Chapitre 1
INTRODUCTION
1.1- GENERALITES
Les tendances actuelles de la mondialisation dans le contexte
du continent africain semblent se traduire à la fois par un
ralentissement des taux de croissance annuelle, la faiblesse des
investissements, le recul de l'agriculture et, par contre, une
réactualisation des secteurs miniers et énergétiques.
Ainsi la part de l'Afrique dans les exploitations mondiales de minerais et de
minéraux est passée de 6 à 13,5 % du total entre 1980 et
1995 (Carton, 2000). Les données concernant l'activité
pétrolière en Afrique reflètent une évolution
similaire. Les pays africains s'investissent de plus en plus dans le secteur
minier et pétrolier pour accroître leurs exportations pour faire
face à la crise de la dette et au recul des activités agricoles
et manufacturières.
Depuis 1969, de nombreux gisements pétroliers dont la
réserve est estimée à 900 millions de barils ont
été découverts au Sud du Tchad dans la zone de Doba. La
guerre civile qui a éclaté en 1979, le manque de ressources
financières et le manque d'expertise nécessaire dans l'industrie
pétrolière n'ont pas permis au Tchad de les exploiter. En 1988,
le Tchad a signé une convention accordant jusqu'en 2004 le droit
d'exploration au consortium composé d'EXXON, SHELL et ELF. Cette
convention a été modifiée en 1995 et une nouvelle a
été signée. Dans celle-ci, en plus de l'exploration elle
définissait les relations entre le consortium et la république du
Tchad en ce qui concerne l'exploitation, la protection de l'environnement,
l'indemnisation des populations et le paiement des redevances et des
impôts. Bien que le projet concerne l'exploitation du pétrole
tchadien, sa réussite dépendait énormément du
Cameroun parce que le Tchad est un pays enclavé. Il ne dispose pas de
côte ni de cours d'eau de grande importance navigable. En 1996, le Tchad
et le Cameroun ont donc signé un accord bilatéral qui
prévoyait la construction d'un oléoduc traversant le Cameroun.
Ledit oléoduc part des champs pétroliers de Doba au Sud du Tchad
(Site des puits de pétrole), traverse le Cameroun et se termine au large
de la côte Atlantique à Kribi (Cameroun) où a lieu le
chargement des tankers. Dans son parcours au Cameroun, il touche 5 provinces,
12 départements et 242 villages. Les cartes 1 et 2 présentent la
région pétrolière de Doba (Sud du Tchad) et le
tracé de l'oléoduc en terre camerounaise.
Carte du Cameroun et champs pétroliers de Doba
(Tchad)
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d1.png)
Source : Petry et Naygotimti (2005)
Tracé du pipeline en terre
camerounaise
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d2.png)
Source : Willbros (2002)
Le Tchad et le Cameroun sont classés parmi les pays
pauvres dans le monde. Le Tchad a un produit national brut (PNB) de 360.992
F.CFA/habitant tandis que celui du Cameroun est de 598.096 F.CFA/habitant
(BEAC, 2005).
Ce projet devrait générer sur une durée
de 30 ans des recettes (Impôts et taxes, retenues sur le pourcentage des
ventes et bénéfices sur le capital de TOTCO) de 8,5 milliards de
dollar USA (5.100 milliards de F.CFA) à la république du Tchad et
des recettes (Droits de transit, impôts et taxes sur le transport et
bénéfices sur le capital de COTCO) de 900 millions de dollars USA
(540 milliards F.CFA) à la république du Cameroun. Ces revenus
permettront aux deux pays de promouvoir le développement au sein de
leurs communautés sur un double plan. Sur le plan
social : des écoles et des centres de santé devaient
être construits, certaines routes devaient être bitumées.
Sur le plan économique : une amélioration des gains dans
l'agriculture, l'élevage et la création d'emplois étaient
attendues.
Par ailleurs, la Banque Mondiale a joué un rôle
central dans le projet notamment celui d'arbitre, de caution et de
parrain. Elle a accordé les prêts aux Etats tchadiens et
camerounais. Elle affirme jouer un rôle de soutien aux Etats
concernés pour que le projet soit défini et géré
d'une manière qui serve et protège les intérêts
nationaux et également pour atténuer les risques politiques de
l'investissement. Enfin elle garantit une plus grande consultation publique,
une participation locale et une préoccupation quant aux enjeux
environnementaux et socio économiques. La Banque Mondiale entend
être le piston du projet car au 20e siècle, aucune
autre matière première - fut-elle très
précieuse - n'a causé autant de conflits voire des guerres et de
flux financiers occultes comme le pétrole (World Bank, 1998). Le
rôle que joue la Banque Mondiale est important car la Mission
Parlementaire Française (1999) a constaté que la rente
pétrolière est fréquemment synonyme de guerre,
d'instabilité sociale et de corruption.
1.2- PRESENTATION DU PROBLEME
Le projet pétrole du Tchad avec son oléoduc
Tchad-Cameroun est un grand projet jamais réalisé en Afrique au
Sud du Sahara. Ceci se justifie par sa longueur totale de 1.070 Km et son
coût de 3,5 milliards de dollars USA (2.100 milliards de F.CFA) reparti
en 1,6 milliard pour l'exploitation et 1,9 milliard pour l'oléoduc.
L'analyse des coûts et des avantages a montré que sur 30 ans, le
projet générera 8,5 milliards de dollar USA à l'Etat du
Tchad et 900 millions de dollar USA à l'Etat camerounais. Les revenus
générés par l'exploitation des champs pétroliers
tchadiens devraient contribuer à la lutte contre la pauvreté dans
les deux pays. Toutefois, ce projet présente des risques énormes.
Parmi ces risques, on peut citer la perturbation de l'environnement
biophysique, l'expropriation des paysans de leurs terres agricoles (Plus de
5.000 hectares), le risque de déversement du pétrole dans
l'environnement. Tous ces risques entameraient la santé des riverains.
En outre le projet pourrait induire des impacts socio humains dans les
communautés riveraines.
Des modifications du milieu, du jeu économique et
social y existant, ont été nécessairement
entraînées par la mise en oeuvre de la construction du pipeline
qui a traversé le Cameroun sur 891 km. Ces modifications s'inscrivent
dans des mécanismes d'évolution économiques, sociaux et
écologiques qu'il est indispensable de connaître pour
déterminer les éléments correctifs nécessaires,
ainsi qu'établir un avis motivé sur la capacité des
activités pétrolières à lutter contre la
pauvreté.
Il importe donc de faire une identification et une
description des impacts socio économiques du projet pipeline
Tchad-Cameroun dans la province du Centre. Dès lors, la question
suivante peut-être posée : « Quels sont les impacts
socio économiques du projet pipeline Tchad-Cameroun sur les
riverains dans la province du Centre?».
1.3- OBJECTIFS DE L'ETUDE
L'objectif global de cette étude est d'identifier et de
décrire les impacts socio économiques du projet pipeline
Tchad-Cameroun sur les populations riveraines. Pour atteindre cet objectif
global, il s'agit plus spécifiquement d'identifier et de décrire
l'impact du projet pipeline sur :
1- les surfaces agricoles le long du corridor du
pipeline ;
2- la production agricole le long du corridor du
pipeline ;
3- le revenu des riverains du pipeline;
4- l'emploi et la formation des populations riveraines du
pipeline;
5- les infrastructures d'éducation et de
santé le long du corridor du pipeline;
6- la prévalence des maladies au sein des
populations riveraines du pipeline.
1.4- IMPORTANCE DE L'ETUDE
La rente pétrolière «nourrit» les
Etats producteurs. Voilà pourquoi, beaucoup de pays s'investissent
aujourd'hui dans l'exploration et l'exploitation du pétrole (Carton,
2000). Toutefois dans la course effrénée à cette rente, le
sort des populations est souvent presque ignoré. Celles-ci sont souvent
marginalisées lors de l'élaboration des projets de
développement au bénéfice des facteurs techniques et
économiques. Cette situation a pour corollaire la stagnation de la
population dans la pauvreté.
Cette étude revêt une importance théorique
et pratique :
1°-) Sur le plan théorique, cette
étude ex-post apportera une modeste contribution à la
littérature relative aux études d'impacts socio
économiques du projet pipeline Tchad-Cameroun sur les populations le
long du corridor du pipeline dans la province du Centre. La plupart des
études socio économiques qui ont été menées
étaient ex-ante. Elles ont permis aux décideurs de trouver des
alternatives et des mesures de compensation pour atténuer les effets
négatifs du projet.
2°-) Sur le plan pratique,
l'étude devrait emmener :
- les riverains du pipeline à mener des actions
communes pour leur développement ;
- l'Etat du Cameroun à réaménager les
actions de développement et de protection au bénéfice des
riverains du pipeline ;
- le consortium du projet à réaliser un
programme de développement au profit des riverains du pipeline et ;
- la Société Civile nationale et internationale
à renforcer son action de plaidoyer au profit des populations riveraines
du pipeline.
Dans le cas du projet pipeline Tchad-Cameroun, les routes
à construire devaient désenclaver la région riveraine du
pipeline et partant avoir un impact sur les échanges. Ces routes
devaient faciliter l'évacuation des produits agricoles vers les
marchés et permettre le ravitaillement des populations et petits
commerces. Les compensations communautaires et régionales devaient
améliorer l'offre des services et la quantité des
infrastructures. Le financement de certains programmes (Programme National de
Lutte contre le Sida, Programme National de Lutte contre le Paludisme) du
Ministère de la Santé Publique par COTCO devait permettre de
réduire la prévalence des MST-Sida et les maladies transmises par
les vecteurs (Malaria, onchocercose...). Toutefois, certaines infrastructures
(Sources, routes et ponts) préexistantes au projet ont été
détruites et les populations expropriées des terres. Pendant la
phase de construction du pipeline, il y a eu un brassage des populations. Des
marres d'eau - lits des moustiques et autres insectes - sont apparues
après le passage du pipeline. Suite à cette situation, une
identification et une description des impacts socio économiques sont
importantes.
De manière globale le projet pipeline a prévu
des effets positifs sur l'emploi et la formation et sur l'amélioration
de l'offre en infrastructures ; toutefois les effets négatifs et
non souhaités étaient probables en agriculture, sur le revenu et
sur la santé des riverains. Il importe donc d'identifier et de
décrire les différents impacts pour observer si les
résultats attendus du projet pipeline ont été atteints et
si les effets à minimiser l'ont été. Cette étude
présente donc la spécificité qu'elle s'intéresse
aux impacts négatifs ou non souhaités par le projet pipeline.
1.5- ORGANISATION DU MEMOIRE
La présente étude est divisée en (5)
cinq chapitres :
- le chapitre 1 qui est considéré comme
introductif, présente le problème, les objectifs et l'importance
de l'étude ;
- le chapitre 2 traite du cadre théorique et de la
revue de littérature ;
- le chapitre 3 présente la méthodologie
utilisée pour la collecte des données ;
- le chapitre 4 présente les résultats ;
- le chapitre 5 conclut et formule les recommandations aux
parties concernées.
Chapitre 2
CADRE THEORIQUE ET REVUE
DE LA LITTERATURE
2.1- DEFINITION DES CONCEPTS ET REVUE DE LA
LITTERATURE
Avant de présenter la revue de la
littérature, il est nécessaire de situer certains concepts par
rapport aux études d'impacts socio économiques. C'est dans ce
cadre qu'il apparaît intéressant de définir les termes
compensation, effet, et impact qui peuvent avoir d'autres connotations
ailleurs.
2.1.1- Définition des concepts
Compensation : Selon Todd cité
par Cox et Koppert (2000), les principes fondamentaux de compensation peuvent
être décrits comme étant un "rétablissement
économique" ou une "équivalence". Le premier terme évoque
que le propriétaire exproprié a droit à un
rétablissement économique. Le second terme signifie que le
propriétaire déplacé devrait rester, dans la mesure du
possible, dans la même position financière qu'il avait avant la
prise de ses biens, à condition que les dommages, les pertes ou les
frais pour lesquels la compensation a été réclamée
soient directement attribuables à la prise des terres.
Effet : Baker (2000) définit l'effet
comme la conséquence d'un projet sur l'environnement
indépendamment du territoire affecté.
Impact : Baker (2000) dit que l'impact
est la transcription d'un évènement sur une échelle de
valeur. Pour elle, l'impact est donc le croisement entre l'effet et la
sensibilité du territoire ou de la composante de l'environnement
touchée par le projet.
2.1.2- Revue de la
littérature
De nombreux auteurs estiment que tout projet de
développement ou de société crée un changement au
sein de l'environnement auquel il s'intègre. L'environnement ici doit
être vu en son sens large qui intègre les dimensions
écologique, sociologique, économique, culturelle, politique et
institutionnelle. Ces auteurs ont ainsi déblayé le chemin des
études d'impacts. Pour ne pas se comporter comme un aveugle dans la
forêt, il est important de s'attarder sur leurs travaux de recherche.
Toutefois avant de passer en revue les travaux de ces derniers, il est
intéressant de présenter brièvement le rôle de
l'agriculture dans le développement économique des pays en
développement comme le Cameroun.
1°- Rôle de l'agriculture dans le
développement économique
Selon Malcom et al. (1998), l'agriculture joue un
rôle important dans le développement économique parce que
la majorité des habitants dans les pays pauvres tirent leur subsistance
du sol. Dames & Moore (1999) disent que l'agriculture occupe 59% de la
population active au Cameroun. Les agriculteurs des pays en
développement doivent produire suffisamment pour assurer leur propre
alimentation et celle de la population urbaine.
Dans les pays en développement, l'agriculture
crée les emplois, génère les devises, satisfait la demande
alimentaire locale et fournit les matières premières pour
l'industrie. Le Ministère de l'agriculture (MINAGRI, 1990)
déclare que le secteur agricole génère 50% des recettes en
devises du Cameroun.
L'agriculture est un secteur important des économies
des pays en développement car elle contribue au produit national brut
(PNB). Les pays qui ont connu une croissance économique rapide ont eu
pour base l'agriculture; ils ont amélioré la productivité
agricole. Il y a donc une évidence que l'agriculture stimule le
développement économique.
2°- Description des impacts socio
économiques
La description des impacts d'un projet est importante ;
Casley (1987) notent que la description est conçue comme une
méthode qui permet de mettre à profit les efforts de
développement pour en améliorer les modalités. Ils
ajoutent qu'une description globale d'une opération de
développement permet d'adopter une stratégie et une
planification. En 1997, Helme relève que l'évaluation d'impact a
pour but de prouver l'impact et d'améliorer ou de réorienter les
interventions. Baker (2000) estime que l'évaluation d'impact est
destinée à déterminer de façon plus large si le
projet ou programme a eu l'impact désiré sur les individus, les
ménages et les institutions et si ses effets sont attribuables à
l'intervention du projet. Selon Baker (2000), Helme (1997) et Casley (1987),
l'analyse d'impact permet de réorienter les actions d'un projet ou de
trouver les moyens d'atténuation des impacts négatifs.
L'évaluation donne l'état des lieux. Ainsi,
Geoffrey (1990) déclare que l'évaluation d'impact indique les
changements résultant directement et indirectement d'un projet. Ils
ajoutent qu'elle donne une indication sur les changements au sein de la
population et de la demande dérivée en services sociaux. Ces
auteurs estiment que pour évaluer l'impact d'un projet, il faut
observer :
Sur le plan économique : le revenu, les
activités génératrices de revenu et les
infrastructures.
Sur le plan social : l'aspect démographique
(L'emploi, les migrations...), le logement (Qualité et quantité),
les services (Ecoles, centres de santé...) et l'organisation sociale.
D'après Geoffrey (1990), quand on veut évaluer
un projet, il y a certains indicateurs qu'il faudrait observer sur le plan
socio économique. Ces indicateurs sont le revenu, les activités
génératrices de revenu, les infrastructures, l'emploi, les
migrations, les services et l'organisation sociale. Ce sont ces indicateurs qui
servent d'éléments d'analyse.
Par ailleurs les différents auteurs qui se sont
penchés sur les études d'impacts pensent que celles-ci sont
conçues pour observer le comportement des variables susceptibles
d'être influencées par le projet. Roy et al. (1990)
illustrent le rôle de la description des impacts socio économiques
dans le schéma ci-dessous :
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d3.png)
Graphique 1 : Comportement des variables
après un projet
Le Ministère de l'environnement et des forêts
(MINEF, 2001) estime que l'importance de l'impact peut être
évaluée à partir de l'intensité de perturbation, la
durée, l'étendue, la nature et la valeur de la composante
touchée.
Intensité de la perturbation de l'impact : elle
est fonction de l'ampleur des modifications observées sur la composante
du milieu touché par une activité du projet ou encore des
perturbations qui en découlent. Ainsi une faible intensité est
associée à un impact ne provoquant que de faibles modifications
à la composante visée, ne remettant pas en cause son utilisation,
ses caractéristiques ni sa qualité.
Durée de l'impact : un impact peut être
qualifié de temporel ou de permanent. Un impact temporel peut
s'échelonner sur quelques jours, semaines ou mois mais doit être
associé à la notion de réversibilité. Par contre un
impact permanent a un caractère d'irréversibilité et est
observé de manière définitive ou très long terme
lorsqu'il est positif. L'évaluation de la fréquence ou de la
récurrence de l'impact contribue à mieux définir la notion
de durée.
Etendue de l'impact : l'étendue de l'impact fait
référence au rayon ou à la portée ;
c'est-à-dire à la distribution globale de la répercussion.
Ainsi, un impact peut être d'étendue ponctuelle lorsque ses effets
sont très localisés dans l'espace, soit qu'il se limite à
une zone bien circonscrite de superficie restreinte. Un impact ayant une
étendue locale touchera une zone ou une population plus étendue.
Enfin, un impact d'étendue régionale se répercutera
dans l'ensemble de la zone d'étude et parfois au-delà.
Nature de l'impact : un impact peut être positif,
négatif ou indéterminé. Un impact positif engendre une
amélioration de la composante du milieu touché par le projet
tandis qu'un impact négatif contribue à sa
détérioration. Un impact indéterminé est un impact
qui ne peut pas être classé comme positif ou négatif ou
encore qui présente à la fois des aspects positifs et
négatifs.
Valeur de la composante touchée : chaque
composante du milieu récepteur possède une valeur qui lui est
propre. Il est possible de distinguer une valeur intrinsèque et une
valeur extrinsèque à une composante, lesquelles contribuent
à la valeur globale ou intégrée.
Importance de l'impact : l'importance d'un impact qu'il
soit de nature positive ou négative est déterminée
d'après l'évaluation faite à partir des critères
énoncés précédemment. Ainsi, l'importance de
l'impact est fonction de sa durée, de son étendue et de son
intensité mais également de la valeur accordée à la
composante touchée. L'importance est en fait proportionnelle à
ces quatre critères spécifiques et sera qualifiée de
faible, de moyenne ou de forte selon les cas.
3°- Impacts socio économiques des projets
d'extraction
Dames & Moore (1995) déclarent que la construction
du pipeline doit toucher 5000 hectares de terrain et que sur cette surface, il
faut s'attendre à la destruction des cultures et de la
végétation ; à la perturbation du sol et
l'expropriation des paysans et des communautés. L'expropriation et la
perturbation du sol suite aux travaux par les engins lourds, l'érosion
en amont et le dépôt des sédiments en aval ont pour
conséquence la réduction des surfaces agricoles; ce qui peut
porter atteinte à la production agricole. GCA (2000) rapporte que 50%
des agriculteurs seront sans terre ; ceci risque d'emmener ces derniers
à recourir au métayage ou à devenir des ouvriers agricoles
pour survivre. L'agriculture au Cameroun est caractérisée en plus
des grandes plantations industrielles par une majorité des plantations
villageoises de moyenne importance et des petites parcelles paysannes.
Toutefois malgré la petite taille des parcelles paysannes, celles-ci
sont capitales d'une part pour les paysans à qui elles fournissent les
denrées alimentaires et le revenu et d'autre part au marché local
dont elles sont les principaux fournisseurs. En plus elles emploient la plupart
d'actifs du secteur agricole. Toute action sur ces parcelles pourrait donc
avoir des répercussions sur les propriétaires et le marché
local.
GCA (2003) note la naissance des conflits au Cameroun
(Disputes de terre, vol...) suite aux indemnisations. Horta (2003)
déclare que l'argent reçu par les riverains n'a maintenu que de
manière temporaire leur niveau de vie égal à celui avant
l'exécution du projet pipeline et que la mauvaise gestion de cet argent
pourrait faire sombrer ces populations dans la pauvreté. La
Société Financière Internationale (SFI, 2007) constate
également qu'au Cameroun et au Tchad les compensations payées
pour les cultures détruites n'ont permis aux familles que de conserver
à court et à moyen terme leurs moyens de subsistance.
Dans certains pays où les projets similaires au projet
pipeline ont déjà été exécutés, les
populations riveraines en souffrent. Simery (2007) constate que l'exploitation
et la production du pétrole au bassin du Niger au Nigeria a
provoqué la pollution environnementale, l'insécurité
sociale et la dégradation des sols ; comme conséquences les
populations migrent vers les villes à la recherche de l'emploi (40%
d'ogonais, parce que sans emploi vivent à l'extérieur de leur
région natale) et la production agricole dans la région a
baissé de 55%. Au Nigeria l'agriculture qui occupait 70% de la
population en 1970 ne représente plus que 46,9% de l'emploi aujourd'hui
(Carton, 2000). Toutefois une bonne gestion des revenus pétroliers peut
être bénéfique pour la société. Anonyme
(2007) note qu'au Nigeria, le programme mis en place par EXXON-Mobil et
CHEVRON-Texaco a amélioré d'une part l'accès à
l'énergie dans les zones rurales et d'autre part les écoles
construites et les bourses d'études octroyées aux
élèves (3,75 millions de dollars USA en 2006) ont
amélioré le niveau d'éducation des riverains.
Petry et Naygotimti (2005) déclarent que dans les pays
africains exportateurs de pétrole, l'exploitation du pétrole a
été plus une malédiction qu'une bénédiction.
Ils ajoutent qu'au Nigeria par exemple, la corruption a connu une propagation
explosive parallèlement à l'exploitation pétrolière
et la production agricole a subi un recul dramatique. Yanez et al.
(1997) constatent également un taux élevé de corruption
dans les villes de l'Equateur où il y a l'exploitation
pétrolière. Gary et Karl (2000) notent qu'en dépit de la
richesse pétrolière, le revenu moyen des populations au Nigeria
s'élève à moins d'un dollar USA par jour. Dans ce
même pays, il y a une augmentation des conflits sociaux violents. La
population vit dans un climat de peur. De nombreux cas d'enlèvement et
de disparition d'étrangers et d'autochtones sont
régulièrement signalés.
Le pétrole représente 31,7% des recettes
d'exportation au Cameroun (Fischer, 2001) et 50% des exportations du Cameroun
(Yanez et al., 1997). Cependant, la population n'a pas
bénéficié des revenus de vente de pétrole
touchés par le gouvernement (Petry et Naygotimti, 2005). Ndzana (1987)
signale que ceux qui en profitent sont ceux qui ont des liens avec le
gouvernement. En 1997, Yanez et al. faisaient le même constat
quand ils disaient : « Le pétrole extrait
jusqu'ici n'a pas bénéficié au peuple camerounais, les
inégalités économiques et l'extrême pauvreté
ont au contraire augmenté depuis les années 70 ».
Carton en 2000, constate également que la rente du pétrole au
Nigeria n'a bénéficié qu'aux régimes militaires et
à quelques hauts cadres de l'administration. Or Winner (1999) note
que les recettes de pétrole bien utilisées ont un impact sur
les domaines de la santé, l'éducation, les routes,
l'électrification rurale et le développement agricole. Au
Nigeria, les décennies d'exploitation pétrolière dans le
delta du Niger ont permis à une classe privilégiée de
s'enrichir (Carton, 2000). Cette exploitation a conduit à un
désastre écologique et social pour le peuple Ogoni vivant dans le
delta du Niger (Catholic Relief, 2003).
4°- Impacts des projets d'extraction sur la
santé et la culture
Yanez et al. (1997) notent que la santé des
peuples autochtones vivant dans la région d'exploitation
pétrolière est directement liée à la
présence de cette activité. Ils estiment que l'état de
santé de ces derniers est en général mauvais que celui des
non riverains. La pollution de l'eau et de l'air par les métaux lourds
expose les riverains des zones d'exploitation pétrolière aux
maladies telles que l'asthme, les troubles intestinaux, les cancers, les
troubles de vue. Wiwa (1998) a observé des hauts taux de maladies
respiratoires (Asthme, bronchite, tuberculose) maladies de la peau et les
cancers à Ogoni Land plus que dans les autres régions du Nigeria.
Il déclare que même les cultures (plantes) en souffrent. En
Californie du Nord, Schavior (1997) signale que les habitants de Richemond
exposés aux émissions de fumée toxique souffrent plus des
cancers des poumons (33%). Les émigrants du secteur pétrolier
emportent avec eux des maladies qui se transforment en épidémie
(Typhoïde, rougeole, cholera, hépatite, tuberculose). La malaria
augmente d'intensité dans la zone pétrolière à
cause de la stagnation des eaux. Le Comité National de Lutte contre le
Sida (CNLS, 2004) cité par Djeuda (2006) note que la prévalence
du sida est plus élevée le long du corridor du pipeline (19,8%)
que dans les autres régions du Cameroun.
Les projets d'extraction ont fait disparaître certaines
communautés. En Equateur par exemple, la communauté TETETE a
disparu avec le début des opérations d'exploitation
pétrolière dans la ville de Lago Agrio. Au Pérou, les
Nahua furent décimés par les maladies virales telles que la
coqueluche après avoir été en contact avec les
travailleurs des compagnies pétrolières (Yanez et al.,
1997).
5°- Impacts environnementaux des projets
d'extraction
L'activité pétrolière engendre une
série d'impacts de grande importance qui portent atteinte à la
pérennité des populations humaines habitant la région,
à la biodiversité et à l'environnement en
général.
Ø La déforestation
En 2005, Awe a constaté que le projet pipeline
Tchad-Cameroun a détruit en terre camerounaise le couvert
végétal sur une superficie de 2.867,87 hectares dont 1.127,37 Ha
pour la savane boisée ; 954,74 Ha pour la forêt semi
décidue ; 245,22 Ha pour la forêt mixte et 549,66 Ha pour la
forêt du littoral atlantique. En Equateur par exemple, 54.000 Ha de
forêt ont été ouverts durant la phase de prospection
sismique (Yanez et al., 1997). Les photos 1 et 2 montrent la
déforestation ; respectivement au Sud du Tchad et à l'Est du
Cameroun.
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d4.png)
Photo 1 : Emprise du corridor
déforesté au Sud du Tchad
(Photo : Petry, 2004).
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d5.png)
Photo 2 : Corridor de 30m de largeur
déforesté par le projet pipeline à l'Est du Cameroun
(Photo : FOCARFE, 2001)
Les forêts constituent une richesse inestimable pour la
plupart des pays qui les possèdent (Awe, 2005). Pour l'humanité,
elles jouent le rôle de poumons d'oxygène et de réserves
floristiques et fauniques. Tuten et al. (2001) ont constaté que
la forêt fournit aux hommes les fruits, les graines, les écorces,
la viande, les matériaux de construction et le bois de chauffage. La
forêt détruite par le projet pipeline cause un manque à
gagner pour les populations riveraines et pour l'Etat dont l'exploitation
rapporte les devises. Bitondo (2003) signale que la forêt
représente 25% des exportations du Cameroun et qu'elle contribue
à 7,1% au PIB.
Ø La biodiversité
La déforestation entraîne la perte de la
biodiversité. Les grands animaux et les oiseaux fuient l'endroit ayant
perdu ses arbres et lianes et cette situation a pour conséquence de
compromettre la sécurité alimentaire des peuples autochtones. En
Amazonie équatorienne par exemple, Yanez et al. (1997)
déclarent que le nombre de grands primates a diminué. Les causes
de cette baisse sont la réduction de l'aire de reproduction et
d'alimentation de ces primates, la pollution acoustique et la chasse intensive
pratiquée par les travailleurs des entreprises d'exploitation
pétrolière et sous traitantes.
En 1989, le Tanker EXXON Valdez a échoué aux
côtes à Prince William Sound en Alaska. Cette catastrophe provoqua
une grande pollution le long de la côte de l'Etat d'Alaska (Carton, 2000)
à tel point que les pâturages marins furent détruits (Yanez
et al., 1997). Les pêcheurs et les habitants de cet Etat
portèrent plainte contre EXXON. L'eau était de mauvaise
qualité, de nombreuses espèces marines trouvèrent la mort
et les prises de poissons étaient devenues mauvaises. Au Nigeria, dans
la région d'Ogoni Land les eaux sont polluées et certaines
espèces de poissons et de plantes aquatiques ne se reproduisent plus
(Wiwa, 1998).
Ø Le sol
Yanez et al. (1997) déclarent que les
répercussions classiques générées par l'industrie
pétrolière sur le sol incluent sa compaction, la destruction de
sa partie superficielle, l'érosion due à l'absence de la
végétation, la pollution par les composés inorganiques
(Sulfates et sels) et organiques (Hydrocarbures).
Awe (2005) signale la dégradation du sol le long du
corridor du pipeline suite à l'érosion. Il a recensé
quarante huit (48) zones sujettes à l'érosion dont 91% dans la
zone de savane boisée. Catholic Relief Service (2003) note que les sols
remis en culture par COTCO se sont révélés improductifs et
ont été abandonnés par les propriétaires. Il ajoute
que 76,38 Ha de terres agricoles ont été ainsi perdues.
Ø L'eau
Dans le village de Luawill à Ogoni Land, le niveau des
hydrocarbures de pétrole dans la rivière atteint 18 ppm (Project
underground, 1997). Les eaux du Delta du Niger contiennent des niveaux
d'hydrocarbures allant de 8 à 60 ppm. Or les déchets de
pétrole contiennent du benzène, le xylène et les
hydrocarbures polycycliques qui sont des substances cancérigènes
(Greenspeace, 1993). Sur la côte camerounaise, les tankers utilisent
l'eau de l'océan Atlantique pour rincer les fonds de cuve. Cette eau
qu'ils évacuent avant un nouveau remplissage de pétrole, est
chargée des impuretés de la cuve; ces déchets
rejetés dans l'océan sont dispersés par les courants tout
le long de la côte (Ngueda, 2007). La photo 3 présente une source
polluée par les travaux du projet pipeline au village Nkolngok 2 dans la
province du Centre (Cameroun).
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d6.png)
Photo 3 : Source polluée par les
travaux du projet pipeline dans le village Nkolngok 2 (Cameroun)
(Photo : FOCARFE, 2001)
6°- Terre, Hommes et Pauvreté
La terre est le principal facteur de production des paysans
agriculteurs. Les paysans sans terre sont appelés à se livrer au
métayage, à la location des terres agricoles ou à se faire
employer par les propriétaires terriens qui peuvent investir. Cette
situation fragilise un bon nombre de personnes sans terre en zone rurale.
Cependant, elle permet aux propriétaires de terre de s'enrichir au
détriment de ceux qui n'en ont pas.
Soixante dix pourcent (70%) de personnes sous
alimentées vivent en zone rurale (FAO, 2006). Au sommet du monde de
l'alimentation en 1996, les chefs d'Etats et de gouvernements ont pris la
résolution de réduire de moitié le nombre de personnes
sous alimentées à travers le financement de l'agriculture d'ici
2015. Le premier objectif du millénaire le réitère. En
2003 les chefs d'Etat et de gouvernement dans la déclaration de Maputo
(Mozambique) ont promis allouer 10% du budget de leurs Etats à
l'agriculture et au développement rural. Cependant on constate que
l'aide pour l'agriculture est en déclin. La FAO, en 2006 note que l'aide
pour l'agriculture est passée de 9 millions de dollars USA en 1980
à 5 millions de dollars USA en 1990. Elle ajoute que 854 millions de
personnes sont malnutries dans le monde et que la majorité réside
en zone rurale.
La Direction des Enquêtes et des Statistiques Agricoles
du MINADER (DESA, 2004) estime que, malgré son importance relativement
petite, le secteur rural conserve une place de choix et un rôle moteur
dans l'économie camerounaise. Ceci à travers sa contribution
à la croissance et son rôle de fournisseur des matières
premières au secteur industriel. De nombreuses études ont
montré que la croissance agricole réduit la pauvreté et la
famine davantage que la croissance industrielle. L'évolution des revenus
des ruraux est étroitement liée aux comportements des produits de
rente et de l'augmentation de l'offre des produits vivriers. Ceux qui
s'investissent plus dans l'agriculture sont les petits paysans. Ces petits
paysans font face au manque de crédit, à
l'insécurité foncière, au manque de moyens de transport et
à la méconnaissance du marché. A cela s'ajoutent les
aléas tels que le climat, les maladies et les pestes. La
réduction de la pauvreté passe par une augmentation de la
production et une organisation de la commercialisation. L'investissement dans
les infrastructures en zone rurale en particulier dans le domaine de l'eau, des
routes, l'électricité et des communications a un rôle
crucial pour stimuler la croissance agricole.
Salim & al. (2003) notent que les ressources
extractives ne peuvent pas promouvoir un développement économique
durable et partant la réduction de la pauvreté. Ceci parce que
les ressources extractives ne sont pas renouvelables. Ils ajoutent que les pays
qui ont basé leurs économies sur les ressources extractives n'ont
pas réduit la pauvreté au sein de leurs populations. Au contraire
le niveau de pauvreté a augmenté et la mauvaise gouvernance et la
corruption ont gagné du terrain. Les industries extractives
génèrent les revenus mais ces revenus ne sont pas
équitablement distribués. Extractive Industries Review (2003)
relève qu'au Kazakhstan en 1993, l'exploitation du pétrole et du
gaz a généré un faible revenu au sein de la population
locale et un fort taux de corruption. Il ajoute qu'en Azerbaïdjan et en
Georgie, malgré l'exploitation du pétrole, plusieurs personnes
vivent en dessous du seuil de pauvreté. Au Tchad, le boom de la
production de pétrole a fait reculer la production des produits
alimentaires ; cette situation a provoqué la famine au sein de la
population (Petry, 2004). Le phénomène risque de s'accentuer car
c'est la région agricole du Tchad qui est touchée (Yanez et
al., 1997). Au Nigeria, la situation n'est guère
satisfaisante ; de nombreuses familles vivent avec moins d'un dollar par
jour (ANEEJ, 2004).
7°- Projets d'extraction : urbanisation et
marché des produits agricoles
La construction des ``bases vie'' par les projets d'extraction
attire de manière naturelle les populations tout autour. Celles-ci
arrivent d'abord comme commerçants des produits agricoles prêts
à consommer, ensuite progressivement elles installent les boutiques et
les maisons d'habitation. Au Cameroun ; Dombè (Kribi), petit
village de moins de 100 habitants est passé à 1.500 habitants du
fait de l'activité de construction du pipeline (Ngueda, 2007). Au Tchad,
Petry et Naygotimti (2005) notent que la technologie de pointe d'ESSO, d'une
richesse démesurée, s'est implantée au beau milieu d'une
des zones les plus pauvres du monde : Bebédjia. Des masses d'hommes
et de femmes à la recherche d'emploi y sont venus s'installer par la
suite. Dans cette zone, la population est passée de 9.291 habitants en
1993 à 24.100 habitants en 2005. Certains fléaux
caractéristiques du milieu urbain sont apparus. Nous pouvons citer entre
autre la prostitution, le vagabondage des enfants, le banditisme et les
agressions. Pour gérer ces maux, l'Etat tchadien a installé les
services publics appropriés. Yanez et al. (1997) notent que la
consommation de l'alcool et de la drogue est à l'origine des actes de
violence dans les régions pétrolières. Ils continuent en
prenant pour exemple la ville de Coca (Equateur) qui compte 18.000 habitants,
quatre cent (400) bars et où quatre maisons sur dix ont
déjà été cambriolées.
L'augmentation de la population conduit à
l'accroissement des besoins alimentaires et partant une inflation locale. A
Bebédjia (Tchad) par exemple le sac de sorgho est passé de 4.000
F.CFA à 16.000 F.CFA; un cabri de 3.500 F.CFA à 15.000 F.CFA et
le prix d'une chambre de 750 F.CFA à 7.500 F.CFA. Par ailleurs il faut
noter les tensions sociales entre les allogènes et les autochtones, la
précarité économique de certaines familles et les
problèmes fonciers (Nanassoum, 2002). En Equateur, les prix sont
supérieurs d'environ 50% dans les villes pétrolières par
rapport au reste du pays (Yanez et al., 1997).
Le rapport final du Comité Technique de Suivi et
d'Evaluation des Activités de Mise en OEuvre du Document de
Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP, 2004) note
que la réduction de l'inflation au Cameroun est due à
l'accroissement substantiel de l'offre des produits vivriers et
maraîchers et du développement de certaines zones de production
agricole. Il ajoute que le Cameroun doit encore compter sur son secteur rural
en plus de l'industrie manufacturière et les services pour
réaliser de bonnes performances économiques.
8°- Projets d'extraction et droits de l'homme
De nombreux droits fondamentaux sont violés au cours
des activités d'exploitation pétrolière. Yanez et
al. (1997) notent :
- le droit à la vie ;
- le droit à la sécurité
alimentaire ;
- le droit à la conservation de l'environnement et des
ressources naturelles ;
- le droit à la propriété
privée ;
- le droit à ne pas être
déplacé ;
- le droit au développement culturel ;
- le droit à la liberté de religion ;
- le droit à la résistance ;
- le droit à l'information, à la participation
et à la prise de décision ;
- le droit de présenter une dénonciation ou une
pétition et d'intenter une action en justice.
Carton (2000) fait également le même constat
quand il déclare que les économies pétrolières
riment avec la censure de presse, la liberté d'association, la violation
des droits syndicaux et les atteintes à la liberté
d'expression.
Au Tchad, Petry et Naygotimti (2005) déclarent que la
chaîne de radio FM Liberté a été fermée en
2003. Ceci parce qu'elle avait dénoncé la situation
d'insécurité dans la zone pétrolière et
diffusé un article qualifiant le président de la
république du Tchad d'un «Messie» qui a déçu.
Ils ajoutent que la peine de mort est utilisée pour réprimander
la criminalité dans la zone pétrolière. Or la peine de
mort va à l'encontre de l'article 3 de la déclaration universelle
des droits de l'homme. Cet article stipule que tout Homme a droit à la
vie, à la liberté et à la sécurité (United
Nations, 1988). Au Nigeria, l'écrivain écologiste Ken Saro-Wiwa a
été exécuté en 1995 avec huit (08) de ses
collaborateurs parce qu'ils défendaient la cause des peuples d'Ogoni
Land et la destruction de l'environnement (Yanez et al., 1997) . En
2004, Petry déclare que Maître Joseph Behidi, vice
président de la ligue tchadienne des droits de l'homme (LTDH), fut
assassiné dans des circonstances encore inconnues parce qu'il
dénonçait les mauvais traitements dont étaient victimes
les riverains de la région de Doba (Région d'exploitation
pétrolière du Tchad). Il ajoute qu'en 1998, on a assisté
à de nombreux massacres à Moundou (Tchad). Abilogo (2002) note
que soixante onze (71) ouvriers du pipeline à Nkolntara (Cameroun) ont
passé une nuit en cellule et que six (6) parmi eux ont perdu leurs
emplois parce qu'ils réclamaient de meilleures conditions de travail. Il
ajoute que ces ouvriers ont été déshabillés de
leurs tenues de travail en public et humiliés sous l'oeil de
l'autorité administrative. En 1990, quatre vingt villageois de la
communauté Umuechen (Nigeria) ont été tués ;
leurs maisons incendiées et les récoltes détruites parce
qu'ils revendiquaient pacifiquement leurs droits (Wiwa, 1998). En 1980, la
société pétrolière SHELL a offert 107 pistolets
Beretta et autres armes à feu à la police nigériane
(Carton, 2000). La photo 4 présente une manifestation pour
l'exploitation du pétrole et la gestion des revenus pétroliers
sans violence au Tchad.
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d7.png)
Photo 4 : Revendication pour la non
violence au Tchad par les populations de Doba
(Photo : Petry, 2004)
Avec les projets d'extraction, on assiste à de nombreux
cas de violation des droits de l'homme. Les cas de violation les plus courants
concernent les articles 3, 5 et 19 de la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme. Ces articles parlent du respect du droit à la vie,
à la sécurité, à la liberté d'expression et
à la non soumission à la torture et aux traitements inhumains
d'une tierce personne.
9°- Projets d'extraction et emplois
Le secteur pétrolier offre de façon très
modeste des emplois. Les emplois dans la prospection et la production
pétrolière sont des emplois temporaires et la main d'oeuvre est
souvent expatriée. Carton (2000) note qu'en Argentine, le nombre de
travailleurs de l'entreprise YACIMIENTOS PETROLIFEROS FISCALES est passé
de 50.000 à moins de 6.000 entre 1991 et 1997. Il ajoute qu'au Mexique,
l'entreprise PEMEX a réduit ses effectifs de 280.000 à 133.000 de
1989 à 1997. Les entreprises pétrolières
préfèrent travailler avec les entreprises sous traitantes. Ce qui
réduit leurs coûts de production et augmente leurs marges
bénéficiaires. C'est aussi une stratégie pour
déstructurer toute représentation syndicale dans le secteur
pétrolier. Le projet pipeline Tchad-Cameroun a offert 3.600 emplois
temporaires au Cameroun et au Tchad durant la phase de construction et 550
emplois permanents dans les deux pays pendant la phase d'exploitation (Dames
& Moore, 1999).
En parcourant les auteurs cités dans cette revue de la
littérature, on se rend compte effectivement que tout projet fait
changer une situation initiale. Pour analyser ce changement, il faut comparer
la situation initiale à la situation après projet. Cette
comparaison peut être faite à l'intérieur du groupe cible
(ayant subi l'influence du projet) ou entre le groupe cible et un groupe
témoin ou de contrôle (n'ayant pas subi l'influence du projet). La
première approche présente parfois la limite de ne pas pouvoir
distinguer entre les effets dus au projet et ceux dus à
l'évolution naturelle. Cette limite est contournée par la
deuxième approche. Toutefois pour mieux analyser l'impact d'un projet,
il faut combiner les deux approches. Voilà pourquoi dans cette
étude, l'approche de la double différence a été
utilisée.
2.2- CADRE THEORIQUE
L'approche utilisée pour la description des impacts
socio économiques dans le cadre de cette étude est basée
sur les méthodes quantitatives et qualitatives d'étude d'impacts.
La méthode quantitative utilisée est celle de la
«double différence» ou «quasi-experimental design»
(Baker, 2000 ; Valadez & Bamberger, 1994). Cette approche propose
qu'on observe la situation avant et après le programme ou projet
(Première différence) et la situation dans le groupe de
traitement et le groupe témoin ou de contrôle (Deuxième
différence). Cette méthode combine des approches «avant
et après projet», et «avec et sans projet». Le fait
d'avoir des groupes de contrôle et des groupes cibles permet de
décrire clairement l'impact du projet sur la cible.
Le modèle s'illustre comme suit :
1°) Première différence
Variations avant et après projet pipeline =
IO2 - IO1
Où : IO2 = la situation après le
projet pipeline
IO1 = la situation avant le projet
pipeline
2°) Deuxième différence
Variations entre les riverains du pipeline et du groupe de
contrôle = IO2 - CO
Où : IO2 = la situation après le
projet pipeline
CO = la situation dans le groupe de
contrôle
Mohr (1995) cité par Baker (2000) note que les
techniques qualitatives pour décrire l'impact sont utilisées pour
déterminer l'impact par la confiance à quelque chose d'autre que
la différence avec un groupe témoin pour faire une
inférence causale. Le centre d'intérêt se situe sur la
compréhension du processus, des comportements et conditions tels qu'ils
sont perçus par les individus ou les groupes étudiés
(Valadez et Bamberger, 1994). Par exemple, l'observation des ménages
peut permettre de comprendre la façon dont les ménages et les
communautés locales perçoivent un projet et comment celui-ci les
affecte.
Dans le cadre de cette étude, l'approche de Valadez et
Bamberger devrait s'appliquer comme suit :
- la première
différence concerne les changements au sein de la
population riveraine du pipeline. Une différence est faite entre le
niveau des variables après et avant le projet pipeline.
Exemple :
Variations des revenus moyens annuels après et avant le
projet pipeline = NR2 - NR1
Où : NR2 = Niveau des revenus moyens annuels
après le projet pipeline
NR1 = Niveau des revenus moyens annuels avant le
projet pipeline
- la deuxième
différence est faite entre les riverains du pipeline et
les non riverains. Cette différence permet de déduire l'impact
réel du projet pipeline car elle intègre l'évolution
naturelle.
Exemple :
Variations des revenus moyens annuels des riverains et non
riverains du pipeline
= NR2 - NR0
Où : NR2 = Niveau des revenus moyens annuels des
riverains après le projet pipeline
NR0 = Niveau des revenus moyens annuels des non
riverains du pipeline
Chapitre 3
METHODOLOGIE
3.1- CHOIX ET DESCRIPTION DE LA ZONE D'ETUDE
3.1.1- Choix de la zone d'étude
La province du Centre a été choisie parce
qu'elle est le tronçon le plus peuplé de l'ensemble du
tracé du pipeline. Elle est traversée sur une distance de 330 Km
par l'oléoduc (31% de la longueur totale de l'oléoduc). En outre
six (6) départements sont touchés parmi lesquels la Haute Sanaga,
la Mefou-Et-Afamba, la Lékié, le Mfoundi, la Mefou-Et-Akono et le
Nyong-Et-Soo (50% des départements) ainsi que douze (12) Arrondissements
dont Minta, Nanga-Eboko, Mbandjock, Esse, Soa, Obala, Okola, Yaoundé 2,
Mbankomo, Ngoumou, Akono et Ngomedzap. Cent sept (107) villages (44% des
villages traversés par l'oléoduc) sur les deux cent quarante deux
(242) villages que traverse l'oléoduc se trouvent dans la province du
Centre.
3.1.2- Description de la zone d'étude
3.1.2.1- Caractéristiques agro
écologique
1. Pédologie
Les sols sont en général latéritiques,
argileux, très épais, d'une couleur jaune ou rouge et très
pauvres parce que les pluies excessives ont entraîné les
éléments nutritifs (La voix du paysan, 2001).
2. Climat
Gwanfogbe et al. (1992) disent que le climat est
sub-équatorial de type guinéen. Il se caractérise par
l'abondance des pluies et l'existence de quatre (4) saisons :
- La grande saison de pluies s'étend de septembre
à novembre. Elle est marquée par les grandes pluies et constantes
qui rafraîchissent les températures.
- La grande saison sèche qui va de décembre
à mars. Au cours de cette période, la chaleur augmente
progressivement et devient étouffante aux mois de février et de
mars.
- La petite saison de pluies qui commence vers mi-mars et se
termine vers mi-juin. Les pluies sont peu abondantes et de brève
durée.
- La petite saison sèche qui va de mi-juin à fin
août. Le ciel est généralement nuageux et le temps est
frais.
3. Potentiel agro
écologique
La zone est propice aux cultures tels que les tubercules et
racines, le bananier, les céréales (maïs), le palmier
à huile, le cacaoyer, le caféier robusta et une multitude de
légumes. L'élevage des petits ruminants, l'aviculture et bien
d'autres élevages comme l'aquaculture y sont pratiquées à
l'échelle traditionnelle (Dames & Moore, 1997).
3.1.2.2- Caractéristiques socio
économiques
1. Environnement social
Gwanfogbe et al. (1992) notent que l'habitat est
généralement groupé et que les maisons sont
alignées le long des voies de communication. Les mêmes auteurs
soulignent que les habitations sont de forme rectangulaire et sont recouvertes
de paille ou le plus souvent par les tôles ondulées. Gwanfogbe et
al. (1992) disent que les mûrs sont faits de piquets et de
bambous qui forment un treillis comblé par du ``poto-poto''. Ils
constatent également que la base alimentaire est constituée du
manioc, de la banane plantain, du macabo et parfois de l'igname. Dames &
Moore (1997) disent que les produits de la chasse active et par piège
représentent les principales sources de protéines animales dans
un grand nombre de villages de la zone d'étude.
Les populations sont des Bantous dans la zone d'étude
et les langues parlées sont l'Ewondo, l'Eton, le Voûté, le
Pidgin, le Fufuldé et le Français (Awe, 2005). Au niveau de la
religion, on rencontre les grands groupes suivants : les Animistes, les
Chrétiens et les Musulmans (Gwanfogbe et al. 1992).
2. Environnement
économique
Le cacao et le café sont les principales cultures de
rente des populations (Awe, 2005). Cependant les petites palmeraies
villageoises sont de plus en plus mises en place ; celles-ci viennent
améliorer le revenu des paysans malgré la chute des prix du cacao
et du café. Le maraîchage constitue également une
activité génératrice de revenu secondaire. Temple et
al. (1993) cité par Bernard (2000) déclarent que la
production du vivrier dans le but de la commercialisation prend de plus en plus
de l'importance au Cameroun. La baisse des revenus issus de la vente du cacao
et la demande croissante en produits vivriers des centres urbains offrent des
opportunités aux exploitants du secteur vivrier ; la vente des
produits vivriers génère un revenu régulier qui est
utilisé pour les besoins quotidiens (Bernard, 2000). La pêche se
pratique plus dans le fleuve Sanaga par quelques autochtones et surtout par des
allogènes venus des pays voisins (Mali, Nigeria et Niger). Dames &
Moore (1997) constatent que dans les petits cours d'eau, les femmes pratiquent
la pêche au barrage et que la chasse est de grande importance dans la
zone de forêt semi décidue (Département de la Haute Sanaga,
Cameroun) à cause de la présence du chemin de fer.
3. Accès au foncier
Courade cité par Eldin et Milleville (1989)
déclare que c'est le mariage qui affranchit l'homme de son «Enfance
sociale». Ils ajoutent que la nouvelle cellule a alors droit à une
portion de terre qui, domestiquée, assurera la subsistance de la
famille. La terre est acquise par héritage dans la majorité des
cas; dans très peu de cas suite à une transaction
financière ou achat (19%) et la population des paysans sans terre est
inférieure à 2% (GCA, 2000).
4. Division du travail
Massein (2000) a fait le constat ci-après dans la
province du Centre:
§ L'homme : est responsable de la
conduite des cacaoyères et des caféières, de celle des
arbres fruitiers et s'occupe également de la récolte et de la
vente de leurs productions. Il est aussi responsable du défrichage pour
la mise en place des champs vivriers.
§ La femme : est responsable de
l'alimentation des enfants et du mari. Pour cela, elle a accès à
un champ pour cultiver. Elle s'occupe de la récolte des fruits et de la
vente. Hommes et femmes gèrent en effet séparément leur
revenu.
§ Les enfants : outre qu'ils vont
à l'école, aident leurs parents pour le défrichage des
cacaoyères et des caféières, le désherbage des
champs vivriers et la cueillette. Certains enfants majeurs peuvent effectuer
les opérations de traitement phytosanitaire.
3.2- COLLECTE DES DONNEES
Les données collectées étaient :
- le nombre de tiges de cacaoyer, d'arbres fruitiers, de
palmiers à huile, de bananiers et le nombre de mètre carré
de cultures maraîchères et vivrières détruits par le
projet pipeline ;
- les sources de revenus et le revenu annuel (en FCFA) par
source de revenu ;
- le nombre de riverains qui ont travaillé au projet
pipeline ;
- le nombre de riverains formés par le projet
pipeline ;
- les prévisions en infrastructures et les
réalisations ;
- les principales maladies de la zone d'étude et le
nombre de patients reçus dans les centres de santé riverains du
pipeline.
L'étude a utilisé deux sources de
données : les sources données secondaires et les sources
données primaires.
3.2.1- Les données
secondaires
Les livres, les Mémoires de fin d'étude, les
Thèses de doctorat, les rapports de recherches, le réseau
Internet, les rapports des délégations d'agriculture et du
développement rural, des forêts et de la faune, de l'urbanisme et
de l'habitat, des transports. Les rapports des autres services administratifs
concernés (Mairie, chefferies traditionnelles...) ont été
utilisés pour la collecte des données secondaires. Les
bibliothèques du CIRAD, de l'IRD, de l'IRAD, du CDDR, du CRESA bois, de
l'UDs, de la Banque Mondiale (Yaoundé), du département de
Foresterie de l'UDs et de la FOCARFE ont servi de base pour la collecte de ces
données secondaires.
3.2.2- Les données
primaires
Une partie des données primaires a été
colletée auprès des chefs de ménages riverains du pipeline
et dans un groupe de contrôle. Les ménages riverains sont
constitués par l'ensemble des ménages situés le long du
corridor du pipeline et susceptibles d'avoir eu un impact direct du pipeline.
Le groupe de contrôle est constitué par l'ensemble des
ménages situés à plus de 5 Km du pipeline et qui n'ont pas
eu un impact direct du projet. L'autre partie de données primaires a
été collectée auprès des Chefs de villages et des
Notables et des Chefs de centres de santé riverains du pipeline.
3.3- CHOIX DE L'ECHANTILLON
Le modèle d'échantillonnage à plusieurs
degrés a été utilisé pour confectionner
l'échantillon dans le cadre de cette étude. Le premier
degré concernait le choix des villages dans les départements que
le pipeline traverse tandis que le deuxième concernait le choix des
répondants dans ces villages. Cette méthode a été
retenue dans le but d'avoir un échantillon de répondants
suffisamment représentatif le long du corridor du pipeline.
3.3.1- Choix des villages
Les villages riverains du pipeline ont été
identifiés à partir du fichier disponible à la FOCARFE
nous a permis de les identifier. Vingt (20) villages ont été
choisis de manière aléatoire dans ce fichier et ont
été enquêtés. Dix (10) villages situés
à plus de 5 Km du pipeline ont été également
enquêtés. Ces villages situés à plus de 5 Km ont
été enquêtés pour servir de villages témoins
ou de contrôle. Ils sont dans les mêmes départements que les
villages riverains du pipeline. La principale différence est qu'ils
n'ont reçu aucune action directe du projet pipeline. Les tableaux 1 et 2
présentent les villages enquêtés.
Tableau 1: Récapitulatif des
villages témoins
enquêtés
Province
|
Départements
|
Arrondissements
|
Villages
|
Populations
|
Observations
|
Centre
|
Haute Sanaga
|
Mbandjock
|
Ekombitié
|
100
|
|
Ndoua
|
250
|
|
Ndjii
|
150
|
|
Mfoundi
|
Yaoundé 1er
|
Nkolondom
|
800
|
Zone périurbaine
|
Lékié
|
Ebebeda
|
Nkog Edzen
|
300
|
|
Mefou-Afamba
|
Soa
|
Ebang
|
500
|
Zone périurbaine
|
Nyong-Et-So'o
|
Mbalmayo
|
Essazok
|
400
|
Zone périurbaine
|
Mefou-Et-Akono
|
Akono
|
Abang Mindi
|
100
|
|
Awae
|
200
|
|
Olama
|
150
|
|
TOTAL
|
6
|
6
|
10
|
2850
|
|
Source : Enquête de terrain
Tableau 2 : Répartition des
villages enquêtés et riverains du pipeline
Province
|
Départements
|
Arrondissements
|
Villages
|
Populations
|
Observations
|
Centre
|
Haute Sanaga
|
Mbandjock
|
Ndjoré 1
|
125
|
|
Ndjoré 2
|
308
|
|
Ndoumba
|
200
|
|
Mbandjock plateau
|
1200
|
Zone périurbaine
|
Nanga-Eboko
|
Bifogo
|
600
|
|
Epegang
|
30
|
|
Meyang
|
200
|
|
Nkoteng
|
Nkoteng village
|
4000
|
Zone périurbaine
|
Lékié
|
0bala
|
Nkolntara
|
150
|
|
Nkometou 3
|
1500
|
Zone périurbaine
|
Ekabita Mendoum
|
200
|
|
Mefou-Et-Akono
|
Mbankomo
|
Angon 2
|
200
|
|
Binguela 2
|
7000
|
Zone périurbaine
|
Zouatoupsi
|
500
|
|
Mbankomo village
|
300
|
|
Akono
|
Nkolnlong 2
|
500
|
|
Nkolnlong 1
|
3000
|
Zone périurbaine
|
Mfoundi
|
Yaoundé 2
|
Nkolkoumou
|
525
|
Zone périurbaine
|
Mefou-Afamba
|
Esse
|
Nkoayos
|
100
|
|
Nyong-Et-So'o
|
Ngomedzap
|
Angonfeme
|
150
|
|
TOTAL
|
6
|
9
|
20
|
20788
|
|
Source : Enquête de terrain
3.3.2- Choix des
répondants
Six (6) chefs de ménages choisis au hasard dans la
liste des chefs de ménages ayant subi des dommages du pipeline ont
été enquêtés dans chaque village riverain (soit un
total de cent vingt (120) chefs de ménages riverains). Six (6) chefs de
ménages ont été choisis au hasard dans les villages de
contrôle (soit soixante (60) chefs de ménages de contrôle au
total). En dehors des chefs de ménages, d'autres groupes ont
été retenus pour l'enquête. Ces groupes sont:
- groupe de Chefs de village et Notables (20). Les Chefs de
villages et Notables enquêtés sont ceux des villages riverains
retenus pour l'enquête des ménages.
- groupe de Chefs de centre de santé (10). Les centres
de santé retenus sont des formations sanitaires publiques et
privées riveraines au pipeline. Ce sont des formations sanitaires
situées dans le voisinage des villages enquêtés.
La taille de notre échantillon est non seulement
tributaire des contraintes budgétaires mais aussi du but visé par
l'étude.
3.4- CONDITIONS DE COLLECTE DE DONNEES
Le mois d'avril a été consacré à
la recherche documentaire et celui de mai à l'élaboration du
questionnaire. Ce questionnaire a été soumis à la critique
d'un panel d'experts composé d'un enseignant de l'université de
Dschang, d'un expert de la DESA du MINADER et du coordonnateur de la FOCARFE.
Les différentes critiques du panel d'experts ont permis de rendre le
questionnaire fiable et un test du questionnaire a été
réalisé auprès de vingt quatre (24) chefs de
ménages, trois (3) groupes (Chefs de village + Notables) et deux (2)
Chefs de centres de santé. Ce test a permis d'améliorer le
questionnaire. Les données ont été collectées
auprès des chefs de ménages et des chefs des autres groupes
concernés par l'enquête aux mois de juin et juillet. Le
questionnaire a été administré de manière
confidentielle à un échantillon de cent quatre vingt (180) chefs
de ménages dont cent vingt (120) appartenaient à la zone
riveraine du pipeline et le reste dans les villages situés à plus
de 5 Km du pipeline. Un questionnaire a été également
administré à (10) Chefs de centre de santé et à
(20) groupes constitués de Chefs de village et Notables. Les mois
d'août et de septembre ont été respectivement
consacrés à l'analyse et à l'interprétation des
données et à la rédaction du Mémoire.
3.5- DEFINITION OPERATIONNAELLE DES VARIABLES
1°)- Surface : aire
délimitée par les lignes (Dictionnaire Larousse, 2005). La notion
de surface ou de superficie de terres exploitées par les paysans
africains est assez difficile à cerner. C'est pour cette raison qu'elles
ont été estimées à partir du nombre de plants
détruits et recensés par la commission départementale de
reconnaissance du tracé du pipeline et les entretiens avec les
enquêtés.
Exemple : Estimation de la surface
à partir du nombre de plants de palmier à huile
détruits
La densité du palmier à huile à l'hectare
est de 143 plants. Si 5 050 plants ont été détruits, la
surface correspondante est : 5 050 / 143 = 35 Ha
2°)- Production : produit
final d'une activité, obtenu à partir de la combinaison de
diverses ressources telles que le travail, le capital et les matières
premières (Service des statistiques du Canada, 2003). Elle était
obtenue par consultation du cahier de ventes de l'agriculteur et à
partir de l'entretien avec ce dernier. Les données sur la production
concernent les années 2006 (après le projet) et 1999 (avant le
projet).
Exemple : Estimation de la production de
cacao
Le nombre de kilogramme de cacao produit par an était
relevé dans le cahier de vente du producteur. Ces derniers disposent des
cahiers de vente remis par le GIC.
3°)- Revenu : montant
pécuniaire qui est perçu par un individu ou une
collectivité comme fruit de son travail ou son capital (Wikipedia,
2007). Il était estimé à partir du cahier de ventes de
l'agriculteur et à partir de l'entretien avec ce dernier. Les
données sur les revenus concernent les années 2006 et 1999.
Exemple : Estimation du revenu du vin de
palme
Revenu de la vente de cacao = Prix du Kg X Production de cacao
marchand (en Kg)
Revenu de la vente du vin de palme = Prix du litre X Nombre de
litres vendus
4°-) Emploi : Wikipedia (2007)
définit l'emploi comme l'exercice d'une fonction remunerée. Le
contrat de travail ou le bulletin de paie permettait d'identifier les riverains
ayant travaillé au pipeline.
Exemple : Employé du pipeline
Le contrat de travail ou le bulletin de paie était
utilisé comme indicateur d'un employé du projet pipeline.
5°) Formation :
Athéisme (2006) définit la formation comme un ensemble de
connaissances qui ont été acquises dans un domaine donné,
quelles soient théoriques ou pratiques. Le contrat de formation ou
l'attestation de formation permettait d'identifier les riverains formés
par le projet pipeline pendant l'exécution des travaux.
Exemple : Formation en soudure
Le contrat de formation ou l'attestation de formation
était utilisé comme indicateur d'un employé formé
par le projet pipeline.
6°)- Prévalence : nombre
de cas de maladies ou tout autre événement médical,
enregistré dans une population déterminée et englobant
aussi les cas nouveaux que les anciens (Dictionnaire Le Robert, 1994). Les
entretiens avec les Chefs de centres de santé et les répondants
ont permis de connaître la prévalence des maladies (Amibiases,
maladies respiratoires, MST-SIDA et paludisme). Les données
collectées vont de 1999 à l'année 2006 (période
avant, pendant et après projet).
Exemple : Estimation du nombre de
patients souffrant des amibiases
Le nombre de patients souffrant des amibiases était
relevé dans le registre ouvert à cet effet dans le centre de
santé.
6°)- Infrastructures :
installation permanente servant à fournir des services essentiels qui
accroissent la production de l'économie (FAO, 2006). La consultation des
registres, des rapports des services de santé, d'éducation, et
des mairies et les entretiens avec les chefs de villages a permis de collecter
les données sur les infrastructures avant, pendant et après
l'exécution des travaux du projet pipeline.
Exemple : Estimation du nombre de puits
d'eau potable
Le rapport sur la compensation communautaire était
utilisé pour relever le nombre de puits à réaliser dans le
village.
3.6- ANALYSES DES DONNEES
Les statistiques descriptives (Moyenne et fréquence)
ont été utilisées dans l'analyse des données de
l'étude. Les logiciels SPSS 12.fr (Statistical Package for Social
Sciences) et Microsoft EXCEL 2003 ont permis l'analyse des données.
3.7- LIMITES DE L'ETUDE
L'étude ne concerne qu'une seule province
précise du tracé, celle du Centre. Cette province est
essentiellement agricole. Compte tenu de cette spécificité, toute
généralisation des résultats le long du tracé du
pipeline devrait se faire avec prudence. Les surfaces des cultures sont
estimées à partir du nombre de plants détruits, or les
surfaces détruites n'étaient pas plantées en cultures
pures. En plus, l'étude n'a pris en compte que les cultures
recensées par la commission départementale de reconnaissance du
tracé du pipeline alors que pendant l'exécution des travaux du
pipeline certaines cultures situées hors de l'emprise du pipeline ont
été détruites par les bulldozers. Par conséquent,
les résultats obtenus dans cette étude sont biaisés.
Chapitre 4
RESULTATS : PRESENTATION, ANALYSE ET
DISCUSSION
4.1- DESCRIPTION DE L'ECHANTILLON DES RÉPONDANTS
RIVERAINS DU PIPELINE
L'un des critères de classification des riverains qui
nous a paru plus pertinent est l'âge des personnes dont les parcelles ont
été détruites. Comme nous le verrons plus loin, la
reconquête des superficies détruites par le pipeline sera fonction
de la force de travail des riverains. Ainsi, plus la victime sera jeune, plus
elle sera disposée à replanter.
La répartition des répondants par tranches
d'âge a révélé que peu de répondants (4%)
étaient dans la tranche d'âge de 30-39 ans. 66% des
répondants avaient un âge compris entre 40 et 59 ans. Les
personnes de plus de 60 ans (environ 30% de l'échantillon) pourraient ne
plus replanter leurs parcelles par manque de la force de travail.
4.2 : PRESENTATION DES RESULTATS
L'objectif global de cette étude est d'identifier et de
décrire les impacts socio économiques du projet pipeline
Tchad-Cameroun sur les populations riveraines. Pour atteindre cet objectif
global, il s'agit plus spécifiquement d'identifier et de décrire
l'impact du projet pipeline sur :
1- les surfaces agricoles le long du corridor du
pipeline ;
2- la production agricole le long du corridor du
pipeline ;
3- le revenu des riverains du pipeline;
4- l'emploi et la formation des populations riveraines du
pipeline;
5- les infrastructures d'éducation et de
santé le long du corridor du pipeline;
6- la prévalence des maladies au sein des populations
riveraines du pipeline.
4.2.1- Impact du projet pipeline sur les surfaces
agricoles
Du fait des activités de construction et de
l'installation de l'oléoduc du projet pétrole tchadien, certaines
personnes ont perdu leurs terres et plantations. Le plan de compensation
prévoyait une compensation en espèce et/ou en nature pour la
perte des terres, des cultures et autres ressources ou mises en valeur. Les
compensations devaient permettre aux bénéficiaires d'aller
coloniser d'autres espaces et y installer de nouvelles plantations semblables
à celles détruites.
L'excavation pour enterrer l'oléoduc devait
nécessiter l'enlèvement de la couche arable, réduisant
ainsi la capacité de développement de la
végétation. Pour atténuer cet impact, le terrain devait en
principe être restauré après les travaux du pipeline pour
le rendre disponible à une utilisation future par les riverains.
Toutefois les cultures à enracinement profond étaient proscrites
sur le corridor du pipeline. Les riverains ne pouvaient planter sur cette
partie de l'emprise du pipeline que des cultures à enracinement peu
profond et à cycle de production court. Toutes ces mesures devaient
concourir à réduire l'impact du projet pipeline sur les surfaces
agricoles cultivées.
L'objectif spécifique 1 de cette étude
était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline sur
les surfaces agricoles. Les résultats obtenus révèlent que
le projet pipeline a détruit dans la province du Centre une superficie
de 63 Ha du verger cacaoyer, principale culture de rente des populations
rurales dans cette province. Au niveau des cultures vivrières, une
superficie de 34 Ha a été détruite. Le tableau 3 illustre
les variations observées après l'exécution du projet
pipeline Tchad-Cameroun.
Tableau 3 : Variations observées
sur les surfaces agricoles
Nature des cultures
|
Surfaces totales détruites par le projet
pipeline (Ha)
|
Surfaces totales refaites par les riverains du
pipeline (Ha)
|
Changement absolu
|
Pourcentage
|
Plantation de cacao
Cultures vivrières
|
63
34
|
27
18,4
|
- 36
- 15,6
|
- 57
- 46
|
Dans ce tableau, il ressort que les riverains du pipeline
n'ont pas replanté en totalité les parcelles
cacaoyères détruites. Sur 63 Ha détruits
le long du corridor dans la province du Centre, seulement 27 Ha ont
été refaits. Il en est de même avec les cultures
vivrières où 34 Ha ont été détruits et 18,4
Ha ont été replantés par les riverains. Le tableau 4
indique la replantation des parcelles détruites par groupe
d'âge.
Tableau 4 : Replantation des parcelles
détruites par groupe d'âge
|
30-39 ans
|
40-49 ans
|
50-59 ans
|
60-69 ans
|
+ de 70 ans
|
Effectif total
Ont refait un champ
Pourcentage
|
5
5
100
|
32
19
59
|
47
23
49
|
26
9
35
|
10
3
30
|
On peut constater que le pourcentage de replantation de
nouvelles parcelles est inversement proportionnel aux classes d'âge. La
courbe serait donc descendante de 100% à 30%. Au fur et à mesure
qu'on tend vers le troisième âge, le pourcentage de personnes qui
ont refait une nouvelle plantation diminue. Cette situation se justifierait par
le fait que les hommes du troisième âge n'ont plus assez de force
pour cultiver un champ.
Près de 90 % des ménages riverains font des
cultures maraîchères et vivrières sur l'emprise du pipeline
et cela se justifierait principalement parce qu'ils n'ont plus de nouveaux
espaces pour coloniser. Cependant 85% se plaignent de mauvais rendements sur le
corridor du pipeline et la mort des cultures pérennes qui y sont
proches. La principale cause des mauvais rendements est la mauvaise
qualité de l'horizon de surface, selon 60 % de ces ménages. La
restauration du sol a été très mal faite après que
l'on ait enfoui le sous-sol. La terre arable a été
déstabilisée et doit prendre du temps pour se reconstituer. 10%
affirment avoir abandonné la culture sur l'emprise à cause de
cette baisse de rendement.
Les champs des riverains du pipeline ont été
détruits sans qu'aucune politique d'accompagnement des agriculteurs pour
la mise en place de nouveaux champs n'ait véritablement
été conçue. Le résultat palpable aujourd'hui est la
réduction des surfaces agricoles, et surtout la perte pour de nombreux
agriculteurs des plantations créées avec une assistance
extérieure (Projets étatiques de développement agricole).
Ces plantations perdues leur assuraient un revenu permanent.
4.2.2- Impact du projet pipeline sur la production
agricole
La production agricole est la principale source de revenu des
ruraux d'une part et d'autre part elle est utilisée pour
l'autoconsommation. Une baisse ou une hausse de celle-ci a respectivement des
conséquences négatives ou positives sur leur niveau de vie.
L'objectif spécifique 2 de cette étude
était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline sur
la production agricole. Le tableau 5 illustre la perception de
l'évolution de la production agricole des riverains :
Tableau 5 : Perception de
l'évolution de la production par des riverains du pipeline
|
Augmentée
|
Inchangée
|
Diminuée
|
TOTAL
|
Effectif
Pourcentage
|
4
3
|
43
36
|
73
61
|
120
100
|
Dans le tableau ci-dessus, la majorité de riverains
disent que leur production est en baisse. Parmi ceux-ci, 82% de riverains du
pipeline estiment que leur production a baissé parce qu'ils n'ont pas
refait de nouvelles parcelles, 7% à cause des inondations dues aux eaux
que COTCO a canalisées dans leurs plantations et 10% parce que les
plantations qu'ils ont mises en place sont encore jeunes.
Ce résultat confirme celui obtenu à l'objectif
spécifique 1. Ceci dans la mesure où les populations riveraines
du pipeline n'ont pas refait la totalité de leurs parcelles
détruites. Il va donc de soi qu'aujourd'hui, une baisse de la production
soit observée. Il est identique à celui que Simery (2007) a
obtenu au Nigeria dans la région d'Ogoni Land. Il rejoint
également celui de Petry (2004) au Tchad dans la région de Doba.
Petry et Simery ont chacun constaté la baisse de la production dans les
deux régions pétrolières ci-dessus citées.
4.2.3- Impact du projet pipeline sur le revenu des
riverains
Le revenu est l'élément qui donne le pouvoir
d'achat. Il permet à tout individu de pouvoir satisfaire les besoins
physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins d'estime,
les besoins d'appartenance, etc.
L'objectif spécifique 3 de cette étude
était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline sur
le revenu des riverains. Le tableau 6 illustre les variations
observées sur les revenus des riverains.
Tableau 6 : Variations observées
sur les revenus des riverains
Groupe
|
Revenu moyen avant le projet (F.CFA)
|
Revenu moyen après le projet (F.CFA)
|
Changement absolu
|
Pourcentage
|
Groupe riverain (120)
|
690.875
|
558.050
|
- 132.825
|
- 19
|
Dans ce tableau, il en ressort que le revenu moyen des
riverains du pipeline a connu une baisse de 19%. 95% de riverains du pipeline
estiment que la réduction des surfaces cultivées est la cause de
la baisse des revenus et 5% estiment que la baisse des revenus est due à
la vieillesse des plantations.
Les riverains du pipeline n'ont pas réinvesti leurs
compensations dans l'agriculture. L'argent reçu par eux a plutôt
servi pour les mariages, la construction des maisons, les soins de
santé, etc. Cet argent leur a permis d'améliorer à court
terme leur niveau de vie. Ce résultat confirme celui de Horta (2003).
Cette dernière constatait déjà en 2003 que des populations
mal préparées ont reçu des grandes sommes d'argent
auxquelles elles ne sont pas habituées. Celles-ci, ajoute-elle, avaient
pu augmenter leur train de vie pendant quelques temps et ensuite elles ont
sombré dans la pauvreté.
Les principales sources de revenu des populations rurales de
la province du centre sont entre autre la vente du cacao, la vente des cultures
vivrières, la vente des cultures maraîchères, la vente du
vin de palme ou de raphia et la vente des «bâtons de manioc».
Le tableau 7 illustre les différentes variations intervenues dans les
communautés riveraines du pipeline suite à l'installation de
l'oléoduc.
Tableau 7 : Variations observées
au niveau des sources de revenus moyens annuels
Sources de revenu
|
Revenu moyen annuel par riverain avant le projet
pipeline (F.CFA)
|
Revenu moyen annuel par riverain après le projet
pipeline (F.CFA)
|
Changement absolu
|
Pourcentage
|
Vente du cacao/café
Vente des cultures vivrières
Vente du vin de palme
Vente des cultures maraîchères
Revenu de la vente des bâtons de manioc
|
208.400
108.170
80.795
113.295
61.145
|
166.050
98.335
72.545
90.805
58.500
|
- 42.350
- 9.835
- 8.250
- 22.490
- 2.645
|
- 20
- 9
- 10
- 20
- 4
|
Les revenus de la vente de cacao et des cultures
maraîchères ont subi une baisse importante (20%). Le cacaoyer est
la culture qui a été la plus touchée dans le tracé
du pipeline. Il est plus cultivé dans la province du Centre où il
constitue la principale source de revenu des populations. La baisse des revenus
de cacao s'expliquerait donc par la réduction des surfaces jadis
exploitées. Même si certaines personnes ont replanté les
cacaoyers, ces derniers ne sont pas encore entrés en production. Les bas
fonds que les populations utilisaient pour le maraîchage en saison
sèche ont été transformés soit en lacs ; soit
tout simplement rendus inutilisables à cause de la remontée en
surface des horizons de profondeur lors des travaux du pipeline. Actuellement
la plupart des maraîchers ne font plus les cultures de contre saison.
Cette situation expliquerait donc la baisse observée dans les
revenus.
La baisse des revenus de la vente du vin de palme
s'expliquerait par le fait que les populations de la province du Centre
exploitent les palmiers « sauvages » pour extraire le vin
de palme, or de nombreuses colonies de palmiers «sauvages» ont
été détruites lors du passage du projet pipeline.
L'étude révèle que 5 050 pieds de palmiers sauvages ont
été détruits par le projet pipeline soit 35 Ha.
Le «bâton de manioc» est une denrée
très sollicitée dans les marchés de la province du Centre
et surtout dans les marchés de Yaoundé. A cet effet, dans les
villages de nombreuses familles ont adopté l'activité de
transformation du manioc en «bâton de manioc». Celle-ci, dans
certaines familles, est la deuxième source de revenus. Elle va
jusqu'à occuper la première place dans certains ménages
où la femme est chef de ménage. La baisse des revenus
observée serait due à la baisse de la production du manioc. Les
ménages n'avaient plus d'espace pour coloniser et faire de nouvelles
parcelles de manioc ; ce qui fait qu'aujourd'hui la production de manioc
des riverains ne leur permet plus de transformer de grandes quantités de
manioc en bâton pour vendre, sous peine que le ménage sombre dans
la disette.
4.2.4- Impact du projet pipeline sur l'emploi et la
formation
L'objectif du projet pipeline lors de la phase de construction
de l'oléoduc était de faire travailler un grand nombre de
riverains pour éviter des immigrations massives des populations à
la recherche de l'emploi. Le projet pipeline a également prévu un
transfert de technologie et de compétences à certains
employés ayant certaines connaissances de base. L'objectif
spécifique 4 de cette étude était d'identifier et de
décrire l'impact du projet pipeline sur l'emploi et la formation des
riverains.
1°-) Situation sur l'emploi des
riverains
Le résultat obtenu montre que le projet pipeline a
employé 25% de riverains. 75% des employés au projet
pétrole auraient donc été les allogènes. Ce
résultat montre que le projet n'a pas limité l'afflux des
allogènes en quête d'emploi dans les villages riverains du
pipeline. Ces allogènes étaient en majorité des hommes
célibataires ou mariés non accompagnés des conjointes.
L'afflux des allogènes n'a pas été sans
conséquences dans les villages riverains du pipeline. Les Chefs de
communautés parlent surtout des conséquences sociales. De
nombreux enfants naturels sont nés et sont aujourd'hui soit à la
charge de mères ou des grands parents. Des cas de divorces dans les
foyers ont été également remarqués car les femmes
mariées étaient courtisées par les étrangers
travaillant au projet pipeline. Certains chefs de communautés ont
signalé la culture du Cannabis sativa par les maraîchers.
Le Cannabis sativa est une plante stimulante donc la culture est
interdite au Cameroun. Il se pourrait que les travailleurs consommateurs de
cette plante aient introduit les semences dans les villages riverains du
pipeline, surtout dans les villages proches des «bases vie».
Les salaires perçus par les riverains leur ont permis
d'augmenter leurs dépenses de premières nécessités
(Achat des denrées alimentaires et des appareils
électroménagers). Ce phénomène se rapporte à
l'échelle de besoins humains de Maslow. Il note que les besoins de
l'être humain sont hiérarchisés. Au fur et à mesure
que ses disponibilités financières augmentent, l'homme
résoud ses problèmes suivant une échelle.
Les riverains ayant travaillé au projet pipeline
estiment qu'ils signaient des contrats de travail qu'ils n'avaient pas le temps
de lire ; ce qui les mettait dans une situation d'emploi précaire.
Cette situation était entretenue par les cadres chargés du
recrutement et la conséquence était des arrêts de travail
inattendus et des licenciements inopinés. Les postes de travail
occupés par les riverains étaient du genre défricheur du
tracé du pipeline, manoeuvre, gardien, cuisinier, pointeur, aide soudeur
et chauffeur. Le graphique 2 présente le nombre de semaines de travail
des riverains au projet pipeline.
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d8.png)
Graphique 2 : Nombre de semaines de
travail des riverains du projet pipeline
Du graphique ci-dessus, il ressort que 75% de riverains
ont travaillé pendant moins d'une semaine. Les riverains ayant
travaillé moins d'une semaine étaient des défricheurs du
layon ou tracé du pipeline, ceux ayant fait une à deux semaines
étaient surtout des manoeuvres. Seulement ceux occupant des postes de
travail exigeant une certaine qualification ont pu faire plus de trois
semaines. Généralement le travail d'un manoeuvre ou d'un
défricheur de layon s'achevait à la limite de son village. Cette
politique était appliquée dit-on pour donner la
possibilité à plusieurs riverains de travailler au pipeline et
pour éviter le problème d'exode des travailleurs. Elle avait
également pour but de limiter les conflits dus aux disputes d'emploi
entre les communautés.
Ce résultat sur la durée de l'emploi d'un
riverain du pipeline Tchad-Cameroun pendant la phase de construction du
pipeline est semblable à celui que Yanez et al. ont obtenu en
1997 en Equateur. Ces derniers ont observé que les emplois dans les
projets d'extraction étaient des emplois temporaires et que les cadres
dans ces projets sont des expatriés. En 2007, Ngueda a fait le
même constat le long du corridor du pipeline dans la région de
Kribi (Sud du Cameroun).
COTCO avait prévu des emplois temporaires pendant la
phase de construction d'une durée de trois (3) à quatre (4) mois
dans chaque région et des emplois permanents après la
construction de l'oléoduc dans les stations de pompage, les stations de
réduction de pression, le centre opérationnel de Douala, etc. Les
populations riveraines du pipeline malgré le faible taux, ont pu
accéder à un poste de travail au projet pipeline mais l'objectif
de la réduction de l'immigration des employés n'a pas
été atteint par COTCO.
1°-) Situation sur la formation des
riverains
Les riverains formés au projet pipeline (13%) affirment
avoir reçu des notions en soudure seulement. La formation en soudure ne
durait que le temps d'assemblage et de mise en terre des pipes dans les
villages de chaque groupe concerné. Généralement
l'assemblage et la mise en terre des pipes ne mettaient qu'en moyenne une
semaine dans chaque village. Le graphique 3 présente la durée de
la formation des riverains du pipeline :
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d9.png)
Graphique 3 : Durée de la
formation des riverains du pipeline
Sur le graphique 3, il ressort que : 60% ont
été formé pendant une semaine et 40% pendant deux
semaines.
COTCO a prévu améliorer les compétences
des employés après leurs embauches et même des formations
nouvelles dans d'autres domaines de compétences aux personnes ayant des
connaissances de base. Aujourd'hui nous pouvons estimer que les riverains
recrutés au projet pipeline et «formés» ont
été initiés à la soudure.
4.2.5- Impact du projet pipeline sur les infrastructures
d'éducation et de santé
La construction des écoles et des centres de
santé devait renforcer les capacités d'accueil des
établissements scolaires et sanitaires dans certaines communautés
et dans d'autres, implanter de nouvelles écoles et centres de
santé. A long terme le niveau de scolarisation des riverains devait
s'améliorer ainsi que l'accès aux soins de santé.
L'objectif spécifique 5 de cette étude
était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline
sur les infrastructures d'éducation et
de santé. L'étude révèle que 50% d'écoles
primaires riveraines du projet pipeline ont reçu une salle de classe de
40 places. Le projet pipeline n'a construit ni une école à cycle
complet ni un centre de santé le long du corridor dans la province du
centre.
Au titre des compensations communautaires, certaines
infrastructures devaient être réalisées dans les
communautés. Le tableau 8 présente les prévisions en
infrastructures et les réalisations.
Tableau 8 : Prévisions en
infrastructures et réalisations
Infrastructures
|
Nombre prévu
|
Nombre réalisé
|
Écart
|
Pourcentage de réalisation
|
Routes
Lignes d'électricité
Centres de santé
Hangars de marché
Salles de classe
Points d'eau
potable
|
5
6
2
2
10
20
|
0
0
0
1
10
20
|
- 5
- 6
- 2
- 1
0
0
|
0
0
0
50
100
100
|
Les routes et les lignes d'électricité bien
qu'ayant été sollicitées par les communautés n'ont
pas été réalisées. COTCO estime que ces
infrastructures sont de la responsabilité de l'État et que la
compensation destinée aux communautés est insuffisante pour les
réaliser. Bien que toutes les salles de classes aient été
construites, certaines restent inachevées (1%).
4.2.6- Impact du projet pipeline sur la prévalence
des maladies
COTCO a prévu mettre en place un programme qui devait
contribuer à la santé des communautés riveraines du
pipeline. Ce programme avait pour mission l'information et l'éducation
des populations dans la zone du projet pipeline. Pendant la phase de
construction de l'oléoduc, les populations (80%) affirment avoir
été sensibilisées sur les MST-SIDA.
L'objectif spécifique 6 de cette étude
était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline
sur la prévalence des maladies. 45% de riverains disent
que les maladies dues à l'eau (Amibiases) ont augmenté tandis que
2,5% pensent que ce sont les maladies respiratoires (Asthme) qui ont
augmenté. Il faudrait aussi mentionner des cas de prostitution dont la
résultante est la progression des MST-SIDA (Selon 27,5 % de chefs de
ménages). Les maladies dues à l'eau ont connu une augmentation
le long du corridor du pipeline. Les statistiques des centres de santé
riverains et la perception que les riverains ont sur ces maladies le
confirment. Le graphique 4 illustre l'évolution des maladies dues
à l'eau dans les centres de santé riverains du pipeline.
![](Impacts-socioeconomiques-du-projet-de-pipeline-Tchad-Cameroun-le-long-du-corridor-dans-la-province-d10.png)
Graphique 4 : Evolution des maladies
dues à l'eau dans les centres de santé riverains du pipeline.
L'évolution des cas d'amibiases serait due à la
destruction des sources que buvaient les populations riveraines du pipeline.
Dans certains villages aujourd'hui, ces sources n'ont pas été
reconstruites par COTCO. Dans d'autres villages, les points d'eau potable
construits tarissent. Les populations s'abreuvent avec une eau douteuse.
COTCO surveillait la propagation des maladies sur les
travailleurs or au niveau des communautés, les maladies prenaient de
l'ampleur. Les mares d'eau sont apparues après le passage du pipeline
dans les endroits où elles n'existaient pas. La plupart des puits
refaits ne l'ont été qu'un an plus tard et d'autres
jusqu'à maintenant attendent encore d'être refaits. Les puits
refaits par COTCO ne respectent pas les normes techniques. Souvent la
réserve d'eau est insuffisante pour satisfaire la demande du village
comme jadis. Et certains de ces puits manquent de regards. La
conséquence est que les populations s'abreuvent d'eaux douteuses et se
contaminent des parasites intestinaux de toute sorte.
Chapitre 5
CONCLUSION ET RECOMMADATIONS
5.1- CONCLUSION
L'étude révèle que le projet pipeline a
traversé les plantations de cultures de rente d'exportation et des
cultures vivrières. Les cacaoyères sont les plus touchées
(63 Ha de verger cacaoyer détruits) suivi des plantations des cultures
vivrières (34 Ha de plantations de cultures vivrières
détruites). 27 Ha de verger cacaoyer et 18,4 Ha de cultures
vivrières ont été replantées par les riverains du
pipeline. Dans les communautés, les maladies dues à l'eau ont
augmenté. Aucun centre de santé n'a été construit
par le projet pipeline le long du corridor dans la province du Centre. La
plupart des prévisions dont les communautés devaient
bénéficier n'ont pas été réalisées
à l'instar des routes, des lignes électriques, des hangars de
marché et des centres de santé.
Le projet pipeline a employé 25% de riverains. Les
riverains formés au projet pipeline (13%) affirment avoir reçu
des notions en soudure. Dans le domaine scolaire, le projet pipeline a
construit dix salles de classe de quarante places.
5.2- RECOMMANDATIONS
Il découle de ce qui précède que
malgré les efforts déployés, par les différentes
parties intégrantes de ce projet, il reste beaucoup à faire pour
les populations. Ces dernières ont subi de manière tangible les
effets de l'oléoduc au niveau socio économique. Ils doivent
réadapter leur appareil de production aux nouvelles conditions
créées par le projet pipeline, leurs revenus ont subi un choc
auquel il faut remédier. L'emploi sur lequel beaucoup ont fondé
leurs espoirs n'a été qu'éphémère. La
santé des riverains est précaire.
L'étude recommande donc :
1°-) A l'Etat :
- de prélever une quote-part des revenus du pipeline
pour la construction des écoles, des centres de santé, des routes
et l'électrification dans les régions traversées par le
pipeline afin que les communautés riveraines ressentent le bienfait du
projet pipeline ;
- de mettre en place un programme de développement
rural pour permettre aux riverains de reconstituer les parcelles
détruites et/ou de trouver des solutions alternatives ;
- et de réaliser les évaluations d'impacts socio
économiques à intervalle régulier durant l'exploitation de
l'oléoduc pour éviter à long terme la situation d'Ogoni
Land le long du corridor de l'oléoduc ;
2°-) A COTCO :
- de maintenir un cadre de concertation sain entre Etat, COTCO
et Société Civile ;
- de mettre un accent sur la clôture des compensations
communautaires et régionales et des cas de compensations individuelles
conflictuelles ;
- et de soutenir les évaluations d'impacts socio
économiques des chercheurs isolés pour éviter à
long terme la situation d'Ogoni Land le long du corridor de
l'oléoduc.
3°-) A la Société Civile :
- de faire des évaluations d'impacts socio
économiques et environnementaux et les rendre public de façon
détaillée et régulière ;
- de donner à tous les Camerounais le détail
précis des impôts, redevances et autres paiements versés
à l'Etat (Camerounais), à n'importe quel niveau, ou aux
communautés locales y compris le paiement des compensations et les aides
aux développements des communautés locales ;
- d'être le porte-parole des populations durant toute la
phase d'exploitation de l'oléoduc car les populations rurales ignorent
le plus souvent leurs droits ;
- d'utiliser tous les moyens de pression pour que COTCO
puissent indemniser toute personne ou communauté ayant subi un
préjudice du pipeline ;
- de fournir une assistance aux communautés locales en
vue de renforcer leurs capacités.
4°-) Aux riverains du pipeline :
- d'adopter des pratiques culturales agro forestières.
Il s'agit d'adopter un système de production «cultures
vivrières associées au palmier à huile». A cet effet,
ils doivent solliciter l'appui des programmes palmier à huile, bananiers
et racines et tubercules du MINADER ;
- d'être vigilants sur tout signe inhabituel le long du
corridor afin qu'ils ne soient surpris par une éventuelle
catastrophe.
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Equateur. 151P.
ANNEXES
ANNEXE 1 : Questionnaire pour chefs de
ménages riverains du pipeline
ANNEXE 2 : Questionnaire pour chefs de
ménages non riverains du pipeline
ANNEXE 3 : Questionnaire pour Chefs +
Notables des villages riverains du pipeline
ANNEXE 4 : Questionnaire pour Chefs de
centres de santé riverains du pipeline
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