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Lincoln SELIGMAN -- « mise en place du dernier lien
»
Département de l'UFR de Géographie et
Aménagement
MASTER de Sciences et Technologies,
mention Aménagement, Urbanisme et Développement des
Territoires
Spécialité : Conception de projets en
écodéveloppement
Evaluation du Contrat Urbain de
Cohésion
Sociale 2007-2009
Enjeux et limites
- Cas d'etude Fontaines-sur-Saone, Rhone-
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Audrey VIGIGNOL
Tuteur universitaire : Jean-Marie ALLAIN Année :
2008-2009
Tuteur professionnel : Patrice RAINERI
Organisme : Ville de
Fontaines-sur-Saône
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Remerciements
Je tiens a remercier l'ensemble des personnes qui m'ont
suivie durant toute la duree de mon stage et qui ont participe a
l'enrichissement de ce travail. Ces mots sont tout particulierement adresses a
:
M Patrice RAINERI, pour son accompagnement, sa
confiance et son enseignement de la politique de la ville,
M Jean Marie ALLAIN, pour sa grande disponibilite et
ses complements theoriques, L'ensemble du personnel de la mairie de
Fontaines sur Saone pour son accueil chaleureux, Et Dominique pour son
incroyable patience et ses encouragements.
INTRODUCTION
Dans le cadre du Master Professionnel de l'Institut
d'Aménagement et d'Urbanisme de Lille, j'ai réalisé un
stage au sein de l'équipe de Maîtrise d'oeuvre Urbaine et Sociale
de la ville de Fontaines-sur-Saône.
Sous l'autorité de la ville, le stage est une
commande partenariale réalisée entre la Commune de Fontaines sur
Saône, la Communauté Urbaine du Grand Lyon et l'Etat.
Pourquoi ce stage
Les dispositifs de la politique de la ville ne
m'étaient pas inconnus. J'avais réalisé un stage à
la Communauté d'Agglomérations de Grenoble (38) au service de la
Rénovation Urbaine. Par ailleurs, et en continuation de ce stage dans
lequel je fus confrontée à la problématique des
relogements dans le cadre des projets de rénovation urbaine, j'ai
rédigé un mémoire sur la place des habitants dans ce type
de procédure, à Roubaix (59), quartier des Trois
Ponts.
Ainsi, fortement intéressée au programme
national pour la rénovation urbaine, j'avais, a fortiori, eu
connaissance des dispositifs de la politique de la ville, de leur
spécificités et de leur enjeux. Mais je n'avais qu'une
connaissance partielle de ceux-ci. En effet, je n'avais abordé qu'un des
deux piliers de la politique de la ville, la rénovation urbaine.
L'aspect social de la politique de la ville me restait
méconnu.
Or, l'intérest et la spécificité
de la politique de la ville est bien sa forme transversale qui aborde la
question urbaine dans sa globalité. En abordant uniquement l'aspect
urbain, j'adoptais une position parfois critique sur la politique de la ville.
Il me semblait que les opérations de démolitions pouvaient
s'apparenter à un aveu d'échec de l'urbanisme contemporain et des
politiques menaient en direction des quartiers1 . Par ailleurs,
j'avais notamment fortement souligné la place restreinte accordée
aux habitants dans les programmes de rénovation urbaine.
En consacrant un stage de 6 mois sur un contrat urbain
de cohésion sociale, pilier sociale de la politique de la ville, je pu
compléter ma connaissance sur ce dispositif si spécifique de la
politique de la ville.
Rattachée à une Equipe de maîtrise
d'oeuvre Urbaine et sociale (EMOUS), composée d'un Chef de projet et
d'un Agent de développement, je fus chargée d'offrir un appui
pour l'évaluation du Contrat Urbain de Cohésion Sociale de la
commune de Fontaines-sur-Sâone.
Fontaines-sur-Saône est une commune de 232
hectares située à 12 kilomètres au Nord de Lyon, sur la
rive gauche de la Saône. La commune compte 6 463 habitants2 et
est l'une des communes les plus urbanisées du « Val de Saône
», secteur situé au Nord Ouest de l'agglomération Lyonnaise.
Membre de la communauté urbaine du Grand Lyon, Fontaines-sur-Saône
mène une politique de développement social urbain sur deux
territoires dits prioritaires :
1
Thomas KIRSZBAUM, Renovation urbaine, les lecons
americaines, Presses universitaires de France, 2006
2 RPG INSEE 2005
-le quartier des Marronniers, situé dans la
partie haute de la ville est classé Zone Urbaine sensible depuis 1996 et
est aujourd'hui classé en priorité 3 dans la politique de la
ville.
- la Norenchal, qui n'est pas un quartier en soit,
mais plutôt un ensemble urbain, composé de 4 barre R+10
situé en proximité immédiate du centre ville de la ville
de Fontaines sur Saône. Ce grand ensemble, classé en
catégorie 1, fait actuellement l'objet d'importants travaux de
restructuration dans le cadre d'un programme de renouvellement urbain et
l'ensemble des bâtiments fait l'objet d'opérations de
démolitions.
Ces deux territoires sont visés par un Contrat
Urbain de Cohésion Sociale (Cucs). Les Cucs sont les héritiers du
Contrat de ville. Créés par la loi d'orientation et de
programmation du 1er août 2003 relatif au Plan de cohésion
sociale, ils sont un dispositif contractuel d'une durée 3 ans
renouvelable deux fois. Les CUCS représentent le volet « social
» de la politique de la ville. Leurs actions sont tournées
essentiellement vers les personnes et concourent au lien social, au
développement économique, à la réussite
éducative, à la médiation sociale. Les CUCS ciblent les
quartiers prioritaires et, au-delà du critère territorial, vise
un public défavorisé. Ils sont aujourd'hui, en parallèle
avec le programme national pour la rénovation urbaine, l'outil pour la
mise en place d'action au sein des quartiers dits « sensibles ». Ce
dispositif contractuel couvre cinq thèmes : la santé,
l'éducation / formation, la prévention / la
sécurité, la participation des habitants et
l'habitat.
Néanmoins, de manière
générale, la politique de la ville ne doit pas se substituer aux
politiques de droit commun, mais, au contraire, elle doit les compléter
ou les animer.
Ainsi à Fontaines-sur-Sâone, dans le
cadre de la convention locale du Cucs, de nombreuses actions relevant de ces
axes sont mis en oeuvre depuis 2007.
L'année 2009 marquait la fin de la
première période des CUCS. C'est l'heure du bilan de l'ensemble
de ces actions opérées. L'année 2009 est alors une
année charnière pour les dispositifs de la politique de la
ville.
Tout d'abord, c'est l'année de
l'évaluation des Cucs. La circulaire relative aux Cucs place
l'évaluation comme une obligation contractuelle. Sur tous les
territoires, les équipes de maitrise d'oeuvre urbaine et sociale
s'appliquent à évaluer les actions menées ces trois
dernières années.
De plus, jusqu'à peu, l'année 2009
marquait le temps de la prochaine programmation pour les trois années
futures. Néanmoins, en avril 2009, la secrétaire
générale à la ville, Fadela Amara, a repoussé d'un
an les Cucs actuel et ainsi reporté la programmation à
l'année 2010.
Enfin, le Comité Interministériel
à la ville (anciennement la DIV) est actuellement en pleine
réflexion sur l'avenir des dispositifs de la politique de la ville et la
géographie prioritaire qu'elle sous-tend. Le contexte enclin à de
nombreux questionnements. Les émeutes urbaines de 2005 ont
constitué l'événement déclencheur de ces
réflexions. Le livre vert paru en mars 2009 reprend ces questionnements
et interroge les possibilités d'une réforme de la politique de la
ville, de ces modes d'intervention et de ses champs d'application.
La mission l'évaluation
Dans ce contexte, la ville, le Grand Lyon et l'Etat
m'ont confiés une mission d'appui pour l'évaluation du CUCS de
Fontaines-sur-Saône. La commune a fait le choix de faire une
évaluation large sur l'ensemble des thèmes traités par le
CUCS. Ainsi, en supplément du traditionnel et obligatoire bilan de
programmation, j e fus chargée d'appuyer l'EMOUS pour :
- effectuer une évaluation de l'aménagement
des espaces extérieurs réalisé dans le quartier des
Marronniers
- organiser des ateliers participatifs pour construire un
diagnostic partagé et qualitatif
- créer et renseigner un référentiel
statistique offrant une vision quantitative du territoire et de son
évolution socio démographique.
Tout l'enjeu de cette évaluation est d'être
en mesure de saisir la transversalité de la politique de la ville et
d'embrasser l'ensemble des domaines de l'action publique à un niveau
territorial donné.
La mission du stage, si elle s'applique à un
niveau local, s'inscrit dans une démarche nationale. On ne peut
appréhender l'évaluation locale sans adopter le recul
nécessaire pour comprendre la démarche générale.
Ainsi, le rapport présenté s'attache au contexte national afin de
comprendre la situation locale.
Méthodologie
Ce mémoire ne doit pas présenter les
résultats des travaux effectués durant les 6 mois de stage. En
effet, s'ils ont fait l'objet d'une démarche proche d'un travail
universitaire, ils se présentent sans le recul nécessaire pour
les appréhender. Sans être des résultats bruts, l'analyse
réalisée se plante dans un champ très étroit, sans
prendre en compte le contexte plus global. A l'inverse, le travail
présenté dans ce document veut aborder l'évaluation en
tant « qu'objet scientifique » et considérer cette action
comme un phénomène « total ».
Pour être en mesure d'aborder
l'évaluation du Contrat Urbain de Cohésion Sociale de Fontaines
sur Saône en tant que « objet » d'étude, il convient
d'adopter une posture épistémologique. L'évaluation d'une
politique publique ne va pas de soit. Elle n'est pas une entité
naturelle mais une construction sociale. Dès lors, il est possible de
l'aborder au travers du prisme des sciences sociales, notamment de la science
politique et de la sociologie. En tant que construction sociale, il est
nécessaire de mettre en évidence les enjeux, les jeux d'acteurs
et les limites relatives à l'évaluation.
Pour traduire ces différents
phénomènes, une démarche consiste à
décortiquer l'objet d'étude. Il est possible de dissocier les
différents éléments qui constituent l'évaluation.
L'évaluation d'une politique publique vise à produire des
connaissances sur les programmes et politiques publiques, notamment quand
à leur effets, dans le double jeu de permettre aux citoyens d'en
apprécier la valeur et d'aider les décideurs à en
améliorer la pertinence, l'efficacité, l'efficience, la
cohérence et les impacts. De manière synthétique,
l'évaluation consiste en la production d'une forme de connaissance ;
connaissance qui doit être à même d'orienter la
décision politique.
L'évaluation procède donc d'une triple
démarche.
Premièrement, elle est l'étude d'une
politique publique précise. La politique étudiée, sa forme
institutionnelle, les champs qu'elle couvre et les acteurs qu'elle engage
orientent nécessairement la démarche évaluative. Le
contexte de l'évaluation, les champs visés,
l'échéance, la commande sont des éléments
déterminants qu'il convient d'analyser. La pratique évaluative
des dispositifs de la ville est ainsi l'une des plus anciennes en France. Il
semble exister un véritable lien de nécessiter entre la politique
de la ville, véritable politique de projet, et l'évaluation
publique. Cette relation étroite et historique se caractérise sur
le plan national par une obligation d'évaluation des résultats et
au plan local par une mission d'appui pour l'évaluation locale (PARTIE
I)
Deuxièmement, l'évaluation est la
production de connaissances. L'évaluation repose sur une démarche
scientifique et productrice de résultats. Au niveau local, cette
démarche s'est traduite par la déclinaison de l'évaluation
en plusieurs axes d'analyse. Bien au delà d'une évaluation des
résultats, et de la mise en corrélation des input/output,
l'évaluation locale de Fontaines-sur-Saône a pour volonté
d'être large et transversale. Néanmoins, la pertinence des
résultats est limitée. Le contexte, dans le cadre d'une
évaluation, et les objets étudiés, les évolutions
sociodémographiques et urbaines, limitent considérablement
l'objectivité et la scientificité des résultats. (PARTIE
II)
Enfin, l'évaluation alimente la décision
publique. L'évaluation n'est donc pas seulement production de
connaissances. Elle est aussi l'intégration, le « reversement
» de ces connaissances dans le processus politique. Le moment de
restitution est ainsi un temps fort de l'évaluation. Dans le cadre du
CUCS, l'évaluation doit permettre d'engager une analyse critique sur les
actions menées depuis trois ans, donner les éléments pour
la prochaine programmation et alimenter la réflexion pour la prochaine
géographie prioritaire. Pourtant, la production de connaissances n'est
pas nécessairement reçue, intégrée dans le
processus politique. La légitimité de l'évaluation aux
yeux de la sphère politique, les paramètres institutionnels et le
registre d'attente des acteurs conditionnent le « reversement » des
résultats produits. (PARTIE III)
INTRODUCTION........................................................................................................5 CHAPITRE
1 : POLITIQUE DE LA VILLE ET EVALUATION : UN LIEN DE NECESSITE ....
13
1.1 La politique de la ville : une politique de
projet............................................................................................15
1.1.1 De la question urbaine au plan espoir Banlieue,
30 ans d'intervention publique 15
1.1.2 Les caracteristiques de la politique de la
ville 19
1.1.3 La structure actuelle de la politique de la
ville 25
1.2 Politique de la ville et evaluation
....................................................................................................................29
1.2.1 L'evaluation des politiques publiques
29
1.2.2 La diversite des demarches evaluatives
31
1.2.3 Politique de la ville et evaluation un lien de
necessite 34
1.3 Un exemple local : l'evaluation du CUCS a
Fontaines-sur-Satine
...............................................................37
1.3.1 Presentation du territoire 37
1.3.2 Le Projet Urbain de Cohesion Sociale
42
1.3.3 Presentation de la mission d'evaluation
46
Conclusionchapitre 1
................................................................................................................................................49
CHAPITRE 2 . PRESENTATION ET ANALYSE CRITIQUE DES
RESULTATS DE L'EVALUATION LOCALE
...........................................................................................
51
2.1 Le referentiel d'indicateurs, quelles limites de la
quantification statistique
9............................................53
2.1.1 Statistique et politique de la ville
53
2.1.2 Methode de construction 55
2.1.3 Liste des indicateurs 56
2.1.4 Les limites de l'analyse statistiques
56
2.2 L'enquete de satisfaction, revelatrice de l'opinion
des habitants 9
.............................................................58
2.2.1 Presentation de la methodologie
58
2.2.2 Les resultats : mise en evidence des points
sensibles 59
2.2.3 « L'opinion publique n'existe pas »
,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,61
2.3 Observation de l'usage des espaces publics
...................................................................................................64
2.3.1 Presentation de la methodologie
64
2.3.2 Les conclusions de l'observation
68
2.3.3 Analyse critique des resultats
71
2.4 Les groupes de travail, pour une evaluation
partagee9................................................................................73
2.4.1 Presentation 73
2.4.2 Objectif : La construction en commun
75
2.4.3 Une anlayse «partagee»?
75
Conclusionchapitre 2
................................................................................................................................................78
Chapitre 3. L'EVALUATION DU CUCS, UN OUTIL D'AIDE A LA
PRISE DE DECISION ?
81
3.1 La demarche evaluative, quelle legitimite de
l'evaluation 9 83
3.1.1 Les principes déontologiques
83
3.1.2 L'organisation de la démarche
évaluative locale 85
3.1.3 Le phasage d'évaluation
90
3.2 Les parametres institutionnels : les limites
structurelles de l'evaluation de la politique de la ville 93
3.2.1 La diversité des thèmes
abordés 93
3.2.2 L'organisation institutionnelle atypique :
l'articulation politique de la ville et politiques de droit
commun 96
3.2.3 La géographie prioritaire : des
territoires évolutifs 98
3.3 Le registre d'attentes des acteurs 1 04
3.3.1 Une évaluation partenariale : du local
au national, une lecture à trois niveaux 104
3.3.2 Une évaluation sans ligne de conduite
107
3.3.3 Une évaluation incomplète
110
Conclusionchapitre 3
..............................................................................................................................................113
Conclusion Final
e$$$$$$$$$$$$$.$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$115
Bibliographie.........................................................................................................
117
ANNEXES
TABLE DES MATIERES IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saone
- 1 0 - Ann~e universitaire 2 008-

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CHAPITRE 1.
POLITIQUE DE LA VILLE
ET EVALUATION : UN LIEN
DE NECESSITE
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 13 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Le stage réalisé à
Fontaines-sur-Saône relève de la relation étroite qui lie
la politique de la ville et l'évaluation des politiques publiques. Pour
appréhender la mission de stage, sa forme et ses enjeux, il est
nécessaire d'opérer, dans un premier temps, un travail
sémantique. En effet, la politique étudiée, sa forme
institutionnelle, les champs qu'elles couvrent et les acteurs qu'elles engagent
orientent nécessairement la démarche évaluative.
Dès lors, il s'agit de définir ce qu'est réellement la
politique de la ville, ses origines, ses caractéristiques et ses
applications (1.1). De plus, il faut étudier l'évaluation des
politiques publiques dans sa globalité, en considérant toutes les
méthodes évaluatives, pour établir le lien historique et
nécessaire qui lie l'évaluation et la politique de la ville
(1.2). Enfin, à partir de ce « défrichage », la
description du stage, en identifiant le territoire et la mission
d'évaluation, permet de contextualiser ce lien étroit entre
politique de la ville et évaluation (1.3).
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 14 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
1.1 LA POLITIQUE DE LA VILLE : UNE POLITIQUE DE
PROJET
Depuis son origine, la politique de la ville a pour
objectif la prise en compte des territoires en difficulté au sein des
villes, par une politique publique adaptée. Mais, en dépit d'une
histoire longue, son objet et ses modalités d'intervention restent mal
identifiés.
D'une part, son objet même, « les
territoires en difficulté » repose sur un flou sémantique.
La définition même de territoire renvoie aussi bien à une
dimension spatiale, le lieu, qu'à une dimension sociale, la population.
Dès lors, la politique de la ville adopte l'apparence d'une action
hybride. Son objet est global, et à l'inverse des autres politiques
sectorielles, elle s'engage de fait à traiter aussi bien les lieux que
les personnes.
D'autre part, la politique de la ville renvoie
à de nombreux acteurs et de très multiples dispositifs qui ont
fortement évolué depuis les années 80. La politique de la
ville trouve ses représentants autant dans les instances de l'Etat que
dans les collectivités territoriales. Et au fur et à mesure que
la politique de la ville s'institutionnalise depuis trente ans, elle est
régie par un nombre croissant de textes et
réglementations.
Ainsi, la politique de la ville, tant par son objet,
que dans ses modes d'application, semble être de géographie
variable et de grande complexité. Cette inconstance peut engendrer des
difficultés de lecture quant aux fondements de la politique de la ville.
S'agit-il d'une politique urbaine ou sociale ? Traite-elle de la ville, des
quartiers ou des banlieues ? S'agit-il d'une politique locale ou nationale
?
En effectuant un retour historique sur
l'émergence de la « question urbaine » et l'apparition des
politiques de la ville, il est possible d'identifier les
spécificités de cette action publique et de comprendre sa
structure et organisation actuelle.
1.1.1 De la question urbaine au plan espoir Banlieue, 30
ans d'intervention publique
La politique de la ville est consécutive de la
prise en compte de la « question urbaine » par les autorités
publiques dans les années 1970. A partir de cette date, l'Etat et les
instances locales engagent une action différenciée dans des
quartiers accumulant les difficultés socio-économiques. Et nombre
de textes juridiques et réglementaires vont permettre
d'institutionnaliser ce que l'on appelle, à partir des années 80,
la « politique de la ville ».
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 15 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
1.1.1.1 La question urbaine
Durant les années 70, les deux crises
pétrolières marquent la fin de la période des « 30
Glorieuses »3. Le ralentissement économique connu alors
se traduit par un chômage de masse, encore jamais
expérimenté depuis la fin de la guerre mondiale. La disparition
de l'emploi salarié touche particulièrement les classes dites
« populaires » issues du secteur industriel.
Parallèlement, c'est la période de
l'apogée du pavillon individuel avec notamment la mise en place du
Prêt à Taux Zéro. Les classes moyennes ont alors la
possibilité d'accéder à la propriété
individuelle. Elles quittent les grands ensembles construit durant
l'après guerre ou les centres villes touchées par
l'insalubrité pour migrer vers les banlieues pavillonnaire.
Cette conjugaison de facteurs, crise de l'industrie,
extension du tissu urbain, migration des classes moyennes vers l'habitat
individuel, entraîne l'apparition de très fortes disparités
au sein même du tissu urbain. Alors que les centres villes sont
rénovés et entament un processus de gentryfication à
partir du milieu des années 70, d'autres quartiers voient leur
population en voie de forte paupérisation et son habitat progressivement
dégradé.
Synthétiquement, les quartiers cumulant des
difficultés urbaines et sociales en cette période se
présentent en deux grandes catégories :
- les quartiers anciens oubliés par les mesures
d'éradication de l'habitat insalubre d'après guerre. Se sont
souvent des quartiers associés à une activité
économique dominante alors en reconversion (industrie minière par
exemple) et où la désintégration de l'espace de travail
pèse sur la ré -affection des espaces de vie.
- les grands ensembles d'habitats collectifs issus des
Zones à Urbaniser Prioritairement entre les années 50 et 70. Ces
quartiers, tout droit sortie de l'esprit des préceptes de l'architecture
moderne directement inspirée de la Charte d'Athènes signée
par Le Corbusier4, devaient répondre à la demande
urgente de logements due aux programmes de résorption de l'habitat
insalubre, de l'exode rurale vers l'urbain et de 'arrivée des
rapatriés d'Algérie. Mais, à la fin des années 70,
la spécialisation de la population de ces quartiers, l'architecture peu
adaptée aux usages sociaux, leur situation excentrée fondent les
critiques qui sont faites aux grands ensembles. L'urbain passe alors « du
statut de solution à celui de problème
»5.
Ce sont ces territoires urbains qui seront l'attention
de la politique de la ville. En 1977, le programme « habitat et vie
sociale » de Jacques Barrot, secrétaire d'Etat au logement, marque
les prémices de la politique de la ville. Le traitement urbain par
l'action publique n'est pas une nouveauté en France. Les politiques de
résorption de l'habitat insalubre et la constitution de Zone à
Urbaniser en Priorité étaient menées à grande
échelle au lendemain de la seconde guerre. Néanmoins, jamais une
action globale, mêlant une intervention urbaine à une politique
sociale n'avait été engagée. Or, le programme HVS veut
rénover et réaménager le cadre urbain. Il propose une
démarche transversale en s'attachant tant au vieillissement des
bâtiments qu'à la dérive sociale d'une population en voie
de paupérisation.
3 Jean FOURASTIE, Les Trente
Glorieuses ou la revolution invisible de 1946 a 1975, Fayard, Paris,
1979
4 David MANGIN, La ville
franchisee, Formes et structures de la ville contemporaine, Edition de la
Villette, Paris, 2004
Jacques DONZELOT, La ville a trois vitesses, Edition de
la villette, Paris, 2007.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 16 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Enjeux et limites de l~ivaluation locale du Contrat Urbain de
Cohesion Sociale 2007-2009 1.1.1.2 L'émergence de la politique
de la ville
La politique de la ville au sens propre du terme, ne
voit réellement le jour qu'à partir des années 1980. Cette
décennie est marquée par deux événements qui
constituent un contexte propice à l'émergence de cette
politique.
D'une part, au niveau institutionnel, les lois de
décentralisation de 1982-1983 renforcent considérablement le
pouvoir décisionnel des collectivités locales. Ainsi, les lois
Defferre engagent un important transfert de compétences du national vers
les collectivités locales, notamment en matière d'urbanisme. De
même, ces lois inscrivent la région comme collectivité
territoriale. Les principes de proximité et de subsidiarité
deviennent le coeur de la politique française. Le niveau
décisionnel de l'action publique est décliné au niveau le
plus approprié.
D'autre part, « l'été chaud »
de 1981, marqué par un certain nombre d'émeutes urbaines,
notamment dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, poussent
les autorités à reconsidérer l'action publique
inadaptée pour faire face à une problématique qui
dépasse les politiques sectorielles d'alors. En effet, ces violences
soulignent l'existence d`importantes disparités socio-économiques
inscrites géographiquement. Les autorités publiques et
intellectuelles prennent alors conscience de nouvelles formes de
pauvreté urbaine. Ainsi, les notions de précarité et de
grande pauvreté se formalisent en 1984 dans le rapport Dubedout. Ce
rapport met en avant deux mots clefs : solidarité et
responsabilité. Il engage une réflexion pour démocratiser
la gestion et d'autres pistes d'actions telles que équilibrer la
composition ethnique des quartiers, agir à un échelon
intercommunal, adapter les politiques d'attribution des logements et
requalifier l'urbanisme des quartiers pour prévenir
l'insécurité.
Dans ce contexte propice, la Commission nationale pour
le développement social urbain des quartiers se met en place. Dans le
cadre des contrats de plan Etat-Région, vingt-trois quartiers sont
sélectionnés pour bénéficier de la procédure
de développement social des quartiers (DSQ). Ce nombre évolue au
cours des plans suivants, 142 quartiers puis plus de 500 quartiers au cours du
Xème plan (1989-1993).
En 1984 est créer le Comité
Interministériel à la ville qui définit et coordonne
l'action de l'Etat et décide de l'attribution des financements du Fonds
social urbain.
1.1.1.3 La consolidation
A partir de la fin des années 80 et le
début des années 90, la politique de la ville est bien
ancrée dans le paysage politique. Débute alors une aire
d'institutionnalisation croissante de ses modalités d'actions, de ses
objectifs et de ses dispositifs qui s'attachent désormais à
appréhender la problématique urbaine dans sa globalité et
à inscrire les dispositifs dans la durée.
En 1988 s'institue la Délégation
interministérielle à la ville et le Conseil Nationale de la
ville. Elargissant le champ d'application du dispositif, le
développement social urbain (DSU) se substitue au DSQ. Il fonctionne sur
la base de contrats pluriannuels engageant Etat, collectivités et
partenaires locaux.
Après les émeutes de Vaulx-en-Velin en
octobre 1990, un changement d'échelle se produit. Pour la
première fois, le gouvernement intègre un poste de ministre de la
ville chargé de coordonner l'action. Une série de lois viennent
appuyer l'effort de globalisation de la prise en compte de la question urbaine
:
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 17 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
- la loi Besson en 1990 qui inscrit le droit au
logement
- la loi du 13 mai 1991 sur la solidarité
financière entre les communes
- la loi d'orientation pour la ville du 13 juillet 1991
qui s'attache à préserver l'habitat social dans les
centres villes et les quartiers anciens, à
réintégrer les grands ensembles dans la ville et à donner
aux villes les moyens d'une politique foncière en dégageant
davantage de terrain pour la construction.
En 1996 le Pacte de Relance pour la ville est
engagé. Il met l'accent sur l'activité économique et la
création d'emploi dans les quartiers en difficulté. Il
débouche sur la création de 3 entités : les « Zones
Urbaines Sensibles », les « Zones Franches Urbaines » et les
« Zones de redynamisation urbaine ».
En 1997, le bilan des 20 ans de la politique de la
ville est dressé. Pour limiter la multiplication des dispositifs de
zonage, les crédits annuel alloué à la politique de la
ville sont doublés et programmés sur 10 ans afin d'engager une
action à long terme.
Parallèlement, l'évolution des
institutions renforce le pouvoir local. En 1999, Les loi Voynet et
Chevènement modifient le portage institutionnel et renforce les
compétences de l'échelon local. La loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire en 1999,
dite loi Voynet, crée les contrats d'agglomération, conclus entre
l'Etat et les établissements publics de coopération
intercommunale, dont les contrats de ville constituent le volet social. La loi
Chevènement renforce et simplifie la forme intercommunale.
1.1.1.4 Le durcissement
La loi Solidarité et Renouvellement Urbain
(SRU) du 13 décembre 2000 et la loi d'orientation et de programmation
pour la ville et le renouvellement urbain, dite loi Borloo du 1 er aout 2003,
marque une certaine radicalité des mesures de traitement urbain. La loi
SRU entend rénover les outils de la politique urbaine pour éviter
la création de ghettos, le délabrement des centres villes et
l'étalement urbain. Elle impose notamment 20% de logements sociaux par
commune6 . La loi Borloo du 1er août 2003, quant
à elle, lance le programme nationale de rénovation urbaine, vaste
opération de réhabilitation, restructuration ou démolition
de plus de 500 quartiers. Mise en oeuvre par l'Agence Nationale pour la
Rénovation Urbaine (ANRU), ce programme engage près de 2,5
milliards d'euros. Celle loi réoriente la politique de la ville en
centralisant entre les mains de l'Etat les investissements sur le cadre
bâti (opération de démolition / reconstruction) et en
laissant aux collectivités les interventions qui relèvent de
l'accompagnement social (procédures de droit commun). Cette loi se situe
dans la logique de l'évolution de la politique de la ville, en
accentuant la focalisation de l'action publique de la géographie
prioritaire d'une part, et, d'autre part, en opérant une dissociation
entre l'action de l'Etat et celle des collectivités
territoriales.
6 Centre De Ressources Pour
La Politique De La Ville Paca, Politique de la ville au niveau national :,
disponible sur :
http://www.crpv-paca.org/2-politiqueville/niveau
national.php
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 18 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
L'évolution de la politique de la ville s'est
poursuivie. En réaction aux violences urbaines en 2005 qui ont
touché près de 300 communes sur l'ensemble du territoire
français pendant 25 jours, les autorités nationales ont
décrété la loi de programmation pour la cohésion
sociale. Cette loi excède le champ de la politique de la ville mais
complète en partie la loi de 2003. Les deux lois de programme initient
la rationalisation des moyens d'actions de l'Etat et la place accordée
aux partenariats institutionnels avec un renforcement des moyens d'actions de
l'Etat.
La politique de la ville s'est progressivement
institutionnalisée tout au long de ses 30 dernières
années. Historiquement, la politique de la ville s'est constituée
à partir d'un ensemble de procédures, de financement et d'actions
portés par un Etat central décliné à une
échelle locale (les contrats de plan Etat région).
L'organisation, l'action et les objectifs portés par la politique de la
ville furent par de nombreux aspects novateurs et restent aujourd'hui
très spécifiques.
La globalité de son objet se traduit par des
objectifs transversaux qui sont porté par une forme
singulière.
1.1.2 Les caractéristiques de la politique de la
ville
Après 30 ans d'institutionnalisation, la
politique de la ville reste mal identifiée. Mais cette politique
publique à néanmoins des finalités claires :
réunifier la ville par le décloisonnement et réconcilier
la ville par le rapprochement des populations7. Ainsi, pour
répondre à cet objectif, la politique de la ville profile,
à la sortie de ce mouvement d'institutionnalisation, une forme originale
qui recouvre une multiplicité de dispositifs, un mode de fonctionnement
singulier et un objet spécifique.
Aujourd'hui, la politique de la ville repose sur un
partenariat entre différentes instituions et collectivités pour
opérer sur un territoire strictement défini et engager des
actions dans plusieurs champs distincts. Ainsi, la politique de la ville est
une politique territorialisée, contractuelle et
multidisciplinaire.
1.1.2.1 Une politique territorialisée
Face aux transformations du modèle
d'intégration républicaine, la politique de la ville propose une
solution relativement inédite : la discrimination territoriale
positive8. La politique de la ville suggère de traiter de
manière différenciée et exceptionnelle des territoires, en
fonction des différentes difficultés ou handicaps que subissent
leurs habitants, de façon à les intégrer à la
ville. Le territoire devient alors l'objet même de la politique et est
l'élément qui donne la cohérence au modèle
d'action. Si d'autres pays ont développé des logiques
territoriales similaires, notamment en matière de réhabilitation
des « zones urbaines défavorisées », aucun ne semble
avoir poussé aussi loin que la France cette logique de
7 Gérard LE GALL,
Réunifier et réconcilier la ville - Constats et propositions,
Conseil économique et social, Paris, 2008
8 Philippe ESTE BEE, l'usage
des quartiers, Action publique et géographie dans la politique de la
ville (1982,1999), L'harmattan 2004
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 19 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
territorialisation des politiques sociales. Ainsi, en
France, « l'intégration n'est plus républicaine, elle est
urbaine »9
La politique de la ville a pour objectif, selon la loi
du 1 août 2003 de « réduire les inégalités
sociales et les écarts de développement entre les territoires
». La politique de la ville cible ainsi des territoires particuliers qui
enregistrent des écarts en termes social, économique et urbain.
Ce mode d'action repose sur une géographie prioritaire qui
procède d'une mise en place d'un zonage spécifique avec des
critères et avantages distincts.
Les premiers quartiers ont été
désignés à l'époque du IX plan (1984-1988). A
partir du pacte de relance pour la ville en 1996, les autorités
publiques classifient de manière stricte les quartiers en 3
catégories :
- les zones urbaines sensibles sont définies
comme des zones "caractérisées par la présence de
grands ensembles ou de quartiers d'habitat dégradé et par un
déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi.
Elles comprennent les zones de redynamisation urbaine et les zones franches
urbaines."
- Les zones de redynamisation urbaine correspondent
à celles des zones urbaines sensibles qui sont confrontées
à des difficultés particulières, appréciées
en fonction de leur situation dans l'agglomération, de leurs
caractéristiques économiques et commerciales et d'un indice
synthétique. Celui-ci est établit « en tenant compte du
nombre d'habitants du quartier, du taux de chômage, de la proportion de
jeunes de moins de vingt-cinq ans, de la proportion des personnes sorties du
système scolaire sans diplôme et du potentiel fiscal des communes
intéressées ».
- Les zones franches urbaines sont
créées dans des quartiers de plus de 10 000 habitants «
particulièrement défavorisés au regard des critères
pris en compte pour la détermination des zones de redynamisation urbaine
».
A l'heure actuelle cette classification perdure.
Aujourd'hui, il existe 751 ZUS, et au sein de celles-ci, 416 ZRU et 100
ZFU.
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Figure 1: L'articulation des zones d'interventions de la
politique de la ville, source : Cours des Comptes
9Philippe ESTEBEE, l'usage
des quartiers, Action publique et geographie dans la politique de la ville
(1982,1999), L'harmattan 2004
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 2 0 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Parallèlement, la loi d'orientation et de
programmation du 1 août 2003 relatif au Plan de cohésion sociale
qui crée les Contrat Urbain de cohésion sociale a mis en place
une méthode consistant à grouper les quartiers en trois
catégories différentes des ZUS selon les difficultés
socioéconomiques auxquelles ils étaient confrontés. Ces
catégories, catégorie 1, 2 et 3 définissent
l'intensité des moyens à affecter dans les quartiers. Ainsi
:
- les quartiers catégorie 1 sont des «
quartiers dans lesquels une intervention massive et coordonnée de
l'ensemble des moyens est absolument indispensable »
- les quartiers de catégorie 2 sont des
« quartiers dans lesquels les difficultés sociales et
économiques sont moindres mais pour lesquels la mobilisation de moyens
spécifiques au delà des moyens de droit commun est
néanmoins nécessaire »
- Les quartiers de catégorie 3 sont des
« quartiers où les moyens à mettre en oeuvre
relèvent davantage de la prévention ou de la coordination des
moyens de droit commun »
Ces deux types de classement, celui issu du Pacte de
Relance pour la Ville et de la loi du 1 août 2003 relatif au Plan de
cohésion sociale, se superposent. Toutes ZUS correspond à un
certain niveau de catégorie. A l'inverse, certain quartier, non
classés comme étant une ZUS sont des quartiers prioritaires
auxquels correspond un certain niveau de catégorie.
Les avantages attachés à ce zonage ont pour
finalité principale :
- le développement de l'emploi
- le maintien de la diversité des fonctions
urbaines (exonérations fiscales et sociales pour les employeurs) et du
logement au sein de ces quartiers,
- la diversité de la population y résidant
(exonération de surloyer),
- le maintien des services au public (l'aide aux
collectivités locales pour lesquelles la présence d'une telle
zone signifie un surcroît de charges (surclassement
démographique),
- l'aide aux bailleurs sociaux gestionnaires des
logements dans ces quartiers (exonération de la taxe foncière sur
les propriétés bâties (TFPB).
Néanmoins, ce zonage rigoureux ne doit pas cacher
une très grande diversité entre tous ces quartiers et ne doit pas
être entendu comme l'interprétation d'une réalité
de facto.
En effet, les ZUS, les ZFU et les autres quartiers
prioritaires, ne sont pas des entités naturelles et la géographie
prioritaire recouvre une très grande diversité de quartiers. Loin
de l'imaginaire commun des grands ensembles en banlieues des grandes villes,
les caractéristiques urbaines et sociales des quartiers ciblés
par la politique de la ville sont hétérogènes. Dans les
années 90, l'Insee repérait six types de quartiers au sein de la
géographie prioritaire (cette géographie n'a pas
évoluée de manière franche depuis). Ainsi, aujourd'hui et
de manière plus synthétique, il est possible de regrouper les
quartiers « politique de la ville » en quatre grandes
catégories.
- les anciennes ZUP, quartiers emblématiques et
historiques de la politique de la ville qui
présentent un habitat très dense. D'u
point de vue du peuplement, ces quartiers présentent une proportion
d'actifs, de jeunes et d'étrangers élevées, un taux de
chômage et de précarité relativement faible par rapport
à la moyenne générale de la géographie prioritaire.
Ces quartiers sont essentiellement présents en Ile de Frances et en
région Rhône Alpes.
- les quartiers d'habitat social de l'ouest regroupant
essentiellement des employés avec un taux de chômage et de
précarité plus élevé que la catégorie
précédente.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 21 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
- Les quartiers ouvriers de la grande industrie
manufacturière essentiellement dans le Nord et en Lorraine,
marginalisés par les modes de production, peuplés essentiellement
d'une population vieillissante et en cours de dépeuplement.
- Les quartiers insalubres, vétustes et
précaires des centres de certaines villes, notamment dans le midi et le
nord dans lesquels vivent des actifs en situation de grande
précarité, proches ou au dessous du seuil de
pauvreté.
Notons que la présence de logements sociaux et
de population en voie de précarisation ne suffit à expliquer la
géographie prioritaire. Un autre critère a prévalue
à la définition des quartiers concernés. Celui-ci trouve
son fondement des les origines même de la politique de la ville. Celle-ci
est née de violences urbaines et, depuis, cette politique avance au
« rythme des émotions urbaines10 » (1981 les
Minguettes, 1990 Vaulx-en-velin, 2005 Cergy Pontoise). Dès lors, la
dimension de l'ordre public est essentielle pour la délimitation des
territoires. La menace d'un foyer de violences urbaines est un
élément déterminant de la sélection des
territoires. L'apparition de l'expression « quartier sensible » pour
désigner les territoires de la géographie prioritaire
résume bien ce sentiment.
1.1.2.2 Une politique multidisciplinaire
L'objectif de la politique de la ville est de
réduire les écarts territoriaux afin de réunifier la
ville. Les actions menées dans ce sens sont à la fois
destinées à traiter les effets mais aussi les causes de ces
disparités. Le seul élément qui donne de la
cohérence au modèle d'action de la politique de la ville est le
« quartier », véritable objet de la politique. Ainsi, la
politique de la ville recouvre une grande diversité d'interventions
relevant à la fois de l'aménagement urbain, de l'action sociale,
de l'éducation, de la prévention de la délinquance et de
la sécurité, du développement économique, de
l'emploi et de l'insertion professionnelle. Le champ d'intervention de la
politique de la ville est globale et concerne l'ensemble des domaines de
l'action publique.
Depuis mise en place des premiers dispositifs, trois
approches ont successivement été privilégies. La
priorité a été dans un premier temps la requalification
urbaine puis l'animation sociale pour enfin devenir la revitalisation
économique. De plus, à chaque dimension il convient de souligner
les dimensions de la sécurisation et de la lutte contre la
délinquance, et plus récemment celle de la santé qui ont
toujours été présentes à des degrés
variés.
Requalification urbaine
Face à la dégradation constante et
rapide du cadre de vie sur de nombreux habitat social, l'Etat adopte un angle
d'approche particulier « Permettre à chaque citadin
d'accéder à la qualité de la ville, c'est-à-dire de
pouvoir disposer de services urbains, publics ou privés de
proximité ou d'une mobilité pour y accéder,
prétendre à la qualité de son logement et de son
environnement et vivre dans un cadre de vie en toute
10
Jacques CHEVALIER, Sociologie critique de la politique
de la ville, une action publique sous influence,
L'harmattan, Paris, 2005
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 22 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
sécurité11 ». Cette
dimension est traitée de manière préventive à
travers la Gestion Urbaine de Proximité, ou de manière curative
avec les opérations de rénovation urbaine.
Animation sociale
L'animation sociale existe depuis les origines de la
politique de la ville. Elle se traduit par le soutient des initiatives des
habitants, le renforcement de la place de l'habitant dans la gestion de son
cadre de vie et l'intervention publique pour maintenir et renforcer le lien
social. Ainsi, la question de la participation de l'habitant est au coeur de
l'animation sociale. Si la prise en compte du point de vue des habitants est
aujourd'hui intégrée au fonctionnement des politiques de droit
commun, la politique de la ville a poussé à la mise en oeuvre de
nouveau lieu de concertation et de nouvelles modalités pour soutenir les
initiatives citoyennes (le Fond Local au Initiative local par exemple). Par
ailleurs, la culture a aujourd'hui un rôle important comme outils
d'insertion et de lutte contre les discriminations.
Revitalisation économique
Les quartiers traités par la politique de la
ville présente de grands écarts en matière de
développement économique et sa population, peu qualifiée
et en situation de précarité, présente des taux de
chômage importants et est la première à souffrir de la
conjoncture économique. L'objectif de la politique de la ville en
matière d'économie est donc double. Elle veut favoriser le
développement économique au sein de ces quartiers en favorisant
l'installation d'entreprise dans ces territoires (via la défiscalisation
des entreprises par exemple). Par ailleurs, elle veut favoriser l'emploi de la
population de ces quartiers en tentant de réduire tous les freins
à l'emploi qui peuvent exister (sous qualification, discrimination,
marginalisation, etc)
Sécurisation
Les quartiers concentrant des difficultés
socioéconomiques aigües sont confrontés à «
diverses pathologies sociales12 », allant de
l'insécurité de proximité à des épisodes de
violences urbaines. Dès le début, la politique de la ville a
tenté de donner une réponse à ces phénomènes
en dissociant la dimension sécuritaire des mesures de prévention.
La première étant assurée par les services de l'ordre
nationaux (Police national et gendarmerie), la politique de la ville
privilégie les formules préventives. Elle veut ainsi «
dissuader le passage à l'acte » et vise ainsi à
rétablir le sentiment de sécurité dans ces
quartiers.
Santé
Peu prise en compte auparavant, la santé figure
aujourd'hui parmi les priorités assignées à la politique
de la ville. La santé fait ainsi partie des cinq thèmes
majeurs des Contrats Urbain de Cohésion Sociale. L'objectif est de
réduire les inégalités sociales et spatiales de
santé et de permettre un accès égal aux
11
Note de cadrage de la Div, DGUHC, USH, 1999
12 Claude CHALINE, Les politiques de la Wlle, Que
sais-je, Presse Universitaire Francaise, 2008
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 23 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
soins. Néanmoins, malgré l'affichage
national, les questions de santé bénéficient encore peu de
crédits aux niveaux des politiques locales13. Le volet
santé est nouveau. Le travail partenarial qu'il engage nécessite
d'être renforcé sur de nombreux territoires. La démarche la
plus propice à une telle dynamique partenariale est certainement les
Ateliers Santé ville. Crées en 2001, les ASV sont destinés
à rapprocher acteurs et professionnels de la santé pour qu'ils
élaborent des programmes de santé publique à
l'échelle locale.
1.1.2.3 Une politique partenariale et
contractuelle
Cette diversité de champs d'action oblige
l'engagement d'acteurs variés dans la politique de la ville. A chaque
champ d'intervention correspond une compétence qui relève d'une
institution spécifique. Ainsi, le choix d'une politique transversale
oblige la forme partenariale et explique l'importance du cadre contractuel. La
multidisciplinarité se décline en contrats locaux. Le contrat est
l'instrument de référence depuis le rapport Sueur en 1998 «
Demain la ville ».
Du fait de la décentralisation, l'Etat ne peut
agir seul dans la plupart des domaines concernés. Aussi la politique de
la ville repose-t-elle en grande partie sur la participation des
collectivités locales (régions, départements,
intercommunalités, communes) et sur celle de divers organismes tels que
la Caisse des dépôts et consignations, le FAS (Fonds d'action
sociale) ou les bailleurs sociaux notamment. Elle s'appuie aussi localement sur
le milieu associatif qui sert de relai vers les populations concernées,
dont « la participation, qui est désormais une priorité
affichée de la politique de la ville, conditionne le succès des
actions entreprises »14.
L'élaboration, la mise en oeuvre et le pilotage
des dispositifs de la politique de la ville procède ainsi d'un
partenariat articulé autour d'un binôme maire/ président de
l'EPCI et l'Etat.
A partir des années 90, la politique de la
ville subit une institutionnalisation croissante dont un des principaux enjeux
est d'impliquer l'appareil local de l'Etat dans cette politique.
Progressivement, les différents services de l'Etat présents dans
un département ont pris en considération la géographie
prioritaire dans leurs modes d'intervention. L'intégration des services
déconcentrés de l'Etat prend appui sur trois institutions
apparues dans les années 90 : les sous-préfets à la ville,
un fonds départemental de la politique de la ville et des «
délégués d'Etats » (qui sont depuis 2009 des «
délégués du préfet »). Le rôle de l'Etat
et de ces dispositifs est double : unifier l'Etat face aux collectivités
locales pour en faire un interlocuteur pertinent dans le cadre contractuel,
faire converger les efforts des services vers le traitement des quartiers
prioritaires et réguler/superviser les initiatives locales.
Néanmoins, si l'Etat inscrit les grandes
orientations et dispose des principales ressources budgétaires, les lois
de décentralisation ont fait des collectivités locales des
acteurs de plus en plus engagés dans le développement social
urbain. Ainsi, la commune, au-delà de constituer le relais des
dispositifs gouvernementaux, devient le siège de multiples initiatives
locales. La LOV et les lois SRU et relative aux
13 Collectif sante Rhone
Alpes, Sante et politique de la ville : affirmation et ambigultes, les cahier
du DSU, automne hiver 2008-2009
14
Cour des comptes, La politique de la ville, Rapport au
President de la Republique suivi des reponses des administrations et des
organismes interesses, 2002
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 24 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
responsabilités et libertés locales ont
doté les communes d'importantes compétences, notamment en
matière de logement (PLH).
En parallèle de ce binôme Etat/
commune-EPCI, les collectivités locales et les bailleurs sociaux sont
associés aux dispositifs de la politique de la ville. Ils sont alors des
partenaires incontournables.
Du fait du grand nombre d'acteurs engagés et
face la crise du modèle d'administration territoriale15, la
politique de la ville avance la solution contractuelle liant l'Etat aux
collectivités locales (région, commune, département) et
aux bailleurs sociaux. Ainsi, la dimension décentralisée et la
technique contractuelle sont fondatrices de la politique de la ville,
dès ses origines aux débuts des années 80. L'ensemble des
partenaires est associé dans le cadre d'un contrat dont la forme et le
nom ont évolué depuis 30 ans. Née avec le contrat de plan
Etat- Région, la politique de la ville s'est ensuite appuyée sur
les contrats de ville au début des années 2000 et repose
actuellement sur les Contrats urbains de cohésion sociale.
La démarche de « contrat » dans les
« politiques urbaines implique en général l'adoption d'une
norme chronologique particulière en ce qu'elle est ni la simple
annualité budgétaire ni la longue échéance des
finalités collectives ». Par ailleurs, « la contractualisation
est rarement un engagement strict, créant des contraintes sine qua
non, comme en droit privé. La contractualisation s'avère
ainsi porteuse d'une norme d'action basée sur le conventionnement et la
réciprocité potentielle16 ». Le choix d'un
modèle contractuel produit trois effets.
- il permet la construction d'un intérêt
général localisé, selon un mode procédural qui
s'oppose à un intérêt général substantiel et
déterritorialisé17 ;
- il entraîne une production de droits sociaux
localisés inscrit dans des orientations générales de
politiques publiques qui sans territoire resteraient lettre morte18
;
- la contractualisation mobilise différents
réseaux de politiques publiques qui permet de maintenir alignés
des acteurs aux horizons et aux intérêts
divergents19.
1.1.3 La structure actuelle de la politique de la ville
1.1.3.1 L'organisation institutionnelle
La politique de la ville est portée par une
architecture institutionnelle composée d'un cadre national et de
déclinaisons locale.
15 Jean-Pierre GAUDIN, « Contrats et convention : la
negociation des politiques publiques » in Le gouvernement des villes.
Territoires et pouvoir, Descartes et C, 1997
16 Jean-Pierre GAUDIN, «
Politiques urbaines et negociation territoriales. Quelle legitimite pour les
reseaux de politiques publiques ? » Revue francaise de science politique,
1995, vol 45, n°1.
17Pierre LASCOUMES,
«Le bien commun comme construit territorial. Identite d'action et
procedures, Politix, 1998.
18 Rene LAFORE, l'ordre
consensuel. Le droit des politiques sociales, Le nouveau mascaret n°37,
1995
19 Jean-Paul GAUDIN, Contrats
et convention : la negociation des politiques publiques » in GAUDIN JP, Le
gouvernement des villes. Territoires et pouvoir, Descartes et C,
1997
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 25 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Au niveau national, les instances de l'Etat donne les
grandes orientations et les financements de la politique de la ville. Le
ministère de la ville dispose d'un budget propre. Le comité
interministériel des villes, encore nommé très
récemment la Direction Interministérielle à la ville, est
directement placé sous la tutelle du ministre en charge de la ville,
actuellement Fadela Amara. Son secrétariat général assure
la tutelle administrative et la synergie de deux agences : l'Agence nationale
pour la rénovation urbaine (Anru) et l'Agence nationale pour la
cohésion sociale et l'égalité des chances
(Acsé).
Enfin, au niveau national, le conseil national des
villes est une instance de concertation et de proposition. Il est
présidé par le Premier ministre ou le ministre en charge de la
Ville.
Au niveau local, les services
déconcentrés de l'Etat et les collectivités territoriales
se coordonnent pour assurer le portage des projets.
L'Etat est présent au niveau local au travers
des préfets de régions, des sous préfets de ville, des
délégués du préfet et des préfets
délégués à l'égalité des chances. Le
préfet de région est l'interlocuteur premier du Conseil
régional. Le préfet de département est responsable de la
mise en oeuvre de la politique de la ville à l'échelle du
département et mobilise tous les services déconcentrés
concernés. 31 sous-préfets chargés de mission pour la
politique de la ville ont été nommés dans les
départements les plus concernés par la politique de la ville. Ils
coordonnent les services de l'État et jouent un rôle de dialogue
avec les collectivités locales.
6 préfets délégués
à l'égalité des chances ont été
nommés dans les départements les plus concernés par les
problématiques urbaines, à la suite des émeutes urbaines
de novembre 2005.
Les délégués du préfet,
postes créés cette année, remplacent les
délégués de l'Etat. Ils ont pour mission de relayer
l'action du préfet délégué ou du sous-préfet
au plus près du terrain et l'informe sur la situation du
quartier.
Les lois de décentralisation ont fait des
collectivités locales des acteurs de plus en plus engagés dans la
politique de la ville. Les communes détiennent d'importantes
compétences notamment en matière de logement et d'urbanisme (PLH,
PLU). En matière politique de la ville elles sont porteuses de projet.
La loi Chevènement en 1999 a permis d'opérer un transfert de
compétences des communes vers la forme intercommunale.
Par ailleurs, les services des autres
collectivités locales interviennent aussi dans la politique de la ville
dans les compétences qu'ils exercent de fait dans le droit commun.
Ainsi, tout le suivi social et l'aide à l'insertion sont
opérés par les services des départements. La région
assure un rôle important en matière de développement
économique et d'aménagement.
Enfin, d'autres partenaires peuvent être
associés comme les Caisses d'allocation familiale ou les bailleurs
sociaux
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 26 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
1.1.3.2 Les dispositifs
Programme national de rénovation
urbaine
Le programme national de rénovation urbaine
(PNRU) a été créé par la loi du 1er août 2003
d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation
urbaine. Son but est de financer des projets globaux de requalification des
quartiers portant, notamment, sur l'amélioration des conditions de vie,
le renouvellement de l'offre de logements sociaux ou encore le renforcement de
la mixité sociale. En fonction des projets établis par les
acteurs locaux, ce programme doit permettre sur la période 2004-2013 la
production et la démolition de 250.000 logements locatifs sociaux ainsi
que la réhabilitation de 400.000 logements du même
type20
.
Le Contrat urbain de cohésion
sociale
Le Contrat urbain de cohésion sociale a pris la
suite des contrats de ville à partir du 1er janvier 2007. Il
s'inscrit selon une géographie prioritaire redéfinie sous
l'égide de l'Agence Nationale pour la cohésion sociale et
l'égalité des chances (ACSé) qui cible les actions et les
moyens sur les territoires les plus en difficulté. Le CUCS est un
contrat de 3 ans, reconductible et soumis à
évaluation.
Les objectifs des CUCS sont regroupés selon 5
champs :
- développement économique
- amélioration du cadre de vie et de
l'habitat
- réussite éducative
- accès à la santé
- prévention de la délinquance
1.1.3.3 Les financements
La politique de la ville est financée par des
crédits spécifiques et par des crédits de droit commun. Au
niveau de l'Etat, les financements de la politique de la ville sont
centralisés par deux Agences.
L'Agence nationale pour la Cohésion et
l'Egalité des Chance (l'Acsé) est le premier opérateur de
la politique de la ville. Placé depuis 2009 sous la tutelle du ministre
charge du logement et de la ville, elle centralise et répartie les
crédits issus du Fond d'Intervention pour la ville (FIV) et finance le
volet social de la politique de la ville.
L'Agence national pour la Rénovation urbaine
(l'ANRU) finance, notamment au travers du 1% logement, les dépenses
d'investissement dans le cadre du projet de rénovation
urbaine.
20 Site du Sénat :
http://extranet.senat.fr/
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 27 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Au niveau local, chaque collectivité,
Région, Département, EPCI et commune, attribue des lignes de
crédits spécifiques politiques de la ville.
Par ailleurs, des organismes publics ou parapublics
peuvent participer aux financements d'actions de la politique de la ville
(Caisse d'Allocation Familiale, bailleurs sociaux).
Enfin, la politique de la ville est financée par
des crédits de droit commun (le CNASEA pour la formation et l'emploi,
fond FEDER, droit commun des collectivités locales, etc)
Ainsi, territorialisée, contractuelle et
multidisciplinaire, la politique de la ville propose un modèle d'action
publique alternatif. Face aux limites de l'Etat providence pour résoudre
les disparités sociales territorialisées, la politique de la
ville généralise la logique de projet comme mode d'action
publique. Ainsi, la politique de la ville est une politique de projet dont la
logique d'intervention oscille entre l'administration jacobine (un Etat central
qui applique une politique globale au nom de l'intérêt
universelle) et le principe de subsidiarité prôné par
l'Union Européenne (prise de décision au niveau local).C'est
ainsi une politique de projet qui nécessite, de fait, la mise en oeuvre
de démarche prospective et évaluative.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 28 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
1.2 POLITIQUE DE LA VILLE ET EVALUATION
La politique de la ville est une politique de projet. De
fait, il semble que politique de la ville et évaluation soient
intrinsèquement liées.
Pourtant, l'évaluation de l'action publique n'est
pas une démarche évidente et universelle, notamment en
France.
D'une part, la démarche évaluative est
très récente. L'évaluation des politiques publiques
résulte d'un long processus historique avec l'intégration
progressive du référentiel évaluatif anglo-saxon dans le
système administratif français. De plus, la démarche
évaluative est multiple. Il n'y a pas une méthode pour
évaluer une politique publique. Plusieurs postures évaluatives se
superposent et s'articulent dans la sphère politique française.
Enfin, la démarche évaluative est sélective. Toutes les
politiques publiques ne font l'objet d'une évaluation spécifique
et approfondie.
A travers l'analyse de ces trois
éléments, il s'agit de repérer les caractéristiques
qui lient évaluation et politique de la ville. Il est nécessaire
de repérer selon quel processus historique l'évaluation des
politiques publiques est apparue en France (1.2.1). Parallèlement, il
faut identifier les différents modes d'évaluation (1.2.2). A
partir de ces éléments de contexte, il est possible d'identifier
les différents liens qui unissent politique de la ville et
évaluation (1.2.3)
1.2.1 L'évaluation des politiques publiques
L'évaluation de l'action publique est d'abord
apparue dans les pays anglo-saxon avant d'intégrer le système
administratif français pour s'ériger en véritable mode de
gestion publique.
1.2.1.1 Emergence de l'évaluation
publique
L'évaluation publique est née aux Etats
Unis dès le début du XXème. Le «
référentiel évaluatif » correspond alors à la
« rationalisation des choix budgétaires » apparues dans les
années 1960 outreAtlantique. Cet ensemble de techniques de
préparation, d'exécution et de contrôle des
décisions budgétaires est fortement congruent à la logique
planificatrice qui domine en France à cette époque. «
L'évaluation est alors conçue comme un mode d'intervention des
sciences sociales dans le débat public, [...] elle est comprise comme
une activité de mesure n'accordant qu'une faible place aux aspects
qualitatifs21 ».
1.2.1.2 De l'injonction européenne à la
volonté nationale
21 PERRET Bernard,
L'evaluation des politiques publiques, Informations sociales n° 110, CNAF,
octobre 2003, disponible sur :
http://pagesperso-orange.fr/bernard.perret/Infos%20sociales%20-%20eval-%20perret.html
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 29 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
L'évaluation des politiques publiques n'arrive
en France qu'à partir des années 80. Cette décennie est
marquée par une forte injonction européenne pour une
évaluation systématique des programmes communautaires. Durant les
années 80, dans le domaine de la science et du développement,
0.5% à 1% du budget est consacré à l'évaluation.
Toute une série de séminaires sur l'évaluation font suite
à la création de cette nouvelle instance.
Le référentiel évaluatif
apparaît en France à partir des années 80 et devient «
discours de méthode et objet de pratique »22 dès
la même décennie. Or les domaines où cette démarche
émerge ne sont pas anodins Au niveau local, l'évaluation
s'applique aux politiques sociales. Au niveau central, c'est sur les politiques
dites transversales23 » Néanmoins, l'évaluation
publique reste de manière générale, marginale en France.
En 1989, Michel Rocard déplore « l'évaluation des politiques
publiques qui n'a pas encore véritablement trouvé sa place en
France, malgré les réflexions déjà menées et
en dépit de l'existence de nombreux mécanismes de contrôle
»24.. Face à cette faiblesse, le gouvernement, avec
Michel Rocard en tête, entame une réflexion pour définir
les meilleures modalités d'une prise en charge réelle et
permanente de la fonction d'évaluation.
Ainsi, les années 1990 marquent un tournant
avec la mise en place d'une politique nationale d'évaluation qui se
traduit par la création d'instances nationales contribuant à
l'évaluation des politiques publiques et à la promotion de
l'évaluation en tant que telle. Michel Rocard, alors Premier Ministre
affirme alors qu'il « ne peut y avoir ni autonomie sans
responsabilité, ni responsabilité sans évaluation, ni
évaluation sans conséquences ». Cette politique nationale de
l'évaluation est officialisée par un décret du 22 janvier
1990 créant le Conseil scientifique de l'Evaluation auquel a
succédé le Conseil National de l'Evaluation (décret du 18
décembre 1998). C'est essentiellement une circulaire du 9
décembre 1993 qui a assorti les Plans de contrats Etat-Régions et
les contrats de ville, premier dispositif de la politique de la ville, d'une
obligation d'évaluation à l'instar des mesures
préconisées pour l'évaluation des programmes
européens25 » puisque un règlement de la
même année rendait obligatoire l'évaluation des programmes
financés par les fonds structurels.
L'évaluation devient ainsi un moyen de
moderniser l'action publique et les interventions des administrations centrales
mais elle reste dans une logique très centralisée, restant dans
le cadre d'une injonction nationale ou européenne.
1.2.1.3 L'institutionnalisation de l'évaluation
systématique
La fin des années 1990 marque un réel
développement de l'évaluation en France. La
décentralisation permet aux collectivités territoriales de se
saisir progressivement des démarches évaluatives.
Notamment
22 Jacques ION, Michel
PERONI, Jacques ROUX, Evaluation, evaluabilite et action publique, in Cahier de
recherche, Pertinence, CCRESAL, 1996
23 Ibid.
24 ROCARD MICHEL, Circulaire
du 23 fevrier 1989 relative au renouveau du service public, disponible sur :
http://www.dsi.cnrs.fr/rmlr/textesintegraux/volume4/414-cirdu23-02-1989.htm
25 SOCIETE FRANcAISE DE
L'EVALUATION, L'evaluation en France, site de la SFE :
http://www.sfe.asso.fr/levaluation-france.html
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 3 0 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
pour leur politique sociale, leur politique en faveur
de l'emploi, ou encore leur politique d'aide aux entreprises.
En 1998, la création du Conseil National de
l'évaluation va ouvrir la voie par la mise en place de dispositifs plus
légers pour produire des évaluations plus rapides et plus
pragmatiques dont les décideurs pourront mieux se saisir. En 1999 est
créée la Société Française de l'Evaluation
(SFE), association regroupant les commanditaires, chercheurs et prestataires de
l'évaluation des politiques publiques. Cet organisme a pour vocation de
contribuer au développement de l'évaluation et de promouvoir son
utilisation dans les organisations publiques et privées. Comptant 250
adhérents en 2008, elle s'efforce de faire progresser les techniques,
les méthodes et de faire favoriser le respect de
règles.
La loi organique relative aux lois de finances du 1er
août 2001 (la LOLF) réforme en profondeur la gestion de
l'État dans le sens d'une gestion plus démocratique des finances
publiques. La LOLF marque un véritable tournant dans la place de
l'évaluation dans la mise en oeuvre des politiques publiques. Cette loi
systématise l'évaluation au travers la mise en place
d'indicateurs de résultat. L'évaluation est alors comprise comme
outil de gestion et de rationalisation de l'action publique.
1.2.2 La diversité des démarches
évaluatives
Progressivement, le système administratif a
intégré l'évaluation comme mode de gestion de l'action
publique. Ce bref détour historique souligne la difficulté de
définir les modalités et la forme d'une démarche
évaluative. Une cause de cette difficulté est la
définition même de l'évaluation.
Ainsi, cette parenthèse historique
nécessite d'être approfondie par une analyse sémantique,
voire épistémologique si l'on considère
l'évaluation au titre d'une science. Il est nécessaire de
préciser le contenu de la démarche même et sa place dans la
gouvernance publique.
D'après le préambule de la charte du
SFE, l'évaluation « vise à produire des connaissances sur
les programmes et politiques publiques, notamment quant à leur effets,
dans le double but de permette aux citoyens d'en apprécier la valeur et
d'aider les décideurs » et doit ainsi conduire à «
rationaliser la prise de décision publique, à moderniser la
gestion de l'administration et des services publics et à rendre plus
efficace la dépense publique ».
Cette définition donnent les objectifs de
l'évaluation : rationaliser, moderniser et rendre plus efficace le
secteur public et sa gouvernance. Il reste à définir
précisément la démarche évaluative.
En effet, il n'existe pas une méthode unique
d'évaluation. L'évaluation des programmes et politiques publiques
revêt des formes diverses, tant par sa méthode que par la
manière dont elle s'insère dans le système d'action. Cette
diversité reflète celle du contexte et des enjeux dans lesquels
l'évaluation s'inscrit.
En termes de méthode, il est possible de
distinguer trois niveaux de posture évaluative.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 31 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Enjeux et limites de l~ivaluation locale du Contrat Urbain de
Cohesion Sociale 2007-2009 1.2.2.1 La gestion axée sur les
résultats
A un premier niveau, l'évaluation est un mode
de gestion publique qui adopte les mêmes fins que les autres approches de
gestion telles que le contrôle administratif, le contrôle de
gestion ou l'audit. Toutes ces modalités recherchent à mesurer la
« performance » de l'action publique. La performance, notion relative
aux résultats obtenus renvoie à trois notions : la pertinence,
l'efficacité et l'efficience. La pertinence est l'articulation entre
objectifs et moyens. L'efficience est l'articulation entre les moyens et les
résultats. L'efficacité est l'articulation entre résultats
et objectifs.
RESULTATS

Pertinence
Ici, on retrouve le premier sens de la
rationalité, le degré « praxéologique » au sens
Wébérien.
En terme pratique, ce premier niveau évaluatif
ce traduit par la Gestion axée sur les résultats (GAR) ou du
Résult-Based Management en anglais. L'idée essentielle de la GAR
est d'axer la gestion sur l'obtention de résultats et non de
gérer les résultats. Ceci implique un changement de
mentalité qui se focalise sur les résultats puis identifie les
ressources nécessaires pour l'obtention de ses résultats. Le but
est de rationaliser l'action publique par la quantification d'objectifs et
l'adaptation des moyens mobilisés pour les atteindre. Ainsi, les
décisions des pouvoirs et autorités compétentes sont
prises en fonction des objectifs en termes de coût/ avantages et
coût /efficacité. La culture des résultats engage un
déplacement des priorités pour se concentrer sur les intrants
(inputs) vers les résultats (results) sans s'en tenir aux produits
(output) de la politique.
Cette démarche a été
étendue à tout le secteur public par la Loi Organique relative
aux loi de finances en 2001. Néanmoins, la culture de la performance
demeure bien moins poussée en France que dans d'autre pays occidentaux.
La conception française prend bien en compte les caractéristiques
avancées dans la gestion axée sur les résultats, mais dans
ses principes et non dans ses applications.
1.2.2.2 L'évaluation participative
A un niveau supérieur, la démarche
évaluative adopte une posture introspective. L'évaluation
participative est un mode de gestion publique dans une démarche
introspective car elle interroge la pertinence de l'action menée et
contribue à alimenter la connaissance politique et
citoyenne.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 32 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
L'évaluation participative est un processus
associant des experts en évaluation avec d'autre qui ne le sont pas. Le
partenariat et la négociation sont au coeur de cette démarche. Il
existe plusieurs formes d'évaluations participatives. En fonction de
cinq critères, contrôle, diversité, relation de pouvoir,
fluidité de la mise en oeuvre et profondeur de la participation, Valery
Ride distingue trois formes de l'évaluation
participative26.
+ l'évaluation pluraliste, dans laquelle,
l'évaluateur tout en ayant un grand contrôle sur le
processus, s'assure de prendre en compte la
diversité des points vue.
+ l'évaluation de type pratique,
réalisée dans le cadre d'un partenariat égalitaire dans
lequel les
relations de pouvoir sont neutres et la mise en oeuvre de
l'évaluation est fluide.
+ l'évaluation émancipatrice fait en sorte
que le processus évaluatif favorise le pouvoir d'agir des
parties prenantes en leur garantissant une participation
très développée.

Profondeur
Diversité
2
Contrôle
5
4
3
1
Fluidité Pouvoir
Pluraliste Pratique Emancipatrice
Figure 2 : Cotes des dimensions du processus selon les
formes d'évaluations participatives, Valéry Ride adapté
de Weaver et Cousins, 2 005
L'évaluation assure ainsi le deuxième
niveau de rationalité, le niveau « axiologique » en posant la
question de la détermination des fins.
1.2.2.3 La méthode Viveret
26 ,alery RIDE, Clarifier les
differentes formes de l'approche participative en evaluation de programme, in
Henry JACOT et Annie FOUQUET (dir), Le Citoyen, l'elu, l'expert, Pour une
demarche pluraliste d'evaluation des politiques publiques, L'Harmattan,
2004
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 33 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
En terme pratique, cette posture axiologique se
traduit notamment par la célèbre méthode Viveret. Cette
méthode du nom de son auteur, Patrick Viveret consiste à mettre
en exergue les désaccords qui nuisent à l'action pour les
transformer en ressources pour le débat public.
La méthode Viveret repose sur une
démarche construite en trois phases : « réduire
l'opacité », « construire les désaccords » et les
traiter.
- réduire l'opacité. Cette étape
se traduit par l'analyse des politiques afin « d'assurer que tous les
protagonistes du débat (...) disposent des éléments
d'information et de compréhension suffisants pour éviter des
malentendus ou des incompréhension qui créent de l'opacité
dans le débat27 ».
- la construction des désaccords ou
l'ajustement des politiques. Durant cette étape, les participants se
mettent d'accords sur les éléments à prendre en compte.
« Il s'agit de dégager la pépite du désaccord de la
gange du malentendu et du procès d'intention. Le ou les
désaccords sont en effet de vrais atouts dans l'enrichissement du
débat 28»
- le traitement des désaccords ou la
réorientation/adaptation de la politique. Cette phase correspond
à la phase de restitution de l'évaluation et à sa
réflexion quand à son usage dans la réorientation de la
politique. « Les désaccords étant construits et
formulés clairement, il s'agit de voir s'ils peuvent être soit
dépassés, soit enrichis ».
1.2.3 Politique de la ville et évaluation un lien de
nécessité
Politique de la ville et démarche
évaluative entretiennent un rapport étroit. D'un point de vue
historique, la politique de la ville fut l'un des tous premiers secteurs
publics dont le dispositif fut évalué en France. D'un point de
vue institutionnel, le portage partenarial rend l'évaluation quasiment
naturelle et obligatoire. Enfin, d'un point de vue opérationnel, la
politique de la ville étant une politique de projet, l'évaluation
constitue un outil de prédilection pour définir les actions
à mener.
1.2.3.1 Un lien historique
Depuis le VIIème plan en 1977, chaque
étape des politiques nationales en directions des quartiers d'habitat
social a soulevé des questions du contrôle ou
d'évaluation29. Ainsi, l'évaluation des politiques
publiques est née en France avec les contrats de plan Etats -
Région dans lesquels étaient inscrits les dispositifs de la
politique de la ville
La première évaluation de la politique
de la ville est réalisée en 1987 par un groupe du commissariat
général du Plan. Seize monographies sont réalisées
sur douze quartiers classés en « développement social des
quartiers » (DSQ) et quatre quartiers témoins. Cette
première évaluation reposant sur une rétrospective des
opérations menées sur chaque quartier a permis de montrer que la
politique de la ville est une politique nécessaire et qu'elle
mérite d'être poursuivie.
27 Patrick V(VERET,
L'evaluation des politiques et des actions publiques, la Documentation
francaise, 1989, Paris
28 (bid
29 Andre BRUSTON, A-t-on
jamais evalue la politique de la ville ? Les cahiers du DSU, automne
2004
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 34 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Suite à cette première
expérience, un comité d'évaluation de la politique de la
ville est mis en place en 1991. Ce comité est chargé
d'apprécier le contenu, les conditions de mise en oeuvre, et les effets
de cette politique, au regard des objectifs qu'elle poursuit. Cette instance se
heurte à une difficulté majeure lorsqu'elle veut mesurer les
effets de la politique de la ville et dépasser la technique de l'audit.
Ne disposant pas d'études conduites sur des quartiers n'ayant
reçu aucune intervention de ce type, la réalisation de ces
évaluations est limitée et ce comité d'évaluation
disparaît.
En 2002, un nouveau comité national
d'évaluation de la politique de la ville est crée, composé
de 30 membres choisis parmi des élus, des représentants des
administrations de l'Etat, des spécialistes de l'évaluation et
des professionnels de la politique de la ville.30
Ce comité est en charge de la rédaction
d'un rapport final de synthèse sur l'ensemble des travaux concernant les
évaluations des contrats de ville.
Parallèlement est crée en 2003,
l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) qui doit «
contribuer à une meilleure connaissance des territoires urbains en
difficulté et à l'évaluation des politiques publiques
menées en leur faveur. Ses principales missions sont de :
Mesurer l'évolution des inégalités
sociales et des écarts de développement entre les quartiers en
difficulté et leur agglomération ;

Suivre la mise en oeuvre des politiques publiques
conduites en leur faveur ;
Mesurer les moyens mobilisés et évaluer
leurs effets. »31
L'évaluation de la politique de la ville a pris
toute son importance dans les années 2000 avec la création de
deux instances spécifiques.
1.2.3.2 Un lien opérationnel :
La politique de la ville est une politique de projet.
Pour définir les actions à mener sur un territoire, elle doit
définir les ressources et les besoins de ce territoire. Le diagnostic
territorial apparaît comme un outil fondamental.
L'évaluation qui permet de juger les
résultats de la politique menée pour décider de la
reconduction ou de la réorientation des actions constitue une sorte de
diagnostic « ex-post ». « En se situant à
l'échelle de chaque site, la politique de la ville revêt un
caractère opérationnel et stratégique, qui décale
sensiblement la posture évaluative(...). L'enjeux est de constituer des
séries d'informations qui permettent d'intégrer à
l'action, c'est-à-dire aux choix de programmation. »32
Ainsi, l'évaluation de la politique de la ville oscille entre le
jugement des actions effectuées et les bases d'une réflexion pour
une prochaine programmation.
30 Arresté du 24
janvier 2002 portant création du Comité national
dRévaluation de la politique de la ville, disponible sur le site
Légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000227191&dateTexte=
31 Site du Comité
interministériel des villes, Les travaux de l'Observatoire des zones
urbaines sensibles, disponible sur :
http://www.ville.gouv.fr/article.php3?id_article=42
32 . MARESCA P. MADRY F.AGOSTINI, Pertinence des
indicateurs utilises pour l'evaluation des politiques de la ville, dans Cahier
de Recherche, Credoc
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 35 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Dès lors, l'évaluation de la politique
de la ville doit être opérationnelle. Tout en évaluant
l'efficience/ l'efficacité des actions menées,
l'évaluation doit définir comment, dans quel direction
réorienter la politique. Pour cela, l'évaluation doit être
en capacité de mesurer la performance du dispositif.
Par ailleurs, pour permettre
l'opérationnalité de l'évaluation, les circulaires du 15
septembre 2006 et du 1 er février 2007 insistent sur le fait que les
Cucs doivent intégrer la préoccupation évaluative
dès leur phase d'élaboration. Pour cela, elles soulignent qu'ils
doivent formuler des objectifs et des résultats attendus qui soient
évaluables.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 36 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
1.3 Un exemple local : l'évaluation du CUCS
à
Fontaines-sur-Saône
La mission du stage est l'évaluation du Contrat
Urbain de Cohésion sociale local.
Signé en 2007, le CUCS de Fontaines sur
Saône cible deux territoires, le quartier de la Norenchal et la zone
urbaine sensible des Marronniers. Reconduit d'un an, le Cucs prend fin en 2010.
Durant cette période de 4 ans, le Cucs est le document de mise en oeuvre
du projet urbain de cohésion sociale qui vise la réduction des
écarts socio-économiques et l'intégration de ces quartiers
au travers du développement social et urbain de ces territoires. Cet
objectif global s'effectue au travers la promotion de cinq thématiques
:
cadre de vie
réussite éducative
développement culturel
citoyenneté prévention de la
délinquance
lien social vivre ensemble
L'évaluation du CUCS doit définir la
performance des actions menées durant cette période et
établir les pistes pour la prochaine programmation. Ainsi,
l'évaluation locale figure une forme contextualisée du lien
étroit qui se profil entre évaluation et politique de la
ville.
1.3.1 Présentation du
territoire
La ville de Fontaines-sur-Saône est une commune
située à 12 kilomètres au Nord de Lyon, sur la rive gauche
de la Saône. Elle appartient à la communauté urbaine du
Grand Lyon.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 37 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité

Figure 3 : Situation de Fontaines-sur-Saône dans
la Communauté Urbaine de Lyon ; fond de carte :
sig.ville.gouv.fr,
figuration :A.Vigignol
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 38 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Enjeux et limites de l~ivaluation locale du Contrat Urbain de
Cohesion Sociale 2007-2009 1.3.1.1 Les caractéristiques urbaines
de la commune
La ville de Fontaine sur Saône compte 6 463
habitants33. Elle présente ainsi une densité de
population assez élevée avec 2897 habitants/km2 contre 1463
habitants/km2 pour le Grand Lyon. Cette forte densité procède
d'une faible part des logements individuels par rapport aux villes voisines.
Ils représentent 32% de l'ensemble des logements, soit un taux deux fois
inférieur que dans le secteur du Val de Saône. C'est ainsi l'une
des communes les plus urbanisées du « Val de Saône »,
secteur du Nord Ouest de l'agglomération, comptant 47 908 habitants
essentiellement répartis dans des communes de moins de 5000 habitants.
Par ailleurs, le taux de logements sociaux est de 25,73%. Le parc locatif
social est géré par trois bailleurs : l'OPAC du Rhône,
l'OPAC du Grand Lyon et HMF Habitat. Les logements sociaux sont répartis
sur l'ensemble de la commune avec de plus fortes concentrations sur les quais
de Saône, sur le plateau des Marronniers et à proximité
immédiate du centre bourg.

Figure 4 : Situation du parc locatif social de
Fontaines-sur-Saône fond de carte :
sig.ville.gouv.fr,
figuration :A.Vigignol
La ville présente une topographie très
particulière avec un écart de dénivelé de 100 m
entre le bourg centre et le plateau des Marronniers. Cette
caractéristique oblige à doubler les espaces de services et
de
33 RPG INSEE 2005
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 39 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
commerces. Ainsi, la ville, malgré sa taille
modeste, propose 2 mairies, 2 bibliothèques, 2 groupes scolaires
élémentaires.
En terme économique, Fontaines-sur-Saône
dispose d'une capacité de développement
limitée.
Sa capacité foncière est en effet faible
Elle offre peu d'emplois à ses résidents actifs ; 14,4% des
actifs ayant un emploi travaillent sur la commune34 .
Le dynamisme économique repose sur
l'activité commerciale avec une densité de commerce
supérieur à la moyenne nationale (97 commerces et services selon
ARSH marketing 2003). Les commerces présentent une forte vitalité
et attractivité.
La ville est, par ailleurs, a proximité de grandes
zones industrielles qui constitue des micros bassins d'emploi : la zone du
Périca, Genay, Rhodia.
1.3.1.2 La géographie prioritaire de la
commune
La Commune recense deux territoires prioritaires : la ZUS
des Marronniers et le quartier de La Norenchal.
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Figure 5 : Les territoires prioritaires de
Fontaines-sur-Saône ; fond de carte :
sig.ville.gouv.fr,
figuration :A.Vigignol
34 RPG INSEE 1999
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 4 0 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
La ZUS des Marronniers
Le quartier des Marronniers est situé dans la
partie haute de la ville, à 1, 5km du centre ancien. Le quartier
classé au titre de la géographie prioritaire en catégorie
3 est composé de deux résidences appartenant à l'OPAC du
Rhône, « Les Marronniers » et les « Hauts de Fontaines
» et de quelques copropriétés.
La résidence des Marronniers construite entre
1965 et 1967 devait permettre de répondre à la pénurie de
logement de l'agglomération lyonnaise pour accueillir notamment les
rapatriés d'Algérie. Cette résidence comprend 310
logements collectifs, répartis en 5 barres de type R+4 regroupant 250
logements et d'une tour de type R+14 regroupant 60 logements.
La résidence des Hauts de Fontaines, construite
en 2000, comprend 27 logements et un cabinet médical. Le sud du quartier
concentre les espaces de services et de commerces destinés à
l'ensemble du plateau des Marronniers. L'offre commerciale et de service est
importante et constitue un véritable pôle de
proximité.
Enfin les espaces verts constituent un
élément fort dans la structuration du quartier. Ils composent
toute la périphérie des espaces résidentiels du quartier
et marquent les limites du quartier.
D'un point de vue sociodémographique, le quartier
comptait 1078 habitants35 soit 16% de la population communale. La
population de ce quartier se caractérise par :
+ un nombre importants de locataires anciens (plus d'un
tiers vivent dans leur logement depuis plus
de 15 ans).
+ Une forte proportion de titulaires de bail
âgés
+ un nombre important de personnes isolées (37%)
et de familles monoparentales (14%)
+ une majorité de titulaires de bail de
nationalité française (87,3%).
Classé en Zone Urbaine Sensible en 1996, ce
quartier a fait l'objet d'une restructuration urbaine lourde lors du Contrat de
ville 1994-1999. Toute la partie sud du quartier a été
restructurée. Plus récemment, ce sont les espaces
extérieurs qui ont fait l'objet de plusieurs opérations visant
à requalifier le quartier. De manière générale,
l'évolution urbaine et sociale de quartier s'améliore. Ainsi, la
priorisation du quartier est passé de catégorie 1 à
catégorie 3.
La Norenchal
Le quartier de la Norenchal n'est pas un quartier en
soi, mais plutôt un ensemble urbain, composé de 3 barres R+10. Ce
quartier se situe à proximité immédiate de l'ancien centre
Bourg de Fontaines-surSaône.
Les trois bâtiments qui composent le quartier
ont été construits pas l'OPAC du Rhône entre 1957 et 1961
sur un site de plus de 3 hectares. Les bâtiments qui adoptent
l'architecture de type « barre » représentent 290 logements (2
bâtiments R + 10 et un bâtiment R+4.) Sa forme urbaine constitue
une rupture totale avec le centre ville ancien constitué de petites rues
et d'un bâti à alignement. Ainsi, malgré sa situation
au
35 RGP Insee 1999
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 41 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
coeur du bourg, il existe une coupure urbaine nette et
une circulation difficile entre le quartier de la Norenchal et le centre
ancien.
En 1999, la Norenchal comptait 733 locataires. Ce
quartier se spécifie par des indicateurs socio économiques
très sensibles36 et une dégradation du
bâtit.
- un vieillissement des logements malgré des
réhabilitations sur la période 1985-1989
- une inadaptation des logements à la demande
actuelle (typologies, surface) et une répartition des types de logement
par bâtiment générant des conflits de
voisinage.
L'ensemble de ces facteurs a conduit à
l'élaboration d'un projet de renouvellement urbain sur ce site. Le
programme, validé par l'Agence Nationale pour la Rénovation
Urbain et signé en 2007 par l'ensemble des partenaires, prévoit
la démolition de l'ensemble des 3 bâtiments et la reconstruction
d'un quartier résidentiel diversifié et la création de
services publics.
L'objectif général de ce programme de
renouvellement urbain est de permettre l'intégration urbaine du quartier
de la Norenchal en portant une attention particulière sur la nouvelle
offre de logements produite et garantir une mixité sociale des nouveaux
arrivants. En parallèle, le projet de renouvellement urbain doit
permettre de renforcer la centralité de la commune et assurer le
maintient de la vitalité des commerces et de ses services.
A l'heure actuelle, 2 barres ont été
démolies, le premier îlot du futur quartier accueille une
vingtaine de ménages depuis juillet 2009.
1.3.2 Le Projet Urbain de Cohésion
Sociale
Sur ces deux territoires est menée une politique
de développement social urbain.
1.3.2.1 Les objectifs du Projet urbain de cohésion
sociale
Si l'objectif global d'une politique de
développement social urbain est de réduire les écarts
entre les territoires, le projet urbain de cohésion sociale à
Fontaines-sur-Saône définit une série d'objectifs sur
chacun des territoires.
Pour le quartier des Marronniers le projet urbain de
cohésion sociale prévoit :
- de soutenir la mise en oeuvre d'actions visant à
pérenniser l'état du patrimoine bâti,
- de poursuivre et développer le travail entrepris
visant à améliorer l'entretien et la maintenance des parties
communes et des espaces extérieurs,
- de faire émerger de nouvelles dynamiques
collectives visant à favoriser les liens sociaux,
36 Les difficultes enoncees
sont celles soulignees dans la convention locales d'application du CUCS locale
2007- 2009
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 42 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
- de poursuivre la mise en oeuvre d'activités en
direction des adultes et des jeunes de la résidence ne
fréquentant pas les structures existantes,
- de développer un travail partenarial avec les
acteurs locaux de prévention et de la sécurité à
une échelle intercommunale (Sathonay Camp)
- d'assurer un suivi partenarial de l'évolution du
peuplement de cette résidence.
Pour le quartier de la Norenchal, le projet urbain de
cohésion social doit permettre « d'accompagner la mise en oeuvre du
projet de renouvellement urbain de manière à réussir
l'intégration urbaine et sociale du nouveau quartier et de ses habitants
au centre de la commune37 ». Pour cela, il prévoit de
poursuivre et de soutenir le travail partenarial sur la gestion urbaine de
proximité. De plus, le projet urbain veut soutenir et accompagner les
habitants du quartier rencontrant des difficultés dans leurs parcours
éducatif, d'insertion sociale ou professionnelle.
1.3.2.2 La mise en oeuvre du projet : le Contrat urbain
de cohésion sociale
Ces objectifs généraux sont
formalisés dans le contrat urbain de cohésion sociale. Le Cucs
est ainsi le cadre de mise en oeuvre du projet de développement social
et urbain en faveur des habitants de quartiers en difficulté reconnus
comme prioritaire.
Les objectifs généraux du projet de
cohésion sociale sont déclinés dans le CUCS en 5 grandes
thématiques : habitat, réussite éducative,
sécurité/prévention de la
délinquance/citoyenneté Emploi/Insertion sociale,
développement culturel, Lien social.
En matière d'habitat, le CUCS local
prévoit « la réussite de l'intégration urbaine et
sociale du nouveau quartier de la Norenchal et la pérennisation et la
valorisation de l'existant dans le quartier des Marronniers ». Ce
traitement social de l'urbain s'effectue au travers de la Gestion Sociale et
Urbaine de proximité qui assure une gestion partenariale du cadre de vie
en prenant soin d'intégrer les habitants, notamment au travers du groupe
propreté qui réuni bailleur - ville -services propreté -
habitants.
En matière de d'emploi et de développement
économique, le CUCS vise à « Favoriser l'insertion sociale
et professionnelle des habitants issus des quartiers prioritaires
».
Un ensemble d'actions doivent concourir à cet
objectif, notamment l'élaboration d'un protocole d'insertion qui utilise
le projet de rénovation urbaine comme levier pour l'insertion des
habitants. En termes d'emplois, le CUCS soutient avant tout l'accompagnement
vers l'emploi au travers de la création d'un poste d'accompagnateur de
proximité à la Mission locale, le financement de la
préparation au code de la route, des ateliers d'alphabétisation,
des chantiers d'insertion.
En terme de création d'entreprise et de
développement économique, le Cucs veut accueillir et soutenir les
créateurs d'entreprises issus des quartiers prioritaires en menant un
travail partenarial avec le syndicat de commune du Val de
Saône.
37 Extrait de la convention
locale d'application du contrat urbain de cohesion sociale de
Fontaines-sur-Saône
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 43 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
En matière de réussite éducative,
la convention locale énonce l'objectif « Prévenir
l'échec scolaire et donner leur chance aux enfants et aux adolescents en
difficulté ne bénéficiant pas d'un environnement social,
familial et culturel favorable à leur réussite
».
Toute une série d'actions inscrites dans le Cucs
porte cet objectif en ciblant de grands thèmes : -
suivi des enfants et jeunes en difficulté
- la mise en oeuvre d'actions d'accompagnement
scolaire
- garantir un parcours éducatif en proposant des
activités cultuelles et socio-éducatives extra et
périscolaires
- optimiser les moyens d'enseignement dans les
écoles et le collège en favorisant l'implication des
équipes d'enseignants et en rénovant les établissements
scolaires
- assurer un soutient à la
parentalité
Pour cela, le CUCS prévoit notamment la
poursuite du Contrat Educatif local (CEL). Le CEL permet à des enfants
et les adolescents scolarisés de l'école maternelle au
collège (jusqu'en 5eme) de participer à des activités
périscolaires.
En matière de citoyenneté
prévention de la délinquance, le CUCS veut permettre de «
prévenir les conflits et les actes de délinquance ». Cet
objectif est assuré en grande partie par un certain nombre d'actions
relevant de la réussite éducative. C'est le cas pour l'aide
à la parentalité, le groupe de suivi des jeunes en
difficulté. Par ailleurs, le CUCS prévoit notamment la mise en
oeuvre d'une intervention adaptée de la prévention
spécialisée sur le territoire, la mise en place de projets et de
chantiers jeunes pendant les périodes scolaires.
La mesure phare est certainement la mise en place d'un
poste de coordinateur du Contrat local de Sécurité (CLS). Le CLS
a pour objectif de « dissuader le désordre public en
réduisant les regroupements générateurs
d'insécurité, améliorer l'accueil le suivi des plaintes et
l'accompagnement des plaintes ». Le CLS permet la mise en place d'un
partenariat entre différentes institutions dont les cultures
professionnelles sont parfois très différentes : l'Education
nationale, les Equipes de prévention spécialisée, la
police municipale, la gendarmerie nationale...
En matière de lien social et de vivre ensemble
le CUCS s'engage à favoriser les relations sociales et rompre les
situations d'isolements. Les actions sont principalement le financement
d'actions d'animations culturelles et sociales. Par ailleurs, afin de «
favoriser l'implication d'habitant dans le développement de la vie
sociale des quartiers prioritaire » un Fond d'Initiative Local est mis en
place. Ce fond, issus d'un cofinancement avec l'Etat permet un soutien
financier souple et rapide aux initiatives locales.
En matière de développement sportif et
culturel, le CUCS à pour objectif de « favoriser l'accès
à la pratique sportive et aux activités culturelles
».
Enfin, le Cucs a deux objectifs transversaux qui sont
: l'intégration et la lutte contre les discriminations. Pour atteindre
ces objectifs, le Cucs prévoit la formation de l'EMOUS dans ces domaines
et un travail de relais d'information.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 44 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Enjeux et limites de l~ivaluation locale du Contrat Urbain de
Cohesion Sociale 2007-2009 1.3.2.3 Le pilotage et le
portage
Le projet de cohésion sociale repose sur un
portage et un pilotage partenarial formalisé dans la signature de la
convention locale d'application.
Ainsi, le Cucs relève d'un engagement
partenarial entre l'Etat, la commune de Fontaines-sur-Saône, la
Communauté Urbaine de Lyon, la Région Rhône -Alpes, le
Conseil Général, l'OPAC du Rhône et la Caisse d'Allocation
Familiale de Lyon. Ces partenaires, signataires de la convention locale
d'application du Cucs s'engagent à soutenir le programme de
développement social et urbain sur les quartiers de la Norenchal et des
Marronniers, dans la continuité des actions conduites dans le cadre du
Contrat de Ville 2000-2006.
Le contrat urbain de cohésion sociale comprend
un cadre d'agglomération et un volet local issu des initiatives et des
besoins repérés dans chaque quartier et qui est formalisé
au travers d'une convention locale d'application.
Au niveau de l'agglomération, le pilotage du Cucs
comporte deux niveaux, l'un politique et l'autre technique.
Le pilotage politique s'organise autour du
comité politique d'orientation du Cucs qui remplit un rôle
stratégique, de concertation et d'orientation commun aux signataires. Il
est composé des maires en politique de la ville, des responsables Etat,
Région et Conseil Général avec une représentation
du Conseil de développement.
Le pilotage technique comprend 3 niveaux à
l'échelle intercommunale.
Le groupe de direction comprend les
représentants hiérarchiques des partenaires du comité de
pilotage (Grand Lyon, Etat, Région Conseil Général). Il
prépare l'ordre du jour du comité de pilotage et suit la mise en
oeuvre des décisions prises dans ce cadre.
Le groupe technique de développement social a
pour fonction d'animer le réseau des acteurs locaux, capitaliser les
expériences, diffuser l'information et de servir de groupe de ressource
pour les équipes locales.
L'équipe opérationnelle de
l'agglomération regroupe les membres des services des
collectivités partenaires et des organismes qui ont participé
à l'élaboration du contrat urbain de cohésion sociale de
l'agglomération ainsi que des structures ressources (CRDSU et Agence
d'urbanisme).
Au niveau local, les équipes de maîtrise
d'oeuvre urbaine et sociale (Emous) sont présentes dans les quartiers
concernés par la politique de la ville. A Fontaines sur Saône,
l'Emous se compose d'un chef de projet et d'un agent de développement et
coordinateur du Contrat local de sécurité.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 45 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
1.3.3 Présentation de la mission
d'évaluation
Le stage répond à un besoin d'appui pour
l'évaluation locale du CUCS 2007-2009 de Fontaines-surSâone. En
effet, le Cucs prévoit la réalisation d'une évaluation au
terme du programme d'action (2009). La mission d'évaluation correspond
à une volonté nationale affichée d'évaluation des
politiques publiques. A l'échelle du territoire, un programme
d'évaluation du Cucs à double échelle est envisagé
avec une évaluation d'agglomération et une évaluation
locale. Ainsi, deux échelles territoriales pour mener
l'évaluation coexistent : l'échelle de l'agglomération et
l'échelle locale.
1.3.3.1 Le cadre national
L'évaluation est dans le cas des Cucs, une
obligation contractuelle dont les finalités et les modalités
doivent s'adapter au contexte local.
L'évaluation est désormais un
impératif pour toutes les politiques publiques. La loi d'orientation sur
la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 oblige à
produire des indicateurs de résultats pour les actions conduites dans
les quartiers sensibles.
L'exécution des programmes fait l'objet
d'évaluations périodiques sur la base des indicateurs. Le
rapprochement et l'analyse croisée des différents indicateurs au
niveau de chaque territoire contribuent a l'évaluation de
l'efficacité des politiques publiques dont ils font l'objet. Des
indicateurs recueillis localement pourront enrichir le système
d'observation.
Le suivi de l'évolution de ces indicateurs et
des moyens mis en oeuvre pour réduire les inégalités
constatées dans les Zones urbaines sensibles ainsi que
l'évaluation des politiques publiques conduites dans ces mames
territoires sont assurés par un observatoire national
Extrait de la loi d'orientation sur la ville et la
rénovation urbaine du 1er août 2003
Cet objectif a été également
réaffirmé par les circulaires relatives aux nouveaux contrats
urbains de cohésion sociale (CUCS), signés pour trois ans et
reconductibles après évaluation.
Ainsi, les circulaires du 1er
février 2007 relative à la signature des Cucs et du 5 juillet
2007 relative à l'évaluation des Cucs, l'évaluation des
Cucs « est partie intégrante des contrats ». Il est en
particulier précisé que l'évaluation des Cucs doit
être pensée en amont de la signature des contrats.
1.3.3.2 L'évaluation au niveau de
l'agglomération
À l'échelle de l'agglomération,
seule une évaluation sur le relogement a été
engagée. Ce thème est effectivement essentiel dans
l'agglomération lyonnaise dans la mesure où « le programme
de renouvellement urbain mis en oeuvre sur l'agglomération lyonnaise
porte sur plus de 5 000 démolitions/reconstructions et implique environ
3 500 relogements. Ces relogements se sont réalisés
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 46 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
dans le cadre d'une « charte du relogement »
signée en avril 2006 entre les bailleurs sociaux, les associations et
les pouvoirs publics, en privilégiant les demandes des ménages,
tant en termes de localisation que de type de logement. Ils ont pu être
l'occasion d'une évolution résidentielle contribuant à une
meilleure insertion urbaine, sociale, économique des personnes ou bien
au contraire induire une de perte de liens de proximité et de
repères38. »
L'évaluation doit permettre de mesurer l'impact
des opérations de relogement à différents niveaux: impact
sur les personnes, sur les attributions en HLM, sur l'environnement, sur
l'organisation du partenariat local et la prise en compte des attentes des
habitants. L'évaluation se veut quantitative et qualitative et
s'étend sur 12 mois ; La Maîtrise d'ouvrage est assurée par
la Communauté Urbaine de Lyon en partenariat avec ABC HLM, le
Département, la DDE, l'ANRU, la Région.
Parallèlement, le Grand Lyon encadre et offre un
appui aux évaluations locales à travers deux
démarches.
D'une part il opère un travail de
capitalisation des évaluations locales. Le service Politique de la Ville
et Renouvellement Urbain (PVRU) du Grand Lyon est en charge du suivi des
évaluations afin, non pas de construire une évaluation
d'agglomération, mais bien d'obtenir une vue d'ensemble des
évaluations locales conduites sur l'agglomération.
D'autre part, Le Grand Lyon offre un renfort
méthodologique à la démarche locale d'évaluation au
travers des « Groupes d'appui aux évaluation locales ». Ces
groupes sont animés par l'Agence d'Urbanisme. Ils sont composés
de l'Agence d'urbanisme (pilotage), du Service Politique de la Ville et
Renouvellement Urbain du Grand Lyon et de la Préfecture.
1.3.3.3 La démarche d'évaluation
locale
Au niveau local, les objectifs de l'évaluation
affichés sont :
- mesurer l'impact des actions mises en oeuvre sur la vie
quotidienne des habitants dans le quartier des Marronniers
- faire un bilan des différentes actions
réalisées sur la période2007-2009
- mesurer les évolutions socio
démographiques et les différents indicateurs thématiques
à l'échelle des territoires
- associer les partenaires du CUCS et les acteurs locaux
au travail partenariale d'évaluation dans le cadre d'une
co-production
Pour les évaluations locales, le Grand Lyon
préconise le choix d'un ou deux thèmes à traiter
correspondant aux priorités de la collectivité. Néanmoins,
la commune de Fontaines-sur-Saône a fait le choix d'opérer une
évaluation transversale en balayant tous les thèmes de son
Cucs.
38 L'Evaluation du relogement
des operations de renouvellement urbain ANRU dans l'agglomeration lyonnaise,
cahier des charges, page 1, 30 octobre 2008
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 47 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
L'évaluation locale est réalisée
par L'EMOUS appuyer par un stagiaire pour une durée de 9 mois. D'autres
villes de l'agglomération lyonnaise ont fait appelle à un bureau
d'étude ou fait le choix d'une évaluation interne.
L'évaluation est pilotée et suivi par un
comité de suivi « Evaluation ». Animé par l'Equipe de
Maîtrise d'oeuvre Urbaine et sociale de Fontaines, il associe la ville de
fontaines avec un élu référent, l'Etat, l'Education
nationale, le Grand Lyon, la Région, le département, la CAFAL,
l'ACSE et l'OPAC du Rhône.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 48 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
Conclusion chapitre 1
Ayant pour objectif de réduire les
inégalités territoriales en adoptant un mode contractuel, la
politique de la ville peut se définir comme une politique de projet.
Face à un constat, la concentration de grandes difficultés
sociales sur un territoire défini, elle a un enjeu, la réduction
de ces difficultés et la cohésion sociale ; au travers d'une
démarche spécifique, la mise en oeuvre d'actions
multidisciplinaires et l'engagement d'acteurs variés. La politique de la
ville est, en ce sens, une politique de projet. Or, il apparaît un
véritable lien de nécessité entre cette logique de projet
et l'adoption d'une démarche évaluative.
Au niveau local, à Fontaines sur Saône,
la politique de la ville se traduit notamment par l'application d'une
convention locale du contrat urbain de cohésion sociale qui engage une
série d'actions et de financement durant 3 ans vers deux quartiers
prioritaires, les Marronniers et la Norenchal. Engagés en 2007, les Cucs
prenaient fin initialement en 2009. Cette date est reportée d'un an.
Néanmoins, l'année 2009 reste l'année des bilans
après trois ans de programmation. Les partenaires, constitués en
comité de suivi, se sont alors engagés dans une évaluation
du CUCS local.
CHAPITRE 1 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Politique de la ville et évaluation : - 49 -
Année universitaire 2 008-2 009 un lien de
nécessité
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CHAPITRE 2.
PRESENTATION ET
ANALYSE CRITIQUE DES
RESULTATS DE
L'EVALUATION LOCALE
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 51 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
L'évaluation du Contrat Urbain de
Cohésion Sociale de Fontaines-sur-Saône a été
lancée dès le début de l'année 2009. Le
comité a fait le choix de mettre en place une évaluation large et
complète. L'évaluation doit couvrir toutes les thématiques
du Cucs. Le Grand Lyon recommandait, à l'inverse, de cibler une à
trois thématiques phares. Le territoire de Fontaines sur Saône
étant réduit, il parut plus pertinent d'effectuer une
évaluation exhaustive et globale. Par ailleurs, le comité
d'évaluation a opté pour l'articulation de plusieurs
méthodes évaluatives. L'évaluation du CUCS de Fontaines
sur Saône adopte plusieurs démarches : la plus classique, le bilan
de programmation basique et obligatoire, l'analyse statistique de
l'évolution sociodémographique des territoires prioritaires, le
diagnostic de l'utilisation des espaces publics et la satisfaction des
habitants et l'évaluation qualitative et concertée des actions
inscrites dans le Cucs.
L'objectif de cette démarche globale est
d'offrir une analyse fine du territoire et de son évolution durant la
période du Cucs. L'évaluation est production de connaissances. De
la même manière qu'il existe plusieurs démarches
évaluatives, il existe plusieurs formes de connaissances.
Les résultats de l'évaluation peuvent se
présenter à différents niveaux. Ils peuvent être un
calcul rationnel des coûts et des moyens engagés aux vues des
résultats escomptés et ceux obtenus. L'évaluation
relève alors du management par les résultats. La connaissance
qu'elle développe se concentre sur les aspects opérationnels et
financiers. Les résultats peuvent aussi être un diagnostic
territorial plus poussé qui, au travers différentes
démarches notamment statistique, sondage et observation anthropologique,
définit l'évolution du territoire depuis la mise en place du
dispositif. Enfin, les éléments affichés peuvent
résulter d'une évaluation participative et
partagée.
Chaque outil adopté apporte une forme de
connaissance particulière, efficience des actions, statistiques,
satisfaction des habitants, etc. Ces mêmes outils présentent tous
des limites. La scientificité et la pertinence des résultats
peuvent être, en chaque cas, relativisées. Par ailleurs, la
superposition de plusieurs démarches évaluatives ne peut avoir de
sens que si l'on opère une articulation entre toutes. La coordination de
chaque outil et la lecture des résultats sont le gage de la
scientificité de la connaissance produite.
Quelle plus-value apporte chacun des outils ? Quelles
sont les limites de la scientificité des résultats ? Quelle est
la cohérence de la superposition de tous ces outils ?
Dans ce chapitre nous présenterons les
différentes démarches évaluatives adoptées et les
résultats produits en adoptant, à chaque fois, un regard
critique.
Le bilan de programmation ne s'effectue qu'en fin de
contrat, et n'a donc pas été un axe de la mission de stage. Il
consiste à évaluer l'aspect financier et humain de chaque action
inscrite dans le Cucs en comparant les objectifs escomptés et ceux
obtenus et les coûts engagés pour les résultats
acquis.
Au-delà de cette évaluation classique,
l'évaluation du CUCS repose sur la création d'un
référentiel d'indicateurs socio démographiques (1), d'une
étude quasi anthropologique de l'usage des espaces publics (2), d'une
enquête de satisfaction réalisée auprès des
habitants (3) et d'un diagnostic partagé réalisé à
travers l'organisation de groupes de travail partenariaux (4).
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 52 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
2.1 Le référentiel d'indicateurs,
quelles limites de la
quantification statistique ?
Un premier outil de l'évaluation du CUCS est
l'analyse sociodémographique de l'état du territoire au travers
d'indicateurs statistiques. La géographie prioritaire repose, depuis ses
origines, sur la quantification statistique. L'outil est donc commun et
pourtant il n'existe pas de référentiel clairement défini.
Le choix des indicateurs s'est donc fait de manière autonome et parfois
incertaine. Enfin, le renseignement des indicateurs choisis, notamment à
une échelle infra communale, se heurte à de nombreux obstacles
qui peuvent remettre en cause la pertinence de l'utilisation de l'outil
statistique.
2.1.1 Statistique et politique de la
ville
La politique de la ville est étroitement
liée à l'outil statistique au travers de la géographie
prioritaire. En effet, comme souligné dans le premier chapitre, l'objet
de la politique de la ville est « le quartier en difficulté ».
Les institutions doivent donc préciser cette catégorie
particulière du « quartier en difficulté » pour
justifier l'existence d'une politique territorialisée. Pour relever le
défi de la diversité sociale et urbaine des territoires de la
géographie prioritaire, l'Etat se trouve donc naturellement pousser
à la nier39. Toute politique nationale qui souhaite
échapper à la singularité du projet et à
l'enfermement dans l'expérimentation doit nécessairement passer
par la disparition du local au profit de la construction d'un territoire. Cet
effacement des particularités locales s'effectue par le lissage
statistique. Ainsi, dès 1991, l'Etat, avec l'appui de l'INSEE, a
inauguré un travail de périmètrage et de définition
des écarts sociaux. A partir de cette date l'Etat, avec l'appui des
instituts statistiques, s'efforce de créer et de consolider un indice
synthétique de l'exclusion capable d'être rendu dans une dimension
spatiale.
2.1.1.1 La production statistique
Aujourd'hui, le travail d'analyse statistique est
effectué par différents organismes publics et
observatoires.
Au niveau national, l'Observatoire National des Zones
Urbaines Sensibles (ONZUS) est chargé de mesurer l'évolution des
inégalités sociales et des écarts de développement
entre les quartiers prioritaires et les agglomérations auxquelles ils
appartiennent. Créé au sein de la Direction
Interministérielle pour la Ville en 2003, l'ONZUS a également
pour mission de suivre la mise en oeuvre des politiques publiques conduites en
leur faveur, de mesurer les moyens mobilisés et d'en évaluer les
effets.
Au niveau local, l'Agence d'urbanisme et ces
différents observatoires (observatoire pour la cohésion
sociale territoriale, observatoire de l'insertion et l'emploi...) offre un
regard local sur ces territoires et oriente les productions statistiques en
fonction des besoins des politiques locales. Ainsi, l'Agence d'urbanisme publie
de
39 ESTEBE Philippe, L'usage
des quartiers, action publique et geographie dans la politique de la ville
(1982-1999,) L'Harmattan, Paris, 2004.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 53 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
manière régulière des « cahiers
» qui sont des documents synthétiques de la situation des
territoires du Grand Lyon sur une thématique données.
De manière générale, l'objectif
de ces organismes est d'offrir une approche transversale, en lien avec les
dimensions de la politique de la ville, qui dépasse les données
extrêmement sectorisées des opérateurs statistiques. Parmi
ces derniers, les plus sollicités dans le cadre de la politique de la
ville, il possible de citer : - L'Insee. Premier producteur de données
statistiques avec les recensements de la population, en premier lieu, il
fournit des indicateurs structurels sur la socio démographie des
quartiers, sur leur parc de logements, ou encore sur la mobilité des
actifs résidents. Le répertoire des entreprises et des
établissements (SIRENE) permet d'obtenir les caractéristiques du
tissu économique. Enfin, des enquêtes nationales auprès des
ménages sont utilisées, soit directement lorsque leurs
échantillons sont de taille suffisante pour obtenir des indicateurs sur
l'ensemble des ZUS (c'est le cas des enquêtes « emploi »), soit
en réalisant des extensions d'échantillons sur ces
quartiers.
- Les organismes administratifs. Leurs
répertoires ou les fichiers de gestion peuvent faire l'objet de
traitements et d'exploitations statistiques (fichiers des caisses d'allocations
familiales, fichiers fiscaux, répertoires
d'équipements...).
- Les opérateurs de la politique de la ville.
L'ANRU, le ministère de l'Éducation nationale, la Police ou
Gendarmerie nationale... qui, intervenant dans les ZUS, fournissent des
indicateurs sur l'activité de leurs services ou les résultats
obtenus dans ces quartiers.
2.1.1.2 Les carences de la production
statistique
Malgré le lien originel entre politique de la
ville et statistique et les outils dont elle s'est dotée pour appuyer
son action, la production statistique disponible présente des carences
et n'est pas adaptée à la démarche d'évaluation
locale. En effet, l'analyse que réalise l'Agence d'urbanisme ou l'ONZUS
dépend de la production de données statistiques. Or cette
production est éloignée des critères de la politique de la
ville.
D'une part, la production statistique ne s'inscrit pas
forcement dans la périodicité de l'action publique. Le rendu des
résultats ne correspond pas au tempo des dispositifs politiques de la
ville. Ainsi, le dernier recensement complet de l'INSEE date de 1999 et le
recensement partiel date de 2005. Il est alors impossible d'analyser
l'évolution des territoires dans le cadre du Cucs qui s'est
déroulé entre 2007 et 2009.
Par ailleurs, l'analyse des données se heurte
problème de la base territoriale. Les opérateurs statistiques ne
s'inscrivent pas forcement sur une même échelle que celle des
territoires Cucs. Leur référent géographique de leurs
données se situent à une échelle supérieure que
celle des quartiers. L'INSEE, qui est la principale ressource de données
statistique, fonctionne sur une échelle IRIS. Or,
Fontaines-sur-Saône n'est par couvert par un IRIS. Dès lors, les
données INSEE ne sont disponibles qu'à une échelle
communale.
Enfin, certaines données ne sont pas
utilisées ou diffusées par les organismes disposant de
données statistiques qui peuvent pourtant être
révélatrices de situations particulières. Les
données des bailleurs sociaux, réactualisées tous les ans,
présentent une source très riche d'informations. Or leur
diffusion est parfois partielle, filtrée et/ou différente des
critères désirés (par exemple, les tranches d'âge
retenues par les bailleurs sociaux sont différentes de celles de l'INSEE
ce qui limite la possibilité de comparaison)
Dès lors, aux vus des carences en
matière de production statistique, un premier axe de la mission
d'évaluation est la construction d'un référentiel
statistique et le renseignement de ses indicateurs pour mesurer
l'évolution sociodémographique des deux quartiers prioritaires de
Fontaines-sur-Saône.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Presentation et analyse critique - 54 - Année
universitaire 2 008-2 009 des résultats de l'evaluation
locale
Ce référentiel statistique doit offrir une
approche quantitative de l'état sociodémographique des
territoires prioritaires. Cette analyse repose sur une démarche qui
s'effectue en trois temps :
- la sélection d'indicateurs,
- leur renseignement via la production de donnée
ou leur centralisation lorsqu'elle sont déjà produites
-l'interprétation des résultats.
2.1.2 Méthode de construction
2.1.2.1 Définition du
référentiel
Dans la politique de la ville, l'usage de la
statistique est fondamental. Pourtant, pour l'évaluation du Cucs, ni au
niveau national, ni au niveau local n'est définit un
référentiel statistique propre à l'évaluation de ce
dispositif. Aucune exigence spécifique n'est émise de la part du
l'Etat ou du Grand Lyon.
Sans injonction particulière des autres
partenaires du Cucs et sans principes directeurs communs de recueil de
données, le choix des indicateurs s'effectue au niveau de la commune, en
fin de contrat. Cette relative liberté de choix oblige une
réflexion poussée sur le choix de « bons indicateurs ».
Une telle démarche déontologique repose sur une liste de
principes définie au préalable. Les indicateurs doivent
répondre à des critères stricts.
- les indicateurs doivent être comparables en
temps. Afin de permettre l'analyse des actions du Cucs en court depuis 3 ans et
de leur impact, les indicateurs doivent permettre d'offrir un regard
évolutif. Ils doivent donc pouvoir être renseignables dans le
temps et cela de manière régulière et
séquencée. En ce sens, dans le but de saisir les
évolutions qui affectent un territoire, le référentiel
doit répondre à une double exigence de reproductibilité et
de périodicité.
- les indicateurs doivent être comparables en
lieu. Ici se pose le problème de la base territoriale. Chaque organisme
construit les indicateurs en fonction des ses limites administratives. Obtenir
des données tant à une échelle infra communale que
départementale s'avère extrêmement complexe. Pourtant,
cette articulation est nécessaire pour permettre une analyse juste et
définir ce qui relève du contexte local ou dépendant
d'enjeux plus conjoncturels.
- Les indicateurs doivent être pertinents.
L'idée de pertinence, interrogée dans le rapport Ray, souligne le
principe d'indicateurs qui répondent aux besoins par rapport aux
objectifs poursuivis. Dans le cadre du l'évaluation du Cucs, ils doivent
refléter l'évolution des quartiers dans les thématiques
couvertes par le Cucs (réussite éducative, insertion sociale et
économique, cadre de vie...). L'idée de pertinence peut aussi se
rapporter à l'idée de lisibilité. Pour que le
référentiel soit lisible, il faut qu'un nombre réduit
d'indicateurs reflète la thématique analysée.
De manière générale, le
référentiel doit permettre une interprétation transversale
qui dépasse une lecture factuelle et sectorielle40. Ainsi, le
référentiel doit s'émanciper de la vision propre des
différents organismes sectoriels, habitat, économie. De plus, il
doit proposer une vision synthétique qui oblige à s'abstenir du
« tout mesurer ». Dès lors, le référentiel doit
résulter d'une sélection d'une série d'indicateurs
pertinents par rapport
40 Bruno MARESCA, Pascal
MADRY, Frederic AGOSTINI, Pertinence des indicateurs utilisés pour
l'évaluation des politiques de la ville, Cahier de recherche,
n°111, Novembre 1997
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 55 -
Année universitaire 2008-2009 des résultats de
l9évaluation locale
aux objectifs poursuivis. La capacité à
opérer une lecture transversale du territoire doit être une
priorité du référentiel. Enfin, il doit être en
adéquation avec les besoins des partenaires.
Pour répondre à ces différents
critères, le choix des indicateurs s'est fait en collaboration avec les
partenaires du CUCS. Au cours des ateliers d'évaluation du Cucs (voir
partie 3 : diagnostic partagé) le référentiel
préétablie fut soumis à l'avis de chacun. L'objectif de
cette démarche partagée est double. D'une part, elle donne une
certaine légitimité au référentiel malgré sa
construction à un niveau local. D'autre part, cette initiative permet
d'encourager la collaboration des institutions qui détiennent des
données pouvant alimenter le référentiel
statistique.
2.1.2.2 Liste des indicateurs
Une fois l'accord explicite de tous les acteurs obtenu,
le référentiel propose une série d'indicateurs
déclinés par les thématiques 41:
2.1.2.3 Le renseignement des données
statistiques
Le renseignement de ces indicateurs constitue
certainement la phase la plus délicate. Cette démarche est
soumise à de nombreuses contraintes.
Le renseignement des indicateurs est
réalisé selon deux méthodes. Lorsque les données
existent il faut les centraliser. Cela engage une véritable
collaboration des partenaires. Au-delà de l'aspect individuel,
l'échange de données peut être limité :
- les données disponibles ne sont pas
constantes dans le temps. Par exemple, la définition du taux de
chômage a évoluée depuis 2007. Il est donc
nécessaire de reformuler l'indicateur afin de travailler avec des
données constantes. Dans l'exemple donné ici, plutôt que le
taux de chômage, l'utilisation du nombre des demandeurs d'emploi de
catégorie 1 a été
préférée.
- les données sont différentes selon les
partenaires (les catégories d'âge sont différente entre
les
bailleurs et l'INSEE)
- seules des données brutes sont disponibles,
parfois en version papier. Il convient alors de traiter les
données afin de les rendre lisible (lecture
adresse par adresse). Le traitement des données est alors plus long que
leur apport statistique véritable.
2.1.3 Les limites de l'analyse
statistiques
L'analyse statistique permet de mesurer
l'évolution sociodémographique et d'établir un diagnostic
de la situation des territoires avec une focale thématique.
Néanmoins, les résultats issus de l'analyse statistique
présentent de nombreux biais.
D'une part la forme statistique permet d'objectiver une
situation complexe. Mais cette forme objectivée ne doit pas
être un leurre et effacer la complexité de la situation ni la
grande subjectivité de la construction
41
Voir Annexe : Socle indicateur pour evaluation du Cucs
2007-2009
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 56 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
statistique. En effet, le référentiel
reproduit fatalement la logique des administrations qui construisent les
données. Inféodés à une segmentation sectorielle,
les indicateurs reflètent une lecture singulière de la
réalité sociale et créent des catégories
globalisantes qu'il est possible de nomme « typologie ».
Ainsi, dans le cas de la politique de la ville, le
référentiel reproduit fatalement la subjectivité du
découpage territorial choisi. Dès lors, le
référentiel statistique ne permet pas de remettre en cause la
géographie prioritaire. Un effort est effectué pour
définir la situation d'autres quartiers d'habitat social et ainsi
engager une réflexion sur la nécessité d'une extension de
la géographie prioritaire. Néanmoins, les données
disponibles à une échelle infra communale sont réduites et
bien plus encore pour les quartiers non classés en politique de la
ville. De plus, les moyens matériels et humains pour
géo-référencés les difficultés sociales sont
insuffisants pour opérer un périmétrage « objectif
». Pour aller plus loin, il est possible d'étendre la critique de
la catégorisation en s'interrogeant sur la logique même de zonage
qui repose sur ce travail statistique. Selon J.P Sueur, le zonage est
triplement pervers : il isole au lieu d'intégrer, il varie selon les
critères employés, il ne permet pas une mobilisation convergente
de l'action publique42. Mieux vaut faire primer la logique de projet
sur le découpage.
D'autre part, la critique la plus forte et la plus
élémentaire qu'il est possible d'émettre porte sur la
compréhension des statistiques qu'il en ressort. Car, chose
évidente, ce travail statistique ne consiste pas seulement à
enregistrer la situation sociodémographique du territoire. Il faut
tenter d'expliquer et d'identifier le lien entre l'évolution
sociodémographique des quartiers et l'efficacité des actions
engagées. Or, il apparaît clairement qu'il existe une très
grande relativité de cette corrélation. En effet, « il est
méthodologiquement complexe voire impossible de discerner ce qui
résulte des actions menées dans le cadre de ce contrat, des
politiques ordinaires et des évolutions du contexte
socio-économique ». 43L'état du territoire
dépend de facteurs totalement indépendants des actions mises en
oeuvre. L'analyse statistique peut souligner une évolution
différente au niveau local et ainsi pointer des
spécificités du territoire (une évolution du chômage
plus importante) sans néanmoins les expliquer. Peut-on condamner la
mission locale de la recrudescence du nombre de jeunes en recherche d'emploi
?
Dès lors, l'analyse statistique constitue avant
tout un outil de programmation et non d'évaluation des dispositifs. De
fait, la lecture statistique, si nécessaire soit-elle pour permettre une
lecture « objectivité » et synthétique de la situation
des territoires, ne saurait s'extraire d'une analyse qualitative.
42 Jean Pierre SUEUR, Demain
la ville, Rapport présenté au ministre de l'emploi et de la
solidarité, La documentation francaise, Paris 1998
43 Thibaut DESJONQUERES et
Marie LAMY, L'evaluation entre démarche imposée et exercice
propre in Cohesion sociale et agglomerations : un choc culturel en
chantier, Lyon, Les cahiers du DSU, automne hiver 2006, 46 pages, p.37
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 57 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
2.2 L'enquête de satisfaction,
révélatrice de l'opinion
des habitants ?
En 2005, un cabinet d'étude avait
réalisé une enquête de satisfaction auprès de 90
habitants du quartier des Marronniers. Un axe de la mission d'évaluation
est la réactualisation de cette enquête. Pour ce faire, il est
nécessaire de passer l'enquête auprès des habitants (1) et
d'analyser et de comparer les résultats (2). Or cet outil,
présente de nombreux biais, pas assez identifiés ni bien
révélés (3).
2.2.1 Présentation de la
méthodologie
L'objectif de l'enquête de satisfaction des
habitants du quartier des Marronniers est double. D'une part, elle devait faire
apparaître le niveau de satisfaction des habitants suite aux derniers
aménagements extérieurs. D'autre part, en reprenant une grille
d'entretien passée en 2005, l'enquête doit permettre d'analyser
l'évolution de l'opinion des habitants.
2.2.1.1 L'échantillon
A partir des éléments de peuplement, un
échantillon représentatif a été constitué
avec l'appui de l'OPAC du
Rhône. Un seuil de 60 ménages fut
fixé. En comptant environ un tiers de refus ou de désistement, 90
ménages ont été pré-sélectionnés sur
la base de quatre critères :
- le lieu de résidence,
- l'âge du locataire,
- l'ancienneté dans le
logement,
- la situation familiale.
Les 90 ménages ont reçu un courrier de
l'Equipe de Maîtrise d'OEuvre Urbaine
et Sociale envoyée par le bailleur social. Parmi ces 90
ménages, 60 ont été rencontrés à leur
domicile et ont réalisé un entretien qualitatif approfondi
d'environ une demi-heure. L'échantillon idéal a
quelque peu évolué. Néanmoins, un effort
a été réalisé pour
répondre aux conditions nécessaires pour obtenir une
représentativité maximale, notamment avec des heures et des jours
de passage diversifiés.
2.2.1.2 La grille d'entretien
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 58 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
La grille d'entretien reprend celle de l'enquête
effectuée en 2005. Elle aborde donc les mêmes thèmes qui
sont :
- La relation de l'habitant au quartier :
ancienneté dans le quartier et logement, appréciation
générale
du quartier
- La fréquentation des commerces, des services et
de l'offre associative, au sein et à l'extérieur du
quartier
- les espaces extérieurs : la satisfaction
globale, la satisfaction de leur entretien, les principales
nuisances ou dysfonctionnements repérés et
les améliorations perçues.
- les espaces d'habitation : les parties communes, leur
état général et leur entretien ; le logement,
ses
atouts et ses défauts.
- Les derniers aménagements réalisés
dans les espaces extérieurs
.
2.2.2 Les résultats : mise en évidence
des points sensibles
L'enquête de satisfaction a permis de faire un
état des lieux du climat social dans le quartier en évaluation la
satisfaction des habitants et l'évolution de celle-ci.
D'après cette enquête deux grands points
ressortent. Il semble que les habitants apprécient fortement les
derniers aménagements extérieurs opérés. A
l'inverse, l'enquête souligne une évolution négative des
rapports sociaux.
2.2.2.1 Une forte satisfaction des espaces
extérieures
Parmi les 59 personnes qui se sont exprimées sur
la qualité des espaces verts :
96 % des personnes interrogées sont satisfaites
des espaces extérieurs, dont 2/3 se disent « très
satisfaites ».
oui, tout à fait
oui, moyennement non, pas tellement non, pas du
tout
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4% 0%
28%
68%
Seul 4% dit ne pas être satisfait et personne ne
dit être pas du tout satisfait.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Presentation et analyse critique - 59 - Année
universitaire 2 008-2 009 des résultats de l'evaluation
locale
En 2005, les personnes interviewées exprimaient
une satisfaction des espaces extérieurs plus relative avec 28% tout
à fait satisfait, 51% moyennement satisfait, 17% de satisfait et 4% de
personnes pas satisfaites du tout
Les principaux motifs de satisfactions sont :
- l'esthétique et la qualité de l'entretien
des espaces verts pour 11personnes sur 28 - la qualité des
aménagements (jeux, bancs...) pour 5 personnes sur 28
Néanmoins, certains ménages
rencontrés émettent des réserves du fait : - du manque de
jeux pour enfants 7/28, notamment pour les plus jeunes
- du manque d'entretien des espaces extérieurs
et/ou de la dégradation (4/28)
- du manque d'aménagements complémentaires,
type bancs ou poubelle (2/28)
2.2.2.2 Des relations sociales fragiles
Le climat social est jugé agréable par une
majorité des habitants des Marronniers. Une majorité des
habitants (78%) ne se sentent pas en sécurité dans le
quartier.
Par ailleurs 57 % des personnes rencontrées
qualifient l'ambiance du quartier comme étant bonne. Pour rappel, elles
étaient 70% en 2005 et 4% l'estimait mauvaise.
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31%
57%
bonne
moyennement bonne mauvaise
12%
L'appréciation du quartier présente une
certaine baisse par rapport à l'enquête réalisée il
y a 5 ans. Cette tendance est confirmée par la qualification des
relations sociales.
En effet, un tiers des personnes interrogées
(20/60) qualifie les relations entre les habitants de « moyennement bonne
». Un tiers des personnes (19/60) les qualifie de « bonne
»
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 6 0 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l:évaluation locale
Enjeux et limites de l~ivaluation locale du Contrat Urbain de
Cohesion Sociale 2007-2009

26%
34%
7%
33% très bonnes
bonnes
moyennement bonnes mauvaises (conflictuelles)
En 2005, les personnes interviewées
qualifiés les relations entres les habitants comme « très
bonne » pour 7 % d'entre eux, comme « bonne » pour 51% d'entres
eux, comme moyennement bonne « 33% » d'entres eux et comme mauvaise
pour 9% d'entres eux.
2.2.2.3 Les relations entre jeunes et adultes
Par ailleurs, la moitié (27/60) des personnes
rencontrées qualifient les relations entres certains jeunes et adultes
de « relations tendues ». Pour rappel, seul 14,4% soit 13/90
estimaient que les relations avec les jeunes étaient tendues en
2005.
La relation entre jeunes et adulte semble être
un point sensible dans le quartier des Marronniers. Par relation tendues, les
personnes qualifient les comportements d'insulte de la part de, ou agressif
« ils ne savent pas leur parler ». Certains ont parlé de la
peur de représailles « on ne peut rien leur dire, sinon ils se
vengent »
2.2.3 « L'opinion publique n'existe pas
»
L'enquête de satisfaction est un outil
très pratique dans le cadre d'une évaluation. Elle permet de
donner l'avis des principaux intéressés, à savoir les
habitants, « usagers » des actions mises en place par la politique de
la ville. Elle mesure l'efficacité de l'action menée en termes de
satisfaction collective.
La méthode d'enquête, une grille d'analyse
présentée par un enquêteur à un enquêté
souffre nécessairement des biais créés par la situation
d'interaction.
L'opinion enregistrée est une déclaration
recueillie dans une situation à la fois ponctuelle et
artificielle44. Or, ce que déclare l'habitant peut
obéir psychologiquement à des motivations très
contrastées : dire une préférence effective, dissimuler
une préférence illégitime, masquer une différence
dans un jeu sans
44 BRAUD Philippe, Sociologie
Politique, LGDJ, 2006
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 61 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
conséquence, donner une réponse de bonne
volonté ou de complaisance vis-à-vis de l'enquêteur. Ainsi,
mon profil, jeune, fille et étudiante, ma position, représentante
de la mairie de Fontaines-sur-Sâone, et l'information de ma venue aux
habitants, une lettre sanctifiée par le logo de l'OPAC du Rhône,
à de manière certaine orientée les réponses des
habitants. Par exemple, j'eu parfois comme réponse : « je ne sais
pas, écrivez ce qu'il faut dire ».
De plus, cette méthode d'enquête
présente les tares du sondage énoncées par Pierre
Bourdieu45. Les questions posées répondent aux
préoccupations de la ville et du bailleur social, et non des attentes
des ménages. L'enquête est avant tout l'expression des
préoccupation/problématiques d'agents extérieurs. En
effet, l'enquête de satisfaction part de postulats erronés qui
sont :
- Tous les individus ont une opinion sur le lieu et
l'habitat dans lesquels elles vivent.
Le questionnaire demande une hiérarchisation
des voeux et une justification pour chaque souhait. Notamment une question
demandait « pourquoi avait décidez de résider dans le
quartier des Marronniers ». La réponse souhaitée devait
être objective afin de pouvoir être quantifiée
statistiquement. Or, généralement, le choix de logement est le
résultat d'une multitudes de facteurs pas forcement
hiérarchisable (naissance d'un enfant - mutation professionnelle
-attribution du bailleur)
- Les questions posées touchent les points qui
intéressent les familles. Il y aurait un consensus sur les aspects
importants de leur cadre de vie
Une très grande majorité des questions
portaient sur les espaces extérieurs. Très peu de questions
portaient sur le logement car celui-ci relève de la compétence du
bailleur social. Or, la qualité de l'environnement immédiat, les
espaces extérieurs, l'offre commerciale, la dynamique associative
n'intéressent pas tous les individus. Les personnes actives, très
mobiles et sans enfants sont peu enclins à s'intéresser sur ce
qui se passe au sein du quartier.
Par ailleurs, cette orientation des questions,
axées sur les espaces extérieurs, renforce le sentiment de
délaissement des espaces d'habitation. En effet, beaucoup d'habitants se
plaignaient de la disparité de traitement entre les espaces
extérieurs et leur logement. Ils ont vu leur quartier fortement
s'améliorer et, en sens inverse, leur habitat se
dégrader46.
- Toutes les familles ont une capacité
égale à définir leur cadre de vie.
Les questions posées sont identiques pour
chaque famille. Or, toutes n'ont pas les mêmes « ressources »
(« capital » selon Bourdieu). Certaines questions engageaient un sens
critique tel que « appréciez-vous le quartier des Marronniers
». Or, face cette question, tous les habitants n'ont pas les
capacités égales à répondre. Tout d'abord, les
expériences qu'ils ont pu connaître dans le quartier sont
différents pour chacun d'entres-eux. « L'appréciation »
renvoi alors à tous un ensemble d'éléments qui ne peut
être traduit dans une réponse binaire « oui-non ». De
plus, le niveau de français diffère, certaines familles ont une
plus grande difficulté à énoncer leurs avis lors de
l'entretien.
La technique d'enquête avec questionnaire ne permet
pas de saisir variation et passer dans le filtre statistique, tous les avis
sont équivalents.
45BOURDIEU Pierre,
L'opinion publique n'existe pas, in Questions de sociologie, Les Editions de
Minuit, Paris, 1984 46 Les logements devaient faire l'objet d'une
rénovation (cuisine, salle de bain, sol...) en 2007 mais l'accord
collectif a été rejeté par les locataires.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 62 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
L'enquête est un outil pratique pour
l'évaluation. Elle rend objectivable et ainsi opérationnelle une
chose totalement subjective, les satisfactions individuelles. Mais, les
résultats de l'enquête demeurent éloignés de la
réalité des habitants. Les éléments de
l'enquête ne se recoupent pas de manière évidente avec les
voeux des habitants. Ainsi, la subjectivité de la satisfaction perd son
sens et sa valeur lorsqu'elle est filtrée dans un outil
statistique.
Néanmoins, les tendances mises en
évidence par cette enquête trouvent leur sens et leur fondement si
elles sont complétées par d'autres angles de vue. L'observation
des espaces extérieurs permet de réduire cet écart entre
la lecture institutionnelle et la réalité vécue par les
habitants.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 63 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
2.3 Observation de l'usage des espaces
publics
En 2001, dans le cadre d'une commande de la
Communauté Urbaine du Grand Lyon, une évaluation des derniers
aménagements réalisés dans le quartier des Marronniers
avait été effectuée. Cette évaluation reposait sur
une méthodologie développée par l'Agence d'urbanisme de
Lyon. La méthode consiste à adopter une posture quasi
anthropologique et observer l'usage pratiqué par les habitants de
l'usage public. Les résultats de cette observation sont rendus sous
forme cartographique et doit permettre de mettre en évidence les atouts
et les faiblesses des derniers aménagements.
2.3.1 Présentation de la
méthodologie
2.3.1.1 Principes généraux de la
méthodologie
L'observation des espaces extérieurs repose sur
une méthodologie développée l'Agence d'Urbanisme de Lyon.
Cette méthodologie consiste à observer les pratiques sociales des
aménagements opérés. Elle repose sur un plan d'observation
qui définit deux phases distinctes : une première phase qui
repose sur une observation générale puis une seconde phase qui
cible un lieu et des usages précis.
La première phase générale permet
de faire le lien entre l'état des lieux, la consistance des
aménagements, les pratiques et les usages, les points forts et les
difficultés de la vie quotidienne pour les résidents. Elle est
essentiellement descriptive est permet de cerner de façon analytique la
consistance des aménagements et le fonctionnement du quartier. Cette
première phase se traduit par un ensemble de cartes rendant compte de
cette réalité. Ces cartes sont accompagnées de
commentaires qualitatifs qui soulignent la dimension sociale des pratiques et
des usages.
La seconde phase d'observation cible un lieu et/ou des
pratiques spécifiques. Elle est plus intensive et plus qualitative. Dans
le quartier des Marronniers, elle s'est définie en étroit rapport
avec la mission d'évaluation des derniers aménagements
réalisés. Elle veut comprendre et définir la place des
réalisations, leur importance dans la vie quotidienne du quartier selon
leur appropriation par une classe d'âge, un groupe, une catégorie
d'usages particuliers et identifier l'existence ou non d'un décalage
entre leur utilisation et les aménagements. De manière
générale, il s'agit durant cette phase de confronter les termes
de la commande institutionnelle d'aménagement à la
réalité concrète du terrain.
L'observation s'inscrit dans la recherche du sens des
pratiques quotidiennes. « La saisie des pratiques sociales par observation
directe passe par l'examen détaillé de scène de la vie
sociale »47. L'observation de l'usage des espaces publics
consiste à identifier les pratiques concrètes des usagers de leur
espace. Elle fournit des éléments pour confronter les
énoncés des usagers à leur pratique concrète de
l'espace. Elle permet, en rapportant la consistance des aménagements
à la pratique sociale, d'évaluer de manière pertinente les
aménagements réalisés.
47 TOUSSAINT Jean-Yves,
ZIMMERMAN Monique, User, observer, programmer et abriquer l'espace public,
Presse Polytechniques Romandes, 2001
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 64 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l:évaluation locale
2.3.1.2 Le plan d'observation
La méthode repose sur un plan d'observation.
Celui-ci à pour objectif de répartir au mieux le temps
consacré à l'observation. La construction d'un plan d'observation
nécessite d'arrêter un périmètre d'observation
pertinent et définir une déclinaison méthodique de
l'observation
Le périmètre d'observation se constitue en
fonction de la morphologie urbaine, de la situation dans la ville et des
caractéristiques sociodémographiques du quartier.
Dans le cadre de l'évaluation locale du Cucs,
l'outil d'observation des espaces publics s'est appliqué exclusivement
à la Zone Urbaine Sensible des Marronniers. Le terrain d'étude a
été restreint à une partie de la ZUS des Marronniers,
délimitée par les rues Ampères, Curie et 8 mai 1945. Elle
se centre sur les deux résidences locatives appartenant à l'OPAC
du Rhône et le centre commercial situé le long de l'allée
de la Chardonnière et de la place du même nom (cf carte
ci-après).
D'un point de vu urbain, ce découpage n'est pas
le plus évident. Il exclu la résidence des Bruyères,
ensemble locatif détenu par le même bailleur social, l'OPAC du
Rhône. Ce périmètre trouve son sens dans le
découpage administratif, la résidence des Bruyère
étant à Sathonay et hors de la ZUS.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 65 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l:évaluation locale

Figure 6 : Perimetre d'observation des espaces
exterieurs ; Sources, fond de plan : Etat et Communaute urbaine, Figuration
A.Vigignol
Le plan d'observation se construit après la
première phase de découverte du lieu. Dans cette
pré-phase, c'est une observation flottante et libre et mobilisée.
Celle-ci s'appuie sur les données monographiques recueillies. Ensuite
deux phases distinctes sont prévues : une première phase
d'observation générale, une seconde d'observation
ciblée.
La première phase générale permet
de faire le lien entre l'état des lieux, la consistance des
aménagements, les pratiques et les usages, les points forts et les
difficultés de la vie quotidienne pour les résidences. Elle est
essentiellement descriptive est permet de cerner de façon analytique la
consistance des aménagements et le fonctionnement du quartier. Cette
première phase se traduit par un ensemble de cartes rendant compte de
cette réalité. Ces cartes sont accompagnées de
commentaires qualitatifs qui soulignent la dimension sociale des pratiques et
des usages. Cette phase se clôt sur la production d'un ensemble de cartes
thématiques rassemblant des données de bases qui permettent de
cerner la consistance e la qualité du fonctionnement des espaces
aménagés et observés.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Presentation et analyse critique - 66 - Année
universitaire 2 008-2 009 des résultats de l'évaluation
locale
La seconde phase d'observation est ciblée. Elle
est plus intensive et plus qualitative. Elle est définie en
étroit rapport à la problématique de l'aménagement,
à la structure du quartier et aux lieux qui apparaissent les plus
significatifs. Il s'agit alors de pointer le regard sur ces lieux en fonction
de leur place dans les réalisations, de leur importance dans la vie
quotidienne du quartier (selon leur appropriation par une classe d'âge,
un groupe, une catégorie d'usages particuliers, selon qu'il existe ou
non un décalage entre leur utilisation et les aménagements) enfin
en fonction des conflits dont ces lieux sont les usages. Dans tous les cas, il
s'agit dans cette phase de confronter les termes de la commande
institutionnelle d'aménagement à la réalité
concrète du terrain.
La réalisation de ces observations postule
l'adoption d'une posture anthropologique. La récurrence et le regard
sont gages de la qualité des observations. Il convient de se rendre de
manière régulière et a des heures différentes pour
appréhender les différentes pratiques des habitants au fil de la
journée. Par ailleurs, pour obtenir des résultats pertinents, il
est nécessaire d'orienter le regard et cibler les points importants
à observer.
2.3.1.3 Observation et évaluation
L'objectif de la méthode d'observation dans le
cadre de l'évaluation du quartier des Marronniers est de mettre en
évidence le fonctionnement social de l'ensemble du quartier, et des
derniers aménagements réalisés en particulier. Cet outil
complète l'enquête de satisfaction réalisée
auprès des habitants de ce même quartier. L'observation et la
production cartographique qui en découle donne un appui
visuel/matériel aux énoncés des habitants. Afin que
l'enquête de satisfaction et l'observation des espaces publics
corroborent et soient en lien avec une démarche évaluative,
l'observation s'est essentiellement axée sur les points traités
dans la grille d'entretien. Les observations se sont ainsi
déclinées en plusieurs thématiques, identiques à
celles soulevées par l'enquête de satisfaction. L'observation
s'est ainsi portée sur :
- la consistance des espaces extérieurs et leur
entretien
- l'usage social des espaces extérieurs (flux
piétons et regroupement de personnes)
- les nuisances et dysfonctionnements
repérés dans les espaces extérieurs (dégradation du
mobilier urbain, inondation, déchets...)
- les derniers aménagements réalisés
et leur fonctionnement social
Les thèmes abordés correspondent aussi
à ceux traités par le Contrat Urbain de Cohésion Sociale.
L'observation permet avant tout d'évaluer le cadre de vie, axe
fondamental de la politique de la ville. Elle peut ainsi appréhender la
qualité et les manques de la gestion urbaine et sociale de
proximité. Parallèlement, cet outil permet aussi de juger de la
qualité du lien social au travers l'analyse des regroupements et de leur
composition. Elle évalue ainsi le « lien social - vivre ensemble
», objectif affiché dans le Cucs local.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 67 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l:évaluation locale
2.3.2 Les conclusions de
l'observation
Nous ne présenterons ici qu'une partie des
conclusions de l'observation des espaces publics qui a fait l'objet d'un
rapport de 90 pages. Seule l'observation des derniers aménagements
réalisés, point essentiel de l'évaluation, est
développée ici.
2.3.2.1 Présentation des
opérations
L'aménagement des espaces extérieurs
opéré en 2006 correspond à la troisième tranche
d'une plus grande opération d'amélioration du cadre de vie des
habitants du quartier des Marronniers.
Les derniers aménagements se sont portés
sur :
- l'aménagement de l'espace central entre le 2-8
rue Ampère et 22-36 rue Curie avec la création d'une surface
multi activités (aires de jeux pour enfants, jeux de boules, aire de
jeux de ballon)
- la ré-organisation du parking 14/20 rue Curie
(en deux temps) augmenter place et améliorer l'évacuation d'eau
de pluie
-la suppression de l'aire de jeux située à
l'extrémité du bâtiment rue Ampère et la mise en
place d'un complément de l'aire de jeux situés au niveau de
l'entrée 14 rue Curie.
- aménagement d'une rampe d'accès entre la
résidence et l'école
De manière précise, chacune de ces
opérations a un objectif clair qui sont respectivement la structuration
d'un espace de centralité, la constitution d'un lieu de détente
et de loisirs pour tous, l'amélioration de l'offre de stationnement et
la sécurisation de l'accès à l'école. Il s'agit
ainsi de créer une véritable place au sens ou d'espace «
public » (au sein du quartier car ils demeurent la propriété
privée du bailleur) vide et entouré d'édifice qui forme
son enveloppe48 qui structure, embellie et aère le tissu
urbain.
48 ALLAIN Remy, Morphologie
urbain, Geographie aménagement et architecture de la ville, Armand
Collin
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 68 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
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Figure 7 : Dernière tranche des aménagement
des espaces extérieurs ; Source Opac du Rhône, Bureau
Lapalu
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 69 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
2.3.2.2 Un bon fonctionnement social
Le dernier aménagement, au Nord du quartier, est
l'espace qui concentre les plus importants regroupements de personnes et qui
offre le plus de mixité générationnelle et
genrée.

Figure 8 Regroupements sociaux dans le quartier des
Marronniers, répartition par age et pas sere ;Source : Etat,
Communauté Urbaine de Lyon, figuration : Audrey Vigignol
Ceci peut s'expliquer notamment par son offre
d'équipement et son aménagement.
L'offre d'équipement est diversifiée et
adaptée à plusieurs catégories d'âge. Les jeux pour
enfants sont destinés à un public de 3 à 6 ans, le terrain
de foot à un public de 10 à 20 ans et le terrain de boules aux
adultes. Les murets qui franchissent les noues sont destinés à
être un lieu d'échange
Par ailleurs, cette offre est bien
différenciée. Les espaces sont symboliquement
séparés par des rangés d'arbres. Cela évite les
conflits d'usages et permet la cohabitation de plusieurs catégories de
population en même temps dans la journée.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 7 0 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
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Figure 9 L'espace central : une offre d'équipement
diversifiée et des espaces différenciés, A.
Vigignol
L'enquête de satisfaction confirme ces
observations. 96% des personnes interrogées se disent satisfaites des
cet aménagement.
2.3.2.3 Quelques dysfonctionnements
Il y a néanmoins peu de personne
âgées et peu d'enfants en bas âge. Les entretiens
réalisés auprès des habitants donnent des raisons à
l'absence de ce public. Le très fort ensoleillement de la place fait
fuir les personnes les plus sensibles à l'exposition du soleil. De plus,
les équipements semblent peu adaptés pour ces deux
catégories de population. Les bancs sont en nombre limité et les
murets destinés à cet usage ne conviennent pas aux personnes
âgées qui affirment avoir mal au dos. Les jeux pour enfants
semblent inappropriés pour les plus jeunes du fait de sa hauteur. La
protection est jugée trop faible. De nombreux parents craignent que leur
enfant ne tombe et se blesse.
2.3.3 Analyse critique des
résultats
La connaissance fine du territoire permet de donner
sens à la parole des habitants. L'observation des espaces publics
alimente cette connaissance et complète le point de vue des habitants,
recueillie dans l'enquête de satisfaction. D'une part, cette connaissance
enrichit les grilles d'entretiens. Elle permet de définir des questions
en lien avec le vécut des habitants et non seulement avec une focale
institutionnelle. Par ailleurs, elle permet d'interpréter de
manière moins approximative les résultats de l'enquête. Via
l'observation, il est possible de formuler des hypothèses ensuite
vérifiées avec les entretiens et identifier des relations de
cause à effet entre la consistance d'aménagement et les pratiques
des habitants. Néanmoins, l'observation ne doit constituer qu'une
étape de n'analyse.
Première limite de ce travail d'observation est
le manque de suivi et la brièveté des phases d'observation
(2 mois). Les espaces extérieurs, la qualité des espaces
verts, la consistance des aménagements et les pratiques sociales qui
sont liées sont fortement dépendants du climat et des saisons.
Les éléments observés
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 71 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
comme l'investissement des espaces publics ne sont pas
linéaires tout au long de l'année. A l'inverse, certaines
pratiques qui se déroulent avant tout durant les périodes
froides, comme le squatte des parties communes (halls d'entrées et cave)
n'ont pas pu être observé et donc, de ce fait, n'existe pas
théoriquement. Par ailleurs, l'observation constitue bien sur
une approche extrêmement subjective. Une autre personne n'aurait elle pas
conclut strictement à ces résultats.
Dans la même logique, l'observation veut rendre
compte du cadre de vie du quartier et des usages sociaux au sein de celui-ci.
Autrement dit, l'observation veut rendre compte du quartier tel qui se
présente aux habitants et de manière réciproque, la
représentation que peut avoir les habitants de leur quartier.
C'est-àdire, l'observation, véritable travail de terrain, est une
tentative pour s'extraire de la vision institutionnelle, celle portée
par l'observateur, pour adopter le point de vue de « l'habitant ».
Or, cette démarche trouve les mêmes limites auxquelles se heurtent
les anthropologues. « On ne peut espérer prendre un point de vue
totalisateur. On peut seulement tenter de totaliser différents points de
vue. Il ne faut pas croire qu'il n'y ait qu'un point de vue possible pour
l'observateur, de même qu'il n'y a pas un point de vue indigène
unique »49
L'observation est un outil original et efficace pour
l'évaluation des aménagements des espaces extérieurs. S'il
connaît les mêmes limites expérimentées par
l'anthropologie, il est un bon complément de l'enquête de
satisfaction en constituant un appui visuel aux paroles des habitants.
L'observation définit les usages de l'espace public. L'enquête,
elle, donne un sens à ces usages.
49 BEAUD Stephan,
WEBER Florence, Guide de lDenquete sur le terrain. La
Deconverre, Paris, 1998.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 72 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
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2.4 Les groupes de travail, pour une
évaluation
partagée?
Un axe du cahier des charges de la mission
d'évaluation du Contrat Urbain de Cohésion Sociale de Fontaines
sur Saône est « d'associer les partenaires du CUCS et les acteurs
locaux au travail d'évaluation dans le cadre d'une coproduction ».
Ce travail partenarial s'effectue au travers de groupes de travail
déclinés selon les thématiques couvertes par le Cucs.
L'objectif de cette forme partenariale est de construire un diagnostic
partagé qualitatif de l'état du territoire et d'évaluer
collectivement chaque action du Cucs. Néanmoins, selon les personnes
présentent et la dynamique de groupe, les résultats de chaque
groupe de travail n'a pas le même niveau de pertinence ni la même
valeur.
2.4.1 Présentation
2.4.1.1 Une démarche partagée
recommandée
L'organisation de groupe de travail sur les
différentes thématiques du Cucs est le quatrième outil
servant l'évaluation du Cucs de Fontaines sur Saône. Cette
démarche correspond à une demande juridique.
il est necessaire que l'evaluation soit conduite en bonne
intelligence avec l'ensemble des decideurs, afin de leur permette d'apprecier
les actions engagee au regard des objectifs qu'ils se sont donnees
Extrait de la circulaire du 25 août 2000
relative à la mise en place de l'évaluation dans les
procédures contractuelles
Par ailleurs, la participation est l'un des
critères retenus par la DIV pour la réalisation de
l'évaluation. .
extrait de la circulaire du 5 juillet 2007 relative
à l'évaluation du Cucs,
2.4.1.2 Composition
Ces groupes de travail sont exclusivement composés
de « techniciens », le personnel politique et la
société civile en sont exclus.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 73 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
Ils réunissent tous les acteurs engagés
dans la programmation du CUCS 2007-2009, c'est-à-dire les porteurs
d'actions inscrites dans le CUCS et les partenaires.
5 groupes de travails sont constitués sur les
thématiques suivantes :
1- Projet Urbain
2- Cadre de vie- Gestion Urbaine de
proximité
3- Réussite Educative- Citoyenneté-
Prévention de la délinquance
4- Emploi- Insertion Sociale- Développement
Economique
5- Développement Culturel- Lien social- Vivre
ensemble
2.4.1.3 Fonctionnement
Chaque groupe de travail se réunit une fois
lors d'une réunion de 3h. Auparavant, tous les acteurs sollicités
ont reçus un extrait de la convention locale d'application du Cucs dans
lequel est inscrit les objectifs du Cucs pour la thématique
traitée ainsi qu'une grille d'analyse.
La grille d'analyse reprend le format de
l'évaluation intermédiaire du Cucs de l'agglomération
lyonnaise. Cette grille propose une lecture en deux temps. Premièrement,
elle propose d'identifier les atouts, les faiblesses et l'évolution du
territoire dans la thématique donnée depuis la mise en place du
dispositif (c'est-à-dire 3 ans).
Principaux atouts et potentialités
du territoire en 2009
|
Principaux handicaps du territoire en
2009
|
Evolutions les plus marquantes (négatives
ou positives) et questions en suspens depuis 2007
|
|
|
|
Deuxièmement, la grille doit reprendre chaque
action inscrite dans le CUCS ou celles qui contribuent à la
réalisation des objectifs inscrits dans le CUCS par thématique.
Chaque action est analysée en identifiant la dynamique engagée,
les difficultés rencontrées et les perspectives
annoncées.
THEME : Rappel de l'objectif énoncé
dans le Cucs
Etat des lieux 2009
|
Perspectives et enjeux
|
Actions
concrètes réalisées
|
Dynamiques obtenues
|
Dysfonctionnements/difficultés rencontrées
|
|
|
|
|
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Presentation et analyse critique - 74 - Année
universitaire 2 008-2 009 des résultats de l'evaluation
locale
La réunion se déroule en trois
temps.
Dans un premier temps, l'Emous présente le Cucs
local, la géographie prioritaire et la démarche
d'évaluation. Un tour de table permet à chaque acteur de se
présenter en indiquant la structure qu'il représente et
les fonctions qu'il occupe. Cette phase correspond à « la
réduction de l'opacité » décrite dans la
méthode Viveret.
Dans un deuxième temps, les acteurs prennent la
parole collectivement puis à tour de rôle pour répondre aux
éléments définis par la grille d'analyse. Chaque
confirmation ou contestation est prise en compte. Il ne s'agit pas de
construire un consensus mais bien un diagnostic partagé avec toutes les
nuances possibles.
Dans un troisième temps, l'Emous présente
la liste des indicateurs définie au préalable et les soumet
à validation des acteurs.
Suite à la réunion, un compte rendu est
rédigé. Celui-ci ainsi que la grille d'analyse remplie sont
renvoyés à chaque acteur. Ils disposent d'environ trois semaines
pour modifier ou ajouter des éléments. Après ce laps de
temps, le compte rendu, la grille d'analyse et le référentiel
d'indicateurs sont considérés comme validés et
représentatif d'un bilan partagé.
2.4.2 Objectif : La construction en
commun
Cette méthode doit associer des acteurs aux
profils divers, tant publics que privés, tous engagés dans la
mise en oeuvre du Cucs. L'objectif général de cette
démarche est la construction d'une évaluation partagée.
Cette co-production vise trois sous-objectifs :
- enrichir l'analyse statistique par une approche
qualitative. Les limites des indicateurs peuvent être comblées par
l'analyse des acteurs locaux. Par ailleurs, cette démarche permet
d'aborder d'autre d'angle d'analyse. Il permet ainsi d'évaluer le
processus de la politique (partenariat, fonctionnalité des dispositifs,
besoins institutionnels) qui est impossible à appréhender au
travers des autres outils utilisés.
- Engager les acteurs dans la démarche globale
d'évaluation. Cette alliance permet notamment la collecte d'informations
statistiques. L'accord explicite du référentiel statistique
permet l'obtention d'un accord implicite de participation au renseignement des
données.
- Garantir la pluridisciplinarité et la
transparence de la démarche évaluative. Il s'agit
d'accroître la diffusion et la transparence des études
d'évaluation dans le respect des principes des institutions promouvant
l'évaluation.
2.4.3 Une anlayse
«partagée»?
Avec l'appui de la sociologie de l'interaction et les
sciences de la communication, il est possible d'identifier plusieurs limites
dans le « partage » du diagnostic.
« Partage » ne signifie pas forcément
« consensus ». Ce point était clairement affirmé
dès le départ. L'objet n'était pas d'établir un
consensus sur le diagnostic mais bien de construire ce diagnostic
collectivement.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 75 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
Néanmoins, s'il ne signifie pas consensus,
l'analyse partagée engage :
- Une compréhension commune de l'objet
traitée qui repose sur une intelligibilité mutuelle
- Une capacité commune a traité l'objet qui
repose sur une égalité de pouvoir dans la prise de
parole.
2.4.3.1 Parle-t-on le même langage ?
Pour qu'il y ait un véritable partage de
l'analyse, chaque acteur doit analyser la même chose.
Dans une telle situation qui réunit des «
professionnels » de la politique de la ville, tous les termes et notions
dont certaines sont véritablement spécifiques à la
politique de la ville, ne sont pas explicités. L'objet même de la
réunion, l'évaluation du Cucs, repose sur l'accord implicite de
la nécessité d'évaluer le Cucs. L'ensemble des
éléments auxquels renvoient le dispositif Cucs, la pratique
évaluative, le thème traité ne sont pas
développés car il est sous-entendu que chaque acteur les
connait.
La notion d'inférence conversationnelle
spécifie cette logique de mise en cohérence par laquelle les
protagonistes d'un échange peuvent comprendre ce qui se passe et
confirmer une intelligibilité mutuelle. Dans les situations de
proximité culturelle et de « familiarité »
l'inférence conversationnelle invite les locuteurs à ne pas
compléter leurs descriptions et à laisser l'auditoire,
supposé savoir, le soin de coopérer comme il l'entend à la
production de l'intelligibilité mutuelle. Cela engage les acteurs
à formuler un accord implicite sur l'objet dont on parle sans le
définir précisément50.
Or les réunions intègrent une
série d'acteurs aux profils très divers, au nom du principe de
diversité et de pluridisciplinarité. On peut donc penser, que si
familiarité il y a, des différences de cultures professionnelles
dominent. Dès lors, les acteurs parlent ils de la même chose
?
Dans le cadre du groupe de travail réussite
éducative la définition de ce champ n'a pas été
donnée. Chaque acteur semblait alors traiter ce thème selon sa
propre loupe. Pour l'Education nationale, la réussite éducative
est synonyme de réussite scolaire. Pour d'autres acteurs, notamment les
travailleurs sociaux, elle s'apprécie au travers de la diminution du
nombre de jeunes déscolarisés (qui ne peuvent donc être
pris en charge par des dispositifs visant à améliorer les
résultats scolaires). D'autres encore mettent au premier plan la
participation des enfants à des activités sportives et ou
culturelles.
2.4.3.2 Interaction et domination
D'après la sociologie qui s'intéresse
à la communication et aux interactions, les relations d'interactions
sont les espaces où s'exercent des rapports de domination et de
subordination. Dans ces espaces, personne n'est égal. Les groupes de
travail constituent donc un « champ » au sens de Bourdieu. Il s'agit
d'un collectif socialement construit dans lesquels les individus sont
placés en position inégale de pouvoir. Les acteurs opèrent
de manière différente selon qu'ils occupent une position
dominante ou dominée, centrale ou marginale.
Une explication de ce comportement instable est
donnée par la théorie psychologique. Cette science attire
l'attention sur les phénomènes d'ambivalence du sujet et
d'indétermination relative du moi. Les individus peuvent ne pas avoir
d'opinions arrêtées sur le problème qui se pose à
eux. Il s'opère alors une « remise de soi » à un tiers
fortement dominant qui se traduit par l'exercice de conformité à
un « rôle ». On entend par là un agencement d'attitudes
et de comportements attendus d'un individu à raison de son statut
juridique ou/ et
5° John
Joseph GUMPERZ, Sociolinguistique interactionnelle : une approche
interpretative, L'Harmattan, Paris 1989
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 76 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
de son positionnement dans le champ
social51. L'individu entre dans un système d'interactions
avec des repères déjà en place. Il sait quels sont les
comportements plausibles attendus de lui et il peut s'y adapter
délibérément par habitudes52.
Ainsi, au cours des groupes de travail, tous les
participants disposaient du même statut. Ils étaient tous des
porteurs d'actions inscrites dans le Cucs. Malgré cette
égalité de principe, le temps de prise de parole et l'aisance
orale étaient très différents. Ainsi, au cours de ces
réunions, il était possible de noter une grande différence
entre chaque acteur, bien moins due à des traits de caractères
qu'à leur origine institutionnelle. Par exemple, durant le groupe de
travail « développement économique insertion sociale »
le représentant de la Chambre de Commerce et d'Industrie et le directeur
de la mission locale étaient beaucoup plus actifs et présents que
les autres partenaires. Reconnus institutionnellement, familiers avec ce type
de réunion, ils prenaient aisément la parole. Ces acteurs
étaient clairement dominants dans ces réunions du fait de leur
position professionnelle. A l'inverse, les associations intervenant dans le
champ de l'insertion, sur des problématiques plus serrées,
l'apprentissage linguistique par exemple, étaient plus effacées.
Ces acteurs ont en effet pas la même culture professionnelle et par la
même reconnaissance institutionnelle. Ils occupaient alors une place de
subordination Dès lors, le partage du diagnostic est relatif. Il exprime
de manière prépondérante la vision d'une poignée
d'individus plus influents mais pas forcément les plus
investis.
51 Anselm STRAUSS, Miroirs et
masques, Trad, Metaille, Paris, 1992
52 Philippe BRAUD, Sociologie
politique, 8eme editions LGDJ Paris, 2006
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 77 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
Conclusion chapitre 2
L'évaluation du Cucs permet la production d'une
grande source de connaissance.
L'articulation de plusieurs outils
méthodologiques, indicateurs statistiques, enquête de
satisfaction, observation des espaces publics et groupes de travail
partenariaux, permet d'élaborer une connaissance qui est à la
fois qualitative et quantitative.
Chaque outil présente les limites congruentes
à toute démarche scientifique. L'objectivité de chacun
d'eux est relative. La subjectivité est inévitable et semble
s'opposer à la rigueur dont veut se doter les dispositifs de la
politique de la ville qui transparait, notamment, au travers d'une
définition rationnelle de la géographie prioritaire.
Mais la scientificité des résultats est
limitée dans tout processus d'évaluation puisque ces derniers
consiste bien à « porter un jugement de valeur sur une action
menée ». Dès lors, l'absence de subjectivité est
impensable. On ne peut donc reprocher aux évaluations leur
subjectivité, mais seulement l'arbitraire qui peur résider dans
la démarche. Or, en articulant plusieurs procédés et en
assurant, pour chacun d'eux, un cadre méthodologique précis et
transparent, l'évaluation dépasse cet obstacle d'arbitraire et
assure une vision du territoire cohérente et recevable.
CHAPITRE 2 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
Présentation et analyse critique - 78 -
Année universitaire 2 008-2 009 des résultats de
l'évaluation locale
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Chap itre 3.
L'EVALUATION DU CUCS,
UN OUTIL D'AIDE A LA
PRISE DE DECISION ?
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 81 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Dans le chapitre précèdent, nous avons
présenté les axes de l'évaluation locale de
Fontaines-sur-Saône, ses résultats et les limites de ceux-ci. Nous
avons noté certaines lacunes et déficits, qui sont
néanmoins partiellement palliés par la combinaison et la
complémentarité de plusieurs approches. L'adoption de
démarches systémiques et analytiques proposant un point de vue
double, quantitatif et qualitatif, offre une vision du territoire
cohérente et recevable. L'évaluation se matérialise par
une production scientifique et ces résultats reflètent
l'évolution des territoires prioritaires de Fontaines sur Saône
depuis trois ans.
Néanmoins, la production de connaissances ne
constitue pas à elle seule une évaluation. En effet,
l'évaluation est « une production de connaissances scientifiques
alimentant la décision publique ». La production de connaissances
n'est alors qu'une seule phase de la démarche évaluative. Ainsi
la circulaire du 28 décembre 1998 souligne que « les conclusion
tirées de l'évaluation doivent être intégrées
dans les processus de décisions qui conduisent à lancer,
compléter, infléchir, suspendre, ou abandonner une politique
publique53 ». Il convient alors d'interroger la
réception de la démarche évaluative dans les
sphères décisionnelles, les conditions de reversement et
l'influence des résultats dans l'orientation des politiques
futures.
Ainsi, dans ce dernier chapitre, il s'agit de
questionner la démarche même de l'évaluation et non plus
seulement ses résultats. Au-delà de la qualité
scientifique des résultats, un certain nombre de conditions doivent
être remplies pour assister à un « reversement » de ces
résultats dans la procédure de décision publique.
Plusieurs paramètres rentrent en jeu dans le processus d'alimentation de
la décision publique et sont les variables clefs qui conditionnent la
démarche évaluative. Les exigences d'une démarche
scientifique sont garantes de la légitimité et ainsi de
l'acceptabilité de l'évaluation. De plus, les paramètres
institutionnels accélèrent ou freinent la réception des
résultats de l'évaluation. Enfin, les registres d'attentes des
acteurs filtrent la production et la réception des résultats.
Ainsi, contexte, institutions et acteurs inclinent ou non l'intégration
des conclusions de l'évaluation.
Le contexte et l'objet de la mission
d'évaluation constituent-ils un environnement favorable à la
conduite d'une évaluation pertinente ? Les acteurs sont ils disposer
à reconsidérer leur politique ? La politique de la ville, et plus
particulièrement le Contrat Urbain de Cohésion Sociale, est elle
véritablement une action publique évaluable ?
Le contexte de la mission d'évaluation semble
répondre aux exigences de déontologie et assure la
légitimité de l'évaluation (3.1). Néanmoins, la
prise en compte des résultats se heurte aux modalités
institutionnelles de la politique de la ville (3.2). Enfin, les registres
d'attentes des acteurs interrogent les objectifs de l'évaluation
(3.3)
53 Circ, PRM/C, 28
décembre 1998, JO février 1999, P,2239
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 82 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
3.1 La démarche évaluative, quelle
légitimité de
l'évaluation ?
L'évaluation vise à produire des
connaissances sur les politiques publiques notamment quant à leurs
effets, dans le double but de permettre aux citoyens d'en apprécier la
valeur et d'aider les décideurs à en améliorer la
pertinence, l'efficience, la cohérence et les impacts.
Or, l'évaluation des politiques publiques est
exposée au risque permanent d'instrumentalisation au service d'un
message politique particulier.
De ce fait, pour atteindre ces objectifs,
l'évaluation doit respecter un corps de principes, une véritable
déontologie54. L'organisation de l'évaluation et le
contexte de celle-ci conditionnent le respect de ces principes.
3.1.1 Les principes
déontologiques
L'évaluation vise à produire des
connaissances sur les politiques publiques. Elle est garante de la
démarche démocratique du processus de décision publique en
permettant aux citoyens d'en apprécier la valeur et en aidant les
politiques à améliorer leur action. Parce que son objectif est
grand et qu'elle est exposée au risque d'une instrumentalisation, la
démarche évaluative doit être encadrée : «
L'évaluation doit être décidée organisée et
conduite en vue de l'intérêt général. C'est pour
cela quelle doit être exercé dans un cadre institutionnel
explicite et que sa pratique doit être régie par des principes
spécifiques »55. Le conseil économique et social
défini ainsi cinq critères :
- Pluralité
- Distanciation
- Compétence
- Respect des personnes
- Transparence
- Opportunité
- Responsabilité
3.1.1.1 Pluralité et distanciation
54 Rapport au
sénat
55Préambule de la
charte de l'Evaluation des programmes et des politiques publique in JACOT
Henri, Le citoyen, l'élu, l'expert
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 83 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
L'évaluation doit prendre en compte les
différents intérêts et recueillir la diversité des
points de vue sur l'action évaluée. Les conditions dans
lesquelles se réalise une évaluation doivent permettre de
répondre à la double exigence d'une expertise
indépendante, à savoir :
- une prise en compte équitable des points de vue
de ses décideurs, de ses acteurs et de ses bénéficiaires -
un regard extérieur porté sur la politique
évaluée56.
Ainsi, au nom de l'indépendance,
l'évaluation réclame un réel pluralisme. Ce pluralisme
peut être une diversité points de vue ou bien un pluralisme de
compétences, il s'agit alors de pluridisciplinarité. Ce
pluralisme s'applique avant tout dans les instances d'évaluation
(comité de suivi, comité de pilotage).
Par ailleurs, sa réussite et sa pertinence
reposant sur la prise en compte de cette diversité, l'évaluation
doit être conduite de façon impartiale. La charte de
l'évaluation appelle ainsi les personnes participant à
l'évaluation au titre professionnel d'informer les autres partenaires de
tous conflits d'intérêts éventuels.
3.1.1.2 La transparence et respect des
personnes
La transparence doit d'abord s'appliquer à la
composition et au fonctionnement de l'instance d'évaluation. Ces
instances doivent ainsi répondre à deux critères de
transparence :
- Transparence de la composition. Il importe de
pouvoir identifier les auteurs de l'évaluation car il semble
évident que la composition de l'instance n'est pas sans effet sur ses
conclusions. Comme l'indique le « petit guide » du Conseil
scientifique de l'évaluation : « Quel que soit le dispositif
choisi, celui-ci doit permettre d'imputer clairement l'évaluation
à un auteur (collectif ou individuel), qui en assume la
responsabilité... ».
- Transparence du fonctionnement. Si,
idéalement, les instances d'évaluation devaient être des
lieux où des conclusions raisonnables sont déduites des analyses
effectuées, un risque permanent existe : celui de voir les instances
constituer un lieu de médiation de différents
intérêts. Il s'agit alors, par la transparence de fonctionnement
d'empêcher que ne se produisent dans le déroulement des travaux de
l'instance les phénomènes de confiscation de l'information. De
plus, la transparence de fonctionnement place les membres de l'instance en
situation de responsabilité.
Par ailleurs, la transparence peut s'appliquer aux
résultats. Selon la Société Française de
l'évaluation, la diffusion publique des résultats est fortement
souhaitable. Néanmoins, il est courant, pour des raisons de
confidentialité, qu'une telle démarche est impossible. Dès
lors, dans tous les cas, les règles de diffusion des résultats
devraient être établies dès le départ. Et
l'intégrité des résultats doit être
respectée, quel que soient les modalités ou les supports de
diffusion.
Enfin, dans un souci de respect des personnes, les
acteurs participant au processus d'évaluation doivent respecter les
droits et la sécurité de toutes les parties concernées.
Notamment, selon la réglementation de la Commission Nationale de la Loi
Informatique et Liberté, aucune origine nominative des informations ou
opinions recueillies, sauf accord, ne peut être diffusée
publiquement.
56 Societe Francaise de
lAevaluation :
http://www.sfe.asso.fr/fr/l-evaluation-france.html
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 84 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Enjeux et limites de l~ivaluation locale du Contrat Urbain de
Cohesion Sociale 2007-2009 3.1.1.3 Opportunité
Une évaluation doit être
décidée et organisée lorsqu'elle est susceptible de
produire des résultats permettant de :
+ Rationnaliser la prise de décision
publique.
+ Moderniser la gestion de l'administration publique et
rendre plus efficace la dépense publique.
+ Développer l'apprentissage
organisationnel
+ Renforcer le débat démocratique à
tous les niveaux de gouvernement57.
Dans cet objectif, l'évaluation doit donc
être organisée en amont de la prise de décision et dans un
contexte favorable à un changement organisationnel ou
opérationnel. Certaine situation sont ainsi plus propice à
l'évaluation :
- en fin du dispositif évalué
- en début de mandat politique. Si la charte
affirme que le processus d'évaluation doit être conduit de
façon autonome par rapport au processus de gestion et de décision
afin de préserver le choix des décideurs politiques, il semble
qu'une évaluation menée en milieu de mandat, une fois le
processus d'action déjà enclenché, n'a guère de
chance de voire ses résultats et préconisations prises en
compte.
3.1.1.4 Compétences et
Responsabilités
La charge pour l'évaluation rappelle que les
personnes participant au processus d'évaluation à titre
professionnel doivent mettre en oeuvre des compétences
spécifiques en matière de conception et de conduite de
l'évaluation, de qualité de la commande de méthode de
collecte de données, d'interprétation des résultats. Ces
personnes, selon la charte, ont le souci d'améliorer et de mettre
à jour leurs compétences, notamment en référence
à celles en usage dans la communauté internationale de
l'évaluation.
Par ailleurs, les personnes et institutions
participant au processus d'évaluation sont conjointement responsables de
la bonne application des principes énoncés ici :
pluralité, distanciation, compétences, respect des personnes,
transparence, opportunité et responsabilité.
Ces principes énoncés dans la charte de
l'évaluation de la Société Française de
l'évaluation et dans d'autre texte encadrant la pratique
évaluative (Rapport au Sénat) dessine les contours d'une sorte
« d'idéaltype de l'évaluation », c'est-à-dire un
modèle parfait auquel la réalité ne peut que tendre.
Jusqu'à quel degré l'évaluation locale de Fontaines sur
Saône se rapproche de se modèle parfait ?
3.1.2 L'organisation de la démarche
évaluative locale
57 Ces points sont ceux
enonces dans le preambule de la Charte de lAevaluation des programme et
politiques publiques redigee par la societe franeaise de
lAevaluation.
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 85 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?

Ces principes déontologiques cités
précédemment mettent en évidence la
nécessité d'organiser formellement la conduite des
évaluations. L'évaluation des politiques publiques doit
répondre à une institutionnalisation
élaborée58. La manière dont est menée
l'évaluation définie la pertinence de la démarche
évaluative et garantie le respect des principes
déontologiques.
Au niveau local, l»organisation de
l'évaluation se caractérise par la définition du principe
évaluatif bien en amont de la fin de contrat. Sa conduite est
effectuée en interne via l'appui d'un stagiaire et son pilotage est
porté par des instances évaluatives.
3.1.2.1 Des CUCS qui intègrent
véritablement l'évaluation
La forme même du Cucs, conformément à
la volonté réglementaire, répond à une exigence de
suivi et d'évaluation propre à une démarche de
projet.
Face à la difficulté d'évaluer
les Contrat de Ville 2000-2006, l'ensemble des textes officiels d'aide à
la préparation des CUCS insistait sur la nécessité de
penser l'évaluation au préalable de leur rédaction. Les
circulaires du 24 mai 2006 et celle du 15 septembre 2006 soulignent
l'importance de prendre en compte l'évaluation dès la
rédaction du Cucs. L'évaluation n'est plus donc pensée
« comme un simple outils de jugement » mais comme une méthode,
partie intégrante de la démarche de construction du
projet59.
Dès la rédaction des Cucs, il avait
été demandé aux communes de prévoir
l'évaluation, de définir les enjeux stratégiques du
territoire pour vérifier au terme de contrat la conformité des
objectifs atteints. Cette démarche implique que les communes, avant la
signature du contrat, prévoient la mise en place d'un dispositif
permettant la récolte de données afin d'assurer un suivi des
actions.
Extrait de la circulaire du 1er
février 2007 relative à la signature des Cucs
Ainsi, la convention locale est rédigée de
manière à pouvoir être évalué le dispositif
qu'elle met en oeuvre.
A chaque grande thématique traitée par le
Cucs, un objectif général est fixé. Par exemple, la
thématique réussite éducative vise à «
Prévenir l'échec scolaire et donner leur chance aux enfants et
aux adolescents en difficulté ne bénéficiant pas d'un
environnement social, familial et culturel favorable à leur
réussite. ».
58 Joel BOURDIN, Pierre ANDRE, Jean Pierre PLANCADE,
Rapport d'information fait au nom de la Délégation du
Sénat pour la planification sur l'évaluation des politiques
publiques en France, Senat, delegation pour la Planification, Paris,
2004
59 Aude TALLARON, Michel
BASSET, L'évaluation « enfin » prise en compte en amont de la
mise en ceuvre des Cucs ? Les cahiers du DSU, automne-hivers 2007-2008,
p75-76
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 86 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Ces grands objectifs sont déclinés en
moyens. Chaque moyen correspond à une série d'actions. Enfin, des
indicateurs de suivi et d'évaluation sont indiqués pour chaque
action.

MOYEN
MOYEN
MOYEN
O BJECTIF
.

Action Action
· · · ·
Indicateurs de suivi et evaluation
La formalisation du Cucs décliné en
objectif-moyens-action, permet d'adopter une analyse à trois
niveaux..
+ les actions ont-elle étaient efficaces ?
(Efficacité)
+ les actions mises en oeuvre ont-elles permis
d'atteindre les moyens fixés ? (Efficience)
+ les moyens définis répondent-ils à
l'objectif général ? (Pertinence)
3.1.2.2 Stagiaire entre évaluation interne et
externe, quel avantage ? Quels inconvénients ?
Au niveau local, pour l'évaluation du Cucs de
Fontaines sur Saône, il a été décidé de
solliciter un étudiant pour assurer une mission d'appui à
l'évaluation durant 6 à 9 mois. Le statut de stagiaire se
présente comme un intermédiaire entre l'évaluation interne
et l'évaluation externe.
L'évaluation interne est celle effectuée
par les services même de la structure évaluée. Les
avantages d'une telle démarche sont la connaissance de la structure par
les personnes qui exécute l'évaluation. De plus, l'accès
aux informations est facilité. Enfin, elle permet l'implication de la
structure et de ses acteurs dans la dynamique évaluative.
Néanmoins, cette démarche ne permet pas, ou difficilement, de
porter un regard critique sur les enjeux et objectifs généraux de
l'évaluation. Elle est ainsi beaucoup plus soumise au risque d'une
manipulation de ses résultats60.
L'évaluation externe consiste à confier
la commande à un prestataire extérieur. Elle garantie donc une
bonne expertise technique. Par ailleurs, l'autonomie du prestataire assure une
plus grande analyse critique des informations. En revanche, la démarche
externe engage des acteurs qui méconnaissent la structure et la
politique évaluée. Le risque d'un décalage entre
l'évaluation et la commande politique est plus grand.
60 Vincent POTIER et Magali BENCIVENGA, Evaluation des
politiques locales, Edition le Moniteur, Paris, 2005
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 87 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
|
|
Avantages
|
|
Inconvén ients
|
Evaluation interne
|
·
·
|
Coll ect e des informations facil es Implication d es
acteurs dans la dynamiqu e évaluativ e
Bonne connaissance d e la
structure et d e la politiqu
e évalué
|
· .
|
Acteurs pas experts d e
l'évaluation
Risque d'un e manipulation
des résultats
|
Evaluation externe
|
·
|
Exp ertise techniqu e
Regard indép endant et critique
|
.
·
|
Méconnaissance d e la
structure et d e la politiqu e
Risque d'un e évaluation détaché des
enj eux politiqu e
|
Le stagiaire se situe entre ces deux démarches.
Le stagiaire est bien un intervenant extérieur. Il a, en ce sens, un
regard neuf sur la politique menée mais présente les mêmes
inconvénients quand à la méconnaissance du territoire et
de l'action. Il faut ainsi compter un mois pour être familier avec
l'organisation, les acteurs et le vocabulaire propre à la politique de
la ville.
D'autre part, le stagiaire, bien qu'intervenant
extérieur est sous la hiérarchie de l'administration qu'il
évalue. Le stagiaire est ainsi sous l'influence d'une double
autorité :
+ autorité administrative. En tant qu'agent «
contractuel » de la structure, le stagiaire est sous
l'autorité du directeur général de
service.
+ autorité de compétences. En tant que
stagiaire, il est dans une logique d'apprentissage sous
l'autorité de son tuteur de stage.
Le stagiaire est ainsi un acteur extérieur qui
fait parti de l'administration qu'il évalue le temps de sa mission. Le
stagiaire n'est pas un « expert » de l'évaluation. Son stage
s'effectue bien dans une logique d'apprentissage. Il est donc encadrer et
orienter par son formateur de stage qui est l'un des commanditaires de
l'évaluation.
Il est possible de considérer le statut de
stagiaire selon deux points de vue rigoureusement opposés.
Selon Alain Tallaron et Michel Basset « rien
n'est plus difficile que d'être en position de stagiaire au sein d'une
administration en ayant pour mission d'évaluer la politique publique mis
en oeuvre par celle-ci ». D'après ces auteurs, le stagiaire est
pris dans la double contrainte qui consiste d'un côté à
apprendre à évaluer en suivant les conseils de son formateur de
stage, qui est l'un des commanditaires, et d'un autre côté,
apprendre à ce formateur ce qu'est une évaluation. Le stagiaire
est alors pris dans l'injonction d'être à la fois l'apprenti et
l'expert. Il reste dépendant des qualités de son formateur et des
pratiques d'évaluation existantes dans
l'administration61.
61 Alain THALINEAU et Thierry
RIVARD, Produire de la connaissance et alimenter la décision publique :
des objectifs tenables ? sous la direction de Henri JACOT et ANNIE FOUQUET in
Le Citoyen, l'Elu et l'Expert, pour une démarche pluraliste des
politiques publiques, L'Harmattan, Paris, 2007
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 88 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Néanmoins, selon une autre lecture, il est
possible de considérer la position du stagiaire comme un juste milieu
permettant de mener une évaluation qui soit à même de mieux
répondre à la demande d'évaluation. Car si «
l'indépendance des évaluateurs doit être pleinement
reconnue », il apparaît que « confier l'animation de
l'évaluation des politiques publiques à des acteurs sans liens
directs avec les processus d'action et de décision publique, constituent
une traduction regrettable d'une préoccupation, quant à elle
légitime, de garantir l'indépendance de l'évaluation
»62.
Ainsi, il s'agit de différencier autonomie et
indépendance. Il apparait évident que, vu sa démarche
d'apprentissage et sa position sous tutelle de l'administration qui
l'accueille, le stagiaire ne peut être autonome. Il peut être
néanmoins être indépendant, notamment si les instances
évaluatives sont suffisamment pluralistes et actives. Le recours
à un stagiaire est bénéfique. Il permet d'adopter un
regard extérieur, donc indépendant des jeux d'acteurs et des
intérêts liés à l'évaluation. Mais ce dernier
est néanmoins intégré à la structure et
répond au besoin de celle-ci en terme d'évaluation et
évite ainsi l'écueil de « la dérive
académiste63 ».
3.1.2.3 Les instances évaluatives
Dans une logique de pluralité,
l'évaluation doit « prendre en compte de façon
raisonnée les différents intérêts en présence
et recueillir la diversité des points de vue pertinents sur l'action
évaluée, qu'ils émanent d'acteurs, d'expert, ou de toute
autre personnes concernée »64
L'évaluation locale est portée par trois
instances :
- le comité de pilotage du Cucs qui valide la
démarche et les résultats de l'évaluation
- le comité de suivi « Evaluation »
composé de la ville avec un élu référent, de
l'Emous, du délégué
du préfet, de l'Education Nationale, du Grand
Lyon, de la Région, du département, de la CAFAL, de l'ACSé
et de l'OPAC du Rhône.
- Les ateliers de travail thématiques
composés des porteurs d'action Cucs (Cf. Chapitre 2, partie 4,
«
Les groupes de travail, pour une évaluation
partagée ? »
La constitution d'instances d'évaluation
répond à deux objectifs :
- éviter les pièges de
l'auto-évaluation
- refuser le point de vue univoque, la pensée
unique, au profit d'une pluralité d'approches.
Pour répondre à ces deux objectifs, les
instances d'évaluation doivent répondre à trois
critères. Opportunité
62 Joel BOURDIN, Pierre ANDRE, Jean Pierre PLANCADE,
Rapport d'information fait au nom de la Delegation du Senat pour la
planification sur l'évaluation des politiques publiques en France,
Sénat, delegation pour la Planification, Paris, 2004
63 Idem
64 Societe Francaise de
lAevaluation :
http://www.sfe.asso.fr/fr/l-evaluation-france.html
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 89 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Dans une conception du pluralisme où celui-ci a
pour fonction d'assurer la confrontation des opinions informées, il ne
peut y avoir instance d'évaluation constituée une fois. Il est
donc nécessaire que la constitution des instances en charge de
l'évaluation se fasse au coup par coup en fonction du projet
d'évaluation lui-même. Ce critère est aussi rempli dans le
cadre de l'évaluation locale. Le comité de suivi «
Evaluation » ainsi que les groupes de travail sont créés
spécifiquement pour l'évaluation du Cucs 2007- 2009. Au terme de
l'évaluation, ces instances ayant fournies leur résultats et
analyses disparaissent. Il revient au comité de pilotage du Cucs
d'interpréter et d'intégrer ces données dans son
action.
Encadrement du fonctionnement.
L'organisation de l'évaluation implique en
premier lieu, que les fonctions des instances d'évaluation soient
reconnues. Il faut ainsi, d'abord prévoir le principe de l'intervention
de telles instances dans le déroulement des évaluations. Dans le
cadre de l'évaluation locale, ce principe est garanti. Le cahier des
charges énonce le rôle et les modalités d'intervention de
chacune des instances.
Autonomie
Au-delà d'une reconnaissance de ses fonctions,
il faut que l'instance d'évaluation constitue effectivement un organe
autonome. Il est nécessaire que soient garantis, outre son
indépendance, son pluralisme. Dans le cadre de l'évaluation
locale, par la nature même de la politique de la ville (politique
partenariale et multidisciplinaire) ce pluralisme est assuré de
manière presque « naturelle ». La composition des groupes de
travail, comme développée dans le chapitre
précédent, est très diversifiée avec des acteurs
locaux originaires de structures associatives, de collectivité locale ou
du secteur privée de mission service public. .Par ailleurs, le
comité de suivi réuni tous les financeurs et acteurs
institutionnels de la politique de la ville, sans exception.
3.1.3 Le phasage d'évaluation
3.1.3.1 En amont de l'évaluation
L'évaluation doit être envisagée
antérieurement à la rédaction du contrat. L'objectif de
l'évaluation est bien, in fine, de vérifier que les actions
accomplies soient conformes aux objectifs établis à l'origine du
contrat.
La circulaire relative à la mise en place des
contrats urbains de cohésion sociale place l'évaluation comme
«obligatoire, partie intégrante et préalable à la
rédaction du CUCS »65.
Au niveau local, cela s'est traduit par l'introduction
dans la convention locale d'outils permettant le suivi et l'évaluation
:
+ la définition de d'objectif
décliné en action
+ la définition d'une batterie d'indicateur pour
chaque action
65CABINET ARGOS, L'evaluation
des CUCS, février 2007 [Consultation mai 2009], Disponible sur le site
du centre de ressources et d'échanges pour le développement
social et urbain :
http://www.crdsu.org/Datas/File/DT>Eval%20Cucs/CUCS%20%20Formation%20Eval2.pdf
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 9 0 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Néanmoins, les indicateurs construits dès
la constitution du Cucs local ne sont pas des éléments permettant
un véritable suivi et alimentant l'évaluation.
D'une part, aucun de ces indicateurs n'a
été renseigné au cours de ces trois dernières
années.
D'autre part, la plupart de ces indicateurs ne sont
pas pertinents pour l'évaluation. Ils ne sont pas renseignables, ils
représentent mal la réalité locale out ils ne sont pas
comparables, ni dans le temps ni dans l'espace.
Ainsi, ancrer la démarche d'évaluation
dans la rédaction des dispositifs de la politique de la ville reste un
enjeu. Elle passe notamment par la mise en oeuvre d'une véritable
réflexion quant aux outils de suivi et d'observation adéquats
permettant d'atteindre l'objectif que l'on assigne à
l'évaluation.
3.1.3.2 La période d'évaluation
A l'inverse du contexte des contrats de ville
2000-2006 qui laissait peu de temps pour la préparation de la nouvelle
contractualisation, l'évaluation du Cucs 2007-2009
bénéficie d'un temps plus long et est dissocié de la phase
de programmation du futur dispositif.
En effet, en avril 2009, la secrétaire d'Etat
chargé de la politique de la ville, Fadela Amara a annoncé la
prolongation des Cucs actuels d'un an. L'objectif premier de ce temps
supplémentaire est bien de donner la possibilité de mener
à terme l'évaluation et de s'emparer de ces
conclusions.
2009 est ainsi consacré à
l'évaluation et l'année 2010 est destinée à la
programmation et la définition de la prochaine géographie
prioritaire. « 2010 devient une année charnière pour
préparer dans les meilleurs conditions possibles la déclinaison
au niveau local de la réforme nationale de la géographie
prioritaire ainsi que son corolaire, les futurs contrats urbains de
cohésion sociale 66». Dès lors, les
équipes locales et leurs partenaires du temps pour se consacrer à
l'évaluation. Cela permet une meilleure implication des agents et un
temps plus long pour mener à terme la démarche
évaluative
3.1.3.3 Restitution des résultats
Bien que l'intérêt de l'évaluation
ne se limite pas à ses résultats, mais s'étend à
tout le cheminement évaluatif, la phase de restitution des conclusions
est primordiale. En effet, la restitution des conclusions de
l'évaluation et le suivi des préconisations témoignent de
l'appropriation ou non de la démarche évaluative. La forme et le
temps de l'évaluation doivent être compatible avec celui du
processus décisionnel.
Dans le cadre du Cucs local, le moment de restitutions
des résultats est assez favorable à l'intégration de leur
intégration dans le processus de décision politique :
66 Aude TALLARON, Michel
BASSET, L'evaluation « enfin » prise en compte en amont de la mise en
oeuvre des Cucs ? Les cahiers du DSU, automne-hivers 2007-2008,
p75-76
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 91 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
- le rendu de l'évaluation est préalable
à la rédaction du futur dispositif. Grâce au report d'un du
Cucs actuel, il n'y a pas de superposition entre les phases de rendu de
l'évaluation et de programmation. La programmation peut dont
intégrer les préconisations de l'évaluation.
- elle s'effectue en début de mandat politique.
Au-delà du contexte administratif, le contexte politique est primordial
dans le processus de reversement des résultats. L'évaluation
s'effectue en début de mandat, un an après les élections
communales. Les résultats présents arrivent donc dans un moment
assez propice pour être pris en compte. Si les grands projets du mandat
municipal sont déjà lancés, il reste encore du temps pour
mettre en oeuvre d'autres actions, notamment celle préconisée par
l'évaluation.
L'organisation de l'évaluation locale
répond de près aux 5 critères définis par le
conseil économique et social. La démarche évaluative a
ainsi tous les attributs pour être légitime aux yeux des
partenaires et des citoyens.
Par ailleurs, le contexte de l'évaluation,
notamment avec le report de la fin du contrat du Cucs 2007-2009 à
décembre 2010, garantie un temps véritable pour
l'évaluation. Cette prolongation permet de dissocier le temps de
l'évaluation du temps de la programmation. Le contexte est donc
favorable au processus de reversement des résultats dans la
décision politique, d'autant plus en période de début de
mandat municipal.
Tous les éléments contextuels et
procéduriers sont donc favorables au processus de reversement de la
connaissance produite par l'évaluation dans la décision publique.
Néanmoins, ces résultats, tant dans leur construction que dans
leur prise en compte, se heurtent à la structure même des
institutions et aux registres d'attentes des acteurs
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 92 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
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3.2 Les paramètres institutionnels : les
limites
structurelles de l'évaluation de la politique de
la
ville
Extrait de la circulaire du 5 juillet 2007 relative
à l'évaluation du Cucs
Cette posture évaluative qui veut «
constater ce que les réalisations ont produit ou non » est
très sensible dans le cas du Contrat Urbain de Cohésion Sociale.
Cette posture délicate trouve sa causalité dans les structures
même de la politique de la ville.
Comme soulignée dans le premier chapitre,
transversale, contractuelle et territorialisée, la politique de la ville
démontre une grande complexité. L'évaluation comprise
comme outil d'aide à la décision se heurte à ces
paramètres institutionnels.
La construction et le reversement des résultats
de l'évaluation du Cucs connaissent un certain nombre de limites
liées aux caractéristiques structurelles de la politique de la
ville. La diversité des thèmes abordés pose la question de
l'analyse des résultats et de leur hiérarchisation. Comment
prioriser l'action publique dans des domaines aussi multiples et
différents que la réussite éducative ou la gestion sociale
et urbaine de proximité ? Par ailleurs, la multiplicité des
procédures et l'enchevêtrement des dispositifs d'actions,
articulés entre les politiques de droit commun et contractuelles,
interrogent la mise en oeuvre des préconisations de l'évaluation.
Enfin, la territorialisation du contrat constitue une difficulté
supplémentaire de restitution et de lecture des résultats. En
tant qu'outil d'aide à la décision, l'évaluation permet,
en partie, d'orienter la future géographie prioritaire, évolutive
à chaque nouveau dispositif et dont la pertinence est difficilement
objectivable.
La pluridisciplinarité de la politique de la
ville pose la question de l'analyse et de la hiérarchisation des
thèmes évalués. Par ailleurs, l'évaluation du
Contrat Urbain de Cohésion Sociale ne peut s'émanciper la
structure institutionnelle de la politique de la ville. Contractuelle, elle
s'articule avec les politiques de droit commun. L'évaluation doit
pouvoir cerner l'impact immédiat les résultats du Cucs dans tous
les domaines de l'action. Enfin, son champ d'application évolutif, les
territoires prioritaires, déplace la posture évaluative et
interroge la pertinence d'une territorialisation de l'action.
3.2.1 La diversité des thèmes
abordés
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 93 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Développement économique, Réussite
Educative, Santé, Habitat-Cadre de vie, participation des habitants,
etc, L'énumération des thèmes de la politique de la ville
illustre la diversité de son champ d'action.
3.2.1.1 Au niveau local, le choix d'opérer une
évaluation transversale
Les thèmes abordés par le Cucs sont
nombreux et très différents. La manière de traiter cette
pluralité et diversité peut être variable.
Ainsi, dans un souci de traitement et de lecture, le
Grand Lyon recommande ainsi de sélectionner certains thèmes. Il
était conseillé aux équipes locales de sélectionner
2 à 3 thèmes, ceux dans lesquels le plus de moyens ont
été mis en oeuvre. Beaucoup de territoires ont ciblé les
thématiques « Emploi - développement économique
» et/ou « Réussite éducative ».
Néanmoins au niveau local, le choix a
été fait d'opérer une évaluation transversale. Ce
choix est justifiable par la taille restreinte du territoire. En effet, les
deux territoires prioritaires de la commune de Fontaines-surSaône
correspondent à moins de 400 logements. Ainsi, aucune thématique
du Cucs ne domine réellement. D'ailleurs, certaine thématique,
notamment l'insertion l'emploi et le développement économique,
sont traitées à une échelle intercommunale. Dès
lors, il parait plus judicieux et plus pertinent que l'évaluation couvre
la totalité des thèmes abordés par le Cucs
local.
Néanmoins, si pertinence il y a, le point de
vue global est, dans les faits, beaucoup moins opérationnel. Ce choix
débouche sur une plus grande complexité pour mener
l'évaluation La mise en place d'un mécanisme d'évaluation
unique qui couvre l'ensemble des thèmes apparaît comme un
véritable défi. Leur synthèse et analyse sont fortement
complexifiées par la diversité des domaines
traités.
3.2.1.2 Synthétiser les
résultats
Pour être un outil d'aide à la
décision politique, l'évaluation doit présenter des
résultats lisibles et explicites. Un travail de synthétisation
doit donc être opérer. Or, face à la diversité des
thèmes abordés, il est difficile de ne pas tomber dans une
lourdeur informative. Comment aborder les 5 thèmes couverts par le Cucs
et les dizaines d'actions affiliées en garantissant une
lisibilité avec un minimum d'opacité ?
De plus, une autre difficulté est de rassembler
des informations concernant autant de domaines différents. Cette
question est d'autant plus prégnante que les informations doivent
être obtenues auprès d'une multitude de partenaires. Or, la
politique de la ville, politique transversale, engage des acteurs très
différents et pas forcement impliqués au quotidien dans la
problématique des territoires prioritaires. Il est alors difficile de
les mobiliser sur l'évaluation du Cucs, notamment quand ils ignorent
l'existence même de ce dispositif. Par exemple, la sollicitation des
opérateurs des espaces verts, pour la thématique « Cadre de
vie » doit prendre un temps pour expliquer la démarche même
du Cucs et de son évaluation.
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 94 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
Enjeux et limites de l~ivaluation locale du Contrat Urbain de
Cohesion Sociale 2007-2009 3.2.1.3 Analyser les
résultats
Enfin, au-delà de synthétiser les
résultats, il est nécessaire de les analyser et de définir
des préconisations qui soient opérables et
hiérarchisées.
Face à la diversité des thèmes
abordés, définir des préconisations à partir de
l'analyse de résultats incline à hiérarchiser les
thèmes. En effet, si l'on considère l'évaluation comme un
outil d'intelligence de l'action publique, ses conclusions doivent être
opérables. Dans cette logique, il convient de définir les actions
à engager par ordre de priorité. Il faut donc distinguer des
thèmes plus prioritaires que d'autres. Cette hiérarchisation peut
s'effectuer selon deux méthodes.
Selon une première méthode, il est
possible de définir les préconisations en fonction des grandes
orientations des acteurs de la politique de la ville (Etat, commune, EPCI). Les
préconisations ont plus de garantie d'être prises en compte et
opérées. Dans ce cas, l'évaluation et la connaissance
produite répondent à la demande des acteurs. Néanmoins,
l'évaluation se rapproche alors plus d'une méthode de
légitimation de l'action politique que d'un outil d'aide à la
décision. Doit-on effacer la nécessiter d'approfondir le champ de
la Réussite Educative, notamment en mettant en place un Programme de
Réussite Educative (PRE) pour le seul motif que l'Etat n'accorde plus de
crédit en ce sens ? A l'inverse doiton mettre en priorité la
problématique d'insécurité suite à l'annonce
d'important financement pour l'installation de système de vidéo
surveillance ? L'objet même de l'évaluation est bien de
questionner la pertinence de l'action et de ses orientations. La production de
connaissance et son analyse doivent alors s'émanciper des projets
politiques.
Une démarche inverse consiste à
définir les orientations selon les besoins les plus présents, en
faisant fi des compétences et des orientations des porteurs d'actions et
des financeurs. L'évaluation risque alors de tomber dans un
académise sans lien avec l'action publique. Ces préconisations ne
pourront être prises en compte qu'à la marge. L'évaluation
ne jouerait pas plus son rôle d'outil d'aide à la
décision.
Face à ces deux démarches,
l'évaluation doit trouver le difficile équilibre entre
opérabilité et autonomie de ces résultats. Or, dans la
situation du Cucs où l'évaluation aborde 5 thèmes
différents, cet équilibre semble bien difficile à
atteindre. En effet, comment hiérarchiser des thématiques
totalement différentes telles que la gestion urbaine et sociale de
proximité et la réussite éducative sans tenir compte des
grandes orientations des acteurs ? L'évaluation est bien un jugement de
valeur sur une politique menée et doit considérer l'attente des
acteurs tout en adoptant une posture autonome des projets
politiques.
Le choix entre opérabilité et autonomie est
d'autant plus complexe que la politique est fortement dépendante des
orientations du droit commun.
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 95 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
3.2.2 L'organisation institutionnelle atypique :
l'articulation politique de la ville et politiques de droit
commun
La politique de la ville ne se substitue pas au droit
commun, elle est complémentaire. Dès lors, les dispositifs mis en
oeuvre sont aussi redevables des politiques sectorielles Cette articulation
droit commun/ politique de la ville pose une question à la fois en terme
d'analyse des résultats de l'évaluation et en terme de prise en
compte de ses résultats. Dans ce « millefeuille institutionnel
», il est à la fois, difficile de déterminer l'impact
réel des actions Cucs et d'intégrer les résultats de
l'évaluation dans les grandes orientations politiques.
3.2.2.1 La difficulté de déterminer
l'apport du dispositif Cucs
Certains thèmes sont à la marge de la
politique de la ville et sont avant tout traités par le droit commun.
Les actions menées en termes d'emploi et de réussite
éducative sont largement concomitantes avec les politiques nationales.
Les institutions, comme Pôle Emploi ou l'Education Nationale jouent un
rôle prédominant. Les actions mises en place par le Cucs, comme
l'accompagnement de proximité pour l'insertion professionnelle
portée par la Mission locale ou les activités
périscolaires portées par une association du quartier, ont un
impact résiduel dans ces thématiques et sont très
largement redevables de l'orientation des politiques sectorielles. Par
ailleurs, un grand nombre des actions inscrites dans le Cucs est
financé, pour partie, par des crédits de droit commun. Certaines
actions sont « hybrides », preuve de la complémentarité
et de la transversalité de la politique de la ville.
Dès lors, il est difficile de déterminer
l'apport objectif du Cucs dans ces thématiques dont la compétence
repose largement sur les services de droit commun. Il est semble impossible de
définir objectivement la part de plus value globale de la politique de
la ville dans ces thématiques mi-contractuelle
mi-sectorielle.
3.2.2.2 Quelle prise en compte des résultats
?
Par ailleurs, dans les thématiques
définies précédemment, où l'action du droit commun
domine, les préconisations issues de l'évaluation du Cucs ont
peut de chance d'être prise en compte. Les acteurs locaux n'ont, en
effet, pas forcément la capacité ni les compétences
à impulser les changements nécessaires pour répondre aux
conclusions de l'évaluation. Ces évolutions renvoient à
d'autres niveaux de décision.
Au-delà même, les grandes orientations
des politiques de droit commun peuvent aller en contradiction avec les
résultats de l'évaluation du Cucs. Par exemple, la suppression de
poste du personnel médico social de l'Education Nationale contredit la
nécessité montrée par l'évaluation de renforcer la
présence d'assistances sociales dans l'enceinte des
établissements scolaires. Dans ce cas, les résultats de
l'évaluation ont de forte probabilité de rester « lettre
morte ». Les résultats et leur reversement dans la prise de
décision politique demeurent donc fortement soumis aux orientations
globales de l'action publique.
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 96 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 97 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
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3.2.3 La géographie prioritaire : des
territoires évolutifs
L'objet de la politique de la ville est particulier.
Le champ d'application de la politique de la ville est défini en
fonction des difficultés socio-économiques concentrées
spatialement. Le Cucs est un dispositif visant à diminuer l'ensemble de
ces difficultés et à réduire les écarts entre les
territoires. Dès lors, on ne peut évaluer le Cucs sans
évaluer son champ d'application, le territoire. Même si
officiellement l'évaluation du Cucs et la définition de la
géographie prioritaire sont deux choses distinctes, la production de
connaissances opérée par l'évaluation du Cucs est un outil
de négociation pour la définition de la prochaine
géographie prioritaire ; d'autant plus que la redéfinition de la
géographie prioritaire se superpose dans les calendriers avec le rendu
des résultats de l'évaluation. Ainsi l'évaluation du
dispositif vise bien à redéfinir indirectement la
géographie prioritaire. D'ailleurs, chaque fin de dispositifs
contractuel, contrat de ville, Cucs, est l'événement qui modifie
les frontières de l'action de la politique de la ville.
Ainsi, l'évaluation du Cucs se confond avec
l'appréciation de la géographie prioritaire. Cet autre
paramètre de la politique de la ville constitue une difficulté
supplémentaire dans la démarche évaluative. En effet,
cette posture devrait conduire à évaluer la plus-value de la
géographie prioritaire. Or cette est démarche difficile, voire
impossible. De plus, l'appréciation de la géographie prioritaire
décale la posture évaluative et l'oriente vers une
démarche prospective.
3.2.3.1 Evaluer la plus value de la géographie
prioritaire
Extrait de la circulaire du 5 juillet 2007 relative
à l'évaluation du Cucs
La politique de la ville agrège un diagnostic
relatif à la concentration de la pauvreté et des objectifs
relatifs à la réduction des inégalités
spatiales67. Dès lors l'évaluation du Cucs mesure la
réduction des inégalités spatiales en fonction du niveau
de pauvreté.
Ainsi, évaluer la politique de la ville, c'est
porter un jugement sur sa capacité à fournir un surplus
d'efficacité aux politiques de droit commun sur les sites ciblés
pour améliorer leur situation sociale. Autrement dit, évaluer le
Cucs c'est définir la « plus-value » de la géographie
prioritaire68.
Mais la mesure de la plus-value d'une action publique
territorialisée se heurte à de nombreuses
difficultés.
67 Daniel BEHAR, En finir
avec la politique de la ville ? Esprit, novembre 1999
68 Thibaut DESJONQUERES et
Marie LAMY, L'évaluation, entre démarche imposée et
exercice propre, Les cahiers du DSU, automne-hiver 2006
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 98 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
En terme pratique, à l'échelon local, il
s'avère difficile d'évaluer ce surplus d'efficacité de
l'action car il est délicat d'adopter un point de vue
comparatif.
Tout d'abord, les territoires
appréhendés sont classés en géographie prioritaire
depuis plus d'une dizaine d'années. Comparer la situation actuelle avec
celle du temps précédent leur classification en géographie
prioritaire est assez maladroit et peu objectif.
De plus, toutes les études à
échelles infra communales qui permettraient de faire une comparaison
spatiale s'effectuent sur des territoires déjà classés en
géographie prioritaire69 . Il est donc seulement possible de
classer le quartier par apport aux autres quartiers prioritaires et non de
définir les gains d'un investissement public supplémentaire dans
ceux-ci.
Enfin, dans le contexte de Fontaines-sur-Saône, la
taille des territoires classés en politique de la ville est très
réduite et ne peut représenter « un échantillon
» représentatifs des effets du
périmétrage.
Sur une échelle plus générale, la
mesure de la plus value du zonage pose de nombreuses interrogations sur la
caractéristique même d'une territorialisation de l'action
publique.
D'une part, elle conduit à explorer les
différents zonages de la politique de la ville en regard des documents
d'urbanisme, tels le SCOT et le PLU. L'identification de territoires
prioritaires par la politique de la ville est telle cohérente par
rapport aux schémas d'aménagements et d'urbanisme définis
à l'échelle de l'agglomération ? Et comment mesurer cette
articulation et sa cohérence ?
Par ailleurs, il apparait de très fortes
inégalités entre les territoires même de la politique de la
ville. Certains territoires présentent une situation supérieure
à la moyenne communale. Dès lors, sur quel critère
définir les frontières de la priorisation de l'action
?
De plus, en terme évaluatif, se pose la
question de la possibilité d'évaluer la pertinence du niveau
d'investissement, catégories 1, 2 ou 3 et de son efficacité.
Comment définir le lien entre les moyens engagés,
c'est-à-dire le niveau de priorisation du quartier, par rapport à
la situation finale, la situation socio démographique ?
Enfin, et par apport à ces
éléments, se pose le problème de l'établissement
même d'un périmètre prioritaire et le niveau de l'action
permettant de faire « fructifier le prodigieux capital d'initiatives
locales70 ». Quelle est l'échelle la plus propice
à l'action locale ? A quel niveau se situe la « proximité
» ; est-ce le quartier, la commune, l'intercommunalité ? En fixant
l'attention sur ces quartiers, « la politique de la ville ne risque-t-elle
pas de passer à côté des mécanismes qu'ils
révèlent, c'est-à-dire de la recomposition des liens
d'interdépendances qui fondent la cohésion urbaine ?
71»
3.2.3.2 Anticiper l'évolution de la
géographie prioritaire
Apprécier la géographie prioritaire dans la
perspective d'une prochaine redéfinition des limites de celles-ci oblige
à adopter une posture prospective.
69 André BRUSTON,
A-t-on jamais évalué la politique de la ville ? Les cahiers du
DSU, automne 2004, p 6-8
70 Claude CHALINE, Les
politiques de la ville, Edition PUF, Que sais-je, 1997
71 Daniel BEHAR, Philippe
ESTEBE, Le pacte de relance pour la ville, Esprit n°3, mars 1996,
P157-160
CHAPITRE 3 : IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saône
L'évaluation du Cucs, - 99 - Année
universitaire 2 008-2 009 un outil d'aide a la prise de décision
?
En effet, pour identifier le champ d'application du
prochain dispositif, l'évaluation doit s'extraire des limites
territoriales du Cucs et identifier les besoins d'autres territoires sensibles.
Evaluer le Cucs et apprécier son champ d'application conduisent
indirectement à anticiper la prochaine géographie prioritaire et
à s'intéresser à d'autres territoires non concernés
par le dispositif évalué. D'une posture évaluative, on
passe à une démarche prospective. Cet encrage de l'action
politique sur des territoires évolutifs déplace l'objet de
l'évaluation. De l'appréciation d'une politique menée,
l'évaluation tend vers un diagnostic de la politique à
mener.
Par ailleurs, au niveau local, dans le contexte d'une
importante opération de rénovation urbaine, avec 50% des familles
relogées dans la ville, il semble évident que les effets de
l'action des politiques de la ville (Cucs et Programme de rénovation
urbaine) se ressentent au-delà des territoires prioritaires.
L'évaluation s'est donc quelque peu émanciper de cette
territorialisation.
Ainsi, l'évaluation du Cucs de Fontaines sur
Saône ne s'est pas portée uniquement sur les deux seuls
territoires prioritaires. Si, de manière évidente, les quartiers
de la Norenchal et des Marronniers, sont au coeur de l'évaluation,
celle-ci, notamment dans sa partie statistique sociodémographique s'est
étendue vers d'autres territoires sensibles, mais non
répertoriés au titre de la politique de la ville.
Les deux ensembles HLM La rive et Château Roy en
bord de Saône, et le centre bourg constitués d'habitats anciens
privés, de logements sociaux et d'un hôtel accueillant des
réfugiés, ont été l'objet d'un travail
statistique.

Figure 1 0 : Périmitres sensibles de
Fontaines-sur-Satine, Source : IGN-Scan 25, figuration : A.
Vigignol
Le travail statistique, effectué à la
marge de l'évaluation a permis de donner les bases de réflexion
pour la proposition d'une nouvelle géographie dans le cadre des futures
négociations. Ainsi, la commune souhaite maintenir le niveau de
priorisation des deux quartiers politique de la ville et, à la vue des
poches de pauvreté présentes dans le centre et sur les bords,
elle veut proposer de labelliser ce périmètre.

Figure 11 : Geographie prioritaire de
Fontaines-sur-Satine desir~e pour le Cucs 2 009-2 011, Source : IGN-Scan 25,
figuration : A. Vigignol
La négociation de la géographie
prioritaire engage d'importants enjeux en termes de financements et de moyens
déployés. Ainsi, au delà d'éloigner
l'évaluation de ses objectifs initiaux, l'anticipation de la nouvelle
géographie peut influencer fortement les résultats produits dans
le cadre de l'évaluation du Cucs.
En effet, l'évaluation du Cucs confondue avec
la géographie prioritaire légitime l'investissement
institutionnel qui a été effectué au sein du quartier et
sa poursuite dans le prochain dispositif. Dès lors, l'évaluation
perd en indépendance et en objectivité. Elle ne peut afficher des
résultats démontrant une situation très positive sur le
territoire. Elle doit légitimité l'investissement institutionnel
qui a été engagé et qui doit être renouvelé.
L'évaluation du Cucs est alors soumise au risque de manipulation pour
assurer la continuation des crédits et limiter le désengagement
des financeurs dans le prochain contrat.
En terme de démarche évaluative, il
semble complexe de discerner ce qui résulte des actions menées
dans le cadre du contrat, des politiques ordinaires et des évolutions du
contexte sociodémographique. C'est la forme même de la politique
da ville qui interroge les possibilités d'une évaluation
pertinente. Le millefeuille institutionnel et la transversalité de son
action limitent la lisibilité des résultats et donc de leur
reversement
dans la décision politique. La structure
institutionnelle de la politique de la ville engage un décalage
permanant entre les ambitions immodérées d'évaluation et
des moyens modestes. Par ailleurs, l'évaluation de la politique de la
ville, parce qu'elle s'intéresse à un champ d'application
évolutif, la géographie prioritaire, est avant tout un outil
prospectif que réellement une analyse de l'efficacité des moyens
engagés aux vues des résultats produits.

3.3 Le registre d'attentes des acteurs
Au-delà des limites engagées par la
structure institutionnelle, les acteurs et leur registre d'attentes respectif
orientent le processus d'évaluation et le reversement de ses
résultats.
Obligation contractuelle, l'évaluation engage
plusieurs niveaux d'acteurs dont les formes d'échange et de mobilisation
apparaissent très filtrées. Chaque acteur du cadre
décisionnel de la politique de la ville, Commune, EPCI, Etat, adopte une
lecture différente de l'évaluation et de ses finalités.
Ainsi, dans ce cadre de relations interterritoriales peu
hiérarchisées, la superposition des différents registres
d'attentes opacifie la démarche évaluative, ses méthodes
et ses objectifs.
Ce flou méthodologique est renforcé par
l'absence de ligne de conduite définie au niveau national. En effet, la
circulaire relative à l'évaluation des Cucs indique que «
l'évaluation, ses finalités et ses modalités doit
s'adapter au contexte local ». Si une telle liberté
méthodologique garantie, selon le principe de subsidiarité, la
meilleure échelle d'intervention, elle charge le niveau local
d'opérer la difficile tâche d'articuler les différents
registres d'attentes et de définir lui-même la démarche
à adopter et les finalités visées. Moins qu'une
évaluation qui s'adapte au contexte local, c'est bien le contexte local
qui doit s'adapter à l'évaluation. Au final, l'évaluation,
résultat d'une difficile articulation entre les différentes
attentes des acteurs, se révèle être
incomplète.
Le cadre partenarial donne lieu à trois niveaux
de lecture de l'évaluation. Devant cette superposition des registres
d'attentes, il n'existe pas de véritable ligne de conduite pour
l'évaluation et il revient au niveau local de constituer sa propre
méthodologie qui soit consensuelle et dépasse les confrontations
des stratégies politiques. Mais le consensus se distingue de
l'exhaustivité et l'évaluation, au final, se révèle
être incomplète.
3.3.1 Une évaluation partenariale : du local
au national, une lecture à trois niveaux
L'évaluation est dans le cas des Cucs, une
obligation contractuelle dont les finalités et les modalités
doivent s'adapter au contexte local et répondre aux objectifs
définis au niveau national.
Extrait de la circulaire du 5 juillet 2007 relative
à l'évaluation du Cucs
Ainsi, si l'évaluation s'effectue au niveau
local, elle s'établie dans un cadre partenarial entre les trois
principaux acteurs de la politique de la ville : la commune, l'Etablissement
public à compétences intercommunales et l'Etat. Malgré le
cadre contractuel, à chacun de ces trois niveaux d'institutions,
correspond trois cultures politiques desquelles transparaissent trois registres
évaluatifs distincts. Sous cet angle, ces acteurs impliqués dans
la définition et la conduite de la politique de la ville apparaissent
comme des « associé-rivaux » qui reprennent, filtrent, et
traduisent, selon leur propre registre d'attentes, les résultats de
l'évaluation dans les programmes d'action.
3.3.1.1 Le registre d'attente de l'Etat ou
l'évaluation comme institutionnalisation du quartier
L'évaluation est née en France sous la
forme du RDB du plan. Cette caractéristique originelle marque encore la
représentation et la pratique de l'évaluation dans les instances
nationales. Ainsi, « l'idée et la pratique de l'évaluation
ont depuis longtemps eu partie liée avec l'idée et la pratique de
la planification nationale de l'action gouvernementale. C'est parce que le
théâtre de bataille s'est confiné au niveau de l'Etat
central qu'elle a accouché d'une politique nationale d'évaluation
hyper centraliste72 ». Dans le cas de la politique de la ville,
l'évaluation se décide ou s'organise au niveau local.
Néanmoins, cette posture centraliste de l'Etat se traduit dans sa
lecture des finalités de l'évaluation locale.
L'évaluation est avant tout, pour les instances
nationales, l'élément permettant de redéfinir la
géographie prioritaire. Ainsi, il est spécifié que «
une fois les résultats restitués et analysés, un temps
doit être pris afin de, selon la finalité de l'évaluation,
préparer les bases d'une future évolution de la géographie
prioritaire qui permette de tenir compte de l'évolution ou de permettre
d'organiser un débat prospectif sur les orientations à
privilégier pour le CUCS 2010-2012 ou encore repositionner le
dispositif73 ».
L'institutionnalisation de la politique de la ville
demande toujours plus « d'objet », le territoire prioritaire, et cet
objet doit être construit d'un point de vue national. Or,
l'évaluation conduit à extraire la dimension de «
localité pour faire accéder à la dimension de
territorialité », c'est à dire la
généralité que confère l'investissement
institutionnel sur un lieu qui se trouve
décontextualisé74.
L'évaluation du Cucs, selon l'Etat,
répond donc à une logique de rationalisation de la
territorialisation de l'action plus que d'une rationalisation de l'action. En
effet, les grandes orientations de l'Etat, autrement dit les domaines dans
lesquels les crédits seront le plus abondants pour la prochaine
programmation, sont définies bien en amont de la publication des
résultats de l'évaluation. L'Etat ne semble donc par accorder
d'importance, dans sa pratique, à l'efficacité de la
programmation encourue ces trois dernières années.
Dès lors, l'Etat et ses représentants,
considérèrent l'évaluation comme un outil permettant de
re- questionner la géographie prioritaire. Ils sont
alors plus attentifs aux indicateurs statistiques produits qu'aux
72 Vincent SPENHAUEUR, Quel
développement, quelle professionnalisation de l'évaluation ?
Pouvoir locaux, n°38 1998
73 Lettre du préfet,
Rhône, 2007
74 Philippe ESTEBE, L'usage
des quartiers, Action publique et géographie dans la politique de la
ville (1982-1999), L'harmattan, 2004, p29
conclusions issues des instances participatives.
L'Etat adopte ainsi une posture évaluative qui correspond, selon les
termes du rapport Viveret, à « l'évaluation bureaucratique
et technocratique qui insiste sur l'aspect scientifique de
l'évaluation75 ».
3.3.1.2 Le registre d'attentes de l'Agglomération
ou l'évaluation comme garantie de la rationalisation de l'action et de
la cohérence du territoire
A l'échelle de la Communauté Urbaine, le
registre d'attente de l'évaluation et de ses usages est
différent. Il se caractérise avant tout par la recherche d'une
cohérence territoriale au niveau de l'agglomération sans, pour
autant, contraindre l'expression des particularités locales.
En terme de discours, Pierre Suchet, responsable du
pôle Ville Rénovation Urbaine du Grand Lyon, énonce les
objectifs de l'évaluation locale en trois points :
« - Réaliser un bilan des actions, rendre
compte de ce qui a été fait sur les territoires,
-Préparer l'après Cucs : nouvelle
négociation sur la géographie prioritaire, qualification des
futurs territoires pertinents,
- Rendre compte du sens des actions entreprises et
aborder les enjeux globaux de l'action sur ces territoires. Préciser ce
que les Cucs ont apporté de spécifique sur ces territoires
»
En terme pratique, la Communauté Urbaine
intervient en appui auprès des équipes locales. La
démarche du Grand Lyon est donc très différente de celle
de l'Etat. Elle ne donne pas d'injonction particulière sur le traitement
de tel thème, telle donnée ou tel indicateur. Au contraire, la
Communauté Urbaine laisse les équipes locales définir
elle-même leur démarche évaluative, dans un souci de
respect des particularités territoriales.
Le Grand Lyon intervient néanmoins dans la
conduite des évaluations. Il fournit un appui méthodologique et
statistique qui permet, de manière indirecte, de cadrer les
évaluations locales. Ainsi, l'Agence d'Urbanisme de Lyon est
sollicitée pour la diffusion d'éléments alimentant les
évaluations locales (données statistiques infra communales,
méthodologie de l'évaluation, etc). Par ailleurs, en interne, le
Grand Lyon récence les différentes démarches
évaluatives réalisées dans chaque commune.
En analysant le discours et la pratique, il est possible
de traduire le registre d'attente de l'Agglomération en deux points
:
- c'est un outil de rationalisation de l'action publique.
Elle donne l'opportunité de mener un travail
capitalisation des différentes
expériences des territoires qui permet de définir la performance
des actions et donne les pistes de celles qui peuvent être menées
sur les quartiers. Ici, l'agglomération se situe dans le champ
évaluatif strict : à partir de l'action menée on
réoriente l'action publique.
- C'est un outil de définition du cadre
territorial et un élément de négociation pour la
prochaine
géographie prioritaire. L'évaluation permet
de définir la situation des différents territoires et donne les
pistes
75 .
Vincent POTIER et Magali BENCIVENGA, Evaluation des
politiques locales, Edition le Moniteur, Paris, 2005
et les arguments pour la négociation de la
prochaine géographie prioritaire qui assure, au niveau de
l'agglomération, une cohérence de l'action
engagée.
3.3.1.3 Le registre d'attentes de la commune :
l'évaluation comme instrument de projet
Au niveau du territoire, la logique de projet prime.
Ainsi, de manière générale, très rare sont les
villes qui ont construit un programme explicite de mobilisation de la politique
de la ville et de traitement de la géographie prioritaire76.
Cette logique de projet transparait aussi dans la lecture de
l'évaluation au niveau communal.
Du fait de sa logique de projet, l'évaluation
de la politique de la ville au niveau communal revêt un caractère
opérationnel. Au-delà d'une appréciation de l'efficience
et de la pertinence de l'action menée, l'évaluation constitue un
diagnostic qui met en exergue les actions à privilégier dans le
prochain contrat. L'évaluation adopte la forme d'un diagnostic
territorial. Elle donne les éléments d'action pour le prochain
contrat.
Cette lecture est fortement conditionnée par le
statut des élus locaux. A cette échelle, et d'autant plus dans
une commune de moins de 10 000 habitants, l'aspect politique est bien plus
présent qu'au niveau de l'agglomération et de l'Etat où la
logique « technocratique » prédomine. Ainsi, la position
« d'offreur » des élus locaux oriente l'appropriation des
résultats de l'évaluation. Au niveau communal, un filtrage des
résultats de l'évaluation s'opère en fonction de deux
critères :
+ l'opérationnalité des
résultats
+ l'attraction des actions
recommandées.
Dans une logique de projet, seuls des résultats
très opérationnels, et non par exemple la réorganisation
des services administratifs, sont pris en compte.
Dans une stratégie d'image locale, seules les
actions alimentant l'attraction de la ville, tels que la production où
le développent d'équipement culturels, l'aménagement
d'espaces publics, etc, sont écoutées de manière
privilégiée et portées par les élus
locaux.
Ces registres d'attentes différents conditionnent
la forme de l'évaluation et le reversement des résultats dans
l'action publique.
3.3.2 Une évaluation sans ligne de
conduite
Obligation contractuelle mais « dont les
finalités et les modalités doivent s'adapter au contexte local
», l'évaluation doit se définir au niveau de chaque
territoire en intégrant les différents registres d'attentes des
partenaires. La démarche évaluative est ainsi la «
traduction locale de l'injonction centrale qui pose la question sans la
résoudre77 ».
Dans ce contexte partenarial et interterritorial,
l'évaluation est destinée à une pluralité d'usages
: instrument
76 Philippe ESTEBE, L'usage
des quartiers, Action publique et geographie dans la politique de la -ille
(1982-1999), L'harmattan, 2004
771dem
de définition de la géographie
prioritaire, jugement des actions opérées sur le territoire et
outil de prospective. Face à tel pluralisme des usages se pose la
question des modalités d'évaluation, quelles démarches
évaluative adopter ? ; Ainsi que celle des finalités : quels
objectifs exactes assigner à l'évaluation ?
3.3.2.1 Pas de démarche évaluative
stricte
L'évaluation comprise comme « injonction
centrale, qui pose la question sans la résoudre », il revient au
niveau local, les Equipes de maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale de
définir une démarche évaluative qui puisse répondre
aux différents registres d'attentes.
Ainsi, si à Fontaines sur Saône le choix
a été fait d'évaluer tous les thèmes au travers de
5 méthodes (bilan de programmation, enquête de satisfaction,
évaluation statistique, observation des espaces extérieurs,
groupe de travail participatif), sur d'autres territoires, l'évaluation
s'est déroulée de manière totalement
différente.
Dans la communauté urbaine de Lyon même,
à chaque territoire prioritaire correspond, presque, une démarche
évaluative. Les thèmes évalués, la démarche
adoptée (en régie ou via un prestataire extérieur) et les
outils utilisés sont différents.
|
Thèmes évalués
|
Démarche évaluative
|
Outils
|
Economie- Insertion
|
Culture
|
Education
|
Prevention de la delinquance
|
Habitat
|
interne
|
externe
|
statistique
|
Enqu8te habitants
|
Sollicitation acteurs locaux
|
etude de cohorte
|
autre
|
Fontaines
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
Vaulx-en- velin
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
Rilleux la pape
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
Démarches évaluatives de 3 communes du
Grand Lyon78
Dans d'autres agglomérations, la
démarche évaluative est totalement différente. Par
exemple, la communauté d'agglomérations de Grenoble coordonne
toute la démarche d'évaluation au niveau
intercommunal.
78 Ces donnees sont issues du
travail de capitalisation effectue par le Grand Lyon en date de juin 2009.
Elles restent approximatives et peuvent avoir evoluees.
Une telle superposition des démarches
évaluative interroge sur deux points. D'une part, elle pose la question
de la capacité des équipes locales à définir leur
propre démarche évaluative. D'autre part, elle questionne la
cohérence de l'évaluation à un niveau plus
large.
L'absence de ligne de conduite précise laisse
l'initiative au niveau local et assure la prise en compte des
particularités territoriales. Néanmoins, dans la mesure où
cette évaluation est une obligation, l'implication des acteurs peut
questionner. Jusqu'à quel point les acteurs locaux sont aptes à
s'imprégner d'une démarche qui leur est imposée ? D'autant
plus que cette évaluation sollicite énormément les acteurs
locaux. Elle comporte de nombreux enjeux, elle est chronophage et demande une
certaine connaissance experte. Les équipes locales ont-elles les
ressources, la volonté et la connaissance suffisante pour mettre en
place une telle démarche par leurs propres moyens ?
Enfin, devant cette multitude de modalités
évaluatives, il apparait complexe d'opérer une lecture globale de
l'évaluation des Cucs. S'il est possible de juger, dans toutes les
limites que l'on a définies précédemment, de la
pertinence/qualité des actions menées dans le cadre du Contrat
Urbaine de Cohésion Sociale au niveau locale, il apparait
particulièrement complexe, du fait de ce décalage
méthodologique, de comparer les Cucs entre territoires et d'effectuer
une analyse globale de ce dispositif.
3.3.2.2 Pas d'objectifs clairement
définies
Le cadre réglementaire ne fixe pas d'objectifs
précis aux évaluations locales. Or, plusieurs finalités
peuvent être assignées à cette évaluation, en
témoigne les différentes lectures des acteurs
développées dans la partie précédente :
redéfinition de la géographie prioritaire, jugement de valeur de
la pertinence des actions menées ou outils de diagnostic.
Cet absence d'objectifs clairement assignés aux
évaluations locales ne serait elle pas la conséquence d'une
absence de définition claire des objectifs de la politique de la ville
même ? "Les risques d'incompréhension ou de banalisation des
actions de la politique de la ville, qui tiennent au déploiement tant
géographique que thématique de celle-ci, auraient rendu
nécessaire un effort spécifique de définition et
d'explicitation des objectifs."
Or les concepts utilisés restent très
globaux, comme dans la présentation faite par le CIV du 30 juin 1998 des
objectifs de la politique de la ville : "Cette nouvelle ambition pour les
villes va se construire autour de quatre objectifs : garantir le pacte
républicain sur tout le territoire ; assurer la cohésion sociale
dans nos villes ; mobiliser autour d'un projet collectif ; construire un nouvel
espace démocratique avec les habitants." En particulier, il n'y a pas
d'objectifs quantitatifs affichés au niveau national, en matière
de résultat, sauf un objectif très général visant
à réduire l'écart entre la situation des populations de
ces quartiers et la moyenne nationale.
Lorsque des objectifs sont affichés au plan
national, « ils concernent essentiellement les moyens mis en oeuvre,
exprimés souvent en termes financiers, mais aussi, par exemple, en
nombre d'emplois créés pour les services publics les plus
concernés (police, éducation nationale) ou d'actions à
mener (nombre de conventions PLH ou de logements réhabilités).
Dans certains cas, des objectifs sont proposés dont l'impact sur
l'objectif général poursuivi ne peut être mesuré. Il
en est ainsi, par exemple, des opérations de
démolition-reconstruction qui peuvent avoir des
effets extrêmement différents sur les habitants et sur les
territoires selon les conditions de leur réalisation."
79
3.3.2.3 Une évaluation dans le champ de la «
coopération-concurrence »
Cette évaluation menée dans le cadre
partenariale réunie plusieurs acteurs aux orientations et
stratégies différentes. Sans démarche ni objectifs
clairement définis, les trois registres d'attentes de
l'évaluation rentre dans le champ de la «
coopération-concurrence ».
En effet, ces trois registres d'interprétation
de l'évaluation révèlent des pluralismes
d'intérêts du champ décisionnel qui débouchent
difficilement sur de possibles généralisations. Il n'y donc pas
opposition mais liaison entre coopération et concurrence dans la mesure
où ces trois acteurs et leur registre respectif sont
interdépendants. Afin que s'opère un processus de reversement de
ces résultats, l'évaluation se doit d'articuler adroitement ces
trois attentes et présenter un ensemble de conclusions qui
répondent aux attentes de tous les acteurs.
La méthodologie et les finalités de
l'évaluation n'étant pas définies de manière
réglementaire. Il revient donc aux Equipes de Maitrise d'oeuvre Urbaine
et sociale attachées aux territoires de définir la
démarche évaluative en prenant compte des différents
registres d'attentes. Cela engage les équipes locales à traiter
de nombreuses thématiques et à multiplier les outils permettant
de réaliser l'évaluation. Au final, la démarche
évaluative, dans ce cadre multi partenariale, adopte bien plus les
traits d'une démarche procédurale lourde et fastidieuse que d'un
outil engageant une véritable dynamique locale, participative et
efficace.
3.3.3 Une évaluation
incomplète
Les différents registres d'attentes des acteurs
attribuent à l'évaluation plusieurs méthodologies et une
série de finalités multiples. Pourtant, malgré cette
grande déclinaison de lecture, l'évaluation reste
incomplète. L'évaluation du Cucs n'érige pas un
débat démocratique, ne traite pas des mécanismes internes
et n'interroge pas la plus value de la politique de la ville.
3.3.3.1 N'érige pas un débat
démocratique
Exercice imposé sans méthodes clairement
définies dans un contexte de grande complexité institutionnelle,
l'évaluation souffre d'une trop forte technocratisation et d'un manque
d'impulsion politique.
79Cour des comptes, La
politique de la ville, rapport au President de la Republique suivi des reponses
des administrations et des organismes interesses, fevrier 2002)
Plutôt que d'être éléments
de débat, d'appropriation, l'évaluation du Cucs semble
être, tant pour les décideurs que pour les « techniciens
», un exercice imposé procédural et fastidieux. La
systématisation de l'évaluation des dispositifs politique de la
ville alimente cette désaffection et le caractère
procédurier de l'évaluation. Or le volontarisme des
décideurs et des commanditaires est une condition nécessaire de
la pertinence de l'évaluation en tant que porteuse de débat
démocratique. En effet, la demande d'évaluation ne peut
être satisfaite uniquement par l'imposition de cette démarche.
Pour que le droit de saisine puisse s'exprimer dans de bonnes conditions, et
pour que l'évaluation soit réellement appropriée, il faut
que la demande d'évaluation soit participative. Le droit de saisine doit
donc être doublé d'une contribution effective de ses titulaires
aux organes jouant un rôle actif dans le processus
d'évaluation80. Or, celle-ci ne peut intervenir dans le cadre
d'une architecture trop centralisée et imposée.
3.3.3.2 N'évalue pas le processus
L'évaluation tente d'interroger la
pertinence/l'efficacité des actions menées, avec toutes les
limites existantes. Néanmoins, si elle interroge les actions, elle ne se
penche que trop peu sur les modalités de mise en oeuvre du Cucs,
c'est-à-dire ses mécanismes internes, bref, le processus
même du dispositif.
L'évaluation des Contrat de Ville 2000-2006
insistait fortement sur la cohérence du pilotage du dispositif. A
l'inverse, la circulaire relative à l'évaluation des Cucs
délaisse ce point.
Au niveau local, il y a pourtant une approche
partielle de l'analyse des processus. Durant les groupes de travail
partagés, les acteurs locaux ont fait part de leur avis quant à
l'efficacité du partenariat qu'engage la politique de la ville et de la
pertinence du mode contractuel. Néanmoins, cet axe n'est pas
pointé dans le cahier des charges de l'évaluation locale et est
donc peu développé.
Or l'analyse des processus représente une
séquence évaluative incontournable pour faire face à la
complexité des politiques contractuelles. Elle se centre sur les
mécanismes internes d'une politique publique en réopérant
les raisons qui poussent à agir. Elle questionne les principales
orientations stratégiques et la cohérence des instruments de mise
en oeuvre. L'analyse des processus dans le cas de la politique de la ville
concernerait tout à la fois la genèse du contrat urbain de
cohésion sociale, son articulation avec les programmes de renouvellement
urbain, l'intégration de l'architecture au sein du droit commun, la
qualité du pilotage, la coordination entre ses différents acteurs
et l'implication des habitants.
Une véritable évaluation devrait clarifier
de manière nette l'enchevêtrement des procédures et des
acteurs engagés dans la politique de la ville.
Le choix de ne pas évaluer ces points peut
s'expliquer de deux manières :
- tous les acteurs sont unanimes pour reconnaitre que
l'action de la politique de la ville, action territorialisée,
partenariale et contractuelle a, depuis longtemps, déjà
prouvée son efficacité.
80 Joel BOURDIN, Pierre ANDRE, Jean Pierre PLANCADE,
Rapport d'information fait au nom de la Délégation du
Sénat pour la planification sur l'évaluation des politiques
publiques en France, Sénat, delegation pour la Planification, Paris,
2004
- il est difficile pour les acteurs d'évaluer
le processus car cela équivaut à réaliser une auto
critique. Les acteurs locaux se sont plus ou moins saisis de la dynamique
évaluative dans la mesure où ce sont eux qui ont la
légitimité pour évaluer leur propre action et les
procédures contractuelles dont ils sont partis prenantes. S'ils peuvent
déterminer l'efficacité d'une action, il leur est plus
difficulté de juger de l'efficacité de leur propre
partenariat.
3.3.3.3 Ne questionne pas la plus value de la politique
de la ville
Le registre d'attentes des acteurs ne se situe pas
strictement dans le champ évaluatif. L'utilisation des résultats
oscille entre un véritable calcul de l'efficience du dispositif et un
diagnostic territorial qui s'inscrit dans la perspective d'une prochaine
programmation. L'évaluation se présente bien moins comme un
regard critique sur ce qui a été fait que comme une
démarche avant tout opérationnelle qui met en évidence les
besoins et légitime un renouvellement du contrat.
Ainsi, l'évaluation n'interroge pas
l'efficacité même de la politique de la ville. En omettant la
question des mécanismes de fonctionnement de l'action et ne
s'interrogeant pas sur l'apport de la concentration des moyens sur un
territoire précis, l'évaluation des Cucs ne permet pas de
questionner la plus value de la politique de la ville.
Mais en réalité, il s'avère bien
difficile d'évaluer au sens strict du terme cette action publique. Au
final, la principale limite pour évaluer un dispositif de la politique
de la ville provient de l'objet même de cette action publique. En effet,
le la politique de la ville n'est que lecture spatialisée des
problèmes sociaux. Cette action publique définie moins un champ
d'actions génériques que l'ensemble des facteurs des
problèmes sociétaux.
L'essence même de la politique de la ville, un
refoulement initial de son objet, explique cette absence d'objectifs clairs qui
contraint toute démarche évaluative. Comment évaluer un
élément dont on ignore l'apparence souhaitée ? Une
politique économique efficace permet une augmentation de la croissance,
une bonne répartition des richesses... Mais qu'est ce que serait une
politique de la ville efficace ? Une réduction véritable des
écarts sociaux inscrits spatialement ? Alors cette action n'aurait plus
besoin d'exister. Car l'objet même de la politique de la ville, le
quartier, est une construction opérée par cette politique au
travers la logique de zonage. Le quartier est bien une représentation de
la forme territorialisée de l'ensemble des maux sociétaux. Sans
politique de la ville, ils n'existeraient pas de quartiers. Une politique de la
ville efficace serait autodestructrice d'où l'impossibilité
d'apprécier la plus value de cette action publique. Un dispositif de la
politique de la ville efficace est un dispositif qui n'a plus lieu
d'être.
Conclusion chapitre 3
Comme outil d'aide à la décision
publique, l'évaluation devrait permettre de juger de l'adaptation des
réponses fournies par la collectivité aux besoins sociaux en
confrontant l`action à la réalité du terrain, en
replaçant la politique publique dans son environnement social. Elle doit
ainsi permettre, en connaissance de cause, de maintenir, réorienter,
modifier ou annuler une mesure publique. Elle tente de conférer au
processus de décision un surcroît de rationalité. Elle peut
également visée à reconstruire à posteriori la
logique et la cohérence des politiques menées. La circulaire du
28 décembre 1998 affirme ainsi que « les conclusion tirés de
l'évaluation sont intégrées dans les processus de
décisions qui conduisent à lancer, compléter,
infléchir, suspendre, ou abandonner une politique publique81
»
Or, dans les faits, la formulation d'un jugement
collectif sur une politique complexe, touchant à tous les secteurs de la
vie en société est d'autant plus difficile avec la
diversité des attentes multi-partenariales, l'absence objectifs clairs,
hiérarchisés, quantifiés et évaluables.
Malgré un contexte favorable et une
démarche évaluative qui s'attache de près aux principes
déontologiques énoncés par la société
française de l'évaluation, l'effet de levier escompté de
la démarche d'évaluation en tant qu'outil d'aide à la
décision parait galvaudé. La démarche évaluative
reste très procédurale. Pour des raisons qui relèvent
à la fois de la structure de la politique et des acteurs de celle-ci,
l'évaluation du Cucs ne permet que très peu de réorienter
l'action publique en fonction des conclusions émises. Par ailleurs, pour
les mêmes raisons, l'évaluation n'interroge pas les
mécanismes même de ce dispositif et ne juge alors pas l'adaptation
des réponses politiques fournie aux besoins sociaux. Autrement dit,
l'évaluation du Cucs, telle qu'elle est pensée et conduite ne
permet pas d'interroger l'existence même du Cucs et ne questionne par la
plus-value de la politique de la ville.
81 Circ, PRM/C, 28
décembre 1998, JO février 1999, P,2239

Conclusion finale
La politique de la ville peut se définir comme
une politique de projet. Face à un constat, la concentration de grandes
difficultés sociales sur un territoire défini, elle a un enjeu,
la réduction de ces difficultés et la cohésion sociale; au
travers d'une démarche spécifique, la mise place d'actions
transversales et l'engagement d'acteurs variés.
Territorialisée, contractuelle et
multidisciplinaire, la politique de la ville propose un modèle d'action
publique alternatif. Elle est un mode d'action qui, depuis ses origines
à la fin des années 70, a toujours fait preuve d'innovation et
s'est présentée comme un élément moteur de
l'évolution de l'ensemble de la sphère politique. La politique de
la ville a ainsi généralisé la logique de projet comme
mode d'action publique. Dans le même principe, elle est l'une des toutes
premières politiques à avoir intégré
l'évaluation comme pratique systématique et obligatoire. Encore
aujourd'hui, alors que la sphère politico administrative
française n'a pas encore automatisé la culture évaluative,
la politique de la ville s'affirme dans son exemplarité.
Au niveau local, à Fontaines sur Saône,
la politique de la ville se traduit notamment par l'application d'une
convention locale du contrat urbain de cohésion sociale qui engage une
série d'actions et de financements durant 3 ans vers deux quartiers
prioritaires, les Marronniers et la Norenchal. Engagés en 2007, les Cucs
prenaient fin initialement en 2009. Cette date est reportée d'un an.
Néanmoins, l'année 2009 reste l'année des bilans
après trois ans de programmation. Les partenaires, constitués en
comité de suivi, se sont alors engagés dans une évaluation
du Cucs local.
L'évaluation du Cucs permet la production d'une
grande source de connaissances. Le recours à plusieurs outils
méthodologiques, indicateurs statistiques, enquête de
satisfaction, observation des espaces publics et groupes de travail
partenariaux, permet d'élaborer une connaissance qui est à la
fois qualitative et quantitative. Cette articulation de plusieurs
procédés, qui reposent tous sur un cadre méthodologique
précis et transparent, assure une vision du territoire cohérente
et recevable.
Par ailleurs, le contexte de l'évaluation
semble répondre aux exigences de déontologie et assure la
légitimité de l'évaluation
Pourtant, malgré ces éléments
favorables, la production de connaissances rigoureuse, les respects des
principes évaluatifs et un contexte favorable pour le reversement des
résultats dans la prise de décision politique,
l'évaluation du Cucs ne semble pas opérer l'effet de levier
escompté. C'est la forme même de la politique de la ville qui
interroge les possibilités d'une évaluation
pertinente.
Le millefeuille institutionnel et la
transversalité de l'action de la politique de la ville limitent la
lisibilité des résultats. La multiplicité des financeurs,
des acteurs, des dispositifs-contrats sectoriels, les zonages évolutifs,
brouillent les éléments et décalent la posture de
l'évaluation. Parce qu'elle s'intéresse à un champ
d'application évolutif, la géographie prioritaire,
l'évaluation du Cucs prend les traits d'un outil prospectif plus une
analyse de l'efficacité des moyens engagés aux vues des
résultats produits.
CONCLUSION IAUL - Ville de
Fontaines-sur-Saone
Enfin, l'évaluation est une obligation
contractuelle. Or la pertinence d'une évaluation systématique ne
semble pas totalement justifiée. D'autant plus que, sans ligne de
conduite ni objectifs formels assignés, il revient au niveau local de
définir la posture évaluative qui articule la pluralité
des attentes multi partenariales. L'évaluation du Cucs est alors la
traduction locale d'une injonction centrale qui dessert l'appropriation
politique en amont de la démarche et renforce son caractère
procédurier.
Au final, s'il est nécessaire d'interroger la
plus value de la politique de la ville, il faut néanmoins questionner la
pertinence et l'opportunité d'une évaluation systématique
et obligatoire de ses dispositifs. La politique de la ville est une politique
de projet. L'évaluation doit donc porter un jugement sur le projet
opéré. La durée actuelle des Cucs est de trois ans. Or, en
trois ans, on ne peut considérer que les actions soient durablement
engagées et aient un impact sur le territoire. Il semble alors peu
opportun de mettre en place l'évaluation au terme de ces trois
années. Ce laps de temps représente à peine le temps de
construire et de consolider un partenariat solide sur le territoire. Une telle
durée est, dès lors, trop courte pour mette en place des actions
et surtout pour avoir le recul nécessaire de juger de leurs effets
à long terme.
La politique de la ville est une politique locale. Si
ses dispositifs renvoient à un cadre national, leur mise en oeuvre
reflète les particularités territoriales. Dès lors, chaque
dispositif, à l'image des territoires auxquels il s'applique, est
différent. L'évaluation devrait donc traduire cet aspect
territorial. La démarche, les objectifs fixés, le calendrier ne
peuvent être pertinents que s'ils correspondent à la situation
locale. Or, dans le contexte actuel, l'évaluation est bien le fruit
d'une injonction centrale peu en lien avec les moyens et les besoins
locaux.
Plutôt qu'une évaluation triennale,
lourde et procédurale, d'autres voies sont imaginables. Il serait
possible de privilégier une démarche de suivi continu disposant
des moyens matériels et humains nécessaires. Le suivi continu
permettrait à l'instant « t » d'éclairer les besoins du
territoire et définir, notamment, l'évolution de la
géographie prioritaire. En complément de ce suivi territorial, la
pratique d'une évaluation qui porte uniquement sur les actions
engagées prise au moment opportun et d'après une volonté
locale, permettrait véritablement de juger la performance des
orientations prises. L'articulation d'un suivi territorial et d'une
évaluation locale séquencée dans des temps plus long
permettrait une dissociation nécessaire des deux aspects aujourd'hui
confondus : géographie prioritaire et actions menées. Par
ailleurs, elle engagerait une véritable implication des acteurs locaux
dans la démarche évaluative et l'appropriation de ses
résultats par les décideurs politiques. Les objectifs
visés par l'évaluation, conférer au processus de
décision un surcroît de rationalité en reconstruisant
à posteriori la logique et la cohérence des politiques
menées, seraient alors assurés.
.
B ibl iograph ie
Ouvrages et revue
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Table des illustrations
Figure 1: L'articulation des zones d'interventions de la
politique de la ville 2
Figure 2 : Cotes des dimensions du processus selon les
formes d'evaluations participatives
33
Figure 3 : Situation de Fontaines-sur-Saone dans la
communaute Urbaine de Lyon 38
Figure 6 : Situation du parc locatif social de
Fontaines-sur-Saone 39
Figure 5 : Les territoires prioritaires de
Fontaines-sur-Saone 4
Figure 6 : Perimetre d'observation des espaces exterieurs
......................... 66
Figure 7 : Derniere tranche des amenagement des espaces
exterieurs ...... 69
Figure 8 Regroupements sociaux dans le quartier des
Marronniers, repartition par age et passexe 7 Figure 9 L'espace central :
une offre d'equipement diversifiee et des espaces differencies-71
Figure 1 : Perimetres sensibles de Fontaines-sur-Saone 1
1 Figure 11 : Geographie prioritaire de Fontaines-sur-Saone desir~e pour le
Cucs 2 9-
2
11I))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))).1
2
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ANNEXE I : Circulaire relative à la signature des
Contrats Urbains de Cohésion Sociale
ANNEXE II : Circulaire relative à
l'évaluation des Contrats Urbain de Cohésion Sociale
ANNEXE III : Grille d'analyse des groupes de travail
participatif ANNEXE IV : Le référentiel d'indicateurs
statistiques
ANNEXE V : Le dispositif du Cucs dans la Commune (2008)
ANNEXE VI : Organisation de la conduite de projet La Norenchal
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ANNEXE I :
Circulair e relative a la signature des Contrats
Urbains
d e Cohesion Social e
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ANNEXE II
Circulair e relative a l"evaluation des Contrats
Urbain
d e Cohesion Social e
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ANNEXE III :
Grilles d'analys es des group es d e travail
participatif
SPORT ET CULTURE: ETAT DES LIEUX2009 9

Sportrt et culture
Principaux atouts et potentialités
du territoire en 2009
|
Principaux handicaps des territoires
en 2009
|
.
|
Equipements culturels
- Bibliothèques
- Maison des Loisirs et de la culture
- Ecole de musique
- Associations : ACJF, Comité des
fêtes
Partenariat dynamique entre porteurs d'actionss
culturelles et sportives et les services de la mairie
|
Pas d'équipement culturel avec
une programmation : pas de cinéma, théâtre,
etc
Manque d'acteurs dynamiques susceptibles d'être
des moteurs : troupe dethéâtre,, école de danse
Pas de salle de spectacle avec programmation. Salles des
fêtes et des Ronzières inadaptées pour des
représentationss scéniques d'envergure Interrogation sur la
tarification de la MLC et
sur son image "élitiste".
|
Création d'un service culturel municipal en
2008.
Participationàa la Biennale de la danse en 2010
en partenariat avec Rillieux (MLC point
d'appui). 40 personnes de tousâgess de
Fontaines/Saône seraientàa impliquer dans le projet.
|
BILAN DES ACTIONCUCS S
Sport et Culture : favoriserl'accdssàa la
pratique sportive et aux activitéscultuelles s
Etat des lieux 2009
Disfonctionnement/difficultés Perspectives et
enjeux xActions concrètes réalisées Dynamiques
obtenuessrencontréess
Cinémaa dans la villeService
eculturel,, Mairie deFontaines s
|
Forte mobilisation des acteurs,partenariat t
dynamique.
|
Participation des habitants limitée,
décalage entrel'effortt mobilisé et le
nombre de personnes touchéespar
rl'action..
|
Action non renouvelée en 2009
|
Rendez-vousculturel!Service eculturel,,
Mairie deFontaines s
|
|
|
Partenariattrèss dynamique notamment entre
Serviceculturel,, ACJF, Secours Populaire.
|
|
|
|
Réflexion pour une action en 2011.
Réflexionàa avoir sur la durée de la manifestation.
2010 consacréeàal'organisationnà a la biennale de la
danse
|
|
|
|
Echéancetrèss courte qui aposé e des
difficultés en termed'organisationn desséancesset
t
d'association des acteursà
al'organisationn de la manifestation.
|
|
Participation irrégulière selon les
représentations, très forte mobilisation lors du premier
spectacle, et du spectacle dans l'école, plus réduit lors de la
dernière mobilisation.difficulté à toucher un public
adulte hors soirées. Effet "garderie" les après midis pour les
enfants. Difficultés lors des manifestations collectives à
mesurer la participation des habitants des quartiers CUCS
LIEN SOCIAL, VIVRE ENSEMBLE : ETAT DES LIEUX
2009
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Lien social, vivre ensemble
|
|
|
Principaux atouts et potentialités
du territoire en 2009
|
Principaux handicaps du territoires
en 2009
|
Evolutions les plus marquantes et questions en
suspens
|
association des locataires - les Marronniers
|
difficultés de mobilisation sur des actions
concrètes
|
culture de la concertation à développer en
lien avec le bailleur
|
Junior association (Les Marronniers), groupe de
rock?
|
|
dynamiques à soutenir et accompagner
|
Fonds d'initiatives locales
|
|
|
BILAN DES ACTIONS CUCS
Favoriser les relations sociales, rompre les
situations d'isolement
Etat des lieux 2009
|
Perspectives et enjeux
|
Actions concrètes
réalisées
|
Dynamiques obtenues
|
Disfonctionnement/difficultés rencontrées
|
Fond d'initiative Locale EMOUS
Fontaines
|
Fonctionnement d'un dispositif local. Soutien de micro
projets. Montant moyen de l'aide : 319 euros. Création d'une "junior
association "
|
Difficultés à mobiliser les habitants sur
l'organisation d'une fête de quartier sans accompagnement
|
nécessité d'une campagne de communication
spécifique sur le dispositif en direction des habitants et des
associations, travail d'accompagnement régulier à poursuivre
avec les dynamiques identifiées (junior association
Marronniers, groupe de rock Alseg?)
|
Contes Bibliothèque
|
5 ou 6 séances par ans dans chacune des
bibliothèques (X2).
|
Contes peu adaptés au 6-10 ans.
|
Adapter les contes selon le créneau horaire et
l'âge du public.
|
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|
Bon partenariat avec l'Education Nationale
Bonne fréquentation avec une certaine
diversification du public
|
|
|
Action Famille Habitant ACJF
|
Initialement accueil des familles sous forme d'atelier
cuisine. L'atelier cuisine a disparu action consiste en un moment d'accueil et
de rencontre avec les familles
|
|
|
Soirée repas ACJF
|
Nombre d'inscriptions très élevées
sur certaines thématiques
|
|
|
Sortie Familiale ACJF
|
Dernière sortie organisée à
Marseille complète. Deux départs, un dans chaque quartier
prioritaire.
Occasion de renouer contact avec habitants.
Réunis des personnes non mobilisées dans d'autre
action.
|
Certains participants ont détourné l'objet
de la sortie. Difficultés relationnelles entre habitants des Marronniers
et de la Norenchal. Image négative des habitants de la Norenchal :
"sauvages", "gens de Fontaines"
|
Sorties sur des sites à proximité qui
sont peu connus, comme "les monts d'or"
|
Sortie d'été Secours
|
Parrains et enfants organisent une sortie sur
|
Sortie réservée aux enfants
sans
|
|
catholique
|
une journée. Occasion de faire découvrir
les
|
leurs parents pour question de
|
|
|
alentours de leur ville, dimension culturelle et sociale
importante
|
transport
|
|
|
Retour positif de la part des enfants
|
|
|
Repas personne isolée Secours
|
Pique nique en été et repas à la
veille du
|
Difficulté de communiquer l'action
|
|
Catholique
|
réveillon pour diminuer l'isolement
|
aux personnes visées
|
|
REUSSITE EDUCATIVE : ETAT DES LIEUX 2009
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Réussite éducative
Principaux atouts et potentialités
du territoire en 2009
|
Principaux handicaps du territoire en 2009
|
Evolutions les plus marquantes
|
Une offre péri et extrascolaire riche
et
|
35 boursiers à l'entrée en seconde, seul
12
|
Défiance vis-à-vis de l'école de la
part des élèves et des parents
|
pluridisciplinaire
|
présents en terminal
|
|
Accompagnement individualisé dans le
|
Temps de décharge insuffisant au sein
des
|
Arrivée d'une Équipe d'Éducateurs de
Prévention Spécialisée
|
cadre des groupes de suivi
|
établissements scolaires des assistantes sociales
et infirmières.
|
|
Dimension du territoire favorable au
|
Une offre de parcours techniques ou
|
Nouveaux phénomènes : addiction à
l'écran, violence infra familiales, problème de
comportement
|
partenariat
|
professionnels limitée sur le
territoire
|
très précoce
|
Mixité sociale dans les établissements
scolaires
|
|
|
BILAN DES ACTIONS CUCS
Prévenir l'échec scolaire et donner
leur chance aux enfants et aux adolescents en difficultés ne
bénéficiant pas d'un environnement social, familial et culturel
favorable à leur réussite.
Etat des lieux 2009
|
Perspectives et enjeux
|
Actions concrètes
réalisées
|
Dynamiques obtenues
|
Dysfonctionnements/difficultés rencontrés
|
Groupe de suivi des jeunes en
|
15 jeunes suivis. Amélioration des
résultats
|
Difficultés à stabiliser les
résultats
|
|
difficultés
|
scolaires évidente mais fragile :
nécessité d'une
|
scolaires et à mobiliser les parents
|
Pérennisation et développement du
dispositif.
|
|
régularité des rendez vous (1 fois par
mois)
|
dans la réussite scolaire de leur enfant.
Rôle de la fratrie dans certaines familles.
|
Questionnement sur la possibilité d'un appui
dans le lien avec les familles (adulte relais?)
|
|
|
En terme de partenariat, difficultés initiales
pour réunir tous les professionnels notamment les assistantes sociales
et les éducateurs de la PJJ autour d'un travail de diagnostic et de
suivi partagé.
|
|
|
|
Réponse judiciaire insuffisante du fait d'un
manque de moyens.
|
|

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Difficulté de sortir du dispositif et orienter les
familles vers du droit commun. Limites de l'intervention du chargé de
mission CLSPD dans le suivi des publics et le lien avec les familles (temps
nécessaire,
positionnement)
Contrat éducatif local Ville
de
Fontaines-sur-Saône
|
Existe depuis 8 ans.
|
Peu d'engagement des professeurs
|
|
12 activités mises en place. Augmentation du
nombre d'enfants inscrits, 380 en 2009
|
|
CITOYENNETE, PREVENTION DE LA DELINQUANCE : ETAT DES
LIEUX 2009
Citoyenneté, prévention de la
délinquance
Principaux atouts et potentialités
du territoire en 2009
|
Principaux handicaps du territoire en 2009
|
Evolutions les plus marquantes
|
Équipe d'Éducateurs de
Prévention
|
Manque d'information des professionnels des
|
|
Spécialisée
|
procédures à suivre en cas de situations
difficiles.
|
|
Existence d'un Contrat Local de
Sécurité
|
Difficultés à orienter les familles vers le
droit
|
Augmentation des violences infra familiales
|
et Prévention de la
Délinquance.
|
commun
|
|
Bon partenariat dans le cadre du CLSPD, entre Mairie,
acteurs associatifs,
|
Incertitude sur la pérennité des
financements pour la prévention de la délinquance
|
|
Education Nationale et Equipe d'Educateur de
prévention spécialisée.
|
|
|
|
|
Apparition de problème de comportement très
précoce, dès l'âge de 4 ans
|
BILAN DES ACTIONS CUCS
Prévenir les conflits et les actes de
délinquance.
Etat des lieux 2009
Actions concrètes
réalisées
|
Dynamiques obtenues
|
Dysfonctionnements/difficultés rencontrés
|
Perspectives et enjeux
|
|
|
|
|

Accueil Familial CIDFF
|
Dans le cadre du CLSPD, 2 permanences par mois à
Fontaines depuis 2008. Projet avec école qui va concerner 6 classes en
2009.
|
Manque de "réflexes" d'orientation par les acteurs
locaux.
|
action à inscrire dans le droit commun à
une échelle intercommunale.
|
Animation de proximité ACJF
|
Propose au sein des 2 quartiers prioritaires, en pied
d'immeuble, une fois par semaine, des activités. Permet de créer
un contact avec des jeunes « invisibles » et leur famille. Relais
indispensable pour le Département.
|
Action qui ne touche pas seulement les jeunes les plus en
difficulté également mais ceux en voie de
marginalisation.
Accès difficile à la Norenchal compte tenu
des travaux.
|
Fidéliser les jeunes dans une structure et
assurer un lien avec d'autres partenaires. Réflexion en cours sur les
locaux d'activités à l'échelle du centre.
|
Chantier insertion ADN
Service
|
|
|
|
Opération Ville vie vacances Service enfance
Jeunesse
|
|
|
|
Soutien à la parentalité
CLSPD
|
travail collectif engagé avec lancement d'un appel
à projets en 2008
|
Action arrêtée. Pas de mobilisation des
acteurs sur la phase opérationnelle.
|
travail à redynamiser ?
|
Commission d'attribution des places en
crèche
|
Instance qui permet un suivie des plus
jeunes.
|
|
Réflexion nécessaire pour mener un
travail partenarial sur des situations difficiles chez les moins de 5ans.
Travail de veille éducative à développer.
|
EMPLOI/INSERTION SOCIALE, DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE :
ETAT DES LIEUX 2009
Emploi/insertion sociale, développement
économique
Principaux atouts et potentialités
du territoire en 2009
|
Principaux handicaps du territoire en 2009
|
Evolutions les plus marquantes
|
Des sources d'emplois
ZI Neuville-Genay et Périca (Caluire)
Secteur du service à la personne en
expansion
Fort potentiel commercial non exploité
Un travail partenarial dynamique:
Petit territoire permet une bonne connaissance et mise en
réseau des acteurs et ressources
Syndicat de commune , REVALS
Manque de structure de formation :
Appareil de formation très limité dans le
Val de Saône
Difficulté d'organiser des formations sur le
territoire : difficulté à structurer une demande suffisante,
locaux
|
Crise économique et conséquences
:
550 jeunes inscrits entre Février et Mai 2009
à la ML
Augmentation des situations sans
hébergement
|
Manque de structure d'insertion :
|
Service de l'emploi débordé
|
Pas d'entreprise d'insertion (EI) ni ETTI sur le
territoire, pas de PLIE
|
Chiffres sont excellents en matière de
créations d'activité (65 activités crées pour 4
fermées - ZI Perica Caluire)
|
soutien des projets intercommunaux:
|
Prévisions optimistes des chefs
d'entreprises
|
A échelle intercommunale, instruction
administrative lourde qui limite la réactivité et le dynamisme
des projets
|
Evolution des publics des structures d'insertion et
des salariés des entreprises :
Augmentation des mineurs dans le public de la ML (jeunes
en décrochage scolaire)
|
Mobilité :
|
Evolution du comportement de certains jeunes qui nuit
à leur employabilité
|
Déplacements Est Quest mal déservis en
TC.
|
|
Programme de renouvellement urbain
à Fontaines sur Saône

BILAN DES ACTIONS CUCS
OBJECTIF DES CONVENTIONS LOCALES :
Insertion sociale et économique :
Favoriser l'insertion sociale et professionnelle des habitants issus des
quartiers prioritaires
Etat des lieux 2009
|
Perspectives et enjeux
|
Actions concrètes
réalisées
|
Dynamiques obtenues
|
Dysfonctionnements/difficultés
rencontrés
|
Transport à la demande
|
Permet de répondre à la demande de
mobilité
|
Diminution de la fréquentation des
navettes
|
Toucher un plus grand nombre de
|

Entreprise école depuis 2008 (avant 2008
ADN)
|
pour les personnes bénéficiants du
dispositifs
|
depuis que Entreprise école porte ce dispositif
(auparavant porté par ADN service). La raison principale est la
rationalisation (donc baisse de réactivité) qui a engendré
une diminution de la souplesse du dispositif
|
personnes et dépasser le nombre initial Ouverture
à d'autres prescripteurs (SPE)
|
Accompagnement des créateurs
|
Fonctionne bien
Situé dans la pépinière
d'entreprise
|
|
Obtenir le label "Lyon ville de l'entrepreneuriat"(audit
en cours)
associer les CUCS aux instances de pilotage de l'action,
disposer d'élements de bilan de l'action notamment concernant les
créateurs issus des quartiers
|
d'entreprises « guichet
territorial»
|
Chambre de Commerce et d'Industrie
|
Chantier insertion
|
En 2008 doublement de l'équipe donc doublement de
personnes accueillies
Bon fonctionnement du partenariat avec les
communes
|
Développement limité car nécessite
de doubler la capacité de marché
Addictions à des drogues dures de certains
salariés + conduites ddictives en général Manque ACI pour
les mineurs (18-16 ans)
|
Trouver de nouveaux marchés pour pouvoir
pérenniser le travail avec 2 équipes
Travailler sur la problématique des
addictions
|
ADN service
|
Service à la personne
|
Sur 70 à 80 salariés, environ 20 issus d'un
quartier prioritaire ou labellisé.
|
Légère baisse d'activité due
à la multiplication des structures qui offrent du service à la
personne sur le territoire
|
Répondre totalement à la demande en
matière de service à la personne. Dynamique à engager en
lien avec le Conseil Général
|
A'DOM
|
Mise à disposition
|
Beaucoup de missions à offrir aux
salariés
|
Difficulté à donner une suite aux
bénéficiaires de ce dispositif afin qu'ils trouvent un emploi
stable
|
|
ADN service
|
Clauses insertion
|
Nombres d'heures travaillées effectuées
dépassent nombres d'heures prévues
|
|
|
ADN service
|
Location de cyclomoteurs
|
Action arrêtée en 2008
|
Difficulté de mise en oeuvre (vieilles mobilettes,
pb de locaux...)
L'expérimentation sur Rillieux a du mal à
décoler. Les publics jeunes n'accrochent pas.
|
travail à poursuivre à une échelle
intercommunale en lien avec REVALS et le PDIE
|
ADN service
|
Atelier sociolinguistique
|
Environ 60 personnes / an
Partenaires connaissent l'action et envoient les
publics
|
Difficultés face aux nombres de critères
demandés pour l'accueil du public issu des quartiers
prioritaires.
Maillage avec plan départementale d'apprentissage
du français (qui fait quoi)
|
Travailler sur maillage avec plan départemental
d'apprentissage du français pour rester au plus proche des publics et
bien les orienter
Se rapprocher de ALPES
|
OCC
|
Atelier sociolinguistique
|
|
présence d'un centre d'accueil des demandeurs
d'asile . Difficultés à répondre aux
critères
|
lien à faire avec le dispositif d'apprentissage du
français. Notamment
|
|

ALPES
|
|
quantitatifs pour l'accueil du public issu des
quartiers prioritaires. Public de Fontaines aux ateliers de l'OCC et
inversement. Information réciproque réalisée.
|
le numéro vert mis en place par la
préfecture.
|
Atelier d'accessibilité à
l'outil
|
Action nouvelle, démarche partenariale
(coconstruction), dynamique intercommunale
|
Démarage tardif (Attente confirmation des
financements du syndicat de communes)
|
L'action débutera réellement en septembre
2009
|
informatique
|
OCC
|
Action Tremplin vers l'emploi réalisé
en
|
Autour de l'emploi :
Accès en CDD garde enfants Inscriptions
auprès ADOM ADN Inscriptions Pôle Emploi
Accès en CAE Chantier insertion ADN
Réalisation d'enquêtes métiers,
Participation au forum emploi à Vaise
(séance de coaching avec un professionnel du recrutement
Préparation sous forme de mise en situations
à l'entretien d'embauche
Autour de la formation :
Accès en formation qualifiante
Démarches pour agrément assistantes
maternelles
Orientation vers FIJIRA (femmes information juridique
internationale)
|
|
Reconduction de l'action sur 2009
|
2008
|
CIDFF
|
Suivi socio-professionnel des
|
Accès à l'emploi Entrée en
formation
Articulation des temps de vie
Mise en autonomie du public féminin Information
autour du droit à la formation Elaboration projet
professionnel
Elaboration CV et Lettre de motivation
|
|
|
Bénéficiaires RMI
|
CIDFF
|

ANNEXE IV :
L e referentiel d'indicat eurs statistiqu
es
Document de travail Referentiel pour evaluation du
CUCS 2007-2009
SITUATION SOCIODEMOGRAPHIQUE
Situation générale
Effectif de la population par age
Nombre de ménages
Nombre moyen de personnes/menage
Structure des ménages
o personne seule
o couple sans enfant
o famille monoparentale
o couple avec 1 ou 2 enfants
o couple avec 3 enfants ou plus
Repartition de la population selon le groupe
socioprofessionnel (categories INSEE)
Pauvreté précarité
Revenu annuel median par Unite de consommation Nombre
d'allocataires CAF
Part des allocataires CAF a bas revenus Nombres de
bénéficiaires d'aides CCAS
Nombre de bénéficiaires de la
CMU
HABITAT CADRE DE VIE
Habitat
Poids du parc social : nombre de logements sociaux x
100/ nombre de Residences Privees Taux de vacance de plus de 3 mois
Taux de rotation (et evolution)
Taux de mutation (et evolution)
Acces au logement
Pression de la demande en logement social : nombre de
demandeurs HLM / nombre d'emmenagement et mises en location
Taux d'effort des ménages locataires : nombre de
ménages avec un taux d'effort superieur a 30% / nombre total de
ménages en locatif social
Projet urbain
Relogements la Norenchal
Répartition des familles relogées
:
Sur site
Dans la ZUS
Sur la commune hors ZUS Hors de la commune
Cadre de vie
Nombre de gardiens pour 100 logements Nombre appel OPAC
urgence /an
EMPLOI, INSERTION SOCIALE, DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE
Emploi
Part de la population active sur la population
totale
Taux de chomage (Nombre de demandeurs d'emploi des
catégories 1 et 6 sur l'ensemble de la population active)
o part des demandeurs d'emploi de moins de 25
ans
o part des demandeurs d'emploi de + 50 ans
o part des demandeurs d'emploi de longue et très
longue durée
Mission Locale :
o nombre de personnes revues par an
o nombre de personnes en sortie positive (CDD de + de 6
mois, CDI, formation, alternance)
Insertion
Nombre de bénéficiaires du RMI
Nombre d'heures travaillées liées a la
clause insertion
Nombre annuel de personnes en sortie positive (CDD de +
de 6 mois, CDI, formation, alternance)
Développement économique
Nombre d'établissements de commerce et de
services
Densité d'établissements de commerce et de
service (nombre total rapporté a la population) Créations
d'entreprises (profil et localisation du créateur, type
d'activité crée)
REUSSITE EDUCATIVE
Socialisation des Jeunes et Jeunes enfants
Accueil des 3 ans et moins en crèches, haltes
garderies et écoles maternelles rapporté au nombre d'enfants de 3
ans et moins
Parcours scolaire
Effectif total des collèges
Part des élèves boursiers
Elèves inscrit en 6eme ayant 2 ans de
retard
Part des redoublants en 3eme
Part des eleves de 3 passant en 2nd generale et technique
Part des eleves de 3eme passant en 2nd professionnelle
Réussite scolaire
Part des plus de 15 ans titulaires d'un diplome Taux de
réussite aux brevets ;
Activite extra scolaire
Evolution du nombre d'emprunteurs actifs a la
bibliotheque
PREVENTION DE LA DELINQUANCE
Evolution du niveau de vandalisme (groupe proprete,
fiches incidents) Taux de delinquance de voie publique pour 1000
habitants
Taux de vol pour 1000 habitants
Taux de criminalite (crimes + delits pour 1000
hab)
Nombre de mesures éducatives :
Aide Educative Administrative Aide Educative en Milieu
Ouvert
LIEN SOCIAL VIVRE ENSEMBLE
Democratie representative
Taux d'inscription sur les listes electorales
Taux de participation aux elections
Representation politique du territoire : nombre de
candidats aux dernieres elections issues des quartiers prioritaires
Participation citoyenne
Nombre d'associations
Taux de renouvellement des membres du bureau Nombre de
projets soutenus par le FIL
SPORT ET CULTURE
Nombre d'habitants des quartiers inscrits dans les
associations culturelles et sportives : ibliothèque, MLC, Foot, ACJF,
Ecole de musique.
Existence ou non de politique tarifaire sur les
équipements
Nombre d'habitants du quartier bénéficiant
d'aides facultatives (type aide a verifier) Pourcentage des d'actions a
dimension culturelle et sportive soutenues dans le cadre du CUCS (dont CEL et
VVV) 2007-2009 par rapport a la programmation global en terme de financement et
de participants.

ANNEXE V :
Le dispositif du Cucs dans la Commune
(2008)

Le dispositif du CUCS dans la commune (extrait bilan
à mi-parcours des CUCS 2007-2009 ; journée du 8 juillet
2008)
Groupes de pilotage CUCS
> Comité de pilotage CUCS (EMOUS)
Echelle : La Norenchal, les Marronniers
Préfet, Maire, VP Grand Lyon, Région,
Département, OPAC 69, CDC, Délégué Etat, EMOUS,
membres du comité de suivi (volet urbain surtout
abordé)
Comité de suivi ZAC (Grand Lyon - SUO)
Echelle : La Norenchal
Ancien Groupe de suivi créé en 2001
(EMOUS)
Composition 2008 : Maire, VP Grand Lyon, GL SUO, EMOUS,
DDE, OPAC 69, Région, Département
Diffusion : CDC, Foncière
Groupe de suivi GSUP (EMOUS)
Echelle : quartiers CUCS
Fréquence actuelle : 1 fois/an
Composition : Ville, DDE, Région, OPAC
69,Déléguée Etat, EMOUS.
|
Equipes MOUS : compétences et territoires
d'intervention
|
Composition :
> 1 chef de projet (temps plein)
Compétences : Conduite de projet globale, Habitat
cadre de vie, concertation, emploi et développement économique,
lien social, sport et culture, Santé.
- Territoires d'intervention : quartiers prioritaires,
centre bourg
(stationnement)
> 1 agent de développement (50 %
ETP)
- Compétences : 25% GSUP, accompagnement projets
jeunes - lien social ; 25% coordination CLS, réussite
éducative, citoyenneté prévention de la
délinquance
- Territoires d'intervention : quartiers prioritaires,
commune
> Secrétariat : (pas de poste
dédié EMOUS)
- Ville : Fonction de secrétariat sur les
différents dispositifs CUCS,
CEL, VVV, CLS, CLSPD.
- Grand Lyon : Fonction de secrétariat ponctuelle
sur des sujets relevant principalement de la thématique habitat-cadre de
vie.
|
|
3.3.3.3.1 3.3.3 3.3.3.3.3
3.3.3.3.4 Instances techniques de
concertation 3.3.3.3.5 (CUCS)
3.3. 3.3.3.3.7 Autres dispositifs
partenariaux
Comité technique ZAC(Grand Lyon -
SUO)
Echelle : La Norenchal
Création : 2006. Avant Comité
technique(EMOUS), création 2001 Composition 2008 : GL SUO, OPAC
69,EMOUS, DDE, Département (à compter
décroisement),
Diffusion : Région, CDC,
Foncière
Comité technique relogement (OPAC 69)
> Echelle : La Norenchal
Création : 2003
> Composition : OPAC69, DDE, ville, EMOUS, CG,
Mission Habitat GL
3.3.3.3.8
> Groupe de travail reconstitution de l'offre
(EMOUS)
Echelle : commune, bassin d'habitat
Création : 2008 (avant 2006 sujet traité
dans le cadre du Comité Technique et Groupe de suivi du PRU La
Norenchal)
Composition : Ville, OPAC 69, DDE , GL SUO,GL UT, GL MH,
EMOUS
Groupe de travail communication-concertation (OPAC69
depuis 2007 avant EMOUS)
Création : 2002
Echelle : la Norenchal, centre ville
Composition : Ville, OPAC 69, Grand Lyon, EMOUS, AMO
communication
Groupe technique clauses d'insertion (EMOUS)
Comité de suivi CLS (Ville)
Échelle : communale depuis aout 2008 (sortie de
Sathonay camp)
Année de création : 2001
Composition : Le Maire, Conseiller
délégué à la sécurité,
Représentant du préfet délégué à la
Sécurité et à la Défense, représentant du
Conseil Général, représentant de l'inspection
académique, représentant des bailleurs sociaux,
représentants des TCL, Procureur de la République, Commandant
Gendarmerie de Lyon, Commandant Communauté de brigade de Fontaines, chef
de projet CUCS, délégué Etat.
2 fois/an
CLSPD (Ville)
Échelle : communale depuis aout 2008 (sortie de
Sathonay camp)
Année de création : 2001
1 fois/an
Composition : Le Maire, Conseiller
délégué à la sécurité,
Représentant du préfet délégué à la
Sécurité et à la Défense, représentant du
Conseil Général, représentant de l'inspection
académique, représentant des bailleurs sociaux,
représentants des TCL, Procureur de la République, Commandant
Gendarmerie de Lyon, Commandant Communauté de brigade de Fontaines, chef
de projet CUCS, délégué Etat, responsables associatifs
locaux, coordinatrice enfance jeunesse,
3.3.

CCPD, CLS, REP, etc.
Création : 2006
2 fois/ an
Echelle : la Norenchal
Composition : DDTEFP, Déléguée Etat,
ANPE, Mission locale, OPAC 69, ADN service
> Commission CUCS (EMOUS)
> Échelle : quartiers CUCS
> Création : 2001 (ex commission contrat de
ville)
1 à 2 fois/an
Composition : élus concernés par les
thématiques du CUCS + EMOUS
Comité de programmation local (EMOUS)
Création : 2008. 1 fois/an
A remplacé le Comité des financeurs
(EMOUS). Comité de préprogrammation créé en 2001
qui se réunissait depuis 2003 en présence de l'élue en
charge de la politique de la ville.
1 fois/an
Echelle : quartiers CUCS
Composition : Maire + élu en charge du CUCS ,
services de l'Etat, DRACSE, Région, CG 69, Grand Lyon, Cafal,
EMOUS
Réunions coordination jeunesse (EMOUS)
Création :
1 fois/ mois
Echelle : quartiers CUCS
Composition : EMOUS, Ville, CG, ACJF
Groupe propreté (EMOUS)
Echelle : quartiers CUCS + résidence HMF sur la
Norenchal Création : 2003
4 fois/an
Echelle : quartiers CUCS
Composition : Grand Lyon (propreté, collecte,
voirie, voirie arbres),
|
Ville, OPAC 69, HMF Rhône-Alpes, association de
locataires « les Marronniers », EMOUS
|
Adjointe à la vie sociale, conseillère
municipale.
Comité local des financeurs CEL
(Ville)
Echelle : ville
Création : 2001
1 fois/An
Composition : Ville, DRDJS, CAFAL, préfecture,
Déléguée Etat, ACSE, Éducation Nationale,
EMOUS
Comité de pilotage CEL (Ville) Échelle :
Ville
Création : 2001
1 fois/an
Composition : ville, opérateurs
Comité local VVV (VILLE)
Échelle : Ville
Création : 2000
Fréquence : Avant et après chaque
période de vacances scolaires en fonction des projets
présentés
Composition : Ville, DRDJS, CAFAL, préfecture,
Déléguée Etat, Département, EMOUS, ACJF, mission
locale



ANNEXE VI :
Organisation de la condu ite de projet de
renouvellement urba in La Norenchal

Composition : Prefet, Ma ire, Vice-president du Grand
Lyon, Conse iller Regional delegue, Conse iller General delegue, Directeur
General de l'OPAC du Rh8ne, Directeur territorial de la CDC, Deleguee de
l'Etat, membres du Com ite de su ivi
Animation : Grand Lyon PVRU (chef de projet)
Com ite de pilotage
Com ite de su iv
Animation : Grand Lyon SUO (chef de projet)
Composition : Ma ire, Vice-president et services du
Grand Lyon, Etat, Departement, Region, OPAC du Rh8ne, autres en fonction
des besoins
Organisation de la conduite de
projet

Com ite Technique
Animation : Grand Lyon SUO (chef de projet)
Composition : services du Grand Lyon, Etat, Departement,
OPAC du Rhone, autres en fonction des besoins
|


Com ite
|
Groupe de
|
Groupe de
|
Groupe
|
Technique
|
Travail
|
Travail
|
Technique
|
relogement
|
reconstitution
|
commun icat ion
|
clauses
|
|
de l'offre
|
-concertat ion
|
d' insert ion
|
Animation : OPAC du Rh8ne
|
Animation : Grand
|
Animation : OPAC du
|
Animation : Grand
|
|
Lyon PVRU (chef de projet)
|
Rh8ne
|
Lyon PVRU (chef de projet)
|
VIGIGNOL Audrey., 2009, Evaluation du Contrat Urbain de
Cohésion Sociale 2007-2009, enjeux et limites
Institut d'Aménagement et Urbanisme de Lille,
Université Lille 1, mémoire de fin d'étude du Master AUDT,
spécialité ECODEV, 123 p.
|
Mots clefs : « Contrat Urbain de Cohésion
Sociale » « Politique de la ville » « Evaluation »
« Fontainessur-Saône » « Grand Lyon »
Key-words : « Urban Social Cohesion Contract»,
«Town policy» «evaluation» «Fontaines-sur
Saône» Grand Lyon»
|
Résumé :
L'année 2009 marque la fin des premiers
Contrats Urbains de Cohésion Sociale (Cucs). Lancés en 2007 par
la loi d'orientation et de programmation relative au Plan de cohésion
sociale, les Cucs représentent le volet « social » de la
politique de la ville.
Au niveau local, la commune de Fontaines sur Saône,
membre de la Communauté Urbaine de Lyon, met en oeuvre
l'évaluation de son Contrat Urbain de Cohésion Sociale
locale.
L'évaluation est un outil essentiel de
démocratie et de rationalisation de l'action publique. La politique de
la ville, qui adopte une véritable logique de projet, est l'une des
premières en France à avoir intégré
l'évaluation dans son mode d'action et reste aujourd'hui exemplaire dans
ce domaine.
Néanmoins, l'évaluation est limitée
tant au niveau de la scientificité des résultats produits que
dans l'usage qui en ait fait dans le processus de décision
politique.
Ce travail interroge les possibilités d'une
évaluation pertinente au regard de la forme même de la politique
de ville.
|
Abstract :
2009 signals the end of the first Urban Social Cohesion
Contracts. Launched in 2007 by the Cohesion Social Act, the Urban Social
Cohesion Contracts are the social component of Town Policy.
On a local scale, Fontaines-sur-Saône, member of
Lyon Urban Community, implements its Urban Social Cohesion Contract evaluation
this year.
Evaluation of public policy is a key resource for a
democratic and rational public action. Town policy, based on a true project
management logic, is one of the first in France which has resorted to
evaluation. Still today, this public policy is exemplary in this
field.
Nevertheless, evaluation and its results are limited on
scientism level as well as its use in the politic process.
This work questions the possibilities of a relevant
evaluation in respect of the very town policy shape.
|

|