4.2.4- Impact du projet pipeline sur l'emploi et la
formation
L'objectif du projet pipeline lors de la phase de construction
de l'oléoduc était de faire travailler un grand nombre de
riverains pour éviter des immigrations massives des populations à
la recherche de l'emploi. Le projet pipeline a également prévu un
transfert de technologie et de compétences à certains
employés ayant certaines connaissances de base. L'objectif
spécifique 4 de cette étude était d'identifier et de
décrire l'impact du projet pipeline sur l'emploi et la formation des
riverains.
1°-) Situation sur l'emploi des
riverains
Le résultat obtenu montre que le projet pipeline a
employé 25% de riverains. 75% des employés au projet
pétrole auraient donc été les allogènes. Ce
résultat montre que le projet n'a pas limité l'afflux des
allogènes en quête d'emploi dans les villages riverains du
pipeline. Ces allogènes étaient en majorité des hommes
célibataires ou mariés non accompagnés des conjointes.
L'afflux des allogènes n'a pas été sans
conséquences dans les villages riverains du pipeline. Les Chefs de
communautés parlent surtout des conséquences sociales. De
nombreux enfants naturels sont nés et sont aujourd'hui soit à la
charge de mères ou des grands parents. Des cas de divorces dans les
foyers ont été également remarqués car les femmes
mariées étaient courtisées par les étrangers
travaillant au projet pipeline. Certains chefs de communautés ont
signalé la culture du Cannabis sativa par les maraîchers.
Le Cannabis sativa est une plante stimulante donc la culture est
interdite au Cameroun. Il se pourrait que les travailleurs consommateurs de
cette plante aient introduit les semences dans les villages riverains du
pipeline, surtout dans les villages proches des «bases vie».
Les salaires perçus par les riverains leur ont permis
d'augmenter leurs dépenses de premières nécessités
(Achat des denrées alimentaires et des appareils
électroménagers). Ce phénomène se rapporte à
l'échelle de besoins humains de Maslow. Il note que les besoins de
l'être humain sont hiérarchisés. Au fur et à mesure
que ses disponibilités financières augmentent, l'homme
résoud ses problèmes suivant une échelle.
Les riverains ayant travaillé au projet pipeline
estiment qu'ils signaient des contrats de travail qu'ils n'avaient pas le temps
de lire ; ce qui les mettait dans une situation d'emploi précaire.
Cette situation était entretenue par les cadres chargés du
recrutement et la conséquence était des arrêts de travail
inattendus et des licenciements inopinés. Les postes de travail
occupés par les riverains étaient du genre défricheur du
tracé du pipeline, manoeuvre, gardien, cuisinier, pointeur, aide soudeur
et chauffeur. Le graphique 2 présente le nombre de semaines de travail
des riverains au projet pipeline.

Graphique 2 : Nombre de semaines de
travail des riverains du projet pipeline
Du graphique ci-dessus, il ressort que 75% de riverains
ont travaillé pendant moins d'une semaine. Les riverains ayant
travaillé moins d'une semaine étaient des défricheurs du
layon ou tracé du pipeline, ceux ayant fait une à deux semaines
étaient surtout des manoeuvres. Seulement ceux occupant des postes de
travail exigeant une certaine qualification ont pu faire plus de trois
semaines. Généralement le travail d'un manoeuvre ou d'un
défricheur de layon s'achevait à la limite de son village. Cette
politique était appliquée dit-on pour donner la
possibilité à plusieurs riverains de travailler au pipeline et
pour éviter le problème d'exode des travailleurs. Elle avait
également pour but de limiter les conflits dus aux disputes d'emploi
entre les communautés.
Ce résultat sur la durée de l'emploi d'un
riverain du pipeline Tchad-Cameroun pendant la phase de construction du
pipeline est semblable à celui que Yanez et al. ont obtenu en
1997 en Equateur. Ces derniers ont observé que les emplois dans les
projets d'extraction étaient des emplois temporaires et que les cadres
dans ces projets sont des expatriés. En 2007, Ngueda a fait le
même constat le long du corridor du pipeline dans la région de
Kribi (Sud du Cameroun).
COTCO avait prévu des emplois temporaires pendant la
phase de construction d'une durée de trois (3) à quatre (4) mois
dans chaque région et des emplois permanents après la
construction de l'oléoduc dans les stations de pompage, les stations de
réduction de pression, le centre opérationnel de Douala, etc. Les
populations riveraines du pipeline malgré le faible taux, ont pu
accéder à un poste de travail au projet pipeline mais l'objectif
de la réduction de l'immigration des employés n'a pas
été atteint par COTCO.
1°-) Situation sur la formation des
riverains
Les riverains formés au projet pipeline (13%) affirment
avoir reçu des notions en soudure seulement. La formation en soudure ne
durait que le temps d'assemblage et de mise en terre des pipes dans les
villages de chaque groupe concerné. Généralement
l'assemblage et la mise en terre des pipes ne mettaient qu'en moyenne une
semaine dans chaque village. Le graphique 3 présente la durée de
la formation des riverains du pipeline :

Graphique 3 : Durée de la
formation des riverains du pipeline
Sur le graphique 3, il ressort que : 60% ont
été formé pendant une semaine et 40% pendant deux
semaines.
COTCO a prévu améliorer les compétences
des employés après leurs embauches et même des formations
nouvelles dans d'autres domaines de compétences aux personnes ayant des
connaissances de base. Aujourd'hui nous pouvons estimer que les riverains
recrutés au projet pipeline et «formés» ont
été initiés à la soudure.
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