (Hounon)
- 25 (vingt-cinq) adeptes vodoun (Hounsi)
- 70 (soixante-dix) profanes (Ahè).
TABLEAU 1 : Récapitulatif de
l'échantillon (population) d'enquête
Populations
|
Nombre de sujets
|
Prêtres vodoun (Hounon)
|
15
|
Adeptes vodoun (Hounsi)
|
25
|
Profanes (Ahè)
|
70
|
Total
|
110
|
3.1.2 Les prêtres ou dignitaires vodouns:
qui sont-ils ?
Les cultes vodoun étaient comme des
pôles de pouvoir locaux. Ainsi, les prêtres du vodoun sont les
personnes qui dirigent les couvents et qui sont les gardiens de la tradition
ancestrale. En fon, on les appelle « Hounon » ou
« Vodounon ». Le rôle de ceux-ci
réside dans le processus d'organisation au niveau du village. Ils
donnent dans les couvents vodoun appelés
« Hounkpamin », une éducation axée
sur la probité morale, la discrétion, le silence, la discipline
et l'intégrité.
3.1.3 Les adeptes du vodoun
Quant aux « Hounsi » ou
« Vodounsi », ils sont les disciples d'un certain
dieu qui est suppose «danser sur sa tête«
c'est-à-dire que l'adepte est sous l'emprise dudit dieu. Ils servent de
lien entre les profanes et les divinités. Ils exercent toutes les
fonctions spirituelles liées aux rituels ou aux cérémonies
qu'une personne doit subir pour une vie sociale plus
équilibrée.
3.1.4 Les profanes
Pour les adeptes vodouns, ils sont à la base de
l'échelle sociale. En fon, ils ont appelés
« Ahè ». Cette couche est constituée
de ceux qui ne pratiquent pas la religion vodoun et qui ne sont pas
initiés.
3.2. PROCEDURES DE
COLLECTES DES DONNEES
LES VARIABLES
- L'âge et le sexe ;
- Le niveau d'instruction ;
- La situation matrimoniale ;
- La place des sujets dans l'organisation sociale du
vodoun ;
- La catégorie socioprofessionnelle des sujets faisant
partie de notre échantillon ;
3.2.1 L'âge et le sexe
Ces deux paramètres ont permis d'établir la
moyenne d'âge et le sexe des sujets qui assistent au
Xwétanù.
3.2.2 Le niveau
d'instruction
Compte tenu du niveau d'étude, on procède
à une certaine analyse des choses. Ainsi, ce paramètre a permis
d'identifier l'appréhension de chaque niveau d'instruction sur la
pratique du culte vodoun.
3.2.3 La situation matrimoniale
Cette variable a permis de cerner l'influence de cette culture
sur la vie matrimoniale : le point de vue des célibataires, des
mariés et des personnes monoparentales etc.
3.2.4 La place des sujets dans l'organisation sociale
du vodoun
Dans la culture vodoun, l'organisation sociale de type
pyramidal comprend au sommet, les Hounon et les Hounsi et
à la base, les Ahè c'est-à-dire les profanes.
Ainsi, cette variable a été choisie afin d'identifier pour
permettre d'identifier le point de vue de chaque catégorie de cette
organisation.
3.2.5 La catégorie socio-professionnelle
L'identification de la catégorie socioprofessionnelle
nous a permis de repérer la relation qui existe entre le
Xwétanù et l'activité socioprofessionnelle des adeptes.
3.3. CHOIX DES TECHNIQUES
D'ENQUETE
« Dans un univers caractérisé par
sa complexité, son immatérialité et sa
subjectivité, la difficulté est d'éviter la
dérive »8(*). Pour baliser le champ social, deux techniques
d'enquêtes adaptées à notre objet ont été
retenues ; nous avons mené une enquête par questionnaire
destinée à relever les faits sociaux puis celle se
référant à l'entretien semi-directif pour
révéler les impacts positifs de ces manifestations à
partir de récits de ceux qui l'organisent.
Soulignons que l'entretien a été
réalisé au niveau des Hounon. Pour parfaire la
connaissance sur le vodoun, le Xwétanù et l'impact de celui-ci
dans le sens de la promotion du développement économique,
culturel et social, nous nous sommes attelé au canevas en annexes.
Quant aux questionnaires, nous en avons élaboré
deux (02) :
- Un (01) pour les adeptes vodouns ;
- Un (01) pour les profanes.
3.4. DEROULEMENT DE
L'ENQUETE
Une pré-enquête a été
effectuée et a été utile pour une meilleure connaissance
de la zone d'étude. En effet, elle nous a permis d'une part d'identifier
les arrondissements susceptibles d'être parcouru, et d'autre part de
prendre contact certaines personnes ressources.
Ensuite, un pré-test a été la mesure
préalable qui a permis de relever les insuffisances éventuelles
et imperfections liées aux questions. Cela nous a permis de porter des
corrections et à les rendre ensuite simple, concise et
compréhensible. Au cours de cette phase, nous avons
vérifié la validité des questions et des thèmes de
guides d'entretien.
Enfin, deux modes ont été
adoptés pour l'enquête proprement dite: l'enquête par
questionnaire et celle par entretien parce que nous estimions que l'une sans
l'autre ne serait suffisante à elle seule pour pouvoir
appréhender la profondeur des dimensions de nos questionnements.
La passation du questionnaire s'est effectuée selon la
technique de face à face et a été assurée soit par
nous-mêmes, soit par des amis que nous avons formés et qui nous
ont apporté leur concours. Ces questionnaires ont été
remplis immédiatement par les sujets dans la mesure de leur
disponibilité ou à posteriori. Une fois remplis, les
questionnaires ont été directement retournés, soit
déposés auprès d'un collègue ou d'un ami choisi en
fonction de sa disponibilité.
La seconde démarche a consisté en des entretiens
individuels de type semi-directifs. Elle nous a servi à recueillir des
opinions des prêtres vodoun (Hounon) sur la signification du
vodoun, ce que s'est que le Xwétanù et sur l'impact de cette
manifestation sur le mode de vie des populations. Indiquons qu'un entretien est
semi-directif lorsqu'il est « ni entièrement ouvert, ni
entièrement canalisé par un grand nombre de questions
précises. Généralement, le chercheur dispose d'une
série de questions guides, relativement ouvertes, à propos
desquelles il est impératif qu'il reçoive une information de la
part de l'interviewé. Mais il ne sera posé forcément
toutes questions dans l'ordre où il les a notées et sous la
formulation prévue » (DAKPO ; 2003).
Après avoir obtenu un rendez-vous par personne
interposée auprès des différentes personnes
concernées par l'enquête, nous nous présentons à
leur couvent pour les entretiens qui durent selon le cas, environ trente
à soixante minutes. Les entretiens ont été
enregistrés puis retranscrits intégralement de manière
à en analyser les contenus.
L'utilisation de l'enquête par questionnaire
qui «consiste à poser des questions à un ensemble
de répondants, le plus souvent représentatif d'une population,
une série de questions relatives à leur situation sociale,
professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leurs attentes,
à leur niveau de connaissances ou de conscience d'un
événement ou d'un problème, ou encore sur tout autre point
qui intéresse les chercheurs » (DAKPO ; 2003), nous
a permis d'appréhender l'importance qu'accordent les adeptes aux
manifestations vodouns. Aussi bien dans l'élaboration du questionnaire
définitif que des entretiens, nous avons choisi autant que faire se
peut, des questions fermées pour l'analyse quantitative et ouverts pour
l'analyse qualitative. Les collectes des données ont été
effectuées en une phase et ont duré environ un mois entre juin et
juillet 2008.
3.5. CHOIX DES LOCALITES
DES ENQUETES
Ces enquêtes ont été conduites dans la
ville historique Abomey. Ce choix est motivé par le fait que cette
localité arbore essentiellement des signes extérieurs de la
culture vodoun. Ces populations croient en la tradition que leur a
léguée leurs ancêtres et ils organisent leur vie suivant un
modèle qui se trouve être dans le prolongement de ce qu'avaient
coutume de faire les générations qui les ont
précédés dans le temps.
3.6. TRAITEMENT DES
DONNEES
Le traitement des données s'est appuyé
principalement sur l'analyse statistique et sur l'analyse de contenu des
discours verbaux. Les données ont été saisies et
traitées à la main et par le biais du logiciel Excel.
3.7. DIFFICULTES RENCONTREES
Tout au long de nos recherches, nous avons eu droit à
la sympathie, au bon accueil et au soutien de certains acteurs. Cependant,
certaines difficultés majeures ont atténué notre
volonté de mener des investigations plus approfondies.
La difficulté majeure rencontrée concerne le
caractère très secret du vodoun qui entraîne la
réticence de certains acteurs face aux questionnements. Ainsi, il a
fallu parfois l'intervention de certains influents dignitaires vodouns pour
leur redonner confiance. Aussi, d'autres dignitaires avant de répondre
aux questions nous demande de l'alcool et de l'argent car disent-ils
« on ne parle pas ainsi facilement du vodoun. ».
Le problème de communication a été aussi un handicap.
La période étant pluvieuse, elle n'a pas
contribué au bon déroulement de nos enquêtes. Nous nous
sommes retrouvés, à plusieurs reprises, mouillés par la
pluie en nous rendant dans un village ou de retour de notre lieu
d'enquête.
Un autre aspect est celui lié à la
réticence des populations à remplir nos questionnaires. Elles
prétendent parfois que ces études sont financées et
accusent les enquêteurs d'avoir détourné les biens
destinés à cette fin.
En dépit de ces difficultés, nous sommes tout de
même parvenus à obtenir des résultats exploitables.
Quatrième partie :
PRESENTATION DES RESULTATS ET
ANALYSES
4.1. PRESENTATION DES
RESULTATS
Les données recueillies auprès des
différentes composantes de notre étude après
dépouillement et transcription sont présentées comme
suit :
4.1.1 Résultats relatifs à
l'identification des populations enquêtées
Tableau 1: Répartition des populations
suivant les catégories
Populations
|
Effectif prévu
|
%
|
Effectif enquêté
|
%
|
Dignitaires
|
15
|
13,64
|
10
|
9,09
|
Adeptes
|
25
|
22,73
|
24
|
21,82
|
Profanes
|
70
|
63,64
|
60
|
54,55
|
Total
|
110
|
100
|
94
|
85,45
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
Ce tableau montre la répartition des sujets suivant
l'organisation sociale que donnent les adeptes. Ainsi, 10 dignitaires vodouns
sur 15 soit 9,09% des populations ont été questionnés, 24
adeptes sur 25 représentant ainsi les 21,82 % du nombre de sujets
enquêtés et 60 profanes sur 70 constituant les 54,55 % des
enquêtés.
Tableau 2 : Répartition des populations
suivant l'âge
Age
|
Effectif
|
%
|
De 0 à 14 ans
|
0
|
0
|
De 15 à 59 ans
|
81
|
96,43
|
60 ans et plus
|
3
|
3,57
|
Total
|
84
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
A travers ce tableau, on constate que parmi les
enquêtés, 96,43 % de sujets ont entre 15 et 59 ans, et seulement
3,57 % de 60 ans et plus enquêtés. Ainsi, la couche la plus
représentée est celle des populations actives.
Tableau 3 : Répartition des populations
suivant le sexe
Sexe
|
Effectifs
|
%
|
Masculin
|
54
|
57,45
|
Féminin
|
40
|
42,55
|
Total
|
94
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
Ce tableau 3 révèle que les 57,45% des sujets
sont de sexe masculin pour 42,55 % de sexe féminin soit 40 sujets.
Tableau 4 : Répartition des populations
suivant le niveau d'instruction
Niveau d'instruction
|
Effectif
|
%
|
Primaire
|
23
|
27,38
|
Secondaire
|
29
|
34,52
|
Universitaire
|
1
|
1,19
|
Jamais à l'école
|
31
|
36,90
|
Total
|
84
|
100
|
Sources: Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
Il ressort de ce tableau que seulement 1 des sujets a fait des
études universitaires. Pour ceux ayant fait le primaire, ils
représentent 27,38 % contre 34,52 % pour ceux ayant atteints le
secondaire. 36, 90% des sujets n'ont jamais été à
l'école.
Tableau 5 : Répartition des
enquêtés suivant leur catégorie
socioprofessionnelle
Profession
|
Effectif
|
%
|
Aucune
|
1
|
1,19
|
Agriculteur
|
8
|
9,52
|
Chanteur traditionnel
|
2
|
2,38
|
Commerce
|
13
|
15,48
|
Couture
|
6
|
7,14
|
Décorateur
|
2
|
2,38
|
Electricien
|
2
|
2,38
|
Elève
|
9
|
10,71
|
Forgeron
|
6
|
7,14
|
Gestion de cabine
|
5
|
5,95
|
Instituteur
|
4
|
4,76
|
Maçonnerie
|
3
|
3,57
|
Ménagère
|
3
|
3,57
|
Menuisier
|
2
|
2,38
|
Poterie
|
3
|
3,57
|
Secrétaire
|
1
|
1,19
|
Sculpture
|
6
|
7,14
|
Soudure
|
3
|
3,57
|
Tissage
|
2
|
2,38
|
Zémidjan
|
3
|
3,57
|
Sources : Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
Ce tableau présente les activités
exercées par les populations enquêtées. Il montre les
activités les plus pratiquées qui sont : le commerce avec 13
sujets soit (15,48%), l'agriculture avec 8 sujets (9,52%), la couture, la
forgerie et la sculpture avec 6 sujets chacune (7,14%). Le nombre
d'élèves enquêtés est de 9 soit 10,71 % et
d'instituteurs est de 4 (4,76%). Les personnes chargées de la gestion
des cabines téléphoniques sont au nombre de 5 (5,95%).
Le reste constitué de maçons, de
ménagères, de potiers, de soudeurs, de zémidjans est de 3
(3,57%) sujets pour chaque activité alors que les chanteurs de musique
traditionnelle, les décorateurs, les électriciens, les menuisiers
et les tisseurs représentent chacun 2,38 %. Enfin ceux qui travaillent
dans les bureaux et ceux qui n'ont aucune activité sont minoritaires
avec 1 sujets (1,19%).
Tableau 6 : Répartition des
enquêtés suivant la situation matrimoniale
Situation matrimoniale
|
Effectif
|
%
|
Marié (e)
|
43
|
51,19
|
Célibataire
|
24
|
28,57
|
Veuf (ve)
|
12
|
14,29
|
Je vis seul
|
5
|
5,95
|
Total
|
84
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
Ce tableau nous renseigne sur la situation matrimoniale des
sujets. Ainsi, 51,19 % sont mariés, 28,57 % célibataires, 14,29 %
veufs et seulement 5,95 % vivent seuls.
4.1.2 Résultats relatifs à la
signification que donne les adeptes du vodoun
Tableau 7: Signification du vodoun selon les
adeptes et les dignitaires
Définition du vodoun
|
Effectif
|
%
|
Nous sommes venus constater à notre naissance
|
8
|
23,53
|
Ensemble de principes
|
14
|
41,18
|
Nous sommes venus constater mais c'est un ensemble de
principes
|
2
|
5,88
|
Autres
|
10
|
29,41
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
De ce tableau, 23,53 % des adeptes et dignitaires
déclarent qu'ils sont venus constater à leur naissance le vodoun
et qu'ils ne peuvent pas le définir. Les 41,18 % pensent que le vodoun
est un ensemble de principes. Les 5,88% estiment être venu voir le vodoun
mais à travers ses manifestations y voir un ensemble de principes. 29,
41% pensent que le vodoun est comme le vent, c'est-à-dire le respect de
l'inconnu ou qu'il est dieu.
Tableau 8 : Signification du vodoun selon les
adeptes et les dignitaires
le vodoun est donc
|
Effectif
|
%
|
l'intermédiaire entre Dieu et les hommes
|
29
|
85,29
|
Dieu
|
5
|
14,71
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
De ce tableau, on note que 29 soit 85,29 % de l'effectif des
adeptes et des dignitaires disent que le vodoun est l'intermédiaire
entre Dieu et les hommes. 5 sujets soit 14, 71% pensent que le vodoun est Dieu
lui-même.
Tableau 9 : But du vodoun selon les adeptes et les
dignitaires
But ultime du vodoun
|
Effectif
|
%
|
- offrir les moyens de mener
une existence terrestre décente
|
34
|
100
|
- s'acquitter de ses devoirs envers les personnes
âgées
|
0
|
0
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
De ce tableau, on déduit que l'ensemble des adeptes et
des dignitaires vodouns ayant pour effectif 34 sujets, s'accordent sur ce que
le but ultime du vodoun est de fournir les moyens de mener une existence
décente sur terre.
Tableau 10 : Raisons de la pérennité
du vodoun selon les adeptes et les dignitaires
Raisons de sa pérennité
|
Effectif
|
%
|
les ménages lui font référence et se
tournent vers lui
en cas de danger
|
8
|
23,53
|
Autres
|
26
|
76,47
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
De ce tableau, il est à noter que 23,53 % des
enquêtés trouvent que les raisons de la pérennité du
vodoun résident dans le fait que les ménages s'en
réfèrent en cas de danger alors que les raisons sont toutes
autres pour les 76,47 %. Pour certains, le vodoun est venu avec le monde et ne
disparaîtra pas même après la disparition de tous les
hommes ; d'autres par contre se focalisent sur les différentes
terminologies (noms, prénoms, désignation de jours etc.) issues
du milieu vodoun pour expliquer sa pérennité. Aussi, ils disent
que plus on en parle, plus le vodoun se développe.
Tableau 11 : Autres valeurs
véhiculées par le vodoun
Autres valeurs du vodoun
|
Effectif
|
%
|
le respect, la discipline et la pérennité du
groupe
|
15
|
44,12
|
le respect, la discipline, la pérennité du groupe
et autres
|
19
|
55,88
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
Ce tableau montre d'autres valeurs que véhicule le
vodoun. Ainsi, 44,12% pensent que le vodoun est source de respect, de
discipline et de pérennité de groupe alors que les 55,88 %
pensent qu'en plus de ces éléments, subsistent d'autres tels que
le respect des personnes agées, la solidarité, l'entraide.
Tableau 12: Régulation des actes et des
désirs par le vodoun
Le vodoun régularise
les désirs
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
34
|
100
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
34
|
100
|
Sources: Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
L'ensemble des enquêtés constitué des
adeptes et des prêtes vodouns est unanime sur le faite que le vodoun
régule les désirs et les actes des individus.
Tableau 13 : Méthodes de régulation
des actes et des désirs
Méthodes de régulation
du vodoun
|
Effectif
|
%
|
- Protection des actes bons et châtiment de ceux qui
sont mauvais
|
34
|
100
|
- Autres
|
0
|
0
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
Ici, il est fait cas de ce que le vodoun, comme
méthodes de régulation, protège ceux ayant une bonne
conduite et châtie ceux ayant une mauvaise conduite. Le pourcentage de
ceux qui pensent de la sorte est de 100 %.
Tableau 14 : Indication des voies à suivre
et des interdits par le vodoun
Le vodoun indique les voies
à suivre et les interdits
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
34
|
100
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
A travers ce tableau, on remarque que 100 % des populations de
cette catégorie sont d'avis sur le faite que le vodoun indique les voies
à suivre et les interdits à ne pas enfreindre.
4.1.3 Résultats relatifs aux influences de la
célébration du Xwétanu sur la vie
social
Tableau 15 : Rassemblement de foules par le
Xwétanù
Rassemblement de
grandes foules
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
92
|
97,87
|
Non
|
2
|
2,13
|
Total
|
94
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
Il ressort de ce tableau que 97,87 % des sujets à qui
nous avons posé la question affirment que le Xwétanù est
une occasion de rassemblement de foules venant d'horizon divers. Seulement 2,13
% pensent le contraire.
Tableau 16: Importance du
Xwétanù
Importance du
Xwétanù
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
88
|
93,62
|
Non
|
6
|
6,38
|
Total
|
94
|
100
|
Sources: Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
A travers ce tableau, on constate que 93,62 % des
enquêtés affirment que le Xwétanù revêt encore
une certaine importance. 6 % pensent qu'il n'est plus utile de nos jours.
Tableau 17: Raisons de l'importance du
Xwétanù
Raisons de cette utilité
|
Effectif
|
%
|
elle redonne confiance et permet de discuter avec des
personnes d'origine différente
|
36
|
38,30
|
elle permet de se retrouver et de réfléchir
ensemble sur des problèmes de société
|
52
|
55,32
|
Autres
|
6
|
6,38
|
Total
|
94
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
Ce tableau affiche les raisons de l'utilité du
Xwétanù. Ainsi, 38, 30 % affirment qu'il redonne confiance aux
populations et permet de discuter avec des personnes d'origines diverses. 55
sujets (55, 32 %) affirment se retrouver et réfléchir ensemble
sur des problèmes de société. Le reste soit 6,38 % y
trouvent que c'est l'occasion de rester en communion avec les êtres qui
sont chers mais qui sont décédés.
4.1.4 Résultats relatifs aux influences de la
célébration du Xwétanù sur la cohésion
culturelle
Tableau 18 : Attraction des populations pour le
Xwétanù
Attraction du Xwétanù
|
Effectif
|
%
|
- Chant, danse, musique
|
49
|
52,13
|
- Chant, danse
|
8
|
8,51
|
- Chant, musique
|
12
|
12,77
|
- Autres
|
25
|
26,60
|
Total
|
94
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
Ce tableau indique que l'intérêt des 52, 13 % de
la population se retrouve dans les chants, les danses et les musiques. 8,51 %
de cette population trouvent leurs intérêts dans les chants et les
danses alors que les chants et la musique intéressent 12,77 %. Les 26,60
% des sujets trouvent leur intérêt ailleurs que dans les chants,
la danse et la musique.
Tableau 19: Satisfactions données par le
Xwétanù
le Xwétanù donne
satisfaction
|
Effectif
|
%
|
- besoins de loisirs, de jeux
|
3
|
3,19
|
-besoins de loisir et de récréation
|
9
|
9,57
|
-besoins de loisir, de jeux et de récréation
|
57
|
60,64
|
- Autres
|
25
|
26,60
|
Total
|
94
|
100
|
Sources: Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
Ce tableau révèle que 60,64 % des populations
trouvent satisfactions aux besoins de loisir, de jeux et de
récréation. 25 (26,60 %) trouvent satisfactions dans d'autres
besoins autres que ceux du loisir, du jeu et de récréation.
Tableau 20 : vodoun comme source en matière
de musique, de chant et de danse
Source et référence en
matière de musique,
chant et danse
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
86
|
91,49
|
Non
|
8
|
8,51
|
Total
|
94
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
On remarque à travers ce tableau que 86 (91,49 %) des
sujets affirment que le vodoun est source d'inspiration de musique.
4.1.5 Résultats relatifs aux influences de la
célébration du Xwétanù sur
l'économie
Tableau 21 : Activités
économiques lors de ces manifestations
Activités économiques
pratiquées en ces occasions
|
Effectif
|
%
|
-Vente d'articles
|
66
|
70,21
|
-Accompagnement de touristes
|
21
|
22,34
|
-Hébergement de touristes contre
récompense
|
7
|
7,45
|
Total
|
94
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête, Abomey,
juin-juillet 2008
Les résultats de ce tableau indiquent que 70,21 % des
enquêtés vendent leurs articles, 22,34 % servent de guide aux
touristes et 7, 45 % offrent leur maison moyennant une certaine somme.
Tableau 22: Dépenses effectuées par
les adeptes et les dignitaires
les adeptes effectuent
des dépenses
|
Effectif
|
%
|
Oui
|
34
|
100
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
34
|
100
|
Sources : Résultat d'enquête,
Abomey, juin-juillet 2008
A travers ce tableau, on remarque que l'ensemble
constitué des adeptes et des dignitaires affirme que des dépenses
sont effectuées. Ces manifestations constituent des moments pour ceux-ci
de confectionner de nouvelles tenues et de s'acheter les colliers.
4.2. ANALYSE DES
RESULTATS
Les résultats de nos enquêtes sur la ville
historique d'Abomey font ressortir que la constitution de notre population
est composée de 94 sujets. Les dignitaires vodouns représentent
10,41 de cet effectif; les adeptes 25,53 % et les profanes 63,83 %
(tableau 1).
La répartition en fonction de l'âge que
présente le tableau n°2 nous indique que les populations à
charge ne sont pas représentés ; que les populations actives
ayant entre 15 et 59 ans constituent 96,43 % des enquêtés et que
les personnes à la retraite sont de 3,57%.
En fonction du sexe, le tableau 3 présente 57,45 %
sujets de sexe masculin et 42,55 % de sexe féminin.
Les résultats montrent aussi que 36, 90 % des sujets
n'ont jamais été à l'école ; 27, 38 % ont fais
le primaire ; 34,57 % le secondaire et seulement 1,19 % a pu atteindre
l'université (tableau 4). Les activités menées par cette
population sont diverses et multiples. Comme l'indique le tableau 5, il y a
Seulement 1,19 % de la population qui ne fait rien ; 9,52 % sont
agriculteurs ; 3,57 % sont zémidjan. Les 10,71 % sont
constitué des élèves et 3,57 % de ménagères.
Sur l'ensemble du tableau 6, les renseignements sur la situation matrimoniale
des sujets nous indiquent que 51,19 % sont mariés ; 28,57 %
célibataires ; 14,29 % veufs et seulement 5,95 % vivent seul
c'est-à-dire divorcés.
4.2.1 Signification du vodoun selon les adeptes et les
prêtres vodouns
En consultant les tableaux 7 et 8, on peut comprendre le
vodoun comme un ensemble de principes qui établissent la liaison entre
l'homme, le reste du monde et Dieu. Ainsi, les initiés reconnaissent la
suprématie de Dieu sur toutes les autres créatures. C'est le bon
Dieu qui a inspiré le monde, chacun dans son milieu pour instituer une
forme d'adoration. La motte de terre est représentative du support
matériel qui permet aux gens de comprendre que l'endroit où nous
nous situons est un lieu sacré et qu'en ce lieu, est dédié
une forme d'adoration adressée à Dieu. Ce que PLIYA (2003)
confirme : « Le vodoun vient de prise de conscience de
l'auteur des forces cosmiques et de la force vitale, l'âme, qui anime
tous les êtres et même les éléments matériels
inertes ou vivants. »9(*). Le vodoun est simplement le respect de
l'inconnu.
Lorsqu'on parle de certains initiés, on dit souvent
« é yi vo do ».
« vo » ou « vivo »
qui signifie à l'aise, bonheur et « do »
c'est-à-dire lieu. Ainsi, « vo
do » est le lieu de félicité, le lieu où on
est à l'aise, le lieu d'aisance. Et le vodoun est le responsable de ce
lieu. Pour les initiés, les vodouns seraient des anges de Dieu. Ce qui
amène à dire que le vodoun est non pas Dieu créateur, mais
l'intermédiaire entre les hommes et lui. Pour les vodouisants, Dieu est
le créateur du monde. Son oeuvre comprend le monde d'en haut et le monde
d'en bas. Les deux mondes sont habités, même si l'un est le reflet
renversé de l'autre. La terre, comme les êtres et les choses, a
une âme.
Le vodoun puise l'essentiel de tout ce qu'il utilise dans la
flore et la faune, ce qui imprime aux pratiquants et aux prêtres, une
rigueur implacable dans le respect strict de la nature. Etant donné le
fait qu'il doit son épanouissement permanent à l'utilisation des
éléments de la faune et de la flore, nous assistons à
beaucoup de sites protégés qui sont déclarés
sacrés. Ceci juste pour protéger des essences animales et
végétales dont les prêtes ont souvent besoin pour juguler
des maladies qu'on retrouve dans ces environs et que les profanes qui ne
comprennent pas, détruisent consciemment ou inconsciemment. Ainsi, tout
le monde comprenait l'importance du culte tel que c'est vécu dans le
vodoun, on n'aurait jamais ces problèmes d'environnement. A cela, on
peut ajouter le fait que les populations, en cas de difficultés qu'ils
ont du mal à résoudre ou en cas de danger, font recours au vodoun
et à ces essences pour se soigner. Ainsi, comprenant l'importance de la
médecine développée dans ces lieux, il devient un centre
de guérison. Ils y font recours aussi pour se protéger
d'éventuelles situations qui se présenteraient à eux.
Si on se base sur ces arguments et sur les opinions des
prêtres selon lesquelles « le vodoun est venu avec le monde
et ne disparaîtra jamais même après la disparition des
hommes » ou que « le vodoun est comme le
vent » c'est-à-dire insaisissable et insondable, on
comprend aisément les raisons de la pérennité du vodoun.
Aussi, beaucoup de terminologies sont parties du vodoun. De plus, l'irruption
de la modernité ayant bouleversé toutes les structures des
sociétés traditionnelles a eu pour conséquence
l'exacerbation des incertitudes et des peurs, au point que le Béninois
rural ou urbain, intellectuel ou non, ressent plus que jamais le besoin de
protection. Le recours aux pratiques des religions traditionnelles,
l'émergence des syncrétismes et des cultes
néo-traditionnels résultent donc de ce besoin intense de
protection chez le Béninois. Protection contre tout ce qui peut menacer
la vie: la maladie, la sorcellerie, les accidents, la jalousie ; bref,
protection, pour tout dire, contre tout ce qui symbolise et représente
le mal.
Le but ultime de la religion vodoun n'est pas la recherche du
salut individuel mais la pérennisation de la
société ; c'est d'offrir les moyens de mener une existence
terrestre descente (confère tableau 9). A cet effet, une prêtresse
vodoun affirmait : « Exister, c'est renoncer à
l'être individuel, particulier, compétitif, égoïste,
agressif, conquérant, pour vivre avec les autres dans la paix et
l'harmonie avec eux, les morts, l'environnement naturel et les esprits
présents bien qu'invisibles. ». Le vodoun est alors
source de cohésion et de communautarisme. Le vodoun veille au maintien
des liens qui unissent les membres de la communauté. Ainsi, on n'est pas
seulement comptable de ses actes individuels, mais nous sommes solidairement
responsables de nos semblables au risque de perturber l'équilibre du
monde extérieur.
Le vodoun enseigne un certain humanisme et est porteur de
valeurs profondes comme le respect des personnes âgées, un
engagement en ce qui concerne les relations avec les semblables, un souci de
fraternité et de solidarité face à la maladie et au
décès.
La morale vodoun estime que ne pas s'acquitter de ses devoirs
envers les personnes âgées et des morts entraîne une rupture
d'équilibre dans la vie de l'individu et peut avoir des
conséquences néfastes sur la famille du fautif et de toute la
communauté à laquelle il appartient. De plus, il faut toujours
faire montre de générosité, de bienveillance et d'amour
envers les plus faibles et les plus démunis.
La population aboméenne trouve dans le vodoun, un
espace d'éducation et de jeu. C'est le vodoun qui assure
l'éducation traditionnelle par l'intégration harmonieuse de
l'individu dans le groupe social conformément au statut que lui
assignent son sexe ou la fonction sociale de ses parents. Au cours de son
éducation, l'enfant apprendra progressivement mais très
précisément les différents rôles sociaux qu'il devra
remplir pendant sa vie d'adulte. La connaissance de ce rôle lui permet de
savoir comment se comporter dans la plupart des cas avec autrui. Les
enseignements ne cherchent pas à développer des
personnalités fortes et originales ; ils encouragent la
conformité, non la compétition, source de tensions dans
l'existence du groupe.
Le vodoun recherche l'équilibre. Toutes les forces de
la nature sont liées. L'univers est un tout : chaque force de la
nature a une signification et une connexion avec les autres entités. La
plante, l'animal, le minéral et les personnes sont sacrés et
doivent être traités en conséquence. Cette unité de
toute chose explique la place de la sainteté de la vie.
Cette conception exige le respect de l'autre, de sa
sécurité, de sa santé et de l'intégrité de
sa personne. De la même manière, les animaux, les arbres, les
sources, les rivières et la mer doivent être
protégés. Aussi, ajoute AKOHA (2005) : « la
caractéristique essentielle de cette culture vodoun consiste à
s'en remettre aux vodouns pour assurer la cohésion sociale en même
temps que leur sont reconnus la possibilité de générer
chez leurs adeptes les inspirations novatrices qui font progresser la
société ».
4.2.2 Signification du
Xwétanù
Chez les fons d'Abomey, on croit à l'existence d'une
âme (lindon ou sê) immortelle qui se retrouve au pays des morts
avec des parents et des amis décédés au milieu de ses
biens : vêtements, ustensiles... Ainsi, les populations adorent
plusieurs divinités. La société est subdivisée en
deux sphères: l'une visible et l'autre invisible.
La sphère visible qui héberge les
minéraux, les végétaux, les animaux et les humains et la
sphère invisible mais perceptible par les devins qui comporte deux
niveaux : le niveau céleste qui est la demeure de l'être
suprême et le niveau souterrain qui abrite le village des ancêtres
qui survivent grâce aux rites et sacrifices des vivants.
« La mort n'est pas la destruction de la personne, le refus de
communication de la personne avec le reste de l'univers, mais un simple passage
dans le monde des ancêtres, un retour à la
source »10(*)
Ce qui nous amène a dire qu'en Afrique, les morts
continuent donc d'exister parmi les vivants et, de plus, le contact avec eux
est possible. A ce propos, Birago Diop dans l'un de ses plus
célèbres textes, écrivait :
"Ceux qui sont morts ne sont jamais partis;
Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire,
Ils sont dans l'ombre qui s'épaissit...
Les morts ne sont pas morts;
Ils sont dans l'ombre qui frémit;
Ils sont dans le bois qui gémit;
Ils sont dans l'eau qui coule;
Ils sont dans l'eau qui dort;
Ils sont dans la case; ils sont dans la foule...
Les morts ne sont pas morts..."11(*)
Ces vers cités dans ce travail ne saura guère
surprendre car l'on n'a jamais cessé de le répéter, les
morts en Afrique subsaharienne, existent et leur présence est
perçue comme réelle.
Pour rendre grâce aux dieux et aux ancêtres
défunts, on observe des rituels. Ce sont des cérémonies
annuelles ou périodiques : on parle de Xwétanù. On
offre des libations en implorant la clémence et la protection dans tous
les secteurs de la vie quotidienne. Ce ne sont pas des cérémonies
organisées uniquement à l'occasion d'événement
heureux tels les naissances, les initiations mais ils sont aussi
exécutés lors d'événements tragiques : mort,
pandémie et autres fléaux. Ces derniers étaient
censés exprimer la colère des dieux et des ancêtres qu'il
fallait apaiser aussitôt pour regagner leur faveur.
Avant chaque cérémonie ou manifestation, il est
impératif de consulter l'oracle Fâ. Au cours de cette
consultation, le Fâ révèle le nombre de jours que
pourrait durer cette manifestation. Elle peut être de trois jours, de
cinq, de sept et plus. Après les libations et autres rites aux
vodouns, les adeptes et les officiants organisent des chants, des
danses.
Aux yeux des profanes, les rites et cérémonies
vodoun peuvent passer pour de la pure superstition. Mais pour le vodounsi
(adepte du Vodoun), ces rituels constituent un moment important de la vie
où les dieux et les esprits des ancêtres exercent une influence
positive directe sur la vie des êtres humains.
Et comme le disait une Prêtresse du vodoun
« la relation s'établit au cours des rituels et des
cérémonies qui constituent le coeur spirituel de la religion
vodoun. Elle permet d'instaurer une sorte de communication aussi bien avec les
dieux implorés qu'avec l'esprit des défunts. Le sacrifice en est
un élément essentiel, il exprime une relation entre l'homme et la
divinité. En échange de la vénération et des
offrandes, les dieux et les esprits invoqués assurent protection et
assistance.»
Durkheim (1994) écrit : « Pour
qu'une société prenne conscience d'elle-même et conserve
ses sentiments au degré d'intensité nécessaire, il faut
qu'elle se rassemble et se concentre périodiquement. Cette concentration
provoque une exaltation de la vie mentale, qui prend la forme d'un groupe aux
conceptions idéales. »
Ainsi, la réelle signification du xwétanù
est d'abord de rassembler les membres de la société et
deuxièmement, de renouveler chez ceux-ci un sentiment de
solidarité. Les rites produisent une excitation des esprits où
disparaît tout sentiment individuel et où les gens prennent
conscience qu'ils forment une collectivité unie par les choses
sacrées. Mais quand les membres de la société se
séparent, le sentiment de solidarité baisse peu à peu et
il faut le ranimer de temps en temps par un nouveau rassemblement et par la
répétition des cérémonies grâce auxquelles le
groupe se réaffirme. Les rites ont donc une influence sur les
esprits.
4.2.3 Impact du
Xwétanù
A travers les résultats, on retient que le souci majeur
du vodoun à travers le Xwétanù est le bien-être des
individus et du groupe. Le Xwétanù est une occasion pour rendre
hommage aux divinités protectrices de la collectivité, aux
ancêtres mais aussi de retrouvailles pour communier par les chants, les
danses, la musique et par le partage de repas. « le vodoun
a deux branches : la branche culturelle et la branche culturelle. La
branche culturelle c'est ce qui se fait au grand public. C'est ce que Sagbohan,
le groupe H2O, Bizengor et les frères
Guèdèguè montrent : les gestes, les paroles. Ils y
tirent leur inspiration. Il y a certaines choses sacrées auxquelles ne
peuvent y accéder que les initiés vodouns. C'est le
cultuel». (Entretien du 02 juillet 2008 avec Monsieur Gabin DJIMASSE,
Directeur de l'O.T).
De nos jours, certains rythmes et mélodies ayant servi
à évoquer les vodouns sont en vogue et sont très
appréciés par le public. Ce qui signifie que le vodoun sert de
source musicale dans la ville. A travers la danse, les initiés
évoquent et expriment avec le corps, ce que les autres arts n'ont pas pu
faire. Elle vient donc compléter ou suppléer un vide, une
certaine insuffisance.
Cette harmonie des danseurs avec la nature, la
société, l'avenir et les dieux constitue une preuve
évidente de la connaissance et de la maîtrise de l'art
chorégraphique dans ces différentes sociétés et sa
participation à l'épanouissement artistique des peuples.
« Elle correspond à un besoin de l'homme
d'exprimer sa joie, sa tristesse, ses aspirations vers le beau, le bien, parce
que ces sentiments sont parfois spiritualisés pour les traduire par des
mots »12(*)
écrivait TIEROU (1983).
Ainsi, les danses sont organisées dans le but d'apaiser
les esprits des ancêtres et des défunts, de calmer la
colère des divinités protectrices mécontentes qui font
planer sur la ville et les campagnes le spectre d'une épidémie ou
d'un malheur. A ce titre, elles constituent des rites expiatoires. Elles sont
aussi organisées pour manifester la gratitude des vivants à
l'égard des vodouns protecteurs, suite à une bonne
récoltes ou à une saison prospère etc.
D'autres aspects dans le social sont à noter : le
renforcement des liens familiaux, renforcement du tissu social, la
convivialité, des échanges s'établissent, des
amitiés sincères et profondes se tissent dans la confiance, la
dignité et le respect, la sociabilité, des rencontres et une
communication entre personnes venant de divers horizons et d'ethnies
différentes. Ce qui favorise un échange inter-culturel.
En manque de distraction, les populations se rassemblent lors
ces cérémonies pour satisfaire leur curiosité, leurs
besoins de jeux, de loisir et de récréation ou pour vivre
l'événement. Ainsi, le Xwétanù revêt pour eux
une certaine utilité et prouve son importance dans cette
société moderne. Et comme le disait AKOHA (2005),
« à les comparer aux réjouissances populaires, les
spectacles de danses vodouns sont les plus beaux ; ce sont des chefs
d'oeuvre de chorégraphie et d'expression corporelle ».
Ainsi, l'aspect connu de tous est l'aspect social et culturel. Et pour se
référer à SARTRE, « aucune
collectivité, soucieuse de sa santé mentale, ne saurait se passer
de divertissements. Si chants et danses sont essentiellement des actes
religieux, ils n'en procurent pas moins de joies toutes
profanes »13(*). Les chants, les danses les rythmes constituent aux
yeux des profanes, des actes de réjouissance, de spectacle, de rencontre
et d'échange. Ainsi, les initiés sont de véritables
« producteurs culturels » selon BOURDIEU (1987) :
« les producteurs culturels détiennent un pouvoir
spécifique, le pouvoir proprement symbolique de faire voir et de faire
croire »14(*). Et précisément, ces créateurs
« donne à voir » les représentations de leur
vie sociale, de leur affectivité ; ils élaborent des formes
donnant aussi « à croire », en relation avec la
religion non écrite des ancêtres, avec des rituels liés aux
esprits des défunts et des anciens rois.
Sur le plan économique le Xwétanù est
l'occasion pour les adeptes de se donner les ressources nécessaires pour
se confectionner les accoutrements, « pour habiller leur
vodoun », en fon « é nan do awù ni
vodun » ; en s'achetant les bijoux et les parures. Ils
offrent ce qu'ils ont de plus précieux au vodoun. Elle est certes une
source de dépense mais également une occasion très propice
pour les ventes et surtout pour le tourisme, encore que la ville regorge
d'énormes potentiels historiques et touristiques. Les artistes, les
sculpteurs et mêmes les forgerons cèdent très facilement
leurs produits. Parfois, ils trouvent des financements.
Moyen peu coûteux mais impressionnant dans ses
capacités de mobilisation, les manifestations culturelles du vodoun
pourraient être à l'avant-garde des moyens qui serviront de
référence à toutes actions et activités de
développement.
Tableau 23: SYNTHESE DE
L'ETUDE
VODOUN
But : offrir les moyens de mener une
existence terrestre descente
Valeurs
* enseigne un certain humanisme ;
* Cohésion et de communautarisme ;
* respect des personnes âgées ;
*engagement en ce qui concerne les relations avec les
semblables ;
* fraternité et de solidarité ;
* respect de l'autre de sa sécurité, de sa
santé et de l'intégrité de sa personne ;
* protection de la faune et de la flore.
MANIFESTATIONS XWETANÙ
Occasion pour rendre hommage aux divinités protectrices
de la collectivité, aux ancêtres mais aussi de retrouvailles pour
communier par les chants, les danses, la musique.
Sur le plan culturel
Chant, danse, musique ; ce qui correspond à un
besoin de l'homme d'exprimer sa joie, sa tristesse, ses aspirations vers le
beau, le bien. Ainsi, cela permet la satisfaction des besoins de jeux, de
loisir et de récréation.
Sur le plan économique
Occasion pour les artistes, les sculpteurs et mêmes les
forgerons cèdent très facilement leurs produits et
financement de certaines activités par des étranger.
Occasion de dépense ; Occasion de visite
touristique ;
Sur le plan social
renforcement des liens familiaux, renforcement du tissu
social, la convivialité, des échanges s'établissent, des
amitiés sincères et profondes se tissent dans la confiance, la
dignité et le respect, la sociabilité, des rencontres et une
communications
CONCLUSION
L'ignorance des phénomènes de la nature ou le
désir de vouloir converser ou vivre en parfaite harmonie avec la nature
fait que la pratique du vodoun reste encore profondément ancrée
dans l'esprit de certaines couches sociales à Abomey : les
vodounsi.
Longtemps laissés pour compte, les membres de ce groupe
social croient en la tradition que leur ont légué leurs
ancêtres et, ils organisent leur vie suivant un modèle qui se
trouve être le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les
générations qui les ont précédés dans le
temps. En dépit de l'importance qu'il représente, ce groupe a
toujours été négligé, passant même
inaperçue aux instances gouvernementales, aux organismes internationaux
et aux organismes non gouvernementaux (ONG).
Pourtant, cette population, trop souvent perçue comme
totalement dépourvue d'infrastructure sociales cohérentes,
s'articule harmonieusement autour du couvent vodoun, qui se trouve être
pour elle non seulement un centre religieux mais aussi et surtout un centre
culturel et social de première importance.
Par des manifestations, le vodoun contribue à
éduquer les générations actuelles sur les traditions, les
us et coutumes de la société passée. En faisant le lien
entre le passé, il montre les sources d'où proviennent les hommes
et met en évidence le caractère historique des faits sociaux.
Ainsi, il est possible à partir des manifestations
dites Hwétanù afin de mieux comprendre le passé et de
prévoir l'avenir ; le développement social étant
assurément un trait d'union entre les différentes phases de
l'histoire de la société à savoir le passé, le
présent et le futur.
Ces manifestations en véhiculant les grandes valeurs
morales comme la dignité, le travail, la sagesse, la paix, le dialogue,
la solidarité, le courage, etc. contribuent à perpétrer
des valeurs qui sont fondamentales pour la cohésion et le
développement social et qui sont aujourd'hui mises en péril par
la société capitaliste et la mondialisation.
Dans la mesure où il crée un sentiment
d'harmonie, de communion, et de solidarité entre les membres de la
société, on ne saurait trop insister sur la
nécessité de lui redonner sa place dans les programmes de
développement de notre pays, le Bénin. Moyen peu coûteux
mais impressionnant dans ses capacités de mobilisation de la jeunesse,
les manifestations culturelles vodouns doivent être à
l'avant-garde des moyens employés pour favoriser l'insertion sociale des
jeunes.
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négro-africaines, introduction à la culture africaine 6,
Paris.
32- UNESCO (1990). Tradition et
développement dans l'Afrique d'aujourd'hui, introduction à
la culture africaine 8, Paris.
33- UNESCO (1986). L'affirmation de
l'identité culturelle et la formation de la conscience nationale dans
l'Afrique contemporaine, introduction à la culture africaine 5,
Paris.
34- WEBER, M. (1990). L'éthique
protestante et l'esprit du capitalisme, Presse Pocket.
TABLE DES
MATIERES
Sommaire
ii
Dédicaces
iii
Remerciements
iv
Abréviations, Sigles et Acronymes
vi
Liste des tableaux
vii
Introduction
8
PREMIERE PARTIE: PROBLEMATISATION DE LA
RECHERCHE
1
1.1. Revue de littérature
11
1.2. Définition de concepts
15
1.2.1 La religion
15
1.2.2 Le vodoun
15
1.2.3 Le Xwétanù
16
1.2.4 La culture : évolution du
concept
17
1.2.5. Le développement
18
1.3. Cadre théorique
19
1.4. Problématique
21
1.5. Hypothèse
22
1.6. Objectifs
22
1.6.1.Objectif général
22
1.6.2.Objectifs spécifiques
22
DEUXIEME PARTIE :
CONTEXTE GENERAL
DE LA RECHERCHE
1
2.1. Cadre physique, géographique et
administratif
24
2.2. Cadre humain, socioculturel et
économique
25
2.2.1. Aspect démographique
25
2.2.2. Aspect socioculturel
25
2.2.3. Aspect économique
26
2.3. Présentation institutionnelle
27
2.3.1. Institution traditionnelle
27
2.3.2. Institution religieuse
27
TROISIEME PARTIE :
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
1
3.1. Population
30
3.1.1 Composante de la population
cible
30
3.1.2 Les prêtres ou dignitaires
vodouns: qui sont-ils ?
31
3.1.3 Les adeptes du vodoun
31
3.1.4 Les profanes
31
3.2. Procédures de collectes de
données
31
3.2.1 L'âge et le sexe
31
3.2.2 Le niveau d'instruction
32
3.2.3 La situation matrimoniale
32
3.2.4 La place des sujets dans l'organisation
sociale du vodoun
32
3.2.5 La catégorie
socio-professionnelle
32
3.3. Choix des techniques
d'enquête
32
3.4. Déroulement de
l'enquête
33
3.5. Choix des localités des
enquêtés
34
3.6. Traitement des données
34
3.7. Difficultés
rencontrées
35
QUATRIEME PARTIE :
PRESENTATION DES RESULTATS ET
ANALYSES
1
4.1. Présentation des
résultats
37
4.1.1 Résultats relatifs
à l'identification des populations enquêtées
37
4.1.2 Résultats relatifs à la
signification que donne les adeptes du vodoun
40
4.1.3 Résultats relatifs aux influences
de la célébration du Xwétanu sur la vie
social.............
43
4.1.4 Résultats relatifs
aux influences de la célébration du Xwétanù sur la
cohésion culturelle
44
4.1.5 Résultats relatifs aux influences
de la célébration du Xwétanù sur
l'économie..................
45
4.2. Analyse des résultats
47
4.2.1 Signification du vodoun selon les adeptes
et les prêtres vodouns
47
4.2.2 Signification du
Xwétanù
50
4.2.3 Impact du
Xwétanù
52
Conclusion
55
Références bibliographiques
56
Table des matières
58
Annexes
1
ANNEXES
République du Bénin
Université d'Abomey-Calavi (UAC)
Institut National de la Jeunesse, de l'Education
Physique et du Sport (INJEPS)
GUIDE D'ENTRETIEN A L'ENDROIT DES DIGNITAIRES
VODOUNS
Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un
mémoire de fin de quatrième année «Jeunesse et
Animation «, option «Développement Communautaire«
à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du
Sport.
Ce guide d'entretien vise comme objectif d'explorer les
rapports qui existent entre cette culture vodoun et le développement
économique, social, et culturel.
Thème du guide d'entretien
|
Questions de relance
|
Signification donnée au vodoun
|
a. Qu'est ce que le vodoun selon vous ?
b. Serait-il Dieu ?
c. Quelles sont leurs principales fonctions ?
d. Pourquoi perdure t-il jusqu'à aujourd'hui ?
|
Description du Xwétanù
|
a. Qu'est ce que le Xwétanù ?
b. Quel sens le Xwétanù a pour vous ?
c. Comment le préparez-vous ?
d. Comment s'organise t-il ?
e. Y a-t-il une périodicité pour l'organisation
de cette fête ?
|
Les impacts économiques, sociaux et culturels du
vodoun
|
a. Le mode de vie que prescrit le vodoun régule le
comportement social ? si oui, comment ?
b. Ce mode de vie est-il approprié dans la
société actuelle où la modernité et
l'économie ont pris place dans les familles ?
c. Que trouvent les masses populaires lors des manifestations
du vodoun ?
d. Y a-t-il des interdits à ses manifestations?
si oui, lesquels ? pourquoi ?
e. Cela demande t-il de dépenses ?
f. Comment les gens vivent-ils lors de cette
manifestation ?
g. Que pensez-vous des rythmes et des mélodies
exécutées actuellement par les jeunes et qui semblent avoir
servi à évoquer et à chanter les vodouns ?
|
Merci pour votre collaboration
République du Bénin
Université d'Abomey-Calavi (UAC)
Institut National de la Jeunesse, de l'Education
Physique et du Sport (INJEPS)
QUESTIONNAIRE A L'ENDROIT DES ADEPTES
VODOUNS
Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un
mémoire de fin de quatrième année «Jeunesse et
Animation «, option «Développement Communautaire«
à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du
Sport.
L'objectif de cette étude consiste à explorer
les rapports qui existent entre la culture vodoun et le développement
social, économique et culturel dans la ville d'Abomey.
Les données recueillies seront confidentielles et ne
seront utilisées qu'à des fins de recherche.
Vous voudrez bien cocher les cases correspondant à
vos choix.
I/ IDENTIFICATION
1 Lieu de résidence :
Arrondissement....................................
Village/Qtier de ville
..................................................
2 Age : ..........ans
3 Sexe : a- Masculin
b- Féminin
4
Profession...........................................................................................................
5 Quelle est votre situation
matrimoniale ?
a - je suis marié (e)
b- je suis Célibataire
c- je suis veuf (ve)
d- je vis seul (e)
6 Niveau d'instruction :
a - Primaire
b - Secondaire
c - Universitaire
e- je n'ai jamais été à
l'école
7 Combien d'enfants avez-vous ?
a- aucun
b- 1 enfant
c- 2 enfants
d- 3 enfants
e- Plus de 3 enfants
(préciser le nombre) : ..............
8 entretenez-vous seul (e) votre (vos) enfant
(s) ?
Oui Non
Si oui, pourquoi ?
..........................................................................................
9 vos enfants sont-ils des adeptes du vodoun ?
Oui Non
Si oui, pourquoi ?
..........................................................................................
Si non, donnez les raisons :
..............................................................................
II/ SIGNIFICATION DU VODOUN
10 Selon vous, qu'est-ce que le
vodoun ?
a- c'est à notre naissance que nous avons
constaté
que nos pères avaient des vodouns ;
b- c'est un ensemble de principes établissant la
liaison
entre l'homme, le reste du monde et le
créateur ;
c- Autres
(préciser) :.............................................................................................
11 Selon ses manifestations, que peut-on dire du
vodoun ?
a- l'intermédiaire entre dieux et les hommes ;
b- Dieux, créateur de la vie
c- Autres
(préciser) :.............................................................................................
12 Quel est le but ultime du vodoun ?
a- offrir les moyens de mener une existence terrestre
décente ;
b- s'acquitter de ses devoirs envers les personnes
âgées ;
c- Autres
(préciser) :..............................................................................................
13 Pourquoi le vodoun perdure jusqu'à nos
jours ?
a- parce que les ménages lui font
référence pour orienter leurs décisions
b- parce que les ménages se tournent vers lui en cas de
danger
c- Autres
(préciser) :...................................................................................
14 Régularise t-il les
désirs?
Oui Non
Si oui, comment ?
a- En protégeant ceux considérés comme
bon
b- En châtiant ceux considérés comme
mauvais
c- Autres
(préciser) :...................................................................................
15 Quelles autres valeurs véhicule le
vodoun ?
a- le respect
b- la discipline
c- la pérennité du groupe
d- Autres
(préciser) :..............................................................................................
16 Le vodoun indique t-il la voie à suivre et
les interdits à ne pas enfreindre ?
Oui Non
III/ IMPACTS DU VODOUN SUR LA VIE SOCIALE,
ECONOMIQUE ET CULTURELLE
17 Pourquoi organise t-on selon vous des
cérémonies annuelles dites Xwétanù ?
a- pour rendre grâce aux dieux de leurs bienfaits
b- pour apaiser la colère des dieux
c- pour purifier la cité ;
d- Commémorer la mémoire des
défunts ;
e- Autres
(préciser) :...............................................................................................
18 Ces manifestations sont-elles
réservées uniquement aux adeptes du vodoun?
Oui Non
19 Y assiste-il un grand nombre de
personnes ?
Oui
Non
20 Ces manifestations sont-elles porteuses de
valeurs ?
Oui Non
Si oui, lesquelles ?
a- le respect des personnes âgées
b- un humanisme en ce qui concerne les
relations avec les semblables ;
c- un souci de fraternité et de solidarité
d- obligation de venir en aide aux personnes en
nécessité
e- Encouragement du travail collectif ;
f- Autres
(préciser) :.......................................................................................
21 Ces valeurs sont-elles importantes de nos
jours ?
Oui Non
Si oui, pourquoi ?
a- Parce qu'elles donnent confiance
b- Parce qu'elles permettent de se retrouver
c- Parce qu'elles permettent de réfléchir
sur des problèmes de société
d- Autres
(préciser) :.............................................................................................
22 Qu'appréciez-vous d'autres lors de ces
manifestations ?
a- danses
b- chants
c- musique
d- la grande foule que mobilisent ces manifestations
e- Autres
(préciser) :........................................................................................
23 Trouvez vous en cela des
satisfactions ?
Oui Non
Lesquelles
a- satisfaction à leur besoin de loisirs,
b- satisfaction à leur besoin de jeux
c- satisfaction à leur besoin de
récréation
d- Autres
(préciser) :.......................................................................................
24 Constitue t-il des références en
matière de chants, musiques et danses ?
Oui Non
25 Y a t-il des rythmes vodouns qui soient
exécutés actuellement par les artistes?
Oui Non
26 Faites-vous de bonnes recettes lors de ces
manifestations ?
Oui Non
En quoi faisant ?
a- En vendant des articles
b- En accompagnant des touristes
c- Hébergement de touristes contre
récompense ;
d- Autres
(préciser) :.......................................................................................
27 Effectuez-vous également des
dépenses ?
Oui Non
28 Trouvez-vous des financements pour vos
activités en ces occasions ?
Oui Non
III/ SUGGESTIONS
29 Que suggérez-vous pour la promotion du
développement endogène basé sur la culture vodoun
?
..................................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Merci pour votre
collaboration !
République du Bénin
Université d'Abomey-Calavi (UAC)
Institut National de la Jeunesse, de l'Education
Physique et du Sport (INJEPS)
QUESTIONNAIRE A L'ENDROIT DES
PROFANES
Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un
mémoire de fin de quatrième année «Jeunesse et
Animation «, option «Développement Communautaire«
à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du
Sport.
L'objectif de cette étude consiste à explorer
les rapports qui existent entre la culture vodoun et le développement
social, économique et culturel dans la ville d'Abomey.
Les données recueillies seront confidentielles et ne
seront utilisées qu'à des fins de recherche.
Vous voudrez bien cocher les cases correspondant à
vos choix.
I/ IDENTIFICATION
1 Lieu de résidence :
Arrondissement....................................
Village/Qtier de ville
..................................................
2 Age : ..........ans
3 Sexe : a- Masculin
b- Féminin
4
Profession...........................................................................................................
5 Quelle est votre situation
matrimoniale ?
a - je suis marié (e)
b- je suis Célibataire
c- je suis veuf (ve)
d- je vis seul (e)
6 Niveau d'instruction :
a - Primaire
b - Secondaire
c - Universitaire
e- je n'ai jamais été à
l'école
7 Combien d'enfants avez-vous ?
a- aucun
b- 1 enfant
c- 2 enfants
d- 3 enfants
e- Plus de 3 enfants
(préciser le nombre) : ..............
8 entretenez-vous seul (e) votre (vos) enfant
(s) ?
Oui Non
Si oui, pourquoi ?
..........................................................................................
9 vos enfants sont-ils des adeptes du vodoun ?
Oui Non
Si oui, pourquoi ?
..........................................................................................
Si non, donnez les raisons :
..............................................................................
II/ IMPACTS DU VODOUN SUR LA VIE SOCIALE, ECONOMIQUE
ET CULTURELLE
10 Pourquoi organise t-on selon vous des
cérémonies annuelles dites Xwétanù ?
a- pour rendre grâce aux dieux de leurs bienfaits
b- pour apaiser la colère des dieux
c- pour purifier la cité
d- Autres
(préciser) :...............................................................................................
11- Y assistez-vous ?
Oui
Non
12- Y assiste-il un grand nombre de
personnes ?
Oui
Non
13- Cela signifie t-il que le Xwétanù
est facteur de cohésion autour d'un but commun ?
Oui
Non
14- Constitue t-il donc un modèle de
cohésion sociale ?
Oui Non
15- Ainsi, consolide t-il le tissu social et
familial ?
Oui Non
16- Ces manifestations sont-elles porteuses d'autres
valeurs ?
Oui Non
Si oui, lesquelles ?
a- le respect des personnes âgées
b- un humanisme en ce qui concerne les
relations avec les semblables
c- un souci de fraternité et de solidarité
d- obligation de venir en aide aux personnes en
nécessité
e- Encouragement du travail collectif
f- Autres
(préciser) :...................................................................................
17- Qu'appréciez-vous d'autres lors de ces
manifestations ?
a- danses
b- chants
c- musique
d- la grande foule que mobilisent ces manifestations
e- Autres
(préciser) :........................................................................................
18- Trouvez vous en cela des
satisfactions ?
Oui Non
Lesquelles
a- satisfaction à leur besoin de loisirs,
b- satisfaction à leur besoin de jeux
c- satisfaction à leur besoin de
récréation
d- Autres
(préciser) :.......................................................................................
19- Constitue t-il des références en
matière de chants, musiques et danses ?
Oui Non
20- Y a t-il des rythmes vodouns qui soient
exécutés actuellement par les artistes?
Oui Non
21- Faites-vous de bonnes recettes lors de ces
manifestations ?
Oui Non
En quoi faisant ?
a- En vendant des articles
b- En accompagnant des touristes
c- Autres
(préciser) :.......................................................................................
22- Trouvez-vous des financements pour vos
activités en ces occasions ?
Oui Non
III/ SUGGESTIONS
23- Que suggérez-vous pour la promotion du
développement endogène basé sur la culture vodoun
?
..............................................................................
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Merci pour votre
collaboration !
Résumé:
La religion vodoun revêt un caractère qui
dépasse le simple cadre des croyances. Elle est pleinement
enracinée dans la vie des populations de la ville historique d'Abomey,
et l'organisation socio-politique de cette cité royale la
reflète. Elle participe à l'expression quotidienne de la vie dans
le cadre général des traditions et coutumes.
Par des manifestations annuelles, le vodoun contribue à
éduquer les générations actuelles sur les traditions, les
us et coutumes de la société passée. En faisant le lien
entre le passé, il montre les sources d'où proviennent les hommes
et met en évidence, le caractère historique des faits sociaux.
L'Etat, étant le seul organisme capable de concevoir la
stratégie nationale de développement en se fondant sur
l'équité et l'innovation, a un rôle décisif à
jouer pour un développement endogène basé sur cette
initiative des larges masses de population.
Mots clés: religion, culture, vodoun,
développement endogène, social, culturel et
économique.
Abstract:
The religion voodoo dons a character that passes the simple
setting of the beliefs. It is fully rooted in the life of the populations of
the historic city of Abomey, and the socio-politic organization of this royal
city reflects it. It participates in the daily expression of life in the
general setting of the traditions and customs.
By yearly demonstrations, the voodoo contributes to educate
the present generations on the traditions, customs of the past society. As
making the tie enters the past, he/it shows the sources from where come the men
and puts in evidence, the historic social fact character.
The state, being the only organism able to conceive the
national strategy of development while founding on the fairness and the
innovation, has a decisive role to play for an endogenous development based on
this initiative of the large masses of population.
Key words: religion, culture, voodoo,
endogenous, social, cultural and economic development.
* 1 KATOKA, I. K. (1978).
La culture d'hier et de demain dans l'Afrique contemporaine in
l'affirmation de l'identité culturelle et la formation de la conscience
nationale dans l'Afrique contemporaine, unesco : Paris ; pp 96-117
* 2 AKOHA, A.B. (mars 2005).
Au berceau du vodoun, communication délivrée dans le
cadre de la rédaction d'un guide touristique sur le Bénin, (texte
inédit).
* 3 RIDC (2002). Culture,
développement et diversité culturelle: questions à
l'intention du RIDC et leur signification pour la convention sur la
diversité culturelle, conférence du cap du 11-13
octobre, consulté le 08 février 2008 sur http://
www.incd.net/docs/CultureDeveloppementF.htm
* 4 INSAE (2002).
Troisième Recensement Général de la Population et de
l'Habitat (RGPH3).
* 5 INSAE (2002).
Troisième Recensement Général de la Population et de
l'Habitat (RGPH3).
* 6 SARTRE, R. (1993). Les
vodù dans la vie culturelle, sociale et politique du Sud-Dahomey,
in Vodoun-Ouidah 92, Présence Africaine, Paris, pp 199-212.
* 7 MISD
(2001). Atlas monographique des communes du benin; Centre
d'information et de documentation sur les collectivités locales, 211
p.
* 8 DAKPO,
P. (2003). Dynamique politique et sportive au Bénin :
le mouvement associatif ou les enjeux du pouvoir (1960-2001). Thèse
de doctorat unique des universités, option
socio-anthropologie politique; Tome I et Tome II, Université de
Nice Sophia Antipolis, Nice, 571 p.
* 9 PLIYA J. (2003).
L'influence de culte Voodoo ; ses pratiques et ses
conséquences. Les chemins de la délivrance ; in la
prière de Délivrance et d'Exorcisme- face aux défis
actuels du démon- Actes de colloque de Hochaltingen-I.A.D. p.152-183.
http://www.vade-retro.fr/publications.html
* 10 ELANGA, P. E (1986).
Quelques réflexions sur la spécificité des cultures
négro-africaines, in Spécificité et dynamique des
cultures négro-africaines, unesco, Paris ; pp 28-38
* 11 DIOP, B. (1948).
Souffles, in Anthologie de la nouvelle
poésie nègre et malgache. p. 145.
* 12 TIEROU A. (1983).
La danse africaine, c'est la vie ; Maisonneuve et Larose, Paris,
p.12
* 13 SARTRE R. (1993).
Les voduns dans la vie culturelle, sociale et politique du Sud-Dahomey,
les Religions africaines comme source de valeurs de civilisation,
Cotonou.
* 14 BOURDIEU P. (1987).
Choses dites, Editions de Minuit, Paris.
|