Chapitre I : Le problème de recherche
1. Formulation du problème.
Le système de santé au Maroc connaît de
grands chantiers de réforme, la régionalisation, les
réformes juridiques, la réforme du financement, la réforme
des dépenses publiques, et la réforme hospitalière qui a
pour objectif de rendre les hôpitaux plus performants et plus
compétitifs, d'autant plus que l'avènement de l'assurance maladie
obligatoire(AMO) et bientôt le Régime d'Assurance Maladie des
Economiquement Démunis (RAMED), obligent l'hôpital à
améliorer la qualité de ses services pour fidéliser sa
clientèle solvable ( Bouleghmane, 2006)
L'hôpital est donc confronté à plusieurs
défis dont l'assurance de la qualité et de la
sécurité des soins qui constituent actuellement un défi
mondial, ainsi que la protection de l'environnement et du risque de
contamination par les déchets de soins, raison pour laquelle tout
établissement hospitalier devrait améliorer les mesures
préventives systématiques d'hygiène.
En effet, L'hôpital est un lieu où le risque
d'infection est très important et où les germes deviennent de
plus en plus résistants. De ce fait, les infections contractées
au niveau de l'hôpital sont reconnues comme des problèmes majeurs
de santé publique de par leur fréquence, leur coût et leur
gravité qui touche aussi bien les patients et leurs entourages que
l'ensemble des professionnels de santé. Ces infections dites
nosocomiales, sont beaucoup plus liées aux procédures de soins et
figurent parmi les principales causes de mortalité et de
morbidité chez les patients hospitalisés, d'autant plus qu'au
cours des 20 dernières années, ces infections se sont
considérablement diversifiées et sont devenues plus difficiles
à prévenir, à diagnostiquer et à traiter
(Bouleghmane,2006).
Selon l'Organisation Mondiale de la santé (2005), plus
de 1,4 millions de personnes dans le monde souffrent de complications
infectieuses induites par les soins. Dans certains pays en
développement, la proportion des malades hospitalisés
dépasse 25%, tandis que dans les établissements modernes des pays
dits développés, 5 à 10% des patients admis dans les
services de soins aigus contractent une infection liée aux soins
(Ministère de la santé et des services sociaux du canada,
2005)
En France, l'enquête de prévalence des IN en 2006
organisée au niveau national touchant ainsi 2337 établissements
de santé et une population de 358467 patients, a montré un taux
global de 4,97 %( groupe de travail ENP, 2006).
En Algérie, l'enquête de prévalence des
infections nosocomiales réalisée en 1998 a montré un taux
global de prévalence de 13,7%(+ ou - 4,1%), alors qu'au Maroc la
prévalence et l'incidence des infections nosocomiales sont rarement
publiées, de plus il n'existe aucun système de mesure qui permet
d'objectiver l'importance du risque dans nos hôpitaux, d'où
l'infection nosocomiale reste un problème méconnu et n'est pas
perçue comme une priorité (Addoubiani, 2008).
Ainsi une enquête de prévalence a
été menée au Maroc en 1994 sur un échantillon
élargi de 24 hôpitaux. La prévalence est de 4,1% au niveau
des hôpitaux provinciaux, elle s'élève à 7,7% au
niveau des hôpitaux régionaux et atteint 10,3% au niveau des
structures hospitalières nationales (Centre hospitalier Ibn Sina : 9,5%
et Centre hospitalier Ibn Rochd : 11,5%). Cette enquête a permis de faire
un constat de l'hygiène hospitalière en général et
a conclu que la priorité devra être accordée aux mesures
d'amélioration de la qualité des prestations hospitalières
en instituant des mesures générales d'hygiène
hospitalière adaptées à chaque structure
hospitalière et de développer des actions pour diminuer les
facteurs de risque (Ottmani et Armani, 1994).
En raison de leur nature, ces infections ont des causes
multiples liées aux procédures et aux systèmes mis en
oeuvre pour dispenser les soins et aux comportements humains, pourtant ces
infections pourraient être évitées, le défi mondial
a souligné dans ces lignes directrices que l'organisation de la lutte
constitue la mesure de base à appliquer pour réduire l'incidence
de ces infections et que l'observance de cette mesure constitue un gage de
réussite pour toute action de lutte (OMS, 2005).
Dans ce sens et vu que l'hygiène hospitalière
est un domaine qui impose la transversalité et la
multidisciplinarité des intervenants, le comité de lutte contre
les infections nosocomiales est la structure idéale, qui au sein de
l'hôpital, pourrait assurer ces impératives et permettre la
coordination et la cohésion entre les différents acteurs
impliqués dans la lutte contre les infections nosocomiales (Fatmi
,2006).
Pour ce faire, ce comité devrait construire des liens
avec les autres structures à savoir le service des soins infirmiers, le
service de la pharmacie, le laboratoire de bactériologie, les services
administratifs, les services d'approvisionnement, les services cliniques et
autres.
En outre, Le comité de lutte contre
les infections nosocomiales est appelé à jouer un rôle
central dans l'action et la coopération multidisciplinaire et dans le
partage de l'information. Il devrait représenter un large
éventail des programmes et personnels concernés, par exemple le
personnel de l'administration, le personnel soignant, le personnel du
laboratoire, les pharmaciens et autres. Il devrait relever directement soit de
l'administration de l'établissement, soit de l'équipe
médicale (OMS, 2005).
De surcroît, et afin de promouvoir la visibilité
et l'efficacité des programmes, le CLIN devrait en cas d'urgence (le cas
d'une flambée épidémique) être capable de
réagir rapidement. En somme, le CLIN est censé promouvoir et
orchestrer au sein de toute
structure hospitalière des fonctions de (a)
surveillance des infections nosocomiales, (b) prévention de ces
infections, (c) former le personnel toujours dans ce sens, et (d) finalement la
coordination des actions entreprises en la matière.
En outre une étude a été menée sur
la formation en matière de LCIN en 2008 dans le dit hôpital a
révélé dans ses conclusions des insuffisances
constatées dans la gestion des activités de formation liée
au LCI ,à l'absence de coordination, à l'ambiguïté
des rôles des intervenants, au manque d'appui et de soutien lors de
l'application des protocoles et à l'insuffisance de la formation sur la
gestion du risque infectieux.
Ce qui est préoccupant aussi , c'est qu'au niveau de
l'hôpital Ibn Sina relevant du CHU de Rabat, en dépit de
l'existence d'un CLIN regroupant tous les acteurs directement impliqués
dans la lutte contre les infections nosocomiales, il n'en demeure pas moins que
de l'avis général, cette structure n'est pas fonctionnelle.
(Fatmi, 2006).
En plus, les entretiens préliminaires qui ont
été réalisés avec des personnes ressources ont
révélé l'existence de lacunes quant au rôle du CLIN
dans la formation du personnel et ce en dépit de l'existence de ce
dernier.
La formation continue est un des moyens majeurs de lutte
contre les infections nosocomiales. L'ensemble des textes
réglementaires, le programme national, les recommandations de la
Société Française d'Hygiène Hospitalière
(SFHH) et du Comité Technique Infections Nosocomiales (CTIN), mais
également les références de l'Agence nationale
d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES), ont tenu
à mettre en avant cette nécessité d'une formation
spécialisée dans le domaine (Troadec, 2001).
Par conséquent, il serait intéressant de se
pencher sur le rôle du CLIN au niveau
8 que peu d'études ont abordé cet angle pour le
moins important de la prévention et la lutte contre les infections
nosocomiales.
2. Enoncé du but et de la question de
recherche.
2.1. But de l'étude :
La présente étude vise à décrire le
rôle du comité de lutte contre les infections
nosocomiales en matière de formation du personnel
infirmier au sein de l'hôpital Ibn Sina de Rabat.
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