TABLE DES MATIERES
Dédicace.....................................................................................
i
Remerciements...........................................................................
ii
Table Des Matières
..................................................................
iii
Avant-propos.
.............................................................................
iv
Introduction................................................................................
1
CHAPITRE 1. LOCALISATION DE LA ZONE
D'ETUDE.................. 2
1.1 Situation
démographique..................................................................
2
1.2. Le
relief....................................................................................
2
1.3.
L'hydrographie..............................................................................
2
1.4. Le
sol..........................................................................................
2
1.5. La
faune....................................................................................
3
1.6. La
flore.....................................................................................
3
1.7. La
climatologie..............................................................................
3
CHAPITRE 2.HISTOIRE ET CARACTERISTIQUES
DEMOGRAPHIQUE... 5
2.1. Histoire du
village....................................................................................
5
2.2. Caractéristiques
démographiques...............................................................
6
2.3.
Conclusion.............................................................................................
8
CHAPITRE 3.STRUTURE ET ORGANISATIONS
SOCIALE........... 9
3.1. Institutions
familiales.........................................................................
9
3.2. Les institutions
politiques.................................................................
10
3.3 Les institutions
éducatives................................................................
11
3.4 Les institutions
religieuses...............................................................
11
3.5 Institutions
économiques..................................................................
11
Conclusion...........................................................................
14
CHAPITRE 4.LES ORGANISATIONS
PAYSANES............................ 15
4.1 Inventaire des principaux groupes paysans dans le
village..................... 15
4.1.1 La réunion des jeunes mamans de Mbih
II............................................ 15
4.1.2 L'association des jeunes ressortissant de Mbih
II................................. 15
4.1.3 Le groupe
`tsouh'...........................................................................
15
4.1.4 Le groupe
`Menzong'.......................................................................
15
4.1.5 Le groupe d'initiative commune des agriculteurs et
éleveurs de Nkong-Ni
(GICAEN-ACHOUBONG)...................................................
15
4.2
Conclusion.......................................................................................
16
CHAPITRE 5.LES POPULATIONS RURALES FACE AUX
PROBLEMES DE
DEVELOPPEMENT............................................................................
17
5.1 L'avenir de leurs
enfants.....................................................................
17
5.2 Les relations avec les services
d'encadrement............................................ 17
5.3 Perception de la
réussite...................................................................
17
5.4 La taille de la famille
idéale...............................................................
17
5.5 Les relations
ville-campagne..............................................................
17
5.6
Conclusion....................................................................................
18
Conclusion générale et
recommandations............................................... 19
Bibliographie...............................................................................
20
Avant-propos.
De tout temps, l'homme a toujours voulu passer de
la théorie à la pratique pour concrétiser
ses connaissances. C'est dans cette optique que la Faculté d'Agronomie
et des Sciences Agricoles (FASA) de l'Université de Dschang organise
à l'intention des étudiants de deuxième année du
cycle d'ingénieur, un « Stage de découverte du milieu
humain ». Il se déroule du 1er au 30 Août et
a pour objectif d'initier les futurs ingénieurs à la description
et à l'analyse d'un milieu humain rural dans ses aspects statique et
évolutif.
Il s'agit pour l'étudiant de donner une image
globale de l'environnement humain d'une localité rurale choisie, ceci
partant d'un certain nombre de connaissances acquises en classe et en utilisant
diverses sources d'information.
La localité choisie est MBIH II. C'est un
village du groupement Bafou dans l'Arrondissement de Nkong-Ni,
département de la Menoua, province de l'Ouest-Cameroun.
Durant ce stage, notre étude a été
guidée par :
-Des observations personnelles du milieu physique et
humain.
-Des enquêtes auprès des paysans et de
l'administration.
-Des consultations de documents et archives.
Enfin, pendant que nos lecteurs et correcteurs se lancent
dans la lecture de ce rapport, nous faisons appel à leur indulgence
envers certaines incohérences ou erreurs qui s'y sont glissées.
En effet, ce document marque une toute première confrontation entre
l'étudiant et la réalité du terrain.
Roméo Ngouadjio KITIO,
Elève ingénieur agronome
BAFOU- MBIH II (Dschang-Cameroun)
Août 2005.
Introduction.
La province de l'OUEST, dite du soleil levant, se
démarque des autres par la forte densité de sa population, son
climat chaud et humide, son relief montagneux et accidenté,
l'intensité et la diversité de ses cultures. MBIH II est un
village du groupement BAFOU dans l'arrondissement de Nkong-Ni,
département de la MENOUA. C'est cette localité que nous avons
choisie dans le cadre de notre stage de découverte du milieu humain.
La tâche qui nous incombe ici est de donner une
image globale de l'environnement humain, socio-économique et politique
de ce village, ceci, partant d'un certain nombre de connaissances acquises en
classe et en utilisant diverses sources d'information.
Nous présenterons donc ce rapport en cinq (5)
grandes articulations:
Ø Localisation de la zone d'étude.
Ø Histoire et caractéristiques
démographiques.
Ø Structure et organisation sociale.
Ø Organisations paysannes de la zone d'étude.
Ø Les populations rurales face aux problèmes de
développement.
CHAPITRE 1.
LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE.
1.1 Situation démographique.
Le village MBIH II, dans le groupement BAFOU, couvre une
superficie d'environ 2,03 Km2 (Source : Poste agricole de
Bassessa-Djiomock). Il est situé à environ 1,5 Km de la route
nationale Dschang-Bafoussam et à environ 1Km de la Mairie rurale de
Nkong-Zem.
Ce village est limité :
-Au Nord par MBIH I.
-Au Sud par BANZA.
-A l'Est par FOMBET.
-A l'Ouest par ZEM.
-Altitude moyenne =1407m
-Latitude =5°20'Nord.
-Longitude =10°03'Est.
(Source : Station météorologique de l'IRAD
de Dschang)
1.5. Le relief.
Le relief de MBIH II est très
morcelé, surplombé de collines entrecoupées par des
vallées profondes. La partie centrale du village forme un plateau
où est bâtie la chefferie ainsi que plusieurs concessions. Les
plaines marécageuses et les abords des marigots (dans les
vallées) sont réservés aux cultures.
1.6. L'hydrographie.
Le Réseau hydrographique se réduit à
l'unique cours d'eau appelé «Ndou-Menguem » qui sert de
limite naturelle avec le village MBIH I. C'est ce cours d'eau qui alimente le
village et sert de support aux cultures maraîchères et en saison
sèche à l'irrigation.
Un ruisseau de moindre importance (Ndou-toh), car
tarissable en saison sèche, prend naissance dans le village et
s'écoule vers Zem, la localité voisine.
1.4 Le sol.
L'étude des sols a été rendue
possible grâce à la présence de nombreux puits
creusés dans le village, à des glissements de terrains et
à des pentes déblayées à des fins de construction
d'habitats. Le village MBIH II présente donc sur toute son
étendue trois types de sols :
1.4.1. Les sols de bas-fonds.
Ce sont des sols très fertiles. Leur
fertilité est conditionnée par l'apport des nutriments provenant
de l'érosion pluviale des versants de collines. Les profils de ces types
de sols présentent :
-L'horizon A, de couleur noir foncé.
Son épaisseur est d'environ 14cm.
-L'horizon B, de couleur noire et d'environ
50cm. Il est constitué d'un mélange de matières organiques
et de limon.
-L'horizon C, de couleur brune et d'une
épaisseur assez importante.
1.4.2. Les sols de plateaux.
Leur profil nous montre :
-L'horizon A, de couleur rouge foncé
et d'une épaisseur de 12 à 20cm. Cette couche contient des
débris de végétaux et d'animaux.
-L'horizon B, de couleur brune foncée
et d'une épaisseur d'environ 35 à 40cm. Au-delà de cette
profondeur nous notons des basaltes qui font leur apparition au niveau des
pentes.
1.4.3. Les sols des hautes terres.
Ils sont riches en latérites et présentent
par endroits des blocs de roches basaltiques qui affleurent la surface ou sont
complètement exposés à cause de l'action combinée
des eaux de pluies et du vent.
Leur profil montre les horizons suivants :
-L'horizon A, superficiel de couleur brun
rougeâtre ou brun sombre avec une épaisseur de 6 à 12cm. Il
renferme très peu de matières organiques.
-L'horizon B, profond de couleur brun vif et
d'une épaisseur de 14 à 18cm. Il est constitué de grains
de sable et de petits cailloux. La roche mère est granitique ou
basaltique.
1.5. La faune.
D'après certains témoignages, la faune
était très riche et variée à MBIH II. On pouvait y
trouver des singes, des antilopes, des buffles et même des sangliers.
Toutes ces espèces ont disparu à cause de la pression
démographique, du braconnage, de la destruction de la forêt par
les feux de brousse pour l'agriculture.
Cette faune est aujourd'hui réduite aux rats,
porcs-épics, souris des champs, hérissons, serpents, etc.
L'élevage des gros ruminants est absent à cause du manque de
pâturage. Par contre, les petits ruminants (surtout les chèvres)
sont élevés non seulement pour l'alimentation mais aussi pour les
rites traditionnels.
1.6. La flore.
La flore est riche en espèces typiques des savanes
arborées. Les espèces culturales et les espèces
forestières de MBIH II sont présentées respectivement sur
les tableaux annexes N°1 et N°2.
On note également que la flore des bas-fonds
marécageux est dominée par les palmiers raphias.
1.7. La climatologie.
Le village Mbih II appartient à la zone climatique
des hauts plateaux de l'Ouest. Cette zone est caractérisée par
des précipitations abondantes (1200 à 1800mm de pluies) et des
températures moyennes variant de 18 à 25°C.
Les données sur la température et les
précipitations (tableau 1) ont été obtenues à
l'Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD) de
Dschang.
Tableau 1 : Températures et
précipitations à Dschang en 2003-2004.
CHAPITRE 2.
HISTOIRE ET CARACTERISTIQUES
DEMOGRAPHIQUES.
2.4. Histoire du village.
Le groupement BAFOU gouverné par le chef Fo'o Ndong,
était autrefois un vaste territoire conquis à la suite de
nombreuses guerres tribales. Le chef Bafou exerçait un pouvoir sans
partage sur ses sujets, ses décisions étaient sans appel.
Lorsque Wamba Sop (fils aîné du chef
supérieur Bafou) eu l'âge de se marier, son père lui donna
des femmes et l'envoya s'installer à `Teou khoti' (village voisin de
l'actuel MBIH II) pour y fonder une famille. Cependant, ses femmes et ses
enfants mourraient mystérieusement, de plus ses nuits étaient
hantées. Il alla donc demander conseil aux anciens du village, ceux-ci
lui conseillère de venir s'installer auprès d'eux, au lieu qui
correspond aujourd'hui à MBIH. Une fois installé, Wamba trouva la
paix et la tranquillité car ses femmes et ses enfants ne mourraient
plus.
Lorsqu'il fut âgé, il ne se permit pas, en
tant que fils du chef supérieur, de voir des gens sans importance vivre
autour de lui. C'est ainsi qu'il chassât les anciens qui l'avaient
hébergés et conseillés, pour étendre ses terres.
Ces derniers ne pouvaient se rebeller de peur d'attirer sur eux la
colère du chef Bafou. Si tel était le cas, le chef de famille
serait enterré vivant, ses femmes et ses enfants seraient vendus comme
esclaves.
Le chef Bafou vit que son fils était à
l'aise à MBIH et lui donna ce territoire pour qu'il y règne comme
chef. Fier de l'honneur que lui avait fait son père, Wamba Sop chassa
tous ceux qui avaient de bonnes terres et y installa ses fils et ses amis,
c'est ainsi que se créa le village MBIH.
2.4.1. Origine de la population.
La population de MBIH II est constituée des Bafous
de la zone Bassessa. Cependant, l'histoire de MBIH ne révèle
aucune connaissance précise concernant l'origine de sa population. Il
convient toutefois d'accepter que cette population serait issue des
Semi-Bantous de race Bamiléké.
2.4.2. Origine du nom MBIH.
Ce nom avait été
donné par le chef Bafou. En fait, ce nom `MBIH' signifie `SEMER' en
langue locale (Yemba).En effet, puisque les enfants de Wamba sop, fils
aîné de chef Bafou, ne mourrait plus dans leur nouveau territoire,
il se mit à semer des graines (maïs, haricot, soja...) pour nourrir
sa famille qui grandissait de plus en plus.
2.1.3. Histoire coloniale
L'arrivée des colons européens diminua
considérablement l'autorité du chef. Ce dernier pouvait ainsi
être traduit en justice et être jugé. L'esclavage fut aboli
et le chef fut chargé de collecter les impôts dans son village. Le
chef pouvait avoir recours à l'administration coloniale pour
résoudre certains problèmes dans le village.
2.1.4. Vestige de l'histoire coloniale
Plusieurs caractéristiques et innovations marquent
le passage de la colonisation au village Mbih II. Nous pouvons noter entre
autre :
- l'introduction des cultures de rente telles que le
café et le quinquina.
- La lutte contre l'analphabétisme par la construction
d'école.
- L'introduction de nouvelles techniques culturales telles que
l'assolement, la jachère, la fertilisation des sols par la fumure
animale et les engrais chimiques.
- L'introduction de la vaccination pour lutter contre les
épidémies et améliorer ainsi l'état de santé
des populations.
2.1.5. Histoire contemporaine
Kitio Gaston était l'un des fils du chef Wamba sop.
Il demanda à son père de lui donner un terrain très
convoité et au milieu du quel se dressait un énorme arbre
appelé « Lefoh ». Cependant, Sah Ngang, un homme
influent du village, convoitait le même terrain. Sa jalousie le poussa
à voler des chèvres en passant par la concession de Kitio Gaston
pour le faire accuser de vol. Il alla ensuite attacher les chèvres
à la rivière et rentra chez lui.
Les propriétaires des chèvres
allèrent voire un sorcier qui les fit suivre une abeille magique qui
devait retracer l'itinéraire du voleur. C'est ainsi que l'abeille les
conduisit chez Kitio Gaston, ils envoyèrent alors trois personnes
avertir le chef Wamba sop. Par la suite, l'abeille remonta la rivière
jusqu'au domicile de Sah ngang où elle entra par un trou. Ce dernier fut
arrêté et jeté en prison. Il n'avait plus le droit de
passer au village avant une certaine période. Ses terres furent saisies
et données à Kitio Gaston comme dédommagement.
Le chef Wamba sop mourut en septembre 1956, un an avant le
début du maquis dans la zone. Il laissa derrière lui 70 femmes et
110 enfants. Lors des obsèques de son père, Kitio Gaston fit
bonne impression aux chefs Bafou et Fokamezo qui étaient à la
cérémonie. C'est ainsi que son frère qui avait
succédé à leur père Wamba sop, décida de le
faire chef d'un territoire qui constitue aujourd'hui le village Mbih. La
rivière Ndou-menguem sépare le village en deux, Mbih I et Mbih
II.
Kitio Gaston qui avait, dès lors, prit le nom de
Foloh Kitio Gaston, mourut le 4 mars 1976 après deux ans de
règne. Une statut à son image fut bâti à
l'entrée de la chefferie. Il fut succédé par son fils
Foloh Kitio Raymond qui est chef de Mbih II jusqu'à notre jour.
2.5. Caractéristiques
démographiques.
2.5.1. Données générales sur la
population.
D'après les investigations du chef de poste
agricole de Bassessa-Djiomock en 2004, la population de Mbih II est
estimée à 1626 habitants répartis comme l'indique le
tableau N°4 ci-dessous.
Tableau N°4 :
Répartition de la population de Mbih II par sexe et par classe
d'âge.
Classe
d'âge
|
0-4
|
5-9
|
10-19
|
20-29
|
30-39
|
40-49
|
50-59
|
60-69
|
70-
|
totaux
|
hommes
|
212
|
185
|
150
|
93
|
61
|
43
|
25
|
10
|
4
|
783
|
Femmes
|
207
|
195
|
180
|
102
|
67
|
52
|
22
|
11
|
7
|
843
|
Totaux
|
419
|
380
|
330
|
195
|
128
|
95
|
47
|
21
|
11
|
1626
|
Source : Poste agricole de Bassessa.
D'après ce tableau, nous trouvons :
Ø Pourcentage d'hommes =
Ø Pourcentage de femmes =843
On note que le nombre de femmes est légèrement
supérieur au nombre d'hommes. En outre, le pourcentage de la population
de moins de 20 ans est de :
1129 100/ 1626 = 69,43%
Ce pourcentage témoigne de la jeunesse de la
population de Mbih II. Ces jeunes sont pour la plupart des
élèves. L'agriculture est ainsi délaissée à
la frange de la population de plus de 20 ans. Les femmes sont beaucoup plus
consacrées à la culture de la terre, tandis que les hommes
pratiquent l'élevage des porcs, chèvres et volailles. Certains
exploitants réussissent néanmoins à concilier
l'agriculture et l'élevage, le plus souvent à des fins
commerciales.
Les données du tableau N°4 nous ont permis de
dresser la pyramide des âges de la population de Mbih II en annexe.
2.5.2. Etude de quelques processus
démographiques.
Cette étude a été
rendue possible grâce aux données recueillies auprès de la
Mairie Rurale de Nkong-Zem et du centre de santé VISADE (Vieillard-
Santé- Développement) de Mbih II.
a)la natalité.
Tableau N°5 : Naissances au cours des
années 2003-2004.
|
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Totaux
|
2003
|
Garçons
|
1
|
1
|
2
|
/
|
2
|
2
|
2
|
1
|
/
|
1
|
3
|
5
|
20
|
|
Filles
|
/
|
1
|
2
|
/
|
4
|
2
|
2
|
1
|
1
|
/
|
3
|
/
|
16
|
2004
|
Garçons
|
1
|
2
|
/
|
/
|
1
|
2
|
1
|
1
|
/
|
/
|
/
|
2
|
10
|
|
Filles
|
1
|
/
|
/
|
/
|
/
|
1
|
2
|
/
|
/
|
3
|
2
|
2
|
11
|
D'après ces valeurs nous avons :
Ø Taux de nat. (2003) =361000/1626=22,14
Ø Taux de nat. (2004) =21
Ce taux de natalité est faible et peux
s'expliquer :
Ø Certaines jeunes filles en âge de
procréer préfèrent poursuivre leurs études.
Ø Plusieurs pratiquent la contraception et le planning
familial.
En outre, nous ne pouvons écarter l'hypothèse
selon laquelle certaines femmes enceintes préfèrent aller
accoucher en ville.
b) La mortalité.
16 cas de décès ont été
enregistrés en 2004 à Mbih II contre 18 cas en 2003, ce qui donne
un taux de mortalité(TM) de :
Ø TM (2003) =18
Ø TM (2004) =16
Nous pouvons attribuer ce faible taux de mortalité
à l'amélioration des conditions sanitaires des paysans
grâce à la présence d'un centre de santé au sein du
village.
c) Les migrations.
L'émigration (exode rural) est
marquée au village par le départ des jeunes vers les centres
urbains. La tranche d'âge la plus touchée est de 16 à 30
ans et les principales destinations sont Douala et Yaoundé. En 2003, On
a enregistré 31 cas d'émigrés, soit un taux
d'émigration (TE) de :
TE (2003) =
Les garçons migrent beaucoup plus que les filles.
En effet, ils vont en ville continuer leurs études ou apprendre un
métier. Les filles quant à elles vont beaucoup plus en ville
lorsqu'elles se marient.
L'émigration pendant les vacances est moins
marquée à cause du besoin de la main d'oeuvre pour les travaux
champêtres.
L'immigration quant à elle est
marquée par le nombre de personnes qui viennent s'installer au village
pour des raisons diverses :
Ø Les fonctionnaires affectés dans les
écoles et autres organismes (Mairie, Sous-préfecture, centre de
santé...).
Ø Le retour au village de ceux qui ont
échoué en ville.
Ø La retraite, etc.
En 2003, 21 cas d'immigration ont été
enregistrés à Mbih II. Le taux d'immigration (TI) est donc
de :
TI (2003)= 21%o.
Ces immigrants se convertissent généralement
à l'agriculture. Cependant, l'immigration saisonnière est plus
marquée dans le village, car les jeunes viennent de la ville pour passer
les vacances et repartent à la rentrée scolaire.
d) La nuptialité
Tableau N°6 : Répartition
des mariages à Mbih II en 2004
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
JU
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total
|
2004
|
1
|
/
|
/
|
1
|
/
|
/
|
2
|
2
|
/
|
2
|
/
|
2
|
10
|
Source : Mairie rurale de Nkong-zem.
Ces données nous permettent de calculer le taux de
nuptialité (TNu) qui est de :
TNu= %o.
Les filles se marient plus vite, entre 16 et 25 ans, tandis
que les garçons se marient entre 28 et 35 ans car ils doivent d'abord
être capables d'assumer les responsabilités d'un foyer.
e) Accroissement naturel de la population.
Le taux d'accroissement naturel (TAN) est la
différence entre le taux de natalité et le taux de
mortalité au cours d'une année donnée.
Ø TAN(2003)= %o.
Ø TAN(2004)= %o.
TAN (2003-2004)= %o.
Ce taux signifie que la population de Mbih II a conu une
augmentation de 12 nouveaux habitants au cours de
l'année 2004.
2.3 Conclusion
Mbih II est l'un des villages les plus
privilégiés du groupement Bafou. En effet, il est situé
à coté de la mairie rurale de Nkong-zem, de la
sous-préfecture et de la gendarmerie de Nkong-ni. Cela dénote un
rapprochement des services administratifs et de sécurité
publique. De plus, il est traversé par un tronçon de route bien
praticable qui le relie directement à l'axe routier bitumé
Dschang-Bafoussam.
L'histoire de Mbih II est récente et, sa
population presque stable, serait entièrement de race
Bamiléké. La présence en son sein d'un centre de
santé a largement contribué à l'amélioration des
conditions sanitaires de sa population.
La fertilité de son sol, la douceur de son
climat, l'esprit de paix et de fraternité sont des atouts que Mbih II
préserve jalousement.
CHAPITRE 3
STRUTURE ET ORGANISATIONS SOCIALES.
3.3. Institutions familiales.
La famille est la plus petite unité sociale. Au
village Mbih II, la famille n'est pas seulement constituée du
père, de la mère et des enfants, mais aussi, des oncles, des
tantes, des petits-fils et même du voisin le plus proche.
3.3.1. Genèse du mariage.
De nos jours, un garçon adulte est libre de
choisir sa fiancée ; de même, une fille a la liberté
de choix de son futur époux. Autrefois, tel n'était pas le cas,
en effet, l'avis de la fille importait peu, car c'est le père qui
décidait à qui marier sa fille.
Le garçon et la fille doivent d'abords
être en accord. Alors la famille du garçon va rencontrer les
parents de la fille pour dire leurs intentions. Si les parents de la fille sont
d'accord, après quelques rites traditionnels, c'est le début des
fiançailles. Les parents du garçon offrent de la boisson (vin de
raphia, bière ...) une chèvre et une somme de 30000 Fr.
appelée « Knock door » qui représente une
sorte de garantie mais ne remplace pas la dote. La famille de la fille quant
à elle offre des noix de kola et des arachides pour symboliser
l'union.
La dote qui est un acte du mariage coutumier, vient
rompre les fiançailles. Cette dote est matérialisée par le
versement d'une somme d'argent variant selon les exigences de la
belle-famille.
En plus de la dote, la famille du garçon donne
une tine d'huile, une chèvre, un régime de plantain et un sac de
sel pour des cérémonies au cours desquelles on nourrit la
famille, les voisins et les amis. Les ancêtres reçoivent leur part
du festin à travers leurs successeurs.
On peut cependant observer des cas où la
belle-famille s'oppose catégoriquement au mariage de leur fille. Dans
ces cas, souvent la fille quitte clandestinement sa famille pour rejoindre son
amoureux avec les risques d'être renié par sa famille. Ces
mariages avec des femmes non dotées ou sans la bénédiction
de l'une ou des deux familles s'apparentent parfois au concubinage et ont peu
de chances de succès.
3.1.2 Les types de ménages.
Ø La monogamie.
C'est le lot des jeunes couples et des maris qui ont une bonne
morale religieuse. Certains attendent d'avoir assez de moyens pour prendre une
autre femme. L'habitation est constituée d'une seule maison.
Ø La polygamie.
C'est le type de ménage le plus rencontré dans
le village. Elle constitue une source d'honneur et de prestige pour ces vieux
qui ont en moyenne trois femmes. La case du mari est plus grande que les autres
et placée en face de l'entrée principale de la concession. Les
cases des épouses sont construites autour de celle de leur mari.
Ø La polyandrie.
On parle de polyandrie lorsqu'une femme est mariée
à plusieurs hommes. Elle n'existe pas dans le village, car chaque femme
n'a officiellement qu'un seul mari.
Ø L'endogamie.
Elle consiste à l'union conjugale d'un homme et d'une
femme de même village mais de familles différentes. C'est le type
de mariage le plus rencontré à Mbih II. En effet, deux familles
qui se connaissent et se font confiance sont fières de donner leurs
enfants en mariage.
Ø L'exogamie.
L'exogamie désigne l'union maritale entre un homme et
une femme de village ou de tribu différente. Auparavant ce type de
mariage était rare et même interdit mais de nos jours elle est de
plus en plus tolérée à Mbih II. En effet, un garçon
ou une fille qui fait ses études ou travaille en ville peut revenir au
village avec un conjoint de tribu différente.
Dans le foyer, c'est le père qui est le chef. A
sa mort, l'un de ses fils lui succède et hérite de la
majorité de ses biens. La succession de la mère a un
caractère beaucoup plus symbolique.
3.4. Les institutions politiques.
Les institutions politiques sont incarnées par le chef
supérieur du groupement BAFOU, ensuite viennent les chefs de
2ème et de 3ème degré, et enfin les
notables.
3.4.1. La chefferie.
La chefferie de Mbih II est de 3ème
degré. Le chef du village est sa majesté FOLOH KITIO Raymond. Le
chef du village set assisté de notables qui sont
généralement constitués des plus anciens du village. Ils
détiennent les pouvoirs spirituels de la chefferie et donnent leurs avis
sur les décisions importantes à prendre.
Le chef désigne son successeur par un testament
écrit ou oral détenu par les notables. C'est toujours un
garçon issu de la famille royale et généralement un des
fils du chef.
La désignation du nouveau chef se fait juste
après la mort de son père. Les notables l'envoient ensuite dans
un lieu sacré appelé "Lah Kam". Il y passera plusieurs semaines
où il sera initié et recevra les pouvoirs traditionnels et la
bénédiction des notables.
3.4.2. Autres personnalités
influentes.
Ø Les notables
Ils détiennent les pouvoirs
spirituels de la chefferie et sont les principaux conseillers du chef.
Ø Les jumeaux.
La naissance des jumeaux impose beaucoup de
cérémonies rituelles à la famille concernée. En
effet, selon les croyances locales, les jumeaux sont capables d'apporter soit
le bonheur soit le malheur dans la famille. Ils peuvent aussi mourir à
volonté s'ils ne sont pas bien traités.
Ø Les sorciers.
Ce sont des gens doués de pouvoirs surnaturels. La
population leur impute la responsabilité de nombreux cas de
décès et de malheurs dans le village.
Ø Les élites intérieures et
extérieures.
Ce sont les notables et les riches qui
vivent au village, en ville ou à l'extérieur du pays. Ils sont
capables d'influencer les décisions dans le village grâce au poids
que leur donnent leurs richesses matérielles et financières, ils
jouent aussi un rôle déterminant dans le développement du
village (tracé des routes, électrification, bornes fontaines,
établissements scolaires, etc.)
3.4.3. Les partis politiques.
Ceux qui existent au village sont le RDPC (Rassemblement
Démocratique du Peuple Camerounais) et le SDF (Social Démocratic
Front).
3.4.4. Les systèmes d'entraide.
Les systèmes d'entraide (associations, GICs,
Cooperatives, etc) se situent à plusieurs niveaux de la societe et se
caractérisent par un regroupement d'individus selon leur âge,
sexe, affinité et objectifs.
Ø Au niveau familial.
Tous les enfants d'une même famille (concession) se
réunissent chaque année (congrès familial) pour discuter
et résoudre les problèmes qui existent au sein de la famille.
C'est aussi une occasion de retrouvailles pour les membres de la famille qui
vivent généralement dispersés dans les différentes
villes du pays.
Ø Au niveau du village
- Les tontines au sein des réunions d'agriculteurs
d'enseignants et élites du village
-Les associations des jeunes ressortissants du village
-Les visites de soutien aux femmes qui viennent d'accoucher
"Njioh-mooh".
-Le regroupement des jeunes pour des travaux de
réfection des pistes, de construction des ponts, etc....
3.3 Les institutions éducatives
Les institutions éducatives sont constituées
d'une école primaire et d'un centre de formation professionnel (INFOP)
issu du dispensaire de MBIH II.
3.3.1 Ecole publique de Bassessa-Djiomock
Elle a été crée en 1977 et est construite
à la limite des villages MBIH I et Ndjiomock. C'est une école
à cycle complet (sil au cours moyen deux). Cette école rencontre
cependant plusieurs difficultés :
- les salles de classes sont dans état
délabrées.
- un personnel enseignant non qualifié et non
motivé à cause des maigres salaires.
- les effectifs sont pléthoriques car c'est la seule
école primaire publique du village.
3.4 Les institutions religieuses
3.4.1 Religions chrétiennes
Le catholicisme est le seul représentant des religions
chrétiennes à MBIH II. Environ 30% de la population le pratique,
majoritairement les jeunes. La chapelle de Fombet est leur lieu de culte.
3.4.2 Autres croyances
La majeure partie de la population de MBIH II est animiste.
Cet animiste est basé sur la croyance au dieu des crânes, des
arbres, des pierres et des eaux.
A côté de la croyance au dieu des crânes,
il existe aussi les dieux de familles qu'on appelle localement
« Dem-Dou » ou « dem-mbah. Ils sont nourris dans
des petites cases situées généralement à
côté des marigots.
3.5 Institutions économiques
Les activités économiques sont très
diversifiées à MBIH II.
3.5.1 Les principales activités
économiques
Les activités lucratives les plus pratiquées
sont l'agriculture et le commerce. Cependant, on trouve quelques personnes qui
pratiquent l'élevage et d'autres petits métiers comme
l'artisanat, la vigne, la menuiserie, la maçonnerie, la couture et la
coiffure.
3.5.1.1 l'agriculture
C'est l'activité la plus pratiquée. Environ 80%
de la population de MBIH II vit de l'agriculture.
Ø Les cultures de rentes
La canne à sucre « Akouc » est la
seule culture de rente pratiquée à MBIH II. Le café qui
avait été introduit par les colonisateurs n'est plus
cultivé à cause de la chute des prix sur le marché.
Ø Les cultures vivrières
Elle constitue la base alimentaire des villageois et la
préoccupation quotidienne des cultivatrices. Les principales cultures
sont indiquées dans le tableau 6.
Tableau 6 : Principales cultures
vivrières à MBIH II
Noms communs
|
Noms locaux
|
Noms scientifiques
|
Maïs
|
Nguessan
|
Zea mays
|
Haricot
|
Mecoh
|
Phaseolus vulgaris
|
Pomme de terre
|
Metita
|
Salanum tuberosum
|
Banane
|
Akedjin
|
Musa paradisiaca
|
Plantin
|
Akedon
|
Musa sapienta
|
Igname
|
Liliock
|
Dioscorea sp.
|
Macabo
|
Macaba
|
Xanthosoma sagitifolia
|
Taro
|
Apah
|
Colocasia esculentus
|
Arachides
|
Mbiang
|
Arachis hypogea
|
Leur production permet de satisfaire les besoins de la
population sur place et, une partie est envoyée vers les villes voisines
(Dschang, Bafoussam)
Ø Les cultures maraîchères
Elles sont de plus pratiquées dans les bas fonds qui
bénéficient d'une bonne irrigation en saison sèche. La
plus part d'entre elles sont des cultures introduites. Le tableau 7 indique la
liste des cultures maraîchères exploitées dans le
village.
Tableau 7 : Principales cultures
maraîchères
Noms communs
|
Noms locaux
|
Noms scientifiques
|
Choux
|
Choux
|
Brassica oleracea
|
Oignons
|
Ngnonssi
|
Alium cepa
|
Tomates
|
Tomate
|
Lycopersicum esculentum
|
Poivron
|
Poivron
|
Capsium annum
|
Piment
|
Sissouk
|
Capsium frutescens
|
3.5.1.2 L'élevage.
De type extensif, il est réduit aux petits ruminants,
aux porcs et à la volaille de la basse cour. Les principales
espèces élevées sont les porcs, les chèvres et les
poules. Il existe néanmoins quelques rares familles qui
élèvent les cochons d'Inde, les lapins et les canards.
Les cochons sont confinés dans un enclos en bambous ou
en planches. Ils sont nourris à l'herbe et aux déchets de
cuisine. Cependant, les éleveurs commencent progressivement à
s'intéresser aux produits de la provenderie (concentrés, son
cubé, remoulage, tourteaux...) pour améliorer leur rendement.
Les chèvres sont attachées au milieu des touffes
d`herbes ou laissées en divagation (généralement pendant
la saison sèche). Les poules et les canards sont en divagation dans la
concession ou dans les champs voisins.
Les lapins sont logés dans des clapiers en bambou et
nourris à l'herbe et au maïs.
En somme, l'élevage à Mbih II est traditionnel
et de subsistance. La pauvreté et les maladies comme la peste porcine
pousse les éleveurs au découragement. Les traitements
vétérinaires sont inaccessibles à cause des coûts et
de l'éloignement du village par rapport aux centres
vétérinaires. Certains paysans font recours aux techniques
traditionnelles qui sont on ne peut plus archaïques.
3.5.1.3 Le commerce
Le village Mbih II ne possède pas de marché.
Cependant, les commerçants et les paysans fréquentes les
marchés des villages voisins (Marché Meya et marché
Baleveng) pour vendre leurs produits ou pour se ravitailler deux fois par
semaine (petit et grand marché).
3.5.2 La structure foncière.
A cause de la forte densité de sa population, le
village MBIH II est caractérisé par un paysage de bocage qui
traduit la forte appropriation de la terre.
Tout le monde, sans tenir compte de l'âge, du sexe
et même de l'origine tribale peut devenir propriétaire d'un
terrain à Mbih II. L'achat se négocie directement avec le
propriétaire du terrain. Pour des grandes superficies, l'administration
aussi intervient.
On peut aussi obtenir un terrain à travers un
don, un héritage ou une compensation. Le chef du village est
chargé de régler tous les conflits domaniaux.
3.5.3 Le système d'héritage et
succession.
Dans les temps anciens, la succession
se faisait par un testament verbal. De nos jours, la succession se fait par un
testament écrit. Avant la mort du père, il peut distribuer
à ses fils ses terres et ses habitations. Dans le cas contraire, tous
les biens reviennent au successeur.
L'un des principaux problèmes de succession est
le non-respect du testament, surtout en ce qui concerne la distribution des
biens. Dans ce cas, les amis intimes du défunt père interviennent
pour régler les différends.
Il arrive souvent que le père meure sans avoir
dressé de testament, les enfants majeurs s'accaparent alors de tous les
biens, souvent avec beaucoup de tiraillements.
3.5.4 Division du travail par âge et par
sexe.
La répartition du travail par âge et par
sexe à Mbih II est représentée dans le tableau 8 suivant.
Tableau 8 : Répartition
des taches par âge et par sexe à Mbih II.
Tâches
|
Responsables
|
H.A
|
H.J
|
F.A
|
F.J
|
*Opérations culturales.
-Cultures vivrières.
Défrichage................................
Labour....................................
Entretien..............................
Récolte.................................
Commercialisation......................
-Cultures pérennes.
Mise en place...........................
Entretien.................................
Commercialisation.....................
*Activités extra agricoles.
Commerce..............................
Artisanat..............................
Maçonnerie.................................
Fonctionnaire..............................
|
|
|
|
|
H.A= Homme adulte. F.A= Femme adulte.
H.J= Homme jeune. F.J= Femme jeune.
3.6 Conclusion.
Comme dans la plupart des villages en région
Bamiléké, la société humaine de Mbih II est
très hiérarchisée. Le chef du village, bien que
placé sous l'autorité du chef supérieur Bafou,
détient le pouvoir absolu sur ses sujets. Il est assisté par les
notables qui ont pour mission de faire exécuter les décisions du
chef.
La population est en majorité agricole et
caractérisée par la pratique de plusieurs variétés
culturales donc le maïs, le haricot, l'arachide, la banane, etc.
La succession est patrilinéaire et concerne
exclusivement les enfants de sexe masculin.
Malgré sa forte densité de population, Mbih II
est marqué par une autosuffisance alimentaire et une situation sanitaire
en pleine amélioration.
CHAPITRE 4.
LES ORGANISATIONS PAYSANNES.
Compte tenu des limites des actions individuelles, la plupart
des activités économiques, sociales et culturelles se fait dans
le cadre des différents types d'associations. La connaissance de ces
associations peut de ce fait être d'une grande importance pour toute
personne s'intéressant au développement du village.
4.1. Inventaire des principaux groupes paysans dans
le village.
Les groupes recensés dans le village ont un
caractère beaucoup plus socio-culturel qu'économique.
4.1.1 La réunion des jeunes mamans de Mbih
II.
Elle a été
créée en 1997 et a pour objectif d'assister tout membre
frappé par un malheur ou ayant mis au monde un enfant. Elle regroupe en
son sein une vingtaine de femmes mariées ayant moins de 40 ans.
4.1.2 L'association des jeunes ressortissant de Mbih
II.
Ces jeunes élèves et étudiants ont
commencé à se regrouper en l'an 2000, à la chefferie du
village. Leur objectif est de relever le niveau scolaire des jeunes par les
jeunes eux-mêmes.
4.1.3 Le groupe `tsouh'.
Il exécute les danses traditionnelles lors des
deuils et des funérailles. Dans certains cas, ce sont eux qui montrent
l'héritier du chef en l'attrapant par surprise pendant la danse.
4.1.4 Le groupe `Menzong'.
Il regroupe les hommes mûrs du village (plus de
40 ans). Ils sont considérés comme les guerriers du village. Le
groupe vise aussi l'entraide lors des célébrations de deuils et
de funérailles.
4.1.4 Le Groupement d'Intérêt
Communautaire des Agriculteurs et
Eleveurs de Nkong-Ni (GICAEN).
a) Date de création.
Le GICAEN a été crée le 06 août
2000 et autorisé par la signature de son certificat d'inscription
OU/GP/01/01/3041 du 07 septembre 2001 à Bafoussam.
b) Motivations.
Le fondateur et délégué du GIC-AEN est
Monsieur Gaston KITIO. C'est un comptable et employé de banque à
la retraite. De retour au village natal il a été marqué
par la pauvreté et le sous développement de son village, pourtant
celui-ci recèle de plusieurs atouts et ressources qui peuvent être
mis à profit pour améliorer les conditions de vie.
Fort de ce constat et ne pouvant pas agir seul, il
décide de réunir quelques hommes et femmes encore vigoureux comme
lui et partage avec ceux-ci son idée de créer un groupement
d'intérêt communautaire (GIC), car dit-on,
« l'union fait la force ». C'est alors
qu'est né le GICAEN qui est composé aujourd'hui des
ressortissants de 22 familles de 10 personnes en moyenne, et reconnu comme
promoteur du développement de l'agriculture et de l'élevage dans
le village.
Plusieurs rencontres avec M. KITIO Gaston, plus connu au
village sous le nom de « Papa Messa », et la consultation
des archives du GIC nous ont permis de recenser les informations qui
suivent :
c) Objectifs du groupe.
Améliorer les conditions socio-économiques des
familles à travers ;
Ø La promotion de l'élevage rationnel du petit
bétail (porcs, chèvres) et de la volaille (poules, canards).
Ø La promotion des cultures
maraîchères.
Ø La promotion des cultures vivrières notamment
le maïs et la pomme de terre.
Ø La mise à la disposition des membres
d'intrants agropastoraux (Fumure animale, compost, engrais divers).
Ø La promotion de l'agro-foresterie avec des plantes
telles que le Caliandra, le Leucaena, l'Acacia, le Moreinga, etc.
d) Conditions d'adhésion.
Peut être membre du GICAEN toute personne physique
résident dans l'arrondissement de Nkong-Ni et justifiant d'une
activité en rapport avec son objet.
Outre la demande non timbrée accompagnée d'une
photocopie de la CNI, le postulant doit être accepté par
l'assemblée des membres et se conformer à certaines
exigences :
-Payer les droits d'adhésion fixés à 2500
Frs.
-Déposer une caution remboursable de 5000 Frs.
-Signer un contrat d'adhésion et obtenir sa carte de
membre.
-Payer sa cotisation annuelle fixée à 2000
Frs.
-S'engager à respecter les décisions et les
textes du groupe.
e) Organisation interne.
Le groupe est constitué d'une
assemblée générale qui comporte 22 membres inscrits. Le
comité de gestion est constitué du Délégué,
du secrétaire, du trésorier, d'un commissaire aux comptes, d'un
censeur et d'un conseiller. Ceux-ci sont élus parmi les membres et leur
mandat est de deux(2) ans renouvelables.
f) Activités du groupe.
La principale activité du groupe est la culture des
pommes de terre. Cependant, l'élevage des porcs est en plein essor
grâce à l'appui du H.P.I (Heifer Project International). Cette ONG
Américaine a déjà contribuée à la
construction de 20 porcheries modernes sur pilotis et fournie chaque saison
plus de 40 porcellets aux membres du GICAEN pour l'engraissement.Entre autres,
le HPI a apporté les concepts d'élevage intégré,
d'agroforesterie, de genre et famille (implication des femmes et des enfants
dans le processus de développement), à travers des formations
diverses.
g) Les projets.
Le GICAEN dans le cadre des perspectives d'avenir, a
monté un projet de construction d'une ferme école pour des jeunes
garçons et filles de 16 ans et plus.
Ce projet a été initié par le
délégué du GICAEN, et vise plusieurs objectifs :
Ø La formation des jeunes pour la gestion moderne et
plus rentable de l'élevage et ainsi, leur insertion dans le monde
professionnel.
Ø Le ravitaillement des éleveurs du village en
porcelets de races améliorées pour une plus grande
productivité.
Ø Fournir un terrain d'expérimentation pour les
jeunes chercheurs et aussi pour les étudiants ingénieurs de la
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de
l'Université de Dschang.
Ø Apporter un supplément de revenu à
l'économie rurale.
Ø Augmenter les revenus des familles et ainsi,
améliorer leurs conditions de vie.
Les travaux de construction ont déjà
commencé sur le site du GIC, mais sont freinés par le manque de
moyens financiers. Plusieurs demandes de financement adressées au
gouvernement et aux ambassades des pays étrangers ont été
sans succès.
4.2 Conclusion.
La mentalité rétrograde, l'individualisme et le
manque de confiance sont un frein pour le développement des
organisations paysannes. En effet, victime d'escroquerie par le passé,
plusieurs villageois ne veulent pas s'engager dans de pareilles affaires,
confirmant ainsi l'adage qui dit « Lorsqu'on a été
mordu par un serpent, on se méfie même du ver de
terre. »
CHAPITRE 5.
LES POPULATIONS RURALES FACE AUX PROBLEMES DE
DEVELOPPEMENT.
La connaissance de l'opinion des gens sur les problèmes
qui les préoccupent tels que : la réussite de leur enfants,
les relations avec les services d'encadrement, l'accès aux diverses
sources d'information dans le domaine agricole, etc. devrait être
à la base de toute action destinée à les aider à y
trouver des solutions.
5.2 L'avenir de leurs enfants.
La population de Mbih II se soucie beaucoup de l'avenir de sa
progéniture. Chaque parent aimerait voir ses enfants réussir
à l'école et avoir des diplômes. C'est la raison pour
laquelle, dès qu'un jeune obtient le CEP ou le BEPC, ses parents
l'envoient continuer les études en ville, chez un frère ou un ami
de la famille.
5.2 Les relations avec les services
d'encadrement.
Le principal service d'encadrement en matière agricole
à Mbih II est le poste agricole de Bassessa-Djiomock. Il est
dirigé par M. DJIKEU, ingénieur des travaux agricoles, dont
l'expérience et le savoir-être sont d'un grand bien pour les
agriculteurs du village.
Sa stratégie d'action est de regrouper les paysans en
petits groupes ou associations qu'il visite régulièrement pour
prodiguer des conseils ou apporter des innovations Le GICAEN a plusieurs fois
bénéficié de ses services, par exemple pour la fabrication
du `compost' en août 2005.
Certains paysans préfèrent néanmoins le
rencontrer individuellement pour des cas particuliers.
5.3 Perception de la réussite.
Pour les chefs de famille âgés de Mbih II, avoir
réussi dans la vie signifie avoir une grande concession, beaucoup de
femmes et beaucoup d'enfants. En effet, on dit souvent que la dignité
d'un homme se mesure à la taille de sa famille et que sa richesse c'est
le nombre de ses enfants.
Par contre chez les jeunes, la réussite dans la vie est
synonyme de l'argent et des biens matériels. C'est pourquoi la plupart
des adolescents rêvent d'aller en ville se faire de l'argent ou
« se chercher » comme ils le disent couramment.
5.7 La taille de la famille idéale.
De nos jours où la conjoncture économique et le
modernisme pénètre de plus en plus nos moeurs, la monogamie gagne
du terrain aux dépends de la polygamie. Ainsi, plusieurs paysans pensent
qu'avoir une femme et 4 à 8 enfants est suffisant.
5.8 Les relations ville-campagne.
La ville et la campagne entretiennent beaucoup plus des
relations d'échanges. En effet, la ville fournit au village des
matériaux de construction (ciment, planches, clous, tôles, fer
à béton, ...) des produits phytosanitaires (pesticides,
acaricides, insecticides, herbicides,) des vêtements et des
commodités de transport (porte-tout, moto, vélo,).
Quant au village, il fournit à la ville des
denrées alimentaires telles que les pommes de terre, le maïs, le
haricot, les tomates, etc. Certains hommes d'affaires et grossistes viennent
directement au champ avec des camions ou des « pick-up »
pour acheter des sacs de pommes de terre, de maïs ou des produits
maraîchers (choux, tomates, oignons, poireaux, ...) pour aller revendre
plus cher dans les métropoles ou dans les pays voisin.
5.9 Conclusion.
Le milieu rural offre un cadre idéal pour
l'épanouissement de l'homme et de l'agriculture. Grâce au concours
de l'agent du poste agricole de Djiomock et des paysans dynamiques du GICAEN en
collaboration avec le HPI, l'élevage et l'agriculture sont en plein
essor avec des rendements de plus en plus élevés.
Cette hausse de rendements contribut à augmenter le
revenu des paysans et améliorer ainsi les conditions de vie de leurs
familles. Cette productivité croissante favorise, entre autres, les
relations entre le village Mbih II et les villes environnantes que sont Foto,
Fokoué, Mbouda, Balessing, Bafoussam, etc.
Conclusion générale et
recommandations.
MBIH II, comme tous les villages de l'arrondissement de
Nkong-Ni, bénéficie d'un climat doux, caractéristique des
hauts plateaux de l'Ouest-Cameroun. L'amplitude thermique est faible et les
pluies sont réparties sur au moins neuf (9) mois de l'année, ce
qui favorise deux (2) saisons (périodes) de culture pour les plantes
telles que le haricot et les pommes de terre.
Son histoire, son peuple solidaire et dynamique, et son
agriculture en plein essor font de Mbih II un village particulier. Le chef du
village, assisté de ses notables, exerce un pouvoir incontesté
sur les villageois, lui-même étant soumis à
l'autorité directe du chef supérieur du groupement Bafou et du
Sous-Préfet de l'Arrondissement de NKONG-NI
Les institutions éducatives sont inadéquates et
situées à la périphérie, voire même, à
l'extérieur du village. Pour relever le niveau de scolarisation dans le
village, au moins deux écoles primaires doivent être construites.
Cela contribuera aussi à baisser l'exode rural et la délinquance
juvénile.
En fournissant assez de matériels d'équipement
et de médicaments au dispensaire de Mbih II, cela contribuera à
abaisser davantage le taux de morbidité et augmenter ainsi
l'espérance de vie.
La présence de plusieurs organisations familiales et la
solidarité qui existe entre leurs membres est un atout pour le
développement socio-culturel et économique du village MBIH II.
Bibliographie.
1-R. BONNEFOND, 1998. Memento de
l'agronome.CIRAD-GRET.
2-M. NGNITEDEM, 2004. Rapport de stage de
découverte du milieu humain. Dschang-Cameroun.
-Nji AJAGA, 1989. Understanding rural life and social
institutions. Limbé, Cameroun.
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