L'agroforesterie en Aquitaine
État et prospective
par Beno»t GAYAUD
Mémoire de sciences politiques
Master Forêt et développement
durable
Septembre 2009
Ë rendre inexact :
Ç Les forêts précèdent les peuples,
les déserts les suivent. È
R. de Chateaubriand
Remerciements
Merci aux personnes qui ont permis ce travail en me permettant de
consulter leur documentation et en m'accordant leur temps. Qu'elles soient ici
remerciées :
Le SSPA : Fr. Gaby, F. de Fabrègues, l'IPHB : D.
Hervé, le CRPF : A. Berton et J. Touyarou, l'ONF : Y. Béague, P.
Mousset, le comité de programmation pour la montagne basque, la Chambre
d'agriculture, J.M. Billac
et ceux ici non cités : participants croisés aux
assemblées générales, réunions, etc.
Une mention particulière pour Florence Gaby pour m'avoir
permis d'arpenter le monde forestier des Pyrénées atlantiques.
Sommaire :
I. Introduction : 4
II. Histoire : 8
Au XIX° siècle : 9 Au XX°
siècle : 10 Au XXI° siècle : 11
III. Le statut de l'agroforesterie : 13 Technique :
14
L'arbre : 14
Les cultures : 15 Administration et politique : 17 Le
nÏud cadastral : 17
Au niveau communautaire : 19 En France : 20
Representations : 21
IV. Typologie : 23
Les Landes : 24
Un sylvopastoralisme landais ? 25 En montagne :
27
Au Pays Basque : 29
Dans le Bearn : 29
V. Perspectives : 35
I. Introduction :
Code Rural (en vigueur au 1 septembre 2009) :
<< Article L311-1
Modifié par Ordonnance n°2005-1127 du 8 septembre
2005 - art. 7 JORF 9 septembre 2005
Sont réputées agricoles toutes les
activités correspondant à la ma»trise et à
l'exploitation d'un cycle biologique de caractère végétal
ou animal et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au
déroulement de ce cycle ainsi que les activités exercées
par un exploitant agricole qui sont dans le prolongement de l'acte de
production ou qui ont pour support l'exploitation. Les activités de
cultures marines sont réputées agricoles, nonobstant le statut
social dont relèvent ceux qui les pratiquent. Il en est de même
des activités de préparation et d'entra»nement des
équidés domestiques en vue de leur exploitation, à
l'exclusion des activités de spectacle.
Les activités agricoles ainsi définies ont un
caractère civil.
Toutefois, pour la détermination des critères
d'affiliation aux régimes de protection sociale des non-salariés
et des salariés des professions agricoles, sont
considérées comme agricoles les activités
mentionnées respectivement aux articles L. 722-1 et L. 722-20.
>>
L'énoncé vise un cycle biologique de
caractère végétal, l'absence de réponse concernant
le statut de la forêt pose un problème qui mérite
d'être soulevé.
La sylviculture pourrait faire partie de l'agriculture mais en
conservant les spécificités qui tiennent à la
temporalité du cycle, à sa nature particulière concernant
les travaux, à tout ce qui se tient sous le terme de sylviculture.
Depuis la formulation du souhait de Descartes
l'humanité se montre en progression pour se rendre << comme
maître et possesseur de la nature >>1, alors
même qu'il est grand temps selon d'autres de passer un nouveau cap et
changer notre rapport à la dichotomie Nature/Culture qui perd de sa
pertinence2. Cette division datant des Lumières est
historique donc dépassable. Elle s'essoufflerait aujourd'hui en raison
du progrès technique qui rend poreuses les frontières entre la
Nature et la Culture. Les faits de Nature ne lui sont plus exclusivement
propres : la manipulation génétique, les travaux sur la
reproduction, les greffesÉ montrent que l'on peut tromper ses lois.
1 René Descartes, Discours de la méthode, 6°
partie
2 voir le tableau page suivante. Philippe Descola,
Par-delà nature et culture, Gallimard, 2006
Il est donc possible de dépasser ce paradigme et de
s'affranchir de certains clivages qui en découlent et enferment dans une
alternative trompeuse, qui opposerait une action de l'homme
intrinsèquement négative à l'égard de son
environnement face à une Nature qui ne saurait être que
bienfaitrice et idéale.
Figure 1 : Les 4 modes de représentation
ontologiques (Philippe Descola, Pardelà nature et culture) :
En attendant la rupture il est possible d'adopter une approche
plus pragmatique. On peut juger de chaque action de l'homme sur son
environnement en mesurant son impact. Ce
premier pas pour se défaire des préjugés
peut se révéler surprenant même dans les lieux
oül'homme ne semblerait pas présent :
En Amazonie << l'abondance des sols
anthropogéniques et leur association avec des foréts de palmiers
ou de fruitiers sylvestres suggèrent que la distribution des types de
forét et de végétation résulte en partie de
plusieurs millénaires d'occupation par des populations dont la
présence récurrente sur le méme site a bouleversé
le paysage végétal. [É] Si bien que la nature amazonienne
est, en vérité, fort peu naturelle, mais peut au contraire
étre considérée comme le produit culturel d'une
manipulation très ancienne de la faune et de la flore. [É] Les
conséquences de cette anthropisation sont notamment un taux de
biodiversité plus élevé dans les portions de forét
anthropogéniques que dans les portions de forét non
modifiées par l'homme 3. È
Ainsi il faut relativiser le caractère naturel du
moindre espace qui nous para»trait ananthropique et dont la
virginité semble être moins un a priori que de découler
d'une démonstration.
Il reste à savoir quels outils employer pour mesurer
l'impact des hommes sur leur environnement, savoir à quel point un
espace est anthropisé. De multiples systèmes de mesures existent
aujourd'hui et il est donc possible d'aborder la question sous de multiples
angles : le taux de biodiversité, l'empreinte écologique, le
bilan carbone, le bilan énergétique, etc.
3 Descola Philippe, Les Lances du crépuscule, Plon, coll.
<< Terre Humaine È, 1993
Dans l'exemple fourni par Philippe Descola les groupes humains
en question, les Achuar4, pratiquent l'essartage. Il consiste
à couper le bois puis brialer le végétal restant pour
fertiliser le sol et ensuite cultiver des arbres fruitiers et des cultures
annuelles. Ainsi, d'une pratique qui est aujourd'hui décriée par
l'impact négatif qu'elle aurait sur l'environnement, la destruction
d'une biocénose, il ressort finalement qu'elle est
bénéfique et a généré un des lieux les plus
riches en biodiversité5. Le problème résultant
non pas de la pratique de l'essartage, ou des cultures sur briilis, mais tenant
à la démographie des populations concernées.
La démographie est un des problèmes les moins
discutés aujourd'hui alors qu'il est devenu la norme de se
réclamer du développement durable6. Et celle-ci en
constitue un facteur central dans la mesure oü l'impact d'une population
sur son environnement se mesure en fonction de la qualité et la
quantité des ressources dont il recèle, pour lesquels il existe
une batterie d'instruments de mesure, mais aussi de l'importance
numérique de la population en question. Il s'agit d'étudier les
deux composantes d'une équation ; celle de l'équilibre entre les
groupes humains et leur environnement : une influence neutre ou
bénéfique des premiers sur le second.
Ë titre d'exemple, en France le Ministère de
l'écologie retient Ç 12 indicateurs phares >> du
développement soutenable. Ceux ayant trait à la population
concernent l'espérance de vie et le taux de dépendance
vieillesse7. Il n'existe rien sur la pression démographique
exercée par une nation. Au contraire, la fécondité et
l'enfantement sont régulièrement en tête des journaux et
constituent une fierté nationale toujours
rétribuée8.
En Europe le problème de l'utilisation des sols se pose
aussi9. La dévolution de ceux-ci à l'urbanisation,
l'agriculture ou la forêt est par essence une question politique. Ici le
problème intègre une dimension supplémentaire avec la
propriété et la multiplicité de propriétaires,
publics et privés, les activités qui occupent ces surfaces et qui
peuvent être très différentesÉ On trouve des
pratiques similaires aux peuples d'Amazonie qui peuvent mêler agriculture
et sylviculture. Elles existent depuis longtemps mais n'ont aujourd'hui plus
cours.
4 Tin des quatre groupes appartenant aux Jivaros, situés
à la frontière entre le Pérou et l'Équateur
5 Philippe Descola, Ç Ë qui appartient la nature ?
>> p.2 : Ç Peu importe que ces usages, de l'horticulture
itinérante sur brCilis en milieu forestier à la création
de bosquets sacrés à la périphérie des villages,
aient souvent été à la source de la biodiversité
élevée que les agronomes et les forestiers constataient sans en
comprendre les causes. >>
6 On pourra lui préférer le qualificatif de
soutenable, plus proche de la traduction de 'sustainable' du rapport Brundtland
(1987), notion déjà présente dans l'ordonnance de Brunoy
de Philippe VI (1346) à l'art.4 Ç Les ma»tres des eaux et
forêts enquerront et visiteront toutes les forez et bois et feront les
ventes qui y sont, en regard de ce que lesdites forez se puissent
perpétuellement soustenir en bon estat >>
7 Le rapport entre la population retraitée et la
population active
8 Tine famille, selon le Code de l'Action Sociale et des
Familles, peut prétendre à la Médaille d'honneur de la
Famille française, de bronze, d'argent ou d'or pour une fratrie de 4, 6
ou 8 enfants et plus.
9 Densité de 70 hab./km2, Asie 90
hab./km2, Afrique 33 hab./km2, Amérique 20
hab./km2, Océanie 4 hab./ km2
Elles sont regroupées sous le terme d'agroforesterie
bien que recouvrant des pratiques diversifiées. Elle peut être
définie comme l'exploitation des terres en associant des arbres et des
cultures ou des animaux10.
Dans le cadre de l'Aquitaine, région éminemment
forestière et offrant une diversité de situations du plateau
Landais au Pyrénées, on peut s'interroger sur la pertinence de
vouloir réactiver ce genre de pratique. Cette attitude
réactionnaire est-elle souhaitable et quels avantages permet-elle ?
Ces pratiques seraient pertinentes dans le cadre de politiques
d'aménagement du territoire en plaine comme en milieu montagneux.
L'action commence par déjouer les méfiances et
combattre les idées reçues. Vient ensuite le temps de la
réalisation avec la mise en place de projets selon le type de milieu.
10 DUPRAZ Christian et LIAGRE Fabien, Agroforesterie : Des arbres
et des cultures
On trouve une définition plus institutionnelle, celle
de l'ICRAF organisation internationale n'agissant pas en Europe et en
Amérique du Nord : 'Agroforestry is a collective name for land-use
systems and technologies, where woody perennials (trees, shrubs, palms,
bamboos,
etc.) are deliberately used on the same land management unit
as agricultural crops and/or animals, either in some form of spatial
arrangement or temporal sequence. In agroforestry systems there are both
ecological and economical interactions between the different components'.
(ICRAF, 1993)
II. Histoire :
Il convient de faire un retour en arrière et de
chercher les racines de l'agroforesterie pour mieux en mesurer
l'intérêt. Et c'est à l'aube des civilisations qu'il faut
remonter, aux premiers temps de l'agriculture.
La coexistence des arbres et des activités agricoles ou
pastorales semblent ne pouvoir être datée. L'avantage d'associer
les deux ayant été remarqué très tTMt. Avant la
lettre l'agroforesterie existait, de fait. On peut déjà en
trouver des formes primitives au néolithique qui rappellent l'essartage
aujourd'hui encore pratiqué :
Ç Dès le néolithique (a partir de 12
000 ans avant le présent), l'homme a pratiqué deux types
d'agricultures. Ce fut d'abord une agriculture légère de jardin
(a proximité des habitations) ou de décrue (terrains
alluvionniés des bords de rivière). Puis ce fut une agriculture
d'abattis-brülis dans les formations boisées ou herbeuses
dès que les activités de culture ou d'élevage prirent de
l'ampleur. L'abattis-brülis en milieu boisé consiste a pratiquer
une éclaircie plus ou moins complète d'une parcelle
forestière en abattant arbres et arbustes, puis a laisser sécher
ces débris végétaux afin de les brüler et de semer
dans le sol rendu disponible. Ce sol forestier, fertile et vivant,
bénéficie en outre des minéraux nutritifs contenus dans
les cendres. Mais la biologie de ce sol mis a nu évolue très
rapidement, sa fertilité abandonnée après une ou deux
saisons de culture, et la méme opération
répétée un peu plus loin. Ç C'est le principe de
l'agriculture itinérante. »11
La parcelle devient ensuite une sorte de jachère qui va
recréer un peuplement forestier.
Plus proche de nous, les populations antiques de la
Méditerranée associaient la vigne, les oliviers à d'autres
cultures. Les romains pratiquaient, notamment, l'arbustra dont on trouve le
détail dans le Livre III du De re rustica de Palladius. Il y
détaille comment l'on fait pousser la vigne dans les arbres, utilisant
son pouvoir grimpant :
Ç De la taille de la vigne unie aux arbres.
Quand une vigne est mariée a un arbre, coupez le
premier bois jusqu'au second ou au troisième bourgeon. Ensuite, chaque
année, laissez cro»tre un peu de bois a travers les branches qui
élancent toujours un fouet vers la cime de l'arbre. Ceux qui visent a la
quantité du vin, dirigent plusieurs fouets a travers les branches ; ceux
qui songent a la qualité, font courir les sarments vers la cime. Couvrez
de sarments les grosses branches ; mettez en peu sur les petites.
Voici comment on taille la vigne unie aux arbres. Coupez
tous les anciens sarments auxquels a été suspendu le fruit de la
première année, et laissez les nouveaux, après avoir
élagué les tendrons et les surgeons inutiles. Mais ayez soin de
délier et de relier annuellement la vigne pour la rafra»chir.
Disposez les branches des arbres tuteurs de manière que l'une ne suive
pas la direction de l'autre. Dans un terrain gras, choisissez un ormeau de huit
pieds de haut ; dans un terrain maigre, un ormeau sans branche qui ait sept
pieds. Dans un sol exposé a la rosée et aux brouillards, les
branches de l'arbre tuteur seront dirigées par la taille au levant et au
couchant, afin que ses flancs nus étalent toutes les parties de la vigne
aux rayons du soleil.
Faites en sorte que les vignes ne soient pas trop fournies
sur les arbres. Quand ceux-ci viendront a manquer, remplacez-les par d'autres.
Maintenez les branches plus bas dans un terrain en pente, plus haut dans un sol
plat et marécageux. N'attachez pas a l'arbre les rameaux fertiles avec
un osier dur, de peur que ce lien ne les
11 Torquebiau Emmanuel, L'agroforesterie : des arbres et des
champs, p.16
coupe ou ne les use. Sachez bien que le sarment ne
revét de fruits que la partie qui dépasse la ligature, et qu'il
réserve la partie inférieure pour donner du bois l'année
suivante. »12
Ë la même époque mais dans une civilisation
classée comme barbare, chez les Gaulois, on pratique le
sylvopastoralisme. La Gaule est < chevelue È mais c'est en fait une
capillarité clairsemée, les forêts sont des zones avec
quelques arbres à l'hectare, des terres pour les moutons en
pâture. Ils sont utilisés pour leur laine, le cuir.
Les forêts ressemblent moins à nos contemporaines
qu'à < des landes piquetées d'arbres È en raison de ce
primat du mouton13.
Cette situation se poursuit au Moyen-âge : on fait
pousser la vigne le long des arbres, on fait pa»tre les troupeaux en
forêt (cochons pour les glands et même la reproduction avec les
sangliers, etc.), les vaches dans les prés vergés (pommiers en
Normandie), les champs sont bordés de haies qui servaient à
délimiter et protéger la propriété, etc. Des
écosystèmes sont en place, ils interagissent et se crée un
équilibre biologique dans lequel l'homme prend place et est un acteur
important : il cultive son champ, prélève le bois, chasse,
pêche, récolte, cueille, etc. Il participe au cycle sans le
dominer et sans encore pouvoir modifier cet ordre de manière
irréversible.
Dans le même temps les populations croissent et gagnent en
terres agricoles et urbaines sur les forêts, on coupe pour cultiver,
construire, se chauffer, fabriquer.
Mais la coupe rase totale n'est pas la plus courante, l'arbre
restait en place dans les champs. Le défrichement ne faisait pas table
rase, on gardait des arbres et on cultivait entre : c'est la pratique de
l'essart.
Le Codex vindobonensis, appartenant à la
bibliothèque nationale d'Autriche fait état de la vie des
campagnes au IX° siècle, il comporte un certain nombre
d'enluminures et la majorité d'entre elles montre des pratiques
agroforestières (une quarantaine sur cinquante). Elles se font surtout
avec des arbres fruitiers.
Plus tard, se développe au XVII° et pendant les
siècles suivant le bocage14. Il continue ces pratiques en
généralisant les haies.
Au XIX° siècle :
Ces techniques sont utilisées aussi au XIX°, on
fait souvent référence à des descriptions de Stendhal. En
effet au début de l'été 1837 il parcourt le Rhône,
près de sa ville natale, Grenoble, et en décrit les paysages.
En juin il est à Saint-Vallier, au bord du fleuve
à hauteur de Grenoble : < Le sol de la rive gauche du RhTMne,
qui suit la grande route de Marseille, est couvert d'une si prodigieuse
quantité de cailloux roulés, qu'el peine laissent-ils voir la
terre ; et cependant, sur la gauche de la route, le pays est planté de
müriers
12 Palladius, De re rustica, Livre III, Section 6, XII, page
137
13 Andrée Corvol, Ë plus d'un titre, France
Culture.
14 Christian Dupraz, Terre à terre, France Culture.
tellement pressés, que les terres ressemblent à
un verger, et sous l'ombre de ces arbres le blé croit à
merveille.
»15
En aoiat, arrivant de Cras, traversant la plaine de Tullins
(Nord Quest de Grenoble), il décrit ces associations de blé et de
noyers, qualifiant le paysage comme << comparable aux plus riches du
Titien È : << Je ne confois pas la force de
végétation de ces champs couverts d'arbres rapprochés,
vigoureux, touffus ; et là-dessous il y a du blé, du chanvre, les
plus belles récoltes. »16
Qn voit donc l'attrait que peut représenter ce mode
cultural du point de vue esthétique, facteur appréciable pour
l'oeil averti qu'était Stendhal : << Le genre ennuyeux semble
banni de ces belles contrées. »17 Cet aspect est
aujourd'hui partie intégrée des politiques d'aménagement.
Mais il n'est pas primordial au point de provoquer chez l'auteur une
somatisation dont il est parfois sujetÉ18 << J'ai dit
au postillon que j'avais un éblouissement, et que je voulais marcher
[É] »19
Au XX siècle :
Tout cela se perpétue plus ou moins, en tendant à
se perdre au profit de la spécialisation des agriculteurs en raison de
la mécanisation.
Un pas décisif va être franchi après la
Seconde Guerre mondiale, lors de la reconstruction. Qn assiste à une
destruction systématique : c'est la politique d'Edgar Pisani dans les
années 60', prolongée par les débuts de la Politique
Agricole Commune (PAC). Par la volonté de remembrer, mécaniser et
créer des structures agricoles gigantesques (un rêve de Midwest
américain ?) il y eut destruction systématique des haies,
ruisseaux, des écosystèmes locaux, etc. Ce nouveau modèle
agricole provoquant des bouleversements paysagers dans certaines
régions, de façon générale, et des ruptures
d'équilibres écologiques dont les effets se mesurent à
plein aujourd'hui.
Paradoxalement C. Dupraz rapporte que les premiers
agriculteurs à se doter de tracteurs furent ceux de la vallée de
l'Isère. Ayant pu se constituer un capital avec leurs noyers, ils
utilisèrent l'argent de la vente des bois pour s'acheter des
tracteurs20.
L'après-guerre est donc un moment particulier oü
l'exode rural se réalise et oü naissent de grandes structures de
gestion agricole, des systèmes de reprise et d'agrégation des
terres fonctionnant à plein. Le but premier de cette politique
était de permettre une continuité dans
15 Stendhal, Mémoires d'un touriste vol. 1, p.193
16 Stendhal, Mémoires d'un touriste vol. 2, p.122
17 ibid.
18 Le syndrome de Stendhal se manifeste chez des touristes, a
priori seulement face aux oeuvres de la Renaissance italienne
19 Stendhal, Mémoires d'un touriste, vol. 2, p.122
20 C. Dupraz, Terre à terre, France Culture
la population agricole en permettant de regrouper des
exploitations pour leur assurer une viabilité, mais
l'inconvénient est que cette population s'est trop réduite.
Pisani ne pensait pas que cette politique irait si loin et le regrette.
Il affirme aujourd'hui que la propriété produit
plus, plus de richesse, plus d'emploi lorsqu'elle est plus divisée que
lorsqu'elle se trouve trop concentrée21.
Au XXI° siècle :
Il pense qu'aujourd'hui on devrait assister à un retour
vers la terre et qu'un demi-tour devrait s'amorcer et engendrer un
fractionnement des grandes exploitations : Ç parce que c'est raisonnable
et c'est établi, ensuite parce que l'agriculture est sans doute la seule
qui soit capable de créer des emplois dans l'avenir. È Il ajoute
à l'agriculture l'environnement et des activités
complémentaires nouvelles restant à inventer.
La question aujourd'hui est de savoir si l'agriculture peut
nourrir le monde. Et son avenir est dans les exploitations de petite taille, en
raison notamment de la prise en compte de facteurs écologiques.
Aujourd'hui l'ancien ministre de l'agriculture regrette sa
politique22 mais explique qu'il s'agissait de moderniser et
aujourd'hui la modernité est dans un retour vers un modèle
précédent mais avec les acquis de l'expérience
mécanique. Les données ayant changées, la politique doit
s'adapter et la modernisation changer de contenu.
Il souhaite que la tendance s'inverse pour retrouver un
équilibre forêt/champ, sans souhaiter un retour à
l'état antérieur23.
Il y a donc eu une politique importante qui a conduit à la
séparation de la forêt et des autres activités agricoles,
de manière indirecte. Elle a son origine dans cette entreprise de
modernisation mais il y a aussi des décisions impliquant plus
directement cette séparation. Cet autre aspect qui accentue cette
division est la séparation de la forêt et de l'agriculture au
niveau institutionnel, association pourtant
pluri-séculière24. C'est d'abord pour la forêt
publique (la création de l'ONF en 1966), mais aussi en dissociant les
services agricoles et forestiers des personnes privées (CRPF). La
forêt est autonomisée, ce qui représente un avantage non
négligeable, financée par le Fond Forestier National (FFN), qui
ouvre une politique d'envergure. Mais elle n'est donc plus
considérée par le politique. Elle ne cesse de descendre dans les
organigrammes ministériels successifs, avec parfois quelques
remontées.
21 Il prend l'exemple d'un propriétaire de 5 000 ha sans
héritier qui chercherai la formule la plus valorisante entre une
propriété de 5 000 ha et 100 fermes de 50 ha. La nouvelle
fabrique de l'histoire - France Culture
22 Ç Il est évident que j'ai été
fasciné par les exigences techniques des tracteurs... È. La
nouvelle fabrique de l'histoire - France Culture
23 E. Pisani, La nouvelle fabrique de l'histoire, France
Culture.
24 La mention Ç Eaux et forêts È
appara»t pour la première fois en France en 1219, dans une
ordonnance de Philippe Auguste. Viennent ensuite une organisation
afférente, en 1346 dans l'ordonnance de Brunoy, puis toute une
législation...
Et la tempête Klaus à remis à jour son
absence d'autonomie sur un plan financier, notamment par l'inexistence d'un
système d'assurance viable, qui aurait permis de sauvegarder la
ressource et absorber le choc de la tempête pour l'ensemble de la
filière (stockage et régulation du volume de bois disponible,
contrôle des prix, etc.).
Il y a donc tout un contexte de déclin de l'importance
du bois : remplacement par le pétrole, l'acier, les plastiques, les
produits issus de la chimie, le béton, etc. Il est dépassé
dans la construction, l'énergie, etc.
Et la forêt se trouve sous-exploitée, le tissu
industriel vieillit, le secteur subit l'influence de la domination
étrangère sur les cours du bois, sur les normes, etc.
A cela s'ajoute, dans le Sud Quest, le déclin de
l'industrie de la résine, elle aussi dépassée par le
pétrole.
La forêt traverse une crise existentielle, bien que le
contexte paraisse pleinement favorable et que d'innombrables
débouchés et perspectives s'offrent et vont s'offrir à
elle.
Figure 2 : Vue aérienne d'installations
agroforestières au début du XX° siècle, C. Dupraz,
Une agroforesterie francaise
III. Le statut de l'agroforesterie :
Ç L'idée est d'imiter la nature mais en faisant
mieux, remettre les systèmes en marche et les améliorer. Produire
des services par l'arbre, jouer sur l'interaction. È
Christian Dupraz, Terre à terre, France Culture.
L'agroforesterie est donc une réinvention. Elle a
existé, de fait, avant la lettre mais est aujourd'hui repensée et
développée de manière scientifique, gagnant ainsi en
rapidité pour comprendre et améliorer son fonctionnement. Ce qui
nécessiterait des expérimentations sur des périodes de
temps trop longues s'il fallait s'en tenir à l'empirisme d'autrefois.
En France sa redécouverte s'est faite dans le sud de la
France. Un pTMle très actif s'est constitué autour de
Montpellier. Il associe des chercheurs, des propriétaires, des
associatifs, des entrepreneurs, etc. Ils mènent depuis plus de 20 ans
des expérimentations avec des agriculteurs qui ont adoptés leurs
techniques et se sont convertis à l'agroforesterie. Mais ils la
délimitent très précisément : elle n'est ni de la
forêt (les densités sont trop faibles), ni de l'agriculture sous
une nouvelle enveloppe (par la production de bois). Elle n'est pas non plus un
boisement de terre agricole (l'activité agricole continue). Pour qu'il y
ait agroforesterie il faut des arbres à faible densité (la norme
est entre 100 et 50 arbres/ha), des cultures ou de
l'élevage25 en dessous, la Ç ma»trise du cycle
biologique È des deux éléments. Elle est un système
combinant plusieurs cultures au même titre que les prés vergers,
les plantations forestières utilisant les fruits de l'arbre et son bois
(le pin et sa résine, l'hévéa et son latex,
l'érable et son sirop).
25 On parle d'agrisylviculture ou de sylvopastoralisme
Figure 3 : Tine parcelle agroforestière
héraultaise mélangeant peupliers et blé. C. Dupraz
A. Technique :
Il s'agit de planter entre 50 et 100 arbres/ha sur une
parcelle oü l'on va pratiquer des cultures agricoles, mais cela peut aussi
être de l'élevage. Les arbres vont plutôt être des
essences précieuses (noyer, merisier, cormier, alisier, chêne
vert, chêne truffier, olivier, etc.). On peut procéder à
des mélanges et permettre une plus grande résistance
phytosanitaire, constituer un peuplement ressemblant aux massifs
environnants.
1. L'arbre :
Les arbres sont plantés en ligne et de façon
raisonnée pour permettre le passage des engins agricoles et offrir la
lumière nécessaire aux cultures. Il est parfois relevé que
l'ensemble peut donner un aspect trop linéaire mais il semblerait
qu'avec les faibles densités (50 arbres/ha), ce qui est la tendance
prônée et un plafond par ailleurs, la perspective change et les
lignes paraissent s'estomper. La population des arbres ainsi installés
est très peu réduite par la suite voire, pour les faibles
densités, ne diminuant plus jusqu'à maturité. Ainsi
espacés les arbres peuvent pousser plus régulièrement et
offrent à la coupe des cernes larges et
réguliers. La croissance généralement
constatée au niveau du tronc peut atteindre 80% en 6 ans. En hauteur
aussi la pousse peut se montrer impressionnante en raison de l'absence de
concurrence. Elle tient aussi à quelques menus travaux à
pratiquer avec une importante régularité. Les arbres demandent un
élagage intensif pour produire un fût d'une longueur suffisante
pour être valorisée par la suite. Il s'agit, au final, de
compenser l'absence de concurrence en la stimulant par cet élagage mais
l'arbre disposant individuellement de ressources plus importantes il peut
pousser vite et mieux. Et le mélange des essences ne nuit en rien
à la pousse car l'espace entre les arbres leur permet de pousser selon
leur rythme.
En sous-sol d'autres effets se produisent. Avec la
présence de cultures en surface les arbres vont aller chercher l'eau
plus en profondeur et développer un important système racinaire
leur permettant de résister à des tempêtes et aux
sécheresses. Il a été constaté que l'effet est plus
important lorsque les arbres sont associés à des cultures
hivernales. Mais l'agroforesterie supporte à peu près tous les
types de culture, la difficulté se présentant surtout avec les
tubercules (pomme de terre et betteraves)26.
Ce choix arboré permet à l'agriculteur
d'installer à faible coiat, d'investir à long terme. Il peut
diversifier son investissement par le choix d'essences différentes. Ce
qui va aussi échelonner ses revenus, en fonction de l'âge de
récolte de chaque essence. Par ailleurs des agriculteurs mentionnent ces
installations et obtiennent plus facilement des prêts auprès des
banques, disposant d'un capital en devenir, d'autant mieux valorisé
qu'il est composé d'essences précieuses.
2. Les cultures :
Sur les cultures on constate une productivité accrue
à la récolte. Dans une parcelle de noyers et blés d'hiver
la production augmente de 50 %. Et de façon générale on
constate une augmentation allant de 30 % à 60 %. Les revenus sont alors
plus importants pour l'agriculteur. Ce revenu peut légèrement
diminuer lorsque les arbres sont proches de la maturité. Mais il ressort
des expériences que les densités doivent tourner autour de 50
arbres/ha, et là l'impact est infime sur la production agricole,
d'autant plus qu'il est compensé par les services produits par la
présence des arbres. Ces services touchant un aspect qualitatif rarement
pris en compteÉ
Le devenir agricole au regard des exigences
environnementales : une voie dans l'agroforesterie.
L'agroforesterie offre des perspectives dans le cadre de
recherche d'une agriculture soutenable, permettant de produire autant, voire
plus, sans atteindre l'environnement et le dégrader, provoquer des
effets néfastes à long terme.
La présence des arbres apporte une richesse
écologique. On la trouve dans la biodiversité, lorsque l'on
constate le retour de tout un ensemble d'animaux qui peuvent lutter contre des
prédateurs des cultures, on relance des écosystèmes en
favorisant le retour d'oiseaux, chauves souris, insectes en tout genre,
arachnides, rongeurs, etc. Ces cha»nes alimentaires
26 C. Dupraz, Terre à terre, France Culture.
reconstituées permettent par ailleurs de soulager les
champs d'utilisations d'intrants en quantité.
De plus, quand bien même il faudrait utiliser des
intrants, les arbres jouent un rTMle de barrage dans l'infiltration des
nitrates en profondeur. Leur système racinaire permettent un
assèchement du sol en été, lorsque les pluies d'automne
arrivent elles descendent moins en profondeur ce qui empêche
l'infiltration en nappes, ensuite le nitrate est repris par les arbres, etc. Il
y a la création d'un cercle vertueux.
Toujours concernant les pluies les arbres peuvent jouer leurs
rTMles de fixateurs du sol et l'empêcher d'être lessivé. Ce
rTMle tenant essentiellement à la façon de planter les arbres et
de former des buttes, de jouer avec des courbes de niveaux et des talus, plus
qu'à la présence intrinsèque des arbres. Mais les arbres
contribuent pleinement au cycle de l'eau et peuvent Ç limiter la force
érosive des courants dans les lits majeurs È, ils stockent l'eau
en cas de pluies importantes et ils provoquent
l'alluvionnement27.
Un aspect supplémentaire tient au carbone que les
arbres fixent, en plus grande quantité que les simples champs ou
prairies. Ils en fixent dans leur partie aérienne mais aussi dans les
racines. Une partie de ces racines est annuelle, les plus fines, elles se
décomposent et enrichissent alors le sol, les cultures peuvent
récupérer ce carbone. Le cycle reste clos et le carbone
capté.
Au final, pour l'agriculteur l'avantage premier de toute
installation agroforestière est financier car il peut multiplier ses
revenus et s'assurer un capital bois. Il trouve ensuite une motivation
éthique par l'aspect environnemental de son action et voit même sa
production augmenter. Il développe une certaine image faste de son
exploitation et découvre de nouvelles manières de cultiver, il
peut repenser son activité.
Il est même possible d'ajouter un troisième
niveau de culture, dans la bande enherbée disponible entre les arbres.
On peut envisager toute sorte de combinaisons qui allient les arbres, les
cultures et la bande en fonction des intérêts et des
priorités du propriétaire. Il peut y être planté des
essences servant à produire du bois de feu ou des buissons qui peuvent
accueillir d'autres type d'animaux, du gibier ou encore des essences
destinées à produire du bois raméal fragmenté, bien
que ce ne soit pas une orientation particulièrement
agroforestière28.
27 C. Dupraz, Une agroforesterie à la française.
28 Il n'y a pas de trace d'une quelconque expérience,
simplement des suggestions.
Figure 4 : Tine coupe type d'une parcelle
agroforestière.
La parcelle agroforestière peut permettre toute sorte
de bienfaits si elle est correctement pensée et gérée.
Mais il faut d'abord franchir un certain nombre de dédales politiques et
administratifs qui, faute d'être tranchés, empêche une
véritable considération et un développement prometteur.
B. Administration et politique : 1. Le nÏud
cadastral :
D'un point de vue administratif la première question qui
se pose est de savoir si on a affaire à de la forêt ou à de
l'agriculture ?
Si l'on prend la définition de l'activité agricole
on remarque déjà que rien ne permet d'en exclure la
forêtÉ
Si l'on s'intéresse aux définitions de la
forêt : pourcentage du couvert des arbres sur la surface, densité,
on a au moins deux critères qui peuvent différer : les textes
réglementaires parlent d'une densité mesurée en arbres par
hectare, mais cela dépend des essences. Au niveau du couvert on trouve
un seuil minimal de 10 % de surface arborée au sol29. Et il
est précisé qu'il faut une surface d'au moins 50 ares sur une
largeur minimale de 20 mètres pour des arbres atteignant 5
mètres. On ne trouve pas de définition sur le site du
ministère de l'agriculture ou une quelconque définition
légale généraleÉ
29 IFN, le seul site institutionnel donnant une définition
de la forêtÉ
Ce problème se pose car de lui découle la
fiscalité, le fonctionnement économique, la distribution d'aides,
etc. La difficulté tient principalement à la conception
bureaucratique qui considère difficilement une production double sur une
même surface. D'autant que dans ce cas la part de chacune des productions
varie au cours du temps, en fonction de la place occupée par les arbres.
Celle-ci va s'accroissant, jusqu'à l'exploitation.
Figure 5 : Evolution des surfaces
arborées et agricoles (d'après C. Dupraz)
Figure 6 : Evolution des surfaces
arborées et agricoles en fonction des semis agricoles fait avec des
semoirs (d'après C. Dupraz)
Dans ce mémoire il est envisagé trois statuts :
- un statut inchangé qui classerait la parcelle comme
agricole ou forestière. Il serai fonction de la densité des
arbres. C'est le cas actuel, à défaut d'avoir une politique
nationale sur les questions agroforestières.
- un statut évolutif : à intervalles
réguliers, l'exemple propose 5 ans, on mesure la répartition
entre surface agricole et surface forestière sur la parcelle. Cette
proportion arbres/cultures change dans le temps, allant d'un statut totalement
agricole à un statut agroforestier, voire pleinement forestier. Ici les
critères sont Ç la densité des arbres, la surface des
cultures, les espacements entre les lignes d'arbres, la durée de
présence du système agroforestier et la largeur de la bande non
cultivée. È - un statut forfaitaire : il faut pour cela
construire un barème selon des fourchettes de répartition des
surfaces entre forêt et cultures, prendre en compte la densité des
arbres.
L'inconvénient de ce système tient à son
écart avec la réalité et le fait qu'il permette de cumuler
les aides quand bien même la parcelle ne serait plus
agroforestière.
Le choix se porte donc sur le statut évolutif en raison
de son adéquation à la réalité du terrain.
L'exploitant peut à la fois bénéficier des aides qui
concernent ces deux modes de culture mais uniquement pour les surfaces
effectives30.
2. Au niveau communautaire :
Il aura fallu attendre le programme SAFE : Des Systèmes
Agroforestiers pour les Fermes Européennes, lancé en 2001,
arrêté en 2005. Il a permis de mener des expérimentations
dans plusieurs pays européens, de mélanger les résultats.
Ses objectifs étaient :
Ç Mieux conna»tre le potentiel que représente
l'agrisylviculture (l'association d'arbres aux cultures agricoles est-elle
vraiment efficace, et dans quelles conditions ?)
Prédire l'impact de l'adoption de ces systèmes sur
les exploitations agricoles européennes, et le succès possible de
cette adoption pour certaines régions européennes
Proposer un cadre réglementaire unique européen
pour la prise en compte de ces pratiques. È
Et une première prise en compte dans le Règlement
(CE) n°1698/2005, article :
Ç Sont d'application pour les forêts, les aides
au 1er boisement de terres agricoles, les aides à la 1re installation de
systèmes agroforestiers sur les terres agricoles, les paiements
sylvoenvironnementaux et les aides à l'adoption de mesures de
préventions visées par l'Axe 2, Sous-section 2, Articles 43, 44,
47 et 48 du Règlement (CE) n° 1698/2005, respectivement.
È
Le considérant 39 indique Ç qu'il convient
d'oeuvrer en faveur de leur mise en place È. Mais ce paragraphe
n'étant pas coercitif les États membres ont toute liberté
pour le prendre en compte. Ce qui n'est pas le cas de la France, malgré
la bonne volonté discursive affichée par le Ministre de
l'agriculture, qui ne put se trouver concrétisée dans les
quelques jours qui précédèrent la sortie du gouvernement
d'icelui31.
L'article 44 mentionne le soutien de l'Union par l'octroi
d'une aide à l'installation agroforestière. Le flou dans la
rédaction de l'article laisse en suspens les critères de
définition des systèmes agroforestiers, la limite entre
espèces Ç à croissance rapide È et les autres, la
notion de court terme, l'étendue des essences regroupées sous le
terme de Ç sapins de Noël È, qui sont autant des facteurs
distinctifs d'éligibilité aux aides. Leur montant est entre 70 %
et 85 %, selon les zones oü se trouvent les parcelles.
30 Delphine Bassou, p.33
31 Éditorial, en date du 1 juin 2009, de Michel Barnier,
ayant quitté sa fonction le 23 juin 2009, dans le second numéro
de la revue AgroforesterieS :
http://www.agroforesterie.fr/images-pages/revue/editorial_m_barnier_n2.pdf
Ainsi l'arbre n'est plus un facteur pénalisant pour
l'agriculture et n'empêche plus l'octroi des subventions PAC.
3. En France :
On ne trouve pas d'application des dispositifs communautaires,
mais un programme CAS-DAR : de la recherche lancée après les
programmes européens (2006-2008), une deuxième phase est
aujourd'hui amorcée avec encore des programmes de recherche
2009-201132.
Mais derrière rien n'est fait pour lancer la chose
à grande échelle, alors que planter un arbre se fait pour la
génération d'après, au moins... Rien n'indique que la
position concernant les textes communautaires ne change prochainement.
On constate un certain retard dans l'intérêt
porté à ces techniques au niveau politique, institutionnel.
L'agroforesterie serait une pratique trop marginale pour être susceptible
de faire l'objet d'une politique. Il y a là un paradoxe quant à
toute innovation, la généralisation d'une telle pratique,
développée par une minorité, ne peut se faire que par une
politique d'envergure. Or si elle est déjà
générale, elle n'a pas besoin d'être aidée pour se
développer.
Face à ce désintérêt institutionnel
la diffusion se fait par capillarité, des visites de parcelles, du
bouche à oreilles d'agriculteurs, Ç cet hiver (2007-2008) il
s'est planté 1400 ha de parcelles agroforestières...
È33.
Il est inquiétant de voir que rien n'est fait pour
s'intéresser à la question alors même que sur le terrain un
engouement se développe et les résultats permettent d'envisager
des objectifs nationaux.
Christian Dupraz propose une projection en estimant que 20 %
des exploitants pourrait consacrer 10 % de leur surface agricole utile à
l'agroforesterie. Il mentionne un objectif de Ç 500 000 ha de parcelles
agroforestières envisagées d'ici 25 ans. È Il ne dit pas
s'il compte sur un relais politique en France ou en Europe. Il évalue le
recul de la production agricole engendrée par cette conversion à
2 % du volume. Mais Ç la ressource en bois de qualité ainsi
créée serait significative pour assurer l'approvisionnement du
marché national à l'horizon 2050 et l'impact environnemental
serait majeur. »34
Au niveau européen une surface de 90 millions
d'hectares est propice à l'agroforesterie, dont 63 millions avec des
préoccupations environnementales qui correspondent aux atouts de
l'agroforesterie.
32 Le site du projet Compte d'Affectation Spéciale
Développement Agricole et Rural (CAS-DAR) :
http://www.inra.fr/les_partenariats/collaborations_et_partenaires/monde_agricole_et_rural/
appels_a_projets/casdar
33 C. Dupraz, Terre à terre, France Culture.
34 C. Dupraz, Tine agroforesterie à la
Française.
Figure 7 : Les surfaces agroforestières
potentielles en Europe. C. Dupraz, Une agorofresterie française.
C. Representations :
Un dernier aspect, non moins primordial, est celui des
représentations. On constate généralement une
méconnaissance sur la forêt. Il est souvent d'avis que les arbres
sont perpétuels, que les forêts sont figées, qu'elles
empêcheraient toute action agricole. L'image communément
portée est celle d'une forêt dense, épaisse afin que les
arbres poussent et sous laquelle rien ne pousse. Et inversement l'agriculture
se passe dans des champs vides d'arbres, en plein soleil.
Figure 8 : Deux potentiels côtes à
côtes, sans interaction. C. Dupraz, Une agroforesterie à la
française.
Christian Dupraz rapporte les réactions de gens voyant
l'image de couverture de leur ouvrage35, il leur parait difficile de
l'accepter : Ç on nous a dit que c'est un montage È, on associe
plus l'agroforesterie aux latitudes tropicales (quand la notion a un sens chez
l'interlocuteur)
Ces représentations tiennent à la division entre
agriculture et forêt dans les faits : séparation
institutionnelle.
Il s'agit aussi de combattre des croyances populaires : Un
dicton concernant les noyers, selon lequel rien ne pousse sous un noyer, est
déjoué par la densité. Les noyers en faible densité
ne peuvent pas empêcher la pousse comme on le pense, la substance que
leurs racines sécrètent et qui est un frein au
développement des autres plantes n'est pas en quantité
suffisante. Et leur %oge non plus ne permet pas d'en accumuler
suffisamment36.
35 C. Dupraz et F. Liagre, Agroforesterie : Des arbres et des
cultures.
36 C. Dupraz, Terre à terre, France Culture
IV. Typologie :
La région aquitaine est une région
éminemment forestière avec un massif forestier de moins de 2
millions d'hectares. Sa diversité aussi est importante :
Figure 9 : source CRPF Aquitaine
Il sera retenu deux exemples typiquement représentatifs
de la région que sont, d'une part, le contexte montagneux avec ses
traditions d'élevage et ses forêts de feuillus, d'autre part, le
plateau landais, sablonneux et aliotique, peuplé par les pins
maritimes.
Ce parti pris tient à la représentativité
de ces situations mais aussi au manque de temps pour accéder aux
informations nécessaires, à l'impossibilité de contacter
les personnes concernées en raison des congés estivaux.
Pour ces raisons je ne pourrai traiter des forêts de
châtaigniers et de noyers de Dordogne qui pourraient offrir un cadre
agroforestier intéressant37, ou encore des peupliers de la
Chalosse
37 Offrant un cadre proche des expériences
héraultaises.
et du Lot-et-Garonne, qui peuvent accueillir des cultures de
ma ·s ou des troupeaux de moutons, voire de bovins38.
A. Les Landes :
On trouve peu de trace agroforestières dans les Landes
en raison de la culture des pins, celle-ci née d'une politique à
visée sanitaire, utilise donc les schémas habituels avec des
densités fortes. Mais l'idée que des troupeaux puissent circuler
sous les arbres, des ovins aux gallinacés, aux abords des airials semble
probable. Il reste à vérifier si cela pourrait constituer du
sylvopastoralisme. Si des cultures sont envisageables.
Figure 10 : Les différents pays
constituant les Landes.
38 Dans ce dernier cas il a été constaté que
la trop forte pression qu'ils exercent sur le sol ab»me les racines et
pose un problème de densité de population supporté.
Un sylvopastoralisme landais ?
Après avoir interrogé des membres de la chambre
d'agriculture (MM. Billac et Carbonnière) j'ai pu avoir des informations
sur la présence d'élevages, en essais.
Les troupeaux d'ovins ont déjà été
essayés mais leur gabarit pose un certain nombre de problèmes.
Les parcelles ayant une valeur fourragère quasi-nulle la pratique est en
diminution, on constate un problème d'adaptabilité des races.
L'attrait premier de cette pratique est l'ombre offerte et qui diminue les
dépenses d'énergie de la part des animaux. Le parc ovin qui
servait jusqu'alors est aujourd'hui impraticable car détruit par la
tempête Klaus. Je n'ai pas trouvé d'exemples concernant la
présence de bovins. Les parcours pour les canards eux existent, on peut
leur ouvrir des parcours dans les champs de ma ·s car les canards sont
craintifs des prédateurs et se rendent facilement dans des parties
couvertes. Mais les tracés sous les pins disparaissent en raison de
dégâts causés aux pins par leurs fientes. La surcharge des
ces matières provoquent sur les pins des apparitions de champignons sur
les aiguilles, les pins meurent ensuite. Ces dégâts sont
classés comme du défrichement indirect par la DDEA39.
Ce faisant les éleveurs ne peuvent continuer. Un problème qui
n'appara»t pas avec la présence de poulets.
Le poulet :
Les Landes ont une forte tradition d'élevage de poulet. En
témoigne l'existence du label Ç Liberté des Landes
È : un élevage en totale liberté, label rouge depuis
1965.
Des études menées font appara»tre que le
principal problème pour les pins tient à la présence de
substances délivrant de l'azote. Celui-ci se diffuse par les fumures,
qui sont rarement ramassées ou dispersées. Cet azote peut se
révéler bénéfique si les cabanes sont
placées dans des landes très pauvres et dépourvues de
matière organique, les arbres peuvent alors en profiter. Mais dans des
landes plus riches un désagrément na»t car il provoque une
surcharge du houppier en aiguille. Les arbres sont fragilisés et plus
sensibles aux tempêtes, au gel, à tout ce qui risque de provoquer
un bris des branches. Aussi l'azote accélère la croissance et la
qualité du bois peut en être affectée, il est alors plus
sensible aux attaques parasitaires.
La présence des poulets provoque aussi des
modifications en surface du sol, dans la végétation qui recouvre
le sol, sans causer de problèmes à l'élevage ou aux pins
étant déjà audessus de celles-ci. La
végétation nouvelle entra»ne une intervention
supplémentaire après la coupe rase pour débarrasser les
jeunes plants de cette concurrence. Les poulets peuvent parfois
découvrir les racines traçantes des arbres. Si celles-ci sont
ab»mées les arbres courent un risque sanitaire important.
39 Direction départementale de l'équipement et de
l'agriculture.
Il y a donc une batterie de problèmes identifiée
mais ils ne sont pas toujours précisément connus.
Néanmoins avec un certain nombre de règles on peut minimiser les
impacts causés par la présence des volailles sous les
pins40.
La première recommandation tient à la rotation
des terrains occupés, en limitant la fréquence de présence
des cabanes sur une même parcelle on réduit l'effet d'accumulation
des changements qu'induit cette présence, le temps de repos
nécessité étant d'au moins une année.
Il est proposé dans la gestion sylvicole de
dégager des lignes lors des éclaircies, de façon à
laisser libres des bandes de 5 mètres de large. Et répéter
cela plusieurs fois sur la largeur pour permettre l'accueil de plusieurs
cabanes. Ou bien les cabanes pourraient être placées sous les
lignes électriques qui nécessitent cet espacement des arbres.
Leur hauteur suffisante devrait pouvoir accueillir les cabanes en dessous et
les volailles trouveraient l'ombre à proximité. Ce qui
supposerait un accord avec ERDF afin de régler d'éventuels
problèmes de responsabilité en cas de rupture de la ligne.
Un projet de cahier des charges fut élaboré pour
permettre la généralisation de cette pratique et permettre
d'augmenter le potentiel de surface pour ces poulets de pleine
liberté41. Il recommandait l'établissement d'un plan
d'exploitation afin de mettre d'accord les parties sur les zones
d'installations, la durée, la fréquentation d'installation sur
une parcelle doit être supérieure à 2 ans. On trouve aussi
une réglementation sur le type des cabanes, le ramassage des fumures
tous les 15 jours, l'âge minimal requis des peuplements forestiers (15
ans) et la non-installation sur des parcelles susceptibles d'être
coupées rases, respectant le délai de 5 ans des plans simples de
gestion.
Donc dans le cas de ce sylvopastoralisme la contrainte tient
au besoin des rotations. Mais il est surtout étrange de trouver si peu
de littérature sur le sujet alors que le potentiel est très
important. J'y vois deux barrages qui tiennent aux perceptions des
éleveurs et des forestiers les uns à l'égard des autres.
Il y aussi un manque de connaissance sur l'impact réel et sur des
actions qui permettraient d'améliorer ou de rendre positive la
présence des poulets sous les pins.
Mais ces lacunes tiennent peut être à la
représentativité relativement faible des landes dans
l'élevage de poulet. On constate que la présence de la volaille
est surtout dans le sud-est des Landes, en Chalosse. Le relief y est
différent et la végétation aussi : un pays entre l'Adour
et le gave de Pau, vallonné, encore planté de pins mais surtout
de chênes et de peupliers.
40 Gragnier Samuel, p.25
41 Projet rédigé en 1999 par JM. Billac, JM.
Froustey, L. Golieth et E. Heurtaux, mais jamais appliqué.
Figure 11 : source Chambre d'agriculture des
Landes
Perspectives :
Finalement l'aquitaine semble avoir eu un passé
agroforestier mais uniquement par le sylvopastoralisme, prolongeant là
les Ç landes piquetées d'arbres »42 oü
paissent les troupeaux de moutons avant que Brémontier ne se lance dans
l'assèchement des Landes.
Je n'ai pu trouver d'information concernant des essais
agrisylvicoles. Vu la situation des Landes on pourrait se demander si des
essais existent avec du ma ·s. Les Landes étant essentiellement
faites d'un sol sableux on voit toujours les cultures être
arrosées. Il convient de se demander si avec une faible densité
de pins offrant un couvert suffisant le ma ·s pourrait y pousser et
surtout être moins tributaire des ces arrosages. C'est une perspective
qui n'a pas été envisagée d'autant qu'il faudrait
déterminer les problèmes liés à l'acidité du
sol et à l'acidification posée par la présence des
pins.
Mais ce qui est ici proposé avec le ma ·s pourrait
être tenté avec des cultures de toute sorte, d'hiver comme
d'été.
B. En montagne :
La forêt privée des Pyrénées
atlantiques en quelques chiffres :
Surface : 142 000 ha, les 2/3 de la surface forestière.
Propriétaires : 55 000
Surface moyenne : 2,6 ha
Principales essences : chênes 62 %, hêtre 15 %,
châtaignier 9 %, résineux 3 %
42 Andrée Corvol, A plus d'un titre, France Culture.
Lors du stage que j'ai effectué entre le 1er Mai et le
31 juillet 2009 auprès du Syndicat des sylviculteurs des
Pyrénées atlantiques j'ai pu observer le fonctionnement à
l'échelle locale des organisations en rapport avec la forêt, des
différentes sortes d'acteurs, etc. Et m'attacher à trouver une
place pour l'agroforesterie.
Bien qu'il s'agisse d'un seul et même département
il peut être divisé en deux pour des raisons pratiques : on
distingue le Pays Basque d'une part et le Béarn d'autre part. Autour de
cette division culturelle s'organisent toutes les revendications
afférentes à ces deux cultures et cela se traduit jusque dans les
activités économiques avec des organisations chargées de
soutenir les secteurs de l'élevage et de la forêt ainsi que le
tourisme uniquement sur des zones se rapportant à ces aires.
La forêt dispose de structures propre à l'instar
du syndicat mais elle est toujours intégrée dans des ensembles
plus vastes oü se prennent les décisions. Le syndicat couvre
l'ensemble du département, sans distinction formelle entre ces deux
aires et il participe tant à la vie interne du milieu forestier
qu'à sa représentation au sein de collèges plus larges. Il
est donc un acteur pivot, un relais entre la filière et d'autres
secteurs économiques, un relais interne entre les propriétaires
et les professionnels.
J'ai pu mesurer le travail qu'il demande pour
représenter ses adhérents sur les différents fronts sur
lesquels il se rend : manifestations, présence au sein des
différentes réunions, assemblées générales,
etc. la formation des propriétaires,
des visites de terrain, des contacts avec d'autres syndicatsÉ
On trouve les organisations habituelles avec les antennes du
CRPF, l'ONF, les différents services territoriaux de l'État :
DDEA, Chambre d'agriculture, etc.
On trouve d'autres organisations qui travaillent sur
l'ensemble du territoire auquel participe le syndicat. Par exemple le Centre
d'Études Techniques et Économiques Forestières (CETEF) qui
fournit des études et des conseils sur les techniques sylvicoles, il
organise des campagnes de promotion, des formations pour les
propriétairesÉ
Par ailleurs il publie en association avec le SSPA et
l'association des communes forestières (COFOR) un journal d'informations
à l'attention des forestiers et professionnels : Forêt 64 -
Ç Boscs & Oihanak È43.
Ensuite il y a des structures similaires mais qui se
répartissent au Pays Basque et dans le Béarn auxquelles les
forestiers participent :
43 Disponible en annexe.
1. Au Pays Basque :
On trouve un organisme financé par le programme
européen Leader+ qui vise à valoriser l'activité
économique rurale par le FEADER44. Il s'appuie sur un texte,
la Ç Charte de développement durable de la Montagne basque
È, élaborée en 2007 par les acteurs de la montagne. Il
s'agit de définir un ensemble de règles pour offrir un partage de
la montagne conciliant les besoins de chaque secteur : pastoralisme,
forêt, tourisme, environnement, chasse, pêche, communes, etc. Cela
au regard des principes du développement durable, conciliant les enjeux
économiques, sociaux et environnementaux.
Un exemple de réalisations de ce programme est de
permettre aux petits producteurs locaux (biens alimentaires comme artisanaux)
d'accéder aux technologies de l'information et de la communication en
leur permettant de vendre par internet, d'informer et de communiquer sur leurs
produits.
La forêt y est représentée à
double titre puisqu'y siège des acteurs publics et privés. La
création de cette organisation étant toute récente il n'y
pas eu, pour l'instant, d'action spécifique à la forêt.
Mais, comme pour tous les domaines présents, il est possible d'y
soumettre un projet de réalisations visant à Ç
pérenniser et renforcer la fonction économique de la forêt
»45 et d'y demander un financement. Cette année encore
beaucoup de structures internes à l'application de la charte se sont
mises en place : des groupes de travail, une étude sur les attentes des
différents membres. Il en ressort qu'ils souhaitent qu'elle ait un
rôle de médiation servant à dialoguer, organiser,
représenter, qu'elle finance et instaure un équilibre entre les
acteurs, les utilisateurs et les travailleurs.
2. Dans le Beamn :
On trouve l'Institution Patrimonial du Haut-Béarn (IPHB)
:
fondée sur Ç La Charte de Développement
Durable des Vallées Béarnaises et de Protection de l'Ours
È passée entre l'État et les acteurs locaux en 1994 en
raison du besoin de protéger les derniers ours. Il est confié
à l'IPHB son application qui consiste à gérer les ours et
la faune et soutenir le développement socio-économique des
vallées d'Aspe, d'Ossau et de Barétous.
Il rassemble les différents acteurs que sont les
éleveurs, les forestiers, les chasseurs, les pêcheurs, les
communes, les financeurs (l'État, la région, le conseil
général).
Sa principale activité consiste au maintient de
l'élevage transhumant par un soutien financier et matériel :
installation des éleveurs, réfection des cabanes, mais aussi en
réalisant des contrôles sanitaires sur l'eau. L'IPHB s'occupe
aussi des infrastructures servant à la vente et à l'exportation
d'agneaux de lait, il finance des mises aux normes et coordonne ces
opérations pour permettre une intelligente répartition
géographique des centres de collecte et d'allotement.
44 Fond européen agricole pour le développement
rural.
45 2° objectif de la Charte de développement durable
de la Montagne basque.
Ses réalisations concernant la forêt ne sont pas
liées à de l'agroforesterie mais elles permettent une
exploitation des forêts sur des parcelles choisies par leur
intérêt stratégique (des habitations se trouve en dessous
ou ce sont des zones de protection) en utilisant le débardage par
câble. Là encore on retrouve une procédure d'instruction de
dossier et d'approbation pour obtenir un financement. Ces forêts sont
généralement publiques et gérées par l'ONF, qui a
déterminé qu'un volume de 100 m3 de bois extrait assure un emploi
sur la filière qui dispose de ce volume, à savoir des entreprises
locales46. Ce système est en place depuis 2003, il est un
premier cas d'utilisation de câble sur des parcelles publiques et la
mesure conna»t un certain succès avec quelques chantiers
déjà clos et beaucoup en attente. Ces chantiers seraient
difficilement assumables financièrement par un opérateur
privé en raison de leur longueur, ils sont bien souvent pluriannuels.
Dans les deux cas on a ces organisations regroupant les
secteurs d'activité économique de montagne : tourisme,
pastoralisme, forêt, pêche, chasse, des acteurs publics (les
communes) et privés. Elles sont susceptibles d'agir en matière
forestière et pourraient financer des plans agroforestiers.
Quid de l'agroforesterie ?
L'agroforesterie est présente de fait dans quelques
situations : le CRPF recense en vallée des plantations à grand
écartement avec des châtaigniers. Mais elles ne sont que des
parcelles indicatives car cette essence conna»t trop de difficultés
sanitaires (présence de chancre) pour résister. Les arbres
subissent aussi des dégâts physiques, par les animaux ou les
machines, et les peuplements diminuent. Les fiches oü le châtaignier
est mentionné ne comportent pas un protocole détaillé avec
des objectifs et des possibilités de mesurer les résultats. Un
sylvopastoralisme fortuit. On a aussi des troupeaux qui parcourent les
forêts dans le massif de la Rhune, on y trouve une population animale
très dense. Les éleveurs de cochons noirs laissent les troupeaux
dans des parcours sous les chênes. Il y aussi une importante population :
vaches sauvages, chevaux, chèvres et le gibier avec les chevreuils et
les sangliers
Mes recherches sur la présence de situation
s'approchant de l'agroforesterie ont aussi connu un frein non
négligeable par la période de départ en congés d'un
certain nombre d'agents et la difficulté de joindre une autre partie de
ceux encore en poste à la DDEA.
Ostabat :
De manière générale le département
ne conna»t pas de parcelles véritablement agroforestières.
Une expérience a eu lieu mais n'a pas été menée
à terme. Elle est située au Pays Basque, sur la commune
d'Ostabat-Asme. Elle est initiée par le CEMAGREF de
46 Le volume généralement constaté par
chantier se situe entre 1000 et 2000 m3.
Clermont-Ferrand47 en 1987, alors très actif
sur ces questions48. Le Pays Basque pose plusieurs problèmes
liés à l'interaction entre la forêt, l'élevage et
les pratiques d'écobuage et des feux pastoraux. Il s'agit de maintenir
des milieux ouverts pour les troupeaux, leur permettre le libre parcours,
éviter l'envahissement par des végétaux que les moutons ne
consomment pas, mais il faut aussi prévenir les conflits que peuvent
provoquer les feux qui toucheraient la forêt, éviter tous
dégâts. Sur un plan technique il s'agit de planter des arbres de
façon réfléchie pour permettre une récolte
mécanisée des fougères pour la litière des
troupeaux, une production fourragère de qualité, une production
de bois.
La ma»trise d'oeuvre est confiée à
l'ONF49.
Un préalable à l'installation a lieu avec des
changements d'affectation de parcelles pour créer des unités plus
grandes : le zonage est refait pour avoir une zone à vocation
forestière, une zone agroforestière et une zone pastorale et
agricole.
Les essences choisies sont : merisier, érable sycomore,
noyer, tulipier, chêne rouge, chêne pédonculé,
mélèze. Les densités sont à 50, 100 et 200
arbres/ha. L'installation se fait au printemps 1991. On essaye aussi des
techniques de fertilisation du sol pour les arbres qui ne donnent pas de
résultats probant.
Concernant le fourrage on ramasse les fougères et le
fourrage sous les arbres. On tente des méthodes de plantation de
fourrages par mélanges de variétés d'herbes en sursemis et
piétinées régulièrement. Cet essai donne des
résultats intéressant mais qui ne peuvent satisfaire l'objectif
de pouvoir appliquer ce procédé dans une pratique extensive,
recommandant trop de soins, sauf si la station concernée est à
une altitude plus importante50.
Se pose un problème particulier qui concerne la
protection des arbres durant leurs jeunes années. Pour éviter
qu'ils soient abroutis par les troupeaux on les protège par un tube
d'une hauteur de près de 2 mètres, le principal
inconvénient venant de l'accumulation des feuilles dans le tube,
provoquant le pourrissement de l'arbre. Ce problème est résolu
avec des tubes dont la base est aérée par des trous. Toutefois,
un problème insoluble subsiste avec les dégâts
causés par les pottoks se frottant contre les jeunes plants et les
cassant.
Mais l'expérience n'aboutira pas en raison d'un abandon
par le CEMAGREF quelques années après suite à des
restrictions budgétaires, au milieu des années 90. Les traces
47 Contactés ils n'avaient aucune trace d'archives
concernant cette expérience ni de personne l'ayant suivie disponible ou
en encore en poste.
48 Sous l'impulsion de Jean-Luc Guitton, passé ensuite par
le CRPF d'Auvergne, aujourd'hui adjoint à la Sous direction de la
forêt et du bois au Ministère de l'Agriculture.
http://lannuaire.service-public.fr/services_nationaux/service-national_171553.html
49 Dossier sur l'expérience d'Ostabat en annexe.
50 Les parcelles sont situées entre 180 et 300
mètres d'altitude.
subsistent mais les arbres ont poussé sans avoir
été suivis, les résultats sont partiels. Sur le terrain on
voit seulement une ébauche51.
Des travaux de plantation sont envisagés pour remplacer
des arbres n'ayant pas pris et pour généraliser les essences
ayant réussi leur implantation : les hêtres, tulipiers et
chênes rouges. Les travaux d'élagage n'ont pas eu lieu, les arbres
ne montreront pas leur potentiel.
L'absence de nouvelles expériences para»t
dommageable pour la région qui affiche pourtant des potentiels pour le
sylvopastoralisme. D'autant qu'aujourd'hui les zones mixtes font l'attention
d'études particulières.
L'approche multi-usage :
Dans le cadre de la constitution d'un territoire Natura 2000
au Pays Basque j'ai pu assister à une réunion publique
d'information sur une méthode employée pour faciliter la
rédaction du DocOb52 encadrant ensuite les projets de
valorisation du territoire53. Ce territoire est situé dans la
vallée des Aldudes et touche plusieurs communes, couvre la Nive et longe
la frontière espagnole. L'équipe chargée de rédiger
le DocOb regroupe les différents acteurs du territoire sous la coupe d'
Ç Etcharry formation développement È : le Centre Permanent
d'Initiatives pour l'Environnement, le CRPF, l'ONF, les centres
départementaux d'éleveurs, la chasse, le tourisme. Chacun de ces
représentants va inspecter le territoire et relever un maximum
d'information, interroger les usagers, les habitants, etc. Ces informations
sont croisées et permettent de dresser un diagnostic complet du
vécu et des attentes des usagers envers leur territoire. Il permet de
déceler et de prévenir les conflits entre les groupes et à
l'intérieur des groupes sectoriels.
Ce diagnostic permet d'élaborer des propositions locales
prenant en compte les besoins et les projets qui peuvent se faire à
l'échelle de la zone Natura 2000.
Cette méthode inverse l'image habituellement
présentée des territoires Natura 2000 percus comme uniquement
descendant d'une sphère bureaucratique et posant des contraintes sans
contrepartie. Elle s'est déjà appliquée à des
échelles communales ou sur une partie de commune et conna»t une
réussite gr%oce à la densité des informations
relevées qui permettent de déceler les conflits d'usage dans les
zones mixtes des territoires : sur les chemins des éleveurs
empruntés par les touristes, aux frontières des forêts et
prés, etc.
Cette approche inaugure une médiation qui se montre
plus soucieuse des rapports avec le public pour valoriser les territoires et
appliquer des politiques d'aménagement. Elle concilie les
intérêts des différentes parties, permet un dialogue...
51 Essentiellement au sud du chemin qui borde les arbres les plus
visibles, visible ici : longitude : 01° 03' 41" O latitude : 43° 16'
17" N
52 Document d'objectifs.
53 Voir le dépliant en annexe.
Figure 12 : La zone Natura 2000 de la
vallée des Aldudes. Source : Dominique Duplantier
Avec un objectif de prévention de conflits il pourrait
y avoir la création de parcelles sylvopastorales dans des zones
fréquentées et nécessitant de meilleures productions
fourragères, un autre régime d'eau, une qualité
environnementale à défendre, etc. Il faudrait alors se concerter
sur les terres à affecter, en fonction des observations locales, de
l'ensoleillement, discuter d'un choix d' essences en fonction des objectifs
(types de bois et sa destination, l'ombrage offertÉ) et des contraintes
liées au sol, aux essences autochtones. Il est possible d'employer des
clTMtures pour zoner le parcours des troupeaux, permettre la pousse.
D'un point de vue plus technique, si l'on s'appuie sur l'optique
de la taxation du carbone :
1 brebis = 25g/jour de méthane = 0,19 TCO2/an.
Une prairie est Ç durable È (sans émissions) avec 19
brebis/ha, une prairie agroforestière avec 52 brebis/ha54.
54 C. Dupraz, Une agroforesterie française.
Au final on constate que l'absence de cultures
agroforestières en Aquitaine tient à des raisons apparemment
techniques, dans les Landes, mais aussi à l'absence de politique
nationale, oümême régionale. Elle ne fait pas
partie des préoccupations des politiques locaux, n'ayant pas
trouvé d'implantation. Pourtant avec la perspective
récemment ouverte de la taxation des émissions de carbone par la
commission Contribution climat énergie55, qui rentre dans le
cadre du processus du protocole de Kyoto, qui verra son avenir assuré ou
(pas ?) lors de la conférence de Copenhague en décembre 2009, on
pourrait y voir un puissant levier à s'investir dans les
expériences agroforestières pour arriver à un solde
neutre, voire même envisager de faire de l'Aquitaine un puits de
carboneÉ
Le manque de recherche sur les possibilités d'implanter
des parcelles d'élevages ou agricoles avec des pins sont insuffisantes
pour arriver à des résultats définitifs. Et l'on peut
répandre ces pratiques dans les parties feuillues. La carte (p.21) le
montre : la France possède d'importantes surfaces pouvant être
converties.
Aujourd'hui que les aides PAC tolèrent la
présence d'arbres, limitée à 50 individus/ha,
l'agriculture peut faire un pas en direction de l'agroforesterie. Les
agriculteurs ou éleveurs peuvent placer un capital dans une formation
boisée. Il manque la même démarche allant de la forêt
vers l'agroforesterie : sur des plantations proches de la maturité,
lorsque la densité est faible on pourrait installer des cultures ou des
troupeaux. Il pourrait y avoir un mécanisme permettant une conversion en
parcelle agroforestière, qui reviendrait à diminuer la
densité, par une compensation au niveau de cette densité en
étendant la surface. La population restant la même mais sur une
surface plus grande. La parcelle agroforestière serait sur des terres
agricoles et forestières mitoyennes.
Pour une réelle politique agroforestière le
volet économique n'est pas à négliger, sa réussite
est nécessaire mais pas prioritaire. On le voit dans le cas de la
tempête Klaus : sans possibilité d'aspiration par les
marchés du bois à terre la forêt est en péril face
au risque incendie, aux inondations, sans même que l'on se soit
intéressé au problème du carboneÉ Et le tissu
industriel est tout autant fragilisé, les emplois menacés.
55 Elle est un des volet du Ç Grenelle de l'environnement
È. Présidée par M. Rocard elle réunit des experts
et a rendu son rapport en juillet 2009.
V. Perspectives :
De nombreuses possibilités s'offrent à
l'agroforesterie, d'autant plus que beaucoup reste à faire. A la vue de
la division entre propriété forestière et
propriété agricole il va s'agir de jeter des ponts entre ces deux
mondes, en leur permettant de passer des conventions. Il existe
déjà ce type de contrat, c'est le fermage ou le métayage.
En fermage peu importe les résultats d'exploitation, le bailleur
reçoit un loyer fixe. Il faut alors que les parties s'entendent au
départ, l'ayant fixé en toute équité. Dans le cas
du métayage il y a une part réservée au bailleur sur la
récolte. Dans un cas ou dans l'autre il reste à savoir quel
serait l'intérêt de l'agriculteur ? Celui du forestier ?
Il s'agit pour chacun de savoir s'ils veulent prendre un risque
ou non : une part variable ou fixe.
On peut aussi envisager des contrats qui porteraient sur des
terres uniquement forestières ou agricoles qui seraient converties par
l'installation de systèmes agroforestiers.
Il pourrait y avoir, à titre d'exemple, des contrats,
lorsqu'il s'agirait de terres forestières, qui seraient une mise
à disposition pour un emploi agricole en échange de l'entretien
des arbres. L'agriculteur récupère les fruits de l'élagage
(bois de chauffage, bois raméal fragmentté56, etc.),
voire les fruits de la bande enherbée et sa récolte. Et le
propriétaire conserve son droit sur la récolte des arbres ainsi
valorisés. On peut ajouter un troisième intervenant qui peut
être l'apiculteur installant ses ruches en fonction du caractère
mellifère des essences et des cultures. Celui-ci pouvant en
échange fournir une main-d'oeuvre sur des travaux d'entretien,
d'élagage, etc.
Une infinité de cas est possible, la difficulté
étant d'agencer au mieux les associations des végétaux
pour donner un ensemble plus valorisé que la simple somme de ses
parties. Il s'agit de profiter et valoriser au maximum les interactions entre
les arbres, les cultures et tout ce qui est susceptible de constituer
l'écosystème local.
Car les systèmes forestiers et agroforestiers remplissent
d'autres fonctions environnementales à valoriser.
A ce titre se trouvent les aménités, qui peuvent
faire l'objet de valorisation des services (culturel, régulation,
prélèvement) de la forêt, de contrats de louage, des
accords entre agriculteurs et propriétaires, ou des tiers (chasseurs,
randonneurs, etc.).
Il est un défi important que d'arriver à
évaluer les aménités : combien rapportent des arbres au
bord d'un ruisseau dans le traitement de l'eau ? Combien pour un gain paysager,
un gain d'ombrage pour les poissons, la flore, etc. C'est pourtant ce qu'a
commencé à faire le Centre d'analyse stratégique dans le
cadre de missions attachées au Grenelle de l'environnement.
56 Cette technique consiste à broyer et disperser au sol
les rémanents afin d'offrir une couverture de surface diminuant les
besoins en eaux des cultures, de la matière organiqueÉ C. Dupraz
précise que les parcelles agroforestières ne sont pas
conçues selon ce type d'objectif. Mais il reste à
expérimenter.
Parmi les autres mesures de cette politique on en trouve une
récemment apparue. La taxation sur les émissions de carbone qui
appara»t aujourd'hui en France (commission sur la contribution Climat
énergie) est un début dans le cadre de nouvelles
considérations : à l'avenir il faudra intégrer dans la
décision publique l'aspect environnemental en quantifiant et qualifiant
les services et coiats générés par toute décision.
On se dirige vers une réalité plus globalisante,
déjà annoncée par certains il y a près de 40 ans.
En 1973, Ivan Illich, dans La convivialité, propose un calcul :
Ç L'américain type consacre, pour sa part,
plus de 1 500 heures par an à sa voiture : il y est assis, en marche ou
à l'arrét, il travaille pour la payer, pour acquitter l'essence,
les pneus, les péages, l'assurance, les contraventions et les
impôts. Il consacre donc quatre heures par jour à sa voiture,
qu'il s'en serve, s'en occupe ou travaille pour elle. Et encore ici ne sont pas
prises en compte toutes ses activités orientées par le transport
: le temps passé à l'hôpital, au tribunal ou au garage, le
temps passé à regarder à la télévision la
publicité automobile, le temps passé à gagner l'argent
pour voyager pendant les vacances, etc. A cet américain, il faut donc 1
500 heures pour faire 10 000 kilomètres de route ; environ 6
kilomètres lui prennent une heure. È Ce calcul ne permet pas
de prendre en compte l'avantage que procure le véhicule pour rejoindre
rapidement un endroit, pour se déplacer dans des endroits oü il n'y
a pas de transports de substitution, etc. Mais il permet de relativiser
l'aspect absolu du gain à avoir une voiture et il mentionne
explicitement que beaucoup d'aspect, plus secondaires encore, ne sont pas
intégrés dans le calcul. Son effet est double, il place le
problème à un niveau individuel, chacun devant déterminer
pour lui s'il a un avantage ou non à posséder, pour filer
l'exemple, une voiture. Et il fait rentrer dans le champ de la décision
des éléments directement liés à celle-ci mais
jamais comptabilisés. Cet exemple peut s'appliquer sur toute sorte
d'action, d'entreprise personnelle et devenir une logique de décision,
mais qui ne saurait pour autant tomber dans l'excès et pousser à
l'inaction comme dans le cas du paradoxe d'Olson57, bien qu'on
puisse opposer à celui-ci qu'il oublie beaucoup de dimensions qui
rendent son expérience simpliste, notamment sur les aspects
d'interaction avec le groupeÉ
En matière forestière des changements commencent
à se manifester par le regard porté sur les services que
produisent les arbres et qui pour l'instant ne rentrent pas dans le jeu
politique : les aménités. En avril 2009 le Centre d'analyse
stratégique remettait au Premier ministre un rapport dans lequel sont
données les premières évaluations concernant ces
aménités. Leur chiffrement permet d'envisager une revalorisation
des forêts avec la prise en compte de différents services (page
suivante).
57 Selon son image du passager clandestin (free-rider) qui aurait
individuellement intérêt à l'inaction dans le cadre
d'action collective. Mancur Olson, Logique de l'action collective, PUF,
1978.
Figure 13 : Valeurs de référence
proposées pour les différents services
écosystémiques de la forêt française (en euros par
hectare et par an). Centre d'analyse stratégique.
La valeur à l'hectare sera alors mesurée avec
ces nouveaux facteurs. Le rapport fournit également un tableau
équivalent pour les prairies. Elles offrent des services moindres et de
moindres valeurs mais on peut alors envisager que l'on pourrait chiffrer les
parcelles agroforestières. On peut estimer qu'elles se situeraient entre
ces ceux valeurs en raison de la présence des arbres mais à
faible densité.
Ces mesures sont très incomplètes mais offrent
une première ébauche qui montre que la tendance va être
à l'augmentation de la valeur des forêts. Ces services pourraient
être monétisés ou compensés. Mais ce ne sera pas le
cas de tous, les auteurs du rapport précisent :
Ç Sur un plan pratique, on peut tout d'abord
souligner le caractère irréaliste d'une
rémunération éventuelle de l'ensemble des services des
écosystèmes : méme s'ils ont été
discutés, les travaux de Costanza et al. (1997)
fournissent un ordre de grandeur montrant que toute la
richesse mondiale n'y suffirait sans doute pas. Iiconvient donc de
se concentrer sur les services clés et susceptibles d'être
menacés dans un lieu donné. »58
Ainsi même si l'on peut penser que la valeur à
l'hectare devrait augmenter par l'effet d'affichage de telles données,
certains évaluant et intégrant ces éléments lors de
ventes des terrains, pour prendre un exemple courant, il faut considérer
qu'il y aura un nombre limité d'opportunités dont la forêt
devrait bénéficier. Les rémunérations ne devraient
toucher que des lieux remarquables et porteurs d'enjeux.
Dans un temps proche la taxation sur le carbone devrait
revaloriser les forêts et leur pouvoir captateur. De même que l'on
soutiendra l'investissement dans des sources d'énergies non polluantes
(le solaire, l'éolien, l'hydroélectrique, la biomasse, etc.) on
pourra favoriser la production forestière, les actions comportant des
arbres destinés à absorber du carbone et à être
valorisés comme matériau, de la construction au papier.
On peut facilement imaginer des mesures de type fiscal : des
exonérations pour les déclarants ayant un solde carbone positif,
déterminé par le patrimoine forestier, les sources
d'énergie, le bilan carbone, que chacun peut dès aujourd'hui
établir59. On peut avoir le développement de tout un
système de conversion à la réduction des émissions
de CO2. Et les forêts peuvent y prendre un rTMle majeur, les
pratiques culturales et les règles qui les façonnent étant
déjà dans cette logique d'un intérêt bien compris
car la production n'est pas seulement dirigée par la rentabilité
et la productivité mais aussi par les aspects seconds qui vont
découler de la coupe : équilibres environnementaux, faune, flore,
air, eau. Les forêts sont des puits de carbone faciles à mettre en
place, dans le même temps elles produisent un matériau, ainsi que
les nombreux services énumérés. Leur
multi-fonctionnalité n'est pas pleinement prise en compte et c'est en
travaillant à la mettre en évidence que les forêts
retrouveront une place centrale et une image au sein des représentations
collectives plus en adéquation avec leur réalité.
58 Centre d'analyse stratégique, p. 331
59 On trouve des outils pour faire sa Ç
comptabilité carbone È en ligne : L'ADEME propose de le calculer
à partir de son site
ademe.fr/climat/ mais aussi du
site
calculateurcarbone.org
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